la presse 4e pouvoir démocratique ou instrument politique

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I. La libert de la presse dans lvolution de la Dmocratie La presse libre est considre aujourdhui comme lun des plus prestigieux types de la libert dexpression, et un lment indissociable de la vraie dmocratie. Elle transmet les nouvelles aux citoyens, et les aide formuler des opinions sur toutes les questions fondamentales touchant la gestion des affaires publiques. Par consquent, la presse libre est un outil indispensable pour toutes les socits, en particulier celles qui vivent une transition dmocratique ou qui encouragent la promotion des droits de lHomme. La presse est galement linstitution non gouvernementale la plus indispensable et la plus redoutable pour la dmocratie cest du moins la conviction qui a longtemps anim les discours thoriques et politiques sur la place du journalisme dans les rgimes modernes. Indispensable, car, dans des socits de grande taille, elle seule peut assurer la dcouverte et la circulation des informations, la diffusion et la confrontation des opinions, en un mot linstitution des conditions du dbat public ncessaire la formation des volonts individuelles des citoyens. Redoutable, car elle peut aussi, en dformant, slectionnant ou escamotant ces informations et opinions, exercer une influence nfaste sur la formation de ces volonts. Cette double certitude se voit aujourdhui branle par le dclin des journaux traditionnels, les dfaillances imputes aux organes journalistiques et lmergence de nouveaux mdias facilitant laccs de tous une communication contournant des mdiations jusquici incontournables. A- Un rouage de la dmocratie La presse est vue ds son origine comme un contre-pouvoir lEtat, ncessitant une protection particulire afin de garantir une certaine autonomie de penses. Ainsi, comme le montre lexemple amricain, le premier amendement la constitution sera un amendement concernant la libert dexpression, "le Congrs ne fera aucune loi portant atteinte la libert dexpression" (amendement de la Constitution de 1787 en date de 1791). Tout comme en France, o la libert de la presse est protge par Larticle 11 de la Dclaration des droits de lhomme et du citoyen proclame : "La libre communication des penses et des opinions est un des droits les plus prcieux de lhomme : tout citoyen peut donc parler, crire, imprimer librement, sauf rpondre de labus de cette libert dans les cas dtermins par la loi". Cette Dclaration sil est encore ncessaire de le noter fait partie intgrante du bloc de constitutionnalit, ce qui lui donne une force majeure, permettant ds lors de parler dun quatrime pouvoir. Ainsi, il sera ncessaire danalyser en quoi ce quatrime pouvoir concoure la dmocratie, en quoi il la garantie, voir lmancipe. Sans dnier aux mdias leur rle dans la formation des opinions, dans la diffusion des connaissances et l'ducation des hommes, la conception librale considre que les mdias, quels qu'ils soient, doivent permettre aux hommes, avant toute autre chose, de communiquer les uns avec les autres par le truchement de leur pense et de leurs uvres. Ainsi, dans le droit fil des auteurs de la Constitution amricaine et des acteurs de la Rvolution franaise, cette doctrine adopte le postulat libral : personne n'a le monopole de la vrit. Elle se refuse admettre que le vrai, le beau ou le juste puissent jamais appartenir un seul homme, un seul parti, une seule caste ou une seule classe sociale. Cette conception permet seule, en mme temps que la clarification des relations entre l'tat et les mdias, la dtermination de ce principe : le dernier mot, en dmocratie, doit revenir ceux qui lisent les journaux, coutent la radio ou regardent la tlvision. La dmocratie permet ainsi chacun davoir sa propre vrit grce un pluralisme dinformations o est relay un florilge dopinions divergents. Mais, il faut signaler que la presse par rapport aux autres types de mdia revendique toujours sa

vocation exprimer la diversit de lopinion, et aux yeux du public, elle demeure un instrument de lgitimation de lensemble de lappareil dinformation. Cest dans cette optique quAlain Carignon, alors ministre de la communication en 1993 devant le Snat, nonait que les journaux sont des instruments de rflexion et de pluralisme au service de la dmocratie. La dmocratie moderne ncessite la reprsentation, elle va galement avoir besoin dun systme de contre-pouvoir. Le journalisme produit les conditions dune comptition loyale pour le pouvoir, de lextrieur du jeu . Ne possdant pas les mmes moyens ou nayant pas dappui constitutionnel, le journalisme ne peut pas affirmer tre sur un pied dgalit avec les autres pouvoirs, il est part. Cest parce quil est diffrent que le journalisme va pouvoir arbitrer le jeu avec les trois autres pouvoirs. Il ne sy ajoute pas ; il constitue leur vis--vis . Il permet le bon fonctionnement des socits dmocratiques en crant le dbat ncessaire ce systme. Sans lui, il y a un risque de dgnration des trois pouvoirs. Sil tait identique aux autres pouvoirs, le journalisme serait inutile puisquil serait lintrieur et ne disposerait pas dun point de vue externe. Pour reprendre les termes de Kant, il serait dans lespace des actions plutt que dtre dans lespace des opinions et naurait pas le recul ncessaire. Le dveloppement des socits dmocratiques a contribu lvolution de leur lien avec la presse. En voulant mettre en place un systme reprsentatif, elles ont favoris certaines valeurs qui sont galement lorigine du journalisme. La reprsentation ncessite le dbat, la libert dexpression et dopinion qui rendent possible le journalisme. Ainsi la presse est la fois une consquence de la construction des socits dmocratiques mais elle participe aussi leur bon fonctionnement, elle en est un lment constitutif. Cest dans cette optique de dmocratie de la presse que les mdiateurs de la presse ont t institus en France et ceux assez tardivement au regard des autres grandes dmocraties mondiales. Ainsi, la fonction trouve son origine dans la Sude du dbut du 19e sicle, mme si lpoque elle ne concernait pas la presse et sil faut distinguer le mdiateur de lombudsman. Au dbut des annes 1970, les mdiateurs de presse apparaissent aux tats-Unis, puis au Canada. En France, le premier aura t celui du quotidien Le Monde (Andr Laurens, en 1994). Il est charg notamment dentendre les griefs du public sur le traitement de linformation, de sen faire lcho auprs des journalistes et de donner son avis sur les problmes soulevs (grce une chronique ou une mission). En toute indpendance, en thorie, cest le principe de la mdiation. Le plus grand mrite des mdiateurs est de prendre en considration ces publics. Le premier succs de la fonction de mdiateur est l, et concourt la restauration de la crdibilit. Rpondre au courrier. Donner ouvertement la parole pour exprimer ses critiques. Ce besoin de reconnaissance est tellement fort que la rponse personnalise suffit bien souvent contenter un lecteur, auditeur ou tlspectateur irrit. En parallle, et depuis 1918 et 1971, les professionnels de la presse se sont dot une charte de dontologie, qui nest pas un code, et de ce fait na aucun effet contraignant. Ces chartres noncent deux principes fondamentaux : la responsabilit sociale et la vracit, c'est--dire l'intention de ne point tromper ses lecteurs. Pour autant on assiste un dclin de la puissance la presse, et de sa vocation dinformer le public. B- La rgression de la presse traditionnelle : vers une dmocratisation de la communication Force est de constater quactuellement et ceux depuis une dizaine danne la presse papier est en recule, voir en dclin par rapport dautres sources dinformation. Plusieurs phnomnes concourent ce constat. Nouveaux types de mdia :

La presse crite traditionnelle a eu de bons jours par le pass, jusque dans les annes 19701980, on a assist un premier recul du nombre de publications. ce dclin sexplique par lavnement de diffrentes formes dinformation comme la tlvision, la sphre internet, le nouveau monde mobile. - Larrive de la tlvision dans les foyers Ce premier recours sexplique par larrive de la tlvision dans les foyers de manire gnralise. La tlvision commence sur cette mme priode susciter de lintrt de par ses divers programmes, et surtout en ce qui concerne les informations qui taient auparavant le monopole de la presse crite se sont dveloppes par le biais des journaux tlviss. - La perce dinternet Puis dans les annes 2000 vient la perce dinternet. Internet, fabuleux moyen de communication, dinformation mis encore plus mal la presse papier. Cela sexplique par la mise disposition des internautes de sites dinformations gnrales, et spcialises. Il faut ce titre noter que selon Mdiamtrie, plus de la moiti de la population ge de 11 ans et plus, soit plus de 27 millions de Franais, sest connecte Internet au cours du mois de septembre 2006. Le temps moyen pass sur Internet est denviron 24h par mois, soit presque quatre fois plus quen 2002. Au total, si lon regarde lensemble des activits multimdias (Internet, musique, jeux vido, tlphone portable et programmes vidos prenregistres), 72 % de la population pratique au moins une de ces activits sur un jour moyen de semaine. Cependant, il faut noter que nombre de marques de presse crite dispose aujourdhui dun site internet avec les mmes articles que ceux de la version papier, en moins dtaills. Ce qui rend linformation plus accessible tout en sachant que la France comptait 38,23 millions d'internautes en fvrier 2011, soit une hausse de 8 % par rapport Fvrier 2010. Cela reprsente 71,3 % des Franais de 11 ans et plus. - Le phnomne de la 3G/4G mobil, et les tablettes numriques Linformatique ne cesse de progresser et de proposer des solutions innovantes ouvrant de ce fait de nouvelle voie dinformations. Ainsi, de nombreux portables peuvent aujourdhui recevoir des flash info, ou tout simplement se connecter sur internet en version mobile, sans oublier les applications. Ce qui fait que linformation est aujourdhui mobile, de nombreux utilisateurs peuvent ainsi consulter les informations quils souhaitent sans avoir le besoin dacheter ou sabonner un journal, un magazine. Un public plus slectif : Il faut galement noter que le public face choix de plus en plus toff devient galement plus slectif sur les informations quil souhaite. Ainsi certaines personnes auront tendance non pas acheter une publication crite ou consulter un site internet et lire les informations du jour, mais il aura tendance passer par un moteur de recherche pour trouver linfo quil souhaite. Ce qui rduit dautant plus lintrt pour linformation globalise. Et par l mme rduit les chances pour une publication crite dtre achet pour un seul article. La recherche de lvnementiel et le phnomne de baisse de la qualit des articles: Force est aujourdhui de constater que les mdias et pas seulement la presse sont rentrs dans un jeu daudimat, et de nombre de tirage, qui nuit linformation gnrale, et spcialise en passant par de lexceptionnel, de lvnement. Mais la course lvnement nuit considrablement la qualit de linformation, dans ce sens, o il occulte des sujets tout aussi importants voir suprieurs. On le voit galement dans les journaux, et plus spcifiquement dans les publications concernant les peoples. Dans un premier temps cela nuit linformation, et peut tre la limite de la violation de la vie prive. Comme ce fut le cas avec laffaire concernant le prsident Clinton, qui a occup pendant de nombreux jours lespace au dtriment des sujets nationaux qui auraient pu tre voqus.

Le problme de loffre journalistique : Au fur et mesure du temps et avec larrive de ces nouveaux mdias, la disparit des journaux sest rduite, rduisant loffre, et les journaux plus engags que dautres. On pourrait dire aussi que dans un certain sens, linformation est plus gnralise, il y a moins de prise de partie, donc une vision plus standardise pour les lecteurs. De surcroit si on sintresse loffre disponible aujourdhui, il faut constater quil y a moins de journaux actuellement en vente, et galement la perce des journaux gratuits. Mais ces derniers font parti gnralement dun plus grand ensemble, regroupant divers mdias ce qui standardise linformation. Le problme des annonceurs dans les journaux, un modle conomique revoir : La publicit dans les journaux a longtemps t la source de revenu la plus importante. Ce qui pouvais dans certain constituer un moyen de pression, tout comme le fait que nombre de journaux appartiennent des grands groupes industriels. Concernant la publicit, force est de constater, que ce mode de rmunration pour les journaux est mal au point. Cela peut sexpliquer par le fait, que nombre de publicitaire prfre le format numrique, et mobile (par le biais des applications) comme moment de communication. Selon le Figaro, la publicit continue de dcrotre (43,8 % du chiffre d'affaires contre 44,5 % en 2007 et 44,8 % en 2000) au profit des ventes (56,2 % contre 55,2 % en 2000). L'ensemble du chiffre d'affaires de la presse est essentiellement tributaire de l'volution du march publicitaire sur le long terme et l'volution des ventes ne compense pas depuis 1999 la baisse des recettes publicitaires, poursuit le rapport. Ainsi, le modle conomique est revoir pour la presse crit afin dassurer des comptes lquilibre, et ainsi dviter de se retrouver dans des situations dlicates comme France Soir ou la Tribune. Ces derniers tant obligs de subsister simplement par le biais dune interface numrique, et non plus papiers. Malgr ce constat, la presse reste un moyen dexpression des plus dmocratiques, car comme on le signalait prcdemment la presse bnficie dune certaine indpendance, mme si quelques moyens de pressions peuvent exister. Il en reste ds lors que ce quatrime pouvoir est surement plus historique que raliste aujourdhui avec la monte des divers moyens de communications et dinformation. II. Pluralisme, Indpendance, Objectivit? la face cache de la presse. Mot dordre du journaliste, organisation indpendance objectif et pluralisme : lments clefs du journalisme pour tre sain. Nous verrons dans une premire sous partie les dfauts dindpendance et de pluralisme de la presse (A), puis les lacunes dune objectivit lis aux conflits dintrts (B) A. Les dfauts dindpendance et de pluralisme de la presse 1. la libert dinformation et ses conditions Ajouter d'autres ncessits, qui relvent du domaine des murs et des ides reues. Des moyens qui assurent l'efficacit ou l' effectivit : l'information et ses pouvoirs la libert d'information et ses conditions Premire condition : dmythifier l'information. lment constitutif d'une socit dmocratique, l'idal de l'information pour tous se nourrit d'une ide, dangereuse, sinon fausse, qui remonte aux annes 1930-1940 : l'ide selon laquelle les moyens d'information, dcrts quatrime pouvoir, sont immanquablement les allis de la

dmocratie et de la participation des citoyens la gestion des affaires qui les concernent. Sans jamais se lasser, depuis 1945, professeurs et journalistes, politiques ou simples citoyens ont rpt, que la dmocratie triompherait ncessairement le jour o les citoyens disposeraient enfin d'une information complte et objective. Ide reue de l'quivalence entre l'information et la dmocratie, est enfaite trompeur, car assimile le savoir et le pouvoir. Pourquoi, la presse (et la radio-tlvision), voues l'information ne seraient-elles pas les instruments privilgis du changement et du progrs social ? Il est vrai que l'information est aujourd'hui plus abondante et peut-tre aussi plus complte qu'hier. Il est vrai aussi qu'elle circule mieux et plus vite ... Mais ce constat, se heurte une banalit que notre socit de communication oublie trop souvent : l'information ne vaut que pour celui qui a appris s'en servir. Elle ne revt de signification que par rapport celui qui la diffuse. Et elle ne reprsente un pouvoir que pour celui qui, aprs l'avoir comprise, a les moyens d'en tirer un certain parti. Ce qui dfinit la dmocratie, ce n'est pas la quantit d'informations ou de journaux disponibles, mais le combat sans fin pour accrotre les capacits de chacun communiquer l'expression de sa pense ou accder l'expression de la pense d'autrui. Ou bien, si l'on prfre une autre formulation : ce qui dfinit la dmocratie, c'est le combat toujours recommenc et jamais gagn contre toutes les formes d'ingalits dans la libre expression des penses de chacun et dans le libre accs aux penses d'autrui, quelles qu'elles soient. Deuxime condition : consacrer le journalisme comme mtier. La libert d'expression n'est l'apanage de personne : les journalistes n'en ont pas le monopole. Le journalisme est une profession ouverte, dont l'accs ne peut tre subordonn qu' l'apprciation de la capacit participer l'laboration d'un journal. Cette constatation n'exclue pas l'ide selon laquelle le journalisme est un mtier, c'est--dire la fois un savoir et un savoirfaire, s'apprenant sur le tas ou dans une cole. Les clichs sur l'information, sur son rle ou sur son pouvoir, les images bienveillantes et risques du journalisme : ces diverses reprsentations militent en faveur de l'intervention de l'tat dans le monde des mdias, dissimulant nos yeux la frontire sparant celles des interventions qui sont lgitimes de celles qui ne le sont pas. 2. De quelle indpendance parle t on ? Indpendance : Etat de quelquun qui juge, dcide, agit, en toute impartialit, sans se laisser influence par ses appartenances politiques, par des pressions extrieurs ou par ses intrts propres. Les mdias dmocratiques sont ils solubles dans la connivence ? Pourquoi l'tat ne serait-il pas fond intervenir dans l'organisation ou le fonctionnement de la presse, (des mdias) dont on a dcid qu'ils constituaient un quatrime pouvoir ? Nous sommes sensibles, en cette fin du XXe sicle, et peut-tre plus en France que dans les autres pays occidentaux, l'argument de la responsabilit sociale des mdias, au point d'admettre et de tenir pour lgitime n'importe quelle intervention du lgislateur ou des gouvernants dans la mise en place des mdias, dans leur fonctionnement ou dans leur organisation. Au point de plaider, au nom de l'intrt public, pour une moralisation ou un contrle des mdias... Au bout de la logique du droit du public l'information, comme au bout de l'utopie libertaire du journalisme ou de l'information par tous, il y a l'touffement de la libert de communication, au nom de la libert d'expression de tous et de chacun. Certains parlent mme de la fin du journalisme, devenu journalisme d'tat parce que l'tat a t press par les prjugs de grer les mdias plutt que de garantir tous le droit la libert de communication. Certains discours contemporains ne manquent pas, (parmi les pays occidentaux

ou au sein des organismes internationaux), de relguer au second plan la libert de la presse ou la libert de la radio-tlvision. On ne parle plus gure de la libert de crer un journal, mais de la protection du pluralisme. On ne parle plus de la libert d'investigation des journalistes, mais de la ncessit de protger les pouvoirs et les particuliers. On ne parle plus de la libert de choix des lecteurs, mais de la ncessaire protection de son identit culturelle. 3. Mais de quel pluralisme parle t on ? Pluralisme : systme reconnaissant lexistence et favorisant lexpression de plusieurs modes de penses, de comportement, dopinion politique. Les mdias dmocratiques sont ils solubles dans laudimat ? Extrait des Nouveaux chiens de garde, qui dresse ltat des lieux dune presse volontiers oublieuse des valeurs de pluralisme, dindpendance et dobjectivit quelle prtend incarner qui a l'intrt de faire prendre conscience du contexte de la presse/des medias . Pour le lecteur/auditeur/tlspectateur ait connaissance des enjeux conomique et commerciaux autour de la presse en gnral, consult quotidiennement. Mme si le films a parfois des traits grossier, il faut les rappeler... La grande majorit des journaux, des radios et des chanes de tlvision appartiennent des groupes industriels ou financiers intimement lis au pouvoir. Se multiplient les informations prmches, les intervenants permanents, les affrontements factices et les renvois dascenseur. En 1932, Paul Nizan publiait Les Chiens de garde pour dnoncer les philosophes et les crivains de son poque qui, sous couvert de neutralit intellectuelle, simposaient en gardiens de lordre tabli. Aujourdhui, les nouveaux chiens de garde, ce sont ces journalistes, ditorialistes et experts mdiatiques devenus gardiens de lordre social et du march. Nouveaux chiens de garde (Les chiens de Garde de Paul Nizan, 1932, les chiens de garde s'taient les clercs de la pense bourgeoise, de l'poque, les crivains, les essayistes, les professeurs d'universit, qui dfendaient l'ordre tablis. Aujourdhui les nouveaux chiens de garde c'est qui, se sont, les journalistes vedettes, les stars de l'animation, les experts de l'expertise, qui sont omniprsent dans l'espace mdiatique, et qui formatent le dbat public aujourdhui. Ce qui a chang depuis 1995, cest la crise de la presse, qui se traduit notamment par des rductions deffectifs dans de nombreux journaux. Rgulirement, il faut rarmer le fusil et tirer un nouveau coup de semonce. Un vaste travail critique a t men par des associations comme Acrimed ou des journaux comme Le Plan B. Laffaire Murdoch est venue rappeler rcemment que les pays anglo-saxons, malgr une presse a priori plus solide que la ntre, ne sont pas labri des connivences et des conflits dintrts. Les nouveaux chiens de garde nont pas de frontires. Serge Halimi rappelle que la majorit des journalistes amricains vivaient jusque dans les annes 1960 dans les mmes quartiers que la classe ouvrire. Aujourdhui, alors que des milliers dentre eux gagnent plus de 100 000 dollars par an, leur vie quotidienne, crit-il, les rend beaucoup plus sensibles aux problmes des privilgis quau sort des travailleurs pays au salaire minimum . La mme analyse vaut aussi pour la France. B. Les lacunes voir le dclin de lobjectivit de la presse crite 1. De quelle objectivit parle t on ? Objectivit : qualit de quelquun qui dcrit les faits avec exactitude et porte un jugement sans faire intervenir des prfrences personnels. Les mdias dmocratiques sont ils solubles dans le libralisme ?

Alain Peyrefitte avait pour rve, pour ambition, dans les annes 60, de mettre au sein des journalistes, des experts, des spcialistes dans leurs domaines, politiques, conomiques, sociaux ou judiciaires. Transformer le journaliste en meneur de jeu. Un journaliste qui devra seffacer pour laisser la place aux images, aux faits, aux experts. Aujourdhui, ce rve est devenu ralit. Les experts sont dans la presse, les mdias. Or, cette envie de progrs vers l(objectivit et la dpolitisation na pas suivit. Aujourdhui, dans la presse, ces conomistes, politologues, intellectuels sont uniquement nomms par le titre universitaire. Il doit en exister une trentaine. Mais ce que la presse ne relve pas, cest ce quils sont aussi, des engags, comme conseillers au prs de grandes socits, ces administrateur de grandes banques, ces conseillers de fond dinvestissement. Ils sont justes au cur du systme conomique dont ils prtendent en faire la critique objective. Quand les journalistes les questionnent, a conduit de faire de la question du dbat conomique unique, un dbat aux alternatives rduites. Dclin de l'intellectuel engag au profit de l'intellectuel expert. Think Tank Symtriquement : un dclin des engagements intellectuels, une forme de relgation de lintellectuel engag au profit de l'intellectuel dit expert. Intellectuel, affaire Dreyfus, apparait le terme d'intellectuel. Engagement militant en faveur de Dreyfus, une autre chose voir; Les "intellectuel moral" conservateur, pour subordonner Etat/glise, Etat/arme. Le modle de l'crivain engag : se retrouve dans la figure de Sartre : intellectuel total, engag, dans le contexte particulier de la guerre froide. Pour certain auteur : cette figure de l'auteur serait tombe en dsutude. Elle serait relgue par l'avnement d'experts, et d'une figure nouvelle, structure nouvelle : Think Tank : les laboratoires d'ides. Ces Think Tanks, progressivement, dtrneraient les universits, dans la diffusion d'expertise au sein du champ politique. Ces deux thses peuvent tre discutes, en rappellent la diversit des formes journalistiques. 2. Thse de l'obsolescence de la presse d'opinion. Dsidologisation de la Presse Les recherches de Kaciaf et Saitta sur l'volution des mdias : une transformation du journalisme politique qui dans les annes 80 et 90. Dvaloriser la politique dans sa dimension de confrontation de vision du monde diffrente. Saitta parle de lecture dsacralisant de la politique qui laisse une marge importante au rcit politique sur la personnalit des candidats. Aux USA le processus de dsidologisation de la presse serait li (Rodney Benson) a la marchandisation progressive du secteur. Cette marchandisation aurait remis en cause l'un des fondements journalistique amricain, qualifi de doctrine qui "finance et info, ne devrait pas sortir de leur sphre au sein de la presse crite". Or, partir de '90 les journaux amricains, 80% de leurs revenus la publicit. et y consacrent plus de 3/4 de leurs espace rdactionnel. ce nouvel quilibre ou dsquilibre des ressources : li l'introduction en bourse des plus grands journaux amricains. Cette volution : dveloppement de "linfotainmet" mlange d'info et de divertissement. l'un des cas les plus extrmes, celui du Los Angeles times 1997 restructuration qui est prise en main par un ancien cadre du secteur agro alimentaire mais galement par la mise en place d'une co gestion de chaque rubrique du journal, par u directeur commercial d'une part, et un rdacteur spcialis afin d'assurer la correspondance la plus troite entre la publicit et le lectorat. Cette stratgie pourra tre dveloppe par le groupe de presse Franck Gannett en imposant un retour sur investissement. Sur les socits de presse de l'ordre de 30%. On est au del du retour sur investissement. Les rsultats les plus paradoxaux aux USA apparaissent dans le fait quune grande majorit de ces titres deviennent extrmes rentable conomiquement, alors mme qu'ils perdent une part importante de leurs lectorats. Et ce avant mme le dveloppement d'internet qui fausse les chiffres. Evolutions proches en France, avec des retours sur investissements moindre. Pierre Rimbert sur

le journal Libration, de Sartre Rothschild. Il rappelle qu sa cration, ce journal reposait sur 3 principes fondateurs: (donner la parole au peuple) 1/ l'absence de hirarchie des salaires 2/ absence de publicit 3/ dtention de la totalit du capital par les salaris via des souscriptions populaires. Serge Julie si un des principes s'en va, le journal s'en irait. Aujourdhui : journal dtenu par 40% par le groupe Rothschild, et surtout les membres de la rdaction ont perdu ds 88 leur minorit de blocage, puisque l'anne 1988, les actionnaires privs dtiennent 34%. Dveloppement des mtiers des relations publiques (Les Spin Doctors) Sur la presse comme instrument politique. En fait, avec le dveloppement de la communication, il y a eu le dveloppement des mtiers en relation publique... d'o les spin doctors dans les partis politiques, qui doivent se charger de la relation entre le politique et le public. Pour cela il utilise les mdias! Et doc la presse... Ce quil ne faut pas oublier, c'est le principe selon lequel la libert de la presse, (de la radio et de la tlvision) n'appartient qu' elles, et elles seules. Enfin, un enseignement oubli de l'histoire : que les mdias doivent toujours laisser le dernier mot leurs usagers, et que la souverainet des lecteurs (ou des tlspectateurs) rside prcisment dans leur facult de choix entre des journaux ou entre des programmes nombreux et varis. La concurrence entre des organismes d'information indpendants est le seul moyen d'offrir Chacun ce qu'il veut, ou de lui donner l'occasion de connatre autre chose que ce qu'il connat dj ; qu' l'information ou la culture d'tat, autre nom de la propagande, il n'y a pas d'autre alternative que la loi du march.