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La pertinence des usages pédagogiques de
Facebook dans l’apprentissage des langues.
Travail de recherche sur l’usage pédagogique des médias sociaux
Marie Langlade
Sommaire
1. L’usage pédagogique de Facebook : un sujet à controverses et en constante mutation. .............. 3
1.1. Un outil avec toujours plus de fonctionnalités........................................................................ 3
1.2. Facebook et enseignement : un débat sans fin ? .................................................................... 4
2. De la salle de classe à Facebook : pour une interaction plus authentique. .................................... 4
2.1. Sortir des murs de la classe et utiliser les média sociaux........................................................ 5
2.2. Pourquoi Facebook (plutôt qu’un autre réseau social)? ........................................................ 5
3. Créer un espace pour la classe sur Facebook pour favoriser les échanges. ................................... 6
3.1. L’organisation de travaux de groupes ou de discussions sur Facebook.................................. 6
3.2. La collaboration et la correction paritaire favorisées. ............................................................ 7
4. Utiliser la langue à des fins sociales ou comment exploiter le côté ludique de Facebook. ........... 8
4.1. La rencontre avec des locuteurs natifs.................................................................................... 8
4.2. Le tchat informel avec l’enseignant. ....................................................................................... 8
Quelques recommandations. .................................................................................................................. 9
Sitographie. ........................................................................................................................................... 10
2
Facebook est aujourd’hui un réseau social utilisé dans le monde entier, en grande majorité à des
fins personnelles. Il a cependant fait son apparition en classe, et notamment dans l’enseignement du
FLE.
Nous sommes plus ou moins conscients des dangers de Facebook: la question de la protection
des informations personnelles et - en terme d'usage pédagogique - le problème que soulève
l'utilisation d'un outil appartenant à la sphère privée pour l'apprentissage d'une langue.
Pourquoi alors l’intégrer malgré tout à l’apprentissage des langues ? Quelle est la pertinence d’un
usage pédagogique de Facebook ?
Pour tenter de répondre à cette question, nous nous intéresserons plus particulièrement au rôle
que Facebook peut jouer dans le développement de l’interaction en classe de langues, et plus
précisément avec un public de jeunes adultes. Pour cela, nous nous appuierons sur des expériences
et des réflexions menées par plusieurs enseignants qui permettent d’approfondir le sujet.
1. L’usage pédagogique de Facebook : un sujet à controverses et en
constante mutation.
1.1. Un outil avec toujours plus de fonctionnalités.
Depuis sa création, le réseau social Facebook a connu de nombreuses modifications –
améliorations pourrait-on dire. Cet outil - crée au départ pour mettre en réseau les étudiants
d’Harvard - est devenu un élément de la vie quotidienne pour beaucoup d’entre nous, et pour
beaucoup de nos apprenants. Alors quelles nouveautés depuis huit ans ? Une grande quantité, et les
lister toutes ici n’apporterait pas beaucoup à l’étude qui nous intéresse. Néanmoins, il est
intéressant de constater que certaines permettent d’envisager l’utilisation de Facebook dans un
cadre pédagogique, et plus particulièrement pour l’apprentissage des langues.
En 2008, paraît un guide d’utilisation de Facebook en français, Bienvenue sur Facebook ! Le mode
d’emploi. Ses auteurs résument le réseau social ainsi : « Sur Facebook, on est « entre soi » ; Sur
Facebook, on est mis en avant ; Sur Facebook, on est au cœur de l’action » (1). Facebook est en effet
un site basé sur l’interaction. L’utilisateur (l’apprenant dans la perspective d’une utilisation
pédagogique) utilise la langue pour agir : il parle de lui (statuts, légendes de photos, etc.), il
comprend et réagit à ce que disent les autres (commentaires), il parle aux autres (tchat). Il s’agit
d’autant de fonctionnalités nouvelles qui permettent d’envisager le rôle que pourrait jouer Facebook
pour développer la compétence d’interaction des apprenants. On peut également créer des quizz sur
le réseau.
Par ailleurs, des applications spécialement conçues pour l’utilisation de Facebook dans un cadre
pédagogique ont été ajoutées au réseau social (2). On peut ainsi citer l’apparition de « Coursefeed »,
qui permet d’ajouter du contenu pdf et inclus des activités de réseautage, ou « Supercourse », pour
la création de classes virtuelles. On remarque également la mise en place d’open university courses,
des cours ouverts, en ligne et accessibles depuis Facebook. Les possibilités d’intégrer ce medium à
l’enseignement sont tellement grandes que certains vont jusqu’à l’utiliser comme plate-forme e-
learning (3). On pourrait alors penser que l’intérêt de Facebook pour l’apprentissage est devenu
évident. Il n’en est rien et la question fait toujours débat chez les enseignants.
3
1.2. Facebook et enseignement : un débat sans fin ?
Facebook fait aujourd’hui indéniablement partie de la sphère privée, et la question de la
protection des informations personnelles inquiète toujours, à juste titre. Pour beaucoup, cela justifie
sa non-utilisation à des fins pédagogiques. L’association réseau social-Facebook-dérives-danger est
très courante, si bien que dans certains établissements l’accès au réseau est bloquée afin d’éviter
tout problème (4). On trouve sur internet beaucoup de témoignages d’acteurs de la communauté
enseignante s’interrogeant sur les potentialités éducatives de ce medium. Certains ont un avis très
tranché : Facebook n’a pas lieu d’exister dans un environnement pédagogique. Les raisons avancées
sont souvent les mêmes. Facebook fait partie intégrante de la vie privée des étudiants (et du
professeur) et faire intrusion dans cet espace personnel comporte des risques. L’expérimentation de
Laurence Juin est à ce sujet très intéressante. Cette enseignante s’est fait connaître pour son
utilisation de Twitter en classe (5). Elle explique avoir tenté l’expérience avec Facebook dans un
premier temps. Or, si elle a su mener une réflexion sur quels éléments de son profil montrer à ses
élèves, eux non. Lorsqu’ils ont réalisé que leur enseignante pouvait suivre leur vie privée par ce biais,
l’expérience n’a plus fonctionné. Une autre raison avancée est souvent l’aspect commercial de
Facebook : son utilisation en classe contribuerait à une officialisation du célèbre réseau social,
officialisation qui n’aurait pas lieu d’être, ou ne devrait en tous les cas pas se faire par le biais des
enseignants. Enfin, Facebook apparaît souvent comme un objet ludique, et qui devrait rester comme
tel.
Les enseignants ayant malgré tout tenté l’expérience donnent de précieux conseils sur les
moyens permettant de tirer profit de ce qui devient alors un véritable outil de travail : créer un
second compte professionnel, créer un compte classe pour ne pas forcer les étudiants qui ne
l’auraient pas encore fait et ne le souhaitent pas à rejoindre Facebook, etc. Ces professionnels
insistent sur un fait : utiliser le deuxième site Internet le plus visité au monde (après Google)
nécessite beaucoup de préparation et de réflexion. Il doit demeurer un outil, un moyen d’atteindre
des objectifs d’apprentissage fixés pour éviter toute « improductivité pédagogique » (3).
Il est important de rappeler que nous nous interrogeons ici sur la pertinence de l’utilisation de
Facebook avec de jeunes adultes. Même si les risques dénoncés par beaucoup et évoqués ici sont
réels, il s’agit d’un public peut-être plus enclin à comprendre ces risques et à faire la part des choses
pour tirer le meilleur parti de ce réseau social dans un contexte d’apprentissage. Ceci étant pris en
compte, pourquoi se priver de cet outil, dont le rôle dans le développement de l’interaction chez des
apprenants en classe de langues peut-être –nous allons le voir – déterminant ?
2. De la salle de classe à Facebook : pour une interaction plus
authentique.
Si pendant longtemps l’apprentissage d’une langue s’est défini par le développement de quatre
activités langagières (production écrite et orale, compréhension orale et écrite), l’interaction fait
aujourd’hui partie intégrante des apprentissages d’une langue. Les outils TIC à notre disposition
4
constituent de formidables moyens de mettre celle-ci en œuvre, et plus particulièrement les médias
sociaux.
2.1. Sortir des murs de la classe et utiliser les média sociaux.
Le web 2.0 joue un rôle important dans la nouvelle distribution des rôles entre apprenants et
enseignant. Il « décloisonne la classe »(3). En effet, l’enseignant entre facilement en relation et en
interaction avec ses élèves en dehors du temps scolaire. Bien sûr cette extension du temps
périscolaire doit être contrôlée car l’utilisation des média sociaux peut rapidement devenir
chronophage. L’intérêt du réseau social est donc qu’il permet des échanges entre l’enseignant et
l’apprenant sur leur temps personnel. L’interaction qui en résulte est donc plus authentique que celle
qui se crée entre les murs d’une salle de classe puisque la langue est utilisée dans un contexte
différent. Pouvoir utiliser cette langue alors qu’il n’est plus en classe permet à l’apprenant d’en faire
un véritable outil social de communication et non plus un simple objet d’étude.
Par ailleurs, le fait de sortir du cadre de la classe ou de l’établissement permet à l’étudiant de ne
plus appréhender la tâche à effectuer d’un point de vue scolaire, puisqu’il s’agit d’échanger dans un
but public, social, en tant qu’utilisateur d’un réseau partagé partout dans le monde. Ainsi, une
enseignante ayant utilisé l’application quizz de Facebook avec des lycéens en littérature explique que
chaque étape du travail effectué a plu aux élèves parce que le but de cette activité était concret,
public et social grâce à sa diffusion sur le réseau social (6). Le web 2.0 rend toute utilisation de la
langue authentique puisque publique et doit donc venir en complément (voire plus ?) de tout
apprentissage d’une langue étrangère. Les réseaux sociaux ont particulièrement un rôle à jouer
puisque leur existence même repose sur la notion d’interaction.
2.2. Pourquoi Facebook (plutôt qu’un autre réseau social)?
Nous avons évoqué dans notre premier point les dangers particuliers inhérents à Facebook. On
trouve aujourd’hui un nombre incalculable de media sociaux sur la toile. Les réseaux sociaux eux-
mêmes se sont multipliés et Facebook n’est plus le seul à disposition des enseignants. Pour
beaucoup, l’utilisation est plus sécurisée et donc moins risquée avec d’autres réseaux, et plus
particulièrement avec Twitter. Premièrement celui-ci est généralement moins utilisé par les
étudiants. Deuxièmement, il permet de nombreuses possibilités et est d’ailleurs de plus en plus
utilisé en classe, et plus spécialement en classe de langues. La contrainte des 140 caractères permet
en effet d’imaginer bon nombre d’exercices d’écriture stimulants pour les apprenants. En outre, il
rassure bon nombre d’enseignants, et à juste titre. Sur Twitter, on ajoute du texte essentiellement ;
la question de la protection des données personnelles ne se pose donc pas. Néanmoins, ce réseau
permet-il autant de possibilités en terme d’interaction que son aîné et leader ? Comme nous l’avons
évoqué plus haut, Facebook offre aujourd’hui un large éventail de possibilités d’utilisation, et
beaucoup d’entre elles donne la possibilité de développer des échanges avec et entre nos étudiants.
Facebook est un medium que nos apprenants utilisent au quotidien dans leur vie privée ; oui certes.
Mais est-ce une raison pour ne pas profiter de sa valeur ajoutée dans le domaine pédagogique ?
C’est au contraire parce qu’il s’agit d’un outil utilisé par les apprenants dans un contexte privé, pour
discuter avec leurs amis, rencontrer de nouvelles personnes, s’abonner à des groupes, etc., qu’il faut
5
l’utiliser. Faire entrer la langue cible dans cet objet du quotidien peut rendre son apprentissage en
interaction pleinement authentique. On peut imaginer pour cela plusieurs scénarios.
3. Créer un espace pour la classe sur Facebook pour favoriser les
échanges.
Une des premières intégrations possibles de Facebook pour travailler l’interaction dans un
contexte authentique consiste en la création d’un espace pour la classe sur le réseau. Cet espace
numérique virtuel vient renforcer l’espace pédagogique réel. L’aspect technique (ouverture du
groupe, création de la page) peut même se faire en classe, afin que les étudiants prennent
conscience de l’existence de paramètres de confidentialité sur le site. C’est en effet aussi le rôle de
l’enseignant que de montrer et d’expliquer les risques du web, et pour cela mieux vaut utiliser
Facebook avec les étudiants plutôt que l’écarter volontairement.
3.1. L’organisation de travaux de groupes ou de discussions sur
Facebook.
L’intérêt d’un tel espace commun sur Facebook est de permettre aux apprenants d’échanger
entre eux et avec l’enseignant dans un cadre différent. Encore une fois, il s’agit de compléter l’espace
de la classe, et non de le remplacer. On peut trouver en ligne un grand nombre d’exemples
d’utilisation de Facebook de ce type même si ceux-ci ne concernent pas l’apprentissage des langues.
Ainsi, dans un collège, des élèves travaillent l’histoire à travers une page Facebook sur laquelle ils
ajoutent les dates importantes du siècle (7). Chacun peut prendre connaissance du travail fournit par
les autres membres de la classe et y réagir avec des commentaires. Les enseignants en ayant fait
l’expérience ont tous le même retour : Facebook pour la classe peut être très bénéfique.
Dans le contexte de l’apprentissage des langues, cela nécessite bien sûr quelques règles.
L’interaction entre les membres d’un même groupe est possible à condition qu’elle se fasse dans la
langue cible. Même si au départ ce n’est pas évident pour les apprenants (et comme nous l’avons dit
plus haut, c’est tant mieux !), il faut qu’ils puissent dissocier cet espace de partage dans la langue
apprise – la page de la classe - de l’ensemble du réseau social, afin de bénéficier au maximum des
possibilités d’interaction offertes par Facebook. Le rôle de l’enseignant consiste donc à imposer le
français (dans le cas du FLE) comme langue vecteur pour que la page reste un espace d’apprentissage
(8). La motivation des apprenants viendra du fait que, même si la page en question est interne à leur
classe, elle est publique, et peut donc être vue partout dans le monde, a fortiori puisqu’elle se trouve
sur le réseau le plus visité du web.
Ces groupes peuvent avoir des objectifs variés. Il peut s’agir d’organiser et de présenter
l’avancée d’un projet pédagogique, comme ces élèves du secondaire au Québec (9). Les applications
de visioconférence, de tchat ou de partages de documents peuvent également être utiles dans le
cadre d’une formation hybride, ou de tâches réalisées à distance. Ces différentes applications
peuvent jouer un rôle important pour la rétroaction ou l’aide individualisée. Avec Facebook
l’enseignant a en effet à sa disposition un grand nombre d’outils pour les feedbacks (l’idée d’une
6
utilisation exclusive de Facebook dans le cadre de formation à distance ne semble cependant pas très
judicieuse). En outre, une page ou un groupe crée sur le réseau social peuvent servir à la discussion
entre des étudiants de différents établissements. Un exemple intéressant –encore une fois dans le
secondaire – consiste à faire discuter les lycéens autour de la filière littéraire (10) : les anciens élèves
témoignent de leur parcours, les autres de leurs doutes, interrogations,… On peut très bien imaginer
une telle utilisation dans le cadre de l’enseignement d’une langue pour favoriser les échanges autour
des objectifs d’apprentissage des étudiants.
3.2. La collaboration et la correction paritaire favorisées.
L’interaction que permet la création d’une page pour la classe sur Facebook est également
développée à travers le travail collaboratif que le réseau social permet, et que l’enseignant peut
« surveiller ». Ainsi, lorsque les apprenants travaillent sur un projet, l’enseignant peut leur demander
de partager leurs recherches ou l’avancée de leurs travaux sur Facebook. Cela lui permet de suivre en
temps réel les avancées du projet et éventuellement de guider les étudiants. L’enseignant n’est pas
le seul à bénéficier de cela. Les membres du groupe eux-mêmes peuvent s’informer de l’avancée du
travail fourni par les autres, notamment à travers le fil d’actualités. Cela leur donne la possibilité de
s’entraider les uns les autres (11).
Par ailleurs, ce type d’exercices peut également permettre la création d’activités favorisant
l’évaluation – ou du moins la correction - paritaire. Ainsi, une étude menée auprès d’étudiants de
Français langue étrangère américains est particulièrement intéressante. « L’objectif principal de
l’utilisation pédagogique d’un groupe Facebook se centrait sur le développement des compétences
communicatives des apprenants : il s’agissait de répondre et d’interagir, avec un délai d’une semaine,
à des questions thématiques proposées par l’enseignant. Un second objectif était d’analyser
l’amélioration de l’autonomie des étudiants face à la recherche et l’analyse de ressources relatives
aux thèmes discutés » (12). Les étudiants participants affirment avoir appris de leurs camarades, ainsi
que des étudiants français avec qui ils ont pu être mis en relation grâce à l’expérimentation.
Interrogés sur la correction des messages publiés, et donc sur l’amélioration de compétences écrites,
les réactions sont variées mais certains ont exprimé qu’ils sentaient qu’ils pouvaient bénéficier de
retours correctifs sur leurs productions. Par ailleurs, le statut public a influé sur la qualité des
commentaires mis en ligne, les étudiants étant alors plus préoccupés par la qualité de leurs
productions. L’enrichissement des pratiques par des retours correctifs de l’enseignant est encouragé
par les applications présentes sur Facebook et bien reçu des étudiants, tout comme celui des
pratiques de corrections entre pairs, suivies par l’enseignant.
Enfin, plusieurs études ou même constations quotidiennes nous montrent que beaucoup
d’étudiants utilisent Facebook pour communiquer entre eux autour de tels ou tels cursus et cours
suivis ou activité pédagogique à réaliser. Cette tendance à se tourner de façon informelle vers
Facebook - dont les fonctionnalités facilitent la collaboration - nous encourage à intégrer le réseau
social dans les pratiques de classe de façon plus officielle.
Néanmoins, l’aspect informel de Facebook peut également avoir sa place dans le développement de
l’interaction chez les apprenants d’une langue.
7
4. Utiliser la langue à des fins sociales ou comment exploiter le côté
ludique de Facebook.
Une seconde utilisation possible du célèbre réseau social consiste en effet à tirer profit de
cet aspect informel ou ludique. Il s’agit certainement de ce qui nous effraie le plus en tant
qu’enseignant, et à juste titre. Une telle utilisation avec un public jeune peut d’ailleurs être discutée.
Avec le public qui nous intéresse ici – jeunes adultes – son expérimentation sera très certainement
enrichissante.
4.1. La rencontre avec des locuteurs natifs.
Utiliser Facebook de façon informelle permet ainsi la rencontre avec des locuteurs natifs. Les
différents outils de communication disponibles sur Facebook : commentaires, tchat, messagerie,
visioconférence nous invitent à bien parler de rencontre et non pas de simple correspondance. Nous
avons déjà vu plus haut comment la création d’un groupe pour la classe ou d’une page entre deux ou
plusieurs groupes d’apprenants de différents pays permet de développer la capacité à communiquer
avec des natifs. Néanmoins, cela soulève plusieurs questions. Premièrement, la question se pose de
la langue de communication à utiliser ? Des étudiants anglais communiquant avec des Français
voudront très certainement s’exprimer dans la langue cible, ce qui signifie que les Français
communiqueront dans leur langue maternelle, et l’intérêt de l’échange pour eux doit alors se situer
ailleurs que dans la langue utilisée. Les objectifs à atteindre et les modalités d’organisation
demandent donc beaucoup de préparation de la part des enseignants. Deuxièmement, ce type de
projet s’inscrit souvent dans un schéma épistolaire bien défini qui finalement favorise plus un
échange d’informations (où j’habite ? ma famille ? mes loisirs ?) qu’une véritable interaction.
Choisir de laisser les apprenants interagir seuls avec des natifs, sans contrôle de l’enseignant
peut être très intéressant. Une expérience menée dans le secondaire confirme cela. Elle s’inscrit dans
une relation classe-classe, sans contrôle de l’enseignant. Deux classes, l’une en France et l’autre en
Italie, ont pris l’habitude de se rencontrer, de se raconter des anecdotes, d’échanger des liens et de
plaisanter à travers l’utilisation de Facebook. Lorsque les deux groupes se sont vus physiquement, ils
se connaissaient déjà (13). On peut imaginer la valeur ajoutée d’une telle utilisation du réseau social
pour développer l’interaction chez nos apprenants. Le cadre informel et le non contrôle de
l’enseignant permettent en outre l’accès à un registre de langue absent des salles de classe.
Facebook donne accès à un vocabulaire argotique qu’il est important de connaître. On peut donc
dans le cas présenté considérer Facebook comme un complément pédagogique, une part d’informel
qui vient renforcer l’apprentissage formel par l’usage social de la langue qu’il implique.
4.2. Le tchat informel avec l’enseignant.
Pour les plus convaincus ou les plus courageux, l’exploitation du côté informel de Facebook
peut également se faire dans la relation apprenant-enseignant. Cela demande en effet d’accepter de
communiquer avec nos étudiants dans un cadre totalement différent qui peut venir bouleverser
l’organisation habituelle de la classe. Cela demande donc beaucoup de réflexion.
8
Certains ont tenté l’expérience et en relatent l’intérêt sur Internet, à l’instar de cette
professeur d’anglais à l’Université de Limoges (14). Elle a donné la possibilité à ses étudiants de
discuter avec elle via le tchat de Facebook. Les conversations sont informelles et abordent souvent
des thèmes culturels : les apprenants sont ravis grâce à l’aspect ludique de ce concept et
l’enseignante convaincue de l’intérêt d’une telle pratique. Se pose la question de la correction
linguistique des apprenants. Il faudrait d’après elle trouver un moyen qui permettrait de corriger les
étudiants sans nuire à l’ambiance « ludique » de Facebook : « Une solution est de corriger les
étudiants lorsque nous discutons en direct par Facebook. Ce format est idéal pour la correction
puisque dans ce service de messagerie instantanée les conversations ne sont ni archivées ni publiques.
De cette façon, les fautes peuvent être corrigées immédiatement pour plus d’efficacité. » Les
apprenants ont donc la possibilité de s’exprimer en interaction dans un cadre informel qui se
rapproche plus d’une utilisation sociale de la langue cible, tout en bénéficiant de rétroactions de la
part de l’enseignant.
Quelques recommandations.
Cette réflexion sur la pertinence de Facebook dans l’apprentissage des langues et plus
spécialement sur le rôle que le site peut jouer dans le développement de l’interaction nous invite à
faire l’expérience de l’utilisation du réseau dans nos pratiques. La valeur ajoutée semble en effet
réelle.
Les enseignants ou les professionnels les plus réticents à l’utilisation de Facebook dans un
cadre pédagogique pourront objecter que d’autres medias du web 2.0 permettent d’en faire autant
dans un cadre plus sécurisé. D’un point de vue technique, on ne peut qu’approuver. En ajoutant
simplement que l’un des avantages de Facebook est bien souvent de concentrer plusieurs
fonctionnalités dont l’usage combiné permet de diversifier les activités. D’un point de vue humain,
on aurait tendance à approuver également. Amener Facebook dans la classe, ou dans le cours de
langues, c’est un peu effectuer un mélange entre espace personnel et espace d’apprentissage ou
d’enseignement, mélange qui peut se relever néfaste, à moins que sa réussite ne soit une question
de dosage. D’un point de vue pédagogique, la pertinence de son utilisation est réelle.
Nous avons évoqué tout au long de cette réflexion l’appréhension ou la réticence des
enseignants à introduire Facebook dans ses pratiques de classe. Il faut également garder à l’esprit
que les étudiants peuvent partager cette réticence. A l’enseignant et à la classe de discuter des
possibilités de Facebook et des modalités de son utilisation en classe de langue. Beaucoup de
sécurités peuvent dans ces cas-là être mises en place et le net regorge de conseils à ce sujet : créer
un compte classe, ne pas obliger les étudiants à rejoindre le réseau, créer un deuxième profil (pour
l’enseignant)… Il y a donc beaucoup d’adaptations en fonction des objectifs pédagogiques visés. Ce
sont toujours ces objectifs qui doivent rester la base du questionnement et des pratiques menés.
9
Sitographie.
1. Tchater avec le prof : l’apprentissage d’une langue étrangère par les communautés numériques
[en ligne]. Études Anglophones, Université de Limoges : Colloque « Langues, espaces numériques et
diversité », Limoges, 2008. < http://insuf-fle.hautetfort.com/media/02/00/381882795.pdf>
2. Veille technologique. Facebook [en ligne]. La Vitrine. Technologie et éducation.
http://ntic.org/reseau-tic/episode-33-decouverte/
3. Exploiter Facebook en plate-forme E-learning pour les langues [en ligne]. Educavox.
http://www.educavox.fr/formation/usages-26/Exploiter-Facebook-en-plate-forme
4. Utiliser un réseau social en classe les bonnes questions à se poser avant de se lancer [en ligne]. Ma
Onzième année et les suivantes (blog).
<http://maonziemeannee.wordpress.com/2012/03/22/utiliser-un-reseau-social-en-classe-les-
bonnes-questions-a-se-poser-avant-de-se-lancer/>
5.Pourquoi Twitter et pas facebook ? [en ligne]. OWNI. http://owni.fr/2010/09/22/pedagogie-
pourquoi-twitter-et-pas-facebook/
6.Veux-tu être mon Bel-ami ? [en ligne]. Le café pédagogique.
<http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/lettres/francais/Pages/2010/117_Veu
xtuetremonBelAmi.aspx>
7. Facebook pour transmettre l'histoire et la mémoire [en ligne]. Facebook.
https://www.facebook.com/groups/272638831912/
8. Les enjeux de Facebook en classe de langue [en ligne]. INSUF-FLE http://insuf-
fle.hautetfort.com/archive/2010/07/13/les-enjeux-de-facebook-en-classe-de-langue.html
9. La page Facebook du projet "Eau secours de la Yamaska" [en ligne]. Facebook.
https://www.facebook.com/EausecoursdelaYamaska.
10. Littéraires Iroise [en ligne]. Facebook. https://www.facebook.com/litteraires.iroise.
11. Dix bonnes façons d’utiliser Facebook en classe [en ligne]. Jam-Mag. http://www.jam-
mag.com/dix-bonnes-facons-dutiliser-facebook-en-classe/
12. Utilisation des réseaux sociaux pour l’apprentissage des langues étrangères : le cas de Facebook
[en ligne]. Adjectif analyses. http://www.adjectif.net/spip/spip.php?article152&lang=fr#nb10
13. Quand Facebook est plus intéressant que Twitter [en ligne]. Techniques innovantes pour
l'enseignement supérieur. http://tipes.wordpress.com/2010/09/22/quand-facebook-est-plus-
interessant-que-twitter/
14. Tchater avec le prof [en ligne]. INSUF-FLE. < http://insuf-
fle.hautetfort.com/media/02/00/381882795.pdf >
Voir aussi la page scoop.it Le français en classe de langue. http://www.scoop.it/t/facebook-en-classe-
de-langue
10