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La mondialisa+on : analyses et dynamiques en débat, ou de l’intelligibilité du monde
(1er par+e)
Laurent Carroué
7 novembre 2013 Lycée La Bruyère ‐ Versailles
Plan adopté
• 1. La mondialisa@on : un enjeu scien@fique et épistémologique
• 2. Mondialisa@on et ordre mondial : quid de la crise et des basculements du monde ?
• 3. Mondialisa@on et territoires : l’émergence de la Chine
1. La mondialisa@on :
un enjeu scien@fique et épistémologique,
une clef d’analyse des dynamiques
contemporaines
1.1. Approches épistémologiques des concepts et ou@ls :
• Les décennies 1980/1990 : une « soif de mots » pour dire et penser les choses – Approches globalisantes (globaliza+on vs mondialisa@on) a‐territoriale et a‐historique – Hypertrophie hégémonique anglo‐saxonne et économique – Le système‐monde et société‐monde en géographie (GIP Reclus, R Brunet et O. Dollfus, J. Levy)
• La décennie 1990/2000 : montée de l’analyse cri>que de la complexité – La redécouverte des territoires, des sociétés, des emboîtements d’échelles…. – «La mondialisa+on comme processus géohistorique d’extension progressive du système
capitaliste dans l’espace géographique mondial. Un phénomène très hiérarchisé, instable et conflictuel producteur de profondes inégalités dans le cadre d’une valorisa+on différenciée et sélec+ve des territoires dans un cadre concurren+el».
– Retour du temps long et des facteurs culturels, religieux, sociétaux… – Nouveaux paradigmes à travers ques@on du développement et du développement durable
• La décennie 2000/2010 : l’affirma>on de la géopoli>que – Les apports ini@aux d’Yves Lacoste (def. « géopoli@que comme l’étude des rivalités de pouvoirs
sur une territoire ») – La mul@plica@on des travaux (revue Hérodote, Michel Foucher…) – La (re)découverte de la carte et des cartes comme systèmes de représenta@on et d’ac@on
1.2. Trois temps, trois systèmes : de l’historicité des concepts
• Les crises des années 1970/1975 (Vietnam, Proche Orient, pétrole et OPEP…)
• Les décennies 1980/1990 : la révolu>on néoconservatrice et ultralibérale – Luee des deux hyperpuissances (USA/ URSS) – Refonda@on des bases hégémoniques anglo‐saxonnes après 1975 – Développement des bases du nouveau régime d’accumula+on financière
• La décennie 1990/2000 : L’hyperpuissance nord‐américaine – Accès des USA à l’hyper‐puissance : une logique hégémonique mondiale – La Pax americana et ses guerres, le «mode de vie américain n’est pas négociable» – Mouvement cri@que et contestataire, contre‐réformes (cf. Chine : 1978/1992)
• La décennie 2000/2010 : échec, crises et mul>polarisme – L’effondrement du régime d’accumula@on financière occidental – L’échec géostratégique nord‐américain et disqualifica@on d’un modèle – Une nouvelle architecture mondiale mul@polaire
1.3. Concepts et vocabulaires en débat : l’exemple du développement :
• Pays sous‐développés : Pdt H. Truman, à l’ONU le 20 janvier 1949.
• Tiers Monde : démographe Alfred Sauvy en aout 1952 puis INED en 1956.
• Pays en développement. Crise de 1973, débat sur «nouvel ordre économique mondial».
• Le Sud (face au Nord) : rapport sur les problèmes de développement présidée par Willy Brandt en 1980.
• Pays émergents. 1990. No@on née à New York par banquier Antoine van Agtmael de la Bankers Trust pour iden@fier nv lieux d’inves@ssement pour sa firme cf «marchés émergents». Reprise par Banque mondiale (critères niv de vie, exporta@ons…).
• Les BRIC (Brésil, Russsie, Inde, Chine) : née à New‐York par économiste en chef de la banque d’affaires américaine Goldman Sachs en novembre 2001 dans contexte 11 sept 2011.
• Analyse : si primat du poli+que et de la luKe idéologique directe dans formula+on des concepts entre 1945 et 1980, montée en puissance à par+r années 1980 du primat des agents financiers qui imposent leur vision du monde. Quel impact ?
• En fait, comment définir et qualifier le développement ? Un choix géopoli@que majeur.
1.4. Les grands enjeux d’analyse et les nécessaires ar@cula@ons du développement et du développement durable
• La finitude du monde : modes de croissance extensifs et dilata@on des espaces de conquêtes comme processus géohistorique millénaire. Fin des fronts pionniers terrestres et montée des enjeux mari@mes (gaz de schiste, énergie off shore …).
• Des dynamiques systémiques : globalisa@on et changement global comme processus d’interac@on posant la ques@on de la réversabilité ou non des équilibres (réchauffement, ressources non renouvelables, déforesta@on, déser@fica@on…).
• Un monde interdépendant : sociétés humaines/ globe, de la globalité et de la globalisa@on des processus et enjeux (nouvelles régula@ons mondiales cf. Kyoto)
• La mondialisa>on vs globalisa>on : logiques impériales et domina@ons prédatrices • La croissance démographique : un enjeu majeur • La ques>on du développement comme ques>on clef : rapport Nord/Sud, sous‐
developpement, mal‐développement.
• De la durabilité des modes de développement : modèles intenables à moyen terme. • De la per>nence du développement durable : ar@culer environnement, économies,
sociétés, territoires et citoyenneté (donc démocra@e). • Des enjeux de civilisa>on : ar@culer mondial et nouvelles exigences d’universalité ?
1.5. Des ou@ls et des démarches en géographie
• Réaffirmer la per>nence des territoires comme objets centraux d’étude : ar@culer pavages (poli@ques, culturels…) et réseaux (firmes, logis@ques et des échanges, migratoires ou diasporiques…).
• L’incontournable recours aux jeux des emboîtements d’échelles comme ou@ls d’analyse : validité des échelles locales, régionales, na@onales et con@nentales.
• Les interac@ons mul@formes entre des jeux d’acteurs nombreux et diversifiés : Etats, firmes transna@onales, organisa@ons interna@onales, ONG, Etats, collec@vités territoriales…
• Jeu entre intégra@on et autonomie dans l’inser@on dans la division interna>onale du travail (projets, marges de manœuvre…).
• Les grandes focales : local/ régions, Etat et Etats‐na@on, con@nents et con@nentalisa@on aux jeux des puissances.
Les membres du G20 : de l’économie au poli@que et au géopoli@que (source : revue Carto, n°3/ dec 2010/janvier 2011)
2. Mondialisa@on et ordre mondial :
quid de la crise et des basculements du monde ?
La crise : un coût équivalent à une guerre mondiale (stat. FMI, oct 2012)
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2.1. Crises et recomposi@on : la fin d’un cycle historique séculaire
Une crise systémique a étudier dans ses dimensions géopoli@ques et territoriales qui signe la fin d’un cycle historique d’un @ers à un demi‐siècle de durée :
• Crise géoéconomique du «nouveau régime interna+onal d’accumula+on financière» imposé au monde par les USA dans les années 1970/1980 et pilier de la nouvelle phase de la mondialisa@on. Modèle de croissance insoutenable ren@er et spécula@f.
• Crise poli>que et géopoli>que des fondements de la «révolu+on conservatrice et néolibérale» déployée à par@r des années 1970 et généralisée dans la décennie 1990 par les Républicains.
• Crise géostratégique plus générale de l’Impérium géopoli+que et géostratégique états‐unien qui seul permeeait une telle domina@on économique et financière.
• Vers un changement de paradigme des modèles de développement et de structura@on des équilibres mondiaux géopoli@ques : la Grande EmancipaAon
2.2. De la structure de l’ordre mondial et de la nature de la crise actuelle : vers un monde polycentrique
• Avec la crise, profonds bouleversements des équilibres géoéconomiques, géopoli@ques et géostratégiques mondiaux.
• Effondrement systémique économique, industriel et financier des Etats‐Unis et de l’Europe/ Union européenne. Sur quelles bases reconstruire l’hégémon ?
• Renversement des liens d’interdépendance tradi@onnels Nord/Sud et appari@ons de nouvelles dynamiques d’autonomisa@on Sud/Sud.
• Montée et affirma@on des nouvelles puissances mondiales (Chine, Inde, Brésil, Russie) et régionales (Turquie, Afrique du Sud…).
• Nouvelles logiques de con@nentalisa@on (Asean, Mercosur, Afrique du Sud…).
• Profonds blocages gouvernance mondiale : échec de Kyoto, échec de l’OMC, réformes FMI et B. mondiale…
2.2.1. Les bases de l’hégémon et de l’Impérium des USA : le facteur militaire, l’impuissance de la puissance
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PNB militaire (millions $)
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2.2.2. Crédit et discrédit : la relance d’une économie d’endeeement
Deee totale : 54 949 Md $ en 2013 (X 67 depuis 1977)
Deee totale des USA : 76,5 % PIB …mondial
Passe 158 à 329 % PIB
Taux de couverture deee/patrimoine passe de 4,7 en 1980 à 2,3
aujourd’hui
Valeur du patrimoine liée à la deee et aux crédits
Ques@on de la solvabilité du pays : transfert d’endeeement du privé vers
l’Etat (22 % deee totale) pour relancer la machine
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2012
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DeMe par acteurs (milliards $)
Etats fdrés et gv locaux
Etat fédéral
Total etp non financières
ménages
secteur financier
2.2.3. L’inconnue de la FED :
Base monétaire mondiale passe de 4 000 à 18 000 milliards $ entre 2002 et 2013 et 12 à 25 %
PIB
Retour des Etats et socialisa@on des pertes : sauver le régime d’accumula@on financière
Déprécia@ons ac@fs bancaires : ‐ 2 025 MRD $ entre 2007/2011
Base monétaire mondiale X 5,5 entre 1998 et 2011
Explosion du bilan des Banques centrales (cf. FED : + 2 070 MRD $, = PIB Brésil )
Injec@on massives liquidités relances bulles financières spécula@ves
Etats‐Unis : Etat fédéral et FED injectent 8,8 fois PIB de l’Afrique ou 2,5 fois PIB Amérique la@ne pour
soutenir l’économie.
Dégrada@on accélérée du bilan
Baisse des taux d’intérêt mais faible rémunéra@on du crédit
Pb sor@e crise : nv crash obligataire
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Evolution du bilan de la FED (millions $)
Achats emprunts d'Etat
Achats @tres créances hypothécaires
Bons Trésor (cour terme)
Prêts Inst. Financières
Liquidité marchés crédit
Le capital aux Suds qui finance le Nord
(carte : L Carroué, revue Carto) Nouveaux banquiers du monde aux Suds : passent de 27 % à 57 % des réserves mondiales de change entre 1992 et 2011
Chine : 3 200 MRD $
Rôle des fonds souverains
Carte des achats de la deee publique des Etats‐Unis
Ac@fs extérieurs de Chine et pays émergents d’Asie : 2 500 MRD $ en 2010
Transferts financiers Suds/Nord : 827 milliards $ en 2011
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Réserves mondiales de change (MRD $)
Pays Sud
Pays Nord
% stock mondial deMe publique
USA / Canada
Europe 30
Japon
Amérique la@ne
Chine
Asie du Sud
Asie sud Est
P Moyen orient
Reste du monde
Afrique
Sources et orienta@ons bibliographiques :
L. Carroué et Didier Collet : « Canada, Etats‐Unis, Mexique», Bréal, Paris, nov. 2013
L. Carroué : « La France : muta@on des systèmes produc@fs », A. Colin, coll. U, déc. 2013
Laurent Carroué (2013) : « Crise et basculement des équilibres mondiaux », Dossier des Images Economiques du Monde 2013 d’Armand Colin (cartes téléchargeables sur :
hep://www.armand‐colin.com/livre/426699/images‐economiques‐du‐monde‐2013.php
Laurent Carroué (2012) : « Mondialisa@on et localisa@ons des ac@vités économiques : les nouveaux défis posés par l’entrée dans la XXI em siècle », Datar territoires 2040, hep://territoires2040.datar.gouv.fr/spip.php?auteur63
Dossier « crise et basculement du Monde » d’Historiens et Géographes n°416 (2011/2012) dont «Crises et basculements du monde : enjeux géopoli@ques, géoéconomiques et géostratégiques» : téléchargeable sur :
hep://www.pedagogie.ac‐nantes.fr/1328102640682/0/fiche___ressourcepedagogique/&RH=1160761636828
Laurent Carroué (2011) : « échelle et dimensions de la puissance chinoise», Actes en ligne de la Journée d’étude Académie de Montpellier/ IHEDN cycle 2010/2011 sur La Puissance chinoise : téléchargeable sur
hep://pedagogie.ac‐montpellier.fr/hist_geo/defense/cercle7.htm
Laurent Carroué (mai 2009) : « La crise mondiale : une ardoise de 55 800 000 000 000 de dollars » téléchargeable sur le site des Cafés géographiques : hep://www.cafe‐geo.net/[email protected]?id_ar@cle=1596
Laurent Carroué : (oct. 2008) « La crise des subprimes : enjeux géopoli@ques et territoriaux de l’entrée dans le XXIe siècle, octobre 2008, téléchargeable sur le site des Cafés géographiques : hep://www.cafe‐geo.net/[email protected]?id_ar@cle=1411
L. Carroué : « Globalisa+on, mondialisa+on : clarifica+on des concepts et emboîtements d’échelles», Dossier La Mondialisa@on, Historiens et Géographes n° juillet aout 2006.