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LA PEINTURE ABSTRAITE

www.sitelecorbusier.com

RESSOURCES PÉDAGOGIQUES

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Bernard Aubertin créant son tableau intitulé Feu en 2012.

Introduction

Les prémices

Les éléments de la peinture

L’importance de la couleurLa composition et les formesLa matière et le geste

Alfred Manessier et la non-figuration

Biblio/sitographie

SOMMAIRE

Pierre Soulages, Peinture 181x244, 2009.

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DÉFINITION

On peut définir comme peinture abstraite l’ensemble des recherches artistiques qui considèrent et exploitent les éléments constitutifs et essentiels de la peinture (couleurs, lignes, formes, fond, bi-dimensionnalité) comme suffisants et légitimes à exprimer des réalités différentes et supplémentaires à la perception du monde sensible.

Bien que les motifs abstraits soient utilisés depuis la nuit des temps à des fins décoratives, il faut attendre le XXe siècle pour qu’un basculement idéologique s’opère et que l’utilisation de formes, de symboles, de taches de couleurs, de traits, d’effets de peinture, de monochromes puisse être considérés comme de l’art.

L’abstraction n’est pas un mouvement ni un courant, mais uniquement un choix artistique, qui est fait par de nombreux artistes. Certains ne s’expriment que par la peinture abstraite, d’autres oscillent toute leur vie entre abstration et figuration ou à la limite entre les deux.

INTRODUCTION

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© Patrick Aventurier - Caverne du Pont D’ArcMosaïque, Thermes de Caracalla, Rome, IIIe siècle av. JC © ALBERTO PIZZOLI - AFP

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Le tournant du siècle marque une période de bouleversements politiques, de découvertes scientifiques, de développement technique et de questionnements spirituels et religieux. Ainsi, les découvertes en physique quantique, en astronomie ou autour de l’atome amènent des réflexions profondes sur les limites de notre perception du monde et sur ce que signifie la « réalité ».

Dans le monde artistique s’ajoute le développement de la photographie. Ce nouvel outil qui permet une représentaton visuelle instantanée de manière exceptionnellement réaliste pousse les artistes à se saisir de ces questionnements, interrogeant eux-aussi leur capacité de représenter le monde et surtout le but de leur art.

Certains artistes rejettent alors l’académisme qui entrave leur liberté de création et décident de s’affranchir des codes de la représentation. Cette démarche les amène rapidement à questionner les limites de la représentation figurative.

FIN XIXe SIÈCLE - DÉBUT XXe SIÈCLE

LES PRÉMICES

C’est alors la musique qui inspire fortement les peintres par sa capacité à retranscrire des émotions, sans mots ni images. L’abstraction picturale devient une représentation du monde subjective, dans laquelle l’artiste peut jouer avec la perception des couleurs, de la lumière, des formes, de l’espace et s’amuser avec les défauts de nos sens en utilisant par exemple les illusions d’optique.

C’est à cette époque que naissent les courants d’avant-garde : impressionnisme, fauvisme, cubisme, etc. Ces courants s’éloignent de l’injonction à représenter le monde de manière réaliste. Si très souvent les sujets choisis restent ceux de la peinture académique, leur réalisation non conventionnelle les rend parfois difficiles à reconnaître.

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Les trois Grâces, Raphaël, 1504. Les trois Grâces, Robert Delaunay, 1912.

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À partir de la fin du XIXe siècle, la production de peinture devient industrielle. La palette mise à disposition des artistes est presque infinie et leur permet d’expérimenter dans ce domaine. Avec des mouvements tels que le fauvisme, la couleur devient primordiale dans la réalisation, au point de se suffire pour structurer la toile, pour exprimer une émotion et faire vivre l’œuvre. Dans la peinture du XIXe, le choix d’aplats de couleurs, sans nuances, sans ombres et sans contours, apparaît comme un nouveau moyen de création pour les non-figuratifs.

Pour certains artistes, l’assemblage des couleurs est l’essence de leur travail, par association ou à l’inverse dissociation en jouant des contrastes. Il agit sur l’effet et les émotions provoqués. Parmi les mouvements ayant placé la couleur au cœur de leurs réflexions, on peut citer l‘orphisme, qui s’inspire beaucoup de la musique, du mouvement et de la lumière ; l’abstraction lyrique qui, de manière abstraite, cherche à exprimer directement une émotion de l’artiste ou encore le colorfield-painting où la toile devient le support de grands aplats de couleurs sans contours, semblant continuer hors du tableau.

L’IMPORTANCE DE LA COULEUR

Rythmes, R. Delaunay, 1934, Centre Pompidou.

Carré blanc sur fond blanc, Kasimir Malevitch, 1918.

LES PRINCIPESLES ÉLÉMENTS DE LA PEINTURE

Mark Rothko, Untitled (Red on Red), 1969.

Des artistes apportent une réflexion sur les couleurs et leurs infinies nuances, comme Malevitch qui présente le célèbre Carré blanc sur fond blanc en 1918.

Dans ce qui est considéré comme l’un des premiers monochromes de l’histoire de l’art, il compose une toile avec un carré d’un blanc assez froid, sur un fond blanc plus chaud et lumineux.

L’expérience de la couleur est alors amenée à son maximum. Dans les années 1960, Yves Klein recouvre de peintures très vives des toiles entières sans aucune nuance à part la trace du pinceau ou du rouleau et l’épaisseur de la peinture.

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Le mouvement Action painting (Abstraction gestuelle) naît dans les années 1950 aux États-Unis autour d’artistes favorisant le geste en peinture : projeter, laisser couler, etc.

À un certain moment, les peintres américains […] commencèrent à considérer la toile comme une arène dans laquelle agir, plutôt que comme un espace dans lequel reproduire, recréer, analyser ou “exprimer” un objet réel ou imaginaire. Ce qui devait passer sur la toile n’était pas une image, mais unfait, une action.

Harold Rosenberg en 1952.

Plusieurs techniques existent : • Le dripping, qui consiste à laisser s’égoutter la peinture sur la toile.

Janet Sobel est la pionnière de cette technique, mais le plus célèbre artiste à avoir utilisé cette technique est Jackson Pollock.

• Le pouring qui est le fait de laisser couler de grandes quantités de peinture, dont l’un des pionniers est l’artiste Morris Louis.

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Certains artistes vont plus loin et utilisent d’autres gestes que celui de peindre. L’action, le concept, prennent le pas sur la représentation, ouvrant la voie à l’art conceptuel, qui sort complètement du cadre du tableau exposé au mur.

Ainsi, Lucio Fontana, donne des coups de rasoirs dans ses monochromes, Yves Klein et Bernard Aubertin brûlent leur peintures et se servent du feu comme pigment ou révélateur, Villeglé découpe et colle des affiches, Piero Manzoni plisse ses toiles, etc.

Concetto spaziale, Attese (T.104), Lucio Fontana, 1958.

En l’absence de sujet et de réalité à représenter, les réflexions sur la forme, le contour, la composition deviennent primordiales pour les artistes qui découvrent des possibilités infinies. Un des pères de l’abstraction, Vassily Kandinsky, a réalisé de nombreuses toiles intitulées Komposition, dans lesquelles il assemble et superpose des formes géométriques, des ponts et des traits.

La forme elle-même de l’œuvre est questionnée par de nombreux artistes qui choisissent de sortir du cadre rectangulaire du tableau, apportant une nouvelle esthétique à leur peinture. Certains peintres poussent ce concept jusqu’à créer une abstraction géométrique, un art presque mathématique.

Ainsi, Piet Mondrian place l’angle droit au cœur de ses compositions, avec des « grilles » aux traits noirs ou colorés, créant des multitudes de carrés et rectangles. À cela, il ajoute un travail sur les couleurs primaires qui composent ses toiles.

LA COMPOSITION ET LES FORMES

LES PRINCIPES

Au-delà des formes, de la composition ou de la couleur, de nombreux peintres, surtout au milieu du XXe siècle, vont donner de l’importance au geste de l’artiste et aux effets de la peinture et de la toile en tant que matière.

En effet, la peinture s’émancipe de sa fonction première, qui consistait jusqu’alors à simplement apporter de la couleur dans une toile figurative. Elle devient alors un matériau de création à part entière et des artistes vont s’en emparer pour explorer ses propriétés de matière, d’épaisseur, d’effets…

Le peintre français Pierre Soulages par exemple, très connu pour ses Outrenoirs, expérimente toutes les nuances du noir par son travail sur la matière, l’épaisseur ou la transparence.

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LES ÉLÉMENTS DE LA PEINTURE

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LA MATIÈRE ET LE GESTE

Composition VIII, Vassily Kandinsky, 1923.

Solomon R. Guggenheim Museum, New York,

Solomon R. Guggenheim Founding Collection.

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Le peintre Alfred Manessier mène une recherche artistique pendant environ quarante ans. Au début de sa carrière, son art s’enracine dans les paysages de son enfance dans la Somme. L’aspect le plus frappant de ces tableaux est la lumière toute particulière qui baigne ces lieux et qu’il réussit à transposer.

Plus tard, il est influencé par ses voyages aux Pays-Bas, dans le Sud de la France et surtout par ses nombreux séjours en Espagne. Il ne perd jamais cette approche sentimentale pour représenter les atmosphères qu’il découvre tout au long de sa vie.

Dans les années 1930, étudiant aux Beaux-Arts de Paris, Manessier est à la recherche d’inspiration. Il approche l’art des avant-gardes et suit de près le cubisme et le surréalisme. Il s’intéresse aux recherches menées par Monet dans ses dernières œuvres, qui représentent le même sujet baigné de lumière à différents moments de la journée.

ALFRED MANESSIER ET LA RECHERCHE D’UN LANGAGE

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MANESSIER

La Baie de Somme, A. Manessier, années 1920/30.

Salve Regina, Alfred Manessier, 1945.

Manessier abandonne alors définitivement la figuration et découvre l’abstraction comme une opportunité d’exprimer sur la toile les mondes extérieurs et intérieurs à la fois.

« Il s’agit de rechercher un langage [...], mettre à nu, par des moyens authentiquement plastiques, les équivalences du monde extérieur et d’un monde plus intérieur. »

C’est le début de l’engagement religieux et humaniste de Manessier, qui se sert de ce nouveau langage pictural pour proposer sa vision du monde et son émotion face aux évènements d’actualité.

Manessier est considéré comme le chef de file de la non-figuration, recherche qui s’éloigne de l’abstraction géométrique vers une approche sensible et libre. Sa création est basée sur la relation entre le monde expérimenté au quotidien et le monde des émotions et des sentiments.

La peinture d’Alfred Manessier se caractérise d’abord par des entrelacs noirs rompus, toujours changeants qui structurent le tableau et en donnent une clef de compréhension. Ce noir s’oppose à la palette extrêmement variée de couleurs, osant le rouge, le jaune et le bleu ou proposant au contraire des nuances plus douces construites par demi-tons.

« Je pense que l’abstraction c’est la voie de demain. Je pense que nous sommes les primitifs d’un langage nouveau qui est un langage aussi souple que celui que les musiciens ont depuis longtemps à leur service [...] Je le souhaite, il y aura des grands peintres symphonistes [...] »

Alfred Manesssier, 1977.

Il s’inspire également de Vassili Kandinsky, qui donne aux couleurs une valeur émotionnelle et symbolique à la fois. Habitué du Louvre, il est fasciné par les grands maîtres coloristes : Rubens, Rembrandt, Titien et Goya. C’est ainsi que démarre sa carrière artistique autour de la recherche sur la forme et sur la couleur.

Mais c’est autour de 1945 que son innovation artistique se révèle particulièrement, après une expérience mystique qu’il vit lors d’une retraite au monastère de la Trappe.

En parallèle, dans certaines toiles, le noir disparaît pour laisser place uniquement aux couleurs. Celles-ci sont superposées sur plusieurs couches et appliquées avec différentes techniques qui impliquent un engagement gestuel plus marqué : coulures, brosse, spatule, coups de pinceau, empâtements, glacis, griffures. Les différents tons et textures des couleurs sur la toile aident Manessier à structurer son tableau et à transmettre son message.

Il a l’habitude de travailler par cycles se développant sur plusieurs années. Cela signifie qu’il ne se concentre jamais sur l’achèvement d’un seul tableau mais qu’il développe plusieurs peintures à la fois en passant de l’une à l’autre selon les ressentis et les inspirations du moment. Les tableaux appartenant à une même série ne quittent l’atelier du peintre qu’à l’accomplissement de la série entière.

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- Comment parler de l’art du XXe siècle aux enfants, Françoise BARBE-GALL, Le Baron Perché, 2011.

- L’art abstrait, Stéphanie STRAINE, Flammarion, 2020.

- Chronologie de l’art du XXe siècle, Michel DRAGUET, Flammarion, 2006.

BIBLIOGRAPHIE SITOGRAPHIE

L’ART ABSTRAIT

Qu’est-ce que l’art abstrait ? Le Grand Palaishttps://www.grandpalais.fr/fr/article/quest-ce-que-lart-abstrait

La minute arty : petite histoire de l‘art abstraithttps://blog.artsper.com/fr/la-minute-arty/petite-histoire-de-lart-abstrait/

le geste dans l’arthttps://perezartsplastiques.com/2016/02/28/le-geste-dans-lart/

WASSILY KANDINSKYhttp://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-kandinsky/ENS-kandinsky.

html

JACKSON POLLOCKhttps://www.guide-artistique.com/artistes/jackson-pollock/

ALFRED MANESSIERSite de l’Association Alfred Manessier

http://alfredmanessier.free.fr/

Entretien avec Alfred Manessier, archives INA, 1977https://www.youtube.com/watch?v=QdMLdziCGZY&list=RDCMUCs-e7ayRI75k-i617JkCrpA&s-

tart_radio=1&t=0

- Alfred Manessier et l’engagement, Jean-François COQUET, Scriptoria, 2019.

- Alfred Manessier, Le tragique et la lumière, Librairie des musées, 2012.

- Manessier, textes et entretiens, Pierre ENCREVÉ, Somogy, 2013. extrait consultable en ligne : https://issuu.com/baranes/docs/manessier_extrait

- Alfred Manessier, Une aventure avec Dieu, Sabine DE LAVERGNE, Siloë, 2003.

- Tours, Favellas et autres œuvres monumentales, Alfred Manessier, Catalogue FIAC 2012, Galerie Aplicat-Prazan.

ALFRED MANESSIER