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La Préservation et la restauration des documents et ouvrages en papier : une étude RAMP, accompagnée de principes directeurs Programme général d’information et UNISIST Organisation des Nations Uni.es pour l’éducation, la science et la culture PGI-84lWS125 Paris, 1986

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La Préservation et la restauration des documents et ouvrages en papier : une étude RAMP, accompagnée de principes directeurs

Programme général d’information et UNISIST

Organisation des Nations Uni.es pour l’éducation, la science et la culture

PGI-84lWS125

Paris, 1986

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Or ig i na1 es Pagnol PGI-84 /WS / 25 Paris, 1986

LA PRESERVATION ET LA RESTAURATION DES DOCUMENTS ET OUVRAGES EN PAPIER : UNE ETUDE RAMP, ACCOMPAGNEE

DE PRINCIPES DIRECTEURS

rédigée par

Carmen CRESPO et Vicente VINAS

Programme général d'information et UNISIST

Organisation des Nations Unies pour l'éduction la science et la culture

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Notice recommandée pour le catalogue :

Crespo, Carmen

La Préservation et la restauration des documents et ouvrages en papier : une étude RAMP, accompagnée de principes directeurs / rédigée par Carmen Crespo et Vicente Vinas [pour le] Programme général d'information et UNISIST. - Paris : Unesco, 1986. - VI, 117 p. ; 30 cm (PGI-84/WS / 25 )

I. Tit re

II. Unesco. Programme général d'information et UNISIST

III. Programme de gestion des documents et archives (RAMP)

0 . Unesco, 1986

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Afin de mieux répondre

(il

PREFACE

ux besoins des Et ts membres, plus particuliè- rement des pays en développement, dans ce domaine spécialisé qu'est celui de la gestion des documents et de l'administration des archives, la Division du Programme général d'information de l'Unesco a mis au point le Programme de gestion des documents et des archives (Records and Archives Management Pro- gramme, e).

Le RAMP reflète dans ses éléments essentiels les grands thèmes du Pro- gramme général d'information lui-même. I1 comprend ainsi des projets, des études et d'autres activités destinés 5 :

1. Promouvoir la formulation de politiques et de plans concernant l'information (aux niveaux national, régional et international).

2. Promouvoir et diffuser les méthodes, règles et normes pour le'trai- tement de l'information.

3. Contribuer au développement des infrastructures de l'information.

4. Contribuer au développement des systèmes d'information spécialisés dans les domaines de l'éducation, de la culture et de la communica- tion, des sciences exactes et naturelles et des sciences sociales.

5. Promouvoir la formation pracique et théorique des professionnels et des utilisateurs de l'information.

La présente étude, réalisée en vertu d'un contrat conclu avec le Conseil international des archives, est destinée aux archivistes et bibliothécaires , en particulier à ceux des pays en développement. Elle analyse en détail les systèmes et principes qui se rapportent à la planification et à la mise en oeuvre d'un programme de conservation et de restauration des livres et docu- ments sur papier. La première version de cette étude a été soumise pour observations aux experts du CIA spécialisés dans ce domaine. On trouvera également dans le présent texte un compte rendu des conclusions et activités les plus récentes en matière de recherche archivistique.

Toute observation ou suggestion concernant cette étude peut être adressée à la Division du Programme général d'information, Unesco, 7 Place de Fontenoy, 75700 Paris, France. On pourra se procurer à la même adresse d'autres études réalisées dans le cadre du RAMP.

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TABLE DES MATIERES

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O . INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1

1 . LE PAPIER EN TANT QUE SUPPORT DE L'ECRITURE . . . . . . . 2

1.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.2 Le papier en Europe . . . . . . . . . . . . . . . . .

1.2.1 Le papier de chiffon . . . . . . . . . . . 1.2.1.1 Phase artisanale manuelle . . . . . . . . 1.2.1.2 Phase artisanale industrialisée . . . . . 1.2.2 Papier de pâte de bois . . . . . . . . . . 1.2.2.1 Papier de pâte mécanique . . . . . . . . . 1.2.2.2 Papier de pâte chimique . . . . . . . . . 1.2.2.3 Papier de pâte mi-chimique . . . . . . . . 1.2.2.4 Vieux papiers recyclés . . . . . . . . . . 1.2.2.5 Typologie . . . . . . . . . . . . . . . .

1.3 Papier de fibres synthétiques . . . . . . . . . . .

2 2 2 2 4 5 5 6 6 7 7 8

2 . LES ENCRES. ELEMENT GRAPHIQUE DU DOCUMENT . . . . . . . . 9

2.1 2.2.

Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les encres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2.1 Composition des encres . . . . . . . . . . 2.2.1.1 Constituants de base . . . . . . . . . . . 2.2.1.2 Adjuvants . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2.2 Classification des encres . . . . . . . . 2.2.2.1 Encres 5 écrire . . . . . . . . . . . . . 2.2.2.2 Encres d'imprimerie . . . . . . . . . . . 2.2.2.3 Encres & dessin . . . . . . . . . . . . .

9 9 9 9 10 10 11 15 16

3 . LES CAUSES D'ALTERATION ET LEURS EFFETS . . . . . . . . . . 18

3.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.2 Causes intrinsèques d'altération . . . . . . . .

3.2.1 Nature . . . . . . . . . . . . . . . . 3.2.2 Encres . . . . . . . . . . . . . . . . 3.2.3 Eléments accessoires et formats

inhabitue Is . . . . . . . . . . . . .

3.3.1 Causes physico-mécaniques d'altération 3.3.2 Les causes physico-environnementales .

et leurs effets . . . . . . . . . . . 3.3.2.1 Humidité et température . . . . . . . 3.3.2.2 Lumière . . . . . . . . . . . . . . . 3.3.3 Les causes chimico-environnementales

et leurs effets . . . . . . . . . . . 3.3.4 Facteurs biologiques . . . . . . . . . 3.3.4.1 Rongeurs . . . . . . . . . . . . . . . 3.3.4.2 Insectes bibliophages . . . . . . . . 3.3.4.3 Micro-organismes . . . . . . . . . . . 3.3.5 Causes de caractère catastrophique . . 3.3.5.1 Inondations . . . . . . . . . . . . . 3.3.5.2 Incendies . . . . . . . . . . . . . . 3.3.6 Autres causes . . . . . . . . . . . .

3.3 Causes extrinsèques d'altération . . . . . . . .

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4 . METHODES PREVENTIVES DE CONSERVATION . . . . . . . . . .

4.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.2 Les bâtiments . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

4.2.1 Emplacement . . . . . . . . . . . . . . . 4.2.2 Construction . . . . . . . . . . . . . . . 4.2.3 Zones d'un dépôt d'archives . . . . . . . 4.2.3.1 Les magasins . . . . . . . . . . . . . . . 4.2.3.2 Les services non ouverts au public . . . . 4.2.3.3 Les servives ouverts au public . . . . . . 4.2.4 Bâtiments anciens transformés

4.2.5 Les dépôts d'archives des pays tropicaux . 4.2.5.1 Construction . . . . . . . . . . . . . . . 4.2.5.2 Fondations . . . . . . . . . . . . . . . 4.2.5.3 Murs extérieurs . . . . . . . . . . . . . 4.2.5.4 Ouvertures . . . . . . . . . . . . . . . . 4.2.5.5 Toitures . . . . . . . . . . . . . . . .

4.3.1 Rayonnages . . . . . . . . . . . . . . . .

en dépôts d'archives . . . . . . . . . . .

4.3 Rangement des documents . . . . . . . . . . . . . . 4.3.1.1 Rayonnages denses . . . . . . . . . . . . 4.3.1.2 Rayonnages traditionnels . . . . . . . . .

4.3.2.1 Le rangement vertical . . . . . . . . . . 4.3.2.2 Le rangement horizontal . . . . . . . . . 4.3.3 Autres systèmes . . . . . . . . . . . . .

4.4 Matériel de conditionnement . . . . . . . . . . . . 4.4.1 Liasses . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.4.2 La boîte . . . . . . . . . . . . . . . . .

4.3.2 Meubles 5 plans. à rangement vertical ou horizontal . . . . . . . . . . . . . .

5 . LUTTE CONTRE LES AGENTS DE DETERIORATION . . . . . . . . 5.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

5.1.1 La lumière . . . . . . . . . . . . . . . . 5.1.1.1 Eclairage électrique . . . . . . . . . . . 5.1.1.2 Appareils de mesures . . . . . . . . . . . 5.1.2 Humidité et température . . . . . . . . . 5.1.2.1 Système naturel . . . . . . . . . . . . . 5.1.2.2 Système artificiel . . . . . . . . . . . . 5.1.3 Pollution atmosphérique . . . . . . . . . 5.1.4 Pollution biologique . . . . . . . . . . . 5.1.5 Feu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.1.5.1 Les systèmes de détection . . . . . . . . 5.1.5.2 Systèmes d'extinction . . . . . . . . . .

6 . RESTAURATION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.2 Les critères de la restauration . . . . . . . . . .

6.2.1 S ' abc t enir . . . . . . . . . . . . . . . . 6.2.2 Eliminer . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.2.3 C tab iliser . . . . . . . . . . . . . . . . 6.2.4 Réinsérer . . . . . . . . . . . . . . . . 6.2.5 Combler . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.2.6 Opter . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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6.3 Le proces 6.3.1 6.3.2 6.3.2.1 6.3.2.2 6.3.2.3 6 .. 3.3 6.3.3.1 6.3.3.2 6.3.3.3 6.3.3.4 6.3.4

6.3.4.1 6.3.4.2

6.3.4.3

6.3.4.4

6.3.4.5 6.3.4.6

6.3.5

6.3.5.1 6.3.5.2 6.3.5.3 6.3.6 6.3.6.1 6.3.6.2

6.3.6.3 6.3.6.4 6.3.7 6.3.7.1 6.3.7.2 6.3.7.3 6.3.8

6.3.8.1 6.3.8.2

6.3.9

6.3.10 6.3.10.1 6.3.10.2 6.3.11

6.3.11.1 6.3.11.2 6.3.11.3

6.3.12

;sus de la restauration . . . . . . . . . . Le contrôle . . . . . . . . . . . . . . . Identification. analyse et diagnostic . . Analyse . . . . . . . . . . . . . . . . . Diagnostic . . . . . . . . . . . . . . . . Détermination du traitement . . . . . . . Photographie . . . . . . . . . . . . . . . Copie de sécurité . . . . . . . . . . . . Photos-témoin de l'état de conservation . . Re cherche . . . . . . . . . . . . . . . . Enseignement . . . . . . . . . . . . . . . Mesures à prendre pour protéger le papier pendant l'opération de restauration . . . Protection en période d'attente . . . . . Protection au cours des traitements gazeux . . . . . . . . . . . . . . . . . . Protection au cours des traitements locaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . Protection au cours des traitements par immersion . . . . . . . . . . . . . . Immersion et sortie du bain . . . . . . . Mesures de protection des encres et autres constituants du tracé au cours du processus de restauration : fixatifs . . . . . . . . Désinsectisation. désinfection. stérilisation. . . . . . . . . . . . . . . Moyens et procédés chimiques . . . . . . . Moyens et procédés physiques . . . . . . . Moyens et procédés biologiques . . . . . . Net toyage . . . . . . . . . . . . . . . . Nettoyage mécanique . . . . . . . . . . . Nettoyage 5 l'aide de solvants non aqueux . . . . . . . . . . . . . . . . . . Lavage . . . . . . . . . . . . . . . . . Blanchiment . . . . . . . . . . . . . . . Désacidification . . . . . . . . . . . . . Solutions aqueuses . . . . . . . . . . . . Solutions non aqueuses . . . . . . . . . . Composés gazeux . . . . . . . . . . . . . Renforcement : colles et produits adhésifs . . . . . . . . . . . . . . . . . Processus chimique : l'eau . . . . . . . . Processus physico-mécanique : les agents de collage . . . . . . . . . . Réparation des coupures et des déchirures . . . . . . . . . . . . . . . . Comblage des lacunes . . . . . . . . . . . Comblage manuel . . . . . . . . . . . . . Comblage par procédés mécaniques . . . . . Reconstitution des éléments qui figuraient sur le support . . . . . . . . Critères . . . . . . . . . . . . . . . . Texte pâli . . . . . . . . . . . . . . . . Reconstitution d'oeuvres artistiques - gravures et dessins . . . . . . . . . . Séchage et mise 2 plat . . . . . . . . . .

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6.3.12.1 6.3.12.2 6.3.13 6.3.13.1 6.3.13.2 6.3.14 6.3.14.1 6.3.15 6.3.15.1 6.3.15.2 6.3.15.3

Le séchage et la mise 2 plat Autres procédés . . . . . . Lamination . . . . . . . . . Traitements manuels . . . . Traitements mécaniques . . . Reliure . . . . . . . . . . Critères et techniques . . . Montage et "encapsulation" . Considérations générales . . Montage . . . . . . . . . . Encapsulation . . . . . . .

naturels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

7 . RESUME . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

1 . Le papier comme support . . . . . . . . . . . . . . 2 . Encres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 . Les causes d'altération et leurs effets . . . . . . 4 . Méthodes préventives de conservation . . . . . . . . 5 . Lutte contre les agents de détérioration . . . . . . 6 . Restauration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

8 . OUVRAGES CONSULTES . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Documents du RAMP et documents connexes . . . . . . . . . . .

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O. INTRODUCTION

Grandes lignes de l'étude

- L'objet de la présente étude est de faire le bilan de la question de la conservation du papier - matériau dont sont constitués la plupart, pour ne pas dire la totalité, des documents et ouvrages détenus par les services d'ar- chives et .les bibliothèques - en examinant les moyens et techniques utilisés en la matière, tels qu'ils se dégagent de la littérature relativement abon- dante, mais dispersée, qui existe ainsi que de l'expérience de différents laboratoires, en particulier le Centro Nacional de Conservación y Microfil- macidn Documental y Bibliográfica de Espanva (Centre national de conservation et de microfilmage documentaire et bibliographique d'Espagne) qui se consacre depuis douze ans déjà à la sauvegarde de cet aspect du patrimoine culturel.

- La conservation est une discipline qui comporte deux facettes totale- ment distinctes et cependant complémentaires : l'une recouvre toutes les me- sures qui visent à éviter la détérioration des documents (mesures préventives ou préservatrices) ; l'autre celles qui consiste à assurer directement le traitement des pièces endommagées par une cause quelconque (mesures curatives ou de restauration).

- Idéalement, toute politique de conservation sérieuse tend à assurer la mise en oeuvre de mesures efficaces du premier type - préventif - de manière à réduire au minimum possible la nécessité de faire intervenir celles du deu- xième type. Comme pour l'homme, en matière de documents, "mieux vaut - comme on dit - prévenir que guérir".

- I1 importe, pour la bonne mise en oeuvre de ces deux types de mesures, de connaTtre avec précision les caractéristiques matérielles et structurelles du support (le papier) et des signes graphiques qui y sont apposés (encres), ainsi que de leur évolution dans le temps - amplement attestée dans les ser- vices d'archives et les bibliothèques.

- D'où l'importance de la description des relations de cause 2 effet qui interviennent dans la détérioration de ces matériaux et qui, en réalité, sont tout autant des phénomènes d'environnement que des processus internes aux matériaux.

- Ces questions ne sont pas toutes analysées aussi longuement dans la présente étude. On passe assez rapidement sur les caractéristiques des sup- ports et des matériaux qu'ils portent (papier et encres) ainsi que sur les causes de leur altération, qui font seulement l'objet d'une sorte d'exposé introductif destiné 2 asseoir sur des bases solides la présentation des me- sures préventives et curatives, coeur de la présente 6tud.e.

- Les deux facettes de la conservation sont elles-mêmes inégalement trai- tées et l'on privilégie l'aspect curatif - autrement dit la restauration - plus complexe, plus diversifé, et moins connu non seulement des profanes mais aussi de beaucoup de personnes qui se considèrent comme relativement expertes en la matiere. C'est aussi un aspect plus changeant, qui évolue sans cesse sous l'effet des innovations scientifiques et techniques plus controversé de SurcroTt, parce qu'il implique une intervention directe sur les documents à la différence de la prévention qui n'influe que sur leur environnement et dont les points de départ sont plus immuables.

- Ses auteurs espèrent que la présente étude sera. utile aux membres de toutes les professions liées à la conservation des documents et des livres et en particulier aux archivistes et restaurateurs.

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1. LE PAPIER EN TANT QUE SUPPORT DE L'ECRLTURE

1.1 Généralités. Le papier est sans doute le support le plus commun - à défaut d'être le seul - des documents graphiques conservés dans les archives et les bibliothèques.

Originaire de Chine, né dans des circonstances auréolées de légende comme d'autres supports de l'écriture qui l'ont précédé, le papier pénètre en Europe via l'Espagne, apporté par les Arabes/l.

A la différence des matériaux sur lesquels on écrivait auparavant, c'est-Adire du papyrus auquel il doit probablement son nom - et du parche- min, le papier résulte d'une authentique fabrication ; c'est un produit qui ne ressemble plus du tout, dans la forme, aux matières premières dont il est tiré.

On ne possède pas de texte qui éclaire les débuts de cette fabrication en Orient et plus tard en Europe. Mais les techniques artisanales étant demeurées presque identiques, il suffit de les étudier pour reconstituer les premiers procédés utilisés.

Dans le monde oriental, la matière première employée pour la fabrication du papier était constituée de résidus de tissus d'origine végétale ou animale (soie) et de certains végétaux. On emploiera couramment plus tard tel ou tel de ces végétaux pour fabriquer un papier particulier - le papier dit de riz par exemple, et des papiers encore fabriqués actuellement au Japon qui tirent leur nom des plantes dont ils sont issus (Gampi, KOZO, Mitsumata...).

1.2 Le papier en Europe. Les premiers papiers de fabrication européenne ont été confectionnés 5 partir de tissus de fibres végétales (lin, chanvre, coton). Ce procédé de fabrication est resté en usage jusqu'en 1850 environ, date vers laquelle une nouvelle matière première - le bois - vient détrôner les mathriaux libériens.

I1 apparaît donc qu' il papier en Europe : celle du bois.

1.2.1 Le papier de chiffon. chiffons d'origines diverses ensuite.

Pour ce qui est de la phases bien délimitées : une industrialisée.

y a deux grandes époques dans la fabrication du papier de chiffon et celle du papier à base de

I1 fut ainsi appelé parce que produit 5 partir de - lin et chanvre dans les premiers temps, coton

technologie de fabrication, on distingue deux phase artisanale manuelle et une phase artisanale

1.2.1.1 Phase artisanale manuelle. Elle correspond aux tout premiers temps de la fabrication du papier. Des chiffons blancs sont soumis & un traitement qui en fait ce nouveau matériau de support de l'écriture dans des moulins à papier (dont les moulins & farine ont peut-être d'abord fait office), construits au bord de cours d'eau limpides.

1. Les feuillets en papier du missel mozarabe du Monastère de Santo Domingo de Silos sont considérés comme les premiers échantillons de papier euro- péen. Les caractéristiques paléographiques du texte, le fait qu'il cor- responde & la liturgie mozarabe, abolie en Espagne en 1080 sous le pon- tificat de Grégoire VII, en situent 'la date de fabrication & cette der- nière année au plus tard.

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Fabrication. Le procédé consiste 2 hacher les chiffons, puis à les dépoussié- rer, à les immerger dans de l'eau pour obtenir un nettoyage plus profond activé par une fermentation, à les soumettre 5 un lessivage doux, à les faire macérer et 5 les battre pour les défibrer et obtenir une pâte qui, mélangée dans les proportions voulues à de l'eau dans de grands récipients de bois, de pierre ou de métal (cuves), constituera la matière première du papier. Ex- traite du milieu aqueux au moyen de sas ou de tamis de fibres de bambou entre- lacées ou de treillis métallique (formes) selon les époques et les lieux, convenablement pressée et séchée par des procédés très divers, elle fournit du papier en feuilles - dénommé en conséquence papier fait à la cuve ou à la main en raison de la nature entièrement manuelle de son procédé de fabrication.

Afin d'obtenir une surface apte 2 recevoir l'écriture, suffisamment imperméable pour que l'encre ne coule pas, on fait subir aux feuilles de papier une fois sèches un encollage au moyen de colles qui, végétales dans les premiers temps, ont été ensuite animales, puis un satinage qui leur donne une surface lisse, prenant bien l'encre. L'encollage sert en même temps à souder les fibres et est à l'origine du bruit caractéristique que fait le papier lorsqu'on l'agite.

En dépit de toute l'habileté avec laquelle l'ouvrier papetier manie la forme pour répartir la pâte de manière homogène, la feuille de papier ainsi fabriquée est d'épaisseur inégale et montre même parfois des restes des fila- ments du chiffon initial en raison du caractère manuel du procédé.

Les formes faites de fils métalliques entrecroisés (vergeures) laissent sur la feuille des marques linéaires plus translucides - la quantité de pâte déposée le long des fils étant moindre que sur le reste de la superficie - qui ont fait donner le nom de "vergé" au papier qui les présente.

La multiplication des moulins 5 papier en réponse 5 l'accroissement de la demande allait inciter les fabricants, devenus de véritables industriels, rivaliser de qualité et à marquer leurs produits d'un signe distinctif cousu ou collé sur la forme métallique. La marque laissée sur la feuille par ce signe a reçu le nom de filigrane. Le plus ancien papier à filigrane actuelle- ment connu est de fabrication italienne et date de la fin du XIIIe siècle.

C'est en Italie également que l'on a eu l'idée de remplacer la colle végétale par la colle animale et les maillets actionnés à la main par des maillets hydrauliques. Cela a permis d'accélérer considérablement la fabri- cation du papier et de mieux raffiner, autrement dit de fibrer, la pâte de chiffon.

A partir de la deuxième moitié du XVIIe siècle, les maillets hydrauliques seront remplacés par la pile hollandaise, récipient métallique encore en usage, contenant un cylindre animé d'un mouvement rotatif, dont la surface est munie, comme celle de la platine située au fond de la pile, de lames qui dé- filent et défibrent les chiffons agités dans l'eau.

Cette machine permet d'obtenir une production beaucoup plus importante et un raffinage plus parfait.

Composition : Le papier ainsi obtenu est essentiellement constitué de cellu- lose (composant quasi exclusif du tissu libérien). Les seuls ajouts sont l'agent de collage végétal ou animal et quelques résidus alcalins résultant de l'utilisation de chaux dans le procédé de fabrication de la pate papetière.

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La cellulose est une substance organique formée d'une macromolécule elle- même constituée d'unités plus petites d'un sucre (cellobiose) dont chacune est à son tour divisée en deux molécules du glucose. La molécule de cellulose forme une longue chaîne qui s'assemble avec d'autres pour constituer la fibre. La molécule de glucose est, quant à elle, formée d'une chaîne de six atomes de carbone, dont chacun est uni à un atome d'oxygène et un atome d'hydrogène oxhydryle (OH) liés entre eux autour d'un anneau constitué par cinq atomes de carbone et un d'oxygène. Les molécules d'eau incorporées à la pate au cours de la fabrication du papier forment avec les atomes oxhydrylec des liaisons semi- chimiques qui servent de ponts entre les molécules de cellulose adjacentes (ponts hydrogène) et renforcent les longues chaînes séparées qu'elles forment.

Voilà pourquoi quand la fibre de cellulose se déshydrate, une partie de ces ponts hydrogène venant A disparaltre, la fibre s'amincit. En revanche, lorsqu'.elle est bien hydratée, elle épaissit. Un excès d'eau la ramollit au point qu'elle se désagrège.

Le papier, matériau très hygroscopique, absorbe ou perd de l'eau en fonc- tion du degré d'humidité relative de l'atmosphère qui l'entoure, sa superficie changeant de dimensions selon l'humidité résiduelle des fibres dont il est constitué. Les feuilles de papier faites à la forme se dilatent et se con- tractent presque autant en longueur qu'en largeur.

La colle à pâte végétale se compose essentiellement de farines mêlées A de l'eau. Son principal constituant est l'amidon, hydrate de carbone que l'on trouve dans de nombreuses plantes et en particulier dans les céréales (le riz est la céréale qui en contient le plus sous forme de granules). Presque in- solubles dans l'eau froide, les granules gonflent dans l'eau chaude, formant une substance visqueuse qui durcit à mesure qu'elle se refroidit et perd de l'eau.

La colle d'origine animale est le produit de l'hydrolyse du collagène, protéine constitutive de la peau (gélatine), des cartilages et des os des ani- maux. Elle se fabrique par cuisson de ces déchets après qu'ils aient 4th débarrassés du poil et de la chair. Comme les colles végétales, la substance visqueuse obtenue durcit en se refroidissant et en séchant.

1.2.1.2 Phase artisanale industrialisée. C'est au tournant du XIXe siècle qu'apparaissent des systèmes mécaniques qui vont remplacer la traditionnelle forme à façonner les feuilles et permettre la fabrication de longues bandes de papier (papier en bobine ou papier continu). Des toiles de tamis continus sont tendues sur des rouleaux et animées d'un mouvement rectiligne horizontal au- dessus des récipients de pâte. Celle-ci s'y dépose sous forme de suspension très diluée et cède de l'eau par égouttage puis sous l'effet de la pression des rouleaux. Le papier ainsi obtenu n'est pas vergé et l'épaisseur en est beaucoup plus régulière et uniformell. A la différence de celles du papier fait à la main, les fibres du papier en bobine sont en gros alignées parallè- lement au sens de déplacement dans la machine et elles se contractent et se dilatent surtout transversalement.

1. Des le milieu du XVIIIe siècle, la forme à vergeures cède la place à la forme de toile tissée en réponse aux exigences des imprimeurs qui pré- fèrent les surfaces plus lisses et uniformes que cette dernière permet d'obtenir. Le papier qui est d'abord fabriqué selon ce procédé en Angle- terre est dénommé papier vélin parce que son aspect et son toucher res- semblent à ceux de la peau.

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Composition. Elle est pour l'essentiel - cellulose et eau - identique 2 celle du papier de la phase artisanale ; toutefois, dès la fin du XVIIe siècle, les colles végétales et animales sont complètées sinon remplacées par une subs- tance chimique, l'alun, et au XVIIIe siècle, face à l'accroissement de la de- mande de papier et à la pénurie de chiffpns blancs, on commence & utiliser les chiffons de couleur préalablement blanchis au moyen de produits chlorés.

L'alun est un sel de l'acide sulfurique (sulfate de potassium et d'alumi- nium). I1 commence à être utilisé comme durcisseur de la gélatine dès la fin de la phase artisanale manuelle. L'usage s'en généralise toutefois 5 partir des premières années du XIXe siècle, simultanément à l'apparition du papier continu, parce qu'il peut être ajouté à la pâte avant que soit formée la feuille, principe fondamental du procédé mécanique (collage en pâte), inventé par l'horloger allemand Illig, lequel évite d'avoir à appliquer ensuite la gélatine 5 la main et accélère la fabrication du papier.

Sa dissolution dans l'eau provoque une forte réaction acide. I1 annule l'alcalinité et attaque la fibre de cellulose avant même la formation de la feuille.

Eléments chlorés. Le chlore est isolé par le suédois Scheele vers la fin du XVIIIe siècle. Les produits chlorés seront utilisés dès cette époque et avant même l'achèvement de la phase artisanale manuelle pour blanchir les chiffons sales ou colorés, L'emploi s' en généralisera pendant la phase industrialisée et se poursuivra lorsque le papier sera fabriqué 2 partir de pâte de bois.

I1 est difficile, même en lavant ultérieurement les pâtes, d'en éliminer complètement les résidus de chlore qui contribuent 2 la dégradation du papier par leur action oxydante.

1.2.2 Papier de pâte de bois (période de la fabrication industrielle). La demande de papier s'accroissant et ses utilisations à d'autres fins que celles de support de l'écriture et du dessin se multipliant, il devient difficile d'en fabriquer suffisamment à partir des chiffons comme auparavant.

La recherche de nouveaux matériaux amène d'abord 5 fabriquer - en Angle- terre surtout - du papier d'alfa, matière exempte de lignine et présentant une bonne stabilité.

Mais c'est 2 l'Allemand KÖller que l'on doit la découverte de la solution au problème, encore actuelle à nos jours. Elle consiste 5 utiliser le bois, lequel vient supplanter irrévocablement son ancêtre le chiffon come matière première pour la fabrication du papier.

A partir de la moitié du siècle dernier, les troncs, d'arbre, préalable- ment écorcés et débités, fournissent le matériau de base du nouveau papier. Selon le procédé utilisé, on en tire un papier de pâte mécanique, de pâte chimique ou de pâte mi-chimique.

1.2.2.1 Papier de pâte mécanique. Le défibrage des troncs (rondins) est effectué mécaniquement au moyen de défibreurs à meules de grès, de carbo- rundum, ou d'autres matériaux abrasifs qui les réduisent en copeaux et sciure. Ceux-ci sont ensuite passés à la pile hollandaise dans laquelle le défibrage se poursuit et la pâte se forme, est blanchie au moyen d'agents chlorés et collée au moyen d'un produit 5 base d'alun et de colophane.

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Composition. A la différence des chiffons, le bois contient, outre la cellu- lose (50 W), des substances comme les hémicelluloses dont la composition est voisine de celle de la cellulose, de la lignine, des résines, des pectines, etc. Aucune de ces substances n'est éliminée lors de la fabrication du papier de pâte mécanique dont les fibres sont en outres courtes et irrégulières en raison des tractions brutales auxquelles on a soumis le bois pour le désintégrer.

La colophane est une résine que l'on tire de la térébenthine. Elle rend le papier résistant à l'eau et apte à recevoir l'encre. Utilisée comme agent de collage, jointe à l'alun qui en facilite la précipitation sur les fibres, elle est en grande partie responsable de l'acidité des papiers modernes.

La lignine est un composé organique acide qui entoure et imprègne les fibres de cellulose et dont la fonction chez les végétaux est mal connue. Très vulnérable à l'action des oxydants, elle présente un faible degré de polyméri- sation et est insoluble dans l'eau mais peut être dissoute, et par conséquent éliminée, par des procédés chimiques.

La médiocre qualité du produit est imputable également 2 la présence ' d'agents chlorés incomplètement éliminés après le blanchiment auquel on soumet les fibres de teinte foncée pour en améliorer l'aspect esthétique. Le papier ainsi obtenu sert communément à l'impression de la presse périodique, la nécessité de diffuser d'urgence les nouvelles primant en l'occurrence sur les considérations relatives à la stabilité du support.

1.2.2.2 Papier de pâte chimique. On peut néanmoins donner à la pâte de bois la pureté de la pâte de cellulose extraite des chiffons si on la traite par des procédés chimiques permettant d'en éliminer les constituants non cellulo- siques. C'est en 1863 que l'Américain Tilghman fait breveter un procédé de dé- sintégration du bois au bisulfite de calcium, sous pression de vapeur, pour le transformer en cellulose. Mellin, en France, Watt et d'autres en Angleterre, extraient la cellulose du bois en cuisant celui-ci dans la soude caustique. Enfin, le procédé au sulfate (normalement un mélange de soude caustique et de sulfure) est celui qui est le plus utilisé aujourd'hui.

Les procédés à la soude et au sulfate sont des procédés dits alcalins. Le procédé au sulfate, d'origine allemande, donne une pâte appelée "kraft" (force), nom qui en atteste la qualité. Sa teinte sombre la rend en principe impropre à servir de support aux documents graphiques. En réalité, il est possible de la blanchir et de l'utiliser à cette fin, au prix il est vrai d'une diminution de sa résistance.

Fondé sur l'utilisation de dioxyde de soufre (SO ), dit aussi anydride sulfureux, le procédé au bisulfite est par contre un procédé acide, même si l'action du SO2 est contrecarrée par l'emploi de carbonates et d'autres pro- duits alcalins.

2

Composition. La cellulose est débarrassée des substances qui, comme la li- gnine, s'associent avec elle pour constituer le bois. Toutefois, la pâte ainsi obtenue se dégrade tout autant que la pâte mécanique en raison de la présence d'alun et de colophane, ainsi que de résidus chlorés.

1.2.2.3 Papier de pâte mi-chimique. Pour des raisons économiques, il est rare aue l'on Dousse les procédés à l'extrême, de manière à obtenir une pâte de cellulose pure en perdant un pourcentage élevé de matière première (bois). En revanche, on fabrique une pâte mi-chimique grâce à un procédé de désintégra- tion mécanique suivie d'un traitement chimique.

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Composition. Cette pâte, moins pure que la précédente, l'est davantage que la pâte mécanique du fait qu'elle contient moins de lignine et d'autres consti- tuants non cellulosiques.

1.2.2.4 Vieux papiers recyclés. On peut tirer indirectement le papier du bois en réutilisant d'autres papiers pour le fabriquer. Le produit obtenu est un matériau de très médiocre qualité, pauvre en cellulose, aux fibres très courtes, et contenant tous les agents de dégradation qui proviennent direc- tement du bois.

1.2.2.5 Typologie. Contrairement aux procédés de la phase du papier de chif- fon qui donnaient des produits relativement semblables, les procédés indus- triels de fabrication du papier vont permettre d'en obtenir une gamme très étendue en faisant varier l'intensité du raffinage et en incorporant, au stade de celui-ci, différents colorants et charges à la pate.

Parmi les types de papier ainsi obtenus, nous distinguerons, d'une part en raison des problèmes complexes que pose leur conservation, le papier de presse déjà mentionné, fait de pâte mécanique ou mi-chimique contenant un pourcentage élevé de lignine, et de papier de récupération, les papiers enduits, en particulier le papier dit couché et les papiers sulfurisés de la variété dite papier végétal, et d'autre part, pour des raisons inverses, le papier dit stable.

Papier couché. Si aux premiers temps de la fabrication mécanique du papier, c'est par souci d'économie que l'on ajoute des charges à la pâte, le papier se vendant au poids, aux époques plus récentes, on continue de le faire afin d'obtenir certains types déterminés de papier. Le papier couché, par exemple, dans lequel des charges de kaolin remplissent les interstices interfibril- laires qui rendent le papier opaque et lui donnent une surface satinée et compacte se prête particulièrement bien à l'impression d'illustrations. C'est ce qui explique qu'on en fasse grand usage dans l'édition de luxe d'ouvrages d'art et de tous les textes dont l'intérêt principal réside dans leurs illus- trations graphiques. La fibre de base ainsi "maquillée" est en général de qualité très 'médiocre. L'importante solubilité des charges pose de graves problèmes de restauration lorsque ce papier a été mouillé et que les feuilles se sont collées les unes aux autres.

Papier sulfurisé végétal. I1 fut pendant de longues années et jusqu'à l'appa- rition du papier de polyester le matériau couramment utilisé pour copier les dessins et plans d'architecte et d'ingénieur. Sa transparence est due 5 l'ac- tion de l'acide sulfurique sur la fibre cellulosique qu'elle désintègre presque entièrement sans laisser d'entrelacs fibrillaires. Ses propriétés très hygroscopiques en raison de la présence d'acide sulfurique le rendent sujet 2 des déformations graves et irréversibles s'il est mouillé.

Papier stable, dit aussi stable-durable. I1 s'agit d'un produit qui, bien que fabriqué 2 partir du bois, prétend égaler en qualité le papier de chiffon par la résistance et la longueur de ses fibres comme par la légère alcalinité de sa pâte, exempte d'adjuvants acides.

La stabilité et la durabilité sont les deux conditions de la bonne con- servation d'un objet. La stabilité est la propriété que possède un objet de conserver ses Caractéristiques initiales. Sa durabilité est sa résistance 5 la détérioration par l'usage. La stabilité influe sur les caractéristiques maté- rielles de l'objet même, la durabilité sur sa fonction. I1 ne peut y avoir de durabilité sans stabilité. En revanche, la stabilité peut exister indépendam- ment de la durabilité encore qu'elle ne soit guère utile dès lors que l'objet, faute d'être durable, ne remplit plus la fonction pour laquelle il a été créé.

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Le nouveau papier stable prétend à cette double qualité et se pose du même coup en rival des papiers collés à l'alun et à la colophane qui se ré- vèlent vite dénués des propriétés en question.

Presque simultanément & l'invention par Illig de l'encollage mécanique à l'alun-colophane, l'Américain Cutermeister constate que les papiers chargés de carbonate de calcium qu'il fabrique se dégradent beaucoup moins que ceux con- fectionnés sans ces charges. Les sels alcalins font effet de tampon face à l'agression des acides.

Des travaux ultérieurs de W. Barrow qui confirment cette hypothèse amènent à entreprendre dans les années 50, d'abord aux Etats-Unis puis éga- lement dans certains pays européens, la production industrielle du papier dit stable. La matière première de ce papier est la pâte de bois de bonne qualité, aux fibres résistantes, qui est encollée au moyen de résines synthétiques et non au moyen de l'alun et de la colophane traditionnels, et à laquelle sont incorporées des charges de carbonate destinées à la doter d'une certaine alcalinité.

Des enquêtes récentes démontrent qu'aux Etats-Unis, 25 2 des livres sont déjà imprimés sur ce type de papier. En Europe, ce pourcentage est considéra- blement moindre quand il n'est pas nul. En toutes hypothèses, il sert unique- ment pour l'impression traditionnelle de textes sans illustrations. Dans le domaine des papiers spéciaux, sa pénétration est minime. Toutes les techniques de coloration, de charge, d'enduction, etc., sont fondées sur l'emploi d'alun en suspension en milieu acide. La conversion de ces procédés à la voie alca- line supposerait des investissements coûteux que l'industrie papetière ne paraît pas à l'heure actuelle disposée 5 assumer dans le seul intérêt de l'efficacité de la conservation.

Même avec ces.lirnites, l'existence de ce nouveau type de papier sera plus immédiatement profitable au livre imprimé qu'au document d'archives.

La conservation des documents n'en bénéficiera sensiblement que lorsque l'emploi de ce papier sera devenu courant au lieu d'être exceptionnel comme il l'est encore.

1.3 Papier de fibres synthétiques. L'appauvrissement de nos réserves fores- tières face 2 l'accroissement progressif de la demande de papier rend aujour- d'hui indispensable la recherche de nouvelles sources de matières premières.

Celles-ci nous seront peut-être fournies par les fibres synthétiques inventées dès la fin du siècle passé. Le plus ancien de ces matériaux plas- tique issus de la synthèse de différentes substances est le nitrate de cellu- lose, matériau des premières pellicules cinématographiques ; on peut citer aussi l'acétate de cellulose , toujours employé pour fabriquer des pellicules de films et microfilms, et le polyester. Seul ce dernier nous intéresse ici, en raison de son emploi de plus en plus courant dans l'industrie cartogra- phique depuis les années 50 à la place du papier dit végétal ou sulfurisé pour l'établissement des cartes et des plans et parce qu'on commence 5 l'utiliser comme support de l'impression typographique des textes illustrés.

I1 s'agit d'une résine thermostable obtenue par synthèse de polyacides et de polyalcools ou glycols.

A une température d'environ 200" il se produit une polymérisation, c'est-à-dire une réaction chimique par laquelle plusieurs molécules de faible poids moléculaire (monomères) s 'unissent pour former des molécules plus grosses ou macro-molécules appelées polymères.

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L'inertie du polyester face à l'action des agents de dégradation exté- rieurs ainsi que sa résistance pourraient en faire le papier de l'avenir. Le renchérissement spectaculaire, ces dernières années, du pétrole dont il est un sous-produit, a considérablement freiné le progrès des recherches qui s'y rap- portent ainsi que son emploi dans le domaine graphique ; comme nous l'avons dit, il ne sert guère aujourd'hui que pour l'établissement des plans et des dessins.

2. LES ENCRES, ELEMENT GRAPHIQUE DU DOCUMENT

2.1 Généralités. Etant immatérielles, les idées et les pensées doivent être représentées par des signes ou des caractères graphiques plus ou moins conven- tionnels, qui leur donnent une forme sinon permanente, du moins plus durable que ne saurait le faire la voix ou la mémoire.

Pour représenter ces signes, cette écriture, ou bien, on se contente de modifier la forme superficielle du support (modelage, sculpture, gravure - écriture cunéiforme -, incrustation de points - système Braille -, etc.,), ou bien on le perfore dans toute son épaisseur (cartes perforées - poinçonnées ou à encoches marginales) ou l'on ajoute au support un élément étranger : encres, couche photosensible, couche ferro-magnétique (bobines sonores, fil phonographique, cassettes, etc.).

De toutes ces écritures, la plus couramment utilisée est celle qui fait appel aux encres, objet du présent chapitre.

2.2 Les encres. Par encre, on entend toute substance qui, à l'état plus ou moins fluide, et même solide, permet d'écrire, d'imprimer ou de colorer, à l'aide des techniques et des instruments appropriés dans chaque cas.

Au fil du temps, toutes sortes d'encres d'origines diverses, végétale, animale et minérale, ont été utilisées.

Leur composition était très variable, surtout aux époques où elles étaient préparées selon des recettes empiriques. La fabrication industrielle n'a pas réduit, loin de là, la diversité des formules des encres. A l'heure actuelle, abstraction faite de celles que l'on tire directement de substances naturelles, la plupart des encres sont de mélanges ou de synthèses dont il n'est pas toujours possible de déterminer la quantité et la qualité, même en recourant à des techniques d'analyse très perfectionnées :

2.2.1 Composition des encres. Différents ingrédients entrent dans leur com- position, qui en déterminent la qualité et les propriétés. On distingue les ingrédients de base et les adjuvants.

2.2.1.1 Constituants de base

Colorant. C'est l'élément tinctorial qui donne à l'encre sa couleur carac- téristique. I1 s'agit de substances constituées de pigments d'origine natu- relle ou artificielle.

Solvant. C'est le véhicule (liquide) dans lequel sont dilués ou dispersés les ingrédients qui entrent dans la composition de l'encre et qui donne à celle-ci la fluidité voulue selon l'instrument d'écriture et le support utilisés.

Les plus courants sont fondamentalement l'eau dans les encres à écrire et les huiles dans les encres d'imprimerie.

Liant. Substance collante qui a pour objet d'assurer l'adhérence des parti- cules pigmentaires entre elles et entre celles-ci et le support.

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- 10 - Les liants les plus communément utilisés, sont, outre les substances syn-

thétiques, la gomme arabique, la gomme du Sénégal, les dextrines, le sucre, la mélasse, la gomme-laque, les amidons, pour ce qui est des glucidiques, et la gélatine, la caséine, l'albumine, la colle de poisson, etc., pour ce qui est des protéiques.

Mordant. On trouve, dans la composition de certaines encres, des substances chimiques qui fixent l'encre sur le support, remplaçant ainsi l'action méca- nique des substances collantes (liants). I1 s'agit en général de composés acides qui entrent essentiellement dans la composition des encres dites métalloacides.

2.2.1.2 Adjuvants. On les ajoute à l'encre pour lui donner certaines caracté- ristiques précises. Les plus courants sont les suivants :

Epaississant. Il permet d'agir sur la densité de la préparation (carbonate de sodium, spath lourd ou blanc de baryte.. .) . Anti-siccatif. Agit sur le temps de séchage ; peut aussi servir de liant et d'assouplissant (glycérine, glycols...).

Antiseptique. Agit comme inhibiteur de l'activité microbienne (phénol, borax, bichlorure de mercure, thymol, acides salicylique et borique, essence de clou de girofle, thym ou lavande, alun, napthol ...).

Aromatisant. Substance qui donne à l'encre une odeur agréable ou qui en atté- nue l'odeur désagréable (essence de musc, d'ambre gris, terpinéol ...).

Antigel. Sert à abaisser le point de congélation (glycols et alcools...).

Lustrant. Elément .qui donne à l'encre un aspect brillant (sucre, café, résine de colophane, gomme-laque, bière...).

Agent de pénétration. Favorise la pénétration de l'encre dans le support (alcool...).

2.2.2 Classification des encres. Si on classe les encres selon le procédé d'application au support, on en distingue trois grandes catégories : les encres à écrire, dites aussi encres manuscrites ; les encres d'imprimerie et les encres à dessin.

Du point de vue de la conservation, il existe des encres stables et des encres instables.

Sont stables les encres dont l'état physico-chimique ne se modifie pas sous l'effet des facteurs ambiants dont l'action sur le support est neutre.

Sont instables, en revanche, les encres contenant des éléments qui, di- rectement ou indirectement, provoquent une altération de l'encre même ou de son support.

11 faut préciser que les encres dites dans le commerce "indélébiles" appartiennent en fait au groupe des encres instables. Si elles sont, en effet, indélébiles à l'eau, c'est-à-dire pratiquement insolubles, leur instabilité chimique est en revanche telle qu'elle occasionne au support, par son action corrosive, des dommages graves et irréversibles. Ces encres, appelées à tort indélébiles, relèvent en général de la catégorie des encres dites métallo- acides, dont nous parlerons plus loin. .

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- 11 - 2.2.2.1 Encres à écrire. Leur caractéristique principale est traditionnelle- ment la fluidité. Cependant, elles varient considérablement du point de vue de la viscosité, de la fermeté, etc. , comme on peut s'en 'rendre compte avec les encres pour stylos à bille, porte-plumes, etc., qu'il ne faut pas s'étonner de voir mentionner ici, vu leur utilisation comme moyen d'écriture.

Les plus intéressantes sont les suivantes :

Encre au carbone. C'est, semble-t-il, la plus ancienne ; elle est connue sous plusieurs noms, qui varient selon sa nature ou son origine (noir de fumée, de sarments, d'os de Chine, d'Inde, etc.).

C'est l'encre stable par excellence, car son colorant de base est le car- bone, substance résistante aux acides et aux alcalis, ainsi qu'à la lumière, à l'eau et aux micro-organismes. Elle ne s'altère que si le liant employé perd ses propriétés mécaniques.

Son existence est attestée dès le troisième millénaire av. J.-C., tant en Extrême-Orient qu'en Egypte.

Mode d'obtention. Les techniques les plus anciennes consistaient à faire incomplètement brûler des matières organiques, notamment du bois de résineux, qui étaient ensuite broyées et mélangées avec la suie produite au cours de l'opération.

On malaxait cette poudre avec le liant choisi pour en faire des boules ou des pastilles, prêtes à fournir l'encre par simple dissolution dans l'eau, qu'on laissait sécher. On devait assurément, parfois, faire dissoudre directe- ment la poudre dans de l'eau, en y ajoutant certainement quelque liant, faute de quoi l'encre se serait décolorée immédiatement en séchant.

Plus la poudre est fine, plus l'encre est de bonne qualité. Aussi, préfé- rait-on, pour obtenir une belle encre, recueillir la suie qui se déposait sur les surfaces proches du feu et, plus précisément, sur les parois des lampes à huile.

On a amélioré ce procédé en construisant des fours spéciaux OU, grace à une combustion lente des matériaux choisis, on fait passer la fumée par des cheminées équipées de filtres et de cavités sucessives qui retiennent les par- ticules de différentes grosseurs entrabées par la fumée.

Outre les bois résineux des épicéas, on utilisait les sarments, la peau de raisin (marc), les noyaux de différents fruits, l'ivoire, les os, les graisses animales et les huiles végétales, etc. Les hydrocarbures et le gaz naturel sont venus s'ajouter A cette liste au cours des dernières années.

Les liants les plus utilisés sont la gomme, la gélatine, la corne de rhinocéros, les bois de cerf, la colle de boeuf, la colle de poisson, etc., sulvant les époques et les lieux.

A partir du XXe siècle, l'adjonction d'un mordant, destiné à empêcher que l'encre ne s'efface, se généralise.

Encre à la sépia. La véritable encre à la sépia vient du mollusque Sepia offi- cinalis , dont on extrait des substances minérales et organiques insolubles dans l'eau et non pas directement, contrairement à ce que l'on croit, du liquide noirâtre que secrètent certains céphalopodes marins (seiche, calamar, etc.) car, malgré ses propriétés tinctoriales, cette substance ne possède pas les caractéristiques requises pour être une vraie encre.

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On l'obtient en diluant la préparation dans de l'acide qui est ensuite neutralisé. Puis on mélange avec de l'eau et un liant.

Cette encre est moins stable que l'encre au carbone. Elle est sensible au chlore, qui la fait virer à l'orange, et à la lumière.

Encre au bistre. On l'obtient par combustion de la suie ; elle est gris-ocre. En réalité, c'est une encre de moins bonne qualité que l'encre noire au car- bone ou au noir de fumée, bien que leurs constituants de base soient ana- logues. Elle est instable à la lumière, qui la décolore.

Encres métalloacides. Cette dénomination désigne toutes les encres dont les constituants de base sont un colorant métallique et un composé acide qui agit à la fois comme agent d'oxydation et comme mordant, c'est-à-dire comme fixa- teur chimique de la couleur.

I1 s'agit des encres ferrogalliques ou ferriques, au campêche, à l'aliza- rine et au vanadium.

Encres ferrogalliques ou ferriques. On les appelle également encres 5 la noix de galle, au tanin, 2 la "couperose verte", etc. Dans tous les cas, elles ré- sultent de la combinaison d'un composé acide et d'un sel de fer.

La description la plus ancienne que l'on ait de ces encres remonte 5 Pline (Ier siècle), qui raconte comment on obtenait un liquide d'un noir intense, largement utilisé dans le monde romain.

A l'origine, le composé acide était tiré du tanin contenu dans les galles du chene qui, une fois cuites, donnent l'acide gallotannique. Le sel de fer, appelé sulfate ferreux, était obtenu par combinaison du fer avec de l'acide sulfurique.

Ainsi, en mélangeant le sulfate ferreux avec le tanin, on obtient un tan- nate ferreux qui est peu coloré et qui ne teinte guère de ce fait le support au moment OU il lui est appliqué. Mais cette coloration s'intensifie progres- sivement au fur et à mesure que le tannate ferreux sous l'action de l'air s'oxyde en tannate ferrique, pour prendre finalement une couleur marron foncé caractéristique .

Aussi est-il courant d'ajouter à ces encres une petite quantité de pig- ment noir pour renforcer leur faible coloration initiale. En général, on uti- lise & cet effet du noir de fumée.

Ces encres présentent un autre avantage : elles ne requièrent pas l'em- ploi d'un liant. En effet, l'adhérence de l'encre au support résulte non pas de l'action mécanique d'une substance collante, mais de l'effet chimique du II mordant", c'est-à-dire, en l'occurrence, le composé acide. On y incorpore cependant une substance analogue ayant des propriétés épaississantes, pour augmenter la densité de l'encre et limiter la décantation des particules tinctoriales qui, étant insolubles, restent dispersées dans la préparation aqueuse.

Dans le commerce, ces encres sont dites "indélébiles", mais elles ne sont en réalité indélébiles qu'à l'eau, dans laquelle elles sont effectivement insolubles. Cette caractéristique ne doit cependant pas faire oublier leur grande instabilité chimique, qui est à l'origine d'un des plus grands maux dont souffrent les documents graphiques réalisés avec ce type d'encre.

Ce mal est inhérent à l'encre car elle compte, parmi ses constituants de base, un acide qui, réagissant avec le sulfate ferreux, se transforme en acide sulfurique et pénètre dans le papier en même temps que l'encre. Cet acide,

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- 13 - extrêmement corrosif, peut être neutralisé en partie par l'alcalinité même du papier ou par l'un ou l'autre des adjuvants de l'encre mais, en général, il manifeste rapidement sa présence en provoquant une désintégration du papier à l'endroit où les traits sont le plus intenses et, par la suite, dans les zones limitrophes où il se propage.

Cette action destructrice de l'acide est par ailleurs favorisée par la présence du fer qui non seulement entraine par son oxydation celle de la cellulose, mais catalyse aussi le dioxyde de soufre présent dans l'atmosphère, qui se combine facilement avec l'humidité ambiante pour libérer de nouvelles quantités d'acide sulfurique.

Ainsi, en raison tant de l'acide qu'elles contiennent elles-mêmes que de celui qui se forme sous l'action catalytique du fer, ces encres ont un degré élevé d'acidité, d'autant plus grand que la quantité initiale d'acide et de fer est importante.

Il s'ensuit que l'encre, élément fondamental du document graphique, en devient le principal agent de détérioration.

Encres au campêche. (Hoematoxylon campechianum) , fam. papilionacées (légumi- neuses), ord. rosales. Le campêche est un arbre dont le bois noirâtre et dur permet d'obtenir par décoction l'hématoxyline, substance qui, en s'oxydant, fournit l'hématéine dont les propriétés tinctoriales conviennent particulière- ment bien & la fabrication d'encres.

D'abord rougeâtre, cet extrait de "bois de campêche" vire ensuite au bleu-noir en se combinant avec divers sels métalliques.

En général, cette encre est très sensible à la lumière qui la décolore facilement, tout comme les agents de blanchiment. Elle est de nature acide et oxydable à cause de ses composants et, comme les autres encres rnétalloacides, elle est insoluble dans l'eau.

Encres à l'alizarine. L'alizarine est une substance colorante rouge que l'on extrait de la garance (Rubia tinctorum) ; elle est sans rapport avec les encres du même nom, qu'on obtient en mélangeant une solution acide d'un sel de fer, et une matière colorante, en général de l'indigo dilué dans de l'acide sulfurique (brevet Leonhardi en 1856, sous le nom d'encre à l'alizarine).

Ce qui distingue ces encres des encres ferrogalliques, c'est que dans ces dernières, le colorant est une poudre très fine dispersée et maintenue en SUS- pension grâce à un épaississant, alors que dans les encres dites à l'aliza- rine, le colorant, également un sel ferreux - tannate ou gallate de fer - reste en solution dans le mélange grâce à l'addition d'un acide ; le sel ferreux dilué s'oxyde sur le papier et se transforme en s'el ferrique, de cou- leur noire.

Ces encres sont très acides et sont au moment où on les emploie d'un brun verdâtre pâle, qui ne devient d'un noir intense qu'au bout d'un certain temps, les sels ferreux se transformant alors en sels ferriques par oxydation au con- tact de l'air.

Encres au vanadium. Ayant constaté que le vanadate d'ammonium donnait dans une solution acide une coloration d'un noir intense, Berzelius proposa en 1832 de remplacer le fer des encres tanniques par le vanadium.

Elles sont insensibles aux acides, aux alcalis et au chlore, sauf lors- qu'elles viennent d'être appliquées. Les alcalis les .font virer au jaune ; en présence de chlore, de brome et de permanganate de potassium, elles perdent un peu de leur intensité, mais sans pour autant s'effacer. Elles ont un effet corrosif, à cause de l'acide qu'elles contiennent.

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- 14 -

Encres d'aniline. L'aniline est un liquide huileux, modérément soluble dans l'eau, que l'on obtient par transformation du benzène (nitrobenzène, chloro- benzène) extrait du charbon de terre ou du goudron de houille ; avant l'ère industrielle, on la tirait de l'indigo. C'est un produit toxique, incolore à l'origine, qui vire au jaune foncé au contact de l'oxydène.

Son utilisation comme base des colorants dits synthétiques ou artificiels commence à se généraliser au milieu du XIXe siècle (1856) avec les ''fuchsines" rouges, violet de méthyle, brun de Bismarck, etc.

La composition de base des encres à l'aniline actuelles reste une véri- table énigme, du fait qu'il s'agit de produit de synthèse dont la formule est de plus protégée par des brevets industriels.

Les adjuvants les plus courants de ces encres sont l'eau, l'alcool, la glycérine, la gomme arabique, l'alun, les acides phénique, oxalique, tar- trique, salicylique, sulfurique, le sulfate de sodium, le sel ordinaire, le carbonate de sodium, le phosphate disodique, la dextrine, l'urée et les liants classiques.

Les premières encres d'aniline étaier,t très sensibles à la lumière et à l'air. Les colorants actuels, qui sont de meilleure qualité, leur confèrent plus de solidité et de stabilité.

Ces encres sont facilement reconnaissables car tous les dérivés du gou- dron, qui sont des corps organiques, noircissent en se calcinant.

Elles sont très sensibles A la présence de produits chimiques. Elles sont peu durables et peu résistantes. En général, elles sont neutres.

Pour rubans de machine 5 écrire. I1 s'agit d'un colorant dont on imprègne le ruban ou le tampon encreur, en y ajoutant un agent anti-siccatif pour l'empê- cher de sécher.

Colorant. Noir de fumée, anilines (violet : violet de méthyle ; bleu : bleu de méthylène ; rouge : aniline rouge ou cochenille en poudre).

Anti-siccatif. Glycérine, huile de ricin, vaseline, huile de lin, cire.

Solvant. Alcool, eau, solvants organiques.

Mordant. Acide acétique (en très faible quantité).

Ressemble beaucoup aux encres d'imprimerie et de papier carbone.

Pour papier carbone (copies). 11 s'agit d'une émulsion d'encre étendue en couche sur un papier qui sert de support.

Colorant : noir de fumée, anilines.

Adjuvants : cire, glycérine, mélasse, glucose, huile de lin, vaseline.

Très stable à la lumière.

Pour stylos à bille. Anilines préparées dans un milieu semi-gras. Elles sont solubles dans l'alcool, les glycols et les solvants organiques et ne pénètrent pas dans le support.

Pour stylos feutres. Anilines préparées dans de l'alcool. Elles sont solubles dans les glycols.

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- 15 - Pour stylos à plume. I1 s'agit en général d'anilines. Elles ne contiennent pas d'éléments ferriques qui risqueraient d'endommager la plume par oxydation. Elles sont solubles dans l'eau et les produits de blanchiment et peu stables à la lumière.

Pour stencils. Huile volatile , végétale ou hydrocarbonée d'une viscosité appropriée.

Pour tampons (en caoutchouc ou métalliques). I1 s'agit d'anilines (violet de méthyle, filchsine, nigrosine), additionnées de glycérine, alcool, acide acé- tique, eau, huile (de ricin, de foie de morue), essence de térébenthine, lin.

2.2.2.2 Encres d'imprimerie. Elles diffèrent des encres manuscrites par le fait que le solvant aqueux caractéristique de ces dernières est remplacé par un véhicule gras, appelé communément vernis.

Contrairement aux vernis ordinaires, ce vernis n'est pas un revêtement destiné à assurer une protection, mais un véhicule d'application du colorant. On l'obtient par cuisson, dégraissage et purification de l'huile de lin, mais il est en passe d'être remplacé par des résines synthétiques. Les premières encres d'imprimerie contenaient d'autres huiles végétales, notamment de noix.

En mélangeant ce vernis avec différents solvants, siccatifs et épaissis- sants, on obtient divers types d'encres qui se distinguent par leur viscosité, leur pénétrabilité, leur vitesse de séchage, leur fixité, etc. I

A chaque technique d'estampage ou d'impression correspond une encre différente, adaptée au procédé d'application et même à la destination. Les grandes catégories d'encres d'imprimerie sont les suivantes :

Encres typographiques. Ce sont les encres pour journaux et tirages de luxe. On utilise pour les premières des véhicules de qualité médiocre, compte tenu du caractère éphémère de ce genre de presse. On emploie des huiles minérales, de résine et de houille, auxquelles on ajoute des siccatifs à effet rapide, vu les qualités absorbantes du papier journal. Les constituants habituels sont le noir de fumée, le noir de carbone, le noir de lampe, le noir animal, le noir de bitume, pour ce qui est des colorants, qu'on additionne de colophane et de goudron de houille.

Pour les encres typographiques destinées aux gravures ou aux éditions de meilleure qualité, on choisit le colorant avec plus de soin, et on utilise des vernis d'huile de lin très raffinée, les adjuvants préférés étant la colophane et la mélasse.

Pour obtenir des encres de couleur, on emploie des pigments naturels ou synthétiques solubles dans l'eau, épaissis avec de la glycérine et mélangés 2 des substances collantes (dextrine, gomme arabique...).

Encres lithographiques et zincographiques. On utilise du noir de fumée, dis- persé dans de l'huile de lin 2 laquelle on ajoute une substance huileuse pour que l'encre adhère moins 2 la pierre ou à la plaque de métal. Les substances les plus couramment employées sont les cires, la graisse de boeuf, le suif, l'huile d'olive, etc. Le mastic et la gomme-laque sont également utilisés pour donner du corps à l'encre.

Ces mêmes substances, utilisées selon différents dosages et dans dif fé- rentes préparations, servent 2 fabriquer les crayons lithographiques - qui permettent de dessiner sur la pierre - ou à favoriser la "morsure'' de l'acide sur le métal.

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- 16 -

Encres pour héliogravure. Elles se distinguent des précédentes par le solvant utilisé, un hydrocarbure aromatique, en général du benzol. Dans certains cas, ce solvant est remplacé par de l'eau, de l'alcool ou même une huile végétale.

Encres pour offset. On utilise un vernis 5 base d'huile de lin additionné d'un siccatif très rapide dilué dans un solvant, ce qui donne une encre très fluide qui sèche rapidement.

Encres pour taille-douce. Elles diffèrent peu des encres typographiques. Le vernis, à base d'huile de lin vieille OU d'huile de noix, est moins cuit, ce qui permet d'obtenir une huile claire, forte et grasse,

Les colorants les plus fréquemment employés sont le noir de Francfort (lie de vin) , le noir de pêche (noyaux de pêche) et le noir d'Allemagne (mé- lange des deux précédents, non dégraissé).

2.2.2.3 Encres à dessin. I1 est impossible d'en donner une description, tant leur gamme est variée ; aussi nous limiterons-nous exclusivement aux couleurs de base et à celles qui présentent un intérêt particulier.

La complexité des mélanges, des nuances, des intensités, etc., varie selon les auteurs, les oeuvres, les époques ...

L'apparition des pigments d'origine synthétique, notamment des anilines, en complique beaucoup l'identification car la composition des encres est presque toujours protégée par des brevets industriels et leur secret ne filtre guère des laboratoires qui les ont inventés. Leur complexité chimique n'en facilite pas non plus l'identification analytique ; en particulier, il est absolument impossible de déchiffrer, par les moyens habituels , la composition des couleurs que l'on trouve actuellement dans le commerce. Les colorants ou pigments classiques et modernes les plus courants sont les suivants :

animal (noir d'ivoire). Obtenu par calcination des os (Antiquité) ; noir de carbone et de fumée ; rappelle les couleurs des encres 5 écrire ; se présentent sous forme liquide, visqueuse ou solide (Antiquité) ; de graphique, structure minérale, composé presque exclusivement de carbone, mais d'un gris-noir plus brillant (métallique) ; d'anilines, nigrosine, indophénine ...

oxyde de fer, également appelé almagra (Antiquité) ; de cinabre, minéral composé de mercure et de soufre. Très stable 2 la chaleur, fonce à la lumière, (Antiquité) ; d'oxyde de plomb, également appelé minium. Sensible au sulfure d'hydro- gène et aux acides. Peu stable à la lumière (Ier siècle) ; de pourpre, tiré du murex, mollusque gastéropode de la Méditerranée (Ant iqu i t 6) ; de cochenille, couleur carmin, extrait de l'insecte hémiptère appelé cochenille. Peu stable à la lumière, soluble dans l'ammoniaque (XVe siècle) ; vermillon, sulfure de mercure. Noircit 5 la lumière. Sensible aux acides. "Minium'' (Antiquité) ; d'alizarine, également appelée laque de garance, car elle est extraite des racines de cette plante. Soluble dans l'ammoniaque ; de chrome, tiré du chromate basique de plomb. Sensible aux acides ; d'aniline, éosine, érythrosine, cyanosine ...

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- 17 - Blanc

- de plomb (céruse) carbonate basique de plomb. Fonce en présence de sulfure d'hydrogène et de lait de chaux. Jaunit à la chaleur (Ant iqu i t 4) ; - de gypse, sulfate de calcium hydraté ; - de talc, silicate de magnésium hydraté ; - de craie, carbonate de calcium ; - de kaolin, silicate d'alumine ; - de titane, dioxyde de titane (1920) - de zinc (de Chine) , oxyde de zinc et de sulfate de zinc, sensible aux

- lithopone, sulfure de zinc et sulfate de baryum (1874) ; acides (1832) ;

Jaune

- de chrome, chromate de plomb. Instable à la lumière et aux acides.

- de baryum, chromate de baryum (1809) ; - de cadmium, sulfure de cadmium. Sensible aux acides et 5 l'humidité

- de cobalt, cobalt-nitrite de potassium (1861) ; - de zinc, chromate de zinc. Sensible aux acides (1850) ; - indien. Sel de calcium ou de magnésium de l'acide euxanthique. Utilisé dès 1400 en Perse, d'où il passe en Inde. Employé dans les miniatures orientales ;

Fugace (1818) ;

(1829) ;

- d'aniline, métanile, aurantia, anthrimide... Bleu

- de lapis-lazuli, bleu d'outremer extrait de cette pierre précieuse

- d'Alexandrie, appelé aussi bleu d'Egypte. C'est un composé de cuivre.

- d'azurite, carbonate basique de cuivre (Antiquité) ; - indigo, extrait des tiges et feuilles de l'indigotier (Indigofera tinctoria), arbrisseau appartenant à la famille des légumineuses. Tire sur le violet. Originaire d'Inde. Les Romains l'appelaient Indicum (Antiquité) ; - de Prusse, ferrocyanure ferrique. Sensible à la lumière et aux alcalis. Appelé aussi bleu de Paris ou de Berlín (1710) ; - de cobalt, aluminate de cobalt. Insoluble dans les acides et les alcalis. Stable 5 la lumière (1802) ; - de céruléum, extrait du stannate de cobalt. Sensible aux acides, tandis que le bleu tiré de l'oxyde de cobalt et de l'a1,umine est stable aux acides, aux alcalis et à la lumière. Fugace (1860) ;

(Antiquité) ;

Sensible aux acides (Antiquité) ;

- d'aniline, induline, méthaphénilène, benzol, phtalocyanines ... Vert

- de carbonate basique de cuivre. Noircit en présence de sulfure d'hydro- gène et se décolore en présence d'alcalis (Antiquité) ; - de chrome, on obtient différentes variétés 5 partir de l'oxyde de chrome hydraté ou anhydre et du chromate de plomb. Sensible aux acides (1862). - de coba.lt, oxyde de zinc et protoxyde de cobalt (1780) ; - émeraude (vert Véronèse) acéto-arséniate de cuivre. Sensible aux acides

- Vert-de-gris ou de cuivre, acétate basique de cuivre (verdet), très et à l'humidité (1860) ;

corrosif en raison de l'acide qu'il libère. Toxique (Ier siècle).

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- 18 -

- poudre d'or dispersée dans du vin et de la gomme arabique ou de l'albu- mine. Egalement préparé en mélange avec les substances suivantes : noix de galle, sels, vinaigre et colle de gomme arabique, acides crésylique et sulfurique, borax, alcool ; - purpurine d'or, de bronze, de cuivre ou de laiton mélangée avec de l'iodure de potassium, de l'acétate de plomb et de l'iodure de plomb.

Argent

3.

- poudre d'argent dispersée dans les mêmes ingrédients que la poudre

- purpurine d'argent 5 base d'étain, de mercure, d'aluminium, de magné- d'or ;

sium ou de zinc. Adjuvants : miel, gomme arabique.

LES CAUSES DIALTERATION ET LEURS EFFETS

3.1 Généralités. Les facteurs qui affectent la conservation du papier sont complexes et leurs effets multiples, cependant que la manière dont ce matériau réagit dans sa structure 5 l'action de tel ou tel agent reste souvent in- connue, puisque l'on ne peut employer pour la déterminer des méthodes qui seraient destructrices. D'autre part, il arrive que des causes différentes engendrent des effets identiques et qu'une même cause soit 5 l'origine d'effets différents.

Les causes de détérioration et de destruction du papier peuvent tenir à des éléments qui en sont partie intégrante (facteurs intrinsèques) ou au milieu dans lequel il est placé (facteurs extrinsèques). Elles peuvent être d'ordre physique, chimique ou biologique. Elles peuvent agir séparément ou en se conjugant, avoir un caractère habituel ou être liées A des circonstances fortuites et accidentelles, qui sont parfois d'ordre catastrophique (inon- dations, incendies, guerres, séismes...).

Dans tous les cas, l'action de phénomènes en question est d'autant plus forte que le milieu lui est plus favorable ; aussi, les politiques préventives tendent-elles précisément A éliminer ces facteurs favorables dans toute la mesure du possible (c'est-à-dire A l'intérieur des limites imposées par la matérialité même de l'objet ?i protéger.

On peut, en gros, répartir les causes de dégradation du papier en deux grandes catégories - causes intrinsèques et causes extrinsèques - subdivisées selon leur nature - physique, chimique et biologique - et selon qu'elles interviennent de façon habituelle ou accidentelle.

I1 va de soi qu'aucun phénomène n'agit tout 5 fait indépendamment d'autres : une maladie d'origine interne peut être aggravée par l'intervention d'agents pathogènes externes et, inversement, l'action de ces derniers peut être renforcée si le terrain est favorable. Le même raisonnement vaut pour la nature et l'action des phénomènes en question.

Ce qui révèle l'existence d'un facteur de dégradation est son effet vi- sible sur le papier. Bien souvent, la simple observation de cet effet nous renseigne sur la nature de sa ou de ses causes.

Pour adopter une classification qui, pour être conventionnelle, n'en cor- respond pas moins à la réalité, on peut parler d'effets généraux ou générali- sés et d'effets locaux ou limités.

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- 19 - Les premiers, à coup sûr les plus graves, affectent l'objet dans sa tota-

lité ou dans sa quasi-totalité, dans la mesure où ils sont occasionnés par des facteurs qui transforment le matériau dans sa structure. Les seconds ont une action limitée à des zones déterminées, le matériau n'étant pas m.odifié dans sa structure, tout du moins pas de manière généralisée.

3.2 Causes intrinsèques d'altération. Ce sont les causes qui tiennent à la nature même des matières premières entrant dans'la composition du papier et/ou dans les produits (adjuvants) utilisés au cours de leur transformation en pâte à papier.

Elles peuvent également être d'origine accidentelle (utilisation d'eau non épurée, oxydation d'éléments métalliques intégrés au papier au moment de sa fabrication.. .) .

Est aussi à ranger parmi les causes intrinsèques l'action oxydante de certaines encres ; l'encre qui est un élément apposé sur le papier ne peut en effet être dissociée de son support, qui, dans ce cas, se trouvera par consé- quent irrémédiablement altéré.

Les éléments accessoires et certains formats particuliers comptent aussi parmi les causes intrinsèques de dégradation.

3.2.1 Nature. Les papiers de chiffon de la période que nous avons appelée artisanale ne contiennent pas, comme nous l'a révélé l'étude de leur compo- sition, d'agents de dégradation, même s'ils sont, par nature, sensibles aux facteurs extérieurs de dégradation.

Les circonstances accidentelles auxquelles nous avons fait allusion plus haut peuvent produire des effets locaux ou catalyser parfois (c'est le cas des particules métalliques) de processus ultérieurs de dégradation.

La situation est tout autre, s'agissant de papier qui contient de la li- gnine ou dans la fabrication duquel entrent des adjuvants et des colles, comme l'alun et la colophane, des agents de blanchiment chlorés, des substances désagrégeantes acides, etc.

En présence d'agents extérieurs qui intensifient l'action, tous ces 616- ments déclenchent des réactions acides qui ont pour effet de briser les chaînes moléculaires de la cellulose (hydrolyse) et, par voie de conséquence, d'accroître la friabilité du papier dont la résistance mécanique, aux essais de traction, de pliage aussi bien que de déchirement, se trouve considérable- ment réduite et dont, par ailleurs, la teinte vire au jaune du fait de l'oxydation de la lignine et de la colophane.

D'après de récentes études, qui en sont encore au stade expérimental, la fragilité du papier serait due non seulement à la rupture des chaînes de cellulose, qui diminue la résistance des fibres, mais aussi A l'abaissement du nombre des liaisons interfibres et à l'accroissement de la cristallisation de la paroi des fibres/l.

La cause intrinsèque la plus grave et la plus répandue de détérioration des papiers A base de bois est l'acidité, c'est-à-dire l'action chimique des acides (l'acide sulfurique étant le plus actif). Les travaux de W. Barrow, dans les années 50, ont marqué une étape décisive dans son identification ainsi que dans la détermination des méthodes permettant de la corriger, ouvrant des voies nouvelles et fructueuses dans le domaine de la conservation du papier.

1. A. Koura et Th. Krause, Effect of altering fiber and sheet on the dura- bility of paper. A new method for conservation and restauration of paper.

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- 20 -

Comme celui des autres matériaux, le degré d'acidité du papier se mesure en pH, lequel exprime la concentration en ions hydrogène. Cette mesure s'ef- fectue, par des techniques spécifiques, 5 l'aide du pHmètre qui donne une lecture de 1 à 14, le premier chiffre correspondant au maximum d'acidité, le second au maximum d'alcalinité et le chiffre 7 au point neutre, c'est-à-dire au point d'équilibre entre les deux. Etant donné le caractère logarithmique de cette échelle, une différence d'acidité de quelques dizièmes de degré, bien qu'apparemment insignifiante, peut être lourde de conséquences de point de vue de la conservation du papier,.

L'acidité a ceci de particulier qu'elle migre, ce qui revient à dire qu'elle est contagieuse.. Un papier neutre, voire alcalin, en contact prolongé avec un papier acide ou placé sous une "protection" acide, devient acide à son tour.

Qui plus est, l'action de l'acidité est insidieuse. Ce n'est, bien sou- vent, qu'au moment OU le papier est parvenu 5 un point extrême de friabilité et se désagrège à la moindre pression, que l'on se rend compte de ses effets.

3.2.2 Encres. Elément intrinsèque et inséparable du papier même, constituant graphique en l'absence duquel la conservation du support (le papier) n'aurait pas de raison d'être du point de vue documentaire et bibliothéconomique, cer- taines encres sont un facteur de détérioration.

A cette catégorie des encres nuisibles 5 la conservation du papier, appar- tiennent en particulier celles que nous avons appelées métalloacides.

Lorsqu'il entre en réaction avec le sel dont l'élément métallique fait catalyseur, l'adjuvant acide utilisé comme mordant pour mieux fixer l'encre sur le papier libère un acide des plus corrosifs, l'acide sulfurique. Par voie de conséquence, l'encre "mord" effectivement le papier au point de le trans- percer, de sorte que des lignes et des pages entières de texte disparaissent, littéralement brûlées. Cette acidité va jusqu'à contaminer les pages vierges qui se trouvent en contact avec les documents qu'elle imprègne.

Le vert-de-gris, encre qui sert 5 dessiner des cartes et des plans, a des effets analogues. Son action oxydante ne le cède en rien 5 celle de l'acide sulfurique, même si les dommages qu'il provoque sont moindres, dans la mesure OU il n'est utilisé que pour des dessins, et non pour des textes écrits.

Les effets des encres corrosives se propagent, à plus ou moins brève échéance, à l'ensemble de la feuille ou des feuilles dont un texte est com- posé. I1 n'est pas rare de trouver dans les archives ou les bibliothèques des ouvrages dont il ne reste, vestige inutile, que les marges, le texte ayant été rongé ou s'étant transformé en une masse carbonisée noirâtre qui tombe en cendres au moindre mouvement.

3.2.3 Eléments accessoires et formats inhabituels. I1 est des éléments acces- soires - sceaux, reliures, attaches et autres - qu'il est difficile de disso- cier du document sans nuire à son originalité et à son authenticité et qui peuvent occasionner des détériorations locales, telles que taches, déchirures, cassures, etc., sur le papier.

Les formats inhabituels (ceux des cartes, des plans ou des volumes de grandes dimensions), qui rendent malaisés le rangement et le maniement des documents, sont aussi, en fait, un facteur intrinsèque de détérioration.

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- 21 - 3.3 Causes extrinsèques d'altération. I1 va de soi que s'il nous était pos- sible de tenir nos documents & l'abri des manipulations et de les conserver dans des atmosphères inertes et sous des éclairages contrôlés, leur préserva- tion, y compris celle des plus fragiles, cesserait d'être un sujet de préoccu- pation pour l'archiviste et le bibliothécaire, qui en sont directement responsables.

De telles conditions ne se trouvent réunies que dans des circonstances si rares et si exceptionnelles qu'elles ne méritent pas que l'on s'y arrête. 11 ne saurait en être autrement, les livres et documents étant faits pour être lus et devant, par conséquent, être déplacés et manipulés. Ce ne sont pas des objets à contempler, comme les pièces de musée. Leur conservation ne peut donc avoir, comme pour ces dernières, un caractère statique ; elle doit être dyna- mique, ce qui suppose des dégradations et des pertes qui ne sont pas toujours évitables.

Les causes extrinsèques d'altération résultent des conditions normales, naturelles ou habituelles de conservation des documents, lesquelles se répar- tissent en quatre grandes classes : physico-mécaniques, environnementales, chimiques et biologiques ; mais elles peuvent aussi tenir à des circonstances de caractère exceptionnel : incendies , tremblements de terre, inondations , guerres...

Quelle que soit la raison première du phénomène de dégradation, il ne faut pas oublier que celui-ci se déclenche rarement seul ; d'autres causes, intrinsèques et/ou extrinsèques viennent se conjuguer à la première et c'est pourquoi la classification que nous proposons est fort théorique et n'est uti- lisée que pour situer dans un cadre plus structuré le complexe problème de la conservation. En effet, il faut bien voir que, par exemple, si le format d'une carte ou d'un livre sont des causes intrinsèques d'altération possible, l'al- tération en question ne se produira pas sans l'intervention d'un agent exté- rieur : les frôlements auxquels est exposé le livre qui dépasse de l'étagère, l'obligation où l'on est de plier telle carte en raison des dimensions du meuble OU elle est rangée, pour ne citer que deux des multiples cas qui peuvent se présenter. Par ailleurs, les effets découlant d'une cause donnée peuvent à leur tour devenir, et tel est bien le cas, la cause de nouveaux effets, et ainsi de suite indéfiniment.

Les divers facteurs tendent donc à se conjuguer et provoquent, quelle que soit leur nature, une dégradation physique qui se traduit par une diminution de la résistance mécanique du document au déchirement, au pliage, aux ten- sions, etc. Toute cause de détérioration affecte les deux caractéristiques qui déterminent la survie d'un objet : stabilité et durabilité.

3.3.1 Causes physico-mécaniques d'altération. Entrent dans cette catégorie la manipulation, le rangement inadéquat, les coups et les frôlements, l'enliasse- ment trop serré, les cabochons et autres accessoires métalliques qui ornent les reliures, etc. Sous l'effet de ces divers facteurs, les feuilles peuvent se déchirer, des taches de graisse apparaître au contact répété des doigts, les bords des feuilles se détacher, coupés par une attache tranchante ou par une couverture de trop petites dimensions, les reliures se briser 2 cause des incessantes manipulations auxquelles sont soumis les ouvrages, constamment ouver'ts et fermés pour la lecture ou la photocopie, etc. Toutes ces causes sont d'ordre accidentel et ont des effets localisés.

3.3.2 Les cadses physico-environnementales et leurs effets. Elles sont liées au climat ou, plus précisément, au microclimat dans lequel vivent les livres et les documents. Les principaux facteurs de ce type qui influent sur la con- servation du papier sont au nombre de trois : l'humidité, la température et la lumière.

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3.3.2.1 Humidité et température. Grossièrement définie, l'humidité est la quantité d'eau que contient l'atmosphère. On la considère normalement d'un point de vue relatif , c'est-à-dire en termes d'humidité relative (HR) , celle- ci étant le rapport entre la quantité d'eau présente dans une unité donnée de volume (humidité absolue) et la quantité d'eau que cette unité doit contenir pour être saturée. L'humidité relative s'exprime donc en pourcentage. Le degré d'humidité est un facteur étroitement lié à la température. Plus cette der- nière est élevée, plus est grande la quantité d'eau qu'un volume donné d'air doit contenir pour être saturé et, du même coup, plus l'humidité relative est réduite. Inversement, plus la température est basse, plus est bas le point de saturation et, par conséquent, plus l'humidité relative du volume d'air consi- déré est élevée. Une brusque diminution de température peut entraîner l'élimi- nation de l'eau de l'atmosphère, dont le point de saturation s'est abaissé. I1 y a alors condensation de l'humidité et apparition de gouttes d'eau.

Pour que les fibres de cellulose conservent leur souplesse, le papier a besoin, nous l'avons vu, d'une quantité déterminée d'humidité. Mais l'excès d'humidité provoque sa décomposition par hydrolyse, favorise la formation d'acides (sulfurique, chlorhydrique ...) 5 partir des sels et autres produits utilisés dans sa fabrication ou entrant dans la composition des encres, amol- lit les apprêts et la colle des reliures. Les milieux à forte humidité rela- tive et à température élevée favorisent l'apparition et le développement de micro-organismes (champignons, bactéries) et d'insectes, qui détruisent le papier. En revanche, une atmosphère sèche "dérobe" son humidité au papier, affaiblissant les ponts interfibrillaires de la cellulose et le rendant par conséquent plus friable et plus fragile. La sécheresse et la chaleur accélère le vieillissement naturel du papier et fendillent la colle, qui perd ses pro- priétés adhésives.

Les variations brusques et répétées de ces deux facteurs, humidité et température, qui sont pratiquement indissociables, soumettent le papier à des contractions et dilatations successives qui finissent par en détruire la cohésion.

3.3.2.2 Lumière. La lumière ne nuit pas à la bonne conservation du papier, pourvu que son intensité soit contrôlée. Elle a en outre une importante action germicide sur certains micro-organismes et se trouve être nocive pour certains insectes. Toutefois, l'excès de lumière, et surtout la présence dans sa compo- sition de certains types de rayonnements, contribuent fortement 5 la détério- ration des documents graphiques.

De toutes les radiations lumineuses qui constituent le spectre solaire - radiations visibles (couleurs) et invisibles : infrarouges (en-deçà du rouge) et ultraviolettes (au-delà du violet) - ce sont ces dernières qui sont les plus pernicieuses.

I1 s'agit de radiations de faible longueur d'onde. Etant donné que la vitesse de la lumière est constante et qu'elle résulte de la conjugaison de deux facteurs - longueur d'onde et fréquence - plus la première est faible, plus grande est la fréquence ou énergie de la lumière. Les objets exposés à cette énergie en absorbent une partie et deviennent le siège de réactions chi- miques qui en transforment les structures moléculaires, surtout lorsqu'il s'agit de composés organiques (photolyse). La lumière décolore les encres et agit sur les constituants et les impuretés du papier par réaction photoméca- nique et par oxydation. Les substances dégagées agissent 5 leur tour sur la cellulose, dont elles affaiblissent la résistance par rupture des chaînes mo- léculaires. La lumière blanchit les papiers de bonne qualité, qui sont sen- sibles à son action. Quant aux papiers qui contiennent de la lignine, ils jau- nissent et foncent à son contact.

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- 23 - La lumière qui contient le plus de radiations ultraviolettes et qui, par

conséquent, est la plus nocive, est celle du soleil ; viennent ensuite les lampes fluorescentes et, en dernier lieu, les lampes 2 incandescence.

A la différence de l'humidité et de la température, la lumière n'agit pas directement sur les documents d'archives, qui sont protégés par des classeurs, des boites, des chemises ou des reliures, de sorte que, d'une manière géné- rale, elle ne constitue pas une menace.

3.3.3 Les causes chimico-environnementales et leurs effets. Outre l'humidité, l'atmosphère contient une série d'éléments chimiques, tels que l'oxygène, l'azote, l'ozone, de petites quantités de dioxyde de carbone (COS). Ce sont ces éléments qui provoquent la combustion, la fermentation, l'hydrolyse et l'oxydation des documents écrits, mais ce sont eux aussi qui rendent la vie possible sur notre planète, de sorte qu'il ne saurait être question des les éliminer.

L'atmosphère contient aussi, surtout dans les zones industrialisées, di- verses impuretés (polluants) qui sont sans nul doute les éléments les plus nuisibles à nos documents.

Citons, entre autres, le dioxyde de carbone (C02), le peroxyde d'azote (N02), et surtout le dioxyde de soufre (S02), sous-produit de la combustion industrielle qui, catalysé par de petites particules métalliques, se combine à l'eau pour former de l'acide sulfurique (S04H.2). Nous avons déjà vu l'action de ce dernier sur le papier en tant qu'agent intrinsèque de dégradation. Ses effets, dans le présent cas, peuvent être plus localisés. On trouve fréquem- ment dans nos bibliothèques des livres dont les pages sont plus friables et de teinte plus sombre sur les bords, 12 OU elles ne sont pas protégées par la reliure, tandis qu'à l'intérieur, 1s OU elles sont protégées, le papier est en parfait état. Ce phénomène touche jusqu'au papier chiffon, qui ne contient pourtant pas de substances susceptibles de donner naissance 5 de l'acide sulfurique, lequel agit dans ce cas de l'extérieur.

L'atmosphère contient en outre des aérosols, petites particules solides (poussière) formées de matériaux très divers (spores de micro-organismes, charbon, fragments métalliques, sel dans les régions maritimes...), qui exercent une action abrasive, catalytique et de pollution biologique sur le papier.

3.3.4 Facteurs biologiques. Nombreux sont les agents biologiques qui nuisent à la conservation des documents ; l'action de l'homme, entre autres, mérite une attention particulière. Les principaux sont les rongeurs, les insectes , les champignons et les bactéries.

3.3.4.1 Rongeurs. Leur action destructrice est d'ordre mécanique. Fréquents dans les édifices anciens, ils sont de nos jours assez faciles 5 combattre grâce aux multiples produits raticides dont on dispose.

3.3.4.2 Insectes bibliophages. I1 en existe une centaine de variétés qui sont susceptibles d'infester les archives et bibliothèques. On peut les répartir en deux grands groupes : hôtes habituels et hôtes occasionnels. Les premiers se nourrissent essentiellement de papier (cellulose, colle à pâte, autres colles...). C'est pourquoi on les appelle insectes ceiiuiolytiques. Les se- conds préfèrent le bois (xylophages), mais il leur arrive parfois de pondre dans le papier'et de l'attaquer.

Les insectes passent d'ordinaire par les phases suivantes de développe- ment : oeuf, larve, chrysalide ou nymphe et insecte 'adulte. C'est lorsqu'ils sont 5 l'état de larve qu'ils perforent le papier et provoquent le plus de dégâts.

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- 24 - Les milieux chauds et humides, obscurs et mal ventilés favorisent l'appa-

rition et le développement de ces insectes.

Les cafards, orthoptères nocturnes de la famille des blattidés, se nour- rissent de substances végétales aussi bien qu'animales (papier, cuir, parche- min). Leurs excréments provoquent des taches noirâtres.

Le "poisson d'argent'' de l'ordre des thysanoures, famille des lépismes, a pour nourriture favorite les colles (5 pâte et autres) et la gélatine photo- graphique. I1 dépose ses oeufs 5 l'abri de la lumière, dans les fentes et les irrégularités des reliures.

Vers du livre : il s'agit là d'un terme très général, désignant les larves d'un grand nombre d'espèces bibliophages qui ont un comportement très semblable. L'insecte dépose ses oeufs dans les couches superficielles du maté- riau et c'est la larve qui perfore ce dernier, secrétant en même temps une substance poisseuse qui colle les feuilles entre elles. Elle excrète une fine poussière qui se dépose dans les galeries qu'elle creuse et sur les étagères OU sont rangés les livres et documents touchés. Elle séjourne ensuite sous forme de chrysalide dans ses galeries pour en sortir enfin 5 l'état d'insecte ailé et entamer un nouveau cycle de reproduction.

A ce groupe appartiennent les anobiidés, insectes de l'ordre des coléop- tères, qui regroupent de très nombreuses espèces. Ils sont fréquents dans les archives et bibliothèques des régions humides et tempérées (région méditerra- néenne par exemple). L'insecte peut survivre des années sous forme de chrysa- lide, lorsque les conditions du milieu lui sont défavorables.

Le pou du livre, de l'ordre des corodentia, famille des liposcélidés, également appelés psocidés, qui est de taille minuscule, pond dans le dos des reliures. Pratiquement omnivore, il se nourrit de colle (à pâte et autres), voire des champignons qui vivent dans le papier. La larve et le pou adulte se distinguent à peine, si ce n'est par la couleur plus claire de la première.

I1 convient de faire tout spécialement mention des termites, insectes xylophages capables de détruire tout ce qu'un édifice contient de bois (poutres, étagères ...) et aussi les livres et les documents qu'il peut abri- ter. Ces isoptères, appelés fourmis blanches, bien qu'ils ne ressemblent pas aux fourmis et qu'ils ne soient pas davantage blancs, prolifèrent dans les pays tropicaux, où ils constituent un véritable fléau, mais il en existe des especes qui se développent facilement dans les climats tempérés. Ils sont lucifuges et se plaisent dans les milieux humides et chauds. Ils forment une société parfaitement organisée, avec un roi et une reine ailés, chargés de la reproduction de l'espece, des ouvrières asexuées qui, seules capables de digé- rer la cellulose, nourrissent 5 l'aide de cellulose semi-digérée le reste de la colonie et prennent soin des oeufs ainsi que des jeunes larves, et enfin des soldats, eux aussi asexués, quï assurent la défense de toute la colonie. Ils creusent des galeries dans le bois, d'où ils peuvent s'attaquer aux livres. I1 s'agit d'une espèce extraordinairement prolifique : la reine peut en effet pondre un oeuf toutes les deux secondes.

Les termites ont besoin pour vivre de conditions très précises d'humidité et de température. Une baisse de ces deux facteurs peut entraher la mort de toute la colonie. Mais ils ont leurs propres mécanismes de défense : des indi- vidus chargés d'apporter de l'eau de la nappe phréatique maintiennent le degré d'hygrométrie nécessaire dans la termitière, lequel est très proche du point de saturation. Quant à la température, ils parviennent 5 la maintenir à un niveau uniforme grâce à leur propre chaleur corporelle et à la présence de véritables plantations de champignons réparties sur tout le territoire de la colonie, qui font office de sources de chaleur.

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Comme ils mènent leur action destructrice dans l'obscurité, il arrive souvent que l'on ne se rende compte de leur présence que lorsque les dégâts sont devenus absolument irréparables : poutres totalement évidées, livres dont il ne reste que la couverture...

3.3.4.3 Micro-organismes. On distingue parmi les micro-organismes qui souillent les documents deux grands groupes, les champignons et les bactéries.

Champignons. Ils font partie des Thallophytes, qui constituent l'embranchement inférieur du règne végétal. Certains vivent sur les matières organiques inertes (Saprophytes) , d'autres sur des êtres vivants (parasites) et d'autres encore vivent avec leurs hôtes en une association mutuellement prof itable (symbiose) .

Ils se reproduisent au moyen de spores, qui donnent en germant un fila- ment ramifié (hyphe) de structure cellulaire. L'ensemble de ces filaments porte le nom de mycélium.

Parmi les espèces celiulolytiques les plus fréquentes, on note en par- ticulier l'aspergillus (flavus ou niger, suivant la coloration de leur co- lonie) et le penicillium.

Bactéries. Elles constituent l'échelon inférieur du règne animal. Ce sont des organismes unicellulaires qui se multiplient très rapidement. Leur forme sporulée leur permet de survivre dans des milieux qui ne leur sont pas des plus favorables. I1 existe des bactéries aérobies et anaérobies. L'activité enzymatique de ces dernières est exploitée dans les processus industriels de fermentation. Le genre le plus abondant est celui des bacilles (bacillus cereus, circulans et subtilis).

Papier piqué (foxing). On trouve souvent dans les archives et les biblio- thèques des documents dont le papier porte une multitude de petites taches brunes, dont l'origine est mal connue. On les attribue le plus souvent 2 la présence d'un micro-organisme encore non identifié, dont les acides organiques produiraient une réaction chimique avec les impuretés d'origine métallique (fer, cuivre ...) que contient le papier. Ce qui est certain, c'est qu'ils ont besoin pour apparaTtre de moins d'humidité et de moins de chaleur que les autres micro-organismes.

Les dégâts provoqués par les insectes, plus ou moins graves suivant que ceux-ci sont plus ou moins nombreux, sont dus essentiellement aux trous qu'ils percent dans le papier. On ne constate en revanche aucune réaction chimique qui en altère la structure interne et en réduise la résistance au pliage, à la traction ou au déchirement. Le matériau non touché conserve donc ses proprié- tés physiques primitives. Les insectes c'attaquent en général de préférence aux papiers de bonne qualité, papiers chiffon, papiers neutres ou alcalins.

On trouve souvent dans' les archives et bibliothèques des documents II mordus" par des encres métallogalliques, qui ont une action oxydante, et attaqués dans un deuxième temps par des insectes, mais seulement dans les marges. En général, ces derniers ne s'attaquent pas non plus aux papiers de pâte mécanique. Le simple fait qu'un papier ait eu leur préférence permet d'affirmer qu'il est de bonne qualité, ce qui n'est pas précisément une consolation, mais démontre que rien n'est A l'abri de la destruction ; seules varient les conditions qui la déterminent, y compris du point de vue des caractéristiqués mêmes de l'objet.

L'action des micro-organismes (champignons et bactéries) se traduit, dans la zone touchée, par un ramollissement du papier, qui prend un aspect coton- neux et qui, ayant perdu son apprêt superficiel, finit par se désagréger. Ce

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processus s'accompagne en général d'un phénomène de pigmentation, dû aux subs- tances secrétées par les micro-organismes au cours de leur métabolisme ; ces pigmentations, qui vont du noir intense au blanc en passant par toute la gamme des rouges, des violets et des bruns, varient d'ordinaire suivant le type de micro-organisme concerné. I1 existe par ailleurs des micro-organismes qui s'attaquent aux encres, dont ils provoquent la décoloration.

L'action des micro-organismes sur le papier est d'ordre physique et, par- fois, chimique. La cellulose perd de sa résistance, encore que le papier, con- trairement A ce qui se passe lorsqu'il est détérioré par l'acidité, peut se manipuler et se plier sans se déchirer. Le degré de pigmentation n'est pas révélateur du degré d'infection. I1 existe des micro-organismes qui ne pro- voquent pas de pigmentations, de sorte que leur action peut passer longtemps inaperçue, jusqu'à ce que les dommages soient pratiquement irréparables.

3.3.5 Causes de caractère catastrophique. Bien plus graves et spectaculaires sont les ravages provoqués par certaines catastrophes qui, dans bien des cas, entrahent la destruction massive de milliers de documents. Parmi les plus redoutables figurent les inondations et les incendies. Aux dommages qu'elles provoquent s'ajoutent d'ordinaire ceux qui sont liés à la confusion dans la- quelle sont prises les mesures de sauvetage, voire à l'utilisation de méthodes et de produits quiaggravent le mal, au lieu d'y remédier.

I1 s'ensuit que les pays qui veulent se doter d'un plan d'urgence pour faire face à ce type de situation, se font de jour en jour plus nombreux.

3.3.5.1 Inondations. Les exemples que nous offrent les crues de l'Arno et du Pô qui, en 1966, ont provoqué à Florence et Venise des inondations dont ont souffert notamment les archives et les bibliothèques de ces deux villes, ainsi que celle du Tage qui, l'année suivante, a submergé les riches collections de la Fondation Gulbenkian, 2 Lisbonne, illustrent clairement cette nécessité. Ils montrent par ailleurs comment l'expérience acquise dans les deux premiers cas a permis d'éviter de graves erreurs dans le troisième. Ces tragiques événements ont en outre mis à l'épreuve la solidarité internationale et con- tribué à faire spectaculairement progresser les méthodes de restauration.

Toute inondation, quelle que soit son origine (rupture d'une conduite d'eau, engorgement d'un cheneau, fuite dans une toiture, etc.), provoque des dommages analogues, si ce n'est que dans les cas cités le nombre de documents touchés est moindre.

Le contact de l'eau a sur les documents les effets suivants : encre qui coule, feuilles qui collent les unes aux autres et se déchirent, agents de collage lessivés, reliures qui déteignent et se brisent, taches de boue ou de toute autre substance en suspension dans l'eau ... et, plus tard, si l'opéra- tion de sauvetage n'est pas correctement menée ou si les documents sont si nombreux qu' il n'est pas possible de les traiter tous immédiatement , appari- tion de champignons, dont le développement est favorisé par l'humidité am- biante et l'élévation de température 5 laquelle on recourt fréquemment pour accélérer le processus de séchage. I1 est possible d'éviter ce risque bio- logique grâce 2 un procédé dont l'emploi se répand de plus de plus depuis quelques années et qui consiste à congeler le matériau humide pour en éliminer la glace ultérieurement (lyophilisation).

3.3.5.2 Incendies. Pendant des siècles, le feu a été l'ennemi traditionnel et le grand fléau des archives et des bibliothèques, ainsi que de tous les édi- fices dans la construction desquels entraient une part importante de matériaux combustibles. Les premières installations électriques ont 6th une cause majeure d'augmentation des risques d'incendie ; il ne faut donc pas s'étonner que, dans de nombreux pays, la législation relative aux archives ait longtemps expressément interdit l'électrification des dépôts.

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- 27 - Pour que s'allume un feu, il faut que soient réunies trois conditions :

(a) un matériau qui brûle (combustible), (b) un matériau qui alimente et per- mette la combustion (comburant) et (c) un degré de température qui permette la formation de la flamme (point d'ignition). Comme les deux premières conditions se trouvent immanquablement réunies (le papier est combustible et l'oxygène est un comburant dont la présence dans l'atmosphère est inévitable et néces- saire), force nous est de concentrer tous nos efforts sur l'élimination de la troisième.

Les dommages provoqués par le feu peuvent aller de détériorations plus ou moins importantes à la destruction totale. Au effets du feu s'ajoutent ceux du produit utilisé pour l'éteindre, lequel, dans les grands incendies, ne peut être que l'eau, dont nous avons déjà vu les dégâts qu'elle pouvait entraïner.

3.3.6 Autres causes. L'hommes est, en un certain sens, directement ou indirec- tement 5 l'origine de tous les processus de dégradation des documents, étant entendu qu'il contribue par ailleurs 2 leur conservation et que c'est pour son usage que l'on conserve les archives.

Parmi les causes inévitables de détérioration des documents et des livres, figure la lecture même, laquelle oblige à des manipulations qui, si soigneuses soient-elles, sont source d'usure. Ce n'est que dans la mesure OU nous pouvons éviter la consultation directe de l'original et les déplacements qu' elle implique que nous préserverons celui-ci. Correctement utilisées, les techniques reprographiques contribuent efficacement à cette conservation, mais elles ne pourront jamais être appliquées qu'à un faible pourcentage de l'énorme masse documentaire existante, ou tout du moins elles ne le pourront pas pendant longtemps encore. Les fonds de bibliothèque ont davantage de chances d'être préservés, en ce sens que les techniques de conservation doivent être appliquées, et le sont effectivement, aux exemplaires manuscrits, aux livres rares et aux incunables, et non pas aux fonds plus abondants, aux êditions modernes, qui sont facilement remplaçables.

Les réparations du type bricolage, les systèmes empiriques de restaura- tion, voire certaines méthodes qui ont une base scientifique mais sont désor- mais dépassées ou dont les nouveaux progres de la science ont permis d'établir qu'elles étaient nocives, figurent également parmi les causes d'altération des documents en papier.

Nous pensons notamment aux rubans adhésifs utilisés pour réparer les pe- tites déchirures, qui laissent, la colle s'oxydant, des traces souvent indélé- biles sur les livres et documents précieux, aux réactifs qui sont censés ravi- ver les encres pâlies et par la faute desquels tant de textes ont été en défi- nitive irrémédiablement perdus, et au procédé de la lamination dont on a, dans certains pays, usé sans discernement pendant des années ,et auxquels, tombant dans l'excès contraire, on a ensuite totalement renoncé.

Les marques de propriété apposées sur les livres et documents les plus précieux afin de garantir leur identification en cas de vol, sont parfois cause de dommages importants, sans parler de leur effet inesthétique ni de la manière, souvent peu soigneuse, dont elles sont appliquées. L'indélébilité qui est une qualité essentielle de ces encres à tampon est souvent incompatible avec un autre impératif tout aussi absolu : l'innocuité/l.

1. Les actuelles encres à tampon au noir de fumée semblent conjuguer ces deux qualités. Cf. Marking Manuscripts, Preservation Leaflets, Library of Congress, no 4, 1978.

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La crainte des vols qui, avec celle des incendies, figure traditionnel- lement au premier rang des préoccupations des archivistes et bibliothécaires conduit parfois 5 des dangers plus réels de destruction.

Nous citerons 5 cet égard les coffres-forts dans lesquels on prétend conserver les documents d'archives ou les ouvrages de bibliothèque les plus précieux, mais qui, étant conçus pour abriter des matériaux inertes et n'étant pas dotés de dispositifs élémentaires de régulation du climat, sont cause, lorsqu'on les ouvre un peu tard, de plus d'une surprise désagréable, les documents qu'ils étaient censés protéger ayant continué de se détériorer.

Les facteurs qui influent sur la conservation du papier sont multiples. Nous nous sommes limités à signaler ceux qui, par leur caractère habituel ou catastrophique, sont les plus courants ou les plus graves.

4. METHODES PREVENTIVES DE CONSERVATION

4.1 Généralités. Les livres et les documents sont des témoins culturels privilégiés ; c'est en raison de l'intérêt durable qu'ils présentent à ce Litre qi'il faut les conserver et qu'il faut diffuser ¡es infirmations qu'ils contiennent. I1 appartient principalement aux archivistes et aux bibliothé- caires d'établir les principes devant régir l'action dans ces deux domaines, ainsi que de trouver le juste équilibre entre ces fonctions : celle de conservation, nécessairement restrictive, en ce qu'elle vise à protéger matériellement livres et documents et celle de diffusion ou d'information qui doit être libérale en raison du contenu culturel ou philosophique dudit livre ou document.

Par conservation, il faut entendre le maintien d'un objet en bon état matériel, afin qu'il puisse remplir la fonction pour laquelle il a été créé. I1 s'agit d'en éviter la détérioration ou la destruction ou de le réparer s'il a subi des dommages qui empêchent ou mettent en péril le bon déroulement de cette fonction. Dans le premier cas, il s'agit d'une conservation de caractère préventif ; dans le second, du traitement direct de l'objet, en vue de le rétablir dans son état premier 5 l'aide de méthodes curatives (restauration).

La prévention concerne le milieu dans lequel l'objet est placé. Les techniques employées visent à le mettre, dans la mesure du possible, à l'abri de toute atteinte et 5 en préserver l'intégrité chimique et physique, autre- ment dit sa stabilité et sa durabilité. Une politique préventive est d'autant plus efficace que sont mieux connues les caractéristiques de l'objet et les risques qu'il court et que sont employés les matériels et les moyens tech- niques voulus pour éviter sa dégradation.

Prévention et restauration sont comme les deux plateaux d'une balance : quand l'un monte, l'autre s'abaisse. Autrement dit, plus on fait de préven- tion, moins les restaurations seront nécessaires et inversement. Par ailleurs, il ne fait pas de doute que, s'agissant des documents tout comme pour l'homme, mieux vaut - comme on dit - prévenir que guérir". I'

Un très large accord semble s'être fait sur les principes 2 appliquer en matière de prévention ; si l'on en juge par le nombre croissant de règles générales et de normes élaborées dans maints pays, ces principes paraissent désormais acquis, mis 5 part l'évolution qu'ils peuvent connaïtre du fait du progrès des techniques. Les principes de restauration, en revanche, font moins l'unanimité, en raison des effets secondaires que les techniques et les pro- duits utilisés peuvent provoquer.

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L'action préventive destinée 5 assurer la conservation des documents sur papier correspond donc aux mesures à prendre pour protéger ces documents des multiples causes de dégradation énumérées dans les chapitres précédents Elle a donc trait aux locaux OU sont entreposés les documents (archives), à l'aménagement intérieur de ces locaux, 2 la protection physique dlrecte des documents et à la régulation des conditions climatiques et autres dans les- quelles ils sont placés.

4.2 Les bâtiments. Dans le contexte des problèmes de conservation qui nous occupent, l'expression dépôt d'archives désigne le local ou l'édifice destiné à abriter un ensemble organique de documents et les services nécessaires pour en assurer la gestion et l'exploitation.

Ce dépôt d'archives a pour fonction de protéger de tout risque la docu- mentation qui y est conservée et de permettre, d'une part, aux fonctionnaires qui y travaillent d'exercer leur activité dans de bonnes conditions et, d'autre part, aux personnes qui le désirent de consulter facilement des documents. Trois questions sont particulièrement importantes s'agissant des bâtiments d'un dépôt d'archives : leur emplacement, leur architecture et les différentes zones qu'ils comportent.

4.2.1 Emplacement. Dans l'hypothèse idéale où il serait possible de choisir l'endroit où sera installé le bâtiment d'archives, la connaissance des facteurs défavorables à la conservation des documents conduirait à éliminer un certain nombre de solutions pour les raisons suivantes : risque d'humidité du sous-sol, présence d'espèces bibliophages , trajet de cours d'eau occasionnel, situation au pied de hauteurs naturelles exposées à des chutes d'eau torren- tielles sur un terrain peu perméable, proximité d'endroits dangereux en raison de la présence d'industries polluantes ou d'objectifs stratégiques, etc.

Par ailleurs, le dépôt d'archives étant une institution à vocation cultu- relle, il convient de l'implanter en un lieu facile, proche d'autres établis- sements pédagogiques et culturels qui, d'une certaine manière, le complètent, et 5 l'écart des zones par trop bruyantes.

4.2.2 Construction. Des raisons d'ordre économique et le souci de préserver certains édifices présentant un intérêt historique et artistique engagent aujourd'hui à y installer des dépôts d'archives et des bibliothèques. Rien ne s'y oppose sur le plan de la sécurité matérielle des fonds, dans la mesure OU ils peuvent satisfaire, tels quels ou au prix de certains aménagements, aux exigences de cette sécurité.

I1 semble pourtant que la construction de bâtiments neufs permettrait d'éviter bien des déboires et, très souvent, de réaliser des économies.

La typologie des bâtiments d'archives est déterminée par toute une série de facteurs : la mode, les choix urbanistiques, des sujétions géologiques, climatiques, géographiques, dimensionnelles, économiques ...

I1 est évident que de notre point de vue, seuls les bâtiments présentant des caractéristiques favorables à la conservation sont acceptables.

Le bâtiment d'archives traditionnel, situé en surface, de hauteur modé- rée, reste la règle. Néanmoins, depuis le dernier conflit mondial, pour des raisons de sécurité, on a commencé 2 construire des dépôts d'archives sou- terrains ou mixtes. On voit aussi construire des dépôts de surface totalement aveugles.

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- 30 - Ces nouvelles façons de construire font recourir à des aménagements des

locaux de caractère artificiel (lumière électrique, installation de régulation de l'humidité et de la température ...) qui contribuent sans doute à la bonne conservation des documents mais entraînent des frais élevés de construction et d'entretien qui ne sont, ni toujours justifiés, ni habituellement 5 la portée des modestes bourses des services d'archives.

En revanche, l'implantation d'un dépôt d'archives dans des régions tropi- cales ou exposées à l'action de phénomènes atmosphériques et/ou géotectoniques violents exige, à juste titre, le respect de prescriptions rigoureuses sur le plan de l'architecture, du climat et des installations.

I1 ne s'agit pas de s'engager dans la voie de dépenses somptuaires, mais de choisir des matériaux, un système et des équipements se prêtant 5 la cons- truction d'un bâtiment aussi peu coûteux que possible, sans en sacrifier natu- rellement, la sécurité et la fonctionnalité.

Un bâtiment destiné 5 abriter des archives doit répondre à la fois à un certain nombre de normes générales de construction, et à des spécifications particulières, pour ce qui est notamment de la zone des magasins, comme nous le verrons plus loin.

Tous les matériaux dont sont constitués les planchers, les murs et les plafonds doivent avoir une résistance au feu en rapport avec la hauteur du bâtiment, sa superficie et les particularités de la zone où il est situé, con- formément à la réglementation en vigueur dans le pays.

Les matériaux qui composent la peau extérieure du bâtiment et les cloi- sonnements inter-zones doivent être conformes à des spécifications expresses d'isolement thermique et acoustique.

De même, le calcul de la charpente de l'édifice, autrement dit de ses éléments porteurs, tiendra compte des différentes zones qu'il comporte, des surcharges importantes devant être prévues pour les magasins et les ateliers de restauration, de reliure et de reprographie.

4.2.3 Zones d 'un dépôt d 'archives. Un dépôt d'archives comprend essentielle- ment quatre zones ou sections différentes : les magasins, les locaux de tra- vail non ouverts au public, les services ouverts au public et les locaux com- muns d'entretien.

4.2.3.1 Les magasins. C'est la partie fondamentale du dépôt d'archives, sous l'angle de la conservation, puisqu'elle est destinée à abriter les fonds pra- tiquement en permanence.

Emplacement. Ils doivent impérativement

Orientation. I1 faut éviter d'orienter de les exposer aux vents dominants qui substances nocives.

être situés dans l'édifice même.

leurs façades vers le plein soleil et peuvent être porteurs d'aérosols et de

Isolement du reste des locaux. La ligne de séparation entre les magasins et les autres zones du service d'archives doit être tout à fait évidente. Leur implantation au-dessus, au-dessous ou à côté des autres zones sera commandée par les caractéristiques architecturales du bâtiment et par les dimensions du terrain sur lequel il est érigé. Cette question ne revêt pas une importance majeure du point de vue de la conservation ; le plus souvent, les magasins forment un corps de bâtiment -5 plusieurs niveaux, contigu au reste de l'édifice.

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Protection contre les incendies. Les magasins sont isolés des autres zones par des murs et des portes coupe-feu dont la résistance au feu est conforme aux normes anti-incendie en vigueur dans chaque pays.

Communications. Pour les mêmes raisons de protection contre le feu, les circu- lations verticales entre les étages des magasins (escaliers, ascenseurs, montecharges) doivent être situées à l'extérieur, l'accès 2 chaque étage étant constitué .par un sas coupe-feu dont les murs forment une cage à l'épreuve du feu.

Sorties de secours. La réglementation en vigueur dans chaque pays énonce également les normes 2. respecter s'agissant des caractéristiques et du nombre des dispositifs d'évacuation, encore que, en général, les textes ne prévoient pas de mesures particulières pour l'évacuation des documents. Les magasins d'archives sont souvent équipés des classiques escaliers extérieurs de secours en colimaçon ou en angle très aigu, utiles certes pour le personnel, mais par lesquels ne peuvent pas "descendre" les occupants habituels des magasins, 416- ments passifs qu'il faudra évacuer - rapidement, on le suppose - ce qui est impossible par les escaliers. Les méthodes d'évacuation par plan incliné (to- boggans) sont sans aucun doute plus efficaces.

Dimensions. Les dimensions des magasins doivent correspondre au volume des fonds et à leur croissance prévisible sur une période approximativement déter- minée. A titre indicatif, il est intéressant de noter qu'une surface utile de 100 m2 sur une hauteur libre de 2,30 m peut abriter 600 mètres linéaires de documents classés sur des rayonnages ouverts à sept tablettes.

Compartimentage. Par mesure de sécurité en cas d'incendie, en vue de faciliter d'éventuels traitements localisés de fumigation, de même que pour garantir une meilleure fonctionnalité, la zone de magasins doit être subdivisée en compar- timents dont la surface ne doit pas être inférieure à 150 m2 ni supérieure 5 200 m2.

Hauteur sous plafond. I1 doit être possible d'atteindre les livres ou docu- ments rangés sur le rayon le plus élevé sans avoir à grimper sur quoi que ce soit, ce qui suppose une hauteur libre se situant entre 2,30 m et 2,50 m.

Isolation. Ces compartiments doivent être séparés par des murs et des portes métalliques coupe-feu. Les portes sont en règle générale faites de deux plaques d'acier enfermant un matériau isolant ; leur épaisseur doit être telle qu'en cas d'incendie leur dilatation n'entraîne pas leur blocage.

Couverture. Le principe de couverture des magasins et du reste du dépôt d'ar- chives semble obéir plutôt à la mode qu'à des préoccupations d'ordre pratique. La préférence générale va ces derniers temps aux toits, en terrasse, et 'pas seulement d'ailleurs pour ce type de bâtiment. Or, le problème de la construc- tion d'une terrasse dont l'étanchéité soit parfaite et permanente n'a pas encore pu être résolu de façon satisfaisante.

Pour les dépôts d'archives situés dans des régions caractérisées par un régime de pluies continues ou torrentielles ou par un enneigement abondant , mieux,vaut, de toute évidence - et ce, peut-être pour tous les types de bâti- ments - des toitures 5 double pente qui, tout en facilitant l'évacuation ra- pide de l'eau, ménage un vide d'air qui constitue un excellent isolant hygro- thermique.

Résistance mécanique. Un magasin d'archives est destiné à accueillir une charge statique considérable qui correspond au poids total des documents, des conditionnements dans lesquels ils sont rangés et des' rayonnages sur lesquels ils sont disposés. I1 importera d'en tenir compte au moment du calcul de la

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- 32 - charge qu'auront à supporter les fondations pour éviter les risques d'effon- drement. Le chiffre moyen acceptable est de 1.000 kg/m2 par étage de 2,50 m de hauteur, dans le cas où l'on adopte un système de rayonnages métalliques traditionnel avec travées intermédiaires de 75 cm.

Avec le système de rayonnages "denses" (système "Compactus") , il faut prévoir une résistance supérieure.

Protection contre les agents de dégradation physiques et environnementaux et contre les abrasifs

Humidité. Pour éviter I'humidité par capillarité, infiltration ou condensa- tion, il convient de placer les magasins au-dessus de la cote de radier, ce qui assurera l'imperméabilisation de leurs parois extérieures. Aucune conduite d'eau ne doit passer 2 l'intérieur et les murs, toitures et planchers seront revêtus de matériaux imperméables, réfractaires à l'oxydation.

Température. Afin de réduire les effets de la température et de l'humidité extérieures et de leurs variations, on emploiera, lors de la construction des magasins des matériaux présentant un bon coefficient d'isolation thermique.

Lumière. Sauf dans certains endroits et sous certains climats, il n'est pas mauvais, voire parfois salutaire sur le plan de la lutte biologique (insectes, micro-organismes), de laisser entrer un peu de Lumière naturelle dans les magasins.

Dans ce cas, la surface, des ouvertures extérieures ne doit pas dépasser 15 % de la superficie totale des murs ; ces ouvertures doivent être étanches et équipées d'huisseries très isolantes qui s'opposent en même temps à l'excès de lumière solaire.

Poussière. Dans les locaux, pour éviter la poussière que produit l'usure des sols sous les pas, le passage des chariots transportant les documents, etc., le plancher sera revêtu de matériaux très résistants à l'abrasion, sans solu- tion de continuité ou nécessitant un nombre minimal de joints. Les matières thermoplastiques conviennent parfaitement.

Circuits de circulation. Les magasins sont en quelque sorte le centre nerveux d'un dépôt d'archives. Les liaisons avec les autres zones doivent être faciles et directes, tant pour des raisons opérationnelles que dans l'intérêt de la conservation elle-même.

I1 existe deux circuits fondamentaux : l'un avec la zone des services non ouverts au public (réception des documents et ateliers de restauration et de reprographie) , l'autre avec la zone ouverte au public (salles de consultation et d'exposition).

4.2.3.2 Les services non ouverts au public. Cette zone à laquelle le public n'a en général pas accès se compose des services de réception des documents, de traitement - désinfection-désinsectisation et nettoyage - de classement, d'inventaire et de tri - dans certains cas - d'ateliers de reprographie, de reliure et de restauration, ainsi que des locaux de travail du personnel des archives.

Chacun de ces éléments peut avoir un rôle à jouer en matière de conserva- tion des documents, thèmes de la présente étude, mais seuls les services de traitement - désinfection-désinsectisation (fumigation) et nettoyage - inter- viennent directement et en permanence dans le processus, de même que les ate- liers de restauration, de reliure et, dans une moindre mesure, de reprographie.

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Des monographies sont en cours d'élaboration au sujet des ateliers, sur lesquels nous passerons donc rapidement. Les locaux de désinfection et de fumigation doivent être situés au rez-de-chaussée, près du quai de déchar- gement et de réception des documents, puisqu'ils interviennent avant tout autre service.

Salle de nettoyage. Cette salle, qui aura une surface d'environ 10 m2 et une hauteur normale sous plafond, est celle OU s'opère le dépoussiérage des docu- ments, manuel ou mécanique, selon l'état dans lequel ils sont.

Dans le cas du dépoussiérage mécanique, la technique utilisée peut être l'aspiration ou le soufflage. Celui-ci suppose le recours 5 une cloche extrac-' tive qui avale la poussière.

Local de fumigation. Le local de fumigation doit avoir un volume de l'ordre de 5 m3. I1 peut s'agir d'une enceinte sous vide dont il existe plusieurs modèles dans le commerce. Mals une pièce munie de dispositifs de fermeture résistant au vide et/ou 5 une surpression d'un quart d'atmosphère et parfaitement hermé- tique peut très bien remplir cette fonction à moindres frais.

Les gaz venant de cette enceinte ou de ce local seront évacués au-dessus du point le plus élevé du bâtiment ou envoyés à l'égout.

4.2.3.3 Les services ouverts au public. I1 s'agit des locaux administratifs (réception, information, secrétariat) , des salles de lecture, d'exposition et de conférence. Seules les salles de lecture et d'exposition nous intéressent directement.

Salle de lecture. Pour permettre aux lecteurs de consulter les documents, il est nécessaire d'élever l'intensité de l'éclairage naturel et/ou artificiel à un niveau qui ne saurait être admis dans les magasins (500 5 700 lux) et de dépasser également les normes admises en ce qui concerne la température et l'humidité relative sans, dans ces derniers cas, que les différences soient aussi marquées.

C'est dans cette salle que se produit l'inévitable conflit entre les deux fonctions antagoniques de l'archiviste : conserver et diffuser.

Les dimensions de la salle dépendent du nombre de lecteurs appelés 2t la fréquenter. I1 faut compter en moyenne 5 m2 par personne.

Elle sera équipée de tables fonctionnelles et de pupitres sur lesquels les manuscrits et les ouvrages de valeur consultés seront obligatoirement pla- cés afin d'éviter les manipulations excessives...

Plus qu'en tout autre local, il est indispensable d'y prévoir un person- nel de surveillance.

Salle d'exposition. Les expositions ne sont jamais favorables 5 la concerva- tion, mais elles sont, comme la consultation, nécessaires pour faire connaître les documents qu'on a précisément conservés 5 cet effet, en raison de leur va- leur historique et culturelle.

Laissons de côté les expositions permanentes.

Ce qui nuit le plus aux documents est leur installation dans des vitrines étanches et l'éclairage intense auquel ils sont inutilement soumis.

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L'éclairage qui convient le mieux et qui est: du reste le plus courant est un éclairage par lampes fluorescentes. I1 sera installé à l'extérieur des vitrines et muni d'écrans filtrants et diffusant à la fois la lumière qui ré- duiront le nombre de microwatts/lumen des rayons ultraviolets ; il faut pou- voir l'éteindre ou en baisser l'intensité jusqu'à la force d'un éclairage d'ambiance lorsqu'il n'y a pas de visiteurs.

I1 est bon de placer des produits hygroscopiques tampon comme le gel de silice, à l'intérieur des vitrines (1 & 3 kg/m3, selon qu'elles sont plus ou moins hermétiques) lorsqu'elles sont protégées par une vitrine ou une matière plastique transparente afin d'éviter les condensations d'humidité.

Les documents à exposer doivent être fixés aussi légèrement que possible et il convient de proscrire l'utilisation de punaises et autres accessoires risquant de perforer les documents ainsi que l'usage abusif de rubans adhé- sifs ; ces derniers devront, s'ils sont employés, être d'excellente qualité et enduits d'une colle ne risquant pas de s'oxyder.

4.2.4 Bâtiments anciens transformés en dépôts d'archives. En cas de reconver- sion d'un bâtiment préexistant, il faudra lui apporter les transformations

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indispensables ; il faudra faire de même pour les anciens dépôts d'archives construits selon des critères très différents de ceux actuellement en vigueur. I1 semble que la crainte tres répandue et justifiée de l'incendie ait entraîné l'installation des magasins dans des locaux dotés de grandes et/ou de nom- breuses fenêtres. I1 n'est pas dans ce cas recommandé de recourir & la pose de systèmes d'occultation réglables, tels que rideaux, persiennes, contrevents , qui sont rarement utilisés, ce qui les rend dans la pratique inopérants. Lorsque rien ne s'y oppose du point de vue urbanistique ou architectural, le problème peut être résolu par l'installation d'auvents pare-soleil à demeure. I1 existe de toutes façons sur le marché une gamme étendue de vitres, films et vernis qui peuvent filtrer les rayonnements thermiques et solaires (rayons ultraviolets) et ne modifient pas l'aspect particulier de la façade.

La nécessité de conserver dans ces bâtiments certains éléments combus- tibles (poutres, planchers ...) pour des raisons historiques et artistiques oblige 2 les traiter avec des produits ignifugeants et anti-insectes.

4.2.5 Les dépôts d'archives des pays tropicaux. Aux recommandations formulées pour les régions de climat plus tempéré doivent s'ajouter des prescriptions particulières, pour ce qui est des zones arides, de savane ou humides où l'on saurait difficilement s'en passer. Toutes ces régions se caractérisent par l'intensité de leur insolation. C'est pourquoi dans les bâtiments d'archives, la façade des magasins doit être orientée au nord ou au sud, selon l'hémis- phère OU ils se trouvent, afin d'éviter le rayonnement solaire direct et réfléchi.

Dans ces régions, le vent est un autre élément important. C'est un fac- teur bénéfique dans les zones arides, OU il contribue à rafraIchir (surtout lorsqu'il s'agit de brise de mer), de même que dans les zones humides OU il favorise l'ass&chement. Mais il peut aussi déclencher des tempêtes de sable ou de très fortes précipitations nocives.

I1 est bon d'entourer le bâtiment d'une haie d'arbres, plantés 2 une dis- tance suffisante pour que leurs racines en se développant ne risquent pas de le détériorer. Dans le choix des espèces, il est préférable d'éviter celles qui favorisent le développement d'une faune nuisible & la conservation des documents, de même que celles qui produisent beaucoup de pollen.

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Compte tenu de ce qui précède, les mesures à prendre sont les suivantes :

4.2.5.1 Construction. D'une manière générale, et pour limiter au maximum l'action néfaste des agents extérieurs, le volume total de l'édifice sera aussi réduit que possible par rapport 2 la masse des documents 2 .loger. La construction en hauteur est 2 conseiller dans les régions humides afin de diminuer la surface des toitures qui posent toujours des problèmes.

4.2.5.2 Fondations. Dans les zones humides, on entourera le bâtiment d'un sys- tème de drainage de grande capacité pour l'évacuation des eaux souterraines.

4.2.5.3 Murs extérieurs. On construira des murs ayant, en raison de leur grande épaisseur ou de leur inertie thermique, un certain pouvoir d'accumu- lation ; dans les zones arides, les fortes variations de température entre le jour et la nuit dans les magasins en seront atténuées ; des murs dotés d'un fort pouvoir isolant sont nécessaires les zones de savane et les climats voisins, de même que dans les climats humides, où la condensation peut ainsi être évitée.

4.2.5.4 Ouvertures. Lorsque des ouvertures sont prévues, elles doivent être situées sur la façade la moins ensoleillée. Par rapport à la superficie de la façade, leur surface ne dépassera pas 10 % dans les zones arides, 15 2 dans les zones de savane, 20 X dans les zones humides, et sur les autres murs exté- rieurs, 30 % surtout dans les zones arides. Les murs exposés aux tempêtes de sable ne doivent comporter aucune ouverture. Dans tous les cas, une ventila- tion efficace régulable devra être installée.

4.2.5.5 Toitures. I1 est conseillé d'opter pour les toitures inclinées. En cas de toit plat, on intervertira l'ordre normal des couches, la protection thermo-isolante devant être placée par-dessus la couche perméable. La toiture devra résister aussi bien 5 la pression qu'au soulèvement du au vent. Dans les zones à risque de pluies torrentielles ou dans les régions 03 elles sont habi- tuelles, les gouttières et conduites d'eau seront surdimensionnées.

4.3 Rangement des documents. Dans les magasins, les collections sont normale- ment rangées sur des rayonnages ou dans des meubles spéciaux tels que meubles à plans à rangement vertical ou horizontal ou autres systèmes particuliers pour les cartes, plans et documents de grande taille.

4.3.1 Rayonnages. Les rayonnages métalliques ont sur les étagères classiques de bois le double avantage d'être ininflammables et inattaquables .par les insectes.

Les rayonnages peuvent être installés dans le magasin d'archives après sa construction, ou être un élément constructif du bâtiment, qui est alors porté par les montants métalliques des rayonnages (structure à ossature autopor- teuse). Dans ce cas, les murs extérieurs du bâtiment servent seulement d'enve- loppe, puisque que tout le poids de l'édifice repose sur les montants métal- liques des rayonnages. C'est 12 un principe de construction très rapide et économique, mais qui ne convient pas pour les bâtiments très élevés ni pour les locaux administratifs du dépôt d'archives, en raison du nombre élevé de poteaux qui réduisent la surface libre (de 8 à 9 m2 entre les plus espacés) ; cette solution n'est donc envisageable que pour les magasins.

Le risque de déformation des poteaux en cas d'incendie, entrainant l'ef- fondrement de tout l'édifice à l'instar d'un château de cartes, est minime s'il existe une installation électrique correcte et si toutes les mesures de sécurité contre les incendies et les tempêtes sont bien prises. Même en cas de guerre, ces installations ne sont pas plus exposées que les installations classiques. Certains pays ont volontiers recours à cette solution, tant pour l'installation de dépôts annexes 2 des bâtiments existants, que pour l'amé- nagement intérieur d'immeubles anciens dont les murs extérieurs supporteraient difficilement la nouvelle charge.

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I1 existe, à l'heure actuelle, deux systèmes de rayonnages métalliques : les rayonnages traditionnels ouverts et fixes, et le système plus moderne, encore que déjà classique puisqu'il est utilisé depuis une trentaine d'années, répondant & l'appellation de "dense" ou, en raison du nom commercial de la première entreprise qui l'a lancé sur le marché, "Compactus", de caractère mobile. Le choix de l'un ou de l'autre doit être guidé non par la mode, ce qui arrive pourtant parfois, mais par des motifs tenant aux exigences et aux dimensions du magasin d'archives.

4.3.1.1 Rayonnages denses. En général, les rayonnages denses sont utilisés dans les locaux de petites dimensions destinées pourtant à abriter un volume important de documents. C'est un système très employé pour les magasins installés en sous-sol parce que creuser revient très cher. Lorsqu'une surface restreinte doit supporter une forte Surcharge, il est indispensable, comme nous l'avons indiqué, de prévoir des fondations de la plus grande solidité. La compacité du stockage et l'herméticité presque totale des armoires empêchent l'aération du papier et favorisent les condensations. Dans les locaux ou l'humidité, la température et l'aération sont régulées en permanence (ins- tallations climatisées), il n'y a pas de problème, mais si tel n'est pas le cas, le papier peut se trouver détérioré.

C'est donc à notre avis un système qu'il ne faut pas choisir sans réflé- chir, uniquement pour obéir à la mode.

4.3.1.2 Rayonnages traditionnels. Les rayonnages ouverts ou traditionnels sont couramment utilisés dans les dépôts d'archives comme dans les biblio- thèques, sans être identiques dans l'un et l'autre cas en raison des diffé- rences de dimensions et de format du matériel à ranger. Les tablettes et rayonnages d'archives doivent être plus profonds , étant donné que les boîtes ou cartons dans lesquels sont rangés les documents sont en général plus grands que des livres.

Le rayonnage ouvert se présente comme un module formé de deux montants verticaux sur lesquels des tablettes horizontales sont accrochées par des sys- tèmes très divers qui permettent ou non la mobilité de la tablette (tablette mobile, 'cablette fixe).

Les dimensions habituelles de ces modules sont de 99 5 108 cm de large sur 216 à 240 cm de haut, pour une profondeur de tablette de 30 à 40 cm.

Plusieurs modules ou rayonnages réunis par leurs montants forment une travée. Une double rangée de rayonnages dos à dos forme une travée de rayon- nages à double face, disposition courante en raison de l'importante économie de place qu'elle permet.

Installation. Ces modules parallèles entre eux sont disposés perpendiculai- rement à la direction des poutrelles dans le cas de rayonnages métalliques unidirectionnels, et disposés en travées, habituellement à double face, for- mant des blocs de longueurs variées séparés par des allées de desserte permet- tant d'accéder directement & chaque module et par des allées perpendiculaires séparant chaque bloc ou ensemble de modules (normalement une dizaine).

Les allées de desserte parallèles ont une largeur de 70 & 80 cm et les allées de circulation de un mètre.

Caractéristiques. Les rayonnages métalliques, qu'ils soient ouverts et fixes ou denses et mobiles, sont l'un des rares éléments fabriqués par l'industrie presque exclusivement les dépôts d'archives et les bibliothèques. Ils ne présentent pas néanmoins toutes les qualités techniques propres 2 garantir le stockage des documents, des cartons et des dossiers qui les contiennent dans les conditions de solidité, de sécurité et de commodité voulues.

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- 37 - Solidité. Si l'on considère que le poids moyen d'un mètre linéaire de docu- ments d'archives est d'environ 60 kg et qu'il peut atteindre 80 kg ou davan- tage pour certaines catégories de documents particulièrement pondéreux, seule peut être considérée comme solide et appropriée une tablette de rayonnages métalliques qui peut supporter sans fléchir une charge linéaire de 100 kg/m.

Sécurité. I1 convient de revêtir les rayonnages métalliques d'une couche de peinture et. d'émail trempé anti-corrosion afin d'éviter qu'ils ne provoquent l'oxydation des conditionnements et des documents qu'ils contiennent et de les concevoir de telle façon qu'ils ne présentent aucun élément pointu ou aspérité susceptible de détériorer les documents.

Les rayonnages ne doivent pas être appuyés au mur pour éviter le manque d'aération et le risque de condensation de l'humidité.

Commodité. Une personne de taille normale doit pouvoir atteindre sans l'aide d'un escabeau la tablette la plus haute, ce qui suppose que celle-ci soit pla- cée à environ 2,lO m.

Rangement des conditionnements et des documents. La première rangée de ta- blettes doit être isolée du sol par un socle d'au moins 6 cm. Les tablettes seront placées de manière à ce qu'il reste un espace vertical de 1 à 3 cm entre le sommet des documents ou des boites et la tablette immédiatement supé- rieure afin que l'air puisse circuler.

Les tablettes doivent avoir un fond pour que les documents et les boTtes ne puissent pas en tomber.

Le nombre des tablettes que peut porter un rayonnage et leur profondeur dépendent de la taille des documents ou des boîtes et de la façon dont ils sont rangés. Si documents ou boltes sont placés debout sur leur plus petit côté, les tablettes pourront être moins profondes, mais le nombre total de tablettes sur une hauteur sera moindre. En revanche, si ces documents sont posés sur leur plus grand côté, il faudra prévoir des tablettes plus pro- fondes, dont le nombre pourra être supérieur.

4.3.2 Meubles 2 plans, à rangement vertical ou horizontal. Les documents d'archives en papier ont, pour la plupart, des dimensions standards qui per- mettent de le ranger sur des rayonnages dans des boîtes de taille 5 peu près identique.

Certaines pièces ont cependant, outre les fragilités communes à tous les documents, un format spécial qui complique leur rangement. C'est surtout le cas des cartes et des plans d'architectes et d'ingénieurs.

I1 existe deux systèmes de rangement : vertical et horizontal.

4.3.2.1 Le rangement vertical. C'est le système le plus moderne, mais sans doute pas le plus efficace. Utilisé à l'origine dans les agences d'architectes et d'ingénieurs pour archiver les plans établis sur des matériaux légers (pa- pier végétal, polyester, tirages ozalid), l'armoire à plans permet de sus- pendre les plans soit par des pinces, soit sur des broches qui passent par les perforations pratiquées sur le bord du plan (elles ne sont évidemment pas pra- tiquées sur le plan lui-même, mais sur une bande collée 5 cet effet tout le long de son bord supérieur).

Ce mode de rangement pose plusieurs problèmes lorsqu'il s'agit des dépôts d'archives et des cartothèques de collections historiques :

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- 38 - - le poids des cartes, en général entoilées ou renforcées, peut entralner

la déchirure des perforations ou de la bordure ;

- le travail supplémentaire de pose de la bordure ; - la qualité de cette bordure et de la colle utilisée pour l'appliquer

risque de ne pas être conforme aux caractéristiques de stabilité requises ;

- les risques que le principe même de suspension peut faire courir au document ;

- une moins bonne 'utilisation de l'espace disponible qu'avec le système de rangement à l'horizontale dans des tiroirs superposés.

4.3.2.2 Rangement horizontal. C'est le système traditionnel et celui qui est le plus répandu. Le meuble est composé d'un module métallique contenant une série de tiroirs superposés OU les plans sont rangés à plat.

Par leurs dimensions, les meubles de ce type en vente dans le commerce ne conviennent pas toujours pour loger des documents dont les tailles sont très variables et parfois énormes, ce qui est d'ailleurs aussi le cas pour les armoires à rangement vertical.

Les principaux inconvénients du rangement horizontal sont les suivants :

- il faut placer plusieurs plans dans le même tiroir, ce qui oblige 2 les en sortir pour atteindre celui qui est recherché ;

- on est de ce fait tenté de diminuer la hauteur des tiroirs afin de limiter le nombre des pièces qui y sont rangées et d'augmenter en revanche le nombre des tiroirs, d'où augmentation du poids et du coût de l'ensemble du meuble, A l'heure actuelle, certains dépôts d'archives remplacent le fond métallique des tiroirs par un fond en matière plastique (plexiglass ou équi- valent) beaucoup plus légère. Ces tiroirs peuvent d'ailleurs servir 2 trans- porter les documents du magasin à la salle de lecture, ou ils les protégeront durant la consultation.

4.3.3 Autres systèmes. Lorsque les dimensions des plans dépassent celles des meubles du commerce les plus grands, on est forcé d'en faire construire spé- cialement - ce qui entrahe un supplément de dépenses - ou oblige 2 recourir 5 d'autres procédés.

I1 reste peu de solutions possibles ; on ne peut guère que plier, couper ou rouler les plans ou les cartes.

Plier. Le pliage abîme indiscutablement le papier qui risque de se couper à l'endroit des pliures.

Couper. Mesure radicale. Sans doute la plus efficace du point de vue de la conservation. Elle n'est envisageable que lorsque la carte est composée de plusieurs planches. I1 est alors possible de les séparer, et même de les rac- corder ensuite en laissant entre elles un espace de quelques millimètres, ce qui permet de les plier alors à cet endroit, sans abimer le document. I1 est évident qu'un travail aussi délicat ne peut être réalisé que par des spécia- listes de la restauration de documents. L'opération exige de plus grands soins encore lorsqu'il s'agit de cartes ou de plans portant de nombreuses indica- tions (de cotes ou d'échelle).

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Rouler. C'est peut-être le principe de rangement le plus ancien. Cependant, il est difficile de ranger des rouleaux de cartes ou de plans verticalement contre un mur ou horizontalement sur les tablettes de rayonnages posées dos à dos. Quelques institutions ont adopté le système moderne "Compactus" composé de cylindres soudés au rayonnage qui permet le stockage individuel' de chaque rouleau. La consultation de ces cartes est malaisée car elles ne restent dé- roulées qu'à l'aide de fixations ou de poids placés & ses coins.

Protection directe des cartes. Quel que soit le type d'installation choisi, il est nécessaire d'isoler la carte pour lui éviter tout contact avec les autres documents ou l'extérieur. A cette fin, on utilise des chemises, des enveloppes de papier ou de plastique. La conservation en pochettes closes, dite aussi encapsulation", est sans aucun doute le procédé qui convient le mieux pour ce type de document. Les cartes enroulées sont enveloppées dans un papier fort ou une toile. On utilise aussi à cet effet des tubes de carton ou de plastique qui ont l'avantage de mieux les protéger contre les salissures mais qui ren- dent les manipulations plus difficiles du fait que, la carte se trouvant ser- rée à l'intérieur, il est malaisé de l'en extraire.

'1

Les cartes et les plans sont sans doute les documents pour lesquels la reproduction photographique se justifie le plus, car on évite ainsi les consultations de l'original.

4.4 Matériel de conditionnement. A l'exception des livres, les documents d'archives sont généralement placés dans des conditionnements de protection. I1 en existe différents types.

4.4.1 Liasses. La liasse a été pendant des siècles l'unité de base des ar- chives. Constituée par deux couvertures de carton enfermant un ensemble de documents et liées par une ficelle ou une sangle, elles n'étaient ni ne sont réellement un moyen efficace d'éviter la détérioration de ces documents par le frottement, la poussière, etc. I1 ne faut toutefois pas oublier qu'en dépit de toutes ses imperfections, la liasse a permis en son temps de sauvegarder des ensembles de documents ayant perdu leur utilité administrative - et que la raison d'ztre de la liasse, à l'origine, a été de mettre une sorte d'obstacle psychologique à une destruction systématique qui autrement serait irrémédia- blement intervenue avant même qu'elle ne soit décidée administrativement.

La liasse continue d'être au moins partiellement l'unité de rangement de base dans de nombreux dépôts d'archives, mais elle cède peu 5 peu la place à un mode de conditionnement plus efficace : la boîte.

4.4.2 La boîte. Les boîtes sont en général en carton. Jusqu'à une époque relativement récente, on ne se souciait que de leur robustesse. Depuis qu'on connaît la sensibilité du papier aux acides, on tend aussi à exiger d'elles qu'elles soient faites de carton alcalin ou neutre.

Pour qu'elles soient plus solides, on en renforce, dans de nombreux pays, les coins et les arêtes 5 l'aide de pièces métalliques inoxydables.

Les documents risquent d'être endommagés par les frottements, voire dé- chirés lorsqu'ils sont mis dans leur boîte, ou en sont retirés. I1 est donc préférable de ne pas retenir les boîtes à ouverture latérale. Le couvercle doit pouvoir être entierement dégagé afin d'éviter tout frottement quand on sort le document de la boîte. Pour la même raison, les dimensions des boîtes seront légèrement supérieures à celles des documents (l'une des plus courantes est 24 x 26 x 15 cm) et le nombre des documents qui y seront rangés sera fixé en conséquence : ni trop peu, ce qui laisserait trop de jeu aux documents, ni excessif au point d'empêcher la fermeture normale de la boîte. Devront égale- ment être alcalines ou neutres les chemises cartonnées, de papier, les

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- 40 - enveloppes, pochettes, etc., dans lesquelles bien souvent sont classées et protégées des pièces d'archives mineures (dossiers d'affaires, etc.) de même que les liasses.

Le plastique (matière inerte) satisfait davantage aux deux conditions de robustesse et d'absence d'acidité que le carton. On trouve de nos jours dans le commerce des boîtes, faites dans ce matériau, qui présente en outre des qualités de thermostabilité très supérieures 5 celles de la boïte de carton.

5. LUTTE CONTRE LES AGENTS DE DETERIORATION

5,1 Généralités. La lutte contre les agents de dégradation dont la simple présence est néfaste ou contre ceux dont on considère que le nombre ou le taux dépasse le seuil OU ils sont encore utiles, inoffensifs ou tolérables, est de toute évidence étroitement liée aux aspects préventif et curatif de la conser- vation, et participe d'ailleurs des deux.

Toute politique de lutte contre ces agents, qui sont connus, exige, sous peine d'inefficacité, l'emploi d'instruments permettant de détecter et de mesurer leur présence, ainsi que la mise en place de systèmes destinés à les empêcher de nuire ou à remédier aux dégâts occasionnés.

Les principaux agents ou facteurs incriminés sont : la lumière, la tem- pérature et l'humidité, la pollution atmosphérique, la pollution biologique, le feu.

La prévention commence évidemment au stade même de la construction et de l'installation du dépôt d'archives. I1 est dependant rare que les mesures prises suffisent, notamment lorsqu'il s'agit de fléaux endémiques.

La climatisation des dépôts d'archives règle évidemment les questions de température et d'humidité, de pollution atmosphérique et de pollution biologique.

Souvent cependant cette formule coûteuse et compliquée n'est ni possible ni d'ailleurs nécessaire.

Lorsqu'en revanche les conditions atmosphériques rendent la climatisation absolument indispensable, il faut l'installer sans se laisser arrêter par les considérations économiques et techniques.

5.1.1 La lumière. Dans les magasins, l'éclairage sert uniquement à localiser les pièces recherchées. Une lumière d'ambiance de 50 lux suffit.

Tous les magasins doivent évidemment être équipés d'une installation électrique suffisante qui viendra compléter l'éclairage naturel - s'il y en a un - inégal de jour et inexistant de nuit. 5.1.1.1 Eclairage électrique. L'électricité faisait peur lorsqu'elle ris- quait de provoquer des incendies ; ce n'est plus le cas aujourd'hui.

De nos jours, une installations électrique doit, dans un magasin d'ar- chives, impérativement répondre aux spécifications suivantes : protection par des coupe-circuit différentiels, alimentation indépendante de celle des autres secteurs du dépôt, mise des fils BOUS tubes d'acier anti-déflagration.

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I1 y a deux types d'éclairage artificiel : l'éclairage 2 incandescence et l'éclairage fluorescent.

Chacun a ses partisans et ses adversaires ; chacun présente ses avantages et ses inconvénients.

Eclairage à incandescence. C'est le système le plus ancien, le plus riche en infrarouges, celui aussi qui émet le plus de chaleur.

Eclairage fluorescent. C'est le plus riche en ultra-violets (UV), le plus froid.

Le rayonnement UV de la lumière incandescente est inférieur 2 75 Mw/lm (microwatt/lumen), maximun admissible pour les sources lumineuses utilisées dans les dépôts d'archives, les musées, etc. Celui de la lumière fluorescente est de 400 Mw/lm.

En outre, à consommation égale la lumière fluorescente éclaire nettement plus. Pour une consommation de 40 W, elle produit de 1.700 à 3.450 lumens.

Pour 40 W, une lampe à incandescence ne produira que 360 lumens.

L'éclairage fluorescent permet donc une économie d'électricité considé- rable.

Quant à l'intensité du rayonnement UV, elle semble d'ores et déjà compen- sée par la protection des tubes au moyen de filtres 2 UV, voire la fabrication de tubes présentant un rayonnement ultraviolet inférieur à 75 microwatts/ lumens, sans perte d'intensité lumineuse.

Ce fait, joint 5 l'économie d'électricité, justifie un recours accru à l'éclairage fluorescent, qui est irremplaçable dans les salles de lecture, les expositions , etc.

C'est seulement pour les magasins, OU l'on n'a pas besoin d'un éclairage intense, que l'on pourrait hésiter entre les deux modes d'éclairage et tenir pour négligeables la chaleur rayonnée par l'éclairage à incandescence comme l'économie d'énergie réalisée avec l'éclairage fluorescent.

Que l'éclairage soit naturel ou électrique, on évitera que la lumière frappe directement les documents ou les conditionnements.

5.1.1.2 Appareils de mesure. L'intensité lumineuse dans les magasins se mesure à l'aide d'un luxmètre ou d'un photomètre. Dans les deux cas l'appareil doit être suffisamment sensible pour permettre de mesurer ,avec une exactitude raisonnable des intensités assez faibles (25 voire 20 lux).

On trouve déjà sur le marché, 2 un prix abordable, des instruments per- mettant de mesurer la lumière ultraviolette.

La présence 2 demeure de ces instruments dans les magasins ne s'impose plus à partir du moment où l'installation d'archives est terminée et OU l'on a vérifïé l'intensité de la lumière naturelle et celle de la lumière artifi- cielle. 11 s'agit, en effet, de valeurs stables.

5.1.2 Humidité et température. La régulation du climat ambiant implique la prise en compte simultanée de ces deux éléments indissociables. Véritable binôme, ils peuvent, par leur action directe ou indirecte, occasionner de sérieuses détériorations des matériaux cellulosiques. .

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- 42 - La seule façon d'en réduire les effets est de les maintenir dans les

limites OU ils causent le moins de dégâts.

Ces limites déterminent ce que l'on appelle le climat optimal, c'est-à- dire une absence de variations importantes garantie par la constance des conditions hygrométriques et thermiques. Ce climat optimal s'obtient par des moyens naturels ou artificiels.

5.1.2.1 Système naturel. Ces résultats dépendent entièrement du climat ambiant.

Le climat naturel' optimal se définit 5 partir des moyennes enregistrées sur plusieurs années. Supposons , par exemple, qu'au cours des trois dernières années, on ait enregistré des moyennes annuelles de 58 %, 6 2 % et 60 %, pour l'humidité relative (HR), de 24"C, 20°C et 22°C pour la température ; cela donne, sur trois ans, une moyenne de 60 % d'HR et de 22°C. Le climat optimal est celui où l'humidité relative ne varie pas de plus de cinq points et la température de plus de 3" par rapport aux moyennes triennales. Cela signifie, pour reprendre notre exemple, que le climat optimal correspond 2 une humidité relative maintenue entre 55 % et 65 % et une température maintenue entre 19°C et 25°C.

Pour parvenir à cet équilibre de façon naturelle, on peut associer plusieurs méthodes.

On commencera par construire un bâtiment sur une hauteur pour éviter les infiltrations d'humidité du sous-sol. Ensuite on orientera les magasins d'ar- chives de façon à tirer le meilleur parti des vents et à assurer une protec- tion aussi bonne que possible contre la chaleur du soleil. On assurera l'iso- lation du local en doublant les plafonds, les planchers et les parois de matériaux adéquats. Enfin on aménagera une ventilation naturelle en créant des courants d'air à l'intérieur des magasins.

Plaide en faveur du système naturel le fait que les matériaux organiques s'adaptent d'autant mieux au milieu et subissent d'autant moins de dégrada- tions que le milieu ambiant est plus stable et qu'il est moins exposé aux brusques changements propres 2 déséquilibrer brutalement sa stabilité struc- turelle.

Lorsqu'en dépit de toutes ces mesures, le climat naturel des magasins n'est pas conforme aux normes habituelles (de 18 à 22°C (2 3°C) pour la tem- pérature, de 5 0 à 60 Z (+ - 5 %) pour l'HR), il faut recourir aux systèmes artif iciels.

5.1.2.2 Système artificiel. I1 permet de réguler l'humidité relative et la température lorsque les conditions climatiques naturelles sortent des limites acceptables. I1 exige l'utilisation d'appareils permettant d'augmenter ou de diminuer l'humidité, le froid ou la chaleur. Les systèmes les plus complets sont les systèmes de climatisation, dits aussi de conditionnement d'air.

Ils fournissent en théorie la solution du problème. En pratique, cepen- dant, des raisons économiques (coût élevé des installations et de l'entretien) et techniques (risques d'interruptions provoquées par des anomalies de l'ali- mentation électrique ou des pannes de machines), font hésiter à en généraliser l'installation.

Du point de vue de la préservation de documents, le système qui consiste à faire fonctionner la climatisation de façon intermittente pour dépenser moins d'énergie et d'argent - est absolument inadmissible car il crée en

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- 43 - permanence un déséquilibre structurel du papier qui peut aller jusqu'à sa destruction. Autrement dit, l'utilisation mal comprise des appareils de cli- matisation, loin d'avoir des vertus préventives, exerce un effet destructeur.

Les appareils à déshumidifier ou à humidifier, qui ne sont utiles que dans des espaces de faible volume, présentent moins d'intérêt.

Les aérateurs et les extracteurs sont intéressants pour assurer le renou- vellement de l'air et la ventilation nécessaire, à condition que les condi- tions extérieures le permettent.

Dans tous les cas, le degré d'humidité relative et la température qu'il faut maintenir à l'aide de ces appareils sont ceux du climat optimal tel qu'il a été défini par les systèmes naturels. Plus ces paramètres sont éloignés des limites naturelles, et plus le rendement des appareils sera mauvais, les coûts augmentant tout comme les risques de dégâts provoqués par les interruptions de fonctionnement.

S'il est vrai que les conditions climatiques les plus favorables 2. la conservation des matériaux organiques sont une température basse et une humi- dité discrète, il n'en reste pas moins que les archives sont au service d'un public qui a lui aussi un besoin d'un certain confort. I1 faut donc trouver un compromis entre les deux exigences et éviter, en tout état de cause, une solu- tion excessive qui serait préjudiciable aux uns ou à l'autre.

Autre solution : recourir au principe du sas qui permet au papier de passer progressivement du climat du magasin au climat extérieur et vice versa, sans souffrir du changement de climat.

Instruments de mesure. La température se mesure à l'aide de thermomètres ; il y a différents types de thermomètres :

- thermomètre 2 lame bimétallique (invar et laiton) - thermomètre 2 gaz (azote) - thermomètre 2 pression de vapeur (cholure de méthyle, éther, alcool, - thermomètre au mercure ou à l'alcool etc.)

Les échelles les plus courantes sont l'échelle centésimale et l'échelle Fahrenheit. La conversion de l'une à l'autre s'opère selon la formule

L'humidité se mesure 2 l'aide de divers types d'appareils :

- Hygromètres. Leur principe repose sur la contraction ou la dilatation d'un élément sensible 2 l'humidité.

- Psychromètres. Ils comportent un bulbe sec pour mesurer la température, et un bulbe humide pour mesurer l'humidité et fournissent une mesure qui est la différence des valeurs lues pour l'un et l'autre paramètre. Les psychro- mètres'sont plus précis que les hygromètres.

- Thermohygrographe. Cet appareil mesure Simultanément l'humidité et la température et énregistre leurs variations.

5.1.3 Pollution atmosphérique. La pollution atmosphérique est due à l'action de déchets industriels ou naturels, qui entraTne une diminution du volume d'air pur ambiant.

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Ces produits sont les suivants :

- Les aérosols, composés de particules solides ou liquides en suspension dans l'air sous forme de poussières (désintégration de matières solides), de fumées (condensation de vapeur provenant de matières solides ou de réactions chimiques) et de brouillards (particules liquides en suspension).

- Les vapeurs, gaz provenant de solides ou de liquides soumis à des variations de la pression atmosphérique ou de la température.

La plupart de ces éléments peuvent entraher des dégradations dans la mesure où ils contiennent des substances qui attaquent le papier (acides, corps gras, réactifs chimiques, impuretés, etc.).

Outre ces polluants atmosphériques, il y a toute une série de gaz qui sont indispensables à la vie mais qui attaquent eux aussi les produits cellu- losiques (oxygène, ozone, azote, etc. et jusqu'à la vapeur d'eau). L'élimi- nation de ces agents est impossible sauf 2 disposer de locaux spéciaux pour abriter les documents, soit sous vide, soit en surpression, au moyen d'un gaz inerte (hélium, fréon, etc.).

Pour lutter contre les polluants atmosphériques, on emploie des systèmes de filtrage qui empêchent la pénétration des particules 5 l'intérieur des locaux. Ces systèmes utilisent de préférence des filtres à fibres cellulo- siques ou au charbon actif, des filtres à huile, à eau, A la lessive de po- tasse, etc., qu'il faut nettoyer et changer à intervalles réguliers.

Les magasins aveugles sont ceux qui posent le moins de problèmes A cet égard.

5.1.4 Pollution biologique. La présence d'individus bibliophages dans les dépôts d'archives et les bibliothèques est essentiellement due A deux causes : l'existence d'un substrat ou milieu nutrif (la cellulose) et celle d'un microclimat propice 2 leur développement.

La première cause est inévitable ; la seule chose à faire est de doter le papier de moyens d'autodéfense soit au stade de sa fabrication, soit par des traitements postérieurs à sa fabrication. I1 s'agit là d'une opération normale dont il a déjà été question et qui consiste à appliquer aux document certains produits destinés à chasser ou A repousser les bibliophages.

Il sera donc surtout question, dans le présent chapitre, des conditions propices 2 la prolifération des espèces bibliophages :

température et taux d'humidité relative élevés ventilation insuffisante obscurité présence de poussières et d'impuretés recoins et zones mal éclairés absence de facteurs qui chassent les bibliophages présence de canalisations ou d'accès donnant directement sur 1' extérieur présence de matériaux et d'organismes pollués absence d'inspections périodiques absence de traitements préventifs

Ces conditions créent un risque permanent car, favorables à la vie de redoutables ennemis du papier, elles' les incitent 2 envahir le magasin d'archives. Aussi, les mesures de protection contre la pollution biologique viseront-elles à maintenir les conditiorts suivantes :

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- Température et taux d'humidité relative peu élevés. Tout ce qui est vivant a besoin d'un climat propice pour survivre. En règle générale, et abstraction faite des différences de capacité de résistance et d'adaptation selon les espèces, les conditions de température les plus favorables à la microfaune varient entre 25 et 30" C. Le taux d'humidité relative 'doit être supérieur à 65 %, mais rares sont les espèces qui survivent au-delà de 85 % d'HR. Les insectes sont peu exigeants et, s'ils préfèrent les climats secs et tempérés, peuvent survivre dans des limites moins étroites. Par conséquent, et compte tenu de la nocivité d'une température et d'une humidité relative élevées, il est préférable de maintenir celles-ci A un faible niveu corres- pondant au "climat optimal" de l'endroit.

- Bonne ventilation. L'air vicié des magasins mal ventilés favorise la présence de bibliophages et l'odeur caractéristique du magasin d'archives non aéré est un signe certain d'infestation par des micro-organismes. L'aération, naturelle ou artificielle, doit être permanente ou tout au moins régulière. L'idéal serait que l'air se renouvelle au rythme de 0,25 litre par sec/m2.

- Eclairage. La plupart des micro-organismes sont affaiblis, voire dé- truits par la lumière et nombre d'insectes ne la supportent pas. Cela tient à l'effet germidice et dissuasif des rayons lumineux, en particulier de ceux qui présentent une faible longueur d'onde. Il suffira de maintenir dans les maga- sins un éclairage général discret (environ 50 lux) pour réduire le champ d'action d'une grande partie des espèces bibliophages.

- Propreté. La saleté est un autre élément propice à la présence d'es- pèces bibliophages et d'autres déprédateurs qui deviennent à leur tour une nouvelle cause de saleté. L'élimination de la poussière et des ordures est une mesure d'hygiène élémentaire ; elle doit être complétée par des nettoyages plus poussés effectués avec des produits spécifiques (détergents, lessives, etc.).

- Clarté. Les recoins et les zones mai éclairées favorisent la saleté autant que le manque d'aération. I1 faut donc concevoir les locaux et disposer les meubles de façon à éviter ces inconvénients.

- Bruits, vibrations. Le silence, la fréquentation réduite, l'abandon.. . sont autant de conditions favorables à l'activité des insectes et des micro- mammifères qui circulent sans entrave dans les magasins. Inversement, le bruit et les vibrations - sous réserve qu'ils ne provoquent aucune détérioration - sont des facteurs de gêne qui empêchent les insectes bibliophages et autres parasites d'y mener une existence paisible.

- Les locaux aveugles ou sans issues sur l'extérieur. Portes et fenêtres sont des moyens d'accès aux magasins pour les micro-organismes et les in- sectes. Mais, en réalité, de ce point de vue, le plus dangereux est les con- duites d'eau, les gaines d'électricité, etc., qui offrent à toutes sortes d'insectes des voies de pénétration incontrôlables. I1 faut supprimer toute communication qui n'est pas indispensble. I1 faut également assurer l'hermé- ticité des gaines d'alimentation et des joints, boucher les fissures, etc., et surveiller et protéger les passages des conduits dont on ne peut absolument pas se passer.

- Décontamination des documents introduits dans les magasins. C'est souvent les documents eux-mêmes qui introduisent l'agent bibliophage dans les magasins, en lui permettant de se propager d'une zone à l'autre. Une seule façon d'éviter ce risque : contrôler sévérement tous les documents qui y sont introduits, notamment les document nouvellement versés, surtout s'ils pro- viennent de locaux ou de régions infestés.

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- Surveillance périodique. I1 est indispensable à tous égards de vérifier périodiquement les documents, le mobilier et certaines zones sensibles du local (celles par exemple OU il y a des foyers d'humidité), etc., de façon à établir l'absence ou 5 déceler la présence de facteurs de biodégradation. Ces contrôles doivent être plus fréquents aux époques de l'année - généralement le printemps et l'été - où, compte tenu du climat, le risque de pollution est le plus élevé.

- Traitement préventif par des substances antiseptiques. On complétera utilement ces mesures en rendant le milieu ambiant répulsif ou inhabitable pour les espèces qui prétendent s'installer dans les locaux. On lobtient ce résultat en appliquant. des substances antiseptiques - insecticides, désinfec- tants - à intervalles réguliers A doses variant selon que les conditions climatiques sont plus ou moins propices au développement des espèces indésirables.

Ces applications se feront, soit par sublimation, soit par pulvérisation selon que le produit choisi sera un solide ou un liquide - états plus favo- rables à la permanence du produit que l'état gazeux, qui convient davantage pour les traitements curatifs.

5.1.5 - Feu. La première mesure de lutte contre le feu consiste à éviter tout ce qui, dans les éléments constructifs du bâtiment, le mobilier, les installa- tions électriques, etc., est susceptible de déclencher le feu ou de l'ali- menter. Si cela n'a pas été prévu A l'origine, il faudra prendre les mesures correctives qui s'imposent. Quoi qu'il en soit et étant donné que les papiers brûlent facilement, il est indispensable que les magasins soient équipés de systèmes de détection - pour signaler la présence du feu - et d'extinction - pour combattre l'incendie.

5.1.5.1 Les systèmes de détection réagissent aux signes d'incendie qu'est la présence de gaz, de fumée, de flammes ou de chaleur immanquablement dégagés lors de toute combustion.

On installe habituellement des appareils, appelés détecteurs, qui se dé- clenchent quand apparaissent ces signes d'incendie.

Les détecteurs les plus indiqués pour les dépôts d'archives et les bibliothèques sont les détecteurs de fumées et de gaz et plus particulièrement les détecteurs d'ionisation. Tous ces appareils comportent un système d'alarme qui peut être relié directement à une caserne de pompiers ou au système d'extinction automatique du bâtiment.

5.1.5.2 Systèmes d'extinction. Outre les procédés d'extinction plus ou moins improvisés, on dispose de toute une série d'agents d'extinction qui varient selon la nature des substances incendiées.

I1 en existe pour l'essentiel deux sortes qui agissent respectivement par refroidissement et par étouffement (asphyxie) , soit au moyen d'installations fixes (manuelles ou automatiques) soit au moyen d'appareils portatifs ; il faut, bien entendu, pouvoir disposer des deux, leur usage étant complémentaire.

I1 y a des agents d'extinction liquides (eau et mousse), solides (poudres sèches et poudres polyvalentes) et gazeux (dioxyde de carbone, halogène). Les meilleurs , compte tenu des particularités de la combustion des matériaux cellulosiques sont la poudre polyvalente, pour les extincteurs solides, et le halon, pour les agents d'extinction gazeux. L'eau est en définitive l'agent le plus radical, lorsque les mesures énumérées dans ce qui précède ne sont pas venues à bout du feu.

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6. RESTAURATION

6.1 Généralités. I1 suffit de porter un regard sur les 50 dernières années pour mesurer l'ampleur et la rapidité des transformations intervenues dans le vaste domaine de la conservation de cette partie du patrimoine culturel que constituent les livres et les documents et spécialement sur le plan de la restauration.

Depuis des siècles, la restauration était un art secret, jalousement gardé, assujetti aux intérêts des collectionneurs et dépendant des moyens disponibles. C'est aujourd'hui une véritatible science qui doit son &pa- nouissement et son développement à l'explosion vertigineuse de la technologie et à une conscience plus aiguë d'un des objectifs qui compte parmi les plus nobles de l'humanité : le souci de préserver, inaltérée, l'intégrité documen- taire de toutes les oeuvres qui immortalisent leur auteur : l'Homme. Et c'est parce qu'elles immortalisent l'Homme en portant témoignage de son comportement et de son évolution, que ces oeuvres doivent être accessibles, sans réserve ni limitation aucune, afin qu'elles puissent être étudiées, dans l'intérêt de l'Histoire elle-même.

Aujourd'hui, le but fondamental de la restauration est de préserver la valelir documentaire qui est dans chaque oeuvre et à cet effet d'en défendre la parfaite intégrité.

Cette parfaite intégrité - exclusive, irremplaçable, s'entend tout à la fois de la valeur intellectuelle et de la valeur matérielle, indissociablement nécessaires pour qu'existe une oeuvre, quelle qu'elle soit.

La valeur intellectuelle, qu'on pourrait aussi appeler abstraite, est celle des aspects immatériels de l'oeuvre : sa situation spatio-temporelle, les motivations ou les influences qui déterminent sa forme, son style et surtout le message que l'auteur a voulu transmettre en donnant forme physique à l'intemporalité de sa pensée. C'est en définitive la valeur de toute l'in- formation véhiculée par l'oeuvre, oeuvre considérée comme la représentation matérielle d'une idée telle que l'a imaginée son auteur en fonction du rôle qu'il joue au sein de la société à laquelle il appartient.

Quant à la valeur matérielle, elle a des aspects physiques et des aspects fonctionnels : l'individualité des éléments réunis pour constituer l'oeuvre d'une part ; la forme que ces éléments prennent au cours du processus de structuration qui vise 5 leur conférer la capacité de remplir la fonction pour laquelle ils ont été réunis ou choisis.

Le document a d'autant plus de valeur que son intégrité est totale, c'est-à-dire parfaite. Cette valeur dépend, très directement, de la valeur intellectuelle, elle-même subordonnée à l'état de conservation matérielle. Autrement dit, la dégradation matérielle entraïne une incapacité fonctionnelle et la dégradation des deux types de valeurs, la mutilation et même l'annula- tion du message inhérent à toute oeuvre en tant qu'unité particulière et insécable.

Par conséquent, compte dûment tenu de ce que toute oeuvre est moyen exclusif de communication directe à travers les âges, la conception de la conservation qui est la nôtre aujourd'hui oblige à prendre des mesures pour garder intactes les caractéristiques propres de toute oeuvre et la transmettre aux générations' à venir.

Autrefois, faute de s'appuyer sur ce concept d'intégrité et ce sens de l'avenir, la conservation confiée à des mains plus ou moins expertes, se bornait en général à la réparation des dégâts les plus flagrants, sans autre obligation que celle de produire un résultat visible.

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- 48 - C'était jadis un art plein de secrets et de recettes aussi naïves

qu'empiriques, connus d'une poignée d'initiés, qui avaient ou prenaient un caractère de mystère et de difficulté et aboutissaient en général à masquer le problème.

En tout état de cause, et en dépit de résultats indéniablement positifs, la conservation se signalait par une absence de critères qui lui conférait un caractère anarchique. On comprend dès lors qu'en certains cas, avec les meilleures intentions du monde, les traitements employés aient occasionné des dommages, parfois irréversibles, au point d'amener à considérer la conserva- tion comme une activité destructrice. D'où des attitudes consistant à refuser toute activité réparatrice pour se limiter à la seule prévention, quand un excès de scrupule et un respect excessif de l'oeuvre ne conduisaient pas à la passivité la plus totale, laissant aux circonstances le soin d'assurer la survie de l'oeuvre.

On comprend aisément l'énorme responsabilité que comporte toute inter- vention à visée restauratrice quand on sait qu'une fois le travail effectué, il n'y a plus aucune possibilité de rétablir l'intégrité mutilée ou perdue et qu'en dépit du risque que comporte toute opération, il faut impérativement éviter que la pièce restaurée ne souffre de l'exécution des travaux, sur le coup ou par la suite.

C'est parce qu'ils savent cela que les restaurateurs se professionna- lisent de plus en plus, grâce à une formation universitaire plus longue et mieux comprise, à l'expérience, aux indispensables activités de recherche, et, surtout, à l'acceptation de certains préceptes qui définissent une sorte de déontologie, imposent le plus grand respect pour la valeur du document et écartent fermement toute manipulation de quelque sorte que ce soit, toute méthodologie comportant un risque.

Ces préceptes constituent ce que l'on appelle les critères de la restau- ration ; ils ont pris valeur de doctrine en raison de leur universalité et aussi parce que l'on avait besoin de normes pour lutter contre l'anarchie et répondre aux questions qui viennent 2 se poser pendant le déroulement des opérations. Tout cela repose à la fois sur les connaissances acquises lors d'étapes antérieures et sur les recherches menées actuellement avec une rigueur toute scientifique.

6.2 Les critères de la restauration. La restauration a pour but de rétablir l'intégrité matérielle et fonctionnelle de l'oeuvre, en réparant les altéra- tions ou les dommages subis.

Restaurer, c'est revenir A l'état antérieur et, dans une visée rétro- spective, rétablir la condition initiale. Le principe de la restauration consiste à recréer la caractéristique perdue ou mutilée sans que cette opéra- tion porte atteinte & l'originalit6 de l'oeuvre.

L'activité restauratrice s'applique donc, nécessairement et directement 5 l'oeuvre elle-même, puisqu'il n'y a pas d'autre façon de réparer les dommages qui en modifient ou en altèrent l'intégrité.

Cette nécessaire intervention sur l'oeuvre même place le restaurateur face 6 une très lourde responsabilité car aux détériorations existantes vient s'ajouter le danger inhérent à la manipulation et à l'application des moyens employés qui affectent directement l'équilibre de l'oeuvre.

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Cette activité ne supporte donc pas la moindre erreur car les fautes commises ne peuvent se réparer que par une nouvelle restauration. Il faut dès lors s'interdire toute opération dont l'efficacité serait douteuse et s'abs- tenir de toute manipulation qui risquerait d'altérer un peu plus les valeurs exclusives de l'oeuvre restaurée.

La restauration doit avant tout être subordonnée au respect de l'intégrité totale et parfaite de l'oeuvre, car c'est la seule façon de préserver l'authenticité de ce que l'auteur a fait et transmis.

Ces principes conduisent à assujettir la restauration aux critères suivants :

6.2.1 S'abstenir de toute manipulation qui pourrait aboutir à une modi- fication réelle ou apparente des valeurs documentaires authentiques et exclusives de l'oeuvre.

Toute opération de nature à occasionner de nouvelles détériorations est ici formellement exclue.

Primun non nocere'' : d'abord, ne pas nuire. L'adage, emprunté 2 la médecine, s'applique parfaitement 2 la restauration. Cette règle implique l'identification de toutes les valeurs qui définissent l'intégrité parfaite ou totale de l'oeuvre - sa valeur matérielle, sa valeur fonctionnelle, sa valeur intellectuelle ; en certaines circonstances, elle oblige à consulter le spécialiste - archiviste, bibliothécaire - qui saura discerner les éléments nécessaires à l'établissement du diagnostic et, de là, déterminer le trai- tement indiqué, en fonction des ressources techniques et humaines disponibles.

11

6.2.2 Eliminer tous les éléments ajoutés à l'oeuvre qui, étrangers 2 sa nature en gênent ou faussent l'interprétation historique ou artistique.

Cela vise bien entendu la saleté qui nuit 5 l'esthétique de l'oeuvre mais aussi les pièces rapportées, pseudo-réparations, etc., qui dénaturent l'oeuvre ou lui Ôtent de la valeur. I1 faut cependant garder tout ou partie des ajouts qui témoignent du devenir du document. Quand, par exemple, un livre présente des passages rayés ou cachés par décision de la censure, l'élimination totale de ces ajouts lui interdirait de porter témoignage du fait. Dans ce cas, comme dans celui des gravures coloriées postérieurement à leur tirage, pour des raisons de mode, il faut procéder de façon à éviter une élimination totale, 2 conserver une preuve irréfutable de l'intention à laquelle répondaient les taches, ajouts ou coloriages qui tout en n'appartenant pas 2 l'original sont consubstantiels 5 son histoire.

6.2.3 Stabiliser et renforcer ou désacidifier les éléments dégradés, en s'interdisant de les supprimer ou de les remplacer par d'autres.

6.2.4 Réinsérer les fragments détachés de l'oeuvre lorsqu' il est évident qu'ils lui appartiennent.

6.2.5 Combler les lacunes que la documentation disponible permet de faire, y compris dans l'écriture en respectant le style de l'original, en prenant soin d'utiliser d'autres techniques et d'autres matériaux qui, une fois incorporés à l'oeuvre, se signaleront par leur caractère non original.

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6.2.6 Opter pour la réinsertion des éléments d'origine inconnue et d'identification impossible dès lors que leur présence est nécessaire à la compréhension ou à la préservation matérielle de l'oeuvre, en respectant un style neutre et en utilisant des matériaux différents de ceux de l'éventuel original afin qu'ils ne puissent en aucun cas être perçus comme appartenant au document dans son intégrité primitive ou originale.

Nous avons traité, dans les sections qui précèdent, des problèmes cou- ramment posés par la reconstitution et la réinsertion, qu'il s'agisse du support ou de l'écriture. Cette pratique est toujours controversée à la fois parce qu'il est difficile de réunir les données et les éléments dont on a besoin pour parvenir . à une reconstitution exacte, selon les critères en vigueur, et parce que des pressions s'exercent parfois pour que l'on masque les altérations par des procédés qui relèvent de la falsification.

6.3 Le processus de la restauration. Tout traitement de restauration qui se veut scientifique implique une méthodologie qui regroupe et coordonne toutes les activités concourant à la remise en état de l'oeuvre.

Ce t te mé t ho do log ie inter dit rig our eus ement 1 ' improvisa t ion et apport e la sécurité nécessaire à l'enchaïnement des opérations dont l'ensemble constitue ce que l'on appelle le processus de restauration et qui tendent chacune 5 réparer les altérations spécifiques subies par les documents graphiques par l'emploi des divers moyens et procédés dont chaque cas est justiciable.

Les différentes opérations qui interviennent dans ce processus se succèdent selon un ordre dicté par leur compatibilité. Autrement dit leur enchaïnement n'est pas le fruit du caprice et ne souffre pas l'indétermina- tion ; le déroulement des opérations est fonction des propriétés des divers produits qui interviendront aux stades ultérieurs et ne doivent pas interférer avec l'action des produits appliqués aux stades antérieurs.

C'est naturellement la spécificité de l'oeuvre et la nature des altéra- tions subies qui dictent le choix d'opérations qui devront se dérouler dans un ordre immuable, sauf à avoir la certitude qu'en le modifiant on ne risque pas de compromettre l'effet des opérations antérieures.

T'ordre des opérations est le suivant :

contrôle identification, diagnostic et détermination du traitement photographie désinsectisation-désinfection déreliage nettoyage effectué, selon les cas,

par procédé mécanique à l'aide de solvants non aqueux ("nettoyage à sec") à l'aide de produits aqueux (lavage) à l'aide d'agents de blanchiment

désacidification en collage ou réapprêtage séchage mise à plat stabilisation hygroscopique réparation des coupures et des déchirures réinsertion de parties du support qui ont été perdues réintégration d'éléments d'écriture qui ont disparu du support lamination montage

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Les deux premiers stades - contrôle, identification, diagnostic et déter- mination du traitement - constituent un préalable indispensable à toute op&- ration de restauration.

Le séchage et la mise à plat ultimes interviendront après ex6cution du dernier traitement qui oblige à mouiller le document. Meme chose pour la désacidification ultime qui s'opère lorsqu'on a la certitude absolue qu'aucun traitement ultérieur ne pourra annuler ou atténuer ses effets.

6.3.1 Le contrôle. Ce mot désigne l'ensemble des démarches administra- tives qui accompagnent tout travail de restauration.

Quelles que soient la localisation et les possibilités du laboratoire ou de l'atelier de restauration, il faut accomplir une série de démarches com- plémentaires comportant notamment l'identification de l'oeuvre ; son ins- cription sur le registre des entrées et sorties ; la répartition interne des tâches et l'archivage des données.

Le contrôle bien compris sert d'abord à éviter l'accumulation d'oeuvres attendant de subir le traitement indiqué. 11 y a intérêt à ce que le rythme des entrées soit accordé aux possibilités d'exécution des tâches. Cela évite certains inconvénients fâcheux. L'entreposage prolongé comporte des risques et peut donner à tort l'impression que les travaux traînent. La première chose 2 faire, semble-t-il, au titre des opérations de contrôle, est donc de déter- miner l'ordre des admissions en fonction des possibilités techniques et humaines comme l'urgence des travaux et de la valeur du document.

Une fois l'oeuvre admise, il faut ouvrir un dossier OU seront consignées toutes les informations nécessaires pour reconstituer de façon détaillée l'histoire de l'oeuvre.

Le document sera inscrit sur le registre correspondant sous un numéro d'entrée ; cette inscription sera complétée par les éléments nécessaires pour établir l'identité du document, date d'entrée, provenance (nom et adresse du déposant ou service versant, etc.) auteur, date, dimensions, caractéristiques techniques et matérielles, particularités, etc.

Tous ces renseignements, complétés par les indications qui seront consi- gnées au fur et à mesure des travaux de restauration, seront réunis dans un dossier où figureront tous les éléments jugés utiles à son étude. Ces données seront archivées et tenues à la disposition de toute personne qui en aurait besoin pour la réalisation des travaux ou toute autre raison.

Une autre fonction du contrôle est de répartir les travaux entre les différents secteurs de l'atelier de façon à atteindre le, meilleur rendement possible en regroupant les taches similaires, en mettant ensemble, par exemple, les pièces qui, de par leur similitude, sont justiciables de trai- tements identiques. En effet, un atelier a tout à gagner à restaurer d'un coup une série de documents présentant des problemes communs du point de vue des matériaux à utiliser et de la rapidité des travaux.

I1 faut une fiche pour consigner toutes les données nécessaires 2 l'identification matérielle et documentaire, une autre pour consigner tous les travaux de restauration effectués afin de garder une trace des opérations réalisées, aussi bien pour faciliter les contrôles futurs que pour connaître les moyens employés et la marche suivie.

Les caractéristiques de ces fiches sont indifférentes ; l'essentiel est qu'elles rendent compte d'une façon ou d'une autre de toutes les activités, de tous les travaux accomplis.

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- 52 - 6.3.2 Identification, analyse et diagnostic. Avant d'entreprendre un quel- conque traitement de conservation, il est impératif de procéder d'abord A l'identification et A l'évaluation de l'oeuvre et d'interpréter correctement les altérations subies par celle-ci. On augmente sans cela les risques inhérents à toute activité de restauration, dont les résultats peuvent être aussi imprévisibles que catastrophiques.

En tout état de cause, il apparaTt que l'intuition et l'improvisation, qui jouaient auparavant un rôle décisif, ont aujourd'hui cédé la place à une authentique rigueur scientifique et qu'il ne reste rien du caractère aventu- reux de la méthode empirique.

Le restaurateur chevronné a incontestablement accumulé une masse de connaissances qui, bien souvent, lui permet de juger d'un seul coup d'oeil, l'aspect du document, l'ampleur de sa détérioration et la nature des problèmes posés. Mais il connaît aussi d'expérience les sérieuses difficultés qui sur- gissent lorsque le traitement appliqué n'est pas le bon, soit parce qu'on ne s'est pas astreint à faire un diagnostic dans les règles, soit parce qu'il y a eu erreur d'interprétation, y compris dans des cas apparemment simples qui ne laissaient prévoir aucune difficulté.

C'est pourquoi il ne faut jamais oublier qu'indépendamment des risques évoqués plus haut, la restauration est une lourde responsabilité : deux raisons de procéder aux contrôles de rigueur et de s'appuyer sur les études nécessaires afin de s'assurer les meilleurs résultats possibles, compte tenu des caractéristiques particulières de l'oeuvre ainsi que des moyens et ressources disponibles.

Pour toutes ces raisons, le processus de restauration commence par un diagnostic préalable, qui se déroule selon le schéma suivant.

6.3.2.1 Analyse. Identification et appréciation de l'intégrité parfaite de l'oeuvre, soit :

- identification de sa valeur sur différents plans - détermination de la date et du lieu de sa création, ainsi que celle des - réflexion objective sur toutes les modifications matérielles ou fonc- - identification des caractéristiques et propriétés des matériaux qui la - analyse structurelle des différents éléments qui la composent.

additions qu'elle peut comporter

tionnelles subies par l'oeuvre

compo sent

6.3.2.2 Diagnostic de l'état de conservation 5 partir de la détermination :

- des causes qui ont provoqué l'altération subie - des dommages matériels et fonctionnels. 6.3.2.3 Détermination du traitement 5 appliquer, sur la base des données fournies par les études antérieures.

C'est là une étape capitale, celle qui permet de déterminer correctement comment se présente l'oeuvre dans son intégrité intellectuelle et fonction- nelle et, par conséquent, de savoir quelles en sont les valeurs exclusives, compte tenu de son passé et de son destin futur.

La technique d'exécution de l'oeuvre en permet l'identification concep- tuelle. Nous disons, par exemple, tel document est un manuscrit, un imprimé, un dessin, une gravure, etc., dont l'auteur est parfois identifiable, soit par

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- 53 - une signature autographe, soit par un style déterminé qui permet d'attribuer la "paternité" de l'oeuvre à telle personne, école ou groupe, ce qui permet de reconstituer les conditions historiques de sa création ainsi que les motiva- tions qui ont présidé à celle-ci.

Le lieu où se trouvait l'oeuvre ou les lieux successifs qu'elle a pu occuper au cours de son histoire permettent de repérer un éventuel ajout, ou une modification des caractéristiques initiales, ou tout au moins d'en soupçonner l'existence.

Ces données sont souvent totalement inconnues du restaurateur qui se borne à. réparer certaines détériorations au risque de se tromper sur l'inter- prétation d'un élément douteux. I1 est donc indispensable d'avoir l'avis du spécialiste (archiviste, bibliothécaire), seul qualifié pour apprécier quels sont les éléments de l'oeuvre qu'il ne faut en aucun cas remplacer ou modi- fier, quel que soit leur état de conservation.

Analyse structurelle. Elle se fait à l'aide de tests que l'on peut classer en deux catégories selon qu'ils ont ou non un effet destructeur, selon qu'ils obligent ou non 5 sacrifier certains aspects du document.

I1 va de soi que les tests non destructeurs sont toujours préférables à l'inverse. Parfois, cependant, on est obligé de recourir à des tests destruc- teurs. En ce cas, on doit sacrifier le moins de matériau possible et choisir systématiquement un aspect dont 1' élimination puisse passer inaperçue ou n'entraîne pas de dommage substantiel pour l'ensemble de l'oeuvre. Ces tech- niques ne doivent être utilisées qu'en cas d'absolue nécessité et en veillant toujours à ce que le dommage subi par l'oeuvre ne porte pas trop atteinte à sa valeur.

Les tests non destructeurs doivent quant à eux être A la fois dépourvus de toute nocivité et réversibles quand ils font intervenir des éléments étrangers.

Entrent dans cette catégorie les tests ou analyses de simulation ou de vieillissement artificiel qui consiste à reproduire le problème dans des conditions et avec des matériaux identiques. Ils évitent parfois, sinon tou- jours, d'avoir à sacrifier l'original pour observer les résultats possibles d'un traitement envisagé. Le succès est fonction du degré de similitude entre l'original et les matériax de substitution.

Analyses physiques :

- solubilité des encres - orientation principale des fibres - différence entre le recto et le verso ; satiné ; porosité - épaisseur et grammage - consistance du support - résistance à la traction, à l'allongement et à l'élargissement - résistance au pliage - résistance à l'éclatement - colorimétrie, - vieillissement accéléré - stabilité 2 la lumière - stabilité face aux agents de pollution atmosphérique

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Analvses chimiaues

- PH - analyse des pâtes - analyse des fibres - analyse des charges - analyse des colles - analyse des encres

Analyses biologiques

- taux de contamination de l'ouvrage - taux de pollution par des agents atmosphériques - identification des espèces bibliophages Lorsque l'on connaït les caractéristiques d'une oeuvre, les matériaux

employés pour sa fabrication et les causes de son altération, on est en mesure de déterminer les moyens et procédés indiqués pour lui rendre son intégrité matérielle ou fonctionnelle.

Le choix des moyens et procédés 5 employer dépend donc des résultats des études préalables. Cette démarche garantit la qualité des résultats obtenus.

6.3.3 Photographie. Les applications de la photographie dans le domaine de la restauration sont multiples : copie de sécurité ; photos-témoin de l'état de conservation ; recherche ; enseignement.

6.3.3.1 Copie de sécurité. On sait que toute manipulation 5 visée restaura- trice comporte un risque ; quelles que soient les précautions prises pour choisir des moyens et procédés offrant toutes garanties, un accident, dont l'oeuvre sortira endommagée, est toujours possible. Théoriquement, ces risques sont infimes, voire inexistants ; cependant, nous y insistons, telle ou telle opération provoque parfois une dilution de l'écriture, et peut être même la perte d'un fragment du support. Ce type d'accidents étant imprévisible, même en multipliant les précautions, il est préférable, pour ne pas dire impératif avant d'entreprendre quelque manipulation que ce soit, de faire faire une reproduction photographique de l'oeuvre qui en restitue aussi bien l'aspect général que les détails caractéristiques.

Cette copie de sécurité doit être assez bien exposée pour permettre, le cas échéant, de reconstituer l'oeuvre. Aussi faut-il que son'négatif - en couleur ou en noir et blanc - puisse être suffisamment agrandi pour rendre compte des détails les plus infimes (s'agissant d'oeuvres volumineuses, on aura recours au microfilm).

6.3.3.2 Photos-témoin de l'état de conservation. Les photos prises 5 cet effet ont un double objectif : elles montrent, comme les copies de sécurité et même mieux, les détériorations subies par l'oeuvre et, surtout, rendent compte des travaux réalisés.

11 s'agit donc de photographier les aspects qui intéressent l'intégrité physique ou fonctionnelle de l'oeuvre et, selon les caractéristiques des altérations subies, de compléter la photographie totale ou partielle (qui situe le problème et en détermine l'ampleur) et d'obtenir le maximum d'infor- mations en recourant aux systèmes d'éclairage suivants :

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Eclairage zénital. I1 permet d'obtenir le maximum de détails sur l'écri- ture, les taches, la saleté, les rayures et les lacunes du support.

La source lumineuse est à l'aplomb du plan sur lequel le document est placé.

Lumière frisante. Elle permet d'obtenir le maximum de détails sur les défor- mations superficielles telles que plis, rayures, etc. et, en un mot, tous les facteurs qui affectent le relief.

L'éclairage est latéral ; la distance et l'inclinaison des sources lumi- neuses seront telles que les ombre portées ne masquent pas le problème mais permettent au contraire d'identifier et de localiser l'altération subie.

Eclairage par transparence. I1 permet d'identifier avec toute la précision possible les crevasses, les lacunes , les superpositions , les pièces rappor- tées, etc., dans tous les cas où le support est translucide.

I1 faut pouvoir disposer d'uhne surface lisse et transparente sous laquelle on placera les sources lumineuses de façon à obtenir un éclairage également réparti.

En bonne logique, même si l'oeuvre témoigne par elle-même des travaux effectués, il est utile, voire nécessaire, à la bonne tenue du dossier, de prendre, pendant - et cela de soi - après l'ex6cution des opérations de restauration, une série de photos identique 5 celle qui aura été réalisée avant, afin de garder trace des résultats obtenus.

Pour faire les comparaisons nécessaires, il faut absolument que la der- nière série photos soit rigoureusement semblable aux séries réalisées avant et pendant les travaux, sinon on perd son temps et son argent. I1 ne sert à ríen d'avoir des photos superbes si elles ne sont pas comparables.

Le photographe devra employer les mêmes moyens (pellicule, éclairage, etc.) avant, pendant et après les travaux, et surtout prendre les mêmes image s.

6.3.3.3 Recherche. Elle a besoin de la photographie A divers titres et, en dernières analyse, pour compléter les études physiques , chimiques et biologiques.

Microphotographie. Elle permet de voir, par agrandissement , des aspects invi- sibles 2 l'oeil nu. Elle se fait à l'aide d'un microscope, et demande un matériel spécial. La microphotographie sert pour les analyses de fibres , les études mycologiques, les études de pigmentation, de taches,, etc.

Macrophotographie. Cette technique permet de voir des aspects qui, percep- tibles à l'oeïl nu, sont cependant plus faciles à interpréter après agran- dissement. Elle se fait à l'aide d'un appareil photographique auquel on adapte des loupes ou tout simplement des bagues ou des bonnettes. Elle sert 2 étudier l'écriture, la structure des fibres, les techniques de gravure, de dessin, etc.

Outre les photos prises 2 la lumière du jour ou à la lumière artificielle reconstituant la lumière naturelle, il y a celles prises sous d'autres lu- mières qui permettent de saisir des aspects invisibles ou peu nets sous un éclairage classique.

Photographie aux infrarouges. Elle permet d'identifier .les couches de pigments superposés que l'assimilation chromatique rend difficilement discernables 2 l'oeil nu.

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Photographie aux ultraviolets. Elle permet de mieux voir des éléments invi- sibles à l'oeil nu, soit parce qu'ils ont presque disparu - textes pâlis - soit parce qu'ils ont des affinités chromatiques avec le support (retouches).

Autrement dit, les infrarouges permettent de mieux voir les éléments superficiels , tandis que les ultraviolets permettent de voir des couches subsuperficielles invisibles sous un éclairage normal. Les rayons X permettent de déceler les formes prises par les éléments structurels. Leur utilisation ne donne guère de résultats dans le domaine qui nous intéresse, en raison de la minceur des éléments et de leur faible pouvoir d'absorption.

6.3.3.4 Enseignement. Les photographies, qu'il s'agisse d'épreuves sur papier ou de diapositives, et le cinéma, constituent un moyen d'enseignement d'une incontestable valeur.

Lorsque l'on participe à des réunions, à des congrès, à des confé- rences..., il est important de pouvoir s'appuyer sur du matériel graphique.

I1 est donc utile de réunir un matériel graphique propre à illustrer la série des opérations correspondant à un traitement ou 5 un processus déter- miné ; ce matériel constituera une photothèque spécialisée, illustrant les divers aspects du problème traité : causes et effets de l'altération, maté- riaux, techniques, instruments, etc.

On se procurera donc le matériel photographique voulu et divers acces- soires : fonds de couleur, négastocope, systèmes d'éclairage variés, plaques de verre à poser par-dessus les documents pour une photographie plane, pro- jecteurs équipés de réflecteurs parapluie pour disperser la chaleur des lampes et obtenir un meilleur éclairage, etc.

6.3.4 Mesures à prendre pour protéger le papier pendant l'opération de restauration. Il est des moments, au cours des différentes phases de la res- tauration, oh les risques habituels que ce travail comporte s'accentuent et OU l'intégrité du matériau traité est particulièrement menacée.

L'expérience montre que les accidents qui se produisent à l'atelier de restauration arrivent le plus souvent au cours des périodes d'attente, des traitements au gaz, des traitements locaux et, surtout, des traitements par immersion.

Chacune de ces phases peut, fort malheureusement, être l'occasion de nouveaux dégâts, à moins que l'on n'adopte les mesures voulues de protection, qui sont en gros les suivantes :

6.3.4.1 Protection en période d'attente. Entre le moment OU il entre à l'atelier et celui où il en sort, le document traverse diverses périodes d'attente : avant le début du traitement, dans les intervalles séparant les différentes phases du processus de restauration et, enfin, entre l'achèvement du travail et la livraison.

L'accident (déchirure, tache , faux pli, voire perte) peut survenir dans toutes ces circonstances, et cela d'autant plus aisément qu'il y a davantage de pièces amoncelées et que le désordre est plus grand. Pour éviter ce risque, il. est indispensable de pouvoir ranger les documents durant chacune de ces phases d'attente, dans des armoires, des meubles à plans ou sur des étagères aux dimensions et caractéristiques voulues pour qu'ils y tiennent à l'aise et soient à l'abri des accidents.

Les livres et feuilles volantes seront placés dans des étuis, sacs, bo?tes, enveloppes, chemises, etc., qui les protégeront pendant le stockage et le transport.

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I1 va sans dire que le mobilier de rangement et ces conditionnements doivent être faits de matériaux d'une nature et d'une qualité conformes 2 leur des t ina t ion.

I1 serait absurde en effet que les documents soient endommagés précisé- ment par la faute des installations de la réserve de l'atelier ou du labora- toire de restauration.

6.3.4.2 Protection au cours des traitements gazeux. Si le traitement a lieu dans une enceinte à l'intérieur de laquelle il n'y a pas de turbulences ni de forts courants de gaz, il suffit pour protéger les documents de les installer sur les étagères en veillant à les disposer correctement et à ne pas les mettre en contact avec un élément tranchant qui pourrait les endommager.

Ce type de précaution est particulièrement utile losqu'on se dispose à sécher des ouvrages mouillés dans une inondation ou à appliquer un traitement analogue, car les feuilles des livres ainsi que le dos et les plats des reliures risquent de subir de graves déformations. Pour prévenir ce genre de risque, il convient de bien caler les ouvrages à l'aide de supports supplé- mentaires qui évitent les déformations sans pour autant empêcher l'air de circuler.

En revanche, lorsqu'il y a contact direct avec le gaz, comme c'est le cas dans les opérations de dépoussiérage par jet d'air ou par aspiration, il convient de protéger le document à l'aide d'un filet, rigide ou souple, de la grandeur de maille voulue compte tenu de l'état de conservation de l'oeuvre. Ce filet peut être une simple gaze, une étoffe peu serrée ou, mieux encore, une résille de plastique.

6.3.4.3 Protection au cours des traitements locaux. Lorsque l'on procède à un traitement partiel, le plus prudent est de protéger le reste de l'ouvrage en le couvrant d'une plaque imperméable semi-rigide, si possible transparente, du type exposé au paragraphe suivant.

Cette plaque de protection ne doit en aucun cas, que ce soit en raison de ses caractéristiques de surface ou de son aptitude à se charger d'électricité, pouvoir adhérer au document, car cela risquerait d'arracher les pigments faiblement fixés, dans le cas par exemple des dessins au fusain, au pastel, etc. Pour ces raisons, l'une des solutions possibles consiste 2 utiliser une plaque de métacrylate d'une épaisseur de 5 mm environ, équipée de quelques petits pieds qui l'éloignent de quelques centimètres du document. Cette méthode convient parfaitement pour les opérations de nettoyage mécanique par gommage ou traitements analogues utilisés pour les oeuvres planes, telles que gravures, dessins et autres.

6.3.4.4 Protection au cours des traitements par immersion. Ce type de trai- tement est sans aucun doute le plus dangereux, dans la mesure où il consiste à plonger le document dans un élément pour lequel il n'est en principe pas fait et ce qui peut conduire A des accidents jusqu'à un certain point imprévi- sibles, tels que déformations, déchirures, encre qui coule, etc.

C'est pourquoi, même si l'on est très expérimenté, il faut, avant de procéder à un traitement par immersion dans quelque liquide que ce soit, procéder à des essais appropriés pour vérifier la stabilité du support, ainsi que des encres et autres constituants du tracé.

I1 est dans tous les cas nécessaires de protéger le support, dans la mesure où, quoique le papier réagisse bien aux liquides habituellement employés en restauration, ceux-ci en modifient momentanément la consistance. Ainsi, les solvants organiques le ducissent, tandis que l'eau l'amollit et le rend parfois extrêmement fragile, le prédisposant à s'exfolier, à perdre son encollage, à se fendiller ou encore à se déchirer.

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I1 est indispensable, pour éviter que ces éventualités ne se concrétisent sous forme de dommages graves et irréversibles, d'assurer au document la protection voulue tout au long de chacune des manipulations qu'il doit subir. I1 est impératif de l'établir sur un support qu'il ne quittera pas pendant tout le traitement.

Ce pourra être un dispositif simple ou double (chemise), qui sera donc en contact avec l'une seulement des faces du document ou avec les deux à la manière d'une enveloppe, fait, suivant les besoins, d'un matériau rigide ou souple, perméable ou imperméable.

Les supports les plus utilisés sont sans nul doute du type souple et perméable, qui est d'un maniement plus aisé et se prête 2 des utilisations plus variées. Dans cette catégorie, les matériaux qui donnent les meilleurs résultats sont les "non tissés" 2 base de fibres synthétiques (polyester, polyalmide), que l'on trouve dans le commerce, entre autres sous les marques Reemay (no 2014 ou 2016 de la Société Dupont) et Cerex (de chez Montesanto).

Ce type de matériau est toujours robuste, si mi.nce soit-il, et a entre autres l'avantage non négligeable de résister 2. la plupart des produits em- ployés en restauration, de ne pas se prêter au développement des micro- organismes, même lorsqu'il reste longtemps à l'humidité, de ne pas etre sensible aux colles habituelles, d'être bon marché, etc.

A

On peut aussi utiliser tout simplement du tissu ordinaire au tissage serré ou lâche (toile, tulle), encore qu'il présente l'inconvénient d'exiger des lavages et même des repassages périodiques, sans quoi, il risque de pro- voquer des taches et des faux plis, de transmettre des micro-organismes, etc.

Très pratiques également, les filets ou résilles de métal inoxydable ou de maière synthétique (nylon, polyester, etc.) sans châssis. I1 convient alors de veiller à ce qu'ils ne présentent aucun pli qui risuerait de déformer le document auquel ils servent de support. Le papier filtre, qui perd toute consistance à l'état mouillé, est à déconseiller.

Les supports souples et imperméables comme le papier paraffiné ou sili- cone ne sont absolument pas recommandés, dans la mesure om ils ont eux-mêmes tendance à se déformer lorsqu'ils restent mouillés un certain temps, et OU il leur arrive même, lorsque le produit hydrofuge dont ils sont enduits vient 2 déteindre, de tacher les documents.

En revanche, les feuilles de polyéthylène, de téflon, de térephtalate de polyéthylène (mylar) de diverses épaisseurs et de divers degrés de transpa- rence, sont beaucoup plus stables.

Les feuilles d'acétate de cellulose ont la même tendance à se déformer que le papier silicon6 et sont peu résistantes dans les petites épaisseurs d'usage courant.

Les supports rigides perméables les plus courants sont les résilles de métal inoxydable ou de fibres synthétiques 5 mailles de dimensions variables tendues sur un châssis qui leur confère la planéité et la rigidité voulues. Ce type de support est particulièrement commode sous forme de chemises 5 l'inté- rieur desquelles on place les documents détériorés au point de ne pouvoir supporter aucune sorte de manipulation. I1 est prudent, en tout état de cause, de coucher tout d'abord le document sur un support perméable souple qui empê- chera qu'il ne s'érafle au contact des mailles et, le moment venu, permettra de l'extraire plus aisément de la chemise rigide.

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- 59 - On citera, entre autres supports rigides imperméables, les plaques de

métacrylate transparent et de PVC. Bien qu'elles soient très commodes pour certains travaux, il peut néanmoins arriver que le document reste collé à leur surface et ne s'en détache que très difficilement. C'est pourquoi il vaut mieux, quand on utilise ce type de support, intercaler un support souple comme on le fait avec les chemises dont il est question au paragraphe précédent.

I1 est très utile, dans certains procédés de nettoyage par lavage, de recourir 2 une planchette de bois, de liège ou autre matériau flottant qui sert à maintenir le document à un niveau stable à partir duquel une simple poussée suffit à immerger le support et permettre ainsi au nettoyant ou au solvant d'agir.

Sont à éviter, pour les supports, tous les matériaux comme le verre, dont la fragilité est source d'accidents.

Les plaques perforées métalliques ou autres ne sont pas davantage recom- mandées, car les orifices eux-mêmes peuvent être cause de détérioration par déformation ou déchirement.

6.3.4.5 Immersion et sortie du bain. L'expérience montre que c'est au cours de ces deux opérations, et surtout de la seconde, que se produisent le plus de dégâts durant le processus de restauration. La moindre maladresse au moment où le document mouillé a perdu sa consistance normale, peut entraher des déchi- rures. Ce type d'accident est assez courant, lorsqu'on traite un grand nombre de feuilles dans un même bain ou lorsque, ayant constaté quelque anomalie dans les encres ou le support même, on sort brusquement le document du bain.

Si l'on veut éviter l'accident, il ne faut à aucun moment oublier que c'est précisément dans l'apparente facilité de la tâche que réside le plus grand danger. Le risque est pratiquement nul si le document est placé dans un support du type chemise, rigide et perméable, et si l'on opère avec toute la lenteur voulue.

Cela dit, on se sert le plus souvent de supports souples - sans l'être toutefois au point de ne plus constituer une protection pour le document - et perméables.

Immersion. Le mieux - et le plus sûr - est de placer le document entre deux plaques souples et perméables et d'introduire ce sandwich dans le bain selon un angle de pénétration d'environ 45". On évite ainsi d'emprisonner sous le document des poches d'air susceptibles de gêner l'opération, surtout s'il se forme une grande quantité de bulles qui risqueraient de provoquer des défor- mations et des déchirures.

Cette manière de procéder permet également d'éviter les distensions qui se produisent quand on plonge le document horizontalement, puisque celui-ci se mouille progressivement et ne se met à l'horizontale que lorsqu'il atteint le fond de la cuvette ou le lit formé par les pièces précédemment immergées et qu'il demeure pris entre ses supports protecteurs pendant toute la durée du bain.

Si l'on préfère le système de la planchette flottante, il suffira, une fois la chemise en place, d'incliner doucement la planchette jusqu'à ce que le liquide vienne mouiller le document, dans sa totalité ou dans la zone 5 traiter.

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Sortie du bain. On saisit la chemise par les deux coins d'un même côté et on l'a sort du bain comme on l'y a fait entrer, c'est-à-dire en biais, en veillant à ce que le document qu'elle contient ne s'en échappe pas pendant l'opération. On se servira du bord de la cuvette comme appui pour faciliter la manoeuvre, et surtout, pour essorer sommairement au passage .la chemise et son contenu.

Une fois le tout hors du bain, on peut, en veillant toujours 2 ce que le document ne glisse pas d'entre les deux plaques protectrices, en éliminer les restes de liquide par égouttement, en plaçant la chemise presque verticalement au-dessus de la cuvette, de manière que ses bords inférieurs soient proches de la surface du bain. Le liquide s'écoule ainsi plus rapidement et, pourvu que l'opération soit conduite sans hâte, elle ne pose aucun problème et n'offre aucun danger.

Cette derniere opération est bien sûr à éviter lorsque le document est relativement lourd ou qu'il n'y a pas assez de liquide pour faire adhérer le document A son support de protection. I1 convient alors, mais dans ce cas seulement, de déposer la chemise et son contenu sur une surface plane et d'attendre qu'elle sèche.

6.3.4.6 Mesures de Drotection des encres et autres constituants du tracé au cours du processus de restauration : fixatifs. 11 faut avant toute

chose, même si l'on est très expérimenté, vérifier la stabilité des encres préalablement à tout traitement aussi bien 5 sec que par immersion.

Ce n'est qu'après avoir effectué les essais appropriés de résistance à l'abrasion ou au simple frôlement et, surtout, aux liquides que l'on se propose d'utiliser, que l'on peut décider du traitement 5 appliquer. Lorsqu'on s'aperçoit aux essais que l'encre s'efface, se dilue ou coule, il faut soit renoncer au traitement, soit appliquer un fixatif. I1 convient, avant de recourir A ce type de protection, d'en étudier avec soin les avantages et les inconvénients, car elle peut avoir des effets secondaires qu'il importe de bien connaître afin d'agir en conséquence.

Ces effets secondaires se traduisent essentiellement par un changement de texture pour les dessins au fusain, pastel et techniques similaires dont les pigments s'amalgament et qui perdent alors leur aspect caractéristique. Les fixatifs peuvent également faire apparaitre des brillances, ce qui dénature l'apparence originelle des dessins, et parfois même faire virer certaines couleurs. Avec le temps, il arrive que l'on constate un jaunissement super- ficiel, qui est dû au vieillissement, en général par oxydation. Tous ces effets sont d'autant plus accusés que l'on emploie de plus grandes quantités de fixatif. C'est pourquoi il convient, A chaque fois que cela est possible, d'en appliquer le moins possible et de l'éliminer, une fois qu'il a rempli son off ice.

Les fixatifs doivent présenter certaines qualités, A savoir assurer une protection efficace contre les moyens et procédés que l'on se propose de mettre en oeuvre, ne pas nuire à l'intégrité du document et pouvoir s'enlever de manière à ne pas endommager l'oeuvre.

11 est des cas OU il vaut mieux ne pas éliminer ces fixatifs, notamment quand on pense que l'action protectrice qu'ils exerceront compensera largement d'éventuels effets secondaires.

En tout état de cause, le fixatif est un élément étranger au document original, que l'on doit employer avec mesure et en prenant soin d'en signaler l'application au cours du processus de restauration, car c'est là un élément d'information qu'il importe de connaïtre dans l'éventualité d'un nouveau traitement.

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I Tous ces produits recollent les encres ou les couvrent. Autrement dit, ils ont une action mécanique, à la différence d'autres substances, expérimen- tées jusqu'ici sans grand succès, dont l'action est d'ordre chimique ou repose sur le principe de l'attraction électrostatique.

I1 est de la plus haute importance de choisir un fixatif qui ne soit en aucune manière affecté dans ses caractéristiques par l'un des produits inter- venant dans le processus de restauration. Autrement, les résultats obtenus seraient nuls, voire contraires aux effets recherchés, en ce sens que des taches pourraient apparaître ou que la fixation pourrait être irrégulière.

Ces fixatifs s'emploient localement ou sous forme de couche protectrice sur toute la surface du document. Ils s'appliquent par pulvérisation - on prendra soin alors, si l'on se sert d'un produit préparé à l'aide d'un solvant inflammable, de travailler loin de toute flamme ou étincelle - ou par, impré- gnation au pinceau ou autres moyens analogues.

Les fixatifs qu'on emploie d'ordinaire sont plus ou moins concentrés selon, essentiellement, la porosité du support et le degré d'adhérence sou- haité. I1 est d'ailleurs impossible de définir avec précision les concentra- tions correspondant à chaque cas pour la simple raison que la plupart de ces produits sont 2 base de solvants volatils et qu'il est difficile de maintenir un degré de concentration stable, du fait que l'évaporation du solvant tend à 1'accroTtre continuellement. On prépare donc en général une solution fortement concentrée que l'on dilue ensuite plus ou moins suivant les besoins.

Les fixatifs les plus couramment utilisés et les solvants correspondants sont les suivants :

Gélatine pure. Elle se prépare au bain-marie, à une température d'environ 40°C, à raison de 30 g par litre d'eau.

I1 n'est, on s'en doute, pas possible d'utiliser la gélatine pour les traitements à l'eau, surtout à l'eau tiède, et elle ne peut donner que des résultats peu satisfaisants dans le cas des bains à l'eau froide. Elle est en revanche parfaitement efficace dans les traitements aux solvants non aqueux et peut ensuite demeurer sur le papier dont elle est, en fin de compte, un des constituants naturels.

Gélatine pure (3 X) durcie au formol (1,5 X). Additionnée de formol, la géla- tine peut être utilisée comme fixatif-consolidant, même lorsqu'on envisage un traitement aqueux. Le formol a pour effet de durcir irréversiblement la gélatine. C'est pourquoi il faut éviter tout excès de fixatif susceptible de rigidifier dangereusement le papier et de le rendre cassant. I1 est possible, dans certains cas, d'incorporer à ce mélange un peu de mélasse ou autre susbtance analogue, par exemple de la glycérine ou des glycols, pour donner plus de souplesse au papier traité.

Acétate de cellulose dilué dans de l'acétone. Cette solution donne une bonne pellicule protectrice. I1 faut éviter d'utiliser cette solution naturellement transparente en milieu trop humide ou de mêler de l'eau à l'acétone, car elle formerait alors un voile blanchâtre.

Paralold dilué dans des solvants azotés, du xylène ou du toluène.

Nylon soluble dilué dans de l'alcool chaud. I1 doit être appliqué tiède.

Mowilithe dilué dans de l'acétone, du xylène ou du toluène.

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- 62 - Fixatifs du commerce. 11 existe dans le commerce toute une gamme de produits spécifiquement destinés 6 la fixation des dessins. La plupart d'entre eux sont des résines acryliques présentées en bombes, dont l'application est très pra- tique et très simple.

I1 conviendra de choisir, parmi les produits disponibles, celui qui offre les meilleures garanties de réversibilité et le plus faible indice de jau- nissement aux essais de vieillissement. Les plus courants sont les suivants : Fixier Spray (Pelikan), Taker, Krylon, Krilac, Regnal.

Crayon gras. On obtient parfois de très bons résultats en repassant sur les traits fins de certaines écritures avec la pointe d'un crayon gras ou d'une mine analogue. Pour en éliminer les traces, il suffit en général d'un simple gommage et il est rarement nécessaire d'achever l'opération à l'aide d'un solvant. I1 va de soi que ce procédé ne convient que pour les traitements aqueux ou les bains qui ne contiennent pas de solvants gras.

On trouvera dans la partie consacrée aux consolidants une autre série de produits qui, de par leurs caractéristiques , peuvent également servir de fixatif s.

6.3.5 Désinsectisation, désinfection, stérilisation. Depuis l'adoption de matériaux organiques comme support de l'écriture, les espèces bibliophages - - passent, en raison des ravages qu'elles provoquent, pour liun des fléaux les plus redoutables pour ce type de bien culturel.

Déjà dans les archives primitives, on conservait les documents dans des récipients de céramique ou de bois dont on renforçait l'action protectrice en l'imprégnant de substances balsamiques destinées 2 repousser les espèces qui en menaçaient le contenu.

Par la suite, on a enrichi la panoplie de ces moyens de défense et d'attaque de certaines substances d'origine minérale (chaux, mercure, soufre ...) ; les alchimistes qui les préparaient selon des formules plus ou moins complexes en accompagnaient l'application d'invocations contre le terrible fléau des insectes qui figuraient dans les premières pages de leurs ouvrages et qui étaient censées en renforcer l'efficacité.

C'est à partir du XIXe siècle qu'on a commencé à mettre scientifiquement au point des techniques et moyens qui ont peu à peu donné naissance à une véritable industrie des produits de lutte sanitaire.

De nos jours, quiconque veut entrer dans la lutte "microbiologique" trouve dans le commerce une vaste gamme de produits lui permettant de com- battre, en général ou en particulier, toutes sortes d'espèces indésirables.

I1 existe, pour lutter contre les espèces bibliophages, des moyens et procédés de caractère chimique, physique et biologique.

6.3.5.1 Moyens et procédés chimiques. Les produits 2 action chimique sont des composés organiques, minéraux ou synthétiques dont on exploite la toxicité pour détruire les espèces bibliophages. Cette catégorie comprend les bacté- ricides, les fongicides, les insecticides et les raticides, eux-mêmes classés en poisons par ingestion, contact ou inhalation, suivant leur mode d'action.

Les poisons par ingestion ou inhalation agissent sur l'individu, tandis que ceux qui opèrent par contact affectent la communauté. Dans l'un et l'autre cas, leur action peut être immédiate ou différée, selon qu'ils attaquent directement un organe vital , engendrent un déséquilibre chimique dans l'orga- nisme ou provoquent la coagulation ou l'oxydation du protoplasme.

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L'inconvénient de ces produits est que, si l'on maTtrise mal leur utili- sation et qu'on les applique en doses excessives ou insuffisantes, on parvient à des résultats négatifs - gaspillage et risques mortels pour l'homme dans un cas et inefficacité dans l'autre.

Etant donné les dangers que présente leur emploi - tous en somme sont des poisons mortels - ils doivent être manipulés et appliqués par du personnel spécialement formé.

Ils s'appliquent par sublimation, pulvérisation ou fumigation, suivant qu'ils se présentent sous forme solide, liquide ou gazeuse. Les solides en solution ou en suspension ont une action plus prolongée, mais leur pouvoir de destruction est moindre.

Les solides sublimables ont une faible capacité de pénétration ; à moins d'être appliqués en fortes concentrations, s'ils font fuir les espèces bibliophages, ils ont un pouvoir de destruction relativement faible. Les plus couramment utilisés sont les suivants :

- paradichlorobenzène (225 g/m3) - thymol (30 g/m3) - paraformaldéhyde (5-6 g/m3)

On dépose ce genre de produits dans des récipients judicieusement répar- tis dans le local, sur les étagères, dans les armoires, etc.

I1 en est d'autres comme l'orthophénylphénol, le sel sodique (1 à 5 % dans de l'alcool et de l'eau), qui peuvent être incorporés aux colles natu- relles ainsi qu'aux autres produits et matériaux présentant des caractéris- tiques propices au développement des insectes ou des micro-organismes.

Les liquides donnent le maximum de résultats lorsqu'ils sont appliqués par imprégnation. C'est pourquoi ils constituent la meilleure solution pour lutter contre les xylophages qui s'attaquent au mobilier ou aux éléments de bois des édifices. Les produits du commerce ont en général un aspect gras dÛ aux solvants qui entrent dans leur composition et doivent être appliqués avec toutes les précautions nécessaires pour ne pas tacher le papier.

Pour traiter les documents graphiques, on utilise habituellement les produits suivants :

- formaldehyde : - traitement général du local : - en enceinte close: 250 g/m3 à 30" C de température et 60 X d'humi-

100-150 cc/litre d'eau/100 m3 pendant 48 heures

dité relative pendant 24 à 48 heures

- pentachlorophénol sel sodique : 10-50 g/litre d'eau/100 m3 - phénol : 2,5 g/litre d'alcoo1/100 m3 - parachlorométacrésol : 50 g/litre d'éthanol et d'eau à parts égales/100 m3.

- paradichlorobenzène : 225 g/litre d'alcool/m3.

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- 64 - ils peuvent être appliqués par imprégnation, mais aussi par pulvérisa-

tion, laquelle peut être pratiquée & l'aide de pulvérisateurs industriels équipés d'un dispositif automatique.

Les produits gazeux appliqués par fumigation ont une action rapide. L'immédiateté de leurs effets et leur propreté de mise en oeuvre font d'eux, à n'en pas douter, les produits les plus efficaces dans cette lutte contre les agents de détérioration biologique, surtout lorsqu'il s'agit de combattre une invasion dans les locaux d'un dépôt d'archives ou d'une bibliothèque.

Tou.tefois, pour les espèces bibliophages qui sont aussi sylophages et se reproduisent dans la menuiserie du local, on a intérêt à combiner les produits gazeux et liquides, afin de venir rapidement et complètement à bout des adultes et des larves.

Les produits gazeux les plus courants sont :

- l'oxyde d'éthylène, qui a un pouvoir insecticide, fongicide, bactéri- cide, voire stérilisant ;

- le bromure de méthyle qui est un insecticide. Pour les appliquer à l'état pur, il faut des enceintes sous vide ou en

surpression spéciales (cf. par. 4.2.3.2), surtout pour l'oxyde d'éthylène qui, combiné à l'air, est fortement explosif.

Ces deux produits étant très toxiques, leur manipulation requiert cer- taines précautions (port du masque, emploi d'appareillages spéciaux, etc.).

I1 existe néanmoins dans le commerce un produit qui permet d'employer l'oxyde d'éthylène - plus efficace que le bromure de méthyle - sans s'exposer aux dangers susmentionnés : il s'agit d'un mélange contenant 10 Z d'oxyde d'éthylène et 90 Z d'anhydride carbonique ou de fréon.

Sous cette forme, on peut l'utiliser dans n'importe quel récipient, ar- moire, vitrine, etc., à fermeture hermétique ainsi que dans les pièces ou locaux que l'on peut sceller, afin d'éviter les fuites. Pour obtenir ce type de fermeture, on se sert de mastic ou de bandes adhésives spéciales.

Il est, dans tous les cas, impératif de prendre toutes précautions pour éviter la formation de poches de gaz qui seraient source de danger. Il faut en outre, pendant la durée du traitement, éloigner tout ce qui serait susceptible de produire une flamme ou une étincelle.

Ce mélange, que l'on utilise habituellement en doses de 1 & 3 kg pour 10 m3, s'applique directement & l'aide de la bouteille d'origine, laquelle est munie d'un détendeur permettant de régler la sortie du gaz.

Pendant le traitement - qui peut durer de 48 3 72 heures - la température ambiante doit rester supérieure 3 15" Cy le gaz perdant en deçà son effica- cité. La température idéale se situe entre 18 et 21" C et il convient en tout état de cause qu'elle ne dépasse pas 30" C.

Une fois la fumigation achevée, il importe de bien aérer le local et les documents avant d'en autoriser la manipulation par le personnel et par les lecteurs.

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I1 ne faut pas oublier que ce type de fumigation a un pouvoir exclusive- ment curatif et qu'il est indispensable de procéder ensuite aux traitements préventifs appropriés, si l'on veut éviter qu'à peine détruites, les espèces bibliophages ne fassent leur réapparition ; en effet, les insectes 2 l'état de chrysalides peuvent fort bien sortir indemnes du traitement et recommencer leur cycle de reproduction et leurs ravages quelques jours après que le gaz a cessé d'opérer.

I1 peut arriver aussi que, très vite, de nouvelles espèces envahissent les locaux OU rien ne s'oppose 2 leur installation puisque, nous l'avons déjà dit, les effets du gaz ne durent guere que quelques jours, voire quelques heures.

C'est pourquoi il est prudent de renouveler le traitement de désinsecti- sation-désinfection dans les 15 à 20 jours et d'appliquer rigoureusement les mesures de contrôle nécessaires pour prévenir le retour de ces espèces qui sont un fléau pour ces biens culturels que sont les livres et les documents.

6.3.5.2 Moyens et procédés physiques. Comme ils ne sont pas mortels - la plupart d'entre eux étant simplement des facteurs dissuasifs (froid, chaleur, vibrations, lumière, etc.) - les systèmes multiples et variés de cette caté- gorie ont été rangés parmi les moyens de lutte dont il est question dans la partie 5.

I1 vaut néanmoins la peine de mentionner deux techniques qui ont un grand pouvoir de destruction, bien qu'elles ne soient, à vrai dire, pas toujours recommandées dans la mesure où elles peuvent attaquer la cellulose.

Ces techniques sont les suivantes :

Radiations. Grâce 5 leur pouvoir de pénétration, les rayons gamma ainsi que les rayons X ont une action bactéricide. Leur utilisation est complexe, car elle nécessite des 'installations particulières et ne se justifie que dans certains cas précis, dans lesquels elle donne d'ailleurs de bons résultats, pourvu que l'on ne prolonge pas trop l'exposition, étant donné les effets nocifs bien attestés que ces radiations exercent sur la cellulose.

Décharges électriques. Les décharges électriques de haute fréquence ont une action de désinsectisation, et même de désinfection, mais elles échauffent les objets qui y sont exposés et risquent par conséquent d'enflammer le papier.

6.3.5.3 Moyens et procédés biologiques. I1 est des espèces non bibliophages avec lesquelles bon nombre d'espèces ne peuvent cohabiter, du fait qu'elles leur servent de proie. Par exemple, certaines araignées, certaines fourmis et certains champignons attaquent le poisson d'argent (lépisme) , de même que les guêpes attaquent les cafards et divers anobidés certains champignons.

Peut-être, dans un proche avenir, parviendra-t-on à tirer parti de ce phénomène, encore inexploité, pour venir à bout des invasions d'insectes bibliophages, quitte à devoir ensuite éliminer les prédateurs. On peut penser que cela ne sera pas difficile puisque l'on fera appel à des espèces qui ne se plaisent pas dans les archives et bibliothèques.

6.3.6 Nettoyage. Par nettoyage, on entend toute action destinée 2 éliminer les traces de saleté ou les ajouts qui déparent l'ouvrage ou portent atteinte à son intégrité originale.

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- 66 - Pendant des siècles, la restauration des documents graphiques a consisté

essentiellement, voire exclusivement, à les nettoyer car on en appréciait surtout l'apparence et la propreté. En témoigne la multitude des techniques, produits et "recettes" que nous a léguée le passé. Nous classerons ces pro- cédés, parmi lesquels nous avons opéré un tri et auxquels nous avons ajouté certaines nouveautés en quatre catégories suivant leur m3de d'action : net- toyage mécanique ; application de solvants ; lavage et blanchiment.

Le choix de la méthode et des agents qui conviennent le mieux aux opéra- tions de nettoyage dépendent de l'intensité et de l'étendue de la saleté et des taches, d'origine très diverse, qui se présentent généralement sous la forme suivante : particules solides superficielles ; substances grasses ; suspensions ou solutions aqueuses ; oxydation du papier et pigmentations microbiologiques .

I1 est très important d'identifier la nature de ces éléments de dégra- dation, car chacun d'eux réclame un traitement particulier. Une erreur de diagnostic peut amplifier les dégâts, par suite de l'application d'un procédé inadap t 6.

Taches provoquées par des particules solides (pollution, manipulation, etc.). Elles sont faciles 2 déceler du fait qu'elles restent en surface et appa- raissent sur l'une des faces du papier uniquement. Elles se repèrent tout simplement au toucher (les particules sont entraïnées par le doigt comme dans un estompage) ou 2 l'aide d'une substance abrasive douce, telle qu'une simple gomme. L'élimination de ce type de saleté superficielle doit se faire par nettoyage mécanique ; en principe, tout traitement à base d'eau ou d'autres liquides qui risquent de faire pénétrer les particules dans la structure même du papier et d'en empêcher ainsi l'élimination totale, est à proscrire.

Taches de graisse. Elles sont uniformes, d'un brun-marron foncé et leurs contours sont flous. Elles ont une forme arrondie et apparaissent sur les deux faces du papier mais avec plus d'intensité sur celle qui a été touchée en premier. La graisse s'oxyde avec le temps et se transforme en particules solides qui ne sont plus ni solubles, ni dispersables dans leur solvant normal. Lorsque ce type de taches résistent aux solvants habituels, il ne reste plus qu'à les éliminer par blanchiment ou "saponification''.

Taches par suspensions aqueuses (encres , tampons, macules, humidité.. .) . Suivant l'origine de la substance salissante, il en existe deux sortes :

- Taches provoquées par des substances tinctoriales qui colorent le support. En général, elles n'apparaissent que sur une seule face, car leur densité les empêche de pénétrer dans la structure du papier. Elles ont des contours précis et, en les humidifiant, on peut les faire apparartre au verso car l'eau agit comme solvant et favorise la pénétration du colorant.

- Taches provoquées par l'eau seule (inondations, fuites d'eau). Ces taches , dites "d'humidité'' ou "d'eau'' ont pour caractéristique de présenter un front d'attaque qui coïncide avec la trajectoire de pénétration. Le contour de l'auréole s'intensifie petit à petit, en laissant sur le passage de l'eau une zone plus propre que la surface qui n'a pas été mouillée. Cela s'explique par le déplacement des particules de saleté qui, aussi bien à la surface qu'à l'intérieur du papier, sont entraînées par la pénétyation capillaire de l'eau.

La trace se voit sur les deux faces du papier et sa coloration dépend des particules accumulées.

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Dans les deux cas, le traitement adéquat est le lavage.

Taches provoquées par l'oxydation d'éléments métalliques, de la cellulose même ou d'autres substances organiques incorporées dans le papier, ainsi que par les pigmentations microbiologiques (champignons et bactéries). On les re- connaït à leur coloration typique d'un brun jaunâtre. Si la tache recouvre la surface entière de la feuille, c'est qu'elle est due à l'acidité structurelle du papier. Si, au contraire, elle forme une petite moucheture avec une colo- ration plus intense au centre, il s'agit alors de particules métalliques et de leur effet oxydant. Lorsque la moucheture est d'origine microbiologique, on le reconnaït parfois à l'aspect velouté du micro-organisme, aspect d'autant plus visible que la tache est grande ; la couleur de celle-ci varie selon la pig- mentation du champignon ou de la bactérie en cause.

Aucune de ces taches n'est soluble ni dispersable. Pour les éliminer, il n'y a rien d'autre à faire que d'en atténuer d'abord l'intensité superficielle par des procédés de nettoyage mécanique, puis de parachever la décoloration 2 l'aide d'un agent de blanchiment.

Ainsi, un document graphique peut comporter divers ajouts (pièces, seconds supports, renforts, etc.) ou souillures (taches provoquées par des pigmentations solides ou diluées, dues à des facteurs chimiques , biologiques , etc.) dont l'élimination requiert des traitements particuliers.

Leur nettoyage s'effectuera au moyen des traitements suivants :

6.3.6.1 Nettoyage mécanique. Toujours réalisé avec des éléments secs, il a pour but d'éliminer les substances solides, présentes sur la surface du support.

Le plus souvent, les taches sont dues à la poussière, à la pollution atmosphérique ou à la désintégration même de l'objet ; également aux frotte- ments, aux manipulations ou aux pigments solides qui restent accrochés à la surf ace.

Cette opération de nettoyage implique évidemment un traitement direct de la zone souillée et l'on doit veiller tout spécialement à ne pas endommager l'écriture ni les parties du document à traiter. Comme l'on se servira de produits plus ou moins abrasifs, il faudra protéger le reste de l'ouvrage.

Les moyens et les procédés les plus couramment utilisés dans le nettoyage mécanique sont les suivants :

Enceinte, Sorbonne ou table. Lors de cette phase de nettoyage, les particules solides incrustées dans le document se détachent ; il faut donc les évacuer pour les empêcher de se réinscruter ou de contaminer le lieu d'intervention. C'est pourquoi on opérera dans un endroit spécial mis hors poussière, au moyen d'une enceinte, d'une Sorbonne ou d'une table équipées d'un dispositif d'as- piration ou d'extraction de l'air chargé des particules détachées du document.

Dans une enceinte ou une Sorbonne, l'idéal serait que l'aspiration se fasse aussi bien par le fond que par les côtés ou le dessus.

Si l'on utilise une table avec aspiration complémentaire, il est bon que l'aspiration puisse se faire de face pour que les poussières aspirées ne s'in- crustent pas au passage sur l'autre face du papier.

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- 68 - Moyens de retirer la poussière :

Aspirateur : C'est un bon système, à condition samment en bon état pour résister 5 la puissance

que le document soit suffi- de l'aspiration.

Pour les documents fragilisés,- il est prudent de les protéger avec une résille en nylon, en métal ou autre matériau analogue qui permette d'aspirer la poussière sans risque pour le document.

Air comprimé soufflé. L'usage du jet d'air n'est pas très indiqué, car il remue la poussière de façon incontrôlée. Dans certains cas, néanmoins, il peut convenir pour nettoyer des reliures ou des documents assez solides. L'opéra- tion doit être réalisée dans une Sorbonne ou sous une cloche équipées d'un extracteur d'air.

Brosses et pinceaux. C'est un bon système pour retirer la poussigre. I1 faut divers types de brosses ou de pinceaux, de différentes grosseurs et de diffé- rentes duretés.

Produits et outils abrasif s.

Gommes à effacer sous forme de pastilles, de bâtons, de granulés ou de poudre. C'est l'un des meilleurs moyens pour éliminer la saleté superficielle.

On peut utiliser des gommes plus ou moins dures, pourvu qu'elles ne tachent pas et ne soient pas grasses. Pour savoir si une gomme a ce défaut, on l'essaie sur un papier blanc sur lequel on répand ensuite un peu de poudre de pastel ou de carbone ; si les particules de poudre adhèrent, c'est que l'élément employé est gras.

En employant alternativement des gommes douces et des gommes dures, on réussit à éliminer la plupart des taches superficielles provoquées par des colorations solides. La dureté de la gomme et l'intensité de l'opération seront fonction de la sensibilité du support qui ne doit, en aucun cas, en souffrir.

Les gommes en poudre sont très utiles. Elles se présentent sous la forme d'un petit sac qui contient de la gomme pulvérisée ; en s'en servant comme d'un tampon, on fait sortir les particules de gomme du sachet avec lequel on frotte la surface du document. Cette technique a un bon champ d'action et est très douce. Les particules de gomme s'encrassent petit à petit, preuve de leur action nettoyante. Aussi, une fois leur mission accomplie, les particules sales doivent-elles être éliminées. I1 suffit de donner un petit coup pour que le tampon libère une nouvelle quantité de poudre de gomme propre. I1 faut éviter que le tampon lui-même ne s'encrasse et n'aille salir les zones propres du document.

Pour nettoyer de grande surfaces, il est très recommandé d'utiliser des machines à effacer. Elles sont composées d'un petit moteur, qui fait tourner un axe sur lequel on place une gomme de forme cylindrique, dont on peut varier la dureté.

Brosses en fibre de verre ou en nylon. Ces brosses ont un grand pouvoir abrasif et conviennent particulièrement bien à l'élimination des particules agglomérées en surface. Elles ont le même effet qu'un papier de verre très fin. On les utilise'sous forme de crayons ou montées sur un tour.

Poudre de glaise ou de substance analogue. Cette poudre, douce au toucher, aux particules très fines, sert à éliminer les taches superficielles semi-dures. Son action abrasive est très douce, ce qui permet d'en contrôler facilement les résultats.

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- 69 - Rubans autocollants et gommes absorbantes. Le pouvoir adhésif de ces

produits permet de retirer de la surface du papier la poussière ou les particules qui s'y sont déposées. On les applique directement, avec douceur et sans trop appuyer afin d'éviter qu'ils n'adhèrent totalement. On doit procéder comme s'il s'agissait d'un tampon qui, appliqué au document, retient les particules de saleté grâce 2 son pouvoir agglutinant.

Racloirs et papier de verre. Certaines taches superficielles, provoquées par des agglomérés solides situés en partie ou en totalité à la surface, peuvent être supprimées à l'aide d'un racloir ou même d'un outil coupant, à condition de le manier avec suffisamment d'habileté pour ne pas aggraver le mal.

On peut même employer un scalpel ou un canif pour éliminer ce genre de taches ou les substnces solides, et jusqu'à un papier de verre moyennement dur.

6.3.6.2 Nettoyage 2 l'aide de solvants non aqueux. Les taches que font sur le papier des substances non aqueuses sont très courantes et l'on ne peut les éliminer qu'en recourant à certains solvants dont l'action est appelée 'I nettoyage à sec", car leur volatilité próvoque un séchage rapide que l'on doit parfois freiner pour éviter une déshydratation excessive du papier.

Le pouvoir nettoyant de ce type de solvant ne va pas, cependant, sans certains inconvénients qu'il faut connaïtre pour éviter les risques ou les déboires : toxicité, inflammabilité, incompatibilités, etc.

Ces solvants s'appliquent en bain ou localement, à l'aide d'un pinceau ou, mieux, de tampons de coton ou de papier absorbant ou encore sous forme de pâte, agglomérés à de la poudre de talc ou de glaise ou à de la pate 5 papier.

En général, on commence par un traitement local que l'on complète ensuite par un bain. On en augmente l'effet si l'on agit à une température supérieure à la température ambiante. I1 faut tenir compte des risques d'inflammation et même d'explosion dus au rechauffement. L'opération ne doit jamais être effectuée en présence d'une flamme ou d'une étincelle.

La manipulation de ces solvants doit se faire dans une enceinte ou une Sorbonne, car la plupart d'entre eux ont des effets toxiques. En outre, le rechauffement - de préférence au bain-marie - doit être effectué sur une plaque électrique blindée.

Le tableau ci-après donne une liste des solvants les plus courants et des produits qu'ils éliminent :

Taches Solvants

Vernis Boue Brai Cire

Rub an au to collant

Gr ais se

Alcool éthylique ou méthylique, acétone Eau et ammoniaque Ether de pétrole Hexane, éther de pétrole, toluène, chloroforme

Chloroforme, dichlorométhane, acétone, alcool naphte

Trichloroéthylhe, perchloroéthylène, éther de pétrole, essence de térébenthine, diméthylformmamide, tétrachlorométhane

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Rouille Laque Encre d'aniline Encre pour stylo à bille Encre à tampon

Acide oxalique (3 X) récemment préparé Acétone , alcool, xylène , toluène Alcool Diéthyléneglycol, alcool Acide acétique, éthanol

6.3.6.3 Lavage, Une grande partie des taches qui souillent les documents graphiques sont dues à des substances en suspension ou dissoutes dans l'eau. On ne peut les éliminer qu'en plongeant le document dans une quantité plus ou moins grande d'eau afin de les disperser ou de les dissoudre à nouveau, une fois qu'elles se sont détachées du papier dans lequel elles étaient incrus- tées. Voilà pourquoi le traitement à l'eau est indispensable malgré les risques qu'il présente de fragiliser le papier ou de diluer les encres au cours de l'opération.

Le traitement aqueux est donc à recommander, pourvu que l'on prenne ies mesures de protection nécessaires pour empêcher tout accident. On a la preuve en effet qu'une fois sec, le papier a de meilleures propriétés physiques, un plus bel aspect et est surtout plus consistant, grâce au renforcement des liaisons chimiques interfibrillaires, et A l'élimination des résidus ou 616- ments de remplissage qui affaiblissaient cette liaison.

I1 ne faut pas cependant utiliser n'importe quelle eau ; les plus effi- caces sont les eaux dures à forte teneur en calcium et exemptes de fer, de cuivre et de chlore, qui ont de ce fait une action régulatrice du pH. I1 n'est pas recommandé d'employer l'eau distillée ou l'eau désionisée, car elles absorbent les ions du papier pour récupérer ceux qu'elles ont perdu pendant leur distillation ou leur désionisation. Le papier s'en trouve bien entendu fragilisé, mais il est des cas OU l'emploi de telles eaux est bénéfique, quand il s'agit par exemple d'éliminer des taches dont la structure chimique est telle qu'elles seront absorbées par ce type d'eau. Ce phénomène d'absorption des ions de la cellulose se régule ou s'annule par l'adjonction d'une quantité déterminée de bicarbonate ou d'hydroxyde de calcium (0,l 5 1 X).

La durée des traitements A l'eau est fonction de la qualité des supports et de la température du bain.

Un papier de qualité ordinaire peut rester stable dans un bain prolongé d'eau à basse température, alors que les encres risquent de se décoller ou de se dissoudre. La stabilité du papier comme de l'encre sera d'autant moins grande que la température de l'eau sera élevée, car il se produit alors un ramollissement des liants et un affaiblissement des liaisons chimiques inter- f ibrillaires.

Sauf exception, il n'est pas recommandé d'opérer 2 des températures infé- rieures à 15" C. La température idéale est la température ambiante. Pour éviter les fluct,uations de température au cours du traitement, il est bon d'utiliser des cuvettes ou des bacs ?t thermostat équipés en outre de systèmes de renouvellement de l'eau, ce qui est très pratique pour les traitements de rinçage approfondi.

On peut renforcer l'action de l'eau par l'adjonction de détergents, d'agents colloïdaux ou d'enzymes.

Détergents. Les détergents sont des substances mouillantes (elles abaissent la . tension superficielle de l'eau) ; ils exercent de ce fait sur les huiles et les graisses une action émulsionnante qui en facilite l'élimination. La saleté due à la pollution atmosphérique est formée de particules solides ou non, recouvertes d'une couche de substance grasse qui les rend hydrofuges et par conséquent insolubles dans l'eau.

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Pour les éliminer, il faut incorporer à l'eau un agent qui attaque cette couche de graisse et libère la particule qui, une fois débarrassée de cette matière agglutinante, pourra se disperser ou se diluer.

Outre cette action dégraissante, les détergents entourent les particules débarrassées de leur gangues de graisse, d'une émulsion hydrofuge qui les empêche de se regrouper dans l'eau et en facilite l'expulsion lors du rinçage final.

Cependant, les savons sont des détergents qui contiennent des éléments chimiques - sels alcalins des acides gras - qui peuvent, eux aussi, endommager la cellulose. On ne doit utiliser que les savons - dit neutres - dont l'inno- cuité est avérée, et même ainsi il est nécessaire d'en éliminer toute trace par un copieux rinçage du document à l'eau pure.

Le dosage varie suivant la quantité et la résistance de la tache et du papier. On peut commencer par une concentration à 10 %.

Les détergents les plus courants sont les suivants : lissapol N, teepol G y tergitol, triton 100, nekalin, tween 60 et 80.

Agents colloïdaux. Une fois dispersés ou dissous dans l'eau, certains solides ont le pouvoir de retenir les particules de saleté qui se détachent au cours du bain. Leur action empêche la saleté de se réposer.

Le dosage de ces agents varie également et il faut tenir compte du fait que beaucoup de détergents en contiennent déjà dans leur composition.

Les plus courants sont les suivants : bentonite, saponine, pulpe de savonnier et surtout méthylcellulose et carboxymethylcellulose.

Enzymes. Ce sont des substances chimiques produites par les êtres vivants. Ils ont pour rôle d'accélérer les réactions chimiques et, dans le domaine de la restauration, on les utilise pour "ramollir" les colles d'origine naturelle (gelatines et colles d'amidon). Aussi s'en sert-on d'ordinaire pour séparer des feuilles qui sont collées entre elles et pour éliminer les taches de colle.

On peut soit immerger le document entier dans un bain contenant des enzymes, soit appliquer la préparation localement avec un pinceau ou une brosse en nylon (les enzymes abîment le poil naturel).

On doit opérer vite et A température élevée (30 à 40 % C). Après le lavage, on transvase les feuilles dans un bain d'eau froide que l'on renou- velle fréquemment.

Les enzymes les plus couramment utilisées sont : la pancréatine (on la prépare à raison de 5 g par litre d'eau, à 40" C) ; l'amylase et la protéase (on les prépare chacune à raison de 1 g par litre d'eau à 37" C ; on peut les employer séparément ou conjointement , en appliquant d'abord l'amylase puis la protéase).

Toutes ces préparations donnent de meilleurs résultats lorsque le pH est 1 é g è r ement a 1 c a 1 in.

Les enzymes doivent être conservées 5 l'abri de la lumière, dans un lieu frais et de préférence sec.

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6.3.6.4 Blanchiment. Certaines taches possèdent ou acquièrent des caracté- ristiques qui rendent inefficaces les technique de nettoyage mécanique, de lavage ou d'application de solvants ; il devient alors impossible de disperser ou de diluer les particules ou susbtances qui intensifient et altèrent la couleur originelle du document.

Dans ce cas, la seule solution possible est le blanchiment. I1 s'agit d'un procédé chimique qui a pour but de faire disparaTtre la couleur de la tache, c'est-à-dire d'en décolorer petit à petit les éléments constitutifs jusqu'à les rendre blancs.

Pendant longtemps, les restaurateurs qui cherchaient avant tout à rendre leur beauté aux ouvrages ont fait grand usage du blanchiment qui permettait par des opérations simples, d'obtenir des résultats réellement spectaculaires.

Cependant, les mêmes opérations empiriques qui avaient fait le succès de ce traitement vinrent 2 montrer qu'il entraînait une diminution sensible de la consistance des papiers blanchis, voire une désintégration rapide très vi- sible, surtout dans le cas des documents les plus récents.

Différentes études de l'effet des agents de blanchiment ont confirmé cette observation. En effet, la cellulose se trouve attaquée par le produit dont le pouvoir décolorant est directement lié à son pouvoir oxydant. Autrement dit, l'action chimique exercée est principalement une action d'oxydation sur la matière traitée.

Ainsi, en même temps qu'il décolore la tache, l'agent de blanchiment oxyde la cellulose. A son tour, l'oxydation provoque une décoloration par jaunissement et déclenche un processus d'acidification qui entraîne la rupture de la structure moléculaire de la cellulose, d'où un affaiblissement de la consistance du papier.

Les papiers modernes, qui ont tendance à être acides par nature, sont plus sensibles A ce traitement.

Pour toutes ces raisons, le blanchiment est considéré comme un traitement qui peut éventuellement aggraver la détérioration du papier. En conséquence, on ne doit l'utiliser que dans des cas très précis et toujours sous un con- trôle rigoureux afin de limiter les dégâts.

Concrètement, pour le blanchiment par bain, il vaut mieux utiliser des solutions faiblement concentrées que l'on renouvelle fréquemment ; dans le traitement local, en revanche, il vaut mieux des concentrations plus fortes.

Le risque d'une détérioration par les produits chlorés est faible ou même nul si le document est alcalin (pH 8 à lo), l'oxydation néfaste ne se produi- sant qu'en milieu, acide. Aussi, est-il impératif, avant de procéder au blan- chiment, de laver et de désacidifier le document. Après le blanchiment et pour prévenir les effets secondaires de l'agent utilisé, on effectue un nouveau lavage et un traitement neutralisant (antichlore) . Enfin, on applique un désacidifiants qui laissera au papier une alcalinité suffisante.

I1 faut tenir compte du fait que la décoloration des taches entraine la formation d'acides, notamment organiques, qui ont p'our effet d'abaisser le pH du bain de blanchiment. L'acidité fait donc s'accélérer de plus en plus la réaction de blanchiment. Aussi est-il recommandé d'équilibrer le pH en ajou- tant des substances alcalines qui permettront de le stabiliser entre 9,5 et 10. Les dégâts seront ainsi aussi réduits que possible et on pourra en outre contrôler la vitesse de blanchiment.

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Outre par des techniques gazeuses dont l'utilisation requiert des en- ceintes spéciales, on peut effectuer le blanchiment par bain (système le plus efficace), par pulvérisation (peu recommandée) et par application locale avec un pinceau, une brosse, un tampon de coton ou une pâte associant un agent col- loïdal (voir nettoyage) et un agent de blanchiment.

Agents de blanchiment les plus courants :

Hypochlorite. Les plus connus et les plus utilisés sont l'hypochlorite de so- dium et l'hypochlorite de calcium, car ils sont faciles à utiliser et bon mar- ché ; cependant, un usage inconsidéré peut les rendre très dangereux. Ils sont en effet extrêmement puissants 2 telle enseigne qu'ils sont seuls capables de décolorer les taches dues 5 des micro-organismes.

Ces deux agents ont des effets similaires, cependant l'hypochlorite de sodium, en raison de l'hydroxyde de sodium qu'il contient, gonfle la fibre et la blanchit dans sa totalité, alors que l'autre, qui n'a pas ce pouvoir, n'exerce qu'une action superficielle.

Ainsi l'hypochlorite de sodium est légèrement plus nocif, quoique plus efficace, alors que l'hypochlorite de calcium est moins destructeur et confère au papier un aspect plus naturel.

Hypochlorite de sodium. On l'applique habituellement en solutions aqueuses dont la concentration varie de 2 à 10 %. Dans les traitements locaux, cette concentration peut aller jusqu'à 30 % suivant le type de tache et la consis- tance du papier.

C'est sans aucun doute l'agent de blanchiment le plus utilisé à cause de son efficacité et de l'étendue de son action.

Hypochlorite de calcium. On l'appelle aussi poudre à blanchir ; on peut l'uti- liser en solution ou 5 l'état naturel de poudre.

Pour préparer la solution, on en mélange 5 g à un litre d'eau. On agite, puis on laisse reposer ou on filtre. La solution obtenue doit avoir un pH de 9 à 10,5.

La préparation sous forme de pate est utile dans certains traitements locaux, mais elle agit lentement.

En règle générale, il est très recommandé à cause de son efficacité et de sa relative innocuité.

Chloramine T et chloramine B. Ces dérivés organiques chlorés ont des caracté- ristiqries similaires et peuvent donc être utilisés indifféremment, bien que la T soit plus connue.

Le comportement de la chloramine en solution'aqueuse ressemble 5 celui de l'hypochlorite de sodium, mais elle agit moins vite car elle s'hydrolyse lentement.

Une fois que l'on a obtenu le degré de blanchiment voulu, on doit neutra- liser son action, faute de quoi elle se poursuit, lentement, voire impercepti- blement. Son effet destructeur est indéniable.

I1 faut la neutraliser A l'antichlore, car elle s'unit intimement 2 la cellulose et le lavage ne suffit pas à en éliminer les traces qui se trans- forment en composés insolubles.

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A l'état naturel, c'est-à-dire sous forme de poudre blanche, elle est très instable et doit être conservée à l'abri de la lumière et de l'humidité.

Quoiqu'elle soit parfois préférée aux autres agents de blanchiment, elle est en fait moins intéressante que les hypochlorites, car 'elle a une action plus faible et peut occasionner des dégâts secondaires plus graves.

On la prépare habituellement en solution aqueuse à 5 %.

Chlorite de sodium. Ce chlorite, qui se présente sous forme de cristaux ou de poudre de cristaux blanche, a pour caractéristique, lorsqu'il est soumis 5 l'action de certains acides (formaldéhyde et acide sulfurique), de libérer facilement un gaz jaunâtre qui a un pouvoir de blanchiment.

Ce gaz est le bioxyde de chlore que l'on applique en solution aqueuse ou directement tel quel.

Cet agent de blanchiment donne de bons résultats et ses effets destruc- teurs sont très limités.

I1 est toxique et irritant et présente des risques d'explosion ou d'incen- die lorsqu'il est mal utilisé. Etant donné sa réaction violente au contact de la matière organique, il convient de respecter les précautions et les tech- niques d'emploi préconisées par les fabricants. I1 est donc conseillé de ne l'utiliser que si l'on dispose d'un personnel qualifié et si l'on a les moyens nécessaires pour garantir le succès de l'opération et prévenir les risques susmentionnés.

Bioxyde de chlore en solution. On doit l'utiliser dans une Sorbonne équipée d'un dispositif d'extraction des gaz et balayée de courants d'air destinés 5 empêcher la formation de poches de gaz qui feraient courir de graves risques d'intoxication ou d'inflammation.

La préparation consiste en une solution aqueuse de chlorite de sodium à raison de 20 g de chlorite par litre d'eau (2 X), 5 laquelle on ajoute 25 ml de formaldéhyde (37 2 40 X) par litre d'eau de cette solution. Ce mélange prend immédiatement une teinte jaunâtre, preuve de la formation de bioxyde de chlore, qui sera l'agent actif du blanchiment.

Le document est immergé dans le bain où on le laisse le temps nécessaire - maximum 10 minutes - pour que la tache se décolore. Une fois que l'on a obtenu le blanchiment voulu, il suffit de rincer le

document dans un bain d'eau. Le traitement 2 l'antichlore n'est pas indispen- sable, mais est conseillé, car le gaz doit disparaître immédiatement sans laisser de traces. L 'emploi de ce produit est recommandé pour son efficacité et sa relative innocuité.

On peut remplacer le formaldehyde par de l'acide sulfurique ; en versant quelques gouttes de cet acide (de 2 N) dans une solution aqueuse de chlorite de sodium à 10 %, on obtient des résultats analogues si les conditions de tra- vail sont identiques. Cette préparation peut être diluée à volonté.

Si l'on a le choix, cependant, il vaut mieux employer le formaldéhyde, qui est d'emploi plus facile que l'acide sulfurique.

Bioxyde de chlore sous forme de gaz. On doit opérer dans une enceinte spéciale dont les caractéristiques sont décrites par divers auteurs (bibliographie : 45-C d'Otto Wachter).

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- 75 - On y installe le document et on libère le gaz fortement concentré.

On a cru que ce système pourrait être utilisé pour des traitements mas- sifs, mais cette possibilité a été totalement écartée ; en effet, d'une part, le procédé comporte de graves risques d'intoxication et d'explosion et, d'autre part, les résultats spectaculaires qu'on obtient d'abord ne sont pas stables et les taches peuvent resurgir au bout de peu de temps. En outre, il faut humidifier le document avant de le soumettre 2 l'action du gaz et ne pas l'utiliser sans réfléchir car il décolore les encres ayant des constituants organiques et fait virer au marron le noir des encres métalloacides.

Ce système convient cependant très bien aux dessins au pastel, au car- bone, à la cire, etc.

Acide chloreux. C'est un autre dérivé du chlorite de sodium, d'où on l'extrait en provoquant une lente acidification jusqu'à obtenir un pH de 3,6, qu'il faut maintenir 2 ce niveau car si on descend A pH 3, l'acide chloré qui s'est formé se décompose et entralne un dégagement de dioxyde de chlore. Dans ce cas, la solution prend une couleur jaunâtre, qui est caractéristique de ce gaz. A pH 3,6, la solution est incolore.

Cet agent de blanchiment est doux et lent. Compte tenu des risques de formation de dioxyde de chlore, il est conseillé de réaliser le traitement dans une enceinte ou une Sorbonne équipée d'extracteurs de gaz, en prenant les mêmes précautions que lorsqu'on emploie du dioxyde de chlore en solution aqueuse.

On le prépare en réalisant une solution aqueuse de chlorite de sodium à 5 % maximum (50 g par litre d'eau). On mesure le pH en ajoutant de l'acide acétique goutte à goutte, jusqu'à obtenir un pH de 3,6. Ce mélange sert aussi bien aux bains qu'aux applications locales. Après le blanchiment, il faudra laver et neutraliser le document pour éliminer les résidus d'acide.

Permanganate de potassium. Bien que délaissé aujourd'hui, c'est un agent de blanchiment qui était autrefois très apprécié en raison de ses résultats spec- taculaires. Pourtant, c'est l'un des plus nocifs car il est très oxydant. I1 blanchit grâce au dioxyde de manganèse qui se forme dans la solution aqueuse de permanganate. I1 a une forte coloration rouge-marron, qui teint le papier, et ne permet pas de déterminer le degré de blancheur atteint tant que l'on n'a pas appliqué le décolorant qui élimine cette couleur caractéristique. On peut répéter le traitement jusqu'à obtenir un résultat satisfaisant ; aussi est-il préférable d'effectuer des traitements brefs.

Pour le préparer, on dissout 5 g de permanganate de potassium dans un litre d'eau.

Le blanchiment se produit dans cette préparation, même si le document se colore comme on l'a indiqué. On immerge ensuite le document dans une prépara- tion de métabisulfite de sodium 2 5 %, pour faire disparaltre la coloration rouge-marron. On peut remplacer cette dernière préparation par une solution d'acide oxalique à 3 2.

De toute façon, il faut insister sur le fait que cette méthode n'est pas recommandée car le permanganate attaque fortement la cellulose.

Borohydrure de sodium. C'est un agent de blanchiment qui a été peu expéri- menté, mais qui donne de bons résultats, notamment parce que c'est un agent réducteur.

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- 76 - En solution aqueuse, il forme du borate de sodium qui agit comme agent

régulaterur du pH, mais en s'hydrolysant, il forme de l'hydroxyde de sodium qui peut ramollir 2 l'excès la cellulose. C'est à pH 9 que les résultats sont les plus probants.

En se transformant, il libère de l'hydrogène qui peut se concentrer et exploser au contact de l'air. Aussi doit-on opérer dans une enceinte ou une Sorbonne équipée d'extracteurs de gaz et faire extrêmement attention en procé- dant à la dissolution car il réagit très violemment au contact de l'eau ; c'est à ce moment-là qu'il libère le plus d'hydrogène.

Etant donné que des accidents (explosion) peuvent se produire pendant son stockage si la température est trop forte et/ou l'humidité trop élevée, il vaut mieux ne pas en emmagasiner de grandes quantités.

Pour le préparer, on dilue dans de l'eau 1 g de borohydrure de sodium pour 100 g de papier 5 traiter, autrement dit on ajoute au volume d'eau néces- saire pour que les documents soient recouverts une quantité de produit pro- portionnelle au poids des documents. On immerge le papier dans le bain jusqu'à obtenir le blanchiment voulu. Puis on lave et on neutralise.

Peroxyde d'hydrogène (eau oxygénée). C'est un agent de blanchiment très puis- sant et particulièrement destructeur pour la cellulose contenant du fer ou du cuivre, substances qu'il oxyde facilement.

11 convient aux traitements locaux mais s'utilise aussi en bain ; dans les deux cas, on doit s'assurer que le papier possède un pH alcalin afin d'éviter que le remède ne soit pire que le mal.

On peut utiliser le produit seul, plus ou moins dilué dans l'eau (20 vo- lumes dans le cas de la préparation vendue dans le commerce), ou mélangé avec de l'éther éthylique ou de l'ammoniaque. Dans ce cas, on associe l'action de nettoyage 5 celle de régulation du pH.

Perborate de sodium. I1 est peu efficace car il est extrêmement doux et lent. Les préparations contiennent de 1 5 2 % de produit dissous dans l'eau. L'expo- sition au soleil en renforce l'action.

Ozone. C'est un gaz qui n'est pas utilisé car, malgré son pouvoir oxydari_t, il n'a aucune propriété de blanchiment.

Blanchiment solaire. On met à profit l'action décolorante des radiations so- laires ou, à défaut, de sources lumineuses possédant des propriétés analogues (par exemple arcs voltaïques au xénon).

Toutefois, comme ces radiations peuvent entraher d'autres réactions no- cives (photo-oxydation), on doit protéger le papier en lui donnant l'alcali- nité dont nous avons parlé et en plaçant des caches sur les parties que l'on ne souhaite pas décolorer.

Cette méthode convient bien en général aux taches de jaunissement causées par l'acidité, à condition que le papier soit fait de fibres libériennes, car elle assombrit encore plus les papiers de pâte de b,ois par une nouvelle oxyda- tion de la lignine ou de la résine-alun.

Le principal inconvénient de la méthode vient du fait qu'il faut une exposition très prolongée, ce qui n'est pas toujours rentable,

Blanchiment optique. Cette méthode fait appel aux moyens employés dans l'in- dustrie papetière pour améliorer l'aspect du papier, 5 savoir les colorants et les effets de fluorescence. Ces moyens ne sont pas recommandés, car ils sont peu stables à la lumière et insolubles dans l'eau.

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- 77 - Antichlore. La nécessité de feiner l'action des agents de blanchiment chlorés oblige à recourir à certains produits qui ont en outre pour fonction d'élimi- ner les résidus nocifs de ces agents décolorants. On les appelle antichlores car une grande partie des agents de blanchiment sont dérivés de ce gaz (le chlore), mais leur action s'étend à la plupart des agents de blanchiment non chlorés.

Avant d'appliquer ces antichlores, on doit effectuer un bon rinçage ou lavage à l'eau courante afin d'éliminer le maximum de produit de blanchiment. Sans cela, une réaction violente pourra se produire au passage d'un milieu très alcalin à un autre très acide, ce qui pourrait endommager la cellulose et altérer la couleur de certaines encres, voire faire disparaître l'écriture.

Les antichlores les plus courants sont le thiosulfate, le bisulfite et le métabisulfite de sodium, préparés en solution aqueuse 2 2-5 %. Toutefois, leurs résidus peuvent eux aussi entraîner une détérioration, et notamment l'apparition de taches. C'est pourquoi il vaut mieux utiliser à la place une solution aqueuse légèrement acide, obtenue au moyen d'un acide faible. De cette façon, on élimine les traces de chlore actif en provoquant un minimum de perturbations.

6.3.7 Désacidification. Procédé relativement nouveau (quelques dizaines d'années), dans le domaine de la restauration, la désacidification est un traitement peu spectaculaire dont les résultats, à la différence d'autres opérations, ne sont pas perceptibles à l'oeil nu. Elle revêt néanmoins une extrême importance pour la conservation du papier.

Elle a pour but de stopper l'action nocive de l'acidité que des facteurs intrinsèques et extrinsèques d'origines diverses confèrent au papier. Cette acidité introduit des éléments chimiques étrangers qui provoquent des ruptures des liaisons moléculaires, déséquilibrent la structure de la cellulose et dé- clenchent une autodétérioration lente dont le stade final est la désagragation totale du papier. L'acidité s'attaque également aux propriétés physico- mécaniques du papier et peut le rendre aussi fragile qu'un édifice dont la charpente s'affaiblit progressivement jusqu'à entraîner son écroulement.

La détérioration due à l'acidité se traduit par un jaunissement caracté- ristique du papier qui se fragilise peu 2 peu et devient si friable qu'on ne peut plus le manipuler.

La désacidification n'apporte aucun remède ; elle délimine la cause, à savoir l'acidité. Elle s'opère par dissolution des acides ou application de substances tampon.

Le traitement par dissolution a une portée limitée, il n'est en effet utilisable que dans le cas d'acides solubles et il ne confère pas au papier une stabilité suffisante pour prévenir, même à court terme, la formation de nouveaux acides. Son efficacité est par conséquent très réduite et son appli- cation n'offre pas de garanties.

Inversement, les solutions tampon neutralisent chimiquement l'acidité et constituent ensuite une charge alcaline qui s'oppose à la formation de nou- veaux acides, du moins dans les situations qui favorisent habituellement celle-ci. Certes, du point de vue strictement chimique, ces substances sont des neutralisants, mais, étant donné leur fonction dans le domaine qui nous occupe, il est plus clair de les appeler désacidifiants, terme 5 l'aide duquel ils sont généralement désignés.

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Dans de très rares cas, ce n'est pas l'acidité qui est 5 l'origine de la détérioration du papier mais un phénomène inverse, 5 savoir un excès d'alcali- nité, dont les effets sont aussi nocifs que l'acidité mais qui est moins fré- quent, et qui peut être corrigé à l'aide d'une simple opération d'acidifica- tion par immersion.

En tout état de cause, la valeur du pH doit se stabiliser entre 7 et 8 et il est souhaitable qu'elle se rapproche le plus possible de pH 7 dans les papiers qui présentent une forte teneur en acide (pH inférieur à 5), car le passage d'un taux d'acidité élevé 2 un pH très alcalin entraînerait certaines modifications physiques telles qu'une coloration brune ou marron.

Les désacidifiants, selon qu'ils se présentent 2 l'état gazeux ou li- quide, se divisent en deux grands groupes.

Les désacidifiants à l'état gazeux ont l'avantage de permettre des trai- tements "en masse'' sans qu'il soit nécessaire de désassembler les liasses, ni même de déplacer les documents 2 traiter.

Cela dit, les traitements actuels, malgré des résultats très prometteurs, ne se révèlent pas aussi efficaces ni aussi durables qu'on l'aurait souhaité. De sérieuses difficultés techniques et financières subsistent, qui s'opposent 5 l'application généralisée du procédé. On est néanmoins très soucieux d'y parvenir car la désacidification est incontestablement le meilleur moyen de résoudre le problème grave que posent les milliers de livres et de documents non reliés qui attendent sur les rayonnages des bibliothèques et des dépôts d' archives le traitement qui les guérira de ce véritable "cancer" du papier.

Les liquides de désacidification dont: l'efficacité est éprouvée donnent pour leur part des résultats d'une durabilité satisfaisante.

Ces traitements liquides se divisent en deux catégories, la voie aqueuse et la voie non aqueuse suivant que l'agent de désacidification se dilue dans l'eau ou dans un solvant organique. I1 est recommandé d'appliquer de préfé- rence les traitements en voie aqueuse.

Les désacidifiants les plus courants sont les suivants :

6.3.7.1 Solutions aqueuses

- Eau. L'eau est un bon solvant de certains acides tels que l'acide polyglucu- ronique que dégagent , par altération photochimique, la cellulose et d'autres sous-produits, comme les sulfates, qui peuvent se transformer en acides. Elle n'a pas de pouvoir tampon et n'apporte aucune alcalinité ; même dans le cas d'une eau très dure (350 ppm), l'alcalinisation serait pratiquement insignifiante.

Carbonates de calcium et de magnésium. A l'état solide dans lequel ils se rencontrent dans la nature, ces carbonates ne sont pas solubles dans l'eau, et si finement qu'on les broie, on ne peut les faire pénétrer dans le papier pour y exercer leur action désacidifiante.

On les transforme donc en bicarbonate en fai,sant passer du dioxyde de carbone dans les dispersions aqueuses de carbonates. Cela leur permet de se dissoudre dans l'eau et de pénétrer dans le papier ; une fois le dioxyde de carbone éliminé, les bicarbonates redeviennent des carbonates solides qui peuvent exercer une action stabilisatrice grâce 5 l'alcalinité qu'ils ont conféré au papier.

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- 79 - Les carbonates dont nous parlons - le carbonate de calcium et le carbo-

nate de magnésium - donnent tous deux d'excellents résultats ; le plus cou- ramment employé est toutefois le carbonate de calcium. Les deux substances sont parfois utilisées conjointement.

La manière la plus simple de les préparer consiste à mélanger de 1 à 3 g de carbonate à 1 1 d'eau dans un récipient dans lequel on fait barboter du dioxyde de carbone. Le carbonate transformé en bicarbonate est transvasé dans une cuvette OU on fait tremper le document pendant une ou deux heures. On fait ensuite sécher le papier à l'air pour favoriser la retransformation du bicar- bonate en carbonate.

Lors du trempage, il convient de contrôler le pH afin d'équilibrer ou de renouveler la solution si l'on observe un excès ou un manque d'alcalinité. A la fin de l'opération, le papier doit avoir un pH se situant entre 8 et 9.

Dissous dans de l'alcool, les bicarbonates peuvent s'appliquer au pinceau ou en pulvérisation ; c'est là une technique utile quand le document à traiter ne supporterait pas l'immersion totale.

Le procédé en question a été utilisé par Barrow ; il avait installé des bouches d'aspersion sur une paillasse et soumettait successivement à leur action les feuillets ?I traiter.

I1 convient de veiller 2 maintenir une distance appropriée entre les documents et les orifices d'aspersion et de contrôler la température afin d'éviter que ne se forme une précipité de carbonate 2 la surface du papier ; celui-ci apparaTtrait sous forme d'un voile blanc qui pourrait néanmoins être éliminé par un traitement à l'eau légèrement acidulée.

Cunha expose une autre méthode que l'on retiendra lorsqu'une solution simple est recherchée, et qui consiste à obtenir le bicarbonate à l'aide d'eau de soude. Le carbonate est introduit dans cette eau, le mélange est agité puis transvasé dans une cuvette ofi sont immergés les documents. I1 y a lieu de couvrir la cuvette d'une feuille de plastique et d'opérer sous une température assez basse afin d'éviter que le CO ne s'échappe. L'immersion doit durer de 20 à 30 minutes. 2

Carbonates de sodium et de potassium. Ces carbonates sont directement solubles dans l'eau. Malgré cela, leur usage n'est pas conseillé car ce sont des alca- lis très puissants qui dégradent la cellulose. A partir de pH 10, ils noircissent le papier et lui font perdre de sa résistance physico-mécanique.

Hydroxydes de calcium et de magnésium. La transformation de ces hydroxydes en carbonates est due à une réaction activée par le dioxyde de carbone présent dans l'atmosphère.

L'hydroxyde, soluble dans l'eau, réagit avec le CO ambiant en pénétrant dans le papier immergé et se transforme en carbonate - Solide insoluble - qui est lui l'agent stabilisateur du fait de l'alcalinité qu'il confère au papier.

L'hydroxyde de calcium étant plus efficace que l'hydroxyde de magnésium, ce dernier est peu utilisé.

L'hydroxyde de calcium - eau de chaux - est le plus commode des désaci- difiants aqueux ; il est en effet bon marché, facile à préparer et donne d'excellents résultats.

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On le prépare sous forme de solution aqueuse saturée (approximativement 1,5 g/l d'eau). On laisse décanter le mélange et l'on utilise la partie supé- rieure du liquide, qui doit être totalement limpide pour y plonger les docu- ments pendant 10 minutes. On les laisse ensuite sécher à l'air - avant l'opé- ration de mise à plat finale - de façon 5 favoriser 1'action.du CO 2' Hydroxydes de sodium et de potassium. Leur emploi n'est pas recommandé car ils attaquent la cellulose en raison de leur forte alcalinité, en particulier l'hydroxyde de sodium.

Tétraborate de sodium. Ce sel est connu sous le nom de borax et doit son pouvoir désacidifiant au fait qu'il se décompose par hydrolyse en acide borique et en hydroxyde de sodium. Ce dernier, dont l'action est régularisée par l'acide, est l'agent de désacification.

Comme c'est aussi un fongicide et qu'il est efficace, il a été utilisé pendant un certain temps de préférence à d'autres produits. Actuellement, on ne l'emploie pas de façon courante dans la mesure OU l'on obtient de meilleurs résultats avec l'hydroxyde de calcium.

La solution est préparée selon la proportion de 25 g/l d'eau.

6.3.7.2 Solutions non aaueuses

Hydroxyde de baryum (octohydrate), Son efficacité et sa solubilité dans le méthanol, auxquelles s'ajoutent un prix de revient peu élevé et une prépa- ration facile, ont fait de l'hydroxyde de baryum le désacidifiant non aqueux le plus employé.

Sous l'action du dioxyde de carbone de l'atmosphère, il se transforme (comme l'hydroxyde de calcium et l'hydroxyde de magnésium) en carbonate.

L'hydroxyde de baryum est préparé en solution selon la proportion de 10 à 20 g/l de méthanol et appliqué en bains d'une durée de 15 à 30 minutes. Etant donné que le carbonate de baryum comme le méthanol sont des substances toxiques, la manipulation doit s'effectuer dans une enceinte fermée ou dans une Sorbonne munie d'un extracteur de gaz.

Baynes-Copes, Santucci et John Williams ont réalisé des études sur les propriétés positives de ce produit.

Acétates de calcium, de baryum et de magnésium. Ils se transforment en carbo- nates en réagissant avec le CO de l'atmosphère. 2

L'acétate de calcium n'est pas soluble dans l'alcool et doit donc être préalablement dilué dans un peu d'eau selon la proportion de 2 g pour 20 ml d'eau. On ajoute ensuite de l'alcool éthylique jusqu'à obtenir un litre de solution (980 ml). Une fois la solution préparée, elle doit être utilisée dans un délai maximal de trois jours. En séchant, les documents qui auront été immergés dégageront l'odeur caractéristique de l'acide acétique. C'est là le signe de la transformation de l'acétate en carbonate. Cette réaction - qui libère l'acide - est plus rapide à haute température mais il n'est pas utile d'accélérer le processus.

L'acétate de baryum ne présente pas d'avantages par rapport à l'acétate de calcium. On le prépare en solution à 5 Z dans du méthanol.

L'acétate de magnésium, préparé sous forme de solution à 1 Z dans de l'alcool éthylique ou méthylique, altère la cellulose.

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- 81 - Méthylate de magnésium. D'après R.D. Smith, qui a lancé ce produit, il s'agit d'un alcoolate formé par la réaction des alcools avec certains métaux et qui, sous l'action de l'eau, donne Lieu à la formation d'hydroxydes. Une fois le papier imprégné, ces derniers se transformeront en carbonates.

Le méthylate de magnésium est très sensible à l'humidité dont la présence accélère la précipitation. I1 doit donc être appliqué sur le papier bien sec ; sinon, on obtiendrait, non pas l'effet recherché, mais un précipité solide en surface qu'on serait, en plus, obligé d'éliminer. Préparé en solution 2 1 % dans de l'alcool méthylique, il peut être appliqué en bain ou, de préférence, en pulvérisations, si on lui ajoute un gaz propulseur (fréon).

I1 donne de bons résultats et ne modifie pas les caractéristiques physico-mécaniques du papier.

Carbonate de méthylmagnésium. Obtenu par la carbonatation d'une préparation de méthylate de magnésium, il est plus stable en présence d'humidité ; il est - donc plus facile à appliquer et plus efficace que le méthylate de magnésium dans la mesure OU il précipite moins rapidement que celui-ci en présence d'humidité.

Le procédé a été mis au point par la Bibliothèque du Congrès et consiste à saturer une solution à 8 Z de méthylate de magnésium dans le méthanol avec du dioxyde de carbone pendant deux heures,' à une température de 25" C. Une fois le méthanol évaporé, il reste le carbonate qui se présente sous la forme d'un solide blanc.

6.3.7.3 Composés gazeux

Ammoniac (vapeurs). L'alcalinité propre à l'ammoniac liquide se conserve dans ses vapeurs qui sont utilisées à des fins de désacidification.

Les documents sont installés sur les planches ou les étagères d'une armoire au bas de laquelle on place un récipient où l'on verse de l'ammoniac. Les vapeurs qui se dégagent emplissent l'armoire et, en imprégnant le papier, exercent une action alcalinisante. Cette exposition aux vapeurs doit durer de 12 à 48 heures et s'effectuer à température ambiante.

Malheureusement, ce traitement simple n'a pas une action durable ; le sulfate d'ammonium produit par la réaction se transformant en quelques jours en gaz d'ammoniac, l'effet alcalinisant disparaTt et le papier redevient acide. Par ailleurs, ce procédé entraîne une décoloration du papier.

Morpholine et vapeur d'eau. Ce procédé a été mis au point par les laboratoires de la Virginia State Library (Etats-Unis d'Amérique) et son application nécessite l'utilisation d'une enceinte dans laquelle il faut faire le vide avant d'introduire le mélange de morpholine et de vapeur d'eau. Le traitement ne dure qu'une dizaine de minutes et, avant d'ouvrir l'enceinte, il importe de la ventiler avec de l'air qui sera directement évacué vers l'extérieur par un conduit relié 2 l'égout afin d'éviter les effets toxiques et l'odeur désa- gréable de la morpholine.

La morpholine est une amine alcaline qui attaque légèrement la cellulose, ce qui favorise sa pénétration, et elle a donc une action plus approfondie que d'autres substances qui n'agissent qu'en surface. Elle ne modifie pas les caractéristiques mécaniques du papier, mais elle peut donner une coloration plus sombre aux pâtes mécaniques.

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Cyclohexylamine (CHC). I1 s'agit sublimant, libère un gaz alcalin - pénétrant et il faut donc veiller exposée. 11 est volatil et l'est élevée. Son odeur est désagréable

d'un sel aminé dont le carbonate, en se désacidifiant. Ce gaz a un faible pouvoir 2 ce que toute la surface du papier y soit d'autant plus que la température est plus et il est toxique (concentration maximale

dans la zone de travail de 1 ppm). I1 modifie les caractéristiques physico- mécaniques du papier qui devient moins résistant et jaunit. Son utilisation n'est donc pas conseillée.

I1 existe une variante du procédé utilisant ce gaz qui est la désacidi- fication en phase vapeur (DPV), mise au point par Langwell. Des feuilles de papier ou des petits sacs imprégnés de CHC qui sont vendus dans le commerce sont intercalés entre les feuilles du livre ou placés dans des récipients hermétiques 2 côté des documents à traiter. Le produit se sublime et ses vapeurs produisent l'effet alcalinisant souhaité. Le traitement dure de 6 à 8 semaines et ses effets se prolongent au moins pendant 7 ans, d'après Langweii. On notera que, à une forte concentration, ce gaz peut entrainer une irritation de la peau et des voies respiratoires, voire une intoxication.

Diéthyle de zinc (vapeurs de). I1 s'agit d'un liquide très réactif, explosif et irritant qui doit donc être utilisé dans une chambre à vide spéciale.

Le procédé au diéthyle de zinc qui est actuellement mis au point aux Etats-Unis, nécessite de 1,3 5 1,8 kg de produit pour 45 kg de papier, lequel doit être parfaitement sec au moment du traitement. A la fin de celui-ci, qui dure de 3 à 8 jours, le papier doit être humifié puis mis 5 sécher à l'air afin d'éliminer l'odeur du produit. Ce procédé donne de bons résultats et il permet: le traitement de grandes quantités de documents. Cependant, le coût élevé du matériel nécessaire à son application s'oppose à la généralisation de celle-ci.

A côté de ceux décrits plus haut, il existe d'autres agents de désacidi- ficatíon dont l'emploi est limité ou l'efficacité plus douteuse. Tel est le cas des solutions aqueuses de pyrophosphate de sodium ainsi que d'autres phosphates et borates qui servent 5 neutraliser les particules de fer que renferme le papier. On citera également le sulfate de magnésium, le bicar- bonate et l'hydroxyde de strontium, l'acétate de potassium, la diglycola- mine... Ces produits ont dans l'ensemble des effets à peu près identiques.

6.3.8 Renforcement : colles et produits adhésifs. Le renforcement est destiné 5 rendre sa cohésion au papier. La perte de cohésion fragilise les documents dont la conservation devient problématique et qu'il se révèle, surtout, impossible de manipuler sans leur faire courir de graves risques de déchirure, voire de destruction.

Les agents de renforcement sont des substances qui ont une action pro- tectrice et curative et qui ont la propriété d'assurer la liaison des fibres et autres constituants du papier grâce 5 leur pouvoir d'adhésion.

Cette adhésion, dont la force détermine la cohésion générale de la feuille de papier, est le résultat, soit d'un processus chimique (utilisation d'eau), soit d'un processus physico-mécanique (utilisation de colles ou pro- duits adhésifs) ou encore, des deux 2 la fois.

6.3.8.1 Processus chimique : l'eau. I1 semble au premier abord absurde d'inclure l'eau au nombre des agents de renforcement du papier. Cependant, bien qu'elle ne puisse être considérée comme tel au sens strict', l'eau contri- bue de façon notable & "souder" les fibres, en ce sens qu'elle favorise leur liaison ; de fait, la cohésion des papiers les plus anciens est due, en grande partie, au taux d'humidité qu'ils contiennent (6-8 2 de H.A.).

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On sait que le papier peut devenir extrêmement fragile lorsqu'il se dessèche très fortement sous l'effet de la température, de l'acidité ou pour d'autres raisons. De même, on a observé que la majorité des papiers retrouvent leur souplesse et leur cohésion après avoir 6th traités dans des bains aqueux. Par ailleurs, il est certain que lorsqu'il est immergé ou soumis à un humec- tage excessif, le papier s'amolit et risque de se désagréger du fait du relâ- chement des liaisons interfibres.

I1 est donc évident que le manque d'eau (fragilité) comme l'excès d'eau (amolissement) ont des effets nuisibles. Dans certains cas cependant, l'eau a des effets positifs puisqu'elle permet au papier de retrouver sa souplesse et sa cohésion, en particulier lorsqu'il est devenu dur ou friable. En de tels cas, le traitement par l'eau améliore manifestement la résistance physico- mécanique du papier et l'on doit donc compter l'eau au nombre des agents de renforcement..

Cette amélioration est fondamentalement due au fait que l'eau renforce la liaison naturelle des fibres de cellulose qui constituent la structure du papier, autrement dit qu'elle fait adhérer les fibres et les fibrilles entre elles.

Ce mécanisme tient à un processus chimique, complexe à première vue, mais que l'on peut facilement observer en regardant comment deux feuilles de papier adhèrent l'une à l'autre lorsqu'elles se trouvent à un certain degré d'humi- dité ; par le même phénomène, quand l'humidité dépasse cette limite, les feuilles cessent d'adhérer entre elles. Cette expérience simple montre bien que l'eau possède un certain "pouvoir d'adhésion".

Cette adhésion résulte de l'interposition de molécules d'eau qui s'unissent aux atomes d'oxygène et d'hydrogène présents dans les molécules de cellulose. Cette liaison, fragile au départ, est renforcée lorsque les molé- cules d'eau disparaissent et que les molécules de cellulose se trouvent uni- quement liées entre elles.

En réalité, le phénomène est un peu plus complexe mais il s'agit, en gros, du principe qui s'observe chaque fois que l'on se trouve en présence de matières capables de retenir l'eau. I1 est connu en chimie sous le nom de phénomène des "ponts hydrogène" ; ceux-ci constituent la base des tissus cellulosiques et protéiniques végétaux et animaux.

Les premiers papiers, qui étaient riches en cellulose, n'exigeaient donc pas l'emploi de véritables agents de collage ayant une action mécanique ; leur cohésion dépend en effet uniquement de cette liaison chimique, renforcée par l'enchevêtrement même des fibres qui, pour sa part, facilite et accroît le contact entre les molécules de cellulöse.

En conclusion, la résistance des papiers en général et plus particuliè- rement des papiers anciens, est fonction de la liaison chimique des molécules de cellulose qui est assurée par les ponts hydrogène. Par ailleurs, l'humidité contenue dans le papier influe très directement sur sa souplesse et sa cohésion.

Dans les papiers plus modernes, qui contiennent moins de cellulose et où celle-ci est de moindre qualité, cette liaison chimique est moins forte et l'on est donc contraint d'utiliser des agents de collage qui non seulement renforcent la liaison chimique des fibres de cellulose, mais assurent la rétention des apprêts, lesquels déterminent la qualité spécifique des papiers actuels.

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On retiendra de ce qui vient d'être dit que la simple immersion dans l'eau des documents, manipulés avec toutes les précautions voulues, peut redonner de la cohésion au papier.

6.3.8.2 Processus physico-mécanique : les agents de collage. La liaison physico-mécanique des constituants du papier s'obtient à l'aide de produits de collage qui, avec le temps, perdent leur pouvoir adhésif pour des raisons très diverses (mouillures, réactions chimiques, facteurs microbiologiques, etc.). Dans ce cas, le papier perd de sa résistance et risque de se désagréger.

C'est pourquoi, lorsqu'un papier montre des signes de fragilisation, il convient de lui rendre sa consistance en le réencollant, partiellement ou en totalité si toute la surface du document est touchée.

Les agents de collage dont il existe diverses sortes à usage spécifique s'appliquent au pinceau ; toutefois, quand l'on a 2 réencoller des feuillets entiers, il est recommandé de plonger le papier dans une solution - plus ou moins fluide - préparée à l'aide de la colle choisie.

Tant pour le réencollage que pour la réparation de coupures et de déchi- rures, on emploie toute une gamme de colles et produits adhésifs. On choisit dans chaque cas celui dont les caractéristiques correspondent le mieux au travail de restauration envisagé.

Les colles et produits adhésifs sont soit naturels, soit synthétiques.

Colles naturelles. D'origine végétale ou animale, elles attirent les insectes et les micro-organismes qui trouvent en elles un excellent aliment et leur usage s'accompagne des risques inhérents 2 la présence de ces bibliophages.

Elles sont peu stables et perdent leurs propriétés physiques et leur pouvoir adhésif en cas d'élévation de la température ou du degré d'humidité. Dans le premier cas, la colle, en se déshydratant, perd sa souplesse et cette nouvelle rigidité détruit sa structure. Une fois qu'elle a perdu ses qualités essentielles, la colle se transforme en une substance granuleuse qui se détache du papier.

Inversement, un excès d'humidité ramollit les colles jusqu'à les dissoudre, ce qui leur fait perdre leur pouvoir adhésif et entraïne l'appa- rition de taches sur le papier. Pour éviter des déboires (biologiques et physico-mécaniques), on ajoute aux colles au moment de leur prépartion des produits antiseptiques (orthophénylphénol, formol, pentachlorophénol, etc.), des adoucissants (mélasse) et des mouillants -(glycérine, glycols).

Colles d'origine animale. On utilise de préférence la gélatine et la colle de poisson. Ces deux produits se présentent à des degrés de pureté divers, suivant la qualité de la matière première 2 parti; de 1aq;elle ils sont ob tenus.

La gélatine, utilisée depuis l'Antiquité, est un merveilleux agent de réencollage et elle donne de très bons résultats. Elle peut durcir et devenir insoluble si on lui ajoute du formaldéhyde (5 peu près 1/16e du poids de la gélatine sèche).

La caséine et l'albumine sont, en règle générale, peu utilisées.

Colles d'origine végétale. Les plus courantes sont les amidons du riz et du blé et la gomme arabique. On retiendra également les amidons de pomme de terre, du maïs et du seigle ainsi que les gommes de cerisier, de guignier, d'abricotier, de prunier et de tragacanthe.

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Parmi les plus intéressants, il y a lieu de signaler les dérivés cellu- losiques semi-synthétiques qui n'ont pas certains des défauts que présentent les amidons et qui, en outre, se montrent extrêmement stables et sont d'une grande facilité d'application. Les plus utiles dans les travaux de restau- ration sont la méthylcellulose (Culminal, Tylose MH), la carboxyméthyl- cellulose (Cellofas, Tylose CB), l'hydrométhylcellulose, l'hydroxyméthyl- cellulose et l'hydroxypropylcellulose (Krucel). On trouve dans le commerce une large gamme de produits et leurs variantes qui sont tous solubles dans l'eau et également, pour certains d'entre eux, dans des solvants organiques, ce qui en fait des produits 5 usage très varié.

Ce sont donc des produits indispensables aujourd'hui dans tout atelier de restauration pour la réparation et le renforcement de tous les types de papier.

Colles synthétiques. Elles se divisent en colles thermostables et en colles thermoplastiques. Les premières, une fois durcies, ne sont pas thermoréver- sibles, alors que les secondes peuvent retrouver leur forme primitive sous l'action de la chaleur ou par application du solvant approprié,

L'utilisation de colles thermostables- pour les travaux de restauration est guère conseillée. On ne s'en sert que dans certains cas particuliers pour la reliure, ou en sigillographie (époxydes, cyanoacrilates, etc.).

Par contre, les colles thermoplastiques sont de plus en plus utilisées car il en existe une très large gamme. Elles peuvent se présenter sous forme solide, ou en solution dans des solvants organiques et des dispersions aqueuses qui permettent d'obtenir, en général, de très bons résultats.

Ces colles se divisent en plusieurs groupes :

- les acétates de polyvinyle, réversibles dans le toluène, l'acétone et l'alcool (Mowilith, A34 k 3, Vinavil, etc.) ;

- les alcools de polyvinyle , réversibles dans 1 ' eau (Mowiol , Vinavinol , Gelvatol , Rhodoviol. . . ) ;

- les polyamides (nylon) réversibles dans l'alcool dilué (Calaton, Maranyl. . . ) ;

- les acrilates, réversibles dans le toluène, les dérivés du pétrole, l'acétone (Paraloïd, Primal, Plexigum, Plexisol, Plextol ...).

En dehors de ces groupes, on trouve des caoutchoucs synthétiques et des acétals polyvinyliques. Actuellement, aucun d'entre eux n'est utilisé pour restaurer des matériaux cellulosiques.

C'est le degré de concentration de l'agent de collage dans son solvant spécifique qui détermine l'usage qui peut en être fait : pour renforcer, fixer ou simplement coller.

Ainsi, une colle très diluée servira 5 renforcer ; plus fortement concen- trée, elle pourra être utilisée comme fixatif et comme colle à un degré de viscosité plus élevé.

Pour certaines utilisations, on peut mélanger des colles synthétiques et semi-synthétiques compatibles, telles que la méthylcellulose et l'acétate de polyvinyle.

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6.3.9 Réparation des coupures et des déchirures. I1 s'agit de l'un des types de détérioration dont sont le plus couramment atteints les documents gra- phiques et l'on a l'habitude d'adopter dans ce cas la solution facile qui consiste à apposer sur la déchirure un ruban auto-adhésif ou une pièce pour éviter qu'elle ne s'agrandisse. Or, chacun sait que le d,ocument peut se trouver taché ou déformé par des adhésifs qui n'ont pas les qualités requises.

S'agissant d'une déchirure, le mieux est de coller l'endroit déchiré avec une colle appropriée (voir la section 6.3.8 - Renforcement : colles et pro- duits adhésifs) en se servant des barbes de la déchirure, voire des fibres qui se sont détachées, et en veillant soigneusement à les remettre à leur place quand on raboute les surfaces déchirées.

En l'absence de barbes, on a la ressource de poser un renfort qui main- tient ensemble les parties séparées. On utilise une bande de papier ''de soie'' aussi transparente que possible ; on la place longitudinalement en la faisant dépasser de 2 mm des bords de la déchirure tout autour. On effrange les bords de cette bande avant de la mettre en place ou, à défaut, pour qu'il n'y ait pas de surépaisseur, on les amincit à l'aide d'un scalpel lorsque la colle est sèche.

Une autre méthode consiste à appliquer directement sur la coupure une fine couche de colle. On la recouvre avec un fragment de papier de soie et on laisse sécher sous presse, ce qui assure à la fois une réparation régulière et la mise 5 plat de la partie traitée. Plus tard, 2 l'aide de pinces, on retire le papier de soie en excédent après avoir humidifié, 2 l'aide d'un pinceau fin, la ligne ou la zone d'où l'on souhaite qu'il se détache. Sous l'action de l'eau, le papier de soie se ramollit, perd de sa consistance et s'enlève alors facilement, c'est pourquoi on doit veiller à n'humidifier que très légèrement un endroit bien précis. Enfin, on repasse sur les bords 5 l'aide d'un scalpel ou d'un papier de verre à grain fin.

Dans certains cas, on peut se servir des fibres que l'on obtient en pro- cédant au défibrage de papiers & fibres longues. On prépare une pâte en m&- langeant celles-ci avec un adhésif (méthylcellulose, gélatine, etc.) et on en recouvre la déchirure en essayant de placer les fibres de façon à ce qu'elles offrent la plus grande résistance possible.

I1 s'agit d'un travail très laborieux mais qui donne de bons résultats lorsqu'on dispose du type approprié de fibres et que l'on effectue un bon repassage final.

Cette méthode est tout à fait conseillée lorsqu'on doit réparer des cra- quelures ou des dégradations comparables. L'opération est exécutée à l'aide d'un pinceau et d'une spatule thermostatique qui permet de contrôler immédia- tement le séchage-repassage.

Lorsque le papier déchiré est épais - bristol ou carton - il s'est sou- vent fait, sur les bords de la déchirure, des barbes assez longues qui faci- litent la réparation. Dans le cas de coupures, il ne faut pas superposer de renforts de la façon décrites plus haut, cette méthode ne convenant que pour les papiers fins. I1 faut délimiter la zone de la coupure ne portant pas d'éléments graphiques et en affiner les bords avec un scalpel ou du papier de verre de façon à former un V dont la pointe se situe au fond de la ligne de coupure. Après avoir biseauté la zone appropriée, on choisit un morceau de papier - un bristol de la même épaisseur - dont on amincit les bords longitu- dinalement et transversalement de façon 5 ce qu'il s'emboîte dans le "sillon" préparé. Une fois qu'il est en place, on le colle au support. Le document est ensuite séché sous presse et on enlève les bavures ou la colle en excédent avec un scalpel ou du papier de verre. Au besoin, on peut placer un renfort en papier de soie au verso.

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- 87 - Dans les réparations de cet ordre, il est normal que la ligne de rupture

se voie, même si l'on est parvenu à réunir parfaitement les deux bords du papier. La coloration plus sombre est due aux particules de saleté qui se trouvent sur les bords et à la colle. Seul un léger blanchiment pourra l'atténuer, mais les résultats ainsi obtenus ne sont en général pas bons. Incontestablement, le mieux est de ne pas salir les lèvres de la déchirure ou, le cas échéant, de les nettoyer doucement avec une petite brosse, une gomme, etc., en essayant de ne pas aggraver la détérioration.

6.3.10 Comblage des lacunes. Que cela soit dû à l'utilisation, 5 une atteinte délibérée, au feu. .. ou, ce qui est le cas le plus fréquent, à l'activité d'agents bibliophages, les papiers sont trop souvent troués, mu- tilés, déchirés , toutes détériorations qui, de quelque façon qu'elles se manifestent, entraînent la perte partielle du document et qui affectent aussi bien l'écriture que le support lui-même.

Le comblage des lacunes consiste à remplacer les fragments disparus par des fragments d'un autre papier qui constitue en quelque sorte une greffe et vient colmater très exactement les trous.

Le restaurateur s'est toujours évertué à obtenir les meilleurs résul- tats : leur élégance témoigne de la virtuosité avec laquelle il pratique son art.

A l'heure actuelle, la restauration recourt 2 cet effet à des procédés manuels comme à des procédés mécaniques.

6.3.10.1 Comblage manuel. La première étape consiste à choisir le type de papier dont les caractéristiques de texture, de grosseur, de couleur et surtout de structure conviennent le mieux pour combler la partie manquante.

Le restaurateur a en permanence besoin de diverses catégories de papier de comblage. I1 doit en avoir un échantillonnage suffisamment complet pour pouvoir reconstituer des documents variés. C'est indispensable à la qualité du résultat final.

Si le papier utilisé pour combler les lacunes est plus fort que l'ori- ginal, il le déformera ; s'il est plus faible, c'est l'inverse qui se pro- duira. On doit toujours s'efforcer de parvenir 2 un équilibre pour éviter que les tensions produites par contraction ou par dilatation n'entrakent des déformations. I1 est assez souvent conseillé d'utiliser deux papiers fins superposés plutôt qu'un seul papier trop épais.

Dans le cas d'une lacune à combler dans un papier continu, il faut que l'orientation de la fibre dans celui-ci et dans le papier de comblage soit identique. Sinon, les différences de tension entrahent des mouvements natu- rels de sens contraire qui produisent des irrégularités.

Les procédés de comblage manuel sont très divers ; ils varient selon les habitudes de l'atelier, la formation suivie par le restaurateur, les moyens dont il dispose, etc.

Les procédés les plus répandus sont les suivants :

Comblage au pointillé. On opère sous négatoscope. A l'aide d'un crayon tendre, on trace sur le papier de comblage le contour de la lacune à combler. A un millimètre de ce trait, on pratique une série de perforations exécutées avec. la pointe d'une épingle dont la grosseur doit être proportionnelle à l'épais- seur du papier.

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L'opération se réalise sur un coussinet plat en mousse semi-dure ; une fois le contour de la pièce perforé, on détache celle-ci à la main comme pour un timbre-poste. La pièce présente alors un bord dentelé avec des défibrages 2 l'intersection des perforations. C'est cette frange qui va servir de zone de contact et que l'on va encoller. Une fois la piece en place .et la colle sèche, on ébarbe les contours au scalpel ou au papier de verre très fin.

L'opération exige une certaine habileté dans l'ajustage ; moyennant quoi, elle est facile à réaliser et convient particulièrement bien aux papiers très fins.

Comblage par rainurage. Une fois que l'on a dessiné le contour de la pièce, en ménageant une étroite marge, on marque le contour avec un poinçon ou un ins- trument similaire qui trace une rainure sur le papier sans le traverser. Cette incision permettra de déchirer la pièce, soit à sec, soit en mouillant au préalable la rainure avec un pinceau fin. On encolle la tranche défibrée qui va servir à fixer la pièce.

Le biseautage au scalpel. La première opération consiste A biseauter le bord de la lacune au scalpel - au verso ou sur les zones vierges d'écriture - en s 'efforçant de ménager une marge d'une largeur proportionnelle à l'épaisseur du papier. L'opération se réaliser sur négatoscope, de façon A contrôler la trajectoire du scalpel et le netteté de la coupe. Ensuite, on décalque sur le papier de comblage, la forme de la lacune à combler et l'on découpe la pièce en ménageant tout autour une marge de cinq millimètres. On la pose A nouveau sur le négatoscope et on biseaute à l'aide d'un scalpel cette marge de telle sorte que le biseau de la pièce coïncide parfaitement avec celui qui a été pratiqué sur le document à reconstituer. Après ajustage, on encolle le biseau de la pièce que l'on applique ensuite sur l'original. En principe, l'opération est parfaite lorsqu'on ne décèle au toucher aucune différence de relief en passant d'un papier à l'autre.

Comblage au pinceau. On dispose le document à reconstituer sur la feuille de papier choisi pour le réparer en veillant à ce que les deux surfaces soient bien planes. Avec un pinceau fin, on encolle le pourtour du trou à colmater de façon à ce que la colle effleure le papier de comblage. On pose sur les deux feuilles un support souple et perméable pour sécher et mettre à plat le tout. Après le séchage, on élimine le surplus de papier de comblage, soit 2 l'aide d'un scalpel, soit tout simplemnt en l'humidifiant et en l'étirant doucement à l'aide de pinces. Cette opération provoque le défibrage du bord extérieur de la pièce qu'il faut à nouveau encoller, ce qui lui confère une solidité à toute épreuve.

Une variante de ce procédé consiste à encoller toute la surface de la pièce qui est visible à travers le trou à combler. On pose par-dessus une deuxième feuille du même papier à greffer 2 la première. Les deux feuillets adhèrent l'un à l'autre en enserrant le bord du trou à combler.

Cette technique de comblage exige l'emploi d'un papier fin de manière que l'épaisseur des deux feuillets superposés soit égale 5 l'épaisseur du document original. L'opération de finition consiste à éliminer l'excédent de papier de comblage.

Comblage par un procédé inspiré de la lamination. On dispose le document à reconstituer sur une feuille de papier de comblage puis on étend de la colle, à l'aide d'une brosse douce, sur toute la surface visible, autrement dit sur le document original et sur la partie de la pièce que l'on voit à travers les trous du papier à combler. On superpose ensuite une feuille transparente (papier Japon) comme on en emploie pour la lamination (cf. 6.3.13). On fait subir à l'ensemble une opération de séchage et de mise 2 plat.

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Après le séchage et la mise à plat, on élimine le surplus de papier de comblage. Si l'on veut assurer une bonne cohésion et parvenir à équilibrer les tensions, il est vivement conseillé de laminer aussi le verso du document.

Comblage à la pâte 2 papier. Lorsque les trous sont de faible dimension, on peut les combler avec de la pâte 5 papier appliquée 2 l'aide d'une petite seringue ou d'un pinceau. La pâte s'étale avec une spatule, thermostatique si possible, pour qu'elle sèche immédiatement. Cette opération est très facile à exécuter si elle se pratique sur une table 5 aspiration.

6.3.10.2 Comblage par procédés mécaniques. Vu la quantité des documents à reconstituer et la lenteur et la complexité des procédés manuels, on a &ti amené 5 développer le comblage mécanique qui s'inspire des techniques les plus anciennes de fabrication du papier. Les résultats obtenus sont on ne peut plus concluants. Le procédé frappe par sa perfection et sa rapidité puisqu'il permet, en l'espace de quelque trois minutes, de combler tous les trous et de reconstituer tous les fragments perdus.

L'ensemble de cette opération qu'on appelle le leaf casting se réalise avec des machines spéciales (type Vinyector, Recurator...).

Le procédé consiste en gros 5 disposer le document original au-dessus d'une grille 5 travers laquelle on fait passer une dispersion aqueuse de pâte à papier. Au cours de cette opération, l'eau passe 2 travers les trous du document 6 reconstituer en entraînant les fibres au passage. Celles-ci cepen- dant sont arrêtées par la grille OU elles s'accumulent en formant un "bouchon" qui va obturer les lacunes du de pâte en dispersion doit perdus.

I1 s'agit d'un procédé empêche la pâte de se déposer l'écoulement est trop lent ou parfois la formation de dépôt

papier tandis que l'eau s'égoutte. La quantité être proportionnelle au volume des fragments

fort simple puisque la vitesse d'aspiration sur le papier. I1 ne se forme de dépôt que si si la dose de pâte est trop forte. On provoque de façon 5 recouvrir (comme par lamination) le

verso de documents qui sont particulièrement fragiles.

I1 faut employer 'des pates dont la couleur, la finesse et surtout la qualité correspondent à celles du papier à combler.

Certains procédés impliquent l'emploi d'agents de collage ; d'autres font appel au principe de la liaison chimique interfibrillaire.

6.3.11 Reconstitution des éléments qui figuraient sur le support

6.3.11.1 Critères. Les critères actuels de reconstitution de l'écriture et des autres éléments qui figuraient sur le support se résument 5 la nécessité de respecter l'intégrité du document, surtout lorsqu'il s!agit de documents manuscrits, par nature uniques.

I1 est absolument hors de question de chercher 2 reconstituer des textes perdus ou incomplets si l'on ne dispose pas de renseignements d'une fiabilité à toute épreuve.

Si l'on dispose d'un fac-simile, d'une photographie ou d'une description exacte de l'écriture perdue, on a le choix entre plusieurs formules :

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- 90 - - la reconstitution conforme sans rétablissement de l'intégrité maté-

rielle, c'est-à-dire en employant des matériaux et des procédés diffirents de ceux qui ont été employés pour créer l'original. On veillera à choisir une encre, une couleur et même un instrument qui ne puissent en aucun cas être confondus avec ceux qui ont été employés pour l'original et ;.reconstituer les fragments perdus de telle façon que l'on puisse distinguer au premier coup d'oeil la partie originale et la partie restaurée. I1 faut en outre mentionner la source d'où proviennent les renseignements sur la base desquels on a pro- cédé à la reconstitution ;

- une autre formule consiste à renseigner le lecteur sur le contenu ori- ginal en insérant une feuille de même dimension mais de qualité différente et d'époque plus récente sur laquelle on reconstituera exclusivement le texte ou l'écriture perdus en imitant de façon fidèle le style, la technique, voire la couleur de l'original.

Si cette reconstitution s'opère sur du papier transparent, le texte re- constitué coïncidera, par simple superposition, avec la lacune de l'original, ce qui permettra au lecteur de se faire au premier coup d'oeil une idée du texte initial.

Les chercheurs préfèrent que l'on ne procede 5 aucune reconstitution graphique sur le document original. Ce principe est tout 2 leur honneur car il interdit la fraude et évite même le risque d'induire en erreur.

- le souci de la rigueur scientifique et de la commodité dicte une troi- sième règle consistant à faire, à titre d'information, une reproduction de la source d'information et à la faire figurer en appendice à l'original.

6.3.11.2 Texte pâli. I1 est absolument hors de question de "repasser" par- dessus le texte pour en renforcer la coloration. Cette opération risquerait en effet d'occasionner des erreurs irréparables. I1 est préférable de -rendre le texte plus visible au moment de la lecture au moyen de rayons ultraviolets qui, dotés d'une énergie de rayonnement et d'un indice de pénétrabilité supérieurs , permettent de voir des traits invisibles sous un éclairage ordi- naire.

Ce même procédé permet, à condition d'utiliser une pellicule spéciale, de photographier le document original. I1 s'agit d'une technique très répandue. Aussi est-il vivement recommandé, pour éviter le risque que comporte toute exposition à des rayons, de donner à consulter de préférence les photographies ou fac-similés des documents, qui offrent toute garantie scientifique, et de préserver ainsi l'intégrité du document original.

On connaTt depuis des années les propriétés de certains réactifs chi- miques qui permettent d'intensifier les textes pâlis. Ces réactifs agissent généralement en accentuant le chromatisme par oxydation des particules exis- tantes. L'effet, d'autant plus net que les restes oxydables sont plus impor- tants, est d'une durée limitée et entraîne, lorsqu'il cesse, la disparition définitive des restes dont l'oxydation provoque la destruction.

Par conséquent, l'utilisation des réactifs est déconseillée sauf si elle est occasionnelle et réversible sans effets secondaires, ce qui ne parait guère réalisable. Si des circonstances exceptionnelles imposent ces manipu- lations, elles doivent s'assortir d'un contrôle rigoureux et de précautions visant à éviter toute dégradation des encres et du papier.

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La solution préconisée dans la section précédente est également valable ici et doit l'emporter sur toute autre solution qui ne présenterait pas les mêmes avantages.

6.3.11.3 Reconstitution d'oeuvres artistiques - gravures et dessins Le souci de l'esthétique de l'oeuvre oblige à appliquer les principes de

façon moins rigide que dans le cas d'un simple document écrit. Dans ce dernier cas en effet, la valeur textuelle est prépondérante ; dans le cas d'oeuvres artistiques, il faut préserver l'harmonie de l'ensemble qui serait compromise si l'on ne veillait pas à ce que les fragments reconstitués respectent cet équilibre artistique et chromatique qui est consubstantiel 2 toute oeuvre d'art.

Par conséquent , lorsqu'il s'agit de documents dont la valeur tient d'abord à la beauté, la technique de reconstitution doit, en toute logique, se conformer à cette exigence, d'où le choix de solutions qui soient mieux adap- tées mais qui ne doivent en aucun cas s'apparenter si peu que ce soit à une opération de camouflage ou de falsification. Même si l'on part du principe que la reconstitution doit satisfaire au critère de l'harmonie visuelle, le fait d'exécuter une restauration trop belle reviendrait & commettre délibérément une fraude ou à infliger un dommage irréparable en introduisant dans l'oeuvre originale des aspects et des fragments bâtards et en donnant l'illusion qu'ils lui appartiennent.

Pour les documents de ce type, les techniques possibles de reconstitution du tracé sont les suivantes :

La reconstitution intégrale, sous réserve qu'elle ne s'opère pas avec la même encre et que le verso de la pièce présente une qualité qui permette de le distinguer du support original.

Restauration au pointillé. Elle consiste à reconstituer l'image par une sorte de pointillé qui respecte, y compris par ses nuances chromatiques, l'harmonie de l'oeuvre. Ce procédé simple, qui donne des effets heureux, est à écarter uniquement lorsque l'oeuvre originale elle-même a été réalisée selon cette technique ou par des procédés avoisinants.

Reconstitution par rayures. Ce procédé, techniquement plus difficile que le précédent, donne lui aussi un résultat agréable à l'oeil. I1 consiste 2 tracer des rayures parallèles, uniformes et régulières dont les tons soient exacte- ment ceux de l'original ; la longueur des traits, leur épaisseur et leur superposition produisent un effet qui distingue la partie restaurée sans compromettre l'harmonie de l'ensemble. Les rayures doivent toujours être verticales, même lorsque les lignes reconstituées ne le sont pas. De cette manière, les rayures ne compromettent pas l'équilibre de l'ensemble.

Quelle que soit la formule retenue, et quelle que soit la partie - tracé ou support - que l'on reconstitue, on doit absolument s'abstenir d'utiliser des teintes qui, ensemble ou séparément, jureraient avec celles de l'original. Si cette condition n'était pas respectée, la reconstitution attirerait l'oeil et pourrait même compromettre la valeur de l'ensemble.

Théoriquement, l'intensité chromatique de la partie reconstituée doit être égale aux deux tiers de celle de l'original. Cette règle oblige à em- ployer des tons doux et discrets qui contribuent à l'harmonie de l'oeuvre.

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- 92 - 6.3.12 Séchage et mise à plat. Dans le travail de restauration, les op&- rations de séchage et de mise A plat sont apparemment simples. Simplicité trompeuse car les difficultés commencent lorsque l'on s'efforce, ce qui est naturel, de parvenir à une finition parfaite.

Tout papier mouillé subit une augmentation de volume due au gonflement des fibres et d'autres substances hygroscopiques présentes dans sa structure ; l'effet se traduit par la distension des fibres de cellulose et autres cons- tituants du papier. Théoriquement, les unes et les autres devraient reprendre leur dimension initiale, après séchage. Si tel était le cas, le papier re- trouverait ses dimensions initiales qui ont été faussées par l'absorption d'eau.

I1 en va autrement dans la pratique et les fibres comme les autres cons- tituants touchés ne reprennent pas leur place d'origine dans le papier lors- qu'ils évacuent l'eau dont ils étaient gonflés. Ce phénomène provoque des déformations ; le papier se gondole fortement, effet qu'il est possible de corriger par une opération que nous appelons la mise à plat.

Quand on cherche à mettre à plat ou à égaliser une surface en la soumet- tant à une forte pression, les fibres et autres substances restent astreintes à la tension exercée et le papier montre après séchage des irrégularités ainsi qu'une augmentation de taille appréciable, car même après évacuation de l'eau, les feuilles ne retrouvent pas leur volume initial.

Pour que les feuilles reprennent leurs dimensions primtives, il faut que l'eau s'évacue lentement ; les fibres se remettent alors librement en place, sans qu'aucune pression ne s'y oppose.

I1 est, on le comprend, virtuellement impossible que la feuille retrouve exactement sa position initiale. Tout papier mouillé va logiquement accuser, après séchage, une modification de ses dimensions sur l'ensemble de sa surface. L'augmentation est particulièrement prononcée dans le sens trans- versal des fibres, et les déformations sont proportionnelles & l'hygrosco- picité de la matière et à la position plus ou moins contrainte qui lui a été donnée lors de la fabrication et qu'il a conservé tant qu'il ne s'est pas trouvé mouillé à nouveau.

6.3.12.1 Le séchage et la mise à plat naturels d'un papier doit commencer par un séchage à l'air. On pose le papier, sorti du bain, sur une surface qui doit être lisse pour ne pas en gêner la contraction lorsque l'eau s'évapore. On le laisse dans cette position jusqu'à ce qu'il soit presque totalement sec. I1 ne faut pas accélérer le séchage en soumettant le document à une chaleur artifi- cielle ou à des courants d'air irréguliers. La meilleure solution est de le placer sur un rayonnage, dans une pièce ou un local où les conditions am- biantes lui feront perdre progressivement son humidité, sans à-coups mais sans excès de lenteur - en cas de contamination microbienne du local, la lenteur favorise le développement de micro-organismes.

Après ce séchage à l'air, le papier a à peu près retrouvé ses dimensions initiales ; on le place alors entre deux supports protecteurs - souples et perméables - pour opérer une mise à plat en douceur pendant qu'il finit de sécher.

Le choix des supports est très important car ils vont transférer A la surface du papier l'aspect qui correspond à leur texture. On veillera donc à choisir un support - satiné ou mat - dont l'aspect se rapproche le plus possible de celui du document.

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On dispose sur l'ensemble un poids quelconque qui exerce une pression uniforme sur la totalité de la surface. I1 faut éviter toute pression ex- cessive. I1 est préférable que la mise & plat se fasse en douceur pour que le papier prenne sa forme sans contrainte. Bien utilisées, les presses manuelles donnent de bons résultats.

Le risque de déformation est proportionnel 2 la pression exercée pendant la mise 5 plat et au degré d'hmidité ; il est inversement proportionnel au temps total de séchage du papier.

En résumé, le processus de séchage & l'air doit être lent et s'opérer dans les conditions ambiantes ; il faut prendre garde & la présence de micro-organismes, & la dissolution des encres, au gondolage, 2 l'apparition d'autres irrégularités superficielles comme l'exfoliation.

Pour sécher & l'air des livres mouillés par suite d'une inondation, il faut les ouvrir dans la position qui occasionnera le moins de déformations. Si le papier et les encres le permettent, on peut les plonger dans un bain d'al- cool qui en se volatilisant accélérera le séchage par évaporation de l'eau.

Dans tous les cas, le procédé de séchage qui convient le mieux aux livres mouillés est le séchage 2 l'air libre ou forcé 2 une température inférieure 5 25" C de façon & réduire les risques inhérents au facteur température et à éviter l'attaque par des micro-organismes. On facilitera le processus en intercalant entre les pages des feuilles d'un matériau plus ou moins absorbant selon la solubilité des encres (on changera ces buvards & intervalles réguliers).

Une fois qu'on a obtenu un séchage uniforme, on referme les livres et on les soumet à une pression modérée.

6.3.12.2 Autres procédés. Mis & part le procédé naturel de séchage et de mise 5 plat que nous venons de décrire, il y a d'autres procédés, complémentaires ou non du premier, qui sont soit manuels, soit plus ou moins mécanisés.

Procédés manuels :

- montage entre feuilles absorbantes (type buvard ou papier filtre). Ce procédé n'est conseillé que pour le séchage ultime ;

- des supports perméables-souples (type Reemay). Ces supports conviennent idéalement au séchage & l'air ; ils le facilitent en effet en transpirant. Leur emploi est très indiqué, compte tenu des considérations générales qui ont été exposées ;

- séchage sur une corde. Le procédé est dangereux car il comporte un risque de déchirure. I1 ne convient que pour des papiers très solides ; encore oblige-t-il 2 s'entourer de précautions rigoureuses et A exercer une sur- veillance constante ;

- treillis et tamis. Ils sont très pratiques car ils permettent de main- tenir et de manipuler le document pendant son immersion, puis de l'y laisser sécher & l'air. On choisira des treillis en métal inoxydable, en nylon ou en toute autre matière qui ne risque pas d'endommager le document ;

- mise à plat entre des vis. Le procédé est pratique dans le cas parti- culier OU l'on doit manipuler des documents de grandes dimensions.

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- mise 5 plat sous verre. Déconseillée sauf s'il faut surveiller le docu- ment en permanence, auquel cas on le maintiendra entre des supports souples et transparents (table 5 sérigraphie) ;

- bain dans un solvant volatil. Procédé très commode lorsque l'on sou- haite une légère accélération du séchage & l'air libre.

Procédés mécaniques

- presses manuelles ou hydrauliques. Indispensables dans tout laboratoire de restauration pour procéder à la mise à plat finale ;

- presses thermostatiques. Déconseillées sauf pour la dernière étape du séchage, à condition de s'en servir à basse température et d'exercer une pression faible ;

- table à aspiration. Utile & condition que la pression ne soit pas excessive, que le papier se prête bien 2 la contraction et que le support utilisé pour appuyer sur le papier mouillé ne le marque pas. I1 est très commode d'associer l'aspiration et l'action d'un solvant volatil pour réaliser

. un séchage uniforme de surfaces présentant de fortes irrégularités ;

- enceinte sous vide. Tres indiquée pour sécher de grosses quantités de documents, notamment lorsque l'on doit décongeler des livres que l'on aura congelés après une inondation ;

- séchage au four. I1 ne donne pas de très bons résultats car après le séchage, il faut généralement réhumidifier le papier avant de procéder à la mise à plat ultime ;

- centrifugeage. Procédé déconseillé ; - exposition aux infrarouges. Consiste à exposer le papier au rayonnement

émis par une lampe à incandescence ; utilisée pour le séchage en série. Pro- cédé déconseillé.

6.3.13 Lamination. La lamination a pour objet de remédier 2 la friabilité des documents. Pour cela, on applique sur les deux faces du papier une feuille de renfort qui redonne au document sa consistance et sa maniabilité.

L'opération peut être simple ou double, en ce sens qu'elle peut être pratiquée sur une seule face ou sur les deux. Lorsque le papier manque de consistance, elle est évidemment double car, si l'on ne renforce qu'un côté, le papier aura tendance à s'enrouler à cause de la différence de tension.

Ce revêtement doit être très mince, le moins opaque et le plus consistant possible (papier Japon). Par contre, si le papier a plus de corps - cas des papiers utilisés pour les gravures, les dessins, les plans, etc. - on peut, sous réserve qu'il n'y ait pas d'inscriptions au revers, apposer un revêtement plus épais, même si c'est au détriment de la transparence.

La lamination est essentiellement une méthode curative et ne doit pas être employée massivement et systématiquement. On ne doit y recourir que lorsque les documents sont devenus , pour diverses raisons (incendie, acidité, insectes, micro-organismes, etc.), si friables que l'on ne peut les restaurer par les moyens ordinaires de consolidation ou de réparation.

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La lamination est le seul recours dans ces cas extrêmes. Mais avant d'y soumettre un document, il faut prendre les mesures nécessaires pour éliminer tout effet nocif et surtout les causes inhérentes de détérioration si elles agissent encore : saleté, acidité, micro-organismes ... La lamination ne re- médie nullement à ces maux; bien au contraire, elle peut contribuer à les aggraver comme il arrive avec l'acidité.

En d'autres termes, avant de procéder à la lamination, il est indis- pensable d'éliminer tous les facteurs d'altération - causes ou effets - qui sont présents dans le document. Sinon, une fois le papier recouvert, ils seraient définitivement pris dans sa structure et pourraient même voir leur pouvoir se développer, ce qui réduirait 5 néant les efforts de restauration déployés.

L'élimination de l'acidité est une condition préalable essentielle. On ne doit laminer aucun papier qui ne soit exempt de cet agent de détérioration.

I1 existe des procédés manuels et mécaniques de lamination.

6.3.13.1 Traitements manuels. I1 suffit de disposer d'une surface lisse et, de préférence, horizontale , sur laquelle on place un support souple (reemay, téflon, polyéthylène...). On y place le document à laminer et, 2 l'aide d'un pulvérisateur ou d'un pinceau doux, on l'humecte sur toute la surface pour provoquer un relâchement des fibres et favoriser l'action de la colle que l'on étendra ensuite avec un pinceau ou un rouleau jusqu'à obtenir une répartition parfaitement uniforme du produit.

Sur la surface encollée, on dispose la feuille de renfort que l'on aura également humectée au préalable ; une fois celle-ci bien en place, on la re- couvre d'un autre support imperméable sur lequel on exerce une légère pression à l'aide d'un rouleau, avant de mettre le tout sous presse.

Pour ces opérations, on emploie en principe des supports perméables (de type Reemay) ; si l'on est obligé, pour une raison ou une autre, d'utiliser un support imperméable (téflon, polyéthylène), il faudra ensuite le remplacer par un support perméable afin d'activer le séchage définitif. I1 ne faut jamais, en revanche, accélérer le séchage au moyen d'un fer à repaser ou par l'appli- cation locale de chaleur, car le séchage risquerait alors d'être irrégulier et des déformations regrettables pourraient apparaître du fait de la mise en place contrainte des fibres du document ou du papier laminateur.

Le procédé de lamination manuelle, on le voit, peut être mis en oeuvre de différentes façons en vue de traiter des cas concrets. On peut ainsi appliquer la colle sur le papier à laminer au lieu de le faire directement sur l'ori- ginal, effectuer l'ensemble de l'opération sur une table d'aspiration, ce qui est très commode, etc.

La variante la plus intéressante est peut-être celle. qui consiste à rem- placer les agents de collages à l'eau par des adhésifs solubles dans des solvants organiques, solution qui convient très bien lorsque le document ou l'écriture ne supporteraient pas le traitement 2 l'eau. Dans ce cas, l'agent de collage le plus utilisé est l'acétate de cellulose sous forme de pellicule.

On procède de la façon suivante : on place la pellicule adhésive entre le document et le papier à laminer et on applique de l'acétone avec un tampon de coton en appuyant légèrement. Sous l'effet du solvant et de la pression, la pellicule se dilue et les papiers adhèrent l'un 2 l'autre. Ce système présente l'inconvénient de conférer aux documents une certaine rigidité qui s'explique par une déshydratation due au solvant.

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- 96 - 6.3.13.2 Traitements mécaniques. On utilise, dans ce cas, des colles ther- moplastiques que l'on applique à l'aide d'une machine appelée laminator ou d'une presse thermostatique. Dans les deux cas, l'appareil est muni de plaques chauffantes qui, en transmettant la chaleur par pression, ramollissent l'adhésif. En se refroidissant, celui-ci durcit et les papiers s'unissent car la substance liante pénètre dans les surfaces de contact au moment OU elle atteint son point de fusion.

La machine doit donc fournir 2 la fois la chaleur et la pression pour permettre au produit adhésif d'agir, c'est-à-dire d'unir les éléments en contact, phénomène fondamental de l'opération.

Dans ce type de lamination, on procède de la façon suivante :

On prend d'abord un support souple et imperméable thermostable (téflon) , sur lequel on place la feuille de papier 2 laminer (papier de soie), puis la pellicule adhésive thermosplastique et , enfin, le document. S'il s'agit d'une lamination simple, on pose sur le tout un autre support identique au premier. Si elle est double, avant cette opération finale, on insère une deuxième pellicule thermoplastique et une deuxième feuille de renfort.

L'ensemble est protégé par deux cartons semi-rigides et placé entre les plaques chauffantes de la machine, OU on le maintient sous légère pression. La température et la durée de l'opération dépendent des caractéristiques de l'adhésif. Après avoir attendu le temps nécessaire, on retire le "sandwich" d'entre les plaques chauffantes et on le soumet 5 un pressage pour aplanir et égaliser l'ensemble ; pendant ce temps, l'adhésif durcit en se refroidissant.

L'épaisseur des pellicules d'adhésif utilisées varie entre 0,025 et 0,05 mm. Elles doivent être parfaitement transparentes et ne pas exiger l'emploi de températures trop élevées qui risqueraient d'abîmer le papier. En outre, il faut que leur action soit réversible pour qu'on puisse, si le résultat n'est pas satisfaisant, les éliminer à l'aide d'un solvant inoffensif.

1

Les adhésifs les plus courants sont les suivants :

- polyéthylène. Température approximative 110" C solvant : tri-perchloro-éthylène à 50" approximativement

- polyamide (nylon). Température approximative 85" C

solvant : alcool chauffé

- acétate de cellulose. Température 150" C solvant : acétone

Pour tous ces produits, la durée du traitement est d'environ 35 secondes.

On peut remplacer les pellicules d'adhésif par d'autres produits ayant également des propriétés thermosplastiques (paraloïd, primal, etc.) que l'on applique directement sur le papier à laminer, De cette façon, le papier de revêtement est prêt à être posé sur le document et l'on peut entamer le cycle décrit, en faisant intervenir la température et la pression.

,

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- 97 -

Dans toute lamination double, qu'elle soit manuelle ou mécanique, il est bon de laisser sur le pourtour une marge d'environ 2 mm afin d'enfermer hermé- tiquement le document dans sa protection. Sans ce scellement, il y a risque d'exfoliation de l'ensemble et même de pénétration de micro-organismes dans la couche intermédiaire, c'est-à-dire dans le document.

Dans la lamination double, il faut tenir compte du sens principal des fibres des papiers de renfort. I1 convient de les placer de manière 5 ce que les fibres se croisent. On évite ainsi les tensions et les déséquilibres entre les deux surfaces et on prévient toute tendance à l'enroulement.

Si on veut laminer et en même temps combler les trous du document avec un papier similaire, il faut agir en deux temps. Dans le premier, on procède de la même façon que pour la lamination mécanique simple, à ceci près que l'on intercale entre l'envers du document et le dernier support, les morceaux de papier nécessaires pour boucher les trous.

Au cours de cette première lamination, les "greffes" adhèrent au papier de soie sur toute la surface du trou grâce à l'adhésif dont est enduit l'autre côté. Ainsi, le recto du document est renforcé par le papier laminateur et les fragments de papier de comblage, dont il faudra rogner les bords en suivant le pourtour du trou, restent accessibles au verso. Après une opération de fini- tion des pièces, on soumet le recto & une deuxième lamination simple.

Cette technique, pour laborieuse qu'elle soit, donne d'excellents résul- tats du point de vue tant de la consolidation du papier que de l'esthétique générale du document.

6.3.14 Reliure. En restauration, on classe les livres dans trois catégories du point de vue de leur reliure :

- ceux qui ont une reliure irremplaçable en raison de sa valeur documen- taire et/ou artistique ;

- ceux qui n'en ont pas, parce qu'ils l'ont perdue ; - les livres modernes dont la reliure est inutilisable à cause de la

mauvaise qualité des matériaux et des techniques de fabrication employées.

6.3.14.1 Critères et techniques. Ils varient selon les cas susmentionnés.

Reliure irremplaçable en raison de sa valeur documentaire et /ou artistique. Toutes les reliures anciennes ou précieuses, quel que soit leur état de - - conservation, relèvent évidemment de cette catégorie. Lorsqu'elles ont été endommagées et qu'une intervention est nécessaire, la restauration visera, d'une part, à sauvegarder le maximum de ce qui reste des éléments structurels de l'ouvrage et 6 leur rendre leur utilité première et, d'autre part, 5 re- mettre en place ou A reconstituer les fragments et éléments qui ont disparu ou ont perdu leur fonction.

Cette double opération doit être effectuée simultanément à l'occasion d'une double opération de démontage (déreliage) et de remontage du livre.

Démontage. Le démontage de ce type d'ouvrages, que ce soit pour restaurer le corps d'ouvrage ou la reliure, exige une analyse très minutieuse de tous les aspects structurels.

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- 98 - Cette analyse doit porter tant sur les éléments eux-mêmes que sur la

fonction qu' ils remplissent ou devraient remplir. On commet souvent l'erreur de se fier A sa mémoire ou à la logique de l'agencement des éléments qui sont déjà détachés ou qui vont l'être au cours de l'opération de démontage, au risque de se tromper ou de voir surgir des problèmes en fin de parcours.

Pour éviter ces déboires et pouvoir au contraire disposer des données voulues au moment du remontage, il convient de dresser, comme dans un véri- table relevé archéologique, un inventaire scrupuleux de toutes les pièces dans l'ordre d'apparition et d'en identifier la fonction.

On détachera donc les éléments un à un, en particulier ceux qui ont besoin d'être restaurés.

Le système de fermeture, l'emplacement des agrafes, les coins, les ca- bochons, etc., la forme du dos, l'étiquette, l'ornementation, les pages de garde, le mors, les plats, la fixation des nerfs, les renforts du dos, le type de couture, la tranchefile, l'endossure, etc., devront faire l'objet d'anno- tations, des dessins ou des photographies afin qu'il ne subsiste aucun doute quant à leur présence et à leur fonction.

Aucune donnée ne doit être négligée ni donner lieu à une interprétation erronée. Le mal pourrait être irréparable.

I1 faut commencer par paginer le corps de l'ouvrage, en indiquant les feuilles manquantes sur un schéma clair de l'agencement et de la composition des cahiers ; il ne faut pas se fier à l'enchahement probable, surtout dans les livres anciens.

I1 s'agit 12 d'une opération 2 laquelle on procède rarement deux fois de suite en peu de temps à propos d'un même livre. Aussi faut-il en profiter pour recueillir les données culturelles - scientifiques et techniques - mal connues que recèlent les divers types de reliures exécutées à différentes époques.

C'est l'occasion de noter les caractéristiques structurelles du livre et de faire de celui-ci une réplique sous forme de maquette qui servira 5 la fois de témoin et d'objet d'étude.

Le déreliage est donc une opération de la plus haute importance, qu'il ne faut jamais exécuter à la légère.

Montage. On utilisera pour la nouvelle reliure de ces livres le maximum de matériaux d'origine, lesquels seront, après restauration, replacés dans l'ou- vrage là où ils étaient.

Les éléments impossibles à restaurer seront remplacés par d'autres possédant des caractéristiques analogues, mais on prendra soin d'éviter tout risque de falsification.

On s'aperçoit souvent, au moment de remonter la reliure d'un ouvrage qui vient d'être restauré, que les plats et la couverture ont "rétréci" et qu'ils sont inutilisables. En réalité, c'est le livre qui a augmenté de volume, car ses feuilles se sont dilatées, probablement à la suite d'un traitement aqueux, et n'ont pas recouvré leurs dimensions initiales.

Dans ce cas, on a la ressource d'augmenter aussi les dimensions des plats, ce qui en général ne présente aucune difficulté, ainsi que la surface de la couverture en utilisant les matériaux disponibles côté tranche et

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- 99 - chasse. Si cette solution s'avère impossible, tout ce qu'on peut faire, c'est séparer le dos des deux couvertures, en suivant la ligne du mors, et placer ces trois pièces, parfaitement collées, sur une nouvelle reliure dont les matériaux et les techniques d'exécution seront le plus conformes possible à ceux de la reliure primitive.

C'est également la solution qui convient le mieux lorsqu'il manque dans la couverture des fragments que l'on ne peut ou ne veut remplacer.

Dans ces deux derniers cas, la couverture primitive est superposée 5 la nouvelle, sur toute sa surface. La conservation sera meilleure, car c'est la nouvelle reliure qui fera véritablement fonction de couverture.

I1 peut y avoir un risque d'exfoliation des bords ou des trous qui n'ont pas été comblés. Pour le prévenir, on scelle le pourtour 2 l'aide d'une colle thermoplastique ou avec de la cire.

I1 arrive que des fragments d'origine ne puissent pas être incorporés à la nouvelle reliure. Dans ce cas, on confectionne un contre-plat rabattable - une sorte de revers ou de poche - dans lequel on range en les fixant soli- dement les éléments épars qui appartiennent avec certitude au document primitif.

Pour que l'utilisateur dispose de tous les éléments d'information scien- tifique nécessaires, on ajoutera une brève note, expliquant les apports de la restauration et portant le numéro du dossier ainsi que le nom du laboratoire.

Les matériaux les plus recommandés sont les suivants :

- peaux tannées à l'aide de produits végétaux ; - cartons neutres ou matières synthétiques : plaques de méthacrylate ou - bois traité avec des renforçateurs et des insecticides-fongicides ; - papier de bonne qualité ; - gardes à couleur indélébile ; - tranchefiles (fabrication industrielle ou artisanale) ; - feuilles d'or ou matériau analogue ; - anti-oxydants pour les éléments métalliques ; - cordes et ficelles de lin ou de chanvre ; - colles synthétiques ou semi-synthétiques.

PVC ;

Dans le cas de livres de format moyen ou grand, on peut remplacer les ,matériaux traditionnels des plats (cartons et bois, qui sont instables) , par des plaques de méthacrylate ou de PVC, qui sont au contraire très stables. En principe, il n'est pas de règle d'utiliser ces matériaux dans la restauration traditionnelle des reliures, mais ils donnent d'excellents résultats et restent dissimulés par les couvertures et les gardes qui sont collées au méthacrylate au moyen d'une feuille de papier ou de bristol fixée avec de la colle contact sur le matériau synthétique ou avec n'importe quelle autre colle synthétique'sur la couverture et la garde.

Reliure perdue. Lorsque l'on se trouve dans ce type de situation, il ne faut rien entreprendre avant de s'informer sur la nature du livre en question. S'il s'agit d'un livre moderne ou de série, dont la valeur tient uniquement au texte qu'il contient, la reliure n'aura d'autre but que de protéger et de sauvegarder le contenu, tout en facilitant la manipulation de l'ouvrage. Dans ce cas, et compte tenu des besoins particuliers du centre détenteur, du sort réservé 5 l'ouvrage, du type de dépôt, etc., on confectionne une reliure que l'on pourrait qualifier de fonctionnelle, tout en respectant les principes de base qui régissent la conservation.

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- 100 -

En réalité, il ne se pose de problème que lorsque le livre, parce qu'il est ancien, rare ou pour tout autre raison qui mérite d'être prise en consi- dération, était recouvert à l'origine d'une reliure particulière dont il convient de faire "une réplique" pour en rehausser la valeur documentaire ou tout simplement pour que la couverture et l'aspect général de .l'ouvrage soient en harmonie avec le sens du document lui-même.

On se trouve alors devant deux cas de figure :

Connaissance indirecte des éléments perdus et des techniques de reliure employées, grâce à des photographies, des dessins, des descriptions ou toute autre source d'information. Après avoir démonté le corps du livre en prenant les précautions nécessaires, on effectue un nouveau montage en s'efforçant d'imiter le montage primitif du point de vue technique, mais avec des maté- riaux et des moyens modernes.

La couverture et l'aspect final donneront une idée authentique de ce qui a été perdu mais, toujours suivant le même principe, avec des techniques et matériaux différents, sans tomber sous aucun prétexte dans le travers d'une imitation parfaite, c'est-à-dire en évitant absolument toute falsification. De cette façon, on n'induit pas en erreur tout en sauvegardant l'aspect authen- -tique et le témoignage sur une époque et un contexte donnés.

On ajoute en outre sous forme d'appendice ou dans un endroit discret mais facilement localisable (garde, contreplat, etc.) une note à ce sujet, en indi- quant les références du laboratoire et du dossier où sont consignées les cir- constances dans lesquelles la reliure a été réalisée et les raisons qui ont motivé les travaux.

Absence de sources concernant l'aspect de la reliure originale. Dans ce cas, on se conforme au style de l'époque ou des caractéristiques du livre qui, d'un point de vue scientifique, renseignent le plus fidèlement possible sur l'aspect original. Comme dans le cas précédent, on imite en se gardant de falsifier. 'La nouvelle reliure met en valeur le contenu et le laboratoire ou l'atelier OU les travaux ont été effectués en assume la reponsabilité.

Reliure inutilisable 5 cause de la mauvaise qualité des matériaux ou du mode de fabrication. On remédie à ce type de situation, qui malheureusement est fréquente dans le cas des livres récents, par une simple reliure fonction- nelle, convenant A l'utilisation qui sera faite de l'ouvrage, au caractère de celui-ci et aux exigences de l'établissement détenteur. Le seul impératif à respecter est l'emploi de matériaux résistants et présentant une innocuité parfaite.

On recolle souvent la couverture primitive sur la nouvelle reliure ou on l'y insère.

A titre documentaire, on inclura toujours une note d'information sur l'aspect de la reliure authentique et les raisons qui en justifiaient la re s t aura t ion.

6.3.15 Montage et "encapsulation"

6.3.15.1 Considérations générales. Une fois que l'on a restauré le document, il est indispensable de faire en sorte qu'il ne coure pas à l'avenir trop de risques d'être à nouveau détérioré. Cette démarche répond A un double objec- ,

tif : permettre la manipulation et se prémunir contre tout ce qui pourrait ,'

nuire à la conservation du document, quel que soit l'environnement.

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- 101 - La présente section est centrée principalement sur le premier objectif, à

savoir rendre à leur fonction les documents dont l'usage qui en sera fait ou l'état physique ne justifie pas un traitement aussi radical que la lamination.

Lorsqu'il s'agit de feuillets volants, la solution la plus appropriée est le montage dans une chemise passe-partout ou 1"'encapsulation".

Les deux techniques protègent le document des méfaits de la consultation, du transport, de l'exposition, du stockage, etc. I1 s'agit en fait de placer le document dans un véritable récipient, un étui qui lui assurera une relative protection contre les agents d'agression externes.

6.3.15.2 Montage. Cette opération consiste 5 confectionner ce que l'on appelle une chemise passe-partout formée de deux cartons de qualité identique, qui doivent répondre à un certain nombre de spécifications.

Ils doivent être :

- dépourvus d'acidité (neutres) - exempts de particules ou d'éléments métallo-oxydants - non exfoliables et avoir :

- un aspect semi-satiné - un faible taux d'hygroscopie. On prend deux cartons identiques (il en existe de différentes épaisseurs

et couleurs dans le commerce), dont on assemble deux côtés à l'aide d'une bande adhésive afin d'obtenir la chemise en question, qui revêt la forme d'un d ip t yque .

Avant d'effectuer cet assemblage, on doit ouvrir dans le carton supérieur une fenêtre dont les dimensions seront inférieures de quelques millimètres à celles du document. Ainsi, sans rien occulter, on ménage une zone de contact qui comprime et aplanit le document.

En règle générale, le bord supérieur et les côtés de la fenêtre sont de la même largeur, tandis que le bord inférieur est légèrement plus grand.

Lorsqu'il s'agit de gravures ou de dessins, on biseaute le bord intérieur de la fenêtre pour rehausser l'effet visuel (parfois on l'orne avec un filet d'or ou on l'encadre avec des franges de couleur assortie au document afin d'accroître l'effet esthétique).

Les documents sont fixés au carton de dos au moyen de deux ou trois charnières en papier de soie placées sur le bord supérieur, de façon à ce qu'on puisse retourner le document sans aucun risque et en voir le verso si on le souhaite.

On peut également remplacer les charnières en papier de soie par une bande autocollante pliée en deux ou coller sur les côtés deux rabats ou plus en matière transparente semi-rigide (type mylar), en veillant à ce qu'ils débordent de quelques millimètres sur le document qui est ainsi fixé par une légère pression.

Après avoir placé le document dans ce type de chemise, on peut recouvrir la partie exposée du document d'une feuille de protection contre ce qui pour- rait l'atteindre (poussière, lumière, frottement, taches, etc.). Le meilleur

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- 102 - matériau pour cela est un polyester (téréphtalate de polyéthylène) connu sous le nom de Mylar. I1 a un indice de transparence élevé et possède en outre la propriété de filtrer la lumière. La feuille de plastique est fixée au revers du carton de face de manière 2 couvrir toute la surface de la fenêtre.

Ce montage permet tous les mouvements nécessaires de dilatation et de contraction, sans autres tensions que celles qui sont produites par les char- nières de fixation. C'est pour cette raison que l'on utilise un papier très fin, mais suffisamment solide pour maintenir le document.

On peut aussi confectionner un passe-partout 2 double fenêtre, permettant de voir directement les deux faces du document. Dans ce type de montage, on peut éventuellement ajouter, en guise de couverture, deux autres cartons assemblés par un côté.

Lorsqu'il s'agit de monter dans des chemises passe-partout une collection dont les pièces - gravures, dessins , plans. . . - sont de même taille ou de taille différente, il faut d'abord envisager les dimensions des meubles (tiroirs, meubles à rangement vertical, rayonnages, etc.) OU ces documents seront rangés, afin de définir au préalable un ou plusieurs formats standard et de confectionner les chemises de la manière la plus rationnelle possible, en tenant compte de la variété de la série et de la régularité de l'ensemble et en exploitant au mieux l'espace disponible dans le meuble de rangement.

Le document restera dans son passe-partout quand on devra l'encadrer pour une exposition ou une présentation de montages.

La feuille de Mylar évitera le contact direct avec le verre et le fond de cadre. Ce contact est en effet néfaste, car le verre peut occasionner diverses détériorations : décollement des encres par attraction électrostatique, tâches par oxydation ou développement de micro-organismes favorisé par la condensa- tion de l'humidité intérieure, déchirures en cas de brisure du verre, etc. Quant au fond de cadre, s'il est fait d'un matériau instable, il engendrera des tâches, des déformations, de l'acidité, etc.

Par ailleurs, lorsque le passe-partout est coincé entre le verre et le fond de cadre, le volume d'air qui occupe la fenêtre du passe-partout a pour effet d'amortir les variations de température.

Le montage sera plus efficace si l'on emploie un verre ayant la propriété de filtrer les rayons ultraviolets et si l'on renforce l'intérieur avec une feuille de méthacrylate.

I1 est conseillé de ne pas coller le cadre contre la paroi du mur, afin d'éviter que ne s'accumulent derrière des agents de détérioration, comme de l'humidité, de la poussière, des insectes, etc.

L'idéal est de créer 2 l'intérieur du montage un microclimat constant ou tout du moins contrôlé, en y faisant le vide ou en y produisant une sur- pression (& l'aide, dans ce dernier cas, d'un gaz neutre) ou encore en plaçant dans de petits récipients incorporés dans le cadre et ouvrant directement sur l'intérieur des agents dessicatifs et antiseptiques.

6.3.15.3 "Encapsulation". C'est un système de revêtement & caractère préven- tif. I1 consiste 5 placer le document, sans aucun adhésif, 2 l'intérieur d'une enveloppe plate, transparente et à fermeture hermétique.

I1 convient à la conservation de certaiaes pièces (cartes, gravures et autres documents plats) qui, pour des raisons particulières de manipulation (exposition, transport ou stockage) ont besoin d'être protégés contre les facteurs ambiants).

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- 103 - Outre qu'elle facilite la manipulation, 1'"encapsulation'' protège contre

l'action des agents extérieurs.

Comme dans le cas de la lamination, il faudra s'assurer, avant de pro- céder à l"'encapsulation", que le document est exempt de tout type d'agent endogène capable d'entrarner une possible détérioration.

Le matériau le plus utilisé à cet effet est le téréphtalate de polyé- thylène (Mylar). L'enveloppe est scellée à chaud ou au moyen d'un ruban autocollant.

I1 est important que les dimensions de la pochette - formée par la superposition de deux feuilles de Mylar - n'excèdent pas trop celles du document. En choisissant la taille appropriée, on évite que le document puisse jouer à l'intérieur de la pochette et être détérioré par les frottements qui s ' ensuivraient.

Le système d' encapsulation convient également à la conservation de cer- tains livres peu consultés, à condition toutefois de renouveler l'"emballage'' à chaque utilisation.

7. RESUME

1. Le papier comme support

La plupart des documents détenus par les archives et les bibliothèques ont pour support le papier. En Europe, la fabrication du papier a connu deux grandes périodes. Pendant la première, qui se prolonge jusqu'au milieu du XIXe siècle, la matière première est le chiffon fabriqué à partir de fibre végétale (lin, chanvre, coton). Le papier ainsi obtenu contient de la cellu- lose, composant quasi exclusif des fibres libériennes, d'un encollage à la colle végétale ou animale et d'une faible charge alcaline. Les molécules d'eau incorporées à la pâte au cours du processus de fabrication forment avec les atomes oxhydryles des liaisons qui servent de pont entre molécules de cellu- lose adjacentes (ponts, hydrogène) , renforçant ainsi les longues chaînes qu'elles forment.

La fabrication du papier de chiffon passe par une phase d'industrialisa- tion qui aboutit, au début du XIXe siècle, & la production de longues bandes (papier en bobine) au moyen de tamis continus : c'est la période dite arti- sanale industrialisée. Dès le XVIIIe siècle, on commence, pour faire face à la demande croissante, à produire du papier à base de chiffons de couleur, dont le blanchiment exige l'utilisation de substances chlorées. C'est également au cours de cette deuxième phase que les encollages naturels commencent à céder la place à l'encollage chimique - 2 l'alun qui, 5 la différence des premiers, s'ajoute à la pâte avant le façonnage de la feuille ou de la bande. Ces deux types de substances rendent le papier acide et diminuent la résistance de la fibre (par. 1.1-1.2.1.2, p. 2 à 5).

A partir du milieu du XIXe siècle, le chiffon cède presque entièrement la place au bois en tant que matière première. Suivant le procédé de fabrication utilisé, on obtient un papier de pâte mécanique, chimique ou mi-chimique. Le papier de pate mécanique garde dans sa composition toutes les impuretés du bois.

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- 104 - Le papier de pâte chimique s'obtient en traitant la cellulose & l'aide de

divers produits chimiques qui servent & la débarrasser des autres substances avec lesquelles elle constitue le bois. Toutefois, la pâte ainsi obtenue se dégrade tout autant que la pâte mécanique en raison de la présence d'alun et de colophane, ainsi que de résidus chlorés. Depuis les années 50, on fabrique du papier dit stable, lequel, 5 la différence des papiers traditionnels 5 base de bois, est un papier alcalin (par. 1.2.2-1.2.2.5, p. 5-8).

De nos jours, certaines matières Synthétiques comme le polyester sont couramment utilisées dans la fabrication des papiers & dessin et des papiers destinés & l'établissement de plans. Sa résistance aux agents extérieurs et sa robustesse pourraient en faire le papier de l'avenir (par. 1.3, p. 8-9).

2. Encres

Toute substance permettant d'écrire, d'imprimer ou de colorer est une encre. Sa composition repose essentiellement sur l'association d'un colorant, d'un solvant et d'un liant. Certaines encres contiennent aussi des substances chimiques - les mordants - qui ont pour fonction äe les fixer sur leur support, et qui accomplissent chimiquement ce que les liants accomplissent

. mécaniquement (par. 2.2-2.2.1.2, p. 9-10>.

L'encre au carbone est une encre chimiquement stable et qui n'attaque pas son support. Elle ne s'altère que lorsque le liant utilisé (la gomme) perd ses propriétés mécaniques.

On appelle métallo-acides toutes les encres fabriquées essentiellement à partir de colorants métalliques et d'un composé acide qui agit 8 la fois comme oxydant et comme mordant, c'est-à-dire comme fixatif chimique de la couleur. A l'intérieur de ce groupe figurent les encres ferrogalliques ou ferriques, qui sont les plus importantes. Font également partie des encres métallo-acides, les encres au campêche, à l'alizarine et au vanadium.

Primitivement très sensibles à la lumière, les encres à l'aniline pro- duites aujourd'hui sont plus stables grâce & la meilleure qualité des colo- rants utilisés (par. 2.2.2-2.2.2.1, p. 10-15).

Les encres d'imprimerie se distinguent des encres manuscrites en ceci que le solvant aqueux caractéristique de ces dernières y est remplacé par un véhicule gras (vernis). Suivant le type de vernis utilisé et les solvants, siccatifs, épaississants, etc., auxquels il est mélangé, on obtient des variétés d'encres convenant aux différentes techniques d'impression.

L'apparition des pigments synthétiques, et en particulier des anilines, a rendu l'identification de ces produits extrêmement complexe (par. 2.2.2.2, p. 15-18).

3. Les causes d'altération et leurs effets

Elles peuvent résider dans la composition même du papier (causes intrin- sèques) ou lui être étrangères (causes extrinsèques). C'est dans le papier & base de bois que l'on trouve les agents intrinsèques de dégradation les plus nocifs (lignine, alun, colophane, substances chlorées). Font également partie des éléments intrinsèques de dégradation du papier les encres et les subs- tances métallo-acides (par. 3.1-3.2.2. , p. 18-20) .

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- 105 - Les facteurs extrinsèques de dégradation peuvent être d'origine physico-

mécanique, physico-environnementale, chimique ou biologique. Les trois carac- téristiques physiques par lesquelles le milieu influe sur la conservation du papier sont l'humidité, la température et la lumière. L'excès d'humidité amollit les colles, favorisant la formation d'acides dérivés des sels et autres substances utilisées dans la fabrication du papier ou entrant dans la composition des encres. Les variations brusques et répétées de la température et du degré d'humidité imposent au papier, en raison des contractions et dila- tations successives qu'elles provoquent, de fortes tensions qui ont pour effet d'en briser les liaisons interfibres. Les radiations lumineuses les plus nuisibles pour le papier sont celles de faible longueur d'onde (lumière ultraviolette). Dans les zones industrialisées, l'atmosphère contient une série d'impuretés qui nuisent à sa conservation (par. 3.3-3.3.3., p. 21-23).

Parmi les agents biologiques qui attaquent le papier, les plus nuisibles sont les rongeurs, les insectes et les micro-organismes. On mentionnera en particulier les termites, insectes xylophages qui parviennent à détruire la charpente des édifices et les livres et documents qu'ils abritent.

L'action des micro-organismes (champignons et bactéries) sur le papier se traduit par un ramollissement de la zone'touchée, qui perd son apprêt de surface, ainsi que par l'apparition de pigmentations dues aux substances que ceux-ci sécrètent au cours de leur métabolisme. (par. 3.3.4-3.3.4.3, p. 23-26).

Certains phénomènes accidentels de caractère catastrophique (inondations, incendies ...) peuvent affecter très gravement la conservation des documents. Les conséquences des premières sont les suivantes : encres qui coulent, feuilles qui collent les unes aux autres et se déchirent, agents de collage emportés, taches et, plus tard, apparition de champignons dont le développe- ment est favorisé par l'humidité ambiante et par l'élévation de température 5 laquelle il arrive souvent que l'on recoure dans l'espoir d'accélérer le processus de séchage. Quant aux incendies, leurs effets vont de la mutilation à la destruction totale des documents.

Parmi les causes de dégradation des documents figurent également le manque de soin dans la manipulation, les systèmes empiriques de restauration, les réactifs utilisés autrefois pour raviver les encres pâlies, etc. (par. 3.3.5-3.3.6, p. 26-28).

4. Méthodes préventives de conservation

La prévention concerne le milieu dans lequel le document est placé et vise à le mettre 2 l'abri de toute atteinte. L'action préventive a donc trait aux caractéristiques des locaux et à leur aménagement, à la protection phy- sique directe des documents et à la régulation des conditions climatiques dans lesquelles ils sont placés (par. 4.1, p. 28-29).

Tout bâtiment d'archives doit satisfaire à un certain nombre de normes de construction d'ordre général aussi bien que spécifique. Les éléments à prendre en considération lorsque l'on décide de l'emplacement des magasins sont les suivants : orientation, isolement par rapport au reste du bâtiment, nécessité de prévoir des murs et portes coupe-feu, compartimentage rationnel de leur surface, résistance mécanique, protection contre les agents physico- environnementaux.

Lorsqu'on reconvertit des bâtiments anciens en dépôts d'archives , il convient de les réaménager en fonction de la conservation.

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Dans les régions tropicales, il s'agira d'adopter pour certains éléments constructifs - fondations, murs extérieurs, ouvertures, toiture - les normes qu'imposent les conditions climatiques dominantes (par. 4.2-4.2.5, p. 29-34).

I1 est recommandé de ranger les documents sur des rayonnages métalliques. Les rayonnages, traditionnels aussi bien que denses, devront répondre à cer- taines conditions spécifiques de solidité, de sécurité et de commodité.

Les documents de format inhabituel (cartes, plans ...) posent des pro- blèmes particuliers de rangement (par. 4.3-4.3.3, p. 35-39).

Les documents d'archives se rangent le plus souvent dans des boPtes. Celles-ci sont d'ordinaire faites de carton, lequel doit non seulement pré- senter une résistance mécanique suffisante, mais être exempt: d'acidité. Le plastique inerte, qui offre des avantages évidents commence à remplacer le carton (par. 4.4-4.4.2, p. 39-40).

5. Lutte contre les agents de détérioration

La lutte contre les agents dont l'excès ou la simple présence est néfaste aux documents, est étroitement liée au travail de prévention et de restaura- tion. Ces agents sont essentiellement : la lumière, l'humidité, la tempéra- ture, la pollution, la contamination biologique et le feu. En matière de conservation, l'humidité et la température sont des facteurs indissociables.

Le climat optimal naturel se définit à partir des moyennes climatiques naturelles - à condition que celles-ci se situent à l'intérieur de limites tolérables - par rapport auxquelles on n'admet que des variations de faible amplitude, que ce soit dans un sens ou dans l'autre. Le conditionnement arti- ficiel de l'air (climatisation) permet de maintenir dans les locaux des degrés d'humidité et de température sans rapport avec les conditions climatiques naturelles ambiantes (par. 5.1-5.1.2.2, p. 40-43).

La pollution atmosphérique est due 5 la présence, à l'état solide, liquide et/ou gazeux, de résidus industriels ou naturels, qui entrakent une diminution du volume d'air pur ambiant. Pour lutter contre la pollution biologique, il faut une température et un degré d'humidité peu élevés, un éclairage de faible intensité, une bonne ventilation, de bonnes conditions de propreté, des contrôles périodiques et des traitements préventifs.

La lutte contre l'incendie exige la mise en place de systèmes de détec- tion et d'extinction. Les systèmes de détection qui conviennent le mieux aux dépôts d'archives sont les détecteurs d'ionisation (par. 5.1.3-5.1.5.1, p. 43-46).

6. Restauration

La restauration d'un document graphique a pour but de rétablir l'inté- grité matérielle et fonctionnelle que celui-ci a perdue avec le temps, en raison des manipulations qu'il a subies et de l'accumulation des circonstances néfastes aux matériaux qui le composent, à savoir le support et les éléments qui figurent sur celui-ci. Etant donné la grande valeur de ce type d'oeuvre, il est impératif de se conformer, lors des travaux, 5 des normes scientifique très précises - les critères de restauration - qui 'en préserveront l'essence et la fonction, autrement dit qui garantiront son intégrité culturelle et sa transmission aux générations futures (par. 6.2-6.2.6, p. 48-50).

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Toutes les opérations, depuis l'entrée du document 2 l'atelier de res- tauration jusqu'à sa sortie, s'enchaTnent en une série de phases - qui cons- tituent le processus de restauration - dont la succession ne doit rien au hasard.

Le premier critère A respecter, en matière de restauration, est de pro- céder avant toute chose 2 un minutieux examen - de l'histoire matérielle et culturelle du document notamment - et d'ouvrir un dossier où seront consignés les traitements effectués, les techniques utilisées et tout autre fait d' in- térêt général. Les caractéristiques individuelles de chaque document ainsi que les causes et la nature de la détérioration subie et l'importance des dommages constatés, sont établis au moyen d'une série d'analyses physiques, chimiques et biologiques. On décide ensuite du traitement à appliquer en fonction du ré- sultat des analyses et de la valeur du document en tant que bien culturel (par. 6.3-6.3.2.3, p. 50-54).

Etant donné la fragilité intrinsèque du papier et l'instabilité des encres et autres constituants du tracé, il importe de prendre toutes les précautions utiles pour protéger le document de toute atteinte, tant durant son séjour 2 l'atelier qu'au cours des traitements qui lui sont appliqués pendant le processus de restauration.

Lors des traitements par immersion, on placera le document sur un support qui permettra de le manipuler. Les encres et autres constituants du tracé qui sont instables ou solubles seront protégés 2 l'aide de fixatifs réversibles, appliqués sur la totalité ou sur une partie seulement du document (par. 6.3.4- 6.3.4.6, p. 56-62).

Les micro-organismes et les insectes constituent un fléau général. C'est pourquoi, pour éviter tout risque de contagion, il importe de désinsectiser et désinfecter les documents avant de les déposer au magasin d'archives. Tout bâtiment d'archives et toute bibliothèque doivent être dotés d'installations à cet effet (par. 6.3.5-6.3.5.1, p. 62-65).

Les pièces, les substances inscrustées, la poussière et les souillures s'éliminent à l'aide de divers traitements de nettoyage. Pour enlever les substances solides, les gommes donnent de bons résultats. Les enzymes s'uti- lisent de préférence pour enlever les traces laissées par les colles natu- relles, tandis que les solvants organiques s'emploient pour les substances grasses et produits analogues. Certaines souillures rebelles ne cèdent qu'au blanchiment, traitement qui a des effets secondaires nuisibles et n'est conseillé que dans le cas de documents dont l'aspect esthétique est primordial (par. 6.3.6-6.3.6.4, p. 65-77).

La teinte jaunâtre et la friabilité du papier sont souvent dues à l'excès d'acidité, qui est une cause de dégradation progressive. La désacidification supprime cette cause et rend le document plus résistant. I1 est recommandé, à titre préventif, de lui conférer une alcalinité se situant entre pH7 et 8, selon la nature du papier (par. 6.3.7-6.3.7.3, p. 77-82).

Pour redonner à un papier la cohésion qu'il a perdue, on se sert d'agents de renforcement qui ont une action protectrice et curative. L'eau favorise la liaison interfibrillaire. Les agents de renforcement les plus effiaces sont les colles , en particulier les colles semi-synthétiques, dont l'usage se généralise de plus en plus (par. 6.3.8-6.3.8.2, p. 82-85).

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- 108 - Coupures et déchirures se réparent à l'aide de papier fin, du type papier

de soie, très transparent. Pour combler les lacunes ou reconstituer les frag- ments perdus du support, on pratique des "greffes" par des procédés manuels ou mécaniques (par. 6.3.9-6.3.10.2, p. 86-89).

S'agissant de la restauration des éléments qui figurent sur le support, la rigueur scientifique exige qu'on ne camoufle pas la réalité de la mutila- tion. Pour les oeuvres artistiques, les fragments reconstitués doivent s'har- moniser à l'ensemble étant entendu que les matériaux et les techniques uti- lisés pour la restauration doivent toujours être différents de ceux mis en oeuvre dans l'original (par. 6.3.11.1-6.3.11.3, p. 89-91).

Tout document soumis 2 un traitement aqueux - et qui s'est agrandi comme le £ait tout matériau cellulosique plongé dans l'eau - sera séché avec pré- caution de façon à ce qu'il reprenne autant que possible ses dimensions pri- mitives. La mise 2 plat vise 2 éviter les déformations et 2 rétablir au mieux la planéité et les dimensions originales. Après le bain, la meilleure méthode de séchage naturel est le séchage à l'air, qui doit s'effectuer à température ambiante et pas trop rapidement, pour ne pas engendrer de déformations. Pour parachever le séchage et obtenir une meilleure mise à plat, il y a lieu de placer le document entre deux supports souples et perméables (par. 6.3.12- 6.3.12.2, p. 92-94).

Lorsqu'un document est friable au point que, malgré les traitements de renforcement, il demeure vulnérable aux manipulations, on lui fait subir une lamination, qui consiste à appliquer sur l'une de ses faces ou sur les deux une feuille de renfort grâce 2 laquelle il recouvre sa consistance et sa fonctionnalité perdues. L'opération peut être réalisée manuellement ou au moyen de machines dotées de dispositifs de régulation de la température et de la pression. La lamination est une méthode curative à ne pas utiliser massi- vement et systématiquement. I1 faut en outre, avant de l'appliquer, effectuer les traitements correctifs, de désacidification notamment, qui peuvent être nécessaires (par. 6.3.13-6.3.13.2, p. 94-97).

Parmi les autres méthodes destinées 2 maintenir les documents en état de servir, il faut ranger la restauration des reliures et le montage, qui est un procédé spécial de protection, des feuilles volantes. Pour les reliures d'intérêt historique ou artistique, le critère -5 respecter est, comme dans le cas de la reconstitution, la sauvegarde de l'intégrité de la pièce 2 restau- rer. En cas de remplacement d'une reliure, il faut éviter, dans le choix des matériaux et des techniques, de tomber dans la falsification ; on fera, le cas échéant, ressortir clairement la différence entre l'ancien et le nouveau tout en respectant l'harmonie de l'ensemble.

Un ouvrage relié doit être démonté et remonté si ses pages nécessitent un traitement ou si la reliure a lâché. Il est alors indispensable de prendre méticuleusement note de l'ordre des éléments et des caractéristiques du livre afin d'éviter les erreurs au cours du remontage (par. 6.3.14.1, p. 97-100).

Pour protéger les documents constitués d'une feuille volante, en parti- culier s'ils sont destinés à être exposés, il convient de les monter dans des chemises passe-partout. Comme pour certaines autres opérations (la reliure, par exemple), il faut utiliser des matériaux présentant des qualités déter- minées (matériaux neutres, exempts de particules oxydantes , présentant un taux faible ou nul d'higroscopie, etc.). L'interposition d'une feuille d'un maté- riau transparent imperméable entre la chemise et le document permet de pro- téger ce dernier des atteintes extérieures.

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I1 existe un autre procédé - l'encapsulation - qui consiste à placer, sans utiliser d'adhésif, le document 2 l'intérieur d'une enveloppe plate, transparente et à fermeture hermétique, qui empêche ou prévient l'action des agents extérieurs. Avant d'encapsuler un document, il faut, comme dans le cas de la lamination, éliminer tout agent de dégradation possible (par. 6.3.15.1- 6.3.15.3, p. 100-103).

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Nous tenons 5 remercier ici tous les membres du personnel du Centro Nacional de Conservación y Microfilrnación Documental y Bibliográfica qui ont collaboré, directement ou indirectement, à la réalisation du présent ouvrage.

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- 114 - Documents du RAMP et documents connexes

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2. Unesco. Programme général d'information. Consultation d'experts en vue de l'établissement d'un programme 5 long terme en matière de gestion des documents et des archives (RAMP) dans le cadre du Programme général d'information, 14-16 mai 1979. Paris, Rapport final (PGI-79/WS/10). Paris, Unesco, 1979. 35 p. Existe également en anglais.

3. MANNING, Raymond, Gilberte Pérotin et Sven Welander, responsables de la préparation et directeurs de la publication. Guide to the Archives of International Organization. Part. I. The United Nations System. Version préliminaire (PGI-79/WS/7). Paris, 1979. 301 p.

4. Cook, Michael. Formation théorique et pratique des archivistes - Rapport sur la situation actuelle des programmes de formation en matière d'ar- chives et évaluation des besoins en personnel spécialisé dans ce domaine (PGI/E.T./HARM/~). Paris, Unesco, 1979, 62 p. Existe également en anglais.

5. Delmas, Bruno. La formation des archivistes - Analyse des programmes d'études de différents pays et réflexion sur les possibilités d'harmo- nisation (PGI-79/E.T./HARM/5). Paris, Unesco, 1979, 75 p. Existe égale- ment en anglais.

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7. Roper, Michael. Democratic Republic of the Sudan : Establishment of a Technical Training Centre in Archival Restoration and Reprography (FMR/PGI/80/180). Paris, Unesco, 1980, 31 p.

8. Kecskeméti, Charles et Evert Van Laar. Accords et conventions : modèles bilatéraux et multilatéraux relatifs aux transferts d'archives. (PGI-81/WS/3). Paris, Unesco, 1981, 46 p. Existe également en anglais, en arabe, en espagnol et en russe.

9. Silva, G.P.S.H. de. A Survey of Archives and Manuscripts Relating to Sri Lanka and Located in Major London Repositories (PGI-81/WS/4). Paris, Unesco, 1981, 100 p.

10. Borsá, Iván. Etude sur la possibilité de créer un fonds d'aide en matière de microfilmage, financé et !&ré au niveau international. en vue de faciliter la solution de s interna- t ionaux d ' archives et 5 nationale localisée dans les archives étrangères. (PGI-81/WS/7). Paris, Unesco, 1981. 32 p. Existe également en anglais, en 'arabe, en espagnol et en

s problèmes relatifs aux transfert l'accès aux sources de l'histoire , .

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11. White, Brenda. Les revues d'archives et leur présentation dans les sources primaires et secondaires. (RAMP - Etudes et directives) (PGI-81/WS/10). Paris, Unesco, 1981, 66 p. Existe également en anglais.

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- 115 - 12. Pieyns, Jean. Etude de faisabilité d'une base de données consacrée aux

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13. Weill, Georges. La valeur probante des microformes : une étude du RAMP (PGI-81/WS/25). Paris, Unesco, 1982, 84 p. Existe également en anglais et en espagnol.

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