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DOCUMENTS DE TRAVAIL SUR LA MUSEOLOGIE NO 1/1980 La muséologie - SCIence ou seulement travail pratique du musée?

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DOCUMENTS DE TRAVAIL SUR LA MUSEOLOGIE NO 1/1980

La muséologie • - SCIence ou

seulement travail pratique du musée?

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DoTraM Documents de travail sur la muséologie Revue de débat sur les problèmes fondamentaux de la muséologie

Publiée par le Comité international de l'ICOM pour la muséologie en collaboration avec Statens historiska museum (Le Musée des antiquités nationales), Stockholm, Suède avec la contribution financière de l'Etat suédois et de la Fondation Sven et Dagmar Salén

Rédacteur en chefet gérant responsable Vinos Sofka, Stockholm

Conseil de rédaction du Comité international de l'[COM pour la muséologie Andreas Grote - République Fédérale d'Allemagne, Rolf Kiau - République Démocratique Allemande, Wolfgang K1ausewitz - République Fédérale d'Allemagne, Awraam M Razgon - Union des Républiques Socialistes Soviétiques, Vinos Sofka - Suède

Bureaux du Conseil de rédaction Statens historiska museum, Box 5405, S-114 84 Stockholm, Suède

© Comité international de l'ICOM pour la muséologie ISBN 9l-7l92-471-X Couverture et maquette Bengt Serenander/Stockholm Imprimé par Departementens offsetcentral/Stockholm et Snitz & Stil Repro/Stockholm

Stockholm, Suède 1980

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DoTraMnol THÈME NO 1

La muséologie science ou seulement travail pratique du musée? SOMMAIRE Editorial par Vinos Sofka 3 Bonne chance, DoTraM! par Jan Jelfnek 4 Question posée: Qu'est-ce que la muséologie? 6 Introduction par le rédacteur en chef 6 Points de vue muséologiques - Europe 1975 par Villy Toft Jensen 6 Provocations muséologiques 1979 par le Conseil de rédaction 11

La question 'à analyser: La muséologie - science ou seulement travail pratique du musée? 14 Petit sommaire en guise d'imroduction par le rédacteur en chef 14 Contributions de André Desvallées - Paris, France 17 Anna Gregorovà - Bratislava, Tchécoslovaquie 19 Bengt Hubendick - Goteborg, Suéde 22 Louis Lemieux - Ollawa, Canada 24 Geoffrey Lewis - Leicester, Grande-Bretagne 26 Jifi Neuslupny - Praha, Tchécoslovaquie 28 Jurij P Pisèulin - Moskva, URSS 30 Daniel R Porter - Cooperslown, USA 32 Barrie Reynolds - Townsville, Queensland, Auslralia 34 Joseph A Scala - Syracuse, USA 37 Klaus Schreiner - Ait Schwerin, RDA 39 Zbynëk Z Strànsky - Brno, Tchécoslovaquie 42 James L Swauger - Pillsburgh, USA 45 Soichiro Tsuruta - Tokyo, Japan 47 Bachir Zouhdi - Damas, Syrie 50

Et maintenant? Avis du rédacteur en chef 52 Faits et documents 53

DoTraM no 1 - acte de naissance 53 Notes sur les auteurs 54 Chronique DoTraM 56

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Editorial Un nouveau venu fait son entrée dans la communauté inter­nationale du musée. Son peti~ nom: DoTraM. Taille: 67 pa­ges. Poids: 203 grammes.

Depuis la nuit des temps, un tel événement donne généra­lement lieu à tout un rit uel non écrit. On célèbre la nais­sance, le rejeton est présenté à la famille, aux amis et à ('en~

lourage, on J'admire, on glose. La curiosité est générale. Les questions se pressent: sur les auteurs de ses jours et leurs ori­gines, sur les péripéties de la gestation et de la délivrance, sur les signes célestes qui ont présidé à sa naissance, sur les particularités du nouveau-né, sur son avenir.

Perpétuons la tradition - n'est-ce pas l'une de nos tâches primordiales - et sacrifions au rituel. Le moment est venu de célébrer le nouveau venu et de le présenter à la grande fa­mille du musée. Comme nous l'avons dit, il porte le nom de DoTraM - et ceci sans que la famille ait été consullée et sans baptême. C'est un nom qu'il a reçu alors qu'il se trou­vait encore in statu nascendi. Nom provisoire d'abord, qui s'est imposé petit à petit et qui lui est resté.

Qu'est-ce donc que DoTraM, à qui s'adresse-t-il, quels sont seS intentions et ses objectifs? Qui sont ses «parentsn? Quels sont ses projets d'avenir?

Depuis longtemps, le.besoin se fait fortement sentir d'un débat vivace, permanent sur les grands problèmes auxquels est confronté le musée de notre temps - besoin d'un dialo­gue fécond, stimulant entre gens du musée, par-delà les frontières et les continents. La société d'aujourd'hui est marquée par un flot ininterrompu de transformations, transformations qui se succèdent à un rythme de plus en plus accéléré. Les musées et les gens de musée ont à faire face à des exigences nouvelles, qui doivent être abordées par un corps de spécialistes du musée bien informés, compé­tents et déterminés, un corps établi et reconnu comme une catégorie professionnelle à pan entière. La réponse devra être rapide et efficace, si l'on veut que les musées soient à même de conserver et de consolider leur place dans la so­ciéte, une place qui est pour eux un droit autant qu'un de­voir.

Prétendre que rien n'a été fait à cet égard jusqu'à présent serait travestir gravement les faits. Il existe certes des revues spécialisées, nationales et internationales, des colloques se tiennent, des rappons sont publiés. Des projets vastes et im­portants ont été réalisés ou sont en voie de réalisation, au plan national aussi bien qu'international. La publication du Traité de muséologie est un projet d'un intérêt capital dans lequel le monde du musée place de grandes espérances.

Mais - il y a un mais. Certaines circonstances qui amè­nent à penser à notr~ nouveau venu, DoTraM. Les collo­ques ne peuvent avoir 1u'une assistance restreinte, leurs ré­sultats n'atteignent pas tout le monde. La diffusion de l'in­formation est entravée par le manque de moyens et de ca­naux appropriés. Les projets ne sont pas toujours suivis, ni évalués par manque de temps. Résultats, savoir et expérien­ces sont perdus pour les autres, tombent dans l'oubli. L'in­formation de haut niveau donnée par les revues est le plus souvent à sens unique, le débat en est absent. Le Traité peut - si le projet est mené à bien - saisir de façon remarquable et à très large échelle un certain état des choses, donner un reflet statique de l'état du savoir. L'aspect dynamique du Traité est limité à la déscription de certaines tendances.

Reste le besoin d'un échange permanent d'idées et d'ex­périences - d'un colloque international de haut niveau qui se poursuivrait sans interruption, où les contributions et les voix critiques se feraient écho par le monde entier. Le be­soin tout d'abord de susciter le débat sur les questions fon­damentales qui se rapportent au musée, à ses activités et à la profession du musée, un débat qui serait suivi et évalué. Le

besoin de rapprocher la profession par des moyens qui soient aisément accessibles à tous. Le besoin d'un forum à cette fin. C'est cette lacune que DoTraM veut combler.

Bien entendu, l'idée n'est pas nouvelle. Jan Jelinek, le president du Comité international de l'ICOM pour la mu­séologie, ancien président de l'ICOM et président de son Comité consultatif, en brosse la toile de rond dans son avant-propos. L'élément nouveau de ce tableau est qu'en 1978, le Comité international de l'ICOM pour la muséolo­gie a non seulement remis la question à l'ordre du jour, mais a dans le même temps nommé un groupe de travail spécial, le Conseil de rédaction, et en suivant les travaux de ce groupe a fait en sorte que l'objectif puisse être atteint et réalisé. Les travaux du Conseil de rédaction ont abouti en 1979 à la proposition de publier DoTraM. Et l'adoption de cette proposition, à son tour, a abouti à la célébration d'aujourd'hui. Il est inutile d'entrer davantage dans les dé­tails de la gestation - son «journah, se trouve à la section Faits et documents.

Voici donc le nouveau venu présenté, ct ccci au tout pre­mier stade de son existence, à l'état de prototype. Avant qu'il se lance dans l'inconnu et le vaste monde, il faut que toute la famille du musée - l'ICOM, ses organes et ses membres --- ait l'occasion de dire son mot quant à son ap­parence et son caractère, sa viabilité.

«Vouloir, c'est pouvoir)), ont pensé les proches de DoTraM - c'est-à-dire le Conseil de rédaction. Et «Qui ne risque rien n'a riem" dit un autre proverbe. Le Conseil de rédaction a osé prendre le risque. Mais dès le départ aussi, il a adopt:': une attitude ouverte, condition d'une collabora­tion fructeuse. Certes, DoTraM peut être amélioré, modifié sur un point ou un autre. DoTraM est maintenant entre les mains de ceux à qui il est destiné - les gens de musée du monde entier. Sa raison d'être et sa nécessité, ses objectifs et sa présentation - tout est à examiner, que ce soit pour être approuvé, modifié ou rejeté.

L'avenir? Une déclaration de programme? C'est le débat qui en décidera, qui l'établira. Les objectifs quc le Conseil de rédaction a déposés dans le berceau du nouveau venu sont les suivants: • être un forum ouvert pour un débat permanent sur les

problèmes fondamentaux du musée • mener ce débat sous la forme de blocs thématiquement

clos, suivant un programme arrêté qu'il peut être facile de modifier pour faire face aux exigences les plus ac­tuelles de la société

• sur la base des contributions données par des auteurs choisis représentant, du point de vue géographique autant que possible taUles les parties du monde et, du point de vue du contenu, des opinions diverses, dévelop­per un large échange de vues, suivi objectivement et éva­lué de façon pluraliste

• publier au moins un volume par an • faire appel à des méthodes de distribution qui permettent

une participation active et vivante grâce à une diffusion et un enracinement aussi larges que possible parmi les gens de musée, les institutions apparentées, diverses branches du savoir, les universités et les bibliothèques.

Notre présentation est achevée - le débat sur le nouveau venu et son avenir peut commencer. Ses parents spirituels ont dit ce qu'ils avaient à dire et attendent les réponses. Sera-t-il bien accueilli dans la grande famille du musée, sera-t-il salué par des voeux de bonheur ct de réussite? La réponse nous sera donnée par la Conférence générale de l'ICOM en 1980.

Vinos SoJka

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Jan Jelinek Bonne chance, DoTraM!

Quand j'étais président du Comité consultatif dàns les an­nées 1964-1970 et président de l'ICOM dans les années 1971-1977, je réfléchissais souvent à celle question: com­ment les musées devraient-ils développer leur profession el leur activité pour pouvoir répondre aux besoins culturels de notre société?

Il état alors clair qu'il fallait poursuivre les objectifs sui· vants: 1 développcr le Conseil International des Musées en orga· nisation internationale reposant sur une large base démo­cratique. ouverte aux adhérents aussi largement que pos­sible, englobant touS les continents. L'organisation devrait servir au développement des musées, en sorte qu'ils devien­Ilent des institutions utiles, qui non seulement se préoccu­pent de notre héritage culturel ct naturel, mais servent aussi aux impOrl3mS besoins contemporains de notre société; 2 à cette fin, il s'avérait indispensable de créer cl instituer la muséologie comme une activité professionnelle spécifique et ensuite d'en faire une discipline scientifique ayant sa placc dans les universités. Il serait alors possiblc de procéder à l'étude dc son histoire, de ses méthodes, dc son développe­ment futur, de ses bases théoriques, de ses relations avec les autres disciplines, de publier ses résultats, de former une nouvelle génération de spécialistes de niveau professionel correspondant et d'établir ainsi la muséologie comme une discipline scientilïque. 3 par suite de celte nouvelle situation et en réponse aux be­soins existants, de nouvelles publications devraient appa­raître sous différentes formes, depuis les manuels - qui couvriraient les besoins pratiques de nos collègues dans les musées - jusqu'aux traités fondamentaux sur la muséolo­gie, ayant en vue la formation des bases théoriques de cette discipline. Parmi les éléments indispensables de celle linéra­turc, il faut compter également un périodiques qui consti­tuerait une plate-forme pour les échanges de vues sur les problèmes théoriques de la muséologie et pour la diffusion de nouvelles idées.

Les professionnels de musée ont déjà leur périodique «Muscum», publié par l'UNESCO, qui apportc avant tout la documentation des résultats récel1ls de l'activité pratique des musées dans le domaine des expositions, de l'architec­ture, de la conservation etc. Les numéros précédents de cette importante revue racontent l'évolution historique des musées, surtout à travers des activités pratiques. Dans cc domaine, il s'agit d'un périodique représentatif et bien il­lustré.

A l'heure actuelle il s'avère indispensable de créer une autre plate-forme théorique ct professionnelle sous forme d'une revue de niveau universitaire. Certes, le Comité inter­national pour la muséologie en a pri~ l'initiative ici, mais comptc tenu du fait que le programmc d'êdition devrait couvrir tous les domaines théoriqucs de la muséologie, la coopér31ion très étroitc de spécialistcs dans la théorie de la documelllation, dans l'anthropologie sociale appliquée aux activités culturelles des musées modernes, dans la théorie de, la conservation, la lhéorie de J'éducation au moyen d'objets tridimensionnels et dans beaucoup d'autres domaines, est une «conditio sine qua nOI1». Le dé­veloppement raisonnable de notre profession ne peut être

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assuré sans une telle plate-forme, et ce doit être le rôle des «Documents de travail sur la muséologie)).

Le changemelll de la structure sociale et politique du monde nécessite de reconsidérer maints aspects culturels traditionnels. La transmission des informations a toujours joué un rôle décisif dans l'évolution de notre société. L'usage du langage était et est une des principales différen­ces entre l'homme ct l'animal. L'utilisation des symboles vi­suels - pktographiques signale la plus ancienne créativité artistique et en même temps l'apparition de l'Homo sapiens il y a entre 30 et 60 mille années.

D'autres pas importants dans le développement des mé­thodes d'information sont certainement la découverte de l'écriture, de la pholographie, du cinéma, et enfin du vidéo­enregistrement et en même temps de la vidéodiffusion des j'nformations, ou désinformations, des connaissances ou des illusions. L'âge des ordinateurs annonce certainement ce changement qualital.if fondamental dont nous supposons à juste titre qu'il ouvre une ère nouvelle de l'existence hu­maine.

En même temps, les anciens ordres sociaux el politiques se sont effondrés et les pays développés avec les pays en voie de développemem cherchent leurs propres traditions. La queslÎon de la coexistence pacifique multi-ethnique com­mence à devenir fondamentale pour noire survie.

La conséquence logique est le l'ail que la conception des monuments culturels, voire même de l'ensemble de l'héri· tage naturel ct culturel est, el sera constamment reconsidé­rée et réévaluée. Aujourd'hui nous faisons face à une situa­tion différente de celle des autres époques, car nous devons décider ce qu'il n'est pas nécessaire de conserver, ce qu'il sc· rail souhaitable de conserver et ce qu'il faul absolument conserver pour les générations futures.

En elTet, Ics valeurs des objets comme Ics valeurs des idées changel1l rapidement. Certaines idées qui constitu­taienl, il ya peu de temps, une partie indispensable de l'exi­!->tence sociale humaine, l'om panic aujourd'hui de notre histoire passée.

Les besoins ct les conceplions concernant la conservation de notre héritage naturel et culturel changent. La respon­sabilité des spécialistes compétents et naturellement des l1ltl~

séologues professionnels augmente. La si(llation est beaucoup plus compliquée. Les musées

conservent certains objets - documents importants. Ils for­ment des collections qUÎ devraient nous donner un exemple représentatif et par conséquent une information aussi objec­tive que possible. La formation de ces collections d'objets, qui sont une source d'information originale inépuisable, constiwe le noyau de la science de la muséologie qui n'est pas el ne peut pas être remplacée par une autre discipline scientifique. L'essentiel, pour la sélection des objets d'une collection, est leur caractère permettant de discerner les va­leurs informatives, historiques etc. Si nous ne sommes pas capables de reconnaître les valeurs importallles, bien dc~

choses, traits, phénomènes, usages, traditions qui font par­tic de notre patrimoine naturel et culturel, pcuvent être irré­parablement perdus dans la situation actuelle de change­ment, une situation pour ainsi dire de carrefour.

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I.cs lIlllS0l'S sont considérés comme des institutions im­porl:ltl[Cs pour 1'0dtll.:ation du public el pour certaines bran­l·lll· .... :...dL'lllilïqucs L'n tant que centres de recherches et de do­L' 1111 lL'nt a tion.

I.l·s L'hangell1cnts intervenus dans le rôle édm:atif des mu· ....L'L'S \,:t dans leur aClivité éducative démonlrent les rails sui­\;lIl1s:

1 I.\"~ h...·soins éducatifs sont différenls dans les diverses ré­~iol1s du monde. car conformes aux traditions culturelles IllL'alcs. au caractère social de la population, il son niveau \\:ollomique, au progrès technique, au mode de vie. C'est pourquoi les méthodes ct programmes éducatifs des musées dans les différentes régions du monde peuvem différer dans hil'n des cas. 2 La diffusion des informations par les «mass media)) elant aujourd'hui à peu près universelle, nous pouvons ob­server un certain écart entre la conception Que l'éducation du musée est égale à son exposition permanente, et la con­ception que j'exposition «permanente» n'existe plus et qu'elle est remplacée par l'exposition de «longue durée)) ou «exposition principale)). Elle change continuellement en fonction de nouvelles connaissances scientifiques.

Cependant, le !lux continuel de nouvelles informations, dilTusées par la tcll'vision ct les autres «mass media)), a ap­porté une autre forme de l'activité éducalive des musées: les t:xpositions à court terme. Si on les appelle expositions «d'actualités», on exprime mieux comment elles doivent réagir aux les principaux événements et problèmes de la .'10­

L'iété contemporaine. Les musées peuvent certainement réa· liser ces expositions à court terme et de celle façon ils peu­vent jouer un rôle complémentaire important dans l'éduca­tion moderne de toutes formes: rurale, industrielle, uni- ou multi-ethllique, en Afrique tropicale, en Europe du Nord ou en Chine. 3 A l'époque où les méthodes d'éducation traditionnelles subissent une crise ct où l'importance des informations vi·· suelles ne cesse de croître, la sélection des informations commence il jouer un rôle décisif. L'homme devrait ap­prendre les plus importantes valeurs par l'expérience per­sonnelle directe, car c'est la meilleure el la plus sûre mé­Ihode d'étude.

Certains musées avancés commencent à établir des ate­liers de différentes sortes, surtout pour les enrants et les jeunes, orientés avant tout vers l'activité artistique. Mais, ces ~llelier~ peuvent servir à tout le monde et à n'importe quelle activité humain..:, car ils représentent une méthode applicable aux siluations el programmes les plus variés. De tels ateliers peuvent être créés ct ils existent déjà dans cer­tains musées de sciences ct techniques, jardins zoologiques, musées d'histoire naturelle ou musées d'anthropologie.

La connaissance des valeurs fondamentales pour la vic ct la société contemporaine, pour son développement ulterieur est l'objectif de l'éducation moderne. La meilleure applica­tion des capacités de chaque homme fait panie de ces ba~es.

Dans cette situation il n'est pas surprenant que certain~

musées commencenl à devenir des centres culturels et pas seulement des dépositaires. Les deux sont indispensablc~,

mais un bon équilibre ouvre un vaste champ d'aclivité pour les musées el leur permel de répondre de plus ell plus effica­cement à nos besoins contemporains.

En ce qui concerne le travail scientifique des musées, leur rôle dans les recherches scientifiques et la documentation change suivant l'évolution de la science elle-même. En effet, les sciences sc développent el elles apportent sans cesse des méthodes nouvelles et compliquées qui nécessitent sOllvent

des équipement~ techniques Ir~s complexes. Pour pouvoir répondre a cc!'> impératifs, des instituts de

recherches spécialisés ont élé développés ct se développent. Les musées se préoccupent seulemelll de cenain!'> domaines, pour la plupart traditionnels, ('1 comme n'importe quelle autre instilution scicl1liJïque ils ne peuvenr couvrir qu'une certaine partie d'un champ d'activiles. A l'heure aCluelle, il n'existe pas d'institut scientifique qui pourrait se préoccu­per de l'ensemble d'une princîpale branche scientifique. Ainsi, les musées ne peuvent s'adapter qu'à leur propre acti­vité, donc à l'activité liée aux collections ct à la do('umema­tion.

La situation actuelle, où nous devons souvelll faire face au danger de destruction de notre environnemelll naturel el (ulturel, ouvre de nouvelles grandes possibilités pour la co­opération dans la documentation des changements de notre environnement, la documentation des changements fré­quents de certaines espèces de plantes et d'animaux qui con­duisent parfois à leur disparition ct qui signalent souvent le danger biologique (p.ex. par la pollution) même pour cer~

laines espèces d'importance économique et pour l'homme lui-même.

Dans cette bataille moderne pour la survivance, les mu­sées peuvent coopérer en jouant un rôle très important.

Les domaines scientifiques traditionnels dans les musées d'histoire naturelle, les jardin!'> Loologiqucs. les musées d'histoire CI d'anthropologie parlent d'eux·mêmes. Les meilleurs Illusees Olll toujours cl'fect ué une pan de la re­cherche scientifique. Dans les disciplines hisloriques, il y a la conception de nos origines et de l'origine et du processus cie notre évolution physique ct L:ulturelle, il ya la conception de notre changement culturel. Oans les disciplines biologi­ques il s'agit de la conception des processus évolutifs, du mécanisme d'équilibre dans la nature et de beaucoup d'au­tres phénomènes.

Cependant l'innovation, à laquelle nOLIS faisons face, ac­centue sans cesse la :-.pecialisatioll ct la coopération. C'est un appel aux musées qui sont souvcni des institutions multi­disciplinaires par leur caractère, disposant de leurs organi­sations internationales l1lu~éologiques (ICOM) et ~cienti­

fiques (diverses) par l'intermédiaire desquelles ils peuvent coopérer sur une vaste échelle mondiale.

Après avoir décrit brièvement la base des changemellls dramatiques de la situation actuelle et explique la nécessité d'adapter les musées aux nouvelle!'> situation!'. et de contri­buer à couvrir les besoins scientifiques, éducatifs ct docu­melltaires de la sociélé, je crob qu'il n'y a pa!'> de doute que notre domaine professionnel d'activilé~, la muséologie a be­soin d'avoir SOIl journal théorique qui doit conslilUer une base pour l'échange de~ vue:-., de~ idées Cl un instrument pour la compréhension correL"te de notre situation, de nos possibilités et de nos devoir:-. dans le développement de no!'> services.

Il reste seulement il répondre à la queslion suivallle: com­ment organiser la coopération conçue très largement qu'un tel périodique exige? Je souhaite qu'être une base pour des discussions animées et pour des commentaires concernant chacun des problèmes et sujets fondamentaux constitue un de ses Iraits caractéristiques.

Je souhaite une longue vic à la revue e1lc-même, au Co­mité de rédaction une activité inlassable, cl avant tout il tous les muséologues professionnels de profiter le plus possible de cet instrument utile et indispensable.

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Question posée: QU'EST-CE QUE,

LA MUSEOLOGIE?

Introduction du rédacteur en chef Une question que l'on peut entendre de plus en plus souvent parmi les gens de musée. Une question qui sc pose dans di­vers contextes muséaux - ct à laquelle on répond de diver­ses façons: avec beaucoup d'assurance, avec une verbosité confuse, ou simplement avec un haussement d'épaules.

Bien qu'il n'y ait pas unanimilé quant à sa signification, Je terme est largement employé dans le monde du musée. Une enquête effectuée en 1975 en Europe a révélé combien la confusion elail grande au sujel de la museologie. Villy Tort Jensen examine les résultats de celle enquête dans POINTS DE VUE MUSEOLOGIQUES - EUROPE 1975.

En débattanl de ses lâches en 1978, le Comile internalio­nal de l']COM pour la museologie s'esllrouvé place devant le même dilemme. Un comité pour la muséologie: quel est nOire objet? La situation n'était guère plus claire pour le Conseil de rédaclion du Comile lorsqu'il fUI charge d'éla­borer un «programme-cadre en vue de documents de travail

Villy Toft Jensen

sur les problèmes fondamentaux de la muséologie». Que faire? A l'été 1979, les membres du Conseil de redaclion ré­unis en session à Stockholm, décidèrent d'y apporter une ré­ponse. Ils prirem le risque, s'aventurant sur un terrain glis­sant. Quatre essais de définition du terme virent le jour. Il ne s'agissait nullement de dissertations scientifiques. Sim­plemenl de brefs résumés de ce que chaque membre du Conseil de rédaction entendait par ce terme. L'arrière-pen­sée était de susciter un débat en ayant le courage d'avancer une définition. Ces essais ont été joints au rappon d'activité 1978-79 du Conseil de redaclion présenté lors de l'assem­blée annuelle du Comilé à l'automne 1979 et, avec ce rap­pon, ils ont connu l'honneur d'être annexés au procès­verbal de l'assemblec. Il n'y eul malheureusement pas de débat, et ces essais sont passés à l'histoire de la muséologie. Sous le lilre de PROVOCATIONS MUSEOLOGIQUES 1979, ils reparaissent dans les presenls DoTraM. Reussi­ront-ils celte fois à soulever le débat?

ENFI , QU'EST-CE QUE LA MUSÉOLOGIE?

Points de vue muséologiques Europe 1975 Sur la voie d'orientations théoriques en muséologie

1 Base et objectifs a pas encore de formation officielle en muséologie mais où Ces lignes résultent d'une enquête sur la muséologie entre­ Ic débat sur l'éventualité d'en établir une sous une forme prise parmi des professionnels de musée en 1975. L'une des quelconque s'est intensifié récemment; je pense que c'est raisons de cc travail était la situation au Danemark où il n'y également le cas dans d'autres pays.

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En outre, on peut dire que celle enquëte était basée sur le principe d'un étroit rapport entre le genre ou le niveau de formation muséologique dans les pays élUdiés el les princi­paux points de vue qui ont été - ou seront - adoptés sur le concepl de muséologie dans le pays concerné.

Malheureusement, le débat a été d'une certaine façon plutôt vague, en raison de l'incertitude qui règne sur ce qu'est réellement ou ce que devrait être la muséologie. Cette enquête peut donc être considérée comme un essai de ré­ponse à celle incertitude.

Pour y parvenir, j'ai essayé tout d'abord de me concen­trer sur certaines questions théoriques fondamentales et en­suite de classer certaines idées exposées plus loin en catégo­ries distinctes, espérant par là fournir une meilleure base de discussion du niveau et du contenu de la formation muséo­logique. Comme pour J'obtention d'informations, des ques­tionnaires en anglais, français et allemand ont été envoyés à environ 140 professionnels de musées européens dont le 1I0ms ont été donnés par certains participants de la Confé­rence Générale de l'ICOM à Copenhague en 1974. J'ai agi ainsi parce que j'avaÎs des raisons de croire que les destina­laires du questionnaire avaient déjà un certain intérêl pour les queslions muséologiques ce qui m'a paru nécessaire pour obtenir des renseignements détaillés.

Il s'ensuit que ceue enquête n'est pas représentative au sens statistique; d'un alllre côté, il faut considérer que nous traitons les réponses de gens qui ont beaucoup d'innuence sur le développemenl muséologique futur. Environ 70 ré· ponses (de 10 pays) onl élé reçues dom 53 si délai liées qu'cl· les ont été incluses dans l'enquête.

Pour donner de l'enquête la meilleure idée possible, j'ai choisi de me concentrer, dans le paragraphes suivants, sur un petit nombre de questions qui seronl éclaircies par cer­taines citalions significatives de réponses accompagnées par quelques courtes remarques.

2 Raisons qui justifient l'existence de la muséologie

Si l'on tient compte des critères mentionnés ci-dessus pour l'envoi du questionnaire, il n'est pas doureux quc l'opinion personnelle des personnes questionnées est en majeure par­tic favorable, pour autant que les aspccts théoriques(l) de la muséologie soient concernés: ainsi 4 réponses seulement ont indiqué que leur opinion était directement négative.

Pour la même raison, il n'est pas douteux non plus que les gens se sont montrés plus circonspects en jugeant l'opi­nion générale dans le pays concerné; ainsi l'opinion générale est caractérisée par une majorité dans l'expeclative mais en­core positive.

Il est important de noter cependant que dans l'ensemble le matériel col1eçlé indique que si certains commencent à s'occuper des aspeClS théoriques des musées et du travail de musée - si le processus commence - alors "intérêt el la compréhension de l'imporlancc du sujet grandiront en con­séquence.

Examinons maintenant quelques unes des réponses à la question suivante et nous aurons quelque idéc des raÎsons de considérer le sujet comme imporlant:

Question: «Le/ait que la /ormatiol1 muséologique soit dispensée dans certaines activités de l'ICOM prouve un intérêt accru pour la muséologie. Pouvez-vous citer deux raisons de l'augmen­/(Ition de cet intérêt?»

Quelques réponses: «Une prise de conscience qui grandit lentement de l'objectif commun des musées -la réalisation, par les conservateurs, de la nécessité d'un plus grand professionnalisme dans leur travail - la reconnaissance d'une «profession Illuséale)) (diSlincle des professions disciplinaires)>>.

«Les responsables de musées 0111 compris la complexité des problèmes suscités par la conservation et ressentent le besoin de dépasser le niveau artisanal dans ce domaine et ils y som poussés par l'intérêt grandissant du public pour les biens culturels en général et les musées en paniculief.))

«Une prise de consciencc, qui grandit lentement, du fait que le travail de musée n'est pas un violon d'Ingres pour des privilégiés ou des profanes mais un très important facteur cultureb).

«Une commune tendance à remellre en question tout ce qui nous a élé transmis (c'est-à-dire le musée dont l'utilité n'est pas immdiatemenl discernable, et en relation avec une tendance générale à «faire des choses scientifiques))))).

«Le travail pratique de musée doit être complélé par une théorie, en particulier pour permettre aux autres d'en ap­prendre les méthodes et les principes.))

«La muséologie permet la fixation de critères généraux pour l'administration des musées.»

«La nécessité de trouver une aide pour les musées - prin­cipalement financière - requiert la justification de l'exi­stence des musées dans la société, ce qui ne peut être réalisé par un ensemble vague de disciplines séparées, indépendan* tes, comme la zoologie, l'histoire, etc. Un musée étant une institution composite est nécessaire pour donner une idée exacte de la «vie)) en général.))

Il n'y a pas assez de place, ici, pour ciler beaucoup de ré· ponses mais les citations ci-dessus couvrent dejà un large horizon; elles paraissent être d'excellentes raisons pour jus­tifier j'existence de la muséologie.

Pour compléter ce tableau, quelques commentaires sur le mot «muséologie~) doivent être cités:

«On est atliré par une expression, ou une discipline à la mode.)

«Une orientation commune vers la «réflexion sur l'ac­tion» plutôt que comme actuellemenl «l'actioil)); ct une in­capacîté de plus en plus répandue dans notre civilisation à distinguer clairement entre la fin et les moyens; de là l'éléva­tion de beaucoup d'études, d'une réelle valeur en tant que moyens, au rang de fins et d'«ologies)).))

3 Le contenu de la muséologie Jusqu'ici, nous nous somme bornés à traiter du concept de muséologie sans tenter de le définÎr. Mais qu'est-ce que la muséologie? Essayons Îndirectement de répondre en exami­nantla question suivante qui concerne le contenu de la mu­séologie.

QI/estion: «Quelle est la partie centrale, le coeur, de la muséologie; par exemple quels sonlles principaux thèmes et problèmes qui relèvent de la muséologie théorique à votre avis?»

Comme l'on pouvait s'y attendre, beaucoup de réponses qui se chevauchent ont cté apportées et, prises dans leur en­semble, je pense qu'elles contiennent la plupart des fonc­tions du musée. Ce qui est remarquable, cependant, c'est l'énorme différence dans le niveau d'abstraction qui se dé­gage des réponses.

Pour illuSirer cela, 5 réponses. qui parlelll d'c1les·mêmes, sont citées ci-après.

Réponses sélectionnées sur cc qui constitue le coeur de la muséologie: 1 a) «Une poiilique de développemelll des Illusées Cl du

travail muséa1.») b) «Une étude de types individuels de musées.)) c) «Des recherches sur le rôle actuel des musées, leurs

fonctions en tant qu'institutions publiques vouées à l'éducation, à la recherche et à la conservation d'ar­chives.»

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d) «Des recherches Sur les relations entre le musée et le public et sur la struClUre interne du musée.»

c) «Objectifs des activités museales dans les musées indi~

viduels.» 1) «Développement du rôle didactique du musée par des

expositions sur des problèmes spécifiques.») g) «Préparation de recommandations pour la classifica­

tion ct la documentation sciemifique des objets de musée.)

h) «Examen de l'utilisation possible des auxiliaires tech­niques modernes, c'est-à-dire les ordinateurs, dans le travail muséal.»

i) «Préparation des techniques d'exposition nouvelles et économiques.~)

j) «Organisation de séminaires sur la conservation et la restauration.»

k) «Préparation d'expositions expérimentales pour tester les possibilités du musée en tant que moyen d 'éduca~

tion et pour le comportement des visiteurs.) 2 «La muséologie est l'étude de:

a) l'objectif de base des musées (indépendamment de leurs disciplines particulières),

b) le rôle des musées dans la communauté, e) la «base commune) dans les fonctions des musées de

toutes les disciplines.~)

3 «Pourquoi et pour qui nous collectons; quels principes de sélection som adoptés. L'équilibre de l'objet - les images - les données. Les problèmes de nomenclature. Systèmes de recherche.»

4 «a) La question décisive est l'affirmation que la muséo­logie se rattache, d'une part au système des sciences, d'autre part au travail pratique de musée. C'est le meilleur moyen de prouver objectivement sa fonc­tion. Affirmer que la muséologie est dans le système des sciences, c'est résoudre méta-théoriquemelll la question de son objeL, de sa méthodologie, de sa ter­minologie, et de son système.

b) Parce qu'il permet la solution de ces problèmes mé­ta-théoriques, l'objet de la muséologie est d'une im­portance décisive car il est la clef de la po~ition de celle-ci dans le système des sciences. Grâce à œ fait, il est aussi la clef qui ouvre à la relation muséologie/ disciplines traditionnellement utilisées dans les mu­~ées.

c) La solution des problèmes méta-lhéoriques doit aussi conduire à une compréhension correcte des de­voirs des musées en lam qu'institutions. En outre, clic doit permettre de différencier l'approche rnuséo­logique de la réalilé en lant qu'approche de la con­naissance scientifique et le travail pratique de musee qui actuellement applique celle approche à la vie dans le musée en tant qu'inslitution. La muséologie se dist ingue ainsi de la muséographie. De celle ma­ni~rl' aw.!'!i, il apparaît que le mu~ée ne peul consti­tucr l'objct dc la J1lu~éologic .•~

5 «Quelque imponanb que Ic~ a~pecb technique!'! pUi ......Clli

être, il paraît \ouhaitabJe d'accorder une atlelllion parti~

culière aux probl~me~ fonùamel1laux auxqucb sont con· frontes les musées aujourd'hui. En général, ces pro­blèmes ne SOI1l pas bien compris, mais ils inllucncent di­rectement la politique des musées, dans un contexte na­tional ('omme dans un contexte international, car ib som essemiels. Ils sont en rappon direct avec le domaine de l'éthique dans tous les champs d'action muséologiques, c'esl-à-dire observalion, sélection, préservation, présen­tation et information. Il semble que la recherche muséo­logique doive se consacrer tout particulièrement à l'éluci­dalion cie œs problèmes fondamemaux et arriver à ulle meilleure compréhension de leur influence fondamentale sur le développement de la politique muséalc. De cel!e façon, les musées seront mieux équipés et mieux qualitïés

pour être des celllres sociaux-culturels dans la commu­naulé qui finance leur fOllctionnemclH et leur ('lltretÎen. Autremem ces institutions serOnt considérées comme des dépôts de biens culturels qui ne doivent être conservés que parce qu'ils constÎLuent l'héritage du pa!'!sc, cc qui en fait plus un fardeau qu 'un privilège)~.

4 Quelques orientations théoriques en muséologie

Je vais maintenant citer la dernière question qui sera traitée un peu plus en détail que les autres. Son but était d'éclairr.r le rôle des professions disciplinaires dans la sLructure de la théorie l11uséologiq ue.

De plus, on espérait oblenir des définitÎons personnelles de la muséologie.

Queslion: «Dans la lillérature 111l1seologique, on peUl trouver de nom­breuses manières de considérer la muséologie. Si l'on prend comme crilère de division le rôle des disciplines scientifiques impliquées dans le musée, on peUl distinguer emre: A la muséologie en tant que science indépendal1/e avec sa

théorie spécifique et ses méthodes. (Suival1! celle idée, les disciplines impliquées dans le

musée peuvent beaucoup contribuer à la construction de la théorie l11uséologique, mais la base réelle d'une telle théorie doit être recherchée dans les caractéristiques spé­cifiques des musées, par exemple leurs objectifs généraux et leurs JonC/ions. De celle base se dégagent quelques principes communs à toutes les sortes de musées concer­nant les critères de cvllecte, conservation, exposition, elc.).

B la muséologie en tant que science appliquée, c'est-if-dire l'application de la théorie et des méthodes des disciplines sciemiliques sur les questiuns mL/seales.

(Suivant cette idée, la collecte, la conservation, l'expo­sition, etc. ne peuvent être réalisées que dans les limites de la théorie et des méthodes apparren(J11/ à la discipline concernée. Cepend(J11f les di~ciplines - avec certaines modifications - constilUent les fondations de la théorie muséologique. Les idées expusées ci~de5sus fA) 5011/, (lU

mieux, considérées comme irréalistes.) Laquelle de ces opinions ('onsidérez-vous comme la plus proche de la vûtre? En quels termes caractériseriez-vous la muséologie?»)

Si le rôle des disciplines Cl la queslion sur l<-l rnu ....éologie en tant que science appliquée ou science indépendante SOnt si fortement soulignés ici, c'est parce que ce.... questions sont le.... plus importantes dans le problème complexe de la st ruc­lure d'une théorie muséologique.

Dépendant, donc, de la base choisie - c'e~t-~l-dire A ou B, - des modèles l11uséologique~ très distincts apparais!'!clH - et en conséquence des manièrc~ très différente~ de réali­ser la formation muséologique.

Il est important cependant de nOter que la première partie de la question separe pratiquement les per....onnes queslion­nées en deux groupes égaux.

Cela pourrait être une coïncidence (c'esl-à-dire le~ per­sonnes sont indifférellles en qui concerne la question), mais cela n·c.... t pas le cas comme on peUl le déduire du fait que les réponses à la dernière panic de la question sont constituées, dans de nombreux cas, par ulle reformulation, ulle l11odifi­cation ou un développement d'une de.... deux alternatives.

Ces reformulations, modifications, elc. peuvent êlrc clas­sées dans les trois cat!;~orics ..,UiVélIllS:

Categorie 1

Dans cetle première calégorie, la muséologie est une science

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appliquée el les professions di~dplinaires sont considérces comme la base de la théorie. Pour illustrer cette catégorie qui est plutôt homogène, les réponses suivantes peuvent être citées:

Réponses choisies sur la muséologie en tant que science appliquée:

«(Toute thèorie peUl être incorporée à la discipline con­ccrnée. Cependant, l'objectif général ct les fonctions des musées sont semblables. Les l:ritères pour la collecte, la COIl­

servation, l'exposition, etc. dépendent du caractère de la discipline. Le but ultime -le travail pédagogique au sens le plus large: informer le grand public comme les groupes spé­cialisés des questions qui intéressent les gens - définit le ca­ractère de la muséologie comme une science appliquée.»

«La muséologie n'a pas de sujet spécifique de recherche, ni même sa propre méthodologie. Vous ne pouvez donc par­Ier que d'une théorie «muséale» en relation avec l'objectif général: l'utilisation scientifique ct culturelle-éducative des coUect ions tri~dimcnsionnelles.»

«Une muséologie commune n'existe pas. Et cela parce que les collections étant différentes, les sphères culturelles différentes, les âges différents, etc., les problèmes sont très différents.»

Si nous essayons d'effectuer une brève généralisation des réponses et des idées incluses dans cette catégorie, elle peut se résumer ainsi: a) une théorie muséologique peut être établie par la coordi­

nation des intérêt, des théories, etc. des professions disci­plinaires;

b) à travers la structure de cette théorie, on doit arriver à la compréhension des objectifs de base des musées;

c) suivant ces objectifs, des critères peuvent être définis pour l'application de la théorie et des méthodes des pro­fessions disciplinaires au travail de musée.

Cc point de vue est illustré par la figure 1.

Catégories Il et III

Dans les deux catégories restantes, la muséologie est consi­dérée comme une science indépendante - l'objectif de base du musée doit être défini indépendamment des intérêts par­ticuliers des professions disciplinaires, c'est-à-dire que con­trairement à la première catégorie, le but ne peut pas décou­ler d'une coordination des théories disciplinaires.

Pour donner une idée de ce point de vue, citons les trois réponses suivantes:

Réponses sur la muséologie en tant que science indépen­dante:

«La muséologie doit concerner tous les phénomènes en rapport avec les questions muséales. Il est extrêmement im­portant que la muséologie ait une orientation théorique, et elle ne doit jamais servir de plan d'application des profes­sions disciplinaires dans le musée.»

«La muséologie est l'étude des caractéristiques qui sont communes à tous les musées, mais, parmi les institutions, uniques aux musées.»)

«La muséologie est une partie de la connaissance dans le processus de sa propre identification en tant que science in­dépendante (ce qui veut dire le stade prénatal) et appartient au domaine des sciences documentaires. Elle a son propre sujet d'intérêt, sa propre méthodologie et ses systèmes. La muséologie est un moyen décisif de rationalisation du tra­vail de musée et, pour cette raison, de son élévation au ni­veau du progrès scientifique et technique. La soi-disant «crise des musées») ne peut être résolue que sur la base de la muséologie et d'une plus large application de celle-cL»

Ces quelques citations suffisent à démontrer une claire dissociation des professions disciplinaires comme base dé­

terminante de la théorie muséologique. La muséologie étant considéré comme une scien~('

indépendante, l'intérêt se concentre sur les caractéristiques spécifiques du musée et du travail de musée - sur ces cho­ses qui justifient l'existence du musée dans la communauré - sur ce que l'on appelle «l'idée de base du musée». Deux approches différentes peuvent être dégagées des réponses, ct c'est cette différence qui donne naissance aux catégories Il et Ill.

Dans la cat~goric li, les points de vUt sC L'OI\1:~ntrel1t sur les aspects institutionnels du musée. Donc, dans <.:cllc cate­gorie, la muséologie devient unc sortc de théorie sociolo­gique sur le musée et le travail de musée. Les réponses ct idées rangées dans cette catégorie peuvent être résumées comme suit: a) la base de la théorie muséologique doit être fondée sur

les rôles et les fonctions des différents types ne mu-,_ée§; b) par la structure de la théorie, on arrive à la formulation

générale de ces caractéristiques qui sont communes à tous les types de musées et en même temps sont uniques au musée en tant qu'institution parmi les institutions;

c) des critères communs se dégagent de celle formulation générale pour l'exécution des fonctions muséales, quel que soit le type de musée.

Ce point de vue est illustré par la figure 2.

Si nous regardons enfin la catégorie Ill, nous ne trouvons pas une approche sociologique de <<l'idée de base du musée)), mais une approche basée sur la théorie de connai­sance ou méta-théorie.

Le noeud du problème, dans celle catégorie, est d'arriver à reconnaître ce qui est «muséai» et ce qui ne l'est pas(2), ce qui donne les étapes suivantes dans la construction de la théorie muséologique: a) l'établissement de critères de «muséalité», c'est-à-dire de .

critères qui permettent de décider si un objet donné doit être placé dans un musée ou non. Ces critères théoriques forment alors la base des activités pratiques de collecte.

b) après cela, on peut essayer - encore au niveau théorique - d'établir des critères pour la préservation et la mise en réserve de ces objets. Ces eritères forment alors la base des activités pratiques d'enregistrement, de conserva­tion, etc.

c) enfin on peut essayer de trouver les facteurs ou éléments «qui donnent aux valeurs muséales le plus grand pouvoir de diffusion». A nouveau, ceux-ci forment la base des activités pratiques qui concernent les expositions.

5 Conclusion Malheureusement le manque d'espace nous empêche d'étu­dier d'autres questions, mais, en conclusion, je voudrais ré­sumer les trois catégories ou orielllations théoriques décrites ci-dessus.

J'ai donc essayé, ci-dessous, d'effectuer une comparai~ son, sous forme de schéma entre les catégories d'après cer­taines caractéristiques choisies. Il faut savoir, cependant, que pour faire cette comparaison les catégories et les carac­téristiques théoriques ont été très simplifiées.

Notes (1) Dans le questionnaire, «théorique» se réfère. entrc autrc!'>, à certaines tentatives pour développer une terminologie muséologique ct Claborer un !'>ystèrnc muséo!ogiquc comprenant les prohlème!'> relevant des musées cl du travail de musée (2) Cette reconnaissance ne peut être çonsideréc comme définitive car les critères peuvent ~voluer

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- --

l Schéma des catégories muséologiques

la muséologie en tant la museologie en tant que Sl.:ienCl' indêpenuul1Il.'que science appliquée

caracté­catégorie 1 catégorie II catégorie 111ristiques théoriques ~

base de la théorie intérêts, théorie-êt les rôles institutionnels considérations théoriques: et les fonctions des méthodes des professions qu'est-ce qui est «muséal»

disciplinaires différentes sortes de et qu'esl-ce qui ne l'est pas?musées

f- ­ - -nalllre de la théorie interprétation inter- interprétation sociologique intcrprétaiion méta-

disciplinaire des activités du musée et du travail théoriquc des activités du musée de musée du musée

but final de la 1héoric critères pour l'application critères communs pour l'accomplissement des fonctions des disciplines concernées du musée, quel que soit le type de musée dans le musée

'---

Filurt" 1 Construction de la thêorie musêologique suivant la eatégori~ 1

Theorie. me.:hodoloaie et interets des professions dÎsciplin~

base pour la Mcheo.. zoo- eu: . . . coruuucuon _ hiswire ,. 1 - an ~ Impliquee de la theom e@@ 8 _·"·'

Ollc OJ!C " dans les mus«s

'l\-.l 1

constructlon coordination de la theonc des intentions &. intertls

1mu.séololiquc des professions disciptinaires

objectifs1 "b...

des musêe:sl,"ul'a< - dea;u et defirus

1

1 1adaptation

descriptIon des critères en vue d'une pour l'application appliclllon - des professions disciplinaires pralÏquc

CTileres pourl'applicarion _ pratique

accomplisse. ment des fonctions -du musee

Figure 2 Construction de la théorie mus.éologique suivant la categorie Il

Rôles instÎtutionneis; développement ­a~pects suucturaux et d'organisation

Fonctions institutionnelles; concernanl 1 la cuhure,la science (t l'tdUl.:ation 1

base ?Out la ..-chio­logie &. K::C:S naturelles' an iconstruction @ech scimces ~0'-diffnents 1

de la thiorie histou'C' t ruqu 1 de musec:sl

,-----,1 1 1

construction de lAI thiorie muscotOlique

fannulation générale des caractéristiques commWles à tOUtes les sones de m~.résultai

mais uroques au musee en tant qu'institution parmi les institutions

-

adaptation d~a!!:emenl de cnltres tri vue d'une .:ommuns pour l'xcomplissement app{jcation des foncrions du musee, -pralique quel que soit le type de musee

j

.:ritêres pout l'applic:uion _ pratique

/1 /'3ccomplisse.

ment des fonctions 1 MUSEE 1 iJu muS«

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Provocations muséologiques 1979 QuaIre essais de définition du concept de muséologie par le Conseil de rédaction

Villy Toft Jensen La muséologie est une science qui prend pour objet de sa lü:herche la sélection, la recherche et la diffusion de la con­naissance de toutes les «choses» (y compris leurs corréla­lions) que l'homme juge assez précieuses pour être proté­g~('s el préservées en vue de J'avenir.

Le musée étant la seule institution qui remplisse IOUles les fonctions socia-culturelles ci-dessus, la muséologie pourrait aussi être définie comme la science du musée et de ses rôles el fonctions dans la collectivité.

La muséologie est donc une science indépendante. possé­dam son propre ensemble spécifique de théories et de mé­thodes qui, unifiées en un système, som à la base du fonc­tionnement correct du musée.

La muséologie peut être subdivisée en: 1 Muséologie générale, qui comprend ou forme le cadre

d'un ensemble de théories indépendames telles que a) les théories qui se rapportent aux fonctions du musée

(théorie de la sélection, théorie de la documentation, etc.)

b) les théories qui - le musée n'étant pas défini/carac­térisé uniquement par ses fonctions - sc rapportent à l'histoire du musée et à ses rôles en tant qu'institution.

Comme l'indique le terme «générale~~, ces théories doi­vent être valables pour tous les types de musées - quelle que soit leur spécialisation.

2 Muséologie spéciale, qui doit être considérée comme la théorie de l'application de la muséologie générale aux branches scientifiques intervenant au musée.

Lors de la mise au point de la théorie muséologique, il sera nécessaire d'y intégrer les acquis des autres sciences. La méthodologie de la muséologie est donc de caractère inter­disciplinaire.

Wolfgang Klausewitz La muséologie est un champ de recherches concernant le musée en tant que phénomène socio-culturel Ct en tant qu'institution scientifique avec ses fonctions spécifiques de documentation sur les objets, de recherche ct d'éducation.

La muséologie n'est pas uniquement une science appli­quée mellant en oeuvre différentes disciplines scientifiques, tâches éducatives, méthodes sociologiques, ni une forma­lion pure et simple.

La muséologie est une science indépendante avec ses théories et méthodes spécifiques, bien qu'elle réunisse les w,pccts communs à 10US les musées et qu'elle intègre de façon interdisciplinaire des éléments scientifiques extérieurs (pédagogie, sociologie, histoire, etc.)

Les différemes parties de la muséologie sont: La muséologie générale, qui a une orientation théorique et comprend l'histoire des musées, la théorie de la mu­séologie, les fonctions scientifiques des musées, etc.

2 La muséologie appliquée, qui a une orientation plus pra­lique et comprend toutes les questions concermint les ac­tivités dans le domaine des collections, la documentation sur les objets, la publication, la pédagogie et Ics méthodes didactiques du musée, la sociologie et la psychologie des visiteurs, etc.

3 La muséologie spéciale, qui comprend tous les problèmes muséologiques des divers types de musées.

4 La muséographie, qui a une orientation purement tech· nique et comprend les techniques et méthodes relatives à la sécurité et aux collections, en particulier les divers systèmes techniques d'exposition.

La recherche muséologiquc comprend les aClivités de re­cherche de base aussi bien que les études appliquées dans les différents domaines qui sont utiles à tous les Iypes de mu­sées.

La muséologie couvre tous les résultats fondamenlaux et appliqués par son système sciemi fique propre.

Awraam M Razgon La muséologie est une discipline scientifique qui examine les IOÎs de la naissance el du développement des musées, les fonctions sociales des musées et leur réalisation concrète dans les différents systèmes sociaux, dans l'activité de re· cherche, de conservation, d'éducation et culturelle.

1 L'objet de la muséologie comprend les éléments suivants: A Le système de musée Clic musée lui-même en tant qu'in­

stitution sociale conditionnée historiquelllenl, sa fonc­tion et son organisation intérieure.

B Les traits spécifiques des sources primaires rassemblées et conservées dans les collections des musées à des fins scientifiques et éducatives.

C Les aspects particuliers dans l'examen des événements et phénomènes naturels et sociaux, qui répondent au profil du musée.

Les éléments susmentionnées se caractérisent comme suit: A La muséologie examine l'origine des musées, leur place dans la vie de difércnts systèmes sociaux, la formation des lois du musée, la classification et la typologie des musées; leur organisation interne, la connexion de cette organisai ion avec l'évolution des disciplines scientifiques el les besoins sociaux de l'époque.

La muséologie examine la spédficité fonctionnelle de l'activilé des musées: a) la collecte des objets, qui est liée à l'examen des sources

II

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primaires illustrant des systèmes déjà morts ou vivants, b) la classification scientifique, l'étude des sources pri· maires et la création d'une banque d'information scienti· lïque, qui sert aux besoins de disciplines scientifiques parti­culières ct de l'éducation populaire, c) la conservation des sources primaires, d) l'éducation scientifique et la diffusion du savoir.

B La muséologie examine les objets de la réalité - les sour­ces primaires qui font également l'objet d'intérêt d'autres sciences, mais elle a sa propre vue spécifique de ces objets, cc qui distingue la muséologie des autres sciences.

L'étude des sources primaires répond aux besoins de l'in­formation sur les phénomènes naturels et sociaux. Les sour· ces sont à considérer comme des signaux (porteurs d'infor­mation) et l'information elle-même constitue un élément es­sentiel de la communication renétée, qui est l'une des pro­priétés fondamentales des objets.

La muséologie étudie dans ces sources les aspects infor­matifs des objets (et non leurs aspects objectifs et énergé­tiques). Ces sources nous fournissant de l'information, la muséologie étudie leur «fonction informative».

Les aspects suivants de ces sources, ainsi que les aspects particuliers de leur étude, consistuent un objet spécifique de la muséologie: a) l'étude des sources primaires en vue de découvrir leurs fonctions informatives et leur structure et de décider s'il y a lieu de les admeLtre dans les collections d'un musée en géné­rai, ou dans les collections d'un musée de type particulier, b) l'étude des sources primaires en vue de déterminer le ré­gime de conservation et les méthodes de conservation et de restauration, c) la documentation scientifique générale des sources pri­maires en liaison étroite avec les tâches de la protection scientifique des objets de musée et avec leur préparation pour l'utilisation scientifique, éducalive et culturelle opti­male, d) l'e,xamen des possibilités d'information des objets de musée dans leur application pour les buts éducatifs et in­stru~tirs ct avant tout pour la forme de publicité spécifique du musée - l'exposition. Une telle étude offre ainsi les cri­tères de la sélection des objets de musée. e) l'étude des possibilités expressives d'une source (y com­pris les possibilités eSlhéliques), c'est-il-dire la délermina­tion de «l'impulsion émotionnelle de la source dans le pro­cessus de la présemation ct d'autres aspects du travail édu­calir cl instructib).

C L'élude muséologique dc la nalure el de la societe est spécilïquement orientée vers la détermination des événe­ments illustres par le musée, ainsi que vers les objets qui illustrent eux-mêmes ces processus, ct sont pour celte raison admis dans les colleclions du musée. Cela se manifeste dans l'étude typique pour le musée - dans la collection scienti­fique.

2 Les éléments structuraux de la muséologie sont: a) la théorie de la muséologie b) l'hiSioire de la muséologic c) la science Illuséologique concernant les sources d) les méthodes scientiriques de tous les traits spécifiques

des musées e) l'historiographie de la muséologie.

Tous ces éléments sc caractérisent par leur étroite liaison ct par leur enchevêtrement. Les différents éléments, qui exi­stent elTcctivement, ne peuvent dans aucun cas être séparés dans la pratique des travaux de recherches.

La complexité objective de la muséologie conditionne k caraclère multiforme de sa liaison à d'autres disciplines

12

scientifiques. La position de la muséologie dans le système des sciences n'est pas univoque. La muséologie esl une science marginale. Sa liaison aux disciplines apparentées, à la théorie des sources et aux nombreuses disciplines spéci­fiques et auxiliaires, présente le caractère de l'intégration, bien que la muséologie acquière de plus en plus les traits d'une science indépendante.

Ceue caractéristique s'applique à la muséologie générale. Outre la muséologie générale il existe des muséologies

spéciales. Celles-ci examinent les problèmes des différentes sortes de musées (muséologie des musées d'historie, muséo­logie des musées d'art, muséologie des musées techniques et technico-économiques, muséologie des musées de littérature etc.).

Les muséologies spéciales peuvent examiner également les problèmes selon les différentes sortes d'aclivité des musées.

Pour la mise au point de la théorie de la muséologie géné­rale il est possible naturellement de traiter les problèmes spéciaux qui sont propres aux différents éléments de sa structure (théorie, méthodes, historiographie etc).

Vinos Sofka La muséologie est la science du musée et des activités du mu~ée.

1 Objet d'étude de la muséologie En tant que discipline scientifique indépendante, la muséo­logie a pour objet de son élUde l'activité humaine qui s'exerce par le moyen de l'institution musée ou d'autres in­stitutions analogues dans le but de conserver, d'étudier et de mettre en lumière le patrimoine naturel ct culturel du monde ct/ou de certaines parties du monde - pays, régions ou autres l:ommunauté~.

Cette activité aux aspects muhiples donne à l'institution musée le caractère d'un remarquable composé de réservoir d'objets originaux et de base d'information, d'instilUtion de recherche et dans le même temps de moyen d'éducation de masse. C'est pourquoi le musée en tant qu'institution socio­culturelle - l'idée du musée ct sa philosophie, les objcctifs du musée, ses tâches, son organisation, son évolution ct son rôle uans la collectivité - est au premier plan de la muséo­logie ct de la recherche muséologique el lui a donné son nom.

2 Objectif de la muséologie L'objeclif de la muséologie esl

- d'acquérir, par l'examen, l'analyse, l'étude du musée et de son activité, des connaissances et une expérience qui puissent être généralisées et intégrées en un système scientifique de théorie du musée ayant sa propre mé­thode et un terminologie unifiée, el

- de formuler des objectifs, d'élaborer des mélhodes et de proposer les voies et moyens d'activité muséologique, de résoudre ses différents problèmes et de créer une base pour son évolution ultérieure,

Ces objectifs peuvent être atteints en utilisant les résultats acquis par d'autres disciplines scientifiques, mais aussi par des activités scientifiques propres dans le domaine de la mu­séologie.

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3 Caractère et méthode de la recherche muséologique

La multiplicité des fonclions du musée: - pn':sf".'rvcr en collectionnant, en enregistrant, en emmaga­

sinant ct en conservant - t-lUuier en examinant, en établissant une documcntalion,

l'Il évaluant. ct - Illettre en lumière en exposant, en enseignant, en infor­

mant Cl en publiant ct la l1luhiplicité des domaines qui forment ensemble le patrimoine naturel el cuhurel

l'o III que la méthode de la recherche muséologique est de ca­l'acIère fortement interdisciplinaire.

A côté de la recherche muséologique de base, il existe une vaste recherche appliquee.

La recherche muséologique de base se consacre à l'élm.:η dation des questions communes à lOuS les musées ct n'en­Iranl pas dans le champ d'activité d'une autre branche scieJ1lifique.

La recherche appliquée centralise "intérêt des autres branches scientifiques pour le musée et son activité, engage des recherches sur des questions touchant à celles-ci el appli ­que les résultats des autres branches de recherche à son propre objet d'étude. A cet égard, la muséologie joue un ràlc de coordinatioll.

4 Système de la muséologie Selon son caractère. son champ d'aclivité et son usage. la muséologie peur être subdivisée en muséologie générale, qui csl la sL'Îcnce générale du musée applicable à lOUS les types de musées cu à leur activité muséologie !lpéâale. qui, prenant pour ba~e la mu ....éologie générale, l'approfondit etlou la modi fic pour l'appliquer à des phénomènes spécifiques repré....entatil\ seulement de cer­tains types de musées ct d'activités du musée et muséologie appliquée, également appelée mu....ëographie, qui, subordonnee à la muséologie générale ct régie par ses conclusions, s'occupe de la technique muséologique pra­tique, qui est utilisée par le mu....ée pour remplir ses fonc­tions.

5 Résumé Sur la base de cc qui a été dit ci·dcs....us. nous pouvons con­simer en résumé que la muséologie en tam que sCÎence géné­rale du musée est une discipline sL'Îel1lilïque indépendallle ayant ses propres objectif. objet d'étude Cl théorie. champ d'activité et méthode. ainsi que son système propre.

La multiplicité des fonclions et des domaines de collec­tion rait de la muséologie une discipline ayant un fon carac­tère d'interdisciplinarité el nécessitant une collaboration avec d'autres branches scientifiques, Cil fa i....ant converger leur intérêt sur l'objet d'étude commun: le musée et son ac­tivité.

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La question à analyser:,

LA MUSEOLOGIE SCIENCE OU SEULEMENT TRAVAIL ,

PRATIQUE DU MUSEE?

Petit sommaire en guise d'introduction par le rédacteur en chef Enfin, nous en arrivons au thème principal du jour, «La graphique étaiem souhaités. muséologie - science ou seulement travail pratique du mu­ Plus de cem circulaires - 176 pour être précis - 001 été sée?», le thème nU 1 des DoTraM que nous allons approfon­ envoyées. ,Quinze comité - dom dix comités nationaux et dir. cinq comités internationaux - ont répondu à la lettre et

Dans les sections qui suivent, pas moins de quinze experts renvoyé le questionnaire. Peut-être moins que ce que l'on éminents prennent la parole pour répondre il la question. aurait pu attendre d'un groupe professionnel cohérent ­Sans concertation préalable, sans recommandations du mais un nombre suffisant proposaient plusieurs noms d'au­Conseil de rédaction, sans connaître J'identité de ceux qui teurs potentiels. Trop même, si tous avaient été intéressés et descendaient en même temps dans l'arène muséologique. avaient voulu écrire pour les DoTraM.

Qui sont ces experts? Qui les a choisis? Les prises de contact direcles du coordinateur avec les Début 80, le coordinateur des DoTraM a écrit à tous les personnes proposées - trente en tout - ont peu à peu

comÎtés nationaux el internationaux de l'ICOM pour les in­ abouti dans le courant de J'été à l'arrivée de quinze contri­former du projet el les engager à le soutenir. Mais avant butions sur son bureau. tout, ils devaient apporter au Conscil de rédaction dcs sug· Que représentent-elles? Quels sont les points de vue qui gestions qU3m aux gens de musée el autres experts qu'ils ju­ s'y expriment? geaienlle mieux désignés pour les exercices inlellectuels pré­ A tilre d'introduction, donnons quelques paims de re­vus. Des points de vue variés el une large répartition géo- père.

André Desvallées: «... il appartient aux gens de musée de préciser s'ils souhaitent appli­quer le terme de muséologie au seul langage qui leur sert à communiquer avec le public ou à l'ensemble des recherches et des réflexions qui leur permettent d'exercer pleinement leur métier ... »

Anna Gregorova: «Je considère la muséologie .... comme une discipline scientifique en voie de formation, dont l'objet est l'étude du rapport spécifique homme - réalité, et ce dans tous les contextes dans lesquels il s'est manifesté et se manifeste concrètement.»

Bengt Hubendick: «La muséologie ... est une science pauvre si on la considère comme à la limite de la recherche. Le travail d'un musée, par contre, est aussi bien une science

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qu'un travail pratique. Mais, avant tout, c'est un travail pratique cérébral effectué dans un esprit scientifique.»

Louis Lemieux: «La muséologie, ,à mon avis, n'est pas une science ... Cependant, la lIIU­

séologie est certes plus qu'une activité pratique du musée ou qu'une façon de faire les choses. Elle est une combinaison de connaissance, de compréhension, d'aptitude et de métier, auxquels viennent s'ajouter une bonne dose de vision, d'inspiration, de dévoue­ment et de patience ... Devant catégoriser la muséologie, je l'appellerais un art plutôt que toute autre chose.»

Geoffrey Lewis: «Si la muséologie, comme terme, a une histoire honorable, on ne peut pas le dire du sujet lui-même ... Nous ne devrions plus avoir lieu de débattre si la muséo­logie est un sujet de plein droit; nous devons plutôt présenter le cadre théorique dans le­quel la muséologie et le mouvement muséal dans son ensemble peuvent se développer.»

Ji!'i Neustupny: «Cependant un membre du personnel d'un musée peut désirer éviter la muséologie, sa tentative ne pourra qu'être un échec. Cette discipline est nécessaire si nous voulons comprendre le rôle des musées dans la culture contemporaine et leur place dans 1'avenir. »

Jurij P. Pisculin: «La muséologie actuelle - c'est une discipline scientifique appliquée qui doit assurer tous les aspects du fonctionnement du musée dans la société moderne.»

Daniel R. Porter: «Le chaos y règne dans une grande mesure, parce que les responsables de l'enseignement ne sont guère d'accord sur les questions suivantes: 1) Le travail de mu­sée est-il une profession? 2) La muséologie est-elle une discipline?»

Barrie G. Reynolds: «... je dirais que la muséologie est un domaine spécifique d'intérêt mais que, jusqu'à présent, ses paramètres sont médiocrement définis.... je crois en effet que c'est une science en embryon.»

Joseph A. Scala: «La muséologie peut se définir comme l'étude complète de toutes les fonctions - esthétique, commerciale, pratique, universitaire, de gestion et de relations publiques - nécessaires pour comprendre le musée dans le monde complexe d'aujour­d'hui ... La muséologie est-elle science ou expérience pratique? Elle est les deux, et bien plus encore.»

Klaus Schreiner: «La muséologie est une discipline socio-scientifique, historiquement grandissante, qui concerne les lois, principes, structures et méthodes du processus com­plexe d'acquisition, préservation, déchiffrage, recherche et exposition d'objets originaux mobiliers choisis de la nature et de la société en tant que sources primaires de la connais­sance, qui forme la base théorique du travail de musée et du système muséal avec l'aide d'une expérience généralisée et systématisée.»

Zbynek Z. Stninsky: «Le terme de muséologie ou de théorie de musée concerne la sphère

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de l'activité de connaissance spécifique, orientée vers le phénomène de musée ... Il se dé­veloppait déjà dans le passé, et aussi à l'époque contemporaine nous pouvons constater certaines tendances non seulement vers l'amélioration de la qualité de cette théorie, mais aussi vers sa transformation en discipline scientifique spécifique.»

James L. Swauger: <de pense qu'il est plus fructueux de considérer la muséologie comme un corps de techniques du musée visant à promouvoir les buts et l'organisation du mu­sée, qui ont été mises au point et jugées pratiques et fécondes par les gens de musée dans l'accomplissement de leurs tâches quotidiennes.... Un jour peut-être la muséologie sera une science, encore que j'en doute, mais ce jour n'est pas encore venu.»

Soichiro Tsuruta: «Je crois que la muséologie est une science et que des efforts doivent être accomplis durant les dix années actuelles grâce à la coordination et à la coopération internationales entre musées et muséologues scientifiques pour développer l'étude de la muséologie.»

Bachir Zouhdi: «La muséologie est la science de musée. Elle doit sa naissance et sa matu­rité au muséologues pionniers qui ont contribué sérieusement à son expansion dans les différent pays du monde.»

Restons-en là -l'introduction est terminée. Le détail, les arguments pour et contre, tout le reste, c'est à chacun d'en­tre vous d'en prendre connaissance.

Entrons dans le vif du sujet. La parole est aux auteurs!

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André Desvallées Conservateur de l'Inspection générale des musées classés et contrôlés, Direction des musées de France, Ministère de la Culture et de la Communication, Paris, France

Muséologie et muséographie. Science du musée et activité pratique du musée. Recherches sérieuses pour former une discipline ou simple accumulation de recettes empiriques. Il s'agit là d'un vieux débat, rarement impartial d'ailleurs se­lon que J'interlocuteur se situe à l'intérieur de la profession ou à l'extérieur, selon qu'il est un homme de progrès ou qu'il tourne le dos à toute évolution de la profession. La première façon de se poser sérieusement les problèmes est de se demander s'il est une spécificité muséale; la seconde, d'ordre épistémologique est de se demander comment se si­tuent les activités de musée parmi les activités humaines.

Est-il une spécificité muséale? En quoi l'activité d'un conservateur est-elle différente, pour le rassemblement des collections, de celle de l'antiquaire, du brocanteur? En quoi est-elle différente pour leur conservation, de celle du collec­tionneur? L'étude des collections se fait-elle différemment par un conservateur qu'elle se fait par un chercheur quel­conque? Quelle différence entre un conservateur et un pro­fesseur dans l'enseignement d'une même discipline? Un éducateur ou un animateur, dont les aptitudes sont orien­tées spécialement vers les enfants ou vers tel ou tel public, ne sont-ils pas plus qualifiés pour l'éducation et l'animation que tel conservateur s'improvisant éducateur ou animateur? Un décorateur, un étalagiste, un réalisateur de spectacle ne savent-ils pas beaucoup mieux mettre en valeur ce qu'ils présentent que n'importe quel conservateur?

Voilà comment, en les ramenant à la compétence des per­sonnes, les détracteurs d'une spécificité muséale réussissent à poser le problème de façon à ce qu'on ne puisse que leur donner raison. Car ce n'est pas à partir des personnes exi­stantes, ou de leur profession, qu'il faut poser le problème, mais à partir des fonctions multiples que le musée doit remplir et de ses objectifs.

Un antiquaire, un collectionneur repèrent, acquièrent, rassemblent, collectionnent les objets au hasard en fonc­tion de critères de variations typographiques ou selon des thèmes qui sont à la mode ou qui les passionnent. Peut-être en fut-il parfois ainsi pour les conservateurs, autrefois. Mais dans un musée bien compris, les acquisitions se font désormais en fonction d'un programme réfléchi, selon les orientations thématiques de ce musée; elles ne se font pas au hasard du marché ou selon les caprices de ses responsables. Davantage, elles se font non pas seulement pour les objets en soi que l'on acquiert mais en essayant d'appréhender en

même temps le maximum d'informations sur le contexte d'où émane l'objet, sur l'environnement dans lequel il a été produit, dans lequel il a été utilisé: le maximum de données archéologiques pour les objets de fouille; connaissance du milieu culturel pour les objets recueillis en enquête ethno­graphique; connaissance du milieu naturel pour les uns et les autres aussi bien que pour les témoins naturels; et même,

,pour les oeuvres d'art ou les instruments scientifiques qu'il serait tentant de considérer dans un absolu dégagé du temps et de l'espace, recherche des explications historiques éclai­rant les conditions de leur naissance, de leur création. de leur survie, et leur apport au mouvement général de l'his­toire de l'art ou de l'histoire des sciences. En cela, la collecte et l'étude sont intimement liées, l'étude ne viendra pas se plaquer après coup, sur la collection.

C'est ainsi que la conservation devient le débouché natu­rel d'une recherche raisonnée et cesse d'être une simple col­lection aléatoire et, au mieux, une simple accumulation de formes variées.

A partir de là se pose le problème de la destination don­née aux objets recueillis. A la différence des objets thésauri­sés, souvent dans le secret, par les collectionneurs, et autre­fois par les conservateurs, la destination des objets de musée est double. D'une part, à des fins de transmission, la con­servation, donc le maintien en état, et la restauration, donc la remise dans le meilleur état possible; d'autre part la resti­tution à la communauté d'où ils émanent ou la communica­tion aux individus désireux de connaître la culture de cette communauté. Cette restitution, cette communication, se font par des moyens variés dont le plus spectaculaire est l'exposition.

Là réside une autre originalité de la fonction muséale: chaque jour est l'occasion de résoudre cette contradiction fondamentale entre la nécessité de maintenir en état les col­lections pour les transmettre intactes et la nécessité de les sortir de leurs réserves pour les présenter au public qui n'a aucune raison de se voir frustré de leur communication. A la différence des commerçants qui n'utilisent les objets de collection que pour attirer la clientèle et mettre en valeur leurs propres marchandises; à la différence des décorateurs qui n'utilisent des objets que dans une construction plas­tique; à la différence de l'animateur ou de l'éducateur qui sont tentés de les utiliser à des fins de démonstration, en mé­connaissant les risques d'usure, l'homme de musée s'efforce de présenter les objets sans perdre de vue qu'ils ont chacun

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une sit"niiïcation propre, indépendante de toute échelle de valeur, en évitant les interférences avec d'autres expôts, ce qui n'exclut nullement qu'il les melle en valeur au maxi­mum ct les présente avec goût en utilisam les modes d'ex­pression les plus neutres possibles afin que I\:nvironnement n'illlcrfère pas à son tour dans la présentation.

Parallèlement, l'homme de musée saura toujours garder pr~~clli Ù l'esprit que l'animation et la démonstration peda­gogique IH: doivcnt jamais meUre en danger la conservation ue~ objels communiqués. C'cost pourquoi, sans sat.'rilïer le car:H.:lèrc vivant de ces expositions cl contrairement à cc que fonl géneralemenl les établissements d'enseignement ou de loisir, il fera en sorte qu'un objet ne puisse être manipulé, une machine actionnée, si cet objet et cette machine sont des exemplaires uniques; c'est pourquoi il veillera à ce que l'cxemplaire unique des collections archéologiques, ethno­logiques, technologiques, comme l'oeuvre d'art ou l'instru­ment scientifique historique ne soit jamais sorti des réserves pour être exposé, que s'il est rigoureusement protégé, à l'a­bri d'une vitre autant que possible, et que J'on ne songe à des manipulations qu'à partir du moment où un nombre suffisam de spécimens a été préservé ou de modèles exécutés à l'identique spécialement pour être manipulés.

l.orsqu'ils se situent dans cette problématique rigou­reuse, les musées, qui n'étaienl parfois que des lieux de ra· massage ct d'entassement d'objets hétéroclites, un riche marché aux pUl:es sans caractère affirmé et au mieux un ca­binet de curiosités spécialisé, deviennent de~ lieux de ren­contre entre des ensembles cohérents d'objets recueillis pour le témoignage qu'ils apportent, conservés pour être trans­mis, et un public auquel ils appartiennent ou à qui ils sont destinés, qui peut communiquer avec eux sallS barrière de langage.

Tout cet ensemble de pratiques liées à des connaissances variées forme ce qu'on a coutume d'appeler la muséogra­phie. Si une spécificité n'est pas discutée aux musées c'est celle de la restauration, mais pour que l'ensemble des activi­tés soit reconnu comme spécifique, encore faut-il non seu­lement que soient reconnues comme essentielles chacune des diverses activités que l'on vient de rappeler, el que doit pos­séder un musée digne de ce nom, mais aussi que l'on com­prenne bien qu'elles n'ont de signification dans le musée sans une étroite interdépendance, la collecte conditionnant la conservation, la présentation, l'animation, et inverse­ment, la recherche conditionnant les unes el les autres et étant conditionnée par eux.

Si tel est le cas, l'ensemble des activités muséales possède une qualité spécifique qui en fait une discipline particulière.

Unc fois reconnue la spécificité de celte discipline, la question qui sc pose immédiatement est de savoir dans quelle catégorie elie se situe parmi les activités humaines.

Lorsqu'il ne s'agit que des techniques de fouille, de wl­lecte sur le terrain, d'achat aux ventes publiques ou .:hl'z un particulier, on peut se' contentc:r de parler de pratiqul::'> 111U­

séographiques. De même lorsqu'il s'agit dl: manipuler ,ks objets, de les nettoyer, de 1cs restaurer, J'cn analyser ks matériaux constitutifs, de rele\'er lr~ appareils de mcsure. dl' fahriquer les dispositifs de leur présentatiou.

Par ~onlre. lorsqu'il s'agit de dëfinir les nrienl:.Hinns fon­l1amentalcs d'un musée. de mc:ltre au poinl un prO~ral1llllC:

de collecte, de Iïxl'r la taxonomie pour le da$sc1l1clll des l'ol­leelions, nous renvoyons aux scienccs humaines; lorsqu'il s'agit de choisir les techniques qu'il faut utiliser pour la res­tauration, de fixer les normes de température, d'humidité ou d'éclairement, de prévoir pour lcs prévenir les dangers les plus divers qui peuvent nuire à la bonne conservation des collections, nous sommes dans les sciences expérimentales; par contre lorsqu'il s'agit de définir dans quel esprit doivent se faire les restaurations, et pour tout ce qui concerne la mise au point d'un langage muséal pour la communication des collections au public, nous avons à faire à un art d'ex­pression.

Sciences humaines, sciences expérimentales, art d'expres­sion: chacune des disciplines distinctes forment-elles un (out homogène donnant naissance à une autre discipline: la mu­séologie? Ou bien, les disciplines scientifiques étant lraitées indépendamment, rattachées à leur discipline mère (pro­gramme de recherche et taxonomie en anthropologie, en technologie culturelle, en organologie, en sciences natu­relles, etc ... , sciences de la restauration, climatologie, lu­minologie, etc), l'art du langage muséal formerait à lui seul la muséologie. Dans cette hypothèse, la muséologie ne serait pas une science mais un art - un art d'expression équiva· lent à l'art dramatique, au cinéma, à l'opéra, à l'imprime­rie, etc.

Comme chaque art d'expression, cet art du musée a pour caractéristique de possèder ses lois propres, ses règles qui, de l'extérieur, peuvent passer pour artifices mais avec les­quelles il serait illusoire de vouloir tricher sans mettre en pé­rill'ensemble du langage. Il n'est pas question de rappeler ici toutes ces règles (distanciation, éclairages focalisés et en­vironnement neutralisé, sens de visite déterminé par le sens de lecture et déterminant le plus souvent l'asymétrie, etc ...); ces règles n'ont aucun intérêt en elles-mêmes si elles ne sont intégrées à la philosophie de l'ensemble.

En conclusion, si la spécificité muséale est inconstestable, et si une discipline existe qui se distingue nettement des sim­ples pratiques muséographiques, il appartient aux gens de musée de préciser s'ils souhaitent appliquer le terme de mu­séologie au seul langage qui leur sert à communiquer avec le public ou à l'ensemble des recherches et des réflexions qui leur permettent d'exercer pleinement leur métier, même si la plus grande partie de ces dernières se situe dans le cadre de sciences qui existeraient de tOUles façons sans le musée.

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Anna Gregorova Chargée de recherche à la cJstrednd sprdva muzef a galérif (Office central des musées et galeries d'art), Bratislava, Tchécoslovaquie

Les dernières années de mon activité au Musée National Slovaque de Bratislava je me suis penchée profondément sur ma propre initiative - en tant que philosophe - sur les problèmes de la muséologie. Mes efforts ont abouti à une vaste oeuvre, de 400 pages, dont j'ai choisi, pour le Comité international de muséologie (ICofoM), quelques idées fon­damentales auxquelles je suis parvenue et qui sont liées au 1" thème du programme de l'ICofoM - «La muséologie­une science ou seulement un travail pratique?»,

A mon avis, il est périmé de poser la question «soit science soit seulement activité pratique»). Je considère la muséologie (non seulement pour sa terminaison «Iogie») comme une discipline scientifique en voie de formation, dont l'objet est l'étude du rapport spécifique homme - réa­lité, et ce dans tous les contextes dans lesquels il s'est mani­festé et se manifeste concrètement.

(Z. Z. Strânsky a été le premier dans notre pays à pré­coniser une conception de la muséologie dont l'objet est le rapport spécifique homme - réalité; d'ailleurs l'approche philosophique de ce thème nécessite d'elle-même une telle solution qui permettrait de développer les problèmes sur une base théorique).

Dans le cadre de ce rapport spécifique, donc muséolo­gique à l'égard de la réalité il est possible d'examiner 3 grou­pes de problèmes fondamentaux: le musée et la réalité, le musée et la société et enfin les problèmes terminologiques en connexion avec l'analyse des fonctions du musée. Ce n'est qu'après une telle approche analytico-inductive que nous pourrons parvenir. par une méthode déductive, à une syn­thèse qui permette de formuler logiquement la définition des notions musée et muséologie.

1 Le musée et la réalité Le rapport muséologique de l'homme avec la réalité est ca­ractérisé par certains aspects spécifiques. Il s'agit tout d'abord de l'aspect chronologique tridimensionnel de la ré­alité qui se manifeste par le fait que l'homme se rend comp­te de la continuité de l'évolution historique et que par consé­quent il a du respect à l'égard du passé, des traditions et res­sent le besoin de les protéger etc.; cet aspect du rapport mu­séologique de l'homme avec la réalité peut être appelé aussi aspect de la «continuité de la réalité» ou plus simplement ­<de sens historique». Cet aspect du rapport muséologique homme - réalité a en même temps des composants gnoséo­

logique, psychique et éthique. Ce rapport muséologique avec la réalité n'est pas apparu subitement, mais il fait par­tie de l'évolution générale de l'homme, donc du processus culturel et social de l'humanité.

Le deuxième aspect spécifique qui caractérise le rapport muséologique homme - réalité est l'aspect de structuration et de différenciation de la réalité, qui se manifeste dans le fait que l'homme est conscient de la totalité de la réalité, tout en distinguant la substance par rapport au phénomène, la partie par rapport à l'ensemble, les traits spécifiques et uniques par rapport aux traits généraux etc. C'est pourquoi nous pouvons appeler cet aspect «aspect générique». Alors que l'aspect de «continuité de la réalité» (sens historique) reflète plutôt le côté éthico-psychologique du rapport mu­séologique homme - réalité, l'aspect «générique de la réalité» est lié au niveau des sciences, des connaissances, de l'éducation à un certain moment. Le côté psychologique ou psychique du rapport muséologique de l'homme avec la réa­lité peut avoir différentes racines, mais la motivation fonda­mentale est ici le sens historique mentionné ci-dessus, qui a donné la première impulsion à la constitution de collections. En effet, ce n'est qu'à un certain degré de son évolution que l'homme est capable de concevoir et d'apprécier les valeurs de la réalité (culturelle ou naturelle) et de prendre vis-à-vis d'elles une attitude muséologique qui se manifeste de façon concrète par la constitution de collections et la protection de ces valeurs. Ce rapport muséologique à l'égard de la réalité revêt un certain aspect institutionnalisé dans lequel apparaît la notion propre du musée. Dans ce sens, le rapport muséo­logique avec la réalité a été démontré pour la première fois par un fait historique, qui a été découvert par Léonard Woolley: la princesse Bel-Chalti-Nannar, fille du dernier roi de Babylone, Nébonide, a réuni, au VI' siècle avant J .-C., une collection qu'on peut considérer comme le plus ancien musée au monde, et qui fut documentée par un registre d'objets, qui est sans doute le plus ancien guide connu de musée.

Le développement du rapport homme - réalité n'a cessé de s'approfondir et de se préciser - et ce même sous son aspect institutionnalisé - du VI' siècle av. J .-C. jusqu'à nos jours. Parallèlement, nous pouvons constater le développe­ment de la conception des fonctions du musée et la différen­ciation des types de musées.

Cependant, le problème des musées et de la réalité ­comme objet de l'étude muséologique - ne se borne pas

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seulement au rappon muséologique de l'homme avec ceUl' réalité: il reste ici encore la réalité choisie elle·même, l'objet muséologique (et son contexte), notammenl sa valeur gno­séologique et son potentiel. Le potentiel gnoséologique de l'objet de musée est compris dans sa valeur documentaire spécifique et surtout matérielle, qui est en même temps la valeur muséologique. Le spécialiste d'un musée doit consta­ter, décrire, apprécier et généraliser ceue valeur dans le pro­cessus d'étude de l'objet (ou de toute une série d'objets). C'est le processus de progression du phénomène à la sub­stance et finalement à la généralisation des connaissances, au cours duquel se manifeste et se forme la connaissance de­puis son degré sensoriel jusqu'à son degré abstrait et de concept logique. Même dans les musées, le processus de connaissance se réalise sous deux formes: la recherche de nouvelles vérités de la réalité (recherche scientifique de base) et la transmission des connaissances ainsi acquises (recher­che appliquée), réalisée par les expositions et les activités culturelles et éducatives.

2 Le musée et la société L'objet de la muséologie est aussi l'étude de tous les rap­pons du musée en tant qu'institution avec la société (avec l'ensemble de la société et des différents membres et groupes), et vice versa. Le rapport des musées avec la réalité matérielle (1" groupe des problèmes compris dans l'objet dc la muséologie) comme le rapport des musées avec de la réa­lité sociale (2' groupe de problèmes) crée les conditions pour que la muséologie soit une science interdisciplinaire. Dans le cadre des problèmes «musée et société» (panie de la muséo­logie relativement la plus étudiée) c'est la fO/lClio/l sociale des musées qui devient l'objet de l'étude dans le sens le plus large du mol. II s'agit avant tout de trois aspects fondamen­taux de la fonction des musées: aspect culturel, aspect édu­catif et aspect sociologique ou socio-psychologique.

L '(J.)pect culturel, l'action des musées et de leurs collec­tions sur le public nécessite l'étude de certains problèmes du point de vue de la théorie de la documentation et de la théo­rie des informations scientifiques. L'accent doit être mis ici sur la valeur gnoséologique el informative ainsi que sur les possibilités des collections (en distinguant par exemple l'in­formation des faits de l'information des notions etc.) et sur la connaissance sensorielle et de concept logique. A ce sujet nous distinguons par exemple les termes «explication») Cl

«interprétatioJl)) des objets, des collections de musée. L'aspecl édacalif de l'action des musées (engloballl

l'idéologie ct la conception du monde) nécessite avant toUl l'étude du processus éducatif lui-même et de ses possibilités spécifiques dans les musées: ce processus représente plu­sieurs types d'éducation (esthétique, polytechnique etL), toujours par rapport au caractère d'une collection donnée. Il faut prêter attention également au caractère idéologique, psychologique et pédagogico-psychologique de ce proecssus éducatif uniforme, compte tenu des différents types de public de musée; cela demande une étude des visiteur~ uu point de vue des catégories de la psychologie généralc, ct surtout de la psychologie de la personnalité. Dans ce con­texte il faut souligner l'importance des musées comme fac­teurs généraux de culture ct de leur impact idéologique sur la formation de la conscience sociale.

L'effel sociologique ou socio-psychologique des musécs exige d'étudier l'influence sociale et culturelle des musées uu point de vue des catégories de la sociologie et de la psycho­logie sociale. Il s'agit ici de trois types de facteurs de l'inl1u­ence sociale des musées (qui naissent de l'interaction entre l'individu et la société, ses groupes, ses institutions etc.), compte tenu des problèmes de modèles culturels, de la pcr­sonnalité-modèle (comme produit typique d'une cenaine société) el soulignant le processus de socialisation (accultu­ration) de l'individu, dans lequel les musées ont un rôle par­

lieulier. Du point ue vue des calégorie.'> de la psychologie so­(.:iale, il faut étudier aussÎ les problèmes de motivation, d'in­térêts, d'attitudes, de formation de l'opinion publique, d'influence sur les petits groupes etc. Un important rôle, dans ce sens, revÎent aussi aux recherches sociologiques ef· fectuées dans les musées; leur but est d'augmenter l'effica­cité el d'approfondir l'impact des musées.

3 Musée, muséologie Les problèmes de terminologie et de catégories font égaIe­ment partie de la muséologie générale. Le défaut de la plu­part des définitions existantes de la muséologie consiste, à mon avis, dans le fait qu'elles ne prennent pas en considéra­tion l'exigence stricte de la définition exacte d'une notion comme élément fondamental de la pensée logique, c'est-à­dire la définition per gemls proximum et differentiam speci­ficulll (deff. pgp.).

La confusion et l'inexactitude de maintes définitions sont dues aussi au fait que les problèmes des musées et de leurs activités étaient analysés plutôt du point de vue pratique, sur la base d'une approche institutionnelle et fonctionnelle ct par conséquent elles n'exprimaient pas la substance de la chose. De même que l'objet, par exemple, de l'esthétique ne peuL pas être un bâtiment ou une institlltion qui collectionne Cl expose des oeuvres artistiques, mais le rapport 5péclfique esthétique de l'homme avec la réalité, le musée ne peut pas constituer lui non plus l'objet de la muséologie.

Pour ma définition de la muséologie, je prends en consi­dération (sur la base de l'analyse précédente) le rapport spé­t..:ifique homme - réalité. Cette définition est alors formulée l:omme suit: La muséologie est une science qui examine le rapport spécifique de l'homme avec la réalité, et consiste dans la collection et la conservation conscientes et systéma­tiques et dans J'utilisation scientifique, culturelle et éduca­live d'objets inanimés, matérieJs, mobiles (surtout tridimeo· sionnels) qui documentent le développement de la nature et de la société.

Celte définition, d'une part exclut la possibilité dt: confu· ~ioll de l'objet d'étude avec une autre science, d'autre part elle comporte la constatation du caractère synthétique et in­terdisciplinaire de la muséologie par rapport aux sciences appareillées ainsi qu'aux sciences descriptives (représentées sur la plus vaste échelle dans les musées). La définition de la muséologie en taot que science ne peUL donc pas être basée ~ur le musée (comme établissement, bâtÎment, institution) ni ~ur les objets collectionnés, les collections. Les institutions ne sont pas l'objet de la science, car on peut les concevoir aussi comme une architecture, un bâtiment. Les coilections ne peuvent pas être l'objet de la muséologie en tant que science d'autant plus qu'elles sont elles-mêmes l'objet d'étude d'autres disciplines scientifiques (notammeIH des­criptives) qui sont appliquées même dans les institutions autres que les musées. Les recherches scientifiques des mu­~ées comme telles ne peuvent pas être non plus l'objet de la IIJu",éologie (car elles constituent l'objel d'une part de la ~cicnce sur la science, d'autre part de la méthodologie et de l'histoire de la science, ainsi que des différentes disciplines sdentifiques). L'activité culturelle et éducative ne peut pas être l'objet de la muséologie car elle est réalisée aussi par plusieurs autres institutions et qu'elle est en même temps l'objet des préoccupations théoriques de tout un ensemble d'3utreS disciplines scientifiques (histoire et théorie de la cullure, sociologie, psychologie etc.), totalement ou par­tiellement, mais toujours par rapport à l'objet d'étude propre.

La définition ci-dessus de la muséologie détermine cet objet d'élude qui détache la muséologie de toutes les autres dis":Îplines scientifiques, el en fait une discipline indépen­dante avec son propre objet d'élUde d'une spécificité parti­culière. Cet objet d'étude est en même temps un aspect de

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l'existence matérielle du monde et de ses rapports et phéno­mènes; en effet, n'importe quel rapport homme - réalité reflète en quelque sorte celte réalité. Etant donné que ce rapport spécifique avec la réalité est concrétisé par l'énumé­ration de ses caractéristiques fondamentales, la définition du terme «muséologie» laisse entrevoir en même temps qu'il s'agît d'un système complexe el intérieurement consistant des connaissances concernant l'objet d'étude donné - ce système des connaissances a été analysé aux points 1 et 2 (le musée et la réalité; le musée et la société).

En rapport avec la définition de la muséologie, on peut formuler aussi la définition de la musée comme suit: «Le musée est une institution qui applique et réalise le rapport spécifique homme - réalité, consistant dans la collection et la conservation conscients et systématiques et J'utilisation scientifique, culturelle et éducative des objets inanimés, ma­tériels, mobiles (notamment tridimensionnels) qui docu­mentent le développement de la nature et de la société». Par celte définition nous avons caractérisé d'une façon à peu près exhauslive tous les traits fondamentaux et spécifiques par lesquels les musées se distinguent des autres institutions Je l:3ral:tt:re similaire.

La notion de musée, délimitée par cette définition permet d'analyser plus en détail les fonctions du musée. Par le terme fonction on entend l'oriemation, l'objectif de l'activi­té, exprimant en même temps la mission et la sphère d'acti· vité; les fonctions des musées font l'objet d'une riche littéra­ture. Il découle de ma définition du musée qu'il s'agit pe trois (éventuellement quatre) fonctions fondamentales: 1) collecte consciente et systématique des objets de musée el formation des collections; 2) conservation et protection des

collections; 3) utilisation générale des collections de musée. Cette dernière fonction peut être divisée encore en fonction de recherches scientifiques et en fonction culturelle et édu­cative (en les réunissant on obtient la notion de j'utilisation générale des collections de musée).

Dans le cadre des différentes fonctions j'analyse en détail les différentes activités découlant de la fonction donnée, c'est pourquoi les problèmes s'étendent en largeur, interve­nant dans les différentes activités (ct opérations), réalisées dans le domaine des musées. Le manque de place ne me per­met pas toutefois de mentionner ici plus en détail ces pro­blèmes.

En conclusion je tiens à souligner ce qui est aujourd'hui déjà accepté par tous les pays ayant une culture: les musées sont irremplaçables en tant qu'institutions culturelles; ils ont des fonctions caractéristiques qui ne peuvent être rem­placées par rien et une mission sociale créative (surtout cul­turelle). Je considère cette mission sociale des musées comme leur fonction principale dans chaque société; mais, les musées servent à la société par toutes leurs fonctions qui constituent une unité indivisible.

En ce qui concerne la muséologie elle-même, je répète ce que j'ai dit plus haut; la muséologie n'est pas une «activité pratique», mais une nouvelle discipline scientifique avec son objet d'étude, ses méthodes et moyens de recherche pro­pres. Avec le développement des musées et leur inOuence so­ciale croissante à "époque de la révolution scientifique et technique, il s'avère indispensable de former et codifier cette nouvelle discipline scientifique dans le cadre des autres sciences.

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Bengt Hubendick Directeur du Naturhistoriska museet (Musée d'histoire naturelle), G6teborg, Suède

On m'a demandé de répondre à la question: la muséologie est-elle une science ou concerne-t-elle uniquement les tra­vaux pratiques de musée? Nous commencerons donc par définir ce que l'on entend par «science» et par «travail pra­tique» dans ce contexte.

A mon sens, le terme <<science» désigne J'acquisition d'un ensemble d'expériences recueillies de façon contrôlée. Dans le cas présent, cela veut dire assimiler la manière de faire fonctionner un musée et baser cette assimilation sur J'expé­rience acquise.

Par «travail pratique» on peut entendre le travail effectué dans un musée, sans prendre en considération le but du tra­vail. Certains travaux de musée sont effectués de cette ma­nière, mais ce n'est pas très pratique.

Enfin, la muséologie c'est la connaissance des musées et de leurs fonctions. Cela pourrait être par exemple, tout sim­plement, un inventaire des musées existants. Dans ce con­texte, cependant, il s'agit pour moi de la connaissance du fonctionnement d'un musée avec sa philosophie.

Comme je l'ai déjà mentionné, le fonctionnement d'un musée peut s'effectuer sans caractère philosophique et est alors réduit à un simple travail pratique, pas forcément dans un but bien précis. Il peut être également réglementé sciem­ment par une philosophie sous-jacente. Cette philosophie doit être, au moins partiellement, basée sur l'assimilation de l'expérience acquise de façon contrôlée, ce qui exige beaucoup plus qu'un simple travail pratique. Autrement dit, que la muséologie soit une science ou alors uniquement un travail pratique, c'est une question d'approche. Je vais illustrer ceci en citant un certain nombre de fonctions du musée considérées soit comme des travaux pratiques uni­quement, soit dans un esprit scientifique.

La fonction première d'un musée concerne ses collec­tions. La fonction élémentaire d'un musée est de contrôler continuellement l'évolution de chaque secteur bien défini en rassemblant des objets à partir de données s'y rapportant. En général, le musée n'a pas les moyens d'acheter les nom­breaux objets qui lui sont proposés. Acquisition implique sélection. Pour quelle raison? C'est précisement la raison qui fait la différence entre une approche scientifique et un travail pratique. L'approche scientifique soulève un grand nombre de questions. Est-ce que les objets doivent être choisis en fonction de leur représentativité? Représentativité de quoi? L'objet unique, est-il représentatif ou faut-il une série d'objets permettant des données statistiques? Ou est-ce

le fait dêtre unique qui détermine le choix? Jusqu'où peu­ton prévoir un changement dans le temps quand il s'agit de la valeur informatrice des objets? Quelles nouvelles techni­ques peut-on développer qui ajoutent au contenu potentiel d'information? Qu'allons nous demander demain sur le temps passé? Comment faut-il équilibrer les coûts entre l'acquisition d'un objet, sa conservation et l'emmagasinage lors du choix? Dans quelle mesure peut-<>n accepter des ca­deaux comportant des stipulations qui en restreignent la manipulation ou "emploi?

Une collection est inutile sans une conservation et un em­magasinage appropriés. Ces deux fonctions constituent la deuxième responsabilité importante d'un musée. Son but principal est de conserver les collections de telle manière que l'information qu'elles contiennent demeure intacte et dispo­nible. Comment y parvenir? Quelles techniques faut-il em­ployer? A l'aide de quelle technique, le matériel pourra-t-il conserver ses possibilités d'exploration les plus vastes? Le catalogage et l'enregistrement des objets sont aussi néces­saires pour faciliter J'utilisation des informations. Jusqu'où peut-on aller en ce qui concerne l'élaboration de catalogues et l'enregistrement en utilisant des méthodes simples ou so­phistiquées? Les coûts et les efforts doivent être calculés en fonction du bénéfice en ayant présent à l'esprit que chaque objet peut être rarement demandé mais que l'utilité de la collection repose sur sa disponibilité. Un certain nombre de questions transforment ce travail pratique de musée en science.

Extraire des informations d'un objet peut le détruire par­tiellement ou totalement. Ceci s'applique par exemple aux analyses chimiques ou à la détermination de l'âge d'un objet par la méthode «carbone 14». Un exemple extrême est la reconstitution d'un fossile en le râpant tranche par tran­che. Durant cette opération, le fossile disparaît complète­ment, mais en revanche on obtient des renseignements sur sa structure interne. Prendre une telle décision, en pesant le pour et le contre, est une affaire compliquée et qui doit donc être basée sur des principes scientifiques.

Par cet exemple, nous avons atteint le troisième devoir d'un musée: celui d'extraire des informations des collec­tions par le traitement et la recherche scientifiques. Le trai­tement scientifique et la conservation d'une part, la recher­che d'autre part, représentent deux étapes de cette fonction. Le premier implique un travail assidu comportant des dé­tails sans développements intéressants. Le deuxième peut

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(onsister en un travail scientifique Ùt' pionnier intéressant. Le premier esl monotone et ingrat, le deuxième est inspi­rant, encourageant, quelquefois même assez I..'aptivant ct qui peut même donner la célébrité. Le premier implique une responsabilité pour l'avenir en assurant la qualité scîenti· Iïque ct l'utilité des collections, ct le deuxième la récolte des fruits tout de suite. Evidemment, il est souvent tentant pour un t.,;onservateur de favoriser la rel.:herche au dél riment de la (onscrvation slrictc. Très souvent, le travail fustidcux de conservateur - contrôle des données, étiquettt's correctes, dassilïl.:utinn, l:atalogage - exige plus d'hcures de travail que l'on ne peUl cn donner ct plus lk l:onnaissances scienli­tïquc~ qu'jln'cst né,cssairc. La qucslÎon csi de savoir com­ment ~quilibrer la recherche aujourd'hui avct,; la conserva­tion uu potentiel sciemilïquc des collections pour l'avenir. Souvent, dans les pet its musées le travail de recherche n'existe pratiquement pas. 11 faut espérer que le travail de conservation est fait. Parfois, dans les grands musées, il y a des personnes chargées du travail de conservation et d'au­1res du travail de recherche. Dans les musées de taille moyenne le con nit peut être ressenti profondément. La phi­losophie ne peut certainement pas résoudre cc problème. Lorsqu'on est responsable, il faut souvent sacrifier le travail de recherche au travail pratique. Le problème de la fonction du musée - sciences ou simplement travail pratique - est certainement concrétisé dans ce conflit.

Le quatrième devoir d'un musée est bien sûr de commu­niquer des informations, expériences, émotions essentielle­ment par des expositions. Mais comment? Les variations possibles sont illimitées et nous ne savons pas comment eUes fonctionnent véritablement. Autrefois, il était naturel que les expositions soient organisées par des hommes de sciences seulement de telle manière que leurs collègues scientifiques ne puissent déceler ni fautes ni lacune. Une approche scien­tilïquc fut adoptée dans un but erroné ou sans but de con­templation du tout. Le résultat pouvait être ennuyeux et vide de sens pour un public profane. Dans un cas extrême que j'ai eu l'occasion de voir dans un grand musée européen récemment construit, les scientifiques avaient abandonné toute la préparation de l'exposition à un seul décorateur. d'où de magnifiques vitrines ne laissant aucune place au message atLendu. II apparaît donc que le travail pratique quel qu'il soit n'est pas suflïsan!. Habituellement, un cer­tain équilibre est nécessaire et cet équilibre doit être fondé sur une approche scientifique, refléchie, etayée solidement de connaissances spécilïques et dans un but bien défini. Le but n'est naturellement pas de convaincre vos collègues que vous connaissez votre métier, ni de créer un vide esthétique. Il faut savoir cc que nous voulons communiquer et à qui ce message s'adresse. Ce n'est qu'après cela que l'on peut po­

sel' la question: comment? Celle qlle~tioT1 «comment?» entraîne ;', son tollr lll\t.' sl..~ril..'

d'autres questions. Quelle l'Sl la l:apadté ~.rassill1jlatillll

d'un visiteur et que peut-il assimiler debolll? Comment sti­muler son intérêt? Commem éveiller sa curiosité? Comm~nt

sont perçues les différentes espèces de s)'mboles~ Dans un certain contexte, l.:ombien de mots peut-on employer? Dans certains l.:as particuliers, quel type de lettres doit on utiliser Cl dl' quelle grandeur? Combien de paragraphes doit com­porter un texte pour être aussi lisible que possible? COIll­ment éviter de décourager certains visiteurs sans ennuyer les autres? Quel csi l'équilibre optimal entre une information solide -et la manière de provoquer un engagement ~motioll­nel? Ceci n'l'st pas une liste de questions. mais quelques exemples de questions types. Et, naturellement, il n'y a pas de réponses uniques à ces questions types, le public étant ex­trêmement hétérogène. Il ne faut pas désespérer, mais tra­vailler avec persévérance pour combler le fossé qui nous sé­pare des solutions optimales. Le travail pratique seul - ef­forts et erre,urs - avec un esprit observateur peuvent aider considérablement. Mais une approche scientifique peut pro­gressivement mener au but de façon plus directe.

La préparation d'une exposition pourrait peut-être être une science, mais encore peu développée. Une condition sine qua non pour développer cette science sont de sérieuses connaissances. Comment pouvons nous savoir ce qu'un vi­siteur retient de sa visite à un musée qu'il ignorait avant? Des études scientifiques ont été faites dans ce domaine et el­les démontrent clairement combien il est diflïcile d'obtenir des réponses sérieuses.

Franchemenl, je ne pense pas qu'il ne nous soit jamais possible de développer l'art de monter une exposition à un niveau tel que nOlis puissons connaître à l'avance la réponse à ce que nous faisons. Et à mon avis c'est fort heureux. Si nous atteignons ce sommet, la préparation d'une exposition perdra alors son caractère d'aventure et l'organisateur perdra goût à son travail. Il ne sera plus motivé, son engage­ment personnel disparaîtra et j'ai bien peur que ce ne soit une grande pene.

Muséologie - science ou simple travail pratique? Il est temps de répondre à la question. La muséologie, au sens où l'on entend les principes, les méthodes et les techniques fai.­sant partie du fonctionnement d'un musée, est une science pauvre si on la considère comme à la limite de la recherche. Le travail d'un musée, par contre. est aussi bien une science qu'un travail pratique. Mais, avant tout, c'est un travail pratique cérébral effectué dans un esprit scientilïque. Mais - pensée blasphématoire - cet esprit scientifique n'est pas loin du bon sens associé à la culture.

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Louis Lemieux Directeur du Musée national des sciences naturelles, Ottawa, Canada

La muséologie, à mon avis, n'est pas une science. Les pro­cessus et méthodes de la recherche scientifique sont bien établis et connus, de sorte que les résultats de cette recher­che peuvent être aisément évalués par ceux qui sont des fa­miliers de la méthodologie, et que le curriculum pour l'en­seignement d'une science est assez facile à dresser. Par con­tre, le produit de la muséologie, un bon musée, est un orga­nisme complexe dont il est difficile d'évaluer la production. D'autre part, on sait par expérience qu'il n'existe pas de modèle absolu selon lequel la muséologie peut être ensei­gnée.

Cependant, la muséologie est certes plus qu'une activité pratique du musée ou qu'une façon de faire les choses. Elle est une combinaison de connaissance, de compréhension, d'aptitude et de métier, auxquels viennent s'ajouter une bonne dose de vision, d'inspiration, de dévouement et de patience. Voilà pourquoi on a peine à recruter des muséolo­gues; le candidat recherché n'est pas simplement celui qui a bien réussi ses élUdes et qui possède un diplôme. Devant ca­tégoriser la muséologie, je l'appellerais un art plutôt que toute autre chose.

Le musée, avec ses diverses fonctions et ses départements, s'apparente à J'orchestre. Pour produire une bonne mu­sique, chaque groupe d'instruments doit bien jouer et la section la plus faible diminuera l'ensemble. Quant au direc­teur, il doit réussir à tirer le meilleur rendement possible de ses musiciens, et à les faire jouer en harmonie et selon le tempo qu'il désire; c'est aussi lui qui choisit le programme, connaissant les capacités de son groupe et Je caractère de son auditoÎre. Même si cette comparaison est très simplifiée, iJ serait peut-être utile de considérer tour à tour chacune des sections du musée pour voir ce que la muséologie en exige, puis de les orchestrer à nouveau dans un mouvement final.

Les principales fonctions du musée sont les collections, la recherche et la diffusion des connaissances; les sections de l'orchestre sont les instruments à vents, à cordes et les in­struments à percussion. Chaque fonction ou section com­prend dÎvers instruments. Examinons les fonctions du mu­see.

Les collections sont confiées aux soins des conservateurs. Dans un musée de quelque envergure, les conservateurs se­ront probablement des professionnels: historiens, historiens d'art, anthropologues, scientifiques, etc. Mais le fait qu'ils soient professionnels n'en fait pas des muséologues. Pour­tant, les spécimens, artefacts et oeuvres dans les collections

requièrent une attention et des soins qui relèvent de la mu­séologie et qui incluent la documentation des pièces, l'em­magasinage, le catalogage,la préservation et la restauration. On peut se former à ces tâches en suivant des cours de mu­séologie, mais le responsable de l'enregistrement ou le res­taurateur ainsi habilité est encore loin d'être un muséologue complet, même si sa participation à l'ensemble de l'entre­prise est essentielle. Les conservateurs doivent participer à l'élaboration et à la mise en oeuvre des expositions; ils por­tent des jugements sur les prêts et sur la question de savoir si un objet peut ou non être exposé; il leur faut servir les pro­fessionnels intéressés à l'étude des collections; ils auront à rédiger des textes qui s'adressent au public, etc. Il est évi­dent qu'ils doivent comprendre et apprécier ce que le musée s'efforce d'accomplir, et contribuer à la tâche tout en recon­naissant que les exigences des autres sections devront être considérées positivement même si elles entrent en conflit avec certains de leur propres standards. On voit bien que tous ces attributs du bon conservateur ne SOnt pas du do­maine de la science et qu'on ne peut d'ailleurs les enseigner tous. Il faut avoir du jugement, une motivation, de la com­préhension et une bonne attitude qui, avec la connaissance et le talent sont les éléments de l'art.

La seconde fonction du musée, la recherche, consiste principalement en l'étude des collections afin d'en faire res­sortir la signification en tant que parties, ou témoins, du patrimoine culturel ou naturel de la société que le musée sert. Si les collections constituent la base du musée, la re­cherche en est l'âme - ce qui le rend vivant. La recherche est l'oeuvre d'hommes de science ou de professionnels, mais un chercheur n'est pas nécessairement un bon scientifique de musée. Tous les musées devraient avoir une politique de recherche qui reflète les objectifs de l'institution. Les buts de la recherche, en termes larges, pourraient être: de pro­mouvoir une prise de conscience et une appréciation de la valeur de patrimoine et une volonté de le préserver; de met­tre en lumière les problèmes auxquels la société fait face et de présenter des éléments de solution; de favoriser une appréciation accrue des réalisations dans les domaines artis­tiques, sociologiques, scientifiques et technologiques. Le chercheur oeuvrant au musée doit se laisser guider par de tels objectifs plutôt que par son intérêt personnel. Il est peut-être des scientifiques qui prennent un emploi au musée croyant qu'ils pourront y poursuivre leurs travaux sans être dérangés par les objectifs de la maison. Ce n'est pas le cas.

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Le chercheur doit être muséologue, ce que la science ne lui donne pas mais qu'il doit acquérir en étant attentif, et en ré· pondal1l aux aspirations de la société et de l'institution qu'il sert.

La diffusion des connaissances, troisième fonction du musée, est la plus complexe à cause de la variété des tâches et appons que son exécution implique. Une fois le sujet à diffuser déterminé et l'information disponible, il reste à choisir le chemin à suivre pour aueindre le public: exposi­tion (permanente, temporaire, itinérante ou mobile), pro­grammes éducatifs, conférences, publications, usage des média. Quelque soit la méthode retenue, le service des rela­tions publiques doit informer le public du programme. Pre­nons l'exemple de l'exposition. Pendant longtemps, il a suf­fi aux musées de présenter rangée après rangée de spéci­mens, artefacts ou oeuvres d'art, pour satisfaire le public. Il n'en va plus ainsi; ce sont maintenant les expositions théma­tiques traitant un sujet qui sont de mise. Ces expositions re­quièrent un effort concerté de tous les secteurs: le conserva­teur fournit les objets qui illustreront le thème, lout en indi­quam leur tolérance minimum et maximum aux conditions de tempéralUre, d'humidité et de lumière; le sciemifique donne les informations et les interdits; le chercheur appro­fondit le thème, pUÎsant ici et là des renseignements addi­tionnels; l'éducateur détermine le niveau de communication que le visiteur pourra saisir et recommande les moyens à ut i­liser pour communiquer; le designer prépare une présenta­lion qui tient compte de la qualité des objels à montrer el du bon goûI avec lequel cela doit être fait, qui assure la protec­tion de ces objets, offre des graphiques lisibles, facilite la circulation des visiteurs, respecte les budgets alloués el rend l'entretien facile; le guide ou interprète se préparera à faire le lien entre l'exposition et le public; les fabricants construi­ront le tout scion le design mais en songeant à l'économie; les préparateurs installeront les objets avec loul le soin vou­lu; le personnel de sécurilé donnera son avis sur la préven­tion du vol, du feu, sur l'efret des eXlincteurs, etc. C'esl une démarche en effet compliquée. Tous ceux qui participem à l'oeuvre sont des professionnels, mais leur contribution est subordonnée au fait que la communication du message esl primordiale. Le conservateur devra peut-être courir certains rÎsques en permcuam l'exposition de divers objets; le scien­tifique fournira certains raits qui, pour lui, sont communé­ment connus alors qu'il préfèrerait parler de ses récemes dé­couvenes; l'éducateur devra se rendre compte qu'il a un auditoire qui n'est pas captif, mais qui va et vient à sa guise; le designer consentÎra à une présentation discrète qui metlra en valeur l'objet plutôt que son propre savoir-faire; l'inter­prète aura à user d'ingénuité pour communiquer un thème qui est diftïdle à présenter; le fabricant devra travailler sc­Ion un calendrier qui lui laisse peu de répit; les agents de sé­curité se préparerom à protéger une exposition qui pourra leur paraître trop vulnérable.

Ces professions, talents et métiers existent presque par­tout, mais les rassembler selon les besoins pour produirc une exposition ne donnera pas le résultat espéré. Dans le contexlc du musée, lous cc~ gen:-. doivcllt contribuer au maximulll de CC' qu'il"i "i'WC'n! k micux faire t'I :-.'cfforccr d'allcindre un but commun qu'ils connaissent et compren­nent. Voiiù pourquoi on ne pelll sc comelHer uc Ic:-. rcerui~1

à l'occasion d'un travail à exécuter: c'cst parœ que chaque participant doit être un muséologue.

Il en va de même si on a choisi de communiquer en utili­sant la publication. La plupart des éditeurs som habitués à atteindre l'objectif de l'industrie qui est dc faire lin profit. Mais les musées financent leurs publications [QUI comme ils font pour leurs expositions, leurs programmes éducatifs et les conférences qu'ils présentent. L'éditeur du musée doit se familiariser avec les objectifs de l'institution et s'appliquer à les aueindre [Qut en utilisant des paramètres autres que ceux auxquels il est habitué. Sa tâche est d'aider le musée à servir la société.

Les administrateurs d'un musée ne sont pas dispensés d'avoir à devenir des muséologues. Leur rôle n'est pas sim­plement de contrôler l'activité de la maison ou de faire sa­voir à leurs collègues ce qu'ils peuvent, ou ne peuvent pas, faire. Ils doivent s'appliquer à faciliter les tàches el partici­per aClivement à l'accomplissement des projets; pour ce faire, il leur faudra faire montre d'ingénuité, ils auront à as­souplir les règles du jeu, à courir certains risques, à concen­trer leurs effons, à maîtriser ou à contourner les obstacles. On juge un musée sur ce qu'il produit plutôt que :-.e1on la f;tçon donl il admini"il fi: "t'" f(' ......ource.....

Ayant parcouru rapidement la plupart des sections du lTIu~éc, nous ailon~ mail1lenam le:-. ra:-.:-.embicr pour ulle pru­duction concertée; il nou.\ faul un direc..:leur, dom la lâche est essentiellemenl la même, que It: musée soit pelit ou grand. Ce n'est pas lIne lâche facilc. Le chef d'orchcstre ne sait pas jouer à la perfection Lous les instruments; ce sont les musiciens qui SOI1l les experts et ce que le chef partage avec eux est la connaissance de la musique. De même, le direc­teur d'un musée n'est pas un maître dans tous les domaines concernés, mais ce qu'il a en commun avc'.: les membres de son équipe est la connaissance de la muséologie. On juge les solisles selon leur art personnel, mais Ics membres de l'or­chestre doiveI1l se soulenir les uns les autres ct mérilelll les bravos si le concert est un succès. Diriger un musée ou un orchestre n'est pas une science ni une façon pratique de faire. En quelques mOlS, la muséologie est l'art de gérer un musée ou j'une de ses sections.

Nous ne pouvons altaqucr le mouvement final sans la participation du conseil d'administration du musée, un élé­melH fort important. Les membres du conseil sont des mu­séologues en ce qu'ils doivent comprendre le fonctionnc­ment du musée et savoir cc qu'ils peuvent en aHendre. Re· présentant la communauté desservÎe par le musée, ils sont le lien entre ces deux entités. Leur rôle principal est bien situer le musée dans son contexte social, conjuguant le potentiel de l'institution avec les besoins et les désirs de la sociéh~.

Ils s'acquittent de cela en traçant les grandes politiques et les lignes de conduite qui guideronl le musée, Cl en fournis­salH à celui-ci les ressources qui lui sont nécessaires pour bien oeuvrer. Le conseil a de plus la responsabilité d'cnga­ger un directeur qui saura obtenir le meilleur rendement de chacun des membres de son personnel, s'assurant que cha­que participant à ce travail d'équipe recoive le crédit qui lui est dû.

Mainlenant quc tous sont en placl' el prêto, il travailler ell harmonie, prenon ... notre "iièg(' ct (-COUlon ... le l'oncert. La production promet d'être fort artistique el de haule qualité!

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Geoffrey D Lewis Directeur des études du musée à l'Université de Leicester, Grande-Bretagne

Le thème de ce premier volume expérimental des Docu­ments de Travail sur la Muséologie concerne uniquement la base fondamentale et la nature de la muséologie même. Ce­pendant, la forme et l'aspect interrogateur du thème nous amènent à conclure que la nature de la muséologie ou la question du ferme établissement de ses bases doivent être mis en doute. Immédiatement, en effet, ce doute amène la question «que veut dire le terme muséologie?»

Une sélection de définitions venant de dictionnaires l'ad­mettent unanimement comme une science. Par exemple, Webster (1961) le définit comme <da science ou profession de l'organisation, de l'équipement, et de l'administration du musée»; Larousse (1975) la voit comme la «science de l'organisation des musées, de la conservation et de la pré­sentation des oeuvres d'art des coUections»; tandis que l'Oxford English Dictionary (1971) l'admet simplement comme «la science de la réglementation des musées)}. L'es­sai de définition du concept de muséologie par le Comité in­ternational pour la muséologie (rapport de la troisième ses­sion du Comité, pp 16-22, Brno, 1979) souligne aussi la nature scientifique du terme bien qu'il y ait quelques diver­gences de définition. La plupart admettant également la di­vision du sujet entre muséologie générale et muséologie spé­ciale; divisions qui ont été délibérées il y a trente ans par Neustupny (1950). Quelques autres se sont allés plus loin à inclure la muséologie appliquée, laquelle par définition d'usage courant est la muséographie.

Il n'y a pas de doute qu'étymologiquement, la muséolo­gie est une science, (1) mais il est intéressant de remarquer que l'Oxford English Dictionary (1976) a suggéré une équi­valence entre la muséographie et la muséologie. Tandis que ces mots continuent tous les deux à être acceptés, et ce de­puis un siècle (OED, 1971), il est nécessaire de se demander si ces deux termes, qui sont si différents mais si intimement liés, devraient continuer à encombrer le vocabulaire des mu­séologues. Par exemple, si l'archéologie, l'anthropologie, la géologie, et la géographie ont une signification bien com­prise, alors ou la muséologie ou la muséographie suffisent (voir Stefanescu et Zdercius, 1976, sur ce sujet). 11 y a ici les éléments d'un débat stimulant auquel contribueront sans doute les implications des deux mots, et la préséance histori­que de la muséographie et de ses dérivations(2) (e.g. Mendes da Costa, 1776).

Mais, dans le contexte du titre de ce livre, ces définitions de dictionnaires et un ensemble de jugements professionnels

(qui devraient influer sur le travail de l'étymologiste (ou éty­mographe?);) admettent la muséologie comme une science. La définition du mot ne devrait pas être contestée ici. Un aspect plus important est si les gens des musées peuvent jus­tifier l'emploi du mot dans le contexte de leur travail. Est-ce que le travail de musée est bien établi sur une base scienti­fique, ou est-ce qu'il est pour une grande partie sur une base amateur? Donc, est-il seulement une activité pratique de musée?

Il n'y a rien de nouveau à mettre en question l'existence d'une base scientifique pour le travail du musée. En effet, il y a une décennie, Jelinek, en discutant l'attitude universi­taire envers la muséologie, comme sujet, a posé la même question. «Est-ce que la muséologie est une science ou sim­plement un procédé pour travailler, une technique?» A la fin de son argumentation, solide par sa base scientifique, il a conclu que «généralement aujourd'hui la muséologie n'est pas considérée comme une science», (Jelinek, 1970, p 27). Plus récemment Teather a examiné le sujet, dans le contexte de la formation, pour l'Association des musées canadiens; elle l'a vu comme «un terrain interdisciplinaire en train d'émerger après quarante ans» el a ajouté que «la plupart du personnel de musée ou Canada ... ignorent ou nient la théorie de la pratique muséale» (Teather, 1978, p 207).

Cette situation n'est pas du tout unique pour le Canada. 11 existe une division évidente des avis parmi le personnel des musées dans beaucoup des pays du monde. La situation en Bretagne a été attribuée par Duggan (I %9) au «procès par lequel le personnel de musées a sauté sans période inter­médiaire, d'un amateurisme dédié aux élans les plus hauts à une spécialisation académique. De cet façon ... un abîme a été créé entre deux types de pratiques muséales». D'autres, par exemple Razgon (1979), suivant Stninsky (1968) et Ri­vière (1970), considèrent que les crises des musées et la mu­séologie sont liées à l'impuissance des musées par répondre aux changements scientifiques. techniques, et sociaux de nos jours. Sans doute, ceci est vrai en partie qu'il y ait eu, ou non, un ensemble de théories muséologiques capables de s'adapter à ces tendances nouvelles.

Mais les problèmes fondamentaux paraissent être dans le monde muséal: l'impuissance à identifier le besoin d'une base scientifique pour le travail du musée; et, de plus, comme Neustupny l'a suggéré avec raison (1968, p 153) le développement de la muséologie doit être plus indépendant de la «pensée muséale». La pensée muséale aujourd 'hui est

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..'I1\:orc d'un type introspectif inl1uencée pour la plupart par ks philosophies de spécialistes formés dans leurs domaines panil.:ulicrs, choisb pour un emploi sur la base de leur expé­ril.'n..·t.:. Comme Cuypers (1980) a fait remarquer, beaucoup de p..'rsollllel des musées, formés seulement dans leurs do­mailles spécialisées croient 'qu'ils sont aptes et prêts pour le tr""ail dl' Musée'. Est-ce que la base scientilïque de ces spé­..'ialisles peut fournir la base théorique du travail de musée'! Si la réponse est oui, alors l'idée de muséologie eSl une hy­poth':se insupportable, le travail pratique du musée n'est qu'une extension d'une des nombreuses disciplines scienti­lïques représentées dans les collections des musées, et les L·onS(''fvateurs ne sont que des spécialistes de l'un ou l'autre domaine. La profession l11uséale ne peut pas être cela. Il s'ensuit que les musées, au mieux, ne sont que des entrepôlS pour des spécimens naturels et matériels, ct qu'ils sont occu­pés à des activités qui concernent uniquement l'étude et la rel:hen.:he des sujets représentés selon la base théorique par­ticulière et la méthodologie du sujct en cause.

Il serait hors de propos d'examiner en détail ici la fonc­tion du musée ou la théorie sur laquelle elle est fondée. De cene derniere d'aulres ont déjà décrit les aspects (par exem­ple Neustupny, 1950, 1971; Strànsky 1966) et nos collègues u:hécoslovaques ont même préparé une exposition (Schnei­der 1977); sur la première nous ne pouvons faire plus que ci­ter les Statuts du Comité Înternational pour la muséologie «Ulle institution permanente ... au service de la société et de son développement, ... qui fait dcs recherches concernant ks tcmoins matériels de l'homme et de son environnemcnt, <H.:quicrt ceux-là, les conserve, les communique et notam­ment les expose à des fins d'études, d'éducation ct de délec­tatiOl1». Est-ce que la formation dans une autre disl:iplinc fournît la base théorique sur laquelle reposent ces al:tivités? La réponse, bien sûr, est un non catégorique! Ccne forma­tion ne fournit que les bases du sujet concerné; de plus avec l'a..:noissement dc spécialisation au nivcau universitaire il peut êrre sourenu que la base fournie n'est pas assez ~h.:n·

duc. Certainement il est peu probable qu'clic couvrirait la lhéorie nécessaire pour l'application de cc sujet au conte.'\te museal.

Il CSI nécessaire cependalH de souligner j'élément sociolo­gique de la muséologie dans un domaine dominé par les obj~ts. L.e personnel du musée ne sc sent pas tout simple­ment con..:erné par «les choses~) il se sent concerné par les gens même si quelques-unes de ses activités répondent à un rôle orienté largement vers la recherche. Comme TsurUla (1960) a dil: «Un musée ne peut pas exister indépendam­ment de la communauté.) La muséologie ne peut pas mé­connaître non plus pour sa part les considérations théori­ques de cet élément essentiel de son travail.

Le but de cette courte étude, provoquée par le titre dL' (cite oeuvre, n'cst pas d'apporter quelque chose de nouveau à ce sujet, il esi plutôt de souligner fortement le besoin d'y ajouter quelques contributions nouvelles. Si la muséologie, commc terme, a une histoire honorable, on ne peut pas le di­re du sujet lui-même. On en a assez dit pour démontrer que non seulement semble-t-illa base scientilique du travail mu­séal reste sur des bases faibles, mais aussi qu'au moins une panic du personnel de musée l'a dit depuis longtemps; peu d'entre eux y ont fait quelque chll'e. Les Documents de Travail 511r la Muséologie peuvent fournir un forum idéal pour le débat de ces matières importantes au niveau interna­lional. Nous ne devrions plus avoir lieu de débattre si la mu­séologie est un sujel de plein droit; nous devons plUIÔI présenter le cadre théorique dans lequel la muséologie Cl le mouvement muséal dans son ensemble peuvent sc dévelop­per.

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Notes III 1....· mIl! ·· ....'icll\."C·· \."1)1l111l\" 011 I·a crl1I)lù~''': ki fail allll ... ioll il \lll ~'II'l'mhk (.Il' ':011­l1ai""1111:1" IIrgalll,é ..ur kqucl peul \:11''': d":ldnpl't.;": la ba,c Ih('llriquc (2) On atlrihuc l'u,agc Ic plu~ I"..:..:ulé rJc Ù"IlC falllilk d..: moh ,'1 McnrJc .. ua l'INa. ··I.a pluparl rJc.~ Ilallirali'II· .. ..:1 dc, lllu\":agraphi\lc, allt ÎI1.:lu u~" l:l1411ill;lgC... rJ,llh leur, OCll\'f'·~." OEl)

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lit! Neustupny Premier Conservateur de préhistoire du Ncirodn{ muzeum (Musée national) de Praha, directeur du Centre d'enseignement de la muséologie et professeur de préhistoire et de muséologie à la Faculté de philosophie de l'Université Charles, Praha, Tchécoslovaquie

La muséologie en tant que discipline scientifique Avam d'examiner le caractère de la muséologie en tant que discipline, il est nécessaire d'expliquer le sens et l'usage de quelques-uns des termes souvent employés comme syno­nymes ou à la place de «muséologie»,

Pendant longtemps, le mot muséographie est apparu, dans la littérature sur les musées, comme ayant aussi la si­gnification que nous donnons actuellement au mot muséo­logie. Suivant l'étymologie du mot, la discipline qu'on ap­pelle muséographie pourrait n'être qu'une description du travail de musée. Une grande partie de la littérature sur les musées est, en ce sens, muséographique. Nous pouvons, par exemple, classer dans la muséographie les rapports annuels sur le travail de musée, les articles qui étudient les musées d'un domaine particulier, les rapports sur les acquisitions de matériel de musée, la conservation ou la restauration des collections, le catalogage, la programmation ainsi que la réalisation des expositions. Les activités administratives et techniques des musées peuvent peut-être aussi être rangées sous cette appellation.

En d'autres termes, nous aimerions désigner par muséo­graphie tous les aspects purement descriptifs et pratiques des études théoriques du travail de musée. Vue sous cet angle, la muséographie est l'ensemble des activités qui n'ont pas de caractère créatif mais qui projettent un tel travail créatif et de recherche sur les activités pratiques des musées.

Dans certaines langues, il existe des mots comme MU­ZEEVEDENIE, MUSEUMSKUNDE, MUZEOZNAWST­WO. Ils semblent couvrir à la fois la muséographie, telle qu'elle est définie ci-dessus, et la muséologie. Il ne devrait pas y avoir d'objection à cela, naturellement, à condition que la muséologie soit reconnue comme existant indépen­damment. La même remarque est valable aussi pour le mot MUSEUMSWISSENSCHAFT qui est actuellement utilisé par certains auteurs comme un parfait synonyme de muséo­logie.

La muséologie peut être parfaitement définie comme la théorie et la méthodologie du travail de musée. La question posée par certains auteurs est de savoir si la muséologie est une discipline scientifique indépendante ou si elle n'a que peu de signification dans le système actuel de la connais­sance et de la sociologie contemporaine de la science. Même les disciplines les plus classiques ont subi de considérables

changements, des extensions et des regroupements durant ces dernières décennies. Ce qui a eu pour conséquence de faire apparaître les mots «théorie» et «discipline)) comme tout-à-fait synonymes. Ce qui est important en ce qui con­cerne la muséologie. c'est qu'elle existe en tant que disci­pline, indépendamment du fait que, d'après l'opinion la plus répandue. elle doit, ou non, être séparée. L'avis de cer­tains muséologues allemands qui pensent que la «Museums­wissenschaf\)) est une «Querwissenschaf\)) (science inter­disciplinaire) mérite d'être relevé. En tout cas, il ne fait pas de doute que la muséologie est une discipline hétérogène. A mon avis, le caractère de la muséologie est très proche de la sociologie contemporaine ou théorie de la culture contem­poraine. Ceci est particulièrement vrai de ce que nous appe­lons muséologie générale, en d'autres termes une théorie et une méthodologie du travail de musée, communes à tous les domaines de la connaissance tels que sciences naturelles, so­ciales ou techniques, représentés dans les musées d'aujourd'hui.

Alors que la muséologie générale est obligée de respecter les principes, besoins et orientations des différents do­maines de la culture, les muséologies spécialisées représen­tentla théorie et la méthodologie de l'application des diver­ses disciplines du travail de musée. Evidemment il y a deux aspects dans chacune de ces muséologies spécialisées. D'un côté il yale composant dérivant de la muséologie générale et donc analogue dans toutes les muséologies spécialisées. Les muséologies spécialisées doivent répondre aux objectifs et aux orientations de la muséologie générale parce qu'elle exprime les besoins de la société dans laquelle et pour la­quelle les musées existent. D'un autre côté, chaque muséo­logie spécialisée est en relation avec les besoins et les pro­blèmes d'une discipline différente, comme la minéralogie ou la préhistoire, et contient un composant supplémentaire étendu qui concerne ces besoins et ces problèmes.

Tous ceux qui sont en rapport avec l'organisation du tra­vail de musée ont rencontré des membres du personnel des musées qui nient dans la pratique l'utilité de la muséologie. L'expérience personnelle, quelquefois complétée par celle du prédécesseur, est élevée au rang de modèle théorique. On ignore souvent que ceUe expérience repose principalement sur les formes passées des besoins sociaux, ce qui amène un approche dépassée de la réalité sociale, et donc elle est d'une valeur douteuse dans la situation actuelle. Dans la plupart des cas, elle manque totalement de possibilité de s'adapter

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aux problèmes de la société contemporaine et de ce fail est à la fois statique et imprévoyante. Les changements ont lieu dans "environnement social; "expérience des générations précédentes ou actuelles, bien qu'étant certainement au nombre des facteurs de décision importants, ne peut con­stilUer l'unique base d'un comportement efricace. Il faut plus, et ce plus peut être trouvé dans la discipline de la mu­séologie. Cependant un membre du personnel d'un musée peut désirer éviter la muséologie, sa tentative ne pourra qu'être un échec. Cette discipline est nécessaire si nous vou· Ions comprendre le rôle des musées dans la culture contem­poraine et leur place dans l'avenir.

Les nouvelles générations de personnel de musée sem­blent être moins orientées vers l'expérience et plus enclines à accepter la nécessité d'un modèle théorique concernant les nouveaux comme les anciens problèmes. La théorie et la méthodologie ont joué un rôle d'une importance croissante dans la formation aux diverses disciplines comme les scien­ces sociales, naturelles et techniques représentées dans les musées, la sociologie, la science de l'éducation, la théorie de J'administration ou l'économie. Le nouveau personnel de musée formé à l'une ou l'autre de ces disciplines montrera une anilUde plus positive envers la théorie et la méthodolo­gie du travail de musée. La collection de sources pour

l'élude des divers aspects de la nature et de la société hu­maine demeurera une partie importante du comportement social de l'homme. La structure institutionnelle de celle ac· tivité peUL changer dans J'avenir et les collections, conser­vées actuellement dans les musées, peuvent être transférées dans d'autres institutions telles que des instituts de recher­che spécialisés. Cette éventualité cependant ne peut changer la nature du processus caractéristique de telles collections. Les musées, sous une forme ou sous une autre, demeureront et avec eux demeurera la muséologie.

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Jurij P Pisculïn Directeur adjoint et chef des laboratoires de muséologie du Gosudarstvennyj muzej revolucii SSSR, (Musée national de la Révolution), Moskva, URSS

«Le dictionnaire abrégé de la terminologie muséale» pré­paré par un groupe de spécialistes qualifiés, caractérise la muséologie comme «une discipline scientifique étudiant la régularité de la création et du développement des musées, leur fonction sociale et la réalisation de ces fonctions en étapes différentes du développement social». Comme on le dit dans la définition les composants de la muséologie sont: la théorie, l'histoire et le travail pratique.(I)

La définition ci-dessus généralise l'expérience concrète de la pratique muséale en URSS, des relations entre la théorie et la pratique en différentes étapes de l'histoire soviétique.

De grandes tâches de la révolution culturelle, la nécessité d'initier des millions de travailleurs à la création politique, scientifique et artistique ont abouti à l'élaboration des pro­blèmes scientifiques en domaine de la muséologie. En 1920 on a déjà commencé les recherches scientifiques dans les plus grands musées.

Les ouvrages fondamentaux sur la théorie de j'histoire de la muséologie, sur la méthode de l'exposition et sur l'éduca­tion ont été publiés à cet époque, et les recherches sociolo­giques ont été organisées dans les musées de 1'histoire, de l'art et de l'histoire naturelle. Les données reçues ont été uti­lisées dans les manuels, à l'élaboration de la terminologie muséale et des méthodes du travail dans les musées, elles étaient à la base des documents normatifs et du système de la formation des cadres. Les relations organiques de la science et de la pratique ont assuré un certain niveau profes­sionnel de J'activité des musées.

A l'heure actuelle, les théoriciens et les praticiens sont obligés de résoudre des problèmes beaucoup plus compli­qués parce qu'ils doivent prendre en considération les pro­grammes du développement économique et social de grande envergure, le niveau élevé de l'information et de l'éducation du peuple ainsi que la place occupée par les musées dans le système de la culture socialiste.

On compte à peu prés 140 millions de personnes qui fré­quentent les musées par an. Chaque année le réseau des mu­sées devient de plus en développé: sans compter les nou­veaux musées devient de et leurs succursales on crée des di­zaines de milliers de musées publics auprès des entreprises et des organisations. Les collections des musées de tout le pays présentent une richesse inestimable. On ya réuni plus de 50 millions de monuments de culture matérielle et spirituelle. Le travail pratique et scientifique mené dans les musées, les recherches sociologiques et socio-psychologiques conflf­

ment un grand intérêt porté aux musées de la part de toutes les couches socio-<lémographiques de la société soviétique.

Devant les théoriciens et les praticiens de la muséologie de l'URSS surgit une tâche importante - ils doivent assurer l'utilisation rationnelle des collections des musées «dans le but du développement de la science. de l'instruction du peuple, de la culture et de l'éducation esthétique, patrio­tique, idéologique, morale et internationale».(2)

Selon les spécialistes la solution de ce problème ne peUl être possible que par J'introduction des normes et des cri­tères scientifiques dans tous les domaines de l'activité mu­séale ce qui exige l'élaboration ultérieure des notions et des connaissances dans les aspects théorique, historique et mé­thodique.

Parmi les problèmes sur lesquels travaillent les centres muséologiques du pays on peut nommer les suivants: 1 la nature et les caractéristiques principales de l'objet mu­

séal c'est-à-dire du monument de la culture matérielle et spirituelle qui est à la base de l'activité du musée comme d'un institut social;

2 les régularités de la formation des collections des musées (surtout en ce qui concerne les nouvelles périodes histori­ques l'art moderne, la technique etc.);

3 les régularités de la représentation du processus histori­que dans l'exposition;

4 les prémisses sociologiques et socio-psychologiques de l'activité éducative du musée;

5 l'auditoire actuel, sa composition socio-démographique, les motifs des visites;

6 les fonctions sociales du musée, leur évolution et les con­ditions de la réalisation aux étapes différentes. U est évident que l'élaboration scientifique des problèmes

théoriques a une grande signification pratique. La muséolo­gie actuelle exige des recherches et des expérimentations mé­ticuleuses, une grande utilisation des méthodes sociologi­ques, socio-psychologiques, statistiques et mathématiques. De plus en plus souvent les muséologues ont recours aux calculateurs électroniques, au renforcement des liens entre les spécialistes de différentes branches de la science - psy­chologues, philosophes, historiens, sociologues, spécialistes en cybernétique, architectes et d'autres. Il est nécessaire de créer des groupes de recherche stables ayant une base tech­nique conforme à leur but.

La pratique muséologique nous atteste d'une manière convaincante que la force de persuasion et l'authenticité des

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conclusions théoriques doivent s'appuyer aux recherches fondamentales de l'histoire de la muséologie.

Le développement du réseau des musées de l'URSS, la ré­partition des musées sur le territoire de tout le pays, le tra­vail d'après les modèles de l'administration des musées tout cela exige des recherches sur l'histoire de la création d'un musée particulier ou d'un groupe caractéristique des mu­sées; des études approfondies de l'histoire de la muséologie dans les républiques et les régions du pays.

Un autre exemple. Dans les années 60-70 les sociologues et les psychologues ont montré dans leurs études que la du­rée moyenne de J'assimilation de l'information dans les mu­sées est égale à peu près à une heure trente (ce qui veut dire que l'appareil psycho-physiologique de la perception du vi­siteur est pratiquement débrayé après une participation as­sez active pendant 90 minutes). Ce résultat est confirmé par les données des études de la réception qui étaient menées dans les années 1920-1930 dans les musées de l'histoire el de l'art. D'après leur résultat une norme de la réception est aussi à peu près 90 minutes.

Le musée moderne est non seulement un institut de re­cherche mais en même temps c'est un établissement d'édu­cation et de répartition de la culture. Son activité pratique ne peut pas se passer des méthodes concrètes dans les do­maines du complètement des collections, du travail avec les fonds, de la pédagogie muséale etc.

Il est évident que tous les employés du musée historique, ceux de l'histoire naturelle ou du musée de réserves doivent avoir en leur possession une mélhode de choix des objets

muséaux sur l'histoire contemporaine avec une différencia­tion détaillée des signes et des propriétés déterminant une valeur scientifique, artistique ou politique de fOus les objets - monuments.

Cependant, l'élaboration d'une méthode pareille au ni­veau des exigences de la science moderne n'cst possible que tenanl compte des résultats des recherches théoriques el des expérimentations sur la réception par les visiteurs de diffé­rents Iypes de documenls, des éludes de pratique de pro­longement de la collection des objels muséaux vers l'histoire contemporaine dans son aspect historique etc.

Une question analogue se pose s'il s'agit de résoudre d'autres tâches pratiques, par exemple, la méthode d'orga­nisation des excursions; le prix de toutes sortes de services; la structure du musée et d'autres questions du travail pra­tique dans les musées. A notre époque on ne peul poser ces questions avec compétence sans études scientifiques.

La muséologie actuelle - c'est une discipline scientifique appliquée qui doit assurer 10uS les aspects du fonctionne­ment du musée dans la société moderne - en commençant par le niveau de la méthodologie jusqu'au niveau des mé­thodes appliquées dans une sphère concrète d'activité des musées.

Notes (1) Kralkij slovai nltlzejn}\:h lerminov. Moskva, 1974,~. 26 (2) Zakon Sojuza Socia1i~liéeskich Rcspublik. "Ob ochrallc i ispollOvanii iSlOriü's­kkh i kullUrnych pamjalnîkov." Mosha, 1976, s. 1)

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Daniel R Porter Professeur et administrateur des Programmes d'enseignement supérieur de Cooperstown au Collège universitaire d'Oneonta, New York, USA

L'experience de Cooperstown Ecrivant ceci au début de l'été 1980, je regarde par la renêtre de mon bureau cinq jeunes hirondelles de cheminée qui se préparent à prendre leur envol. Le nid, sous un auvent, les a protégées physiquement du soleil et des pluies torrentielles du printemps. L'allention de la mère est constante. Elle a gavé les becs béants de centaines d'insectes, dont la sub­stance a transformé ces petites boules de duvet en machines volantes bien emplumées. Avec combien d'hésitation pour­tam les oisillons tentent-ils de se lancer dans un élément étranger. tellement moins sûr et ferme que leur solide nid d'argile. Comme ils semblent mal préparés à entrer dans le monde aérien qui est celui des membres adultes de l'espèce! Mais demain, deux d'entre eux seront partis, et les autres ne tarderont pas à les suivre. Ceux qui ont les ailes les plus rai­bles seront la proie d'un chat. Mais je soupçonne que la plu­pan survivront davantage grâce à leur instinct que grâce à l'enseignement maternel.

L'étape de la formation pour le musée aux Etats-Unis est un nid d'hirondelles. Chaque saison, quiuant la sécurité de l'université, des novices s'apprêtent à se lancer dans le monde inaccoutumé du travail du musée. La mere a bien nourri ses protégés, mais clic n'a pas su leur inculquer la technique du vol. L'instinct devra suffire, dans l'univers peu organisé des musées. Chaque débutant devra apprendre par lui·même comment échapper aux prédateurs, comment chercher sa subsistance, bref, comment s'en tirer. Hélas, les novices du musée ne sont pas dotés d'un instinct aussi sûr que nos amis ailés de l'autre côté de la renêtre. L'errort de préparation des spécialistes du musée, sur le plan universi­taire autant que pragmatique, n'a pas évolué dans les col­lèges et les universités.

Des douzaines de séminaires, de cours, de programmes, de postes d'assistants, d'ateliers, d'internats, d'externats, de stages de concentration et d'approfondissement, de pério· des de rormation et d'études de travail, sont proposés par des centaines de collèges, d'universités et de musées pour l'obtention de grades, de certineats, de diplômes et autres en rait d'études muséales. Après des débuts combien hési­tants dans les années 50, il est apparu deux décennies plus tard une pléthore d'expériences visant à préparer les étu­diants à réussir cette transition entre le nid et l'air libre. Le chaos y règne dans une grande mesure, parce que les res· ponsables de l'enseignement ne sont guère d'accord sur les

questions suivantes: (1) Le travail de musée est-il une pro­ression? (2) La muséologie est-elle une discipline? (3) Qui doit nxer les normes de l'enseignement? (4) Qui doit déli­vrer les habilitations? (5) Quelle est la meilleure rorme de préparation pour des débuts réussis dans la proression? (6) Qui doit avoir le contrôle du contenu de l'enseignement?

La recherche de réponses à ces questions en débat est compliquée par le caractère informel des musées, alors que les établissements qui délivrent des diplômes som parmi les organismes les plus fortement structurés. Il a été diffïcile de créer des alliances entre des partenaires aussi différents. Le caractère dilettante des musées et leurs modes d'administra­tion souvent particuliers ont entravé les efforts faits par la profession pour assurer elle-même sa réglementation et son habilitation. Car aussi longtemps que ceux qui IUllent pour un statut professionnel se refusent à une critique construc­tive entre pairs, ce caractère professionnel restera incon­sistant.

Persiste également l'idée irritante que les musées sont di­rigés par des historiens et des scientifiques plutôt que par des muséologues. Et l'incapacité des musées à comprendre leur nature fondamentale et à établir pour eux-mêmes un classement uniforme contribue à l'absence d'une formation objective de praticiens convenant à chaque type ou catégo­rie de musées.

Dès les années 30, les avantages d'une formation spéciali­sée pour ceux qui administrent les musées étaient reconnus. Peu à peu, répondant aux besoins ressentis, des pro· grammes d'enseignement isolés ont été mis au point en liai· son avec des départements universitaires établis, afin d'ai­der les étudiants à rechercher avec succès les carrières du musée au lieu de choisir une autre profession plus reconnue, comme l'enseignement. La formation pour le musée est aus· si considérée comme favorisant l'égalité des chances: un moyen d'entrer dans la carrière sans références sociales ex­ceptionnelles el sans fortune personnelle.

L'impulsion particulière la plus forte qui ait poussé à la création de programmes d'études du troisième cycle pour le musée aux Etats-Unis vient sans doute du besoin qui se fai­sait sentir dans les musées historiques, les plus nombreux et les plus démunis de LOuS les types de musées, de trouver du personnel qui ait une meilleure formation. Les départe­ments d'histoire des universités ne formaient Lout simple· ment personne aux carrières du musée. Celle situation était

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due pour une large part au mépris des historiens pour l'ane­facL(I) Si grande est l'ignorance des amants de Clio en fait de civilisation matérielle que les musées historiques étaient contraints, soit de recycler les historiens, soit d'employer des spécialistes d'arts décoratifs, de technologie, d'histoire des métiers, d'ethnologie ayant acquis leur formation par eux-mêmes. Seul le tarissement du marché de l'emploi-pour les enseignants a obligé les départements d'histoire et d'étu­des américaines à s'annexer timidement la muséologie comme une sous-discipline ou comme une simple branche de l'histoire générale,

C'est au moment où celte indifférence de l'université aux besoins en personnel des musées historiques était à son som­mer, au début des années 60, qu'une expérience audacieuse était tentée dans une petite localité de l'intérieur de l'Etat de New York, siège de l'Association historique de l'Etat de New York (NYSHA). Organisme privé à but non lucratif, pratiquement indépendant, comprenant musées et biblio­thèques, celle-ci gère un musée d'histoire de l'art et un mu­sée en plein air dans les Catskills de l'Ouest, une région val­lonneuse et parsemée de lacs. Le Dr Louis C. Jones, qui en était à l'époque le directeur, imagina d'adapter les anciens programmes de formation pour les boursiers du Musée de Winterthur menés en liaison avec l'Université du Delaware. Les objectifs de Jones étaient immédiats et d'une simplicité convaincante. D'abord, il envisageait un programme d'étu­des supérieures du niveau de la maîtrise, indépendant et complet en soi, dispensé exclusivement dans le cadre d'un musée et non dans celui de l'université. Ensuite, il proposait de former, plutôt que des expens, des «généralistes adap­tables}) qui seraient en mesure de remplir avec plus de com­pétence les fonctions multiples que doit assumer le person­nel des musées et sociétés historiques. Enfin, il comprenait que dans toute collaboration entre un musée et une institu­tion délivrant des diplômes, l'une des parties était appelée à dominer, l'autre à être dominée. En conséquence, l'accord qu'il conclut avec le Collège d'Oneonta de l'Université de New York était scellé par un contrat remettant la respon­sabilité financière première au budget public de l'université et réglant l'accès aux collections, aux équipements et per­sonnels du musée concerné. Les enseignants universitaires pour les disciplines appropriées seraient fournis par l'uni­versité et jouiraiem du statut des professeurs de l'université. Le personnel des musées, enseignant à lemps partiel, aurait le statut de maîtres-assistants. Tous les cours, travaux de la­boratoire el formations pratiques auraient lieu dans les mu­sées de Cooperstowll, tandis que les stages en internat d'une durée de neuf mois au moins se dérouleraient dans d'autres musées d'accueil offrant des expériences pilotes. Avec J'in­clusion d'une spécialité, l'un des objectifs à aueindre serait l'équilibre pédagogique entre l'élément universitaire et l'élé­ment pragmatique. Les étudiants furent recrutés activement à l'échelle natio­nale. Les postulants étaient soigneusement passés au crible afin d'examiner leur intérêt pour la profession et leurs dis­positions pour la culture matérielle, ainsi que leurs titres universitaires antérieurs, Un petit groupe de quinze à vingt étudiants fut sélectionné; ils vivaient et étudiaient en faisam partie intégrallle de la communauté de la ville et des musées, initialement pendant une année civile entière, puis par la suite pendant trois semestres universitaires assortis d'un in­ternat ailleurs. Un comité d'enseignants et de gestionnaires

de l'Université et de la NYSHA fut nommé atïn de formuler et d'adopter des règles de conduite ct de fixer le programme des études, souvent indépendamment des règles et procé­dures universitaires, situation exceptionnelle qui permeltait de maintenir l'éloignement du Programme par rapport au centre universitaire principal.

L'expérience a réussi. Depuis 1965, quinze promotions en sont sorties, ce qui représellle un corps de diplômés s'éle­vant à 348 personnes. Sur ce nombre, 80 % sont entrés dans des musées historiques ou des secteurs apparentés. Parmi ceux-ci, environ 60 % occupent des fonctions administra­tives dans les musées, 25 0J0 sont conservateurs ou archivis­tes et les autres se consacrent à l'enseignement, à la recher­che ou à d'autres spécialités du musée. Les anciens élèves travaillent dans tous les Etats sauf quatre, et dans deux pays étrangers. La plupart travaillent dans la Région Nord-Est de l'Association américaine des musées. De surcroît, les an­ciens élèves sont en mesure d'apporter leur aide au Pro­gramme, tant pour le recrutement de nouveaux élèves que pour le placement des diplômés. Il y a lieu de penser que les liens étroits établis entre les étudiants et le Programme au sein de ceUe petite communauté permeltent de former un corps d'anciens élèves plus cohérent, qui maintiennent leur association et Financent les besoins du Programme qui ne sont pas couverts par des ressources publiques.

Curieusement, l'expérience de Cooperstown. lOute réus­sie et fruclUeuse qu'elle soit, n'a été suivie ni dans nOtre pays ni à l'étranger. La raison pour laquelle le Programme est resté dans une large mesure unique m'est apparue indi­rectement lors des importantes sessions ponant sur les for­mation pour le musée qui se sont tenues à l'assemblée an­nuelle de l'Association américaine des musées, à 13oston en juin 1980. Le motif le plus concret de ce manque d'émula­tion apparaît être la répugnance des établissements d'ensei­gnement supérieur qui décernent des diplômes à abandon­ner une part appréciable de leur hégémonie universitaire et sociale à des organisations muséales moins structurées. Le strict contrôle disciplinaire que ces départements universi­taires souhaitent exercer sur les règle~ d'admission aux étu­des du musée, sur l'établissement des programmes, "ensei­gnement en salle, la sélection des enseignants, la délivrance ces diplômes et les habilitations on relégué les musées parti­cipants au rôle de fournisseurs de places d'internat el leur personnel aux fonctions d'assistants ou de lecteurs. Les mu­sées historiques ne sonl pas aUlorisés à avoir une politique propre ou une voix consultative s'agissant de la formation du personnel même qu'ils auront à employer ct qu'ils seront lïnalement obligés de recycler. Dans le même temps, les spé­cialistes de culture malérielle se voient toujours refuser un statut universitaire à pan entière dans les facultés d'histoire et les départements apparentés. Je soupçonne que la profes­sion du musée historique, si lant est qu'elle en soit une, de­vra allendre d'avoir mûri et acquis droit de cité avant de pouvoir s'attendre à innuer sur la formation de ses propres praticiens.

Notes (1) L'cxprc-.,ioll da:-.,illUC dc n'lIc opinion.\C trouvc dan' l'c''po~ du d.:rUIiI IlrOfClo­\èur William U. Hes'>Cltinc inlilulé «The Chalkng~'orlhcArtirael" Cl pr6clllê ta l'a,· locmbléc de l'A\Mx:ialiOIi all1éricaîn~' d'hi\lOir~' nationale ~'l locale il Colombulo, Ohio, le 5 octobre 1957.

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Barrie G Reynolds Professeur de culture matérielle et directeur de l'Unité de culture matérielle de l'Université James Cook de North Queensland, Townsville, Australie

La muséologie: Une science en embryon? Les musées ont changé considérablement depuis le 19ème siècle, lors de la création de beaucoup des plus importants de nos musées internationaux. La plupart de ces change­ments datent d'un peu plus de 1950 et rellètent l'inlluence de certains facteurs; parmi les facteurs externes, ceux qui af­feelent le monde en général ont été particulièrement impor­tants. Le développement des communications, l'augmenta­tion des voyages internationaux, le nationalisme de nou­veaux Etals, la croissance de J'industrie touristique, l'intérêt accru du public pour son patrimoine: tout cela, depuis la deuxième guerre mondiale, a beaucoup stimulé les commu­nications entre musées, le partage des idées et la notion que les musées forment une partie importante, jusqu'à présent encore sous-estimée, du système culturel de la société. L'UNESCO et l'ICOM y ont joué un rôle important, peut­être plus comme catalyseurs que directement, en réunissant les gens et en leur donnant l'occasion d'échanger et de déve­lopper leurs idées.

C'est alors que le terme de muséologie et le concept des musées en tant que domaine valable d'étude ont pris de l'ac­tualité, bien qu'encore aujourd'hui il y ait des membres de la profession muséale pour qui ce terme est inacceptable; alors que, en outre, la muséologie en tant que discipline sé­parée n'est pas encore très largement acceptée scientifique­ment. En effet, dans la profession aussi, comme le thème des essais de ce volume l'indique. la question se pose tou­jours: la muséologie est-elle une discipline? Ceci se rellète au niveau pratique car relativement peu de musées exigent des qualifications muséologiques du personnel qu'ils enga­gent. Cette situation est en train de changer graduellement.

La muséologie est-elle une science? Est-elle le moins du monde une discipline. scientifique? Ces questions doivent être étudiées. Nous reconnaissons qu'il existe quelque chose de distinct qui concerne les musées, centré sur les collections qu'ils détiennent, mais nous éprouvons de la difficulté à dé­finir ce terme avec précision. La définition de l'ICOM, établie pour les besoins de ses membres, est très valable mais elle est largement et souvent aveuglément acceptée; il y a certainement de vrais musées qui ne répondent pas à ces cri­tères.

Les musées sont-ils, en fait, des institutions assez diffé­rentes des autres institutions comparables (hôpitaux, biblio­thèques, écoles, prisons) pour mériter d'être reconnus com­me un domaine d'étude séparé? Si oui, quels sont les critè­

res impliqués? Les musées, comme beaucoup d'autres insti­tutions, drainent fortement une très large gamme de disci­plines scientifiques spécialisées et de talents professionnels, techniques et administratifs. La muséologie cherche à se glisser dans les intervalles qu'il y a entre eux et à concerner le concept global des musées. C'est l'étude des musées, de leur développement, de leurs fonctions et de leur philoso­phie.

Le travail de musée est en effet très «pratique» pour em­prunter un mot au thème de ce volume. Le besoin de pra­tique pour un fonctionnement efficace est évident mais ce n'est pas là la muséologie qui, par définition, est l'étude et non la gestion des musées. Que de telles études soient néces­saires saute aux yeux quand on considère les musées du monde, grands et petits. Beaucoup trop ont souffert des trop lourdes charges qui s'étaient imposées à eux au 19ème et au début du 20éme siècle: collections massives, mal lo­gées, à peine conservés et documentées et souvent mal pré­sentées. Malheureusement, ce sont souvent les conséquences d'une mauvaise gestion, de conservateurs déficients, d'une croissance imprévue et d'une politique peu sûre. La com­préhension des principes muséologiques de base (et de ges­tion générale) aurait permis d'éviter quelques-uns des plus évidents problèmes et de développer ces musées et collec­tions pour atteindre une meilleure efficacité. Ces problèmes se posent encore aujourd 'hui spécialement aux musées iso­lés et plus petits alors que les musées plus importants se heurtent à de nouveaux problèmes qu'ils ne peuvent résou­dre, sur une base pratique, seuls. Les études muséologiques peuvent fournir des contributions nécessaires et valables à la solution de ces problèmes, bien que naturellement la théorie et la pratique aillent de pair; elles ne s'excluent pas mutuel­lement.

Si la muséologie est une discipline scientifique, elle tombe nettement dans le domaine des sciences sociales. Pour cela, cependant, il faut que soit réunies certaines con­ditions: • elle doit avoir un objectif global et être définissable en

particulier par rapport aux autres disciplines impliquées dans les musées;

• elle doit avoir un ensemble de publications; • elle doit avoir une structure th6rique et sa propre métho­

dologie; • ses conclusions doivent pouvoir être évaluées, ses recher­

ches et ses expériences refaites; • elle doit être reconnue par les autres disciplines établies et

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par la profession muséale elle-même. Les objectifs globaux sont probablement une meilleure

comprehension des musées et de contribuer à une plus effi­cace réalisation de leurs bUIS, exprimés peut-être par les ter­mes de fonctions de recherche et de communication. Mais la défînilion précise de la muséologie, particulièrement là où die se chevauche avec les alllres disciplines et talents Ï111pli­qués dans les musées n'est pas si simple. Où est, par exem­ple, la limite entre la muséologie et la conservation; entre la muséologie et l'archéologie, spécialement dans le domaine dt: la gestion des collections et de la recherche; entre la mu­séologie et les plans d'expositions'! Ces relatÎons el do­maines mal définis restent encore difficilement déterminés. La pratique d'un refus arbitraire, comme clle s'est si sou­\"c0i produite en relation avec les activités de recherche des conservateurs, a ét<~ à la fois déraisonnable et peu sage, dis­suadant comme elle l'a fait tant de conservateurs scientifi­ques d'une active participation aux organisations de musée et au développement de la muséologie. La muséologie doit être plus que l'étude des méthodes d'administration, com­munication et conservation dans les musées.

Il y a un ensemble de données qui s'accroît rapidement sur les différents aspecls des musées. La lilléralUre est en fait déjà substanlielle. J'en soupçonne cependant une grande partie d'être locale ou régionale quant à son contenu et essentiellement faite de descriptions anecdotiques plutôt que d'analyses ou de syrllhèses. Ccla est compréhensible el je me hâte d'ajouter que ce matériel est inestimable en tant que données. Mais si la muséologie doit être une discipline, alors ces données doivent être entièrement analysées et des conclusions générales doivent en être tirées. Alors seulement nous pourrons espérer le développement d'une solide struc­ture théorique. Telle qu'elle est, une telle théorie peUl être trouvée mais éparpillée et souvent se rapportant à des aspects séparés des musées. Il faut les rassembler. Cc pro­cessus stimulerait en lui-même la distillation de nouvelles idées pour le bénéfice de la profession.

La f{~connaissancepar les disciplines scientitïques établies est très importanle bien que cela ne puisse venir qu'avec le développement d'une saine struClllre théorique, une métho­dologie acceptée et un large soutien de la profession muséale elle-même. Le plus imponant doit être le déveIoppemenl de l11élhodologies de recherche sûres. II y a suffisamment de méthodes et de techniques éprouvées à trouver dans les autres disciplines, dans l'histoire, la sociologie, l'anthropo­logie el la psychologie, pour n'en nommer que quelques unes. Il esl cependant essentiel pour la méthodologie de dé­cid~r ce qu'elle s'efforce de réaliser par sa recherche, ct quelles méthodes principales de recherche elle propose d'adopter. Pour que ses conclusions soient respectées, il est vilal que ses recherches soient sûres et qu'elles puissent êlre testées en étant répétées. Pour ccla, le matériel anecdotique, qui ne peUl être ainsi testé, est d'une valeur limitée.

A la lumière de ces critères, je dirais que la muséologie est Ull domaine spécifique d'intérêt mais que, jusqu'à présent, ses paramètres sont médiocrement définis. Je me demande si c'est même une science ou une discipline distincte, en rai­son de l'insuffisance de sa lillérature Cl de sa théorie, ct parce qu'elle manque encore d'une méthodologie sûre qui lui soit propre. En même temps, elle est centrée sur une gamme distinctive d'institutions et d'activités, les musées, et s'efforce manifestemenl de pallier ses faiblesses. Cesl pour cela que je crois en effet que c'est une science en embryon.

Il serait facile de terminer sur celle note quelque peu pé­dan le. Je pense cependant que quelque chose de plus positif est nécessaire, une indication des domaines d'intérêt parti­culiers méritant une recherche muséologique qui, dans le processus, favorisera le développement d'une science de la muséologie.

Alors qu'il serait excellent d'avoir des définitions sûres pour «musée» el «muséologie», on doit être réservé en ma­

tière d'études 11(: concernant que le~ délïnitions. Cela res­semble trop aux enort~ consL'Îenciclix de!'! philosophes d'autrefois pour déterminer combien d'anges peuvent lenir sur une tête d'épingle! En anthropologie, sCÎence qui con­cerne l'élUde des euhures, Kroeber CI Kluckhohn (1952), il y a quelques dizaines d'années, étaient capables d'identifier plus d'une centaine de définitions anthropologiques du ter­me «CllltllrC)~. Je suppose qu'en muséologie nous pourrions trouver une semblable pléthore cie c1élïnitions des musées.

Plus utile serait la recherche de la raison d'être des mu­sées: pourquoi ils existent el quels SOIll leurs objectifs, ce qui n'esl pas forcémcllt la même chose; quels sont aussi leurs buts réalistes - nous n'avons que des incertitudes sur leur sûreté, sur les objectifs à long terme qui parlent gaie­ment de «au service de l 'homme)) Cl sont si inatleignables que leur degré de succès ne peut jamais être évalué.

Ici en Australie, nous entreprenons une étude sur les mu­sées universitaires, unc catégorie de musées spécialisés ct très négligés, qui s'efforcent non seulement d'identifier leurs problèmes pratiques, mais ce qui est plus important, de définir leur rôle et leurs fonctions au sein des institutions donl ils font panic (Reynolds, 198üb). D'aulres musées spé­cialisés mériteraient de telles élUdes.

A un toU[ autre niveau, on sait encore peu de choses sur nos visiteurs, et sur ce qu'ils recherchent dans le musée. Je suis conscient des nombreuses el très valables études qui ont été faites, mais nous soufrrons encore, comme nos collè­gues du cinéma et de la publicité, de n'être pas récllemelll capables de savoir quel élément magique fait d'une exposi­tion un succès ou un échec. Nous tendons aussi, dans notre professionnalisme basé sur les conœpts des musées impor­tants ct sophistiqués, à penser que les musées de tOllS les ni­veaux sont destinés à combler les mêmes besoins. Mais les petits musées d'amateurs, orientés vers l'objet ct peut-être très faibles qualll à leur~ normes de préselllation el de ges­tion des collections, sont-ils hor!'! de course'! Nous connais­sons trop peu de choses de ces petits musées, des motiva­tions de ceux qui les onl créés et de celles de leurs visiteurs. Ils pourraient bien êlfe plus populaires que beaucoup de musées professionnels. Certainement nous sommes tous très conscients que les musées n'atlirent qu'une panic de la population. Pouvons~nous nous payer le luxe de ne pas exa­miner plus énergiquement le problème d'aueindre une plus large partie de celte population, de trouver ce qui pourrait l'encourager à mieux utiliser ses musées?

Dans les musées importants, il est nécessaire Cl urgent d'étudier le rôle du conservateur et de meUre de l'ordre dans une situation souvent confuse. Le rôle du conservateur (pré­server, étudier, communiquer) est le seul qui corresponde à ce qu'est le musée dans son ensemble. Avec le développe­menl de nouveaux départements spécialisés, en particulier l'éducation, la présenlation et la conservation, le rôle du conservaleur a changé de façon significative au cours du siècle, dans les domaines de la conservation ct de la commu­nication. Cependant, sa responsabilité reste celle des collec­tiolls et de l'étude, en d'autres lermes la recherchc. Mais la colllroverse sur la question de savoir si la recherche esl une fonction valable conlinue, cl il ya beaucoup trop souvent des doutes parmi les collègues de musées retirés dans la tour d'ivoire de la recherche. L'apaisement de cette querelle se fait trop attendre pour qu'on puisse déterminer quelle pro­portion de conservaleurs la recherche devrail occuper.

A un niveau plus général, il est ridicule que nous confions encore les responsabilités de conservateur sur la base de la discipline, sans se préoccuper de la quantité de travail impli­quée. Il est possible de quantifier le travail de catalogagc et de conservation que nécessite une collection, mais quelle est la proportion souhaitable de conservateurs par rapport aux collections? 1/5000, 1/10000, 1/50000 objels? La pluparl des problèmes de collections non publiées, mal gérées, dont nos musées ont hérité viennent d'un manque de données qui

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permettraient de développer une politique efficace concer­nant le personnel de conservation. Le problème de l'insuffi­sance des conservateurs dérive pour beaucoup de la même source.

Ce ne sont là que quelques problèmes majeurs qui, pour moi, réclament d'urgence d'être étudiés et résolus. Il y en a beaucoup d'autres à qui les collègues de musée donneraient la même importance. Mais ce qui est évident dans la profes­sion muséale aujourd'hui est que les musées eux-mêmes offrent peu d'occasions à leur personnel d'entreprendre des études importantes à long terme sur ces questions. Cela se comprend car les musées eux-mêmes doivent répondre aux exigences pratiques quotidiennes relatives à leurs respon­sabilités directes. Peu de membres de leur personnel peuvent consacrer leur temps de recherche à la solution des grands problèmes muséologiques comme à leurs propres travaux et peut-être à des recherches spécialisées. On a besoin de cher­cheurs muséologiques Qui peuvent se tenir à l'arrière plan el se concentrer sur les seuls projets dont les résultats puissent être bénéfiques pour la profession tout entière. C'est là que les départements universitaires de la muséologie peuvent jouer un rôle primordial. Pour cela cependant, il faut qu'ils fassent plus que de former simplement du personnel de mu­

sée. Il faut que la muséologie soit pleinement reconnue comme discipline universitaire. Jusque là, elle continuera, mais comme une science en embryon.

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Joseph A Scala Directeur de la Galerie d'Art ioe et Emily Lowe, Président du Programme de troisième cycle de muséologie, Coffege of Visual and Performing Arts, Université de Syracuse, Syracuse, USA

La muséologie: Science ou expérience pratique? La muséologie peut se définir comme l'étude complète de toutes les fonctions - esthétique, commerciale, pratique, universitaire, de gestion et de relations publiques - néces­saires pour comprendre le musée dans le monde complexe d'aujourd'hui. Travailler de nos jours dans un musée ou une galerie d'art demande des connaissances pratiques et une expérience de tous les secteurs de l'art et des affaires; il faut également un solide bagage dans les disciplines histo­riques et modernes pour utiliser pleinement les collections et le matériel d'exposition d'un musée.

La muséologie est aujourd'hui une profession. Elle s'est imposée comme telle sans la seule composante inhérente à toutes les autres professions reconnues: un corps de con­naissances commun et une filière d'enseignement commune qui soient le partage de tous les membres de celle profes­sion. Le fait qu'elle ait acquis ce statut est tout à l'honneur du personnel des musées d'aujourd'hui. Il est douteux qu'elle puisse le conserver à l'avenir sans ces connaissances et cet enseignement communs.

L'étude de la muséologie ne devrait plus être considérée comme une accuntulation fortuite de savoir glané par les gens qualifiés, alliée à un mélange disparate de connaissan­ces dans diverses disciplines et à une propension à la forma­tion sur le tas. Pour que la muséologie puisse rester la pro­fession qu'elle est actuellement, il faut que les principes de son étude soient unifiés de manière à comprendre une brève préparation universitaire pour les diverses situations aux­quelles doit faire face quotidiennement le personnel des mu­sées.

Les différents niveaux de fonctions du personnel des mu­sées requièrent de fait des aptitudes et des formations diffé­rentes. Tout le personnel des musées devrait cependant pos­séder la même formation muséale de base au niveau de la maîtrise, avec la possibilité de poursuivre des études univer­sitaires dans une multitude de domaines spécialisés. Par exemple, quelqu'un qui se destine à une carrière dans un musée d'art devrait avoir une formation universitaire de base en lettres et sciences humaines centrée sur l'histoire et la pratique des arts. La passion des objets et le sens de la qualité artistique sont aussi des éléments essentiels à la réussite d'une carrière dans le domaine du musée. Certes, ces éléments ne peuvent s'enseigner, mais ils peuvent être

développés. Par exemple, la connaissance de l'histoire de l'art est essentielle comme préparation à une carrière dans un musée des beaux-arts, mais elle n'est qu'une partie d'un tableau global qui comprend une expérience pratique de la gestion, des connaissances financières et comptables, une connaissance du marketing, un appareil de relations publi­ques ainsi qu'une expérience et une capacité pratiques qui s'acquièrent sur le terrain.

Le présent article plaide donc en faveur d'un enseigne­ment de troisième cycle unifié pour tous ceux qui se desti­nent aux carrières du musée. Cet enseignement de troisième cycle consisterait d'abord dans l'équivalent d'une maîtrise de lettres (M.A.) dans la discipline universitaire spécifique du musée où l'étudiant souhaite travailler. Ceci apportera la perspective historique et la compréhension du genre de tra­vail que les expositions de musée et les méthodes de recher­che nécessitent dans ce domaine. En outre, une connais­sance pratique du travail sur le terrain est nécessaire pour mettre en oeuvre ces connaissances. Des cours sur l'histoire du musée, sur les fonctions du conservateur et de l'expert, sur la gestion (des finances aussi bien que du personnel), sur le droit et l'éthique, l'éducation, les problèmes, majeurs et mineurs, auxquels est confronté le musée dans le dernier quart du XXe siècle, le financement et la recherche, sont in­dispensables s'agissant de constituer un corps commun de connaissances et d'expérience aux professionnels du musée.

Ce corps de connaissances multiples est non seulement nécessaire pour faire de celui qui travaille dans un musée un professionnel, mais il est indispensable si l'on veut que la muséologie conserve son statut récemment acquis de vraie profession. Il ne suffit plus que le personnel des musées soit réuni par le lien ténu d'une seule affinité, celle de travailler pour des musées. Le personnel des musées doit commencer à recevoir un enseignement portant sur des secteurs com­muns, afin d'éviter que vienne le temps où, lorsque des gens de musée se rencontreront, on verra des historiens de l'art discuter avec des spécialistes de la gestion de la façon de dis­poser des objets dans un espace donné. Si nous en arrivons là, la muséologie en tant que profession deviendra quelque chose comme une moderne Tour de Babel.

De nos jours, le secteur du musée devient de plus en plus une affaire, encore que ce soÎt une affaire où priment la connaissance et l'amour des objets qui ont une valeur cultu· relie et naturelle. En tant que tel, le secteur du musée de­mande à être géré comme une affaire. Quelle entreprise ris­

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querait aujourd'hui son avenir en engageant un cadre de di­rection connaissant bien les produits de l'entreprise, mais ne sachant rien ou peu de chose des finances, de la gestion et du marketing? Seuls les musées, sans doute.

Nous assistons actuellement à un phénomène intéressant. Les grand musées engagent des directeurs associés, l'un pour s'occuper des besoins esthétiques du musée, l'autre pour s'occuper de ses aspects commerciaux. Est-ce là le signe que la profession muséologique n'est pas en mesure de fournir des gens capables de répondre à ces deux aspects des besoins du musée? Nous voulons espérer que ce n'est pas la bonne conclusion. Mais d'autre part, ce n'est pas impossi­ble.

Le défaut, et par conséquent ce qui rend cette situation inévitable, ce n'est pas le manque de personnes qualifiées pour remplir les deux fonctions. C'est pJutôt J'absence d'un programme d'études uniformisé destiné à former des per­sonnes qualifiées pour assumer un rôle dont les attributions s'étendent presque de jour en jour. C'est l'absence de ce corps de connaissances cohérent si nécessaire pour qu'une profession soit réellement une profession.

Comme certaines catégories de musées se spécialisent de en plus dans des problèmes, fonctions et solutions uniques, des associations nouvelles se créent entre des catégories ana­logues de musées et les membres du personnel occupant les mêmes positions dans ces musées. Les musées et galeries des universités et collèges sont également en voie de former une association internationale destinée à promouvoir leurs inté­rêts communs. Alors que se produit ce morcellement de la profession, quelle est la force de cohésion qui lui permenra de préserver son unité de corps professionnel? La réponse est dans un corps commun de connaissances muséologiques dispensées par une grande école professionnelle délivrant un diplôme unifié de muséologie en collaboration avec un musée qualifié, qui pourrait faire partie du même etablisse­ment.

II existe pour les spécialistes du musée une bibliographie en rapide expansion, qui empiète sur un certain nombre de domaines connexes. Ceux-ci comprennent la gestion, le droit, la comptabilité, la bibliologie, la psychologie, la socio­logie, la technologie, les ressources humaines, l'évaluation de l'enseignement, le marketing, l'informatique, l'architec­ture et le design, pour citer les plus évidents. Pour acquérir des connaissances efficaces dans ces domaines, un enseigne­ment spécialisé de haut niveau qui rende celle information applicable à la muséologie est nécessaire et requÎs pour réus­sir une carrière dans le domaine du musée. Nous ne pou­vons plus nous offrir le luxe de consacrer un temps illimité à la formation sur le tas, et nous ne pouvons pas davantage nous offrir le luxe de vivre dans une tour d'ivoire. Nous avons besoin maintenant de professionnels du musée haute­ment qualifiés afin de faire face aux problèmes complexes des musées contemporains.

La muséologie est-elle science ou expérience pratique? Elle est les deux, et bien plus encore. II est temps que ceux qui s'occupent de l'éducation du futur personnel des musées comprennent qu'ils forment des gens pour occuper un cré­neau professionnel, avec un ensemble de besoins et d'exi­gences professionnels. Ils ne forment plus des étudiants pour qu'ils aillent chercher un travail.

Si l'on ne comprend pas ce fait et que l'on n'agisse pas en conséquence, il se peut que la muséologie devienne, au lieu d'un secteur professionnel fascinant, un anachronisme. Ou pire, un secteur où personne ne pourra plus partager con­naissances et expériences communes avec quelqu'un d'autre. Autrement dit, inexistant.

Les grandes professions se som toutes développées à par­tir de grandes écoles professionnelles. Si nous refusons un enseignement professionnel propre, qui est l'étude de la muséologie, nous ne remplirons jamais les conditions vou­lues pour devenir réellement une grande profession.

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Klaus Schreiner Directeur de Agrarhistorisches Museum (Le Musée d'histoire de l'agriculture), Ait Schwerin, membre du Conseil des musées au Ministère de la Culture, République démocratique allemande

Critères pour la place de la Muséologie dans le système des sciences Depuis le commencement de la société humaine, la connais­sance n'a cessé de s'étendre avec une vitesse croissante. Au cours du développement historique, cet élargissement régu­lier a amené une différenciation de plus en plus grande dans les domaines de la connaissance, une division du travail au sein des activités scientifiques, et une spécialisation grandis­sante. La science moderne aujourd'hui est un système arti­culé de connaissances aux multiples ramifications compre­nant plus de mille disciplines individuelles spécialisées(l).

Pour analyser la place de la muséologie dans le système des sciences et pour répondre correctement à la question de savoir si la muséologie a le caractère d'une discipline scienti­fique, il ne faut pas émettre de considérations subjectives, de prévisions ou de craintes, mais ces critères objectifs qui déterminent une discipline scientifique et son sujet.

Quest-ce-qu'une discipline scientifique (ou individuelle)? C'est un domaine de la connaissance indépendant, histori­quement en voie de développement et systématisé par une connaissance de base exacte de la nature, de la société et de leurs lois; il est déterminé par certaines conceptions (en par­ticulier les lois), affirmations, théories et hypothèses et il diffère des autres disciplines par son sujet, ses méthodes et ses conceptions spécifiques.

Suivant leur sujet, les diverses disciplines scientifiques sont intégrées à un système scientifique complexe, et là, se subdivisent encore.

L'astronomie, la physique, la chimie, la géologie, la bio­logie, etc., qui sont subdivisées en nombreuses disciplines spécialisées, appartiennent au groupe des sciences naturel­les; alors que la science de l'histoire, les sciences politiques, le droit, la pédagogie, la sociologie, l'économie politique, etc., se rangent dans le groupe des sciences sociales. A côté de ces disciplines de base (sciences primaires) et de leurs disciplines spécialisées, il y a les disciplines auxiliaires (scien­ces secondaires). Les sciences naturelles et sociales entrent dans ces domaines, c'est-à-dire la médecine, la psychologie, l'agronomie, les disciplines techniques, etc. A côté, il y a les sciences générales structurelles comme les mathématiques, la cybernétique, etc.

Quel est le sujet d'étude d'une discipline scientifique? Par sujet d'une discipline scientifique, on entend l'ensemble des attributs, structures, et lois du développement de certains

domaines (parties, aspects, apparences, processus) de la réa­lité (c'est-à-dire la réalité objective ou son image dans notre conscience) qui sont explorés par la discipline concernée(2).

La tâche essentielle de toute discipline scientifique est de trouver et formuler le lois concrètes de son sujet d'étude particulier. Quel est le sujet d'étude de la muséologie? Comme on le sait, il y a eu beaucoup de discussions et d'opinions différentes émises sur cette question et sur les problèmes qui s'y rattachent directement ou indirecte­ment(3). Les discussions continuent. Ilse Jahn a réalisé une étude sur l'état de la discussion de ce sujet de la muséolo­gie(4). Elle fait une analyse critique des discussions nationa­les et internationales comme des intuitions dans ce domaine et elle explique les raisons qui rendent difficile la définition de ce sujet et la classification de ce domaine complexe de la muséologie et de ses différentes parties par le fait que seule «l'institution musée») est prise en considération.

Les publications suivantes contiennent des conceptions sur le sujet de la muséologie, nées dans des pays socialistes: Kleines Wbrterbuch der Museumstermini, Projekt, Kultur­forschungsinstitut, Moskva 1974; Taschenwbrterbuch mu­sealer Termini (Entwurf), Kulturforschungsinstitut, Mos­kva 1976; J. Benes, Museologisches Wbrterbuch (Muzeolo­gicky slovnik), Nationalmuseum, Praha 1978; Z. Z. Stran­sky, Methodologische Fragen der Dokumentation der Ge­genwart, Museologische Hefte (Muzeologické sesity) V, Brno 1974, p 13-43; Die Probleme von lnhalt, Didaktik und Asthetik moderner Museumsausstellungen (Internatio­nales Seminar für Museologie), Hrsg. 1. Éri, Zentralinstitut für Museumswesen Ungarns, Budapest 1978; Dictionarium Museologicum, Manuskriptdruck 2. Auflage, Hrsg. 1. Éri, Budapest 1979; etc.

Dans sa thèse sur les questions méthodologiques de la do­cumentation moderne, Z. Z. Stransky qualifie le musée d'institution documentaire qui rassemble, préserve et com­munique les témoignages authentiques de la réalité con­crète!S). Pour lui, le sujet de la muséologie est la «muséa­lité», c'est-à-dire une valeur documentaire spécifique(6) des sujets concrets et perceptibles de la nature et de la société, la valeur de l'authentique évidence de la réalité(7). Mais est-il juste de mettre à égalité le sujet spécifique de la muséologie avec la valeur documentaire générale des objets et percepti­bles de la nature et de la société? D'autres disciplines scienti­fiques se fondent elles aussi sur les objets concrets et percep­tibles de la nature et de la société et du point de vue gnoséo­

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logique ces objets n 'om pas de valeur documentaire «au dé­pan»), mais seulement en connexion avec la discipline spé· cialisée concernée et ses objectifs.

Les objets naturels sont <da base de travail des disciplines des sciences naturelles ayant ... une évolution propre, telles que la botanique, la geologie, la mineralogie, la psieolllolo­gie, la zoologie, qui sont aniculées en elles-mêmes)). tg) Dans la science de l'histoire, les objets de l'évolution de la société tels que «sources orales, écrites, graphiques ou matérielles» formem une base de travail pour j'étude hisLOrique des sources, qui constitue une discipline spécialisée de la science de !'histoire.(9)

Les effons visant à prétendre que les sources primaires de la connaissance scientifique de la nature et de la société ont une existence intrinsèque et SOnt ensuite découvens pour former le sujet spécifique de la muséologie ne conduisent pas à des solutions satisfaisantes.

Il y a des annees, Wolfgang Herbst soulignait le danger d'une telle erreur dans son ouvrage «Geschichtsmuseum»: «Qu'on le veuille ou non, le sujet de l'élude dedem lIll sujet scientifique indépendant avec ses lois propres».(IO) La spéci­ficité du musée acquien une existence propre, le sujet musée devient absolu, «le musée en tant que sujet fonctionnerait comme une chose ayant une existence propre, dégagée des situations historiques, avec une discipline scientifique indi­viduelle supérieure en imponance aux disciplines spéciali­sées, tandis que celles-ci seraient subordonnées à la muséo­logie, deviendraient ses sciences auxiliaires)),(II)

En decembre 1964, un projet de thèses sur la museologie publié dans «Neue MuseumskundeH 1964(12) a dû être refu­sé lors d'une conférence centrale des directeurs des musées de la RFA à Berlin; considérant la muséologie comme une science documentaire, ce projet, sans doure, visait è élucider les problèmes theoriques de la museologie; mais il panai! de prémisses erronées en tentant «de subordonner toules les disciplines specialisees il un presumable sujet d'etude de la muséologie)). (13)

Le sujet de la muséologie ne peUl être établi que sur une base gnoséologique et scientifique-Ihéorique, en employam les principes et critères memionnés plus haut pour le sujet d'étude d'une discipline sciemifique. Ceci signifie que l'en­semble des attributs, struClUres el lois en évolution de cer­tains domaines de la réalité doit être déterminé et appliqué à la museologie.

Selon moi, le sujet d'étude de la muséologie est l'el1sem~

ble des allribUls, structures et lois en évolution qui détermi­nent le processus complexe d'acquisition, de préservation, de déchiffrage, de recherche et d'exposition d'objcts choisis originaux de la nature Ct de la société cn tant que sources primaires de la connaissance.

Les sources primaires de la connaissance ~Ont la base de travail nécessaire de beaucoup de disciplines scientifiques (et pas seulement de la muséologie) et donc ne sont pas spé~

cilïques à Ull musée. La laxonomie el l'étude des sources historiques, par exemple, sont des éléments d'une disdpline sdemilïque spécialisée mais ne som pas spécifiques à un musée.

Donc les sources primaires elJe~-mêmcs ne sont pas origi­nellement le sujct spécilïquc de la muséologie mais le pro­cessus complexe d'acquisition, préservation, déchiffrage, recherche et exposition des sources primaires de la connais­sance. Les sources primaires de la connaissance (aussi appe­lées originaux, objets originaux, objets authentiques(J~J, ou objets de la perceplion directe sensorielle) ne sont pas limi­tées à ces soi-disant sources matérielles, respectivement ob­jets. lise Jahn a dit clairement «un fossile ammonite, un squelette de saurien ou la marque d'un archéoptéryx ne dif­fèrent, en tant qu'objets de musée, d'une récente coquille d'escargot, du squeletle d'un lézard ou du corps d'un oiseau, que par l'epoque il laquelle ils appaniennenl qui

pourrait peut·être inlluer sur leur étal de conservation. Ils constituent des panies d'une panic de la réalité objective, représentée par un organisme vivant. Un vase antique en terre et une bouteille de vin moderne ou un coffre à grains ne sont, en principe, pas différents les uns des aUlres. On ne voit pas pourquoi, par exemple, les lois él:riles, factures el

ordonnances en caractère cunéiformes sur des tablettes en terre n'auraient pas, par principe, la même significalion que les édits, traités, faclUres, et autre~ documcnts da(,;(ylogra­phiés ou écrits à la main sur du papier, qui sont les sourccs du processus actuel de la communicatiofl»).(15)

Les objets originaux (sources primaires de la connais­sance) qui arrivent dans un musée et proviennent de la na­ture et de la société sont appelés objets de musée(l61. Dans les musées, ces objets sont conservés, restaurés, préparés, déchiffrés et étudiés de diverses manières, suivant certain~

principes, et suivant leur caractère et leur étal. Comme toute autre science, la muséologie existe aussi pour les be­soins pratiques d'une société en évolution. La nature et la société continuent il changer et à évoluer sur la base de lois agissant objectivemenl. Parmi la variété infinie d'objets ap­partenant à l'évolution naturelle est sociale, certains té­moins sélectionnés 0111 été ct sont préservés par des person­nes ou par des institutions sociales de diverses sortes et pour beaucoup de raisons différentes. Mais la question est tou· jours de garder précieusement ces témoins concrets et per­ceptibles du passé historique de la nature el de la société pour le présent et pour le fUlUr; autrement, ils seraient per­dus à cause du développement de celle nature et de cette so­ciété qui ne peut être ni différé. ni stoppé. Cela demande la préservation de témoins séleclionnés du présent pour j'ave­nir. La nature transitoire des objets uniques et les phénomè­nes conduisent à un besoin social croissant el à la nécessité d'une préservation à long terme. durable, de témoins choisis de la nature et de la société, ct cela dans un but de recherche et d'éducation, comme «une mesure et un indicateur du dé­veloppement économique, politique, social ct culturel à un certain moment, dans llne cenainc société et sur un certain terriloire»(l7) ou «pour permcure la comparaison des étapes du développement du processus historique de la nature dans un temps à venir, soit pour comparer les processus de la connaissance pour découvrir s'ils sont réitérables ou testa­bles, soil pour susciter la connaissance»tl l!).

Ainsi ces témoins servent de «sources primaires de la con­naissance, et comme preuve matérielle, ils démontrent indu­bitablement l'existence de l'objel ('oncerné et aussi d'autres objets. Sans ces témoins matériels qui ne peuvent être mis en doute, celle preuve ou ces phénomènes seraient compli­qués dans beaucoup de cas)II'J).

Le besoin social général, d'origine historique et qui croît régulièremem, d'une préservation durable, à long terme de témoins sélectionnés qui sont les sources primaires de la so· ciété peut parfaitement être délimité et déterrniné comme le domaine spécifique d'un sujet car «le sujet d'une discipline scientifique établie n'est pas simplement donné mais - en cc qui concerne la fonction de la science - choisi)).(20)

«La formation d'une discipline est un évènement social au caractère complexe qui résulte de l'effet réciproque des besoins de la société, des changements qualitatifs dans les champs d'action scientifiques correspondants et de la fon­dation d'institutions auto-existantes))(21). La fondation d'in· stitutions correspondantes commence parallèlement à la formation d'une discipline scientifique. L'institulion elle· même n'est ni une discipline scientifique, ni un élément de celle-ci, mais la base institutionnelle nécessaire des disci· plines scientifiques. Ainsi les musées, par exemple, sont les bases institutionnelles d'un ensemble de disciplines scienti­lïqucs différentes, mais eux-mêmes ne sont pas des éléments de disciplines scientifiques ce qui est démontré par l'histoire du système muséal.

Suivant le~ critères gnoséologique~. théoriques ct scienli­

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fiques, le sujet de la muséologie est parfaitement délimité et profilé par le fait qu'il est interprété par un ensemble d'at ­tributs, de structures et de lois en évolution détermÎnant le processus complexe d'acquisition. préservation, déchif­frage. recherche et exposition d'objets originaux sélection­nés de la nature et de la société comme sources primaires de la connaissance. Ce ne sont pas les sources primaires origi­nales elles-mêmes, formant la base de travail nécessaire de bl:aul'oup de disciplines scientifiques el la désignation unila­térale de la muséologie comme un élément des sciences do­cumentaires (là les comparaisons avec les archives et la bi­bliologie sont injustifiablement schématiques) qui sont spé­cifiques aux musées, mais le processus complexe d'acquisi ­(ion. préserval ion, déchi l'l'rage, recherche CI exposilioll d'objets originaux de la nalUre et de la société en tant que sources primaires de la connaissance, ce qui dans la pratique sociale correspond aux fonctions de base connues du travail de musée et des musées. (22)

C'est le devoir de la muséologie et de la recherche muséo­logique de découvrir et de formuler les auributs, structures ct lois en évolution de cet ensemble qui est spécifique aux musées.

L'analyse des catégories de base muséales est importanle mais fixer ces catégories de base par une prédominance ma­térielle de la réalité complexe et reconnaître les relations ré­ciproques ne sera pas suffisant pour un travail scientifique. 1\ faudra formuler des lois qui soient incontestablement ty­piques des relations réciproques et des connections des phé­nomènes muséologiques et des catégories qui en découlent.

D'après les critères de la définition d'une science et les termes de cel exposé, la muséologie peut être définie comme suit: la muséologie est une discipline socio-scientifique, his­toriquement grandissante, qui concerne les lois, principes, structures et mélhodes du processus complexe d'acquisi­tion, préservation, déchiffrage, recherche et exposition d'objets originaux mobiliers choisis(23) de la nature el de la société en Lant que sources primaires de la connaissance, qui

forme la base théorique du travail de musée et du système muséal avec l'aide d'une expérience généralisée et systémati­sée.

Comparée aux disciplines définies comme disciplines de base ou spécialisées (sciences primaires) utilisées dans les musées, la muséologie n'a que le caractère d'une science auxiliaire (science secondaire). Ainsi et à cause de ses liens étroits avec beaucoup d'autres disciplines de la science, il sera nécessaire que la muséologie coopère avec elles et leur snit intégrée. La muséologie comprend la thcorie Illu .... éak, 1( .... mcthode.... mllséale~ Cl ]'hi",loire du syslème dL's lllusée".

Notes (1) Grul1dfagl'l1 der 1I/{lrxislisl"h-lellilli~·{i.l'('hl'l1Pllilo.l·oIJhie, p !J. Berlill 1971 (2) Cp. PhiloWJphisâlt's Wdr/erbuch, l, pp 44'J, 4'J2; L<::ipl.ig 1975; Vialekli.II'!IN und histMiseh('/" Maleriafislllu.I·. pp <)6~'-J7, Uerlin l'J74 (3) Cr. p.ex. Hühns, E. Mu~cologie ~ GesehidHe. Ciegenswnu. Melhcd('n, Nl'ul' MllseulIIskllndc. Heft 4, pp 291~2'J4, Berlin 1973 (4) Jahn, 1. Die Mu~eologic ab Lehr- und l·oN:hung.,di'/iplin Illil ~p<:l.idkr LIe'­rüd~ichligung ihrer Funktion in nalurhisloriso.:hen Museen ~ Cie~dlkhtc, gcgcn­wanÎger SI and und th(,Of(,li.,ehe Grunulagell, Ui .....erlaIÎon (B) Humboldl­UniversiUil. pp 4--26. Herlin !'J7R, and lh('~e~, p 3 (5) Slran~kY. ad loc, p. 28 (6) lb., p 38 (7) lb .. P 31 and pp 34~35

(8) CI. Neill' Milselllllskllllde. Hdl 2, P 126. Herlin l'JRO ('J) lb. (10) leilsehrifl ./ùr GeschichlSlt'issef/sc!w./i, Hdl 1. Il 9, 13crlin l'J72 (Il) lb. (12) Nellc MIISClilIISklllldc, Hcll 3, Bcilage, Ikrlin 1'J74 (lJ) Neue Musewl/sklltUle. Hdl l, lkilagc, pp 2')~31; Berlin 1'J65 "Ldlsdmji ./iir Geschi('hlswissl'l/schajl, ad loc; Kleinl'S rvôrterbuch des MUSeW/lSII'{'SCIIS, 11l.'>liIUI liir MU.'>elllll.,wom der DDR, Schriflenreihe Hefl 6, p IX. Berlin 1'-J75 (l4) Cp. Nellc MIiSCIlIIISklllllk, Heft 2, p no. Berlin 1'J80 (]5) Neue MllwlIlIIskunde, Heft 4, p 282. Berlin 1'J79 (16) Nclle Mliselll/lskullde, Hen 2, r 126, Berlin 1'-Jl!O (17) I.eilscluiji ./iïr Gcschichl.lwi.I:\·emdlO./I, ad lac., p 12 (W. Hcrb.'O (18) NCIIL' MlisclI/lI.\·kunde. Hefl 2. p 76 (1. .Iahn). Berlin 19HO (19) l/eitrii}.:c ~lIr .lOw}cliscl/ell MII.IL'IIIIISkun(/i'. HCrl l, Il 20, Halle 1%0 (20) Hm"ffl("kcr Wi.I·WI/.\Cilu./isflislori.lâlc Mt.lflllskriIJ/c, Hdl l, p 52, RO.\IOd l'-J7H (21) lb., r 23

. (22) Cr. p.ex. Dil' Hauplallfgab~'n der Musl'm der DDI< bis l'-JHO, in Schrifle!H('ihc,Hef! '-J, [nslillil Ilir MUSellIllS\\'e\en dn DUI<, Teil 2. pp 201~223, Berlin 1977 (23) Cf. Uell('s, ad luc.. pp IX, 7H and 91

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Zbynek Z Stransky Directeur du département de muséologie du Moravské muzeum (Musée morave) de Brno et directeur du département de muséologie de la Faculté de philosophie de l'Université Jan Evangelista Purkynë, Brno, Tchécoslovaquie

A l'initiative des dirigeants de l'ICOM, un projet très im­ponant est en cours de réalisation: l'édition d'un Traité de Muséologie. Certes, c'est une oeuvre utile. Elle devrait con­stituer un tournant dans l'évolution actuelle de la pensée muséologique, et ce non seulement par ce qu'elle contien­dra, mais aussi et avant tout par les impulsions qu'elle ap­portera.

Cependant, une tâche aussi importance ne peut être ac­complie par une simple accumulation d'idées. Elle doit ap­paner un système de connaissances résultant de grands cf­forts professionnels, développés en plein accord avec le ni­veau méthodologique existant de la pensée scientifique. Ce n'est que de cette facon que nous obtiendrons que l'oeuvre réalisée non seulement réponde aux besoins actuels de la muséologie, mais aussi qu'elle devienne la base nécessaire des contacts avec les autres éléments des systèmes institu­lionneis.

Une tâche aussi exigeante ne peut pas être r~alisée d'un seul coup. II faut établir tout d'abord le laps de temps et la base de publication nécessaires. Nous devons épurer l'ac­tuelle pensée muséo-théorique. La version définitive du Traité ne doit pas comprendre ce qui est marginal, superflu, inorganique, mais seulement ce qui est essentiel, ce qui dé­limite les structures de base de ce que nous sommes habitués à appeler muséologie.

De ce point de vue. il faut non seulement accueillir, mais soutenir à tous égards le projet d'éditer «Museological Working Papers (MuWoP»> qui sera une plate-forme de discussion pour préparer les composantes fondamentales du Traité de Muséologie. .

Le choix de la première question à discuter répond certai­nement à ce dessein.

Nous pourrions répondre à cette question en nous réfé­rant à la série des travaux déjà publiés. Mais, ce ne serait pas juste à mon avis. Il ne s'agit pas ici de répéter nos pro­pres vues et connaissances. mais. en confrontation avec les autres - pour autant qu'ils acceptent les règles de celle dis­cussion - de défendre nos positions et de savoir avant tout les convaincre de l'exactitude et de l'authenticité de nos idées.

J'accepte donc la question posée et je suis prêt à partici­per à la joute.

1 Déjà les anciens philosophes disaient qu'il faut douter de tout. C'est pourquoi je crois qu'on me comprendra si je commence par douter de la question elle même: muséologie - science ou simplement travaux pratiques?

Comment dois-je au juste comprendre celle question? Tout à fait schématiquement: Nous devons décider si A pré­sente les caractéristiques de B ou de C.

A répond ici au terme «muséologie» qui renferme toute­fois certaines caractéristiques de B (-Iogia). Cela influe sur la conclusion. Pourtant, la question considère a priori A comme effectivement existant. B (Science) est mis en oppo­sition avec C (Travaux pratiques). Or, nous avons ici encore le mot «simplement» qui est équivoque. Nous pouvons comprendre de telle sorte que nous ayons intérêt à savoir si actuellement A est encore telle ou telle chose, ce qui signifie­rait que nous supposons un changement.

La question n'est pas formulée - comme je l'ai laissé en­trevoir - de facon suffisamment adéquate pour saisÎr la réalité examinée. II sera sans doute préférable de tenter de la développer comme suit:

a) Si nous prenons un certain terme, ou certains termes, nous pouvons supposer qu'ils ont une certaine intention, donc qu'ils répondent à une partie ou à un aspect de la réali­té, ainsi qu'à la question de savoir si cette réalité est subjec­tive ou objective.

b) Si les termes répondent à une certaine réalité, alors celle-ci doit présenter certains aspects par lesquels elle se dis­tingue de la totalité de la réalité. Ces aspects doivent être es­sentiels pour cette réalité, car ils conditionnent sa propre existence.

c) Si celle réalité spéciale existe à l'heure actuelle, il faut savoir aussi si elle a existé auparavant, donc si elle se déve­loppe. Lorsqu'on peut prouver qu'elle se développe, nous supposer que l'état actuel n'est qu'une phase.

d) Lorsqu'un phénomène examiné existe et se développe, son existence est conditionnée historiquement et sociale­ment, ce qui signifie que ce phénomène accomplit une cer­taine mission, qu'il a son propre sens. La connaissance de ce sens permet de déduire non seulement la connaissance de ce que c'est, mais aussi de ce que c'était et de ce que ce de­vrait être.

Prêtons attention aux questions suivantes.

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2 Outre le terme «muséologie» qui est utilisé dans la question posée, nous rencontrons d'autres termes dom la significa­tion est souvent identifiée ou seulement différenciée de façon panielle. Il s'agit par exemple des termes «muséogra­phie», «Théorie des musées», Exceptionnel est le terme «Muzeislic» (analogique par exemple aux termes «Est he­tic», <dnformatic») utilisé en Roumanie.

Tous ccs termes ont un trait commun: ils se rapportent au phénomène de musée. Il n'cn résulte pas toutefois que nOLIs puissions lier la signification de ces termes directement à ce phénomène. Tous les termes susmentionnés comportent un signe (genus proximum) qui nous amène dans le plan de ré­flection d'idées du phénomène de musée réel. La justesse de cette conclusion est confirmée par la terminologie même qui comprend également ses propres [crmes pour exprimer ce qui existe pratiquement, comme par exemple le terme «Tra­vaux pratiques de musée».

Nos termes se rapponent donc au phénomène que nous pouvons désigner comme théorie de la pralique de musée.

Cela répond aussi à la relation générale: théorie et pra­tique.

Celte théorie de musée devient objective, avant tout dans la production muséologique. Chacun peut s'assurer de son étendue et de son orientation par l'intermédiaire des biblio­graphies muséologiques. Mais, celte théorie se manifesle également aujourd'hui dans les programmes d'enseigne­ment de muséologie ou dans le cadre des institutions théori­ques muséologiques spécialisées (un tel institut fut fondé ré­cemment par exemple à Berlin-Ouest).

Les termes utilisés répondenl donc au phénomène de mu­sée existanl objectivement.

3 En ce qui concerne la spécificalion des aspects déterminants de celte réalité muséo-Ihéorique, nous rencontrons dans la littérature muséologique presque uniquement des descrip­tions des différents auteurs des essais de résumé des caracté­ristiques générales ou de définition de la muséologie ou de la théorie muséologique (par exemple RIVIÈRE, ALOI, NEUSTUPNY, RAZGON, BURCAW, AVE). Vers le mi­lieu des années soixanle, la Chaire de muséologie à l'Uni­versité de Brno a lenté une approche métathéorique avec la­quelle plusieurs auteurs (par exemple HÜHNS, JAHN, GLUZINSKI) Olll renoué dans une vaste mesure.

En analysam la Iiltérature ffiuséo·théorique nous aboutis­sons à la conclusion que les vues gnoséologiques el métho­dologiques ne répondent pas aux exigences contemporaines. Un imponant pourcentage des ouvrages se situe sur le plan de l'historiographie des musées; bien des travaux se conten· lent de la description des difrérel1les activités de musée, ou au plus atteignent le niveau des généralisalions et c1assifica­lions empiriques. Les ouvrages qui onl une intensiol1 gno­séologique plus profonde sont relalivement rares. Maints ouvrages, qui répondent aux besoins méthodologiques, y parviennent dans le domaine des disciplines scientifiques en· gagées et non par leur propre conception muséo-théorique ou muséologique.

11 en est de même dans le cas des programmes d'enseigne­ment. L'enseignement de la théorie de musée ou de la mu­séologie est réalisé aujourd'hui déjà dans bien des écoles su­périeures. Cet enseignement repose principalemenl ­comme le démomrent les programmes d'enseignement pu­bliés - sur une base théorique relalivemcnt faible: il s'agil en général de Iransmettre des expériences positives, des in· structions relatives à la pratique, aux différenles méthodes et techniques. Ce n'est cenainement pas insignifianl, mais seulement à cc niveau la théorie de musée ou la muséologie peuvent diflïcilement devenir une discipline égale aux au­tres branches des études universitaires.

Dans les instituts muséologiques théoriques spécialisés,

l'élément muséo-théorique (scienlifico-éducatif) est égaie­ment effacé, surtOUl par l'activité d'organisation, de docu­mentation, d'information et dans le large sens du mol par l'activité éducative el publicitaire, cc dont témoignent tant les conceptions, programmes et plans d'activités publiés que la propre produclion et activité.

Du point de vue mélathéorique, la Ihéorie de musée ac­tuelle ne répond que dans une certaine mesure aux cl'ltères de la théorie. Mais la théorie n'est pas encore une science. Si on appréciait celle produclion au niveau métascicnlifique, nous devrions aboutir à la conclusion que seulement cer­tains ouvrages répondent aux criteres scientifiques. La meil­leure preuve que celle théorie ne présente pas le niveau d'une discipline scientifique indépendante est le fait que les résuhats de la production muséo-théorique ne sont pas ac­ceptés sur une vaste échelle dans le cadre des connaissances scientifiques. Autrement dit: la muséologie n'a pas sa place dans le système existant des sciences.

La théorie de musée nous paraît aujourd'hui comme un cenain domaine spécifique de connaissance humaine, qui porte certaines caractéristiques de la théorie, éventuellement même des tendances vers la délimitation de cette théorie comme une discipline scientifique.

4 Les travailleurs de musées soutiennent eux-mêmes souvent que l'enthousiasme pour la théorie de musée ou pour la mu­séologie n'esl qu'une affaire contemporaine el que c'est aussi une tendance motivée seulement très subjectivement.

Certains aUleurs ont tenté de saisir le cadre de l'évolution de cet effort théorique. Il s'agit avant totH de certains histo­riens des musées (WITTLlN, BAZIN). Or, cette dernière décennie ont paru aussi des ouvra~es spé.cifïques de cette orientation (MALINOWSKI, STRANSKY).

Dans ces ouvrages nous Irouvons assez de preuves que ce qui a été créé par exemple par QUICCHEBERG, MAJOR,

EICKELlUS, L1NNE, KLEMM, GRAESSE, MURRAY, SCHLOSSER, COLEMA n'cst pas un fait isolé, mais une partie organique du développement de la pensée théorique muséologique, qui a non seulemenl ses représemants, mais aussi ses élapes de développement et ses points culminants.

Nous n'avons pas en attendant une oeuvre qui prouverait le caractère autochlOne de ce développement et démontre­rail en même temps les facteurs conditionnant ceUe création théorique. Cependant, l'ouvrage de MALINOWSKI (1970) est une preuve très éloquente du fait que notre supposition dans ce domaine esl juste.

La théorie de musée ou la muséologie a sa propre histoire qui diffère de celle des musées.

Nous avons eu IOrt car jusqu'ici nous n'avons pas prêté assez d'allemion à cette histoire et notamment nous n'avons pas su apprécier l'apport théorique de IOuS ceux qui se som engagés avant nous dans la voie des efforts muséo-Ihéo­riques. Ce sont par exemple les travaux d'ENNENBACH qui montrent ce que ccla peut signifier pour le dévcloppe­ment de la muséologie contemporaine.

5 Si la théorie de musée a existé dans le passé et si elle s'est dé­veloppée, cela signifie qu'elle répondait à un certain besoin social.

Il en doit être de même aujourd'hui. La théorie de musée ou la science muséologique ne peut

exister el se développer que si elle répond à un besoin con­cret et aux exigences de la société contemporaine.

Compte tenu du fait que le phénomène de musée accom­pagne, bien que sous des formes el des conceptions diverses, en substance l'ensemble du processus de formai ion de la culture humaine, il esl naturcl que même aujourd'hui il ail dans la société humaine non sculement sa place, mais aussi sa mission spécifique.

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Si la muséologie s'est développée en relation avec l'évolu­lion générale de l'humanité et si la théorie de musée s'esl dé­veloppée d'une façon analogue, il est tout à fait naturel que tant les musées que la théorie de musée ne puissent exister et ne puissent Conserver leur droit à l'existence et à leur déve­loppement que seulement s'ils suivent l'évolution générale de l'humanité.

Alors qu'au XIXe ou dans la première moitié du XXe siècle la société se contentait d'une approche intuitive et em­pirique dans bien des sphères d'activité, la seconde moitié de notre siècle apporte des changements révolutionnaires, décisifs. Les facteurs de la révolution scientifique et tech­nique pénètrent dans la totalité de la réalité naturelle et so­ciale et ils interviennent de plus en plus profondément dans sa structure.

Hors de cette constellation de l'évolution, les musées ne peuvent pas exister. La prise de conscience récente de la si­tuation critique des musées a été justemenl une expression de la compréhension des contradictions entre les exigences de l'évolution de la société et l'état aueint par les musées.

Or, nous ne pouvons pas résoudre aujourd 'hui les pro­blèmes d'existence des musées seulement au niveau de la pratique. Nous avons besoin d'un instrument spécifique qui nous permettrait de prendre connaissance de l'aspect objec­tif de la réalité, de se rendre compte de ses lois et de trouver les modes optimaux pour la solution des lâches quotidien­nes, ainsi que pour ouvrir la voie à suivre.

Cependant, celle tâche ne peut être assumée que par la théorie de musée ou la muséologie.

Comme pour l'ensemble de la sphère des musées, le pos­tulat du changement révolutionnaire s'applique à la théorie de musée. Si la théorie de musée doit accomplir sa mission, il faut qu'elle atteigne un niveau répondant aux crilères ac­tuels de la théorie, éventuellement de la science.

Nous pouvons l'atteindre seulement en nous concenirant consciemment sur la solution des problèmes déterminants de celle activité. Il s'agit avant tout de l'objet de celle théo­rie ou science. La conception intuitive du musée, qui prédo­mine encore comme objet de ceue théorie, relie sans cesse ceHe activité aux problèmes d'organisation et d'ordre tech­nique el amène plusieurs aUleurs jusqu'à l'identificalion de la théorie avec la pratique de musée. La question de l'objet est la question clef. Elle n'était pas résolue jusqu'ici en prÎn­cipe. Nous constatons ici une forte influence des idées d'une sorte de synthèse de différentes méthodes scientifiques dans le cadre de celle théorie de musée, commençant par les mé­thodes des disciplines scientifiques concrètes. Et encore, maints auteurs n'élucident pas la fonction des différents plans des méthodes appliquées et ne précisent pas non plus les méthodes muséologiques spécifiques.

Non moins important est le problème du langagc théo­rique de musée. Ce problème s'est révélé pleinement par exemple lors de J'essai soviétique, allemand ou international d'élaboration Cl d'édition de dictionnaires musêologiques (voir Diclionarium museologicum). C'est en effet l'indéter­mination théorique qui eSI la cause des grandes différences de signification. La thêorie de musée n'a pas su, jusqu'ici, délimiter les piliers fondamentaux de sa construction ni ex­

pliquer les bases de son langage. Il n'est pas possibk, bien entendu, de remédier à ce défaLH par des essais purCIllcm terminologiques ou lexicographiques.

Enfin, nous avons ici la question du système théorique. Nous ne rencontrons que des Icntatives lrès timides. Plu­sieurs auteurs confondent aussi le système théorique avec la structure fonctionnelle du musée. Cependant, le système théorique n'est pas une simple classification des connaissan­ces acquises. Son rôle est beaucoup plus importalll: non seulement il modèle la réalité connue, mais il devient aussÎ un instrument pour sa connaissance plus profonde. Mais notre théorie de musée n'est pas encore arrivée si loin.

Tant que ces problèmes fondamentaux ne scrolll pas re­solus, nous ne pourrons pas prouver que la théorie de musée est seulement une théorie ou une science, ou bien que finale­ment nous n'avons besoin ni de l'une ni de l'autre. Parfois nous rencontrons une telle opinion.

6 En résumant ce que nous avons appris par l'examen des dif­férellles sous-questions, nous pouvons exprimer à peu près le point de vue suivant:

Le terme de muséologie ou de théorie de musée concerne la sphère de l'activité de connaissance spécifique, orientée vers le phénomène de musée. Il s'agit ici du rapport théorie et pratique.

Le niveau général de celte théorie de musée n'est pas sa­tisfaisant du point de vue métalhéorique, car il ne répond pas pleinement aux critères actuels de la théorie scientifique.

Néanmoins, c'est un phénomène historique. Il sc déve­loppait déjà dans le passé, el aussi il ['époque contempo­raine nous pouvons constater certaines tendances non seule­ment vers l'amélioration de la qualité de cette théorie, mais aussi vers sa transformation en discipline scicnlifique spéci­fique.

En appréciam l'évolution et l'état de la pensée muséo­théorique du point de vue des lois se manifestant générale­ment dans l'histoire des sciences (BERNAL, DOBROV), nous pouvons prouver objectivement que la pensée muséo­théorique se trouve au stade de formation et de spécifica­tion. C'est pourquoi elle est encore fortement chargée d'em­pirisme el liée à la pratique directe.

En même temps nous pouvons constater dans celle pen­sée théorique certains traits d'évolution et de structure, qui témoignent de l'existence de conditions objectives pour que ceue théorie devienne une discipline scientifique spécifique, mais à condition qu'elle résolve ses propres problèmes mé­tathéoriqucs.

On peut donc répondre à la question posée de sorte que A est au stade de sa spécification aussi bien que B. Mais A n'est dans aucun cas identifiable à C. A est en rapport spéci­fique avec C, mais du fait qu'il se rapproche du niveau de B il s'éloigne nécessairement de C. Mais, plus A se rappro­chera ou s'identifiera à B, plus il sc rapprochera de C, bien entendu à un niveau autre qu'originaire, au niveau de l'in­terprétalion théorique.

Parce que, comme l'a rappelé nOire éminent généticien KRiZENECKY, «c'est la bonnc théorie qui est la plus pra­tique»).

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Jarnes L Swauger Maître de recherches en anthropologie au Carnegie Museum of Natural History (Musée Carnegie d'histoire naturelle), Pittsburgh, USA

Suivant le précepte qui veut que l'on définisse ses termes avant la discussion, je donnerai la définition de la science sur laquelle repose ce qui suit:

connaissance systématisée déduite de l'observation, de l'élude et de l'expérimentation pratiquées dans le but de déterminer la nature ou les principes de l'objet de l'étudrf').

Pour ce qui est de la muséologie, la description d'Ellis Burcaw est claire et exhaustive:

La muséologie est la branche du savoir qui traite des buts et de l'organisation des muséefo2).

Ajoutons pour cette présentation la définition que donne Hurcaw de la muséographie: .

le corps des techniques se rapportant à la muséologirfJ).

Dans le contexte du thème de cet essai, nous pouvons dire que pour savoir si la muséologie est ou non une science, il nous faut examiner si elle constitue effectivement un corps de savoir systématisé duquel se déduisent la nature et les principes du travail du musée et à partir duquel a été élabo­rée une théorie universellement applicable au travail du mu­sée.

Le titre de l'essai situe le champ de réflexion sur la mu­séologie en laissant entendre qui'i s'agit peut-être non d'un corps systématique de savoir, mais d'un ensemble de tech­niques dégagées empiriquement utilisées dans les musées, donc essentiellement la «muséographie» de Burcaw.

En réalité, nous ne pouvons pas dissocier muséologie et muséographie. POUf que puisse se constituer une science de la muséologie, il faut que les théories soient mises à l'é­preuve, et les théories montrant la voie du plus haut degré d'accomplissement des finalités du musée doivent être mises à l'épreuve dans les seuls laboratoires valables: les musées. Pour éprouver ces théories, nous devons faire appel aux techniques de la muséographie et les efforts en cours pour édifier une science de la muséologie sont tournés pour une large part non vers la muséologie en tant que telle mais vers l'efficacité de diverses techniques muséographiques. Pour toutes les fins pratiques, muséographie et muséologie sont les deux faces d'une même médaille, non des entités distinc­tp.s.

Si les objectifs du musée sont de collecter, de conserver, d'étudier et d'expliquer leur fonds, les objets, les éléments matériels confiés à leurs soins, ou les principes de l'existence humaine ou naturelle par le moyen de ces objets, il est mani­feste qu'un seul de ces quatre objectifs appartient exclusive­ment au musée: collecter.

La conservation des objets, par exemple, n'est pas du res­sort exclusif des musées et de leur personnel. En Pennsylva­nie, dans le comté d'Allegheny, !'Etat est responsable de 1254 ponts. Sur ce nombre, beaucoup ont dû être fermés, remplacés ou déplacés en raison de leur âge et des détériora­tions qui lui sont dues, mais beaucoup d'autres sont «con­servés», au sens muséal du terme, grâce à une scrupuleuse restauration. Les ingénieurs chargés de cette conservation ne sont certes pas gens de musée, mais il conservent des ob­jets.

De même, l'étude des objets de musée n'est pas le mono­pole des conservateurs. Ceux qui se livrent à ces études, ar­tistes, historiens de l'art, géologues, biologistes, anthropo­logues, sont extérieurs au musée aussi souvent, sinon plus souvent que l'inverse. Ce sont des gens qui pratiquent leur métier dans les musées pour la simple raison que les objets qui les intéressent se trouvent dans les collections des mu­sées. Leurs bàses philosophiques et leurs buts sont propres à leur discipline et ne se confondent qu'accidentellement avec les buts proprement muséaux des gens de musée.

On peut affirmer que lorsqu'un conservateur travaille sur les objets de son musée comme historien de l'an ou comme géologue selon les règles de cette discipline, il n'agit pas en tant que conservateur mais en tant que spécialiste d'un aUlre domaine, et que c'est seulement lorsque l'étude et les résul­tats sont sciemment orientés vers une application dans le contexte d'un musée qu'il travaille vraiment comme conser­vateur.

Cette façon de voir est tout aussi juste s'agissant de l'objectif du musée qui consiste à expliquer ses objets ou les principes découlant des exemples fournis en utilisant ces objets. Quand nous évoquons l'explication par le musée ­l'éducation par le musée, comme on dit souvent - nous pensons automatiquement aux musées publics(4). Assuré­ment la plupart des profanes voient dans le musée des salles d'exposition où ils viennent pour se récréer et s'instruire. Le degré d'éducation structurée qu'il est possible d'acquérir par le moyen des musées publics est discutable, mais la plu­part des profanes sont persuadés qu'ils apprendront tou­

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jours quelque chose de nouveau de la visite d'un musée, en regardant les objets et en lisant ou écoutant des explications auxquelles ils ne peuvelll accéder dans aucun aulre cadre(5).

Mais seuls le cadre et les objels sont l'exclusivité du mu­sée. L'expérience et la pratique actuelles aux Etats-Unis montrent que les tenants de l'éducation par l'utilisation des objels de musée ne se recrutent pas parmi le personnel des musées, mais parmi ceux qui ont une formation d'éduca­teurs en général et ont reçu une formation dans le cadre du musée en vue de J'utilisation des objets de musée dans le processus éducatif.

Les expositions sont des présentations de spécimens desti­nées à instruire sans la présence physique et la conduite d'un enseignant. Aux Etats-Unis, un mouvement général se des­sine, tendant à faîre appel à des entreprises professionnelles d'exposilions pour des expositions qui sont plus que mi­neures. Ceci n'est pas aussi vrai des musées d'art que des autres genres de musées car les musées d'art peuvent réaliser l'une de leurs fonctions éducatives simplement en présen­tant les objets de telle sorte que le public avisé puisse obser­ver au mieux leurs qualités uniques, mais la tendance n'en existe pas moins.

Les autres moyens d'explication, articles, livres, émis­sions de télévision et de radio, conférences, ne sont pas le monopole des gens de musée. De plus en plus, il n'est fait appel au personnel des musées que comme à une ressource dont des écrivains de métier, des cinéastes el d'autres utili­sent le savoir pour élaborer des présentations jugées stimu­lantes et efficaces du point de vue éducatif, dans le cadre du musée ou en dehors.

Il existe bien entendu des collectionneurs et des collec­tions privés, mais pour notre propos nous ne considérerons que les collectionneurs et les collections en régie publique: les musées. Là encore, muséologie et muséographie s'inter­pénètren!.

A première vue, on pourrait dire que la pratique de la col­lection ne requiert pas l'application de techniques muséo­graphiques. En fait, c'est pourtant les cas. Ce que collec­tionne un musée est condilionné non seulement par l'objet de ses collections, mais par ses collections du moment, par l'espace disponible pour le stockage ou l'exposition, par les facilités de réparation, de restauration et de conservation, et aussi par des ressources financières suffisantes pour J'achat ou le traitement approprié des collections, et tous ces fac­teurs, y compris le financemcm, som des plus muséogra­phiques.

Un musée peut avoir sa philosophie de la collection. Il peut s'assigner pour objectif de rassembler la collection la

plus représentative, la plus belle, la plus complète, la plus utile du point de vue éducatif, de tOUI ce qui se situe dans sa ou ses sphères d'intérêt: production de sel du Salzberg à Hallein en Autriche, effigies d'or précolombiennes à San José, Costa-Rica, brasserie à Bruxelles, Belgique, ou musée Salvador Dali à Cleveland, Ohio, Etats-Unis. Je ne crois pas qu'à l'heure actuelle il soit possible d'élaborer une phi­losophie de la collection pour le monde du musée dans son ensemble.

La muséologie peut être vue comme un ensemble de prin­cipes universels relatifs aux meilleurs moyens pour chaque musée de rassembler, de conserver, d'étudier et d'expliquer, mais ce n'est pas là une science. C'est une doctrine et une bonne doctrine, mais ce n'esl pas une science.

Comme je J'ai indiqué plus haut, la plupart des travaux que j'ai éludiés, qui sont censés êlre scientifiques et deslinés à fournir un savoir systématisé sur lequel conslruire une structure de principes universellement applicables ne trai­tent pas des buts ou de l'organisation des musées, mais de J'amélioration des techniques du musée. Si Ja muséologie et la muséographie sont des phases distinctes de l'activité du musée, il n'y a pas grand-chose de fait pour élaborer une science de la muséologie en tant que telle.

Les vérifications de beaucoup de travaux effeclués au nom de la constitution d'une science du travail du musée ne sont guère propres à fournir des résultats scientifiques. Les observations, l'éLUde et les expériences scienlifiques requiè­rent des mesures de vérification comparatives rigoureuses qui sont absentes de presque toutes les élUdes qualifiées d'études scientifiques sur les buts el l'organisation du mu­sée.

Je pense qu'il est plus fructueux de considérer la muséolo­gie comme un corps de techniques du musée visant à pro­mouvoir les buis et l'organisation du musée, qui ont été mises au point et jugées pratiques el fécondes par les gens de musée dans l'accomplissement de leurs lâches quotidiennes.

Un jour peut-être la muséologie sera une science, encore que j'en doute, mais ce jour n'est pas encore venu.

Notes (1) liuralnik. Da\'id 13 .• cd. (1970J. Web...·/(·r·... Nell' World Diclioflury of Ihe AII/C'f­il"Un lunKlIuKe. p 1275. World Publil>hing Company. New York and Cleveland (2) 8ur~·aw. G. EIli1. (1971). Museum TruinÎtIK Courses În Ihe Unifed SlUte.\ und (u· nudu. p 8, Arncrkan Alosocialioll of Mu'>eullh. WashinglOll. D. C. (3) Ibid. P Il (4) Wicgman, P::Jul G. and Wicgman. Pamela M. (1972). é'I'uluutio/l in Museums. unpublished ms. Curnegic Museum of Nmural HislOry. Pill~burgh

(5) Ibid

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Soichiro Tsuruta Professeur de muséologie, Département d'enseignement de la Faculté des Lettres de l'Université Hosei, Tokyo, Japon

1 Définition de la muséologie Qu'était la muséologie, qu'est-elle et que devrait-elle être?

Les mots qui actuellement signifient muséologie sont ap­parus avant la seconde guerre mondiale. Parmi eux, on trouve: museology, museography, museum studies, Mu­seumskunde, Museologie, muséologie, muséographie, mu­seografia. Muzeyevedeniye, etc. Près d'un demi-siècle s'est écoulé depuis la publication de «Muséographie», ouvrage en deux volumes compilé par l'Office International des Mu­sées à Paris.

Malgré cela, aucune définition précise ce ce que l'on ap· pelle «muséologie» n'a été trouvée. En fait, on utilise ces termes pour résumer tous les aspects des musées: défini­tions, fonctions, collections, architectures, types, person­nel, administration, services des musées, réseaux de musées, etc. Ces définitions devraient plutôt être considérées comme une sorte de science descriptive et exprimées par le mot: «muséo +graphie = muséographie», bien que les savants ac­tuels ne la considèrent pas comme une science moderne mais seulement comme des travaux pratiques.

En 1958, des définitions de base de la muséologie et de la muséographie ont été énoncées au Séminaire régional inter­national des musées de l'UNESCO, tenu à Rio de Janeiro, Brésil, qui disaient: «La muséologie est la science ayant pour but d'étudier la mission et ('organisation des musées. La muséographie est l'ensemble des techniques en relation avec la muséologie.)) Ces définitions ont été réaffirmées au 5ème Séminaire régional des musées de Mexico en 1962.

En 1972, des définitions plus détaillées ont été données dans le document de l'ICOM intitulé: «Formation profes­sionnelle du personnel de musée dans le monde»: - la muséologie est (da science du musée». Elle en étudie l'histoire, le rôle dans la société, les systèmes spécifiques de recherche, de conservation, d'éducation et d'organisation, les rapports avec l'environnement physique, la typologie. - la muséographie est un ensemble de technique et de pra· tiques, déduites de la muséologie ou consacrées par l'expé­rience, concernant le fonctionnement du musée.

Ces essais de définitions ont été faits au début de la révi­sion des Statuts de l'ICOM en 1974, juste avant la lOème Conférence Générale de Copenhague, par quelques mem­bres du Conseil Exécutif et du Comité Consultatif qui s'ef­forçaient d'inclure des définitions de la muséologie dans les Statuts de l'ICOM.

Bien que leurs idées n'aient pas été approuvées, le Comité international de l'ICOM pour la muséologie a été créé et ap­prouvé par la 12ème Assemblée Générale de l'ICOM, à Moskva, en 1977.

Voici donc un bref passage en revue du développement des concepts de la muséologie au cours des cinquante der­nières années, vu par un muséologue d'Extrême-Orient.

D'après moi, on pourrait établir le tableau suivant sur l'hypothèse de l'apparition et du développement de la mu­séologie:

Processus Phases Caractéristiques Epoques

Mouseion et l'ère des musées

seuls les musées apparaissent et existent

de Mouseion à Alexandrie au Moyen-Age

Il Ere «muséolore» (muséo + lore)

ensemble des in­formations sur les musées

de la Renaissance à la révolution industrielle

III Ere de la muséo­graphie

développement de 19ème au début la description des du 20ème siècle musées

tV Ere de la muséo­logie et de la muséographie

début de la re­ de nos jours. cherche scienti­tique, mais quali­tative, sur les musées

V Ere des sciences et des techniques des musées

nécessité d'une recherche quanti­talive et systéma­tique sur les musées

fin du 20ème siècle

Les phases et époques ci-dessus sont encore hypothé­tiques, mais il est évident que la muséologie a passé par ces processus de développement de sa nature. Il est intéressant de noter que les musées ont bel et bien existé d'abord et en­suite seulement des descriptions et théories ont été émises èontinuellement jusqu'à aujourd'hui. A l'avenir on aura besoin de davantage de recherche scientifique et systéma­tique. Ainsi le thème «La muséologie - science ou travaux pratiques de musées)) ne veut pas dire une discussion sur la muséologie seulement, il dépend des conditions et des cir­constances dans les musées où se trouve le muséologue.

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Dans (<Principes de muséologie» (en japonais), 1956, j'ai défini ainsi la muséologie:

«La muséologie est une sorte de science appliquée haute~

ment développée qui étudie les objectifs des musées et leurs méthodes de réalisation. Leurs résultats devraient viser à dé­velopper les musées et contribuer au bonheur de J'humanité et à la paix mondiale».

.le crois que mon énoncé résume clairement les compo­sants de base de la muséologie, c'est-à-dire que la muséolo­gie est une combinasion systématique de téléologie et de mé­thodologie sur les musées. Fonctions, organisation, types, histoire, administration, etc. ne sont que quelques uns des éléments de chacune de ces deux classifications; si l'on es­sayait de réaliser une étude complète, les éléments de ces deu?, classifications seraient nombreux. C'est pour cela que j'ai défini la muséologie de la manière la plus simple mais en même temps j'ai ajouté qu'elle devrait contribuer au déve­loppement des musées et aussi au bonheur de l'humanité et à la paix du monde. Ces <<idées ajoutées» peuvent ne pas être agréés par les savants puristes, mais après avoir étudié des publications sur le musées jusqu'en 1979, je maintiens ma définition.

2 Spécialité de base de la muséologie en tant que science indépendante

Si la muséologie est une science indépendante par rapport aux sciences actuelles, y compris les diverses sciences appli­quées, elle doit avoir un domaine de spécialisation et des méthodes scientifiques spécifiques.

Les spécialités de base des sciences actuelles peuvent être classées dans les deux domaines suivants:

2.1 l'étude des objets et leurs fonctions est le premier do­maine scientifique spécifique. Pour utiliser une expression s'appliquant aux musées «la science de l'étude des objets de musée eux-mêmes)). Les sciences physiques ou concrètes ap­partiennent à cette catégorie. On pourrait aussi dire: «la science de l'étude des objets eux-mêmes));

2.2 le second domaine scientifique spécifique est la science de l'étude des êtres humains, et les sciences métaphysiques entrent dans ce domaine défini simplement comme «une science pour l'étude des êtres humains»;

2.3 Ces deux domaines des sciences actuelles reposent en­tièrement respectivement sur les objets, et sur les humains. Mais il pourrait y avoir un autre domaine scientifique qui repose à la fois sur les objets et sur les humains. Ce serait un troisième domaine scientifique spécifique et il pourrait con­stituer la spécialité de base de la muséologie en tant que science indépendante.

Diagramme montrant les r:lpporl~ enln.: les trois domaines d'élude

Je crois que ce troisième domaine devrait être le pilier ori­ginel de la muséologie; la combinaison des valeurs des objets et des être humains est l'unique méthode en muséolo­gie. Naturellement, avant d'entrer dans ce troisième do­maine, les objets et les humains devraient être étudiés com­plètement. En d'autres termes, la muséologie ne doit pas éli­miner les deux domaines existants, mais les utiliser comme une importante base d'étude. Ce troisième domaine d'étude est la spécialité très définie de la muséologie mais également un domaine hautement développé des sciences appliquées.

3 Eléments de base des études de muséo­logie, spécialisation et systématisation de la muséologie

3.1 Les éléments de base des études de muséologie peuvent être classés sous 4 aspects:

3.1.1 Un musée peut être reconnu comme une unité mini­mum de la même façon qu'un être humain. C'est là un pre­mier aspect: étude des musées en tant qu'unités. Cet aspect peut être ensuite décomposé en trois points: 3.1.1.1 Etude de la classification scientifique des musées; 3.1.1.2 Etude des formes et structures (internes et externes); 3.1.1.3 Etude des fonctions des musées.

3.1.2 Un musée peut être reconnu comme un individu dans une unité, un membre d'un groupe, un membre d'une asso­ciation, etc. Pour tous ces types il yale second aspect: étude des musées en tant que population d'unités.

3.1.3 Un musée ne peut exister indépendamment de ses conditions. Au contraire, cet aspect est l'un des plus impor­tants pour un musée. Ce qui veut dire que les relations entre les musées et leur environnement naturel et social doivent être étudiées comme une discipline de base. Sous cet aspect, peut être rangée l'étude de la base historique des musées.

3.1.4 Les trois aspects décrits ci-dessus sont les principales spécialisations des études de muséologie, mais sont similai­res à une analyse des musées. Les résultats de ces études doi­vent être combinés synthétiquement et systématiquement et servir de base pour gérer et administrer les musées efficace­ment afin de satisfaire les besoins de la société. Une autre conséquence de J'étude des musées dans leur ensemble est l'étude de l'administration et de la gestion des musées y compris l'association des musées, le réseau des musées, une souhaitable répartition des musées, etc.

Si je compare cela à une pièce d'étoffe, 3.1.1, 3.1.2 et 3.1.3 sont les fils longitudinaux (c'est-à-dire la chaine) et 3.1.4 les fils transversaux, c'est-à-dire la trame, la pièce d'étoffe étant le concept muséologique dans son ensemble.

Dans ce cas, la systématisation et la synthèse de chaque domaine spécialisé de la muséologie serait le quatrième et dernier aspect de la muséologie.

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3.2 Systèmes de muséologie proposés Selon les quatre aspects de base de la muséologie décrits ci­dessus paragraphe 3.1, je propose les systèmes suivants de muséologie à propos desquels j'ai déjà écrit en japonais un article en 1976, et utilisés comme base des cours de muséo­logie à l'Hosei University de Tokyo.

3.2.1 Auto-muséologie (muséologie individuelle) Etude des musées en tam qu'unités. Ceci entrant dans le pont 3.1.1 et selon les points 3.1.1.1,3.1.1.2 et 3.1.1.3, l'auto muséologie peut se classer dans trois domaines:

3.2.1.1 Taxonomie muséale Bien qu'il y ait de nombreux exemples de classifications de musées par genre, il n'y a pas d'approche systématique et taxonomique. Cependant, une classification systématique des musées, quelque chose comme une taxonomie bota­nique, est nécessaire. En 1973 j'ai écrit un article sur ce thème. J'établissais un prototype de musée comme une espèce en biologie et j'ai pris cinq critères de base, pour nommer chaque espèce de musée, par une <<nomenclature penta-nominale». Actuellement, j'essaie de remplacer celte méthode par des chiffres pour établir une méthode de classi­fication décimale.

3.2.1.2 Muséologie morphologique Du point de vue des formes et des aspects, les composants des musées sont habituellement considérés comme étant les matériaux tangibles Cl l'environnement physique. c'est-à· dire tcrre (superficie, limites, campus, elc.), bâtiments (ar­chitecture, installations, mobiliers, équipements, etc.), ma­{(~riel de musée (collections, objets. matériaux, etc.), êtres humains (personnel de musée, visiteurs, public potentiel, etc.).

Ces éléments ont été étudiés et discutés en détail, mais jusqu'à préselll, il n'y a pas eu de recherche de base systé­matique par des critères communs basés sur les formes et aspects. Des concepts comme la morphologie, l'histologie. l'ostéologie, l'organologie devraient faire panie de la mu­séologie.

3.2.1.3 Muséologie fonclionnelle On considère habituellement que les fonctions des musées sont la collecte, J'acquisition, J'enregistrement, la conserva­tion, la restauration, J'étude, la recherche, la présentation, J'éducation, l'interprétation, la communication, etc. Mais il est difficile de déterminer quelles sont les fonctions de base, quelles sont les relations fondamentales entre ces fonctions et quelles sont les fonclions idéales des musées dans leur en­semble. Ces concepts pourraient être classés dans une mu­séologie fonctionnelle.

3.2.2 Muséologie spécialisée Il sagit d'un stade intérimaire pour transformer la mu!'.éolo­gie en sciences quantitative ct physique. Prc!'.quc toule!'. Ic~

études de musée et les effons pour le développement de~

.musées ont cu rapport à cc domaine; disons muséologie de l'an, muséologie de l'histoire, muséologie de la science, aquaologie, si l'on peut les appeler ainsi. Elles sont très uti­les pour la gestion pratique des musées et aussi pour encou­rager le développement des musées spécialisés mais en même temps, elles pourraient être placées au même niveau scientifique de la muséologie ainsi appelée excepté en ce qui concerne le très étroil domaine de leurs objet~.

3.2.3 Syn-muséologie (muséologie de la population) Ceci entre dans le point 3.1.2. Etudes des musées en tant que «population» existant aClUeliement sous forme d'A~so­ciations nationales de musées. Association Jnternationalc des Musées de Plein-Air, et même l'ICOM pourrait être partiellement inclus dans cette catégorie. La syn-muséologie de la populalion vise à systématiser en science les relalions entre les musées et groupes de musées. Par exemple, les rela­tions de base entre musées seront appelées «action, réac­tion, co-action», et les prototypes de structures comme la population muséale serait classés comme «structures disper­sées, structures ouvertes et structures fermées». Ce type d'élude est un aspect vital de la muséologie.

3.2.4 Socio-muséologie Ceci entre dans le point 3.1.3. Ce type d'élude s'est déve­loppé au cours des vingt dernières années, mais reste encore une sorte de stade d'approche de la science. Celle panie de la muséologie devra donc continuer à évoluer vers la socio­muséologie. En même temps, la base historique des musées relalive à leurs sociétés humaines ct naturelles devrait con­stituer la panic la plus importante de celle catégorie.

3.2.5 Gestion des musées Ceci entre dans le point 3.1.4. On n'a pas encore trouvé de mot exact qui résumerait la science de l'administration et de la gestion des musées (voir 3.1.4). Aussi, temporairement, je parlerai de gestion des musées.

4 Conclusion Mon exposé est basé sur les informations dont je dispose. Je crois que la muséologie est une science et que des effons doivelll être accomplis duralll les dix années actuelles grâce à la coordination et à la coopération illlernationaies entre musées et muséologues scientifiques pour développer l'étude de la muséologie.

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Bachir Zouhdi Conservateur du Musée d'antiquités gréco-romaines et d'art byzantin d'AI Matha! al-Watani (Musée National) Damas. Chargé de cours d'Etudes esthétiques à l'Université de Damas, Syrie.

Je me permets de remercier «Le Conseil de rédaction du Co­mité international de l'ICOM pour la muséologie» qui m'a donné j'occassion et le plaisir de préparer cette modeste étude sur: La muséologie, science ou seulement activité pra­tique de musée?

Deux questions se posent: - Qu'est-ce la science? - Est-ce que la muséologie est une science? Quelle est

son histoire, quelles sont ses missions?

La science Il est bien connu que la science est, en général, une connais­sance exacte et raisonnée de certaines choses déterminées. Ou bien, c'est un ensemble de connaissances coordonnées relatives à un objet déterminé, ou encore, c'est un ensemble de connaissances humaines. Elle est le savoir sûr. EUe est comre "ignorance et l'inconnu. Les découvertes scienti­fiques couronnent les effons des gens de science.

Est-ce que la muséologie est une science? C'est une question embarrassante qui n'a cessé de se poser sous des formes différentes.

Un auteur anonyme, probablement J. G. Rhesser, a écrit: «Si,i1 y a 30 ans ou même 20 ans, quelqu'un, dans ses pro­pos ou ses écrits, avait considéré la muséologie comme une science, il aurait suscité chez beaucoup un sourire de com­passion ou de mépris. Il est évident qu'il en va aujourd'hui tout autrement» (1883).

Cependant, la muséologie est enfin reconnue comme une science indépendante. Elle est la science des musées. Elle a son histoire, ses méthodes, ses activités, ses idées, ses re­cherches, son atelier, son laboratoire, ses découvertes, ses travaux, ses expériences, ses pionniers, ses spécialistes, ses cours publics et universitaires, ses préoccupations, ses pro­blèmes, ses publications, son organisation internationale et nationale, ses congrès.

Elle est donc une véritable science de musée ayant ses ac­tivités muséales. Elle est née des activités scientifiques des pionniers qui ont contribué au progrès de la recherche scien­tifique, à la diffusion de la culture, à l'enrichissement de nos idées, et au développement de nos connaissances. Les recherches muséales personnifient une certaine activité créa­trice.

En effet, la muséologie est née d'une certaine connais­sance scientifique, d'une certaine sensibilité esthétique et du désir de former des collections d'objets.

Notre époque offre à la muséologie une nouvelle possibi­lité, non seulement de prouver son droit à l'existence, mais aussi et surtout de jouer un rôle important et décisif dans l'attribution aux musées de tâches nouvelles, véritablement essentielles et dynamiques, dans la société actuelle et aussi dans l'avenir de notre humanité.

Le plus ancien «traité» relatif à ce domaine muséologique date de 1727. Il est dû à un marchand de Hambourg, Gas­par F. Neickel, qui a donné des conseils sur le choix de ta­bleaux les plus dignes d'être acquis et sur la meilleure ma­nière de les classer et les conserver.

Quant à la France, c'est à la fin du 18e siècle qu'on a commencé à y faire des recherches en vue d'une rationalisa­tion des méthodes de conservation et de présentation des oeuvres d'art et d'histoire dans les musées. Ceci s'est fait sous l'impulsion du Comte d'Angevillier. La révolution française a réalisé le célèbre projet de présentation publique des collections royales. Elle a même déterminé une intense activité muséologique qui s'accrut encore sous l'Empire d'où elle s'étendit à tous les pays d'Europe.

Dans la seconde moitié du 1ge siècle, c'est l'Allemagne qui prit l'initiative des études muséologiques d'unc façon rationnelle et méthodique en vue d'établir les principes de la muséologie. Il est à noter, à ce propos, que Wilhelm von Bode donna une impulsion particulière à ces recherches qui prirent plus tard un caractère assez accentué lors de la con­struction d'une aile nouvelle au Musée de Boston en 1903. Le progrès des recherches muséologiques doit également beaucoup aux pays anglo-saxons.

La coordination des recherches et des méthodes muséolo­giques sur le plan international s'opéra après la première guerre mondiale par l'institution de l'Office international des musées Qui était un organisme de l'Institut de coopéra­tion intellectuelle, issue de la Société des Nations. Son inté­ressante revue spécialisée était Mouseion. Il est à signaler que cet office fut créé sur la proposition de Henri Focillon.

L'Office international des musées fut remplacé en 1947 par le Conseil International des musées (ICOM), créé sous l'égide de l'Unesco par M. Hamlin, directeur du Musée des sciences de Buffalo, New York, USA.

Un cours de muséologie fut inauguré à l'école du Louvre

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par Gaston Brière. Aux USA, des cours de muséologie sont également donnés au Brooklyn Museum et au Fogg Mu­scum, il Cambridge, Mass.

L'enseignement de «1'hislOire de l'art» est aussi généralisé au Musée de Toledo et au Musée de Cleveland. Des cours de muséologie sont donnés, généralement dans des universités, mais malheureusement s3ns véritable continuité. L'ensei· gnement de celte intéressante discipline muséologique dans lc cadre de l'Ecole du Louvre a, depuis 1941, un caractère permanent.

La muséologie comprend: la conversation, la présenta­tion, la restauration et la diffusion culturelle.

Je considère le musée comme une tribune des civilisa­lions, un foyer culturel, un centre de recherches scienti­fiques. une sorte d'université populaire et libre, et aussi un rendez-vous touristique. Ceci montre les différentes mis­sions du musée: une mission humaine, une mission scienti­fique, une mission pédagogique. une mission sociale .. ,

Tout musée semble à notre époque un important centre local de recherches et d'enseignement qui faciliterait le tra­vail des érudits et aiderait les étudiants. D'après Luc Be­noist, certains musées semble être «des centres de recherches dont les galeries ne forment que des dépendances.» A Bruxelles, le Musée du Cinquantenaire abrite plusieurs insti­tuts. Le Musée de la céramique de Faenza, fondé en 1920, possède un intéressant laboratoire.

D'autres musées organisent des cours spéciaux sur «l'art de regarder les oeuvres d'art». Le service éducatif confirme aussi la mission pédagogique des musées. Les inléressantes collections des musées n'ont pas été formées pour rester en­tre des murs moroses, elles doivent donc être présentée et exposées avec une méthode scientifique et un goût artis­tique.

Dans mon rapport présenté au colloque du Comité inter­national de l'ICOM pour les musées d'archéologie et d'his­toire, tenu en Union Soviétique du 8 au 19 septembre 1970, j'ai montré les problèmes de la présentaI ion des collections, problèmes de l'architecture des musées, problèmes de clas­sement et de la répartition des collections des musées, les modèles de vitrines, problèmes de l'éclairage, problèmes des éléments explicatifs auxiliaires, problèmes de l'adaptation architectonique des monuments anciens aux musées, pro­blème de la présentation des collections dans les salles de ré­serve ...

Parmi les tâches des conservateurs des musées, la mission de traduirc en langage courant des langages qui semblcnt parfois hermétiques est essentielle. Leurs efforts scienti­fiques contribuent aussi à élargir les horizons de la connais­

sance de l'homme, à aider les peuples à bien connaitre leurs patrimoines culturels, à protéger et à mettre en valeur les dits patrimoines naturels et culturels, et enfin à favoriser la compréhension entre les peuples.

L'objet réel semble un témoin irréfutable qui contribue à attirer le public au musée.

Les conservateurs préparent parfois des expositions iriné­rantes qui aident le public de la campagne il connaître l'im­portance des biens culturels nationaux et meHent en appli­cation J'idée d'amener le musée au public par touS les moyens possibles. Il est évident que les conditions de la vie contemporaine imposent un certain renouvellemem des mu­sées en institutions scientifiques et didactiques. Le musée contemporain n'est plus un dépôt, ni un couvent, un mau­solée, un cimetière, un cabinet de curiosités ...

Le musée contemporain semble un «musée salol1» en Europe, un «musée club» en Amérique, un «musée école» en Union Soviétique, et un «musée tréSOr» en Egypte et d'aurres pays arabes. Il reste, toutefois, une source de con­naissances. Ses activités muséales sont multiples et représen­tent un aspect pratique el une conception théorique liée au développement de la science et du profil de la culture du pays.

La bonne formation professionnelle des conservateurs leur permet d'affronter avec brio et une cerraine vivacité des différents problèmes muséologiques qui se présentent sur le chemin de la recherche et du progrès muséologiques. Leurs responsabilités sont assez lourdes et leur demandent de prendre toutes les mesures nécessaires pour la protection des collections contre le vol, l'incendie et les destructions. Il leur faut penser à tous et s'instruire continuellemenl. Ils SOI1l les honorables gardiens de l'héritage humain.

Conclusion La muséologie est la science de musée. Elle doit sa naissance et sa maturité aux muséologues pionniers qui ont contribué sérieusement à son expansion dans les différent pays du monde. Chaque pays possède actuellement ses musées, plus ou moins riches en biens culturels. La vie contemporaine projette l'homme dans le futur, mais l'homme plonge loin son regard dans le passé de son humanité pour y chercher ses racines. Le musée semble un sanctuaire où l'âme de "homme survit. Keats a bien dil «une chose de beauté est une joie pour toujours)), L'homme contemporain demande que celle chose de beauté soit, comme dit Luc Benoist, une joie pour (ous.

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Et maintenant? Avis du rédacteur en chef

Un debat vivant, ininterrompu sur les problèmes fonda­mentaux du musée, un colloque international permanent où les gens de musée du monde entier échangeraient idees et ex­périences.

Un rêve? Folie pure? Loin de là! Les DoTraM ont fait de ce souhail leur objeclif. Leur but est d'être une plate-forme pour la présentation, la confrontation, la cristallisation ct l'affinemenl des idees!

Comment alleindre ce but? La méthode est très simple. Voulez-vous la suivre?

Les DoTraM viennent de paraître pour la première fois. Leurs premier numéro est entre vos mains. Quinze éminents muséologues et spécialistes du musée se sont mis sur les rangs el présentent ici leurs réflexions sur le thème «La mu­séologie - science ou seulement travail pratique du mu­see?. Une multilUde d'idées du monde entier. Nullement unanimes ou concordantes. La question dont les réponses sont présentées dans ce premier numéro des DoTraM est le thème de discussion n" 1des DoTraM. Chacun des numéros suivants présentera un nouveau thème, suivant le pro­gramme convenu à l'avance. Chaque fois, des spécialistes désignés par les comités nationaux et internarionaux de l'ICOM exposeronlleurs idées dans les pages des DoTraM.

Mais: le débat vivant, qu'en eSI-il? Il viendra, chers lec­teurs, il est entre vos mains et entre les mains de tous les membres de notre profession, comme il sera vivant, stimu­lant et fruclUeux! Dans la prochaine livraison des DoTraM, Je n' 2 pour êlre précis, dans laquelle un autre groupe de spécialistes choisis présenteront leurs idées sur le prochain thème, n" 2, nous publierons également les réactions aux contributions des spécialistes sur le premier thème: «Muséo­logie - science ou seulement [ravail pra[ique du musée?» que nous aurons reçus de vous, de vos collègues, des gens de musée de [out le vas[e monde.

Nous espérons que ce premier numéro des DoTraM éveil­lera l'intérêt, enflammera les esprits muséaux de partout dans le monde, de sorte que des centaines de contributions au débal, brèves et longues (mais pas plus de huit pages) parviendront au bureau du rédacteur en cher. ous promet­tons de publier tous les textes sérieux, et nous sommes dis­posés à continuer dans les numéros 3, 4 et suivants des DoTraM si besoin est. Nous espérons bien entendu que les quinze spécialistes choisis pour le premier numéro ne se re­poseront pas sur leurs lauriers mais descendront dans l'arè­ne pour défendre leurs idées!

Quand s'achèvera le débat? Cela dépendra du nombre de nos correspondants. Lorsque nous aurons l'impression au Conseil de rédaction que chacun a pu dire son mot, nous aimerions qu'il soÎl procédé à une récapi[ulation et à une évaluaI ion de chaque thème. Par le Conseil de rédaction, ou par un groupe de travail désigné à cette fin. Peut-être un pe­lit colloque. Ainsi, nous tirerons un trait après chaque lhème et donnerons les conclusions du débat. Pas à pas, thème par thème. Les problèmes sont nombreux, et il en surgit sans cesse de nouveaux. Les DoTraM ne risquent pas de se trouver à court de travail!

Telle est notre atlente - el nous avons de grandes espé­rances. Si le débat ne s'engageait pas, les DoTraM ne pour­raient remplir leur mission. Présenter une série d'articles­n'importe quelle revue peUl le faire. Débaure des problèmes communs sans obstacle et sans limitation, tel est notre ob­jectif. Aidez-nous à le réaliser! Ecrivez-nous pour exposer vos idées. Celle fois, au sujel de la muséologie. Est-ce une science ou non? Qu'est-ce? En avons-nous besoin? Ecrivez­nous à la rédaction des DoTraM. La date li mile pour le n" 2 des DoTraM esl le 31 mars 1981.

Lancez-vous dans la joute! Ecrivez maintenant!

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Faits et documents

La nuovelle revue est inaugurée, son thème a été approfon­di, les règles du débat et des échanges de vues à venir ont été données. Le moment n'est-il pas venu de poser ce premier volume de DoTraM et de laisser mûrir les idées?

Pas encore! Il arrive trop souvent que les choses tombem dan.s l'oubli. DoTraM ne veut pas subir le même sort.

Faits et documenls servira à DoTraM de documentation et d'archives. Sous le titre DoTraM n" 1 et NoIes sur les auteurs, on trouvera des précisions sur le présent numéro et les auteurs qui y figurent. La rubrique Chronique DoTraM reproduira des documents importants concernant DoTraM et son existence.

C'est ainsi que nous procéderons par la suite - sous ré­serve que le prototype d'aujourd'hui soit approuvé à Mexi­co et que DoTraM obtienne le feu vert.

Les débuts sont toujours difficiles, dit la sagesse popu­laire - ceux de DoTraM ne font pas exception.

La présentation de ce premier numéro s'accompagne de certaines difficultés, du fait précisément qu'il s'agit d'un prototype qui sera présenté pour être discuté et évalué au Comité consultatif de l'ICOM et au Conseil exécutif de l']COM lors de la Conférence générale 1980 de l'ICOM. C'est là seulement qu'une décision sera prise quant au sort ultérieur de DoTraM. Dans celle situation, il est difficile de dire que DoTraM est une revue régulière et quels en sont les responsables. Sous le titre DoTraM nU 1 - Acte de nais­sance. nous ne donnerons donc que [es renseignements con­cernant la publication à l'essai de DoTraM o() l, sans plus.

Nous adoptons cependant une présentation nouvelle et non conventionelle: sur J'intérieur de la couverture. nous n'indiquons que les précisions strictement nécessaires quant à la publication. Pas de noms, pas de remerciements dans l'éditorial. Tous les détails relatifs à chaque numéro ­c'est-à-dire une vue d'ensemble citant les institutions parti­cipantes, les collaborateurs, etc. - sont donc donnés seule­ment dans Faits et documents.

Donner des renseignements personnels sur les auteurs qui ont apporté leur contribution n'est pas seulement une infor­mation utile. Il ne faut pas que le débat DoTraM soit imper­sonnel. DoTraM veut aller plus loin: un échange d'idées vi­vant, sans formalisme d'un continent à l'autre, une collabo­ration internationale active entre gens de musée. Si tout le monde sait quels sont ceux qui écrivent et qui débattent, quelles sont leurs fonclions, leurs antécédents, une commu­nication plus personnelle en sera facilitée. D'où l'idée de publier sous la rubrique Notes sur les auteurs le curriculum vitae des auteurs, d'où également leur photo accompagnant chaque contribution.

Le travail de traduction des contributions dans les lan­gues de l'ICOM et la révision linguistique des textes envoyés a montré à quel point eSi difficile d'exprimer la pensée des auteurs d'une façon adéquate. 1\ est encore plus difficile d'attteindre l'uniformité dans l'emploi de divers concepts. La rédaction en a fait l'expérience pour le traitement des curricula vitae qu'ont envoyés très consciencieusement tous les auteurs. Il s'est avéré que les litres universitaires, les noms des institutions, des écoles, des organisations profes­sionnelles demandaient beaucoup plus de temps que nous n'en disposions pour leur traduction el leur rédaction cohé­rente.

Ceci étant, nous avons choisi le mode de travail suivant: Un modèle de curriculum vitae est publié dans DoTraM

pour être mis à l'épreuve au cours du débat sur l'avenir de la revue.

Tous les curricula vitae fournis par les auleurs sont con­servés au bureau du Conseil de rédaction. Ils seront traités et publiés - si DoTraM obtient de poursuivre sa publica­tion - soit comme un supplément au n° 1, soit dans DoTraM nO 2. D'ici là, ils sont disponibles au bureau du Conseil de rédaction pour lOus ceux qui souhaiteraient en prendre connaissance.

En allendantla mise au point des C. V., nous publions les adresses de tous les auteurs qui participent à DoTraM n° 1.

La Chronique DoTraM est ce qui nous a posé le moins de problèmes. Les documents sont des documents et nous les présentons dans l'ordre.

Voici donc Faits et documenls!

DoTraM no 1 - acte de naissance

DoTraM - Do<.:Ument~ de travail ~ur la muséologie Revue de débal sur les problèmes fondamentaux de la muséologie Parail une fois par an au moins, sous réserve que sa publicalion soit ap­prouvé par l'ICOM et ses orgallC~

DoTraM nO 1 csl un prototype de la revue DoTraM Publié a l'occasion de la Conférence générale 1980 de l'ICOM, pour ser­vir de base a une évaluation ct à une décision quant asa publication régu­lière

Publié par le Comité international de l'ICOM pour la muséologie (CIIM) et Statens historiska museulTl (SHM, le Musée des alHiquilcs nationales), Stockholm, Suède

Redacteur en chef VinaS: Solla, SHM, Stockholm

Conseil de rédacriotl du CIIM Andreas Grole - RFA, Rolf Kiau - RDA, Wolfgang Klausewilz - RFA, Avraam M. Razgon - URSS, Vinos Sofka (coordinateur du projet) ­Suède

Bureau du Conseil de rédactioll Statens historiska museum, ail Dr V. Sofka, Box 5405, S-11484 Stockholm, Suède

CollaborafC'urs, par ordre alphabétique: Desvallées A., Gregorova A., Hubendick B., Jelinek J., Ton Jensen V., Klausewitz W., Lemieux L., Lewis G., NeuslUpny J., PisCulin.l. P., PorIcr D. R., Razgon A. M., Reynolds B., Scala J. A., Schreiner K., Sofka V., Sininsky Z. Z., Swauger J. L., Tsuruta S., Zouhdi B.

La contribulion de V. Toft Jensen a pu être publiée grâce a l'autorisation de la Division du patrimoine cullurel de l'UNESCO, 17 août 1979, réf: CC/CH/SP/YRi/tb. Cet article avait été écril pour la revue de l'UNESCO, «Museunm.

Traduction des mntriburiolls Les cOiHributions remises par leurs auleurs en anglais el en français onl été revues du point de vue linguistique par Bealrice de Chauliac Cl Suzanne Pommellel, du Secrétariat de l'ICOM et du Centre de Documentation de l'UNESCO/1COM à Paris. Les auteurs n'ont pas indiqué les noms de leurs Iraducleurs.

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Pour le reste, les texIes ont été traduits: a) en anglais, par Suzanne Pommellet, Paris (Introduction par le rédacleur en chef; contribulÎons de A. Desvallées, J. P. Pistulin, B. Zouhdi; Et main­tenant? Avis du rédaCleur en chef) et Roger Tanner, Stockholm (Editorial; Petit sommaire en guise d'introduction par le rédacteur en chef; Fails et documents - introduction, DoTraM nO 1 - acte de naissance, NOles sur les auteurs). b) en français, par Béalrice de Chauliac, Paris (Points de vue muséologi­ques - Europe 1975 par V. Toft Jensen; contributions de J. Neustupny, B. Reynolds, K. Schreiner, S. Tsuruta) et Lydie Rousseau, Stockholm (Edi­torial; Introduction par le rédaCleur en chef; Petit sommaire en guise d'in­troduction par le rédacteur en chef; Contributions de D. R. Poner, J. A. Scala, J. L. Swauger; Et maintenant? Avis du rédacteur en chef; Faits et documents - introduction, DoTraM nO 1 - acte de naissance, Notes sur les auteurs, Chronique DoTraM - document nO 5).

Les définitions de Provocations muséologiques 1979 ont été en partie, et les divers documents de Chronique DoTraM entièrement traduits en Suède. La définition d'A.M. Razgon a été traduite de l'allemand par les soins du Secrétariat du CIIM à Brno Tchécoslovaquie; la version française a été re­vue à panir de la version anglaise en Suède.

La participation de B. de Chauliac et de S. Pommellet a été possible grâce à l'aimable autorisation du Secrétaire général de l'ICOM, L. Monreal et du chef du Centre de Documentation de l'UNESCO/ICOM, P. Olcina.

Notes sur les auteurs Les renseignements concernant les auteurs ont été recueillis au moyen de ce questionnaire;

La maquelfe et la couvertlire som dues à Bengt Serenander, Stockholm.

La composition des textes a été effectuée par Snitz&Stil Reprosàlteri, Stockholm, la correclion des épreuves par Irma Karlernas, Lydie Rousseau et Roger Tanner, tous de Stockholm.

Les photographies illustrant les textes om été envoyées par les auteurs.

L'impression et la reliure ont été réalisées par Departementens offsetcen­tral, Stockholm.

Leflnancement de l'édition prototype a été assuré en partie par les ressour· ces propres du Musée des antiquités nationales de Stockholm et en partie par des crédits spéciaux alloués à cette fin par le gouvernement suédois Cl la Fondation Sven et Dagmar Salen. Le Secrétariat de l'ICOM a contribué au financement en couvrant certains frais de traduction et de révision des tex­tes.

C'est à chaclln de ceux que 1I0US venons de citer - et certainement à bien d'aU/res personnes qlli ont colltribué à ce projet par leurs suggestions, leurs conseils et leur aide personnelle - que nous devons de pouvoir présenter aujourd'hlli DoTraM. Qu'ils reçoivent ici les plus vifs remerciements dll ré· docteur en chef!

CURRICULUM VITAE

1 1.1 1.2 1.3

Nom (M, Mme, Mlle) nom de famille prénoms nom de jeune fille

2 Nationalité

3 Date ct lieu de naissance

4 4.1 4.2 4.3 5 5.1

5.2

Domicile permanent adresse téléphone adresse postale (si elle diffère)

Nom et adresse de l'employeur musée/inst itut ion / uni versit é où vous êtes employé ou avec lequel/laquelle vous collaborez postc actuel (fonction et litre exact de votre poste, lieu d'activitc)

6 6.1

Etudes (formation) nom et location des élablissements d'enseignemclll, diplômes, titres, matières principales

7 7.1

7.2 7.3

7.4

Expérience professionnelle les emplois (nom et adressc, fonction et titre de votre postes, matières principales) ICOM-eomilés, fonctions associations professionnelles dont vous êtes membre autres qualifications spéciales

8 Publkations

9 Connaissance de langues

Name (Mr, Mrs, Miss) family name first names maidcn name

Nationality

Date and place of birth

Permanent address (home) address telephone mailing address (if different)

Name and poslal address of employer of museum/institution/university ill which employed or wilh which connccted present position (funclion and cxact litle of position, place of work)

Education names and locations of the educational establishments, academic degrees, main field of st udy

Professional experiencc employments (name and address, title of post, nature of duties or activities) ICOM-eommiltces, functions profcssional societics (membership)

other special qualifications

Publications

Knowledge of languages

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Les données ainsi obtenues sur tous les auteurs des contributions au thème du jour sont rassemblées au bureau du Conseil de rédaction.

Pour faciliter les contacts avec les auteurs, en attendant la publica­lion prévue des curricula vitae. nous donnons ci-dessous leurs adresses:

Mr Andre DESVALLEES Conservateur L'Inspection gcnerale, Direction des Musées de France Minislere de la Cuhure el de la Communication Palais du Louvre f-750 41 PARIS CEDEX DI, France

Mrs Anna GREGOROVA prom fil Cenlral Administration of Museums and Picture GalJeries Ustredmi sprava mûzei a galêrii Lodmi 2,89129 BRATISLAVA, Czechoslovakia ou Haburska 1,82900 BRATiSLAVA, Czechoslovakia lei 26745

Mr Bengt HUBENDICK fil dr, Director Museum of NalUral History Naturhisloriska muscet Box 11049, S-400 30 GÙTEBORG, Sweden ou Galeasgalan 31, S421 71 V. FR6LUNDA, Sweden lei 031-293870

Mr Jan JELÎNEK PhOr, Chairman ICOM International Commitlee for Museology Moravské muzeum 7, narn 25. unora, 65937 BRNO, Czechoslovakia lei 05-226 24

Mr Villy TOfT JENSEN Museumstjenestcn Sj"rupsvej 1 Lysgard, 0-S8OO VIBORG, Danmark tel 06-66 76 66

Mr Wolfgang KLAUSEWITZ Dr Forschungsinstitul Scnckenberg Senckenberganlagc 25 0-6000 FRANKFURT aMI, FRG tel 0611-754 22 55

Mr Louis LEMIEUX D Sc, Director Nalional Museum of Natural Sciences OTfAWA KIA OMS, Canada tel (613)996-9281

Mr Gl"Offrey LEWIS MA FSA FMA, Direçtor Department of Museum Studies University of Leicester 105, Princess Raad, LEICESTER LEI 7LG, Great Britain tcl 0533-553560

Mr Jîfi NEUSTUPNY OrSe, Prof National Museum Nârodni mllZCUlll Tf. Vit. unora 74,11579 PRAHA l, Czechoslovakia ou Plamfnkovc 11/1561. 140 00 PRAHA 4, Czechoslovakia Icl02-269451-5

Mf JUfij P. PISéuLlN CSc, Directeur adjoim Mu!';ee central de la Revolution de l'URSS Gosudarstvennyj muzcj revo!ucii SSSR rue Gorki, N021, MOSKVA 103050, USSR ou Novopelrovskaja ul., No lOa, app. 72, MOSKVA 125239, USSR tel 459 34 69

Mr Daniel R. PORTER M A, Prof Cooperstown Graduate Programs COOPERSTOWN, New York 13326, USA ou 22 Nelson Avenue, COOPERSTOWN, New York 13326. USA

Mr Awraam M. RAZGON oSe Musée historique d'Etat Gosudarstvennyj istoriceskij muzej Krasnaja Plo~d 1-2, MOSKVA USSR/URSS tel 095-292 65 71

Mr Barrie G. REYNOLDS 0 Phil, Prof Matcrial Culture Research Unil James Cook University of North Queensland TOWNSVILLE, Quensland 481 l, Australia tel Douglas 7937 Il, Pimlico792193

Mr Joseph A. SCALA Dr, Direclor Joe and Emily Lowe Art Gallery Graduale Museology Program ColJege of Visual and Performing Ans Syracuse University SYRACUSE, New York 13210, USA let (315) 423-4098

Mr Klaus SCHREINER Dr, Director Museum of Agrarian History Agrarhistorisehcs Museum Ait Schwerin 2061 AlT SCHWERIN, DDR/GDR lei Malehow 9918

Mr Zbynèk Z. STRANSKY PhDr, Director Oeparlment of Museology - Moravian Museum Muzeologické odd. Moravského muzea Smetanova 14,65937 BRNO, Czechoslovakia ou Zemb;lèlskâ 8, 603 00 BRNO, Czechoslovakia tel 05-502 56, 05-678 538

Mr James L. SWAUGER 0 Sc Carnegie Museum of Natural Hislory 4400 Forbes Ave., PITTSBURGH, PA 15213, USA ou 179 W Hutehinson Ave., PITTSBURGH, PA 15218. USA tel (412)361-0527, (412)731-3807

Mr Soichiro TSURUTA B S. Prof Oepartment of Education Faculty of Leuers, Hosei University 2-17-1 Fujimi, Chiyoda-ku, TOKYO 102, Japan ou 821-8 Shimo-Iwasaki, Kukizaki·mura Ina-;hiki-gun, Ibaraki-ken 300-12, Japan tel 02987-6-0773

Mr Bachir ZOUHDI Conservateur Musée des Antiquites greco-romaines ct d'arl byzantin Musee National- AI Mathaf al Walani Direction Générale des Antiquités et des Musées DAMAS, République Arabe Syrienne ou Jisr Abiad, DAMAS, R.A.S. lei 114854, 114855,779764

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Chronique DoTraM

Documem n° 1 Extraits du RAPPORT de la deuxième session du Co­mité international de l'ICOM pour la muséologie 24-30 septembre 1978, Pologne

Document nO 2 RAPPORT sur les activités du Conseil de rédaction du Comité international de l'!COM pour la muséologie (ICofoM) pendant la période du 28-10-1978 au 20-10­1979

Document n° 3 Extraits du RAPPORT de la troisième session du Co­mité international dc l'ICOM pour la muséologie (ICofoM) 22-26 octobre 1979 à Torgiano, Jtalie

Document n° 4 LelIre aux présidents et secrétaires de tous les Comités nationaux et internationaux de l'ICOM 20 janvier 1980

Document n° 5 Documents de travail sur la muséologie - un projet de publication du Comité international de l'JCOM pour la muséologie Actes de la réunion du Conseil exéutif de l'ICOM, mai 1980

Document n° 6 Extraits du Compte rendu de la 47ème session du Con­seil exécutif (80/Ex. 5) 20-21 mai 1980, Paris

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2 1 (2)

Oocument no 1

Extraits du

RAPPORT

de la deuxième session du Comité International de l' ICOM pour la Muséologie 24-30 septembre 1978, Pologne

le Comfté a accepté les conclusions et les recŒnnandations suivantes:

11 le thème principal "Possibilités et limites de la recherche sc i ent if; que typ iques pour 1es musées" éta it di seuté ~ 1a base des lectures de WKlausewitz /RFA/ et de A Razgon IURSS/. et des rapports de K Dabrowski fLa recherche aux musées d'archéologie en Pologne/, de J K Makulski Iles fonctions de création culturelle des musées d'ethnographie dans une société socialiste - sur l'exemple de la Pologne/ et de l Przymusinski /Ouelques remarques sur les recherches faites dans les musées régionaux/.

Vu le rôle des musées dans la soci~t~ d'ajourd'hui, le Comit~ proclame que la recherche scientifique dans le domaine des collections, fait une partie insép~rable du travail du musée, c'est-~-dire qu'elle est un des devoirs fondamentaux. La formation des collections /documenta­tion, dépOt et préservation compris/, la recherche et la diffusion des informations, ces trois devoirs principaux des musées sont de la meme valeur et importance. Négliner n'importe lequel d'entre eux apporterai t des conséquences négatives dans la fonction princi­pale du musée. Sans la recherche moderne et interdisciplinaire - sans le travail sur le terrain et au laboratoire, sans les études fondamentales et comparatives -le musée ne peut pas remplir ses autres fonctions et deviendr~ un simple dépOt de collections et d'informations thésaurisées sans emploi.

Ces trois devoirs principaux, déjà mentionnés sont communs pour tous les musées - grands et petits, d'Etat et municipaux, centraux et régionaux.

les limites données par les ressources financières et personnelles exigent une collaboration féconde entre les musées eux-mt;mes et aussi entre les musées et les organisations de la recherche - instituts de la recherche, académies, universités etc. Afin Qu'il n'y ait pas de différences entre la recherche dans les musées. universités ou instituts. il faut arranger la collaboration sur une base d'égalité. L'état des musées et des muséologistes devrait être 'lualifié de la même façon et au même niveau que celui des organisations de la rechp.rche et de leur pE'rsonnel. Les savants qui travaillent dans les musées ont besoin des possibilités d'utiliser toutes les sources d'informations et de la

V> technologie moderne de la même façon QtJe les autres savants. le Comité.... considère la· collaboration entre les musées grands et petits CQlllne très importante pour le développement continu du travail dans les musées.

2/ le Comité est d'avis que la recherche sur les musées _ son but et son rôle. sa fonction, son organisation et ses méthodes etc. _ doit être exécutée par les musées. Cette recherche muséologique _ fondamentale et appliquée - doit @tre interdisciplinaire. En réalis­ant la collaboration entre les musées, elle doit utiliser les résul­tats de la recherche de tous les domaines scientifiques qui peuvent contr ibuE'r au déve loppement con li nu du musée. Oes ins ti tuts mus~olo­giques ou des cabinets pour la muséologie devraient être créés dans tous les pays. Un centre intern~tional pour les études muséologiQues aiderait ~ simplifier les échanges d'idées et de résultats de la recherche dans ce domaine.

Afin de couvrir les besoins si hien connus et très urgents. l'ICOM devrait élaborer et publier un manuel sur la muséologie au terme le plus proche. La publication deviendrait, de cette façon, une base pour les discussions continuelles sur la muséologie et une aide aux études mus~ologiques aux universités et aux différents instituts d'éducation, aussi bien qu'~ la formation continue du personnel des musées et ~ ses besoins pratiques. Le Comité a accueilli l'acti ­vité du secrétariat de l'ICOM qui reprenait ce projet important.

Enfin. les stages de muséologie devraient être organisés pour tous ceux Qui ont l'intention de travai 11er au musée. Même le person­nel existant aux musées devrait avoir la possibilité de participer à ces stages. Vu les limites du personnel aux musées. notamment dans les petits musées, les études sur ce sujet pourraient donner la possibilité de voir les problèmes actuels des musées d'une façon plus claire et même de contribuer ~ la recherche actuelle. le Comité considère que, ~ la base de la collaboration, l'organisation des lectures de muséologie et des stages pratique. pourrait se fonder sur un centre international. On devrait établir le centre des études de muséologie.

3/ .....

le Comité a aussi décidé de créer le comité éditorial /G Oieszner. WI<lausewitz, A Razgon, V Sofka/ avec son secrétariat à Stockho~rn, Qui devrait élaborer une ébauche de programme Ile programme-cadre des contributions de travail sur les problèmes fondamentaux de muséolo­gie, et qui rassemblerait et publierait ces contributions. le pro­granrne sera présenté à la session prochaine du Comité.

7/ le programme de la session prochaine était discuté Le pro­grantne-cadrelour.les travaux muséologiques, d'après le point 3/ déj~ mentionn • serait discuté.

Varsovie - Nlebor6w - Torûn Jan Je l fnek Septembre 24-30, 1978 Président

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2

Document no 2

~~it6 international de l'ICOH pour la muséologie

Torgiano - Italie, Octobre 1979 ~

RAFFORT

8.l.t.:' les activités du Conseil de rédaction du Comité international de

l'IOOH pour la muséologie (ICofoH) pendant la période du 28-10-1978

au 20-10-1979

1. Lors de ea rencontre annuelle d'octobre 1978 en Pologne, l'ICofoH

a formé \Ul groupe de travail chargé "d'élaborer un programme-cadre

pour les documente de travail sur les problèmes fondamentaux de la

muséologie, de centraliser cee documente et de lee puhlierll Ce•

programme-cadre devait &tre présenté à la réunion suivante de

1 t ICofoM.

Ont été nommée membres de ce groupe de travail, intitulé Conseil de

rédaction (CR) MM. G. Dieeener, W. Klausevitz, A. Razgon et V. Bofka.

Le secrétariat du CR a été installé à Stockholm. De ce fait, c'est

V. Sofka qui a été chargé de la coordination des activités.

2. Le plan de travail et le calendrier des activités du CR ont été fixés

au coure de la première réunion du CR, en octobre 1978 en Pologne.

Parmi les tAches de travail du CR, la priorité 8 été donnée à un

essai de délimitation et de définition du concept de "muséologie"

afin d'obtenir une base de départ pour l'élaboration du programme­

cadre. Cette tAche devait s'effectuer en premier lieu par des contacts

par correspondance entre las membres du CR (élaboration de leure

propres définitions et collecte de définitions d'autree auteurs

- conserv~teurs, chercheurs en muséologie et analogues - tran~miasion

du matériel au coordinateur du projet et par son intermédiaire à toua

les membres du CR, échange de commentaires sur le matériel reçu

entre les membres du CR. essai de définition commune). Si des tlébats

sur ce problème étaient nécessaires, ils devaient avoir lieu à

Stockholm ou à Francfort.

Dane la première phase de travail, des descriptions et définitions

personnelles ont été élaborées par W. Klaueewitz , A. Razgon et

V. Sofka. Celles-ci, avec quelques autr~s définitions reçues par le

coordinateur, ont été envoyées à toue les membres du CR ~our commentaires_

Il s'avérait toutefois dans la suite des contacts par correspondance

et par téléphone du coordinateur avec le CR qu'une réunion était

nécessaire pour permettre au groupe de mener à bien l'élaboration

d'une propoeition commune en vue de la rocontra annuelle du Comité

international de l'lOCH pour la muséologie à l'automne 1979.

La réWlion de travail du CR eut lieu à Stockholm du 6 au 8 aoUt 1979.

L'Office central dee antiquités nationales et le Musée historique

de Suède assumaient lee frais de séjour (hébergement et indemnité de

séjour), les fraie de voyage étant à la charge des participants.

Tous les membres du CR étaient convoqués à la réunion. J~es seuls

membres présents furent cependant W. KlauRewitz et V. Sofka. A. Razgon

était empêché. La partioipation de G. Diessner, qui n'avait pris part

à la rencontre de Pologne qu'à titre d'observateur, n'étant pas justifiée

selon les statuts, celui-ci n'assista pas à la réunion. Afin de r.réer

dans ces circonstances une plus large base de discussion, V. Toft-Jenscn

et R. Kiau furent invités à la réunion, après concertation avec

W. Klauaewitz et A. Razgon. En raieon d'autres obligations, R. Kiau

ne put accepter l'invitat1on.

Au cours de l~ réunion, le coordinateur informa le6 participants des

mesures prises par le secrétariat pour mener à bien la tâche du CR,

du déroulement des travaux du CR et des résultats obtenus. Un rapport

fut présenté sur les entretiens que le coordinateur avait eue en

juin 1979 à Paris avec le secrétaire général de l'ICOH, L. Monreal,

et le président de l'ICofoM, J. Jelinek,au sujet dp. la coordination

des travaux Bur le Traité de muséologie au Comit~ préparatoire pour

le Traité de muséologie et des travaux du CR sur un programme-cadre

et sur \Ul plan de publication de documents de travail eur les prohlèmes

fondamentaux: de la muséologie.

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Sur la base des entretiens de Paris, qui ont eu lieu à l'initiative

personnelle du coordinateur, celui-ci avait rédigé et présenté à ln

réunion de travail du CR une proposition relative à la publication

des documents de travail projetés. La proposition fut adoptée par les

participants à la réunion. Le coordinateur fut cl~rgé de présenter

la proposition à l'assemblée annuelle de ItlCofoH en Italie. Cette

proposition est citée à la section suivante.

Les participants à la réunion consacrèrent uen grande partie de leur

temps à la di.scussion du concept de muséologie et de la miGe Bur pied

du programme-cadre pour les documents de travail. Ils convinrent de

rédiger chacun, une fois rentrés chez eux, leur propre essai de définition

de la muséologie et de le faire parvenir sans délai au coordinateur.

Enfin, les participants jugèrent qu'une discussion sérieuse au sujet

des objectifs de l'ICofoH était des plus souhaitable pour définir le

profil du Comité. Ils proposèrent qu'une telle discussion soit inscrite

au programme de travail de l'assemblée annuelle de 1979. Les définitions

mentionnées plus haut devraient être employées pour engager le débat.

Des essais de définition ont été remis par V. Toft-Jensen, W. Klausewitz

et V. Borka.

3. Proposition

le texte de la proposition (3. Proposition, 3.1 - 3.4) est donn~ dans le Document no 4 sous "Extraits du Rapport sur les activlt~s du Conseil de r~daction etc" joints ~ la lettre aux pr~sidents et secrHaires de tous les Comit~s nationaux et internationaux de l'ICOM de 20 janvier 1980.

Ma pr~sente proposition est en accord avec les d~ljb~r.ations d'~oQt

1919 du CR à Stockholm. auxquelles participaient WKlnusewitz et

V Tofl-.Jen3en. A Razgon 1\ été informé par téléphone de )a proposition

et n'a p~~ ~levé d'objection.

Je euis persuadé quc l'id~e de la publication des DTM est importante

et j'esr~re que lcs ar~'i!nte développés ci-dessus en faveur des IYIM

conduiront à Wle décision posHive ::tU sujet rie 10. propositie-n.

:2

Document no 3

Extraits du

RAPPORT

de la troisième session du Comit~ International de l'ICOH pour la Muséologie IICOFOMI 22-26 octobre 1979 A Torgiano, Italie

le Comité a approuv~ les conclusions et recommandations suivantes:

2/ Ont ét~ approuv~s: le rapport sur le travail de l'ICOFOM dans la p~riode de novembre 1978 - octobre 1979, pr~sent~ par J Jelfnek. le Rapport sur l'activit~ du Comité ~ditorial de l'ICOFOM et le Rapport sur les sessions du Comit~ préparatoir pour le Trafté de mus~ologie. les deux ~tant présentés par V Sofka.

31

le Comit~ éditorial et le groupe des représentants du Conlité préparatoire de l'ICOM pour le Trait~ de muséologie seront consid~­r~s comme un gropue de travail de l'ICOFOM.

51 Il a ~t~ approuv~ de publier les documents de travail sur les problèmes mus~ologiques fondamentaux, comme il a ~t~ proposé en point -3- du Rapport sur lActivit~ du Comit~ éditori~l, comme il a ~té susmentionne, avec les additions suivantes:

les auteurs des travaux fondamentaux seront nomm~es par le Comité éditorial. On a recommand~ de demander les Comit~s nationaux de l'ICOM à aider le Comit~ éditorial à choisir les auteurs compétents de sorte à assurer la repr~sentation de la mus~ologie dans le monde entier. le coordinateur du Comit~ ~ditorial VSofka renseignera l'Exécutif de l'tCOFûM sur les auteurs choisis.

le Comité éditorial pr~sentera à l'Executif de l'tCOFOM un projet de solution du problème de financement de la publication des docu­ments de travail.

le Comité éditorial existant - WKlausewitz, A Razgon et V Sofka - poursuivra son activité jusqu'à la prochaine session de l'ICDFOM ~ l'occasion de la Conférence gén~rale de l'ICœ~ où seront ~lus

tous les éléments dirigeants de l'ICOFOf~. l'ICOFO"\ ~ d~cide

d'adjoindre R Kiau et A Grote au Comité ~ditorial pour la période en cours.

Dr Vino§: Sofka

SuMe

1979-10-05

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2 llor:ument no if

liSTATtNS

g; HISTORISI(A MUSEUM

Comit~ international pour la Muséologie Conseil de rédaction

0",,,,,, Stockholln s.,...~~,~o VS/gb 1980-01-20

(,tHo.....I~",gf.,""'_

de l'ICOM

Aux présidents et secrétaires de tous les Comit~s nationaux et internationaux de l'ICOM

Chers amis el; collègues,

Ces deux dernières années, le Comité international pour la

muséologie (CIIM) a porté un vi~ intérêt k la question des

moyens suceptiblea d'intensifier la coop~ration internatIonale

dana le domaine de la recherche et du d~veloppement mus~ologiques

et d'approfondir les échanges d'id~e8 et d'exp~rience8 dans le

secteur du mus~e.

Le CrIM n'est pas sans savoir qu'il existe dans un certain

nombre de pays une recherche mus~ologique avanc6e et un enseigne­

ment mus6010gique de haut niveau. A l'échelon international

également, et ceci en particulier gr~ce aux comités inter­

nationaux de l'ICOM, on organise de plus en plus de manifesta­

tions au cours desquelles sont débattus des probl~mes de mus~o­

logie int6ressants.

Le CIIM a toutefois le sentiment que souvent ces importantes

contributions aux activités muséologiques et k leur d6veloppe­

ment futur ne parviennent pas k atteindre tous ceux - c'est-à­

dire le personnel des musées du monde entier - qui pourraient

en tirer profit. Ceci est dn essentiellement k l'insuffisance

de la diffusion de l'information et k l'absence d'tm échange

in~ernational d'idées dans ce domaine. Le cr lM est persuadé

qu'une coordination de diff~rents types d'actions nationales

et internationales dans le secteur de la muséologie, centrée

sur certains problbmeo choisis de concert, permetteralt

d'accélérer l'évolution des musées et d'au~lenter l'impact de

la muséologie.

C'est avec beaucoup d'espoir et de satisfaction que le CIIM

accueille l'entreprise dans la~lelle l'lOCH s'est enRagé avec

l'UNESCO en vue de la réalisation dana loa plus brefs délaie

possibles d1un Traité international de muséologie a Non seulement

cet ouvrage apportera au personnel des musées du monde entier la

base théorique et le guide pratique qu'il attend depuis des années,

mais en outre il ne manquera pas de Busciter des débats au sujet

de tel ou tel problème eur lequel les opinions divergent _ tant

pendant la phase de la compilation que par la Buite. Si tout Be

passe comme prévu, nous espérons que vous aurez dans voe mains ce

Traité international essentiel au Nouvel an 1985.

Le CIIM note avec satisfaction qu'après 8tre restée en souffrance

pendant plusieurs années, les travaux en vue du Traité ont maintenant

repris et avancent avec un élan qui laisee bien augurer du réRultat.

Il attache également une g~de valeur à toutes lee activités

mllséologiques qui ont lieu dans le monde, aux publications qui

paraissent, aux documente de colloquee qui sont diffusée et ainsi

de suite. Dans le m3me temps, le CIIM ressent l'impérieuse nécessité

d'un débat international sur les problèmes fondamentaux de la

muséologie. Nombre de ces problèmes sont d'une portée capitale

pour l'activité du musée dans le monde moderne mais sont encore

sane solution et peu discutés. Un échange d'idées au sujet de ces

problèmes devrait s'engager dès que possible et se poursuivre de

façon permanente pour réagir aux changements et à l'évolution en

cours dane le monde, constituant ainsi un colloque international

permanent par correspondance où puissent éclore les idées et se

confronter les opinions.

Tels eont les arguments qui sous-tendent l'idée de faire parattre

une publication, portant le titre provisoire de Documente de

travail sur la muséologie (DTM), une revue paraissant au moins IIne

fois par an et se conaacrant à un débat circonscrit à un thème

donné, dans laquelle seront présentés eSte à eSte des points de

vue sur la muséologie venant de toutes les PArties du monde.

Les DTM ne sont pas destinés à rivaliser avec le Traité do muséologie

et 60n approche globale, pas plus qu'ile ne visent à concurrencer

d'autres publications. Leur but est d'apporter un complément à ce

qui est déjà disponible et d'offrir un instnlment dynamique de

recherche et développement muséologiquee.

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)

Le projet en vue de la publication des DTM, préparé par un groupe

de travail nonuné Conseil de rédaction (CR) a été examiné et

approuvé après un certain nombre d'additions par l'assemblée annuelle

du ClIM en octobre 1979 à Torgiano, Italie. Un extrait des propositions

du CR et du projet de procès-verbal approuv4 est annexé à cette

lettre afin d'éviter des répétitions dans la description du projet.

Le OlIM a chargé le CR de s'occuper de l'exécution de cette tAche,

mais tous deux ont conscience de ce que ce projet n'a aucune chance

de succès et que les DTH ne pourront jamais devenir une réalité si

le projet ne bénéficie pas de l'appui des gens de musée et des musées

du monde entier et, avant tout, de l'appui de l'IeOM et de Bes

comités. Cet appui - sous la forme de points de vue au sujet des

propositions, avec la diffusion de l'information relative aux projets

et la rédaction des mémoires à publier dans les DTH, sera d'une

énorme importance.

L'une des tâches les plus urgentes en ce moment est la désignation

des auteurs chargés de la rédaction de textes, sous forme de mémoires

de base, pour la première livraison des DTM, qui aura pour thème:

''La muséologie - science ou seulement activité pratique du musée?"

Les auteurs potentiels doivent être les plus éminente spécia1iGtes

dans le domaine en question et le CR souhaite l'assistance des

comités nationaux et internationaux de l'IOOH pour les choisir.

Une présentation reflétant les vues et opinions du monde entier est

souhaitable, et ce voeu doit également 3tre pris en considération

pour la sélection des auteurs. Le CR s'attend à recevoir une dizaine

au moins de mémoires de base s'efforçant de défin:l.r le concept de

muséologie. Hais bien entendu, si plue de vingt ou trente, ou même

davantage d'auteurs se manifestent, le bénéfice n'en sera quP. plus

grand! L'intention est que chaque mémoire de base ne compte pas plus

de huit pages format standard et soit dactylographié dans l'une des

deux langues de l'ICOH, c'est-à-dire l'anglais ou le français.

La traduction de textes de nature philosophique et spéculative comme

nous en attendons dans le cas présent soulevant Bouvent des problèmes,

le CR préférerait que les auteurs s'occupent eux-mêmes de la traduction

pour les deux langues. Ainsi, ils sp.ront en mesure de vérifier les

~ traductions. r.e oui élimi.nAT8. llOmbre ne nrnhlèmes de mise au ooint ..

traduction. Tout ce que nous pouvons offrir, ce sont deux exemplaires

d'auteur des DTM.

Les points de vue critiques et autres considérations relatives aux

premiers textes qui seront publiés - les mémoires de base - paraitront

dans la seconde livraison des DTH, dont la publication est prévue

pour l'automne 1981, en mame temps que le thème nO 2, "L'interdisci­

plinarité en muséologie - Recherche de base et recherche appliquée

en muséologie", sera abordé sous la forme de mémoires de base.

Il serait bon que l'information relative à ce débat essentiel puisse

~tre fournie immédiatement au personnel de toue les muséas et qu'au

sein des comités de l'ICOH des délibérations concernant les auteurs

appropriés pour les mémoires de base sur le thème nO 2 puissent

avoir lieu dès maintenant.

Malheureusement, le dernier délai pour les contributions à la première

livraison des DTM n'eet plue très éloigné: elles doivent @tre parvenues

au secrétariRt du CR dès que possible et au plus tard le 15 mai 1980. Le CIIH vous prie de bien vouloir examiner sans retard lequel de vos

collègues, assistants, membres et autres spécialistes voUs désirez

recommander pour présenter des réflexions et idées sur le premier

thème den DTH, et de noue faire parvenir vos propositions sans délai

et au plus tard le 29 février, en remplis68nt le questionnaire

ci-joint. Il va de soi que noue serone heureux de recevoir tous

autres points de vue au sujet de la nouvelle revue.

Le CIIM et le CR espèrent que l'idée da la publication des DTH Bera

accueillie favorablement et recevra l'appui des membres et des comités

de l'ICOH. Notre but est de faire en aorte que la première livraison

des DTH soit en votre possession dès l'automne 1930. Noue aiderez-vous

à réaliser cet objectifZ En conclusion, le CIIH et le CR tiennent à

vous remercier d'avance pour toute l'aide et l'assistance que vous

pourrez leur apporter.

Stockholm, 2O-o1-19&::l

RJur le Conseil de rédaction du Comi té international de l'IOOH pour

la muséologie

Le Coordi~1;;' /

ftl!!::'J.PLY

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Le Comité de rédaction Rl

Andreas Grote

Rolf Kiau

Wolfgang Klaueewitz

Awraim Razgon

Vino! Sofka

Institut fUr Mueeumekunde Stiftung Preuesischer Kulturbesitz In der Halde 1, 1-Berlin 33 Tél: 0~/832 70 36

Institut rur Museumeweeen HUggelseedamm 200, DDR 1162 Berlin Tél: 02/645 54 42

Naturmueeum und Forechungeinstitut Senckenberg Senckenberganlage 25, D-6ooo Frankfurt 1 Tél: 0611/7542-255

Mueée Historique d'Etat Krasnaya Ploecad 1-2, Hoecou-Hoekva, URSS Tél: 292657', 2214311

Riksantikvarielmbetet och statene hietorieka mueeer Box 5405, S-114 84 Stockholm Tél: 08/63 07 70

Extraits du

RAProRr

sur iflS activités du Conseil de rédaction du Comité international de

l'IOOH pour la muséologie (OlIM) pendant la période du 28-10-1978

au 20-10-1 rn9

présenté à l'assemblée annuelle du CIIM à Torgiano, Italie,

en octobre 1979.

3. Proposition

3.1 La société actuelle a des exigences nouvelles à l'égard de l'institution

qu'est le musée. Le rôle traditionnel de celui-ci évolue. Une participation

active à la vie de la collectivité, au premier chef pour ce qui est de

résoudre les problèmes qui se posent à elle, devient de plus en plus

souhaitable. Des tAches nouvelles ee préBent~nt, des métllodes nouvelles

doivent être mises à l'essai.

C'est pourquoi les activités de recherche et développement dans le domaine

des collections du musée doivent être complétées par l'application des

résultats obtenue dans les multiples domaines qui à un degré variable ont

une incidence Bur les activités du musée et aon suceptibles de contribuer

à son évolution future. Un débat permanent, l'échange d'idées et d'expérienc

entre les musées par-delà les frontières, sont une nécessité.

Les muaées doivent ~tre dotés de moyens nouveaux. Les conservateurs qui

sont conscients des tendances nouvelles de l'activité des musées et de la

nécessité qui en découle d'une collaboration interdisciplinaire avec

d'autres branches de la recherche et d'autres institutions doivent acquérir

une vision plus large et 3tre informés en permanence des possibilités

qu'ont ces branches de la recherche d'aider le musée dans eee efforts pour

faire face aux attentes et exigences multiples de la collectivité <1. leur

égard et à l,p.gard du musée en tant qu'institution.

3.2 A cet égard, le Traité de nroséologie, qui en eet pour le moment à sa phase

initiale, apportera un contribution nécessaire et bienvonue en ce sena.

Il donnera aux conservateurs du monde entier la synthèse des connaissances

couvrant toue lea champs d'activité des musées qui manquait jusqul~ présent.

Il est de la plus haute importance que ce projet soit réalisé conformément

aux intentions de d;;pa.rt et paraisse comme prévu au plus tard en 1981j.

Le CIll! doit AP:ir viKoureusement pour faire en sorte que cette tâche, ] 'une

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3.3 La publication proposée par le CIIH lors de Ra rencontre annuelle de 1978

de documente de travail sur les problèmes fondamentaux de la muséologie

peut, dans ce contexto, être con(lidérée comme un comp16ment utile au TraHé

de muséologie. Grâce à leur caractère de tribune, à la forme sans prétention

qu'ils doivent avoir et à la posoibHité qu'ils offrent de réagir rapi,dement

à toutes les transfo~tion8 de la société, il~ peuvent jouer un rôle

actif daM le développement ultérieur du musée dans le monde modern@.

Les objectifs, le cnractèr~ et la forme propo8~8 pour les documents de

travail du CrIM (DTH) sont les suivants:

3.3.1 Les DTH sont une publication non périodique éditée par 10 crIM. Ils doivent

paraître une fois par an au moins. La charge et la responsabilité de leur

réalisation dans les cadre~ fixés sont confiées au Conseil de rédaction (CR)

désign~ par le CIIM.

Le CR comprend trois membres - cinq au plue - élus pour trois ans. Pendant

cette période, les membres peuvent renoncor à leurs fonctions ou en ~tre

démiG sur décision de l'ae6amblée annuelle, en présence de motifs graves.

Le socrétariat du CR est établi à Stockholm. Le cllef de ce secrétariat

participe aux travaux du CR, sans toutefois avoir le droit de vote e'il

n'a pas été élu membre du CR.

3.3.2 Le but des DTII est de créer une plate-forme pour un débat international sur

les questions et problèmes muséologiques importants à l'ordre du jour et

pour des échanges internationaux d'idées et d'expériences sur des questions

susceptibles d'intéresser musées et oonservateurs et de leur 3tre utiles.

Un tel débat permanent, un colloque international ininterrompu, peut

apporter des contributions importantes à la recherche muséologiquo, tout

en jouant le rSle d'un cours de perfectionnement international de haut

niveau.

rA publication des DTM doit en principe avoir lieu suivant un plan thématique3.3.3 établi par le CIIM eur une proposition élaborée par le CR.

Pour engager le débat sur un thème donné dans un numéro des DTM, un certain

nombre de chercheurs/conservateurs choisis sont invités à donner leurs

points de vue sur ce thème dans un mémoire de huit pages au plus (appelé parel la suite mémoire de base). Les n~uscrits, en anglais ou en français, sont

remis au CR t qui s'~sure qu'ils sont conformee au volume et au cadre

thématiq1le asBignés. La publication a lieu simultanément on anglaie et en

français.

Le débat doit ensuite se poursui~re dans le numéro suivant des DTM par la

publication de commentaires et de pointe de vue sur l~e mémoires de base

et par la publication de mémoires envoyés par d'autres auteurs. Le volume

et le cadre thématique de cee contributions sont soumis aux mêmes règles

que les mémoires de base.

En même tempe que se poursuit le débat sur le premier thème, le second

numéro des DTM présente les mémoires de base sur le thème suivant; le

débat se déroule ensuite selon le modèle esquissé plus haut.

Le débat s'achève autant que possible par une évaluation effectuée par le

CR ou un groupe de travail désigné à cette fin.

3.3.4 Les questions suivantes sont proposées pour la composition du premier

plan thématique:

Thème Dernier délai pour le mémoire de base

1. La muséologie - science ou seulement activité pratique du musée? 31-03-19&>

2. L'interdisciplinarité en muséologie Recherche de base et recherche appliquée en muséologie 31-10-19&>

3. Objet et méthode de la recherche mueéologique 31-03-1<)81

4. Les fonctions du musée peuvent-ellee ou doivent-elles être régies au moyen de la muséologie? 31-10-1<)81

3.3.5 Il est proposé de donner aux DTH la même forme que celle utilisée pour la

publication de l'Annuaire 1978 du OlIM contenant les contributions présenti

à l'assemblée annuelle de 1978 en Pologne (Possibilities and Limite in

Scientific Reaearch Typical of the Museum - Possibilités et limites de la

recherche scientifique typiques flour les musées, Polsnn/Pologne 1978) et

publié par le bureau administratif du CIIM de Brno.

Le CR considère que la publication de l'Annuaire du CIIM sous forme de

documênts de travail était un excellent moyen de diffuser l'information sur

les travaux du ClIM.

Le CR compte que le bureau administratif du CIIM continuera de publier

ainsi des rapports Bur les activités du ClIM. Avec le projet de DTH décrit

ci-dessus (voir 3.3), ceci signifie qu'au moins deux publjcations similairer

seront publiées chaque année par le CIIH: l'Annuaire du ClIM et les D'rH.

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La forme choieie, d'un typographie sane prétention et par conséquent bon

?< marché, permet une publication rapide et une diffuAion efficace.

3.3.6 La question du financement du projet de DTH nlest pas encore entièrement

résolue. Ceci vaut aU8si bien pour les activités du CR (réunions, secrétariat,

service administratif, traductions, etc.) que pour l'impression des DTH.

Le bureau administratif du CrIH a fait savoir qu'il consentirait à fournir

les fonds nécessaires pour couvrir tous les frais d'impression et d'édition

des DTH pour 1980.

Il convient d'effectuer une évaluation de ces fraie. Le CR pense que la

question peut Stre résolue par des négociations Bur la gestion des DTM et

par la fixation d'un prix de vente au numéro.

3.4 He référant aux considérations ci-dessus, je demande en tant que coordinateur

du CR

_ que le rapport sur les travaux du CR donné ci-dessus (point 2) soit

approuvé

que soit décidée la publication des DTH selon les principes ci-dessus

(p. 3.1, 3.3 - 3.3.1, 3.3.2, 3.3.3, 3.3.5)

- que soit approuvé le plan thérratique des DTH pour 19&J-1982 <3_3.4)

_ qu'un Coneeil de rédaction soit élu pour les années 1980-1982 (3.3.1)

ou, si l'actuel CR est maintenu dans ses fonctions, qu'il lui Boit

adjoint des membres ayant la possibilité de participer à ses travaux

que soient choisis dix auteurs potentiels pour les mémoires de base

des numéros 1 et 2 des DTH, et

_ que soit mis en place un groupe chargé, après concertation avec le CR,

de présenter au bureau exécutif du OlIM une proposition de solution

à la question du financement des DTM (3.3.6)

vs Suède

1er octobre 1979

Extraits du

RAPPORT

de la 3e Assemblée annuelle du

Comité international de l'ICOH pour la Muséologie

22-26 octobre 1979, Torgiano, Italie

5/ La publication de documents de t'ravail sur les problèmes fondamentaux

de la muséologie ft été approuvée comme le reconwandai t le point 3 du

rapport sur les activités du CR présenté par M. V. Sofka et cité plue

haut, avec les compléments suivants:

Les auteurs de mémoires de base seront choisis par le OR. Il est recommandé

que le CR demande aux comités nationaux et internationaux de l'ICOH de

l'assister dans le choix des auteurs potentiels aIin d'obtenir une

présentation des tdées concernant la muséologie qui soit représentative

du monde entier. Le coordinateur du CR, M. V. Sofka, communiquera au bureau

exécutif du Comité les noms des auteurs retenus.

Le CR remettra au bureau exécutif du Cornité une proposition qU8Jlt à la

solution du problème du financement des documenta de travail.

L'actuel CR, W. Klausewitz, A. Razgon et V. Sofka (coordtnateur du CR)

restera en place jusqu'à la prochaine assemblée annuelle du Comité, à

l'occasion de la Conférence générale de l'ICûH au cours de laquelle auront

lieu de nouvelles élections pour tous les organes du Comité. Le Comité a

décidé d'adjoindre KM. R. Kiau et A. Grote au CR pour la même période.

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Veuillez remplir ce questionnaire et le retonrner au plus tard le 29 février ======~=~=================================================================~

à

Dr. Vinoli Sofka Coordinateur du Comité de Rédaction Comité international de l'IOOM pour la muséologie Statens hietorisk8 museum Box 5405 S- 114 84 STOCKHOLM Suède

Le Comité national de l'ICOM de

Le Comité internatIonal de l'ICOH pour

a reçu par l'intermédiaire de son président/secrétaire la lettre du Comité de rédaction du Comité international de l'ICOM pour la muséologie concernant la publication d'une muséologie.

revue de débat sur les problèmes fondamentaux de la

Le Comité formule revue:

les réflexions suivantes au sujet de la publication de cette

le Camité a l'intention de prendre les mesures suivantes pour encourager le débat sur les mémoiree de base publiés dans la première livraiaon des DTH:

Le Comité a examiné avec quels conservateurs/chercheurs/spécialistes le CR pourrait se mettre en relation en vue de la rédaction de mémoires de base sur le thème nO 2, "L' interdisciplinari té en muséologie _ Recherche de base et recherche appliquée en muséologie":

Nom Fonction. titre. adresse et n° de tél. Lieu de travail

1

2 _

3

A-t-on déjà pris contact avec les personnes proposées ci-dessus? Oui Non

Et se sont-elles engagées à écrire un article devant Otre parvenu au secrétariat du CR au plus tard le 31 octobre 198o? Oui Non

Le Comi té propose comme Buteurs potentiels de mémoires de base sur le thème 1, "La muséologie - science ou seulement activité pratique du musée?" les conservateurs/chercheurs/spécialistes suivants:

Nom FRnct' pp titre pdneS; st pO dn tél. I,j eH de tryyaj]

Si la revue de débat est distribuée gratuitement, le Comité estime pour son pays la demande à environ exemplaires.

Si la revue de débat n'est disponible que moyennant un prix de vente égal aux frais de production, la demande nationale est estimée à environ exemplairesa (Cette estimation nIa pas valeur d'engagementa) -----­

Le Comité tient également à présenter les suggestions/desiderata suivants:

2 _

e: 3

A-t-on déjà pris contact avec les personnes proposées ci-dessus? Oui

_

Non Nom complet (en caractères d'imprimerie). adresse et

00'., ___ 1980

nu~ro de téléphone:

Et se sont-elles engagées à écrire un article devant ~tre

parvenu au secrétariat du CR au plus tard le 15 mai 198o? Oui Non

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Document no 5

Canité international rie l'ICOM pour la muséclogie Conseil de rédaction~

Documents de travail sur la muséologie - un projet de publicationdu Comité international de l'IeOH pour la muséologie

Actes de la réunion du Conseil exécutif de l'IC~1. mai 1980

Ces deux dernières années, le Comité international pour la muséologie (CI lM) a porté un vif intérêt ~ la question des moyens susceptibles d'intensifier la coop~ration internationale dans le domaine de la recherche et du développement muséologiques et d'appronfondir les échanges d'idées et d'expériences dans le secteur du musée.

le CIIM n'p.st pas sans savoir qu'il existe dans un certain nombre de p~ys une recherche muséologique avancée et un enseignement muséologique de haut niveau. A l'échelon international égalément, et ceci en parU. culier grâce aux comités internationaux de l'ICOM, on organise de plus en plus de manifestations au cours desquelles sont débattus de pro­blèmes de muséologie intéressants.

le CI lM a toutefois le sentiment que souvent ces importantes contribu­tions aux activité muséologlques et ~ leur développement futur ne parviennent pas à atteindre tous ceux - c'est-à-dire le personnel des musées du monde entier - qui pourraient en tirer profit. Ceci est dO essentiellement à l'insuffisance de la diffusion de l'information et à l'absence d'un échange international d'idées dans ce domaine. le CIIM est persuadé qu'une coordination de différents types d'actions nationales et internationales dans le secteur de la muséologie, centrée sur certains problèmes choisis de concert, permetterait d'accélérer l'évolution des musées et d'augmenter l'impact de la muséologie.

le CIIM note avec satisfaction qu'après @tre restés en souffrance pendant plusieurs années, les travaux en vue du Traité de muséologie ont repris et avancent avec un élan qui laisse bien augurer du résul­tat. Il attache également une grande valeur ~ toutes les activités muséologiques qui ont lieu dans le monde, aux publications qui paraissent, aux documents de colloques qui sont diffusés et ainsi de suite. Dans le m~me temps, le CIIM ressent l'impérieuse nécessité d'un débat international sur les problèmes fondamentaux de la muséologie. N~nbre de ces problèmes sont d'une portée capitale pour l'activité du musée dans le monde moderne mais sont encore sans solution et peu discut~s. Un échange d'idées au sujet de ces problèmes devrait s'enga­ger dès que possible et se poursuivre de façon permanente pour réagir aux changements et à l'évolution en cours dans le monde, constituant ainsi un colloque international permanent par correspondence où puissent éclore les idées et se confronter les opinions.

Tels sont les arguments qui sous-tendent l'idée de faire paraltre une publication. portant le titre provisoire de Ooculnents de travail sur la muséologie (DoTraM), une revue paraissant au moins une fois par an et se consacrant à un débat circonscrit à un thème donné. dans la­quelle seront présentés cOte Acôte des points de vue sur la muséologie venant de toutes les parties du monde.

Le projet en vue de la publication des DoTraM, préparé par un groupede travail nommé Conseil de rédaction (CR) a été examiné et approuvé apr~s un certain nombre d'additions par l'assemblée annuelle de CIIM en octobre 1979 ~ Torgtano, Italie. les objectifs, le caract~re et la forme assignés aux documents de travail sur la muséologie sont les suivants:

les OoTraM sont une publication non périodique éditée par le CllM une fois par an au moins.

la charge et la responsabilité de leur réalisation dans les cadres fixés sont confiées au Conseil de rédaction (CR).

le CR comprend trois membres - cinq au plus - élus par CIIM pour trois ans. Pendant cette période, les membres peuvent renoncer ~ leurs fonctions ou en ~tre démis sur décision de l'assamblée annuelle, en présence de motifs graves.

le secrétariat du CR est établi à Stockholm. le chef de ce secré­tariat participe aux travaux du CR, sans toutefois avoir le droit de vote s'il n'a pas été élu m~lbre du CR.

2 le but des DoTraM est de créer une plate-forme pour un débat inter­national sur les questions et problèmes muséologiques importants ~ l'ordre du jour et pour des échanges internationaux d'idées et d'expériences sur des questions susceptibles d'intéresser musées et conservateurs et de leur être utiles.

Un tel débat permanent, un colloque international ininterrompu, peut apporter des contributions importants à la recherche muséo­logique, tout en jouant le rôle d'un cours de perfectionnementinternational de haut niveau.

3 la publication des OoTraM aura lieu suivant un plan thématique établi par le CIIM sur une proposition élaborée par le CR. Ce plan sera fixé en tenant compte du plan d'édition des autres périodiques de l'ICOM.

le débat sur un thème donné s'engage dans un numéro des OoTraM. Un certain n~nbre de chercheurs/conservateurs sont Invités à donner leurs points de vue sur ce thème dans un mémoire de huit pages au plus (appelé par la suite mémoire de base). le CR s'assure que les manuscrits sont conformes au volume et <lU cadre thématique assignés. la publication a lieu simultanément en anglals et en français.

les auteurs de mémoires de base seront choisis par le CR. Il est recOllJllandé que le CR demande aux comités nationaux et interna­t'ionaux de l'ICOM de l'assister dans le choix des auteuJ"S poten­tiels afin d'obtenir une présentation des idées concernant la muséologie Qui soit représentative du monde entier. le coordinateur du CR conmuniquera au bUreau exécut if du COO'IHé les noms des auteurs retenus.

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3 Document no fi

le débat doit ensuite se poursuivre dans le numéro suivant des OoTraM par la publication de commentaires et de points de vue sur les mémoires de base et par la publications de mémoires envoyés par d'autres auteurs. Le volume et le cadre thématique de ces con­tributions sont soumis aux mêmes règles Que les mémoires de base.

En même temps que se poursuit le débat sur le prernier thème, le second numéro des DoTraM présente les mémoires de base sur le thème suivant; le débat se déroule ensuite selon le modèle esquissé plus haut.

le débat s'achève autant Que possible par une évaluation effectuée par le CR ou un groupe de travail désigné ~ cette fin.

4 La forme de DoTraM est la m~me que celle utilisée pour la publica­tion de l'Annuaire 1978 du CIIM contenant les contributions pré­sentées à l'assemblée annuelle de 1978 en Pologne (Possibilities and Limits in Scientific Research Typical of the Museum ­Possibilités et limites de la recherche scip.ntifique typiques pour les musées, Poland/Pologne 1978) et publié par le bureau administratif du CIIM de Brno.

La forme choisie, d'un typographie sans prétention et par consé­quent bon marché, permet une publication rapide et une diffusion efficace.

5 La question du financement du projet de DoTraM n'est pas encore enti~rement résolue. le bureau administratif du CIIM a fait savoir qu'il consentirait ~ fournir les fonds nécessaires pour couvrir tous les frais d'impression et d'édition de DoTraM pour 1980.

Le CR a été chargé de présenter au bureau exécutif du Comité une proposition Quant ~ la solution du problème du financement des documents de travail.

Le CIIM est conscient que le projet n'a pas de chance de réussir et que les DoTraM ne "décolleront-jamais si l'idéelle projet ne béné­ficie pas du soutien des musées et des gens de musée de partout dans le monde, et au premier chef, du soutien de l'ICOM, de ses comités et de ses membres.

Le C!IM espère que l'idée de la publication des DoTraM sera accueillie favorabl~nent par les organes directeurs de l'ICOM. Il n'épargnera aucun effort pour être en mesure de présenter une livraison­prototype des DoTraM à l'occasion de l'assemblée générale de l'ICOM à Mexico en 1980.

le Conseil de rédaction du Comité international de l' ICOM pour la muséologie

a­..... Stockholm. 11 avril 1980

Extraits du

COMPTE RENDU DE LA 47ème SESSION DU CONSEIL EXECUTIF Paris. 20-21 mai 1980 (80/EX. 5)

PROJETS DE PUBLICATIONS

D'autres projets de publications sont ensuite examinés:

Un p~riodique sur la muséologie (MUWOP). préparé actuellement par un comité de rédaction du CŒnité international de muséolo­gie, et dont le responsable est M. Sofka. Le Conseil, dans le but d'éviter tout double-emploi de cette publication avec "Museum" ou avec le futur Traité de Muséologie, décide d'exa­miner à Mexico son premier numéro;

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