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la porte des étoiles le journal des astronomes amateurs du nord de la France 29 Numéro 29 - été 2015

la porte des étoiles - astrogaac.fr · Nuit Astro de Grévillers du 13 juin 2015 ... delle Colombe a réuni autour de lui de très nombreux professeurs, tous aristotéliciens convaincus

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la porte des étoilesle journal des astronomes amateurs du nord de la France

29Numéro 29 - été 2015

Edition numérique sous Licence Creative Commons

A la une

Edito

Sommaire4...........................................................Le(s) procès de Galilée

par Michel Pruvost

14................................................L’histoire de la lunette Aragopar André Amossé

23..................................................Histoires d’étoile : Arcturuspar Michel Pruvost

27........ Une soirée avec la 49 de l’Observatoire de Strasbourgpar Simon Lericque

31...............................................................Souvenirs d’éclipseCollectif

36.............................................................................. La galerie

Éclipse partielle de Soleil

Auteur : Simon LericqueDate : 20/03/2015Lieu : Warmeriville (51)Matériel : APN Canon EOS7D, hélioscope et lunette Orion 80edGROUPEMENT D’ASTRONOMES

AMATEURS COURRIEROIS

Adresse postale

GAAC - Simon Lericque12 lotissement des Flandres62128 WANCOURT

Internet

Site : http://www.astrogaac.frE-mail : [email protected]

Les auteurs de ce numéro

André Amossé - Membre du GAACE-mail : [email protected] : http://astroequatoriales.free.fr

Michel Pruvost - Membre du GAACE-mail : [email protected] : http://cielaucrayon.pagesperso-orange.fr/

Simon Lericque - Membre du GAACE-mail : [email protected] : http://lericque.simon.free.fr

L’équipe de conception

Simon Lericque : rédac’ chef tyranniqueArnaud Agache : relecture et diffusionCatherine Ulicska : relecture et bonnes idéesFabienne Clauss : relecture et bonnes idéesOlivier Moreau : conseiller scientifique

Il n’est pas dans nos habitudes de faire de la politique... Mais cette fois, ‘‘ils’’ sont allés trop loin ! Comment est-il possible qu’en l’an 2015, l’obscurantisme et la bétise s’insinuent aussi sournoisement dans nos écoles ? Comment peut-on donner comme consigne à des enseignants de cloitrer les élèves dans une classe - de supprimer récréations et sorties scolaires - alors que se déroule au-dessus de leur tête l’un des plus fascinants spectacles que la nature puisse nous offrir ? L’éclipse de Soleil du 20 mars dernier - puisque c’est de cela dont il s’agit - est un phénomène astronomique dont le mécanisme même est au programme des écoles et des collèges. Mais plutôt que de développer un véritable projet pédagogique avec les enseignants et leurs élèves, l’Éducation Nationale et son ministère ont préféré le sacro saint principe de précaution. Heureusement, de courageux professeurs ont tout de même tenu à montrer l’éclipse à leurs élèves malgré les recommandations officielles... Bravo à eux ! Gageons qu’aucun gamin n’aura perdu la vue après avoir observé l’éclipse du 20 mars dernier.

Nuit des Étoiles 2015

Le GAAC vous donne rendez-vous le samedi 8 août sur le site de la Ferme Pédagogique pour la traditionnelle Nuit des Étoiles. Au programme, espérons-le, de belles observations du ciel.

Saint-Véran, le retour !

C’est reparti pour Saint-Véran ! L’équipe du GAAC montera à l’Observatoire Astroqueyras du 6 au 13 septembre prochains pour une mission dédiée aux galaxies du Groupe Local.

Assemblée Générale

L’Assemblée Générale du GAAC se déroulera le vendredi 18 septembre à Courrières, l’occasion de faire le bilan de cette sixième année d’existence, en toute convivialité.

Retrouvez l’agenda complet de l’association sur http://www.astrogaac.fr/agenda.html

• • • • ACTU DU GAAC

C’était au printemps

Ce sera cet été

Conférence de Simon Lericque à Mont Bernenchon

Conférence de Marc Lachièze-Rey à Hellemmes

Rencontres Astronomiques de Courrières 2015

Conférence d’Hubert Reeves à Lille

Animations astronomiques au collège de Lesquin

Signature de la charte ANPCEN par la commune de Ferques

Visite du CEA à Saclay

Rencontres Astronomiques du Printemps 2015

Réunion technique Astroqueyras

Exposition Mystérieuses Aurores à Trilport

Nuit Astro de Grévillers du 13 juin 2015

Conférence d’Alain Ferreira à l’Observatoire de Lille

Exposition ‘‘Système solaire : portraits de famille’’ à Noeux-les-Mines

Conférence de Florent Deleflie à Villeneuve d’Ascq

21ème Nuit Noire du Pas-de-Calais

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Le(s) procès de GaliléePar Michel Pruvost

d’après le livre d’Émile Namer ‘‘l’Affaire Galilée’’

L’arme du crimeTout commence en juin 1609. Galilée est à Venise et c’est là qu’il apprend qu’un artisan hollandais vient d’inventer une lunette capable d’agrandir des objets lointains dans des proportions notables. Galilée parvient à reproduire l’instrument et le présente au Sénat de Venise suscitant l’étonnement de tous. D’emblée, la lunette est appréciée par sa capacité à faire découvrir des navires fort éloignés du port et les très nombreuses scènes de la vie vénitienne captées un peu partout dans la ville depuis le sommet du campanile. Galilée souhaite en faire don au Prince de Venise mais celui-ci n’acceptera pas, ne souhaitant pas restreindre cet instrument au seul usage militaire. Toute cette publicité faite autour de la lunette dite ‘‘de Galilée” permet à ce dernier de faire face aux objections des nombreux sceptiques. Car, si le jour Galilée intéresse les officiels avec sa lunette, le soir, depuis sa terrasse, il observe le ciel et fait de stupéfiantes découvertes.

Une pièce à convictionEn mars 1610, Galilée publie “Le Messager Céleste”. Il y fait part de ses découvertes astronomiques : “Ainsi l’évidence sensible fera connaître à tous que la Lune n’est pas entourée d’une surface lisse et polie, mais qu’elle est accidentée et inégale et, tout comme la surface de la terre,

recouverte de hautes élévations et de profondes cavités et anfractuosités. Mais ce qui passe en merveille toute imagination et nous a surtout amené à nous adresser à tous les astronomes et philosophes, c’est d’avoir découvert quatre étoiles errantes que personne avant nous n’avait connues ni observées.” Il s’agit des quatre principaux satellites de Jupiter.

Galilée y fait aussi mention d’autres découvertes comme la nature de la Voie lactée, des milliers de nouvelles étoiles et encore les phases de Vénus. Tout cela l’a convaincu que le ciel n’est pas cette représentation figée, parfaite et immuable qui était alors enseignée mais qu’il y a communauté de nature entre la Terre et le ciel. Et puisque la Terre est comme la Lune, éclairée par le Soleil, alors elle fait partie de ce monde et comme les autres astres tourne sur elle-même et autour du Soleil.

Alors que Copernic ou Giordano Bruno ne s’appuyaient que sur leur seule intuition, Galilée invoque les découvertes faites avec la lunette pour justifier et argumenter sa position. Il pense que le moment est venu de balayer les anciennes croyances et de faire place à un nouveau système du monde. Mais les réticences sont fortes. Le plus grand philosophe de Padoue, Cremonini, un ami de Galilée, a refusé de mettre l’œil à la lunette, argumentant qu’un tube métallique équipé de deux lentilles ne pouvait remplacer la vue que Dieu avait donné et qui, seule, permettait aux savants de fixer le nombre et les lois des corps célestes.

Galilée fait la démonstration de sa lunette

Couverture du Sidereus Nuncius, le Messager céleste

• • • • HISTOIRE

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La préméditationFin août 1610, Galilée est de retour à Florence à la cour de Cosme II de Médicis. À Venise, Galilée est trop occupé par ses charges pour se consacrer à son œuvre. Il manque de temps. Il cherche donc à se rapprocher de la cour de Florence où il pourra tout à loisir élaborer sa théorie héliocentrique du monde. La bonne nouvelle tombe le 10 juillet 1610 quand il apprend qu’il est nommé mathématicien et philosophe du Grand Duc de Toscane avec un traitement de mille écus florentins. À Florence, Galilée reprend ses observations astronomiques. Il est grisé par ses découvertes et il éprouve le besoin de les partager avec tous.

Son succès et la protection considérable que lui apporte son statut auprès des Médicis ne suffisent pourtant pas à désarmer ses ennemis qui l’accusent de

supercherie et d’hallucination. Il faut donc qu’il frappe plus fort. Son but est maintenant d’obtenir la consécration officielle de son travail à Rome. Ses amis le pressent de s’y rendre afin d’écraser tous les sceptiques au nombre desquels on trouve un certain Ludovico delle Colombe, personnage intriguant et retors qui, pour appuyer sa polémique contre Galilée invoque désormais, au côté des théories aristotéliciennes, l’autorité des Écritures et l’interdiction faite par le concile de Trente d’en interpréter le texte. Face à ses détracteurs, Galilée a beaucoup d’amis. En décembre 1610, il reçoit l’appui de Clavius, une des principales autorités romaines qui lui montre une grande admiration et qui consacre ainsi le triomphe scientifique de Galilée.

Galilée se sent prêt et quitte Florence pour Rome à la fin de mars 1611. Dès son arrivée, il se rend chez les pères jésuites où il y rencontre Clavius. Il apprend qu’ils observent depuis deux

mois les nouvelles “planètes médicéennes” et il compare avec eux les positions qu’ils trouvent en tous points semblables. Les jésuites cherchent à déterminer les périodes de ces planètes mais s’accordent à dire que la tâche est difficile. C’est un triomphe pour Galilée qui obtient la reconnaissance officielle de l’exactitude de ses observations.

Durant le mois d’avril 1611, Galilée est l’invité d’honneur des cardinaux et des princes. Il est reçu par le souverain pontife, Paul V. Il rencontre le cardinal Maffeo Barberini, le futur pape Urbain VIII qui deviendra un de ses plus grands admirateurs. Il est reçu par le Prince Cesi à l’Académie dei Lincei. Enfin, en mai 1611, le père jésuite Ode Maelcote fait une communication intitulée “Le message céleste du collège romain” signifiant ainsi le ralliement des jésuites aux thèses galiléennes.

Un enquêteur aguerri : le cardinal BellarminRoberto Francesco Bellarmino est un jésuite, archevêque de Capoue, cardinal et membre de l’inquisition romaine. C’est lui qui a mené le procès de Giordano Bruno en 1600. Surnommé “le bastion de l’église”, il est donc très sensible à ce qui touche la relation entre science et saintes écritures.

Alarmé par un manuscrit de Ludovico delle Colombe accusant Galilée d’introduire une hérésie nouvelle et de donner une interprétation inexacte des écritures, le cardinal Bellarmin avait envoyé aux pères jésuites une lettre afin de savoir exactement ce que la science pouvait réellement démontrer. Les jésuites lui avaient alors répondu de façon claire et impartiale sur l’observation de nouvelles étoiles en particulier dans la Voie lactée, la forme oblongue de Saturne, la croissance et la décroissance des phases de Vénus, l’aspect accidenté et inégal

Cosme II de Médicis

La Riposte de Galilée contre Ludovico Delle Colombe

Christopher Clavius

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de la Lune et enfin sur la présence incontestable des quatre étoiles errantes autour de Jupiter. Rassuré par cette réponse, le cardinal garda ses inquiétudes confidentielles, mais il restait vigilant car dans l’ombre, les cabales continuaient. On parlait maintenant des tâches solaires et les passions s’exacerbaient tant dans un camp que dans l’autre.

Car, ce qui enflait et qui allait bientôt préoccuper l’église, c’est que ces découvertes qui paraissaient de moins en moins contestables, permettaient une nouvelle interprétation du cosmos, une explication non pas basée sur des écrits anciens mais sur une expérimentation à la portée de n’importe qui, fut-il correctement équipé. Galilée

a devant lui deux formes de résistances, celle de la science d’abord, attachée à la vision aristotélicienne du monde, celle de la religion ensuite, attachée au dogme de la dualité entre le ciel et la terre.

Le crimeDès la fin de 1611, alors qu’il est retourné à Florence, les attaques contre Galilée se font plus dures. Ludovico delle Colombe a réuni autour de lui de très nombreux professeurs, tous aristotéliciens convaincus ainsi que quelques personnages influents comme l’archevêque de Florence et fait donner des prêches enflammés contre ses théories. Dans les années 1612 et 1613, la controverse enfle. A la fin de cette année, les arguments en faveur du mouvement de la Terre sont interdits d’enseignement et d’exposition à l’université de Pise, là où Galilée avait enseigné quelques années auparavant, tandis qu’à Florence, les Médicis affichent un soutien indéfectible à Galilée, l’encourageant ainsi à répondre coup pour coup.

Galilée, à ce moment, se sent assez fort pour entrer dans le débat entre vérité des Écritures et vérité de la science. Il rédige une lettre le 21 décembre 1613 à l’attention de son ami le père Benedetto Castelli pour établir carrément la différence entre les Écritures et les découvertes de la science. Il y écrit notamment : “Dans l’écriture sainte se trouvent des propositions qui, prises au sens nu des paroles, n’ont pas un aspect véridique : néanmoins, elles sont utilisées parce qu’elles s’accommodent davantage à l’incapacité du vulgaire. S’il en est ainsi, il est nécessaire, pour le petit nombre de ceux qui méritent d’être séparés de la plèbe, que les sages commentateurs exposent les significations réelles de certaines propositions et expliquent les raisons pour lesquelles elles ont été exprimées d’une façon particulière. Il s’ensuit donc, que l’Écriture sainte, en plusieurs passages, mérite et même exige des exposés qui se distinguent de la signification superficielle, et donc que dans tout débat sur des questions naturelles on ne devrait l’alléguer qu’en dernier recours.[...] Si donc l’Écriture, pour s’adapter à l’entendement de la multitude, doit s’exprimer dans un langage qui, par la signification littérale, s’éloigne de la vérité absolue, et si, au contraire, la nature inexorable et immuable, peu soucieuse que ses raisons cachées et sa manière d’opérer soient ou ne soient pas accessibles à la compréhension des hommes, ne transgresse jamais les lois qui lui ont été imposées, il s’ensuit que les effets naturels, qui résultent des expériences sensibles ou des démonstrations nécessaires, ne doivent en aucun cas être révoqués en doute, sous prétexte que tel passage de l’Écriture aurait une signification contraire, car la parole de l’Écriture n’est pas liée à des obligations aussi sévères que les effets de la nature […]. Cela posé, et puisque manifestement deux vérités ne peuvent jamais se contredire, le devoir des sages exégètes est de déterminer les vrais sens des passages de l’Écriture, pour qu’ils s’accordent avec les conclusions naturelles ; conclusions qu’au préalable l’expérience sensible et les démonstrations nécessaires auraient rendues sûres et certaines à nos yeux...”

Le cardinal Bellarmin

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Il était impossible pour les théologiens d’accepter un tel discours. Le concile de Trente interdisait la libre interprétation des Écritures qui détenaient, seules, la vérité littérale, alors que la science ne fournissait que des constructions destinées à sauver les apparences. Cette lettre de Galilée ne pouvait que susciter une violente réaction.

Le 7 février 1615, le Père Lorini, un moine agissant dans la sphère d’influence de Ludovico delle Colombe, adresse au cardinal Sfondrati, inquisiteur à Rome, une lettre de dénonciation officielle et réglementaire. Il cite les passages et les expressions affirmant que la Terre est mobile et le Soleil et le ciel fixes et s’indigne de lire que les Écritures ne doivent s’occuper que des articles de foi et non plus des choses naturelles. Il demande enfin aux autorités religieuses d’intervenir :”Par conséquent, voyant que cet écrit passe par toutes les mains [...] et que les “galiléistes” prétendent présenter la Sainte Écriture à leur façon, et contre l’interprétation des Saints Pères, et défendre l’opinion en tout contraire aux Écritures saintes, [...] et sachant que l’on piétine la philosophie d’Aristote dont se réclame la théologie scolastique, en somme que pour faire les beaux esprits, ils disent mille impertinences et les répandent par une ville si fidèlement attachée à la foi catholique [...] j’ai donc pris la résolution d’en informer Votre Seigneurie Illustrissime afin que, [..] elle tienne les yeux ouverts en semblable matière, et puisse, si le besoin s’en fait sentir, apporter les corrections qu’elle jugera les plus appropriées pour éviter qu’une erreur minime au début ne finisse par grandir...”

Mais Galilée jouit toujours de solides appuis à Rome, notamment du cardinal Maffeo Barberini qui le met en garde contre la tentation d’interpréter les Écritures, domaine réservé aux théologiens qualifiés. Le silence des cardinaux et de l’Inquisition face aux accusations menées contre lui, encourage Galilée à se faire davantage entendre. Le 16 février 1615, il écrit à Monseigneur Dini, prélat à Rome, pour qu’il communique une copie de sa lettre à Castelli aux jésuites du Collège romain et au cardinal Bellarmin. Malgré une réponse encourageante, Galilée n’a pas plus de nouvelle et, tandis que le silence règne à Rome, le scandale éclate à Pise où l’archevêque parle d’hérésie.

Informé de cette situation en mars, Galilée souhaite réagir et, malgré quelques conseils de prudence que lui donnent ses amis, il rédige un texte d’une quarantaine de pages à l’attention de la grande-duchesse de Toscane, Christine de Lorraine. Il y rappelle ses découvertes et reconnaît qu’elles remettent en cause l’enseignement de l’Église. Il y pose une distinction fondamentale entre la vérité des Écritures et celle de la science. Il revendique dans cet écrit le droit de la vérité scientifique et réclame une relecture des Écritures. Loin de les interpréter lui-même, il souhaite que les théologiens révisent leurs positions à la lumière des nouvelles découvertes.

Cette lettre, au-delà de Christine de Lorraine, est destinée au monde savant et aux théologiens. La netteté des affirmations de Galilée ne laisse plus de place aux atermoiements. Elle sonne comme une déclaration de guerre. Le conflit est désormais ouvert. Le cardinal Bellarmin avait accepté l’idée du mouvement de la Terre comme une hypothèse mais n’était pas convaincu de la réalité de celui-ci. Les membres du Saint Office non plus. Il fallait donc être prudent, d’autant qu’on

parlait de plus en plus d’hérésie galiléenne sur les parvis et dans les chaires des églises. Il ne pouvait être question de remettre en cause les décrets du concile de Trente et donc il fallait maintenant étouffer dans l’œuf cette pensée.

Le 13 novembre 1615, parvient à l’inquisiteur de Florence une nouvelle dénonciation contre, cette fois, l’ouvrage sur les tâches solaires. Le Saint Office verse cette nouvelle pièce au dossier. Le 12 décembre 1615, Galilée arrive à Rome, bien décidé à en découdre et à imposer ses vues, mais ses adversaires se dérobent et il ne parvient pas à obtenir de contacts directs avec le Saint Office. L’accusation se renforce sans laisser la possibilité à Galilée d’affirmer ses arguments.

Le cardinal Barberini

La publication de Galilée pour Christine de Lorraine

Taches solaires dessinées par Galilée

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Le procès de 1616Le mercredi 24 février 1616, les théologiens et cardinaux du Saint Office sont convoqués pour délibérer sur deux propositions. Le procès de Galilée commence. “Propositions à censurer : Censure a été faite au Saint Office de la Ville, le jour de mercredi 24 février 1616, en présence des Pères théologiens soussignés : 1° Le Soleil est au centre du monde et complètement immobile de mouvement local. Censure : À l’unanimité cette proposition est déclarée insensée et absurde en philosophie et formellement hérétique, en tant qu’elle s’oppose expressément aux sentences de la Sainte Écriture, en plusieurs endroits, soit sur le sens littéral des mots, soit sur l’interprétation commune des Saints Pères et des docteurs en théologie.2° La Terre n’est pas au centre du monde ni immobile, mais se meut d’un mouvement total et d’un mouvement diurne. Censure : À l’unanimité, cette proposition relève de la même censure en philosophie ; quant à l’aspect théologique, il doit être considéré au moins erroné selon la Foi...”

Le lendemain, l’Inquisiteur suprême, le cardinal Millinus notifie la censure des propos de Galilée : “Le jour de jeudi, 25 février 1616, l’Illustrissime cardinal Millinus a notifié aux révérends Pères assesseurs et au commissaire du Saint Office qu’une censure a été prononcée par les Révérends Pères théologiens, contre les propositions de Galillée, mathématicien, à savoir que le Soleil est au centre du monde et immobile de

mouvement local, et que la Terre se meut à la fois d’un mouvement total et d’un mouvement diurne. Notre Saint Père a ordonné à l’illustrissime cardinal Bellarmin de convoquer ledit Galillée et de lui enjoindre d’abandonner cette opinion ; s’il se récuse, que le Père commissaire, en présence du notaire et des témoins, lui prescrive de s’abstenir complètement de cette doctrine, d’enseigner et de défendre cette opinion, ou même de l’exposer ; et, s’il n’acquiesce pas avec sincérité, de le faire emprisonner’’.

Le lendemain, Galilée comparait devant le cardinal Bellarmin et, devant témoins, est informé des accusations formulées contre lui et ses théories. Face à l’injonction faite de ne plus les soutenir ni de les défendre et de les enseigner, Galilée acquiesce

et promet de s’y conformer. Cette mise en garde ne sera toutefois pas rendue publique, eu égard au fait que Galilée était estimé par des membres influents de l’église romaine et parce qu’il était mathématicien du Grand Duc de Florence, mais le Saint Office était satisfait car Galilée ne pouvait plus enseigner l’héliocentrisme ni en diffuser la connaissance.

La condamnationLe 5 mars, l’ouvrage de Copernic est mis à l’index. “L’illustrissime cardinal Bellarmin a indiqué dans son rapport que Galileo Galilei, [...] s’est soumis à l’injonction. En outre il fut fait mention du décret de la Congrégation de l’Index par lequel furent interdits ou suspendus respectivement, les écrits de Nicolas Copernic, Les Révolutions des orbes célestes...”

À travers la condamnation de Copernic, c’est Galilée qui est touché. Son enseignement est interdit, il doit rentrer dans l’ombre et la solitude. Galilée essaiera de sauver son honneur. En effet, le bruit courait qu’il avait du abjurer devant Bellarmin et avait été condamné à pénitences, prières, messes, ce qui aurait été un déshonneur humiliant. Il fait alors de nombreuses démarches et obtient finalement le 26 mai la caution écrite de la main même du cardinal Bellarmin qui le lave de tout souci d’abjuration. “Nous, Robert Bellarmin, ayant entendu dire que le sieur Galileo Galilei a été calomnié, comme ayant abjuré entre nos mains, et d’avoir, à cet effet, reçu des pénitences salutaires, sollicité de dire la vérité, nous affirmons que le susdit Galilée n’a abjuré ni entre nos mains ni aux mains de personne à Rome, ni ailleurs à notre connaissance, aucune opinion ni doctrine ; qu’il n’a pas, en conséquence, reçu de pénitences salutaires ni d’aucune sorte.”

Le cardinal Bellarmin lors du procès de Galilée de 1616

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Enfin, un dernier certificat du cardinal Del Monte à l’adresse du grand Duc de Toscane lui permet de rentrer à Florence la tête haute. Ainsi se termine le premier procès de Galilée qui fut plus celui de Copernic. Mais la condamnation est sans équivoque. Par égard pour Galilée et ses puissants appuis, elle reste modérée dans ses modalités mais elle est très sévère sur le fond. Et cela, Galilée le sait alors qu’il retourne à Florence en juin 1616.

La peineDe retour à Florence, Galilée se consacre aux calculs des mouvements des satellites de Jupiter dans l’objectif de calculer les longitudes et de permettre aux navires de se situer en pleine mer. Il se réfugie dans ses calculs et, à part quelques rares lettres, s’astreint au silence. Trois comètes vont y mettre fin. L’une d’entre elles, apparue à la fin de 1618 restera visible jusqu’en janvier 1619 dans le Scorpion, et fera l’objet d’observations dans toute l’Europe. En mars 1619, le père Orazio Grassi des Jésuites du Collège romain présente un document sur cette comète. Bien que modernisé, il réaffirme, à la lumière des observations, l’immobilité de la Terre et la vanité du système de Copernic. Mais leurs

observations n’étaient pas de bonne qualité et, en juin 1619, un disciple de Galilée, Mario Guiducci, lit devant l’académie florentine un “Discours sur les comètes” inspiré par Galilée qui déclare totalement fausse l’explication de Grassi.

Le 26 juin, Galilée en envoie un exemplaire au cardinal Maffeo Barberini, le futur pape Urbain VIII et son ami. La réplique des jésuites ne se fera pas attendre mais Galilée restera prudent. C’est Mario Guiducci qui répondra, exonérant Galilée et lui laissant ainsi le champ libre. À la fin de 1619, Galilée reçoit même un encouragement de Maffeo Barberini au travers d’une poésie composée en l’honneur de son œuvre. Mais les polémiques ont repris et ne cesseront plus. Encouragés par ses amis des Lincei, Monseigneur Ciampoli, Virginio Cesarini et le prince Cesi, Galilée s’attelle alors à la rédaction d’un nouvel ouvrage qu’il terminera en octobre 1622 et publiera l’année suivante, le Saggiatore (l’Essayeur).

Une rédemption temporaireEn 1623, les conditions sont meilleures pour Galilée. Le pape Paul V et le cardinal Bellarmin sont morts en 1621. C’est le pape Grégoire XV qui officie désormais. Le cardinal Barberini est l’étoile montante de la curie romaine, Ciampoli et Cesarini, autres amis de Galilée, occupent d’importantes fonctions. Tout semble donc se détendre à Rome. L’élection du cardinal Barberini à la papauté en juillet 1623 sous le nom d’Urbain VIII est une victoire pour Galilée et ses amis. C’est dans ces conditions idéales que le Saggiatore est publié. L’ouvrage est dédié au nouveau pape dont les armes figurent au frontispice. Le livre est un réquisitoire contre les modes de pensées anciens et met en avant l’expérience rigoureuse face à l’autorité des anciens philosophes.

La ville de Florence

Le passage de la comète de 1618

Le discours sur la comète de Galilée

L’Essayeur par Galilée

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La Porte des Etoiles n°29 10

“La philosophie est écrite dans cet immense livre qui, continuellement, reste ouvert devant les yeux (ce livre qui est l’univers) ; mais on ne peut pas le comprendre si, d’abord, on ne s’exerce pas à en connaître la langue et les caractères dans lesquels il est écrit. Il est écrit dans une langue mathématique, et les caractères en sont les triangles, les cercles, et d’autres figures géométriques, sans lesquelles il est impossible humainement d’en saisir le moindre mot ; sans ces moyens, on risque de s’égarer dans un labyrinthe obscur.”

Le Saggiatore est présenté au pape le 27 octobre 1623 et reçoit le meilleur accueil. Galilée décide alors de partir pour Rome où il arrive le 23 avril 1624. Mais son intention n’est pas d’aller recevoir des louanges. Son objectif, dont il a fait part au prince Cesi, est de faire réviser le décret de 1616 contre le copercianisme. Très vite, Galilée perçoit les réticences dans l’entourage du Pape, mais l’ambiance à Rome lui laisse penser que le temps est venu de reprendre le combat, tout en évitant le terrain de la théologie.

La récidiveGalilée rentre alors à Florence et s’attache alors à la rédaction de ce qui sera le “Dialogue sur les deux plus grands systèmes du Monde”. Ce sera une tâche longue et ardue, entrecoupée d’arrêts dus à la maladie ou à d’autres activités comme la mise au point d’un microscope. En janvier 1630, le livre est achevé. Il est construit sur la forme d’un dialogue entre trois personnages. Le premier, Salviati, représente le savant qui expérimente et déduit, le second, Simplicio, incarne le philosophe aristotélicien, attaché au respect des doctrines, le dernier, Sagredo, est l’honnête homme, ouvert et indépendant. Se déroulant sur quatre journées, le Dialogue examine les bases de la philosophie aristotélicienne et les passe en revue à la lumière des observations et des expériences réalisées. Il permet à l’honnête homme Sagredo de s’affranchir de l’autorité et des principes en pouvant, par lui-même, observer ou réaliser les expériences qui lui permettront de bâtir son propre système du monde.

Galilée retourne à Rome en mars 1630 pour obtenir de la part des autorités religieuses le permis de faire imprimer le livre. Tout semblant bien se passer, Galilée revient à Florence en juin. Mais les choses se mettent ensuite à traîner. Le plus grand défenseur de Galilée, le prince Cesi, meurt en septembre. À la cour pontificale, on fait part à Galilée de la nécessité de modifier certains passages du livre. Le 19 juillet 1631, après avoir modifié le préambule et la conclusion, les autorités de Rome envoient l’autorisation de publier le livre. Le “Dialogue” sort des presses du libraire Landini en février 1632. Le livre est diffusé auprès du monde savant où il reçoit un accueil enthousiaste. On le qualifie même de “meilleur livre publié à ce jour”.

Mais à Rome, tout n’est pas pour le mieux. Le permis d’imprimer a été obtenu dans une situation confuse. Le Maître du Sacré Palais, le Père Riccardi, souhaitait revoir Galilée afin de faire modifier lui-même des passages

du livre, mais la peste sévissant en Italie, Galilée n’avait pu se déplacer. Le Père Riccardi avait donc confié la tâche à l’inquisiteur de Florence et ne s’était plus occupé de l’affaire jusqu’à la publication du livre, à son insu. Urbain VIII avait donc demandé un rapport au Père Riccardi donnant son avis sur la conformité du livre. Le rapport, tenu secret, détaillait de nombreuses fautes par rapport aux vœux du Saint-Office.

Durant l’été 1632, les affaires s’enveniment. Le Maître du Sacré Palais essaie de faire saisir les livres imprimés. On se plaint de ce que les directives du Pape n’aient pas été appliquées. Surtout, les Pères jésuites travaillent maintenant pour que le livre soit interdit. Une congrégation de théologiens est organisée par Urbain VIII pour statuer, mais cette congrégation ne regroupant que dominicains, jésuite et prêtres séculiers, la conclusion ne pouvait qu’être négative.

L’oeuvre majeure de Galilée : le discours sur les deux systèmes du monde

Le Pape Urbain VIII

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La Porte des Etoiles n°29 11

Le 3 septembre, l’ambassadeur Niccolini rapporte une colère d’Urbain VIII dont il fut le confident : “Sa Sainteté se mit brusquement fort en colère et me dit, à brûle-pourpoint, que notre Galilée, lui aussi, avait osé s’immiscer dans un domaine qui lui était interdit et en des matières les plus graves et les plus dangereuses qui se puissent aujourd’hui concevoir […]. Avec véhémence, Sa Sainteté répliqua que Galilée et Ciampoli l’avaient trompé […]. Ce que j’ai trouvé, c’est une atmosphère mauvaise et un Pape fort mal disposé envers notre pauvre Galilée.”

L’attitude d’Urbain VIII avait donc radicalement changé vis-à-vis de Galilée. S’est-il senti trompé par Galilée ? Lui reprochait-il ne pas avoir tenu compte de ses recommandations ? S’est-il senti blessé par les propos du livre ? Certes sa position de Pape ne pouvait plus être aussi bienveillante que lorsqu’il était simple cardinal, mais comment comprendre un tel changement radical ? Les raisons sont certainement à rechercher aussi dans le contexte international de l’époque. L’Espagne accusait Rome de ne pas être assez ferme vis-à-vis de l’hérésie, demandait des mesures fortes et sommait la Papauté de prendre la tête d’une nouvelle croisade contre l’hérésie. Mi-septembre, la Congrégation du Saint-Office est chargée de l’affaire. Début octobre, Galilée reçoit sa convocation à Rome, devant témoins et notaire.

Le 13 octobre, Galilée, en plein désarroi, adresse une lettre au cardinal Francesco Barberini dans laquelle il fait part de sa peine et supplie de ne pas se rendre à Rome : “À tel point tout ceci m’afflige que j’en viens à détester toutes les heures que j’ai consumées en ces études, grâce auxquelles j’avais eu l’ambition et l’espoir de m’écarter quelque peu de la science vulgaire et de ses sentiers battus, et à éprouver, […] l’envie de détruire et de livrer aux flammes celles qui me restent en main […]. C’est pourquoi, poussé par le désir naturel à tout homme de préserver sa propre santé, je me suis résolu à recourir à l’intercession de Votre Éminence et […], à la supplier de me faire la grâce de représenter à ces très prudents Pères mon pitoyable état présent[…]”. Galilée a soixante-dix ans et n’est plus en bonne santé. Il parvient à repousser sa convocation, invoquant sa mauvaise santé, les difficultés du voyage, la peste qui sévit toujours en Italie. Mais le Pape s’impatiente et impose obéissance. Galilée quitte Florence le 21 janvier 1633 et arrive à Rome le 13 février.

Le procès de 1633Le premier interrogatoire eut lieu le 12 avril 1633. Les questions tournent autour des interdictions faites lors du premier procès. À la question de la sentence, Galilée répond : “Au mois de février 1616, le cardinal Bellarmin me notifia que l’opinion de Copernic, prise en son sens absolu, était contraire aux Saintes Écritures et ne pouvait être ni tenue, ni défendue, si ce n’est comme simple supposition, et comme hypothèse de travail.” Puis, les questions dérivent vers la façon dont a été obtenue l’autorisation d’imprimer le livre et si le Maître du Sacré Palais était informé de l’interdiction faite de soutenir les hypothèses de Copernic. Point par point, Galilée répond aux questions allant même jusqu’à affirmer que le “Dialogue” réfute les opinions coperniciennes. Mais cette dernière affirmation, loin de disculper Galilée, fait penser aux juges, convaincus de la culpabilité, qu’il cherche à les tromper. Sur les conseils du commissaire général Maculano, Galilée revient sur cette affirmation lors d’un second interrogatoire le 30 avril : “Je confesse librement qu’en plus d’un endroit, un lecteur, non prévenu de mon intention, pourrait penser que les arguments que j’entendais réfuter ne l’étaient pas de façon suffisante et efficace.”

Galilée se défend avec le certificat accordé par le cardinal Bellarmin, mais les juges font référence à l’audience qui avait eu lieu avant et aux recommandations qui avaient été faites alors. Ils reprochent à Galilée de ne pas avoir informé le Maître du Sacré Palais de l’interdiction qui lui avait été faite et qui aurait alors attiré son attention. Dès lors, Galilée n’a pas obéi aux injonctions faites relatives aux mouvements de la Terre. Après un dernier interrogatoire le 21 juin, la sentence fut rendue le 22.

Le procès de Galilée en 1633

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La Porte des Etoiles n°29 12

“[…] Attendu que toi, Galilée, fils de Vincenzo Galilei, Florentin, âgé de soixante-dix ans, as été dénoncé depuis 1615 à ce Saint-Office comme tenant pour vraie la fausse doctrine selon laquelle le Soleil est au centre du monde et la Terre se meut d’un mouvement diurne […].Pour toutes ces raisons, […] les Théologiens qualifiés ont défini ainsi les deux propositions de la stabilité du Soleil et du mouvement de la Terre de la manière suivante :La proposition que le Soleil est au centre du monde et immobile d’un mouvement local est absurde, fausse en philosophie et formellement hérétique, parce qu’elle est expressément contraire à la Sainte Écriture.La proposition que la Terre n’est pas au centre du monde ni immobile, mais qu’elle se meut d’un mouvement diurne est également absurde et fausse en philosophie et considérée en théologie au moins comme erronée selon la Foi.’’

Plus loin, c’est le livre “Dialogue sur les deux systèmes du monde” qui est mis en cause et les conditions de son impression. “[…] Ledit livre diligemment examiné, révéla la violation expresse de l’injonction qui t’avait été notifiée ; en effet, dans le même livre se trouve défendue l’opinion déjà condamnée et déclarée comme telle en ta présence. Or, dans ce livre, par divers détours, tu insinues que la question reste indécise bien que fort probable, ce qui constitue une faute très grave, puisqu’une opinion ne saurait en aucune façon être considérée comme probable une fois qu’elle a été déclarée et définie comme contraire aux Saintes Écritures […].”

Puis vient la sentence. Galilée, suspecté d’hérésie devant le Saint-Office doit “abjurer, maudire et détester” ces hérésies et, pour servir d’exemple vis-à-vis de possibles disciples, est condamné à la prison formelle et à l’imposition de réciter durant trois ans, une fois par semaine, les sept psaumes de la pénitence. Le livre du “Dialogue” est interdit par édit public. Le même jour, Galilée, à genoux, doit renoncer à ses erreurs. Il renie toute son œuvre.

Extrait de la retranscription du procès

L’abjuration de Galilée

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La Porte des Etoiles n°29 13

“Moi, Galilée, fils de feu Vicenzo Galilei, Florentin, âgé de soixante-dix ans, personnellement présent devant ce tribunal, agenouillé devant vous, très Éminents et Révérends Cardinaux, Inquisiteurs généraux dans toute la République chrétienne contre la perversité hérétique ; ayant sous les yeux les sacro-saints Évangiles que je touche de mes propres mains, je jure que j’ai toujours cru, que je crois maintenant et qu’avec l’aide de Dieu je continuerai à l’avenir à croire tout ce que tient pour vrai, prêche, enseigne la Sainte Église catholique et apostolique.- Attendu que ce Saint-Office m’avait intimé juridiquement l’ordre d’abandonner la fausse opinion selon laquelle le Soleil est au centre du monde et immobile tandis que la Terre n’est pas au centre du monde et mobile ;- attendu que je ne pouvais tenir, défendre ni enseigner en aucune façon, oralement ou par écrit ladite fausse doctrine, après qu’elle m’a été notifiée comme contraire à la Sainte Écriture ;- attendu, d’autre part, que j’ai écrit et donné à imprimer un livre dans lequel je traite de la même doctrine déjà condamnée, en y apportant des raisons très efficaces en sa faveur […].J’ai été jugé véhémentement suspect d’hérésie ; c’est-à-dire d’avoir tenu et cru que le Soleil est au centre du monde et immobile, que la Terre n’est pas au centre du monde et se meut. Par conséquent, voulant ôter de l’esprit de Vos Éminences et de tous les fidèles chrétiens cette véhémente suspicion, justement conçue par moi, je viens d’un cœur sincère et d’une foi non feinte abjurer, maudire et détester les susdites erreurs et hérésies, et en général toute erreur, hérésie et secte contraire à la Sainte Église. Et je jure qu’à l’avenir je ne dirai ni affirmerai jamais plus, ni verbalement ni par écrit, des choses qui puissent m’en rendre suspect. Si je connais quelque hérétique ou suspect d’hérésie, je le dénoncerai au Saint-Office ou à l’Inquisiteur du lieu où je me trouverai […]. Moi, Galilée, soussigné, j’ai abjuré, juré, promis et me suis engagé selon ce qui précède ; en foi de quoi, de ma propre main, j’ai signé la présente déclaration de mon abjuration et je l’ai récitée mot à mot à Rome dans le couvent de la Minerve, ce 22 juin 1633.”

La phrase célèbre ‘‘Et pourtant, elle tourne” n’a probablement pas été prononcée par Galilée à ce moment. Il l’a peut-être dite plus tard lors de sa réclusion dans la villa d’Arcetri à Florence. L’abjuration de Galilée marque la fin de sa vie publique. L’histoire est terminée pour lui, mais elle commence pour d’autres. Si son livre est mis à l’index, de nombreuses copies commencent à circuler partout en Europe. Comme Salviati dans le ‘‘Dialogue”, Galilée ouvre les yeux à de nombreux Sagredo qui se mettront à penser par eux-mêmes, à adopter un point de vue critique sur ce qui se dit et s’écrit en science et dans les autres domaines. L’observation et l’expérimentation, la vérification et la contradiction, l’analyse et la synthèse seront désormais les lignes directrices du raisonnement et non plus la conformité aux doctrines, aux écrits, à l’autorité. C’est de ce point de vue que l’œuvre de Galilée est fondamentale, beaucoup plus que ses découvertes astronomiques. Il faut le rappeler en permanence, à l’heure où un certain esprit critique se perd face aux conformités, aux certitudes toutes faites livrées à grand coup d’images et de commentaires formatés.

Extrait de la retranscription de l’acte de condamnation

Galilée à la fin de sa vie

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L’histoire de la lunette AragoPar André Amossé

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Description rapideC’est la petite histoire d’un projet de construction de la plus grande lunette du monde, transformé peu à peu en la réalisation d’un simple instrument de service de moyenne importance. La lunette Arago a été construite dans la seconde partie du XIXème siècle sous l’impulsion de François Arago (1786-1853). Cet instrument est toujours présent sur la tour de l’Est de l’Observatoire de Paris. Avec un diamètre de 38 centimètres et une distance focale de 8,9 mètres, cet instrument est abrité par une coupole de 12 mètres de diamètre. C’est un équatorial digne de ce nom, le tube de la lunette est effectivement porté par une monture équatoriale. Cependant le tube n’est pas centré par rapport à l’axe de déclinaison comme c’est le cas généralement. L’objectif est situé à 5,3 mètres de cet axe et la partie oculaire à seulement 3,6 mètres. L’équilibre est réalisé par l’ajout de deux poids fixés au-dessous et au-dessus du tube, juste derrière le porte oculaire. Ce décentrement semble typique des premiers équatoriaux construits au début des années 1800 et pour cause, le projet de la construction de l’équatorial de Paris date de 1839.

Plan de la coupole de la tour de l’Est

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L’Observatoire de Paris : petits rappels historiquesL’Observatoire de Paris est fondé en 1667 par Louis XIV (1638-1715). C’est l’astronome et physicien Adrien Auzout (1622-1691) qui lui en aurait donné l’idée. Destiné à la cartographie et la navigation, l’observatoire dépend alors de la toute jeune Académie Royale des Sciences, l’équivalent français de la Royal Society fondée en 1660. L’Observatoire de Paris est même sensé en être le siège, mais situé trop en bordure de la ville, les académiciens le délaissent. Il n’y a donc guère que les astronomes qui y travaillent. De 1669 à 1793, l’établissement est uniquement dirigé par les ‘‘Cassini’’ : Jean-Dominique Cassini (1625-1712), Jacques Cassini (1677-1756), César-François Cassini (1714-1784) et Jean-Dominique Cassini II (1748-1845). Ils dirigent l’Observatoire sous l’autorité de l’Académie Royale des Sciences.

Après la Révolution, en 1795, l’Observatoire de Paris est rattaché au Bureau des Longitudes. Il a pour mission de développer l’astronomie et les astronomes qui y travaillent sont autonomes. C’est la grande époque de la géodésie, du système métrique, du triomphe de l’astronomie mathématique et de la mécanique céleste avec, entre autres, Lalande (1732 -1807), Lagrange (1736-1813), Méchain (1744-1804), Delambre (1749-1822), Laplace (1749-1827)… En 1834, le Bureau des Longitudes y nomme François Arago, ‘‘Directeur des observations’’.

L’Observatoire de Paris vers 1700-1710

L’Observatoire de Paris vers 1830-1840

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• • • • HISTOIRE

François Arago (1���-1�53)François Arago est né à Estagel, dans les Pyrénées-Orientales, le 26 février 1786. Il entre à l’École Polytechnique en 1803. Laplace le remarque et lui offre, en 1805, le poste de secrétaire de la bibliothèque de l’Observatoire. Il réalise ses premières recherches sous la direction de Jean-Baptiste Biot (1774-1862). Il participe au prolongement du Méridien de Paris aux Baléares. En 1809, à seulement 23 ans, il devient membre de l’Académie de Sciences, professeur à l’École Polytechnique en 1812 et membre du Bureau des Longitudes en 1822. Brillant scientifique, touche-à-tout, il est le premier à essayer de mesurer la vitesse de la lumière en fonction du mouvement de la Terre, prémisse des célèbres expériences de Michelson. Il découvre que la lumière des comètes est polarisée. Ces différents postes lui permettent de participer et surtout de promouvoir certaines recherches comme celles de Fresnel (1788-1827) sur la lumière, celles d’Ampère (1775-1836) sur l’électromagnétisme ou celles de Daguerre (1787-1851). Avec ce dernier, il obtient le premier daguerréotype du Soleil en 1839. Il suggère à Léon Foucault (1819-1868) de mesurer la vitesse de la lumière à l’aide de miroirs tournants…

Il était aussi un excellent vulgarisateur. En 1813, le Bureau des Longitudes le charge de réaliser des cours publics d’astronomie : les célèbres ‘‘leçons populaires d’astronomie’’. Le succès est tel qu’il fait construire en 1841, à l’Observatoire de Paris, un amphithéâtre de 800 places (Le Verrier le fera détruire en 1854). Il compile l’ensemble de ses leçons dans quatre volumes intitulés ‘‘Astronomie populaire’’ qui seront publiés après sa mort de 1854 à 1857.

A partir de 1830, il commence une carrière politique en devenant membre du Conseil Municipal de Paris et député des Pyrénées-Orientales. Il prend part à la révolution de 1848 et devient Ministre de la Marine et des Colonies de la très éphémère Seconde République. Il en profite pour abolir l’esclavage que Napoléon Bonaparte avait fait rétablir en 1802. Après le coup d’État de décembre 1851, il refuse de prêter serment à Napoléon III mais n’est pas inquiété par l’empereur. Il décède le 2 octobre 1853.

Le contexte du projet de construction d’un grand équatorial à ParisEn 1834, Arago prend donc la direction des observations à l’Observatoire de Paris. Il est au courant des progrès accomplis dans l’optique instrumentale et souhaite en faire profiter l’observatoire. En effet, le verrier suisse Pierre-Louis Guinand (1748-1824), après bien des essais et des déboires, trouve la méthode pour fondre de manière irréprochable jusqu’à 100 kilogrammes de verre à la fois. Il permet ainsi la réalisation d’objectifs achromatiques de qualité et de grandes tailles. De 1805 à 1813, il collabore avec la maison Reichenback et Utzschneider à Munich où travaille avec Joseph van Fraunhofer (1787-1826). En Allemagne, il transmet son savoir et améliore sa technique. Ceci permet à Fraunhofer de réaliser le premier ‘‘grand’’ équatorial de l’histoire.

Cette première grande lunette, d’un diamètre de 24 centimètres et d’une distance focale de 4,3 mètres, équipe en 1824 l’Observatoire de Dorpat en Russie (actuellement appelé Observatoire de Tartu en Estonie). La monture est entraînée par un mécanisme d’horlogerie à poids. C’est avec cet instrument,

François Arago

Pierre-Louis Guinand

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• • • • HISTOIREcommandé 4 ans plus tôt, que Wilhelm Struve (1793-1864) réalise sa première prospection du ciel à la recherche d’étoiles doubles visuelles. Il en découvre plus de 2000. Fort de ce succès, il obtient du Tsar Nicolas Ier la construction d’un nouvel observatoire près de Saint Petersbourg, l’Observatoire de Poulkovo. En 1839, cet établissement est équipé du plus grand équatorial de l’époque (38 centimètres de diamètre), construit par la société ‘‘Merz et Malher’’ de Munich, successeurs de Fraunhofer. L’Observatoire de Poulkovo devient ainsi un observatoire de référence au niveau mondial, en pointe sur ce nouveau thème de recherche qu’est l’étude des étoiles doubles. Entre temps, Merz et Malher ont aussi livré d’autres instruments importants :- en 1829 une réplique exacte de la lunette de 24 centimètres à l’Observatoire de Berlin (lunette avec laquelle, en 1846, Johann Galle trouve Neptune sur les indications de Le Verrier),- en 1835, un équatorial de 28 centimètres à l’Observatoire de Munich,- plus tard, en 1842, le premier grand équatorial américain, d’un diamètre de 30 centimètres à l’Université de Cincinnati.

Par ailleurs, en 1829, Robert Cauchoix (1776-1845), opticien et constructeur d’instruments astronomiques, propose au Bureau des Longitudes une lunette de 33 centimètres de diamètre et de 8 mètres de distance focale. Elle est refusée par Arago qui n’aimait pas Cauchoix ! Ce dernier la vend à James South pour l’Observatoire d’Armagh à Dublin.

L’un des fils de Pierre-Louis Guinand, Henri, s’installe en France vers 1820 et s’associe avec Georges Bontemps (1799-1883), directeur des verreries de Choisy-le-Roi. Vers la fin des années 1830, ils arrivent à fabriquer des disques de verres de 38 centimètres. Plus tard, le petit-fils d’Henri Guinand, Charles Feil, transmet ce savoir faire à la société Mantois, puis Para et Mantois qui fondent les verres des plus grandes lunettes du monde comme celles de Lick et de Yerkes.

Des débuts ambitieux Mais revenons à Arago. En 1839, il souhaite équiper l’Observatoire de Paris d’un instrument aussi grand, voire même plus important que celui de Poulkovo. Dans le compte-rendu de la séance du Bureau des longitudes du 16 octobre 1839, on peut lire : ‘‘Dans l’avenir, une grande lunette parallactique pourra être établie dans la tour de l’Est. Cette tour repose sur une voûte solide. On aura donc là ni fondations, ni murs à construire. Cet emplacement est donc bien préférable à celui du jardin auquel l’énormité des dépenses ne permettrait pas de songer.’’ Quelques temps plus tard, dans une lettre au Ministre des travaux publics, il écrit : ‘‘Après l’achèvement [des travaux], les astronomes pourront se livrer avec succès à l’observation des étoiles doubles. C’est le seul point sur lequel nous soyons inférieurs aux grands observatoires de l’Allemagne et de la Russie.’’

L’instrument, sa monture et sa coupole seront entièrement de fabrication française. François Arago, compte sur le savoir faire de l’opticien Jean-Noël Lerebours (1761-1840) pour la réalisation de l’objectif. En 1819, celui-ci avait déjà réalisé une lunette de 20 centimètres de diamètre qui fut présentée à des commissaires de l’Académie des Sciences. Leur rapport était élogieux. Lerebours se faisait livrer du verre provenant de Guinand. En 1837, Lerebours se lance dans la fabrication d’un objectif de 38 centimètres dont les disques viennent des verreries de Choisy-le-Roi. Arago pense acquérir cet objectif, mais Lerebours meurt en février 1840 sans avoir terminé ce travail... C’est son fils, Nicolas Lerebours (1807-1873) qui finira l’objectif en 1844. L’année suivante, il s’associe avec un mathématicien suisse, Marc Secrétan (1804-1867) pour fonder la célèbre maison ‘‘Lerebours & Secretan’’, qui deviendra plus tard ‘‘Secrétan’’.

La lunette équatoriale de 24cm de l’Observatoire de Dorpat

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De toute façon, ce n’est qu’en 1843 que le Bureau des longitudes autorise enfin Arago à demander au Ministre du commerce, par l’intermédiaire du Ministre de l’instruction publique, de bien vouloir inscrire l’Observatoire de Paris pour des travaux dans le budget de 1845. Une commission composée de Jean-Baptiste Biot (1774-1862), Henri-Prudence Gambey (1787-1847), Victor Regnault (1810-1878), Jacques Babinet (1794-1872) et François Arago est chargée de suivre le projet. L’étude de la construction d’une coupole de 12 mètres de diamètre installée sur la tour de l’Est est confiée à l’architecte Henri-Alphonse de Gisors (1796-1861). Il dresse un devis de 94000 Francs pour l’ensemble des travaux de bâtiments.

En 1844, Georges Bontemps, directeur des verreries de Choisy-le-Roi, affirme pouvoir fournir des disques de verre encore plus grands permettant de réaliser un objectif de 55 centimètres de diamètre. On se réjouit alors de cette possibilité et du fait que l’instrument correspondant pourrait encore tenir dans la future coupole.

La coupoleLes travaux sur la tour de l’Est commencent le 9 avril 1845. Ils sont confiés à Louis Travers, père et fils. Cependant, très vite, on s’aperçoit que la voûte de la tour est trop mince pour supporter le poids d’un grand équatorial sans que le déplacement de personnes à proximité ne provoque des vibrations importantes, nuisibles aux observations... Louis Travers propose alors une série de modifications importantes. La première est de renforcer la stabilité de la voûte par un système d’arcs en fer forgé épousant le dessus de la voûte. Ceci va entraîner d’autres modifications :- seul le pilier de la lunette reposera sur cette charpente métallique,- la coupole et le plancher autour du pilier seront solidaires et reposeront essentiellement sur le mur d’enceinte de la tour,- la coupole et le plancher tourneront donc ensemble autour de la lunette,- un surcoût des travaux fait passer le devis à 200 000 Francs.

Les membres de la commission chargée du projet n’étaient pas tous d’accord sur le fait que ce système apporte vraiment une meilleure stabilité de l’ensemble. Henri-Prudence Gambey, horloger et constructeur d’instruments de précision, avait la charge de la réalisation de la monture du futur instrument. Le Bureau des longitudes le charge d’étudier la proposition de la société Travers. Le verdict étant favorable, le 3 juillet 1845, la Chambre des députés accorde une rallonge de 106 000 Francs pour ce chantier. Le temps de construire les différents éléments de la coupole, ce n’est qu’en septembre 1846 que débute vraiment le montage. La coupole est constituée d’une armature en fer sur laquelle reposent des plaques de cuivre. Le socle sur lequel reposera la lunette est une plaque de fonte de 5 tonnes. Lors de l’arrivée de cette pièce à l’Observatoire, on s’aperçoit qu’elle ne rentre par aucune porte ou fenêtre… On démolit puis reconstruit alors une partie du mur coté rue Saint-Jacques. Le chantier est terminé fin janvier 1847.

Carte postale ancienne de la Coupole Arago vers 1910

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• • • • HISTOIRE

L’instrumentFait surprenant, ce n’est qu’une fois la coupole installée que le Bureau des longitudes constate qu’il est urgent de s’occuper de l’instrument… La marge de manœuvre budgétaire diminuée par le surcoût de la coupole ne permet plus d’imaginer l’achat d’un objectif de 55 centimètres. On se contente donc de l’objectif de 38 centimètres de Lerebours terminé par son fils. En janvier 1848, le ministre de l’instruction publique accepte son achat pour la somme de 40 000 Francs.

Du coté de la monture (c’est Gambey qui en à la charge), on attend, là aussi, que la coupole soit pratiquement installée pour commencer l’étude de conception. Mais, le 28 janvier 1847, Gambey décède à l’âge de 59 ans… Le Bureau des longitudes choisi alors l’autrichien Johann Brunner (1804-1862) pour réaliser la monture. Ce dernier s’est installé à Paris en 1828 pour créer ses propres ateliers de construction d’instruments scientifiques. Un projet de dépense de 90 000 Francs est proposé par le Ministre à la Chambre des députés.

Cependant, peu de temps après, la révolution de février 1848 provoque la chute du roi Louis-Philippe et le projet est suspendu.

Il faut attendre septembre 1849 pour convaincre Lerebours de vendre son objectif et le tube de la lunette pour seulement 25 000 Francs, payés sur les propres fonds du Bureau des longitudes. Le crédit de 90 000 Francs de la monture n’est voté qu’en mars 1851. Brunner ne commence la construction de la monture qu’en avril 1852 après avoir soumis les plans au Bureau des longitudes à plusieurs reprises. Il est supervisé par Louis Bréguet (1804-1883), horloger et physicien, pour la partie entraînement de la monture. Les retards pris dans la conception amènent le Bureau des longitudes à solder les 90 000 Francs avant la fin de la fabrication en juin 1853. À la mort d’Arago en octobre 1853, la monture n’est toujours pas livrée...

Le Verrier prend le relaisUrbain Le Verrier devient Directeur de l’Observatoire de Paris le 31 janvier 1854. Nous sommes, depuis le coup d’État de Napoléon III en décembre 1851, sous le régime du Second Empire. L’Observatoire et le Bureau des longitudes sont séparés. Le Verrier reprend à sa charge la fin des travaux de l’équatorial de la tour de l’Est. Il reçoit un courrier d’Otto Struve (1819-1905) qui a visité l’Observatoire il y a peu. Celui-ci est très critique et indique à Le Verrier que la coupole et son emplacement ne sont pas en adéquation avec l’utilisation d’une lunette équatoriale (mouvements de la coupole trop lents, vibrations, turbulence due à la situation de la coupole sur le bâtiment…). Le Verrier semble avoir conscience de ces inconvénients, mais il poursuit le chantier. Il écrit au Ministre de l’instruction publique, ‘‘L’achèvement de la grande lunette est l’objet de toutes mes attentions et me donne des inquiétudes […]. La coupole, le pied, l’instrument, la lunette, n’ont point été établis les uns avec les autres […] quoi qu’il en soit, les travaux sont tellement avancés […] que nous croyons devoir contrairement il est vrai à l’opinion des astronomes et des constructeurs, nous borner à demander le prompt achèvement.’’

Dessin de la monture équatoriale de Brunner

Urbain Le Verrier

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Pour des raisons qu’on ignore, Brunner ne livre toujours pas la monture. Le fait d’avoir totalement soldé la commande avant la livraison n’a sans doute pas aidé Brunner à se presser. En 1856, Le Verrier entreprend une action en justice pour ‘‘hâter’’ la livraison. Malgré cela, la monture n’est installée sur la tour de l’Est qu’en mai 1859. Il n’y a plus qu’à installer l’objectif de Lerebours. Celui-ci est resté presque 10 ans dans une cave de l’Observatoire, à l’humidité... La face extérieure du crown était devenue terne. Une abondance trop importante d’alcali dans le verre ajouté à l’humidité cristallisa la surface du verre. De plus, la rotation de la coupole et du plancher solidaire s’avère plus que difficile. On a bien du mal à effectuer un tour de coupole en moins de 45 minutes. Une fois complètement installé, l’équatorial de la tour de l’Est est inutilisable...

Une mise en service pénibleDans un rapport daté de 1860, Le Verrier écrit : ‘‘La coupole reste toujours comme un monument des amères déceptions auxquelles aboutissent les entreprises que ne dirigent aucune vue d’ensemble.’’ Il tente à plusieurs reprises d’obtenir des crédits (environ 120 000 Francs) pour rectifier les anomalies, mais il n’est pas entendu. Devenu trop impopulaire auprès des astronomes de l’Observatoire, Le Verrier est relevé de ses fonctions en février 1870. À son départ, la lunette n’est toujours pas utilisable.

Lors de la guerre de 1870-1871, l’instrument est démonté et mis à l’abri. Lors des derniers jours de combat, la coupole est percée de nombreux trous de balle. En 1873, Camille Flammarion (1842-1925) écrit à son propos ‘‘La plus grande curiosité de la coupole en ce moment est d’être admirablement constellée d’étoiles par les innombrables balles de chassepot qui l’ont criblée aux derniers jours d’agonie des convulsions de la Commune.’’

Charles Delaunay (1816-1872), successeur de Le Verrier, ne fait pas remonter la lunette. À quoi bon réinstaller un instrument inutile ! Delaunay décède accidentellement le 5 août 1872 et Le Verrier est rappelé.

Un instrument délaisséEn 1874, 30 ans après le début du chantier, la surface du crown de l’objectif est repolie par Secrétan. Cependant, la lunette n’est pas réinstallée sur sa monture. Le physicien Alfred Cornu (1841-1902), la fixe horizontalement sur le toit de l’Observatoire pour mesurer la vitesse de la lumière en visant une station située sur la tour de Montlhéry à 23 kilomètres. On restaure la coupole et on lui apporte quelques modifications. Ceci permet le remontage de la monture et de la lunette en 1876. Cornu et Hippolyte Fizeau (1819-1896) l’utilisent quelques temps pour faire de la photographie, mais la coupole reste toujours très difficile à tourner et la qualité de l’objectif se dégrade. Finalement, l’instrument est délaissé par les astronomes. Le Verrier autorise Camille Flammarion à l’utiliser pour ses observations d’étoiles doubles.

En 1877, après le décès de Le Verrier, Ernest Mouchez (1821-1892) prend la direction de l’Observatoire. En

1881, il fait remplacer le tube en bois de la lunette par un tube métallique et fait installer un nouvel objectif réalisé par les frères Paul (1848-1904) et Prospère (1849-1903) Henry. Mouchez écrit en 1882 à propos de la lunette : ‘‘Tous les astronomes savent que la lunette de la tour de l’Est a été manquée et est restée à peu près sans emploi. L’objectif était des plus médiocres […] et le mécanisme de la coupole […] a donné des frottements si considérables qu’il a rendu cette coupole à peu près inutilisable […]. Aujourd’hui, elle n’est guère que l’enseigne de l’Observatoire.’’ Même si les frères Henry observent les satellites des planètes géantes, la lunette reste largement sous employée. On tente d’installer un moteur à gaz pour la rotation de la coupole, mais rien n’y fait. Elle reste toujours trop lente à déplacer.

Expérience de mesure de la vitesse de la lumière par Cornu sur le toit de l’Observatoire de Paris

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Ce n’est qu’en 1902, après la mise en place d’un moteur électrique que la coupole tourne en un temps ‘‘raisonnable’’ (10 minutes !). À cette époque, l’ère des grandes lunettes équatoriales arrive pratiquement à sa fin... La lunette Arago n’est utilisée que ponctuellement pour des observations de routine et seulement par des astronomes motivés que les conditions pratiques d’observations ne rebutent pas ! Parmi ces observateurs on peut citer Michel Giacobini (1873-1938), qui réalise observations astrométriques des comètes et mesures d’étoiles doubles visuelles de 1909 à 1937 et Paul Baize (1901-1995) médecin et astronome amateur chevronné, il effectue plus de 11000 mesures d’étoiles doubles visuelles avec l’équatorial de 30 centimètres de la tour de l’Ouest de 1933 à 1949 et plus de 8800 mesures à la lunette Arago de 1949 à 1971.

Après 1971, il faut attendre 1985 pour remettre en service l’instrument. On y réalise des mesures pour la 3ème campagne internationale d’observation des phénomènes mutuels des satellites de Jupiter. Aujourd’hui, l’équatorial de la tour de l’Est est utilisé pour la formation des étudiants. L’Observatoire de Paris organise aussi régulièrement des observations publiques appelées ‘‘Les Nuits des planètes de l’Observatoire de Paris’’. Ponctuellement, certains astronomes amateurs chanceux peuvent l’utiliser pour leurs propres observations sous la responsabilité d’un astronome professionnel de l’Observatoire (voir la Porte des Etoiles, numéro 22, automnne 2013).

Les grandes étapes du projet - 1839 : début du projet par Arago - 1847 : la coupole est terminée - 1848 : révolution de février - 1849 : achat de l’objectif de 38 centimètres de Lerebours - 1852 : début de la construction de la monture – Second Empire - 1853 : mort d’Arago - 1859 : mise en service de la monture - constat de l’objectif inutilisable - 1870/1871 : la guerre ! - 1874 : repolissage de l’objectif par Secrétan - 1881 : nouvel objectif par les frères Henry - 1902 : les problèmes de rotation et d’ouverture de la coupole semblent résolus

Carte postale de l’Observatoire de Paris vers 1910

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La Porte des Etoiles n°29 22

On peut noter que la construction de l’équatorial de 38 centimètres de l’Observatoire de Poulkovo ne dure que 5 ans. Pendant que le projet de la lunette Arago avance péniblement, Otto Struve découvre plus de 500 étoiles doubles avec cet instrument...

Les raisons des dysfonctionnements de cette réalisation sont à chercher dans les hésitations initiales, le morcellement de la construction (projet non pensé dans sa globalité). À cela s’ajoutent un contexte historique agité, le décès de certaines personnes clés et le solde prématuré de la monture de la lunette avant sa réception.

Et la tour de l’Ouest ?À défaut de pouvoir utiliser correctement la 38 centimètres d’Arago, Le Verrier met en service une lunette équatoriale de 30 centimètres de diamètre sur la tour de l’Ouest en 1858. L’objectif est signé Secrétan,

mais la monture est réalisée par Eichens. La distance focale de l’instrument est de 5,3 mètres pour un diamètre de 31,6 centimètres. Elle est installée sous une coupole plus maniable. Elle est surtout utilisée pour l’observation astrométrique des comètes et des astéroïdes. Comme nous l’avons vu, Paul Baize réalise plus de 11000 mesures d’étoiles doubles avec cet instrument à partir de 1933. En 1949, la vétusté de cette lunette est telle qu’on décide de la démonter. En 1974, la coupole de la tour de l’Ouest est transférée à l’Observatoire de Saint-Véran. Par contre, on a apparemment perdu la trace de cet équatorial. C’est pourtant lui qui est le plus souvent illustré à l’époque dans les livres et les journaux quand il s’agit de présenter l’Observatoire de Paris ou les activités des astronomes...

RéférencesCes astronomes fous du ciel - Paul Couteau – Edisud – 1988Lunettes et télescopes – André Danjon – André Couder – Blanchard - 1979Le centenaire de Pierre-Louis Guinand – Paul Ditisheim – L’Astronomie SAF - 1925François Arago, un savant généreux - James Lequeux – EDP Sciences – 2010Urbain Le Verrier, savant magnifique et détesté – James Lequeux – EDP Sciences – 2009 L’Observatoire de Paris, 350 ans de science - Collectif – Gallimard - 2012L’équatorial de la tour de l’Est - Philippe Véron – Revue d’histoire des sciences - 2003Mesures d’étoiles doubles faites à l’Observatoire de Paris - Michel Giacobini – 1934Mesures d’étoiles doubles faites à l’équatorial de la tour de l’Ouest - Guillaume Bigourdan – 1885La Nature – Revue des Sciences – Gaston Tissandier - 1873Sites internet de l’Observatoire de Paris et de l’IMCCE

L’équatorial de la tour de l’Est vers 1950

La lunette de 30 cm de la tour de l’Ouest

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La Porte des Etoiles n°29 23

Histoires d’étoile : ArcturusPar Michel Pruvost

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Par les belles nuits d’été, alors que le crépuscule s’attarde et que le Soleil vient à peine de disparaître, on peut remarquer vers l’Ouest une belle étoile qui s’allume alors que le ciel est encore bleu. Cette étoile, c’est Arcturus. Si on la remarque toujours en été, notamment lors des Nuits des Étoiles, elle est en fait visible depuis le printemps. Dès le premier avril, on peut la découvrir au ras de l’horizon à l’Est vers 20 heures. À partir de cette date, elle va se lever de plus en plus tôt pour ainsi culminer dans le ciel début juin au coucher du Soleil, puis glisser vers l’Ouest et devenir invisible vers la fin d’octobre. Arcturus est donc une étoile du ciel d’été.

Elle est la quatrième étoile la plus brillante du ciel - avec une magnitude de -0.06 - derrière Sirius, Alpha du Centaure et Canopus et juste devant Véga. Elle est donc aussi la plus brillante étoile de l’hémisphère Nord. Arcturus est une étoile de la constellation du Bouvier, cette grande constellation qui peut faire penser à un cerf-volant, un cône de crème glacée ou une cravate suivant le sens où on la regarde.

Arcturus

Carte d’indentitéArcturus a Bootis

Constellation : BouvierAscension droite : 14h15m39.7Déclinaison : +19°10’56’’Distance : 36.7 ± 0.3 alMagnitude apparente : -0.06Magnitude absolue : -0.29Luminosité : 210 ± 10Type spectral : K1.5 IIIpeT° de surface : 4300 KDiamètre : 51.4 ± 0.6 soleils

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Dans la mythologieElle est a Bootis dans le catalogue de Bayer et 16 Boo dans celui de Flamsteed. Elle est aussi référencée dans une dizaine d'autres catalogues comme le Smithsonian Astrophysical Observatory où elle porte le numéro SAO 100944. Le nom d’Arcturus signifie en grec ancien ''le gardien de l’Ours'', l’ours étant associé à la constellation voisine de la Grande Ourse. Dans la mythologie romaine, le Bouvier garde les bœufs du Grand Chariot (la Grande Ourse), ainsi la constellation et l’étoile sont elles liées dans un même destin. Mais Arcturus est aussi la protectrice de Callisto, une maîtresse de Zeus, et de son fils Arcas, (la grande et la petite Ourse) déposés là pour échapper à la colère de Hera la femme de Zeus.

En astronomie arabe, l’étoile s’appelle as-simāk ar-rāmiħ حمارلا كامسلا, ‘‘l’âme élevée du lancier’’. Ce nom a ensuite été plus ou moins romanisé pour devenir Aramec, Azimech ou encore Alramih. Elle est connue aussi sous un autre nom arabe ħāris-al-samā ءامسلا سراح ‘‘le gardien du ciel’’. Chez les Chinois, Arcturus se nomme Da Jiao ''la grande corne'' qui fait partie de la constellation Jiao Xiu. Les japonais ont longtemps adopté le nom chinois mais aujourd’hui c’est le nom d’Arcturus (アルクトゥルス) qui est utilisé. Quant aux Inuits, ils nomment cette étoile ''le vieil homme'', les Hindous Swati et les Polynésiens Hōkūle’a. Arcturus était aussi Papsukal, la divinité du dixième mois chaldéen Tibitu. Pour les civilisations de l’Euphrate, Arcturus était le berger du ciel, Sib-zi-anna.

Arcturus à travers l’histoireL’étoile Arcturus a certainement permis aux Polynésiens de découvrir l’archipel d’Hawaï. La latitude de celui-ci est exactement la déclinaison de l’étoile. En naviguant sur le Pacifique, il suffit alors de voguer Est-Ouest en maintenant l’étoile au zénith et on découvre les îles. Elle a aussi été la première étoile observée en plein jour par Jean Baptiste Morin en 1635.

En 1933, elle fut utilisée pour ouvrir la foire internationale de Chicago, 40 ans après la précédente en 1893 sous prétexte que la lumière d’Arcturus avait mis autant de temps pour franchir la distance la séparant de la Terre. D’après les mesures effectuées par le satellite Hipparcos, Arcturus se trouve à 36.7 années-lumière du Système solaire (11.3 parsecs), ce qui ne la place pas très loin de nous. Il a été soupçonné qu’Arcturus pouvait posséder un compagnon soit d’une masse 20 fois inférieure soit d’une masse de 12 fois celle de Jupiter mais rien n’a été confirmé aujourd’hui et Arcturus reste une étoile solitaire.

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Du côté scientifiqueArcturus est connue pour avoir un mouvement propre très particulier. Elle se meut très rapidement à la vitesse de 122 km/s et elle se trouve aujourd’hui presque au point le plus proche du Système solaire, qu’elle atteindra dans 4000 ans.

Arcturus appartient à un petit groupe de 53 étoiles dont les mouvements dans la Voie lactée sont semblables. Elle et les 52 autres étoiles seraient des membres de ce qu’on appelle le disque épais galactique, une zone de vieilles étoiles de population II située à plusieurs milliers d’années-lumière au-dessus ou sous le plan galactique. Ces étoiles sont caractérisées par des mouvements rapides sur des orbites elliptiques et inclinées par rapport au plan galactique. Ainsi, Arcturus est amenée à traverser le plan de la galaxie et à migrer dans le halo. Provenant de ces régions lointaines et née dans la jeunesse de la Voie lactée, Arcturus présente ainsi une très faible métallicité, 25% de celle du Soleil, ce qui veut dire que sa composition est pauvre en éléments plus lourds que l’Hélium. Le professeur Jim Kaler suggère même qu’Arcturus pourrait provenir d’une galaxie satellite de la notre.

Arcturus est une étoile géante orange de type K1.5 III pe. Son spectre est inhabituel et présente de nombreuses raies d’émission, ce qui n’est pas rare pour une géante rouge mais Arcturus a poussé ce phénomène assez loin. En visuel, elle est 110 fois plus lumineuse que le Soleil mais cela n’est qu’une partie de son émission lumineuse. Une grande partie de la lumière est émise en infra-rouge et, dans cette gamme, l’étoile est, cette fois, 180 à 215 fois plus brillante que le Soleil.

Comparaison des tailles du Soleil et de l’étoile Arcturus

Le diagramme Hertzprung-Russel

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La masse d’Arcturus est comprise entre 1.1 et 1.5 fois celle du Soleil mais son diamètre est plus de 50 fois plus grand. On ne connaît pas bien son âge mais elle est, de façon certaine, beaucoup plus ancienne que le Soleil, peut-être deux fois plus vieille. Elle préfigure ce que sera notre étoile dans quelques milliards d’années au stade évolué de géante rouge. Arcturus est, en effet, une étoile en fin de vie qui a quitté la série principale

du diagramme HR pour migrer vers la branche des géantes rouges. En son cœur, ce n’est plus l’hydrogène qui fusionne mais l’hélium. Arcturus est aussi une étoile légèrement variable. Sa magnitude varie de 0.04 magnitude sur 8.3 jours. Cette variabilité est due à des oscillations de la surface de l’étoile.

Et dans la littératureL’étoile Arcturus est mentionnée dans de nombreux romans de science-fiction, le plus célèbre d’entre eux étant ‘‘Un voyage en Arcturus’’ de David Lindsay, écrit en 1920 où on découvre un monde fabuleux peuplé d’êtres étranges. En 1964, Fredric Brown écrit le roman ‘‘What mad universe’’, dans lequel les humains mènent une guerre totale contre les Arcturiens. Enfin, en 1964, parait un roman français écrit par Nathalie Henneberg, ‘‘La Plaie’’ qui décrit une guerre sans merci entre les nocturnes incarnant le mal, des humains rescapés et des anges issus d’Arcturus.

Arcturus et les arcturiens servent aussi à alimenter quelques délires sur des êtres venus d’une cinquième ou d’une septième dimension pour guider les terriens vers l’accomplissement et la transition vers le nouvel âge. Le livre de Norma Milanovich paru en 1990 “Nous les Arcturiens de l’étoile Arcturus et de leur vaisseau Athena” reprend ce thème.

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Une soirée avec la 49 de l’Observatoire de Strasbourg

Par Simon Lericque

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C’est encore une fois une belle histoire... une histoire de trousseau de clés et de rencontres. Comme pour la lunette Arago de l’Observatoire de Paris avec Nicolas Biver en juin 2013 (voir la Porte des Étoiles n°22), c’est cette fois-ci la lunette de 49 centimètres de diamètre de l’Observatoire de Strasbourg que nous avons pu découvrir grâce à Tiphaine Barbay qui comme nous, est une habituée de la station Astroqueyras et des hauteurs de Saint-Véran.

Strasbourg donc, autour de midi le dimanche 23 février 2015, Huguette, Françoise, Jean-Pierre, Michel et moi sommes dans un petit restaurant traditionnel à deux pas de l’imposante cathédrale en train de savourer quelques spécialités locales très... diététiques ! Après le dessert, nous rejoignons au pied de la cathédrale Tiphaine qui sera désormais notre guide et qui nous fera découvrir le spectaculaire panorama visible depuis le sommet de la tour. Après les 330 marches (la vue se mérite), Strasbourg et son agglomération se dévoilent devant nous : ici le parlement européen, là le quartier de la Petite France, le bâtiment – plus moderne – du centre administratif et là-bas, discrète, noyée au milieu d’autres bâtisses, c’est la coupole principale de l’Observatoire, celle qui abrite la fameuse lunette équatoriale de 49 centimètres.

Après ce passage par les sommets, nous prenons tranquillement le chemin de l’Observatoire, déambulons dans les belles rues du vieux centre-ville de la capitale alsacienne toujours guidés par l’intarissable Tiphaine : elle aime sa ville d’adoption, ça se sent ! Les femmes s’attardent devant les boutiques de vêtements, les hommes devant les échoppes de spiritueux... Un véritable cliché ! Un peu plus en périphérie, nous longeons le jardin botanique et bien vite, nous arrivons devant la grille et l’immense coupole. Nous retrouvons là plusieurs membres de la SAFGA (la Société Astronomique de France - Groupe Alsace) qui viennent de terminer un marathon de deux jours d’astrophysique intensive avec Agnès Acker. Le Président Michel Hunzinger, Jean-Michel Lazou, Benoît Zeller (lui aussi membre d’Astroqueyras) et Pascal Dubois (ancien astronome professionnel à l’Observatoire de Strasbourg et membre de la SAFGA), entre autres, nous racontent l’histoire de la SAFGA et les liens qu’elle entretient avec l’Observatoire et les astronomes professionnels, encore nombreux, qui officient toujours dans ces murs.

Puis vient le moment tant attendu, nous gravissons les marches du grand escalier et pénétrons sous la coupole. A Lille, à Paris, à Prague ou ailleurs, chaque fois, c’est la même émotion... C’est beau ces “vieux machins’’ ! C’est impressionnant surtout ! La lunette en effet est majestueuse sous son imposante coupole de 12 mètres de diamètre et de 34 tonnes. Il faut dire qu’avec ses 490 millimètres de diamètre et ses 9 mètres de focale, ce n’est pas un petit instrument qu’il faut abriter ; c’est d’ailleurs la troisième lunette de France après celles de Meudon et la 76 cm de l’Observatoire de Nice. Nos

L’observatoire vu depuis le sommet de la tour de la cathédrale

La fameuse lunette de l’Observatoire de Strasbourg

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La Porte des Etoiles n°29 29

hôtes nous racontent l’histoire de l’observatoire, le parcours de l’instrument qui date de 1885 (alors que la ville de Strasbourg était encore allemande), de son optique taillée par Merz, puis retravaillée par Texereau, de sa monture et du pilier de 5 tonnes fabriqués par les ateliers Repsold, des éminents astronomes qui sont passés sous cette même coupole : Winnecke, Becker, Danjon, Esclangon, Couder, etc. Ce genre de rencontre permet aussi de découvrir quelques petites choses “cachées’’ : le mécanisme de mise en mouvement de la coupole entraîné par deux immenses poids de 880 kilogrammes chacun, le système d’arrosage destiné à rafraîchir la coupole en été et qui, semble-t-il, n’a jamais véritablement fonctionné, le rail à l’extérieur où était installé le chercheur de comètes, un espèce de siège coulissant couplé à un petit réfracteur sensé être dirigé dans la direction des astres chevelus... Puis, comme souvent, les discussions dévient, les échanges s’engagent, les bavardages s’éternisent... Aux quatre coins de France, la passion pour l’astronomie est finalement la même !

Mais le temps passe – le Soleil va bientôt se coucher – et le ciel est toujours désespérément plombé par les nuages. Dommage ! Pourtant depuis la veille, Jean-Pierre nous soutient que le ciel sera clair ce soir... Une photo souvenir et nous redescendons à regrets les fameuses marches pour quitter l’Observatoire. Tiphaine et Benoît ne veulent pas en rester là, d’autant que l’heure de l’apéro est désormais arrivée. Tiphaine nous guide à nouveau vers le centre de Strasbourg et semble absolument tenir à nous dévergonder. Nous qui sommes d’ordinaire si sérieux avons beaucoup de mal à nous laisser tenter : ce sera le bar à bières baptisé “le Grincheux’’... Là encore, les échanges seront riches et nombreux, la convivialité prime : on reparle de la lunette de 49, de l’histoire de Strasbourg, les souvenirs de Saint-Véran reviennent aussi inexorablement sur le tapis.

La “petite’’ bière alsacienne sifflée, nous quittons “le Grincheux’’, mais en fin de compte, pas si grincheux que cela... Le ciel s’est miraculeusement découvert : il avait raison notre Jean-Pierre ! Benoît n’a pas besoin d’insister lourdement pour que nous acceptions de retourner sous la coupole. Une halte rapide pour reprendre des forces avec quelques parts de tartes flambées offertes par le même Benoît et nous reprenons le tramway – en toute illégalité - vers le quartier de l’Observatoire. Benoît part devant nous avec son précieux vélo pour préparer le matériel.

Nouveau rendez-vous au pied de la coupole, cette fois sous un ciel étoilé. Nous sommes là, avec Tiphaine, Benoît et Christian, un autre membre de la SAFGA qui nous a rejoint entre temps. Nous connaissons désormais le chemin pour accéder à la coupole : la lunette est déjà pointée sur Sirius pour tenter de dénicher le discret

La photo “officielle”

Sirius vu par... Michel... ...Jean-Pierre... ...et Simon

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La Porte des Etoiles n°29 30

compagnon Sirius B. Le chromatisme est important mais l’image a ce charme que l’on ne retrouve que dans ces instruments plus que centenaires. Seuls les oculaires d’origine – dont nous ne pourrons qu’estimer la distance focale – sont compatibles avec la lunette. Michel et Benoît finissent par dénicher un oculaire (autour de 20 mm de focale) qui offre la plus belle image : Sirius est éclatante, étincelante, et scintille de toutes les couleurs. Plus discret dans sa corolle multicolore, le petit point discret de Sirius B apparaît sans trop de difficultés. Tiphaine, Benoît, Christian et même Huguette jettent un œil à l’oculaire ; Jean-Pierre, Michel et moi en ferons un dessin, histoire de garder un souvenir d’une observation rare dans cet instrument d’exception.

Benoît déplace ensuite le réfracteur de plusieurs centaines de kilos avec la facilité d’une petite lunette de 60 mm et pointe la nébuleuse d’Orion. Là encore, l’image obtenue est très ‘’exotique’’. Malgré la pollution lumineuse importante dans les environs, le cœur de la nébuleuse est très détaillé : des zones sombres et des différences de densité sont bien visibles autour du célèbre trapèze. Personne ne parviendra à percevoir les cinquième et sixième étoiles de Thêta Orionis. Le plus étonnant reste la couleur bleutée assez marquée de la nébuleuse. Quand l’on sait qu’il est déjà difficile de déceler les colorations verdâtres et rosâtres de la nébuleuse sous d’excellents cieux, il y a là de quoi s’interroger. Encore une fois, nous nous succédons à l’oculaire et arrivons à la même conclusion : c’est probablement l’optique de la lunette qui est à l’origine de cette étrange couleur. J’en ferai néanmoins un croquis rapide, encore une fois davantage pour garder un souvenir que pour réaliser un ‘‘beau’’ dessin.

L’étincelante Jupiter nous appelle depuis le début de la nuit. Nous ne pouvions pas quitter la coupole sans lui rendre une petite visite. C’est l’infatigable Benoît qui pointe maintenant la lunette avec une dextérité déconcertante vers la planète géante. A l’oculaire - vue la luminosité - le chromatisme est très présent sur les bords du disque jovien mais les détails également : certes, la grande tache rouge n’est pas là, mais de nombreuses formations se révèlent dans les bandes équatoriales. Étant donné le nombre de formations nuageuses perceptibles dans l’atmosphère de la jovienne, personne n’osera se lancer dans la réalisation d’un dessin. Il faut dire qu’il est déjà tard, que la journée a été dense et que la fatigue commence à se faire sentir...

Une nouvelle photo de groupe au pied de la lunette conclura ce second passage sous la coupole. Nous remercions chaleureusement Benoît – sans qui nous n’aurions pas pu revenir pour observer avec la lunette – et reprenons les voitures. Un petit crochet pour déposer Tiphaine chez elle et nous regagnons notre gîte en banlieue strasbourgeoise, fatigués, mais avec ce sentiment d’avoir été sacrément privilégiés d’avoir pu nous rincer l’œil à travers la troisième lunette de France. Merci la SAFGA ! Merci Tiphaine ! Merci Benoît !

Ambiance sous la coupole

Gribouillage rapide du coeur de la nébuleuse d’Orion

Simon, Benoit, Michel, Jean-Pierre, Christian, Tiphaine et Huguette

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La Porte des Etoiles n°29 31

Souvenirs d’éclipse

La chance sourit aux audacieux... C’est ce que l’on pourrait retenir de l’observation de l’éclipse partielle de Soleil du 20 mars dernier. En effet, il fallait quitter nos contrées septentrionales tôt ce matin là pour tenter de voir le croissant solaire. Personne dans le Nord-Pas-de-Calais n’a pu le voir. 5 heures du matin, le réveil sonne (c’est douloureux), les dernières cartes satellites indiquent que le beau temps est à l’Est de la France et s’étend jusque la Champagne. C’est là, près de Reims que quelques courageux – Carine, Serge, Michel, François, Emmanuel et Simon – s’installeront et réussiront à voir une bonne partie du phénomène. Un bord de route un peu bruyant à la sortie de Warmeriville comblera de bonheur nos valeureux explorateurs. Patrick, resté un peu plus au Nord près de Saint-Quentin bénéficiera lui-aussi de quelques éclaircies. Souvenirs.

Collectif

• • • • OBSERVATION

La Porte des Etoiles n°29 32

• • • • OBSERVATION

La Porte des Etoiles n°29 33

Ambiance nuageuse après le premier contact - Canon 7D et téléobjectif Canon 70-300 - Simon LERICQUE

Reflet en croissant - Smartphone - Serge VASSEUR

APN Canon 1000D et lunette 66/400 - François LEFEBVRE

• • • • OBSERVATION

La Porte des Etoiles n°29 3�

Près du maximum - Canon EOS 7D, hélioscope Lunt et lunette Orion 80ed - Simon LERICQUE

Canon 70D et téleobjectif Sigma 150-500 - Patrick ROUSSEAU

Après le maximum - APN Canon 1000D et lunette 66/400 - François LEFEBVRE

APN Canon EOS 6D et lunette SkyWatcher 80ED - Carine SOUPLET

• • • • OBSERVATION

La Porte des Etoiles n°29 35

À travers une passoire - APN Canon IXUS 400 Carine SOUPLET

Ambiance nuageuse - Canon 70D et téleobjectif Sigma 150-500 - Patrick ROUSSEAU

Dernier contact imminent- APN Canon EOS 6D et lunette SkyWatcher 80ED - Carine SOUPLET

Fin de l’éclipse - APN Canon 7D, hélioscope Lunt et lunette Orion 80ed - Simon LERICQUE

Réapparition de la tache solaire - APN Canon 7D, hélioscope Lunt et lunette Orion 80ed

Simon LERICQUE

• • • • OBSERVATION

La Porte des Etoiles n°29 3�

La galerie

37........................................................................ Une aurore dans le Nord

38....................................................................................... Festival solaire

46............................................................................ Galaxies de printemps

53....................................................................... Rapprochements célestes

55................................................................................... La petite dernière

Sommaire

Le mois d’avril avait cette année un avant-goût d’été. La météo s’est en effet montrée clémente et le Soleil a pu être observé, dessiné, photographié à travers toutes les longueurs d’onde : en lumière blanche, en hydrogène alpha ou en calcium.

Le printemps est traditionnellement la saison des galaxies. Dans les constellations du Lion, de la Vierge, de la Chevelure, ce sont plusieurs centaines qui peuvent être observées ou photographiées. Cette année, les conditions ont été particulièrement propices !

Qui a dit que les aurores boréales étaient réservées aux latitudes polaires ? Il est rare certes que ces phénomènes soient visibles en France. C’est pourtant ce qui s’est passé le 17 mars dernier. Quelques chanceux étaient sur le terrain pour les photographier.

Jupiter et Venus sont les planètes les plus en vue depuis le début de l’année. Lors de leur déplacement à travers les constellations, les brillantes planètes ont pu croiser d’autres astres sur leur route : la Lune, mais aussi les amas ouverts M44 et M45.

• • • • LA GALERIE

La Porte des Etoiles n°29 3�

Une aurore dans le Nord• • • • LA GALERIE

En Tierache (02) - 17 mars 2015APN Canon 6D et objectif Samyang 14mm - Carine SOUPLET et Mathieu SENEGAS

Au Mont Cassel (59) - 17 mars 2015 - APN Canon 6D et objectif Canon 17mm - Sylvain WALLART

La Porte des Etoiles n°29 3�

• • • • LA GALERIE

Le Soleil en lumière blancheLa Collancelle (58) - 15 avril 2015

APN EOS 7D, hélioscope Lunt et lunette Orion 80ed - Simon LERICQUE

Festival solaire

Taches solaires en lumière blancheLa Collancelle (58) - 15 avril 2015Caméra DMK21, hélioscope Lunt et lunette Orion 80ed - Simon LERICQUE

La Porte des Etoiles n°29 39

• • • • LA GALERIE

Taches solaires en lumière blanche - La Collancelle (58) - 12, 13, 14, 15 et 19 avril 2015Caméra DMK21, hélioscope Lunt et lunette Orion 80ed - Simon LERICQUE

La Porte des Etoiles n°29 �0

Activité solaire des 15 et 18 avril 2015 - La Collancelle (58)Dessins à l’oculaire 10mm, hélioscope Herschel et lunette 60/600 - Michel PRUVOST

• • • • LA GALERIE

La Porte des Etoiles n°29 �1

Zones actives sur le Soleil - La Collancelle (58) les 13, 14, 15, 18 et 19 avril 2015Caméra DMK21 et lunette Lunt 60 B1200 Ha - Simon LERICQUE

• • • • LA GALERIE

La Porte des Etoiles n°29 �2

Filaments solaires - La Collancelle (58) les 13 et 14 avril 2015Caméra DMK21 et lunette Lunt 60 B1200 Ha - Simon LERICQUE

Dessin solaire en Ha - La Collancelle (58), 18 avril 2015Oculaire 10mm et lunette Lunt 60 B1200 Ha - Michel PRUVOST

• • • • LA GALERIE

La Porte des Etoiles n°29 �3

Activité solaire en Calcium La Collancelle (58) - 18 avril 2015Caméra DMK21 et lunette Lunt 60 B1200 CaK Simon LERICQUE

Activité solaire en Calcium La Collancelle (58) - 15 avril 2015

Caméra DMK21 et lunette Lunt 60 B1200 CaK Simon LERICQUE

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La Porte des Etoiles n°29 ��

Zones actives sur le Soleil - La Collancelle (58) les 13, 14, 15 et 19 avril 2015Caméra DMK21 et lunette Lunt 60 B1200 CaK - Simon LERICQUE

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La Porte des Etoiles n°29 �5

Transit de l’ISS devant le Soleil - Meurchin (62), 23 avril 2015APN EOS 7D et lunette Orion 80ed - Simon LERICQUE

Groupe de taches solaires La Collancelle (58)

le 18 avril 2015Caméra DMK21 et lunette

Lunt 60 B1200 CaKSimon LERICQUE

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La Porte des Etoiles n°29 ��

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Galaxies de printemps

La galaxie du Tourbillon M51 - La Collancelle (58) - 21 avril 2015Caméra ATIK 314L et lunette SW Esprit 120ED - Gervais VANHELLE

La galaxie du Tourbillon M51La Collancelle (58) - 20 avril 2015

APN Canon 450D et lunette Hélios 150/1200 Patrick ROUSSEAU

La galaxie M63La Collancelle (58) - 24 avril 2015

APN Canon 450D et lunette Hélios 150/1200 Patrick ROUSSEAU

La Porte des Etoiles n°29 ��

La galaxie M101 - La Collancelle (58) - 19 avril 2015APN Canon EOS 450D et lunette Hélios 150/1200 - Patrick ROUSSEAU

Les galaxies M101 et NGC 5474 - La Collancelle (58) - 20 avril 2015APN Canon EOS 600D et lunette Esprit 120ED - Gervais VANHELLE

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La Porte des Etoiles n°29 ��

La galaxie de l’oeil noir M64La Collancelle (58) - 21 avril 2015

Caméra Atik 314L et lunette SW Esprit 120ED Gervais VANHELLE

La galaxie M94La Collancelle (58) -22 avril 2015

Caméra Atik 314L et lunette SW Esprit 120ED Gervais VANHELLE

La galaxie M95La Collancelle (58) - 22 avril 2015

Caméra Atik 314L et lunette SW Esprit 120ED Gervais VANHELLE

La galaxie de l’oeil noir M64La Collancelle (58) - 24 avril 2015

APN Canon 450D et lunette Hélios 150/1200 Patrick ROUSSEAU

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La Porte des Etoiles n°29 �9

Les galaxies M81 et M82 - La Collancelle (58) - 23 avril 2015APN Canon 450D et lunette Hélios 150/1200 - Patrick ROUSSEAU

Les galaxies M81 et M82 - La Collancelle (58) - 20 avril 2015APN Canon EOS 600D et lunette SW Esprit 120ED - Gervais VANHELLE

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La Porte des Etoiles n°29 50

Le trio du Lion M65, M66 et NGC 3628 - La Collancelle (58) - 20 avril 2015APN Canon EOS 600D et lunette SW Esprit 120ED - Gervais VANHELLE

Les environs des galaxies M100 et NGC 4312 - La Collancelle (58) - 18 avril 2015Caméra Atik 314L et lunette SW Esprit 120ED - Gervais VANHELLE

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La Porte des Etoiles n°29 51

Les galaxies M65 et M66 - La Collancelle (58) - 14 avril 2015Dessin à l’oculaire Ethos 13mm et Dobson Lightbridge 400/1800 - Michel PRUVOST

Les galaxies M101 et NGC 5474 La Collancelle (58) -14 avril 2015

Dessin à l’oculaire Lanthanum 42mm et Cassegrain 200/1800 - Michel PRUVOST

Les galaxies NGC 4298 et NGC 4302 La Collancelle (58) - 13 avril 2015

Dessin à l’oculaire Ethos 13 mm et Dobson Lightbridge 400/1800 - Simon LERICQUE

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La Porte des Etoiles n°29 52

La galaxie NGC4244- La Collancelle (58) - 13 avril 2015Dessin à l’oculaire Ethos 13 mm et Dobson Lightbridge

400/1800 - Simon LERICQUE

Les environs de NGC 3395 et 3396 La Collancelle (58) - 12 avril 2015Dessin à l’oculaire Ethos 21 mm et

Dobson Lightbridge 400/1800 - Simon LERICQUE

Les galaxies NGC 4285, 4274, 4278, 4283 et 4314 - La Collancelle (58) - 14 avril 2015Dessin à l’oculaire Ethos 21 mm et Dobson Lightbridge 400/1800 - Simon LERICQUE

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La Porte des Etoiles n°29 53

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Rapprochements célestes

Venus et l’amas des Pléiades - La Collancelle (58) - 12 avril 2015APN Canon EOS 7D et téléobjectif Canon 70-300 - Simon LERICQUE

Jupiter et l’amas de la Crèche - La Collancelle (58) - 12 avril 2015APN Canon EOS 7D et téléobjectif Canon 70-300 - Simon LERICQUE

La Porte des Etoiles n°29 5�

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Conjonction Lune-Venus - Wancourt (62) - 21 avril 2015APN Canon EOS 7D et objectif Canon 35mm

Simon LERICQUE

Rapprochement Lune-Aldebaran - Wancourt (62) - 21 avril 2015APN Canon EOS 7D et téléobjectif Canon 70-300 Simon LERICQUE

La Porte des Etoiles n°29 55

La petite dernièreC’est dans l’indifférence quasi générale que la sonde Messenger a achevé sa passionnante mission : c’était le 30 avril dernier. Après 7 ans de voyage et 3 années passées en orbite autour de Mercure, la sonde américaine s’est volontairement crashé sur la surface de la plus proche planète du Soleil. Messenger est, à ce jour, la sonde qui nous aura apporté le plus d’informations sur Mercure et aussi les images les plus détaillées de sa surface. Il faudra désormais attendre de longues années (20 ans dit-on...) pour qu’une nouvelle sonde vienne à nouveau à la rencontre de Mercure et de son paysage désolé.