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La Psychose hallucinatoire chronique (et le groupe des schizophrénies tardives) Pierre Delvot Interne Unité DALI, psychiatrie V Le 08/10/08

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La Psychose hallucinatoire chronique

(et le groupe des schizophrénies tardives)

Pierre Delvot

Interne

Unité DALI, psychiatrie V

Le 08/10/08

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Plan Historique

Critères empiriques français de la PHC (INSERM, 1969)

Classification internationale

Tableau typique de PHC

Etude clinique contrôlée de Dubertret

Conclusion

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Historique (1)

Le premier utilisateur du terme de PHC est Maurice Dide dans une communication à la Société de Psychiatrie (Encéphale, 1910).

En 1911, Gilbert Ballet a été le véritable promoteur de cette nouvelle entité nosographique dont il pense avoir mis en évidence « l’individualité ».

Ils se rejoignent dans leur volonté de scinder les psychoses chroniques non-paranoïques. Cependant, leurs descriptions cliniques divergent.

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Historique (2)

Pour Dide :– Cette affection est rare. Préférentiellement la ♀.– Principalement caractérisé par la présence d’hallucinations

pouvant touchées tous les sens.– Absence de toute interprétation délirante.– Absence de toute évolution démentielle.

Pour Ballet :– La PHC est caractérisée par une désagrégation initiale et

persistante de la personnalité (Sp constant).– L’hallucination, qui est le principal Sp, est une manifestation

de cette désagrégation. Elle est tjs associée ou précédée de l’écho de pensée.

– Les idées délirantes sont secondaires et contingentes.

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Historique (3) De Clérambault décrit, en 1927, le Sd d’automatisme

mental considéré comme le noyau de la psychose.– Automatisme sensoriel et sensitif = toute la gamme

des hallucinations.

– Automatisme idéo-verbales = énonciation, le commentaire, l’écho, le vol et le devinement de la pensée.

– Automatisme psychomoteur = sensation kinesthésique imposée (sans mouvement réel nécessaire) et d’articulation verbale forcée.

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Historique (4) La nécessité d’isoler la PHC fut remise en question

par l’école de Ey puis par Nodet (1937). Ils trouvent les mécanismes délirants trop

polymorphes pour représenter une entité à part, notamment distinctes des paraphrénies.

Dalle réhabille en 1964 la PHC qu’il nomme « Sd hallucinatoire idiopathique chronique ».

L’école française oppose à la schizophrénie les délires chroniques sans évolution dissociative ou déficitaire, tels les délires paranoïaques, le délire chronique d’imagination (paraphrénie) et la PHC.

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Critères empiriques français de la PHC (INSERM, 1969) A) au moins trois des manifestations 1. 2. 3. ou 4 pdt un mois.

– 1) Hallucinations auditives internes.• a) commentaires de la pensée.• b) écho de la pensée.• c) hallucinations conversent entre elles.

– 2) Idées délirantes d’influence.• a) sensations ou actions ressenties comme imposée par l’extérieur.• b) imposition de la pensée.• c) vol de la pensée.• d) divulgation de la pensée.

– 3) Hallucination de n’importe quel type.

– 4) Idée délirante de n’importe quel type.

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Critères empiriques français (suite) B) des signes permanents de la Mie depuis au moins six mois

avec présence d’au moins un des éléments suivants :– 1) manifestation A1, A2 ou A3.

– 2) détérioration du fonctionnement professionnel ou domestique.

– 3) détérioration des relations sociales.

– 4) repli sur soi.

– 5) pensée déréelle, illogique, bizarre, magique ou à tonalité délirante.

– 6) comportement désorganisé ou bizarre.

C) ne répond pas et n’a jamais répondu au critère A1 de la schizophrénie (tr. majeur du cours de la pensée).

D) ne répond pas aux critères d’une psychose délirante aiguë.

E) non dû à un tr. mental organique ou à la drogue.

F) non dû à une psychose maniaque ou dépressive.

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Classification internationale PHC, un produit non exportable ?

CIM 10 : F28 Autres Troubles psychotiques non organique (Dc de sortie).

DSM :– III (1980) : élimine la schizophrénie quand les Sp

apparaissent au de là de 44 ans => psychose atypique.

– III-R (1987) : intègre la PHC dans le groupe des schizophrénies d’apparition tardive (seuil = 40 ans).

– IV (1994) : ne distingue plus les schizophrénies d’apparition précoce ou tardive (englobant la PHC).

Ce regroupement a un impact important sur la recherche clinique, épidémiologique et éthiopathogénique.

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Tableau typique de PHC (1) ♀ (Sex-ratio : 1/6 à 1/22) veuve ou célibataire (isolée

>50%) Période péri-ménopausique (30-40 ans chez ♂) Personnalité pré-morbide :

– Ballet : tr. Caractère dans 80%.– Dalle : pers. Paranoïaque 30%, plus rarement Anxio-

dépressives ou schizoïdes. Mode d’entrée :

– Brutal avec des hallucinations riches et un automatisme mental provoquant des réactions d’étonnement chez le patient.

– Progressif. Un facteur déclenchant est retrouvé dans 40%

(décès, éloignement de la famille, Mie..).

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Tableau typique de PHC (2) Progressivement (sans ttt) le délire se structure sur

un mode passif, assez bien systématisé, autour de thèmes de persécution essentiellement, mais aussi de grandeur / de puissance ou sexuel.

Le délire n’est pas complètement hermétique et flou (cf. schizophrénie).

Il existe des rationalisations morbides. Il n’y a pas de trouble du cours de la pensée (critère

d’exclusion !) et pas ou peu de Sp négatifs.

Association à une dépression : 10 à 25% selon les études. Évalué à 65% sur l’évolution totale de la Mie.

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Tableau typique de PHC (3) Sensibilité aux NLP :

– Hallucinations : 80% ♀ & 40% ♂.

– Délire : 34% ♀ & 20 % ♂.

– Classiquement meilleur que dans la schizophrénie. Evolution :

– Préserve la lucidité, les capacités intellectuelles et l’ouverture au monde réel.

– Malgré un enkystement du délire initial (sans ttt) avec enrichissement par des mécanismes imaginatifs.

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Seule étude clinique contrôlée

Clinical and etiopathogenic specificities of the french concept of Psychose Hallucinatoire Chronique

compared to Schizophrenia

Par caroline Dubertret, Jean Adès & Philip Gorwood.

2004

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Méthode (1) Étude prospective sur 4 ans.

Monocentrique : Hôpital Louis Mourier, Paris.

Total patients n = 109.

Age de début de la Mie = première documentation d’un Sp positif.

Tous les cas de PHC (n = 38) sont des ♀ (4 ♂ ont été exclu pour réduire l’hétérogénéité) et remplissent les critères de Pull & Pichot (1984, 1987a, 1987b).

Pas d’âge limite d’apparition des Sp (moyenne des PHC = 47 +- 13 ans)

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Méthode (2) Le premier groupe contrôle est composé de 35

patientes âgées (moyenne étude = 52 ans, moyenne apparition = 22 ans) ayant une schizophrénie d’apparition précoce.

Les patientes sont appariées par sexe (donc

exclusivement des ♀) et par âge au moment de l’étude.

Le second groupe contrôle est composé de 36 jeunes femmes ayant une schizophrénie d’apparition précoce (moyenne étude = 30 ans, moyenne apparition = 25ans).

Les patientes sont appariées par sexe et en fonction de la durée de la Mie.

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Méthode (3)

Objectif secondaire :

Pour clarifier le rôle de l’âge d’apparition sur les différences potentielles entre PHC et schizophrénies, ils ont appariés strictement année pou année (civile) 12 PHC avec 12 schizophrénie d’apparition tardive.

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Méthode (4) Evaluation clinique :

– Diagnostic interview for Genetic Studies (DIGS) & Family History-research Diagnostic Criteria : entretien semi-structuré pour recherché les maladies mentales chez les apparentés (1° & 2° degré).

– Scale for the Assessment of Positive Symptoms (SAPS) & Scale for the Assessment of Negative Symptoms (SANS) pour l’épisode aigu et après stabilisation.

– Global Assessment of functioning scale (GAF) : évaluation des capacités sociales du patient entre son entrée et sa sortie. Un haut score traduit un meilleur fonctionnement social.

– MMS : exclusion si score < 24 (soit 1 PHC).

– Examen général et neurologique + bilan bio +- TDM

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Méthode (5)

Critères

DSM IV

PHCn = 38

Schizo précoc n = 71

Schiz paranoïde

19

Schiz désorganisée

++

Schizoaffectif 11 1/3 âgées

Autres 8

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Analyse statistique

Using overall chi-square analysis or Cramer’s exact test when appropriate.

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Résultats (1)

PHC & schiz : différence significative pour la gravité de la Splogie à l’admission– SANS schiz > SANS PHC.

– SANS schiz avec durée de la Mie et avec la précocité de son apparition.

– Alors que SANS PHC non modifié.

– SAPS schiz > SAPS PHC.

• Sp negatif schiz > PHC.

• Tr. cours de la pensée PHC = 0 (critère d’exclusion)

• Hallucination – délire : PHC > schiz

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Résultats (2) GAF :

– Fonctionnement global à l’admission : PHC > schiz

– Augmentation de la GAF pdt hospitalisation : idem.

Groupe apparié strict :– Comparaison SANS & SAPS schiz > PHC.

– Hallucination – délire : schiz = PHC.

– GAF à la sortie PHC > schiz et évolution GAF PHC > schiz.

Durée hospitalisation PHC = schiz jeune = schiz âgée.

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Résultats (3) Démographie :

– jamais marié : PHC 24% < schiz âgée 30% < schiz jeune 80% (statistiquement significatif).

– PHC & schiz âgée ont leur domicile tandis que schiz jeunes vivent svt chez leurs parents.

– AAH : 70% schiz âgée, 50% schiz jeune, 5% PHC.

Émoussement affectif : 5% PHC, 78% schiz jeune, 91% schiz âgée.

Aboulie/apathie : 23% PHC, >83% schiz. Tr. cours de la pensée : 0% PHC vs 100% schiz.

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Résultats (4)

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Résultats (5) Hallucinations :

– Simple (voix, bruits), visuelle : pas de diff significative.

– Automatisme mental PHC > schiz.

– Olfactive, gustative et cénesthésique PHC > schiz.

– Les PHC ont plus d’hallucinations et de différentes sur une même période.

Délire d’influence PHC > schiz.

Réponse au ttt meilleure pour PHC (SANS, SAPS, GAF)

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Résultats (6) Histoire familiale :

– PHC ont moins d’ATCD de schizophrénie au 1° degré que les schiz jeunes ou âgées.

– PHC ont tendance à avoir moins d’ascendants affectés.

– Pas de différence significative pour les descendants (phénomène d’anticipation génétique ?).

Fonctionnement prémorbide PHC > schiz

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Conclusion Les points communs entre PHC et schizophrénie

d’apparition tardive du registre clinique, socio-démographique et étiopathogénique sont suffisamment important pour supposer l’existence de facteurs étiologiques communs.

Par contre, ils s’opposent en de multiples points à la schizophrénie précoce, les études de concentration familiale semblant placer la PHC et la schizophrénie d’apparition tardive en position intermédiaire entre la schizophrénie précoce et pas de schizophrénie.

Du fait de la non reconnaissance de la PHC, il existe un manque d’étude internationale comparant la PHC et la schizophrénie d’apparition tardive. Ce qui rend difficile toute conclusion formelle sur l’identité ou la singularité de ces 2 entités cliniques.

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Bibliographie Revues :

– Encephale, 1997 mai-juin, 23 (3) : 157-67, PHC and late onset schizophrenia : the same entity ?, Dubertret – Gerwood – Adés.

– Schizophrenia Bulletin, Vol 30, N°1, 2004, Clinical and etiopathogenic specifities of the french concept of psychose hallucinatoire chronique compared to schizophrenia, C. Dubertret and al.

– Encephale, 2001 juillet août, 27 (4) : 380-1, La PHC : de Maurice Dide à Gilbert Ballet, H. Charbol & S. Ruffie.

– Encephale, 1914 ; 9, 7 : 79-81, A propos de la psychose hallucinatoire chronique, G. Ballet.

– Concours médical, 2000, Vol 122 N°5, p358, PHC : consultation médicale, S. Lepastier.

Livres :– La psychose hallucinatoire chronique, Henri Grivois, collection histoire et

psychiatrie de l’hôtel dieu, ed masson– CIM 10– DSM IV– Encyclopédie Médico-Chirurgicale, tome 3