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7/28/2019 La réorganisation spatiale de cinquante-cinq villes de Gaule reparees au Bas-Empire http://slidepdf.com/reader/full/la-reorganisation-spatiale-de-cinquante-cinq-villes-de-gaule-reparees-au-bas-empire 1/837  UNIVERSITÉ FRANÇOIS - RABELAIS DE TOURS ÉCOLE DOCTORALE S.H.S. Laboratoire Archéologie et Territoires THÈSE présentée par : Jasmine BOUDEAU soutenue le : 4 décembre 2009 pour obtenir le grade de : Docteur de l’université François - Rabelais Discipline/ Spécialité : Histoire, spécialité Archéologie La réorganisation spatiale de cinquante-cinq villes de Gaule remparées au Bas-Empire  THÈSE dirigée par : Monsieur SEIGNE Jacques Directeur de recherches, Université de Tours RAPPORTEUR : Monsieur LAFON Xavier Professeur d’archéologie romaine, Université de Provence JURY : Madame BEAUJARD Brigitte Professeur émérite, Université de Tours Monsieur FERDIÈRE Alain Professeur émérite, Université de Tours Monsieur LAFON Xavier Professeur d’archéologie romaine, Université de Provence Monsieur REDDÉ Michel Directeur d’études, École Pratique des Hautes Études Monsieur SEIGNE Jacques Directeur de recherches, Université de Tours

La réorganisation spatiale de cinquante-cinq villes de Gaule reparees au Bas-Empire

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  • 7/28/2019 La rorganisation spatiale de cinquante-cinq villes de Gaule reparees au Bas-Empire

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    UNIVERSIT FRANOIS - RABELAIS

    DE TOURS

    COLE DOCTORALE S.H.S.

    Laboratoire Archologie et Territoires

    THSE prsente par :Jasmine BOUDEAU

    soutenue le : 4 dcembre 2009

    pour obtenir le grade de : Docteur de luniversit Franois - Rabelais

    Discipline/ Spcialit : Histoire, spcialit Archologie

    La rorganisation spatiale de cinquante-cinq

    villes de Gaule rempares au Bas-Empire

    THSE dirige par :Monsieur SEIGNE Jacques Directeur de recherches, Universit de Tours

    RAPPORTEUR :Monsieur LAFON Xavier Professeur darchologie romaine, Universit de Provence

    JURY :Madame BEAUJARD Brigitte Professeur mrite, Universit de ToursMonsieur FERDIRE Alain Professeur mrite, Universit de ToursMonsieur LAFON Xavier Professeur darchologie romaine, Universit de ProvenceMonsieur REDD Michel Directeur dtudes, cole Pratique des Hautes tudesMonsieur SEIGNE Jacques Directeur de recherches, Universit de Tours

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    Remerciements

    Nous tenons tout dabord remercier notre famille et nos amis pour leur soutien sans

    conditions et leurs corrections claires, en particulier nos parents Guy et Marie-Jeanne

    Boudeau, Grard Bnteau, Ocane Boudeau, Claire Delalande, Mlanie Demarest et CcileRiquier.

    Toute notre reconnaissance va galement Norbert Aujoulat (Centre National de la

    Prhistoire, Prigueux), Dominique Bonnissent (I.N.R.A.P. Guadeloupe), Jean Brodeur

    (I.N.R.A.P. Pays-de-la-Loire), Frderic Devevey (I.N.R.A.P. Bourgogne), Dominique Gemehl

    (I.N.R.A.P. Picardie), Anne-Marie Jouquand-Thomas (I.N.R.A.P. Centre), Emmanuel

    Laborier (I.N.R.A.P. Bourgogne), Lucas Martin (I.N.R.A.P. Provence-Alpes-Cte-dAzur),

    Robert Neiss (Conservateur en chef du Patrimoine, Reims), Didier Perrugot (archologue Sens), Jacques Planchon (archologue, Muse de Die et du Diois), Benjamin Saint Jean Vitus

    (I.N.R.A.P. Bourgogne), Marilyne Salin (archozoologue Bourges), Stphane Sindonino

    (I.N.R.A.P. Champagne-Ardenne) et Luc Wozny (I.N.R.A.P. Aquitaine) qui nous ont

    aimablement autoris citer dans notre thse des lments de leurs mmoires universitaires et

    de leurs Documents Finaux de Synthse.

    De plus, la grande disponibilit des responsables des cartes archologiques et des

    bibliothcaires des Services Rgionaux de lArchologie de lAquitaine (Florence Saragoza),de la Bourgogne (Genevive Louismet), du Centre (Blandine Morin), de la Champagne-

    Ardenne (Dominique Morize), des Pays de la Loire (Franoise Mazeirat) et de la Picardie

    (Audrey Rossignol) a t inestimable pour faciliter nos recherches.

    De mme, nous naurions pas pu mener terme cette thse sans laide plus que

    prcieuse de Marie-Christine Cerruti du Centre National dArchologie Urbaine Tours.

    Par dessus tout, nous tenons remercier chaleureusement Monsieur Jacques Seigne de

    nous avoir fait confiance et de nous avoir diriger dans notre travail. Il a su nous conseiller et

    cadrer nos excs avec tact et humanit.

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    Rsum

    La construction au Bas-Empire dun rempart dans de nombreuses villes ouvertes du

    Haut-Empire de Gaule fut un vnement important dans lvolution spatiale de ces villes.

    Pour autant, limpact de lrection de ces murailles dans le tissu urbain prexistant fut jusquaujourdhui rarement tudi. Les dcouvertes rcentes permettent aujourdhui de dresser un

    tableau, certes parfois trs incomplet, des transformations apportes aux villes au moment et

    peu aprs la mise en place de lenceinte.

    Ltude de ces villes permet-elle de dgager un schma commun de ramnagement

    du territoire urbain durant lAntiquit tardive ?

    Lanalyse de cinquante-trois villes de Gaule a donn loccasion dtudier la datation,larchitecture et le fonctionnement de cinquante-quatre systmes dfensifs. Le choix du lieu

    dimplantation du castrum dans la ville a galement t abord du point de vue de la

    topographie et des structures urbaines du Haut-Empire (difices publics, btiments privs,

    voirie). Lvolution chronologique des monuments publics, des structures prives (habitat,

    artisanat, commerce,), des axes de circulation et des ncropoles a ensuite t analyse dans

    les diffrentes zones de la ville de lAntiquit tardive (intra muros, sur le trac du rempart,

    extra muros) afin dtudier les transformations effectues dans le tissu urbain.

    Mots cls : rempart, Bas-Empire, Gaule romaine, restructurations urbaines

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    Rsum en anglais

    During the Later Empire, the construction of an enclosing wall in many Gaulish cities

    was an important event in their spatial development. Despite this, the impact of the erection of

    these ramparts on the pre-existent urban framework has hitherto rarely been studied. Recentdiscoveries however now allow us to draw up a picture, albeit incomplete, of the

    transformations brought about in the cities during and shortly following the building of the

    wall.

    Does the study of these cities enable us to put forward a general model for

    redevelopments of urban territory during the Later Empire?

    Analysis of fifty-three cities in Gaul has provided the opportunity to study the dating,the architecture and how each of the fifty-four ramparts worked. The choice of the location of

    the castrum within the city has been approached both from a topographical point of view, and

    by taking into account the urban structures of the Early Empire (public and private buildings,

    public highways). Following this, the chronological evolution of public monuments, private

    structures (houses, craftsmans trade, commerce,), roads and necropolese have been

    analysed in the different quarters of the Later Empire city (intra muros, on the line of the

    rampart, extra muros) in order to study the transformations made in the urban framework.

    Key-words: rampart, Later Empire, Roman Gaul, urban redevelopments

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    Table des matires

    Remerciements ........................................................................................................................... 2

    Rsum ....................................................................................................................................... 3

    Rsum en anglais ...................................................................................................................... 4Table des matires ...................................................................................................................... 5

    Liste des tableaux ....................................................................................................................... 9

    Liste des figures ....................................................................................................................... 11

    Introduction .............................................................................................................................. 12

    Premire partie Prsentation gnrale ...................................................................................... 18

    1.1. Le choix des villes du corpus ............................................................................................ 19

    1.2. La datation des enceintes urbaines .................................................................................... 241.2.1. Les remparts, btiments htivement construits ? ....................................................... 24

    1.2.2. La datation des fortifications daprs les donnes historiques et archologiques...... 26

    1.2.2.1. Les problmes de datation................................................................................... 26

    1.2.2.2. La rpartition spatiale en Gaule des remparts selon leur datation....................... 32

    1.2.3. La datation des murailles en fonction des vnements politiques et militaires ......... 35

    1.2.3.1. Les priodes de stabilit politique durant lAntiquit tardive ............................. 35

    1.2.3.2. Les invasions barbares , motif de lrection des enceintes ?.......................... 36Phase 275/300 ................................................................................................................... 36

    Phase 300/350 ................................................................................................................... 37

    Phase 350/400 ................................................................................................................... 38

    Phase 400/450 ................................................................................................................... 38

    1.2.4. Les armes en Gaule au Bas-Empire.......................................................................... 46

    1.2.4.1. Larme romaine ................................................................................................. 46

    1.2.4.2. Les armes barbares ...................................................................................... 47

    1.2.5. Le statut des villes rempares..................................................................................... 47

    Conclusion du chapitre......................................................................................................... 50

    Deuxime partie Description des fortifications........................................................................ 52

    2.1. La forme et les dimensions des remparts .......................................................................... 54

    2.1.1. Les formes .................................................................................................................. 54

    2.1.2. Les dimensions ...........................................................................................................57

    2.2. Les lments constitutifs du systme dfensif .................................................................. 59

    2.2.1. Les courtines ..............................................................................................................59

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    2.2.1.1. Largeur et hauteur ............................................................................................... 59

    2.2.1.2. Les canaux dvacuation des eaux ...................................................................... 63

    2.2.1.3. Couronnement et chemin de ronde...................................................................... 63

    2.2.2. Les portes et les poternes ........................................................................................... 68

    2.2.2.1. Les portes ............................................................................................................68

    2.2.2.2. Les poternes......................................................................................................... 72

    2.2.3. Les tours ..................................................................................................................... 75

    2.2.3.1. Le nombre de tours et lintervalle entre elles ...................................................... 75

    2.2.3.2. La forme des tours ............................................................................................... 76

    2.2.3.3. Les dimensions hors-uvre des tours ................................................................. 77

    2.2.3.4. La hauteur des tours ............................................................................................ 81

    2.2.3.5. Les amnagements intrieurs .............................................................................. 83

    2.2.3.6. Le cheminement sur les enceintes au niveau des tours ....................................... 88

    2.2.4. Les accs aux parties hautes des remparts ................................................................. 89

    2.2.5. Les glacis .................................................................................................................... 94

    2.2.5.1. larrire des fortifications ................................................................................ 94

    Labsence de btiments ..................................................................................................... 94

    Les talus............................................................................................................................. 95

    2.2.5.2. En avant de la muraille ........................................................................................ 98

    Labsence de btiments ..................................................................................................... 98

    Les fosss et les talus ...................................................................................................... 100

    2.3. Larmement utilis au niveau des systmes dfensifs....................................................... 105

    2.4. La fonction militaire........................................................................................................ 110

    Conclusion du chapitre....................................................................................................... 112

    Troisime partie Topographie et lieu dimplantation des castra de lAntiquit tardive dans les

    villes du Haut-Empire ............................................................................................................ 1133.1. La topographie................................................................................................................. 114

    3.1.1. Gnralits................................................................................................................ 114

    3.1.2. Terrains plats ou peu vallonns................................................................................ 116

    3.1.3. Terrains peu ou trs escarps ................................................................................... 117

    3.1.4. Avantages et inconvnients la proximit des cours deau..................................... 119

    3.2. Les structures urbaines du Haut-Empire ......................................................................... 123

    3.2.1. Les monuments du Haut-Empire intgrs aux systmes dfensifs .......................... 1233.2.2. Le centre monumental du Haut-Empire ...................................................................126

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    3.2.2.1. Inclusion du centre monumental dans la ville close.......................................... 126

    3.2.2.2. Exclusion du centre monumental de lespace fortifi ....................................... 127

    3.2.3. Lhabitat, le commerce et lartisanat du Haut-Empire ............................................. 129

    3.2.4. Les ponts et les gus................................................................................................. 130

    3.3. Le trac des remparts....................................................................................................... 131

    3.3.1. Lemprise au sol des systmes dfensifs..................................................................131

    3.3.2. Le statut des structures urbaines du Haut-Empire sur le trac des murailles ........... 136

    3.3.2.1. Les difices publics ........................................................................................... 136

    3.3.2.2. La voirie ............................................................................................................ 137

    3.3.2.3. Lhabitat et les structures conomiques ............................................................ 139

    Conclusion du chapitre....................................................................................................... 141

    Quatrime partie Limpact de ldification des fortifications sur le tissu urbain................... 144

    4.1. Lemprise au sol des castra............................................................................................. 146

    4.2. Lanalyse spatiale des villes rempares au Bas-Empire.................................................. 148

    4.2.1. lintrieur des castra............................................................................................. 149

    4.2.1.1. Les monuments publics..................................................................................... 149

    Les difices du Haut-Empire abandonns ...................................................................... 149

    Les btiments des premiers sicles conservs avec leur fonction dorigine ................. 151

    Les difices publics construits durant lAntiquit tardive ............................................. 152

    4.2.1.2. Lhabitat et lartisanat .......................................................................................156

    Les structures abandonnes ............................................................................................ 156

    Les maisons et les ateliers du Haut-Empire toujours occups et les nouvelles structures

    bties ................................................................................................................................ 156

    4.2.1.3. Les axes de circulation ...................................................................................... 158

    Les rues du Haut-Empire abandonnes .......................................................................... 158

    Les voies des premiers sicles conserves ..................................................................... 158Les rues cres au Bas-Empire ....................................................................................... 159

    Conclusion intermdiaire ................................................................................................... 161

    4.2.2. Sur le trac des enceintes .........................................................................................162

    4.2.2.1. Les difices publics ........................................................................................... 162

    Les monuments publics du Haut-Empire abandonns................................................... 162

    Les btiments publics des premiers sicles conservs avec leur fonction dorigine..... 163

    Les difices publics du Haut-Empire conservs avec un nouvel usage ........................ 1634.2.2.2. Lhabitat et lartisanat .......................................................................................165

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    Les structures des premiers sicles abandonnes........................................................... 165

    4.2.2.3. Les axes de circulation ...................................................................................... 165

    Les rues du Haut-Empire condamnes ........................................................................... 165

    Les voies au niveau des portes et des poternes .............................................................. 167

    Conclusion intermdiaire ................................................................................................... 168

    4.2.3. Dans lespace extra muros .......................................................................................169

    4.2.3.1. Les btiments publics........................................................................................169

    Les monuments publics du Haut-Empire abandonns................................................... 169

    Les difices publics des premiers sicles conservs avec leur fonction dorigine........ 171

    Les monuments publics construits durant lAntiquit tardive ....................................... 173

    Les ports .......................................................................................................................... 175

    4.2.3.2. Lhabitat et lartisanat .......................................................................................176

    Les structures abandonnes ............................................................................................ 177

    Les btiments toujours occups ...................................................................................... 177

    Les structures nouvellement bties ................................................................................. 178

    4.2.3.3. Les ncropoles ................................................................................................... 179

    4.2.3.4. Les axes de circulation ...................................................................................... 180

    Les rues abandonnes...................................................................................................... 180

    Les voies conserves ....................................................................................................... 181

    Les ceintures externes de rues ........................................................................................ 182

    Les rues cres durant lAntiquit tardive ...................................................................... 183

    Les ponts.......................................................................................................................... 184

    Conclusion intermdiaire ................................................................................................... 184

    Conclusion du chapitre....................................................................................................... 186

    Conclusion.............................................................................................................................. 188

    Bibliographie .......................................................................................................................... 203Rsum ................................................................................................................................... 212

    Rsum en anglais .................................................................................................................. 212

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    Liste des tableaux

    Tableau 1 : Classification des cinquante-trois sites urbains de notre corpus selon ltendue

    des connaissances sur les murailles du Bas-Empire et les villes du Haut-Empire et de

    lAntiquit tardive ............................................................................................................22Tableau 2 : Fortifications dates entre 275 et 300 ..................................................................30

    Tableau 3 : Murailles dates entre 300 et 350......................................................................... 31

    Tableau 4 : Remparts dats entre 350 et 400 .......................................................................... 31

    Tableau 5 : Enceintes dates entre 400 et 450 ........................................................................ 31

    Tableau 6 : Les invasions barbares et la Bagaude en Gaule entre 250 et 350 apr. J.-C.........40

    Tableau 7 : Les invasions barbares et la Bagaude en Gaule entre 350 et 450 apr. J.-C.........41

    Tableau 8 : Classement des remparts selon leur forme........................................................... 56Tableau 9 : Superficie et primtre des castra de lAntiquit tardive .................................... 58

    Tableau 10 : Largeur et hauteur des courtines ........................................................................ 62

    Tableau 11 : Dimensions des canaux dvacuation des eaux amnags dans les courtines ... 63

    Tableau 12 : Largeur moyenne du sommet des courtines et estimation de la largeur du

    chemin de ronde ............................................................................................................... 67

    Tableau 13 : Nombre de portes supposes et attestes dans cinquante-et-une villes du corpus........71

    Tableau 14 : Dimensions des ouvertures des portes ............................................................... 71Tableau 15 : Nombre de poternes supposes et attestes dans vingt-quatre villes du corpus....... 74

    Tableau 16 : Dimensions des poternes.................................................................................... 74

    Tableau 17 : Nombre assur, nombre total prsum de tours et intervalle entre elles............ 76

    Tableau 18 : Diamtres hors-uvre et saillies des tours circulaires ....................................... 80

    Tableau 19 : Largeurs hors-uvre et saillies des tours carres ou rectangulaires .................. 81

    Tableau 20 : Largeurs maximale hors-uvre et saillies des tours polygonales...................... 81

    Tableau 21 : Hauteurs des tours, quelle que soit leur forme................................................... 83

    Tableau 22 : Dimensions des pices amnages dans les tours, quelle que soit leur forme... 87

    Tableau 23 : Dimensions des portes et des fentres des salles des tages des tours...............87

    Tableau 24 : Dimensions des talus internes ............................................................................ 98

    Tableau 25 : Largeur moyenne suppose des glacis externes sans foss ni talus ................. 100

    Tableau 26 : Dimensions des fosss et distance berme + foss(s) ........................................ 104

    Tableau 27 : Classement des murailles selon la topographie du terrain o elles furent

    construites....................................................................................................................... 115

    Tableau 28 : Distances entre les fortifications dates de 275/300 apr. J.-C. et les cours deau.......121

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    Tableau 29 : Distances entre les enceintes dates entre 300 et 450 apr. J.-C. et les cours deau ........122

    Tableau 30 : Classement des remparts de notre corpus selon la prsence atteste de glacis.......134

    Tableau 31 : Emprise au sol des systmes dfensifs pour lesquels aucun glacis na t mis au

    jour pour linstant et pourcentage de cette emprise par rapport la surface des villes au

    Haut-Empire ................................................................................................................... 134

    Tableau 32 : Emprise au sol des systmes dfensifs pour lesquels un glacis externe est mis en

    vidence et pourcentage de cette emprise par rapport la superficie des villes au Haut-

    Empire, en supposant que le glacis existait sur tout le pourtour des fortifications........ 135

    Tableau 33 : Emprise au sol des systmes dfensifs pour lesquels des glacis internes et externes

    sont prouvs et pourcentage de cette emprise par rapport la surface des villes au Haut-

    Empire, dans lhypothse o les glacis ont exist sur tout le primtre des castra .......... 135

    Tableau 34 : Classement des villes selon le ou les lments qui semblent dterminants dans le

    choix de lemplacement du castrum de lAntiquit tardive ........................................... 142

    Tableau 35 : Rapport de proportion entre la superficie des villes durant le Haut-Empire et

    celle des castra pendant lAntiquit tardive................................................................... 147

    Tableau 36 : Rpartition selon dix catgories et en fonction de leur devenir durant le Bas-

    Empire des monuments publics du Haut-Empire et de lAntiquit tardive des villes du

    corpus ............................................................................................................................. 149

    Tableau 37 : Rpartition selon dix catgories et en fonction de leur devenir durant le Bas-

    Empire des monuments publics du Haut-Empire et de lAntiquit tardive des villes du

    corpus situs lintrieur du castrum ............................................................................ 155

    Tableau 38 : Rpartition selon dix catgories et en fonction de leur devenir durant le Bas-

    Empire des monuments publics du Haut-Empire et de lAntiquit tardive des villes du

    corpus situs sur le trac des fortifications..................................................................... 164

    Tableau 39 : Rpartition selon dix catgories et en fonction de leur devenir durant le Bas-

    Empire des monuments publics du Haut-Empire et de lAntiquit tardive des villes ducorpus situs dans lespace extra muros ........................................................................ 175

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    11

    Liste des figures

    Figure A : Carte de localisation des sites tudis....................................................................23

    Figure B : Carte de rpartition des sites urbains de notre corpus classs selon la datation de leur

    fortification........................................................................................................................ 34Figure C : Zones de la Gaule envahies par les Barbares et touches par la Bagaude

    entre 250 et 300 apr. J.-C. ................................................................................................ 42

    Figure D : Zones de la Gaule envahies par les Barbares entre 300 et 350 apr. J.-C. ........ 43

    Figure E : Zones de la Gaule envahies par les Barbares entre 350 et 400 apr. J.-C. ........ 44

    Figure F : Zones de la Gaule envahies par les Barbares et touches par la Bagaude

    entre 400 et 450 apr. J.-C. ................................................................................................ 45

    Figure G : Cheiroballistra de Hron.....................................................................................107Figure H : Le scorpion ou onagre .........................................................................................107

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    Introduction

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    13

    Au fil de leur histoire, les villes connurent invitablement des transformations

    spatiales, parfois radicales : agrandissement ou rtraction de la zone lotie, dification de

    grands monuments, amnagements de nouveaux axes de circulation, La construction dun

    rempart au Bas-Empire dans de nombreuses villes de Gaule fait partie des changements

    importants apports laspect et lorganisation de certaines villes. La mise en place dune

    enceinte dans un milieu urbain prexistant a engendr des difficults de circulation, suscit

    des amnagements urbains et a trs certainement largement boulevers la physionomie ainsi

    que le fonctionnement de ces villes.

    Il convient tout dabord daborder lun des problmes majeurs poss par les remparts

    de lAntiquit tardive : leur date de construction. En effet, la datation des enceintes urbaines

    du Bas-Empire de Gaule est rarement assure avec certitude. Dun point de vue

    archologique, les informations font parfois dfaut et linterprtation des donnes disponibles

    peut tre dlicate. Nous verrons quel est ltat de la question aujourdhui et si les vnements

    politiques et militaires internes et externes lEmpire ont pu avoir une incidence sur la mise

    en place de ces remparts dans des lieux et un moment prcis. Ainsi, leur dification fut-elle

    dcide en fonction des invasions barbares , comme on le pensait gnralement ? Fut-elle

    lie aux changements apports lorganisation de larme romaine ? Toutes les capitales de

    cit ont-elles t rempares ? Peut-on parler dune planification de la construction de ces

    fortifications ?

    De mme, premire vue, les murailles bties au Bas-Empire dans de nombreuses

    villes de Gaule semblent avoir t tablies, le plus souvent, sans aucun respect de la trame

    urbaine et des difices prexistants. Cet a priori se rvle-t-il exact aprs une analyse

    dtaille ? Ltude de ces villes permet-elle de dgager un schma commun damnagement

    du territoire urbain durant lAntiquit tardive ?

    Dans un premier temps, sans faire un examen architectural dtaill de chaque

    fortification, nous nous attarderons sur ltude des enceintes du point de vue de leur forme, deleurs dimensions et de leurs lments constitutifs. Elle permettra de mieux apprhender

    laspect et le fonctionnement des remparts, lments souvent ignors.

    Les murailles du Bas-Empire enserrant une partie des villes du Haut-Empire, se pose

    alors la question de leur place dans le tissu urbain prexistant. Quels furent les critres

    dterminants dans le choix du lieu dimplantation des castra dans les villes ? La topographie

    (configuration du terrain et cours deau) fut-elle primordiale ? Le choix du trac dpendait-il

    de monuments htivement fortifis avant ldification du rempart ? Lemplacement du

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    castrum1 fut-il fix en fonction des axes de circulation prexistants ? Des structures en

    lvation au moment de la construction de la fortification ont-elles influenc le choix de son

    lieu de construction ? Des lments btis que les constructeurs ont voulu conserver ont-ils

    galement jou dans cette dcision ? Si oui, lesquels et pourquoi ?

    Enfin, la mise en place durant lAntiquit tardive dun systme dfensif (un rempart

    parfois associ un glacis interne et/ou externe, un talus interne et/ou externe, ou encore

    un foss externe) dans des villes ouvertes de Gaule a obligatoirement provoqu une

    rorganisation spatiale de ces villes. Lexamen de la localisation et de lvolution des

    monuments publics et des btiments privs (habitats, structures conomiques,), ainsi que

    les modifications apportes aux axes de circulation permettront de comprendre les

    changements effectus, au moment et aprs lrection des fortifications, dans lancien tissu

    urbain des villes.

    Ltude de limpact de la construction durant lAntiquit tardive dune enceinte dans

    des villes prexistantes exige de bonnes connaissances sur la muraille, mais galement sur la

    ville au Haut-Empire et sur la ville au Bas-Empire. Dans lensemble, lobtention

    dinformations sur les villes de Gaule durant lAntiquit et sur les remparts urbains du Bas-

    Empire ne pose pas de problme. Exception faite de quelques publications locales trs peu

    diffuses, de rapports de fouilles gars et de travaux universitaires non publis et

    difficilement accessibles, la documentation disponible apparat suffisante. La visite des villes

    tudies a permis de visualiser leur topographie et de se rendre compte de ltat actuel de

    conservation de ces fortifications, trs variable dun site lautre, des enceintes pouvant tre

    trs bien prserves, comme Senlis, ou totalement arases, comme Bordeaux.

    De nombreuses villes de Gaule ont gard des traces des enceintes leves la fin de

    lAntiquit. Les vestiges de ces monuments, gnralement bien visibles, contenant de

    nombreux blocs architecturaux remploys, souvent sculpts, parfois inscrits, ont trs ttsuscits lintrt des chercheurs, historiens et archologues. Depuis le XIVe sicle, ces

    derniers ont effectu des dessins de dtails et des relevs architecturaux des fortifications. Des

    reprsentations (gravures, estampes, aquarelles, dessins,) de portions des murailles,

    ralises avant les destructions importantes dont elles eurent souffrir, particulirement au

    XIXe sicle, procurent des renseignements sur les enceintes urbaines de lAntiquit tardive de

    Gaule. Si elles fournissent des documents irremplaables, elles sont nanmoins considrer

    1Dans ce mmoire, ce terme dsigne le systme dfensif (synonyme de rempart , muraille , enceinte et

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    avec prcaution, leurs auteurs ntant pas toujours des spcialistes. Ces derniers ont pu

    amplifier, dformer, idaliser ou oublier certains lments.

    Certains remparts sont galement connus par des livres dauteurs latins ou grecs de

    lAntiquit tardive et du Haut Moyen-ge. LHistoire dAmmien Marcellin crite durant les

    annes 380 et lHistoire des Francs de Grgoire de Tours rdige vers 580-590 permettent de

    fixer un terminus ante quem aux dates de construction de certaines murailles. Dans ce second

    livre, ainsi que dans le Misopogon crit par lempereur Julien en 363, dans lOrdo urbium

    nobilium dAusone de 375 et dans lePome d'action de grces et prire de Paulin de Pella de

    459, plusieurs villes et enceintes sont dcrites, notamment Bordeaux, Dijon et Paris. La

    Notitia Dignitatum, catalogue de ladministration, des forces militaires de lEmpire et des

    fabriques dtat, rdig la fin du IVe sicle et remani jusquau milieu du sicle suivant,

    apporte des informations sur la prsence de garnisons et lexistence de fabriques dtat dans

    les villes de Gaule rempares au Bas-Empire.

    Aux XIXe et XXe sicles, les profonds ramnagements urbains que connurent les

    villes furent lorigine dimportantes destructions de tronons de murailles. Ils permirent

    nanmoins de raliser des fouilles sur le trac de ces monuments. Les rapports de fouilles,

    ainsi que les ouvrages, les articles et les mmoires universitaires rdigs aux XX e et

    XXIe sicles sur ces remparts urbains du Bas-Empire fournissent de nombreuses et

    importantes informations sur ces difices de dfense.

    Toutefois, les synthses consacres aux murailles leves durant lAntiquit tardive

    dans les villes de Gaule sont peu nombreuses (Colin F.-Les enceintes gallo-romaines du Bas-

    Empire, D.E.S., Universit de Paris, 1967 ; Sindonino S.- Les enceintes gallo-romaines

    tardives : fonctions et datations, D.E.A., Universit de Paris I, 2000,). Lune delles,

    rdige par A. Blanchet en 1907 (Les enceintes romaines de la Gaule. tude sur lorigine

    dun grand nombre de villes franaises) dcritlarchitecture des murailles, leurs dimensions

    et leur localisation par rapport au rseau hydrographique. Elle contient galement deslments de datation et met en parallle les diffrents monuments. En 1983, S. Johnson, dans

    son livre nomm Late Roman Fortification, remet jour ces informations, confronte les

    enceintes urbaines et inclut les camps militaires du limes dans son tude.

    Si les synthses demeurent peu nombreuses, beaucoup de travaux universitaires,

    articles et monographies furent consacrs larchitecture et la datation des enceintes. Leurs

    auteurs tudirent soit des ensembles gaulois dune rgion (Linres J.-L.- Les enceintes

    fortification ) et lespace ceintur par celui-ci.

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    urbaines dans les deux Aquitaines et la Novempopulanie au Bas-Empire, matrise, Universit

    de Bordeaux III, 1972-1973 ; Graton E.- Les enceintes urbaines et militaires gallo-romaines

    dans la pninsule armoricaine, matrise, Universit de Bretagne occidentale, 1996 ;

    Garmy P., Maurin L. (dir.)- Enceintes romaines dAquitaine : Bordeaux, Dax, Prigueux,

    Bazas, 1996,), soit un rempart en particulier (Stein G., Berndt M., Eiden H.- Bauaufnahmen

    der rmischen Befestigung von Boppard, Saalburg Jahrbuch, 1966 ; Legaret S.- Lenceinte

    du Bas-Empire Paris, doctorat, Universit de Paris IV, 1980 ; Desaye H.- tude

    prliminaire sur lenceinte antique de Die, Revue drmoise, 1993 ; Guilleux J.- Lenceinte

    romaine du Mans, 2000,).

    Les villes de lAntiquit tardive de Gaule ont elles-mmes t tudies dans un grand

    nombre darticles et douvrages, notamment la srie intitule Topographie chrtienne des cits

    de la Gaule des origines au milieu du VIIIe sicle, ainsi que des livres tels Grenoble antique

    crit parJ.-C. Michel en 1999 et Civitas Remi. Reims et son enceinte au IVe sicle rdig par

    R. Neiss et S. Sindonino en 2004.

    Les murailles urbaines de lAntiquit tardive de Gaule et les villes du Bas-Empire ont

    donc t gnralement analyses sparment lexception des courts travaux de recherche

    publis par P. Pinon et D. Dubant. Les articles de P. Pinon paru en 1978 (Influence des

    enceintes du Bas-Empire sur le dveloppement urbain de quelques cits du Nord de la Gaule)

    et de D. Dubant dat de 2003 (Le rle des enceintes urbaines dans la stratgie dfensive au

    Bas-Empire), bien que succincts (moins de dix pages chacun), abordent des questions

    rarement poses. P. Pinon analyse le choix du lieu dimplantation du castrum dans plusieurs

    villes du Haut-Empire du nord de la Gaule et les consquences de ldification de la muraille

    uniquement sur le rseau viaire des premiers sicles. D. Dubant examine entre autre le

    problme de l'tablissement dun rempart dans une zone urbaine du point de vue du statut

    juridique des terrains concerns par son trac.

    Si P. Pinon et D. Dubant ont brivement analys limpact de la construction desfortifications durant lAntiquit tardive sur lorganisation spatiale de quelques villes de Gaule,

    la plupart des chercheurs se sont intresss essentiellement larchitecture et la datation des

    enceintes urbaines.

    Une tude comparative pousse na donc encore jamais t mene. Ce manque

    dintrt sexplique probablement par le nombre limit dinformations concernant les villes au

    Bas-Empire disponibles jusqu ces dernires annes. Grce aux dcouvertes rcentes, il

    semble nanmoins aujourdhui possible danalyser lvolution de lorganisation spatiale desvilles gallo-romaines fortifies durant lAntiquit tardive.

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    Afin de mener bien cette tude, nous avions rpertori durant notre D.E.A. cent

    trente-huit sites rempars du Bas-Empire situs en Gaule. Quatre-vingt trois sites furent

    finalement carts pour deux raisons principales :

    - dix-neuf difices taient des camps militaires

    - soixante-quatre fortifications urbaines taient mal connues.

    Au terme de cette premire tude, cinquante-cinq villes furent donc retenues pour former le

    corpus utilis dans cette thse.

    La slection de ces villes a t effectue sur trois critres majeurs :

    - la prsence et la bonne connaissance de lenceinte de lAntiquit tardive

    - les nombreuses informations sur la ville au Haut-Empire

    - la bonne documentation de la ville au Bas-Empire.

    Les conclusions de ce mmoire porterons donc sur cet chantillon de cinquante-cinq villes.

    Bien que reprsentatives dune partie des villes rempares au Bas-Empire en Gaule, elles

    permettent toutefois desquisser un premier tableau de ce qutaient les villes pourvues dune

    muraille la fin de lAntiquit.

    Avant daborder le sujet en dtail, il est ncessaire dexpliquer lutilisation de

    quelques termes pouvant prter confusion. Le mot Barbare et son adjectif nont pas,

    dans le prsent mmoire, un sens pjoratif mais dsignent les peuples extrieurs lEmpire

    romain, ou tout lment les concernant. Dautre part, il est important de rappeler que le mot

    invasion a plusieurs dfinitions qui sappliquent aux diffrents mouvements de

    populations connus au Bas-Empire dans lEmpire romain. Il peut sagir dune pntration

    belliqueuse et massive des forces armes dun tat sur le territoire dun autre tat ou dune

    migration accompagne de violences, de dvastations (Rey-Debove J., Rey A.- Le

    nouveau petit Robert, dictionnaire alphabtique et analogique de la langue franaise, Paris,Dictionnaires Le Robert, 1993 : 1205). Dans dautres cas, des groupes stablissaient

    durablement dans le pays envahi sur des zones restreintes. Dautres peuples effectuaient

    galement des raids dans une partie de lEmpire romain avant de retourner au-del du limes.

    Nous regroupons toutes ces ralits sous le mme mot invasion .

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    Premire partie

    Prsentation gnrale

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    1.1. Le choix des villes du corpus

    Le travail prsent dans ce mmoire de thse a t entrepris ds notre anne de D.E.A.

    sous la direction de Monsieur Jacques Seigne. Les rsultats de cette premire tude furent

    exposs dans le mmoire intitul Enceintes du Bas-Empire en Gaule romaine et

    restructurations urbaines et soutenus lUniversit Franois Rabelais de Tours en juillet

    2003. Le but de ce travail tait de runir un corpus afin danalyser limpact de la construction

    de remparts urbains sur lorganisation des villes de Gaule au Bas-Empire. Nous avons

    rpertori toutes les structures militaires de cette priode connues actuellement sur ce

    territoire, lexception des fortins et des tours de guet. Cent trente-huit sites rempars ont t

    examins. lissue de cette anne de recherche, quatre-vingt trois sites furent carts pour

    deux raisons majeures :

    - dix-neuf monuments taient des camps militaires ;

    - soixante-quatre enceintes urbaines taient par trop hypothtiques, mal connues et peu

    documentes.

    la suite de ce premier examen des diffrentes sources disponibles, seules cinquante-

    cinq villes furent retenues pour une tude ultrieure. La slection sest faite selon quatre

    critres :

    - la prsence dune fortification urbaine du Bas-Empire ;

    - les nombreuses informations concernant le rempart tardif ;

    - la bonne connaissance de la ville du Haut-Empire ;

    - la bonne documentation de la ville de lAntiquit tardive.

    Les conclusions et les hypothses auxquelles cet chantillon nous permettra de

    parvenir seront donc limites et ne seront reprsentatives que dune partie des villes fortifies

    durant lAntiquit tardive en Gaule.

    Pour chacune des cinquante-cinq villes considres, une notice a t rdige. Elle

    prsente la topographie des lieux, les connaissances actuelles sur lurbanisme au Haut-Empire

    et durant lAntiquit tardive, les informations sur la fortification du Bas-Empire et la prsence

    ventuelle de contingents militaires dans la ville la fin de lAntiquit. Les villes sont

    classes par ordre alphabtique selon les provinces administratives o elles taient localises,

    et chaque notice est accompagne dune bibliographie. Ces notices, regroupes dans les

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    volumes dannexes, ont t constitues partir de sources historiques (ouvrages de lAntiquit

    et du Haut Moyen-ge), de publications, de rapports de fouille et de travaux universitaires.

    Lanalyse dillustrations reprsentant les remparts (dessins, gravures, aquarelles,

    photographies,), dates du XIVe sicle au XIXe sicle, a apport quelques informations

    supplmentaires. La visite des villes a permis de mieux apprhender la topographie des sites.

    Le catalogue, form par les deux volumes dannexe, est agrment de nombreuses

    illustrations dont cent sept plans des villes tudies, mis jour et redessins par lauteur. La

    ralisation des annexes a ncessit la collecte des informations concernant prs de quatre

    cents btiments publics, plusieurs centaines de structures prives, de multiples lments de la

    voirie connue des villes, ainsi que cinquante-six fortifications (pour les cinquante-cinq villes

    tudies, deux enceintes tant rpertories Augst en Suisse). Dans ces conditions, lanalyse

    des donnes premires de chaque fouille ntait pas ralisable dans le temps impartis. Les

    volumes dannexe sont donc le rsultat dun travail de seconde main. Sils ne prsentent pas

    une critique dtaille des recherches effectues sur chacun des sites mentionns, ils

    rcapitulent les informations disponibles sur lurbanisme antique de cinquante-cinq villes de

    Gaule.

    Des fortifications furent construites au Haut-Empire dans une quinzaine de villes de

    Gaule : Arles, Autun, Cologne, Frjus, Nmes, Tongres (Belgique), Toulouse, Trves, Ces

    enceintes honorifiques (FERDIERE 2005 : 200), dates des Ier-IIe sicles, nentrent pas dans

    le cadre de notre tude du fait de leur datation. Toutefois, au Bas-Empire, un nouveau rempart

    fut rig dans sept villes dj pourvues dune muraille durant les deux premiers sicles de

    notre re : Augst, Autun, Nmes, Reims, Tongres, Toulouse et Xanten (Allemagne). Nous les

    avons donc inclus dans notre corpus. lexception de Toulouse, les fortifications semblent

    avoir enferm une zone plus petite que celle enclose au Haut-Empire.

    Toulouse, lenceinte de lAntiquit tardive complta celle du Haut-Empire le longde la Garonne. Il ny eut pas de rtraction de lespace urbain, la ville ayant la mme

    superficie, de lordre de 90 ha, durant toute lAntiquit. Cette caractristique fait de Toulouse

    un cas part dans notre corpus. La grande surface ceinture par la muraille de Toulouse

    ntait pas exceptionnelle au Bas-Empire, mme si elle tait rare. Plusieurs castra de

    lAntiquit tardive avaient de grandes superficies : Mayence (Allemagne), 100 ha ; Metz,

    60 ha ; Reims, 55 ha. Nous avons conserv Toulouse pour notre tude principalement afin

    denrichir nos connaissances sur laspect et le fonctionnement des murailles urbaines du Bas-Empire de Gaule.

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    Aprs lanalyse de la documentation disponible sur chacune des cinquante-cinq villes

    retenues, deux villes ont finalement t cartes :

    - Autun, o lexistence dune enceinte au Bas-Empire est trop incertaine ;

    - Nmes, o un seul tronon du rempart a t dgag, ce qui ne permet pas dtablir son

    trac avec certitude et donc danalyser une probable rorganisation urbaine durant

    lAntiquit tardive. (De plus, son appartenance au Bas-Empire nest pas assure.)

    Cinquante-trois sites urbains sont donc examins dans ce mmoire, mais cinquante-

    quatre enceintes composent le corpus en raison des deux fortifications du Bas-Empire

    Augst, leves dans deux lieux bien distincts de la ville.

    Vingt-six villes de notre corpus sont bien documentes pour les premiers sicles de

    notre re, pour lAntiquit tardive et sur leur(s) fortification(s) du Bas-Empire (tableau 1). Ce

    groupe forme le noyau du corpus et fournit la grande majorit des informations ncessaires

    ltude, objet de ce mmoire. Vingt autres villes sont moins bien documentes sur leur

    urbanisme du Haut-Empire et sur leur muraille du Bas-Empire (tableau 1). Certains de leurs

    lments peuvent cependant alimenter ltude : largeur et hauteur des courtines, abandon dun

    btiment, condamnation dune rue, Enfin, pour sept villes de notre corpus, le systme

    dfensif est le seul monument suffisamment document (tableau 1). Dans certaines de ces

    villes, seuls un ou deux btiments sont parfois connus en plus des fortifications comme

    Carcassonne (deux domi du Haut-Empire), Bayonne (un petit habitat des IVe/Ve sicles) et

    Boppard en Allemagne (des thermes de la seconde moiti du IVe sicle). Toute analyse de

    changements dans lorganisation du tissu urbain antique savre donc impossible. Nanmoins,

    les enceintes sont dans un tat de conservation exceptionnel. Ces sept sites ont donc t

    conservs dans le corpus afin de complter les donnes des autres murailles et ainsi toffer

    lanalyse sur la structure et le fonctionnement des remparts.

    Au vu des donnes archologiques et historiques, la connaissance de lorganisation

    spatiale des cinquante-trois villes au Haut-Empire est partielle, voire inexistante pourcertaines dentre elles, et elle est gnralement moindre pour lAntiquit tardive, mais elle

    nous semble suffisante pour tenter une analyse spatiale.

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    Villes bien documentes pour

    le Haut-Empire, le Bas-

    Empire et les fortifications de

    lAntiquit tardive

    Villes faiblement renseignes

    pour le Haut-Empire et le

    rempart de lAntiquit tardive

    Villes o seul le systme

    dfensif est suffisamment

    document

    AmiensAngers

    ArrasAugstBavay

    BeauvaisBordeaux

    DaxGrenobleLe MansMayence

    MetzOrlans

    ParisPrigueuxPoitiersReimsRouen

    Saint-Bertrand-de-CommingesSaintes

    SensSoissonsToulouse

    ToursTroyesXanten

    AngoulmeAuch

    AuxerreBayeuxBziersBourges

    DieDijon

    vreuxGap

    LillebonneLisieuxMeaux

    NoyonRennesSenlisSpire

    TongresTournaiVannes

    BayonneBeaune

    BoppardCarcassonneSaint-LzerSaint-Lizier

    Tournus

    Tableau 1 : Classification des cinquante-trois sites urbains de notre corpus selon ltenduedes connaissances sur les murailles du Bas-Empire et les villes du Haut-Empire et delAntiquit tardive.

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    Figure A : Carte de localisation des sites tudis.

    Daprs Delaplace C., France J., Histoire des Gaules (VIe s. av. J.-C./VIe s. ap. J.-C.), Paris, ArmandColin, 1995 : 179.

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    1.2. La datation des enceintes urbaines

    Lvolution de lorganisation spatiale de chaque ville est analyse en fonction de la

    date de la muraille. Cette dernire est le moment marquant dun profond changement dans

    lagencement et lutilisation des lments constitutifs de la ville (monuments, axes de

    circulation,). Afin dtudier les modifications urbanistiques effectues aprs la mise en

    place du castrum, il est donc important de savoir quelle date le rempart fut lev.

    1.2.1. Les remparts, btiments htivement construits ?

    Les chercheurs (C. Jullian,) ont longtemps pens que les fortifications urbaines de

    lAntiquit tardive avaient t bties htivement pour faire face la progression rapide et

    menaante de bandes de Barbares envahissant lEmpire romain. Lun de leurs principaux

    arguments tait la prsence de nombreux remplois dans les soubassements de ces remparts.

    part quelques exceptions (Bayonne, Saint-Bertrand-de-Comminges,), les fondations et le

    soubassement de toutes les enceintes tudies comportent effectivement de trs nombreux

    blocs architecturaux et stles funraires en remplois.

    Les tudes architecturales menes depuis plusieurs dizaines dannes ont cependant

    montr que ces blocs en remploi navaient pas t simplement jets dans une tranche mais

    mticuleusement agencs. Tours, les blocs ne furent pas disposs ple-mle, mais ils ont

    t soigneusement rcuprs et empils avec ordre (WOOD 1983 : 47). Le mme soin a t

    not Saintes, entre autre sur le site du bastion (GRIMBERT 2000 : 85). Bordeaux,

    certains blocs en remploi formant les fondations du rempart face la rue Duffour-Dubergier

    ont t retaills pour bien sajuster dautres blocs (MIGEON 2000 : 288-289). Un travail de

    retaille est galement visible sur des blocs du rempart de Sens (DELOR 2002b : 660) et de

    nombreuses autres villes (Tours,).

    Lexamen des lvations des murailles montre quelles furent aussi bties avec

    application. Elles sont formes dun blocage de maonnerie encadr de parements en

    moellons de petit appareil souvent rythms de cordons de briques.

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    Pour certaines fortifications, les constructeurs ont recherch un certain esthtisme.

    Saint-Bertrand-de-Comminges, ils ont enduit les parements interne et externe dun mortier

    blanchtre. Au Mans, ils ont jou avec la couleur des moellons pour crer des dcors

    gomtriques (triangles, losanges, sabliers).

    Lautre argument des chercheurs en faveur de la thse dune construction htive des

    enceintes urbaines tait le besoin des villes de faire face rapidement aux invasions

    barbares . Les chercheurs ont longtemps pens que toutes les fortifications urbaines du Bas-

    Empire de Gaule avaient t leves simultanment durant le dernier quart du IIIe sicle.

    Daprs C. Jullian, les raids barbares des annes 270/280 auraient pouss Aurlien et ses

    successeurs entourer les villes de remparts (JULLIAN 1924 : tome 4, pp.594-595 ; tome 8,

    pp.220-221). Lide que l invasion de 275 fut le dclencheur dun mouvement de

    construction denceintes urbaines en Gaule a longtemps perdur. R. Brulet crit encore en

    1977 : Les dvastations conscutives la terrible invasion de 275 servent de leon. partir

    des rgnes dAurlien et de Probus, les villes sentourent de remparts ; celles qui ne le font

    pas ont pri ou sont abandonnes dfinitivement. Luvre est poursuivie par les empereurs

    Diocltien et Constantin. (BRULET 1977 : 102).

    Lhypothse qui voulait que toutes les villes de la Gaule aient t dotes simultanment

    dune enceinte la fin du IIIe sicle a t rcemment remise en cause par de nombreux

    chercheurs, dont L. Maurin (MAURIN 1992b : 378-389), sur la base des rsultats des fouilles

    et des tudes architecturales des murailles. Les fouilles et les recherches ont prouv que

    lrection des remparts urbains schelonna de la fin du IIIe sicle au dbut du Ve sicle

    (tableaux 2 5). La longue priode durant laquelle des fortifications ont t leves dans de

    nombreuses villes de Gaule montre que ces murailles ne furent pas riges dans la prcipitation

    aprs l invasion de 275.

    Enfin, les remparts dont il est question ici sont des monuments de grandes dimensions

    de plusieurs centaines de mtres de long, voire de plusieurs kilomtres (2500 m Bourges,

    1465 m Dax, 3200 m Metz,). Ils prsentent des courtines hautes de 5 10 m et larges de

    2 4 m et sont dots de tours dune dizaine de mtres de hauteur (lanalyse des lments

    constitutifs des murailles est effectue dans la deuxime partie). La construction de tels

    btiments tait certainement onreuse. La dcision dlever une enceinte tait donc

    probablement prise aprs mres rflexions.

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    En outre, ldification dune fortification tait soumise lapprobation impriale.

    Daprs une loi (L, 10) transcrite dans le Digeste, la municipalit devait demander une

    autorisation au gouverneur de province, qui consultait alors lempereur (JANVIER 1969 : 95).

    Lattente dune rponse entranait sans doute un dlai. Lorsque lautorisation tait donne et

    le choix du trac de la fortification effectu, le terrain devait tre prpar (destruction des

    btiments gnants, vacuation des dblais,). Les constructeurs devaient galement

    sapprovisionner en matriaux, soit dans la ville mme (dans les btiments dtruits et en

    ruine), soit en dehors (dans les ncropoles, les carrires, les forts,). Si besoin, les

    matriaux taient faonns. Les tranches de fondation taient creuses et ventuellement

    le(s) foss(s) si leur conception tait prvue. Les volumes considrables de terre enlever

    devaient demander beaucoup de temps et de main-duvre. Enfin, le rempart tait bti, avec

    soin.

    Le temps (plusieurs mois, deux ans, cinq ans ?) et le nombre de personnes ncessaires

    la conception et la ralisation dun rempart urbain durant lAntiquit tardive restent

    tudier et valuer. Cependant, toutes les tapes et les contraintes techniques dcrites ci-

    dessus font supposer une longue dure pour la mise en place dune muraille dans une ville.

    1.2.2. La datation des fortifications daprs les donnes

    historiques et archologiques

    Lhypothse de la construction dans lurgence des enceintes urbaines de Gaule au Bas-

    Empire suite l invasion de 275 est dornavant infirme.

    A. Ferdire rappelle que lon sait maintenant que plusieurs [remparts urbains] ne furent

    difis, ou en tout cas termins, que dans le courant, voire la fin, du IVe sicle (FERDIERE

    2005 : 298). En outre, L. Maurin a dmontr que dans le sud-ouest de la Gaule un groupe

    denceintes na t lev quau dbut du Ve sicle (MAURIN1992b : 386).

    1.2.2.1. Les problmes de datation

    Sur cinquante-quatre fortifications, la datation de neuf remparts nest prouve par

    aucun tmoignage textuel ou preuve archologique (tableaux 2, 3 et 5). Elle est donc

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    totalement arbitraire. Elle est donne en comparant les enceintes avec des murailles mieux

    dates et gographiquement proches. Cest le cas de Beaune par rapport Dijon, ainsi que de

    Auch, Saint-Lzer et Saint-Lizier par rapport Saint-Bertrand-de-Comminges. Ces datations

    sont fragiles car elles reposent sur de simples ressemblances physiques. Il en est de mme

    Metz o lenceinte, faute de mobilier datant et sans tude stratigraphique, ne peut

    actuellement tre date que par rapport dautres remparts de lAntiquit tardive. Certains

    chercheurs ont galement tent de dater la muraille par rapport ldifice de Saint-Pierre-aux-

    Nonnains, mais la datation de ce monument nest pas bien fixe (voir la notice sur Metz

    page 97 du volume 1 des annexes). Faute dlment chronologique prcis, ldification de

    plusieurs fortifications est galement souvent mise en relation avec un vnement historique :

    la grande invasion barbare de 275 pour les remparts de Soissons et Vannes ; la mise en

    dfense du limes rhnan au IVe sicle pour lenceinte de Xanten ; la construction du rempart

    de Bayonne serait peut-tre, quant elle, rapprocher de laccession de Bordeaux au rang de

    capitale de diocse de la Gaule mridionale au milieu du IVe sicle, Les datations

    proposes pour ces neuf enceintes apparaissent donc trs subjectives, fragiles, incertaines.

    Trente-trois autres enceintes ont une datation approximative, voire incertaine

    (tableaux 2 5), mme si celle-ci apparat moins fragile car elle sappuie sur des lments

    archologiques plus fiables. Leurs datations restent toutefois sujettes modifications car elles

    reposent sur des observations ponctuelles o peu de marqueurs chronologiques ont t mis au

    jour. Dans certains cas, la stratigraphie sur laquelle la datation est base nest pas directement

    en relation avec le rempart.

    Sur les cinquante-quatre enceintes considres, seulement douze fortifications seraient

    bien dates par larchologie comme Paris, Reims et Grenoble (tableaux 2 4). Toutefois,

    leurs datations reposent, l encore, sur des lments fragiles qui peuvent tre remis en cause

    par une nouvelle tude. Beaucoup de remparts urbains sont dats partir dun nombrerestreint de matriel archologique, faible quantit due au nombre limit de chantiers sur le

    trac des enceintes. Il peut sagir dune ou deux monnaies, de quelques tessons ou de

    plusieurs inscriptions utilises en remploi. Le nombre de marqueurs datant est donc restreint.

    Linterprtation de ce mobilier implique aussi certaines prcautions. Les monnaies pouvant

    circuler longtemps aprs leur date de frappe et la cramique du Bas-Empire, malgr les

    progrs raliss, tant encore difficilement identifiable, il faut tre prudent quand leur

    utilisation pour dater une structure.

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    De mme, des datations apparemment assures peuvent tre contestes, comme par

    exemple pour Grenoble. Ldification du rempart de cette ville est actuellement situe entre

    285 et 293 sur la base des textes inscrits au-dessus des deux portes de lenceinte, ce qui a

    priori garantit une datation fiable de la muraille. Bien que dtruites en 1594 pour lune et entre

    1802 et 1810 pour lautre, ces portes et leurs inscriptions sont reprsentes sur des dessins du

    XVIe sicle. Nous pouvons considrer que lappartenance des textes ces monuments est

    assure. J.-C. Michel met cependant lhypothse selon laquelle les empereurs Diocltien et

    Maximien se seraient appropris le mrite de la construction dun monument commenc avant

    leur principat (voir la notice sur Grenoble page 266du volume 2 des annexes). Ainsi, mme

    des preuves qui semblent indiscutables peuvent tre interprtes diffremment.

    Des analyses en laboratoire (archomagntisme, dendrochronologie,) sont parfois

    effectues sur des matriaux des remparts. Les datations bases sur les rsultats de ces

    analyses semblent plus prcises voire assures. Sans remettre en cause la prcision de ces

    mthodes, le petit nombre dchantillons examin peut faire douter de la fiabilit des rsultats.

    Par exemple, Toulouse, lanalyse archomagntique du tronon de la muraille situe le long

    de la Garonne lemplacement de lInstitut Catholique a t faite sur onze briques. Qui plus

    est, ltat de fragmentation de ces terres cuites architecturales ne permet pas dexclure que ces

    lments aient t des remplois et que la datation propose soit trop ancienne. De mme, les

    datations issues des tudes dendrochronologiques sur les bois de lAntiquit tardive seraient

    actuellement revoir et peut-tre dcaler de cinquante ans vers notre poque

    (SEIGNE 2007). En outre, il est possible que les pieux sous les fondations, au mme titre que

    les briques dans llvation, soient des remplois. Leur datation ne donne quun terminus post

    quem. Il serait alors ncessaire de rviser la datation des pieux de plusieurs enceintes et de l

    la datation des remparts qui devraient ainsi tre rajeunis.

    Enfin, des datations diffrentes ont t attribues plusieurs tronons dun mme

    rempart, comme Rouen pour les sites de lEspace du Palais (datation entre 273 et 295) et dela rue des Carmes (datation entre 325 et 350) (voir la notice page 318 du volume 1 des

    annexes). X. Delestre met lhypothse dune reconstruction du tronon de la rue des Carmes

    au IVe sicle. Dans ce cas, ltude architecturale permettrait-elle de relever une diffrence

    dans la structure de lenceinte ou la restauration a-t-elle t faite lidentique ? Le problme

    de manque dunit dans la datation est peut-tre d la faon dont fut entreprise la

    construction de la fortification et au temps ncessaire ldification dune enceinte (cf. 1.2.1).

    La municipalit avait-elle suffisamment de moyens financiers et humains pour faire construirela muraille dun seul jet en un temps limit ou avait-elle des ressources modestes la

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    contraignant faire btir la fortification par petits bouts sur une longue priode ? De plus, la

    ralisation dune enceinte tait dune telle ampleur que lon peut se demander sil y eut un

    seul chantier commenc un point prcis du trac du rempart et revenant son point de

    dpart, ou plusieurs chantiers dbuts simultanment en plusieurs endroits du trac de la

    muraille.

    Malgr les problmes de datation voqus ci-dessus, et sans chercher les rsoudre,

    nous avons class les sites tudis en quatre priodes selon les datations donnes par les

    archologues et les historiens : 275/300, 300/350, 350/400, 400/450 (tableaux 2 5). La date

    de 275 correspond l invasion de la Gaule par les Francs et les Alamans. La phase

    275/300 concide avec la Ttrarchie. La priode 300/350 est comprise entre la Ttrarchie et

    une importante incursion des Alamans sur le territoire gaulois. La phase 350/400 est borne

    par l invasion des Alamans et lenvahissement de la Gaule par les Vandales, les Suves,

    les Alains et les Burgondes en 407. La priode 400/450 est limite par l'incursion de 407 et

    par l invasion de la Gaule par les Huns dAttila. Bien videmment, la rpartition des

    constructions des fortifications du corpus dans ces quatre phases nest que provisoire en

    raison des problmes prsents prcdemment.

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    Datation

    SiteBien documente Mal renseigne Non prouve

    Amiens Entre 280 et 350Angers Vers 280

    ArrasEntre 280 et le milieu du

    VIIe sicle

    Augst(Kastelen)

    Entre 276 et 282

    AuxerreEntre la fin du IIIe sicle et la

    fin du IVe sicleBavay

    (1er tat)Aprs 280

    Bayeux Postrieure 237

    Beaune Contemporaine de

    lenceinte de Dijon , soitde la fin IIIe sicle

    BziersEntre le milieu du IIIe sicle etle premier quart du VIIIe sicle

    Bordeaux Entre 290 et 375Bourges Fin IIIe/dbut IVe sicle

    Die Postrieure la fin du IIIe sicleDijon Fin IIIe sicle

    vreuxEntre la fin du IIIe sicle et ledeuxime tiers du IVe sicle

    Gap IIIe sicleGrenoble Entre 285 et 293Le Mans Vers 280

    Lisieux Dernier quart du IIIe

    sicleMayence Entre 250 et la Ttrarchie

    MeauxEntre la fin du IIIe sicle et lepremier tiers du VIIe sicle,

    peut-tre au dbut du IVe sicleMetz Fin IIIe/dbut IVe sicle

    Noyon Fin IIIe/dbut IVe siclePrigueux Postrieure 282Poitiers Fin IIIe/dbut IVe sicleRennes Aprs 275

    Rouen Tournant du IV

    e

    sicleSaintes

    Entre la seconde moiti duIIIe sicle et le IVe sicle

    Senlis Troisime quart du IIIe sicleSens Vers 270-300

    Soissons IIIe sicleTongres Fin IIIe/dbut IVe sicle

    ToulouseEntre le IIe sicle et la fin

    du IVe sicleTournus Milieu ou fin du IIIe sicleTroyes Entre la fin IIIe sicle et 356

    Vannes Fin IIIe sicleTableau 2 : Fortifications dates entre 275 et 300.

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    DatationSite Bien documente Mal renseigne Non prouve

    Augst(Castrum)

    partir de 300

    BayonneVers 300, voire premire

    moiti du IVe sicle

    Beauvais Postrieure 313

    BoppardPremires dcennies du IVe

    sicle

    LillebonnePremire moiti du IVe

    sicleParis Entre 308 et 360

    Reims Entre 330 et 370Tournai Dbut IVe sicle

    XantenPeut-tre sous Constantin

    (306-337)

    Tableau 3 : Murailles dates entre 300 et 350.

    DatationSite Bien documente Mal renseigne Non prouve

    Bavay(2me tat)

    Deuxime moiti duIVe sicle

    DaxSeconde moiti du IVe

    sicle, peut-tre troisimequart du IVe sicle

    Mayence

    (face sud-ouest)

    Au plus tt sous le

    principat de lempereurJulien (355-363)

    OrlansAu plus tt du troisime quart

    du IVe sicle

    SpirePostrieure 350, peut-tre

    sous le principat deValentinien (364-375)

    Tours Vers 350Tableau 4 : Remparts dats entre 350 et 400.

    DatationSite Bien documente Mal renseigne Non prouve

    AngoulmeEntre le IVe sicle et la

    deuxime moiti du Ve sicle

    AuchPremires dcennies du Ve

    sicle

    CarcassonneFin du IVe sicle ou dbut

    du Ve sicleSaint-Bertrand Dbut du Ve sicle

    Saint-LzerPremire ou seconde

    dcennie du V

    e

    sicleSaint-Lizier Dbut du Ve sicleTableau 5 : Enceintes dates entre 400 et 450.

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    1.2.2.2. La rpartition spatiale en Gaule des remparts selon leur

    datation

    La carte de rpartition des sites tudis (fig. A) laisserait croire que la Grande

    Squanie, lextrmit ouest de la Lyonnaise Troisime, lAquitaine Premire et le sud-est de

    la Gaule furent dpourvues de remparts urbains durant lAntiquit tardive. Des enceintes du

    Bas-Empire sont toutefois avres Arles, Avignon et Narbonne. Il en est de mme

    lextrmit ouest de la Lyonnaise Troisime o des lments de fortifications de lAntiquit

    tardive ont t mis au jour Alet et Brest. Pareillement, lexistence de remparts du Bas-

    Empire est atteste par des textes en Aquitaine Premire (Limoges, Clermont,) et en Grande

    Squanie (Besanon). Seul le manque de tmoignages fiables nous fait carter certains sites

    de l'tude prsente dans ce mmoire. Il conviendra donc de ne pas perdre de vue que

    lanalyse de la rpartition spatiale des remparts urbains de Gaule de lAntiquit tardive sera

    partielle et biaise puisque toutes les murailles protgeant des villes sur ce territoire et cette

    poque ne sont pas prises en compte faute dinformations suffisantes.

    Trente-cinq systmes dfensifs de notre corpus (65 %) sont dats de la priode 275/300

    (tableau 2). Ils sont rpartis dans toute la Gaule (fig. B) sauf en Novempopulanie et dans les

    provinces des Alpes. Ils sont plus nombreux dans la moiti nord. Certains remparts sont

    localiss prs des frontires maritimes et terrestres (Mayence, Bayeux,) mais beaucoup de

    fortifications sont construites dans des villes de lintrieur du territoire gaulois (fig. B).

    Neuf remparts (17 % du corpus) sont dats entre 300 et 350 (tableau 3). Ils sont situs

    trs majoritairement dans le Nord de la Gaule (fig. B), Bayonne tant la seule ville dans le sud

    dont la fortification est attribue cette priode. Ils sont loigns les uns des autres et ne

    forment pas un groupe gographique.Quatre enceintes (7 %) furent bties durant la phase allant de 350 400 (tableau 4).

    Bavay, il sagit du deuxime tat de la muraille entourant leforum, le premier tat datant de la

    seconde moiti du IIIe sicle. Dans cette ville, il nest donc pas question dune nouvelle

    enceinte un autre endroit de la ville, mais de modifications apportes au monument originel.

    De mme, la face sud-ouest de la fortification de Mayence, leve aprs labandon du camp

    lgionnaire, est un complment la grande muraille de la seconde moiti du III e sicle,

    raccorde au camp dans un premier temps, et non un nouveau rempart. Une des quatrefortifications leves durant la priode 350/400 est localise sur les bords du Rhin, deux sur la

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    Loire et une dans le sud-ouest de la Gaule (fig. B). Elles sont donc disperses sur le territoire

    gaulois.

    Six villes fortifies (11 % du corpus) sont regroupes dans la priode chelonne entre

    400 et 450 (tableau 5). Elles sont toutes situes dans le quart sud-ouest de la Gaule,

    Angoulme tant la plus au nord (fig. B). Elles forment un groupe bien distinct du fait de leur

    datation et de leur situation gographique dans le sud-ouest de la Gaule.

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    Figure B : Carte de rpartition des sites urbains de notre corpus classs selon la datation de leur fortification.Daprs Delaplace C., France J., Histoire des Gaules (VIe s. av. J.-C./VIe s. ap. J.-C.), Paris, Armand Colin,1995 : 179.

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    1.2.3. La datation des murailles en fonction des vnements

    politiques et militaires

    Nous nessayerons pas daffiner les datations donnes par les chercheurs, dont les

    argumentations sont prsentes, pour chaque ville, dans les volumes dannexe. Ce travail

    nentrait pas dans le cadre de notre tude.

    1.2.3.1. Les priodes de stabilit politique durant lAntiquit tardive

    Nous soulignerons simplement les phases dans chacune des quatre priodes

    arbitrairement dfinies ci-dessus o la stabilit politique et le calme militaire furent suffisants

    pour entreprendre et raliser une enceinte urbaine.

    Si ldification de ces enceintes doit tres mise en relation avec une priode de calme

    relatif, dun point de vue politique, la Ttrarchie de 284 305 fut probablement la priode de

    stabilit, au sein du gouvernement imprial, la plus propice la construction des murailles

    urbaines de 275/300. Par contre, nous ne constatons aucune longue priode de calme militaire

    durant le dernier quart du IIIe sicle (tableau 6).

    Entre 300 et 350, le rgne solitaire de Constantin (324-337) fut une priode de

    prennit politique favorable la construction denceintes. Nous observons des phases de

    plusieurs annes dinterruption des invasions , la plus longue durant sept ans entre 320 et

    328 (tableau 6). Les municipalits entreprenant ldification dun rempart ntaient pour

    autant pas mme de deviner la dure dune priode de paix, les raids barbares pouvant

    reprendre tout moment.

    Durant la phase 350/400, les principats conjoints de Valentinien et Valens (364-375)

    permirent un relatif quilibre politique propice lrection de remparts. Au dbut des annes

    360, une priode de paix fut conscutive aux combats livrs par lempereur Julien dans lest

    de la Gaule contre les Barbares . Nous remarquons galement quelques phases daccalmie

    dans les incursions barbares partir de 370 (tableau 7).

    Dans la partie occidentale de lEmpire romain, la priode 400/450 fut marque par les

    longs rgnes successifs dHonorius (395-423) et Valentinien III (425-455). Cependant, de

    nombreuses usurpations eurent lieu durant la mme priode. Nanmoins, cette longue

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    permanence du pouvoir dans les mains de deux hommes la tte de lEmpire fut peut-tre

    favorable ldification denceintes urbaines. De plus, les Wisigoths contrlaient une partie

    du sud-ouest de la Gaule suite leur installation comme fdrs en 418. Ces derniers

    pourraient avoir particip la construction des fortifications de cette rgion en vue de

    protger les nouveaux territoires que les Romains leur avaient rcemment octroys. Les

    phases de calme militaire furent rares entre 400 et 450 et nexcdrent jamais deux ans

    (tableau 7).

    1.2.3.2. Les invasions barbares , motif de lrection des

    enceintes ?

    Nous avons class les remparts urbains dans quatre grandes phases chronologiques.

    Quelles parties de la Gaule furent concernes par des invasions durant chacune de ces

    priodes ?

    Phase 275/300

    De nombreux raids barbares ont eu lieu en Gaule dans le troisime quart duIIIe sicle (tableau 6). Toutes ces invasions ont pu motiver la construction de systmes

    dfensifs en 275/300 dans de nombreuses villes de Gaule, territoire presque entirement

    concern par les incursions de Barbares lexception du sud-est (fig. C).

    Toutefois, pour L. Maurin l invasion de 275 naurait jamais atteint le sud-ouest de

    la Gaule, en particulier la Novempopulanie (MAURIN 1992b : 382). Il crit : La

    construction des historiens repose sur quelques textes anciens tous postrieurs dun sicle au

    moins cette date, et essentiellement sur deux passages tirs de la Vie de Probus danslHistoire Auguste ; il est ais de dmontrer que les vnements quils concernent sont assez

    troitement limits la rgion des anciens Champs Dcumates. Certes, la fragilit de ces

    tmoignages a t perue depuis longtemps (MAURIN 1992b : 381-382). A. Ferdire

    rappelle que, selon eux, les Germains dferlent travers toute la Gaule, et de nombreuses

    villes sont prises et dtruites mais quil ne faut toutefois pas prendre [les textes] au pied de

    la lettre (FERDIERE 2005 : 295). L. Maurin critique ces textes et explique que le procd

    consiste amplifier lhorizon des courses des barbares la Gaule entire, alors que la chute

    du texte [Histoire Auguste, Probus, 13, 5] indique prcisment quil sagit de la rgion du

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    Neckar et du pays dAlb (sur le haut Danube) ; Zosime, I, 67, 1-2 confirme dailleurs tout

    fait cette analyse des campagnes de Probus en Gaule. (MAURIN 1992b : note 106, p.382).

    De mme, dans le sud-est de la Gaule, certaines villes, pourtant lcart des routes des

    invasions jusquau dbut du Ve sicle, furent semble-t-il dotes dun rempart en 275/300.

    La raison de leur fortification ne fut peut-tre pas militaire ou tout du moins pas lie aux raids

    barbares .

    Phase 300/350

    Bien que situes dans des zones touches par les raids barbares du troisime quart

    du IIIe sicle, dix-huit villes ne furent pas dotes de fortifications avant le IV e sicle, voire le

    dbut du Ve sicle. Ce retard observ dans la mise en dfense de villes est peut-tre d unmanque de moyen financier et humain. La construction tardive des remparts de ces villes peut

    galement tre lie des vnements militaires des IVe et Ve sicles qui ont plus durement

    touchs ces villes que ceux de la seconde moiti du IIIe sicle.

    Durant la premire moiti du IVe sicle, Constantin et ses fils continrent les

    Barbares au niveau du limes rhnan (tableau 6 et fig. D). La mise en place des enceintes

    de Boppard et Xanten, ainsi que du Castrum dAugst peut tre attribue sans doute au

    renforcement des dfenses du limes face aux attaques persistantes des Francs et des Alamans partir de 296 (tableau 6).

    Sur les ctes de la Manche, zone menace entre autres par les pirates saxons la fin du

    IIIe sicle (tableau 6), le renforcement de la dfense de la Seine son embouchure a pu tre

    une des causes de ldification du rempart de Lillebonne. Une autre hypothse a t mise : la

    cration de ce castrum serait lie lusurpation du pouvoir par Carausius de 286 293. Il sen

    serait servi comme point dappui, au mme titre que Rouen qui tait une de ses principales

    bases (FICHET DE CLAIRFONTAINE et al. 2004 : 148).Daprs L. Maurin, lrection de lenceinte de Bayonne (date vers 300, voire dans la

    premire moiti du IVe sicle, mais sans preuve) pourrait tre lie la surveillance de la route

    allant de la pninsule ibrique Bordeaux, promue capitale du diocse de la Gaule

    mridionale au milieu du IVe sicle (MAURIN 1992b : 384). Si lon considre la datation de

    la fortification de Bayonne comme possible, elle serait antrieure la promotion de Bordeaux

    et donc lhypothse de L. Maurin serait errone. Situe lembouchure de lAdour, lenceinte

    de Bayonne a pu tre ralise en tant que dfense avance de Dax alors ville ouverte. Son

    dification nest pas pour autant une raction un raid barbare . Elle pourrait faire partie

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    dun programme de protection de lembouchure des grands fleuves dans la premire moiti

    du IVe sicle au mme titre que Lillebonne. Ce nest apparemment pas le cas de Bordeaux

    rempar la fin du IIIe sicle.

    Phase 350/400

    Entre 350 et 400, les Barbares franchirent quelquefois les frontires de lEmpire au

    niveau de la Gaule, mais furent systmatiquement battus par larme romaine (tableau 7). La

    zone touche par les incursions tait limite au quart nord-est de la Gaule (fig. E).

    L invasion de 355-357 a peut-tre pouss la municipalit de Bavay renforcer son

    rempart. La construction de la muraille de Spire (Allemagne) est peut-tre en relation avec la

    remise en tat et la consolidation des fortifications du limes par Valentinien durant les annes360.

    Dans le sud-ouest de la Gaule, contrairement Bayonne, la construction du rempart de

    Dax (date de la seconde moiti du IVe sicle par des inscriptions remployes et une

    monnaie) pourrait tre en rapport, comme le suppose L. Maurin, avec la surveillance de la

    route allant de Bordeaux la pninsule ibrique (MAURIN 1992b : 384). Cette fortification

    est postrieure la promotion de Bordeaux. Ldification de ce rempart ne semble pas tre

    une raction directe une incursion barbare puisque la zone sud-ouest de la Gaule futpargne par les invasions tout au long du IV e sicle (figs. D et E).

    Phase 400/450

    La vague de construction denceintes urbaines dans la premire moiti du Ve sicle a

    pu tre conscutive l invasion des Vandales, Suves, Alains et Burgondes mene partir

    du 31 dcembre 406. Ils passrent par lAquitaine et atteignirent les Pyrnes en 409 (fig. F).

    Les fortifications des Pyrnes ont pu tre mises en place afin de crer une barrire

    entre la Gaule et la pninsule ibrique que les Vandales, les Alains et les Suves envahirent

    partir de lautomne 409.

    Il est tonnant que les villes de cette rgion naient pas t rempares plus tt puisque

    les Barbares ont probablement atteint cette zone en 254 et 260. Le danger a peut-tre t

    trs phmre et infime. Sans vouloir entrer dans le dbat dont il a t question plus haut sur

    la fiabilit des textes antiques sur les vnements quils rapportent, si lon considre, la suite

    de L. Maurin, que les Barbares ne sont pas parvenus dans le quart sud-ouest de la Gaule

  • 7/28/2019 La rorganisation spatiale de cinquante-cinq villes de Gaule reparees au Bas-Empire

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    en 275, les habitants de cette zone nont certainement pas senti le besoin de se retrancher

    derrire des remparts avant les annes 410. De plus, ils nont peut-tre pas eu les moyens de

    btir des enceintes avant le dbut du Ve sicle.

    Durant tout le Bas-Empire et dans toute la Gaule, un des motifs de ldification dun

    rempart dans beaucoup de villes de notre corpus pourrait tre une invasion barbare .

    Cependant, dans ltat actuel de nos connaissances, un raid barbare de peu antrieur ne

    semble pas avoir t une des causes de la construction des murailles Beauvais, Die, Gap,

    Grenoble, Orlans, Paris, Reims, Tournai (Belgique) et Tours. Sans tre une raction directe

    un raid ou aux Bagaudes , une des raisons de ldification dune fortification urbaine a pu

    tre militaire : protection de lembouchure dun fleuve comme Lillebonne et Bayonne ;

    renforcement des dfenses sur le limes rhnan notamment Augst (Castrum),

    Lorganisation de larme durant lAntiquit tardive et le statut des villes rempares

    sont-ils dautres explications ldification de murailles ?

  • 7/28/2019 La rorganisation spatiale de cinquante-cinq villes de Gaule reparees au Bas-Empire

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    Date Peuple Zone envahie Rfrences bibliographiques

    250/300 apr. J.-C.

    254-256 les Francs passent le Rhin infrieur et traversent la Gaule

    jusquaux Pyrnes

    FERDIERE 2005 : 291 ;

    MODERAN 2006 : 22

    254-258 les Alamans pntrent dans les Champs Dcumates et vontjusque dans les actuelles Suisse et Bourgogne

    FERDIERE 2005 : 291

    259 les Alamans vont jusqu Clermont MODERAN 2006 : 47

    259 les Francs seraient alls jusqu Tours MODERAN 2006 : 47

    259-260 des cavalierssarmates et

    alamans

    ravagent lest de la Gaule Orientale LE GLAY, VOISIN, LEBOHEC 1991 : 436 ; CARRIE,

    ROUSSELLE 1999