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1 La Maison des Lumières Denis Diderot : L’histoire d’un hôtel particulier qui devient musée. La Maison des Lumières Denis Diderot a été inaugurée en 2013 pour célébrer le tricentenaire de la naissance de Denis Diderot à Langres. Ce musée, consacré à la vie et à l’œuvre du philosophe ainsi qu’au foisonnement intellectuel du siècle des Lumières, est aménagé dans l’ancien hôtel du Breuil de Saint-Germain. Cette demeure du XVI ème siècle, agrandie au XVIII ème siècle, fut classée au titre des Monuments Historiques en 1921 et expose aujourd’hui 250 œuvres originales dans un parcours muséographique de 500 m2. I. Un exemple d’architecture civile à Langres…………………………………………………….…….1 II. Histoire des bâtiments : un écrin patrimonial rénové…………………………………………...5 III. Une vie de musée………………………………………………………………………………………………….7 IV. Glossaire : quelques notions d’architecture…………………………………………………..……11 V. Une drôle d’histoire… : la découverte d’un trésor monétaire caché…………………...12 I. Un exemple d’architecture civile à Langres. Cet hôtel est un exemple représentatif de la Renaissance langroise. Il est composé d’un corps de logis daté du XVI ème siècle (à l’ouest) et d’une aile en retour dont la forme actuelle est celle du XVIII ème siècle. C’est également de cette époque que date le mur de clôture venant refermer la cour. Des petites dépendances sont venues s’y ajouter par la suite. Le corps de logis du XVI ème siècle est en pierre de taille sur soubassement à bossage. Il présente une façade principale sur cour dont le parti architectural est symétrique : il

La Maison des Lumières Denis Diderot - cndp.fr · Le médaillon central serait le portrait du pop iétaie de l’épo ue (Philippe Gabriel Profilet de Dardenay) vêtu à l’Antiue

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La Maison des Lumières Denis Diderot :

L’histoire d’un hôtel particulier qui devient musée.

La Maison des Lumières Denis Diderot a été inaugurée en 2013 pour célébrer le tricentenaire de la naissance de Denis Diderot à Langres.

Ce musée, consacré à la vie et à l’œuvre du philosophe ainsi qu’au foisonnement intellectuel du siècle des Lumières, est aménagé dans l’ancien hôtel du Breuil de Saint-Germain. Cette demeure du XVIème siècle, agrandie au XVIIIème siècle, fut classée au titre des Monuments Historiques en 1921 et expose aujourd’hui 250 œuvres originales dans un parcours muséographique de 500 m2.

I. Un exemple d’architecture civile à Langres…………………………………………………….…….1 II. Histoire des bâtiments : un écrin patrimonial rénové…………………………………………...5 III. Une vie de musée………………………………………………………………………………………………….7 IV. Glossaire : quelques notions d’architecture…………………………………………………..……11 V. Une drôle d’histoire… : la découverte d’un trésor monétaire caché…………………...12

I. Un exemple d’architecture civile à Langres.

Cet hôtel est un exemple représentatif de la Renaissance langroise. Il est composé d’un corps de logis daté du XVIème siècle (à l’ouest) et d’une aile en retour dont la forme actuelle est celle du XVIIIème siècle. C’est également de cette époque que date le mur de clôture venant refermer la cour. Des petites dépendances sont venues s’y ajouter par la suite.

Le corps de logis du XVIème siècle est en pierre de taille sur soubassement à bossage. Il présente une façade principale sur cour dont le parti architectural est symétrique : il

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s’articule autour d’une porte richement sculptée précédée d’un double emmarchement. Le décor de la porte réunit des décors maniéristes en vogue à la fin du XVIème siècle. La façade Nord donnant sur la place est quant à elle pourvue d’une échauguette.

La toiture d’ardoise est percée de quatre lucarnes rapportées au XIXe dont deux présentent également des éléments sculptés que l’on retrouve par ailleurs sur d’autres hôtels particuliers de la ville et au château du Pailly.

Vase

Corne d’abondance

Colonnettes

enguirlandées d’un

motif végétal

Mufles de lions Fronton cintré

Bossage piqueté ou

en pointe de diamant

Corps de logis Renaissance dans son état

actuel.

Echauguette du XVIème

siècle, sans doute

rapportée au XIXème

siècle.

Lucarnes du XVIème

siècle, sans doute

rapportées au

XIXème

siècle.

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L’aile perpendiculaire abritait d’anciens communs. Elle fut transformée au XVIIIème siècle. Sa nouvelle façade est symétrique et est organisée autour d’un avant-corps central (souligné par un léger décrochement, une porte-fenêtre, un oculus et un fronton). Le décor est complété de deux guirlandes de fleurs, de bustes sur console représentant Apollon et Diane. Le médaillon central serait le portrait du propriétaire de l’époque (Philippe Gabriel Profilet de Dardenay) vêtu à l’Antique.

Le portail d’entrée :

Apollon

Diane Portrait de Philippe

Gabriel Profilet de

Dardenay vêtu à

l’Antique

© Sylvain Riandet-Ville de Langres

Aile du XVIIIème

siècle.

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Le mur de clôture et l’imposant portail d’entrée datent de la fin du XVIIIème siècle avec le remaniement de l’édifice et l’extension de la propriété. Les murs latéraux arrondis permettaient aux voitures de déposer les invités sans entrer dans la cour.

Le décor classique en composé de pierres à chaînages, de tables saillantes, de pots à fleurs et d’une balustrade côté ouest.

Le fronton du porche est l’œuvre du sculpteur langrois Antoine Besançon : il représente une allégorie de l’Abondance où des putti récoltent, à droite, les fruits de la terre (fruits et légumes) et, à gauche, les fruits de la mer (poissons et crustacés).

De chaque côté du tympan, les contreforts sont surmontés de deux visages : féminin à l’est et masculin à l’ouest.

Une grille dont le dessin est inspiré d’une planche de l’Encyclopédie remplace aujourd’hui la lourde porte qui protégeait les propriétaires de la vue de tous.

Visage féminin Visage masculin

Les fruits de la

terre

Les fruits de

la mer

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II. Histoire des bâtiments : un écrin patrimonial rénové.

1. Chronologie de la propriété :

1574-1575: Acquisition du parcellaire par Sébastien Valtier de Choiseul (maire de Langres de 1580 à 1582) qui fait édifier un corps de logis « couvert d’ardoises ».

De 1586 à 1748, trois propriétaires se transmettent la propriété sans y apporter de modification

notable.

1748 : Acquisition par Philippe-Gabriel Profilet de Dardenay (1707-1786). Ce propriétaire fait transformer les communs pour aménager une aile perpendiculaire au corps de logis XVIème.

De 1799 à 1820, plusieurs propriétaires se transmettent la propriété.

1820 : Acquisition par Jean-François Moreau Dubreuil de Saint-Germain.

1923 : La famille Dubreuil de Saint-Germain lègue l’hôtel à la SHAL (Société historique et archéologique de Langres). La SHAL ouvre le bâtiment au public : elle y installe un musée consacré aux arts décoratifs et aux souvenirs de Diderot. Ce musée ferme ses portes en 1995 alors qu’un nouveau musée d’Art et d’Histoire est inauguré autour de l’ancienne chapelle Saint Didier.

2008-2009 : La SHAL fait don du bâtiment à la ville de Langres qui décide d’y créer la Maison des Lumières Denis Diderot à l’occasion du tricentenaire de la naissance du philosophe.

2. Evolution des bâtiments Au XVIème siècle :

Les façades étaient organisées de la même façon qu’aujourd’hui. La porte centrale ornée de sculptures Renaissance avait l’escalier situé en son centre, mais initialement, cet escalier ne comportait qu’une volée droite. Il fut transformé au XVIIIème siècle. Les fenêtres étaient à meneaux et de dimensions identiques à celles de la fenêtre qui se trouve au centre de l’étage. L’échauguette et les lucarnes en pierre semblent être des ajouts ultérieurs (XIXème siècle). Le mur de clôture était dans le prolongement de la façade nord. L’aile en retour abritait les communs (des écuries et un grenier à foin). Elle reprenait à peu près les mêmes volumes que l’aile visible aujourd’hui mais sans ornements et avec une toiture en tuiles ce qui l’opposait nettement à la richesse d’ornementation des façades et à la haute toiture en ardoise du logis principal. Au XVIIIème siècle : L’aile des communs est transformée en logis par Philippe-Gabriel Profilet de Dardenay vers 1770. Il la dote d’une nouvelle façade reprenant les proportions de l’aile Renaissance. La façade principale sur jardin est ornée et la toiture modifiée. Le logis XVIème est mis au goût du jour : toutes les baies sont agrandies et les meneaux supprimés (sauf la centrale de l’étage, techniquement impossible), le portail en arc est changé par un linteau droit et l’escalier extérieur à rampe unique est remplacé par deux volées. Le mur de clôture est déplacé et se trouve désormais en alignement de la façade est.

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Au XIXème siècle : Des lucarnes en pierre sont implantées à la place des lucarnes en bois et une échauguette est installée (probablement des récupérations ; ces éléments sembleraient eux-mêmes dater du XVIème siècle).

Au XXème siècle : Des baies à meneaux sont restituées en façade est et en façade nord et les lucarnes sont restaurées.

Au XXIème siècle : un écrin patrimonial rénové De 2008 à 2013, l’hôtel du Breuil subit une importante campagne de restauration et de transformation. Les architectes de l’agence Basalt Architecture ont réalisé une extension moderne qui abrite la billetterie et l’accueil. Ils ont misé sur la sobriété de cette construction faite de blanc et de verre, dépouillée de tout artifice, reprenant uniquement les lignes d’aluminium des vitrages : elle s’insère entre l’existant et le jardin. Ce bâtiment d’accueil fait face à la « Maison Colson » dont les principes architecturaux ont été identiques afin de ne pas démultiplier les écritures. Des jardins ont été aménagés dans la cour de l’hôtel. Le paysagiste Louis Benech en est le créateur : c’est un paysagiste de réputation internationale depuis sa rénovation du Jardin des Tuileries en 1990. Il a dû jouer avec les contraintes du terrain pour concevoir ce jardin autour de 2 axes majeurs. Le terrain très pentu a été aménagé en 2 espaces à des niveaux différents : ces 2 espaces, pensés comme des cours intérieures, répondent à l’architecture du bâtiment (lui-même conçu en 2 parties distinctes). L’agencement des végétaux est pensé comme des rideaux de verdure concentrés sur les parois. Ils viennent illuminer les cours.

Louis Benech a choisit un registre végétal volontairement simple : - haies : charmes et ifs - treillages : lierre, rosiers à fleurs roses et glycines - jardin bas : boules de houx à feuilles de myrtes - jardin haut : deux tilleuls et un acacia - les joints du dallage sont plantés de thym rampant et d’arbustes fleuris (lilas,

hibiscus et spirée)

© Sylvain Riandet-Ville de Langres

Les rideaux de verdure.

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III. Une vie de musée

L’hôtel du Breuil de Saint-Germain est affecté depuis 1927 à la ville pour un usage de musée. L’état préoccupant du bâtiment avait conduit la mairie à interdire au public l’accès de l’édifice.

En inaugurant la Maison des Lumières Denis Diderot (MLDD) en 2013, ce lieu

patrimonial renoue avec sa mission culturelle et redevient accessible au public après une longue campagne de travaux.

Redevenu musée, l’aménagement de l’espace intérieur doit répondre à un programme muséographique.

Le travail muséographique vise à favoriser la rencontre du public avec les contenus que l'on veut exposer, que ce soit des oeuvres, des données et explications scientifiques, des valorisations historiques, ethnographiques... Il doit également veiller à respecter les règles applicables aux établissements recevant du public (ERP), ainsi que les règles spécifiques aux musées : conservation préventive des collections, sûreté des objets, gestion des flux de visiteurs, de l'accessibilité aux personnes handicapées, etc... Le musée est une institution organisée : - il a un lieu, un bâtiment, ouvert à tous, - il est géré par des personnes spécialisées (conservateur, régisseur, médiateurs, techniciens…) - il possède des objets créés par l’homme qui ont été collectés, achetés par le musée lui même ou donnés par des particuliers. Il peut aussi présenter des objets prêtés temporairement par d’autres musées. Ces objets sont les témoins de notre culture et de notre histoire : c’est le patrimoine. La mise en valeur des collections et les outils d’information: La muséographie de la MLDD a cherché à respecter au mieux les exigences et le caractère de ce vieil hôtel du Breuil de Saint-Germain. La proportion des espaces est celle d’un intérieur domestique bourgeois : les mobiliers d’exposition jouent donc de cette échelle, en reprenant les gabarits des commodes, des consoles et des secrétaires. Ils viennent habiter les lieux et incitent à découvrir les collections dans une sorte d’intimité.

Le mobilier d’exposition reprend les gabarits

des secrétaires.

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Les murs sont colorés, à l’image de ce que l’on pouvait trouver dans les intérieurs du XVIIIème siècle. Les salons XVIIIème ont été restaurés avec leurs boiseries et moulures ainsi que le parquet Versailles ; les cheminées et les trumeaux menuisés des salles ont été conservés.

Les visiteurs sont informés au moyen de cartels (petites étiquettes placées près des objets), de panneaux explicatifs, et pour plus de modernité, par des tables de consultation numériques : elles offrent des informations plus denses aux visiteurs et prolongent ainsi, de façon très actuelle, l’esprit encyclopédique.

Pour les supports explicatifs, les graphismes du musée font référence à l’Encyclopédie en adoptant la police de caractère Fournier (police développée en 1743 et employée pour la composition de tous les volumes de l’Encyclopédie) et des codes de mise en page eux aussi caractéristiques de l’Encyclopédie.

© Sylvain Riandet-Ville de Langres

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Le musée organise la médiation des œuvres auprès des différents publics. Des médiateurs culturels organisent des visites guidées du bâtiment et des collections pour les groupes et le public scolaire. Ils animent aussi des ateliers thématiques. Le musée dispose en outre d’audio-guides. L’accueil du public : La signalétique doit être visible, mais elle s’inscrit de façon discrète dans l’espace muséal : les indications pratiques (escaliers, toilettes) reprennent des motifs inspirés des gravures du XVIIIème siècle.

Les architectes ont dû réaliser une extension moderne pour abriter la billetterie et l’accueil.

A l’arrière des bâtiments, il a fallu installer un ascenseur et un escalier de secours permettant l’accessibilité à tous les publics. Aux seuils de l’escalier, on a placé des « bandes podotactiles » pour le public malvoyant.

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De même, afin de favoriser la circulation (notamment des personnes à mobilité réduite), la part laissée au minéral (pavements) est importante dans les jardins. La préservation et la conservation des œuvres : Une mission importante du musée est de conserver des œuvres patrimoniales, c’est-à-dire assurer la pérennité de ces objets.

Pour cela il faut lutter contre la pollution de l’air et les insectes parasites (vrillettes et « poissons d’argent » qui creusent des galeries dans les livres pour se nourrir du papier…). Il faut aussi contrôler l’humidité relative pour éviter les moisissures et les craquelures sur les peintures par exemple, contrôler la lumière, éviter la poussière, les risques d’incendie, d’inondation et l’homme (vol, vandalisme) : c’est la conservation préventive. A la Maison des Lumières Denis Diderot, tous les organes techniques qui permettent à cet hôtel particulier de recevoir des œuvres dans des conditions de conservation optimales ont été installés et dissimulés dans le pourtour de l’escalier monumental. Le musée est aussi équipé de capteurs d’humidité et de température (des thermo-hygromètres), de détecteurs de fumées, d’alarmes et d’un système de vidéosurveillance.

Les musées possèdent en général bien plus d’objets que ceux qui sont présentés dans les salles d’exposition. Tous ces objets non-exposés sont conservés dans des réserves, pour des raisons de place, de choix ou de conservation. Cette réserve est en cours d’aménagement sous les combles du bâtiment XVIIIème. Le musée doit donc inventorier tout ce qu’il possède et éventuellement faire restaurer les œuvres endommagées. Les objets sont en outre étudiés : Quelle est leur nature ? Quelle est leur provenance ? Qui les a fabriqués ? A quelle époque ? A quoi servaient-ils ? Sont-ils uniques ou non ? Les résultats de ces études peuvent être publiés.

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IV. Glossaire

Baie : ouverture.

Balustrade : clôture ou garde-corps.

Bossage : saillie d’un élément de la façade.

Bossage piqueté : bossage dont le parement présente des stries ou des trous.

Bossage en pointe de diamant : bossage dont le parement est taillé en pyramide.

Echauguette : petit ouvrage en surplomb, contenant une petite pièce.

Emmarchement : désigne la disposition des marches

Fronton : couronnement pyramidé comprenant un tympan et un cadre mouluré. C’est un

élément de décor.

Fronton cintré : fronton dont les rampants sont dessinés par un même arc de cercle.

Lucarne : ouvrage construit sur un toit et permettant d’éclairer le comble par une ou plusieurs

fenêtres.

Meneau : petit mur étroit qui divise la fenêtre en plusieurs baies.

Rampant : élément d’élévation construit selon une ligne qui n’est ni verticale, ni horizontale.

Ressaut : une rupture dans l’alignement ou de l’aplomb du mur. Cette rupture est saillante ou

rentrante.

Table saillante : surface en parement, limitée par un petit ressaut.

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Le trésor découvert

représente 41 kg d’argent et

1,5 kg d’or.

© Sylvain Riandet, Ville de

Langres.

C’est dans cette cache, dissimulée par une double

paroi en bois, qu’a été découvert le magot.

© Sylvain Riandet, Ville de Langres.

« Près de 2 000 pièces d’or et d’argent ont été dernièrement découvertes dans les greniers de l’hôtel du Breuil, à l’occasion des travaux de la future Maison des Lumières. Partagé pour moitié entre l’ouvrier qui les a trouvées et la mairie, le magot remonte aux années 1790 et 1840.

Mille six cent trente-trois pièces d’argent et 319 autres en or : telle est la spectaculaire découverte faite mercredi 9 novembre par un ouvrier de l’entreprise Charpentier PM, dans les combles de l’hôtel du Breuil qui d’ici deux ans, doit devenir la “Maison des Lumières” consacrée à Denis Diderot. Le magot a été trouvé par un ouvrier haut-marnais affairé à purger une paroi en bois contre l’un des pignons de l’aile du XVIIIe siècle, actuellement en travaux. En réalité « une double paroi dans laquelle avait été aménagée une niche d’environ 60 cm de haut sur 40 de large », raconte Olivier Caumont, le directeur des Affaires culturelles de la Ville. C’est dans cette cache qu’est apparu, entassé dans les restes d’un sac en toile et quelquefois, enveloppé dans du papier journal, le formidable butin. Des pièces de monnaie qui hormis quelques exemplaires autrichiens et italiens, sont toutes françaises et selon les premiers examens, remontent aux années 1790 à 1840. Toutes possèdent une valeur faciale importante pour l’époque, allant de 5 à 20 francs. À coup sûr, le pactole a été constitué avec la volonté d’amasser « des monnaies de forte valeur et sur un temps important ». Rares sont en effet les monnaies françaises frappées durant cette période, absentes de ce qu’il convient d’appeler “le trésor du Breuil”. « On est en présence d’un exemple assez représentatif de thésaurisation de la part d’une grande famille bourgeoise de l’époque », analyse Olivier Caumont.

Car évidemment, le fait d’amasser un tel butin sur un demi-siècle, n’a pas pu être le fait d’un domestique, mais du propriétaire même de cet hôtel particulier bâti à la fin du XVIe siècle. Et tout porte à croire qu’il s’est agi de Jean-François Moreau du Breuil de Saint-Germain, ce Langrois né en 1774 et qui en 1820, a précisément racheté l’hôtel particulier auquel sa famille a donné son nom. Les archives attestent que ce noble émigré en 1791 pour échapper à la Révolution, est décédé dans cette même demeure en mars 1842. Or, les monnaies les plus récentes retrouvées dans les greniers du Breuil, remontent à 1840. Le sieur de Saint-Germain se serait donc endormi à jamais sans avoir le temps, la force ou peut-être même l’envie de dévoiler son secret…

Quant à savoir qui est propriétaire du trésor découvert, le Code civil est très clair. Personne ne pouvant en revendiquer la propriété, il devra être partagé pour moitié entre l’ouvrier qui l’a mis au jour (son inventeur) et la mairie, en tant que possesseur des murs. Cette dernière a en effet acquis l’hôtel du Breuil de Saint-Germain voilà trois ans et pour l’euro symbolique, auprès de la Société historique et archéologique de Langres. Ceci pour en permettre la rénovation. Avant que le partage n’ait lieu, il va d’abord falloir confier l’étude de l’ensemble à un numismate, de manière à documenter du mieux possible comment ce “bas de laine” a-t-il été amassé et quelles sont les émissions monétaires qui le constituent. « Cela prendra plusieurs mois », prévient Olivier Caumont. Ce n’est qu’à l’issue de cet examen que sera évaluée la valeur de l’ensemble en tenant compte, pour chaque pièce, de sa valeur métallique (le cours de son métal) ou numismatique (son prix sur le marché des collectionneurs). « Nous prendrons systématiquement celle la plus importante », précise Olivier Caumont, sachant quand même que la plupart des pièces découvertes ne sont pas particulièrement rares. Selon nos estimations, l’inventeur du trésor et la Ville pourraient empocher quelque 50 000 € chacun, au cas où ils choisissent de tout revendre aux cours actuels de l’argent et de l’or, ces derniers ayant atteint, on le sait, des sommets historiques. Du côté de la mairie, rien n’a encore été décidé sur ce point mais « la valeur patrimoniale de cette découverte fait qu’elle devra être évoquée dans le cadre de la Maison des Lumières », plaide Olivier Caumont en tant que Conservateur des musées de la Ville. Tout porte donc à croire qu’un échantillon représentatif de l’ensemble du trésor, y sera exposé au public. En ces temps de sobriété budgétaire, la découverte faite dans la pénombre des greniers du Breuil pourrait s’apparenter à un cadeau du ciel pour la Ville. Ce qui reviendra à la mairie ne représentera pourtant qu’une maigre part de ce qu’elle aura dépensé pour rouvrir les lieux au public. Sur les cinq millions d’euros que devrait coûter, au final, la Maison des Lumières, la commune en paiera en effet 20 %. »

Pierre Donard, http://www.voixdelahautemarne.fr/blog/2011/11/23/exclusif-un-tresor-monetaire-decouvert-a-langres/, 23 novembre 2011.

V. Une drôle d’histoire… : la découverte d’un trésor monétaire caché

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Bibliographie :

- Hôtel du Breuil de Saint Germain, diagnostique patrimonial des intérieurs, Pierre Bortolussi (architecte en chef des monuments historiques), 2007-2008.

- Architecture, principes d’analyse scientifique, Jean-Marie Pérouse de Montclos, ed. Imprimerie Nationale,1988.

- L’hôtel du Breuil de Saint Germain à Langres. Description et histoire, chanoine Marcel, Mémoires de la SHAL, 1925.

Webographie : - http://www.histoiredesarts.culture.fr/reperes/architecture : pour quelques rappels

des grandes évolutions architecturales du néolithique ( ! ) à nos jours. - http://www.museebal.fr/sites/default/files/img/PDF02/Petite-histoire-des-

musees.pdf : une évocation de « l’histoire du musée » de ses origines antiques à nos jours.

- http://www.musees.regioncentre.fr/UploadFile/GED/JXKV-quest_ce_qun_musee.pdf pour trouver quelques pistes d’étude autour d’un musée et de ses collections.

- http://www.citechaillot.fr/ : La Cité de l'architecture et du patrimoine

Liens avec les programmes de l’éducation nationale. Ce document est destiné aux enseignants qui souhaiteraient faire découvrir la Maison des Lumières Denis Diderot en tant que lieu patrimonial à leurs élèves. Il a été conçu pour répondre à un projet de PAG « carnet de patrimoine » mis en œuvre pour des élèves de cycle 3 (année 2014-2015). Pistes pédagogiques :

Quelques notions d’architecture. Comparer la façade XVIème et la façade XVIIIème : Quel vocabulaire employer pour décrire les façades ? Comment caractériser chaque architecture ? Les époques sont-elles faciles à distinguer ? On pourra proposer aux élèves de compléter une frise chronologique pour retracer l’histoire de cet hôtel et fixer des repères artistiques.

Croquis : on peut former des groupes de 2 élèves. L’un s’installe face aux façades et en fait une description à son camarade qui réalisera un croquis « à l’aveugle ».

Sur le fonctionnement d’un musée : Avant la visite, faire construire aux élèves un « cahier des charges » afin de transformer un bâtiment d’habitation (espace privé) en musée (espace public). S’interroger sur les missions d’un musée. Découvrir la Maison des Lumières et corriger les propositions des élèves.

Analyser l’architecture de l’hôtel : origine de la commande et du/des commanditaire(s) (qui ? quand ?), le site (position dans la ville, contraintes…), lecture du plan au sol, description et traitement des façades, quels matériaux sont utilisés, fonctionnalité des bâtiments (leur architecture tient-elle compte de l’environnement, reflète-t-elle le statut des propriétaires…) ?

Sur la notion de patrimoine : Une petite histoire de ce lieu que nous avons reçu en héritage et de sa mise en valeur actuelle.

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Les savoirs et les pratiques de ces pistes d’étude permettraient de travailler des compétences du socle commun (palier 2 et palier 3) : compétence 1 (maîtrise de la langue française), compétence 5 (culture humaniste). L’architecturale des bâtiments peut être un objet d’étude en Histoire des arts – « arts de l’espace ».

Textes officiels sur l’éducation au patrimoine : Enseignement de l'histoire des arts BO n°32 du 28 août 2008 http://media.education.gouv.fr/file/32/09/0/encart_33090.pdf

Éducation artistique et culturelle : développement de l'éducation artistique et culturelle Circulaire n°2008-059 du 29/04/2008 http://www.education.gouv.fr/bo/2008/19/MENE0800388C.htm

Contacts :

Service des publics et professeurs-relais de l’Education nationale :

Laetitia Miguières, Thomas Menduni, Charlotte Martinot, Christine Gillot

1, place Pierre Burelle – 52 200 Langres Dossier réalisé par Charlotte Martinot, professeur-relais pour la Maison des Lumières Denis Diderot. Octobre 2014.

[email protected]

03.25.86.86.86

http://www.musees-langres.fr/