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La religieuse à l'École de Saint François de Sales

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La religieuse à l'école de

saint François de Sales Contemplative . Active

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Collection

« La religieuse dans la pastorale d'aujourd'hui » dirigée par Jean PIHAN, f. c.

Note des éditeurs après le vingtième volume paru

Cette collection a vu le jour à la suite de la célèbre déclaration de l'épiscopat français d'avril 1960, demandant que l' Église tout entière soit en état de mission, réclamant une unanimité pastorale pour que nulle force apostolique ne soit perdue, invitant les reli- gieuses à entrer à fond dans ce grand courant missionnaire, au prix s'il le fallait, de révisions audacieuses de pensée et d'action.

De fait, les religieuses ont aujourd'hui leur place nettement marquée dans une pastorale « concertée ». Selon le vœu exprimé en 1961 par le Secrétaire d'Etat du pape Jean XXIII, elles com- mencent enfin à être « écoutées dans les conseils où s'organise la pastorale... et associées aux décisions apostoliques du clergé ».

Les ouvrages de cette collection ont pu les y aider. Une expé- rience de bientôt dix ans nous permet de faire à leur sujet deux remarques importantes :

1 ° — Ils s'adressent tous à toutes les religieuses actives ; ce ne sont pas des ouvrages pour telle ou telle catégorie de religieuses spécialistes ; leur propos est de faire savoir précisément aux religieuses non spécialistes ce qu'elles doivent savoir d'un problème que d'autres abordent sans doute avec une formation de spécialistes, mais qui les intéressent, elles aussi, parce que c'est un problème de pastorale.

2° — La collection comporte des ouvrages à visée générale, traitant de l'évangélisation, de la part spécifique de la religieuse dans la mission de l'Église, etc. Et aussi des ouvrages à visée particulière. traitant de ce que toute religieuse doit savoir des problèmes que chacune rencontre sur son chemin, et que l'on croit trop aisément réservés à des spécialistes : p. ex. le problème des vieillards, le monde des inadaptés, les milieux de l'enseignement public, l'œcu- ménisme, etc. Ainsi la collection constitue-t-elle peu à peu une ency- clopédie pratique de tous les problèmes de pastorale, dont l'originalité est qu'ils sont abordés en fonction de la situation spécifique de la religieuse. Les volumes qui traitent de ces questions particulières sont donc aussi importants, pour une action efficace de toute reli- gieuse active, que ceux qui traitent de problèmes généraux. C'est leur lecture attentive qui fera dire aux lectrices : « Mais je ne savais pas tout cela ! »

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LA RELIGIEUSE DANS LA PASTORALE D'AUJOURD'HUI

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Claude ROFFAT

La religieuse à l'école de

saint François de Sales

Contemplative . Active

ÉDITIONS FLEURUS, 31, rue de Fleurus, PARIS-6

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DANS LA MÊME COLLECTION

1. LA RELIGIEUSE, SIGNE DE DIEU DANS LE MONDE, Médi- tations pour une action véritable, par S. Em. le Cardinal Gabriel Marie Garrone.

2. LA RELIGIEUSE ÉDUCATRICE DU SENS MISSIONNAIRE, par Jean Pihan, f. c.

3. VIE RELIGIEUSE ET RÉALITÉS NATURELLES, par Jean- Gabriel Ranquet, o. p.

4. LA RELIGIEUSE ET LES FAMILLES, par M. le Chanoine Ledeur, M. le Chanoine Marose, M. le Chanoine Garail, M. Henri Théry, M Emma Gounot, sœur Marie-Benoît.

5. LA RELIGIEUSE ET LES PERSONNES AGÉES, par Mgr A. Ancel, Mgr Géraud, M. le Chanoine Lochet, M. le Chanoine Meuillet, R. P. Virton, Dr André Berge, R. M. Elisabeth, Anne- Marie Couvreur. Préface de S. Em. le Cardinal Paul Gouyon.

6. CONSÉCRATION BAPTISMALE ET CONSÉCRATION RELI- GIEUSE, par Jean-Gabriel Ranquet, o. p.

7. LA RELIGIEUSE ET LES COMMUNAUTÉS HUMAINES, par le R. P. Henri Kowalski, s. j. ; MM. les Abbés André Serres, Jean Laffargue, Jean Pihan, f. c.

8. ACTIVITÉS APOSTOLIQUES DES RELIGIEUSES ET REVI- SION DE VIE, par Jean-Baptiste Maraval.

9. LA RELIGIEUSE PRÉSENTE A DIEU ET AU MONDE, par S. Em. le Cardinal Gabriel Marie Garrone.

10. ACCOMPLIR L'ÉVANGILE DANS LE CREUSET DU MONDE, Religieuse et présence au monde, par Mgr A. Renard, le R. P. A.-M. Besnard, o. p.; le R. P. Auguste Le Toullec, f. c. ; M. le Chanoine Bournique, la R. M. Suzanne Guillemin, Félix Lacam- bre.

11. LA RELIGIEUSE ET LE MONDE DE L'ENSEIGNEMENT PUBLIC. Textes rassemblés et présentés par Gérard Bessière.

12. LA RELIGIEUSE ET L'ŒCUMÉNISME, par Jacques Desseaux.

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13. RELIGIEUSES ET ÉVANGÉLISATION APRÈS VATICAN II, par Jean-Baptiste Maraval.

14. VERS UN MEILLEUR DIALOGUE... ÉCOUTER LES HOMMES POUR RÉPONDRE A DIEU, par Mgr André Fauchet.

15. MÈRE SUZANNE GUILLEMIN, conférences et témoignages. 16. Dans un peuple de serviteurs, A QUOI « SERT » LA RELI-

GIEUSE ? par Y von Bodin et Jean Pihan, f. c. 17. LA RELIGIEUSE DE PAROISSE ET LE MONDE DES INA-

DAPTÉS, par Henri Bissonnier. 18. RELIGIEUSE AUJOURD'HUI? OUI, MAIS... par S. Em. le Cardinal Gabriel Marie Garrone. 19. AU CŒUR DU RENOUVEAU, LE DYNAMISME DE LA

COMMUNAUTÉ, par Mgr André Fauchet. 20. MA VIE, C'EST L'ÉGLISE, ecclésiologie de la vie religieuse, par

Elio Gambari, s. m. m. 21. SACREMENTS ET ÉVANGÉLIS ATION, par Jean-Baptiste Mara- val. 22. LES RELIGIEUSES ET LE PETIT ÉCRAN, réflexions d'une

téléspectatrice, par sœur Anne-Françoise, Fille de la Sagesse.

Nihil obstat : Imprimatur : Paris, le 19 décembre 1970, Paris, le 21 décembre 1970,

F. TOLLU. E. BERRAR, v.e.

© Éditions Fleurus, 1971.

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OUVRAGES DU MÊME AUTEUR

Saint Paul vous parle (20e mille) Maîtres et modèles d'Action catholique (épuisé) La littérature française est-elle chrétienne ? (épuisé) A l'écoute de saint François de Sales (10 mille) En retraite avec saint François de Sales Saint François de Sales, maître spirituel

(en collaboration avec MM. Delaruelle et Perret)

Tous ces ouvrages aux Éditions Spes.

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INTRODUCTION

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Il peut sembler étrange qu'une collection consacrée à la « Religieuse dans la pastorale d'aujourd'hui », après Vatican II, accueille un ouvrage sur saint François de Sales et la vie reli- gieuse. Quatre siècles nous séparent du grand évêque de Genève et la pastorale d'aujourd'hui est bien différente de celle de son temps : les mentalités se sont transformées sous l'influence de l'histoire et le message chrétien a trouvé pour s'exprimer d'autres expressions et d'autres véhicules qu'à la fin du XVI siècle.

C'est vrai, mais il est des saints cependant dont la person- nalité a été assez forte pour déborder leur temps, et de beau- coup, au point de laisser des traces de leur génie plusieurs siècles après eux.

Saint François de Sales est de ceux-là, et reconnu comme tel par les plus hautes autorités de l'Église. A l'occasion du quatrième centenaire de sa naissance (21 août 1567) Paul VI faisait paraître une longue Lettre Apostolique Sabaudiae gemma (Perle de la Savoie) à la gloire du grand évêque, dont le pape disait à la foule rassemblée place Saint-Pierre au jour de sa fête, qu'il restait « une des plus grandes figures de l'Église et de l'Histoire ».

Dès le début de sa Lettre, Paul VI écrivait : « Le Saint Docteur fut toujours une lampe qui réchauffe et éclaire, et maintenant encore il fournit une matière d'étude chaque jour plus riche... En son temps et après lui, bien peu d'autres, s'il s'en trouve, peuvent lui être comparés... »

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Magnifique éloge ! On ne s'égare donc pas à prendre, aujourd'hui encore, comme « matière d'étude » la pensée de saint François de Sales sur la vie religieuse comme sur d'autres sujets.

Il ne sera pas sans intérêt, pourtant, de préciser un peu, avant d'aborder ce travail, en quoi consiste l'actualité de saint François de Sales sur ce point.

L'actualité de saint François de Sales

Une remarque s'impose d'abord. Un bon nombre de Socié- tés religieuses, masculines et féminines, sacerdotales et laïques, se réclament aujourd'hui de la spiritualité salésienne et pren- nent pour patron saint François de Sales. Des « Missionnaires » et des « Oblates » de saint François de Sales jusqu'aux Salésiens de Don Bosco, des religieuses de la Visitation Sainte-Marie jus- qu'aux Filles de Marie-Auxiliatrice, des Prêtres Diocésains de saint François de Sales jusqu'aux Fils et aux Filles laïques du même nom, c'est par dizaines et dizaines de milliers que se compte la postérité spirituelle de l'évêque de Genève. Et combien d'autres, sans en porter le nom, en gardent l'esprit, comme les Sœurs de Saint-Joseph, fondées en France par un disciple de saint François de Sales et les Filles de Saint Vincent de Paul, lui-même si profondément salésien.

La durée d'une telle influence a de quoi faire réfléchir. Elle suppose, au départ, une puissance d'impact extraordinaire sur ses contemporains et une résonance qui, en fait, n'a pas cessé depuis sa mort. Il a donc fallu que cet homme, par la puissance de sa doctrine et le rayonnement de sa vie, ait répondu de façon magistrale aux besoins de son temps en prévenant ceux de l'avenir. C'est le témoignage que lui rend le pape Paul VI, bien placé pour en juger.

« Nul plus que saint François de Sales, écrit-il dans la même Lettre Apostolique, parmi les docteurs récents de l'Église, n'a devancé les délibérations et décisions du Concile d'un regard

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aussi profondément clairvoyant. Il apportera sa contribution par l'exemple de sa vie, par la richesse de sa doctrine, par le fait qu'il a ouvert et affermi les voies spirituelles de la perfec- tion chrétienne à tous les états et conditions de vie. »

Nous y voilà. L'ouverture salésienne des voies spirituelles à la condition de la vie religieuse, n'est-ce pas l'objet de ce petit livre ?

L'évolution de saint François de Sales

Cette ouverture se fit de façon progressive. Les premiers conseils de vie spirituelle, les premières orientations furent d'abord donnés aux laïcs, hommes et femmes, qui confiaient à l'évêque d'Annecy la direction de leur âme. Les très nom- breuses lettres de direction, qui s'échelonnent sur un quart de siècle, en restent le témoin.

Nul n'ignore — et nous ne voulons pas insister sur ce point dans cette courte introduction — que François de Sales s'adresse d'abord à ceux qui vivent dans le monde, « parmi la presse des affaires temporelles » et qu'il les invite à la perfection chré- tienne, dans « la compagnie des soldats, la boutique des artisans, la cour des princes, le ménage des gens mariés... Où que nous soyons, conclut-il, nous pouvons et devons aspirer à la vie par- faite 1 »

Mais de quelle perfection s'agit-il ? Nullement d'une vie confite en dévotions personnelles, comme le terme de « vie dévote » très dévalorisé aujourd'hui, pourrait le laisser entendre. Ce que François de Sales attend de ses dirigés de tout sexe, vivant dans le monde, c'est une activité au service du « cher prochain », d'abord le prochain le plus proche, c'est-à-dire la famille, puis le prochain le plus démuni, dans son corps et dans son âme. L'amour de Dieu sera toujours premier, mais il ne trouvera son authenticité que dans le service du prochain.

1. Introduction à la Vie Dévote, Première Partie, chap. III.

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« La vraie et vivante dévotion ; ô Philothée, présuppose l'amour de Dieu... mais l'amour divin... nous fait opérer (agir) soigneusement, fréquemment et promptement ; alors il s'appelle dévotion... La dévotion nous provoque à faire promptement et affectionnément le plus de bonnes œuvres que nous pouvons, encore qu'elles ne soient nullement commandées, mais seule- ment conseillées et inspirées 2 »

Philothée sera donc une femme pieuse, certes, jusqu'à l'orai- son mentale quotidienne, mais inséparablement une femme active, très attachée à son devoir d'état dans ses occupations habituelles, constamment serviable et disponible aux besoins du prochain. Il n'y a pas de vie parfaite, pour François de Sales, nous le verrons, sans l'office conjugué de Marie et de Marthe.

C'est bien ainsi que le comprirent d'ailleurs, et que s'effor- cèrent de vivre, tous ses dirigés, à commencer par Madame de Chantal, pendant les six années (1604-1610) qui précédèrent son entrée en religion. Aussi bien au château de Bourbilly, demeure de son mari, qu'en celui de Monthelon, chez son beau-père, elle consacrait son temps, pendant son veuvage, à la prière, à l'éducation de ses enfants et souvent une grande partie de ses journées à la visite des pauvres gens, au soin des malades, au réconfort matériel et moral de tous les déshérités du voisinage. François de Sales lui écrivait un jour, vers 1605, pour la rappeler précisément à la nécessité de cette activité charitable.

« Je n'exclus pas l'élévation de l'âme, l'oraison mentale, la conversation intérieure avec Dieu, l'élancement perpétuel du cœur en Notre-Seigneur ; mais savez-vous ce que je veux dire ?... Je veux dire qu'il vous faut être comme cette femme forte, de laquelle le Sage dit : Elle a mis la main à choses fortes, et ses doigts ont manié le fuseau. Méditez, élevez votre esprit, portez-le en Dieu, c'est-à-dire tirez Dieu en votre esprit : voilà les choses fortes. Mais avec tout cela n'oubliez pas votre quenouille et votre

2. Ibid., Première Partie, chap. I.

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fuseau : filez le fil des petites vertus, abaissez-vous aux exer- cices de charité. Qui dit autrement, se trompe et est trompé. »

Cette exigence d'activité au service du prochain allait loin. Il la ramassait ainsi, un peu plus tard, dans un Entretien à ses filles d'Annecy :

« Pour bien témoigner (au prochain) que nous l'aimons, il faut lui procurer tout le bien que nous pouvons, tant pour l'âme que pour le corps... le servant cordialement quand l'occa- sion s'en présente... Saint Paul nous apprend que de s'employer, voire de donner sa vie pour le prochain, n'est pas tant que de se laisser employer au gré des autres, ou par eux ou pour eux... Ce n'est pas assez d'assister le prochain de nos commodités temporelles ; ce n'est pas encore assez d'employer notre propre personne à souffrir pour cet amour, mais il faut passer plus avant, nous laissant employer pour lui par la très sainte obéis- sance, et par lui tout ainsi que l'on voudra, sans que jamais nous y résistions »

On ne saurait être plus exigeant, et — pour le dire en pas- sant — nous voilà bien en face d'un maître spirituel qui n'édul- core pas la charité. Cet appel à un dévouement total au service des autres, François de Sales continuera à l'adresser à ses filles entrées en religion. La vie religieuse apportera aux premières visitandines un cadre plus propice à la contemplation mais ne supprimera nullement l'action charitable envers le prochain. Elles resteront ouvertes aux besoins corporels et spirituels des gens du monde vivant aux environs de leur couvent. Elles sorti- ront pour les soigner et réconforter, comme elles le faisaient avant d'entrer au monastère. La première visitandine, c'est Philothée sous la coiffe.

Et c'est pourquoi, même après la clôture imposée, la Visi- tation reste encore à sa manière, en contact par l'action, et non seulement par la prière, avec le cher prochain, lui donnant rang

3. Quatrième Entretien Spirituel.

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de préférence, selon la recommandation du fondateur à ses filles en religion, en ce même quatrième Entretien.

« Tout ainsi que Notre-Seigneur nous a toujours préférés à lui-même, de même veut-il que nous ayons un amour tel les uns pour les autres que nous préférions toujours le prochain à nous. Et tout ainsi qu'il a fait tout ce qui se pouvait pour nous, il veut, et la règle de la perfection le requiert, que nous fassions tout ce que nous pouvons les uns pour les autres, excepté de nous damner ; mais hors de là notre amitié doit être si ferme, cordiale et solide que nous ne refusions jamais de faire ou de souffrir quoi que ce soit pour notre prochain. »

Saint François de Sales et le Concile Vatican II

Le récent Concile a répondu, dans la pensée du pape Jean XXIII qui l'a convoqué, à un double souci :

— Un approfondissement de la théologie de l'Église, dans une approche de son mystère, peuple visible de Dieu, « uni de l'unité du Père, du Fils et de l'Esprit-Saint », selon l'admirable définition de saint Cyprien. Approfondissement qui s'exprime à travers deux Constitutions, sur l'Église (Lumen Gentium), et sur la Sainte Liturgie (Sacrosanctum Concilium).

— Le second souci fut celui de l'ouverture au monde qui a trouvé son expression essentielle dans la « Constitution pasto- rale sur l'Église dans le monde de ce temps » (Gaudium et spes).

Autour d'elle viennent se grouper tous les décrets — il y en a neuf — sur les différents modes d'activité dans l'Église au service de sa mission. Evêques, prêtres, religieux, laïcs, s'y trou- vent concernés. La perspective dans laquelle se situe la présente collection est celle de « la rénovation et l'adaptation de la vie religieuse » à partir du Décret qui porte ce titre, le Décret Perfectae caritatis.

Saint François de Sales a-t-il quelque chose à nous dire à ce sujet ? A-t-il, sur ce point-là aussi, « devancé les délibérations

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et décisions du Concile d'un regard profondément clairvoyant », selon les paroles mêmes de Paul VI, que nous rappelions au début de ces pages ?

Au vrai, c'est ce livre qui répondra, affirmativement, et nous ne voulons pas ici entreprendre sur la réponse. Qu'on nous permette simplement de rappeler les principes généraux que le Concile pose à l'origine de l'adaptation et du renouveau de la vie religieuse, et chaque fois la convergence de la pensée salé- sienne. Que lisons-nous en effet au paragraphe second du Décret ?

« a) La norme ultime de la vie religieuse étant de suivre le Christ de la manière proposée par l'Évangile, cette norme doit être considérée par tous les Instituts comme leur règle suprême. »

Nous verrons, au chapitre 3 de cet ouvrage, comment la ligne de perfection, contemplative et active, proposée par saint François de Sales à ses dirigées, s'inspire essentiellement des paroles et du comportement du Christ tels que l'Évangile nous les révèle. Il est bien évident que les orientations proposées au XVII siècle par l'évêque de Genève, n'ont rien perdu de leur opportunité et gardent une portée universelle.

« c) Tous les instituts doivent participer à la vie de l'Église, chacun selon son caractère propre, faire leurs et soutenir selon leurs moyens, ses initiatives et ses projets en matière biblique, liturgique, dogmatique, pastorale, œcuménique, missionnaire et sociale. »

Aucun institut, évidemment, ne répond à la fois à tous ces appels. Une certaine spécialisation s'impose. Il semble que l'esprit salésien est ouvert plus spontanément aux soucis pasto- raux, œcuméniques et missionnaires (au sens large : souci des incroyants) qui furent ceux de saint François de Sales, pasteur, par ailleurs abondamment nourri de la Bible, dont la lecture occupa toute sa vie.

« d) Les instituts doivent promouvoir chez leurs membres, une suffisante information de la condition humaine à leur époque,

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et des besoins de l'Église, de sorte que, discernant avec sagesse, à la lumière de la foi, les traits particuliers du monde d'aujour- d'hui, et embrasés de zèle apostolique, ils soient à même de porter aux hommes un secours plus efficace. »

Combien de fois François de Sales ne rappelle-t-il pas à ses dirigés la nécessité de répondre aux besoins du présent sans s'évader dans des rêves vains, et de « ne pas bâtir des châteaux en Espagne puisqu'il nous faut habiter en France ». Nul plus que lui ne fut attentif aux besoins de l'Église de son temps. Nul n'y répondit mieux. A son école, on apprend d'abord à regarder lucidement les faits, puis à s'ingénier, comme il le fit lui-même tant de fois (ex. : l'invention des « tracts » dans la reconversion du Chablais) pour trouver les moyens les plus efficaces d'évan- gélisation. « J'ai eu en considération, écrivait-il, la condition des esprits de ce siècle et je le devais : il importe de regarder en quel âge on écrit. »

« e) La vie religieuse tendant avant tout à ce que ceux qui la mènent suivent le Christ et s'unissent à Dieu par la pro- fession des conseils évangéliques, il faut considérer sérieuse- ment que les meilleures adaptations aux besoins de notre temps n'obtiendront pas de résultat si elles ne sont pénétrées d'un renouveau spirituel auquel, même lorsqu'il s'agit de l'impulsion à donner aux œuvres extérieures, il faut toujours assigner la première place. »

Cela revient à dire qu'au départ de toute vie apostolique et de tout renouveau du même nom, il y a d'abord l'union intime avec le Christ, envoyé au monde par son Père pour le sauver, envoyant à son tour hommes et femmes après lui pour coopérer à son œuvre, à condition de « demeurer » en Lui. Condition primordiale. L'apostolat sera christique, christocen- trique, ou ne sera pas.

Il se trouve que François de Sales, avec les autres grands maîtres spirituels du XVI siècle — saint Ignace de Loyola et sainte Thérèse d'Avila spécialement — a été à l'origine du renouveau spirituel qui opéra, selon le mot d'Henri Bremond,

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« une révolution copernicienne » en ramenant Jésus au centre de la dévotion. S'il n'est pas possible, aujourd'hui, d'imaginer une piété authentique qui n'ait le Christ pour objet central, « Soleil de tous les exercices spirituels », il n'en était pas de même avant lui. Il avait coutume de dire : « Dans le Christ, en Église, nous sommes tous comme des fleurs adhérant au même arbre ».

Les chapitres historiques qui vont suivre sont destinés à mettre en relief cette orientation de départ et à dégager, par le fait même, la permanence très actuelle du message salésien.

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Les grands maîtres de la vie spirituelle, les grands fonda- teurs d'ordres, ont dans l'Eglise un rôle qui dépasse considéra- blement les frontières de leur famille religieuse.

La grandeur et les perfections de Dieu sont telles qu'aucune spiritualité particulière ne peut en rendre compte adéquatement. La richesse du message évangélique est telle que, sans les « accentuations » mises par tel « prophète » de l'Evangile sur l'un ou l'autre des aspects de ce message, nul ne peut être disciple de Jésus-Christ sans tenir compte de ces éclairages divers. Nul ne peut dire en vérité : la spiritualité de mon fonda- teur me suffit.

Le propos de cette collection est de faire connaître à toute religieuse ce qui lui est nécessairement utile, même dans les domaines qui ne sont pas de son ministère spécifique. Nous avons pensé que cette règle était tout autant valable dans le domaine des spiritualités. Ce volume inaugure donc une nou- velle série. Il montrera aux religieuses de toute obédience ce qu'elles peuvent recueillir du message du « plus humain de tous les saints ».

— L'auteur, bien connu du public catholique, est prêtre de la Société de saint François de Sales. Il a été supérieur de petit séminaire dans son diocèse (Lyon), puis aumônier national des Enseignants chrétiens.

A la fin de la Seconde Guerre mondiale, contraint à la clandestinité, il a eu la chance d'avoir sous la main, pendant sa retraite, les vingt-six volumes de l'édition d'Annecy des Œuvres de saint François de Sales; les ayant lus du premier au dernier... il n'a pas cru pouvoir garder de telles richesses pour lui tout seul.

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