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LA PRESSE EN REVUE... LUNDI 29 SEPTEMBRE 2014 SOMMAIRE G.Diez La Presse en Revue I) Sénatoriales: la droite prend plusieurs sièges à la gauche 1) « Un train peut en cacher un autre » 2) Une anomalie… 3) Une défaite de plus 4) La nouvelle… Dans la Vienne, à Poitiers. (Photo Guillaume Souvant. AFP)

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LA PRESSE EN REVUE...

LUNDI 29 SEPTEMBRE 2014

SOMMAIRE

G.Diez La Presse en Revue

I) Sénatoriales: la droite prend plusieurs sièges à la gauche

1) « Un train peut en cacher un autre » 2) Une anomalie… 3) Une défaite de plus 4) La nouvelle… ! !!!

Dans la Vienne, à Poitiers. (Photo Guillaume Souvant. AFP)

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Les premiers résultats du premier tour sont mauvais pour le PS, y compris en Corrèze, département de François Hollande.

L'essentiel !Les premiers résultats des élections sénatoriales sont mauvais pour la gauche qui perd plusieurs sièges, y compris en Corrèze, département de François Hollande. !Les premiers résultats !- Dans le tarn-et Garonne, le sénateur Jean-Michel Baylet, président des radicaux de gauche, est en ballotage très défavorable. Lui qui avait remporté son siège avec 60% des voix en 2008 dès le premier tour, est aujourd'hui devancé par un divers gauche et un divers droite. !- En Corrèze, fief du président François Hollande, le PS perd un au moins des deux sièges qu’il détenait, selon deux sources concordantes. !- Dans le Territoire de Belfort dont le sortant, l’ancien ministre de François Mitterrand Jean-Pierre Chevénement, ne se représentait pas, c’est l’UMP Cédric Perrin qui a été élu. !- En Haute-Saône, le PS est balayé, en perdant ses deux sièges dont l’un était détenu par le vice-président de la commission des lois qui se représentait, Jean-Pierre Michel. Les deux sièges ont été remportés par les UMP Michel Raison et Alain Joyandet.

- Dans l'Aube, François Baroin, le député maire UMP de Troyes et ex ministre de Sarkozy est élu. Il prend un siège qu'occupait déjà l'UMP. !Dans la Vienne, Jean-Pierre Raffarin (UMP) est réélu.

Jean-Pierre Raffarin ✔ @jpraffarin Deux beaux succès dans le #Cher avec les élections de François Pillet et Rémy Pointereau. @senateursUMP

- En Corse du Sud, jusqu’à présent détenue par le radical de gauche Nicolas Alfonsi qui ne se représentait pas non plus, c’est l’UMP Jean-Jacques Panunzi, président du Conseil général, qui a été élu sur le score écrasant de 86,4% des voix. !

- Dans la Mayenne, sans surprise, c’est Elisabeth Doineau (UDI) qui a été élue au premier tour avec 65% des voix, succédant au centriste Jean Arthuis, démissionnaire, qui rejoint le Parlement européen. !13 heures. Le Premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, insiste sur «un effet mécanique» du basculement du Sénat à droite. «A partir du moment, où vous perdez les municipales dans ces proportions, cela se répercute dans les sénatoriales parce qu’il y a moins de grands électeurs». !Il minimise l’impact de la défaite pour le gouvernement, sachant que «le Sénat ne vot(e) plus depuis des mois les lois de la gauche, puisque le Parti communiste faisait bloc avec la droite sur nombre de textes.» Des sénateurs élus selon différents scrutins... !Quelque 87 000 grands électeurs, pour l’essentiel des conseillers municipaux, sont appelés aux urnes. Le Sénat étant renouvelé par moitié tous les trois ans, 179 de ses 348 sièges sont en jeu. !Seule la moitié des départements est concernée par le renouvellement. Il s’agit, en métropole, des départements 1 à 36 inclus et 67 à 90 inclus (sauf Paris et Ile-de-France). En outre, une sénatoriale partielle est organisée en Mayenne pour le remplacement de Jean Arthuis. !Dans les départements où les sénateurs sont élus au scrutin majoritaire plurinominal à deux tours (ceux élisant un ou deux sénateurs), les bureaux de vote seront ouverts de 8h30 à 11h00 (premier tour) et, si nécessaire, de 15h30 à 17h30 (second tour). !Dans les départements, où les sénateurs sont élus à la proportionnelle (au moins trois sénateurs), le scrutin a lieu de 9h00 à 15h00.

liberation.fr

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nouvelobs.com

II) »Anomalie", "cimetière des éléphants"… Les meilleures vacheries sur le Sénat

Tapez pour saisir le texte

De gauche à droite, Charles de Gaulle, Lionel Jospin, Ségolène Royal et Daniel Cohn-Bendit, sur fond de Sénat. (Montage Obs - Photos AFP)

“ S’il y a eu une erreur dans la Constitution de 1958, c'est bien celle-là" !"Le Sénat a un privilège exorbitant et imparable, celui de tout bloquer. Le gouvernement n'a pas ce pouvoir puisqu'il peut être renversé par l'Assemblée ; le président de la République ne l'a pas puisqu'il est tributaire du gouvernement lui-même tributaire de l'Assemblée ; l'Assemblée ne l'a pas puisqu'elle peut être dissoute. !Seul le Sénat aurait la possibilité d'être contre tout sans qu'on puisse rien contre lui. S'il y a eu une erreur dans la Constitution de 1958, c'est bien celle-là : de créer un corps contre lequel on ne peut rien, alors qu'on peut quelque chose contre tous les autres." !Charles de Gaulle, "Lettres, notes et carnets. Tome 12." (Paris, Plon, 1988) cité par Paul Allies in "Le sénat : un insupportable archaïsme". Mediapart. 20 Mai 2008. !"Le Sénat, faute d'avoir encore reçu une destination économique et sociale moderne et, par là, une effective responsabilité, se confine dans une contestation aussi morose qu'elle est vaine." !Charles de Gaulle, "Mémoires d'espoir, tome 2"

Charles de Gaulle en 1960 (DALMAS/SIPA)

➣ Une anomalie parmi les démocraties" !"Si on y réfléchit bien, et sans passion, une chambre comme le Sénat avec autant de pouvoirs, où l'alternance n'est jamais possible, qui n'est pas élue au suffrage universel direct et qui n'a même pas la caractéristique d'être une chambre fédérale puisque nous sommes un Etat unitaire, c'est une anomalie parmi les démocraties. Je la perçois comme une survivance des chambres hautes conservatrices." !Lionel Jospin, Premier ministre PS. Interview dans "Le Monde", 21 avril 1998 !"J'ai dit clairement au bureau du Sénat que le fait qu'une Assemblée ne connaisse jamais d'alternance constitue pour moi un problème de

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principe. Chacun sait que la réforme envisagée ne changera pas cette anomalie, mais elle corrigera ce qui peut l'être." !Lionel Jospin, Premier ministre PS. Propos devant les sénateurs socialistes le 9 février 1999, en présentant le projet de loi réformant le mode d'élection des sénateurs ("Le Monde", 3 mars 1999) !

Un anachronisme démocratique insupportable" !

"Il faudrait supprimer le Sénat. C'est un anachronisme démocratique insupportable." !Ségolène Royal, présidente PS de la région Poitou-Charentes, le 14 septembre 2005, sur Canal+

"Dans la réforme des institutions, moi, cela ne m'aurait pas gênée de supprimer le Sénat. Je vais lui supprimer le pouvoir de veto". Mais Ségolène Royal ne propose pas sa suppression, car elle tient compte "des consultations" qu'elle a faites. "Si le Sénat est réformé, il peut être utile au sens où une seconde délibération sur un texte de loi permet d'apporter un éclairage nouveau". "Le Sénat sera démocratisé et le pouvoir de veto lui sera retiré puisque dans l'état actuel des choses, il n'y a pas d'alternance" dans cette assemblée. !Ségolène Royal, candidate PS à la présidentielle, le 26 mars 2007 sur Canal+ ! ➣ Un cimetière des éléphants" !"C'est vrai que dans notre République, le Sénat fait un peu figure de cimetière des éléphants, il ne pèse sur aucune décision si ce n'est de bloquer les décisions quant elles viennent de la gauche. (…) Je demande une véritable réforme, le Sénat c'est les forces vives de la nation, il faudrait faire en sorte qu'elles puissent exister et peut-être avancer plus largement vers la proportionnelle". Jean-Christophe Cambadélis, député PS, sur

France-Info, 15 septembre 2005 ! ➣ Un club de has been" !"Il faut réformer le Sénat, cette chambre [qui] ne sert pas à grand-chose [et qui est devenu] un club de has been. (…) On fait une grande réforme de décentralisation, de nouvelles régions. Faisons une deuxième chambre des régions qui contrôle, qui est la chambre de la décentralisation, qui a la compétence de la décentralisation. Et quand il y a un sujet décentralisation, eh bien c'est le Sénat qui doit être écouté et l'Assemblée nationale ne pourra pas passer sur le corps du Sénat." Le Sénat doit devenir "la chambre de l'Europe" : les procédures européennes seront examinées par les sénateurs pour "voir si ça va dans la direction des intérêts de la France". !Daniel Cohn-Bendit, ancien député européen EELV, le 26 septembre 2014 sur Europe 1 ! ➣ Le triangle des Bermudes des projets de loi" !"Le Sénat est devenu le triangle des Bermudes des projets de loi. C'est intéressant de voir une institution creuser elle-même sa tombe." !Laurence Rossignol, sénatrice PS de l'Oise, citée dans "Libération" du 1er novembre 2013 ! ➣ La plaie du régime" !"Le Sénat est la plaie du régime parce qu'il a empêché son évolution. Si on avait pu faire évoluer la Ve République, nous n'en serions pas aujourd'hui à nous battre pour proposer un changement dans tous les domaines du système politique français. !Toutefois, Arnaud Montebourg ajoute que, dans sa proposition d'une VIe République, il envisage le maintien du bicamérisme. !Arnaud Montebourg, député PS, sur France Inter, le 15 septembre 2005 ! ➣ Une pièce d'archéologie" !"Ma conviction, est que le système né en 1958 est en fin de course, avec un Parlement croupion et un Sénat qui est une pièce d'archéologie." !Jack Lang, député PS du Pas-de-Calais, dans l'émission "100 minutes pour convaincre", France 2, 8 avril 2004

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III) La gauche va perdre le Sénat. Est-ce vraiment une mauvaise nouvelle?

Repéré par Jean-Marie Pottier

L'urne servant à élire le président du Sénat. REUTERS/Gonzalo

Fuentes.

C'est un fait quasiment acquis: la gauche va perdre le Sénat lors du renouvellement partiel organisé ce dimanche 28 septembre. L'UMP espère reconquérir 10 à 30 sièges dans la Haute assemblée, où la gauche n'a que quatre sièges de plus que la majorité absolue. Le Figaro pronostique un gain de 20 à 30 sièges pour la droite et le centre et un élu PS interrogé par Libération «20 de chute, minimum». Plus prudent, l'institut OpinionWay parie sur une dizaine de sièges gagnés par l'opposition. !Sur son blog iPolitique, le journaliste politique de La Croix Laurent de Boissieu estime que, paradoxalement, la perte du Sénat pourrait être «une bonne nouvelle pour... Hollande et Valls!»: ! «Il pourrait être désormais moins dommageable pour un exécutif de gauche, en termes d'image, d'être mis en minorité au sein d'un Sénat de droite qu'au sein d'un Sénat de gauche!» !En effet, si la gauche dans son ensemble est majoritaire au Sénat (178 sièges sur 348), la

➣ Une maison de retraite" !"Le Sénat n'est qu'une maison de retraite pour privilégiés de la politique" !Noël Mamère, député Vert, dans "Ma république" (Le Seuil , 1999) ! ➣ Des notables réactionnaires" !"Le Sénat est une Assemblée de notables réactionnaires dont les méfaits sont heureusement compensés par une forte mortalité." !Edouard Herriot, ancien chef du gouvernement, sénateur radical de 1912 à 1919, cité par Michèle Rivasi et Sébastien Barles

tempsreel.nouvelobs.com

la gauche de gouvernement est loin de l'être: à eux deux, le groupe PS et le groupe PRG ne comptent que 147 sièges. Même du temps où les écologistes (10 sièges) étaient au gouvernement, ce dernier n'avait pas la majorité au Sénat sans les 21 sénateurs du groupe communiste. Qui n'ont pas manqué de le faire savoir, tandis que les radicaux eux-mêmes se montraient parfois remuants, comme le rappelle l'éditorialiste du Monde Michel Noblecourt: ! «Sur tous les projets importants, la majorité a fait défaut. A de nombreuses reprises, les communistes n'ont pas hésité à mêler leurs voix à la droite pour rejeter des textes aussi emblématiques de l'appartenance à une majorité que la ratification du traité européen, les réformes des retraites et du marché du travail, les projets de loi de finances et de financement de la Sécurité sociale, etc. Les radicaux ont déployé leur énergie pour faire capoter le non-cumul de mandats ou la réforme territoriale.» !L'idée que la perte du Sénat ne constitue pas une catastrophe pour la gauche est partagée par le chercheur Olivier Rozenberg, interrogé par le quotidien:

«Hollande sera plus à l'aise avec un Sénat à droite car cela aura au moins le mérite de la clarté: les ministres sauront d'avance à quoi s'en tenir en venant défendre un texte, et les médias ne gloseront plus sur l'incapacité du gouvernement à tenir sa majorité.» !Cette idée est déjà dans l'air depuis plusieurs mois –une bonne manière de digérer une défaite annoncée. En juillet, déjà dans Le Monde, la sénatrice PCF Eliane Assassi jugeait qu'«un Sénat avec une majorité de gauche qui n'est pas une majorité gouvernementale est un caillou dans la chaussure du gouvernement. Si le Sénat passait à droite, la situation serait plus facile car ils n'auraient plus à justifier l'absence de discussion avec la majorité de gauche». «J'espère qu'on va le perdre, on ne se demandera plus comment faire voter ce machin, et on ne nous parlera plus de camouflet infligé par notre propre majorité», expliquait de son côté «un pilier de la rue de Solférino». Une «grosse faute d'analyse politique», selon le chef de file des socialistes au Sénat, Didier Guillaume. !Le gouvernement peut faire passer ses textes sans contrôler le Sénat, puisque l'Assemblée a le dernier mot en cas de désaccord –leur examen sera seulement plus lent. En revanche, le passage

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beaucoup plus important que prévu », a-t-elle souligné. « On commence à voir aux Etats-Unis des friches industrielles scandaleuses, avec des riverains effarés, des poches de pauvreté et des poches de chômage » sur les sites d'exploitation abandonnés, a poursuivi la ministre. !En mai pourtant, elle disait ne pas fermer la porte à l'extraction du gaz de schiste à condition que soient mises au point « de nouvelles technologies non dangereuses ». !LE REVIREMENT DE NICOLAS SARKOZY !Nicolas Sarkozy s'était prononcé jeudi, lors de son premier meeting à Lambersart (Nord), en faveur d'une exploitation du gaz de schiste en France. Il avait déclaré : ! « Je ne peux pas accepter que les Etats-Unis soient devenus, du point de vue de l'énergie, indépendants grâce au gaz de schiste et que la France ne puisse pas profiter de cette nouvelle énergie alors que le chômage ravage tant de nos territoires et tant de nos familles, c'est inacceptable. » !Sous son quinquennat, le Parlement avait pourtant voté en juillet 2011 une proposition de loi UMP de Christian Jacob qui interdisait le recours à la technique de fracturation hydraulique pour exploiter le gaz de schiste.

http://www.dailymotion.com/video/x26skhg_le-grand-rendez-vous-avec-segolene-royal-partie-3_news

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IV) Clément Sénéchal (PG) : « Une VIe République sociale, écologique et démocratique » !Entretien, par Laura Raim

!!Membre du Parti de gauche, animateur de la commission "pour la constituante et la VIe République", Clément Sénéchal explique la nécessité d’une nouvelle constitution pour restaurer la démocratie autant que pour repolitiser la société. !Entretien, Parti de gauche !Regards. Le Parti de gauche appelle à faire élire une assemblée constituante pour passer à une VIe République. Le contexte politique turbulent actuel semble propice, les médias évoquent même une "crise de régime"… !Clément Sénéchal. On peut en effet parler de crise de régime : l’abstention est à 56% et progresse tendanciellement d’année en année, l’extrême droite à 25% loin devant les autres partis. Le parti au pouvoir est en capilotade générale : il a trahi aussi bien son aspiration historique que son programme politique. Par ailleurs, alors qu’on nous avait promis une "présidence normale", des affaires sortent tous les jours… On a un député qui ne paie pas ses propres impôts alors qu’il est chargé de voter ceux des Français – et qu’il est de surcroît membre de la commission des Finances de l’Assemblée nationale et de la Commission d’enquête sur l’affaire Cahuzac – et nous ne disposons d’aucun moyen institutionnel pour le dégager ! Pour continuer dans le grotesque, Valls annonce qu’il n’acceptera pas sa voix lors du vote de confiance, au mépris le plus complet des droits et prérogatives du Parlement, de la séparation entre l’exécutif et le législatif. Les gars planent complètement. Quant au président François Hollande, il apparaît aujourd’hui comme ultra minoritaire dans

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l’opinion publique et sa légitimité est en lambeaux : or la dimension césariste et plébiscitaire du pouvoir présidentiel est la clé de voute de la Ve République. !Le FN de Marine Le Pen affirme qu’il faudrait simplement améliorer la Ve, notamment en introduisant davantage de proportionnelle dans les élections législatives ou en instituant un référendum révocatoire. Pourquoi cela ne suffirait-il pas ? !Le FN ne parle plus de référendum révocatoire et veut juste la proportionnelle pour accéder au parlement. Mais la proportionnelle ne changerait rien au fait que les députés sont impuissants face à la prééminence législative de l’exécutif, c’est-à-dire en réalité de l’Élysée : aujourd’hui, plus de 90% des lois adoptées émanent du gouvernement. Nous avons besoin d’un changement plus global. Le régime actuel n’est pas républicain, mais présidentiel-monarchique. « J’ai essayé d’opérer la synthèse entre la République et la monarchie », avouait De Gaulle lui-même. De fait, la Constitution de 1958 a été adossée à un putsch (les parachutistes ont pris la Corse) du Général, qui a utilisé l’armée pour mettre la pression sur le peuple et les instances politiques en place. Il a dessiné une Constitution à sa main qui instaure un pouvoir personnel, fondamentalement séparé du peuple : la délibération collective et l’expression populaire se trouvent violemment expulsés de l’institution publique. Je signale d’ailleurs que cette Constitution est la seule de notre histoire à ne pas avoir été rédigée par une Constituante. !« Faire de cette constituante un grand moment

de repolitisation de la société »

De quoi cette constitution est-elle l’infrastructure politique ? !En réalité la Ve est taillée pour maintenir l’ordre capitaliste. Remarquons comme Marx que même la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 (qui fait partie de notre bloc de constitutionnalité), célèbre « l’homme égoïste » et garantit la continuité du capitalisme en sacralisant la propriété privée d’une part, en consacrant les « distinctions sociales » dès son article 2, d’autre part. C’est en définitive un projet profondément inégalitaire, corrélé aux intérêts particuliers de la bourgeoisie naissante. Pour en revenir à notre époque, je pense qu’en distillant dans le corps social l’habitude de ne pas s’occuper des affaires publiques, c’est-à-dire en anesthésiant dans chaque être humain l’être politique, la Ve

République instaure l’indolence et la domestication nécessaires à la continuité du travail productif capitaliste. Dépossession politique et dépossession économique sont les deux faces d’une même médaille, celle d’une tyrannie douce et silencieuse. Le capitalisme est tout autant un ordre juridique qu’un ordre économique. Il faut donc s’intéresser à la manière dont sont fabriquées et promulguées les lois. Ajoutons qu’aujourd’hui, le capital débridé par la néolibéralisation du monde occidental détient les grands groupes médiatiques et se trouve donc en position de faire et défaire les élections, en surexposant ses commis et en discréditant constamment les forces révolutionnaires. !Mais même si l’on élit une assemblée constituante, il paraît peu probable qu’elle décide d’abolir la propriété privée… En Tunisie, où le processus a plutôt été positif par ailleurs, la nouvelle constitution n’est pas franchement socialiste. !Nous ne sommes jamais sûr de rien en démocratie, c’est toute sa noblesse. Ce sera bien sûr aux élus de l’assemblée constituante de décider. Mais ce que l’on cherche au Parti de gauche, c’est d’abord de faire de cette constituante un grand moment de repolitisation de la société. Le mal du siècle, c’est la dispersion, l’atomisation, la pensée réduite au petit périmètre de sa propre vie parce que la vie est précaire et que la concurrence comme mode de gouvernement généralise la guerre de tous contre tous : d’où la difficulté de retrouver des signifiants communs pour se constituer en puissance collective. L’infrastructure néolibérale fait que chacun reste dans son coin, entre amertume, mépris et nihilisme. Les passions tristes dominent. Or je crois que ceci est en grande partie lié au fait que le système institutionnel est verrouillé. Créer une grande campagne autour de la constituante peut donc être un moyen de recréer du jeu démocratique, de réimpliquer la multitude pour la constituer en peuple. De son côté, le PG fera évidemment tout pour défendre sa conception d’une VIe République véritablement sociale, écologique et démocratique. Et nous avons bien vu lors du référendum pour le TCE en 2005 que lorsque l’on pose des vraies questions politiques et institutionnelles aux gens et qu’on leur donne le temps de s’informer, de se réunir et de débattre, cela peut donner des résultats étonnants.

« Les députés ne se penseraient pas comme les représentants, mais comme les subordonnés du peuple » !

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Pour le Parti de gauche, à quoi ressemblerait la VIe République idéale ? !C’est en discussion. Nous voulons un régime parlementaire avec une ventilation régulière des élus, une limitation du cumul et du renouvellement des mandats et la généralisation de la proportionnelle, seul système qui permette la parité. Le Parlement serait à l’origine des lois car lui seul représente les citoyens dans leur diversité. Les députés ne se penseraient pas comme les représentants, mais comme les subordonnés du peuple. L’exécutif serait désigné par le parlement : il faut en finir avec cette absurdité qu’est l’élection d’un chef suprême au suffrage universel, qui confère au monarque l’illusion d’une légitimité divine et le sentiment d’un pouvoir absolu, face auquel aucun contre-pouvoir ne peut se soutenir véritablement. Et puis croire que l’on peut diriger un pays seul, doué d’une omniscience totale, est une fable aussi absurde que dangereuse. !Comment repenser le fonctionnement démocratique ? !On peut imaginer de combiner la démocratie représentative avec des éléments de démocratie directe, en ayant recours par exemple aux pétitions législatives et aux référendums d’initiative populaire, tel que le référendum révocatoire, qui aurait l’effet vertueux d’instaurer une culture du mandat impératif, afin d’en finir avec des "promesses" qui ne dupent plus personne, tout en réaffirmant la supériorité des programmes sur les hommes particuliers. Enfin, il est indispensable d’instituer des formes de démocratie au-delà de la sphère politique, en particulier dans l’entreprise : aujourd’hui les travailleurs n’ont pas leur mot à dire sur le travail ni sur le fruit de leur travail, leur destin dépend des mouvements d’humeur de fonds de pension planqués aux quatre coins de la planète, c’est-à-dire de la cupidité d’individus avec lesquels ils n’ont aucun lien humain. C’est d’une violence inouïe. Au moins l’esclave savait qui était son oppresseur. !Les partisans du régime présidentiel actuel aiment à rappeler que le régime parlementaire des IIIe et IVe Républiques était marqué par une forte instabilité ministérielle... !La situation actuelle prouve l’inanité de cette critique. C’est bien l’absence de représentativité qui créé actuellement de l’instabilité. Représentativité, légitimité populaire et stabilité

ne sont pas ennemis, bien au contraire. Les tenants de l’ordre illégitime devront admettre que l’instabilité c’est la démocratie. Et puis il faut arrêter de diaboliser la IIIe et la IVe République : le CNR et le Front populaire ont obtenu des réalisations sociales à faire pâlir d’envie la Ve République. De plus, il suffit de voir ce qui se passe en Allemagne pour savoir qu’un régime parlementaire n’est pas forcément source d’instabilité gouvernementale. !« Le FN n’est pas favorable à une VIe République : il peut très bien s’emparer des institutions de la Ve » !Jean-Luc Mélenchon a insisté sur la possibilité pour les citoyens de révoquer les élus, y compris le président, par référendum. Il suffirait par exemple que 5% des inscrits sur la liste signent une demande pour que soit organisé un référendum révocatoire. Il y a un an, ce sont les militants de la Manif pour tous qui se seraient saisis de ce recours. Ce genre de dispositif ne risque-t-il pas de profiter surtout aux forces réactionnaires ? !Pas sûr : je pense qu’une large frange de la Manif pour tous est légitimiste vis-à-vis des institutions de la Ve. Je remarque ensuite que cet argument est le même que celui qu’utilisent PS et UMP depuis des années pour justifier le "vote utile" : surtout ne changeons rien sinon ce sont les "extrêmes" qui remporteront la mise… En plus de miner profondément l’idée-même de démocratie, l’argument semble aujourd’hui de toute façon caduque. Il faut bien comprendre que même sans rien changer au système, il y a des chances que le FN arrive au pouvoir en 2017. Il y a une désaffection telle que l’argument du "vote utile" ne fonctionne plus, et l’abstention a toutes les chances de remporter la mise. Ainsi, même sans nécessairement accroître son poids électoral, le FN peut prendre le pouvoir. En effet, comme la Ve ne reconnaît pas le vote blanc, une force minoritaire dans le pays peut très bien s’imposer : il lui suffit d’obtenir le plus fort pourcentage des votants, quand bien même la part de ces votants représenterait 0,1% des inscrits. Aux européennes, le FN n’a pas élargi sa base électorale, il n’a fait que récupérer ses voix de la présidentielle. Il doit donc ses sièges à l’abstention de ceux qui votaient d’habitude pour ses adversaires. C’est d’ailleurs pour cette raison que le FN n’est pas favorable à une VIe République : il peut très bien s’emparer des institutions de la Ve ! D’autant qu’elles sont parfaites pour gouverner de manière autoritaire.

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Le militant Étienne Chouard souhaite que l’assemblée constituante soit tirée au sort, notamment pour écarter les professionnels de la politique et ceux qui désirent trop le pouvoir…Qu’en pensez-vous ? !Ce n’est pas forcément un problème de vouloir ou d’avoir le pouvoir. Les hommes dignes veulent du pouvoir sur leur vie, sur leur destin : c’est une aspiration tout à fait noble. Le problème, c’est de savoir ce que l’on en fait. Les partisans du tirage au sort font le bon diagnostic : le système actuel est vicié. Mais ils apportent la mauvaise solution. D’abord le pouvoir des lois tient à leur légitimité : or je ne crois pas que la légitimité se décrète facilement. Ainsi, je ne suis pas sûr que les gens se soumettront à des lois ou des décisions prises par des gens qui procèdent de l’arbitraire et du hasard, des inconnus sans histoire ni programme. Pas moi, en tout cas. De fait, le tirage au sort signe la fin des campagnes (qui peuvent, à moins qu’on en change les règles, être de grands moments d’éducation populaire), de l’élaboration collective de programmes, de la responsabilité vis-à-vis des citoyens (qui ne sont plus électeurs) et donc risque bien d’accentuer la dépolitisation de la société.

« Si l’on change le jeu institutionnel, on pourra espérer recréer de l’élan collectif » !On ne peut pas imaginer que le tirage au sort produise de la mobilisation politique ? !Aujourd’hui, nous avons au moins le droit de voter, de temps à autres, bien trop rarement tout le monde est d’accord : avec le tirage au sort nous n’aurons même plus à nous déplacer aux urnes. La passivité serait complète. La constituante doit être un moment de délibération qui engage tout le pays : pas un coup de dé prononcé par un ordinateur qui ne concerne que quelques-uns. La République c’est la raison, pas le sort. Et puis cela dénote une méfiance insupportable vis-à-vis de la figure du militant, qui est d’abord un citoyen engagé : autrement dit une forme de méfiance envers l’engagement, concret, matérialisé par une constance au sein d’un collectif. Je crois que la société souffre plutôt du désengagement. Pour éviter les conflits d’intérêts, il y a une solution simple : les délégués à la Constituante ne pourront être désignés parmi les parlementaires sortants, ni candidater à des mandats ultérieurs. !Les partisans du tirage au sort rêvent peut-être d’un processus constituant qui ne se fasse pas sous la houlette d’un parti classique à

à l’ancienne comme le Parti de gauche… !Je suis convaincu que le parti reste un vecteur de politisation incontournable. Certes, le parti de masse va mal. Mais si l’on change le jeu institutionnel, on pourra espérer recréer de l’élan collectif. Les indignés espagnols se sont bien constitués en parti avec Podemos. Quant au mouvement Occupy Wall Street, il a précisément souffert de l’absence de structuration et de débouchés politiques. Sans règle de fonctionnement, le collectif meurt. Mais, par ailleurs, cette aspiration sera aussi portée par un mouvement large et ouvert, avec l’appui de Jean-Luc Mélenchon (voir m6r.fr), qui reste viscéralement radical et inventif. Par ailleurs, les partisans de gauche du tirage au sort commettent une erreur classique : croire que les classes dominées ont une conscience de classe spontanée. La classe en soi ne devient pas une classe pour soi subitement, surtout aujourd’hui où la tertiarisation de l’économie, la flexibilisation du travail et la financiarisation des capitaux tend à dissoudre les solidarités professionnelles. Il faut donc nécessairement des médiations collectives et instituées. D’ailleurs, à chaque fois, dans l’histoire, qu’il y a eu des avancées sociales importantes, cela s’est justement produit via des collectifs organisés, des syndicats, des partis. !On ne peut pas espérer que, dans un tel processus constituant, le citoyen émerge de l’individu pour défendre un intérêt collectif ? !Pour un salarié précaire et isolé, le capitalisme est un environnement naturel. Tiré au sort, je ne suis pas sûr qu’il devienne d’un seul coup un héraut du socialisme et du partage des richesses, c’est-à-dire qu’il ait automatiquement la faculté de transcender son intérêt personnel vers l’intérêt général. Et puis tout porte à croire qu’un individu qui ne bénéficie pas de l’assise, du soutien et de la protection d’un collectif humain sera exposé aux sirènes vertigineuses des lobbies capitalistes, qui ne s’avoueront pas vaincus, loin de là. En fait, les adeptes du tirage au sort réhabilitent le mythe naïf d’une nature humaine ontologiquement bonne. Moi je pense qu’il ne faut faire confiance à personne. Il faut revenir à la question posée par Bourdieu dans Raisons pratiques : un acte désintéressé est-il possible ? Non, répond Bourdieu. Et il n’est peut-être même pas souhaitable qu’un individu engagé dans la société fasse sienne une telle maxime. Ce qui compte, c’est plutôt de faire en sorte que le dispositif institutionnel, c’est-à-dire la règle du jeu matérialisée, contraigne l’intérêt individuel à

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s’aligner sur l’intérêt général et parvienne donc à combiner les deux. Pour le dire autrement, il faut trouver un régime qui demeure vertueux quand bien même il ne serait peuplé que d’ignobles.

regards.fr - Laura Raim