22
La reconquête du Québec Esdras Minville et le modèle gaspésien Roméo Bouchard Collaboration spéciale de Jean-Claude Côté Extrait de la publication

La reconquête du Québec€¦ · C.P 32053, comptoir Saintandré Montréal (Québec), H2l 4Y5 dépôt légal : 3e trimestre 2011 ISBn 9782923165783 Catalogage avant publication de

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: La reconquête du Québec€¦ · C.P 32053, comptoir Saintandré Montréal (Québec), H2l 4Y5 dépôt légal : 3e trimestre 2011 ISBn 9782923165783 Catalogage avant publication de

La reconquête du QuébecEsdras Minville et le modèle gaspésien

Roméo Bouchard

Roméo Bouchard

Collaboration spéciale de Jean-Claude Côté

Extrait de la publication

Page 2: La reconquête du Québec€¦ · C.P 32053, comptoir Saintandré Montréal (Québec), H2l 4Y5 dépôt légal : 3e trimestre 2011 ISBn 9782923165783 Catalogage avant publication de

la reconquête du québec

Extrait de la publication

Page 3: La reconquête du Québec€¦ · C.P 32053, comptoir Saintandré Montréal (Québec), H2l 4Y5 dépôt légal : 3e trimestre 2011 ISBn 9782923165783 Catalogage avant publication de

du même auteur

Roméo Bouchard, Plaidoyer pour une agriculture paysanne. Pour la santé du monde, Montréal, Écosociété, 2002.

Roméo Bouchard, Y a-t-il un avenir pour les régions ? Un projet d’occupa-tion du territoire, Montréal, Écosociété, 2006.

Roméo Bouchard (dir.), L’éolien. Pour qui souffle le vent, Montréal, Écosociété, 2007.

Coalition pour un Québec des régions, sous la coordination de Roméo Bouchard, Libérer les QuébecS. Décentralisation et démocratie, Mont­réal, Ecosociété, 2007.

Extrait de la publication

Page 4: La reconquête du Québec€¦ · C.P 32053, comptoir Saintandré Montréal (Québec), H2l 4Y5 dépôt légal : 3e trimestre 2011 ISBn 9782923165783 Catalogage avant publication de

la REConQuêtE du QuÉBEC

Esdras Minville et le modèle gaspésien

Témoignages de James Henry Atkins, Alan Côté, Bob Eichenberger et Micheline Pelletier

Roméo Bouchard

Collaboration spéciale de Jean­Claude Côté

Page 5: La reconquête du Québec€¦ · C.P 32053, comptoir Saintandré Montréal (Québec), H2l 4Y5 dépôt légal : 3e trimestre 2011 ISBn 9782923165783 Catalogage avant publication de

Coordination de la production : anne­lise Gautier et Valérie lefebvre­Fauchertypographie et mise en pages : Yolande Marteldroits de reproduction photographiques : Collection lucien Minville Collection BanQ Collection Espace Esdras MinvillePhoto de la couverture : thérèse drouin, une des premières institutrices de l’école numéro 2 de la rivière Grande–Vallée, printemps 1940. Collection lucien Minville.

les éditions Écosociété remercient pour leur aide précieuse : Jacques­noël Minville, lucien Minville.tous nos remerciements aux éditions Fides pour l’autorisation de la reproduction des écrits d’Esdras Minville.

tous droits de reproduction et d’adaptation réservés. toute reproduction d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou téléchargement, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.

© les Éditions Écosociété, 2011lES ÉdItIonS ÉCoSoCIÉtÉC.P 32053, comptoir Saint­andréMontréal (Québec), H2l 4Y5

dépôt légal : 3e trimestre 2011ISBn 978­2­923165­78­3

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Bouchard, Roméo, 1936­

la reconquête du Québec : Esdras Minville et le modèle gaspésien

Comprend des réf. bibliogr.

ISBn 978­2­923165­78­3

1. aménagement du territoire – Québec (Province). 2. Économie régionale – Québec (Province). 3. Régionalisation économique – Québec (Province). 4. Minville, Esdras, 1896­1975 – Pensée politique et sociale. 5. aménagement du territoire – Québec (Province) – Gaspésie. I. Côté, Jean­Claude, 1938­ . II. titre.

Ht395.C32Q8 2011b 307.1’209714 C2011­941802­9

nous remercions le Conseil des arts du Canada de l’aide accordée à notre pro­gramme de publication. nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PadIÉ) pour nos activités d’édition.nous remercions le gouvernement du Québec de son soutien par l’entremise du Programme de crédits d’impôt pour l’édition de livres (gestion SodEC), et la SodEC pour son soutien financier.

imprimé au canada en septembre 2011

Page 6: La reconquête du Québec€¦ · C.P 32053, comptoir Saintandré Montréal (Québec), H2l 4Y5 dépôt légal : 3e trimestre 2011 ISBn 9782923165783 Catalogage avant publication de

Table des matières

Introduction

« le cri qui fera peur à tout le monde, . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 c’est de là qu’il viendra » Félix leclerc

Chronique de la Colonie d’Esdras : . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 la vallée de l’espoir, Jean-Claude Côté

Chapitre 1

Chronique de la Gaspésie : s’occuper du territoire . . . . . . . 23Micheline Pelletier, maire de Sainte-Anne-des-Monts

Le prophète de Grande-Vallée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

Chronique de la Colonie d’Esdras : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 la terre qui nourrit, Jean-Claude Côté

Chapitre 2

Chronique de la Gaspésie : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 le pays intérieur de la GaspésieBob Eichenberger, écoforestier, Carleton

Le « modèle québécois » selon Esdras . . . . . . . . . . . . . . . . . 47

Chronique de la Colonie d’Esdras : . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 « une forêt pour vivre », Jean-Claude Côté

Extrait de la publication

Page 7: La reconquête du Québec€¦ · C.P 32053, comptoir Saintandré Montréal (Québec), H2l 4Y5 dépôt légal : 3e trimestre 2011 ISBn 9782923165783 Catalogage avant publication de

Chapitre 3

Chronique de la Gaspésie : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 vent d’est, vent de solidaritéJames Henry Atkins, Atkins et frères, Anse-Pleureuse

La Colonie d’Esdras à Grande-Vallée . . . . . . . . . . . . . . . . . 99

Chronique de la Colonie d’Esdras : . . . . . . . . . . . . . . . . . 126 survivre au progrès, Jean-Claude Côté

Chapitre 4

Chronique de la Gaspésie : la musique d’un peuple. . . . . . 133Alan Côté, Village en Chanson de Petite-Vallée

Les clés d’Esdras pour le Québec d’aujourd’hui . . . . . . . . 138

1. l’indépendance nationale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1442. la démocratie territoriale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1553. la réappropriation des ressources naturelles . . . . . . . . 1734. la redéfinition du développement . . . . . . . . . . . . . . . . 194

Chronique de la Colonie d’Esdras : . . . . . . . . . . . . . . . . . 207 le paradis perdu, Jean-Claude Côté

Conclusion

le cri de la Gaspésie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211

Annexe

Manifeste des 19 curés en colère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213

Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 218

Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219

Extrait de la publication

Page 8: La reconquête du Québec€¦ · C.P 32053, comptoir Saintandré Montréal (Québec), H2l 4Y5 dépôt légal : 3e trimestre 2011 ISBn 9782923165783 Catalogage avant publication de

À tous les descendants de la famille Minville et de celles qui ont habité la Colonie de Grande-Vallée.

Extrait de la publication

Page 9: La reconquête du Québec€¦ · C.P 32053, comptoir Saintandré Montréal (Québec), H2l 4Y5 dépôt légal : 3e trimestre 2011 ISBn 9782923165783 Catalogage avant publication de

avertissement

l’œuvre d’Esdras Minville est considérable. notre intention n’est pas d’en faire une analyse académique mais une utilisation poli­tique. tout en respectant la pensée de Minville, nous voulons en tirer une inspiration pour renouveler notre façon de comprendre la situation actuelle du Québec et d’envisager son avenir. Pour mieux nous réapproprier ce grand Québécois, nous le désigne­rons par son prénom prophétique, Esdras.

J’écris ce livre pour les jeunes de 18 à 35 ans à qui incombera la responsabilité de décider de l’avenir du Québec comme société distincte et seul peuple de langue et de culture françaises en amérique du nord.

dans l’espoir que la vision d’Esdras Minville, ce géant issu de Gaspésie et profondément ancré dans le territoire et l’histoire du Québec, leur inspirera les choix qui s’imposent, pour que le Québec grandisse et prenne la place unique qui lui revient en amérique et dans le monde.

Extrait de la publication

Page 10: La reconquête du Québec€¦ · C.P 32053, comptoir Saintandré Montréal (Québec), H2l 4Y5 dépôt légal : 3e trimestre 2011 ISBn 9782923165783 Catalogage avant publication de

introduction

« La Gaspésie ?Le pays intérieur de chacun de nous, patient, silencieux, inconnu, mystérieux. Le cri qui fera peur à tout le monde, c’est de là qu’il viendra ! »

Félix leclerc, Le petit livre bleu de Félix ou Le nouveau calepin du même flâneur, Montréal,

nouvelles Éditions de l’arc et Carcajou, 1978.

un tel avertissement de la part de Félix est inquiétant. Il fait peur même, quand on s’y arrête. Félix nous parle ici de la Gaspésie mais surtout du Québec, d’un secret bien gardé qui renfermerait une clé, dont nous aurions perdu la trace, et qui pourrait ressurgir brusquement comme un volcan ou une colère refoulée.

Comment la Gaspésie peut­elle être le pays intérieur de chacun de nous ? Que signifie au juste ce pays dont parle Félix ? En quoi serait­il patient, silencieux, inconnu, mystérieux ? Comment le cri qui nous mettra au monde comme pays peut­il venir de la Gaspésie, cette région isolée, lointaine, dépeuplée, et faire peur à tout le monde ? Félix rêvait­il d’une impossible révolte qui pren­drait naissance dans cette région de pêcheurs et de paysans dont le sort fut en grande partie lié à celui de la morue, où se sont depuis toujours côtoyés pacifiquement amérindiens séculaires, pêcheurs européens de toutes origines, acadiens dispersés, Cana­diens se sentant à l’étroit dans la vallée du Saint­laurent, Irlandais fuyant la misère, Jersiais venus faire fortune dans les pêches, Écossais et loyalistes au service de l’Empire britannique ? aurions­

Page 11: La reconquête du Québec€¦ · C.P 32053, comptoir Saintandré Montréal (Québec), H2l 4Y5 dépôt légal : 3e trimestre 2011 ISBn 9782923165783 Catalogage avant publication de

la reconquête du québec10

nous fait fausse route quelque part dans notre Révolution tran­quille, notre « modèle québécois », nos référendums nationaux, notre État omniprésent, la gestion de nos ressources naturelles et de notre territoire, la « montréalisation » de notre économie, du savoir, de la culture et de l’information ?

aurions­nous oublié que, bien avant et bien après l’établisse­ment de la colonie de Champlain à Québec, c’est dans le golfe du Saint­laurent qu’est née l’amérique française, et que c’est la Gaspésie qui fut le premier rendez­vous des amérindiens et des Européens, pour la pêche à la morue et la chasse aux baleines ? Qui sait encore que, bien avant que la Confédération canadienne n’ait choisi Halifax et construit son chemin de fer d’un océan à l’autre, pour sceller l’union de ses loyales colonies, Gaspé était le port par où circulait le commerce maritime international et que onze pays européens y avaient un consulat ? Que les bancs de morue des côtes gaspésiennes et la morue salée­séchée furent longtemps une ressource plus convoitée que les fourrures de l’arrière­pays ? Ce n’est qu’après la Conquête que ce pays à part entière, qu’était la Gaspésie, fut intégré aux colonies françaises du Bas­Canada et de la province de Québec. Par la suite, les industriels britanniques développèrent l’industrie du bois pour les besoins de la flotte, des journaux et des villas de l’Empire. des vagues successives d’immigration et de colonisation complétèrent l’occupation de son territoire. Et, au fil du temps, la Gaspésie est devenue pour nous tous, Québécois, ce pays maritime fascinant, joyeux, autosuffisant et ouvert sur le monde, dont on rêve de faire le tour au moins une fois dans sa vie.

Mais cette Gaspésie fut aussi la première région du Québec à décliner et à voir partir les siens pour la ville. À l’époque de la Confédération canadienne, on l’a vu, le tracé du chemin de fer Intercolonial vers Halifax a brutalement isolé la Gaspésie et le port de Gaspé du reste du pays. Plus tard, la grande crise frappa dur : le prix de la morue chuta dramatiquement et les moulins, qui appartenaient pour la plupart aux étrangers, furent fermés faute de bois à proximité. nos gouvernements ont­ils jamais su faire autre chose de nos forêts, d’ailleurs, que les abandonner sans condition à des compagnies anglo­saxonnes ? Quant à la colonisation, encouragée par taschereau et duplessis pour pré­venir la révolte des chômeurs, elle se résuma à la déportation des

Extrait de la publication

Page 12: La reconquête du Québec€¦ · C.P 32053, comptoir Saintandré Montréal (Québec), H2l 4Y5 dépôt légal : 3e trimestre 2011 ISBn 9782923165783 Catalogage avant publication de

11introduction

colons sur des territoires souvent peu propices à l’agriculture sans s’assurer qu’ils puissent en vivre décemment. Puis, ce seront nos mines que duplessis livrera aux étrangers pour des emplois de misère et des redevances insignifiantes. une dérive sans fin…

Sauf à un endroit, où quelque chose d’exceptionnel se pro­duisit, dont plus personne ne parle, parce que nul n’a voulu s’en inspirer, parce que nos dirigeants ont préféré confier le dévelop­pement de nos ressources aux investissements étrangers. Cette exception, c’est en Gaspésie qu’elle se produisit, à Grande­Vallée, à l’instigation d’un Gaspésien dont bien peu se souviennent : Esdras Minville. Pourtant, il fut le premier directeur francophone de l’École des Hautes Études commerciales et le premier écono­miste à prôner la libération économique du Québec. dans ce lieu aujourd’hui oublié qu’est la Colonie de Grande­Vallée, qu’on appelait alors la « Colonie d’Esdras », ce visionnaire entreprit, en 1938, de mettre en application, avec un succès surprenant, le modèle de restauration économique et politique qu’il préconisait pour le Québec, soit la prise en main locale et régionale de l’ex­ploitation des ressources naturelles par et pour les communautés.

Et si c’était au cœur de ce coin de la Gaspésie patiente, silen-cieuse, inconnue et mystérieuse, aussi bellement nommé l’Estran, et dans la pensée incroyablement actuelle et prophétique d’Esdras Minville, que se trouvait enfoui ce secret bien gardé de l’avenir du Québec ! Ce cri que le Québec attend pour se redresser, capable de faire réfléchir tous nos « lucides » et de secouer les dogmes d’un modèle québécois hérité de la Révolution tranquille, ou plutôt, de nous rappeler ce qu’il reste à faire pour compléter notre libération économique et mettre enfin au monde ce pays que nous portons depuis si longtemps en nous, silencieusement et patiemment (Félix leclerc), ce pays qu’il nous reste à bâtir et à posséder (Gilles Vigneault), plutôt que ce pays fictif que nous ne cessons de négocier et de monnayer…

Mais comment le souvenir de ce message, qui aurait été enfoui dans une vallée oubliée de la Gaspésie, a­t­il pu être effacé de nos mémoires au point d’en perdre la trace ?

Pour le comprendre, il faut remonter au raz­de­marée histo­rique des années soixante. Certes, la Révolution tranquille, par la réforme de l’éducation et la nationalisation de l’électricité et de l’épargne nationale, a effectué une première libération économique,

Extrait de la publication

Page 13: La reconquête du Québec€¦ · C.P 32053, comptoir Saintandré Montréal (Québec), H2l 4Y5 dépôt légal : 3e trimestre 2011 ISBn 9782923165783 Catalogage avant publication de

la reconquête du québec12

comme l’avait prôné Esdras des années auparavant. Mais cette marche de libération s’est arrêtée en chemin. En refusant de pousser la logique du « Maîtres chez nous » jusqu’à la reprise en main de l’exploitation de nos ressources naturelles, dans et par nos communautés locales et régionales, et de conférer un statut politique et démocratique à nos communautés territoriales et à nos régions, le nouvel État québécois a entériné sa dépendance coloniale envers les capitaux étrangers, aujourd’hui multinatio­nalisés, tout­puissants et apatrides ; il a condamné ses régions périphériques à la dérive et son territoire à la désoccupation, et, du même coup, il s’est privé d’une vitalité économique et démo­cratique essentielle à sa marche vers l’autonomie et la démocratie dont rêvait René lévesque, un autre Gaspésien !

au lieu d’inventer un pays, l’État et les universitaires québé­cois ont inventé les « pôles de croissance » et le « développement régional ». Et c’est justement en Gaspésie qu’on s’est fait la main, à la fin des années 1960, avec un programme colossal nommé Plan de développement de l’est du Québec, où une centaine de fonctionnaires et d’animateurs regroupés dans le Bureau d’amé­nagement de l’est du Québec (BaEQ) se sont donnés pour mandat de moderniser, d’industrialiser et d’urbaniser la Gaspésie, c’est­à­dire d’y appliquer de force le modèle de développement des grands centres urbains plutôt que de miser sur les ressources propres des communautés et des territoires concernés. Pour rendre possible cette Gaspésie urbaine et industrielle, on n’hésita pas à planifier le déplacement de milliers de familles, la destruc­tion de tout ce que le peuple gaspésien avait créé à travers les années pour assurer sa survie et sa culture : villages, coopératives, fromageries, usines de transformation du poisson, moulins à scie, forêts de proximité, fermes de subsistance, groupes d’entraide, etc. : tout devait être rasé ou déplacé pour faire place à la pêche industrielle en haute mer (qui allait épuiser la morue en 30 ans), au Parc national Forillon (où le fédéral exigea l’expulsion des 225 familles et des quatre villages qui y vivaient pour « créer » 3 000 emplois en tourisme, dont on n’a jamais vu la couleur), à un grand centre de traitement du poisson à Rivière­au­Renard (aujourd’hui en rupture d’approvisionnement), aux compagnies forestières et à leurs moulins spécialisés (qui ont vidé la forêt gaspésienne en quelques années avant de fermer), aux HlM (où

Extrait de la publication

Page 14: La reconquête du Québec€¦ · C.P 32053, comptoir Saintandré Montréal (Québec), H2l 4Y5 dépôt légal : 3e trimestre 2011 ISBn 9782923165783 Catalogage avant publication de

13introduction

les déportés sont allés, déprimés, finir leurs jours à Cap­Chat, Sainte­anne­des­Monts ou Gaspé). En tout, on avait prévu de déplacer 11 000 familles, soit 65 000 personnes (dont 8 000 agri­culteurs), et de fermer 84 villages, 26 usines laitières, 25 usines de poisson, 75 scieries. Quant aux routes promises pour relier la Gaspésie aux marchés et corriger l’affront de la Confédération, on les attend toujours. « un génocide », diront les Patriotes gas­pésiens. Mais qui s’en souvient et qui s’en soucie, ailleurs, au Québec ? Comme le fera dire lionel Bernier aux expropriés de Forillon :

Comment se battre contre le progrès ? on ne le voit pas venir. on ne le sent pas comme on sent la tempête. Il n’y a rien d’humain dans le progrès. Il n’écoute pas le monde ordinaire. Il ne voit pas les bâtisseurs du pays et leur passe dessus comme un bulldozer sur une butte de fourmis. Ils ne savaient pas se battre contre le progrès qui les chassait de leur maison, vidait leur village, fermait leur église, interdisait de couper du bois sur leurs terres, les empêchait de retourner dans leurs champs, les forçait à vendre leur cheval et leur bateau, les obligeait à s’en aller le plus loin possible comme des déshérités. le progrès les avait pris au piège comme on prend des homards en cage1.

l’opération échoua en partie, grâce à la résistance de la popu­lation et de leurs curés, regroupés dans des opérations dignité, qui rallièrent jusqu’à 65 paroisses. leur manifeste fit la manchette en même temps que celui du Front de libération du Québec (FlQ) en octobre 19702. Mais c’est en vain qu’ils tentèrent de reprendre le contrôle de leur forêt, leur principal gagne­pain, par l’organi­sation de fermes forestières, car c’est aux compagnies forestières que le gouvernement préféra remettre ces forêts, qu’il avait achetées à leurs propriétaires quelques années auparavant pour moins que rien, en vue d’en faire une forêt domaniale qui ne vit jamais le jour. « le Québec ne peut plus continuer à se développer avec une politique économique artisanale », déclarait le ministre Kevin drummond le 14 octobre 1970, pour couper court aux projets de fermes forestières préconisés par les opérations dignité et par l’union catholique des cultivateurs (uCC), ce qui lui valut,

1. La bataille de Forillon, Montréal, Fides, 2001, p. 61.2. Voir en annexe le texte du Manifeste.

Extrait de la publication

Page 15: La reconquête du Québec€¦ · C.P 32053, comptoir Saintandré Montréal (Québec), H2l 4Y5 dépôt légal : 3e trimestre 2011 ISBn 9782923165783 Catalogage avant publication de

la reconquête du québec14

quelques années plus tard, d’être séquestré pendant 24 heures par les opposants, dans l’église de Sainte­Marguerite (Matapédia). Et, de ralliements en coalitions, de manifestes en manifestations, de coopératives en comités de développement, ces villages se retrou­vent encore aujourd’hui parmi les 173 villages déclarés officielle­ment « dévitalisés », c’est­à­dire condamnés, puisque tout ce qu’on trouve à leur offrir, ce sont des soins palliatifs. Cette his­toire navrante est racontée au Centre de mise en valeur des opérations dignité3, récemment créé dans le village d’Esprit­Saint, près de Rimouski, pour illustrer cette lutte sans fin des villages du Haut­Pays (terme qu’ils préfèrent à « arrière­pays »).

l’échec du BaEQ allait fournir l’argument recherché aux économistes « lucides » de l’époque, Fernand Martin, Benjamin Higgins et andré Raynauld, auteurs d’un rapport commandé par ottawa sur le développement régional au Québec, pour accré­diter auprès des ministres, fonctionnaires et banquiers l’idée que les régions éloignées sont des fardeaux économiques pour la collectivité québécoise et que le développement ne peut venir que des grands pôles urbains de croissance. après tout, écrivaient­ils, « il n’y a rien de répréhensible à supprimer la pauvreté et le chô­mage dans une région peu développée, en attirant la population dans une ville dynamique ». C’est là que tout a dérapé, et que, pendant que l’on se battait pour la souveraineté, le pays réel s’est mis à nous échapper.

Quand René lévesque voulut, en 1977, procéder à une décen­tralisation politique et à une nouvelle répartition du pouvoir démocratique dans les collectivités territoriales, son gouverne­ment refusa carrément d’instaurer des gouvernements régionaux et se contenta d’une décentralisation administrative limitée à des instances consultatives, non élues, financées et contrôlées, mur à mur, par Québec et Montréal. Cette gouvernance locale, sans pouvoirs et sans ressources, n’a cessé d’aggraver une culture de dépendance face à l’État central et aux grands pôles urbains. Quant aux programmes de développement régional qui se sont succédés et ont été annulés d’un gouvernement à l’autre, ils n’ont jamais réussi à ralentir la décroissance des régions périphériques, encore moins à créer des économies régionales dynamiques et

3. <www. operationdignite.com>.

Page 16: La reconquête du Québec€¦ · C.P 32053, comptoir Saintandré Montréal (Québec), H2l 4Y5 dépôt légal : 3e trimestre 2011 ISBn 9782923165783 Catalogage avant publication de

15introduction

complémentaires. les populations de ces régions éloignées des centres diminuent et vieillissent ; le chômage et la dépendance y sont plus élevés que dans les régions centrales ; les revenus y sont plus bas ; les taux de maladies physiques et sociales plus élevés. de sorte que, présentement, pendant que Montréal et, à un degré moindre, Québec et les capitales régionales se développent, leurs périphéries ne cessent de décroître, et sur les 17 régions adminis­tratives du Québec, seules les sept régions qui sont dans l’orbite ou dans l’axe immédiat de Montréal sont encore en croissance, soit l’Estrie, la Montérégie, Montréal, laval, lanaudière, les laurentides et l’outaouais. les dix autres régions subissent les conséquences du pillage de leurs ressources naturelles par des compagnies, étrangères pour la plupart, et la dégradation qui en découle pour leur économie, leur environnement et leurs commu­nautés. dans le même temps, Montréal traîne la patte derrière toronto, Calgary et Vancouver, à mesure que le Canada anglais et multiethnique se consolide.

En prime, la population québécoise, déçue de ses politiciens partisans et de sa démocratie « aux quatre ans », se désintéresse de plus en plus de la vie collective et refuse même d’aller voter, mettant ainsi en péril le peu de démocratie qui nous reste dans le système parlementaire monarchique, partisan et désuet, hérité des Britanniques, où la ligne de parti et le mode de scrutin font en sorte qu’un député et un gouvernement peuvent être élus et passer toutes les lois qu’il veulent avec aussi peu que 30 % des votes, et où l’assemblée nationale n’est qu’une façade, tout se décidant au cabinet du premier ministre, un quasi­monarque.

En un mot, c’est maintenant tout le Québec qui dérive et perd pied, miné dans sa conscience nationale, privé de leadership politique autre que les fluctuations des sondages, confronté à une économie qu’il ne contrôle pas, à des multinationales qui pillent et ravagent à leur profit notre territoire jusque dans la forêt boréale, dans des mines à ciel ouvert, par une agriculture inten­sive, avec des méga­parcs éoliens en milieu habité, et bientôt, par des puits de gaz et de pétrole au cœur de la vallée, du fleuve et du golfe Saint­laurent, nous laissant sur les bras des coûts exorbi­tants reliés à l’éducation, la santé, l’environnement et ceux liés au simple soutien des populations sinistrées.

Extrait de la publication

Page 17: La reconquête du Québec€¦ · C.P 32053, comptoir Saintandré Montréal (Québec), H2l 4Y5 dépôt légal : 3e trimestre 2011 ISBn 9782923165783 Catalogage avant publication de

la reconquête du québec16

d’où peut venir le cri qui va sonner le réveil du « pays inté-rieur en chacun de nous », la clé de ce nouveau modèle québécois pouvant nous mener au « pays qu’il nous reste à bâtir et à pos-séder » et nous permettre de survivre comme société distincte en amérique ? Et si ce cri et cette clé se trouvaient en Gaspésie, enfouis quelque part à Grande­Vallée, dans la mémoire oubliée de la colonie et des textes poussiéreux d’Esdras ?

C’est à cette quête que vous convie cet ouvrage.

Extrait de la publication

Page 18: La reconquête du Québec€¦ · C.P 32053, comptoir Saintandré Montréal (Québec), H2l 4Y5 dépôt légal : 3e trimestre 2011 ISBn 9782923165783 Catalogage avant publication de

Chronique de la Colonie d’esdras

La vallée de l’espoirJean-Claude Côté

C’était à l’automne 1938. Dans une charrette semblable à celle de Pélagie, mes parents, alors pêcheurs comme tous les Gaspésiens, quittaient le bord de la mer pour migrer dans la seigneurie de Grande-Vallée, et devenir horticulteurs. J’avais huit mois et ma famille était la première à s’installer sur un lot de la colonie dans la vallée longtemps convoitée et enfin ouverte, grâce aux efforts conjugués de l’économiste Esdras Minville, du curé Alexis Bujold et de l’agronome Alphonse Larochelle. La seigneurie de Grande-Vallée a d’abord été une seigneurie semblable à plusieurs autres en Gaspésie : détenue par une compagnie anglaise, la compagnie Brown, enfoncée entre des montagnes couvertes de forêt, avec des ours, des perdrix, des lièvres et des chevreuils qui vont boire à la rivière, des truites, des saumons et des anguilles qui ont nagé toutes les géographies. Un ancien chemin de halage serpentait la plaine, jusqu’à une distance de dix kilomètres au pied des montagnes de l’arrière-pays, en suivant le cours de la rivière, dont les sources remontent jusqu’aux hauts plateaux des Chic-

Au centre Alfred Lamy, directeur général de la coopérative forestière de Grande-Vallée. Collection BANQ.

Page 19: La reconquête du Québec€¦ · C.P 32053, comptoir Saintandré Montréal (Québec), H2l 4Y5 dépôt légal : 3e trimestre 2011 ISBn 9782923165783 Catalogage avant publication de

la reconquête du québec18

Chocs. C’était pour nous comme pour des dizaines de familles, après toutes ces années de misère, l’espoir de pouvoir enfin s’installer quelque part pour travailler et vivre.

Nous avons vécu notre enfance pauvrement dans un grand jardin, le jardin de maman Bernadette. Maman s’est ennuyée de la mer toute sa vie. Elle compensait par de laborieuses journées dans son jardin. Elle était plus catholique que le pape et, surtout, elle jardinait plus que le Saint-Père. Elle travaillait d’une barre du jour à l’autre. Faut dire que, dans le temps, à Grande-Vallée, 99,9 % des gens pratiquaient leur religion. Le 0,1 % qui ne pratiquait pas, c’était Batoche. Personne n’a jamais su ni son vrai nom ni d’où il venait. Il était arrivé un soir d’automne chez grand-père. Il faisait froid. Grand-père lui avait donné asile. Batoche ne parlait pas, ne chantait pas, ne priait pas. Mes grands-parents ne s’en formalisaient pas. Mais, parce qu’il lisait la Bible, le curé Bujold l’avait exclu de l’église et, quand il est mort, il a refusé de l’enterrer dans le cimetière, parce qu’il n’allait pas à la messe ! Maman allait jusqu’à mettre des bouteilles d’eau bénite dans ses champs pour les préserver des insectes et des maladies. Et elle nous faisait prier, le matin, le soir, avant et après les repas, à la messe le dimanche et quelques fois la semaine, aux fêtes. Le curé, aussi, et la maî-tresse Thérèse nous faisaient prier, mais maman les déclassait tous. Elle nous faisait prier pour obtenir des vocations, pour avoir la santé, pour être préservé de la mort subite, pour avoir du beau temps ou de la pluie.

Mon père Georges était d’une culture différente. Un peu plus terre à terre que maman, pour les interventions divines, il disait : « Pour les jardins, j’ai plus confiance en l’irrigation qu’aux rogations ! » Et c’est lui qui parcou-rait les chemins de la colonie et de la Gaspésie pour vendre les légumes et les fruits du jardin.

Mon père était sourcier. Il a défriché sa terre sur son lot boisé dans la nouvelle colonie. À force de bras, il a coupé les arbres et enlevé les sou-ches. Il travaillait six jours par semaine, mais le dimanche, jour du Seigneur, avec une branche fourchue de noisetier, il cherchait de l’eau. Et il en trouvait. Nul ne savait d’où mon père tenait sa magie. Ni comment sa magie fonctionnait. On disait qu’il possédait un don ! Il avait terminé l’école après sa quatrième année. Tenant le bois de noisetier à deux mains en marchant, le bois se courbait à l’endroit même où se trouvait la source douce. Il était l’homme à consulter pour trouver les veines dans les terres voisines du golfe du Saint-Laurent.

Il était originaire de Petite-Vallée, souvent désigné aujourd’hui comme le « village en chanson », le village où la musique jaillit comme des torrents.

Extrait de la publication

Page 20: La reconquête du Québec€¦ · C.P 32053, comptoir Saintandré Montréal (Québec), H2l 4Y5 dépôt légal : 3e trimestre 2011 ISBn 9782923165783 Catalogage avant publication de

19introduction

Mon père n’était pas musicien, mais, du bout de sa baguette de sourcier, il lisait la musique des ruisseaux. Je tiens peut-être là le secret de sa magie. Avec lui, j’ai déchiffré la forêt des alentours comme le musicien sa parti-tion. J’ai appris les coulées par cœur. Je sais où sont les refuges des ori-gnaux, des lynx et des perdrix si folles qu’elles marchent à portée de fusil ou de la gueule d’un renard, sur des tapis d’aiguilles de pins dans les sous-bois. Je connais les endroits où poussent les vieilles orchidacées qui ont résisté à la dernière glaciation. Où se cachent les truites. Et où se trouvent la faille Logan et la formation géologique dite de « Cloridorme ». Je suis l’aîné d’une famille de neuf enfants, et, comme il se doit, très jeunes, nous avons appris à travailler. À six ans, je « menais » le cheval qui tirait la charrue dont mon père tenait les mancherons. Dès la fin des années 1940, la terre de mon père rapportait suffisamment pour faire vivre sa famille et un peu plus. La simplicité dans laquelle nous avons vécu dans la Colonie de Grande-Vallée, à cette époque de crise économique, allait de soi mais n’avait rien de volontaire. Notre petit camp de bois rond proté-geait du froid et des ours, mais laissait entrer les campagnols. L’horloge marquait les jours, c’était le temps des sucres, la naissance des veaux, des moutons et des poussins, la préparation des « couches chaudes » pour les semis, les semences, la lutte aux mauvaises herbes, les récoltes, la vente des produits, la mise en conserve, le remisage des outils de ferme, la ren-trée du bétail, les boucheries autour de la fête de l’Immaculée, la coupe du bois de chauffage et du bois marchand. Ainsi, sur ce rythme, se succé-daient les années dans la Colonie de Grande-Vallée. À trois reprises le ministère de la Colonisation nous a inscrits aux « olympiques » agricoles provinciales et nous avons remporté un prix d’excellence. Je conserve en souvenir, une médaille de bronze et une médaille d’or et, dans chacune, il y a un peu de moi.

Esdras Minville, soutenu par le dynamique curé Bujold, avait mis sur pied un modèle économique pour le travail de la forêt et de l’agriculture. Son action s’étendait en particulier sur quatre villages des environs. Il a ainsi permis à une soixantaine de familles de s’installer à Grande-Vallée et de vivre de l’agro-foresterie. C’était une première et la Colonie de Grande-Vallée allait servir de modèle partout au Québec. Il ne faut pas oublier qu’à cette époque, le monde entier vivait une grave crise. Le peuplement de la Colonie de Grande-Vallée fut un succès qui dura trente ans. Ma famille, les Côté, fut la première à s’y établir. Puis, les Minville, les Gagné, les Chicoine, les Bernatchez et d’autres ont suivi. Le succès de la colonie fut interrompu par l’arrivée de la compagnie Noranda à Murdochville, venue exploiter un

Page 21: La reconquête du Québec€¦ · C.P 32053, comptoir Saintandré Montréal (Québec), H2l 4Y5 dépôt légal : 3e trimestre 2011 ISBn 9782923165783 Catalogage avant publication de

la reconquête du québec224

Sur l’identité québécoise

ader­Martin, Claude, Pour quelques arpents de neige, Bordeaux, Elytis, 2008.

Binette, andré, Indépendance et liberté. Une vision du Québec souverain, coll. « Spiritualité, humanisme et société », Saint­Rédempteur, Consul­tants BRaE, 1996.

Boivin, aurélin, Chantale Gingras et Steve laplante, Vues du Québec. Un guide culturel, Publications du Québec français, 2007.

deffontaines, Pierre, L’homme et l’hiver au Canada, Paris, Gallimard, 1957.

dufour, Christian, Les Québécois et l’anglais. Le retour du mouton, Marieville, les Éditeurs Réunis, 2008.

Germain, Georges­Hébert, Les coureurs des bois : La saga des Indiens blancs, Montréal, libre Expression, 2003.

Germain, Jean­Claude, Nous étions le Nouveau Monde, Montréal, Hurtu­bise, 2009.

Jacob, Jane, The Question of Separatism, Quebec and the Stuggle over Sovereignty, new York, Random House, 1980.

larocque, andré, Le parti de René Lévesque. Un retour aux sources, Montréal, Fides, 2007.

Parizeau, Jacques, La souveraineté du Québec, hier, aujourd’hui et demain, Montréal, Michel Brulé, 2009.

therrien, lorraine et andré larocque, Dialogue avec Claude Béland sur une constitution pour le Québec d’aujourd’hui. Vers une assemblée cons tituante citoyenne, MdCQ, 2009.

Voir également les travaux historiques de Jean Provencher et Jacques lacoursière.

Extrait de la publication

Page 22: La reconquête du Québec€¦ · C.P 32053, comptoir Saintandré Montréal (Québec), H2l 4Y5 dépôt légal : 3e trimestre 2011 ISBn 9782923165783 Catalogage avant publication de

Extrait de la publication