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LA TRES VTfLE GRAMMAIRE POVR APPRENDRE LES LANGUES FRANCO/SE, ITAliENNE, El' ESPAGNOLE D'ANTOINE FABRE Anna Maria MANDICH (Uni,'<!rsi td di Bologna) Pamri les premières grammaires de français publiées en Italie on trouve, plusieurs fois rééditée au cours du XVII• siècle, ceUe d'Antoine Fabre 1 Entre 1626, date de la première édition retrouvée de cet ouvrage, et 1664, date de la dernière, s'écoulent presque quarante ans au cours desquels cette grammaire est réimprimée, à l'é tat actuel de nos connais- sances, huit fois sans le moindre changement fi est donc intéressant de se demander à quoi était ce succès et qui était cet auteur dont le nom est passé dans l'oubli Antoine Fabre est cité dans l'Index bio-bibliographicus notorum hominum comme "professeur de langues à Venise" et auteur d'un ouvrage imprimé en 1646. Toutes J es recherches dans ce domaine n' ont pourtant donné aucun résultat Nulle part. ni dans les bibliothèques et archives de Venise -lieu d dition de toutes les réimpressions de cette gr.unma.ire (mais des recherches plus poussées dans tous les fonds de l'époque pour- raient peut-être apporter que lque nouvelle lumière)- ni à Paris, je n'ai pu retrouver une traee quelconque de ce personnage. Sa grammaire, de son côté, ne nous fournit pas d'indices plus précis. D'abord, aucune édition n'est signée ou présentée par l'auteur lui-même. Dans tous les exemplaires retrouvés la dédicace et l'apostrophe aux lecteurs (cette derni ère identique dans toutes l es éditions) sont signées par les édi.teurs qui. au cours des années, réimpriment cet ouvrage. 1 Grammaire pcvr aprendre {.es Jangve:J italienne, francaise. tt e.rpagnok composee par le ReULreruk Sigtreur Antoine Fabre en la qvelle declain111 ampleme!Tl graruk facüili &. propn" eti les part ies de l'oraison, en Francoû, Italien, &. Espagnol .. . a. Mlnerva - Pellandra (1997: 1-8). Toutes les citations sont ürées de l'édition de 1627: le texte est reprod1.1il dans son intégrité: on a coose:rvé la langue de l'époque avec les typographiques présentes dans toutes les éditions rdrotlvées..

LAPamri les premières grammaires de français publiées en Italie on trouve, plusieurs fois rééditée au cours du XVII• siècle, ceUe d'Antoine Fabre1• Entre 1626, date de la

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LA TRES VTfLE GRAMMAIRE POVR APPRENDRE LES LANGUES FRANCO/SE, ITAliENNE, El' ESPAGNOLE

D'ANTOINE FABRE

Anna Maria MANDICH (Uni,'<!rsitd di Bologna)

Pamri les premières grammaires de français publiées en Italie on trouve, plusieurs fois rééditée au cours du XVII• siècle, ceUe d 'Antoine Fabre1• Entre 1626, date de la première édition retrouvée de cet ouvrage, et 1664, date de la dernière, s'écoulent presque quarante ans au cours desquels cette grammaire est réimprimée, à l'état actuel de nos connais­sances, huit fois sans le moindre changement fi est donc intéressant de se demander à quoi était dû ce succès et qui était cet auteur dont le nom est passé dans l'oubli

Antoine Fabre est cité dans l'Index bio-bibliographicus notorum hominum comme "professeur de langues à Venise" et auteur d'un ouvrage imprimé en 1646. Toutes Jes recherches dans ce domaine n'ont pourtant donné aucun résultat Nulle part. ni dans les bibliothèques et archives de Venise -lieu d 'édition de toutes les réimpressions de cette gr.unma.ire (mais des recherches plus poussées dans tous les fonds de l'époque pour­raient peut-être apporter quelque nouvelle lumière)- ni à Paris, je n'ai pu retrouver une traee quelconque de ce personnage.

Sa grammaire, de son côté, ne nous fournit pas d'indices plus précis. D'abord, aucune édition n'est signée ou présentée par l'auteur lui-même. Dans tous les exemplaires retrouvés la dédicace et l'apostrophe aux lecteurs (cette dernière identique dans toutes les éditions) sont signées par les édi.teurs qui. au cours des années, réimpriment cet ouvrage.

1 Grammaire pcvr aprendre {.es Jangve:J italienne, francaise. t t e.rpagnok composee par le ReULreruk Sigtreur Antoine Fabre en la qvelle s~ declain111 ampleme!Tl a~ec graruk facüili &. propn"eti les parties de l'oraison, en Francoû, Italien, &. Espagnol .. . a. Mlnerva - Pellandra (1997: 1-8).

Toutes les citations sont ürées de l'édition de 1627: le texte est reprod1.1il dans son intégrité: on a coose:rvé la langue de l'époque avec les nombreuses~ typographiques présentes dans toutes les éditions rdrotlvées..

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Dans cene adresse aux lecteurs, l'éditeur infonne que, "sçachant que le R..P .. l\nthoine Fabre auoit cest grammaire en trois langues". il_ a "avec toute industrie, & par tous les moiens tasche l'auoir entre les mains". Fabre est donc un religieux, français - est-il ajouté peu après ("vous seres esmeruilles entendant qu'un François vueille enseigner la langue Italiene, & espagnolle")- qui a dû "consummer beaucoup d'~nees lisant les bOs autbeurs" de ces langues "auec beaucoup de peme & fache rie"_ Pour compléter sa justification, l'éditeur a joute: " le dis bien que ie n'auroit faict cecy s'il ne me feut este tesmoigne par de tres Doctes personnes la valeur d'un tel personnage, & una [sic] teUe œuure deuoir estre tugee digne d'estre mise en Iurniere pour benefice de ceux qui ont volonte faire quelque profit en ses langues & de tous ceux qui font profession des lenres"2• n paraît donc évident à la lee~~ ce~t~ présentation que l'éditeur propose aux lecteurs Wl ouvrage qm lm a ete conseillé, qu'il a eu de la peine à se procurer et dont il ne connaît pas du tout l 'auteur, personne cultivée certes, mais vraisemblablement non un

professeur de langues. D • ailleurs cette grammaire n'est pas destinée à des élèves; sur la page

de titre, identique dans toutes les éditions successives, sont clairement indiqués les destinataires de cet ouvrage: il s'agit d' une "œuure tres neces­saire & de tres grande vtilitè aux H1storiens, Secretaires. & Traducteurs".

On conna.il huit éditions identiques de œtte grammaire: deux, qui datent de 1626 et 1628, ont été publiées à Rome et les si:x autres, datées de 1627, 1637, 1646, 1656 et deux de 1664, ont été publiées à Venïsel. Malgré le nombre assez restreint des lieux d'édition, il est intéressant de remarquer qu'on a retrouvé des exemplaires de cette grammaire aussi bien dans des bibliothèques parisiennes que dans ceUes de plusieurs villes du centre et du nord de la péninsule italienne4

.

2 Dominique Sfonino OJCC /u:reurs saluJ, 1626, !ho éd. Dans les ~ons suivanles. la formole reste la même, mais le oom de l'~ chaoge: Jehan Din awc Œteurs salul. Jeao Dio (oo Giovanni Dini) est le libr.l.ire romain à l' inS1aDCC duquel est préparée la premim édition vmitienne {1627). Les éditïoos suivantes reproduisent toutes cene dernière. Dans I' Mition cirée. ce passage se !rOUYe à la p. 218.

3 1626. Rome: François CorbeUeui. 232. 40 p.: 1627. Venise: à l'instance de Jean Diu JilxaiJ"e a Rome. (8], 288 p.; 1628. Rome: Ftançois Corbelletti [signa16e par Bing~n 1994]: 1637. Venise: pour les Guerigl hOraire. [ 16), 288 p.; 1646. V miSe: pour les .Guerigl libraire. [16], 288 p.: 1656. Venise: pour les Guerigl libraire. 296 p.: 1664. Veruse: par le Baillioni Libraire. 1121. 288 p. ; 1664. Venise: par le Baillioni Libraire. [91 272 P­Cf Minuva - PeUaodra ( 1997: 1-3).

-. L 'édition de 1626 se uouve à la Bibliothèque Nationale de Rome el à la Biblio­thèque N3liooale de Paris; l'édition de 1627 se trou\"e à la Bibliodlèque de I'Archiginnasio

LA TRES VFIU: GR.•.MMMRE: o· ANTOINE FABRE 591

Tout en tenant compte de ces données, il est curieux d'observer que sur la page de titre de l 'édition de 1626 (première édition repérée) on lit: Grammaire povr aprendre les langves [ ... ] enrichie d'obseruations & preceptes necessaires[ ... ] ayant adiouxtè a la fin allcuns dialogues ... , ce qui pourrait faire penser à des éditions antérieures du même ouvrage (qu'on n'aurait pas retrouvées) ou bien au renvoi, de la pan de l'auteur, à quelques ouvrages de référence très connus.

Fabre lui-même d'ailleurs ouvre sa grammaire en proposant un "cata­logve des avthevrs cités dans le presente Liure" qu'il regroupe en deux catégories: les auteurs italiens et les auteurs espagnols.

La liste des Italiens comprend aussi bien des grammairiens que des écrivains illustres; pamri les premiers on trouve Adriano Politr. Bernardino Tomita.no6, Eufrosino Lapini7, Jacopo Passavanti8, Giacomo Pergamini9 • Scipione Lentoio10; parmi res auteurs cités: Dante Alighieri, Francesco Petrarca, Giovanni Bembo, Giovanni Delia Casa. Dans le groupe des Italiens figure aussi le nom de César Oudin, sec.rét.a.ire­interprète du roi Henri IV et grammairien célèbre qui, tout en n'étant pas Italien, est sans doute cité dans cene liste en tant qu'auteur d'une impor­tante grammaire italienne dans laquelle Antoine Fabre, on le verra par la suite dans le détail, a abondamment puisé.

de Bologna; l'édition de 1637 se trouve à la Bibliolhèque Pa:nixzi de Reggio Emilia e1 à la Bibliodlèque Nationale de Paris; l'édition de 1646 à la Bibl.iod:Lèque Maldoni de Guas­talla et à la Bibliothèque Sainte Genevi~ve de Paris; l'édition de 1656 à la Bibliothèque Oliveriana de Pesaro: l'édition de 1664, 288 p. se lrollve à la :Bibliothèque Roncioniana de Prato et la dernière (1 664, 272 p.) se trOUve à la Biblioreca Cornunal.e Augusta de Pe:rugia.

~ Traducteur de Tacite. il vécul au XVI• siècle; il a laissé d 'impOttaniS ouvrages sur la langue d le lexique, parmi lesquels un Dizicnarib toscano.

" Médecin et bGmme de lettres, il ·,·écut au XVI• siècle.. Son ouvrage Della lingua toscan.a l ' a rendu oélèbm.

7 Pri!tre, homme de lettres et poète, mort en 157 1. Aute.uT de remarquables OIIJVI38eS

dont l_nstirwionum Florentinoe linguae Jibri du.o (Fi:renze, lj74 ). 3 Ecrivain et ~e, mort en. 1357. 0 a publié Specchio della vera pe.nitema que

l'Académie de la Crusca considérait comme le lllliœ sur Je sryle par ex.celknœ. • Homme de lettres ayant vécu au XVI• siècle. Tradocœor d'HOO!Ce. il publia aussi uo

impoltaiii. traité de grammaire : Memorlale nellD ling ua iloliano (1602). 10 Grammairien napolil3in protestant. il vécut au XVI" sil:cle. On a de lui une Gram­

maire italienne publi6e à Gcoève .en 1568.

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La liste espagnole ne comprend que les noms de grammairiens impor­tants tels que Antonio de Nebrija11, Banolomeo Bravo12

• Cristobal de

Las Casas13 et Giovanni Miranda14•

La grammaire de Fabre se présente comme un instrument utile pour t'apprentissage des trois langues considérées en quelque sone comme indispensables en Europe: la langue française, qu'il était de bon ton de connaître dans les différents pays européens, et l'italien et l'espagnol qu'iJ était important de ne pas ignorer en France15

• Il ne s 'agit toutefois pas de trois grammaires séparées reliées en un seul vol-~e comme on e~ a d'autres exemples à l'époque16• Fabre ne donne en réalité pour les trots langues qu'une seule grammaire dont les métalangues sont le français et

l'italien 17 • 0 apparaît tout de suite évident que, puisque les trois parties ne sont

pas séparées, l'approche - et encore plus l' apprentissage - de chacune de ces langues n'est pas aisée. L'auteur n'a pas divisé la matière de façon claire et nette; on a parfois l'impression qu'il avance un peu au hasard et qu'il mélange sans trop se soucier les différents domaines linguistiques qui n • ont pas le même droit de cité à 1' intérieur de la grammaire.

Le volume s'ouvre par une première partie consacrée à la prononcia­tion et à l'orthographe des langues traitées. C'est une partie qui n'est pas homogène et dont ta matière n'est pas répartie de façon uniforme; il s'agit même, pourrait-<m dire. de plusieurs parties ou de différents traités plus ou moins longs, plus ou moins bien organisés. qui se succèden~ et dont les contenus souvent se juxtaposent sans jamais s'intégrer parfatte-

ment.

n Hisrorieo et grammairien (1444-1522). On a de ltù un dictionnaire et la Gromancn de la 1~11gun casullOJI/1 (S:iliunanca. 1492). upamier exemple en Europe d'une gram­maire détaillée d 'uœ langue moderne~ (Chevalier 19%: JO).

11 J~tùte. grammairien et lexicographe ( 1554-1607). Parmi ses ouvrages. signalons le ThesD~Uus \'Uborum ac phrasium ( 1611) et 1 'Ars rlutoriCD-

o Lexicographe et lr.lducteur. mon en 1576. On a de lui un Vocabulmio ck IDs dos

Je11guas tœcana y ca.sulhma (Venez.ia.. 1576). . •• n v«ot dans la deuxième moitié du XVI• si~cte; il est l'auteur des Ossen'llrUJIU

della lingiiD casrigliana (Veoezia.. 1595). 15 Cf. à œ propos ClJevalier (1996: 29-3()). t6 L'exemple le plus iméressaru est oenainem.ent celtù de Loocbamps 1655. N~us

renvoyoo~ pour des renseignemeDIS plus précis mr cet ouvrage à l'érode de Jacqueline

Lillo dans ce !eCUeil. 11 On trouVe aussi dans ce volume un traité en lalin De u.su littuan·m pro itnlica

lingl'll, eiusq. orthographüJ. in G~rmaMrum grana. Vtilüsima lrtStruetio qui occupe une

dizaine de pages.

LA TRES VriΠGR . .t,\IMAJRE D'ANTOINE FABRE. 593

Dans notre édition de référence1a, on trouve tout de suite après la table des matières un Bref precepte en langvefrançoise pour la Terminaison de la Prononciation, orrographe Italienne (1 page) suivi d'une Jntrodvc­rionfrançoise en la langve espagrwle (1 page), d'une Breve introdvrrione italiana neUa Lingl~a Francese (2 pages), d'une Breve introdvttione italiana ne/la Lingua Spagnuola (1 page et demie), d'une /ntrodvcion espafiola en la lengva francesa (1 page et demie) et d'une lntrodvction espaiwla en la lengva italiana (1 page).

ll s'agit, on le voit, de brèves instructions permettant une première approche des difficultés de prononc-iation de la langue à étudier où l'auteur propose, dans la langue de l'apprenant, une présentation contras­live des sons en partant des connaissances du locuteur français, espagnol ou italien. Même si elles sont parfois peu claires19 et mal organisées:w, ces indications donnent un minimum d'informations relatives aux sons de la langue étrangère groupés selon les difficultés et les différences relevées entre les deux domaines linguistiques.

18 La prerni~re édition ainsi que les suivantes, tout en conservant les mêmes contenus.. ne sui•·ent pas la même disposition de celle de 1627 à laquelle on se n!fèle ici. Les diffé­~tes_parties consacrées à la p.rooonciatioo et 11 l'oi1hogTIIpbc ne se retrouvent pas à 1 m~ des volumes dans le même ordre. De plus. dans La première édition, lrès faul:ive du po mt de vue de la mise en page, les matériaux SOOI présentés sans aucun ordre: on y retrouve 14 brefs tta.itU sur la prononciation et l'orthographe où tes mêmes textes sont repris, identiques, sous des tiaes différents ! • ~9 Voyons par exemple un petit passage tiré de la présentation de la pronoociatlon 1talimoe pour un locuteur francophone et de la prononci:uion française pour nn illllophone: ' 'La langue Italienne à vingt lettJes le mesmes que la Françoise fors que la X. & Y. Six desquelles om la prono.ocÜilioo differente des n~ SCJWOir est C, E. G. 1, Q, Z. Le C, donques deuant E, & 1, se prononce oome cbe, sce françois san aspiration. c:xemp. Cicero, Chichero. CH, se prononce comme Qu, c:xemp. occlti. ocqui." (Buf pncepte e11 langve françoise Pour la Termi11aison dt Ja Prononciation, ortographe ltaliefiM {1627: 1). "La lïogna Franœse bà propriament.e XXll lertere [ ... ]. Si proferiscono dunque tutte come l'ltaliane cccetto, C, E, 1, Q. V, Z. ae delle qua!i cioè C, E, & L banno diuerso suono secondo che sono anaccate ron le altre. & seoondo cne sono poste () nel principio, () nel fine. [ ... ] C, & H., sempre au.anti tutte le vocali s i proferisce come ci, aD'IIllliana. esempio. chacwt. ciacun, cht.sfll!, ciene, clwquu, cioquer, clwr~. ciUk [ ... ) (Bre~ htJrodvtioM ÎJDlümo. •relia Li11gU/l Frai?Cese (1627: 3).

:» MalgJé l.a lentatÎ\'e de 1 'auteur de regrouper les notions de phooétique en de bafs traités ou instructions. on retroUve toutefois ici et lA, à l' intérieur de la grammaiœ, quelques réfiexioru; isol!es. Par exemple. dans les pages consactées à la déclinaisoo des o.oms masculins et tout particolièrement du mot tribut il glisse une remarque relative au son italien de La lettre u (rribraltriburo}: .. fi faut no~er que !ll fettre u, ea Italien, se prononce come en François ou" ( 1627: 14) ou encore. plus loin, lo.rsqu 'il présente la déclinaison du mot chiesa, il observe •·que œ mot. chiesa. se doit prononcer comme quie311'" (1627: 15).

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On trouve en outre, dans la deuxième partie de la grammaire., tout de suite après l'adresse au lecteur déjà citée, une dizaine de pages en 1~ ayant pour titre De vsv litterarvm pro ita/ica lingva, eiusq. orthngraphia, in Germanonun gratia. Vtilissima lnstrnctio; il s'agit d'un traité assez bien organisé, consacré à la prononciation et à l'orthographe de la langue italienne à l'intention d'usagers allemands qui s'inspire de près de l'orga­nisation de l'lnslitvtionvm FlorentifUJe lingvae libri duo d'Eufrosino Lapini que Fabre cite à plusieurs reprises et dont il reprend presque inté­gralement certaines parties dans sa grammaire. Suivent encore de~ brèves parties: Le Premier précepte de la Terminaison de la Prono~cta­rion, Ortographe Italienne. Introduction Françoise à la langue ltal1enne (1 page) où l'auteur reprend les règles déjà données dans le Bref precepte ... en s'arrêtant toutefois surtout sur la prononciation des voyelles et une nouvelle lntrodw:rion franç>ise a la langue espagnole (3 pages el demie) dans laquelle, malgré Le titre, il propose un tableau comparé des sons des trois langues21. Une Breve lnstrvttione per ben pronvnziare, e correttamente scrivere nella lingl-'a francese (qui occupe une quinzaine de pages). écrite en italien par Michele Faggio - dont il est ~ dans la présentation qu'il est "Antiquario della città di Roma, e suo distre~, e professore dell'una, e dell'altra Lingua" -clôt la partie consacrée ~la phonétique et à J'orthographe. C'est on traité assez homogène et bLen

organisé des différentes difficultés de La prononciation rr:mçaise ~ un locuteur italophone. L'auteur y décrit de façon systémanque et relative.. ment moderne l'alphabet français en insistant sur la description phoné­tique des différentes lettres et en proposant même des graphèmes tout à fait originawt. correspondant aux phonèmes vocaliques existants22: .

Dix études donc de longueur et d'importance inégales où l 'on mtrodw.t le lecteur aux difficultés de l'alphabet de la langue étudiée. On remarque facilement une partie plus mince CQDSacrée à l'espagnol (trois brèves introductions, une en langue italienne et deux en langue française qui ne fonl, à toutes les deux, que cinq pages et demie) et deux parties bien plus riches se référant au français (trois introductions, 18 pages en tout) et à

l ' italien (quatre traités, 14 pages).

21 ~La tangue Spagnole a les mesmes vingt lettreS comme I'IJalicne qui soot, a.. b, C. &c. la prononce de laquelle est en partie semblable a la Françoise; &. ~ie a l'Italie~ & en partie differen1e. &. primierement deuam 10Ut' autre chose nous exphqueroos celles qui sont plus diffen:otes de la lecnue &. prononce Italienne" (1627: _231). . _ .

n 11 distingue. par e:x .• 10 .sons vocaliques qai se regroupent_ babiwellemen7 dit-il. en 5 voyelles générale$. Je renvoie. pour des reawques plus putmentes à ce sujet. à mon

étude (Mandic.b 1997).

LA TRES Vrll..E GRAMMAliΠD'AmODΠFABRE 595

En ce qui concerne la partie granunaticale du volume, Fabre présente l ' une après l'autre les neuf "parties de l'oraison": l'articlen,le nom, le prono':"' le. verbe, le participe, 1 'adverbe, la préposition. 1' interjection et la conJonction. Les parties théoriques sont présentées sur deux colonnes en français er en italien. et - ce qui est assez surprenant étant donné le but de la grammaire - l'auteur y développe surtout La comparaison entre ~s d~ux langues, laissant de côté la Langue espagnole qui est toutefOis presente dans les l.istes d'exemples donnés touj<>urs en trois laogu~ sur trois colonnes parallèles. Ainsi, quand il présente les articles masculms et féminins, par exemple, Fabre ne propose que la comparai­son entre les articles fiançais et. les articles italiens24 e.t pour Ie nom il ne se ra~p~rte qu'à !_'italien tout en fournissant cependant plus loin les déclinaisons auss1 bien des articles que des noms dans les trois langueslS. On peut faire la même observation pour ce qui conœme les verbes et les participes qui ne sont présentés que groupés selon leur terminaison italienne, erc.

On peut donc affinner que, malgré les prémisses, l'ouvrage de Fabre a toutes les caractéristiques d'une grammaire destinée aux francophones pour l'apprentissage de l'italien où l'auteur à l 'occasion se ravise et essaie de se rattraper en proposant des parties entièrement consacrées aux problèmes de la langue espagnole26• Le français par contre est la ~gue ? ' origine, la langue source d'après laqueUe, par contraste, sont presentees les deux autres.

13 D reprend en cela noo seulement l'11sage des grammairiens iLaliens mais aussi les nouvelles œndances_de:s ~~iriens français qui. à partiT du xvn• sjèc.le e t à re~emple de ~aupas, recoornussent ~ 1 article sa place parmi les parties du discours. Cf. à ce propos Swtggers (1985).

24 "Et faut retenir, que J"article François (/e) se ebange tousiours en l'[talim. (il)

O? (lo) &. (la) est de mesme en Italien .• .'' (1627: 9). L'auteur poursuit en sooJignaru les di~ts usa~es daru la l.angue ital ienne de il et lo et il passe ensliÏte 11 présenter le plugel masculm_ en li~ insislalll particuli~rernent sur la nouvelle forme gli.

. Apr~ avo~ défim le nom comme "v ne partie des plus pr.ioc.ipales de 1 'oraison" et a;>'otr précisé q? il "fol ut connai~ "ses genres, cas, nombres, declinais-Os, et significatiôs~, l auœm: P_Ourswt: Il faut sçavotrqo 'en la langue ltaliene il y à que o:lc:nll genres masculin e.t f~muun. or les noms se cogn()isse:~ll ~tre de l'~n ?u de l'autre d 'iceux genres, par 1 anJCiè dessus n~è, ou par la tellllmaJ.Soo de :Jdiec.ùf qui leur est ioincte. [ ... ] Tovs les noms Itallens lesqueles sont elu gerue masculin, soot au singulier nombre taminez en o: ~ en a, ~ en e. &. tou~ au plurier en i, &. retiennent pu l ()us les cas la. mesme lemurnuson qu ds ont au ~~atif . . . '". (1627: ll-12), Suivent que.lques brèves mnarq~ à propos des déclinaisoos, et voilà le problème du nom liquidé. Cf. aussi ta Trt.s utile grammaire (1627: 16-17).

Zll P~ ~- après de longues pages consacrées à la préseotatioo des c.onjugaisoos des verbes Haliens. - donnés bien sùr i}3falièlement à leurs correspondants français e1

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Analysons, par exemple, la partie consacrée aux pronoms:

Le pronom est la seconde partie la quale se met & est prise pour, & au lieu du nom, comme, moy, toy, celuy là, sâs dire moy Pierre, toy leban, oest homme la, & pour les quels mieux cognoistre nous mettrons entierement leur declinaison.

li pronome è la seconda parte, la quale si piglia, & è in fUDgo dd nome. come Jo, Tu, colui, senza dire Jo Pietro, Tu Giovanni, que­sc'hUDmo, e per ben conoscere, e saper qrus/0 meneremo la lor tk­c/inatione inrieramente.

PRONOM DE LA PREMIERE PERSONNE

Singulier FRAN. ITAL SPAG.

No. moy io yo Ge. de moy di me demi Da. amoy à me à mi Ac. moy me me, ô pot mi V o. omoy ome ô me Ab. de moy dame de mi ( l627: 19).

Fabre formule donc sa règle en français et en italien et propose ensuite à 1' apprenant les trois formes dans les trois langues. La partie théorique, comme on l 'a vu, est extrêmement réduite. L 'auteur se contente de donner des informations très succincœsZl. ll préfère passer toUt de Suite à l'exemple pratique, donné toujours, comme on l'a vu, dans les trois langues. Quant à la méthode globale, c'est une méthode qui fonctionne

espagnols - et avant d 'aborder la fonnation des participes. 1 'auœur introduit seize pages eotim:ment occup6es par seize pr6œptes conœmant les accents el la conjugaison des verbe$ espagnols. Plus loin oo 1rouve encore quelques pages ooosacrées à des formes adverbiales typiques de l'espagnol Ces pages sont presque entiètemeut tirées de la gnm­main: de César Oudin (1606): on y rwouve les mêmes exemples et une présenwioo i.de:ntique de plusieurs règles.

n Voici quelques exemples : wne l'article Ce n'est autn: chose qu'vne diction la quelle 9!rt pour denoœr en quel cas est le nom qu'elle pm;ede" (1627: 9). kOu verbe Le vcrl!e est vne paroUe,laquelle signifie, faire au c:ndmer quelque chose, [ ... )mais pour les mieux entc::Ddte, &: cognoistre, il faut les dioiser par cooiugaisoos. modes, œmps, oambres, & pc:rsonoes" (1627: 30). ·• De la cooiODCtion La demiere partie de l'Oraison, est la coniancrioo.. la quelle est en vsage e towe sorte de langue. & va ortlonnant, & encbainam, m parlc:r aucc l' :ru~ anx voix. aux membres, &: aux clausules en diuc:rses façoos ... "(1627: 191).

L"' TRES VTil.E GRAMMMRF. D'Af'<TOINE FABRE 597

par analogies et différences, selon le modèle de la Renaissance, ainsi que ~ous la décrit Chevalier (1 996: 14): ''On met ensemble les mots qui fonctionnent dans des voisinages types identiques, et on distingue dans ces catégories les variables qui apparaissent quand on modifie certains traits du voisinage".

En partant des structures élémentaires qui relient les trois langues, Fabre présente à ses lecteurs une sorte de langue simplifiée et commune aux trois locuteurs insistant surtout sur les éléments de ressemblance sur lesquels l ' usager peut par la suite greffer des éléments plus originaux et particuliers de chaque langue.

~ela vaut tant pour la phonétique que pour la partie purement gram­maticale. On a l'impression que la grammaire de Fabre est une sorte de granunaire essentielle et standardisée qui n'appartient à aucune des trois langues proposées.

Pour ce qui concerne J'article, Fabre ne mentionne que les articles définis; il présente ensuite très rapidement le nom et sa déclina.isoo; il s'arrête sur les substantifs qui, en italien, ont un pluriel irrégulier, tels que os, osso, huesso qui font au pluriel os, ossiJossa, huessos et rappelle très rapidement les adjectifs à deux terminaisons (o pour le masculin et a pour le féminin) et ceux qui n'en ont qu 'une en e (ex.. felice huomo fel!ce fe mina, 1627: 17); il donne ensuite le tableau comparé de la décli~ nruSQn des noms et adjectifs au singuüer et au pluriel (1627: 18) sans toutefois mentionner les diminutifs, ni la formation des féminins irrégu­liers. ni les adjectifs numéraux~ il revient plus loin sur les adjectifs ( 1627: 26-27) pour donner rapidemem la règle pour la formation des co~paratifs et superlatifs28 et proposer un tableau comparé des compa­ratifs et superlatifs irréguliers.

Dans la partie consacree aux pronoms, il présente d'abord les pronoms personnels avec leur déclinaison; suivent les pronoms (et adjectifs) possessifs, appelés "'deriuatifs", et proposés d'Wl.e façon très confuse (il donne le masculin singulier et pluriel mais il oublie le féminin et ne distingue pas, quant à la dénomination, entre adjectifs et pronoms).

Arrêtons-nous un instant à cette présentation du possessif parce que cela peut nous donner une idée assez c.laire de sa façon de procéder:

21 Le comparatif se faict en menant, plus. deuam le nom pos.ilif. Le superlatif en mett.it tres.

Il .r;omporrrtiuo si fà mmendo più, ŒliOJifi il nome po.ritiuo. Il superlaliuo si fa, aggiun­gem:lo al posiliuo issimo.

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598 A. M. MAJIDICH

" Du premier deriuatif masculin FRAN. ITAL.

Singulare

No. mon ou mien mio

Ge. de mon di mio

Da. a mon à mio

Ac. mon mio

Vo.o mon à mio

Ab. demon da mio

Plurale

No. mes miei

Ge. de mes de miei

Da. a mes à m:iei

Ac. mes miei

Vo.o mes o miei

Ab. de mes da mieî

0n peut dire aussi, mien, au lieu de mon. pour le fran-çois de, mio, mais il faut que le nom ny soit point ains sousen­tendu & lors on mect l'article il deuant mio, comme pour e~emple., vous auez pris ~on . liure. voi haueu pigfiaro ri mro libro. Item vous. auez pris le mien. voi hauete pigliaro il mio, ou bien è il mio che hauete pigliaro ou on voit que le nom, liure. est ioint en L' vn sans. article, & soubs entendu en l'autre auec l'article.

Du secund deriuatif masculin Singulare

FRAN. ITAL. No. le tien Ge. du tien Da. au lien Ac. le tien Ab. du tien

No. les tiens Ge. des. liens Da. aux tiens Ac. les tiens Ab. des tiens

il tuo dio del tuo altuo ilruo dal ruo

Plurale li o i ruoi delli tuoi a/fi ruoi li tuoi dalli ruoi

Del primo deriuatiuo masculino SPAG.

el mio, è mi del mio, è di mi al m io. è a mi el mio, o mi omio del mio, o de mi

los mios, è mis delos mios, o de mis alos mios los mios., è mis o mios delos mios, o de mis

Dice mia in luogo di mio, quan-do il Francese dice mienne, rn.ÎQ,

ma bisogna. che non ~·i sia il ~o­me. ma s 'intenda, & alhora Sl met­tel'anicolo il auanû mio, come per esempio voi hauete pigliato mio libro & ancora voi hauete pig/iato ;j mio, 0 meglio, è _il mio, cbe hauet.e pigliato, daru Sl ve-. de che il nome, /ibro. è messo rn Wl Juogo senza articolo, & vi è inteso, nell' allro con l'ani-cola.

SPAG. el wyo del wyo al ruyo el royo del myo

los wyos de los tuyos a los tuyos los wyos de los royos'' (1627: 21-2229

)

:9 Le reste de la déclinaison poor.;uit selon l'exemple de la deuxième persoone.

LA TRES v71LE GR."-MMAJRE D'ANTOINE FABRé 599

On voit aisément ici que le lecteur qui voudrait apprendre l'usage du possessif français se trouverait fort embarrassé d'autant plus que l'auteur conclut cette partie en proposant un ~exemple de tous trois [pronoms], tant au masculin, qu'au feminin" qui est le suivant:

Singulare mon ami mio amico mi ami go ton ou 1UO 0 lU 0 son amie SilO ami ca su amiga (1627: 22)

Même confusion dans les exemples fournis pour le p luriel30 et la présentation n'est pas plus claire pour ce qui concerne les pronoms démonstratifs (en réalité ils ne sont qu'annoncés et leur déclinaison manque entièremenP1) et les relatifs. Pour les aurres, - y compris les démonstratifs oubliés quelques pages auparavant - Fabre y revient après les comparatifs et superlatifs en donnant u11e liste "de plusieurs pronoms tant demonstr.u:ifs qu'autres" ( 1627: 28-29).

Dans la présentation de la quatrième partie relative aux verbes, Fabre ne procède pas de manière plus rationnelle. ll énonce une règle générale qui, comme d'habitude, est cene qui réduit le problème à ses tennes les plus simples (dans ce cas, les trois conjugaisons de la langue espagnole qu'il ne cite p<lDrtant pas32) en le rendant, selon ses inte.ntions, plus abor­dable aux lecteurs :

"Les roiugaisoos sont trois & se distinguent les vnes des autres par l'accent qu'elles ont en leur infinitif. ainsi qu 'en la langue Latine" (1627: 30).

Xl mes amis miei runici mis tes ou ruoi à ros ses amies suol amicbe sus

11 Voici ce qu'on lit dans la grnmmaire:

amigœ ô ami gas ( 1627: 23).

Tous les pronoms suiuaniS Tttlli i proncmi seguenri IW-

appeUez demostra~. oe se mari dimostra.tiui non si declina-declinent point a11ec des :1r- no cott l' arricolo ClHtU! i primali-ticles, mais ainsi que !es pri- ui, .Ji /Je/ singnlare. come ne/ plu-matifs tant an sioguliec. que rale. au pJurier oombn:. Suit un blanc (qui disparaîl dans les éditions suivantes), ensuite l 'auteur reprend: kl.a mesme declinaison e& La medesima declinationl! . t de cwny cy comme de suddits ... di co.wn. come è di!.IIodelto ... " ( !627: 23} '2 Ce ne sem qu'à la page 135, a~ avoir présenlé IOUleS Les conjugai.soos des verbes et avoir ~1 dans les pages consacrées aux ~ Préceptes poUT la lang11e espagnole" les par­ticularités de queiques vcrlles espagnols, que Fabœ ti'OO'i'era moyen de rappeler que ''tous les ve~bes en la r.angue Spagnole se terminent en l'infinitif de trois façon scauoir io ar, l!r, & ir~.

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600 A. t.t. MANDICH

11 est cependant bien obligé de préciser quelques lignes plus loin:

" Et en l' Italienne sont quatre, la seconde, & la tierce estanl differentes au preteril del'indicatif, & en l'accent del infinitif, car la seconde a, ere long, et la tierce coun" (1627: 30-31).

Aucune allusion n'est faite aux conjugaisons des verbes ~ançais~. Les modes sont cinq en nombre comme en latin (indicatif, ~pératJ.f: optatif, conjonctif et infinitif), les temps ~u'il présente ~n.t cmq auss1 (présent, imparfait, preterit, plus-que-parfait et furur) , rruus ~ comprend sous la dénomination preterit les deux formes do passé stmple et ~ passé composé qu'il appelle " premier preterit parfaict" et " second pretent

parfaict". . . Comment s'y prend-il pour présenter les différentes conJUg3.lsons des

verbes? Il est difficile d'y reconnaître une méthode. Dans son e~ort de simplification. il essaye de donner des règles générales, à partir de la conjugaison des deux auxiliaifes34, qui puissent permettre aux ~~ts "dili ents" de "facilement coniuguer les autres selon les tenmnaiSODS

g . . d de ces deux cy" (1627: 31-32). Après avoir donné la conJUgaison u verbe avoir, Fabre note très ~idement:

"Tous les autres verbes actifs se côiugue.nt comme cesruy-cy, prenant garde à la tennin.aison de toutes ses personnes. bien que pour le tt:mps pre­sem de l ' indicatif, & impeœtif, il semble y auoir quelque peu de~· mais pour si peu de chose ie n'a~ voulu ~ me~.!es q~ coruugmsons, sçacbant que le diligent lecteur n en aur01t besom (1627. 37).

Suivent des exemples des conjugaisons de plusieurs verbes données dans un ordre qui tout en n • étant celui d 'aucune langue (par Lare. vedere. sentire, leggere), ~it une motivation de Fabre:

" Le verbe sentir est de la troisme, & demiere ooniu~son en la langue Françoise, & en ltaliene dela quatriesme. come. en la lanne cest ~urq~oy il se trouue en œliu (il faJlt lire: en ce lieu] DUS deuant le verbe /~re, bien qu'il soit de la troisiesme en la langue ltaliene" (1627: 60).

n À la page 60. toll!dais, Fabœ, en parlant du verbe senJJr. !rf~ qu ' il ~~eot à la - rroismc, &: demicre coniugaison en la langue Françoise .. . . J~ F~bre s élo1gne de l'usage français c:oruempor.lÏO. Cf. à ce propos Maupas: "ToutesfotS ~ autao1 que. pour en quelque sorœ imiter les I...arins. la coutume à prins pied de les distribu~ en quatre ordres qu'on appelle coniugaisoru" (Maupas l632: 197). •

J< :Or pour aOJaol que la langue Iuùienne ~ cela de cômun 3Uec ~Ile FrançOise qu'elle s'aide pour coniuger tous ses verbes actifs. du verbe hauoe. auorr; & tous ses passifs. dn verbe, esure cstre; ie les memay seulement tout au long, afin de ne telar<b­lcs leaeUTS" (1627: 31).

L.\ TRES '>'TILE GRAMMAIRE D'ANTOINE FABRE 60l

Après la conjugaison du passif du verbe aimer, Fabre présente on choix assez restreint des principaux verbes irréguliers33 donnés sans aucun ordre et il en profite pour glisser quelques remarques lexicales en partant des locutions figées existant dans l' une des trois langues. Ainsi, au moment de la présentation du verbe faire, !"auteur propose quelques expressions espagnoles où l'on utilise le verbe haz.er avec, bien sûr, leurs CQrrespondants dans les deux autres langues à côté:

" feins d'estre sot feins d'estre fol feins de ne l'entendre

ftnge di esser sciocco finge di esser marto finge di non intenderla

ou encore des expressions relatives au temps:

"'il faict ventil faict boue tira ~·ento,fafango il faict temps clair, è tempo chiaro, è nuolo nu bileux il faict soleil, il faict bon temps il faict lune, il faict serain

è sole. è buon rempo

luce la luna, tira vento della sera

haz' del ignorante io bo!.z.o !taz delloco haze que non lo entende" (1627: 94)

baze viento, .!taze lodo haze claro. haze nublado

baze sol, haze buono

haze lllfla, haze sereno" (1627: 95)

À propos de cette dernière expression espagnole, Fabre signale une s ignification différente dans l'équivalent en langue toscane36•

La cinquième partie est consacrée au participe; là encore, la source directe de Fabre est César Oudin {1623) qui à son tour est redevable à Lapini (157 4: 10 1-ll 0). Les participes y sont étudiés à partir de leur for­mation dans la langue italienne en te, en do, en ro, en aro, ito e !do.

Pour les adverbes, les prépositions, les interjections et les conjonc­tions, Fabre tire cfirectement la matière et les exemples des deux gram­maires de César Ondin en mélangeant la présen~ion de 1 'une et les exemples de l'autre e,t viceversa. D y a même des cas où Fabre suit si servilement ses sources qu ' il se laisse entraîner à des considérations tout à fait déplacées. En présentant les adverbes de quantité, par exemple, Oudin (1606: 136) introduisait les formes du comparatif et du superlatif dont il n 'avait pas parlé dans la partie consacrée au nom et concluait:

}j " ll se retrouuc quelques verbes irregnliers lesquels powront se ' 'oiT dans EupJrro­sino, mais pour cause de briene~tè ie les lai.sseray d' au.llUit que ic ne pretends icy me~ que ce qui est le plus vtil pour ceux qui ne dcsilent tam de propos~ (Lapini 1:574 : 37).

36 Fabre reprend toutes ces expre.ssioos de la grammaire espagnole de César Oudin

(1606: 173), qui à son tour les reprend de Gtovanni Miranda (1584: 333).

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602 A.M. MANDICH

"Voyla ce qui est de la formation reguliere des comparatifs, dequoy ne s'estant point parté en rraittant des noms, cecy sera suffisant pour la

monstrer".

Fabre, oubliant qu'il a traité cette partie avant d'~border le ve~ reprend toutes les considérations relatives au comparauf et au supe~lauf prop<>sées par Oudin et conclul, d'après lui, sans se poser de quesuons:

· · aratifs d n ·en "Voyla ce qui est de la formanon reguliere des comp • e quo! , estât point parlè en uaiuant des noms, cecy sera suffisant pour la mostrer

( 1627: 169).

En général donc, fabre suit avec une remarquable fidélité ~es deux

t d César Oudin, se rapportant de préférence à la Grammmre espa-tex es e 'il · gnoUe, sans doute parce qu'elle avait paru -~'abord et qu . pouvatt en disposer avant la Grammaire italienne, pubbee seulement vmgt ans plus

tard. Les cinquante dernières pages de la grammaire ~ Fabn: sont consa-

crées à des dialo!!Ues sur différents sujets. Le premter- Dlalogve entre cincq cauallier; amis appellez Guzman. Rodrigue, Don Lo_renz~, Mendoce & Osorio, vn maistre d'lwstel, & vn Page - est. lw auss1, emprunté directement à César Oudin qui: dans l'~diti~ de 161~ de ~.a Grammaire espagnolle avait inséré ce dialogue tiré d un recue1l qu il

venait de publierfl. . . . Pour les cinq autres qu'il propose sous le utre de Colloqve~ farrulters

& O·~•ables pour toute sorte de personnes deSireuses de tres propres pr ~J" . J sçauoir parler, & escrire la langue Espagnol/e, ltaliene, & Fran~oue_ Ragionamerui famigliari molto conrœnienti, ed utili p~r qualsl~oglza qualità di persane desiderose di saper. parlar_~· e scnuere la l~ngua Spagnuola Franzese ed Italiana. l ColoqvwsfQ1111liares, muy conuementes, y prouechosos, para qualquiera quali~d de personas . des~e~sas d: saber hab/ar, y escriuer la (engua Espanola, Francesa .. Je n _ru.~~ retrouver les sources directes sauf peut-être pour le premter qw s msprre assez librement d' un autre dialogue du recueil déjà cité de ~ Oudin38. Ces dialogues présentent des situations quotidiennes de la vte

n César Oudin avait en effet fait paraîtte en 1608 un recue~ de dialog~es {Oudin

ln\0) et il avait inséré dans la ooovelle édition de sa gnmnn.arre qw se prépar:~u un de oesle U\10 " •• nPJ I annropnées pOUf dialogues revu et expurgé de quelques par11es assez grossteres. r- ,.,.

bfJC asse:z. vaste de lecteurs auquel s'adressait ce genre d'ouvrage. pu 31 Dialogue quauiesme enlre deux amis[ ... ). un garçon qui lienl des mules de l~g~.

· · ü s~ 1r- '•e des c:hoses ~rtenante.s au voo;age. m•ec d auJres eJ w1e taVemtere. ou ~ ~ ~yy- · •

grociew: propos eJ faceti/!.j, dans Oodin (1608: 65-93).

LA TRES VflLE GRilMMMRE D'ANTOINE FABRE 603

de la bourgeoisie marchande. Dans le premier, intitulé: Voyageur, & le garçon Hostellier, un voyageur qui s'arrête dans une auberge pour y passer la nuit s'informe à propos de l'écurie pour son cheval, des mets pour le souper, et de la chambre paur la nuit. Le dialogue est enrichi de proverbes et n'est pas dépourvu de quelques traits assez comiques:

.. V. comment s'apel­le l'hosce? G. il se nomme Mon­sieur de nulle pan. V. qu'elle est l 'ensei­gne du logis? G. l' estrille d' argent.

V. c'est donc indice & presage que ne faudrons d'estre bien estriUez.

V. come si c.hiama l ' hoste? G. chiamasi il Signa­re di nessuna parte. V. Quale è l 'insegna di CLJSa? G. la srriglia d'argen­ta. V. /nditio è dunque ed augurio, che non mancaremo d'essere bene stregliari.

V. come se llama e[ huesped? G. llama se el Seilor de niguna parte. V. quai es la enseîia de casa? G. el almohaça de plata.. V. indicio pues es y presagi.o, que no fal­taremos de ser bien almobaçados" (1627: 251)

Dans le deuxième dialogue, on assiste à la rencontre de deux. amis qui vont aux. halles: le premier présente son ami aux marchands qu'il connaît et le ur recommande de Iui faire bon accueil; suit une langue liste des marchandises qu'il demande: fourrures, tissus, épices ("gingembre, poiure, cloux de girofles, noix muscades") et fruits rares ou exotiques ("bois d'Inde, - traduit en italien "noci d 'India" - raisins de Corinthe, figues, courges, dates''). Le troisième dialogue propose une conversation entre le Messager & le Marchand Francese (qui devient italiano et spa­gnol dans les versions italienne et espagnole) .. Le messager apporte des nouveUes de la famille et des amis du marchand qui se trouve loin de sa maison. Le ton, là aussi, est enjoué et les ripostes sont souvent lestes:

" M. ne dit-on pas que le bon temps. re­tournera quelque jour. M. le monde dit ouy, & que vous me don­nerez pour mon vin vingt-cinq escus. M. ne croyez pas au monde, car il menl comme les super· scription.s de lenres, & croyez que s'il eust estè ainsi, il ne le vous eust pas diL

M. non si dice, che ii buon tempo ha da torllfJTe tina \'Olla.

M . .il mondo dice che sf e che V.S. mi darà per manda vinticin­que scudi. M. non credere ai mon­do, perdu dice la bu­gia come le srJprascrir­le delle lenere. & si­milmenre. se fusse la ''erÏtà egli non lo di­ria.

M. no se dize que el buen tiempo, tomar se !ta algun dia.

M. el mondo dize que sy, y que v.m. me da­ra por al bricias, veyn­tecinco escudos. M. o.o creays al mon­do porque rniente como las superscrip­tiones de canas, y tambien si fuera la verdad, el no Jo os dixera" (1627: 266).

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604 A. M. MANDICH

Le quatrième dialogue met en scène quatre domestiques (c~q dans les deux versions italienne et espagnole) qui profitent du sommeil de leurs maîtres pour se donner du bon temps: la conversation est pleine de lieux communs. de bons mots,. de proverbes et de banalités. Quelques remarques insérées çà et là nous donnent un bref aperçu de la vie des

nobles jugée par les domestiques:

"P. ou est vostre mai­sue. esl-i1 leuè? l. à peine est-il cou­cbè, & ne se leoera (peut-estre) de trois jours. P. quel mal a il l'eclip­se de la bourse? l. le mesme mal l'a­pris & le tounnen­œ enremement. P. commemluy est aaiueè vne telle des­grace. l. en iouant toute la nui cL

P. doue è i/vomo pa­drone, è krliJÙ}? 1. A pena è aruûmro à il!llo. e non si leuerà per ver!lura di qrlÎ a tre giorni. P. che m11le hà, l'ec­clisse delJa borsa? 1. Questo male lo af­fligge ed appassiona . vrraordinariamotJe. P. come gli è occorsa Ull disgratia.

1. Giocarulo tutta la notre.

P. ado es vuestro a­mo, es leuantado? 1. apenas es acosta­do, y no se leoanta­ra por ventura de tres dias. P. que mal tiene la eclipse crumenaL 1. el mismo mal lo coxà y apassiona es­tremamente . P. como le accorue­scià tal desauenlll­ra.. 1. jugando roda la nocbe" (1627: 270).

Le dernier dialogue propose une double confrontation: d'abord, un rentier s'en prend à son receveur parce qu' il ne recouvre pas assez rapidement les rentes qui lui ~nt dues; ensuite, ce dernier discute avec un des débileurs du rentier. A travers les mots du receveur perce une certaine humanité qui essaie de fléchir le riche: R. "On ne peut pas despouiller le nud oi escorcher la pierre ... " ( 16Tl: ~), ~t de ~om~rendre le débiteur qui ne peut pas payer: " R. cômem s'est ams1 amomdri v~tre bien? M. il a esté employe a nourrir & vestir mes enfants, & en plruds, d~batz & medecines" (1627: 287).

Une brève réflexion morale Comme la vie fuit e la mort la poursrdr

(1627: 287-288) clôt le volume.

0 est intéressant de s'arrêter un instant à cette dernière partie consacrée aux dialogues. La fonction de ces textes dans ce genre d'ouvrages est de permettre au lecteur de se familiariser avec la langue ~t ~a ~ie,du peu~le qui La parie. Dans les gramm.aires et les manuels destmes a 1 apprenos­sage d'une langue étrangère et dans les guides de voyage les dialogues sont groupés selon des centres d' intérêt assez reconnaissables et proches des intérêts des lecteurs: le lever, les promenades, les auberges, le

LA TRES Vf/U GRAMMAIRE D'k'ITOINE FABRE 605

commerce, les voyages etc. Mais pour Fabre le problème est presque sans issue. Quel modèle culturel et linguistique peut-il proposer? Face au:x trois langues qu'il entendait étudier et qu'il mélange dans sa gram­maire, comment fallait-il choisir?

On retrouve ici des personnages qui appartiennent à un milieu com­merçant bourgeois ou rnêrne populaire; leur registre de Langue est adapté attX situations dans lesquelles ils é\•oluent: l'aristocratie et une langue plus recherchée sont tout à fait absentes; toute allusion à la noblesse d'aiUeurs ne va pas sans évoquer, on l ' a vu, une idée d'oisiveté et de paresse; le thème dominant est la vie dans ses aspecrs les plus com­muns; les considérations qui percem ici ou là renvoient à noe morale et à un bon sens plus répandus pa:nni les classes moyennes et inférieures que dans une société raffinée: "Le fer est pour labourer, & non pour occir ny tuer" ( 16Tl: 27 6). C'est un monde de travailleurs qui ne recon­naissent et ne respectent que le travail: la culture, et davantage la culture féminine, ne fait pas partie de leurs valeurs et ne leur paraJ"t qu'une lubie: " Notre poule chante et le coq se tait", observe le garçon hôtelier du premier dialogue et le voyageur lui répond: ... De teUe se doit esperer telle fm comme d' une femme parlant latin" (1627: 255). Un sain enten­dement d'ailleurs ne peut qu'approuver ces vues que la sagesse popu­laire a contribué à répandre par ses dictons qui fournissent la matière à une bonne partie de ces dialogues: '' ... le soleil levé de grand matin, et femme parl.ant latin, prennent rarement bonne fin" ( 1627: 273).

La grammaire trilingue de Fabre se présente donc comme un manuel qui se veut simple, rapide à consulter et sérieux, de.stiné à un public d'adultes désireux d'apprendre les trois langues étrangères proposées. Simple, parce qu'elle propose au lecteur trois langues schématisées, et simplifiées au pos­sible; rapide, parce que la division cJassique des matières ainsi que la pré­sentation sur colonnes parallèles rend toute recherche aisée; sérieux enfin. parce qu'elle s'inspire des auteurs et des ouvrages les plus importants sur cette matière à l 'époque. S'il est évident que l' auteur de cette gram­maire a bien étudié les gnunmairiens qui 1 'om précédé et dont il donne même très scrupuleusement la liste, on reconnaît aussi aisément qu 'il a puisé chez eux de très importantes portions de son texte.

La méthode proposée est une méthode contrastive: aucune des trois langues n'est présentée de faÇQn systématique et complète et ce n'est que grâ.ce à la comparaison des trois domaines linguistiques que l'appre­nant peut enrichir ses connaissances de base.

La Tres v rite grammaire est en réalité .1 'œuvre d ' un pédagogue de bon sens comme il y en avait beaucoup dans une époque précédant l'effort

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de rationalisation des grammairiens de Port-Royal. Fabre se méfie des théories, il préfère confier l 'apprentissage de la langue à la pratique. Aucun '' esprit de système" donc dans cet ouvrage qui se veut comme une méthode simplificatrice pour l'apprentissage de plusieurs langues étrangères: inutile de s'arrêter aux spécificités de chaque langue. Chez l'auteur, au contraire, tout est réduit à quelques règles et à ·'des tours similaires" qui doivent permettre '"'de traduire de la façon la plus immé­diate une langue en une autre" (Chevalier 1968: 409).

S'il est facile de comprendre Je succès de cet ouvrage qui répondait évidemment à un besoin assez répandu à l'époque et qui était un des premiers à proposer en Italie l 'apprentissage de plusieurs langues à un large public, il reste à s'interroger sur la raison qui a poussé l'auteur - ou quiconque se cachait derrière ce nom - à le réimprimer à plu­sieurs reprises au cours des années sans toucher ni aux nombreuses et graves fautes typographiques qui en rendent parfois obscure la lecture ni à la présentation des matières qui juxtapose souvent des éléments hété­rogènes dans le but de donner le plus d'informations possible. Seules peuvent avoir joué des raisons d'ordre pratique: la grammaire de Fabre était la seule dans son genre publiée en ltalie à cette époque. D faudra, e n effet. attendre douze ans pour avoir une grammaire bilingue français­italien (Lonchamps 1638) et presque trente ans pour voir paraître une autre grammaire trilingue (Lonchamps 1655), mieux fondée cependant du point de vue de La systématisation des matières et de la méthode proposée.

BINGEN, Nicole.. 1994. PlzillliLSOne. Répertoire des ouvrages en langue italienne publîés dans les pays de langue française de 1500 à 1660. Genève: Droz.

CHEVAL.IER, Jean-Claude. 1968. Histoire de la symau. Naissance de la rwtion de complémem diJns la grammaire française (1530-1750). Genève: Droz.

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L-\ TRES vTILE GRAJ.foltAJRE o· ANTO!NE FABRE 607

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