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THEORIE

TABLE DES MATIERES

LES MODALITÉS DE L'EXPLOITATION CAPITALISTE. .............. 9 LA PRODUCTION DE LA SURVALEUR ABSOLUE : ....................... 9 LA JOURNEE DE TRAVAIL. ................................................................. 9 LA PRODUCTION DE LA SURVALEUR ABSOLUE: ...................... 12 TAUX ET MASSE DE SURVALEUR. .................................................. 12 SOUMISSION FORMELLE ET REELLE DU TRAVAIL AUCAPITAL .................................................................................................. 13 LA PRODUCTION DE LA SURVALEUR RELATIVE : ................... 15 CONCEPT. ............................................................................................... 15 LA PRODUCTION DE LA SURVALEUR RELATIVE: .................... 16 COOPERATION. ..................................................................................... 16 LA PRODUCTION DE LA SURVALEUR RELATIVE: .................... 18 DIVISION DU TRAVAIL ET MANUFACTURE. ............................... 18 LA PRODUCTION DE LA SURVALEUR RELATIVE : ................... 22 MACHINERIE ET GRANDE INDUSTRIE ......................................... 22 LA PRODUCTION DE LA SURVALEUR ABSOLUE ET DE LASURVALEUR RELATIVE : SURVALEUR ABSOLUE ETSURVALEUR RELATIVE ..................................................................... 40 LA PRODUCTION DE LA SURVALEUR ABSOLUE ET DE LASURVALEUR RELATIVE : VARIATIONS DE LA GRANDEURRESPECTIVE DU PRIX DE LA FORCE DE TRAVAIL ET DE LASURVALEUR ........................................................................................... 42 LA PRODUCTION DE LA SURVALEUR ABSOLUE ET DE LASURVALEUR RELATIVE : DIVERSES FORMULES DU TAUX DESURVALEUR ........................................................................................... 46 EXTORSION DE PLUS-VALUE RELATIVE ET DE PLUS-VALUEABSOLUE DANS LA PHASE DE LA GRANDE INDUSTRIE. ......... 47

Machinerie et formes de la plus-value......................................................................................................47PHASES ET FORMES DE LA COOPÉRATION SOCIALECAPITALISTE ET MODALITÉS DE L'EXPLOITATION. .............. 51 CAPITAUX INDIVIDUELS, CONCURRENCE ET PLUS-VALUE. .... 53CYCLE ÉCONOMIQUE DU CAPITAL ET MODALITÉSD'EXPLOITATION. ................................................................................ 59

Période de prospérité (production à haute pression7)) ............................................................................ 60Période de crise......................................................................................................................................... 63Période d'activité moyenne et périodique stagnation ...............................................................................66

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MOUVEMENT COMMUNISTE

PÉRIODISATION DU MPC, CAPITAL SOCIAL ET CAPITAUXINDIVIDUELS. ........................................................................................ 66 MARCHÉ MONDIAL ET PÉRIODISATION DU MPC. .................... 70

PRESENTATION

Nous republions cette étude fondamentale sur lesdeux phases historiques du mode de productioncapitaliste (MPC), celle dite de «soumissionformelle du travail au capital » (caractérisée parl’extorsion de plus-value absolue) et celle dite de«soumission réelle du travail au capital »(caractérisée par l’extorsion de plus-valuerelative).

Ce travail avait été une des bases théoriques de laconstitution de notre petit groupe fin des années80 et avait été publié en quatre parties suivant lesaléas des différentes livraisons de notre revue«Mouvement Communiste », du numéro 0 (hiver89) au numéro 5 (hiver 1993-94) – en fait dans lesnuméros 0, 1, 2 et 5. Ces différents numéros sontaujourd’hui presque tous épuisés, ce qui expliquecette republication. D’autre part, la difficulté dece texte se trouvait renforcée par sa publication

fractionnée et espacée, rendant peu lisible latotalité de l’exposé et l’articulation des différentschapitres. Cette nouvelle édition nous permetdonc de remettre le texte conforme à son planlogique initial, l’introduction générale ayant étépubliée dans la deuxième partie et la quatrièmeayant été publiée avant la troisième. Nous avonségalement profité de cette occasion pour corrigercertains contresens et erreurs typographiques.

Ce travail, toujours d’actualité, constitue lesoubassement théorique de nos analyses factuelleset est une réexposition essentielle des catégoriesde l’analyse de Marx envisageant la globalité del’histoire du MPC pour tracer les traitscaractéristiques de son plein développementactuel ; le mode de production spécifiquementcapitaliste.

INTRODUCTION.

Ce travail a pour but de mettre en évidence lescatégories de l'économie politique correspondantau mouvement de prise de possession/modificationde la reproduction humaine par le capital :soumission formelle du travail au capital(domination de l'extorsion de plus-value absolue) ;soumission réelle du travail au capital (dominationde l'extorsion de plus-value relative).

Si l'existence d'un surproduit social est lacondition nécessaire des modes de productionfondés sur l'opposition des classes, chacun d'eux sedistingue des autres dans sa façon de sel'approprier. Cela suivant la forme assumée par ladivision sociale du travail, c'est-à-dire selon la

façon où les rapports de production gouvernent lesforces productives.

Ainsi dans le mode de production fondé surl'esclavage, le patron d'esclaves s'approprie leproducteur tout entier pour s'emparer du fruit deson travail. Dans le mode de production fondé surle servage, le producteur est indissociablement liéà la terre qu'il travaille ; il fait partie, au même titreque la semence et la charrue, des conditions de laproduction. Dans le MPC, le producteur, libre desa personne, vend sa force de travail au possesseurdes moyens de production et reçoit en échangel'équivalent monétaire de la valeur de sa force detravail. De plus, et surtout, le MP spécifiquement

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THEORIE

C se distingue des modes pré-capitalistes par lafaçon de produire le produit et le surproduit social.Il s'empare, en effet, du procès de travail dont il ahérité et le bouleverse sans cesse. L'analyse duprocès de travail permet donc de déceler cettespécificité et fournit le matériau pour éclairer ledegré de maturation de la structure socialecapitaliste y compris dans ses expressionspolitiques.

Maturation, bien évidemment, du point de vue del'éclatement du conflit entre forces productives etrapports sociaux de production dont la formephénoménale est la crise de surproduction.

Définir des catégories signifie savoir les repérer àl’œuvre dans le mouvement réel dont ellesconstituent les formes intelligibles. «Modalités del'exploitation capitaliste » ne peut que renvoyer,pour cette raison, à d'autres travaux -dont ilconstitue le matériel préparatoire- plus spécifique,mettant en évidence l'existence d'airesgéopolitiques homogènes par leur composition decapital, les mouvements de ses formesfonctionnelles, leur composition de classe et doncles formes et les rythmes prévisibles de la lutte desclasses à l'intérieur d'elles.

Ce travail fournit la typologie du développementdu MPC, il en fixe les étapes et en définitl'achèvement. Il ne fournit pas, par contre, ledéroulement de ce processus dans les spécificitéstemporelles propres à chaque section du capitalsocial.

Ainsi les deux formes de soumission du travail aucapital recouvrent entièrement l'histoire du MPC etil n'est nul besoin de sortir du chapeau unetroisième phase de son développement, mais ilreste à dévoiler toute connexion particulière desdeux formes d'extorsion de la plus-value,connexion particulière déterminée par la rotationdu capital fixe, par les cycles des luttes ouvrièreset par les relations entre les trois formes defonction du capital industriel (capital productif,capital commercial et capital financier).

En effet, une composition organique donnée ducapital implique, afin que l'accumulation sepoursuive, une taille minimum du capital avancé etun taux de productivité du travail adéquat à lavaleur du capital fixe qui doit être transférée leplus rapidement possible dans les marchandisesproduites et partagée entre le plus grand nombre

d'entre elles pour ne pas alourdir leur coût deproduction.

Cela signifie qu'à l'intérieur d'une même branchede production pendant la soumission formelle, detoutes les branches pendant la soumission réelle,chaque capitaliste individuel doit investir etimmobiliser toujours plus d'argent en capital fixe.Cela signifie que le transfert de la valeur du capitalfixe aux marchandises produites doit pouvoir sefaire sans interruption, surtout quand lerenouvellement ou l'extension de ce dernierviennent d'avoir lieu. D'ici vient le besoin de paixsociale et de surtravail, d'intensifier et de rallongerla journée de travail conjurant le danger qu'unconcurrent introduise des machines plusperfectionnées avant l'amortissement de son proprecapital fixe.

Face à la lutte ouvrière pour le salaire, lecapitaliste individuel se trouve coincé entre sescaisses vides et la nécessité de concéder desaugmentations salariales pour que la productionreprenne. Entre les deux le marché décidera : encas de marché favorable la lutte pourra aboutirrapidement, mais plus les prévisions de venteseront pessimistes, plus la résistance patronale seraacharnée et la lutte en passe de perdre.

Une réduction de la durée de la journée de travailsera d'autant plus facilement octroyée quel'augmentation de productivité du travail liée àl'introduction de machines plus performantespermettra une intensification des rythmes detravail.

Le capital est valeur qui se valorise uniquementpar la consommation de force de travail. Sonunique intérêt est de pouvoir se servir de la valeurd'usage de cette marchandise particulière le pluslongtemps possible et au moindre prix pourproduire des marchandises qui contiennent lemaximum de travail non payé - donc de valeur nonpayée, en surplus par rapport à la valeur expriméepar le salaire - tout en possédant individuellementla plus petite valeur possible.

Cette plus-value est le produit spécifique de laforce de travail des ouvriers employée de façoncapitaliste.

Dès qu'il y a séparation des producteurs de leursmoyens de travail, c'est-à-dire dès que le travail estsubsumé formellement au capital, le but de laproduction devient l'extorsion de la plus-value.

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MOUVEMENT COMMUNISTE

Cette dernière est et reste le produit du surtravailque l'ouvrier accomplit après avoir remplacé lavaleur représentée par son salaire. Seschangements de forme ne modifient en rien ce fait,il n'y a pas une forme de surtravail moins pénibleque l'autre, même si dans le cas de la plus-valueabsolue le prix du travail baisse absolument, alorsque dans le cas de la plus-value relative le prix dutravail peut monter.

La soumission formelle du travail au capitalprécède historiquement la soumission réelle etl'accompagne ensuite. Cela ne signifie pas qu'uneforme d'extorsion de la plus-value exclut l'autremais que des processus différents sont mis enœuvre pour l'obtenir qui comportent desmodifications des rapports sociaux. Les formesd'extorsion indiquent la façon dont le capitaldomine la production, mesurent le degré decréation par le capital de sa réalité spécifique,conforme à son concept.

Dans leur lutte pour la conquête de parts demarché, les capitalistes disposent de deux armes :l'introduction de nouvelles machines capables deréduire le coût de production des marchandises enaugmentant la productivité du travail et la succionde travail vivant.

Ce sont les circonstances dans lesquelles sedéroule cette lutte qui les font opter pour l'une oupour l'autre arme : le niveau de la demande, le prixdu capital monétaire, les mouvements de capitauxentre les différents secteurs de production, l'étatdes transports, le degré de difficulté pour obtenirmatières premières et forces de travail.

La modernisation des machines n'exclut pas laprolongation de la journée de travail. On peut fairetravailler plus longtemps des ouvriers à desmachines nouvelles pour profiter de l'écart entreson coût de production et le prix de productionpour en tirer un surprofit jusqu'à la généralisationde l'emploi des dites machines, provoquant lerééquilibrage du prix de marché autour du prix deproduction (péréquation du taux de profit entre lesbranches de la production industrielle).

Mais on peut prolonger la journée de travail parceque de la main d’œuvre bon marché permet decontinuer à produire avec les anciennes méthodesau nouveau prix de production. Ou encore on estobligé de la rallonger parce que le capital

monétaire nécessaire pour investir dans lesnouvelles machines fait défaut.

En dernier, dans les mauvais moments du cycleéconomique, moins on produit et plus grande doitêtre la quantité de plus-value, absolue aussi bienque relative, contenue dans les marchandises misesen vente afin que le capital anticipé puisse êtrevalorisé.

Dans ce contexte la limitation légale de la durée dela journée de travail, sans changer les règles dujeu, oblige les joueurs à miser davantage sur labaisse du coût de production et accélèregrandement la course à l'innovation technologique.L'Etat bourgeois, ne pouvant que constater lesdégradations de la condition ouvrière, était obligéd'intervenir pour garantir les conditions sociales del'accumulation du capital contre l'aveuglement decertains patrons occupés à se faire concurrenceentre eux à coups de rallonges de la journée detravail.

Il se comporte en capitaliste collectif : il intervientdirectement dans l'économie de la société civile,dont il est l'émanation politique et juridique, pourla préserver. Ce faisant, il se reconnaît comme telen tant qu'Etat moderne.

Cela implique que son pouvoir judiciaire/militairesoit suffisamment développé et centralisé pours'imposer comme volonté collective ; quematériellement son corps de fonctionnaires soitstable et relativement indépendant des classessociales.

La résistance ouvrière contre l'exploitation produitle même effet que la limitation légale de la duréede la journée de travail : elle accélèrel'introduction de machines qui transforment leprocès de travail et brisent le pouvoir des ouvriersfondé sur leur savoir-faire, qui remplacent lesouvriers dans leurs mansions.

C'est la fin de la coopération simple, il ne suffitplus de réunir dans un même endroit destravailleurs effectuant la même tâche. On introduitune coopération fondée sur l'exécution simultanéede tâches s'intégrant l'une à l'autre, on jette lesbases pour l'augmentation de l'intensité du travailpermettant de suppléer à la diminution de la duréede la journée de travail. Sans la limitation de celle-ci on n'aurait pas pu intensifier l'exploitation de laforce de travail sans augmenter en même temps le

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THEORIE

coût de sa reproduction de manière insupportablepour le capital social.

De ce fait la loi, à l'instar des machines, participe àl'augmentation de la productivité du travail.

Avec la transformation de la manufacture engrande industrie, les producteurs indépendants etles petits capitalistes qui ne peuvent pas augmenterleur capital pour atteindre le seuil critique leurpermettant de produire des marchandises sansgaspiller du temps de travail social sontcondamnés à disparaître.

Avec la composition de valeur du capital, c'est lacomposition de classe de la bourgeoisie et duprolétariat qui change, donc leur expressionpolitique respective.

Mais cette révolution de valeur du capital est à sontour le résultat - donc le présupposé - del'extension du marché des marchandises modernes- celles qui contiennent de la plus-value - à d'autresaires géographiques, de la création de nouveauxmarchés nationaux à l'intérieur desquels les classeset les demi-classes se réorientent en fonction deleurs intérêts économiques qui ont reçu une formeachevée.

La même révolution de valeur du capital impliquel'accélération de sa circulation, aussi bien sousforme d'argent que sous forme de marchandises.D'où la prolifération de couches socialesemployées à cet effet : celles qu'on retrouve àprésent comme salariés qui ne produisent ni devaleur ni de plus-value mais qui sontindispensables à la réalisation de celle-ci parcequ'ils réduisent les frais de circulation du capitalsocial.

Chaque capitaliste est obligé de traduire la valeurde son capital anticipé avec sa plus-value en unemasse toujours croissante de valeurs d'usage. C'estla seule façon pour lui de rester concurrentiel et depallier, en diminuant la valeur de la force detravail employée pour augmenter le surtravail, à laréglementation de la durée de la journée de travail.

Mais une machine peut être introduite dans leprocès de travail uniquement si elle coûte moinschère que les forces de travail qu'elle remplace. Sila valeur de la force de travail diminue - ce quiconstitue le fondement de l'extorsion de plus-valuerelative - la valeur de la machine doit baisserencore plus rapidement ou bien elle doit remplacer

une masse grandissante d'ouvriers. En tout cas,chaque nouvel investissement doit se traduire envaleur partagée par le plus grand nombre possiblede machines entraînant une énorme augmentationde la production de valeurs d'usage. Dans cesconditions la diminution de valeur de la force detravail a pu se traduire en augmentation des biensde consommation représentant le salaire. A unpoint tel que les luttes économiques du prolétariat

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MOUVEMENT COMMUNISTE

se sont heurtées et se heurtent à une avalanche demarchandises et que les organisations de défensedes ouvriers ont pu être cooptées par le capital à lagestion d'une partie du salaire - la partie indirecte -et de la plus-value sociale.

L'accélération de la course à l'augmentation de laproductivité du travail a nécessité le recourssystématique à la science et son intégration à laproduction (science appliquée au travail =technologie). Intégré à la science, le travailacquiert sa véritable puissance sociale, la véritablepuissance sociale du capital qui soumet à savalorisation les fruits de l'intellect collectif aprèsavoir soumis le travail manuel.

Le capital se manifeste toujours davantage commeune puissance sociale - dont le capitaliste estl'agent - ayant perdu désormais tout rapportproportionnel avec ce que le travail d'un simpleindividu peut produire.

La soumission de l'intellect social à la valorisationsanctionne en même temps sa séparation de laproduction directe et des producteurs : le procès detravail décomposé et recomposé scientifiquementéchappe entièrement à la compréhension desprolétaires rendant impossible toute tentative decontrôle ouvrier économique et toute perspectivede prise pacifique du pouvoir politique.

Dans l'organisation scientifique du travail,l'ouvrier global est productif, produit des fonctionsparcellisées de chaque ouvrier individuel. Parmicelles-ci, le savoir devient fonction d'une classeouvrière supérieure, vendeuse de force de travailintellectuelle, intervenant dans le procès devalorisation aux côtés de la force de travailmanuelle.

Voilà ce qui implique et présuppose la différenceentre plus-value absolue et plus-value relative.

LES MODALITÉS DE L'EXPLOITATION CAPITALISTE.

« La situation de la classe ouvrière est la baseréelle d’où sont issus tous les mouvementssociaux actuels parce qu'elle est en mêmetemps la pointe extrême et la manifestation laplus visible de la misérable situation socialeactuelle. Les communistes ouvriers français etallemands en sont le résultat direct, lefouriérisme, le socialisme anglais ainsi que lecommunisme de la bourgeoisie allemandecultivée, le résultat indirect. La connaissancedes conditions de vie du prolétariat est unenécessité absolue si l'on veut un fondementsolide aux théories socialistes aussi bienqu'aux jugements sur leur légitimité, mettre unterme à toutes les divagations et affabulationsfantastiques pro et contra. »

(Engels - Préface du 15.3.1845 à «La situationde la classe laborieuse en Angleterre», E.S.p.31)

«J'ai de même utilisé constamment commesynonymes les expressions : «ouvriers»(working men) et prolétaires, classe ouvrière,classe indigente et prolétariat.» (Id. p.33)

Une inépuisable soif de survaleur anime lemouvement du capital et détermine chaqueacte capitaliste. L'action classiste duprolétariat, quel que soit son terrain, ne peutpas en faire abstraction. La bataille pour laréduction de la journée de travail, vieille deplusieurs siècles, illustre efficacement les deuxaspects décisifs de la réalité du mode deproduction capitaliste (MPC) : maximisationde l'exploitation par le capital et lutteprolétarienne pour l'abolition du travail salariéconstituant la base matérielle de l'exploitation.Le déroulement historique de cette bataille estprévu et décrit avec précision par leprogramme communiste, notamment dans lepremier livre du Capital. Fidèles à la tâche dene rien changer ou ajouter, nous suivrons danscette étude la trame que Marx lui-même aparcourue.

LA PRODUCTION DE LASURVALEUR ABSOLUE :LA JOURNEE DE TRAVAIL.

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THEORIE

Le huitième chapitre de la troisième section -«La survaleur absolue» - du premier Livres'appelle de façon significative : « La journéede travail». La clé de voûte de toute lastructure réside dans l'affirmation :

«Le capitaliste se réclame de son droitd'acheteur quand il cherche à rendre lajournée de travail aussi longue que possible età faire deux journées de travail en une seule.D'un autre côté, la nature spécifique de lamarchandise vendue implique une limitationde sa consommation par l'acheteur, et letravailleur se réclame de son droit de vendeurquand il veut limiter la journée de travail àune grandeur normale déterminée. Il y a doncici une antinomie, droit contre droit, l'un etl'autre portant le sceau de la loi de l'échangemarchand. Entre des droits égaux, c'est laviolence qui tranche. Et c'est ainsi que dansl'histoire de la production capitaliste, laréglementation de la journée de travail seprésente comme la lutte pour les limites de lajournée de travail. Lutte qui oppose lecapitaliste global, c'est-à-dire la classe descapitalistes, et le travailleur global, ou laclasse ouvrière.»

(Marx - «Le Capital» Livre I, E.S. p.261).

«Les variations de la journée de travailévoluent donc au sein de limites physiques etsociales...»

La limite physique signifie que

«Un homme ne peut dépenser pendant unejournée naturelle de 24 heures qu'un quantumdéterminé de force vitale.»

La limite morale (ou sociale) est due au faitque

«il faut du temps au travailleur pour satisfairedes besoins intellectuels et sociaux dont laportée et le nombre sont déterminés par l'étatgénéral de civilisation.»

(Id. pp.258-259).

La tendance du capitaliste à la fringale desurtravail se manifestant dans son désir effrénéde prolonger immodérément la journée detravail est une particularité du MPC. En effet

«... dans l'Antiquité, le surtravail prend desallures atroces là où il s'agit d'obtenir la

valeur d'échange sous sa figure monétaireautonome, dans la production d'or et d'argent.La forme officielle du surtravail est ici letravail forcé jusqu'à ce que mort s'en suive. »(Id. p.262)

N'en déplaise aux apologistes de labourgeoisie, c'est le capital qui généralise letravail forcé sous forme de travail salarié,fondement de la société bourgeoise. Le tempsde travail nécessaire pour la reconstitution dela marchandise force de travail supposéconstant, la prolongation du temps de travailconstitue la survaleur absolue. Inévitablement,la prolongation, au delà des limites physiqueset sociales, de la journée de travail, provoquepar réaction de la société civile son dosageafin de limiter l'épuisement précoce de la forcede travail disponible.

«Si l'on fait abstraction d'un mouvementouvrier dont la montée se fait chaque jour plusmenaçante, cette limitation du travail defabrique est dictée par la même nécessité quecelle qui répandait le guano sur les champsd'Angleterre. La même cupidité aveugle quidans un cas avait épuisé la terre avait dansl’autre atteint à sa racine la force vitale de lanation.» (Id. p.267)

Toutes les lois réglementant et limitant lajournée de travail sont, donc, des expressionsnégatives de la même voracité capitaliste ; cesont des constatations légales d'un rapport deforce sociale et de la «sauvegarde» capitalistede l'énergie vitale de la nation : la classeexploitée. Même les crises au cours desquelles

« … la production est interrompue et où on netravaille qu' « à temps partiel »; que durantquelques jours de la semaine, ne changentévidemment rien à cette tendance qui pousse àprolonger la journée de travail. Moins il sefait d'affaires, plus le gain réalisé sur lesaffaires qui sont faites doit être important.Moins on peut travailler de temps et plus ilfaut travailler de temps de surtravail» (Id.p.269)

Aucun moment du MPC ne favorisel'atténuation de l'exploitation, et même si laproduction de marchandises baisse, la soif desurvaleur ne diminue pas pour autant puisquela pression reste inchangée pour une extorsion

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MOUVEMENT COMMUNISTE

croissante de survaleur absolue. Pour le capitall'ouvrier n'est rien d'autre que du temps detravail personnifié dont le temps disponible estdu temps de travail Même lorsque le capitaldoit se soumettre aux obstacles sociaux etphysiques à la prolongation de la journée detravail, il essaie de les dépasser enpermanence. C'est grâce en particulier auxsystèmes des relais qu'il dépasse les limites dela journée naturelle (12 heures) jusqu'au cœurde la nuit. Soulignons, en passant, que letravail nocturne se développe à Londresseulement en 1824 et qu'il s'agit donc d'uneaggravation des conditions de vie de l’espèce àmettre entièrement sur le compte du MPC.L'avidité dans l’usage de la force de travailprovoque inévitablement la diminution de sadurée. La prolongation de la journée de travailimplique le dépérissement et l'extinction de laforce de travail elle-même. La productioncapitaliste «rallonge» le temps de productionde l'ouvrier - dans un temps donné - à traversla diminution du temps que celui-ci a à vivre.

«Or dans la valeur de la force de travail estincluse la valeur des marchandises requisespour la reproduction du travailleur ou laperpétuation de la classe ouvrière. Si donc laprolongation contre nature de la journée dutravail, à laquelle le capital tendnécessairement dans sa pulsion effrénéed'autovalorisation, raccourcit la vie de chaquetravailleur en particulier, et par là-mêmeréduit la durée de sa force de travail, il fautremplacer plus rapidement celles qui sontusées, donc faire entrer de plus grands fraisd'usure dans la reproduction de la force detravail, tout comme la part de valeur d'unemachine qui doit être reproduite chaque jour,est d'autant plus grande qu'elle s'use plus vite.Il semble donc que dans son propre intérêt lecapital soit astreint à établir une journée detravail normale.»

(Id. p.297)

«Le capital n'a donc aucun scrupule s'agissantde la santé et de l'espérance de vie del'ouvrier, s'il n'y est pas contraint par lasociété.»

(Id. p.301).

Le coût de reproduction de la marchandiseforce de travail diminue relativement si elles'use dans un laps de temps plus grand. Cettecause, unie à la lutte «de la société» pour laréduction de la journée de travail, a produit la«concession» capitaliste de la journée de 12,10, 8 et prochainement 7 heures. S'y ajoutentaussi des raisons contingentes comme celleindiquée par Marx dans l'additif à la note 114de la page 302 :

«Le prix élevé du coton, à une époqued'activité fébrile avait incité les propriétairesdes tissages de Blackburn à réduire d'uncommun accord le temps de travail dans lesfabriques pendant une période déterminéedont le terme était échu aux environs de la finnovembre (1871). Pendant ce temps, lesfabricants plus riches, ceux qui font à la foisde la filature et du tissage, mirent à profit leralentissement de la production pour étendreleurs propres affaires et faire de gros profitsau dépens des petits fabricants. Ces derniers,dans leur malheur, se tournèrent alors vers lesouvriers de fabrique, les incitèrent à menersérieusement l'agitation pour la journée de 9heures et leur promirent à cette fin leurparticipation financière !»

Le capital oppose à l'inéluctable réduction dela journée de travail des mécanismes tendant àl'atténuer :

* une réduction générale des salaires enproportion encourageant le travail en heuressupplémentaires et la dérogation à la limitelégale de la journée de travail

* le développement du travail de nuit

* la réduction des pauses-repas

* l'utilisation du système de relais mettantl'ouvrier à la disposition du capital pendantune journée de travail d'environ 15 heures, pardes déplacements continus, des pauses(contrainte à la paresse) et des rappels autravail. L'annualité de l'horaire de travail n'estrien d'autre qu'une réédition moderne du vieuxsystème à relais. Dans le lointain 1850, aprèsune grande agitation ouvrière, l'Acte sur lesfabriques complémentaire du 5 Août

« … mettait fin une fois pour toutes à lapratique du système de relais. » (Id. p.328)

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THEORIE

Vous étiez optimiste, Docteur Marx !

Sans anticiper sur la suite du développement,on peut déduire ce qui suit des faitshistoriques, simplement mis bout à bout.Premièrement : c'est dans les industries qui ontété les premières révolutionnées par l'eau, lavapeur et la machinerie, dans ces premièrescréations du mode de production moderne quesont les filatures du coton, de la laine, du lin etde la soie, que s'est d'abord satisfaite la pulsiondu capital à prolonger sans mesure ni scrupulela journée de travail. C'est la transformation dumode de production dans son aspect matériel,et la transformation correspondante desrapports sociaux chez les producteurs, qui ad'abord engendré ces débordementsdémesurés, puis provoqué par contrecoup, cecontrôle social qui limite réglemente et unifielégalement la journée de travail et ses pauses(...), deuxièmement: «(...) La création d'unejournée de travail normale est donc le résultatd'une longue et âpre guerre civile plus oumoins larvée entre la classe capitaliste et laclasse ouvrière».

(Id. pp.333- 334-335)

LA PRODUCTION DE LASURVALEUR ABSOLUE:TAUX ET MASSE DE SURVALEUR.

Après le huitième chapitre, Marx «quitte» lajournée de travail pour introduire, dans leneuvième chapitre, les notions de taux et demasse de survaleur nécessaires pour lacompréhension de la production de lasurvaleur relative et de ses liens avec lasurvaleur absolue - sujet de la quatrième etcinquième section - . Le taux de survaleur estl'expression en valeur du degré d'exploitationobtenu par le rapport entre le surtravail et letravail nécessaire pour la reproduction de laforce de travail. En d'autres termes, le taux desurvaleur - dans une usine et à un momentdonnés - est représenté par la fraction :survaleur moyenne par ouvrier multipliée parle nombre des ouvriers sur capital variable(expression en argent de la valeur de toutes lesforces de travail que le capitaliste emploiesimultanément. La masse de la survaleur n'estdonc rien d'autre que le numérateur du taux desurvaleur.

De la même manière, si l'on se réfère au degréd'exploitation, la masse de la survaleur - dansune usine et à un moment donnés - est égale àla valeur d'une force de travail individuellemultipliée par le nombre des ouvriersemployés et par le degré d'exploitation. Sienfin, on connaît le taux de survaleur pour uneforce de travail individuelle, il suffira de lemultiplier par le capital variable total pourobtenir la masse de la survaleur.

Trois lois émergent de l'enquête sur lesrelations entre taux et masse :

1ère loi – « la masse de survaleur produite estégale à la grandeur du capital variableavancé multiplié par le taux de survaleur, ouencore, elle est déterminée par le rapportcomposé du nombre de forces de travailexploitées simultanément par le mêmecapitaliste au degré d'exploitation de la forcede travail individuelle. (…). »

2ème loi – « la limite absolue de la journée detravail moyenne, toujours inférieure parnature à 24 heures, constitue une borneabsolue pour le remplacement d’un capitalvariable amoindri par un taux accentué desurvaleur, ou d’un nombre de travailleursexploités en diminution par un degréd'exploitation plus élevé de la force detravail. » (Id. pp.340-342).

La très importante deuxième loi est illustréepar un exemple qui vaut la peine d'êtrereproduit : en supposant une journée de travailde 12 heures par ouvrier, à intensité égale, etque 24 ouvriers employés donnent 1 heure desurvaleur chacun pour chaque journée detravail, on aura une masse de survaleur égale à1 heure x 24 ouvriers, c'est-à-dire 24 heures desurvaleur journalière. Si l'on considère le casde 2 ouvriers pour une journée de travail de 12heures, même en réduisant au minimum letravail nécessaire, ils ne pourront jamaisfournir 24 heures de survaleur par jour. Lesimple cas évoqué par Marx est un instrumentde démolition de toutes les idéologiessuccessives clamant l'abolition du travailsalarié par l'automation dans le cadre du MPC.Seule l'abolition de la valeur et de la survaleurpermettra à l'homme de se libérer de la«nécessité» d'effectuer un surtravail croissant,

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en forme de valeur, pour assurer lareproduction du capitalisme.

3ème loi – « si l'on suppose donnés le taux desurvaleur, ou le degré d'exploitation de laforce de travail, et la valeur de la force detravail, ou la grandeur du temps de travailnécessaire, il va de soi que plus le capitalvariable est grand, plus grande est la massede valeur et de survaleur produites. Si lalimite de la journée de travail est donnée, demême que la limite de sa composantenécessaire, il est manifeste que la masse devaleur et de survaleur qu’un capitalisteindividuel produit dépendra exclusivement dela masse de travail qu'il met en mouvement. »

(Id. p.342)

La masse de survaleur est directementproportionnelle au capital variable anticipé. Latroisième loi peut s'écrire aussi de la manièresuivante :

« …pour une valeur donnée et un degréd’exploitation de la force de travail degrandeur égale, les masses de valeur et desurvaleur produite par différents capitaux sontdirectement proportionnelles aux grandeursdes composantes variables de ces capitaux,c'est-à-dire aux parties de ceux-ci convertiesen force de travail vivante. » (Id. p.343)

La source de la nouvelle valeur - ajoutée - c'estla classe prolétarienne !

SOUMISSION FORMELLE ETREELLE DU TRAVAIL AU CAPITAL

Jusqu'ici nous avons fait allusion à l'extorsionde survaleur absolue qui caractérise le procèsde travail formellement soumis au capital,mais qui ne s'éteint pas dans la phase duprocès de travail réellement soumis au capital.

«Si la production de la plus-value absoluecorrespond à la soumission formelle du travailau capital, celle de plus-value relativecorrespond à la soumission réelle du travailau capital. (...) Si l'on considère à partchacune des f ormes de plus-value, absolue etrelative, celle de la plus-value absolueprécède toujours celle de la plus-valuerelative. Mais à ces deux formes de plus-valuecorrespondent deux formes distinctes de

soumission du travail au capital ou deuxformes distinctes de production capitaliste,dont la première ouvre toujours la voie à laseconde, bien que cette dernière, qui est laplus développée des deux, puisse ensuiteconstituer à son tour la base pourl'introduction de la première dans denouvelles branches de production.» (Marx -«Un chapitre inédit du Capital», éd. 10/18,p.20l)

Ceci, de façon sommaire, sur les relationsdéterminées historiquement entre survaleurabsolue et relative dont voici les définitions :

«J'appelle soumission formelle du travail aucapital la forme qui repose sur la survaleurabsolue, parce qu'elle ne se distingue queformellement des modes de productionantérieurs sur la base desquels elle surgitspontanément (ou est introduite), soit que leproducteur immédiat continue d’être sonpropre employeur, soit qu'il doive fournir dusurtravail à autrui.» (Id. p.202)

Et aussi

«...le mode de production spécifiquementcapitaliste connaît encore d'autres modesd'extorsion de survaleur, mais, sur la based'un mode de production préexistant, c'est-à-dire un mode donné de la force productive dutravail, et du mode de travail correspondantau développement de cette force productive, lasurvaleur ne peut être extorquée qu'enprolongeant la durée du temps de travail, sousforme de la survaleur absolue. La soumissionformelle du travail au capital ne connaît doncque cette seule forme de production desurvaleur.» (Id. p.195)

La forme du procès de travail correspondant àla production de la survaleur absolue est lacoopération manufacturière, c'est-à-direl'unification dans le temps et dans l'espace desfacteurs humains et instrumentaux de laproduction précapitaliste précédemmentéparpillés.

« … Il est normal que le capital se soumette leprocès de travail tel qu'il existe, c'est-à-diresur la base des procès de travail développéspar les différents modes de productionarchaïques. Le capital se soumet donc unprocès de travail préexistant et déterminé; par

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THEORIE

exemple, le travail artisanal ou la petiteagriculture paysanne autonome. Les seulestransformations que l'on puisse enregistrerdans le procès de travail traditionnel, soumisau commandement du capital, ce sont lesconséquences progressives de la soumission,désormais réalisée par le capital, des procèsdonnés et traditionnels du travail Le contenudu procès réel de travail et la technique envigueur ne changent pas non plus du fait quel'intensité et la durée du travail augmentent, etque le travail s'ordonne et se déroule demanière plus suivie sous l’œil intéressé ducapitaliste. Ils sont bien plutôt en contrastefrappant avec le mode de productionspécifiquement capitaliste (travail à unegrande échelle, etc.), celui-ci se développant àmesure qu'on augmente la productioncapitaliste, qui révolutionne progressivementla technique du travail et le mode d'existenceréel de l'ensemble du procès de travail enmême temps que les rapports entre les diversagents de la production. C'est justement paropposition au mode de production capitalistepleinement développé que nous appelonssoumission formelle du travail au capital, lasubordination au capital d'un mode de travailtel qu'il était développé avant que n'ait surgitle rapport capitaliste.» (Id. p.194)

L'apparition du MP spécifiquement C,soumission réelle du travail au capital, est lacondition pour l’extorsion de la survaleurrelative.

«En se développant, les forces de productionde la société, ou forces productives du travail,se socialisent et deviennent directementsociales (collectives), grâce à la coopération,la division du travail au sein de l'atelier,l'emploi du machinisme, et en général, latransformation que subit le procès deproduction grâce à l'emploi conscient dessciences naturelles, de la mécanique, de lachimie, etc. appliquées à des finstechnologiques déterminées, et grâce à tout cequi se rattache au travail effectué à unegrande échelle, etc. (Seul ce travail socialiséest en mesure d'appliquer les produitsgénéraux du développement humain - parexemple les mathématiques - au procès deproduction immédiat, le développement de ces

sciences étant à son tour déterminé par leniveau atteint par le procès de productionmatériel.) Tout ce développement de la forceproductive du travail socialisé, de même quel'application au procès de productionimmédiat de la science, ce produit général dudéveloppement social, s'opposent au travailplus ou moins isolé et dispersé de l'individuparticulier et ce, d'autant que tout se présentedirectement comme force productive ducapital, et non comme force productive dutravail, que ce soit celle du travailleur isolé,des travailleurs associés dans le procès deproduction ou même d'une force productive dutravail qui s'identifierait au capital. »

(Id. pp.199-200)

« La soumission réelle du travail au capital sedéveloppe dans toutes les formes quiproduisent de la survaleur relative, à ladifférence de la survaleur absolue.

La soumission réelle du travail au capitals'accompagne d'une révolution complète (quise poursuit et se renouvelle constamment) dumode de production de la productivité dutravail et des rapports entre capitalistes etouvriers. La soumission réelle du travail aucapital va de pair avec la transformation duprocès de production que nous venons dementionner : développement des forces de laproduction sociale du travail et grâce autravail à une grande échelle, application de lascience et du machinisme à la productionimmédiate. D'une part le mode de productioncapitaliste - qui à présent apparaîtvéritablement comme un mode de productionsui generis donne à la production matérielleune forme différente ; d'autre part cettemodification de la forme matérielle constituela base pour le développement des rapportscapitalistes, qui exigent donc un niveaudéterminé d'évolution des forces productivespour trouver leur forme adéquate. » (Id.pp.2l8-219)

MP spécifiquement C = coopération à grandeéchelle (grande industrie) + application de laScience et du machinisme à la productionimmédiate (formation d'un procès de travails'appuyant sur une technologie spécifiquementcapitaliste).

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MOUVEMENT COMMUNISTE

«C'est comme système articulé de machines detravail qui ne reçoivent leur mouvement qued'un automate central par l'entremise de lamachinerie de transmission que l'exploitationmécanisée a sa configuration la plusdéveloppée.»

(Marx - «Le Capital» Livre 1, E.S., p.428)

LA PRODUCTION DE LASURVALEUR RELATIVE :CONCEPT.

Après la nécessaire transition, on arrive à laquatrième section dédiée à la production de lasurvaleur relative. Son premier chapitre, ledixième, a pour titre : «Concept de la survaleurrelative». Si l'on suppose la journée de travailconstante, la survaleur relative est ladiminution du travail nécessaire, doncl'accroissement du surtravail. On peut obtenir ,de façon épisodique, une diminution du travailnécessaire par la compression du salaire del'ouvrier au-dessous de la valeur de sa force detravail.

« Malgré le rôle important que joue cetteméthode dans le mouvement réel du salaire,elle est ici exclue par notre hypothèse que lesmarchandises, donc aussi la force de travail,sont achetées et vendues à leur entière valeur.Ceci une fois supposé, il n'est pas possible quele temps de travail nécessaire à la productionde la force de travail ou à la reproduction desa valeur diminue du fait d'une baisse dusalaire du travailleur au-dessous de la valeurde sa force de travail ; cela n'est possible quesi cette valeur elle-même baisse. Pour unelongueur donnée de la journée de travail,l'allongement du surtravail doitnécessairement découler du raccourcissementdu temps de travail nécessaire et non, àl'inverse, le raccourcissement du travailnécessaire du rallongement du surtravail. »(id. p.353).

Or, le raccourcissement du temps de travailnécessaire à la reproduction de la valeur de laforce de travail est possible Si l'on accroît laforce productive du travail. Cela grâce à

« ...une modification dans le procès de travailqui fait, que le temps de travail requissocialement pour la production d'une

marchandise est raccourci, et donc qu'un pluspetit quantum de travail acquiert la force deproduire un plus grand quantum de valeursd'usage. Donc, alors que dans le cas de laproduction de survaleur sous la formeconsidérée jusqu’à présent, le mode deproduction était supposé donné, il n'estnullement suffisant, pour la production desurvaleur par transformation de travailnécessaire en surtravail, que le capitals'empare simplement du procès de travaildans la configuration qu'en lègue l'histoire, ouqu'il a hic et nunc, et se contente d'allonger sadurée. Il faut qu'il bouleverse les conditionstechniques et sociales du procès de travail,donc le mode de production proprement dit,afin d'augmenter la force productive dutravail, de faire baisser la valeur de la forcede travail par cette augmentation de la forceproductive du travail et de raccourcir ainsi lapart de la journée de travail nécessaire à lareproduction de cette valeur. (...)

Pour faire baisser la valeur de la force detravail, il faut que la hausse de la forceproductive affecte des branches d'industriedont les produits déterminent la valeur de laforce de travail, par conséquent : ou bienappartiennent à la sphère des moyens desubsistance habituels ou bien peuvent lesremplacer. (...)

L'accroissement de la force productive et labaisse corrélative du prix des marchandisesdans les industries qui fournissent les moyenset matériaux de travail en vue de laproduction des moyens de subsistancenécessaires font donc baisser aussi la valeurde la force de travail. » (Id.pp.354-355).

La section II de la production capitaliste -moyen de consommation de toutes les classes -fournit des marchandises qui rentrent dans laconsommation individuelle de la classeouvrière. L'accroissement de la forceproductive, qui se répercute sur les partiesvariable ou constante d'une portion du capitalemployé dans la section II, diminue la valeurde la force de travail sociale employée dans laproduction globale, y compris dans celle de lasection I (dite des moyens de production). Atravers l'usage de la force de travail intensifiépar l'élévation de la force productive, le

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THEORIE

capitaliste obtient deux avantages étroitementliés. Diminution de la valeur desmarchandises, y compris la marchandiseproductrice de nouvelle valeur, la force detravail de l'ouvrier.

La baisse de la valeur de la force de travail – àjournée de travail constante - augmented'autant la survaleur relative. Le taux généralde survaleur s'accroîtra.

En résumant :

« La valeur des marchandises est inversementproportionnelle à la force productive dutravail. (...). Inversement, la survaleur relativeest directement proportionnelle a la forceproductive du travail. (...)

La valeur absolue de la marchandise est enfait indifférente au capitaliste qui la produit.Seule l'intéresse la survaleur contenue en elleet réalisable dans la vente. » (Id. pp.359-360)

Le capital doit, donc, nécessairement accroîtrecontinuellement la force productive du travail.

« L'économie de travail par le développementde la force productive du travail ne vise doncabsolument pas, dans la productioncapitaliste, à raccourcir la journée de travail.Elle ne vise qu'à raccourcir le temps de travailnécessaire à la production d'un quantumdéterminé de marchandises. (...)

Il n'est même pas exclu que sa journée detravail soit dans le même temps allongée (...)

Le développement de la force productive dutravail, au sein de la production capitaliste,vise à raccourcir la partie de la journée detravail où le travailleur doit travailler pourlui-même, mais c'est précisément pourallonger l'autre partie de la journée de tavail,celle où il peut travailler gratuitement pour lecapitaliste. »

(Id. pp. 360-361).

Voilà enlevé le premier membre de lamystification capitaliste selon laquelle le MPCréduirait progressivement, avec le passage à lasoumission réelle, la journée de travail jusqu'àla « libération » de l'ouvrier des chaînes dutravail salarié. Marx affirme la coexistence, enmême temps dans le même espace, de lasurvaleur absolue et relative.

LA PRODUCTION DE LASURVALEUR RELATIVE:COOPERATION.

Dans le chapitre XI : «Coopération», onexpose la première cause du développement dela force productive du travail pour le capital.

«Qu'un nombre important d'ouvrierstravaillent dans le même temps, dans le mêmeespace (ou si l'on veut, dans le même champde travail) à la production de la même sortede marchandise, sous le commandement dumême capitaliste, voilà ce qui constitue lepoint de départ tant historique que conceptuelde la production capitaliste.» (Id. p.362).

L'expression de la coopération, Si l'on seréfère au mode de production en soi, est lamanufacture. Elle correspond à la phase de lasoumission formelle du travail au capital et sedifférencie uniquement quantitativement del'atelier du maître artisan. A ce stade du MPCil y a une modification de la masse desurvaleur créée par un capital donné mais cela

« ne change rien en lui-même au taux desurvaleur ou au taux d'exploitation de la forcede travail (...) Et pourtant, à l'intérieur decertaines limites, il se produit unemodification. » (Id. pp.362-363).

La modification dont il est questioncorrespond à la première augmentation de laforce Productive du travail. Elle consiste dansla Compensation des différences des grandeursindividuelles du travail objectivé dans lavaleur. La comparaison du travail desindividus est mise en œuvre par laconcentration planifiée dans un même espaceet pendant un même temps des forces detravail nécessaires pour une production devaleur déterminée. Ainsi

« ...il est clair en tout cas que la journée detravail globale d'un plus grand nombre detravailleurs employés en même temps, diviséepar le nombre de travailleurs, fait une journéede travail moyenne. (…)

Même quand le mode de travail resteidentique, l'emploi simultané d'un nombreimportant de travailleurs entraîne unerévolution dans les conditions matérielles duprocès de travail (..) Des moyens de

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MOUVEMENT COMMUNISTE

production usés collectivement transmettent àchaque produit singulier une plus petiteportion de valeur, d'une part parce que lavaleur globale qu'ils transmettent se répartiten même temps sur une plus grande masse deproduit, d'autre part parce qu'en comparaisonavec les moyens de production isolés, ilsentrent dans le procès de production avec unevaleur certes plus grande dans l'absolu, maisrelativement moindre si l'on considère leurchamp d’action. Une portion de la valeur ducapital constant se trouve ainsi abaissée, etdonc aussi, proportionnellement à sagrandeur, la valeur globale de lamarchandise. (…) Cette économie dansl'emploi des moyens de production provientuniquement du caractère collectif de leurconsommation dans le procès de travail d'ungrand nombre. »

(Id. PP.363-364-365)

L’emploi social des moyens de travailcorrespond à un procès de travail qui n'est pasencore social, étant l'addition de modes detravail individuels.

« En tout état de cause, on doit considérerl’économie des moyens de production sous undouble point de vue. D'une part, dans lamesure où elle diminue le prix desmarchandises et par là même fait baisser lavaleur de la force de travail. D'autre part,dans la mesure ou elle transforme le rapportde la survaleur au capital avancé, c'est-à-direau total-valeur de ses composants constantsou variables. (...)

Cette forme de travail où un grand nombre detravailleurs travaillent de façon planifiée, lesuns à côté des autres ou les uns avec lesautres dans le même procès de production, oudans des procès de production différents maisreliés les uns aux autres, s'appelle lacoopération. »

(Id. p.366)

La force productive dégagée - force de masse -sera nécessairement supérieure à la sommemécanique des forces productives destravailleurs individuels. La coopération est uneforce productive intensifiée. L'élan d'émulationdes producteurs est un effet «bénéfique»ultérieur de la coopération puisque le contact

social augmente le rendement individuel. Enoutre, la coopération simple, c'est-à-direl'accomplissement coordonné de la mêmeopération ou d'opérations du même genre, faiten sorte que l'objet de travail parcourt le mêmeespace en un temps inférieur. La coopérationcomplexe, c'est-à-dire l'accomplissementcoordonné de différentes opérations, permet dedévelopper encore davantage la forceproductive en réduisant ainsi le temps detravail nécessaire pour fabriquer le produitglobal. Sur la base d'un procès de travailcomplexe, où de différentes parties du produitséparées dans l'espace mûrissent en mêmetemps, le capital peut supporter beaucoupmieux les moments critiques de la production.

« Dans de nombreuses branches deproduction, il y a des moments critiques, c'est-à-dire des périodes déterminées par la naturedu procès de travail lui-même, pendantlesquels on doit atteindre des résultats detravail précis.

[Tondre un troupeau de moutons, faucher etengranger du blé]. (...)

Comparé à une somme d'égale grandeur dejournées de travail individuelles isolées, lajournée de travail combinée produit de plusgrandes masses de valeur d'échange etdiminue ainsi le temps de travail nécessaire àla production d'un effet utile déterminé. Que,dans le cas donné, elle détienne cette forceproductive accrue parce qu'elle accroît lespotentialités mécaniques du travail ou parcequ'elle étend sa sphère d'action dans l'espace,ou qu'elle rétrécit le champ spatial deproduction proportionnellement à l'échelle dela production, ou qu'au moment critique ellelibère beaucoup de travail en peu de temps, ouqu'elle attise l'esprit de compétition desindividus et tende leurs esprits vitaux ouqu'elle marque les opérations analogues d'ungrand nombre de travailleurs du sceau de lacontinuité et de la diversité, ou qu'elle exécutedifférentes opérations en même temps ouqu'elle rentabilise les moyens de productiongrâce à leur usage collectif, ou qu'elle confèreau travail individuel le caractère de travailsocial moyen, quel que soit le facteur, la forceproductive spécifique de la journée de travailcombinée est force productive sociale du

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THEORIE

travail ou force productive du travail social. »(Id. p.370).

L'ouvrier individuel devient ouvrier partielétranger au cadre productif général. Il seconfigure comme une partie de l'ensemble desouvriers formant l'ouvrier social, c’est-à-dire laforce productive du capital arrivée à samaturité avec la soumission réelle. L'échellede la coopération est directementproportionnelle à la taille du capital individuel,constant et variable. Le procès de travail peutse modeler à l'image du capital grâce à unaccroissement de la coopération maisseulement en présence d'une grandeurminimale établie pour chaque capitalindividuel. Historiquement le capital, même sisa grandeur est encore réduite, permet lasoustraction du capitaliste au travail manuel(soumission formelle). Au fur et à mesure quele capital, s'autovalorisant par l'élargissementde l'extorsion de survaleur, peut intensifier leprocès de travail à travers la coopération, cedernier se transforme en acquérant unephysionomie conforme à l'être du capital(soumission réelle). La socialisation du modede travail est l'expression de la coopérationgrandissante. Mais il s'agit d'une socialisationcapitaliste - produit et fonction del'exploitation - dirigée despotiquement par lecommandement autoritaire du capital, toujoursplus absolu et articulé en une vaste rangée desurveillants et toujours moins justifiée« naturellement » par le contenu de laproduction : la valeur d'usage. La coopérationest l'expression, dans son contenu, de laconcentration des efforts d'un certain nombrede travailleurs et, dans sa forme, des modes deproduction successifs. Les sociétésprécapitalistes - depuis celle fondée sur lapropriété commune des conditions de laproduction jusqu'à la féodalité, fondée sur leservage, en passant par la division du travailde l'esclavage - ont connu la coopération et sonélargissement progressif mais elle étaitappliquée de facon sporadique et limitée.

« Face à ces deux dernières formes[l'économie paysanne et l’artisanatindépendant], la coopération capitalisten’apparaît pas comme une forme historiqueparticulière de la coopération, mais c'est la

coopération elle-même qui apparaît commeune forme historique propre au procès deproduction capitaliste, que lui donne saspécificité historique. » (Id. p .376)

La socialisation du procès de travail dans sonensemble est une exclusivité du MPC ; ici lacoopération n'est plus confinée dans dessecteurs particuliers de la production.

« La coopération demeure la formefondamentale du mode de productioncapitaliste, bien que sa figure simple yapparaisse elle-même comme une formeparticulière à côté des formes plusdéveloppées. » (Id.p.377)

LA PRODUCTION DE LASURVALEUR RELATIVE:DIVISION DU TRAVAIL ETMANUFACTURE.

Le contenu du chapitre XII est lamanufacture : la forme de la coopérationcapitaliste adéquate à la soumission formelle.Le chapitre XIII est consacré à la grandeindustrie : la forme de la coopérationcapitaliste dans la soumission réelle.

« La coopération fondée sur la division dutravail se donne sa figure classique dans lamanufacture. Elle prédomine comme formecaractéristique du procès de productioncapitaliste pendant la période manufacturièreproprement dite, qui dure en gros du milieu duXVIème siècle jusqu'au dernier tiers duXVIIIème. » (Id. p.378).

A l'origine, la manufacture se présente commeune combinaison de métiers différents etautonomes, ou bien comme emploi simultanéde plusieurs travailleurs exécutant la mêmetache. On est encore dans le domaine de lacoopération simple. Au moment où la divisionaccidentelle du travail se répète, elle secristallise en division du travail systématique.Mais dans ses deux étapes la manufacture estun mécanisme de production dont les organessont des hommes et où la production resteartisanale, fondée sur le métier et avec unebase technique restreinte. La manufacture estune espèce particulière de coopération mêmesi pendant la période de sa domination la

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MOUVEMENT COMMUNISTE

coopération devient pleinement capitaliste etcomplexe.

Du point de vue du procès de travail, ondéfinira la manufacture : ouvrier globalcombiné (ouvriers partiels unilatérauxcoordonnés) plus instrumentation différenciéeet spécialisée. L'ouvrier partiel formé dans lamanufacture accroît son adresse dansl'exécution de la tâche préfixée et particulièrequ'on lui a assignée. La cristallisation desopérations les rend automatiques, en réduisantle temps nécessaire pour les accomplir. Lespores de la journée de travail du vieil artisan -dus à la nécessité d'interrompre une opérationpour entreprendre la suivante - se bouchent aufur et à mesure que la tâche se simplifiefavorisant une croissante spécialisation desmachines employées. Du point de vue duprocès de valorisation le déroulementhistorique de la manufacture provoque :

1. Une dépense accrue de la force de travaildans un temps donné, donc un accroissementde l'intensité du travail.

2. Une diminution de la consommationimproductive de force de travail avec uneaugmentation parallèle de la productivité.Soulignons le fait que déjà pendant lamanufacture se développe l'extorsion desurvaleur relative par le biais d'unaccroissement de l'intensité et de laproductivité du travail dû à la répétitioncontinue de l'opération spécifique de l'ouvrierpartiel. Les deux formes fondamentales de lamanufacture sont l'hétérogène et l'organique.

« La manufacture est articulée selon deuxformes fondamentales qui se mêlent certesoccasionnellement, mais qui constituent deuxtypes essentiellement différents, et qui jouentnotamment un rôle extrêmement différent,ultérieurement, au moment de latransformation de la manufacture en grandeindustrie mécanisée. Ce double caractère naîtde la nature de l'ouvrage manufacturéproprement dit. Ou bien celui-ci est constituépar simple assemblage mécanique de produitspartiels autonomes [forme hétérogène], oubien il doit sa configuration finale à une suitede procès et de manipulations liées les unesavec les autres. » (Id. pp.384-385)

Le premier type est la forme primitive de lamanufacture. Le rapport entre le produitachevé et ses différents éléments laisse auhasard la combinaison des ouvriers partielsdans la même fabrique.

« Le deuxième type de manufacture, qui est enmême temps sa forme accomplie, produit desouvrages qui parcourent des phases dedéveloppement liées les unes aux autres, unesuite de procès graduels... » (Id. p.386)

Dans le deuxième type

« De leur postposition chronologique, lesdifférentes phases du procès sont passées àune juxtaposition spatiale. D'où une livraisonde davantage de marchandises finies dans lemême laps de temps. » (Id. p.388)

Dans le premier type, au contraire, laconduction combinée de type manufacturièreest avantageuse uniquement dans dessituations exceptionnelles.

L'unicité dans la production dans la fabriqueorganique impose une quantification précise etpondérée des temps des différentes séquencesdu procès de travail. Les travaux particulierscommencent à dépendre directement l'un del'autre.

« Il est clair que cette interdépendanceimmédiate des travaux, donc des travailleurs,contraint chacun en particulier à n’utiliserque le temps nécessaire à sa fonction, ce quicrée une tout autre continuité, uniformité etrégularité, un tout autre ordre et notammentune tout autre intensité du travail par rapportà l'artisanat indépendant ou même à lacoopération simple. » (Id.p.388).

« La période manufacturière, qui bientôténonce comme principe conscient ladiminution du temps de travail nécessaire à laproduction des marchandises, développeaussi, sporadiquement, l'emploi des machines,en particulier pour certains procès initiauxsimples qui doivent être exécutés de façonmassive et avec une grande dépense deforce. » (Id. p.391).

Mais

« La machinerie spécifique de la périodemanufacturière demeure le travailleur global

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THEORIE

lui-même, constitué par la combinaison d'ungrand nombre de travailleurs partiels. » (Id.p.392).

Quand la productivité augmente, c'est grâce àla «machinerie» humaine.

« L'habitude d'une fonction unilatérale letransforme [l'ouvrier] en organe de celle-ciagissant avec une sûreté naturelle, tandis quela connexion du mécanisme global le contraintà fonctionner avec la régularité d'une pièce demachine. (...)

Ainsi, la manufacture produit, dans chaquemétier dont elle se saisit, une classe d'ouvriersdits non qualifiés qui étaient rigoureusementexclus de l'industrie artisanale des métiers. »(Id. pp.393-394).

Aux côtés d'une masse grandissante de nonqualifiés, il existe une quantité encoreimportante - étant donné la nature du procès detravail - d'exécuteurs qualifiés de fonctionscomplexes et élevées. C'est la formation d'unehiérarchie des forces de travail.

« Pour ces derniers [les non qualifiés], lesfrais d'apprentissage sont totalementsupprimés, pour les premiers [les qualifiés],ils diminuent par rapport à ceux de l'artisan,par suite de la simplification de la fonction.(…)

La relative dévalorisation de la force detravail qui naît de la disparition ou de ladiminution des frais d'apprentissage impliqueimmédiatement une valorisation plus élevéedu capital, car tout ce qui diminue le tempsnécessaire à la reproduction de la force detravail élargit le domaine du surtravail. (...)

Nous avons examinés dans un premier tempsl'origine de la manufacture, puis ces élémentssimples, le travailleur partiel et son outil,enfin son mécanisme global. Nous allonsaborder maintenant, brièvement, le rapportentre la division manufacturière du travail etla division sociale du travail, qui est la baseuniverselle de toute production marchande. »(Id. pp.394-395)

La première division sociale du travail s'opèrespontanément dans la famille et dans la tribusuivant des paramètres purementphysiologiques. Elle se complique avec

l'échange de produits comme marchandisesentre familles et tribus.

« Là où c'est la division physiologique dutravail qui constitue le point de départ, ce sontles différents organes particuliers d'unetotalité immédiatement cohérente qui seséparent les uns des autres, se dissocient -l'échange de marchandises avec descommunautés étrangères donnant l'impulsionprincipale à ce processus de dissociation - ets’autonomisent jusqu'au point où la liaisonentre les différents travaux se fait par lamédiation de l'échange marchand desproduits. Dans le premier cas, il s'agit dedesautonomisation de gens qui auparavantétaient autonomes, dans le deuxième cas,d'autonomisation de gens qui auparavant nel'étaient pas. » (Id. p.396).

Le mouvement d'autonomisation de la valeursubjugue, au début, les communautésprimitives à sa propre loi. Ensuite, avecl’instauration du royaume de l'échange et desmarchandises, elle fournit la base del'indépendance réciproque des molécules de lasociété. Dialectiquement, la destruction de lavaleur permettra la réunification de lacommunauté humaine libérée définitivementde la dépendance vis-à-vis de la marchandise.

« Le fondement de toute division du travailévoluée, médiatisée par l'échange desmarchandises, est la séparation entre la villeet la campagne. On peut dire que toutel'histoire économique de la société se résumedans le mouvement de cette opposition. (...) Demême que la condition matérielle de ladivision du travail au sein de la manufactureest la présence d'un certain nombre detravailleurs employés simultanément, de mêmela division de travail au sein de la société apour condition une population importante etdense (...) [et aussi] des moyens decommunication développés. (...) Etant donnéque la production et la circulation desmarchandises sont la condition générale dumode de production capitaliste, la divisionmanufacturière du travail requiert que ladivision sociale du travail ait déjà mûrijusqu'à un certain degré de développement.Inversement, la division manufacturière du

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MOUVEMENT COMMUNISTE

travail développe et multiplie en retour ladivision sociale du travail. » (Id. pp.396-397).

« La division sociale du travail est médiatiséepar l’achat et la vente des produits desdifférentes branches de travail. »

(Id. pp.399-400).

Comme une toile d'araignée le MPC s'étend,depuis la division manufacturière du travail, enoccupant tous les interstices de la société, enapprofondissant et en remodelant la répartitionsociale du travail. La relation entremanufacture et société se fonde aussi sur leurantagonisme.

« La division manufacturière du travailsuppose la concentration des moyens deproduction entre les mains d'un capitaliste, etla division sociale du travail suppose lepartage des moyens de production entre denombreux producteurs de marchandises,indépendants les uns des autres. » (Id. p.400).

L'entreprise individuelle produit suivant unplan et sous l’autorité inconditionnée ducapitaliste. A l'extérieur de l'unité deproduction, dans la société, l'équilibre estobtenu à posteriori, à travers le choc sur lemarché des valeurs fabriquées par lesdifférents capitaux individuels concurrents.

« ... l'anarchie de la division sociale et ledespotisme de la division manufacturière dutravail sont la condition l'un de l'autre dans lasociété du mode de production capitaliste... »

(Id. p.401)

L'opposition entre anarchie sociale etdespotisme d'entreprise est exacerbée dans lasociété du capital. Elle était inconnue ouatténuée dans les sociétés pré-capitalistes ; ellesera éliminée dès que le MPC s'écroulera sousles coups de la révolution communiste. Aprèsavoir éclairé les liens entre divisionmanufacturière et division sociale du travail,Marx reprend l’étude du caractère capitalistede la manufacture. La manufacture et ses loistechniques sont une création spécifique et uneexpression primordiale du capital. Pendant lapériode de la manufacture l'expropriations'accomplit du savoir-faire de l'ouvrier partielqui désormais produira des marchandises

uniquement s'il est une composante de lamanufacture.

« Si, à l'origine, le travailleur vendait sa forcede travail au capital parce que lui manquaientles moyens matériels de produire unemarchandise, désormais sa force de travailindividuelle n'est plus elle-même d'aucunservice si elle n'est pas vendue au capital. Ellene fonctionne plus que dans un système deconnexion qui n'existe lui-même qu'aprèsqu'elle a été vendue, dans l'atelier ducapitaliste. » (Id. p.406).

L'intelligence et l’adresse professionnelles del'individu s'évaporent pour se condenser dansle capital contre les producteurs.

« L'un des produits de la divisionmanufacturière du travail est de leur [auxtravailleurs partiels] opposer les potentialitésspirituelles du procès matériel de productioncomme une propriété d'autrui et un pouvoirqui les domine. Ce processus de scissioncommence dans la coopération simple, là oùle capitaliste représente face aux travailleurssinguliers l'unité et la volonté du corps detravail social. Il se développe dans lamanufacture qui mutile l'ouvrier en en faisantun travailleur partiel. Il s'achève dans lagrande industrie qui sépare la science, en tantque potentialité productive autonome, dutravail, et la met de force au service ducapital. » (Id. pp.406-407).

La force productive quitte l'ouvrier individuelpour se concentrer dans le capital.Dramatiquement, avec l'approfondissement duMPC, la diminution intellectuelle de l'ouvrierse mélange avec son affaiblissement physique.La pathologie industrielle naît à la racine de lavie de l'individu.

« En tant que forme spécifiquement capitalistedu procès social de production – et, sur lesbases préexistantes, elle ne pouvait pas sedévelopper autrement que sous la formecapitaliste - elle [la division manufacturièredu travail] n'est qu'une méthode particulièrepour produire de la survaleur ou pour é1everau dépens des travailleurs cetteautovalorisation du capital qu'on appelleencore richesse sociale, Wealth of Nations,etc. Non seulement elle développe la force

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THEORIE

productive sociale du travail en faveur ducapitaliste, et non du travailleur, mais elle lefait en mutilant le travailleur individuel. Elleproduit de nouvelles conditions de dominationdu capital sur le travail. Ainsi donc, si elleapparaît d'une part comme un progrèshistorique et un moment nécessaire dans ledéveloppement de la formation économique dela société, elle apparaît d'autre part comme unmoyen d'exploitation raffiné et civilisée. » (Id.p.410).

Pour Marx déjà dans la période de lamanufacture le capital poursuit l'extorsion dela survaleur relative sur la base d'une forceproductive accrue du travail social. Mais cetteextorsion se heurte à des obstacles dont le plusgrand est la résistance des ouvriers qualifiés,mâles et adultes. Ils s'opposent à ladévalorisation de la marchandise force detravail en s'appuyant au fait que

« …il faut toujours un temps d'apprentissageassez long pour les travaux de détail plusdifficiles, et même là où il est superflu, lesouvriers le préservent jalousement. » (Id.p.414)

Pour en briser l'insubordination, le patronemploie dans la fabrique des forces de travailplus faibles, comme les femmes et les enfants.Le deuxième obstacle est la base techniqueartisanale et domestique rurale où se greffe lamanufacture : à un certain moment elle devienttrop étroite pour satisfaire le besoin devalorisation qu'elle- même alimente.

« La production capitaliste ne peut pas sestabiliser, il lui faut s'accroître et sedévelopper, sinon elle est condamnée àpérir. » (Engels - Préface de 1892 à «Lasituation de la classe laborieuse enAngleterre», ES. p. 397)

Animée et poussée par l'être du capital, lamanufacture contient le dépassement de labase technique et domestique rurale : laréalisation des instruments de travail,d'appareils mécaniques complexes.

« C'est ce produit de la divisionmanufacturière du travail qui a produit à sontour : les machines. Celles-ci abolissentl'activité artisanale en tant que principerégulateur de la production sociale. Ainsi,

d'une part, se trouve éliminée la basetechnique de l'annexion à vie du travailleur àune fonction partielle. Mais d'autre part lesbornes, que ce même principe imposait encoreà la domination du capital. sont renversées àleur tour. »

(Marx – Le Capital Livre I, ES. p.415).

LA PRODUCTION DE LASURVALEUR RELATIVE :MACHINERIE ET GRANDEINDUSTRIE

La clé du dépassement du procès de travail dela manufacture réside dans le développementde la machinerie, objet du XIIIème chapitre.

« Mais telle n'est pas non plus, en aucun cas,la finalité de la machinerie utilisée de manièrecapitaliste. Semblablement à tout autre typede développement de la force productive dutravail, elle est censée rendre lesmarchandises meilleur marché et raccourcirla partie de la journée de travail dont l'ouvriera besoin pour lui-même, afin d'allonger l'autrepartie de sa journée de travail, celle qui sedonne pour rien au capitaliste. Elle est unmoyen pour produire de la survaleur. » (Id.p.416)

Le capital est indifférent à la valeur totale dela marchandise, il est attiré exclusivement parla quantité de survaleur extorquée au seulfacteur de la production capable de le fournir :la force de travail. Il est possible de réduire letemps de travail nécessaire à la reproductionde la marchandise force de travail enfabriquant les biens qui contribuent à sonentretien en moins de temps. Dans ce sens lesmachines occupent une place décisive : ellespermettent de reproduire à moindre coût lesmarchandises qui rentrent, directement ouindirectement, dans la reconstitution de laforce productive de l'ouvrier. Comme lamanufacture, la grande industrie contribue à ladévalorisation de la force de travail pouraccroître la valorisation du capital, mais ilexiste entre elles une importante différence :

« Dans la manufacture, le point de départ dubouleversement du mode de production c'estla force de travail, dans la grande industriec'est le moyen de travail... » (Id. p.416).

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MOUVEMENT COMMUNISTE

Au XVIIIème siècle, le moyen de travail semodifie : l'instrument devient machine.

« Toute machinerie développée se compose detrois parties essentiellement différentes, lamachine motrice, le mécanisme detransmission et enfin la machine-outil oumachine de travail. La machine motrice agitcomme force d’actionnement du mécanismeentier. (...)Le mécanisme de transmission (...)règle le mouvement, en modifie la forme là oùc'est nécessaire, (...) le distribue et le transmetà la machinerie- outil. Ces deux parties dumécanisme n'existent que pour communiquerle mouvement à la machine-outil ; grâceauquel celle-ci s'empare de l'objet de travailet le transforme comme il convient. C'est decette partie de la machinerie, la machine-outil, qu'est partie la révolution industrielle duXVIIIème siècle. Elle sert toujours et encorede point de départ chaque fois que l'on passed'une exploitation artisanale oumanufacturière à une exploitationmécanisée. » (Id. p.418).

Le cœur de la révolution industrielle duXVIIIème siècle réside dans la transmission del'instrument, au sens propre, de l'homme à unmécanisme. Au simple instrument succède,historiquement, une machine. L'hommedemeure toujours le premier moteur maiscomme conducteur du réel opérateur, commesurveillant et correcteur des erreurs de lamachine et, en un premier temps, comme forcemotrice purement mécanique. Avant la périodede la grande industrie.

« Pendant la période manufacturière, et sousforme sporadique, longtemps auparavant, ils[les instruments de travail] tendentpartiellement à devenir des machines, mais ilsne révolutionnent pas le mode deproduction. » (Id.pp.420-42 1).

Quand un certain degré de maturation desforces productives est atteint, le visage duMPC change profondément en s'appuyant surla nouvelle potentialité du procès de travail. Labase technique inadéquate à la forceproductive spontanément, naturellement,libérée par la manufacture, provoque unconflit, technique aussi. En parallèle, le modede production dominant établit la direction desforces productives intensifiées et, par

conséquent, le changement du procès detravail.

« La machine, qui est à la base de larévolution industrielle, remplace l'ouvriermanipulant son outil singulier, par unmécanisme qui opère en une fois avec quantitéde ces outils ou d'outils de même espèce, etqui est mû par une seule force d'actionnement,quelle qu'en soit la forme. Nous avons ici lamachine, mais seulement comme élémentsimple de la production mécanique.

C'est seulement après que les outils eurent ététransformés d'outils de l'organisme humain enoutils d'un appareil mécanique, la machine-outil, que la machine motrice acquit aussi uneforme autonome, totalement affranchie deslimites de la force humaine. La machine-outilisolée, que nous avons examinée jusqu'àprésent, tombe par là même au rang de simpleélément de la production mécanisée.Désormais une machine motrice pouvaitactionner simultanément de nombreusesmachines de travail. La machine motrice croîtavec le nombre des machines de travail misessimultanément en mouvement, et le mécanismede transmission s'agrandit pour devenir unvaste appareil. » (Id. p.424)

Historiquement, le bouleversement du moyende travail commence par la machineopératrice, pour ensuite impliquer la machinemotrice et se refléter sur le mécanisme detransmission. Une complexe machinerie seforme, toujours plus éloignée de l'impulsionhumaine directe de par son étendue et leperfectionnement des moyens de travail. Dansla fabrique, c'est-à-dire dans l'atelier fondé surl'emploi des machines, on rencontre les deuxmêmes stades qui caractérisent ledéveloppement de la manufacture :coopération simple et coopération complexe.La coopération simple est, dans la période dela grande industrie, l'agglomération demachines opératrices homogènes œuvrantensemble simultanément au même endroit. Etce même si les machines opératrices ne sontque la renaissance mécanisée d'un seulinstrument artisanal compliqué ou bien lacombinaison d'instruments simples différentsayant acquis dans la manufacture un caractère

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THEORIE

particulier. Pour que la fabrique existe, uneunité technique est nécessaire

« ...en ce sens que ces nombreuses machinesde travail identiques reçoivent simultanémentet uniformément leur impulsion du battementde cœur du premier moteur commun, qui leurest transmise par le mécanisme detransmission, lequel leur est aussi en partiecommun puisqu'il n'est relié à chaquemachine-outil prise séparément que par uneramification de connexions particulières. Demême que des nombreux outils forment lesorganes d'une machine de travail, denombreuses machines de travail ne formentplus maintenant que les organes semblablesd'un même mécanisme moteur. » (Id. p.425).

La coopération complexe a lieu, par ailleurs,quand apparaît un système de machines. Il y aun système de machines...

« lorsque l'objet de travail parcourt une sériecontinue de procès différents échelonnés quisont exécutés par une chaîne de machines-outils différenciées mais qui se complètent lesunes les autres. La coopération par divisiondu travail, caractéristique de la manufacture,reparaît ici, mais cette fois commecombinaison de machines de travail partiel(...) spécifiées dont chacune forme un organeparticulier destiné à une fonction particulièredans le système du mécanisme combinéd'outils. » (Id. pp.425-426).

La division manufacturière du travail pénètre,au début, la grande industrie même s'il existeimmédiatement un écart significatif entre lesdeux pour ce qui concerne le lien ouvrier-moyen de travail.

« Dans la manufacture, les ouvriers doivent,isolément ou en groupe, exécuter chaqueprocès partiel particulier avec leur outilartisanal. Mais, si le travailleur est appropriéau processus, celui-ci est déjà d'avanceadapté au travailleur. Ce principe subjectif dela division n'existe pas dans la productionmécanisée. Le procès global est analysé iciobjectivement, considéré en lui-même, dansses phases constitutives, et le problème queposent l'exécution de chaque procès partiel etl'interliaison des différents procès partiels est

résolu par l'application technique de lamécanique, de la chimie, etc... » (Id. p.426).

Dans la période de la manufacture, la divisioncapitaliste du travail était calquée sur le travailhumain, sur le savoir faire et sur le rythme detravail de l'ouvrier même si le capitalistetendait continuellement la corde de la durée dela journée de travail. Dans la période de lagrande industrie, par contre, la division dutravail est une fonction du système desmachines et de l'application directe de lascience à la production. L'ouvrier trouve face àlui l'organisme productif comme conditionmatérielle déjà prête de la production. Ici iln'est qu'un attribut dépendant du capital fixédans les machines et dans leur progressionobjective indépendante de la volonté humaine.La cristallisation du système des machinescontre l'homme touche son sommet avec sapropre automation.

« Dès lors que la machine de travail exécutetous les mouvements nécessaires à latransformation du matériau brut sans lesecours de l'homme et ne réclame plus que sonassistance éventuelle, nous avons un systèmede machinerie automatique, capablecependant de constants perfectionnementsdans le détail (...).

C'est comme système articulé de machines detravail qui ne reçoivent leur mouvement qued'un automate central par l'entremise de lamachinerie de transmission que l'exploitationmécanisée a sa configuration la plusdéveloppée. » (Id. pp.427-428).

Ici Marx resserre le cercle mortel de la théorierévolutionnaire sur le capital Avec la prévisionde l’automation à l’intérieur de la productioncapitaliste, la critique communiste du MPCs'accomplit définitivement. Elle est lefossoyeur du capital dans son aspect du passé,du présent et du futur. Contrairement auxaffabulations des apologistes de labourgeoisie, l'exclusion de l'homme du procèsde travail n'implique pas l'humanisation dutravail mais l'accroissement de la mystificationet de l'exploitation.

« Il en va de même avec l'introduction de lavapeur et des machines. L'activité de l'ouvriers'en trouve facilitée, l'effort musculaire

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MOUVEMENT COMMUNISTE

épargné, et le travail lui-même insignifiantmais suprêmement monotone. Celui-ci ne luioffre aucune possibilité d'activité intellectuelleet cependant il accapare son attention, aupoint que pour bien accomplir sa tâche,l'ouvrier ne doit penser à rien d'autre. »(Engels - Préface du 15.3.1845 à «La situationde la classe laborieuse en Angleterre», ES.p.166)

« La seule utilité que les machines aient euepour les travailleurs, c'est qu'elles leur ontmontré la nécessité d'une réforme sociale quifasse travailler les machines non pas contreles ouvriers mais pour eux. » (Id. p.186).

Après l'analyse des mutations techniques de laproduction, Marx examine les effets del'introduction des machines sur le procès devalorisation, c'est-à-dire la transmission de lavaleur des machines au produit. Les machines- comme tout autre moyen de travail - neproduisent pas de valeur se limitant à netransmettre qu'une partie de la leur à lamarchandise produite.

« Elle [la machine] n'ajoute jamais plus devaleur qu'elle n'en perd en moyenne par sonusure. Il y a donc une grande différence entrela machine, comme élément créateur devaleur, et la machine, comme élément créateurde produit. » (Marx - Le Capital Livre I, ES.p.435).

Le volume et la valeur des machinesaugmentent de façon exorbitante dans lagrande industrie : ils renchérissent le produitproportionnellement à leur valeur, mais enmesure inverse à leur usure. Plus le volumedes marchandises produites en un temps donnéaugmente, plus diminue la portion de valeur dela machine transférée dans chaquemarchandise et donc, la valeur de cettedernière.

« La différence entre la valeur de lamachinerie et la portion de valeur transmise àson produit quotidien étant donné, le degréd'enchérissement du produit par cette portionde valeur dépend d'abord de l'importance duproduit, pour ainsi dire de sa surface. » (Id.p.436).

Comme la manufacture, la grande industrie, enincorporant dans le procès de production

d'énormes forces naturelles et les sciencesphysiques, fournit un «service gratuit» quiaccroît la productivité du travail et contribue àla diminution de la valeur individuelle duproduit. Dans l'augmentation de l'écart entreusage et usure des machines, la possibilité estcomprise de diminuer, dans l'absolu, la valeurindividuelle des marchandises même si lapartie de celle-ci due au moyen de travailaugmente relativement.

« La productivité de la machine se mesuredonc au degré dans lequel elle remplace laforce de travail humaine. (..)

Si l'on considère la machinerie exclusivementcomme moyen de rendre le produit meilleurmarché, la limite de son utilisation réside dansle fait que la production proprement dite decelle-ci coûte un moindre travail que celui queson utilisation permet de remplacer. (...)

…l’utilisation des machines sera pour lui [lecapital] limitée par la différence entre lavaleur des machines et la valeur de la force detravail qu'elles remplacent. » (Id. pp.439-440-441).

Dans le MPC, l'introduction de machines n'estpas stimulée par la vague nécessité d'accroîtrela richesse sociale mais par l’augmentation dela survaleur causée par la plus grandeproductivité du travail se résolvant en unedévalorisation de la force de travail. Leremplacement de la force de travail par desmachines n'est pas le fruit d'une volontécapitaliste de soulager les souffrances desouvriers, mais de la possibilité offerte par lesnouveaux moyens de travail de produire lamême quantité de biens ou une quantitésupérieure, dans le même temps mais avec unnombre inférieur d'ouvriers (ou égal si laproduction est supérieure). La proportion entreéconomie de capital variable anticipé etdépense pour leur achat décide de l'adoptionde machines plus efficaces. Des équipementsmodernes ne seraient pas introduits si, parexemple, ils facilitaient l’action de l'ouvriersans accroître la productivité du travail ou bienen l’accroissant mais avec une survaleurinférieure à l’investissement effectué. Lafinalité du capital est son autovalorisation àtravers la dévalorisation de la marchandiseforce de travail.

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THEORIE

A ce stade Marx - avant d'examiner de prèscomment du matériel humain est incorporé àl'organisme objectif qu'est la fabrique - analysecertains effets de la révolution du moyen detravail sur l'ouvrier.

La première conséquence est l'appropriation deforces de travail supplémentaires par lecapital : le travail des femmes et des enfants.

«Dans la mesure où la machinerie rendsuperflue la force musculaire, elle devient unmoyen d'employer des travailleurs sansgrande force musculaire, ou dont ledéveloppement corporel n'est pas arrivé àmaturité, mais qui ont les membres plussouples. Les premiers mots de l'emploicapitaliste de la machinerie furent donc pourle travail des femmes et des enfants !»

(Id. p.443)

La base technique de la grande industrie est, àprésent, suffisamment large pour pouvoiraccroître aussi le degré d'exploitation.

Le MPC libère, en s'approfondissant, desmasses immenses d'êtres humains depuis lessecteurs précapitalistes. Sans distinction d'âgeet de sexe, ils sont absorbés progressivementpar les ateliers, d'abord, par les fabriquesensuite. La dévalorisation de la force detravail, provoquée par l'exode vers lescathédrales de la production capitaliste, setraduit en une réduction du tempsd'apprentissage (la machine accomplissantl'acte de travail complexe) et en une plusgrande concurrence entre des ouvriers toujoursplus nombreux. En outre, puisque tous lesmembres, ou presque, de la famille travaillent,l'ouvrier «chef de famille» - mâle et adulte -dont le salaire servait à la reproduction de toutle noyau familial, sera payé pour sa seulereconstitution.

«En jetant les membres de la famille ouvrièresur le marché du travail, la machinerierépartie la valeur de la force de travail del'homme sur toute sa famille. Elle dévalue parconséquent sa force de travail.» (Id. p.444)

Les machines révolutionnent la médiationformelle du rapport capitaliste, c'est-à-dire lecontrat entre l'ouvrier et le capitaliste enqualité de personnes libres.

«Autrefois le travailleur vendait une force detravail, la sienne, dont, en tant que personneformellement libre, il disposait. Il vendmaintenant femme et enfant. Il devientmarchand d'esclaves.» (Id. p.445)

A travers la nouvelle responsabilité de la ventede la force de travail de ses «subalternes» dansla hiérarchie familiale patriarcale, ledespotisme de l'ouvrier «chef de famille»s'accroît. Sous cet angle aussi, le capital créédes obligations ultérieures et renforce ladiscrimination sexuelle au lieu de libérerl'homme des avatars des sociétés du passé. Laréalité actuelle n'a pas démenti la théoriecommuniste. Le travail des enfants est toujourstrès diffus, en particulier à la périphérie dumonde capitaliste. Le travail féminin s'accroîtconstamment mais sans libérer la femme dutravail ménager et du pouvoir patriarcal.

La dévalorisation de la force de travail, c'est-à-dire son exploitation accrue, est plus quejamais le fondement de l'atrophie morale, de ladésolation intellectuelle et de la détériorationphysique de la classe ouvrière mondiale.

«Par l'adjonction massive d'une majoritéd'enfants et de femmes dans la combinaison dupersonnel ouvrier, la machinerie brise enfin larésistance que l'ouvrier homme opposaitencore dans la manufacture au despotisme ducapital.»

(Id. p.452)

La deuxième conséquence est la prolongationde la journée de travail.

«Si la machinerie est le moyen le plus puissantpour accroître la productivité du travail, c'est-à-dire réduire le temps de travail nécessaire àla production d'une marchandise, elle devient,en tant que porteur du capital, et d'abord dansles industries qu'elle affecte directement, lemoyen le plus puissant pour prolonger lajournée de travail au-delà de toute limitenaturelle. D'un côté, elle crée de nouvellesconditions qui permettent au capital de donnerlibre cours à sa tendance constante et, d'autrepart, elle fournit de nouvelles raisonsd'aiguiser sa fringale de travail d'autrui.

(...) En tant que capital, et parce que capital,l'automate a en la personne du capitaliste une

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MOUVEMENT COMMUNISTE

conscience et une volonté, il est parconséquent instinctivement animé du besoinde réduire par la force à son minimum lalimite naturelle de la résistance humaine, quiest pourtant élastique.

Cette limite minimale est de toute façondiminuée par l'apparente facilité du travail àla machine et l'élément plus docile et plussouple que constituent les femmes et lesenfants.»

(Id. pp.452-453)

Loin d'améliorer la vie et le travail de l'ouvrier,les machines, incarnant la soif de survaleur ducapital, poussent au paroxysme l'adaptabilitégénétique de l'homme et forge les conditionsobjectives pour le dépassement des limitesnaturelles de la journée de travail.

L'élimination des temps morts de la productionet l'extension de la journée de travail sontvitales parce que

«Plus sa période [de la machinerie] defonctionnement est longue, plus la masse deproduits sur laquelle se répartit la valeurqu'elle leur ajoute est grande, et plus laportion de valeur qu'elle ajoute à chaquemarchandise est petite. Or la période de vieactive de la machinerie est apparemmentdéterminée par la longueur de la journée detravail ou par la durée du procès de travailquotidien, multipliée par le nombre de joursoù celui-ci se répète. »

(Id. p.453)

Plus le transfert de valeur de la machine à lamarchandise est petit, plus son usure estréduite donc plus sa durée de fonctionnementest longue et plus grands seront la productivitéet l'intérêt capitaliste pour son introductiondans le procès de travail. L'usure est fonctiondu temps d'inactivité de la machine. Si unmoyen de travail est moins actif qu'un autreidentique, il faudra plus de temps pourl'amortir. D'ici la tendance à réduire les pausesdes machines : la journée de travail s'allonge.

«L'usure matérielle de la machine est double.Elle résulte d'un côté de l'utilisation de lamachine, de la même façon que des pièces demonnaie s'usent dans leur circulation, maisaussi d'autre part de sa non utilisation, de la

même façon qu'une épée inemployée rouilledans son fourreau. C'est sa consommation parles éléments. Le premier type d'usure est enrapport plus ou moins directe avec l'utilisationde la machine, l'autre, dans une certainemesure, est en raison inverse de celle-ci.

Mais la machine est également sujette, outrel'usure matérielle, à ce que l'on pourraitappeler l'usure morale. Elle perd de la valeurd'échange dans la mesure où des machines demême construction peuvent être reproduites àmeilleur marché, et où de meilleures machinesviennent lui faire concurrence. (...) Elle s'entrouve par conséquent plus ou moins dévaluée.Plus la période où sa valeur globale estreproduite est courte, moins le danger de sonusure morale est grand ; et plus la journée detravail est longue, plus cette période estcourte.» (Id. p.454)

Quand l'introduction de la nouvelle machinen'est pas encore généralisée à la totalité dusecteur intéressé, l'impulsion à la prolongationde la journée de travail est très aiguë car unecompétition s'engage pour l'acheter meilleurmarché. Dans les nouvelle conditions deproduction,

«Avec le prolongement de la journée detravail, l'échelle de la production s’élargit,cependant que la partie du capital dépenséeen machinerie et bâtiments demeureinchangée. Non seulement, donc, la survaleurs'accroît mais les dépenses nécessaires àl'extorsion de celle-ci diminuent. (...)

La machine produit de la survaleur relative,non seulement en dévalorisant directement leforce de travail et en la rendant indirectementmeilleur marché par la baisse des prix desmarchandises qui entrent dans sareproduction, mais aussi en transformant, dèsqu'elle est introduite sporadiquement, letravail employé par le possesseur de machineen travail potentialisé, en élevant la valeursociale du produit des machines au-dessus desa valeur individuelle, et en permet tant ainsiau capitaliste de remplacer par une moindrepart de valeur du produit quotidien la valeurquotidienne de la force de travail. Pendantcette période de transition, où l'emploi desmachines reste une sorte de monopole, lesgains sont donc extraordinaires, et le

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THEORIE

capitaliste cherche à exploiter le plusradicalement possible «cette première saisond'amour» par la plus grande prolongationpossible de la journée de travail. (...)

Avec la généralisation de la machinerie ausein d'une même branche de production, lavaleur sociale du produit de la machinedescend à sa valeur individuelle en mêmetemps que s'impose la loi qui veut que lasurvaleur ne provienne pas des forces detravail que le capitaliste a remplacées par lamachine, mais à l'inverse des forces de travailqu'il y emploie. »

(Id. pp.455-456)

L'adoption de machines se généralisant, laproductivité supérieure du premier utilisateurdisparaît et les différents capitaux individuelsse retrouvent à un égal taux de survaleur. Onrevient à la situation où la quantité desurvaleur extorquée est directementproportionnelle à la quantité d'ouvriersemployés simultanément, puisque la survaleurnaît uniquement de la partie variable ducapital.

«Le nombre d'ouvriers employéssimultanément dépend pour sa part du rapportentre la partie variable du capital et sa partieconstante.»

(Id. p.457)

La grande industrie mécanisée étend lesurtravail au dépend du travail nécessaire àtravers l'augmentation de la force productivedu travail. Elle atteint ce résultat seulement endiminuant le nombre d'ouvriers employés parun même capital. Une portion du capitalvariable est investie en machines, c'est-à-direen capital constant qui ne produit point desurvaleur.

«Il est impossible, par exemple, d'extraireautant de survaleur de deux ouvriers que de24. Si chacun des 24 ouvriers ne fournit, sur12 heures, qu'une heure de surtravail, ilsfournissent ensemble 24 heures de surtravail,alors que le travail global des deux ouvriersn'est que de 24 heures. Il y a donc dansl'utilisation de la machinerie pour laproduction de survaleur une contradictionimmanente, dans la mesure où, des deux

facteurs de la survaleur que fournit un capitald'une grandeur donnée, elle n'augmente lepremier - le taux de survaleur - que parcequ'elle diminue l'autre - le nombred'ouvriers.»

(Id. p.457)

La contradiction immanente limite, de façonsouterraine, l'installation de nouvellesmachines ; mais surtout elle pousse

«... à prolonger la journée de travail avec lapire des violences, de façon à compenser ladiminution du nombre proportionneld'ouvriers exploités, en augmentant nonseulement le surtravail relatif, mais aussi lesurtravail absolu.» (Id. p.457)

La survaleur relative n'exclut pasnécessairement la survaleur absolue. Les deuxformes d'extorsion de la survaleur coexistent etse complètent dans la phase de la soumissionréelle du travail au capital - Mpspécifiquement C - même si elles se succèdenthistoriquement. La survaleur absolue - que lesapologistes disaient morte et dépassée - seporte au contraire très bien. Le MPC tend defaçon permanente à rallonger la journée detravail, ce quelle que soit la phase de sadomination. Comme Marx affirme dans letroisième livre du Capital :

«La journée de travail prolongée est unproduit de l'industrie moderne».

«Nous avons supposé jusqu'à présent que lajournée de travail a des limites données.Pourtant elle n'a, en soi, aucune limiteconstante. C'est le capital qui constamments'efforce de l'allonger...» (Marx - «Salaire,prix et plus-value, Gallimard, p.523)

«Si donc l'utilisation capitaliste de lamachinerie crée d'un côté de nouvelles raisonstrès fortes pour un allongement démesuré dela journée de travail et bouleverse la modalitémême du travail et le caractère du corpssocial qui l'effectue, d'une manière qui brisesa résistance à cette tendance, elle produit parailleurs, en embauchant des couches de laclasse ouvrière autrefois inaccessibles aucapital et en dégageant des ouvrierssupplantés par la machine, une populationouvrière superflue à qui le capital pourra

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MOUVEMENT COMMUNISTE

dicter sa loi. D'où ce phénomène remarquabledans l'histoire de l'industrie moderne : c'est lamachine qui fiche en l'air toutes les limitesmorales et naturelles de la journée de travail.D'où aussi ce paradoxe économique, que leplus puissant moyen de réduction du temps detravail devienne le moyen le plus infailliblepour transformer le temps de vie de l'ouvrieret de sa famille en temps de travail disponiblepour la valorisation du capital.»

(Marx - « Le Capital» Livre I, E.S., pp.457-458)

La troisième conséquence est l'intensificationdu travail.

«La prolongation démesurée de la journée detravail que produit la machinerie entre lesmains du capital finit par entraîner, commenous l'avons vu, une réaction de la sociétémenacée dans ses fondements vitaux, réactionqui aboutit elle-même à une limitation de lajournée de travail normale, fixée par la loi. Ilse développe alors sur cette base unphénomène que nous avons déjà rencontréauparavant et qui prend désormais uneimportance décisive : l'intensification dutravail. (Id. p.459)

L'intensification du travail correspond à laphase de soumission réelle du travail au capitalpuisqu'elle est rendue possible par le progrèsdu système mécanisé. La simplification et larépétition des tâches, dans l'industriemécanisée, poussent spontanément l'ouvrier àtravailler plus rapidement. C'est le fondementde la transformation intensive du travail.Jusqu'à un certain point extension et intensitégrandissent ensemble, mais

«... on arrive nécessairement à un point nodaloù l'extension de la journée de travail etl'intensité du travail sont exclusives l'une del'autre, si bien que la prolongation de lajournée de travail ne demeure supportablequ'avec un moindre degré d’intensité dutravail, et inversement un degré d'intensitéplus élevé avec un raccourcissement de lajournée de travail. » (Id. p.459)

Historiquement, dès que la classe ouvrièrebloqua l'extension de la journée de travail

« ... le capital se jette délibérément et detoutes ses forces sur la production desurvaleur relative, par le moyen d'undéveloppement accéléré du système desmachines. » (Id. p.460)

A la croissance de la force productive dutravail provenant de l'introduction desmachines s'ajoute

«... une tension accrue de la force de travail etune occupation plus intense des trous dans letemps de travail, c'est-à-dire une condensationdu travail, tout cela à un degré que l'on nepeut atteindre que dans le cas d'une journéede travail raccourcie.» (Id. p.460)

En d'autres termes on fournit une quantité detravail supérieure dans l'unité de temps. Siavant 1 heure de travail était égale à elle-même, à présent 1 heure de travail équivaut,par exemple, à 1 heure 30 min. précédente ; lamasse de survaleur produite pendant l'heureintensifiée équivaut à celle produite pendant 1heure et demie.

«Le premier effet de la journée de travailraccourcie repose sur cette loi évidente quel’efficacité de la force de travail estinversement proportionnelle à son tempsd'action.»(Id. p.461)

Si les machines permettent de dévaloriser laforce de travail, sa valeur peut rester inaltéréesi, la journée de travail étant réduite, laconsommation de force de travail augmente enmesure correspondant au décrément de valeurprovoquée par l'introduction des moyens detravail perfectionnés. Si la réduction de lajournée de travail est

«... la condition subjective de la condensationdu travail, à savoir la capacité de l'ouvrier àdégager davantage de force dans un tempsdonné, la machine devient, entre les mains ducapitaliste, le moyen objectif qu'il utilisesystématiquement pour extorquer davantagede travail dans le même temps. Cela s'effectuede deux façons : par une augmentation de lavitesse des machines et par une extension duvolume de machinerie surveillé par un mêmeouvrier ou du champ de travail de celui-ci.»(Id. p.462)

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THEORIE

Les rythmes du travail et la dépendance dusystème des machines s'accroissent suivant laréduction de la journée de travail etl'approfondissement de la soumission dutravail au capital par le progrès technique et lascience. L’allégement des conditions detravail, à travers le développement de la forcemécanique, s'accouple nécessairement avecl'accroissement des cadences et uninvestissement nerveux supérieur de la forcede travail. Le vieux dicton prolétarien esttoujours valable : «Ce que le patron donned'une main, il le reprend de l'autre».

«Il n'y a pas le moindre doute que la tendancedu capital, une fois que la prolongation de lajournée de travail lui est définitivementinterdite par la loi, à trouver son bien dansune augmentation systématique du degréd'intensité du travail et à transformer touteamélioration de la machinerie en un moyen deplus grande exploitation de la force de travail,le conduira bientôt et nécessairement à unnouveau tournant où une nouvelle diminutiondes heures de travail deviendra inévitable.»(Id. pp.468-469)

Si le bouleversement des moyens de travaildans le MPC représente une intensité toujoursplus grande du travail, inévitablement ilcomporte aussi un décrément du temps detravail. Vue sous cet angle, la diminution de lajournée de travail ne constitue pas uneamélioration de la condition ouvrière - résultatpositif de l'innovation technologique etscientifique - mais l'ajustement nécessaire dulien extension/intensité du travail en relationavec la base technique changée de laproduction.

On peut parler d'amélioration de la conditionouvrière seulement quand la bataille pour laréduction de la journée de travail et la luttepour la stabilité des rythmes et des mansionssont menées simultanément victorieusement.

Le marchandage autour de la redéfinition dutemps de travail hebdomadaire en échanged'une flexibilité des cadences et des tâchesainsi que d'une mobilité accrues, c'est de lapolitique capitaliste pure et simple quin'améliore ni ne défend la vie et le cadre detravail de l'ouvrier. D'autre part, parallèlementà la mise en œuvre de la division du travail

dans la fabrique automatisée - la distributiondes ouvriers parmi les machines spécialisées -la défense ouvrière, la lutte économique,devient plus difficile, épisodique, avec desrésultats éphémères puisque la possibilité ducontrôle du procès de travail par les ouvriers aété anéantie.

Dans le sous-chapitre consacré à la fabrique,Marx dissèque le rapport de travail dans laforme la plus mûre de la fabrique capitaliste :la fabrique automatique.

«La hiérarchie des ouvriers spécialisés qui la[la manufacture] caractérise est doncremplacée dans la fabrique automatique parla tendance à l'égalisation, au nivellement destâches que les auxiliaires affectés à lamachinerie ont à exécuter.» (Id. p.471)

Les différences liées au métier sont éliminéeset restent uniquement les variations naturellesdues à l'âge et au sexe.

L’extrême articulation entre les groupes deproducteurs est réduite à la coopération simpleentre ouvriers.

«Le groupe articulé de la manufacture estremplacé par le lien qui unit l'ouvrierprincipal et quelques auxiliaires. Laséparation essentielle s'effectue entre lesouvriers qui sont vraiment employés auxmachines-outils (s'y ajoutent quelquesouvriers pour la surveillance ou l'alimentationde la machine motrice) et les simplesmanœuvres (presque exclusivement desenfants) qui assistent ces ouvriers employésaux machines.

(...) A côté de ces classe principales prendplace un personnel numériquementinsignifiant, chargé du contrôle de l'ensemblede la machinerie et de sa réparationconstante, ingénieurs, mécaniciens,menuisiers, etc. C'est une classe supérieured'ouvriers, ayant les uns une formationscientifique, les autres une formationartisanale, et ils se situent hors du cercle desouvriers de fabrique auxquels ils ne sontqu'agrégés. Cette division du travail estpurement technique. » (Id. pp.471-472)

L'actualité de ce tableau de la compositiontechnique de la classe ouvrière est entière. Le

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MOUVEMENT COMMUNISTE

développement de la grande industrie leconfirme pleinement. La classe ouvrièresupérieure se confond souvent avec lescouches moyennes salariées dont elle partagele niveau d'instruction et parfois la «richesse»et la «responsabilité» technique.

Les délires modernistes sur le crépuscule ou lamort de la classe ouvrière se fondent sur lacontemplation idéologique des«transformations» de la classe moyennesupérieure et des couches moyennesimproductives. Nous, au contraire, nouscontinuons à penser et nous nous efforçons dedémontrer que le cœur de la société du capitalreste la classe ouvrière de fabrique diviséetechniquement en ouvriers qualifiés réellementemployés aux machines-outils et en ouvrierssimples préposés aux machines.

Dans le rapport ouvrier/machine,l'interchangeabilité des places et des fonctionss'accentue sans qu'il en dérive une interruptiondu procès de travail.

«Enfin, la rapidité avec laquelle on apprend àtravailler sur la machine quand on est jeuneélimine également la nécessité de recourir àune classe particulière d'ouvriers pour enfaire exclusivement des ouvriers employés auxmachines. Quant aux services fournis par lessimples manœuvres, ils peuvent dans lafabrique soit être remplacés par des machines,soit, en raison de leur totale simplicité, donnerlieu à un changement rapide et constant despersonnes chargées de ce dur labeur.»

(Id. pp.472-473)

La précarité générale de l'ouvrier dans leprocès de travail complète son absoluedépendance du système de fabrique, donc ducapitaliste. En outre les frais nécessaires à lareproduction de l'ouvrier diminuentconsidérablement.

«Dans la manufacture et dans l'artisanat,l'ouvrier se sert de l'outil, dans la fabrique ilsert la machine. Dans le premier cas, c'est delui que procède le mouvement du moyen detravail ; dans le second, il doit suivre lemouvement du moyen de travail. Dans lamanufacture, les ouvriers sont les membresd'un organisme vivant. Dans la fabrique, ilexiste, indépendamment d'eux, un mécanisme

mort auxquels on les incorpore comme desappendices vivants.(...)Tout en agressant àl'extrême le système nerveux, le travail sur lesmachines bloque le jeux complexe des muscleset confisque toute liberté d'action du corps etde l'esprit. Même l'allégement du travail setransforme en moyen de torture, dans lamesure où la machine ne libère pas l'ouvrierdu travail, mais ôte au travail son contenu.(...)

C'est pendant le procès même de travail que lemoyen de travail, du fait de sa transformationen automate, se pose face au travailleurcomme capital, comme travail mort quidomine et aspire la force vivante du travail.»

(Id. pp.474-475)

Même techniquement les machines sontl'expression du processus de valorisation ducapital. Elles servent à la production devaleurs d'usage seulement dans la mesure oùelles permettent une croissante extorsion desurvaleur. La science et la technique sontdirectement incorporées au capital ; ellesdeviennent science et technique du capital,c'est-à-dire des pouvoirs du capital sur letravail. Les puissances intellectuelles sescindent du travail manuel et s'y opposentcomme capital contre le travail.

«La dextérité et la minutie du travailleur surmachine vidé de sa substance en tantqu'individu, disparaissent tel un minusculeaccessoire devant la science, devant lesénormes forces naturelles et le travail socialde masse, dont le système des machines estl'incarnation et qui fondent avec lui lapuissance du «maître».»

(Id. p475)

Science, nature et socialité résumées dans lesmachines constituent la base matérielle du MPspécifiquement C. La révolution communistedevra briser le système des «machines dupatron» pour détruire le pouvoir de celui-ci.Elle doit attaquer la science du capital, lanature du capital et la coopération capitaliste.La révolution politique prolétarienne a uneâme sociale.

La fabrique capitaliste crée

«... une véritable discipline militaire quidevient [son] régime général (...) et achève le

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THEORIE

développement de ce travail de surveillance(...) achève en même temps la division desouvriers en travailleurs manuels et ensurveillants du travail, en fantassins communset en sous-officiers d'industrie.» (Id. p.475)

Tout code de fabrique, même s'il apparaît êtreune atténuation de l'autocratie du patron, n'estque la caricature capitaliste de la régulationsociale du procès de travail

«... devenue nécessaire avec la coopération àgrande échelle et l'utilisation de moyens detravail communs, notamment de lamachinerie. Le fouet du négrier est remplacépar le cahier de punitions du surveillant.» (Id.p.476)

La démocratie politique formelle de la sociétécivile trouve son propre contenu dans lecommandement capitaliste de fabrique.

Dissoudre la communauté illusoire du capitalsignifie se débarrasser de la démocratiepolitique et sociale bourgeoise. Le prolétariatconstitué en parti communiste se dote du levierdictatorial nécessaire pour transformer leprocès de travail à l'image de la communautéhumaine du communisme. Le prolétariat, seuleclasse du MPC capable d'assumer le futur del'espèce, lutte en permanence contre le rapportcapitaliste de production en partant descontradictions incurables engendrées par celui-ci. La lutte ouvrière est née avec le capitalcomme critique pratique - en acte - du mode deproduction des marchandises.

Elle distille le programme de la société libéréede la survaleur, le programme communiste,incarné jusqu'à présent sans solution decontinuité par le parti communiste dans salarge acception historique.

Suivons maintenant le développement de lalutte entre l'ouvrier et la machine

«La lutte entre le capitaliste et le travailleursalarié commence avec l'existence du rapportcapitaliste proprement dit. Elle se déchaînesans interruption pendant toute la période dela manufacture. Mais c'est seulement depuisl'introduction de la machinerie que l'ouvriercombat le moyen de travail lui-même, le moded'existence matériel du capital.

Il se révolte contre cette forme déterminée demoyen de production, en tant qu'elle est lefondement matériel du mode de productioncapitaliste.» (Id. p.479)

La lutte ouvrière permanente contre le capital«change d'adversaire» avec le passage à lasoumission réelle du travail au capital. Hierl'affrontement avait lieu contre des hommesreprésentant le MPC.

Aujourd'hui, la bataille est livrée contre l'usagecapitaliste des machines qui constituentl'ossature de la société classiste. L'incapacitéde discerner entre le moyen de travail et safinalité a été historiquement un signed'immaturité du mouvement ouvrier(Luddisme).

«Il faut du temps et de l'expérience avant quel'ouvrier apprenne à distinguer la machineriede son utilisation capitaliste, et donc àtransférer ses attaques du moyen matériel deproduction lui-même, à la forme socialed'exploitation de celui-ci.» (Id. p.481)

La lutte contre la machine est, pour l'ouvrier,une lutte pour sa vie.

«En tant que machine, le moyen devientimmédiatement le concurrent de l'ouvrier lui-même. (...)

Dès que le guidage de l'outil échoit à lamachine, la valeur d'échange de la force detravail s'éteint en même temps que sa valeurd'usage. Le travailleur devient invendable,comme un papier-monnaie qui n'a plus cours.La partie de la classe ouvrière que lamachinerie transforme ainsi en populationsuperflue, c'est-à-dire en population qui n'estplus désormais nécessaire à la valorisation ducapital, périt d'une part dans la lutte inégalede la vieille entreprise de type artisanal oumanufacturier contre celle qui utilise lesmachines, et inonde, d'autre part, toutes lesbranches d'industrie plus facilementaccessibles, submerge le marché du travail etfait tomber, par conséquent, en dessous de savaleur le prix de la force de travail. (...) La oùla machine s'empare progressivement d'unchamp de production, elle produit une misèrechronique dans la couche de travailleurs quisont en concurrence avec elle. (...)

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MOUVEMENT COMMUNISTE

La configuration autonome et rendueétrangère à l'ouvrier que le mode deproduction capitaliste donne d'une façongénérale aux conditions de travail et auproduit du travail face au travailleur sedéveloppe donc avec la machinerie en uneopposition parfaite. (...)

Le moyen de travail écrase l'ouvrier.»

(Id. pp.482-483-484)

«Le capital la proclame [la machinerie] bienhaut et la manipule tendanciellement commeune puissance ennemie du salarié. Elle devientl'arme de guerre la plus puissante pourécraser les soulèvements ouvriers périodiques,les grèves, etc. déclenchées contre l'autocratiedu capital. » (Id. p.488)

La bourgeoisie, au contraire, soutenait lathéorie de la compensation par rapport auxouvriers supplantés par les machines pour endémontrer l’innocuité. Cette théorie soutenaitque

«... toute machinerie qui met à l'écart desouvriers libère toujours en même temps etnécessairement un capital adéquat pourl'emploi de ces mêmes ouvriers. » (Id. p.491)

Cette thèse est soutenue, aujourd'hui aussi, parde nombreux économistes ennemis qui parlentde «modernisation», d'«automation» et de«nouvelle technologie» en promettantinfailliblement la pleine occupation et larésorption de la misère. Notre mouvement leura déjà répondu : le capital anticipé étantdéterminé, tout transvasement de capitalvariable en capital constant lie du capital sousune forme telle qu'il cesse de se transformer enforce de travail. Mais, objectent les idéologueszélés du patron pour construire les nouvellesmachines il faut davantage d'ouvriers. Notreréponse à cette objection fut, elle aussitranchante : dans le meilleur de cas laconstruction des machines emploiera moins detravailleurs que leur utilisation n'en chasse,puisque la part de capital variable remplacéepar de nouveaux moyens de travail représentemaintenant :

«1) la valeur des moyens de productionnécessaires à sa fabrication [de lamachinerie], 2) le salaire des mécaniciens qui

la construisent, 3) la survaleur qui revient àleur «maître». En outre, une fois terminée, lamachinerie n'a plus besoin, jusqu'à sa mortd'être renouvelée. Pour occuper enpermanence le supplément de mécaniciens, ilfaut donc que les fabricants (...) les uns aprèsles autres, refoulent les ouvriers en mettantdes machines à leur place.» (Id. p.492)

Le seul effet de l'introduction de lamachinerie, c'est la «libération» de l'ouvrier deses moyens de subsistance.

«Ceux-ci [les moyens de subsistance]n'existaient donc pas pour eux [les ouvriers]comme capital, mais comme marchandises, eteux-mêmes existaient pour les marchandisesnon comme salariés mais comme acheteurs.»

(Id. p.493)

Il va de soi que la demande de cesmarchandises décroît.

«Une partie du capital qui produisaitauparavant les moyens de subsistancenécessaires, est reproduite sous une autreforme.» (Id. p.493)

«... la machinerie ne jette pas des ouvriers surle pavé uniquement dans la branche deproduction où elle est introduite mais aussidans celles où elle n'est pas introduite.» (Id.p.494)

Les ouvriers chassés par les machines peuventêtre embauchés ailleurs - par exemple dans laproduction de machines - mais par le biais decapital additionnel et non pas à travers lecapital initial cristallisé en machines dans uneplus grande proportion.

En relation au capital global, le capitalvariable décroît continuellement. La quantitéde biens produits demeurant constante, lasomme totale du travail employé diminue.

«... la machinerie en soi raccourcit le tempsde travail alors qu'elle prolonge la journée detravail dans son utilisation capitaliste, (...)elle soulage le travail alors qu'elle accroît sonintensité dans son utilisation capitaliste, (...)elle est en soi une victoire de l'homme sur lesforces naturelles, alors que dans sonutilisation capitaliste elle asservit l'hommepar l'intermédiaire des forces naturelles, (...)

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THEORIE

en soi elle augmente la richesse du producteuralors qu'elle l'appauvrit dans son utilisationcapitaliste...» (Id. p.495)

L'utilisation capitaliste de la machinerie

« ...accroît la survaleur et en même temps lamasse des produits dans lesquels elle estreprésentée, c'est-à-dire qu'en même tempsque la substance que consomment la classecapitaliste et ses annexes, elle accroît cescouches de la société elle-même. Leur richessecroissante et le nombre décroissant à unrythme relativement constant d'ouvriers requispar la production des moyens de subsistancede première nécessité produisent en mêmetemps que de nouveaux besoins de luxe, denouveaux moyens pour les satisfaire. (...) Laproduction de luxe s'accroît. (...)

Cette augmentation des moyens de productionet de subsistance, qui va de pair avec unediminution relative du nombre d'ouvriers,pousse à une extension du travail dans lesbranches industrielles dont les produits,canaux, docks, tunnels, ponts, etc. neporterons leurs fruits que dans un avenir pluslointain. (...) Cependant la place qu'ilsprennent dans la production globale n'estguère importante, même dans les pays les plusdéveloppés. Le nombre d'ouvriers qu'ilsemploient croît dans la mesure exacte où estreproduite la nécessité du travail manuel leplus fruste. Parmi les principales industries decette espèce on peut ranger actuellement[1867] les usines à gaz, le télégraphe, laphotographie, la navigation à vapeur et leschemins de fer. (...)

Enfin l'extraordinaire augmentation de laforce productive dans les sphères de la grandeindustrie, accompagnée de cette exploitationaccrue en intensité et en extension de la forcede travail dans toutes les sphères de laproduction, permet d'employer de façonimproductive une partie de plus en plusgrande de la classe ouvrière et de reproduireainsi, et ce dans des proportions de plus enplus massives, les anciens esclavesdomestiques sous le nom de «classe servante»,les valets, bonnes, laquais, etc.»

(Id. pp.499-500)

Le produit social du rayonnement desmachines dans l'industrie est l'enflement descouches appendices de la bourgeoisie avecl'expansion de la production de luxe audétriment de celle de moyens de subsistance. Ilse vérifie aussi une croissance relativementfaible des infrastructures et la multiplicationdes emplois improductifs. Tous ces caractères,dépistés il y a plus d'un siècle par le particommuniste, sont encore massivementprésents dans les aires capitalistes «avancées»d'aujourd'hui. Tous, ils gaspillent de la forceproductive sociale et cimentent autour du MPCd'amples stratifications de la société civilecontre la classe exploitée qui, par ailleurs,croît plus lentement que les classes moyennes.

Marx affronte, après l'invalidation de la théoriede la compensation, la répulsion/attractiond'ouvriers que l'industrie mécanisée réalise aufur et à mesure qu'elle se développe. Ce à lalumière de la crise de l'industrie du coton de1862-1863. Dans le sous-chapitre en questionil s'attaque à la thèse selon laquelle

«... même la fabrique fondée au départ surl'exploitation des machines finit, après unepériode déterminée de croissance et une«transition» plus ou moins longue, par fairetrimer plus d'ouvriers qu'elle n'en a jeté sur lepavé à l'origine. » (Id. p.502)

Marx reconnaît l'augmentation numériqueabsolue de la classe ouvrière, mais il en repère,en même temps, sa diminution relativement aucapital global anticipé. Ensuite il définit lesséquences du cycle du capital - activitémoyenne, prospérité, surproduction, crise etstagnation - et il affirme que

« L'insécurité et l'instabilité auxquellesl'utilisation des machines soumet l'emploi etpar suite les conditions de vie de l'ouvrier,deviennent la norme avec cette alternance despériodes du cycle industriel. A l'exception destemps de prospérité, la lutte la plus violentefait rage entre les capitalistes qui veulentchacun leur part du marché. Cette part estdirectement proportionnelle au bas prix duproduit. Outre la rivalité qui en résulte dansl'emploi des machines améliorées remplaçantla force de travail et de nouvelles méthodes deproduction, il arrive chaque fois un momentoù l'on tente d'obtenir la réduction du prix de

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MOUVEMENT COMMUNISTE

la marchandise en baissant brutalement lesalaire en dessous de la valeur de la force detravail.

L'accroissement du nombre des ouvriers defabrique est donc conditionné par unaccroissement proportionnel beaucoup plusrapide du capital global investi dans lesfabriques. Mais ce processus s'accomplit dansles limites des périodes de flux et de reflux ducycle industriel. Il est, de plus, sans cesseinterrompu par le progrès technique qui tantôtremplace virtuellement des ouvriers, tantôt lesrefoule effectivement. Ce changementqualitatif dans l’exploitation mécanisée rejetteconstamment des ouvriers hors de la fabriqueou ferme ses portes au flot des nouvellerecrues, alors que l'extension simplementquantitative des fabriques engloutit, outreceux mis à la porte, des contingents neufsd'ouvriers. Ainsi les ouvriers sont-ilscontinuellement soumis à des forces derépulsion et d'attraction, balancés de part etd'autre, avec un changement constant du sexe,de l'âge et de la qualification des personnesenrôlées. » (Id. pp.509-510)

Précarité et fluidité de l'occupation, pressionconstante sur le prix de la force de travail -surtout si, en cas de concurrence aguerrie, lavariation qualitative du procès de travail n'apas lieu - , voilà le vrai visage du MPC !

Examinons, à présent, la révolution que lagrande industrie accomplit dans lamanufacture, dans le métier artisanal et dans letravail à domicile, en d'autres termes lepassage à la soumission réelle sur les modes deproduction précédents et sur les secteurs où lasoumission du travail au capital est encoreformelle.

«a) Suppression de la coopération basée surles métiers et la division du travail (...) Dansla mesure où il n'y a qu'une seule machine quiprend la place de la coopération ou de lamanufacture, elle peut devenir elle-même àson tour la base d'une exploitation artisanale.Cependant, cette reproduction du moded'exploitation artisanal basée sur lamachinerie n'est qu'une transition vers lemode d'exploitation de la fabrique qui, enrègle générale, fait son apparition chaque foisqu'une force d'actionnement mécanique, la

vapeur ou l'eau, remplace la force musculairehumaine pour mettre la machine enmouvement.»

(Id. p.516)

La force motrice mécanique permetd'alimenter plusieurs machines-outils, ellefournit l'opportunité technique pour latransition de l'artisanat à la fabrique.

«b) Répercussions du système de la fabriquesur la manufacture et le travail à domicile (...)Cette industrie à domicile dite «moderne» (...)s'est transformée aujourd'hui en dépar tementextérieur de la fabrique, de la manufacture oudu magasin.» (Id. pp.517-518)

Le travail à domicile est soumis aux modes deproduction les plus développés en devenant,pour le compte de ceux-ci, le lieu del'exploitation la plus effrontée. De façonanalogue

«L'exploitation de forces de travail bonmarché et trop jeunes devient encore pluséhontée dans la manufacture moderne qu'ellene l'est dans la fabrique proprement dite,parce que la base technique de la fabrique, leremplacement de la force musculaire par desmachines et la facilité du travail font engrande partie défaut à la manufacture ...» (Id.p.518)

Mais le MPC crée un prolétariat en«surnombre» trouvant son dernier refuge dansles formes de production arriérées. Ellessurvivent grâce à l'économie des moyens deproduction.

«L'économie réalisée sur les moyens deproduction, qui n'est systématiquement menéeà son terme que par l'emploi des machines, etqui est en même temps, d'emblée, le gaspillagele plus inconsidéré de force de travail, enmême temps que le pillage des conditionsnormales du fonctionnement du travail,montre maintenant d'autant mieux son côtémeurtrier et générateur d'antagonisme que laforce de production sociale du travail et labase technique des procès de travail combinéssont moins développés dans une brancheindustrielle donnée.» (Id. p.519)

Le rayonnement de nouveaux moyens detravail et de nouvelles conditions de la

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THEORIE

production est un autre caractère du MPCcontradictoire mais compatible avecl'économie des moyens de production. Il s'agitd'un facteur d'expropriation des artisans et desouvriers à domicile qui matérialise la tendanceà la transformation en système de fabrique ausens propre des formes transitoires diverses etvariées.

«Quant aux formes intermédiaires entre lamanufacture et le travail à domicile et quantau travail à domicile lui-même, (...)L'exploitation sans limite de forces de travailbon marché constitue en effet l'unique base deleur aptitude à être concurrentielles.» (Id.p.534)

La sphère du travail à domicile survit aussi -de toute façon complètement irrégulière ettotalement dépendante pour son matériau brutet ses commandes des caprices du capitaliste -à cause du caractère anarchique du marchéopposé à la programmation et à la régularité dela production capitaliste ainsi qu'à la limitationlégale de l'exploitation extensive de la force detravail. L'imprévisibilité du marché est àl'origine d'étranglements périodiques et/ousaisonniers de la production face à la demandequi peuvent être dépassés grâce en partie à«l'atelier extérieur» du travail à domicile.

La législation sur les fabriques (clausessanitaires sur l'éducation) et son extensiongénéralisée en Angleterre constituent le sujetdu neuvième sous-chapitre.

«Nous avons vu que la législation sur lesfabriques, cette première réaction conscienteet méthodique de la société à la configurationnaturelle prise par son procès de production,est un produit nécessaire de la grandeindustrie, au même titre que le fil de coton, lesmachines automatiques et le télégraphe.» (Id.p.540)

La première législation sur les fabriques enAngleterre est l'Acte de 1864. Il comprend :

* des clauses sanitaires extrêmement réduites

* des clauses concernant l'éducation etproclamant l’enseignement élémentairecondition obligatoire du travail.

«Leur succès à d'abord démontré la possibilitéd'associer l'enseignement et la gymnastique

au travail manuel, donc également le travailmanuel à l'enseignement et à lagymnastique. »

(Id. pp.542-543)

S'appuyant sur ces clauses Marx esquisse lerapport éducation/production dans la futuresociété affranchie de l'exploitation.

«Comme on peut s'en convaincre dans ledétail chez R. Owen, ce qui est en germe dansle système de la fabrique c'est l'éducation del'avenir, qui associera pour tous les enfantsau-delà d'un certain âge le travail productif àl'enseignement et à la gymnastique, et celanon seulement comme méthode pour élever laproduction sociale, mais encore commel'unique méthode pour produire des hommesdont toutes les dimension soient développées.»

(Id. pp.543-544)

La seule méthode pour produire des hommessociaux, en harmonie entre eux et avec lanature.

Le passage de l'atelier à la fabrique secrète legerme de l'éducation de l'avenir parce que

«La grande industrie a déchiré le voile quicachait aux hommes leur propre procès socialde production et faisait des différentesbranches de production qui s'étaient séparéesnaturellement autant d'énigmes mutuelles, ycompris pour celui qui était initié à chaquebranche. (...)

Les figures bigarrées, éparses et sclérosées duprocès social de production se sontdécomposées en applications méthodiques etconscientes des sciences naturelles,systématiquement séparées les unes des autresselon le rendement recherché. La technologiea également découvert les quelques grandesformes fondamentales du mouvement selonlesquelles, malgré toute la variété desinstruments utilisés, tout action productive ducorps humain procède nécessairement...» (Id.pp.546-547)

L'application directe de la science et de latechnologie à la production - comme forceproductive du capital - socialise le savoir etéclaircit les mystères intrinsèques aux vieuxmétiers (mystère c'est la racine de métier).

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MOUVEMENT COMMUNISTE

«L'industrie moderne ne considère et ne traitejamais la forme actuelle d'un procès deproduction comme si elle était définitive. C'estpourquoi sa base technique estrévolutionnaire tandis que celle de tous lesmodes de production passés étaitessentiellement conservatrice.»

(Id.p.547)

Contrairement aux modes de productionprécédents le MPC développe sans trêve sapropre base technique - révolutionnaire - en larendant transparente et en en diffusant laconnaissance. Pour cela même il constitue lesfondations du mode de production futur et del'homme maître en communauté de sesconditions d'existence.

Inversement, dans le MP spécifiquement C, laforme capitaliste du procès de travail estconservatrice : elle reproduit l'anciennedivision du travail avec ses particularitésossifiées. La contradiction absolue entre natureet forme du procès de production sociale induitla nécessité de la transformation du mode deproduction pour le rendre adéquat à soncontenu révolutionnaire. Pour l'ouvrier, lacontradiction se manifeste, d'un côté, commefluidité de ses fonctions, mobilité physique,variation du travail et subversion continue descombinaisons sociales du procès de travail ; del'autre côté comme élimination de toutesécurité des conditions de vie. La menace estconstante de rendre superflu l'ouvrier enrendant superflue sa fonction partielle et de lepriver de ses moyens de subsistance.

«... cette contradiction se déchaînait dansl'immolation orgiaque ininterrompue de laclasse ouvrière, dans la dilapidationdémesurée des forces de travail et les ravagesde l'anarchie sociale. (...)

Mais si le changement de travail ne s'imposeplus désormais que comme une loi impérieusede la nature, avec l'efficacité aveugle etdestructrice d'une loi de la nature qui seheurte partout à des obstacles, en revanche, lagrande industrie fait elle-même avec sescataclysmes une question de vie ou de mort dela reconnaissance, comme loi universelle de laproduction sociale, des changements detravail, donc de la nécessité de la plus grande

polyvalence possible pour l'ouvrier, et del'adaptation de la situation à la réalisationnormale de cette loi. La grande industrie faitdu remplacement de cette monstruosité quereprésente une population ouvrière disponibleet misérable, que le capital tient en réservepour ses besoins d'exploitation changeants,par une disponibilité absolue de l'homme pourles exigences changeantes du travail, unequestion de vie ou de mort ; de même, duremplacement de l'individu partiel, simplesupport d'une fonction sociale de détail, parun individu totalement développé pour quidiverses fonctions sociales sont autant demodes d'activité qui prennent le relais les unsdes autres.» (Id. p.548)

La ductilité de la force de travail et lapartialité, la marginalité de l'acte de travailsont les deux aspects contrastants du salarié.Ils se traduisent dans le conflit - permanent etinsoluble dans le MPC - entre la tendance àune éducation technologique, théorique etpratique, complète - obtenue à traversl'inévitable conquête du pouvoir politique parle prolétariat - et l'économie des moyens dereproduction du prolétariat (dévalorisation dela force de travail) liée à sa croissantemarginalisation dans le procès de travail. Lesforces productives intellectuelles font face à laforce productive ouvrière, manuelle.

La législation sur les fabriques touche aussi letravail à domicile et en particulier le travaildes enfants. Celle-ci malgré la proclamationdes droits des enfants (1866) se présenteimmédiatement comme une intervention contrele pouvoir parental, secouant par là l'ordrecapitaliste dans un de ses piliers.

«La violence des réalités a cependant obligé àreconnaître finalement que la grande industriesapait outre la base économique l'ancienneinstitution familiale et le travail familialconcomitant, les anciens rapports familiauxeux-mêmes. (...)

Cependant ce n'est pas l'abus du pouvoirparental qui a crée l'exploitation directe ouindirecte par le capital de forces de travailencore trop jeunes, mais à l'inverse le moded'exploitation capitaliste qui a fait du pouvoirparental, en abolissant la base économiquequi lui correspondait, un abus de pouvoir. Or

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THEORIE

quelque effrayante et choquantequ’apparaisse la décomposition de l'ancienneinstitution familiale à l'intérieur du systèmecapitaliste, la grande industrie n'en crée pasmoins, en attribuant aux femmes, auxadolescents et aux enfants des deux sexes unrôle décisif dans des procès de productionorganisés socialement hors de la sphèredomestique, la nouvelle base économiqued'une forme supérieure de la famille et durapport entre les sexes.

Naturellement il est tout aussi stupide de tenirpour absolue la forme chrétienne-germaniqueque la forme antique romaine ou grecque oula forme orientale, qui constituent d'ailleursentre elles toute une ligne de développementhistorique. De même il est évident que lacomposition du personnel ouvrier combiné àpartir d'individus des deux sexes issus destranches d'âge les plus variées, tout en étantune source empoisonnée de ruine etd'esclavage sous sa forme brutale naturelle,sous sa forme capitaliste, où c'est l'ouvrier quiexiste pour le procès de production et non leprocès de production pour l'ouvrier, ne peut àl'inverse, dans des circonstances propices, quese renverser en source bienfaisante dudéveloppement de l'humanité.» (Id. pp.549-550)

La base technique révolutionnaire du MPCcontient le germe du dépassement desconditions sociales de la production et évoquecontinuellement la rupture révolutionnaire desrapports de production capitalistes. Si les Loissur les fabriques constituent une réelleamélioration de la condition ouvrière et unepremière cristallisation juridique du caractèreprogressiste de la base technique du MPC,pourquoi ont-elles été historiquementacceptées par le capital, bien qu'avec unerésistance importante ?

« La nécessité de généraliser la Loi sur lesfabriques, de faire d'une loi d'exceptiondestinée aux filatures et tissanderies, qui sontles premières formes concrètes de lamécanisation, une loi s'appliquant à toute laproduction sociale, provient, comme nousl'avons vu, du cours pris par le développementhistorique de la grande industrie : à l'arrière-plan de celle-ci, la figure traditionnelle de la

manufacture, de l'artisanat et du travail àdomicile est complètement bouleversée, lamanufacture se renverse continuellement enfabrique, l'artisanat en manufacture, et enfinles sphères de l'artisanat et du travail àdomicile prennent, dans un laps de temps dontla relative brièveté étonne, la forme decavernes infernales où l'exploitationcapitaliste donne libre cours à sesmonstruosités les plus folles. Deux facteursfinalement sont déterminants : en premierlieu, l'expérience toujours répétée que lecapital, à partir du moment où il ne tombesous le contrôle de l'Etat qu'en certains pointsde la périphérie sociale, ne s'en dédommageque plus démesurément dans les autrespoints ; et, deuxième ment, le fait que lescapitalistes eux-mêmes réclament à cor et àcri l'égalité des conditions de concurrence,c'est-à-dire les mêmes bornes à l'exploitationdu travail.»

(Id. p.551)

A la nécessité objective de la législation surles fabriques s'ajoutent, d'un côté, la possibilitéde déplacer ailleurs les travaux «touchés» parle contrôle légal et, de l'autre, l'opportunitépour le capitaux individuels d'évoluer dans uncadre concurrentiel «égalitaire» sans avantagespour personne dans l'exploitation de la classeouvrière.

«Si la généralisation de la législation sur lesfabriques est devenue inévitable comme moyende protection physique et morale de la classeouvrière, comme nous l'avons déjà suggéré,d'un autre côté, elle généralise et accélère latransformation de procès de travail disperséset minuscules en procès de travail combinés àune grande échelle, à une échelle sociale,donc la concentration du capital etl'hégémonie du régime de fabrique. Elledétruit toutes les formes archaïques et lesformes de transition derrière lesquelles secache encore en partie la domination ducapital, pour les remplacer par sa dominationfranche et directe. Elle généralise aussi par làmême le combat direct contre cettedomination. Tandis qu'elle impose dans lesateliers individuels l'uniformité, la régularité,l'ordre et l'économie, elle augmente parl'énorme élan que la limitation et la régulation

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MOUVEMENT COMMUNISTE

de la journée de travail impriment à latechnique, l'anarchie et les catastrophes de laproduction capitaliste dans son ensemble,l'intensité du travail et la concurrence que lamachinerie fait aux ouvriers. En même tempsque la sphère de la petite entreprise et dutravail à domicile elle anéantit les derniersrefuges des ouvriers «surnuméraires» et parlà même la soupape de sécurité quifonctionnait jusqu'à présent pour tout lemécanisme social. En même temps que lesconditions matérielles et la combinaisonsociale du procès de production elle porte àmaturité les contradictions et lesantagonismes de sa forme capitaliste, et doncà la fois les éléments constitutifs d'unenouvelle société et les moments dubouleversement de l'ancienne.» (Id. p.563)

La législation sur les fabriques est un faitcapitaliste - il est vital pour l'organisation duprocès de production dans l'usine des capitauxindividuels - mais aussi révolutionnaire. Eneffet, en réalisant toujours davantage lasoumission du travail au capital à l'échelle detoute la société, il augmente l'exploitation, parl'extorsion de la survaleur relative, et accentuele conflit non programmable, en dernièreanalyse, entre les capitaux individuels jusqu'àla catastrophe de la production capitaliste et àl'émergence, de ses cendres, d'une sociéténouvelle.

Le long de l'histoire du MPC, la «législationdu travail» correspond à la réalisation de troisobjectifs :

1. la suppression ou l'encadrement de la lutteouvrière contre la domination du capital

2. la plus grande programmation possible de laproduction sociale

3. la plus grande élasticité possible desfacteurs de la production réalisable dans leprocès de travail immédiat.

- Eliminer la lutte des classes ;

- Rendre moins chaotique la productioncapitaliste;

- Mitiger, fléchir conformément à l'anarchiegénétique du MPC, le procès de travail rigideimposé au système des machines.

Voilà les commandements du capital, en 1864comme aujourd'hui !

Le dernier sous-chapitre du XIIIème chapitreconcerne la grande industrie et l'agriculture.

«... la machinerie dans l'agriculture (...) agitde façon encore plus intense et sans lecontrecoup de la «mise en surnombre « desouvriers.»

(Id. pp.564-565)

Le résultat particulier de l'adoption desmachines dans le secteur agricole, c'est ladiminution absolue de la population rurale.

«C'est dans la sphère de l'agriculture que lagrande industrie a l'effet le plusrévolutionnaire, dans la mesure où elleanéantit ce bastion de l'ancienne société qu'estle «paysan» et lui substitue l'ouvrier salarié.Les besoins de bouleversement et lesoppositions au sein de la société rurale sontainsi alignés sur ceux de la ville. Le moded'exploitation le plus routinier et le plusirrationnel est remplacé par l'applicationtechnologique consciente de la science. Lemode de production capitaliste consomme larupture du lien de parenté qui unissaitinitialement l'agriculture et la manufacture austade infantile et non développé de l'une et del'autre. Mais cette rupture crée en mêmetemps les présupposés matériels d'unenouvelle synthèse à un niveau supérieur, del'association de l'agriculture et de l'industriesur la base des configurations propres qu'ellesse sont élaborées en opposition l'une à l'autre.Avec la prépondérance toujours croissante dela population urbaine qu'elle entasse dans degrands centres, la production capitalisteamasse d'un côté la force motrice historiquede la société et perturbe d'un autre côté lemétabolisme entre l'homme et la terre, c'est-à-dire le retour au sol des composantes de celui-ci usées par l'homme sous forme de nourritureet de vêtements, donc l'éternelle conditionnaturelle d'une fertilité durable du sol. Elledétruit par là même à la fois la santé physiquedes ouvriers des villes et la vie intellectuelledes ouvriers agricoles. Mais en détruisant lesfacteurs d'origine simplement naturelle de cemétabolisme, elle oblige en même temps àinstituer systématiquement celui-ci en loi

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THEORIE

régulatrice de la production sociale, sous uneforme adéquate au plein développement del'homme. Dans l'agriculture comme dans lamanufacture la mutation capitaliste du procèsde production apparaît en même temps commele martyrologe des producteurs, le moyen detravail apparaît comme le moyen d'assujettir,d'exploiter et d'appauvrir le travailleur, lacombinaison sociale du procès de travailcomme répression organisée de sa vitalité, desa liberté, et de son autonomie d'individu. Ladispersion des ouvriers agricoles sur de plusgrandes surfaces brise en même temps leurforce de résistance, tandis que laconcentration accroît celle des ouvriers desvilles. Comme dans l'industrie urbaine,l'augmentation de la force productive et leplus grand degré de fluidité du travail sontpayés dans l'agriculture moderne au prix dudélabrement et des maladies qui minent laforce de travail proprement dite. Et toutprogrès de l'agriculture capitaliste est nonseulement un progrès dans l'art de piller letravailleur, mais aussi dans l'art de piller lesol ; tout progrès dans l'accroissement de safertilité pour un laps de temps donné est enmême un progrès de la ruine des sourcesdurables de cette fertilité. Plus un pays,comme par exemple les Etats-Unisd'Amérique, part de la grande industriecomme arrière-plan de son développement etplus ce processus de destruction est rapide. Sibien que la production capitaliste nedéveloppe la technique et la combinaison duprocès de production social qu'en ruinantdans le même temps les sources vives de touterichesse : la terre et le travailleur.» (Id.pp.565-566-567)

LA PRODUCTION DE LASURVALEUR ABSOLUE ET DE LASURVALEUR RELATIVE : SURVALEURABSOLUE ET SURVALEUR RELATIVE

La cinquième section opère la synthèse dutravail accompli jusqu'à ce point. Elle traite dela production de la survaleur absolue etrelative dans leurs liens réciproques et dansleur dynamique respective. Elle est articuléeen trois chapitres dont le premier, le XVIème,s'intitule : survaleur absolue et survaleurrelative. La survaleur est le but du capital. Elle

est produite par le travail de l'ouvrier etconfisquée par la classe dominante et les demi-classes improductives. Du point de vue duprocès de travail, le travail productif estl'activité générique créatrice de valeursd'usage. Dans cette acception, dans le MPC

« ...en même temps que le caractèrecoopératif du procès de travail proprementdit, c'est la notion même de travail productif,ou de son porteur, la notion de travailleurproductif, qui s'étend. Il n'est plus nécessairedésormais, pour travailler de manièreproductive, de mettre soi-même la main à lapâte ; il suffit pour cela d'être un organequelconque du travailleur global, d'exécuterl'une de ses sous-fonctions. (...)

Cependant, d'un autre côté, cette notion detravail productif connaît aussi une sorte derétrécissement. La production capitaliste n'estpas seulement production de marchandise,elle est essentiellement production desurvaleur. Le travailleur ne produit pas pourlui, mais pour le capital. Aussi ne suffit-il plusqu'il produise tout simplement. Il faut qu'ilproduise de la survaleur. Seul est productif letravailleur qui produit de la survaleur pour lecapitaliste ou qui sert à la valorisation ducapital. Si l'on peut se permettre d'allerchercher un exemple hors de la sphère de laproduction matérielle, on dira qu'un maîtred'école est un travailleur productif nonseulement quand il façonne d'enfantinescervelles, mais quand il se tue lui-même autravail pour enrichir son employeur. Quecelui-ci ait placé son capital dans unefabrique pédagogique plutôt que dans lacharcuterie industrielle ne change rien auxdonnées du problème. La notion de travailleurproductif n'inclut donc nullement le seulrapport entre activité et effet utile, entretravailleur et produit de travail, mais en mêmetemps un rapport social spécifique, né dansl'histoire, qui appose sur le travailleur lesceau de moyen de valorisation immédiat ducapital. Etre travailleur productif n'est doncpas une chance, mais au contraire unedéveine. »

(Marx. Le Capital. Livre I. Ed. Sociales. P.570)

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La seule classe productive de survaleur dans leMPC, c'est la classe ouvrière. Inversement, ondéfinira classe ouvrière l'ensemble social desmoyens directs de valorisation de capital.

La survaleur soutirée peut être absolue ourelative.

Absolue : à travers la prolongation de lajournée de travail au-delà du temps nécessaireà l'ouvrier pour produire l'équivalent de lavaleur de sa force de travail. Elle constitue lefondement général du système capitaliste et lepoint de départ de la production de lasurvaleur relative. Elle s'appuie sur lasoumission formelle du travail au capital etelle est le levier pour la réalisation de lasoumission du travail au capital.

Relative : à travers la compression du travailnécessaire par des méthodes qui permettent deproduire en temps réduit l'équivalent du salaireen prolongeant de la sorte le surtravail. Laproduction de survaleur relative

« ...sous-entend donc un mode de productionspécifiquement capitaliste qui naissespontanément et se développe d'abord avecses méthodes, ses moyens et ses conditions surla base de la subsomption formelle du travailsous le principe du capital. Puis lasubsomption réelle du travail sous le capitalprend la place de la subsomption formelle. »(Id. P. 571)

La production de survaleur comprend larecherche permanente de techniques et decombinaisons de travail nouvelles quiréduisent le temps de travail socialementindispensable à la fabrication de moyens desubsistance de la force de travail. Cetteconstante dans la production capitalisteempêche survaleur absolue et relative des'exclure réciproquement, au contraire :

« ... les méthodes de production de lasurvaleur relative [sont] aussi en même tempsdes méthodes de production de survaleurabsolue. La prolongation démesurée de lajournée de travail est même apparue comme leproduit le plus caractéristique de la grandeindustrie. (...)

D'un certain point de vue, la différence entresurvaleur absolue et survaleur relative semble

être quelque chose de tout simplementillusoire. La survaleur relative est absolue,car elle provoque une prolongation absolue dela journée de travail, au-delà du temps detravail nécessaire à l'existence même dutravailleur. Et la survaleur absolue estrelative, car elle provoque un développementde la productivité du travail, laquelle permetde limiter le temps de travail nécessaire à unepartie de la journée de travail. Toutefois, sil'on observe attentivement le mouvement de lasurvaleur, cette apparence de pareil au mêmese dissipe. Une fois que le mode de productioncapitaliste s'est instauré, et qu'il est devenu lemode de production général, la différenceentre survaleur absolue et survaleur relativedevient perceptible chaque fois qu'il s'agit,tout simplement, d'augmenter le taux desurvaleur. Dans l'hypothèse où la force detravail est payée à sa valeur, nous noustrouvons alors devant l'alternative suivante : àforce productive du travail et degré normald'intensité donnés, le taux de survaleur n'estélevable que par une prolongation absolue dela journée de travail ; et, d'autre part, à limitedonnée de la journée de travail, le taux desurvaleur n'est élevable que par unemodification relative des dimensions de sescomposantes, travail nécessaire et surtravail,laquelle de son côté, si l'on admet que lesalaire ne doit pas descendre en dessous de lavaleur de la force de travail, présuppose unchangement dans la productivité ou l'intensitédu travail. »

(Id. PP. 572-573)

Le mouvement de la survaleur se déroule endeux temps historiquement séparés :

1.° Soumission formelle du travail au capital.

La force productive du travail augmente par lebiais de la coopération à l'intérieur d'un procèsde travail inchangé par rapport à l'artisanat. Lacoopération est, en cette période, le seulfacteur permettant l'extorsion de survaleurrelative. L'accroissement de la survaleur seréalise surtout à travers la prolongation de lajournée de travail : survaleur absolue.

2. Soumission réelle du travail au capital.

Face à la limitation légale de la durée de lajournée de travail et à l'intensité croissante de

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THEORIE

ce dernier, il est de moins en moins possibled'extraire de la survaleur absolue.Parallèlement, la base technique de laproduction est désormais à l'image du capitalet du rapport d'exploitation : elle se transformeperpétuellement afin de consentir unaccroissement de productivité. C'est la base dela survaleur relative.

Bien que survaleur absolue et relativecohabitent tout au long de l'histoire du capital,elles correspondent chacune à une des deuxphases du mode de production capitaliste touten étant liées par l'existence des conditionssociales et naturelles de l'exploitation. Lesforces productives sociales et naturellesdoivent être suffisamment développées pourconcilier la reproduction de la force de travailet la valorisation du capital.

« Le rapport capitaliste naît d'ailleurs sur unsol économique qui est lui-même le produitd'un long processus de développement. Laproductivité donnée du travail qui lui sert debase de départ n'est pas un don de la nature,mais le résultat d'une histoire qui englobe desmilliers de siècles. » (Id. P. 574)

LA PRODUCTION DE LASURVALEUR ABSOLUE ET DELA SURVALEUR RELATIVE :VARIATIONS DE LA GRANDEURRESPECTIVE DU PRIX DE LA FORCE DETRAVAIL ET DE LA SURVALEUR

Le XVIIème chapitre dresse la liste desprincipaux cas de variation de grandeur desprix de la force de travail et de la survaleur. Lavaleur de la force de travail est établie par :

* la valeur de la masse des moyens desubsistance

* les frais de son développement

* ses différences de sexe et de maturité.

Les deux derniers facteurs sont toutefoisexclus de la présente enquête.

« Nous supposons, 1. que les marchandisessont vendues à leur valeur, 2. que le prix de laforce de travail peut bien à l'occasion monterau-dessus de sa valeur, mais jamais descendreen dessous d'elle. Ceci étant supposé, il estapparu que les grandeurs relatives du prix de

la force de travail et de la survaleur étaientdéterminés par trois facteurs : 1. la longueurde la journée de travail ou grandeur extensivedu travail ; 2. l'intensité normale, ou grandeurintensive, du travail qui fait qu'en un tempsdéterminé tel quantum déterminé de travail estdépensé; 3. enfin la force productive dutravail, qui fait qu'en fonction du degré dedéveloppement des conditions de production,le même quantum de travail fournira dans lemême temps un quantum plus au moinsimportant de produits.

(...)

Nous nous contenterons ci-dessous d'exposerles combinaisons principales.

1. Grandeur de la journée de travail etintensité du travail constantes (données), forceproductive du travail variable. Dans cettehypothèse, la valeur de la force de travail et lasurvaleur sont déterminées par trois lois.

Premièrement : la journée de travail degrandeur donnée s'exprime toujours dans lemême produit de valeur, quand bien même il yaurait changement dans la productivité dutravail, et avec elle dans la masse de produitset donc dans le prix de la marchandiseindividuelle. (...)

Deuxièmement : valeur de la force de travailet survaleur en sens inverse l'une de l'autre.Un changement dans la force productive dutravail, augmentation ou diminution, agit ensens inverse sur la valeur de la force detravail et dans le même sens sur la survaleur.(...)

Troisièmement : l'augmentation ou ladiminution de la survaleur sont toujours laconséquence et jamais la raison d'uneaugmentation ou d'une diminutioncorrespondante de la valeur de la force detravail. » (Id. PP. 581-582-584)

La première loi distingue la masse physiquedes produits de leur représentation en valeur.Par une productivité constante, le même tempsde travail équivaut toujours à la même valeur,bien que la répartition physique de cettedernière change avec l'intensité du travail. Ladeuxième loi nous apprend que la forceproductive du travail a un effet direct sur la

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MOUVEMENT COMMUNISTE

quantité de survaleur et inverse sur la valeur dela force de travail. Elle altère ainsi ladistribution de la journée de travail entretravail nécessaire et surtravail.

« Il s'ensuit que l'augmentation de laproductivité du travail abaisse la valeur de laforce de travail et élève par là même lasurvaleur, tandis qu'à l'inverse la diminutionde la productivité élève la valeur de la forcede travail et fait baisser la survaleur.

D'où il ressort que l'augmentation ou ladiminution proportionnelle de la survaleur, àla suite d'une variation donnée de la forceproductive du travail, sera d'autant plusgrande qu'était plus petite, ou sera d'autantplus petite qu'était plus grande à l'origine lapartie de la journée de travail qui s'exprimeen survaleur. »

(Id. PP. 583-584)

La troisième loi sonde le rapport entre letravail nécessaire et le surtravail. Le premierconditionne et détermine la quantité de tempsexproprié gratuitement à l'ouvrier par lecapital. La variation de la quantité de survaleurest fonction de la variation de la valeur de laforce de travail et non le contraire.

« Si donc nous avons vu qu'aucun changementabsolu de la grandeur de la valeur de la forcede travail et de la survaleur n'était possiblesans un changement de leurs grandeursrelatives, il en résulte maintenant qu'aucunchangement de leurs grandeurs de valeursrelatives n'est possible sans un changementdans la grandeur de valeur absolue de la forcede travail.

Ainsi, le prix de la force de travail pourrait,conjointement à une augmentation de la forceproductive du travail, baisser continûmentsans que cesse de s'accroître la masse desmoyens de subsistance des travailleurs. Mais,relativement, c'est-à-dire comparée à lasurvaleur, la valeur de la force de travailbaisserait constamment et l'abîme qui sépareles modes de vie du travailleur et ducapitaliste s'élargirait. »

(Id. PP. 584-585)

C'est la meilleure situation dans laquelle lecapital puisse se trouver, car, en même temps,

survaleur et marchés grandissent, le prix de laforce de travail baisse et la consommationouvrière augmente. Ce contexte est celui dudeuxième après-guerre, où l'expansion ducapital et la paix sociale ont été assuréespendant de longues décennies.

« 2. Journée de travail constante, force productive du travail constante, intensité dutravail variable. »

Si l'intensité ne change pas à la suite d'unevariation de la force productive du travail, ellepeut changer par une variation des rythmes decelui-ci. Pendant une journée aux rythmes plusintenses plus de valeur est produite. A descadences accélérées correspond une plusgrande dépense de force de travail. Une plusforte usure de la force de travail provoque unrenchérissement de son prix.

Pour le capital, la journée de travail plusintense est un moyen pour contourner lafixation légale de sa grandeur extensive et,dans les cas où l'augmentation du prix de laforce de travail ne récompense pas saconsommation plus rapide, pour diminuer lavaleur de la force de travail, donc accroître lasurvaleur.

« 3. Force productive et intensité du travail constante, journée de travail variable.

1. Le raccourcissement de la journée detravail dans les conditions indiquées, c'est-à-dire à force productive et intensité du travaildemeurant égales, laisse inchangée la valeurde la force de travail et donc le temps detravail nécessaire. Elle raccourcit lesurtravail et la survaleur. En même temps quela grandeur absolue de cette dernière baisseaussi sa grandeur relative, c'est-à-dire sagrandeur par rapport à la grandeur de valeurde la force de travail qui demeure égale. C'estseulement en faisant pression sur son prixpour le faire descendre en dessous de savaleur que le capitaliste pourrait s'en tirersans dommages.

Toutes les argumentations traditionnellesdéployées contre le raccourcissement de lajournée de travail sous-entendent que cephénomène se produit dans les conditionsprésupposées ici, alors qu'à l'inverse, dans laréalité, le changement dans la productivité et

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THEORIE

l'intensité du travail ou bien précède ou biensuit immédiatement le raccourcissement de lajournée de travail.

2. Allongement de la journée de travail : (...)Si la journée de travail est allongée (...) et quele prix de la force de travail demeureinchangé, la grandeur relative de la survaleurs'accroîtra en même temps que sa grandeurabsolue. Bien que la grandeur de valeur de laforce de travail demeure inchangéeabsolument, elle baisse relativement. Dans lesconditions de 1, la grandeur de valeur relativede la force de travail ne pouvait changer sansque change sa grandeur absolue. Ici aucontraire, le changement de grandeur relativedans la valeur de la force de travail est lerésultat d'un changement de grandeur absolude la survaleur.

Comme le produit de valeur dans lequels'exprime la journée de travail croît avec laprolongation de celle-ci, le prix de la force detravail et la survaleur peuvent croîtresimultanément, que l'incrément soit ou ne soitpas le même pour l'une et l'autre. Cettecroissance simultanée est donc possible dansdeux cas, en cas d'allongement absolu de lajournée de travail, et en cas d'intensitécroissante du travail sans cet allongement.

Avec une journée de travail allongée, le prixde la force de travail peut tomber en dessousde sa valeur, tout en restant nominalement lemême, voire en augmentant. (...)

Jusqu'à un certain point, la plus grande usurede force de travail indissociablement liée à laprolongation de la journée de travail peut êtrecompensée par un remplacement plus grand.Au-delà de ce point, la progression de l'usureest géométrique et toutes les conditionsnormales de reproduction et de mise enoeuvre même de la force de travail sontdétruites.

Le prix de la force de travail et son tauxd'exploitation cessent d'être des grandeurscommensurables entre elles.

4. Variations simultanées de la durée, del'intensité et de la force productive du travail.

(...) Nous ne prenons en compte ici que deuxcas importants.

1. Force productive qui diminuesimultanément à un allongement de la journéede travail.

Quand nous parlons ici de diminution de laforce productive du travail, il s'agit debranches dont les produits déterminent lavaleur de la force de travail, donc, parexemple, de force productive du travail quidiminue à la suite d'une diminution de lafertilité du sol et du renchérissement desproduits de la terre qui en résulte.

Quand il y a diminution de la force productivedu travail simultanément à un allongement dela journée de travail, la grandeur absolue dela survaleur peut donc demeurer inchangée,cependant que sa grandeur proportionnellebaisse ; et sa grandeur proportionnelle peutdemeurer inchangée cependant que sagrandeur absolue s'accroît, enfin, selon ledegré de prolongation, l'une et l'autre peuvents'accroître. »

(Id. PP. 590-591)

« 2. Augmentation de l'intensité de la forceproductive du travail, simultanément à unraccourcissement de la journée de travail :

D'un côté, l'élévation de la force productivedu travail et l'accroissement de son intensitéagissent dans le même sens. L'une et l'autreaugmentent la masse de produit visée danschaque segment de temps, et raccourcissentdonc la partie de la journée de travail dont letravailleur a besoin pour produire ses moyensde subsistance ou leur équivalent. La limiteminimale absolue de la journée de travail estconstituée par cette partie d'elle-même qui estnécessaire, mais contractable. Si toute lajournée de travail se rétrécissait jusqu'à ceniveau, la survaleur disparaîtrait, ce qui, sousle régime du capital, est impossible. »

(Id. P. 592)

Ce deuxième cas correspond à la phase de lasoumission réelle où science, technique etnature sont incorporées directement à laproduction. La limitation de l'extension de lajournée de travail est une conséquence del'intensité accrue du travail par la révolutionpermanente de la base technique etl'augmentation régulière des rythmes de travail

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MOUVEMENT COMMUNISTE

de l'ouvrier scandés par ceux du système desmachines. Les chantres du MPC présentent laréduction de la journée de travail comme uneconquête ouvrière contre l'exploitation-comme si la richesse nouvellement créée étaitpartagée équitablement sous forme dedavantage de biens de consommationdisponibles pour tous- et un allégement dupoids du travail salarié. De là viennent lesidéologies « modernistes » sur l'intégration, lagraduelle disparition et la transformation de laclasse ouvrière en couche moyenne.

Le programme communiste répond depuis plusde cent ans à cette mystification des rapportsantagonistes de production en dévoilant lesecret de la production capitaliste : la loi de lavaleur et de la survaleur. L'immense progrèsdes forces productives du travail social permetau capital de ne pas être mortellement blessépar la réduction de la journée de travail. Danscertaines limites, au contraire, celle-ci reflètela nécessité de pouvoir intensifier le travail. Laréduction « compatible » du temps de travail,par exemple les 35 heures hebdomadaires,n'exclut pas, au contraire, implique:

* l'extension du travail en heuressupplémentaires, du travail à domicile, dutravail « illégal » et précaire (temps partiel,travail à temps déterminé);

* l'accroissement de la ductilité et de lamobilité de la force de travail. Elle oscilleentre le plein emploi, la sous-occupation et lechômage en passant par des changements demansion, d'entreprise et de secteur;

* l'accélération des cadences et lamultiplication des mansions.

Si elle ne vise pas la limite minimale absoluede la journée de travail, dans tous les secteurset aires géographiques, sans contrepartie enflexibilité, rythmes et mansions accrus, la lutteouvrière restera prisonnière de la mythologieréformiste affirmant que la bataille pour, parexemple, les 35 heures possède la même valeurpolitique et syndicale que les agitations dusiècle dernier pour les 12, 10 et 8 heuresjournalières.

Ces manifestations ouvrières étaient inspiréespar la méthode classiste de lutte -prolétariatcontre bourgeoisie- et avaient une valeur

révolutionnaire puisque -même en étant avanttout des luttes de défense (lutteséconomiques)- elles ont eu lieu à un momenthistorique à cheval entre les deux phases duMPC (soumission formelle et réelle).

Aujourd'hui la production se déroulemondialement dans le cadre de la deuxième etdernière phase du mode de productiondominant. L'immense force productiveaccumulée s'oppose de façon décisive à la lutteclassiste. La réduction du temps de travail,dans les conditions que l'on a exposées, estpossible et même périodiquementindispensable pour la continuation du mode deproduction actuel. La longue période decontre-révolution -encore en cours malgré lesfêlures grandissantes dans la cuirassecapitaliste- n'a pas vu s'affirmer, dans lemouvement révolutionnaire actuel, un bilanexhaustif de la nature et des limites dumouvement ouvrier jusqu'aux années vingt. Ilen découle, pour la question traitée, d'un côté,la reproposition machinale, poursuivie plusdurement, des objectifs syndicaux officiels etde l'autre la création pure de programmesultra-révolutionnaires et de « nouvelles »méthodes de lutte. A propos des « 35 heures »,les premiers en épousent entièrement lecontenu réformiste, les seconds nient en blocl'opportunité de la lutte défensive et toutegradualité revendicative. Pour le particommuniste réduit à son expression historique,toute lutte ouvrière est un objet d'attention,d'intérêt et de critique constants. Il ne secantonne pas à l'appuyer ou bien à la nier mais,dans les limites de ses forces et dans le respectrigoureux de la priorité absolue donnée àl’œuvre de restauration du programme, il y meten évidence les contours politiques etéconomiques à la lumière de la connaissanceprécise du MPC dans ses deux phases. Celadit, le travail en cours tend à démontrer querien n'a changé dans la substance del'exploitation. Mais le passage à la soumissionréelle explique l'aisance du capital dans lacooptation, historiquement transitoire, duprolétariat du centre capitaliste -par le biaisdes partis « ouvriers » officiels- etl'affaiblissement -parfois la disparition- de lalutte économique. Il tend aussi à prouver quela théorie communiste prévoit scientifiquement

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THEORIE

toute modification importante du MPC etfournit en même temps toutes les armesdoctrinales et pratiques pour l'enterrer. Lathéorie est science révolutionnaire, nécrologiede la société classiste et projet de la sociétéfuture.

« L'élimination de la forme de productioncapitaliste permet de restreindre la journée detravail au seul travail nécessaire. Mais celui-ci, tous autres facteurs demeurant les mêmespar ailleurs, étendrait alors son espace. D'unepart, parce que les conditions de vie dutravailleur seraient plus opulentes et sesattentes de l'existence plus ambitieuses.D'autre part, une partie du surtravail actuelcompterait dans le travail nécessaire, à savoirla part de travail requise pour l'obtention d'unfonds social de réserve et d'accumulation.Plus la force productive du travail s'accroît,plus on peut raccourcir la journée de travail,et plus la journée de travail est abrégée, plusl'intensité du travail peut s'accroître. Du pointde vue social, la productivité du travailaugmente aussi avec l'économie qu'on en fait.Celle-ci n'implique pas seulement qu'onéconomise les moyens de production, maisqu'on évite toute espèce de travail inutile.Alors que le mode de production capitalistecontraint à faire des économies dans touteentreprise individuelle, son système deconcurrence anarchique engendre les plusimmenses gaspillages des moyens sociaux deproduction et de forces de travail, en mêmetemps qu'un nombre faramineux de fonctionsaujourd'hui indispensables, mais en soitotalement superflues. A intensité et forceproductive du travail données, la partie de lajournée de travail nécessaire à la productionmatérielle est d'autant plus courte, et donc lapartie de travail conquise pour desoccupations libres, spirituelles et sociales desindividus est d'autant plus grande que letravail est plus uniformément réparti entretous les membres de la société en mesure detravailler et qu'il est moins possible qu'unecouche de la société se défasse de la nécessiténaturelle du travail pour en accabler uneautre couche sociale. Dans cette perspective,la limite absolue du raccourcissement de lajournée de travail est la généralisationuniverselle du travail. Tandis que dans la

société capitaliste, on produit du temps librepour une classe en transformant tout le tempsde vie des masses en temps de travail. »

(Id. PP. 592-593)

Les traits de l'activité productive dans lacommunauté humaine libérée de l'antagonismedes classes seront :

* limitation de la journée de travail

* extension du travail nécessaire afin desatisfaire les besoins physiques et intellectuelsgrandissants de l'homme social et d'assurer unfond social de réserve et d'accumulation

* économie sociale des moyens de production

* suppression des travaux inutiles

* redistribution du travail parmi tous lesmembres aptes de la société

* obligation générale au travail.

LA PRODUCTION DE LASURVALEUR ABSOLUE ET DE LASURVALEUR RELATIVE : DIVERSESFORMULES DU TAUX DE SURVALEUR

Le dernier chapitre commenté dans cette étudeest le XVIIIème. Deux séries de formules dutaux de survaleur sont élaborées par les classesdécisives du MPC.

Du côté de la théorie du prolétariat

Survaleur Survaleur survaleurCapitalvariable

valeur de la forcede travail

temps nécessaire

Du côté de l'économie politique classique

Surtravail Surtravail surtravailJournée de travail valeur du produit produit global

« Dans toutes ces formules [de l'économiepolitique classique] le taux réel d'exploitationdu travail ou taux de survaleur est exprimé defaçon erronée. (...)

Ces formules dérivées expriment en fait laproportion selon laquelle la journée detravail, ou son produit de valeur, se diviseentre le capitaliste et le travailleur. C'estpourquoi, si on les considère commeexpressions immédiates du degréd'autovalorisation du capital, on obtient alorscette loi fausse : le surtravail ou la survaleurne peuvent jamais atteindre 100%. (...).

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MOUVEMENT COMMUNISTE

En exposant la survaleur et la valeur de laforce de travail comme fractions du produit devaleur (...) on occulte le caractère spécifiquedu rapport capitaliste, à savoir l'échange ducapital variable contre la force de travailvivante et son corollaire ; le travailleur excludu produit. Ce qui vient prendre sa place c'estla fausse apparence d'un rapportd'association, dans lequel le travailleur et lecapitaliste partageraient le produitproportionnellement aux différents facteursqui le constituent. »

(Id. PP. 594-595-596)

L'égalité et la liberté entre ouvriers et patronsne franchissent pas le seuil de la fabrique maisexistent seulement sur le marché du travail.Dès que le contrat est conclu entre l'acheteur etle vendeur de la force de travail, ce dernier n'aplus aucun pouvoir sur la marchandise vendue.Elle est employée dans la production parl'acheteur de façon à lui rendre, outre savaleur, de la valeur nouvelle.

Le noyau de la revendication capitaliste de laflexibilité de la force de travail repose sur cesfaits.

« Le capital n'est donc pas seulement uncommandement exercé sur du travail, commele dit A. Smith. Il est essentiellementcommandement sur du travail non payé. Toutesurvaleur, sous quelque figure particulière,profit, intérêt, rente, etc. qu'elle se cristalliseultérieurement, est en sa substancematérialisation de temps de travail non payé.Le secret de l'autovalorisation du capital sedénoue en ce point, dans le fait qu'il disposed'un quantum déterminé de travail d'autruinon payé. » (Id. P. 598)

La loi générale du MPC -la loi de la valeur etde la survaleur- constitue le mystère del'autovalorisation du capital.

EXTORSION DE PLUS-VALUERELATIVE ET DE PLUS-VALUEABSOLUE DANS LA PHASE DE LAGRANDE INDUSTRIE.

« Le capital productif, ou le mode deproduction correspondant au capital, ne peutêtre que double : manufacture ou grandeindustrie. Dans la première c'est la division du

travail qui prédomine, dans la seconde c'est lacombinaison des forces de travail (avec unmode de travail uniforme) et l'utilisation de lapuissance scientifique où la combinaison, etpour ainsi dire l'esprit collectif du travail,sont transférés à la machine. »

(Marx. Grundrisse. Tome 2. P. 76. Ed.Sociales.)

« C'est seulement au 19ème siècle, dans lesdernières décennies plus précisément, que sedéveloppent les sciences qui fournissentdirectement à un haut degré des basesspécifiques aussi bien à l'agriculture qu'àl'industrie, la chimie, la géologie, laphysiologie. »

(Marx. Théories sur la plus-value. Tome 2.P.P. 116-117 id.)

Machinerie et formes de la plus-value.L'essor de la grande industrie, phase mûre ducapital industriel, est étroitement associé àl'incorporation à une échelle massive dessciences à la production. Pour cela il estnécessaire que leur développement et leurdiffusion aient atteint un niveau suffisant; deson côté la technologie c'est l'ensemble desdisciplines, procédés, outils scientifiquesappliqués à la production, au procès de travailcapitaliste.

« Dans la manufacture cette utilisation àgrande échelle des forces de la naturen'apparaît qu'avec le développement de lagrande industrie. ».

(Marx. Théories sur la plus-value. T1. P. 37id.)

La science, produit du développementhistorique universel dans sa quintessenceabstraite, prend le signe du capital dès quecelui-ci investit la production de marchandises.Maintenant elle apparaît comme forceproductive du capital; en réalité elle est issuede la croissance historique des forcesproductives et du bond qu'elles opèrent avecl'instauration du MPC.

Le producteur spécifique de science et detechnologie capitalistes c'est le travailintellectuel, son producteur général étant letravail social dans sa forme capitaliste, c'est-à-

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THEORIE

dire fondé sur la séparation du producteur desmoyens de production et sur ladivision/opposition du travail manuel etintellectuel.

Le capital sort de la scission sociale entresavoir et faire, typique des sociétésantagoniques pré-capitalistes, par lasocialisation du travail, la coopérationproductive sociale.

D'autre part c'est bien le capital qui poussejusqu'aux ultimes retranchements la séparationentre main et cerveau. Le travail intellectuelsubordonné au MPC s'applique à lareproduction du capital et au façonnage desconditions objectives et subjectives de laproduction en allant dans le sens de laproduction maximale de plus-value, de lavalorisation la plus élevée de la valeur-capital.

Le travail intellectuel en tant que producteurspécifique de technologie devient ainsi hostileau travail manuel et en général au travailexécutif; il en est l'ordonnateur direct et/ouindirect pour le compte du MPC. Parconséquent, travail social etdivision/opposition entre fonctions de travail(manuelle et intellectuelle) sont deux aspects,concomitants et s'approfondissant de concert,du même mouvement du capital commerapport de production déterminé.

« La coopération par division du travail quicaractérise la manufacture, réapparaît ici(dans la grande industrie) commecombinaison de machines d'opérationsparcellaires. »

(Marx. Le Capital. Livre 1. Tome 2. 4ème

section. Chapitre 15. P .65. id.)

Ce n'est pas la machine isolée mais le systèmedes machines, le machinisme, qui caractérisele procès de travail propre à la grande industrieet à sa forme élémentaire, la fabrique moderne.Dans la machine prend corps la scienceappliquée à la production, la technologie.

« Cependant le développement de lamachinerie par cette voie n'intervient qu'àpartir du moment où la grande industrie adéjà atteint un degré supérieur et oùl'ensemble des sciences ont été capturés etmises au service du capital; et d'un autre côté,

à partir du moment où la machinerie existanteelle-même offre déjà des grandesressources. »

(Marx. Grundrisse. Tome 2. P. 192. Ed.Sociales.)

Le processus de surgissement du machinismepasse par la division manufacturière du travaildont la dynamique implique le déplacementprogressif de l'activité manuelle du travailvivant vers le travail objectivé. Désormaisl'outil de travail n'est plus mû par l'homme etl'essentiel des actions productives se déroulesous l'impulsion et en vertu dudémultiplicateur de forces mécanique.

« Mais cela n'est pas la voie par laquelle lemachinisme a surgi dans son ensemble, etencore moins celle par laquelle elle progressedans le détail. Cette voie est celle de l'analysequi, par la division du travail, transforme lesopérations des ouvriers en opérations déjà deplus en plus mécanisées, si bien qu'à uncertain point le mécanisme peut prendreplace. Donc ici le mode de travail déterminéapparaît directement transposé de l'ouvrier aucapital sous la forme de la machine, et lapuissance de travail de l'ouvrier apparaîtdévalorisée par cette transposition. D'où lalutte de l'ouvrier contre les machines. Ce quiétait activité du travailleur vivant devientactivité de la machine. L'ouvrier voit ainsi sedresser face à lui de manière crûment tangiblel'appropriation du travail par le capital, lecapital absorbant en lui le travail vivant« comme s'il avait l'amour au corps ». »

(Marx. Grundrisse. Tome 2. P. 192. Ed.Sociales.)

La stimulation à l'introduction massive demachines réside dans la tension versl'accumulation maximale de capital et saréalisation est consentie par la croissanceincessante des forces productives du travailsocial. Son résultat c'est la diminution,relativement au surtravail, du travailnécessaire, ou, du point de vue de la valeur-capital, de la partie du capital total qui estconsacrée aux salaires par rapport à celle quiest destinée aux moyens de production.

« Comme nous l'avons vu la tendancenécessaire du capital est l'accroissement de la

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MOUVEMENT COMMUNISTE

force productive et la négation maximale dutravail nécessaire. Et la réalisation de cettetendance c'est la transformation du moyen detravail en machinerie... Le développement dumoyen de travail en machinerie n'est pasfortuit pour le capital, mais il est laréorganisation historique du moyen de travailtraditionnel légué par le passé qui se voitremodelé de manière adéquate au capital. »

(Marx. Grundrisse. Tome 2. P. 186. id.)

La grande industrie se distingue par l'existencede la base matérielle spécifique du MPC, lesystème de machines; du point de vue de lavaleur, de la forme d'échange, ceci comporte lacroissance relative et absolue du capital fixe.

La grandeur du capital fixe, composante enprogrès incessant du capital constant, et sonrapport au capital variable qui achète la valeurd'usage nécessaire à mettre en mouvement leséléments dans lesquels il s'incarne, sont lamesure exacte du niveau atteint par le MPCainsi que de sa réalisation historique.

« La machinerie apparaît donc comme laforme la plus adéquate du capital fixe et lecapital fixe, pour autant que le capital estconsidéré dans sa relation à lui-même, commela forme la plus adéquate du capital engénéral. »

(Marx. Grundrisse. Tome 2. P. 186. id.)

Par l'insertion généralisée des machines dansle procès de travail le capital mobilise letravail objectivé pour accroître la puissance deproduction du travail vivant; mais uniquementà la condition que cela serve au renforcementde la valorisation du capital existant, c'est-à-dire à la création d'un plus grand capitaladditionnel que celui que l'on obtenait sur labase de la force productive passée.

« Ce qui est caractéristique (de la machinerie)c'est l'économie de travail nécessaire et lacréation de surtravail. L'accroissement de laproductivité du travail s'exprime dans le faitque le capital a moins de travail nécessaire àacheter pour créer la même valeur et de plusgrandes quantités de valeurs d'usage, ouencore dans le fait qu'un travail nécessairemoindre crée la même valeur d'échange,

valorise plus de matériau et produit une plusgrande masse de valeurs d'usage. »

(Marx. Grundrisse. Tome 1. P. 327. id.)

Or, étant donné que le principal résultat del'augmentation de la productivité du travailc'est l'extorsion d'une plus grande plus-valuerelativement au capital variable, étant donnéque le machinisme permet un essor sansprécédent de la plus-value relative, la grandeindustrie doit être considérée, du point de vuedu cours historique de la valorisation, commela phase où prédomine l'extorsion de plus-value relative.

« C'est le surtemps absolu qui domine dans lamanufacture, non le surtemps relatif. »

(Marx. Grundrisse. Tome 2. P. 78. Ed.Sociales.)

« Mais c'est dans la seconde forme de plus-value, la forme de plus-value relative, qui, entant que développement de la force productivedes ouvriers, apparaît, si l'on se réfère à la jt(journée de travail) comme diminution dutemps de travail nécessaire, et si l'on se réfèreà la population, comme diminution de lapopulation ouvrière nécessaire (c'est la formecontraire -à celle de la manufacture, à la plus-value absolue n.d.r.-), c'est dans cette secondeforme qu'apparaît immédiatement le caractèreindustriel et historiquement spécifique dumode de production fondé sur le capital. »

(Marx. Grundrisse. Tome 2. P. 257. Ed.Sociales.)

« Avec l'utilisation de la machinerie le tempsde surtravail relatif croît, non seulement parrapport au temps de travail nécessaire, etdonc relativement comme l'agrégat de tempsde travail, mais le rapport au temps de travailnécessaire croît, tandis que l'agrégat detravail diminue, c'est-à-dire le nombre dejournées de travail simultanées (par rapportau temps de surtravail). »

(Marx. Grundrisse. Tome 2. P.P. 319-320. Ed.Sociales.)

Le capital, puisque la machinerie lui permetd'extorquer plus de plus-value relativement àun capital variable d'une grandeur donnée,tente de s'émanciper du travail nécessaire et

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THEORIE

des travailleurs salariés productifs tout enaugmentant le volume de la production dansun temps donné et le capital additionnelaccumulé.

Cependant l'affirmation du mode deproduction spécifiquement capitalisten'implique ni :

1- la « disparition » de la plus-value absolueou même sa réduction à un épiphénomène,sorte de reliquat de la phase manufacturière. Ilconvient de noter aussi qu'entre plus-valuerelative et absolue, sur le plan strict de leurdéfinition mathématique, elles ne sont pascommensurables car l'une est le rapport entretravail nécessaire et surtravail et l'autre laquantité absolue de surtravail, en principeindépendante de la portion nécessaire de lajournée de travail totale.

« Prolonger la journée de travail au-delà dutemps nécessaire de l'ouvrier pour fournir unéquivalent de son entretien et allouer cesurtravail au capital : voilà la production deplus-value absolue. Elle forme la basegénérale du système capitaliste et le point dedépart de la production de la plus-valuerelative. Là la journée est déjà divisée en deuxparties, travail nécessaire et surtravail. Afinde prolonger le surtravail, le travailnécessaire est raccourci par des méthodes quifont produire l'équivalent du salaire en moinsde temps. La production de plus-value absoluen'affecte pas la durée du travail, la productionde plus-value relative en transformeentièrement les procédés techniques et lescombinaisons sociales. Elle se développe doncavec le MPC proprement dit. »

(Marx. Le Capital. Livre 1. Tome 2. P. 184.Ed. Sociales.)

La plus-value absolue est donc la basegénérale permanente du MPC et le point dedépart, la condition de l'essor de la basespécifique du MPC proprement dit : la plus-value relative.

Ce qui signifie qu'on n'a pas de plus-valuerelative sans plus-value absolue mais aussiqu'on n'a pas forcément un progrès de la plus-value relative par l'extraction de plus-valueabsolue et inversement. Dans le cadre de larelation dynamique entre les deux modalités de

l'exploitation capitaliste nous reconnaissonsles critères et les paramètres de lapériodisation du MPC.

2- l'augmentation de la plus-value relativecomme étant directement et uniquement jaillide l'introduction de nouvelles machines. S'il enétait ainsi ça signifierait, en dernière instance,que seul le travail objectivé, les conditionsobjectives de la production, et non pas aussiles rapports de production, la configurationconcrète du travail, recèle le monopole de lacroissance de la force productive du travail.Aussi les machines et l'organisation du travailauraient la faculté d'être, peut-être même àl'instar de l'homme, productives de plus-value.

3- l'antinomie entre la production de plus-value relative et absolue pour laquelle on seraitsoit en présence de l'extorsion de l'une soit del'autre. Tout schématisme de cet acabit estexclu par la dialectique matérialiste et par lacompréhension de la succession des phases duMPC.

« La tendance du capital est, bien sûr, de lierla plus-value absolue à la plus-value relative;donc allongement maximum de la journée detravail avec nombre maximum de journées detravail simultanées, allant de pair avec laréduction au minimum, d'une part, du tempsde travail nécessaire, d'autre part du nombrenécessaire de travailleurs. »

(Marx. Grundrisse. Tome 2. P. 258. id.)

De par sa soif inextinguible de capitaladditionnel et d'extra-profits (valorisationsupérieure à la moyenne), le capital estindifférent aux modalités de l'exploitation. Enprincipe, ça n'a pas d'importance que lacroissance de la plus-value soit à imputer àl'extension du temps de travail absolu ou -àdurée de la journée de travail constante- àl'extension du temps de surtravail. Sonexpérience de l'exploitation et de ses modalitésest, en revanche, déterminée par laconfrontation à la lutte ouvrière qui, à uninstant précis, lui impose de « choisir », demobiliser ses ressources -c'est-à-dire d'investirla valeur-capital- en vue d'accroître l'une oul'autre forme d'exploitation.

Donc, à posteriori, la détermination dumoment de ce « choix » ne lui est ce coup-ci

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MOUVEMENT COMMUNISTE

guère indifférente car son inclination innée à lavalorisation maximale le force à la repousserle plus loin possible. La connaissancescientifique de la plus-value relative et absoluelui est étrangère tout comme du reste celle dela plus-value tout court.

Il faut cependant reconnaître que la perceptionmatérialiste du rapport et des différences entreles deux formes canoniques de l'exploitationn'est pas parmi les plus simples à acquérir. Eneffet, comme l'explique si bien la citation quisuit, la plus-value relative est dans une certainemesure absolue et inversement.

« Naturellement, toute plus-value absolue estdans un sens relative. Le travail doit êtresuffisamment productif pour que l'ouvrier nesoit pas obligé d'employer tout son temps à semaintenir en vie. Mais à partir de làcommence la différence. »

(Marx. Théories sur la plus-value. Tome 2. P.9. Ed. Sociales.)

In fine, si plus-value relative et absolue ne sontcertainement pas en relation antinomique -oupire antagonique-, si une productivité socialedu travail vivant suffisante est le présupposéde l'extraction de plus-value absolue (onpourrait tout aussi bien dire de l'exploitationcapitaliste en tant que telle), et si la division dutemps de travail absolu en travail nécessaire eten surtravail constitue le propre fondement del'extraction de plus-value relative, elles nerestent pas moins, plus-value relative etabsolue, deux facettes différentes,historiquement contradictoires et successivesde l'exploitation. Leur réciprocitécontradictoire est assujettie aux loisdéterminées du développement du rapport decapital. Jusqu'ici on s'est cantonné à l'analysematérialiste des modalités de l'exploitation àpartir de la catégorie de capital total, il nousreste maintenant à parachever cette partie dutravail par l'étude du mouvement des capitauxindividuels et des moments distincts du cycleéconomique de la valeur-capital.

PHASES ET FORMES DE LACOOPÉRATION SOCIALECAPITALISTE ET MODALITÉS DEL'EXPLOITATION.

« On s'interroge ici sur la force productive dutravail -par conséquent sur la réduction dutemps de travail nécessaire, la prolongationdu temps de surtravail- dans la mesure où elleest elle-même un produit de la productioncapitaliste (de la production sociale engénéral). Les formes principales sont :coopération, division du travail et machinerieou application de la puissance scientifique. »

(Marx. Manuscrits 1861-1863. P. 264. id.)

« La coopération est la forme générale qui està la base de tous les arrangements sociauxvisant à l'augmentation de la productivité dutravail social... Mais la coopération est elle-même en même temps une forme particulièreexistant à côté de ses formes plus développéeset mieux spécifiées (de la même façon qu'elleest une forme qui englobe et détermine sesdéveloppements antérieurs). »

(Marx. Manuscrits 1861-1863. P. 264. Ed.Sociales.)

Le premier stade de la coopération socialecapitaliste, la coopération simple, contient déjàla possibilité de son propre dépassement parl'accroissement de la productivité du travail.Elle donne une impulsion à la création de plus-value relative et correspond au premier niveaude réalisation du MPC.

Par elle le capital démarre le processus desubsomption du procès de travail; lacoopération simple doit par conséquent êtreconsidérée comme le premier pas franchi parle capital vers la soumission réelle du procèsde travail au capital, en direction du mode deproduction spécifiquement capitaliste.

Avant même l'incorporation à la productiond'outils de travail issus de la productioncapitaliste, la coopération simple modifie lesprocédés de fabrication dans un sens qui estpropre au capital; ce fait est, à ce stade, lasource quasi-exclusive de l'augmentationrelative de la plus-value.

« Ceci (la coopération simple) constitue lepremier niveau où la subsomption du travailsous le capital n'apparaît plus comme unesubsomption simplement formelle, maistransforme le mode de production lui-même, etfait que le MPC est un MP spécifique. »

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THEORIE

(Marx. Manuscrits 1861-1863. P. 272. Ed.Sociales.)

Le stade développé de la coopération socialecapitaliste, qui est également une formeparticulière de la coopération sociale engénéral, c'est la division du travail dont laforme productive spécifique est la grandemanufacture.

La grande manufacture se trouve en oppositiondialectique à la fabrique qui est, elle, la formeproductive propre à la machinerie à l'époquede la grande industrie(1) .

Plus encore que la coopération simple ladivision du travail agit dans le sens de ladépréciation de la marchandise force de travailet de la réduction relative du capital variableemployé; même si, à cette hauteur du cours ducapitalisme, le moyen prioritaire devalorisation reste la prolongation de la journéede travail, l'allongement absolu du temps detravail.

« La division du travail est une formeparticulière, spécifiée, plus développée de lacoopération, un moyen puissant d'élever laforce productive du travail, d'accomplir lemême ouvrage dans un temps de travail pluscourt, donc de réduire le temps de travailnécessaire à la reproduction de la puissancedu travail et de prolonger le temps desurtravail. »

(Marx. Manuscrits 1861-1863. P. 274. id.)

« La manufacture (par opposition à l'ateliermécanique ou la factory, la fabrique) est lemp, ou la forme d'industrie, qui correspondspécifiquement à la division du travail. Elleapparaît de façon autonome, comme la forme

(1) « Dans la théorie de Marx, le terme grandeindustrie mécanique est réservé à un stade biendéterminé du capitalisme dans l’industrie, trèsprécisément à son stade supérieur... La grandeindustrie mécanique est le dernier mot ducapitalisme, le dernier mot de ses facteurs négatifset de ses « éléments positifs ». »(Lénine. Le développement du capitalisme enRussie (1899). P. 419. Ed. Sociales).« Cette dernière (la manufacture) ne constituequ’une phase de développement sur le chemin de lapremière (la grande industrie). »(Marx. Théories sur la plus-value. Tome 2. P. 700.Ed. Sociales).

la plus développée du MPC avant l'inventionde la machinerie proprement dite (bien quedéjà il y ait emploi de machines et notammentde capital fixe). »

(Marx. Manuscrits 1861-1863. P. 313. Ed.Sociales.)

Partant, la production de plus-value relative(2) ,qui, au demeurant, n'est pas une propriété duseul machinisme :

1- connaît un certain développement avec lamise en place de la coopération simplecapitaliste -première phase de la manufacture;

2- croît à une échelle nettement supérieure(sans pour autant encore entamer laprédominance de l'extorsion de la plus-valueabsolue) durant la période de la division dutravail -phase mûre de la manufacture;

3- progresse sans commune mesure par rapportaux deux stades de la manufacture parl'application déployée de la science à laproduction capitaliste dans les systèmes demachines des ateliers mécaniques -phaseultime du capitalisme dite de la grandeindustrie.

Cependant, d'un autre côté, la machinerieprésuppose et nécessite l'étape de lacoopération simple encore plus que la divisiondu travail car

« il est essentiel que dans l'atelier mécanique(forme la plus développée de l'emploicapitaliste de la machinerie) de nombreusespersonnes fassent la même chose, c'est mêmeson principe fondamental. »

(Marx. Manuscrits 1861-1863. P. 338. id.).

Toutefois l'analogie entre manufacture àcoopération simple et atelier mécanisé de lagrande industrie s'arrête là : la premièrecomme le deuxième connaissent une faibledivision du travail ou plus précisément ledeuxième réduit les actes et les fonctions desouvriers à des mouvements singuliers répétitifs

(2) « La nature et la loi de la plus-value relative : àsavoir qu’en conséquence de l’accroissement de laproductivité, une plus grande partie de la journéede travail est appropriée par le capital. »(Marx. Manuscrits 1861-1863. P. 260. Ed.Sociales).

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MOUVEMENT COMMUNISTE

qui se ressemblent tous. En revanche leprocessus de simplification des opérations defabrication est loin d'être au même niveau dansles deux cas.

La réduction au travail simple du travailcomplexe est un phénomène qui a laparticularité de se développer grandement ensoumission réelle du travail au capital.

Aussi la machinerie

« présuppose originellement comme conditiond'existence la manufacture basée sur ladivision du travail dans la mesure où lafabrication des machines elle-même -doncl'existence de la machine- dépend d'un atelierdans lequel la division du travail esttotalement appliquée. »

(Marx. Manuscrits 1861-1863. P. 338. id.)

La différence entre d'un côté le machinisme etde l'autre la coopération simple et la divisiondu travail en tant que formes particulièresd'existence du MPC, se situe également auniveau de la source, du contenu du premier àl'égard des seconds.

Le machinisme, non seulement mobilise biendavantage la force productive du travail socialen opposition au travail individuel isolé, maisencore, il transforme les forces naturellessimples en puissances du travail social. Et ce,tandis que coopération simple et division dutravail se bornent à exprimer uniquement dansla forme capitaliste les forces naturellesgratuites du travail social. Le machinismefaçonne et multiplie la puissance intrinsèquedu travail social par la finalisation etl'évocation productive de toutes les forcesnaturelles connues.

« La machinerie est donc, à la différence de lacoopération simple et de la division du travaildans la manufacture, une force productiveproduite; elle coûte; elle rentre en tant quemarchandise (directement en tant quemachinerie ou indirectement en tant quemarchandise qu'il faut consommer, pourdonner à la force motrice la forme souhaitée)dans la sphère de la production, où elle agitcomme machinerie, comme une partie ducapital constant. »

(Marx. Manuscrits 1861-1863. PP. 339-340.Ed. Sociales.)

Le capital trouve toute faite en l'homme lafaculté à la production associée, elle est pourainsi dire gratuite, fournie avec la force detravail, il lui suffit de la plier à ses fins.

Ultérieurement la mise au travail de la naturedemande des applications et des instrumentsobjectifs produits comme marchandises quiont la capacité d'enfermer les forces naturellesdans la grille de la production capitaliste, deles transformer, au même titre que l'homme, enforces productives du capital.

Ces instruments et ces applications spécialesce sont les machines; elles ne sont nullementdisponibles gratuitement et le capital doitimpérativement s'employer à les produire à unegrande échelle.

Si l'on se place maintenant du point de vue dutravail social, et sur la base de ces ultimesconsidérations, on peut affirmer que, tandisque la coopération lui est consubstantielle entoutes circonstances, en tout rapport productifsocial dès lors qu'il atteint un certain degré desforces productives de la société, le machinismene peut être que son prédicat capitaliste. Lemachinisme c'est la forme pure, achevée de lacoopération productive de la société dominéepar le capital.

CAPITAUX INDIVIDUELS,CONCURRENCE ET PLUS-VALUE.

L'introduction massive de nouvelles machinesprovoque en tous temps une condensation de lajournée de travail pour les ouvriers qui lesemploieront mais aussi pour ceux quitravaillent encore avec les anciens outils detravail la situation ne restera pas invariée.L'apparition de nouvelles machines à un autreendroit de la production sociale accélère levieillissement « moral » des instruments detravail antérieurs, c'est-à-dire accroît le rythmede dépréciation des moyens de productionanciens.

Afin de faire face à la nouvelle dévalorisationde leur capital fixe, les capitalistes qui n'ontpas pu moderniser leur parc de machines, fautede capitaux additionnels suffisants ou, plusbanalement, faute d'initiative capitaliste,

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THEORIE

poussent à l'extension du temps de travailabsolu, de la durée de la journée de travail.

De telle façon, et en supposant que lacirculation ait lieu sans entrave, on peutaugmenter la plus-value et son taux donc lecapital additionnel et réaliser plus rapidementle capital avancé, en particulier sa partie fixe.Le capital individuel est toujours plus presséde retourner en possession du capitalmonétaire anticipé et, en premier chef et àmesure de sa croissance rapportée aux autresfractions du capital total, du capital fixe.

« Une des premières conséquences del'introduction de nouvelle machinerie, avantqu'elle soit devenue dominante dans sabranche de production, est la prolongation dutemps de travail des ouvriers qui continuent àtravailler avec les anciens moyens deproduction imparfaits. Bien qu'elle soit vendueau-dessus de sa valeur individuelle, c'est-à-dire au-dessus du quantum de temps de travailcontenu en elle-même, la marchandiseproduite avec la machine est vendue au-dessusde la valeur sociale générale des mêmessortes de produits. Le temps de travailsocialement nécessaire pour la production decette marchandise déterminée a donc baissé,mais pas celui des ouvriers travaillant avecles anciens instruments de production. »

(Marx. Manuscrits 1861-1863. P. 345.)

Là où font leur première apparition lesnouvelles machines la productivité majorée dutravail -résultat et fin du progrèstechnologique- permet, pendant le temps quiprécède leur généralisation à toute la sphère deproduction concernée, la récupération d'extra-profits. Les marchandises produites en plusgrand nombre dans l'unité de temps peuventêtre vendues à un prix de marché moindre quecelui pratiqué par les concurrents car ellescontiennent une valeur moindre. Dans ce cas laplus-value réalisée ne baissera pas et même ily aura extra-profit.

Cependant, d'après la loi de fonctionnement(réalisation) du capital total, c'est-à-dire lemouvement concurrentiel des capitauxindividuels, et d'autant plus rapidement que laconcentration de capital est élevée, lescapitaux individuels en retard technologique

de la branche rattraperont ceux qui sont enavance. Ils seront alors eux aussi à même dediminuer leurs prix de marché sans renoncer àune portion de plus-value.

De plus la généralisation des nouvellesmachines induira la baisse de leur valeur et deleurs prix de marché car la production en plusgrande série favorisera un retour relativementplus accéléré du capital avancé pour lesfabriquer.

A l'instant même de la « banalisation » desnouveaux procédés et machineries les extra-profits disparaîtront. Pourtant, la quêteperpétuelle de nouveaux extra-profits de lapart des capitaux singuliers devra encore ettoujours se traduire ou bien parl'intensification des rythmes de travail ou bienpar l'application à la production d'autres etinédits acquis scientifiques.

Pour renouveler le capital fixe total (ou dumoins une de ses composantes objectives) ilest obligatoire de posséder le capital monétairenécessaire à cette fin. Cela dépend des délaisde retour sous forme générique -monétaire- ducapital avancé et notamment de la fraction àrotation plus lente, l'ancien capital fixe.

D'où la tendance propre à chaque capitalsingulier de tout mettre en oeuvre pouraccélérer la circulation de l'ensemble ducapital anticipé et additionnel.

Il agira au niveau de la circulation à la fois :

1- dans la sphère de la réalisation de sa valeurproduite par la création de centres d'extra-profit (échanges inégaux entre pays àdifférents degrés de développement capitaliste,baisse temporaire des prix de marché pourbriser les concurrents et s'assurer par la suiteune position de monopole, obtention de délaisde paiement plus courts, découverte demarchés vierges);

2- dans la sphère du capital porteur d'intérêtpar la recherche de crédits moins chers, lanégociation de termes de remboursement plusfavorables;

3- dans la sphère du marché des conditionssubjectives et objectives de la production pourles rassembler en proportions suffisantes et àdes prix moindres;

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MOUVEMENT COMMUNISTE

et il agira au niveau de la production à la fois :

1- pour étendre la durée de la journée detravail

« La machinerie etc. se dévalorise en unepériode assez longue durant laquelle le mêmeprocès de travail est sans cesse répété pour laproduction d'une nouvelle marchandise. Cettepériode est déterminée selon un calcul moyenau terme duquel on considère que la valeurglobale de la machinerie est passée dans leproduit.

Par la prolongation du temps de travail au-delà des limites de la journée de travailnormale, on réduit la période durant laquellele capital dépensé en machinerie est remplacépar la production globale. »

(Marx. Manuscrits 1861-1863. P. 353. Ed.Sociales.)

A cela s'ajoute la « fâcheuse » réalité dudépérissement périodique précoce desnouvelles machines provoqué par l'invention etla production en série de machines encore plusperformantes.

La dévalorisation « morale » du capital fixeassume des dimensions d'autant plusimportantes qu'est forte la productivité dutravail social.

Par ailleurs, pendant la crise, une partie ducapital fixe subit une soudaine dépréciation cardevenue incapable de faire office de capital(3) .

Dans les deux cas -immédiatement dans lepremier, après la crise de dévalorisation dansle second- le capital, pour pallier àl'évaporation d'une fraction du capital fixe,devra toujours revigorer l'extorsion de plus-value absolue.

« De plus : lors de l'introduction de machinesnouvelles, les améliorations se suivent coupsur coup. Ainsi, en permanence, une grandepartie de l'ancienne machinerie est en partiedévalorisée ou totalement inutilisable, avant

(3) « Sans doute, de ce point de vue, le tempsattaque et détériore tous les moyens de production(la terre exceptée), mais ici, de par l’interruptionde fonction, il se produirait une destructioneffective de moyens de production bien plusconsidérable. »(Marx. Le Capital. Livre III. Tome I. P. 266. Id.)

que sa période de circulation soit écoulée ouque sa valeur soit réapparue dans la valeurdes marchandises. Plus la période dereproduction est raccourcie, plus ce dangerest réduit et plus le capitaliste est capable,après que la valeur de la machinerie lui estrevenue dans un délai plus bref, d'introduirela nouvelle machine améliorée et de braderl'ancienne... »

(Marx. Manuscrits 1861-1863. P. 350. Ed.Sociales.)

Au fil de la démonstration un autre aspectémerge : à mesure de l'accroissement ducapital fixe et à productivité et à marché dedimensions constantes, la période dereproduction de celui-ci tend à croître et lesdélais d'introduction de nouvelles machinesaussi. Ce qui signifie qu'en fonction del'importance en valeur des moyens deproduction anciens, leur renouvellementprécoce, dans le contexte donné, appelle defaçon plus pressante la nécessité de prolongerla journée de travail d'un laps de temps plus oumoins grand.

2- pour intensifier le rythme de travail(4).

L'augmentation des rythmes de travail, lacoupure des temps morts, la réduction ousuppression des pauses doivent êtreconsidérées aussi comme autant de modespour allonger le temps de travail absolu à

(4) L’intensification du travail peut être soit unrésultat de l’introduction de nouvelles machines-donc de l’augmentation simultanée du capital fixeet de la partie circulante du capital constant-, soit dela simple croissance de rapidité de fonctionnementdes éléments du capital fixe existant. Dans cettedernière configuration le seul élément quiaugmentera en volume et en valeur est celui desmatières premières et auxiliaires (partie circulantedu capital constant moins la portion correspondantedu capital fixe qui rejoint la circulation). Dans lesdeux cas la plus-value relative s’élève; beaucoupplus dans le premier, moins dans le second.« Mais il existe d’autres éléments d’intensification,comme par exemple une accélération de la vitessedes machines : dans le même temps, celles-citraiteront certes davantage de matière première,mais, pour ce qui est du capital fixe, si l’outillages’use plus vite, le rapport de sa valeur au prix dutravail qu’il met en oeuvre n’est cependantnullement affecté. »(Marx. Le Capital. Livre III. Tome I. P. 245. Id.)

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THEORIE

journée de travail d'un nombre d'heuresconstante, pour extorquer plus de plus-valueabsolue. La régularité de la productionimposée par la machinerie détermine unesaturation du temps de travail et, à journée detravail constante, une plus grande plus-valueabsolue.

« Ici cependant, s'ajoute un facteur que, mêmesans prolongation de la journée de travail,l'emploi de la machinerie augmente le tempsde travail absolu et donc la plus-valueabsolue. Ceci résulte pour ainsi dire d'unecondensation du temps de travail, de ce quechaque parcelle de temps est plus remplie detravail; l'intensité de travail croît; ce n'est passeulement la productivité (donc la qualité) dutravail qui croît dans un laps de temps donné.Il y a pour ainsi dire constriction des pores detemps par compression du travail. Ainsi uneheure de travail représente peut-être le mêmequantum de travail que 6/4 d'heures de travailmoyen où aucune machinerie n'est employéeou encore, où l'on n'utilise pas une machineriede la même perfection. »

(Marx. Manuscrits 1861-1863. P. 353. Ed.Sociales.)

L'action conjointe de l'accroissement de laplus-value relative et absolue, la plus grandepuissance productive du travail et uneexploitation sans cesse grandissante, font quele nombre d'ouvriers occupés diminuerelativement aux éléments du capital fixe misen mouvement dans le procès de travail.

« La baisse des prix et la concurrenceauraient par ailleurs stimulé chaquecapitaliste, l'incitant à élever la valeurindividuelle de son produit total au-dessus dela valeur générale de celui-ci, grâce à l'emploide nouvelles machines, de nouvelles méthodesde travail perfectionnées, à des nouvellescombinaisons : elles l'auraient incité,autrement dit, à accroître la productivitéd'une quantité de travail donné, à abaisser laproportion du capital variable par rapport aucapital constant et, ce faisant, à libérer desouvriers, bref, à créer une surpopulationartificielle. »

(Marx. Le Capital. Livre 3. Tome 1. P. 267.id.)

D'autre part la masse de population ouvrièretotale, occupée et non occupée, augmente aussibien durant les périodes de crise parl'accélération du rythme de prolétarisation dela population, que durant les périodes deprospérité du MPC car la prospérité

« favorise les mariages ouvriers et réduit ladécimation de leur progéniture. »

(Marx. Le Capital. Livre 3. Tome 1. P. 267.Ed. Sociales).

« Donc, à mesure que progresse le MPC, unmême développement de la productivitésociale du travail s'exprime, d'un côté dans latendance à une baisse progressive du taux deprofit (p') et de l'autre dans un accroissementconstant de la masse absolue de la plus-valueou du profit que s'approprient les capitalistes;de sorte qu'en somme à la baisse relative ducapital variable et du profit correspond unehausse absolue de l'un et l'autre. Ce doubleeffet nous l'avons montré, ne peut s'expliquerque par un accroissement du capital total dontla progression est plus rapide que celle de labaisse du taux de profit.

Pour employer un capital variable quiaugmente absolument, dans le cas d'unecomposition organique plus élevée ou d'uneaugmentation relative plus forte du capitalconstant, il ne suffit pas que le capital totalaugmente proportionnellement à cettecomposition plus élevée, il faut qu'il croisseplus vite encore. Il en résulte qu'à mesure quese développe le MPC une quantité de capitalde plus en plus grande est nécessaire pouroccuper la même force de travail et il en fautplus encore pour une force de travail enaugmentation. L'accroissement de laproductivité du travail provoque donc, ensystème capitaliste, nécessairement, unexcédent permanent, semble-t-il, depopulation ouvrière. »

(Marx. Le Capital. Livre 3. T1. PP 236-237.id.)

L'introduction préalable en un point de laproduction capitaliste et la généralisationsubséquente de l'emploi de nouvelles machinesà la totalité des capitaux individuels est unetendance immanente du MPC. Ceci semanifeste par :

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MOUVEMENT COMMUNISTE

1- une croissance physique dans desproportions toujours plus importantes que laparallèle augmentation en valeur-progressivement moindre si comparée augonflement des volumes physiquescorrespondants- de la composition du capital;

2- un cours permanent à la baisse du taux deprofit et du capital variable déboursé enrapport au capital constant corrélé;

3- la hausse historique de la masse de plus-value extorquée et du taux d'exploitation.

Pourtant cela ne se passe pas obligatoirementd'une telle manière à chaque instant du coursdu capital et pour chaque capital singulier. Ilse peut en effet qu'à la suite de l'introductionde nouvelles machines, à quantité demarchandises fabriquées et à durée de lajournée de travail constantes, il en résulte àterme que le taux de plus-value ait crû (pv')-plus-value relative en hausse après ladévalorisation de la marchandise force detravail- mais que la masse de plus-valueextraite soit demeurée inchangée.

Ce cas d'espèce, spécialement répandu durantles périodes charnières entre crise etprospérité, détermine maintes fois la réductiondes effectifs salariés, et ce en particulier avantque la nouvelle dévalorisation de la force detravail ait été rendue possible par uneproductivité plus forte dans la section 2 de laproduction capitaliste (celle des biens deconsommation improductive).

« Le taux de profit dépend donc, -si l'onprésuppose la même plus-value, le mêmesurtravail par rapport au travail nécessaire-du rapport de la partie du capital qui estéchangée contre du travail vivant à la partiequi existe sous forme de matière première etde moyens de production. Donc plus laportion échangée contre du travail vivants'amenuise, plus s'amenuise le taux de profit.Donc dans la proportion même où le capitalen tant que capital occupe dans le procès deproduction une plus grande placeproportionnellement au travail immédiat,donc plus de plus-value relative -la puissancecréatrice de valeur du capital- s'accroît, plusle taux de profit baisse. »

(Marx. Grundrisse. Tome 2. P. 235. id.)

Lorsque la masse relative de la plus-valueobtenue par la productivité majeure du travailsocial ne compense pas la baisse de la quantitéglobale de surtravail due à l'expulsion duprocès de production immédiat d'une fractiondu travail vivant, les augmentationssimultanées de la composition technique ducapital (fondement matériel de la hausse de laplus-value relative) et de sa composition envaleur, donnent lieu à une baisse du taux deprofit plus nette et plus marquéecomparativement à d'autres moments du cycledu capital.

Si l'économie de capital variable qui a étéréalisée se solde par une stagnation ou unebaisse du surtravail total, donc si la masse desprofits engrangés ne croît pas ou mêmepériclite nonobstant l'augmentation dusurtravail relativement au travail nécessaire, lerecours à la prolongation de la journée detravail des ouvriers restants s'imposera aucapital individuel. L'élévation de la plus-valueabsolue s'opère ici en même temps que lacroissance relative du surtravail.

« Cependant, il ne s'agit pas simplement pourle capitaliste de récupérer le plus vite possiblela masse de valeur dépensée dans ce capitalfixe, de la protéger ainsi de la dévalorisationet de la posséder de nouveau sous une formedisponible; il s'agit avant tout de l'emploiprofitable de ce capital, de la grande masse decapital figée dans une forme où il se dégradeaussi bien en tant que valeur d'échange, qu'ildevient inutile en tant que valeur d'usage, s'iln'est mis en contact avec la forme vivante dutravail dont il constitue le capital fixe. Etantdonné que la part du capital dépensé ensalaire a beaucoup diminué par rapport aucapital global, et tout spécialement parrapport au capital fixe, et que la grandeur dela plus-value dépend non seulement de sontaux, mais du nombre de journées de travailemployées simultanément, tandis que le profitdépend de la proportion de cette plus-valuepar rapport au capital global, il y a doncdiminution du taux de profit. Pour l'empêcherle moyen le plus simple consiste,naturellement, en prolongeant la journée detravail, à prolonger au maximum le surtravailabsolu et à faire du capital fixe un moyen de

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THEORIE

s'approprier un quantum maximal de travailnon payé. »

(Marx. Manuscrits 1861-1863. P. 351. Ed.Sociales.)

Le développement technique de la productionappelle, dans le système du capital, une plusgrande exploitation relative et absolue de laclasse ouvrière.

L'opposition entre les deux modalités del'exploitation n'intervient qu'en considérationdes caractéristiques physiologiques ethistoriques du travail vivant. Des limitesnaturelles et de lutte des classes imposent à unmoment donné au capital de poursuivrel'extorsion de plus-value en développant plutôtla plus-value relative que l'absolue ou viceversa. Par ailleurs dans certaines conditionsque nous essayons d'identifier ici les deuxmodes d'exploitation sont poussés en avantensemble, simultanément. Toutefois, une telleconstatation ne constitue pas une infirmationplus ou moins voilée de la thèse selon laquellele cours historique du MPC est scandé par lasuccession temporelle de la prédominance del'extorsion de plus-value absolue puis del'extorsion de plus-value relative : elledemeure au coeur de toute l'analyse et l'actioncommunistes classiques. Elle est toutsimplement là pour les affiner afin que lapériodisation scientifique du capitalisme nesoit pas réduite à sa caricature, et pour que nesoit pas bâtie, sur la base d'une interprétationfausse (non dialectique) de l'opposition entreles deux modalités de l'exploitation capitaliste,une énième « nouvelle » idéologieopportuniste. Le communisme réel seul sera àmême de développer à un niveau inégalé laproduction sociale et ses conditions techniquessans que cela se traduise en une saturationaccrue du travail et en une prolongation de lajournée de travail individuelle. Ayant libéré letravail et son produit de sa forme d'échange, enun mot de la valeur, la société communiste,organisée selon un plan central rationnel, seracapable de diminuer l'une et l'autre sans que laquantité des biens produits en souffre. Ellesaura, par conséquent, accroître démesurémentla richesse sociale. Mais revenons au filconducteur de ce travail.

En cas de non-introduction d'une nouvellemachinerie la tendance à élever l'extorsion deplus-value absolue est très pressante car par cebiais le capital individuel obtient uneaccélération de la rotation totale du capitalfixe. Il atteint aussi un taux de profit majeurpuisque -jusqu'à un certain niveaud'augmentation du taux horaire du salaire- laquantité de capital constant transféré auxmarchandises singulières fabriquées ne variepas (machines, bâtiments d'usine etc. restentles mêmes qu'ils servent seize heures oudouze) et le salaire relatif (expressionmonétaire du rapport entre travail nécessaire etsurtravail) baisse.

La prolongation du temps de travail absolu esténormément prisée par le capital individuellorsqu'il s'agit d'accélérer la modernisation deséquipements de production. Pour que le capitalparvienne « dans les meilleures conditions » àl'objectif de l'introduction dans la productionde nouvelles machines il faut :

1- que le capital précédemment avancé soitcomplètement réalisé dans les plus brefsdélais, et en premier chef sa portion fixe;

2- que l'échelle de la production soit accrue etavec elle la masse de plus-value;

3- que le marché soit en « bonne santé » et ques'élève la part de marché du capital singulieren question afin d'écouler sans entraves lesmarchandises produites en nombre supérieur.

Pour gagner la course aux « technologiesnouvelles », le capital individuel est poussé àl'obtention d'une masse plus grande de profitset à un retour sous forme monétaire du capitaltotal avancé plus rapide que celui de sesconcurrents. Quoi de mieux adaptés à cette finque l'intensification des rythmes de travail et labaisse du salaire au-dessous de son niveaumoyen (emploi de travailleurs immigrés,travail clandestin, délocalisation etc.)?L'objectif visé c'est à la fois le gain d'extra-

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MOUVEMENT COMMUNISTE

profits(5) et une plus grande extorsion absoluede plus-value.

On rappelait plus haut que, à tout moment ducycle économique et en toute phase dudéveloppement historique du MPC, lesrelations entre plus-value relative et absoluesont loin d'être conflictuelles, pourtant l'étudedu déroulement de leur agencement cycliqueréciproque ne permet pas de les enfermer dansdes rapports d'une plate identité. Dans ce casl'extorsion d'une plus grande plus-valueabsolue précède, et en quelque sorte justifie,rend possible l'extraction supplémentaire deplus-value relative.

« L'accroissement de la plus-value absolue oula prolongation du surtravail et, à cette fin, dela journée de travail, le capital variablerestant le même, donc sans qu'il y aitchangement du nombre des ouvriers quireçoivent le même salaire nominal -peuimporte en l'occurrence que le tempssupplémentaire soit payé ou ne le soit pas-, cetaccroissement provoque une diminutionrelative de la valeur du capital constant parrapport au capital total et au capital variableet augmente par là le taux de profit, même sil'on ne tient pas compte de la croissance de laplus-value et de sa masse non plus que de lahausse possible de son taux. Le volume de lapartie fixe du capital constant : machinerie,bâtiments d'usine, etc., reste le même qu'ilserve seize heures ou douze. La prolongationde la journée de travail ne requiert pas denouvelle dépense pour cette partie du capitalconstant qui est la plus coûteuse. A celas'ajoute qu'ainsi la valeur du capital fixe estreproduite en une série plus brève de périodesde rotation, donc que le laps de temps pendantlequel le capital fixe doit être avancé en vuede procurer un profit déterminé se trouveréduit. Partant, la prolongation de la journée

(5) « En effet, l’intérêt particulier que prend uncapitaliste ou le capital d’une sphère de productiondéterminée, à l’exploitation des ouvriersdirectement occupés par lui se borne à lapossibilité de tirer un supplément, un profitdépassant le profit moyen, soit par un surmenageexceptionnel, soit par un abaissement du salaireau-dessous de la moyenne, soit par uneproductivité exceptionnelle du travail employé. »(Marx. Le Capital. Livre III. Tome I. P. 212. Id.)

de travail augmente le profit, même si le tempssupplémentaire est payé et, jusqu'à unecertaine limite, même s'il est payé plus que lesheures de travail normales. La nécessité, sanscesse accrue, d'augmenter dans l'industriemoderne le capital fixe a été une des raisonsqui ont le plus incité des capitalistes avides deprofit à prolonger la journée de travail. »

(Marx. Le Capital. Livre 3. Tome 1. P. 96. id.)

CYCLE ÉCONOMIQUE DU CAPITALET MODALITÉS D'EXPLOITATION.

L'absence de toute antinomie, plutôt l'existenced'une « presque » parfaitecomplémentarité/interaction entre extorsion deplus-value relative et absolue peuvent aussiêtre constatées en étudiant leurs rapportsdéterminés dans chacun des quatre momentsdu cycle industriel, du cycle économique ducapital industriel.

Pour ce faire il importe de garder à l'esprit lavérité élémentaire selon laquelle, à l'échelle ducapital individuel, plus-value relative et plus-value absolue ne rentrent en conflit qu'à causedes conditions « extérieures » données-physiologiques et du marché du travail- del'exploitation, c'est-à-dire, en gros, du rapportdes classes déterminé.

Avant d'aborder l'examen des ses 4 phases ilconvient d'abord de rappeler la définitionclassique de cycle industriel de la période de lagrande industrie et du rôle grandissant qui yest joué par la rotation totale du capital fixe.

« Avec l'entrée en ligne de compte du capitalfixe, ceci change et ni le temps de rotation ducapital, ni l'unité au moyen de laquelle lenombre de ses rotations est mesuré, l'année,n'apparaissent plus alors comme étalon detemps pour mesurer le mouvement du capital.

Cette unité est au contraire déterminéemaintenant par le temps de reproductionrequis pour le capital fixe et en conséquencepar son temps de circulation global, le tempsdont il a besoin pour entrer comme valeurdans la circulation et en ressortir dans latotalité de sa valeur.

La reproduction du capital circulant doitdurant tout ce temps se faire sous la même

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THEORIE

forme y compris matériellement, et le nombrede ses rotations nécessaires, c'est-à-dire desrotations nécessaires à la reproduction ducapital primitif, est reparti sur une séried'années plus ou moins longue. C'est unepériode globale relativement longue qui estdonc posée comme l'unité à laquelle semesurent les rotations du capital fixe, et larépétition de celles-ci se situe à présent enliaison non plus extérieure, mais nécessaireavec cette unité.

D'après Babbage, la reproduction moyenne dela machinerie en Angleterre est de 5 ans; lareproduction réelle, par conséquent, peut-êtrede 10 ans. Il ne peut faire le moindre douteque le cycle que l'industrie parcourt, depuis ledéveloppement du capital fixe à vaste échelle,en un laps de temps plus ou moins égal à 10ans ( 6) , est lié à cette phase de reproductionglobale du capital ainsi déterminée.

Nous trouverons encore d'autres facteurs dedétermination. Mais ceci en est un. Certes, il adéjà existé dans le passé des périodes plus oumoins fastes pour l'industrie comme pour lesrécoltes (agriculture). Mais ce cycle industrielde plusieurs années découpées en périodes, enépoques caractéristiques, est quelque chose depropre à la grande industrie. »

(Marx. Grundrisse. Tome II. PP. 208-209. Ed.Sociales.)

Période de prospérité (production àhaute pression(7)) Dans les périodes prospères la totalité ducapital social ne connaît guère d'entraves à lavalorisation : les marchés s'étendent, l'argentest disponible en quantités suffisantes et à unprix modéré cependant que s'envolent lesinvestissements productifs(8) ; le capital pousse

(6) D’après nos analyses plus récentes etconformément à la prévision de Marx-Engels ladurée d’un cycle a baissé pour se situer désormais etdepuis la fin du siècle dernier/début de celui-ci auxalentours de 4-5 ans. Nous ne reviendrons pas sur ladémonstration d’une telle affirmation car elle a déjàfait l’objet d’autres travaux réalisés par notremouvement.(7) Marx. Le Capital. Livre I. Tome III. P. 76. Id.(8) « A chaque période de prospérité le capitals’accroît et le capital existant qui dormait pendantla crise, est tiré de son inactivité et lancé sur le

alors à la réduction du travail nécessaire parl'intensification du travail soit en augmentantles cadences du travail vivant soit uniquementcelles des machines ou encore des deuxsimultanément.

Cela dépend en dernière instance des rapportsde force existant concrètement entre lesclasses antagoniques qui s'affrontent aussi biensur le marché du travail que sur les lieux de laproduction capitaliste ainsi que de ladétermination technologique donnée du procèsde travail.

La croissance des rythmes d'opération desmachines peut être obtenue par :

1. la simple accélération du mouvement desinstruments de travail existants, aux conditionsbien sûr que cela soit techniquement viable etque la force de travail soit physiquement enmesure de suivre et accepte de le faire;

2. l'adoption de nouvelles machines plusrapides et plus performantes; des quantitésplus importantes de marchandises sontfabriquées dans l'unité de temps. On atteindracet objectif par une plus grande saturation dutravail vivant correspondant à l'efficacitéaccrue de la machinerie mais pasnécessairement par une aggravation corréléedes conditions de travail de l'homme.

Pour que cela ait lieu, et en présupposant quela valorisation ne s'y oppose pas, leséquipements de production nouveaux devrontêtre disponibles sur le marché en temps vouluet en nombre suffisant.

Le renouvellement de l'outil de productionpermet, en présence de certaines circonstancestechniques, d'accroître les volumes demarchandises fabriquées sans que celas'accompagne fatalement d'une progressionparallèle des rythmes du travail vivant.

Ce cas de figure est significatif car il témoigne:

1. de la possibilité concrète que lerenforcement de la puissance productive dutravail social ne se fasse pas au détriment dutravail vivant (paradigme et présupposé de la

marché. »(Marx. Revue de mai à octobre 1850)

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coopération productive de la sociétécommuniste(9) ).

2. de l'amélioration globale des conditions detravail de l'ouvrier avec l'avènement de l'ère dela grande industrie.

Le point 2 indique que cette amélioration de lacondition ouvrière se fait en corrélation étroiteavec la réalisation croissante de la soumissiondu producteur salarié au capital et enparticulier de la subsomption du travail vivantau travail objectivé.

Ce phénomène, de fréquence et de natureinéluctablement cycliques durant la dictaturedu MPC, est l'une des raisons centrales ducours politique contre-révolutionnaire.

Dans les périodes de prospérité le marché esten expansion, donc il est bien réceptif à desquantités majeures de marchandises. Pourparvenir à satisfaire une demande exubérantele capital doit s'attaquer au temps de travailabsolu : la durée de la journée de travailindividuelle connaît ainsi une avancéetemporaire qui sera atteinte principalement parle recours massif aux heures supplémentaires.

Corrélativement la journée de travail sociales'étendra, c'est-à-dire le nombre simultané dejournées de travail individuelles, à la fois parla diffusion dans les unités de productionexistantes d'équipes de nuit et du week-end etpar l'implantation de nouveaux sites, de

(9) « Cette diminution de la quantité totale detravail entrant dans la marchandise semble doncêtre la caractéristique essentielle del’augmentation de la productivité du travail,quelles que soient les conditions sociales de laproduction. Dans une société où les producteursrégleraient leur production selon un plan établi àl’avance, et même dans la simple productionmarchande, la productivité du travail serait de faitmesurée nécessairement à cet étalon. Mais qu’enest-il dans la production capitaliste? ...pour lecapital, la loi de l’augmentation de la forceproductive du travail ne s’applique pas de façonabsolue. Pour le capital, cette productivité estaugmentée non quand on peut réaliser uneéconomie sur le travail vivant en général, maisseulement quand on peut réaliser sur la fractionpayée du travail vivant une économie plusimportante qu’il n’est ajouté de travail passé. »(Marx. Le Capital. Livre III. Tome I. PP. 273-274.Id.)

nouvelles usines (les ouvriers occupés vontêtre plus nombreux).

« ... de même, au temps de la prospérité, l'onpeut sans modifier la base du capital fixe,donner une extension anormale au capitalcirculant soit en prolongeant le temps detravail, soit en intensifiant le travail. »

(Marx. Le Capital. Livre II. Tome I. P. 239 id.)

La population ouvrière accrue sera tout demême relativement insuffisante à combler lesrangs d'une production en pleine explosion, etce nonobstant l'économie relative de maind'oeuvre due aux nouvelles machines. Cet étatdes choses est transitoire et caractéristique desphases fastes du cycle industriel.

« Un excédent momentané du capital parrapport à la population ouvrière qu'il faittravailler aurait un double effet. D'une part lahausse de salaire qui s'ensuivrait entraînantun adoucissement des conditions qui déciment,voire anéantissent la progéniture des ouvrierset facilitant les mariages, ferait s'accroîtrepeu à peu la population ouvrière, d'autre partl'emploi des méthodes créatrices de plus-valuerelative (l'introduction et perfectionnementdes machines) créerait bien plus rapidementencore de manière artificielle unesurpopulation relative qui, de son côté,constituerait à son tour le terrain favorablequi permet une multiplication rapide de lapopulation car en régime de productioncapitaliste la misère fait naître le monde. »

(Marx. Le Capital. Livre III. Tome I. P. 232id.)

En ces périodes notamment la croissance del'exploitation, son taux comme sa masse,pourra être modérée par des lutteséconomiques visant à l'augmentation du salairenominal et réel.

Cependant, la bonne situation générale de lavalorisation, appuyée par des faibles coûts ducrédit, lui-même disponible en quantitésuffisante, est caractérisée par des retoursintégraux, fluides et rapides du capitalvalorisé. Ceci rendra à la fois accessibles unecertaine satisfaction des revendicationsouvrières et la poursuite de la lancéeéconomique. L'époque de prospérité se

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THEORIE

démarque des autres par l'émergence depénuries momentanées de main-d'oeuvre et parl'essor des investissements productifs. C'est lapériode idéale pour l'accroissement de la plus-value relative qui fait suite à l'élévation de laproductivité du travail social. La classeouvrière se trouve dans la situation de pouvoirobtenir, par ses luttes défensives, de vendre samarchandise spécifique, la force de travail, àun prix de marché plus haut. Aussi oppose-t-elle une résistance plus déterminée etconcluante à l'extorsion accrue de plus-valueabsolue.

En général les combats économiques de laclasse exploitée mènent vers une issue trade-unioniste, à savoir vers l'extension etl'approfondissement de la démocratie socialeet vers l'élargissement de l'emprise politiquedu capital sur le prolétariat.

C'est l'instant magique de gloire de la racailleopportuniste qui, enfin, peut être totalementinnervé aux luttes ouvrières sans dérangeroutre mesure la valorisation du capital.

A ce moment l'opportunisme agit dans le sensde la restauration de l'ordre capitaliste, de lapaix sociale et du renforcement du fétichismede la marchandise et des machines sans devoirs'opposer de face aux agitations prolétariennes(ou en s'y frottant très légèrement).

Voici donc dévoilée la base matériellefondamentale de la tenue historique du régimecapitaliste et de l'opportunisme en tant queprincipale fraction politique bourgeoise au seinde la classe révolutionnaire.

« Dans le cas de la plus-value absolue, (il y a)donc une baisse relative de la valeur dusalaire comparée à la croissance absolue dela plus-value; dans le cas de la plus-valuerelative il y a baisse absolue de la valeur dusalaire. Toutefois, le premier cas, (est)toujours plus mauvais pour le travailleur.Dans le premier cas, le prix du travail baisseabsolument. Dans le deuxième cas le prix dutravail peut monter. »

(Marx. Manuscrits de 1861-1863. P. 366. Ed.Sociales.)

Sur le versant de l'amélioration du procès detravail on enregistre des faits d'un signe

analogue. L'importation de nouveaux outils deproduction dans le procès de travail est unepropension immanente du MPC ainsi que lapulsion irrésistible à l'envol de l'exploitationdans ses deux formes canoniques. Néanmoins,durant les phases prospères, l'on constate uneplus grande disponibilité à l'investissement encapital et en particulier en capital fixe.

On assiste alors à une véritable« recrudescence » de l'extorsion de plus-valuerelative qui assume une dimension d'autantplus grande que la composition du capital esthistoriquement élevée. Les innovationsscientifiques et techniques de la période quiprécède celle dont il est ici question, la phasede la crise, deviennent technologie appliquée àdes vastes pans de la production sociale.

Ceci s'explique car la dévalorisation soudaine,importante et généralisée du capital préexistantpermet, une fois la production violemmentréajustée par rapport au marché, l'adoptionmassive de nouveaux procédés et de nouvellesmachineries.

La hantise du capitaliste, à savoir l'interruptiondu reflux de la totalité du capital valorisé, n'estpas ici à l'ordre du jour car, s'il lui aurasurvécu, la crise, en imposant à son capital unrégime drastique, l'aura préalablement« débarrassé » de ce problème. Par conséquent,la crise, en un sens, libère le capital de lui-même et lui rend abordables des forcesproductives d'une plus grande puissance.

Le raccourcissement -remporté d'une façoncertes violente et destructrice de capital- dutemps de rotation intégrale du capital favorisele développement de la force productive dutravail social.

Pendant les phases prospères, et à un degrémoindre durant les périodes d'activitéordinaire, la course à la plus-value relative estla modalité conjoncturelle prédominante del'exploitation capitaliste. Lorsque laproduction peut être effectuée à une pressionélevée, la grande industrie fondée sur lasuprématie de la plus-value relative, vit sonseul moment d'accord et d'harmonie totale avecson cycle économique.

62

MOUVEMENT COMMUNISTE

Période de criseLa crise c'est la surproduction absolue decapital, la suraccumulation de capital quiinterdit la valorisation du capital dans satotalité; elle succède à la phase prospère et enest dialectiquement la conséquence de lamême manière que la première est leprésupposé de la seconde(10) .

« Il y aurait surproduction absolue de capitaldès que le capital additionnel destiné à laproduction capitaliste égalerait 0. Or la fin dela production capitaliste, c'est la mise envaleur du capital; c'est-à-dire l'appropriationde surtravail, la production de plus-value, deprofit. Donc, dès que le capital auraitaugmenté par rapport à la populationouvrière dans des proportions telles que ni letemps de travail absolu, que fournit cettepopulation, ne pourrait être prolongé, ni letemps de surtravail relatif étendu (ce qui, detoute manière, serait impossible dans unesituation où la demande de travail serait siforte; car les salaires auraient tendance àmonter); donc, si le capital accru neproduisait qu'une masse de plus-value tout auplus égale et même moindre qu'avant sonaugmentation, alors il y aurait surproductionabsolue de capital; c'est-à-dire que le capitalaugmenté C + *C ne produirait pas plus deprofit ou même en produirait moins que lecapital C avant qu'il ne s'accroisse de *C.Dans les deux cas, se produirait une forte etbrusque baisse du taux général de profit, maiscette fois en vertu d'un changement dans lacomposition du capital qui ne serait pas dû audéveloppement de la force productive, mais àune hausse de la valeur-argent du capitalvariable (en raison de la hausse des salaires)et à la diminution correspondante dans lerapport du surtravail au travail nécessaire. »

(Marx. Le Capital. Livre III. Tome I. P. 264id.)

La période de crise se manifeste dans lapratique, selon la propre définition de Marx,par l'incapacité d'une fraction plus ou moins

(10) « L’arrêt de la production ainsi survenu auraitpréparé un élargissement ultérieur de la productiondans les limites capitalistes. »(Marx. Le Capital. Livre III. Tome I. P. 267. Id.)

grande mais toujours imposante du capitalsocial total de s'auto-valoriser.

« ... une portion du capital resteraittotalement ou partiellement en jachère (parceque pour pouvoir seulement se mettre envaleur, il lui faudrait d'abord supplanter ducapital déjà en fonction) et l'autre portion,sous la pression du capital inoccupé ou àdemi-occupé, serait mise en valeur à un tauxpeu élevé. »

(Marx. Le Capital. Livre III. Tome I. P. 264)

Les marchés ne pompent plus de marchandisesen quantités suffisantes, elles sont vendues àdes prix déchirés, l'écart entre les premiers etla production se creuse dangereusementjusqu'à ce que la dernière doive s'arrêter.

« On produit trop de marchandises pourpouvoir réaliser et reconvertir en capital neufla valeur et la plus-value qu'elles recèlentdans les conditions de distribution et deconsommation impliquées par la productioncapitaliste, c'est-à-dire pour accomplir ceprocès sans explosions se répétant sanscesse. »

(Marx. Le Capital. Livre III. Tome I. P. 270id.)

« Une partie des marchandises se trouvant surle marché ne peuvent accomplir leur procès decirculation et de reproduction que grâce à uneénorme contraction de leurs prix, donc à unedépréciation du capital qu'ellesreprésentent. »

(Marx. Le Capital. Livre III. Tome I. P.P. 266-267)

La rotation du capital total est sectionnée àplusieurs endroits, interrompue tout au long deson cours : à chaque étape le capital perd unmorceau qui s'arrête de fonctionner comme tel,la dépréciation générale du capital encirculation en est l'expression factuelle.

« Il faut ajouter que le procès de reproductionest conditionné par des rapports de prixdéterminés, fixés à l'avance et que la chutegénérale des prix le bloque et le perturbe.Cette perturbation et ce blocage paralysent lafonction de moyen de paiement de l'argent quirepose sur ces rapports de prix fixés à

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THEORIE

l'avance et qui est donnée en même temps quele développement du capital; ils interrompentà cent endroits la chaîne des obligations depaiement à échéances déterminées; ils sontencore aggravés par l'effondrementcorrespondant du système de crédit, qui s'estdéveloppé avec le capital, et aboutissent ainsià des crises aiguës et violentes, à dessoudaines et brutales dévaluations et à unblocage et une perturbation réels du procès dereproduction entraînant une diminutioneffective de la reproduction. »

(Marx. Le Capital. Livre III. Tome I. P. 267.Ed. Sociales.)

Des masses énormes de capital monétaireflottent dans les cieux de la finance et de sesmarchés sans parvenir à s'incarner en capitalproductif, le prix de l'argent commemarchandise, le coût du crédit atteint dessommets pour s'effondrer par la suite :d'énormes masses de capital-argents'évaporent.

« La destruction principale, celle quiprésenterait le caractère le plus grave,affecterait les valeurs-capital, le capital en saqualité de valeur. La portion de la valeur-capital qui existe simplement sous la forme detitre sur des parts à venir de plus-value ou deprofit, c'est-à-dire de simples créances sur laproduction sous diverses formes, est dévaluéeaussitôt que baissent les recettes surlesquelles elle est calculée. Une partie de l'oret de l'argent en espèces est gelée, ne fait plusoffice de capital. »

(Marx. Le Capital. Livre III. Tome I. P. 266)

Les investissements productifs chutentvertigineusement entraînant dans l'abîme laproductivité du travail social de même que lapopulation ouvrière dont la portion quiconserve tant bien que mal le travail diminuenettement; la partie variable du capitalcirculant global (les salaires) décroît davantageque l'ensemble du capital circulant.

« L'arrêt de la production aurait mis enchômage une partie de la classe ouvrière etainsi placé la partie occupée dans desconditions telles qu'elle aurait dû consentir àun abaissement de salaire même au-dessousde la moyenne; pour le capital, l'effet est le

même que si, avec un salaire moyen, onélevait la plus-value relative ou absolue. »

(Marx. Le Capital. Livre III. Tome I. P. 267)

La baisse relative du salaire moyen de l'ouvrierest un phénomène permanent du MPC qu'ilfaut rapporter à l'augmentation du temps desurtravail relativement au travail nécessaire.Par ce biais se déclare la croissanceininterrompue de la force productive du travailsocial en régime capitaliste; elle est le signe leplus éclatant de l'exploitation capitaliste.

D'autre part la baisse relative du salaire moyenest contrée par l'augmentation cyclique dusalaire nominal et, surtout, par la pressionexercée par les ouvriers dans le sens duprogrès du salaire réel au-delà de ce qui sevérifie déjà en raison de la baisse progressivedu temps de travail absolu contenu dans lesmarchandises assurant la subsistance de laclasse exploitée.

En période de crise on décèle autant lemouvement historique à la baisse relative dusalaire -quoique modérée par le fléchissementde la courbe de la productivité du travail,absence d'investissements en capital fixeoblige- que la chute brutale du salaire au-dessous du salaire moyen précédent. Pendantle temps de l'arrêt généralisé de la productioncapitaliste, et après une première phase debraderie des stocks de marchandises rentrantdans la reproduction de la force de travail, lasituation qui s'installe comporte l'émergencede pénuries répétées dont font l'objet cesmêmes biens de consommation improductivedestinés aux ouvriers; dans un deuxièmetemps, par effet de la raréfaction desmarchandises disponibles à l'achat et desspéculations qui s'ensuivent, leurs prix demarché s'envolent démesurément.

En conséquence directe de cela et dufléchissement de la courbe de la productivitédu travail, le salaire réel cessera de croître.D'autre part, à terme, le soudain gonflement dela surpopulation ouvrière provoquera la baissedu salaire nominal.

Ainsi la période de crise se distingue entreautres par la baisse absolue du salaire nominalet du salaire réel. En particulier la baisserelative du salaire est désormais davantage à

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MOUVEMENT COMMUNISTE

imputer à la réduction du prix du travailnécessaire arrachée à l'ouvrier par le capital aumoment de la stipulation du contrat de travail,sur le marché du travail, qu'à l'augmentation dela puissance productive du travail vivant vial'expansion du travail matérialisé (capitalconstant) dans le procès de productionimmédiat.

Le capital productif circulant diminue aussidans sa totalité car les capitaux individuelsdépréciés n'ont plus la taille suffisante pouracheter matières premières et auxiliaires dansles mêmes volumes qu'auparavant et parce quele nombre de marchandises fabriquées danscette phase s'amenuise fortement.

« En cas d'entrave de la production,encombrement des marchés, enchérissementdes matières premières, etc., on réduitl'investissement normal du capital circulant,la base du capital fixe restant la même, enlimitant le temps de travail, en ne faisant faireaux ouvriers, par exemple, que des demi-journées. »

(Marx. Le Capital. Livre II. Tome I. P. 239.id.)

Dans ce passage Marx met en exergue uneconséquence classique, invariante, du MPC encrise: la réduction de la journée de travailsociale et la baisse correspondante du capitalcirculant.

Par rapport au dernier la portion variable seliquéfie à un degré majeur car, face à la décruede la masse de profit réalisé et de la plus-valueengendrée, le capital répond par une baisserelative plus importante de la masse salariale.

En d'autres termes, si la conjoncture veut quela valorisation pleine et sans entrave du capitalne soit pas de mise, et encore, si elle détermineune réduction du capital additionnel, unemanière d'y faire front consiste à compresser lecapital variable au-delà du moins à gagner. Letravail nécessaire se rapetissera ainsi d'uneproportion majeure que la journée de travailsociale et individuelle.

« C'est pourquoi, en temps de crise, rien nechange à cette tentative de faire travailler unexcédent de temps. Si l'on ne travaille que 3ou 4 jours par semaine, le profit consiste

seulement dans le temps de surtravail effectuépendant ces 3 ou 4 jours. Le profitextraordinaire consistera donc dans le tempsde surtravail non payé effectué au-delà dusurtemps normal, au-delà donc de la journéenormale fixée par la loi. C'est ce qui fait qu'entemps de crise la tentation est d'autant plusgrande de profiter des journées où l'ontravaille effectivement, pour faire du tempsexcédentaire, c'est-à-dire davantage de tempsde travail non payé que d'ordinaire. (D'autresfabricants font en fait la même chose enabaissant le salaire, c'est-à-dire en diminuantle temps de travail nécessaire pendant les 3 ou4 jours où l'on travaille)... Plus l'époque estmauvaise, moins l'on fait des affaires, et plusil faut que le profit réalisé sur les affairesqu'on a faites soit grand. »

(Marx. Manuscrits de 1861-1863. PP. 224-225).

La plus-value absolue, le surtravail fourni parl'ouvrier, ne cessera de s'accroître tandis que ladurée absolue de la journée de travail socialetend à baisser.

Corollairement on signale que, pour contenirle plus possible la chute du temps desurtravail, la durée de la journée de travailsociale se réduira à un rythme plus soutenuque celle de la journée de travail individuelle.Cela induit un gonflement plus rapide de lapopulation ouvrière inoccupée, qui s'effectueradans des proportions plus importantes que laréduction du temps de travail absolu desouvriers demeurant occupés.

La croissance de la plus-value relative estégalement recherchée avec frénésie par lecapital en crise. Pourtant, les nouveauxmoyens techniques destinés à muscler lapuissance productive du travail social ne sontpas accessibles au capital amputé par ladévalorisation.

Seules lui resteront ouvertes les voies de lasaturation du temps de travail à base techniquedemeurée inchangée et de la réductioncontractuelle du prix de marché du travailnécessaire.

Partant, la possibilité de majoration de la plus-value relative en période de crise est fortementlimitée relativement aux périodes prospères :

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THEORIE

elle est à la fois nettement plus vulnérable àl'égard des aléas de la lutte des classes etdavantage dépendante des conditionsobjectives de la production restées figées. Globalement, et à l'opposé de la périodepropice, la phase de crise se caractérise par unrecours proportionnellement plus considérableà l'élévation de la plus-value absolue qu'à celuide la plus-value relative.

Période d'activité moyenne et périodiquestagnation Dans ce travail nous ne nous arrêterons pasdavantage sur l'examen des deux périodescharnière entre crise et prospérité car en toutétat de cause elles se situent, même à l'égarddu thème de notre traité, en situationintermédiaire par rapport aux deux pôles ducycle économique.

La période d'activité moyenne, dite aussi decalme, précède la phase de prospérité et engarde pareillement à cette dernière, ou mieuxen anticipe en l'état d'ébauche, laprédominance contingente -cyclique- del'extorsion de la plus-value relative.

La période de stagnation, dite aussi demarasme, suit la phase de crise et en hérite laprédominance contingente -cyclique- del'extorsion de la plus-value absolue.

En guise de conclusion il convient toutefois derappeler que la présente étude n'infirme guère,au contraire lui confère la nécessairedimension scientifique, dialectique etmatérialiste, la définition du cours du capitalindustriel articulée sur deux grandes époques àleur tour essentiellement déterminées par ladomination historique d'une formed'exploitation sur l'autre (périodemanufacturière = prédominance de l'extorsionde plus-value absolue, période de la grandeindustrie = prédominance de l'extorsion de laplus-value relative).

« Le développement des forces productives dutravail social est la tâche historique et lajustification du capital... On aperçoit ici, surle plan purement économique, c'est-à-dire dupoint e vue du bourgeois, dans le cadre de laraison capitaliste, du point de vue de laproduction capitaliste elle-même, les limitesde celle-ci, sa relativité; on voit qu'elle n'est

pas un système de production absolu, mais unsimple mode historique de productioncorrespondant à une certaine époque dedéveloppement restreint des conditionsmatérielles de production. »

(Marx. Le Capital. Livre III. Tome I. P.P. 271-272. Ed. Sociales.)

«Toute richesse est désormais richesseindustrielle, richesse du travail. Alors quel'industrie est le travail parvenu à sonachèvement, que le système de la fabrique estl'industrie parvenue à sa forme parfaite, c'est-à-dire l'essence du travail, le capital industrielest la forme objective, accomplie de lapropriété privée.»

(Marx, Economie et Philosophie (ManuscritsParisiens) p. 75 La Pléiade.)

«L'industrie est le rapport historique réel dela nature -donc des sciences de la nature-avec l'homme;... La nature telle qu'elle se faitdans l'histoire -acte de genèse de la sociétéhumaine- est la nature réelle de l'homme; bienque sous une forme aliénée, elle devient, grâceà l'industrie, la vraie natureanthropologique.»

(Marx, Economie et Philosophie (ManuscritsParisiens) p.86-87 La Pléiade )

PÉRIODISATION DU MPC, CAPITALSOCIAL ET CAPITAUXINDIVIDUELS.

Dans le processus du développement desforces productives -celle du travail et celle dela terre- le mode de production capitaliste(MPC) représente le dernier moment de lapropriété privée des moyens de production.Cette dernière se trouve en effet confrontée àla socialisation complète de la productionmême si celle-ci demeure production demarchandises, même si son caractère socials'exprime par la médiation de l'échange demarchandises.

La contradiction qui se crée entre la naturesociale de la production et la forme privée del'appropriation de la richesse sociale semanifeste aussi dans la structure du capital : lecapital social ne peut être que l'addition desdifférents capitaux individuels -déterminations

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MOUVEMENT COMMUNISTE

immanentes du capital- et ne peut existercomme totalité, comme capital total, qu'entendance, par le truchement du mouvementconflictuel (concurrentiel) des capitauxparticuliers.

«Cependant, chaque capital pris à part neconstitue qu'une fraction promue à uneexistence autonome, pour ainsi dire douéed'une vie individuelle, de l'ensemble du capitalsocial, de même que chaque capitaliste pris àpart n'est qu'un élément individuel de la classecapitaliste. Le mouvement du capital social secompose de la totalité des mouvements de sesfractions promues à l'autonomie, de la totalitédes rotations des capitaux individuels.»

(Marx, Le Capital Livre 2 Troisième sectionChapitre XVIII T2, p. 7-8 Editions Sociales.)

Le développement des forces productives est,dans le MPC, l'oeuvre du capital social enmouvement, mais le mode d'existence de celui-ci ce sont les capitaux autonomisés en conflit.

«La libre concurrence est la relation ducapital à lui-même en tant qu'autre capital,c'est-à-dire le comportement réel du capital entant que capital... la production fondée sur lecapital ne se pose dans ses formes adéquatesque pour autant que et dans la mesure où lalibre concurrence se développe, car elle est lelibre développement du mode de productionfondé sur le capital; le libre développement deses conditions et de soi en tant que procèsreproduisant toujours ces conditions.»

(Marx, Grundrisse Tome 2 p. 142 EditionsSociales.)

Même sous la forme de capital porteurd'intérêt, là où le capital apparaît commecapacité générique de valorisation11, ainsi que11 "Ainsi c'est l'intérêt et non le profit qui apparaîtcomme le créateur de valeur du capital, qui jaillitdu capital en tant que tel et, par conséquent, de lasimple propriété du capital : d'où le revenu créépar le capital de façon spécifique. C'est d'ailleursdans cette forme qu'il est compris par leséconomistes vulgaires. Dans cette forme toutemédiation est effacée. La forme fétichisée ducapital est achevée tout comme l'est l'idée ducapital-fétiche. Ce qui engendre nécessairementcette configuration, c'est que la propriété juridiquedu capital se sépare de sa propriété économique etque l'appropriation d'une partie du profit, sous lenom d'intérêt, revient à un capital en soi, ou à un

sous la forme juridique de propriété de l'Etat,la propriété économique du capital resteindividuelle. Or, si la périodisation du MPC nepeut se référer qu'au développement généraldes forces productives avec une forme socialedéterminée, donc au capital social, elle doitcependant tenir compte du mouvementautonomisé des capitaux individuels et de leurscaractéristiques spécifiques.

«Le fait que le capital social est la somme descapitaux individuels (y compris les capitauxpar actions et le capital d'Etat, dans la mesureoù les gouvernements emploient le travailsalarié productif dans les mines, les cheminsde fer etc., et fonctionnent comme descapitalistes individuels) et que le mouvementtotal du capital social est égal à la sommealgébrique des mouvements des capitauxindividuels, n'empêche nullement cemouvement, en tant que mouvement d'uncapital individuel isolé, de présenter d'autresphénomènes que le même mouvement étudié,comme partie du mouvement total du capitalsocial, donc en connexion avec lesmouvements des autres parties. Le mouvementtotal du capital social résout des problèmesdont la solution, lors de l'étude du cycle ducapital individuel isolé, doit être présupposée,au lieu d'en résulter.»

(Marx, Le Capital Livre 2 Première sectionChapitre III Tome 1 p. 90-91 EditionsSociales.)

Le mouvement de la concurrence entre lescapitaux individuels assume la physionomied'un cycle économique (ou industriel, ou desaffaires) constitué par des phases successivesde dépression, d'animation moyenne, deprécipitation et de crise (calme, animationcroissante, prospérité, surproduction,écroulement, stagnation, calme).

«Un point est acquis : avec sa durée deplusieurs années, ce cycle de rotations reliéesentre elles, au cours desquelles le capital estcaptif de son élément fixe, fournit la basematérielle des crises périodiques, qui fontpasser les affaires par des phases successives

propriétaire de capital, totalement séparés duprocès de production." (MARX, Théories sur la plus- value. Tome 3 p. 546Éditions Sociales.)

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THEORIE

de stagnation, d'animation moyenne, deprécipitation, de crise.»

(Marx, Le Capital Livre 2 Deuxième sectionChapitre IX Tome 1 p. 171 Editions Sociales.)

La concurrence oblige les capitaux à veiller àce que leur procès particulier de valorisation etde circulation ne soit pas interrompu et mêmeà tout mettre en œuvre pour qu'augmente leurpropre vitesse de rotation; le passage ducapital d'une forme fonctionnelle à l'autre -ducapital-argent au capital productif, au capital-marchandise, à nouveau au capital-argent etainsi de suite-12 doit avoir lieu sans accroc13

12 "Capital-argent, capital-marchandise, capitalproductif ne désignent donc pas ici des sortesautonomes du capital dont les fonctionsformeraient le contenu de branches d'affairesséparées et également autonomes. Ils ne désignentque des formes fonctionnelles particulières ducapital industriel, qui les prend toutes les troissuccessivement."(MARX, Le Capital. Livre 2 Tome 1 p. 50 Éd.Sociales.)13 "Le cycle du capital ne s'opère normalement quepour autant que ses différentes phases passent sansarrêt de l'une à l'autre. Si un arrêt se produit dansla première phase A-M [argent-marchandisen.d.r.], le capital se fige en trésor; si c'est dans laphase de production, les moyens de productionrestent sans fonction d'un côté, et la force detravail inoccupée de l'autre; si c'est dans ladernière phase M'-A' [marchandise contenant plus-value - argent, expression générique du capitalvalorisé n.d.r.], les marchandises amoncelées sanspouvoir se vendre obstruent le courant de lacirculation." (Marx, Le capital. Livre 2 Première section,Chapitre I Tome 1 p. 50 Editions Sociales.)"Tout blocage dans la succession cause dudérangement dans la juxtaposition, tout blocage àun stade entraîne un blocage plus ou moins gravepour le cycle total non seulement de la fraction ducapital bloquée, mais aussi du capital individueldans son ensemble."(Marx, Le Capital. Livre 2 Première section,Chapitre IV Tome 1 p.96 Ed. Sociales.)"En étudiant le procès de production nous avons vuque toute la tendance, tout l'effort de la productioncapitaliste consiste à accaparer le plus possible desurtravail, donc à matérialiser le plus possible detemps de travail immédiat avec un capital donné,que ce soit par l'allongement du temps de travailou par le raccourcissement du temps de travailnécessaire en développant la force productive dutravail, en employant la coopération, la division dutravail, le machinisme etc., bref par la productionsur une grande échelle, donc la production de

et les conditions d'exploitation de la classeouvrière doivent se reproduire avec leminimum d'entraves. Dès que lasuccession/juxtaposition des formesfonctionnelles du capital est interrompue onest en présence d'une crise de valorisation.

«La possibilité générale des crises c'est lamétamorphose formelle du capital elle-même,la non coïncidence spatiale et temporelle del'achat et de la vente.»

(Marx, Théories sur la plus-value Tome 2 p.614 Ed. Soc.)

Si la réunification violente de vente et achatest la forme élémentaire des crises, elles nesont pas explicables simplement sur la base dela compréhension de leur possibilité formelle.Le communisme en tant que science expliqueles soubresauts de la valeur -qui lors des crisesse dévalorise en grande masse- par la loiglobale de la production capitaliste : lasurproduction générale de marchandises,phénomène de base des crises.

Les capitaux individuels dans leur mouvementsont poussés à l'accumulation croissante, c'est-à-dire à la valorisation maximale du capitalavancé, en augmentant à la fois :

* la productivité relative du travail

«Cette productivité est basée sur laproductivité relative en ce sens que letravailleur ne remplace pas seulement unevaleur ancienne, mais en crée une nouvelle etque dans son produit est matérialisé plus detemps de travail que n'en contient le produitqui le conserve en vie en sa qualité d'ouvrier.L'existence du capital est fondée sur ce genrede travail salarié productif.»

(Marx, Théories sur la plus-value Tome 1 p.162 Editions Sociales.)

* la force productive du travail

masse.L'essence de la production capitaliste impliquedonc une production qui ne tienne pas compte deslimites du marché."(Marx, Théories sur la plus-value. Tome 2 p.621Editions Sociales)"Le capital produit constamment et abolit toutaussi constamment la production proportionnée." (Marx, Grundrisse. Tome 1 p.353 EditionsSociales.)

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MOUVEMENT COMMUNISTE

«Etant donné la plus-value, l'abondance duproduit net dont elle est la valeur correspondà la productivité du travail mis en oeuvre. Amesure donc que le travail développe sespouvoirs productifs le produit net comprendplus de moyens de jouissance etd'accumulation.»

(Marx, Le Capital Livre 1 Septième sectionChapitre XXIV Tome 3 p. 45 Ed. Sociales)

* l'échelle de la production

«Plus le capital est grand, plus la productivitédu travail est développée et, en général, plusgrande est la production capitaliste, et plusgrande est aussi la masse des marchandisesqui se trouvent en train de passer de laproduction à la consommation (individuelleou industrielle), en circulation, sur le marché,et plus grande est la certitude pour chaquecapital particulier de trouver toutes prêtes surle marché les conditions de sa reproduction.»

(Marx, Théories sur la plus-value Tome 2 p.578 Editions Sociales.)

*la conquête de parts de marchésupplémentaires

«Conformément à l'essence de la productioncapitaliste, chaque capital particulier :

1. travaille à une échelle, déterminée non paspar la demande individuelle (besoinsparticuliers, commandes, etc. ...) mais par lavolonté de réaliser autant de travail, donc desurtravail, que possible, et de fournir, avec uncapital donné, la plus grande masse possiblede marchandises,

2. cherche à occuper sur le marché la plusgrande place possible, en s'efforçantd'évincer, d'éliminer ses concurrents.Concurrence des capitaux.»

(Marx, Théories sur la plus-value Tome 2 p.578 Ed. Sociales.)

Le moteur du passage de la phase desoumission formelle du procès de travail aurapport de production capitaliste à celle desoumission réelle, son mobile immanent, c'estle mouvement concurrentiel à courscatastrophique du capital social.

«La destruction de valeur et de capital quisurvient dans une crise coïncide avec -etéquivaut à- un accroissement général desforces productives. Cet accroissement n'estcependant pas dû à une augmentation effectivede la force productive du travail (pour autantqu'il y ait une telle augmentation effective à lasuite des crises, mais ce n'est pas le momentd'en parler), mais il est dû à une diminution dela valeur existante des matières premières, desmachines, de la puissance de travail... Enmême temps et d'autre part, un accroissementsoudain et général des forces productivesdévaloriserait relativement toutes les valeursexistantes (le travail étant objectivé à un stadeinférieur des forces productives) et détruiraitdonc du capital existant aussi bien que lapuissance de travail existante.»

(Marx, Grundrisse Tome 1 p. 386 EditionsSociales.)

Le capital obtient par la crise une réduction ducapital total car tous les éléments objectifs etsubjectif de la production sont frappés par unecertaine perte de valeur : une certaine fractiondu capital accumulé ne peut plus se traduire envaleur, elle perd sa faculté de mettre enmouvement productif des valeurs d'usage pourse reproduire en tant que valeur qui sevalorise; par la dévalorisation du capital socialla chute du taux de profit se trouve enrayéepuisqu'il est nécessaire d'avancer relativementmoins de capital pour extorquer relativementplus de plus-value au travail salarié productif.En d'autres termes le travail vivant, sans quecela soit le fait d'une puissance productiveaccrue par le développement de la coopération,de la division du travail ou du machinisme,s’avérera être plus productif de plus-value(hausse des forces productives pendant lacrise).

Mais ce résultat ponctuel et éphémère esttoujours payé au prix fort de convulsionséconomiques et sociales. Et dès que la rudecure de jouvence de l'écroulement de laproduction produit l'effet d'un redémarrageadéquat et généralisé de la valorisation, il fautfatalement revenir aux moyens classiquesd'augmentation des forces productivesporteuses de la tendance à la baisse du taux de

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THEORIE

profit et à la dévalorisation du capitalaccumulé.

Le cours catastrophique du MPC et notammentses crises périodiques créent les conditionsobjectives de l'augmentation de la compositiontechnique du capital, poussent audéveloppement et à l'introduction généraliséedes technologies nouvelles. C'est bien après lacrise que le capital est le plus poussé àl'investissement en capital fixe.

«Sans doute les périodes d'investissement ducapital sont fort différentes et sansconcordance; mais la crise sert toujours depoint de départ à un puissant investissement;elle fournit donc plus ou moins -au point devue de la société prise dans son ensemble-,une nouvelle base matérielle pour le prochaincycle de rotation.»

(Marx, Le Capital Livre 2 Deuxième sectionChapitre IX Tome 1 p. 171 id.)

«En un mot -ce phénomène est un effet de laconcurrence- il leur [aux capitalistesparticuliers n.d.r.] faut également adopter lenouveau mode de production où le rapport ducapital variable au capital constant estmoindre que dans l'ancien.»

(Marx, Le Capital Livre 3 Troisième sectionChapitre XV Tome 1 p. 277 id.)

C'est au sein de la vie accidentée du capitalsocial, des moments du cycle économiqueconcurrentiel du capital industriel, ou encoredu mouvement d'ensemble d'autonomisationdes capitaux individuels (déterminationsimmanentes du capital social) qu'on repère laraison matérialiste de la place croissante ducapital fixe dans le capital total. Et plus encoredans son rapport au capital variable et dansl'introduction puis extension de l'emploi desmachines dans le procès de productionimmédiat. Le bouleversement permanent-révolution- du procès de travail, induit parl'essence conflictuelle du capital, détermine àson tour le degré historiqued'approfondissement de la domination durapport de capital sur la production sociale-elle-même du reste n'existant que par lamédiation du rapport capitaliste. Nousdéfinissons sur cette base conceptuelle précisela périodisation du MPC comme étant scandée

par la modification historique des modalités del'exploitation capitaliste et plusparticulièrement par la prédominancehistorique d'une forme d'extraction de la plus-value sur l'autre, rendue possible -ou pasencore- par la puissance productive atteinte parle travail.

«C'est pourquoi, dans l'analyse du procès deproduction, nous avons vu que la productionde plus-value absolue et relative détermine :

1° la durée du procès de travail quotidien

2° toute la forme sociale et technique duprocès de production capitaliste.»

(Marx, Le Capital Livre 2 Troisième sectionChapitre XIX Tome 2 p. 39 EditionsSociales. )

MARCHÉ MONDIAL ETPÉRIODISATION DU MPC.

Le capital en procès brise toutes les barrièresgéographiques qui s'opposent à la valorisation.Il dissout par l'établissement de sa productionde marchandises les modes productifsprécédents, il unifie les marchés régionauxpuis il restructure le marché mondial enfonction de la production capitaliste desmarchandises.

«L'essentiel dans la production capitaliste estle développement du produit en marchandise,qui est essentiellement lié à l'extension dumarché, à la création du marché mondial,donc au foreign trade (commerce extérieur).»

(Marx, Théories sur la plus-value Tome 2 p.504 Editions Sociales.)

Le capital, avant l'affirmation de son propremode productif, croît et se renforce dans lacirculation des marchandises produites sur labase, ou plutôt dans les interstices, des modesproductifs qui précèdent le sien. En favorisantla transformation du surproduit social enmarchandises, le capital s'accumule à unniveau historique et en quantités suffisantes àpénétration du rapport productif. Pour que celase fasse, même à ce stade de son cours, lacirculation des marchandises issues des modesde production pré-capitalistes ne doit pasconnaître d'entraves de nature géographique.Le marché mondial de ces marchandises est

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MOUVEMENT COMMUNISTE

une nécessité pour le capital évoluant encoreuniquement dans la sphère de la circulation.

«La circulation des marchandises est le pointde départ du capital. Il n'apparaît que là où laproduction marchande et le commerce ontdéjà atteint un certain degré dedéveloppement. L'histoire moderne du capitaldate de la création du commerce et du marchédes deux mondes au XVIème siècle.»

(Marx, Le Capital Livre 1 Deuxième sectionChapitre IV Tome 1 p. 151 Editions Sociales.)

L'apparition du nouveau marché universel,créé par les grandes découvertes de la fin duXVème siècle (Marx, Le Capital Livre 1Cinquième section Chapitre XXXI p. 192Editions Sociales), ne signifie pourtant pas quele capital ait déjà toute prête en face de soi lacondition suffisante de la productioncapitaliste. Elle ne signifie pas non plus que lemarché universel ait atteint ses limites dès leXVIème siècle. De surcroît, Marx et Engels seseraient contredits à d'autres endroits de leuroeuvre lorsqu'ils imputent au capital pénétrantdans la production -capital industriel- lacréation du marché mondial.

«Trois faits principaux de la productioncapitaliste :

1. Concentration des moyens de production enpeu de mains; ainsi ils cessent d'apparaîtrecomme la propriété des ouvriers qui lesutilisent directement et se transforment, aucontraire, en puissances sociales de laproduction. Mais d'abord ils apparaissentcomme propriété privée des capitalistes.Ceux-ci sont les trustees (syndics) de lasociété bourgeoise, mais ils empochent tousles fruits qui résultent de cette fonction.

2. Organisation du travail lui-même commetravail social : par la coopération, la divisiondu travail et la liaison du travail et dessciences de la nature.

3. Constitution du marché mondial.» (Marx,Le Capital Livre 3 Troisième section ChapitreXV Tome 1 p. 278 Editions Sociales.)

Engels est encore plus précis quand il définitla période infantile du commerce mondial desannées 1815 à 1847 ou lorsqu'il affirme que :

«L'extension colossale des moyens detransport -navires assurant les liaisonstransocéaniques, chemin de fer, télégrapheélectrique, canal de Suez- a établi pour lapremière fois, REELLEMENT, un marchémondial.»

(Note de ENGELS à MARX in Le CapitalLivre 3 Cinquième section Chapitre XXXTome 2 p. 151 Editions Sociales.)

En réalité, si l'on exclut la thèse superficielled'une erreur de la part de Marx-Engels dans ladéfinition du marché mondial et dans ladélimitation chronologique de sa formation, ilfaut remonter à la catégorie de marchandise età son cours historique de production pour yvoir plus clair.

Avant le MPC la marchandise autonomecircule grâce aux formes anciennes du capitalcantonnées à la sphère de la circulation. Avecle MPC le capital s'incruste dans la productionen la façonnant de telle sorte que lesmarchandises produites contiennent une valeursupérieure au capital avancé pour rassembleret mettre en mouvement les facteurs objectifset subjectifs de la production marchande : cettenouvelle valeur extraite du travail vivant c'estla plus-value.

«Nous partons de la marchandise -de cetteforme spécifique sociale du produit- commebase et condition de la production capitaliste.Nous prenons des produits singuliers etanalysons les déterminations de forme qu'ilsrecèlent en tant que marchandise, qui fontd'eux des marchandises. Avant la productioncapitaliste -dans les modes de productionantérieurs- une grande partie du produitn'entre pas dans la circulation, n'est pas jetéesur le marché, n'est pas produite commemarchandise, ne devient pas marchandise.

D'autre part dans ce cas, une grande partiedes produits qui entrent dans la productionn'est pas marchandise et n'entre pas en tantque marchandise dans le procès. Lamétamorphose des produits en marchandisesn'a lieu qu'à certains points, ne s'étend qu'àl'excédent de la production etc., ou seulementà certaines sphères de cette dernière (produitsmanufacturés), etc. Les produits n'entrent paspour leur volume total dans le procès en tant

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THEORIE

qu'articles de commerce, et tout l'éventail desproduits n'en sort pas comme tel. Et pourtantle développement du produit qui se transformeen marchandise, en circulation demarchandises, donc en circulation d'argent,dans des limites déterminées, par conséquentun commerce développé jusqu'à un certaindegré, sont la présupposition, le point dedépart de la formation de capital et de laproduction capitaliste.

Nous traitons la marchandise comme ceprésupposé, puisque nous partons d'ellecomme l'élément le plus simple de laproduction capitaliste. Mais d'un autre côté,le produit, le résultat de la productioncapitaliste, est la marchandise. Ce quiapparaît comme son élément se présenteultérieurement comme son propre produit.

C'est seulement sur la base de cetteproduction qu'être marchandise devient laforme générale du produit, et plus elle sedéveloppe, plus les produits entrent dans sonprocès comme ingrédients sous la forme de lamarchandise. La marchandise, telle qu'ellesort de la production capitaliste, est différentede la marchandise dont on part en tantqu'élément de la production capitaliste. Cen'est plus la marchandise considéréeisolément, le produit pris isolément que nousavons devant nous. La marchandise, leproduit pris isolément n'apparaît passeulement réellement comme produit, maisencore comme marchandise, comme portionnon seulement réelle, mais aussi idéelle de laproduction dans son ensemble.

Chaque marchandise prise isolément[apparaît] comme porteuse d'une portiondéterminée du capital et de la plus-value qu'ilcrée : la valeur du capital avancé « lesurtravail approprié, donc par exemple lavaleur de 120 l. (si le capital est de 100 l. et lesurtravail = 20 l.) est contenue, en valeur,dans le produit total, par exemple 1200 aunesde cotonnade. Chaque aune = 120/1200 l. =1/10 l. = 2 sh. Ce n'est pas la marchandiseprise isolément qui apparaît comme résultatde ce procès, mais la masse des marchandisesdans laquelle s'est reproduite la valeur ducapital total « une plus-value. »

(Marx, Théories sur la plus-value Tome 3 pp.129-130 Editions Sociales.)

Le capital à la fois développe et intègre laproduction de marchandises et détruit lamarchandise autonome pour y substituer laproduction capitaliste de marchandises. Seul lecapital industriel a la faculté de généraliser laproduction marchande et d'en faire lefondement de la vie économique. Un monde demarchandises s'oppose dès lors au produit nonmarchand et aux marchandises antédiluviennesautonomes ne contenant pas de plus-value.

«A l'origine, le commerce est la conditionpréalable de la transformation en productioncapitaliste de la production de type corporatif,rurale-domestique, et agricole-féodale. Il faitdu produit une marchandise, soit en luiprocurant un marché, soit en créant desnouveaux équivalents-marchandises, soit enfournissant de nouvelles matières premières àla production, inaugurant ainsi de nouveauxmodes de production qui d'emblée sont fondéssur le commerce, aussi bien sur la productionpour le marché que sur les éléments de laproduction qui proviennent du marchémondial. Dès que la manufacture s'est assezrenforcée, et plus encore dans le cas de lagrande industrie, elle crée de son côté lemarché, le conquiert, s'ouvre des marchésparfois par la force, mais c'est par sesmarchandises elles-mêmes qu'elle lesconquiert. Par la suite, le commerce n'est plusque le serviteur de la production industriellepour laquelle un marché sans cesse enexpansion est devenu une conditiond'existence, en ce sens qu'une production demasse en expansion constante, dont les bornesne sont pas les limites existantes du commerce(dans la mesure où celui-ci n'exprime qu'unedemande existante) mais uniquementl'importance du capital existant et la forceproductive développée des travailleurs,submerge le marché existant et travaille doncconstamment à en élargir et à en reculer lesbornes. Ici le commerce est serviteur ducapital industriel et remplit une fonctionémanant des conditions de production de cedernier.»

(Marx, Théories sur la plus-value Tome 3 p.556 Editions Sociales.)

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MOUVEMENT COMMUNISTE

Si dès son stade manufacturier, le capitalindustriel unifie et généralise d'un côté lemarché, de l'autre il démolit l'ancien marchédes marchandises autonomes pour y injecterses marchandises. Dans ce sens précis il créeson marché sur les cendres de la production etde la circulation des marchandises autonomes.

«Dès que la manufacture s'est quelque peurenforcée et encore davantage la grandeindustrie, elles se créent à leur tour le marchéou le conquièrent pour leurs marchandises.»

(Marx, Le Capital Livre 3 Quatrième sectionChapitre XX Tome 1 p. 344 EditionsSociales.)

Le marché mondial, avec la formation ducapital industriel, subit une profondetransformation : quantitative, dans la mesureoù la production de masse sans cesse élargieest une caractéristique exclusive du MPC,qualitative car c'est enfin la production quidétermine le marché et pas l'inverse et aussiparce que le capital subsume le marché par sapropre production de marchandises.

«La production capitaliste ne produitnullement à un niveau arbitraire, mais, pluselle se développe, et plus elle est obligée deproduire à une échelle qui n'a rien à voir avecla demande immédiate, mais dépend d'uneextension croissante du marché mondial.»

(Marx, Théories sur la plus-value Tome 2Editions Sociales.)

La limite de la valorisation est contenue nonpas dans la réalisation de la valeur mais dansla valorisation elle-même. Certes, la régulationet l'extension du marché existant -quiaujourd'hui prend plutôt la forme de lacroissante d'une traduction croissante enmarchandises des besoins deshommes/consommateurs et de leurstimulation/élargissement dans le cadre duroyaume planétaire de la valeur que la formed'une découverte d'aires géographiques àproduction non-marchande et de l'impositionde la valeur à ces dernières-, l'économie decapital à avancer, la rationalisation desfacteurs de la production, etc. sont autant demoyens pour que le hiatus entre production etréalisation ne se manifeste de façon explosiveà chaque instant. Néanmoins la réalité du MPC

reste la même : le capital industriel estindifférent au marché.

S’agissant de la détermination des quantités etde la nature des marchandises à produire, il n'ya que la grandeur du capital en fonction et laforce productive du travail mise en jeu, c'est-à-dire le montant de capital-argent à avancer etla productivité relative du travail (le degréd'exploitation historiquement possible etnécessaire et son niveau ponctuel) qui ne luisont pas indifférentes. Rien à voir avec lesidéologies anticommunistes de la décadenceprésumée du MPC pour cause de saturationpermanente des marchés, d'épuisement desaires à production non-marchande ou autresâneries de ce genre.

«Une production marchande développée nepeut qu'être production capitaliste desmarchandises.»

(Marx, Le Capital Livre 2 PRemière sectionChapitre IV Tome 1 p. 102 Editions Sociales.)

Le capital produit maintenant son présupposé-le marché mondial- en déplaçant sans cesseles limites de la valorisation plus loin, par lacroissance de la puissance productive dutravail, en imposant sa production à lacirculation, en multipliant les points deproduction capitaliste de marchandises suivantles artères de la circulation, ens'internationalisant, en se concentrant, en secentralisant, en se séparant/dépassant (dans lesens de la soumission) la nature et enreformulant les besoins de l'homme sur la basede la valeur se valorisant.

«Ce mouvement qui retire le sol natureloriginel sous le sol de chaque industrie et quidéplace les conditions de production de celle-ci à l'extérieur d'elle-même dans uneconnexion générale... ce mouvement constituela tendance du capital. Ce qui devient la basede toutes les industries c'est l'échangeuniversel lui-même, le marché mondial, et parlà l'ensemble des activités, du trafic, desbesoins etc. qui le constituent.»

(Marx Grundrisse Tome 2 p. 20 EditionsSociales.)

«La production basée sur le capital impliquedonc, entre autres, la production d'un cercle

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THEORIE

sans cesse élargi de la circulation, soit que cecercle soit agrandi directement, soit qu'ontransforme un plus grand nombre de sespoints en points de production. Si lacirculation était apparue d'abord comme unegrandeur donnée, elle apparaît ici comme unegrandeur en mouvement et s'élargissant grâceà la production elle-même. Ainsi elle apparaîtdéjà elle-même comme un moment de laproduction. Et le capital, qui a donc tendanceà toujours créer plus de surtravail, a aussi, defaçon complémentaire, tendance à créer plusde points d'échange...; au fond à étendre laproduction basée sur le capital ou le mode deproduction lui correspondant. La tendance àcréer le marché mondial est immédiatementdonnée dans le concept de capital. Chaquelimite y apparaît comme un obstacle àsurmonter. Le capital a donc d'abord tendanceà soumettre chaque moment de la productionelle-même à l'échange et à abolir laproduction de valeurs d'usage immédiatesn'entrant pas dans l'échange, c'est-à-dire àsubstituer la production basée sur le capital àd'autres modes de production antérieurs qu'iljuge trop enracinés dans la nature. Lecommerce n'apparaît plus ici comme unefonction permettant d'échanger l'excédent dedeux productions autonomes, mais comme unmoment et un présupposé de la production quiembrassent essentiellement la totalité de laproduction elle-même... (D'où la tendance ducapital : 1. à élargir continuellement la sphèrede la circulation; 2. à la transformer en tousses points en production fondée sur le capital).»

(Marx, Grundrisse Tome 1 p. 347 EditionsSociales.)

Dans la première phase du capitalisme -lamanufacture avec prédominance de l'extractionde la plus-value absolue- l'expansion dumarché universel et le système colonial fontpartie de ses conditions d'existence générales.Comme on a pu le constater plus haut, laprésence du commerce mondial est unprésupposé, un élément fondant dusurgissement et de la domination de laproduction capitaliste de marchandises surtous les modes productifs pré-capitalistes.Ceux-ci se démarquent du MPC car ils sont

essentiellement finalisés vers la production devaleurs d'usage et seulement marginalement,dans la mesure de l'existence d'un excédent surles valeurs d'usage consommées, de valeursd'échange. La manufacture, forme première(dans le sens chronologique) de division dutravail du capital industriel14, d'un côté respire14 "Le développement caractéristique de lamanufacture est la division du travail."(Marx, Grundrisse Tome 2 p. 76 Éditions Sociales.)Encore incapable de fournir des marchandises à descoûts de production suffisamment faibles pour lesimposer par ce simple fait partout dans le monde, leMPC dans sa phase manufacturière joue du canon etdu sabre avec un acharnement inégalé auparavantafin de plier les marchés qui lui résistent et/ou danslesquels le surplus de produits qui se transformenten marchandises sont vendus à un prix de marchéavantageux. Du levier militaire comme facteurd'expansion économique, comme forceéconomique... Caractéristiques, en guise d'exemple,les difficultés rencontrées par l'Angleterre en Inde etsurtout en Chine qui ont rendu "nécessaire" unerude occupation militaire prolongée. La force de larésistance des anciens modes de production et desfacteurs naturels à la pénétration capitaliste peutainsi être mesurée par le fait que les britanniquesont dû poursuivre la politique du bâton en Inde etencore plus en Chine bien au delà de la phasemanufacturière, jusqu'à ce siècle. "Un exemple frappant des obstacles que la soliditéinterne et la structure des modes de productionnationaux pré-capitalistes opposent à l'action dedésagrégation du commerce, nous est donné parles relations de l'Angleterre avec les Indes et laChine. Dans ces pays l'unité de la petiteagriculture et de l'industrie domestique constitue lagrande base du mode de production; il faut yajouter, pour les Indes, la forme des communesrurales reposant sur la propriété foncière encommun qui était d'ailleurs également la formeprimitive en Chine. Aux Indes, les anglais,souverains et rentiers fonciers, déployèrentsimultanément leur puissance politique etéconomique pour faire éclater ces petitescommunautés économiques. Si leur commerce agitici de façon révolutionnaire sur le mode deproduction, ce n'est qu'en détruisant par le bas prixde leurs marchandises la filature et le tissage,partie intégrante très ancienne de cette unité de laproduction industrielle et agricole, ce qui déchireles communautés. Même ici leur œuvre dedestruction ne réussit que très progressivement.Elle réussit encore moins en Chine, où le pouvoirpolitique direct ne leur vient pas en aide. Lagrande économie et le gain de temps résultant de laconnexion directe de la manufacture et del'agriculture offrent ici une résistance des plusopiniâtres aux produits de la grande industrie; lesprix de ces produits comportent les faux frais du

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MOUVEMENT COMMUNISTE

l'air du large du marché mondial et de l'autre,par l'installation du système colonial,commence à lui imposer les marchandisesproduites sur sa base.

«Par le système colonial (en même temps quepar le système de prohibition) le capitalindustriel cherche dans les premiers temps deson développement à s'assurer par la force unmarché et des marchés.»

(Marx, Théories sur la plus-value Tome 3 p.556 Editions Sociales.)

Le système colonial est une arme permanentedu MPC dans sa phase manufacturièrecependant que le capitalisme mûr de la grandeindustrie peut et doit encore s'en servir lorsquese vérifient les mêmes conditions objectives etsubjectives de résistance des modes deproduction précédents. Avec la phasesupérieure du capitalisme, alors que toute laplanète est conquise aux marchandisescapitalistes et les anciens modes de productionrelégués à une place résiduelle par l'actionconjointe de la force armée concentrée del'Etat-nation capitaliste moderne et dudéveloppement extraordinaire des forcesproductives du travail comme puissance ducapital; le mode productif capitaliste est sansconteste et partout le moyen le plus rapide et leplus «économique» -dans le sens du moindrecoût de production- de fabriquer les produitsdont la société a besoin (ou pas... peu luiimporte du moment que par leurproduction/vente peut s'accroître la masse deplus-value réalisée). La marchandisecapitaliste, à l'époque du machinisme, règne ensouverain absolu sur la valeur d'usage et sur lavaleur d'échange issue de la marge des modesde production pré-capitalistes. Dès lors, l'usagede la force armée ne sert plusfondamentalement à soumettre les régions dumonde réticentes au MPC et à son produit-marchandise mais à ordonnancer/réglercertains conflits inter-capitalistes et défendrele régime de l'exploitation quand il est attaquépar le prolétariat et les classes opprimées. Laguerre devient ainsi, en des circonstancesprécises du cycle économique du capital, et

procès de circulation qui les met partout enmauvaise posture." (Marx, Le Capital L3 chapitre XX T1 p. 342 E.S.)

historiquement de plus en plus, un formidablemoyen :

1. pour résoudre pendant un temps, dont lalongueur est déterminée par le degré de gravitéde la défaite militaire de l'ennemi, la guerreéconomique permanente entre fractions ducapital social mondial,

2. pour relancer la valorisation, toujourspendant un temps et avec l'impératif de gagner,des sections nationales du capital par lacréation d'un marché des biens deconsommation d'autant plus vaste et florissantque le théâtre du conflit est étendu et sa duretéélevée,

3. pour détruire/dévaloriser les forcesproductives du travail inaptes- au niveaudonné de leur développement précédantl'affrontement armé- de valoriser la valeur àune échelle historiquement suffisante.

L'Etat -force économique et militaireconcentrée et centralisée de sa propre sectionterritoriale du capital social mondial-, entemps de guerre, fait face -en tendance- à tousles autres Etats et en ce sens il symbolise auplus haut point le mouvementd'autonomisation du capital individuel. Donctout Etat capitaliste est, à un moment ou à unautre de son histoire, impérialiste; tout Etatcapitaliste doit, à un moment ou à un autre,agresser, annexer, briser son semblable pourdéfendre/assurer la domination de «son»capital national. En règle générale on peutaffirmer que l'usage permanent de la forcecinétique -typique de la période coloniale quis'étend jusqu'aux prodromes de la grandeindustrie- est remplacé, à l'apogée du capitalindustriel, par l'utilisation constante etcroissante de la force potentielle, virtuelle,-expression achevée de l'énorme puissancemenaçante du MPC caractéristique de ladictature démocratique du capital- et parl'éclatement périodique de conflits armés dontl'intensité destructrice est directementproportionnelle au niveau atteint par lapuissance productive sociale du capital. L'Etat«grand industriel» est par conséquent pacifisteet belliqueux, démocratique et totalitaire etcela au paroxysme. Aujourd'hui, la politiquecoloniale est pratiquée ponctuellement par lesEtats capitalistes plus forts et, d'une façon

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THEORIE

systématique appliquée par les Etatscapitalistes plus faibles. L'ère de la grandeindustrie mécanisée est marquée par lesguerres inter-capitalistes à vocation mondialecomme mondiale est la domination du capitalet son marché. Cela n'est pas en contradictionavec la course toujours inachevée du capitalvers ce que Marx appelle l'industrieuniverselle15 -et non l'Etat capitalisteplanétaire d'après la falsification de certainsidéalistes. Au contraire la guerre, la politiqueimpériale et coloniale, la concurrence entrecapitaux sont à considérer comme autant dephénomènes exprimant cette trajectoire etl'impossibilité de son aboutissement.

«Mais si le capital pose chaque limite de cetype comme un obstacle qu'il surmonte ainside manière idéelle, il ne le surmonte pasréellement pour autant; et comme chacun deses obstacles est en contradiction avec sadétermination et sa destination, sa productionse meut dans des contradictions qui sontconstamment surmontées, mais tout aussiconstamment posées. Il y a plus. L'universalitéà laquelle le capital aspire irrésistiblement seheurte à des obstacles qu'il rencontre dans sanature propre et qui le font reconnaître lui-même à une certaine phase de sondéveloppement comme obstacle majeur à cettetendance à l'universalité, le poussant donc àsa propre abolition.»

15 "De la même façon, donc, que la productionfondée sur le travail crée l'industrie universelle-c’est-à-dire du surtravail, du travail créateur devaleur-, elle crée, d'autre part, un système quirepose sur l'utilité et qui semble s'appuyer aussibien sur la science que sur toutes les qualitésphysiques et intellectuelles, tandis que rien (endehors de ce cercle de production et d'échangessociaux) n'apparaît comme ayant une valeursupérieure en soi, comme étant justifié en soi endehors de ce cercle de la production et deséchanges sociaux. Si bien que c'est seulement lecapital qui crée la société civile bourgeoise etdéveloppe l'appropriation universelle de la natureet de la connexion sociale elle-même par lesmembres de la société. D'où la grande influencecivilisatrice du capital. Le fait qu'il produise unniveau de société par rapport auquel tous lesautres niveaux antérieurs n'apparaissent quecomme des développements locaux de l'humanité etcomme une idolâtrie naturelle."(Marx, Grundrisse. Tome 1 P. 348-349 Ed.Sociales.)

(Marx, Grundrisse Tome 1 p. 349 EditionsSociales.)

Nous avons donc vu que, dès la domination ducapital industriel, le marché mondial subit laproduction capitaliste, tend à se développer àmesure et au gré de la production capitaliste demarchandises. En cela rien ne distingue sur lefond les deux phases historiques du mode deproduction capitaliste. La seule variation, detaille, consiste en la conquête, pendantl'époque manufacturière, du marché mondialaux marchandises produites selon le modecapitaliste. En ce moment le capital anéantitles valeurs d' usage immédiates n'entrant pasdans l'échange et fait la preuve, avec ou sansl'usage de la force, de la supériorité du MPCvis-à-vis des modes de production antérieursen ce qui concerne la production demarchandises. En d'autres termes, l'époque dela prédominance de l'extorsion de la plus-valueabsolue -manufacture- se caractérise comme lapériode de formation du marché mondial de laproduction capitaliste de marchandises. Tantque le MPC n'aura pas démontré la supérioritéde son produit social -la marchandisecontenant de la plus-value- , c'est-à-dire sacapacité d'assembler les forces productives del'homme et de la nature de telle sorte que soitgénéralement réduit le temps de travail socialpour la fabrication des marchandises et soitaugmenté grandement le nombre produit, tantque le MPC n'aura pas imposé, par le biais dela dévalorisation des marchandises et lamassification de leur production, sadomination sociale et politique à la planètetoute entière, l'ensemble des conditions de larévolution mondiale du prolétariat ne serontpas réunies. En ce sens le capital joue pendantcette phase en faveur du communisme dans lesaires qui n'ont pas encore atteint le degréhistorique du développement d'un prolétariatmoderne suffisamment fort pour y imposer sapropre dictature. Contre tout humanismebourgeois, le prolétariat mondial n'a aucunintérêt, bien au contraire, à soutenir les classesdominantes et les régimes des pays pré-capitalistes.

«La création de plus-value absolue par lecapital -c'est-à-dire de plus de travailobjectivé- implique que le cercle de la

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MOUVEMENT COMMUNISTE

circulation s'élargisse et qu'il s'élargisseconstamment. La plus-value créée en un pointexige la création en un autre point d'une plus-value contre laquelle elle puisse s'échanger;même si, dans un premier temps, il ne s'agitque de produire davantage d'or et d'argent,davantage de monnaie, en sorte que, si laplus-value ne peut devenir immédiatementcapital, elle existe sous forme monétairecomme possibilité de capital nouveau... [Lecapital a tendance] du point de vue de la plus-value absolue ou du surtravail, qui est le nôtreici, à provoquer plus de surtravail pour secompléter; au fond, à étendre la productionbasée sur le capital ou le mode de productionlui correspondant.»

(Marx, Grundrisse Tome 1 p. 347 EditionsSociales.)

Une fois domestiquée la totalité de la planète,une fois créé le marché mondial de sesmarchandises, le capital, atteignant le sommetde son cours historique dans la phase de lagrande industrie -prédominance de l'extorsionde la plus-value relative-, «n'a plus qu'à»vendre plus de marchandises et à élargir sansrépit le champ des besoins traduisibles enmarchandises capitalistes. La création denouveaux marchés aura lieu au sein du marchémondial déjà existant, déjà achevé. Laconsommation sans cesse renouvelée et élargiede marchandises capitalistes ne sera plusfondée sur l'emprise du capitalisme sur desaires géopolitiques précédemment dominéespar des modes de production pré-capitalistesmais, sur l'approfondissement de la dictaturede la production capitaliste des marchandises«à l'intérieur des frontières du monde».

«D'autre part, la production de plus-valuerelative, c'est-à-dire la production de plus-value fondée sur l'accroissement et sur ledéveloppement des forces productives, exigela production de nouvelle consommation;exige qu'à l'intérieur de la circulation lecercle de la consommation s'élargisse autantque précédemment celui de la production.Premièrement, élargissement quantitatif de laconsommation existante; deuxièmement,création de nouveaux besoins par l'extensiondes besoins existants à un cercle plus large;troisièmement, production de nouveaux

besoins et découverte et création de nouvellesvaleurs d'usage. En d'autres termes, celasignifie que le surtravail gagné ne reste pas unexcédent seulement quantitatif, mais qu'enmême temps, au contraire, l'ensemble desdifférences qualitatives du travail (et donc dusurtravail) est constamment accru ainsi quedavantage diversifié et différencié en lui-même. Par exemple, si l'on double la forceproductive, on peut n'utiliser désormais qu'uncapital de 50 là où il en fallait auparavant unde 100, ce qui libère un capital de 50 et letravail nécessaire lui correspondant; ainsi ilfaudra donc créer pour le capital et le travaillibérés une nouvelle branche de production,qualitativement différente, qui satisfera etproduira de nouveaux besoins. La valeur del'ancienne industrie sera conservée par le faitque l'on crée un fonds pour une industrienouvelle, où le rapport entre le capital et letravail se posera sous une forme nouvelle.D'où l'exploitation de la nature entière et larecherche de nouvelles qualités utiles dans leschoses; d'où l'échange à l'échelle universellede produits fabriqués sous tous les climats etdans tous les pays; les nouveaux traitements(artificiels) appliqués aux objets naturels pourleur donner de nouvelles valeurs d'usage.{Faire allusion également plus loin aux rôlesdifférents que le luxe a joués chez les Ancienset à l'époque moderne}. D'où l'exploration dela Terre en tous sens, aussi bien pourdécouvrir de nouveaux objets utilisables quepour donner des nouvelles propriétésd'utilisation aux anciens; et utiliser commematières premières leurs nouvelles qualités,etc.; et donc le développement maximum dessciences de la nature; la découverte, lacréation la satisfaction de nouveaux besoinsissus de la société elle-même; la culture detoutes les qualités de l'homme social, pour laproduction d'un homme social ayant lemaximum de besoins, parce que riche dequalités et ouvert à tout - produit social leplus total et le plus universel qui soit possible- (car, pour une jouissance multilatérale, ilfaut la capacité même de cette jouissance etdonc un haut niveau culturel) -, tout cela estaussi bien une condition de la productionfondée sur le capital. Cela ne veut pas direseulement division du travail, création de

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THEORIE

nouvelle branches de production, c'est-à-direde surtemps qualitativement nouveau; maisaussi, que la production déterminée sedétache d'elle-même, comme travail d'unenouvelle valeur d'usage; le développementsans cesse élargi d'un système global de typesde travail et de types de production auxquelscorrespond un système de besoins toujoursplus riche et toujours élargi.»

(Marx, Grundrisse Tome 1 pp. 347-348Editions Sociales.)

Loin de stagner pour cause de saturation desmarchés et/ou pour fin des marchés pré-capitalistes le capital développe à une échelleincomparablement plus grande la productionde marchandises, donc sa valorisation. Lemoyen de la croissance quantitative de lavalorisation est de plus en plus celui del'augmentation de la force productive desfacteurs de la production par le développementet l'incorporation croissante de la science auprocès de travail.

D'autre part le «progrès technologique» recèleen son sein le contraire de la valorisation : ladévalorisation du capital ayant atteint un degrémoindre de développement des forcesproductives16.

De même qu'un capital individuel d'un certainniveau d'accumulation (valorisation) connaîtun taux d'autovalorisation (v/[v+pv]) moindreen comparaison d'un capital individuel ayantun plus faible degré d'accumulation17;16 "Son caractère spécifique (au MPC) est fondé surla valeur-capital existante considérée commemoyen de mettre en valeur au maximum cettevaleur. Les méthodes par lesquelles la productioncapitaliste atteint ce but impliquent : diminution dutaux de profit, dépréciation du capital existant etdéveloppement des forces productives du travail audépens de celles qui ont déjà été produites."(Marx, Le Capital Livre 3, Tome 1, troisièmesection chapitre XV p.262 Éditions sociales.)17 "Plus la plus-value est élevée avant le nouvelaccroissement de la force productive, c'est-à-direplus est déjà élevée la partie de la journéetravaillée gratuitement, plus est petite donc lapartie payée de celle-ci, la fraction de la journéequi constitue l'équivalent du travailleur, et plusfaible sera la croissance de la plus-value que lecapital obtient du nouvel accroissement de la forceproductive. Sa plus-value augmente, mais dans uneproportion toujours inférieure au développementdes forces productives. La limite reste le rapport

l'accumulation s'accélère avec ledéveloppement de la force productive dutravail bien que, dans le même temps, sonaccélération impulse la chute du taux de profitet du taux d'accumulation (C'/C)18. Laconcurrence entre différents capitaux fait ensorte que chaque capital individuel estcondamné à produire plus de marchandises et àles vendre à un prix toujours plus bas que sesconcurrents tout en accroissant le tauxd'exploitation par une plus grande extorsion deplus-value relative et absolue. C'est pour cetteraison que la règle de la grande industriecapitaliste reste celle d'une productionvolcanique, périodiquement interrompue pardes crises de la valorisation suivies par l'arrêtde la production et qui s'expriment -entreautres- par la saturation des marchés (crisescommerciales). Il serait cependant fauxd'attribuer à une saturation présuméepermanente des marchés la responsabilité de lacrise plus ou moins «historique»,«permanente» du capitalisme, et donc son nonmoins présumé déclin ou décadence. Au départ

entre la fraction de la journée qui exprime letravail nécessaire et la journée de travail touteentière. Il ne peut se mouvoir que dans ces limites.Plus la fraction qui revient au travail nécessaire estpetite au départ, donc plus le surtravail est grand,plus la proportion dans laquelle un accroissementde la force productive diminue le travail nécessaireest faible étant donné que le dénominateur de lafraction est d'autant plus grand. Le tauxd'autovalorisation du capital croît donc d'autantplus lentement que le capital est déjà valorisé."(Marx, Manuscrits 1861-1863, PP. 366-367,Éditions Sociales.)18 "Baisse du taux de profit et accélération del'accumulation ne sont que des expressionsdifférentes du même procès, en ce sens que toutesdeux expriment le développement de laproductivité. De son côté, l'accumulation accélèrela baisse du taux de profit dans la mesure où elleimplique la concentration du travail sur unegrande échelle, d'où une composition plus élevéedu capital. D'autre part, la baisse du taux de profitaccélère à son tour la concentration du capital etsa centralisation par la dépossession descapitalistes de moindre importance, l'expropriationdu dernier carré des producteurs directs, chez quiil restait encore quelque chose à exproprier. Ce quid'un autre côté accélère à son tour l'accumulation,quant à la masse, bien que le taux d'accumulationbaisse avec le taux de profit."(Marx, Le Capital, Livre 3, Tome 1, troisièmesection, chapitre XV, p.255, Éditions Sociales.)

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MOUVEMENT COMMUNISTE

seule compte pour le capital la production demarchandises contenant de la plus-value, sonpostulat étant le caractère virtuellementillimité du marché mondial.

«L'expansibilité immense et intermittente dusystème de fabrique [grande industrie] jointeà sa dépendance du marché universel, enfantenécessairement une production fièvreusesuivie d'un encombrement des marchés, dontla contraction amène la paralyse... A part lesépoques de prospérité, la lutte la plusacharnée s'engage entre les capitalistes pourleur place au marché et leurs profitspersonnels, qui sont en raison directe du basprix de leurs produits.»

(Marx, Le Capital Livre 1 Quatrième sectionChapitre VII Tome 2 P.133.)

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