27
N° 112 - JUIN-JUILLET 2015 Paysage LA REVUE TECHNIQUE DES PROFESSIONNELS DU PAYSAGE 9 e - n° ISSN : 1633-7727 GRAND ANGLE ADS Design, des structures à la ibre artistique CHANTIER Canal du Midi : abattage encadré en secteur contaminé ACTUALITÉS Paysalia 2015 : 5 prétendants au titre de « Maître jardinier » PRATIQUES VÉGÉTALES Sauver le buis : les recherches livrent leurs premiers résultats L ’or bleu au cœur des aménagements végétalisés GESTION DE L ’EAU

LA REVUE TECHNIQUE DES PROFESSIONNELS DU …€¦ · 44ntermat 2e partie : des constructeurs dans ... « Comptine d’un autre été » « J’ai voulu replonger les visiteurs dans

  • Upload
    hakiet

  • View
    219

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

N° 112 - JUIN-JUILLET 2015

PaysageLA REVUE TECHNIQUE DES PROFESSIONNELS DU PAYSAGE

9 e - n° ISSN : 1633-7727

GRAND ANGLE

ADS Design,des structuresà la ibre artistique

CHANTIER

Canal du Midi : abattage encadré en secteur contaminé

ACTUALITÉS

Paysalia 2015 : 5 prétendants au titre de « Maître jardinier »

PRATIQUES VÉGÉTALES

Sauver le buis : les recherches livrent leurs premiers résultats

L’or bleu au cœur des aménagements végétalisés

GESTION

DE L’EAU

MATÉRIEL ET PAYSAGE N° 112 - JUIN-JUILLET 2015

3SOMMAIRE

ACTUALITÉS

4 SEE ouvre son capital et devientSEL Environnement

5 Manifeste « Des jardins pour le climat » :une pétition en ligne

6 Paysalia, Carré des jardiniers :5 prétendants au titre de « Maître jardinier »

8 Everris : naissance d’un géant mondiald’engrais spéciaux

9 Jardins thérapeutiques : Terramie,le soin du corps et de l’esprit

10 Reval’Green : recyclage des gazonssynthétiques

11 Pénibilité : les demandes de l’Unep reprisespar le gouvernement

12 Bahco-Alpine : une belle aventure sportive

13 Noremat ouvre deux nouvelles agences

14 Jardins, Jardin 2015 : le végétal, le designet des idées non éphémères… de jardins

NOUVEAUTÉS24 Espaces verts 25 Produits

26 Véhicules

GRAND ANGLE28 ADS Design : des structures

à la ibre artistique

PRATIQUES VÉGÉTALES32 SaveBuxus : le programme de recherche

livre ses premiers résultats

MÉTIER20 Marcel Villette (Groupe Joyeux) : une société

historique qui fait front à la crise

CHANTIER52 Canal du Midi : abattage encadré en secteur

contaminé

P. 20Le parc Terra Botanica, à Angers, est un des chantiers les plus prestigieux de l’entreprise Marcel Villette.

P. 55Le broyeur à chenilles

Ohashi ES130GH/GHBse situe dans la catégorie

des petits engins pros ultracompacts.

f P. 58 Bulletin d’abonnement

Offres d’emploi

GESTION DE L’EAU P. 34

DO

SS

IER

ESSAI55 Ohashi ES130GH/GHB : un broyeur japonais

affûté comme un sabre de samouraï

L’or bleu au cœur desaménagements végétalisés

SALON44 Intermat 2e partie : des constructeurs dans

les starting-blocks en attendant la reprise

p. 34 Arrosage et domotique :du Bluetooth au wi-i

p. 35 Conseiller plus pour arroser moins ?

p. 36 3 questions à Pierre-Alain Madelaine,président du SYNAA

P. 39 3 questions à Abdelkader Bensaoud,société Hydrasol

p. 40 Sur le terrain : le combat de l’eaudes services espaces verts

Photo de couverture : J.-P. roussennac

Paysalia : concours « Carré des jardiniers »

Cinq prétendants au titre de « Maître jardinier »C’est au salon Jardins, Jardin, organisé aux Tuileries débutjuin, qu’ont été présentés les cinq candidats retenus pour le concours « Carré des jardiniers » qui se déroulera lors du salon bisannuel Paysalia, organisé du 1er au 3 décembre prochain, à Eurexpo Lyon. La thématique 2015 du concours est la récréation : un terme générique qui a su inspirer les candidats, venus présenter à la presse leur vision de ce thème et ses déclinaisons à travers leur projet de conception paysagère, dont nous vous dévoilons les premiers coups de crayon… [ Par Nicolas Aberton

MATÉRIEL ET PAYSAGE N° 112 - JUIN-JUILLET 2015

ACTUALITÉS6

Le « Carré des jardiniers » bénéicie

d’un double prestige : en plus de la

qualité et de l’originalité des 30 dos-

siers présentés pour concourir, cet événe-

ment de la profession se caractérise par

son jury d’exception. Président-fondateur du

« Carré des jardiniers », le célèbre paysagiste

Jean Mus est entouré d’une quinzaine de

personnalités provenant d’univers variés :

des représentants de l’interprofession, des

journalistes, Luc Echilley, le Maître jardinier

de la dernière édition, en 2013, mais aussi un

chef cuisinier étoilé, un sculpteur, un maître

parfumeur ou encore un chef d’orchestre

et pianiste ! En fait, ce sont les profession-

nels des cinq sens qui sont ici

représentés, en présence du

paysagiste Louis Benech, le

parrain de cette édition 2015.

L’excellence à tous les niveaux! Le concours reçoit le partena-

riat, entre autres, de Val’hor et

de l’Unep, dont sa présidente,

Catherine Muller, est aussi celle

du salon Paysalia. « Créé il y a

six ans, Paysalia s’est inscrit

comme un salon professionnel de réfé-

rence, souligne Catherine Muller, avec une

atmosphère incomparable et une forte

participation attendue début décembre.

Ce salon a un impact sur la reconnaissance

de notre métier et nous communiquons

auprès des élus, collectivités, techniciens

et paysagistes pour qu’ils y participent. Le

“Carré des jardiniers” est aussi l’occasion

de promouvoir notre appellation de « Maître

jardinier », amenée à valoriser les paysa-

gistes d’excellence. À travers le “Carré des

jardiniers”, les candidats nous offrent leur

envie de montrer leur savoir-faire, et nous

leur donnons la possibilité de le faire. »

Un ilm a été réalisé

pour promouvoir ce

concours, où l’on

retrouve Luc Echilley,

vainqueur de la der-

nière édition, témoi-

gnant des répercussions qu’a eues sa victoire

sur sa carrière professionnelle : « La notoriété

acquise par ma victoire au “Carré des jar-

diniers” est allée bien au-delà des simples

frontières du salon : cela m’a ouvert des

portes et permis de travailler sur des projets

passionnants – le parc de la Bambouseraie, à

Anduze, le salon Piscine Global 2014… Cela

m’a également fait rencontrer de nouveaux

clients et découvrir de nouveaux matériaux.

Notre métier nous amène à travailler avec des

végétaux vivants et sensibles. Notre rôle est

de stimuler l’éveil des sens et de l’imaginaire

pour créer de la sensation. » Luc Echilley

conseille aux candidats de « s’amuser à fond

en allant jusqu’au bout de leurs idées de

création et mettre tout son cœur lorsqu’on

fait son jardin ». Un encouragement qui fait

écho au discours du président fondateur de

cet événement, Jean Mus, pour qui cette

édition 2015 est « l’occasion de se rapprocher

de la récréation, une parenthèse de délice !

Le détail, la qualité des matériaux comme

des implantations sont là pour faire vivre les

œuvres ». Avant d’adresser aux candidats

ce conseil empreint de sagesse : « Vous

êtes des transmetteurs de bonheur, soyez

passionnés et soyez généreux ! » n

Les cinq candidats (au premier plan) entourés du jury, des organisateurs, des partenaires et du président-fondateur du « Carré des jardiniers », l’ineffable Jean Mus (4e en partant de la gauche), derrière lequel on aperçoit Catherine Muller, présidente de l’Unep et du salon Paysalia, et Michel Audouy, secrétaire général de la Fédération française du paysage.

Ce trophée unique en bronze a été créé par la sculptrice Gary. Il incarne la finesse et la transparence du vivant, qui puise ses ressources autant sous terre que dans les airs.

MATÉRIEL ET PAYSAGE N° 112 - JUIN-JUILLET 2015

7

Les cinq candidats en lice ont présenté leur vision et leur adaptation de cette thématique de la récréation. Qu’elle évoque le rêve, le plaisir ou la nostalgie bienveillante de nos propres souvenirs d’enfant, cette thématique ne laisse personne indifférent, même si son interprétation diffère d’un paysagiste à l’autre.

Le thème, vu par les artistes

Voici les projets des paysagistes retenus pour le concours tels qu’ils les ont eux-mêmes présentés :

Alexandra Torossian (Versailles, 78)

« L’échappée belle »« L’idée était de ne pas créer un énième concept sur le thème de l’enfance,

mais plutôt de porter un nouveau regard : celui de l’enfant, un regard neuf

et sans a priori. J’ai donc imaginé un vrai jardin à travers le prisme du

regard de l’enfant. On retrouve une multitude d’ambiances différentes qui

font appel à l’imaginaire et à la fraîcheur, comme cette rivière de billes qui

parcourt le jardin ou ce massif aux plantes “toxiques” pour concocter des

potions magiques! »

Sylvère Fournier (Châteaurenard, 13)

« Le jardin enjoué » « Mon jardin de récréation est un jardin composé de différents espaces et

habillé d’une structure métallique rouge qui est le il conducteur de trois uni-

vers poétiques et ludiques. La cabane au fond du jardin, traversée par un

arbre, en est le cœur et les deux pergolas sont des espaces plus intimistes.

Un xylophone est accroché à la pergola et le jardin distille une végétation à

dominante méditerranéenne, avec des marelles et des jeux d’eau. »

Pauline Robillard (Entrevernes, 74)

« C’est l’heure de la récré! »« À travers ce jardin, c’est l’envie et le plaisir de sentir, de toucher et de

s’amuser qui dominent. Il faut pouvoir jouer avec le végétal et se projeter

dans son enfance, redécouvrir l’amusement et transformer les fruits du

jardin en jouets… Soufler sur les pissenlits, faire des siflets avec des

roseaux ou transformer les coquilles de noix en embarcation : tout est

fait pour rendre le jardin ludique et poétique. Les quatre zones du jardin

sont reliées par une promenade dynamique. »

Victor Lacaille (Blois, 41)

« Trois états au jardin »« La thématique est déclinée en trois chambres juxtaposées dans le

jardin qui correspondent à trois états récréatifs : le jardinier chevronné et

perfectionniste, avec un jardin au cordeau et une palette végétale riche;

le jardinier d’apparat, très graphique, avec une palette de végétaux néces-

sitant peu d’entretien ; le jardinier rêveur et solitaire est assis en hauteur,

contemplant le ciel et les frondaisons d’un jardin qu’il ne modiie jamais,

un jardin aménagé avec des matériaux bruts. »

Xavier Poillot (Dijon, 21)

« Comptine d’un autre été » « J’ai voulu replonger les visiteurs dans leur jeunesse et à travers trois

univers : l’eau, le côté champêtre et la cour de récréation. L’objectif est

de raviver les souvenirs agréables de l’enfance, notamment à travers le

chemin d’eau contemporain. Une cabane bancale en bois vieilli abrite

une ludothèque et un espace cocooning. Le plaisir de se promener est ici

mêlé au désir de transgression et d’aventure ! Ce jardin doit nous aider à

nous remémorer les souvenirs heureux qui nous ont construits. »

EN BREF

Marlux se fait bien voir en 3D !Les professionnels de l’aménagement du jardin – architectes, paysagistes et urbanistes – sont de plus en plus nombreux à s’équiper de logiciels de dessin 3D ain de parfaire la présentation de leurs conceptions. Marlux a ainsi lancé la modélisation d’une première sélection de plus de 50 produits de son nouveau catalogue 2015, avec la plateforme de service Polantis, spécialisée dans la conception de modèles de produits liés à l’architecture en 3D. Marlux met gratuitement à disposition ses textures et ses objets, déclinés dans de nombreux formats pour une compatibilité avec tous les logiciels CAO et BIM (Building Information Model).

Compamed Santé : des iches pour travailler en sécuritéLe programme « Compamed Santé », chargé d’évaluer les impacts du désherbage sur la santé des travailleurs, livre ses conclusions après deux ans de travaux et dans une actualité médiatique de circonstance, certains herbicides étant désormais clairement pointés du doigt par les plus hautes instances… Les résultats identiient les risques associés à chaque technique de désherbage et caractérisent la charge physique ressentie par les opérateurs. Ils mettent également en lumière l’effet des choix organisationnels et des stratégies de gestion des espaces sur la santé des professionnels. Des iches de synthèse et un outil en ligne ont été conçus pour aider les gestionnaires à construire une démarche de prévention et à mieux évaluer les risques, notamment lors du choix d’un nouveau matériel de désherbage. Les résultats sont en accès libre sur www.compamed.fr. (lire l’article consacré à cette étude dans Matériel & Paysage no 109, pages 42 et 43).

MATÉRIEL ET PAYSAGE N° 112 - JUIN-JUILLET 2015

ACTUALITÉS8

Everris. Naissance d’un géant mondial d’engrais spéciaux

fLes différentes entreprises d’ICL (Everris,

Fuentes, Nu3, NovaPeak et F&C) se sont

regroupées pour donner naissance à un lea-

der mondial de solutions d’engrais spéciaux :

ICL Specialty Fertilizers. Ce passage à un

groupe international se traduira par de nom-

breux avantages pour les producteurs et les

utilisateurs inaux. La gamme de produits est

en effet amenée à s’étoffer et l’innovation sera

renforcée. ICL Specialty Fertilizers se positionne

comme un acteur majeur dans les évolutions

de trois segments principaux : l’horticulture

ornementale, l’agriculture spécialisée et les

espaces verts. Le groupe

a élargi ses capacités

de recherche dans ses

laboratoires comme sur

le terrain. Son président,

Karl Mielke, précise : « Nous voulons accélérer

la recherche et le développement de produits

pour nos technologies phares, à savoir celles

des engrais solubles et à libération contrôlée.

Nous mettons également au point de nouvelles

technologies nutritives efficaces et des stimu-

lateurs de croissance. Pour cela, nous avons

constitué une équipe spécifique d’agronomes

chevronnés pour tester nos nouvelles technolo-

gies sur le terrain, selon les différents types de

sols et de climats. Nous visons une approche

de gestion intégrée pour les cultures agricoles,

horticoles et ornementales, comme pour le

gazon, et nous voulons aider les producteurs

et les utilisateurs en leur proposant une gamme

complète de solutions. » Les

ressources et le savoir-faire

désormais mis en commun

créent un centre d’excellence

et d’expertise, soutenu par

la division innovation du groupe ICL. Cette

intégration permettra également à ICL Specialty

Fertilizers d’améliorer le proil environnemental

de la nutrition végétale et les produits et services

d’entretien, sans réduire leur eficacité. Le nom

« ICL Specialty Fertilizers » remplacera progres-

sivement les anciens noms sur les emballages

des produits, comme dans la communication,

tout au long de l’année 2015. [ N.A.

Val’hor. Reconnaissance des végétauxfLa troisième inale du concours national de recon-

naissance des végétaux aura lieu les 2 et 3 décembre

prochain dans le cadre du salon Paysalia, à Lyon.

Organisée par Val’hor, avec l’Unep, cette troisième

édition est précédée de 17 concours régionaux. Pour

départager les candidats arrivés en inale, deux listes

de végétaux et deux jurys professionnels seront établis,

de façon à pouvoir concourir selon leur formation : hor-

ticole ou pépinière-paysagiste. Les candidats devront

reconnaître sur table (en 60 à 90 minutes) quelque 20 à

40 végétaux, parmi les 600 d’une liste préétablie. Sur la

grille de reconnaissance, les prétendants au titre devront

identiier : la famille, le genre, l’espèce, le cultivar, le nom

vernaculaire et le caractère de chaque échantillon! Les

trois premiers de chaque épreuve seront récompensés,

ainsi que la région ayant obtenu le meilleur score et le

candidat reconnaissant le mieux le caractère des végétaux

(prix Spécial du jury). Nouveauté 2015 : les professionnels des entreprises de la ilière végétale

et paysage, dont les journalistes, pourront se mesurer et concourir sur le même parcours que

les jeunes candidats. [ N.A.

9

Sous le haut patronage de

Do

cum

ent

non

cont

ract

uel -

RS

C L

yon

38

0 5

52

79

6 -

Cré

dits

pho

tos

: Fo

tolia

; D

R

Un événement co-organisé par

TerrITOIred’innovation

1-2-3 décembre 2015 | Eurexpo Lyon

En partenariat avec

Le salonPaysage, Jardin & Sport

Contact :Alexandra MONCORGÉ, +33 (0)4 78 176 [email protected]

www.paysalia.com

blog.paysalia.com

Jardins thérapeutiques. Terramie, le soin du corps et de l’espritfTerramie inaugurait récemment le

jardin de Saint-Quirin, en Moselle. C’est

au cœur des Vosges que l’entreprise,

spécialisée dans la création de jardins

à visée thérapeutique et l’accompa-

gnement de personnes, a inauguré

in mai ce jardin « d’utilité publique »

implanté au sein de l’unité Alzheimer

de l’établissement d’hébergement pour

personnes âgées dépendantes (EHPAD)

La Charmille. L’histoire commence in

2013 lorsque le personnel soignant

alerte le directeur d’établissement sur

la nécessité de réaliser un jardin théra-

peutique. Celui-ci est immédiatement

convaincu des bienfaits d’un tel jardin

sur les personnes atteintes d’Alzheimer, mais

aussi sur les soignants. Commencent alors les

différentes phases précédant la réalisation du

jardin : étude personnalisée en fonction des

attentes et des particularités pathologiques des

patients; articulation entre résidents et équipe

de soins; recherche de inancement et mise en

œuvre du chantier. Le jardin est inalement livré

en octobre 2014 pour le plus grand bonheur

des résidents qui s’échappent l’espace de

quelques instants de leur univers médicalisé.

« Le jardin thérapeutique aide les résidents à

mieux accepter l’entrée en institution, souvent

vécue comme une trahison et un deuil. Nous

observons d’importants chan-

gements dans le comportement

des résidents, plus calmes. Les

relations avec leur famille sont

aussi beaucoup plus simples et

détendues lorsqu’ils se retrouvent

au jardin. Les formations dispen-

sées par Terramie sont essentielles

pour montrer aux personnels tout

ce qu’il est possible de faire dans le

jardin et surtout comment le faire,

en fonction des pathologies »,

déclare Éric Morgenthaler, directeur

des établissements La Charmille

et Le Couaroil. Dans ce jardin de

1200 mètres carrés, les résidents

qui le peuvent sont physiquement actifs : ils

cultivent des tomates, des fraisiers, mettent

les mains dans la terre, récoltent les plantes

pour la tisane, arrosent les pommes de terre,

etc. Aux beaux jours, ils pourront prendre des

clichés du jardin qu’ils regarderont plus tard,

en hiver, activant ainsi leur mémoire… [ N.A.

MATÉRIEL ET PAYSAGE N° 112 - JUIN-JUILLET 2015

ACTUALITÉS10

Stihl. L’usine de chaînes s’agrandit en Suissef Le groupe Stihl renforce

sa capacité de production

de chaînes, avec l’extension

en cours de l’usine de pro-

duction, basée à Wil, dans le

canton suisse de Saint-Gall.

Ces travaux, engagés depuis

in mai 2015, représentent un

investissement de 38,3 millions

d’euros et vont augmenter l’es-

pace consacré à la production

de chaînes de 10000 mètres

carrés, créant pour l’occasion

une cinquantaine de nouveaux

emplois. Les travaux sont prévus

pour durer jusqu’à l’été 2016,

avec un démarrage de la pro-

duction dès l’automne suivant. Au global, environ 6000 mètres cubes de béton, 900 tonnes

d’armatures en acier et 470 tonnes de structures métalliques seront utilisés pour cette extension.

« Ce projet de construction reflète notre confiance dans le succès et le développement continu

de notre activité de fabrication de tronçonneuses », déclarait Nikolas Stihl, le président du groupe

éponyme, à l’occasion du coup d’envoi des travaux. Stihl produit exclusivement et intégralement

ses chaînes en Suisse, et les distribue dans 160 pays. La production de chaînes, en constante

augmentation, a connu une forte croissance ces dernières années. L’usine de production emploie

environ 900 personnes et constitue le plus important employeur à Wil. [ N.A.

EN BREF

Bakker étudie les jardiniers d’EuropeÀ l’occasion de ses 70 ans, Bakker, le leader européen de la vente à distance de produits de jardinage, publie les résultats de la plus grande enquête européenne jamais réalisée autour du jardin. Entre tendances et passion, préférences et inspirations, Bakker dresse un portrait, parfois insolite, des jardiniers européens. Cette étude a été menée dans 17 pays (Autriche, Belgique, Suisse, Allemagne, France, Hongrie, Italie, Roumanie, Slovénie, Grande-Bretagne, République tchèque, Norvège, Suède, Danemark, Estonie, Lettonie, Hollande), auprès de 26760 Européens dont 3400 Français. Voir l’infographie sur le site www.leblogdici.fr/infographie-jardin-et-potager-en-europe/

Toitures végétalisées sous surveillance !Quatre ans après son lancement en 2011, l’observatoire des plantes de toitures « Florilèges toitures » animé par Plante & Cité, avec le soutien de l’interprofession Val’hor, livre ses premiers résultats. Ce programme de sciences participatives apporte des connaissances sur la composition végétale et sa dynamique d’évolution sur les toitures végétalisées en France. Les premiers résultats obtenus à partir du suivi de 18 toitures en France conirment l’intérêt et le potentiel de ce dispositif d’étude. Les résultats des premières observations sont en ligne sur www.plante-et-cite.fr (mots clés : observatoire toiture). À partir des informations collectées, Plante & Cité extrait des listes thématiques, par exemple sur la pérennité des végétaux ou encore la vigilance à porter sur certains taxons lors des phases d’entretien.

Reval’Green. Recyclage des gazons synthétiques : des tonnes de plastique !f La valorisation des gazons synthé-

tiques en in de vie est déjà une réalité

car il se pose en France métropolitaine

entre 120 et 220 terrains en gazons syn-

thétiques par an, dont 50 % concernent

le seul renouvellement de la surface. La

prise en compte des enjeux environne-

mentaux par les pouvoirs publics est un

processus à long terme; aujourd’hui, le

traitement du gazon synthétique en in

de vie ne fait l’objet d’aucune réglemen-

tation spéciique. Pourtant, les articles du

code de l’environnement précisent que

la responsabilité de l’élimination des déchets est celle du dernier détenteur (articles L541-2 et

L541-7). Dans la plupart des cas, la commune, propriétaire des terrains de grands jeux, est donc

responsable du devenir et de la traçabilité des revêtements en in de vie. Le gazon synthétique

est valorisable, sa mise en décharge constitue donc un

non-sens économique et environnemental. Aujourd’hui,

une seule plateforme est exclusivement réservée au recy-

clage des gazons synthétiques : située sur la commune de

Grenay (Isère), elle bénéicie d’une autorisation délivrée par la préfecture pour le traitement et

le recyclage de terrains synthétiques. Il existe trois possibilités de valorisation : le réemploi ; la

transformation en matières premières secondaires (BTP) ou la valorisation énergétique (granulats

et ibres en cimenteries, combustibles de substitution, etc.). [ N.A.

De gauche à droite : Daniel Fuchs (architecte), Joachim Zappe (Directeur de l’usine de production). Dr Bertram Kandziora (Président du directoire STIHL AG), Hans Peter Stihl (Président d’honneur du comité consultatif et du conseil de surveillance), Dr Nikolas Stihl (Président du comité consultatif et du conseil de surveillance), Benedikt Würth (Conseiller du canton de Saint-Gall), et Susanne Hartmann (Maire de Wil).

MATÉRIEL ET PAYSAGE N° 112 - JUIN-JUILLET 2015

11

Pénibilité. Les demandes de l’Unep reprises par le gouvernementfLe gouvernement s’est engagé, le 26 mai dernier, à simpliier le

compte pénibilité, à la suite de la remise du rapport de Christophe

Sirugue, Gérard Huot et Michel de Virville. L’Unep se félicite de

cet engagement qui répond en partie à ses attentes, en visant

d’une part la suppression de la iche individuelle de prévention

et d’autre part le report de six mois de l’entrée en vigueur des

six derniers facteurs de pénibilité. « Je me félicite de ces deux

engagements majeurs

pris par le gouvernement,

conformément à nos reven-

dications énoncées dans

notre contribution auprès

de messieurs Sirugue et

Huot, en charge de la mis-

sion Compte personnel de

prévention de la pénibilité.

Ces dispositions de bon

sens simplifieront la gestion

quotidienne de nos entre-

prises. […] Les entreprises

du paysage maintiennent

leur politique de prévention

santé-sécurité au travail, une dynamique engagée et volon-

taire depuis des années, pour favoriser l’emploi durable dans

la branche du paysage », explique la présidente de l’Unep,

Catherine Muller. Pour les entreprises du paysage, cette déci-

sion gouvernementale est primordiale. Elle traduit la prise en

compte de l’inapplicabilité du compte pénibilité tel qu’il existe

à ce jour. Elle témoigne de la prise de conscience du coût de

sa mise en œuvre, ainsi que de la volonté de l’opposabilité des

mesures futures aux salariés. Enin, elle simpliie la gestion de

l’entreprise pour les gérants des TPE et PME. [ N.A.

Worms. Nouveaux locauxà Collégien (77)fImer France, qui a racheté la société Worms en 2013, investit dans

la construction d’un bâtiment de 4000 mètres carrés à Collégien, en

région parisienne, augmentant

de 25 % la surface actuelle du

bâtiment jusqu’à présent loué.

Avec ce nouvel outil industriel,

Worms va doubler la surface de

son atelier de montage et portera

la capacité de son stockage

à plus de 3000 palettes. Imer

France mise sur l’avenir et sur

la R&D en mettant à disposition de ses salariés des espaces de

test et un atelier ain de développer de nouveaux produits. Une

extension de 600 mètres carrés du nouveau bâtiment est égale-

ment envisageable, dans un second temps. [ N.A.

MATÉRIEL ET PAYSAGE N° 112 - JUIN-JUILLET 2015

ACTUALITÉS12

fDevant 250000 spectateurs et

François Hollande – la dernière visite

d’un président de la République

aux 24 Heures du Mans remonte

à 1972 –, Renault Sport a donné

un coup d’éclairage sur la future

automobile sportive grand public

qui sortira de l’usine de Dieppe

très prochainement. Le « show car

Célébration » a permis de présenter

les grandes lignes de la future voiture

de route siglée du « A » léché sur

le circuit mythique du Mans. Dans

le paddock de l’écurie Signatech

Alpine, les cœurs des équipiers

battaient forcément plus fort alors

que la marque bénéiciait à nou-

veau de cette visibilité auprès du

grand public et du monde du sport automo-

bile. Et ce, d’autant plus que la course allait

SponsoringL’aventure sportive donne naissanceà des outils orange Bahco et bleu Alpine

Depuis une dizaine d’années, la marque d’outillage Bahco est un des sponsors de l’écurie Signatech Alpine qui a permis à la célèbre marque française de revenir dans la compétition. L’an prochain, une voiture Alpine sortira des chaînes de l’usine Renault de Dieppe ; son concept car vient d’être présenté aux 24 Heures du Mans sous le nom de « Célébration », alors que la marque Alpine y célébrait ses 60 printemps.

débuter avec une Alpine A 450b

en 5e position dans la catégorie

des LMP2 (Le Mans Prototype 2).

Pour l’écurie et ses trois pilotes,

le challenge consistait pour cette

édition 2015 à réussir une belle

prestation sans viser la première

place. La A 450b, engagée cette

année dans le championnat du

monde d’endurance (FIA WEC),

déjà couronnée de deux titres

européens, devait tester ses per-

formances dans ce championnat

plus relevé, avant que le feu vert

ne soit donné pour investir dans

un nouveau châssis. Malheu-

reusement, une sortie de piste à

Mulsanne au bout de 11 heures de

course – la voiture occupait la 3e position – a

contraint l’écurie à l’abandon. C’est l’Oreca-

Nissan no 47 de l’écurie KCMG qui s’est

imposée aux 24 Heures dans cette catégorie.

Bahco et Alpine, une histoire d’hommesBien avant la renaissance de la marque

Alpine sur les circuits, Bahco, qui dispose

d’une usine à Bourges spécialisée dans les

outillages spéciaux dont ceux liés au secteur

automobile, a accompagné l’écurie Signature

dont les ateliers sont aussi installés dans la

ville de Jacques Cœur. Fournir l’écurie en

L’Alpine A 450b est conçue avec un châssis monocoque en carbone et nid d’abeille, et une carrosserie en carbone-kevlar. D’un poids de 900 kg, elle embarque le moteur Nissan VK45, un V8 de 4,5 l qui développe 550 ch. La vitesse de pointe dépasse les 300 km/h.

Une servante Bahco au sein du paddockSignatech-Alpine lors des essais de la 83e éditiondes 24 Heures du Mans.

Le coffret de tournevis

Bahco-Alpine.

EN BREF

Deux nouvelles agences Noremat

Paysalia se met au vert…Le salon Paysalia invite les responsables de l’entretien des terrains de sport à venir découvrir les dernières innovations en termes d’équipement et d’aménagement sportifs lors de sa journée spéciale Wellgreen (traduction : « bien vert ») qui se tiendra le 2 décembre 2015 au Matmut Stadium, à Vénissieux (Rhône). Au programme de cette journée Wellgreen : des focus sur le revêtement et les solutions des terrains de sport engazonnés et deux conférences dans l’après-midi (« 2e règle professionnelle Terrains de sport » par l’Unep et « Équipements sportifs des terrains » par Fedairsport et la Fédération française de rugby).

13

FLAILDEK STRIKER/PROCUT STEALTH

Avec TRIMAX tondez sans ramasser !NOUVEAU : Tondeuse SNAKE, 3,26 m de largeur de coupe, 3 plateaux indépendants

La SNAKE est arrivée !Une incroyable tondeuse articulée

8, rue de Belle-Île - 72190 COULAINESTél. 02 43 23 50 05 - Fax 02 43 23 14 [email protected]

www.mge-greenservice.com

outils pour ses ateliers avec, en contrepar-

tie, un autocollant apposé sur les voitures

engagées dans le sport automobile et par-

tager l’aventure avec l’équipe fut l’ingrédient

principal de ce partenariat de voisinage.

Bahco, marque de notoriété française dans

le monde du jardin, souhaite aussi augmen-

ter son aura dans l’univers de l’automobile.

Depuis deux ans, cette fois avec la marque

Alpine, le partenariat s’est structuré. L’équipe

mécanique de l’écurie utilise des outils Bahco

et des servantes d’atelier à la couleur de

la marque. Encore plus fort, une gamme

de tournevis arborant les deux marques,

Bahco-Alpine, au design spéciique validé

par Renault vient d’être lancée. Les visiteurs

de l’espace de vente des objets publicitaires

Alpine pouvaient acquérir le coffret durant

les 24 Heures du Mans. [ J.-P.R.

Les servantes de l’écurie sont conçues avec le système BETMS (Bahco Ergo Tool Management System) qui permet à la marque de proposer des espaces de rangement professionnels personnalisables : couleurs, modèles, tiroirs, poignées, plateaux, roues, serrures, disposition

des outils, réalisation de mousses spéciales…

Noremat commercialise en direct et assure le SAV des matériels auprès des utilisateurs, sans passer par l’intermédiaire d’un réseau de distribution externe. Son réseau d’agences régionales s’étoffe de deux nouvelles agences, géographiquement positionnées de façon à réduire le temps de route des techniciens en déplacement chez leurs clients. La 9e agence a été inaugurée in avril à Riom, près de Clermont-Ferrand, et une nouvelle agence a ouvert près de Toulouse, plus spacieuse et plus facile d’accès (à Couffouleux, Tarn).

MATÉRIEL ET PAYSAGE N° 112 - JUIN-JUILLET 2015

ACTUALITÉS14

À l’heure de l’urbanisation galopante, les végétaux se sont fait rois aux Tuileries pour la 12e édition de « Jardins, Jardin ». Au cœur de Paris, quatorze jardins dits « éphémères » en ont donné plein les sens. Pierre-Alexandre Risser, l’un de leurs concepteurs, a reçu le prix de la Création paysagère pour son « Jardin noir », sans pour autant faire de l’ombre à la jeune génération. Baignées dans des jeux de lumière, d’eau, de senteurs et de couleurs, les créations ont laissé éclater l’imagination, les techniques et les nouveaux modes de cultures urbaines de leurs paysagistes, qu’ils soient jeunes pousses ou déjà bien connus. Nous vous proposons ici un panorama des prix décernés sur le salon. Dans les prochains numéros, nous entrerons dans le vif du sujet de plusieurs des jardins créés pour cette exposition. [ Par Delphine Laure

Le végétal, le design et des idées non éphémères… de jardins

Jardins, Jardin 2015

Quelle que soit la saison, le végétal

vit… Tout le savoir-faire des équipes

des entreprises du paysage ou des

architectes est alors de trouver idées et tech-

niques pour le projeter dans les espaces, lui

donner du relief et de l’oxygène. Telle était la

gageure des quatorze grands noms venus

cette année mettre en scène leur « grand

jardin » dans le Carré du sanglier des Tuileries.

Sous le thème de « la vie heureuse », l’objectif

était d’inspirer aux quelque 22000 visiteurs

(2000 de plus que l’an passé, voir Matériel

et Paysage no 104) des idées à cultiver dans

leurs propres jardins.

Pour les amoureux – professionnels ou non

– du végétal et des écrins dans lesquels il

s’exprime, « Jardins, Jardin » représente tou-

jours un véritable « laboratoire à ciel ouvert ».

Bassins colorés à l’encre de Chine ou de

seiche, réemploi de matériaux oubliés non

moins chargés d’histoire, alimentation tubulaire

de plantes en nutriments essentiels, objets

de design dédiés à l’extérieur… Mille et une

idées picorées ici et là peuvent ainsi régénérer

les jardins urbains d’aujourd’hui.

Au-delà de sa vocation strictement esthétique,

le jardin urbain est de plus en plus reconnu

comme un support de biodiversité mariant faune

et lore. Une dernière étude Ipsos (menée ces

dernières années à la demande de l’Unep) ne

contredit pas cette constatation : 46 % des

personnes interrogées considèrent le jardin

comme un « antistress du XXIe siècle ».

La fréquentation de cette douzième édition ne

démentira pas non plus cette enquête ! Les

visiteurs ont été légèrement plus nombreux

que l’année passée.

MATÉRIEL ET PAYSAGE N° 112 - JUIN-JUILLET 2015

15

Jardin noir, de Pierre-Alexandre Risserf Sa réputation n’est plus à faire… Sous sa casquette de cofonda-

teur de « Jardins, Jardin » (en 2003, avec Olivier Riols, Dominique et

Xavier Laureau des Jardins de Gally), Pierre-Alexandre Risser

(accompagné de Solenn

Moquet à la conception) a

retroussé ses manches et

imaginé sept mois durant,

pour Horticulture et Jardins, un

espace végétal de 100 mètres

carrés en pente douce, qu’il a

appelé « Jardin noir ». « Ce léger

dénivelé – un centimètre par mètre

– a été l’une des dificultés de la

conceptualisation du site. Il nous

a fallu privilégier les matériaux

autoportants », conie Vincent

Vallée, ami du concepteur et pay-

sagiste en charge du montage et

démontage avec six collabora-

teurs. « L’idée, cette année, était

de suggérer la luidité, le lou et

la transparence, résume Pierre-

Alexandre. En somme : faire tout

oublier au visiteur, le faire rêver! »

Cet îlot dans la ville est le troisième volet d’un cycle sur l’eau, ouvert

lors de l’édition 2013 de « Jardins, Jardin » (cette année-là, « Jardin

plaisir » présentait un système de baignade hors sol en bois alors

que « Philo Irène », en 2014, était conçu autour d’un bassin noir, le

tout sans la moindre touche de vert !). Dans son « Jardin noir », les

« Il y a du monde au balcon » : tous les chemins mènent aux jardins du Packf Cette année, les talents récompensés ont été multigéné-

rationnels. Le collectif de jeunes créateurs Le Pack a reçu

le trophée Haviland, le prix de la Presse conduit par Patrick

Glémas, président de l’Association des journalistes du jar-

din et de l’horticulture

(AJJH). L’originalité de

ce quintet ? Antoine

Du Peloux, Sybil le

de Rousiers, Antoine

Busetti, Adrien Roux

et Sylvain Du Peloux

réunissent différents

métiers : paysagiste,

artisan, designer, pay-

san, agronome, poète,

conférencier… Ils ont

transposé un fragment

de nature brute sur leur

espace d’exposition, à

« Jardins, Jardin ». « Un

environnement autonome composé essentiellement de bois

brut, de parpaings et de mitrons parisiens. Sur le plan des

Les effets de brume et des bulleurs d’eau, enveloppant de poésie l’espace, ont particulièrement intrigué les visiteurs. Pierre-Alexandre Risser lui-même s’est pris au jeu!

CRÉATION PAYSAGÈREPR

IXDE LA

PR

IXDELA

tons sombres, inspirant la quiétude, ont été rehaussés

par des arbres dits « graphiques », tels que Parrotia

persica, Acer japonicum et Cornus kousa.

Le bulleur d’eau, le brumisateur et les miroirs ajoutaient

une touche bucolique à l’ensemble, donnant au visiteur

la sensation d’être presque en apesanteur. Bien que

ces quatorze espaces verts soient éphémères, tous

seront en majeure partie recyclés. « Jardin noir » ne

fera pas exception et sera « recyclé entre 95 et 98 %,

excepté quelques chutes de bois », estime Pierre-

Alexandre Risser.

À peine l’édition 2015 refermée, ce dernier concocte

déjà sa création 2016. Son espace vert fera lever la pâte du jardinier

et du… cuisinier! De quoi mettre en appétit pour la saison prochaine.

Sinon, les plus impatients pourront retrouver le paysagiste durant la

troisième semaine d’octobre aux Journées des plantes de Courson,

du 15 au 18 octobre prochain sur le domaine de Chantilly.

végétaux : plantes nourricières, utiles, comme la consoude… »,

explique Antoine Du Peloux.  Un « potager-apéro » de mini-

légumes avait même été créé. Il n’y avait plus qu’à cueillir. Le

jury ne s’est pas fait prier.

L’équipe du Pack avec, au premier plan (de g. à dr.), Antoine Du Peloux, Adrien Roux, Sybille de Rousiers ; au second plan (de g. à dr.), Antoine Busetti, Sylvain Du Peloux.

DE LA PRESSECOU

PDE

CŒU

R

COU

PDECŒ

U

R

MATÉRIEL ET PAYSAGE N° 112 - JUIN-JUILLET 2015

ACTUALITÉS16

Bioloop, des capsules pour perpétuer la vie végétale

Les Jardiniers invisibles, ex aequo avec Res’t’ool

f Le studio franco-allemand Prism

Studio Design est colauréat du prix

de l’Innovation orienté « design »

pour « Les Jardiniers invisibles ».

Cette réalisation est le fruit du travail

d’une équipe de cinq jeunes entrepreneurs,

dont Ludivine Gragy, architecte-paysagiste,

et Clemens Tadayasu Klein, de Berlin. Ce

prix salue leur objet, qui valorise le travail

des vers de terre et leur rend leurs lettres

de noblesse en rappelant leur rôle dans

l’écosystème. « Le vermicomposteur aux

allures de jarre est étudié pour détruire les

déchets organiques, il agit tant en surface

que dans l’épaisseur du sol », précisent les lauréats. Colauréat, « Res’t’ool »

est l’œuvre de deux étudiantes de l’école de design Lisaa, à Paris. Lauren

Germain et Aurore Pulwermacher, encadrée par deux enseignants desi-

gners et en partenariat avec Paysagis, ont créé la maquette grandeur

nature d’un mobilier de jardin permettant de stocker petits et gros outils,

et de proiter de son jardin en l’utilisant comme fauteuil.

Farmili, les minifermes urbaines graffées par des artistesf Cette année encore, la crête a été de rigueur à « Jardins, Jar-

din » avec « Farmili », né de la passion pour les petits animaux de

basse-cour de Ghislain Journé, la

trentaine, venu de Lyon. Son

concept de poulailler design,

en forme de « container » (com-

prenez “miniferme”) dans un

esprit maisonnette, a convaincu

les exposants. « Cette alliance entre

le petit élevage familial et le jardin

appuie une tendance perçue depuis

quelques années, à savoir l’émergence

du jardin comme l’une des pièces

favorites de la maison! », témoigne le

jeune créateur. Le message véhiculé

par cette miniferme était simple  :

Durant le salon, l’équipe de Bioloop a distribué 1200 pieds d’érables.

PRIX CITÉ VERTE

CONCOURSDEL’INNOVA

TIO

N

CONCOU

RSDE L’INNOVATION

PRIX DES EXPOSANTS

CONCOURSDEL’INNOVA

TIO

N

CONCOU

RSDE L’INNOVATION

« Élevez votre jardin ! », au sens propre comme au iguré. Lancé

l’année dernière, ce poulailler container est fabriqué en France et

pourrait bientôt voir leurir à ses

côtés d’autres nouveautés. Ses

concepteurs y travaillent, nous

assurent-ils. Pour sûr, les galli-

nacées seraient heureuses d’être

logées dans des « containers »

plus grands dont les planchers,

actuellement du contreplaqué à

usage extérieur, seraient revus.

Car l’entretien n’est pas une mince

affaire pour l’instant !

Des graffeurs ont donné un côté « mur urbain » aux minifermes de « Farmili » sur cette édition 2015.

Le Vermicomposteur du studio Prism Design.

Le mobilier de jardin Res’t’ool permet de ranger des outils à main et une tondeuse à conducteur marchant. Les lauréates, étudiantes

en design à Lisaa Paris, recherchent des diffuseurs.

PRIX DE L’OBJET

CONCOURSDEL’INNOVA

TIO

N

CONCOU

RSDE L’INNOVATION

f Le prix Cité verte de l’innovation orienté

« végétal » décerné par Val’hor a distingué le

concept « Bioloop » imaginé par Nutcreatives, duo

barcelonais formé par les biologistes, écologues

et designers Jon Marin et Alex Jimenez. Tous

deux enseignants, ils ont porté leur projet sur

le vecteur pédagogique en offrant aux visiteurs

intéressés une capsule d’argile biodégradable

renfermant un arbre en devenir. Libre à eux de le

planter à l’endroit de leur choix. L’objectif étant

de mettre entre toutes les mains la possibilité

de perpétuer la vie végétale en ville. « Réunies

par dizaines, ces capsules permettraient de

composer une forêt urbaine miniature », résu-

ment Jon Martin et Alex Jimenez.

MATÉRIEL ET PAYSAGE N° 112 - JUIN-JUILLET 2015

ACTUALITÉS18

de la rédaction de Matériel & Paysage

COUPS DE CŒUR

MATÉR

IEL&PAYSAG

E

MATÉR

IEL & PAYSAG

E

Didier Danet : le cercle de vie selon « Eau de bonheur »Pour Didier Danet, l’histoire du jardin a pris sa source « dans une friche industrielle ». « Tout est venu d’un coup de cœur pour une roue dans une brocante de Chatou », raconte le concepteur d’« Eau de bonheur ». Alors qu’à l’époque elle était utilisée pour laver des bouteilles, elle s’est exposée sous un jour décoratif à « Jardins, Jardin ». « L’idée était de détourner de leur fonction première des objets que notre mémoire collective avait ixés dans une seule tâche, aujourd’hui disparue », explique Didier Danet. Minimaliste, dépourvu d’arbustes, cet espace vert, dont le point de fuite était cette fameuse roue piquée de rouille, était irrigué par deux cours d’eau (dont l’un était teinté à l’encre de Chine). La palette végétale volontairement simple (70 espèces phares) a donc laissé émerger le mobilier tel que les pontons lottants, les murets en polystyrène blanc. Le but étant

de suggérer la fraîcheur, le temps qui passe et, surtout, l’apaisement. [ D.L.

Le jardin « Utopie »

d’Olivier Riols

Réalisé pour le Figaro Magazine, le jardin d’Olivier Riols (Capsel) présentait les formes et lignes géo-métriques les plus improbables. Il permettait de voyager dans un univers de cercles concentriques où la botanique conduisait le visiteur au point le plus élevé via un petit chemin de montagne. Les parents et enfants ont particulièrement apprécié cette création pour les senteurs dégagées par ses végétaux, la présence des colonnes d’eau de N2B Arrosage telles des sources jaillissantes et le fait de grimper pour s’asseoir et contempler le tout. L’appropriation de ce jardin et de ses idées

par les visiteurs signe sa réussite. [ J.-P.R.

La Tunisie montre une autre

de ses facettes avec TarvelL’ofice de tourisme de Tunisie a souhaité présenter une partie du pays plus méconnue que celle de son paysage côtier. Dans l’intérieur du pays, les oasis d’El-Jerid, dont celle de Tozeur, constituent une invitation au voyage. L’entreprise Tarvel (groupe Segex) a réussi à s’imprégner de l’âme de ces paysages pré-sahariens en reconstituant leur essence. La maison, les briques, l’eau, le bois, les trois strates de végétation

et le savoir-faire des artisans ont réussi leur pari : donner envie d’aller sur place. [ J.-P.R.

Le « Jardin de soin »

de Dr. Hauschka pour le bien-êtreDr. Hauschka, marque allemande de produits de soins naturels et biologiques, a conçu un jardin avec Guillaume Gosse de Gorre ain de présenter son identité en matière de cosmétique et sa philosophie de la culture en biodynamie. Le jardin, créé à partir d’une liste de plantes utilisées pour les produits de soins, pouvait se lire à l’hori-zontale depuis le sol, avec la lore et les arbres englobant le kiosque de soins, et à la verticale, avec une spirale végétalisée symbolisant l’élévation du corps et de l’esprit. Les visiteurs étaient invités à entrer dans cet univers et à découvrir les soins prodigués par des

esthéticiennes agréées. [ J.-P.R.

La bibliothèque du jardin

« Eldorado »

« Pairi Daeza » : les végétaux

traversent les saisonsClin d’œil au persan. Le jardin de Jean Mus & Compa-gnie « Pairi Daeza » (« jardin clos » en persan) a, cette année, rendu hommage au bassin méditerranéen, « la terre nourricière de notre planète », qui plus est berceau de Jean Mus. Malgré ses 451 ans et ses 3,5 tonnes, un olivier est venu surplomber 35 plantes aromatiques et leuries : « L’idée était de donner à voir en un seul jar-din de 100 mètres carrés la variété des paysages au gré

des saisons, ceux que j’ai la chance de contempler tous les jours depuis ma fenêtre », pétille Jean Mus. Curry, romarin, calamondin, pistachier, myrte, verveine… chaque végétal a été placé selon sa concordance avec ses voisins. Dès les premiers pas sur le dallage en pierre de Limeyrat, les odeurs

et les couleurs provençales éveillent les sens. Il ne manque plus que le chant des cigales! [ D.L.

Les amateurs de poésie ont été comblés par cette bibliothèque d’extérieur réalisée par le paysa-giste Denis Maloigne associé à son confrère Luc Meinrad (agence Oupapo), pour le compte de la revue L’Ami des jardins, qui présentaient un jar-din nommé « Eldorado ». Ces livres à la tranche colorée sont des tablettes sur lesquelles sont inscrits des vers ou bien des extraits de grands textes de la littérature. Ils ont été fabriqués par Arbemo Création, un spécialiste alsacien du jouet en bois qui réalise des objets par gravure au laser. Pour une utilisation prolongée en extérieur, ils peuvent être commandés en bois autoclave et

imputrescible. [ N.L.

NOUVEAUTÉS24 VéhiculesEspaces verts TP et manutention Produits

MATÉRIEL ET PAYSAGE N° 112 - JUIN-JUILLET 2015

Brard et Sarran. Un broyeur arrière pour quad

Saelen. Un nouveau rotor pour les broyeurs Green Series

Cochet. Le Gecko nettoie sans poussière !f Cette cellule automotrice hydrostatique ultracompacte,

animée par un moteur bicylindre (Vandguard 16 ch à démarrage

électrique), dispose d’une centrale hydraulique qui commande

la montée et la descente du bras. Le Gecko, doté d’un bras de

désherbage et d’une brosse à double sens de rotation, vient

d’être complété par une cuve d’eau de 50 l à l’arrière. Proposée

avec un gyrophare en série, cette cuve alimente la brosse de

nettoyage, générant ainsi moins de poussière, la bavette antipro-

jection contribuant aussi à un résultat impeccable (poids total :

350 kg, en option : balai rotatif en polypropylène/diamètre 1 m,

lame neige de 1,60 m avec orientation droite-gauche). [ N.A.

Cornu. Des accessoires pour le désherbage écologique

f Le Power Mixed Rotor, nouveau rotor breveté par Saelen, est dédié

aux broyeurs multivégétaux de la gamme Green Series. Comparé au

précédent rotor, il reçoit des couteaux plus petits. Ce choix permet

d’optimiser la puissance du moteur, d’économiser du carburant et d’avoir

un broyat de meilleure qualité. Les couteaux assurent un meilleur ren-

dement pour le broyage, car ils permettent de raboter les branches de

gros diamètre, facilitant le travail des marteaux. Le volume des déchets

verts peut ainsi être réduit jusqu’à six fois. La ventilation du rotor amé-

liore par ailleurs l’éjection des déchets, même lorsqu’ils sont humides.

Le Power Mixed est pour l’instant proposé sur le nouveau Lynx 14P

de Saelen, un petit broyeur sur remorque de 415 kg et 14 ch (Briggs &

Stratton essence) qui accepte des branches de 10 cm. Sur ce modèle,

le rotor dispose de 4 couteaux et 16 léaux. Il est également présent

sur le nouveau Puma 35D (broyeur sur remorque de 1280 kg, branches

de 16 cm, motorisation Kubota diesel de 35 ch, ordinateur de bord…),

disposant cette fois de 12 marteaux et 6 couteaux. [ N.L.

Le Power Mixed optimise la puissance du moteur pour économiser du carburant et obtenir un broyat de meilleure qualité. Le nouveau rotor équipe les modèles Lynx 14P et Puma 35D de Saelen (ici sur la photo).

f La gamme d’accessoires du fabricant français s’étoffe avec une

nouvelle brosse de désherbage destinée à enlever les mauvaises

herbes sur les trottoirs, les bordures et les pavés. Équipée d’une brosse

en acier d’un diamètre de 200 mm, elle s’installe sur les débrous-

sailleuses disposant d’un renvoi d’angle (montage sur axe de 20 mm ou

25,5 mm de diamètre) tournant au maximum à 8000 tr/min. Un cache

de protection est proposé en option pour éviter les projections. Cornu

propose aussi un réciprocateur universel doté d’un disque de coupe

Widia, également adapté aux débroussailleuses à renvoi d’angle,

tournant au maximum à 10000 tr/min. Il permet d’enlever les herbes

au pied des végétaux et des murs. [ N.L.

fLa société Brard et Sarran proposait déjà ses modèles de

tondeuses à moteur tirées par des quads, en coupe frontale ou

arrière. Voici désormais, sur le même principe, un broyeur arrière

sur rouleaux, dont la largeur de travail est déclinée en 90 cm (rotor

à 56 couteaux) ou 120 cm (rotor à 72 couteaux). L’unité de broyage

est animée par un moteur 4 temps à démarrage électrique, déve-

loppant une puissance de 13 ch en 90 cm de largeur de travail

(Briggs & Stratton ou Honda). Pour la largeur de travail de 120 cm,

le moteur peut aller de 13 à 22 ch au choix. Le rotor horizontal est

lanqué de robustes couteaux, de 4,5 mm d’épaisseur, montés en Y.

Le timon télescopique est déportable et plusieurs options sont

proposées ain de régler la hauteur de l’attelage : essieu arrière

avec manivelle de levage ou essieu arrière avec vérin électrique

et roues avant pivotantes. [ N.A.

La brosse de désherbage.

Le réciprocateur.

CO

RN

U

CORNU

NOUVEAUTÉSVéhiculesEspaces verts TP et manutention Produits 25

MATÉRIEL ET PAYSAGE N° 112 - JUIN-JUILLET 2015

Soprema. Une dalle végétale dans la terrassef La dalle Sopradalle Créa de

Soprema est un concept original

permettant d’insérer tous types

de végétaux (plantes, minipota-

ger, carrés de gazon…) sur une

terrasse ou bien un toit-terrasse

en dalles montées sur plots. Elle

se compose pour cela d’un souf-

flet extensible composé d’une

membrane synthétique, dont les

dimensions atteignent 50 x 50 cm,

réglable entre 70 et 180 mm

de profondeur ain

de s’adapter à la

hauteur de la ter-

rasse. Ce contenant

peut donc recevoir

des végétaux mais

aussi des minéraux

(sable, galet, etc.).

Il s’emboîte sur un

réservoir technique (matériau polymère) positionné en dessous, servant de sup-

port, de système antiracinaire et de bac de rétention d’eau. Ce produit fabriqué en

France (Alsace) est rapide à installer, les coins du souflet se positionnant comme

une dalle classique sur des plots en polypropylène fournis par Soprema. [ N.L.

PCI. Une gammede joints et mortiers pour les paysagistes

So Garden. Des tables d’eau élégantes

f PCI est une marque développée par la divi-

sion Construction Chemicals de BASF France,

spécialisée dans la chimie de la construction

et dans la fabrication de produits dédiés aux

bâtiments et aux travaux publics. Elle développe

désormais une gamme de solutions dédiées

aux paysagistes. Pour les jardins privatifs, PCI

propose le Paviix 1K Extra, un joint drainant pour

pavés, insensible aux cycles de gel-dégel et aux

intempéries. Prêt à l’emploi,

il sert par exemple à la réa-

lisation d’allées piétonnières

ou de garage, d’entourage de

fontaine… Autre produit : le

Paviix FFM. Mortier de scelle-

ment multi-usage, il permet la

ixation de piquets de clôture,

panneaux signalétiques et

autres supports. Il doit être

versé directement dans la

réservation puis arrosé d’eau

jusqu’à remplir le trou, pour un

temps de prise de 10 minutes

seulement. Le Paviix PU, un joint pour pavés à

base de polyuréthane, est quant à lui dédié aux

zones de circulation modérée d’engins motorisés

et de piétons. Il est drainant, perméable à l’eau

et résistant aux sels de déneigement. Accompa-

gné d’un liant, il peut aussi être combiné à des

graviers pour former des tapis décoratifs ou des

entourages d’arbres. Enin, le Repafast Fluid est

réservé aux zones de circulation fréquente pour

la réalisation de joints, du scellement des regards

de voirie ou du mobilier urbain… Répondant à la

norme ISO 9001, son durcissement est rapide

(2 heures). Il résiste à une température de –10 °C

et aux hydrocarbures. [ A.T.

Application du Pavifix PU sur une allée piétonne.

Ces produits, distribués en pot ou en sac de 20 ou 25 kg, sont de couleur grise ou beige.

Exemple d’aménagement sur une terrasse. Ci-contre : la dalle se compose d’un contenant (soufflet réglable en hauteur) et d’un réservoir.

f La marque So Garden, qui conçoit et distribue des aménagements extérieurs

auprès des professionnels du paysage, lance des tables d’eau très design, de

forme ronde, carrée ou rectangulaire. Construites en aluminium ou bien en acier

Corten (alliage de chrome, cuivre et nickel), elles résistent au gel et aux rayons UV.

Ces modèles comportent un lit d’eau de 25 mm de profondeur, reposant sur

une feuille de métal. Le milieu est percé d’un oriice de 50 mm de diamètre pour

alimenter la table en eau via une pompe dotée d’un débit variable, mais il permet

également d’insérer un spot LED (livré en option). Les tables sont disponibles

avec une peinture époxy de marque AkzoNobel, les couleurs standard étant le

gris et le noir. Il est possible de commander d’autres teintes en option à partir du

nuancier RAL. Garantis cinq ans, ces objets décoratifs sont vendus à partir de

819 € TTC, hors pose. [ N.L.

Les tables rondes mesurent 600 x 210 mm ou 1500 x 300 mm (Ø x h). Les tables carrées mesurent 800 x 800 mm ou 1200 x 1200 mm, et 400 mm de hauteur. Les tables rectangulairesmesurent 2500 x 1250 x 600 ou 3000 x 2000 x 600 mm (L x l x h).

PC

I

PC

I

SO

PR

EM

A

SO

PR

EM

A

PH

OT

OS S

O G

AR

DE

N

MATÉRIEL ET PAYSAGE N° 112 - JUIN-JUILLET 2015

NOUVEAUTÉS26 TP et manutention Produits VéhiculesEspaces verts

Renault Trucks. Les Master équipés de bennes JPM prêtes à l’emploi

GEM. Un UTV électrique pour les espaces verts

fLa marque américaine GEM (Global Electric

Motorcars), entrée dans le giron du groupe

Polaris en 2011, propose depuis plus de vingt

ans une gamme de voiturettes électriques

comprenant des utilitaires. Son nouveau

modèle GEM eM 1400 est un petit véhicule

de deux places avec plateau arrière basculant.

Roulant à une vitesse maximale de 30 km/h,

mais non homologué route pour le moment,

il pourra avant tout séduire les services des

espaces verts devant intervenir dans les parcs

et jardins, les golfs, les hôtels ou les parcs de

loisirs. Possédant une charge utile de 635 kg

et une capacité de

remorquage de 570 kg,

il transporte aisément du

petit matériel d’entretien,

des sacs de terreau,

des déchets de tonte…

Cet UTV (Utility Task

Vehicule) est bâti dans la

même philosophie que

le Ranger de Polaris – ce sont

en partie les mêmes ingénieurs

qui travaillent sur ce modèle –

dont il est une version épurée

et allégée, ce qui permet de le

proposer au tarif attractif de

10000 € HT. Ses batteries sont

au plomb et garanties deux

ans. Point important, il offre,

tout comme le Ranger, de bonnes capacités de

franchissement d’obstacles et d’amortissement

des chocs, sa base (châssis) étant de même

fabrication. Il reçoit des suspensions indépen-

dantes à l’avant comme

à l’arrière et des freins

à disques hydrauliques

sur les quatre roues, qui sont dotées de pneus

basse pression. Ainsi équipé, le GEM eM 1400

peut rouler sur des voies non carrossées

(sable, chemins en pierre, etc.). Autre point

commun avec les modèles

Polaris : ce véhicule est modu-

lable à souhait grâce à un

grand nombre d’accessoires :

pare-brise, cabine ou toit en

polypropylène, lame à neige,

cuve de pulvérisation, treuil,

support de tronçonneuse,

gyrophare… Ces équipements

sont très faciles à monter via

un système de ixation rapide

« Lock and Ride », développé

chez Polaris. L’utilitaire reçoit

par ailleurs en série des feux

avant et arrière, une prise de

12 volts pour brancher des

accessoires, un compteur

d’heure numérique et une

platine d’attelage standard. En

option, il peut être complété

par une alarme de recul ou un

levage de plateau électrique.

Assemblé aux États-Unis, l’eM 1400 est distri-

bué en France par la nouvelle division « Work

And Transportation » de Polaris, créée en

décembre 2014 et qui s’appuie à 90 % sur les

équipes du fabricant Goupil Industrie, lui-même

intégré à Polaris en 2011. Cette division gère

désormais, à l’échelle européenne, l’ensemble

des marques de Polaris sur les marchés B to B

(en vente directe ou via des concessionnaires),

à savoir Goupil et GEM donc, mais aussi Mega

et Brutus. De son côté, la division Polaris France

se consacre aux véhicules de sport et loisirs

(incluant, entre autres, le Ranger). [ N.L.

fRenault Trucks enrichit son offre de véhicules utilitaires en propo-

sant d’équiper le châssis des véhicules Renault Master de bennes

de marque JPM, directement carrossées en sortie d’usine. De quoi

réduire les délais de livraison et simpliier les démarches adminis-

tratives pour les clients. Cinq carrosseries sont proposées avec

des bennes en acier ou en aluminium, avec la possibilité d’ajouter

un coffre. Garanties trois ans, elles disposent de plusieurs équipe-

ments de série : prise de remorque 13 broches, porte-échelle, deux

porte-outils et protections PVC de bord de benne. Ces carrosseries

sont compatibles avec tous les véhicules Renault Master simple et

double cabine (modèles de 2,8 à 4,5 t dotés de puissances allant

de 110 à 165 ch). [ N.L.

Le poste de conduite (2 sièges) est simple et épuré. Il dispose d’un indicateur de charge de batterie, d’une boîte à gants, de porte-gobelets…

Cet UTV, large de 144 cm (292 cm en longueur) offre une charge utile de 635 kg.

Ce modèle embarque sous les sièges un pack batterie de 10,4 kW composé de 8 batteries de 6 V. Son autonomie maximale est de 72 km pour 8 heures de charge.

Le plateau du véhicule mesure 107 x 130 cm.

MATÉRIEL ET PAYSAGE N° 112 - JUIN-JUILLET 2015

Dans les régions soumises à une

faible pluviométrie, les réserves

d’eau du sol ne suffisent pas

toujours à assurer les besoins

de la plante. C’est le cas dans les régions

méditerranéennes, le sud de l’Alsace et une

partie du sud-ouest de la France : le recours

à l’arrosage y est donc indispensable. Les

différentes techniques d’arrosage et leurs

matériels permettent aujourd’hui de piloter

avec précision des systèmes automatisés

de plus en plus « sensibles » à leur environ-

nement. Car, si les sondes de pluviométrie

et celles d’hygrométrie du sol ne datent pas

d’hier, l’interconnectivité est passée par là

pour relier ces matériels à une console qui

analyse les données et agit automatique-

ment pour réguler, déclencher ou stopper

l’arrosage. L’ère du « sans-fil » a généré

son lot de matériels d’arrosage connectés,

comme ce sprinkler de golf capable à la fois

de transmettre des informations et d’agir à

distance, en ouvrant une électrovanne qui

déclenche ou stoppe l’arrosage…

Arrosage et domotique :du Bluetooth au wi-iEt tout cela en wi-fi, une technologie de

transmission qui augmente considérable-

ment la portée des appareils connectés

par rapport aux générations précédentes

de matériels connectées en Bluetooth. Les

GESTION DE L’EAU

L’OR BLEU AU CŒUR DES AMÉNAGEMENTS VÉGÉTALISÉS

DOSSIER

La prise en compte de la rareté de l’eau est assez récente en France et la lutte contre les gaspillages est souvent motivée par les substantielles économies d’argent qu’elle peut générer. Préserver la qualité de cette ressource vitale pour l’utiliser à bon escient est le nouveau leitmotiv de nombreuses collectivités. Aujourd’hui, la technologie offre la possibilité non seulement de rationaliser la distribution d’eau en fonction des besoins des différents espaces verts, mais également d’anticiper les besoins des plantes et de lisser les apports afin de ne générer aucun « stress hydrique », synonyme d’affaiblissement, de maladie ou de disparition prématurée des surfaces végétalisées… [ Par Nicolas Aberton

34

modules de contrôle peuvent ouvrir ou fer-

mer des électrovannes reliées au circuit

d’arrosage ou plus simplement alimenter

des prises électriques pour déclencher des

éclairages, mais aussi des pompes assurant

le fonctionnement de bassins et fontaines.

De même, les systèmes « Long Range WiFi »

proposent des programmateurs spéciaux

avec une antenne extérieure qui augmente

encore leur portée.

Pierre-Henry Fiard, golf manager France/Afrique pour Rain Bird

« L’eficacité du système Rain Bird ICS dépend de la façon dont les architectes et les consultants en irrigation disposent les arroseurs. Désormais, on effectue l’implantation de deux lignes d’arroseurs moins gros qui vont porter à 21 mètres, et non plus 30 mètres, ain de gagner

en précision. Le “back to back”, un système de deux arroseurs, répond aussi à cette problématique : l’un arrose sur le green et l’autre, adossé au premier et orienté dans le sens opposé, arrose à l’extérieur du green. Grâce à cette implantation, on peut doser exactement

le volume d’eau apporté sur chaque surface. L’agence de l’eau peut donner des subventions

pour les structures qui investissent ain de garantir une meilleure eficacité de leur irrigation. »

Repères

MATÉRIEL ET PAYSAGE N° 112 - JUIN-JUILLET 2015

35

le calcul prévisionnel des besoins et des

apports en eau. Le choix des matériels et

des équipements est également passé au

crible ain de correspondre précisément aux

valeurs calculées exprimant les besoins en

arrosage et leur fréquence. À partir de cet

état des lieux, un premier bilan permet de

suggérer des espèces végétales dont le proil

va mieux correspondre aux ressources dis-

Conseiller plus pour arroser moins?Le pilotage assisté de l’arrosage public n’est

pas un vain mot lorsqu’on analyse les résul-

tats enregistrés sur plusieurs sites et qui font

igure d’expériences très encourageantes! En

effet, les villes qui s’en donnent les moyens

voient leurs efforts particulièrement bien

récompensés en matière « d’économie des

ressources en eau », un subterfuge linguistique

que l’on pourrait traduire par un « retour à un

niveau de gaspillage minimal » ! Les sociétés

spécialisées, qui interviennent pour bâtir le

plan d’action des élus, commencent par

effectuer une détection des excès et des

déicits d’eau dans les sols. Ils prennent en

compte les spéciicités climatiques, notam-

ment à travers le bilan hydrique, et réalisent

Le Rollcart Auto Perrot est un arroseur roulant à déplacement automatique destiné aux grands espaces verts, terrains de sport, pelouses de jardin et pépinières. Il est équipé

d’une turbine actionnée par l’alimentation en eau. Il se déplace lentement sur la pelouse en enroulant son câble-guide. À la fin de l’irrigation, le Rollcart s’arrête tout seul. L’alimentation en eau se fait par un tuyau souple de 60 mètres que l’appareil tracte derrière lui. Son arroseur à secteur permet de régler l’angle d’arrosage selon la configuration du terrain (poids : 33 kg – prix : de 1600 à 1900 € TTC).

Gestion de l'eauDOSSIER36

MATÉRIEL ET PAYSAGE N° 112 - JUIN-JUILLET 2015

La sonde d’humidité de sol Toro Precision minimise le gaspillage d’eau en mesurant en permanence les niveaux d’humidité du sol et en déterminant le moment où le programmateur peut arroser

pour optimiser l’efficacité du système d’arrosage de l’utilisateur. Grâce à la communication sans fil entre le capteur de sonde et le récepteur, l’installation se fait rapidement et facilement, sans avoir besoin de creuser.

La société Agralis commercialise les sondes capacitives « Drill & Drop » de Sentek qui mesurent l’humidité dans le sol tous les 10 centimètres (tube de 60 ou 120 cm). Chaque point relève la température, l’hygrométrie et la salinité du sol. Ces mesures sont effectuées toutes les 10 minutes et transmises au tableau de contrôle toutes les 3 heures. Équipées de la technologie GPRS, ces sondes « Drill & Drop » transmettent leurs données et peuvent générer des corrections automatiques du niveau d’hygrométrie lorsqu’elles sont reliées au boîtier Aqualis, qui pilote la gestion automatisée de l’irrigation.

ponibles. Une fois ce choix effectué, et selon

le coeficient cultural de chaque végétal, les

quantités et les durées d’arrosage peuvent

être ajustées et programmées dans le temps

(voir le paragraphe suivant). Un cahier des

charges, relatif à la maintenance des matériels

d’arrosage, doit aussi être établi ain de gar-

der l’ensemble du système opérationnel sur

le moyen-long terme. L’économie observée

varie en fonction des villes et surtout des

conditions climatiques, différentes d’une

année sur l’autre. En moyenne, cette économie

d’eau est tout de même comprise entre 10 %

et 30 % du volume total consommé avant

la mise en place d’un plan d’économie, soit

15000 m3 d’eau économisés pour une ville

comme Bouillargues, dans le Gard (30), qui

en consommait 50000 m3 chaque année.

Des maths pour faire boire les plantes?Le besoin en eau d’une plante correspond à

la quantité d’eau perdue par évapotranspira-

tion du végétal en conditions normales. Les

critères climatiques sont synthétisés par une

variable : l’évapotranspiration potentielle (ETP).

Elle est calculée à partir de paramètres mesurés

dans les stations météorologiques. Le critère

« plante » est pris en compte par le coeficient

cultural (Kc) : il varie selon l’espèce végétale et

le niveau de développement de la plante (les

plantes méditerranéennes auront un faible

coeficient cultural et les plantes gourmandes en

eau auront un « fort » coeficient). Ce coeficient

est un chiffre à deux décimales compris entre

0 et 1. Chaque plante possède le sien. À partir

de ces deux variables, on déduit la consom-

mation quotidienne en eau pour une plante :

ETP (mm/j) x Kc = consommation (mm/j).Par exemple, en fonction de la saison, on peut

estimer que la consommation quotidienne en

eau varie de 1 à 7 litres pour un mètre carré de

gazon, et d’une dizaine à une centaine de litres

pour un arbre (selon l’espèce, la taille de l’arbre

et les conditions extérieures)*.

Mesurer la soif : un travail de longue haleine!La méthode prévisionnelle dite « du bilan

hydrique » est un calcul dont le but est de

Matériel & Paysage : Quelles sont les principales étapes d’un chantier de conception et d’installation d’un système d’arrosage automatique ? Pierre-Alain Madelaine : La base d’un arrosage est l’étude qui allie des règles hydrauliques aux besoins d’un végétal en apportant la même dose sur toute une surface pour que cela fonctionne tout d’abord, pour l’économie d’eau ensuite et, enin, pour le bon développement et la pérennité de l’espace vert en question. Concernant l’installation, il y a des règles de pose, bien décrite dans le vade-mecum

3 questions à…

Pierre-Alain Madelaine,président du Syndicat national de l’arrosage automatique (SYNAA) et directeur de Soisy Arrosage (à Soisy-sous-Montmorency, Val-d’Oise)

du SYNAA où l’on retrouve aussi les points de contrôle. Il faut choisir le bon matériel, le produit adapté, afiner les réglages, et l’on obtient un formidable outil de travail ou de loisir.

M&P : Qu’est-ce que vos clients ont parfois du mal à comprendre ou à accepter ?P.-A. M. : La notion de recoupement est dificile à comprendre, les gens pensent que si une zone est « mouillée » et que le jet y va, c’est qu’il y a un bon arrosage. Ils estiment toujours que l’on propose trop d’arroseurs.

Pour schématiser, la quantité d’eau au pied du jet et au bout du jet n’est pas la même. Pour un bon arrosage, il faut que chaque jet aille au pied de son arroseur voisin. Sans cela, on est obligé d’augmenter les temps pour les zones les moins arrosées et donc on « sur-arrose » les autres zones. L’économie d’eau est énorme entre une mauvaise et une bonne implantation, sans parler du bien-être du végétal.

M&P : Quelles sont les nouvelles perspectives d’utilisation qu’apportent les matériels d’arrosage de dernière génération ?P.-A. M. : Aujourd’hui, les nouvelles technologies et les nouveaux moyens de communication permettent de pousser très loin l’apport d’eau. La programmation s’ajuste automatiquement grâce à des sondes dans le sol et à une station météo mesurant le vent, l’ensoleillement, la pluviométrie, l’humidité de l’air. On communique à distance avec les programmateurs, par radio, GSM, GPRS, via des plateformes Internet, par wi-i… Les fabricants travaillent depuis des années sur l’uniformité des arroseurs, des tuyères, ils atteignent des coeficients toujours meilleurs qui se rapprochent du ratio idéal.

37

RABAUD c’est aussi :

RABAUD - Bellevue - 85110 Sainte Cécile Tél: +33 (0)2 51 48 51 51 - Email: [email protected]

www.rabaud.com

Une gamme complète pour l’entretien des Espaces Verts

Rogneuse de souches XYLOCROK 55T : Adaptable sur tracteur de 45 à 95 CH

Broyeurs de branches

Aspirateurs de feuilles

Desherbeurs thermiques

Tarièreshydrauliques

Enfonce-pieux Balayeusede voirie

FABRICATION

FRANÇAIS

E

MGE - Green Service8, rue de Belle-Île - 72190 COULAINESTél. 02 43 23 50 05 - Fax 02 43 23 14 [email protected]

www.mge-greenservice.com

TONDEUSES RADIOCOMMANDÉES PROFESSIONNELLES

SPIDER ILD02Largeur de tonte : 1230 mm

SPIDER MINILargeur de tonte : 560 mm

SPIDER ILD01Largeur de tonte : 800 mm

SPIDER ILD02sur remorque spécifi que

RENDEMENT - SÉCURITÉ - INNOVATION - PENTES JUSQU’À 55°

Technique no 2 : l’irrigation localiséeElle est souvent utilisée pour les petits espaces

parsemés de plantes isolées ou pour les ali-

gnements de haies, d’arbres et d’arbustes.

L’intérêt d’un arrosage localisé est de garder

un « bulbe » de terre humide propice à la crois-

sance du végétal ciblé. Cela autorise également

l’occupation et la fréquentation de l’espace vert

par le public. Insensible au vent, cet arrosage

qualitatif limite également le développement

des mauvaises herbes et il ne mouille pas les

feuilles des plantes. En revanche, l’irrigation

localisée implique une eau iltrée et génère

des variations de débit si la pression luctue.

L’irrigation localisée se fait à l’aide de goutte-

à-goutte et/ou de microdiffuseurs.

fournir la disponibilité de la ressource, en

tenant compte des entrées et des sorties

d’eau dans le sol. Les mesures de tensiométrie

et d’humidité donnent aussi cette valeur en

temps réel dans le sol. D’autres outils existent

également, même s’ils ne sont pas utilisés

au quotidien dans les systèmes d’arrosage :

mesures de potentiel foliaire, de turgescence,

de température de surface ou encore de lux

de sève. L’association du bilan hydrique et de

la mesure directe offre une vue d’ensemble des

besoins en eau pour une meilleure précision

dans le pilotage des arrosages. Le déclen-

chement des arrosages sur les seuls critères

visuels est risqué, car les symptômes, tels le

jaunissement ou le dessèchement des feuilles,

peuvent avoir une autre cause qu’un stress

hydrique. Le comptage des consommations

d’eau par les structures municipales encourage

aussi les bonnes pratiques (stades, espaces

verts municipaux, ronds-points, etc.). Le prix

de l’eau a fortement augmenté au début des

années 1990, ce qui a eu des conséquences sur

les consommations domestiques, notamment

pour l’arrosage des jardins (jusqu’à –30 %

dans les régions du sud de la France).

Arrosage : techniques, matériels et performancesTechnique no 1 : l’aspersionPlutôt adapté aux grands aménagements

(stades, golfs, parcs…), l’arrosage par aspersion

convient également aux espaces verts composés

d’espèces végétales couvrantes. Bien réalisée,

cette technique présente l’avantage d’assurer

une couverture totale de la surface à arroser,

avec une répartition homogène de l’eau et un

nombre de distributeurs limité. L’arrosage par

aspersion est en revanche déicient si la pres-

sion est instable ou s’il y a du vent. L’aspersion

nécessite donc un besoin élevé en pression,

avec des arrosages réalisés en dehors des

périodes de fréquentation des espaces verts.

IRRIGATION LOCALISÉEMatériels Caractéristiques Portée Débit

Goutte à goutte Arrosage ciblé à faible pression d’eau

Nulle 2 à 4 l/h

Microdiffuseurs 1 à 4 m 15 à 130 l/h

ASPERSIONMatériels Caractéristiques Portée Débit

Tuyères Petits jets ixes pour petites surfaces 1 à 6 m 0,5 à 20 l/min

Turbines Choix large en débit et portée 4 à 30 m 2 à 300 l/min

Canons Forte pression de fonctionnement 30 à 60 m 300 à 1200 l/min

DOSSIER38 Gestion de l'eau

MATÉRIEL ET PAYSAGE N° 112 - JUIN-JUILLET 2015

Variations climatiques : quel impact sur les ressources en eau?La hausse régulière des températures entraîne

une hausse de l’évapotranspiration, phéno-

mène caractérisant les rejets de vapeur d’eau

par les feuilles des plantes. La baisse des

précipitations pourrait également accélérer

l’assèchement des sols supericiels plus tôt

au printemps, avec une diminution du poten-

tiel de recharge des nappes phréatiques.

Enin, la fréquence des sécheresses estivales

pourrait s’accroître. Quel que soit le scénario

prédictif élaboré par nos « climatologues en

chef », tous s’accordent sur ce point : ces

évolutions climatiques conduiront à des

diminutions des ressources disponibles en

eau. Les incertitudes restent cependant très

fortes sur les baisses effectives à attendre. À

l’horizon 2050 (période 2045-2065), elles pour-

Le Vade-mecum de l’arrosage automatique : conception, installation et maintenance des systèmes d’arrosage automatiques. Avec des règles professionnelles fraîchement mises à jour, cet ouvrage est très précieux pour les concepteurs et installateurs. Il est réalisé par le Syndicat national de l’arrosage automatique (SYNAA).

Avec son système ICS (Integrated Control System), Rain Bird propose des arroseurs « intelligents », munis de transpondeurs, qui s’autodiagnostiquent et peuvent être contrôlés à distance grâce à une console gérant jusqu’à 1500 points d’arrosage!

Une consommation d’eau réduite de 30 000 m3

D’une surface de 28 hectares, le Parc Bordelais est un des sites emblématiques de la ville de Bordeaux. Conçu par le paysagiste Eugène Bühler, ce parc paysager à l’anglaise de la in du XIXe siècle est composé, entre autres, d’une vaste pelouse à l’entrée et d’une pièce d’eau de 1,1 hectare de supericie pour 80 centimètres de profondeur. Cette dernière est alimentée par un forage dans la nappe profonde oligocène qui remplit un premier petit bassin se déversant ensuite en cascade dans le bassin principal. Cette nappe est également utilisée pour l’arrosage des plantations du parc. Ces dernières années, le suivi des relevés de consommation d’eau a révélé des problèmes de fuite sans doute liés à la perméabilité du bassin (béton issuré par les racines des arbres). En 2004, la consommation a atteint un pic de 500000 mètres cubes. Pour réduire la quantité d’eau utilisée et limiter la pression sur la nappe, la direction des parcs et jardins a décidé d’entreprendre différentes actions. Un système de recyclage entre le petit et le grand bassin a été mis en place, avec trois aérateurs pour favoriser la circulation de l’eau et limiter les phénomènes d’eutrophisation. Une vidange complète a permis le curage des boues (2000 mètres cubes) et la réalisation de travaux d’étanchéité avec la pose d’une géomembrane en polyéthylène haute densité d’une épaisseur d’un millimètre et garantie dix ans. Enin, une station de iltration a été installée en sortie de bassin ain d’améliorer la qualité de l’eau utilisée pour l’arrosage du parc. Les surfaces arrosées ont pu être limitées grâce à l’instauration parallèle d’un plan de gestion différenciée sur le site. Malgré la survenue de nouveaux problèmes de fuite sur le bassin, cette approche globale a fortement réduit la consommation d’eau (environ 30000 m3 en 2014). [ Yaël Haddad

Parc Bordelais

raient par exemple être comprises entre 10 et

40 % pour les débits moyens annuels**. Les

évolutions ne seront pas forcément linéaires et

il est délicat de dessiner à partir de ces seuls

chiffres une évolution à l’horizon 2030. Il est

également quasi certain que les épisodes de

sécheresse deviendront plus intenses, plus

longs et plus étendus géographiquement. ■

*Source : mémento technique « Irrigation des espaces

verts », BRL Exploitation

**Source : étude « Ressources et besoins en eau

en France à l’horizon 2030 », BRL Ingénierie

Le Parc Bordelais comprend une pièce d’eau de 1,1 ha.

Conseil général du Val-de-Marne

Sondes tensiométriques : des arbres suivis de près Le département du Val-de-Marne est, depuis

près de vingt-cinq ans, précurseur en matière de gestion du patrimoine arboré des bords de route.

Il possède aujourd’hui plus de 30000 sujets et compte chaque année entre 200 et 400 nouvelles plantations. Entre 2004 et 2006, le service arboriculture a mené une expérimentation,

avec l’aide du bureau d’études Hydrasol, qui

s’est appuyée sur l’installation de sondes tensiométriques. Dix sites (soit 548 arbres),

offrant une palette d’espèces et de conditions

de plantation diversiiées, ont été sélectionnés.

Pour chaque alignement, une partie des arbres

a été arrosée de façon systématique tous les

quinze jours, à raison de 100 litres d’eau par arbre, d’avril à septembre. Sur une autre portion, l’irrigation n’a été programmée qu’après analyse des mesures du potentiel hydrique du sol, lequelles permettent d’apprécier le niveau d’humidité réel aux abords du système racinaire. L’expérimentation a montré que l’utilisation de la méthode tensiométrique permettait de réaliser des économies substantielles du fait

de la baisse des quantités d’eau utilisées (–40 %)

et du nombre de passages (–44 %), ce qui a généré

une baisse de 20 % du coût global de l’arrosage (en tenant compte du coût du matériel et de l’analyse des données). En outre, la reprise des arbres

s’est vu améliorée, avec un taux proche de 100 % pour les arbres suivis par tensiométrie. Un constat qui peut s’expliquer par le fait que les excès d’eau

peuvent être aussi néfastes que les manques. [ Y. H.CO

NS

EIL

RA

LD

U V

AL-D

E-M

AR

NE

VIL

LE

DE B

OR

DE

AU

X,

SE

RV

ICE

ES

PA

CE

SV

ER

TS

39

3 questions à…

Matériel & Paysage : Peut-on parler d’une nouvelle génération « connectée » de matériels d’arrosage ?Abdelkader Bensaoud : Les systèmes de gestion centralisée de l’arrosage se sont développés dès le début des années 1990. Leurs atouts furent considérables pour la consommation d’eau et la maintenance des installations : maîtrise des arrosages en fréquence et en durée, remontées d’informations, alarmes et détection des fuites... Mais l’évolution souhaitée de la connectivité des outils de gestion de l’arrosage n’a pas suivi. Les systèmes de pilotage doivent aujourd'hui être sans il, autonomes en énergie, peu consommateurs, avec des coûts de fonctionnement et de maintenance minimum. Lorsque ces freins seront levés, nous pourrons alors parler d’une nouvelle génération connectée de matériels d’arrosage.

M&P : La combinaison des technologies disponibles est-elle sufisante pour garantir un arrosage autonome et eficace ? A. B. : L’autonomie du pilotage se fait aux dépens de l’eficacité de ces arrosages. Cette autonomie est en effet relative, car les outils de prise de décision n’ont pas suivi le même développement que les installations et le matériel de supervision. L’optimisation des paramètres de l’arrosage (fréquence, dose/durée, cadence) ne peut se faire que grâce à une parfaite connaissance de l’évolution de l’eau du sol disponible pour la plante. Les systèmes de suivi automatique de l’état hydrique du sol collectent des mesures via des sondes ou des capteurs et analysent ces données grâce à un algorithme interprétatif capable d'ajuster l’arrosage. Toutefois, l'intégration de ces solutions aux équipements

d’arrosage se heurte à la diversité des produits et à la protection des sources informatiques par leur fabricant. La combinaison optimale des technologies disponibles à tous les maillons de la chaîne de l’arrosage n'existe pas. Il faudra encore attendre quelques années pour aboutir à un système expert dans le pilotage autonome et eficace de l’arrosage.

M&P : Quels sont les procédés et les matériels les plus utilisés par les collectivités ?A. B. : Environ 40 % des communes interrogées dans l’étude de Plante & Cité, à laquelle Hydrasol a participé, utilisent la gestion technique

centralisée pour l’arrosage des espaces verts. Les sites plus « soignés » adoptent l'arrosage programmable localement, avec la contrainte de se déplacer souvent pour ajuster les programmations. Les collectivités souhaitant optimiser les arrosages de leurs espaces verts optent en priorité pour le suivi des besoins hydriques des végétaux et une meilleure maîtrise ou une rénovation du réseau d’irrigation existant. Après intervention de notre entreprise Hydrasol, l’arrosage ajusté aux besoins hydriques des végétaux réduit la consommation d’eau de 75 à 80 %. En cas d’arrosage manuel, les gestionnaires arrosent plus pour moins se déplacer, avec un impact négatif sur les plantes. En arrosage automatique, la tendance à arroser trop se traduit par une augmentation des fréquences. Enin, peu d’entreprises et de collectivités sont équipées de compteurs volumétriques pour contrôler les doses apportées.

Abdelkader Bensaoud,ingénieur en techniques de l’horticulture et du paysage (société Hydrasol)

UN CONSTRUCTEUR A VOTRE ECOUTE

A la conquête de l’Espace Vert

Chauvency St-Hubert - F - 55600 Montmédy - Tél. : 03 29 80 13 32 - Fax : 03 29 80 23 63

E-mail : [email protected] - Site : bugnot.com

Une large gamme de BROYEURS DE BRANCHES ET VÉGÉTAUX

Gestion de l'eauDOSSIER40

MATÉRIEL ET PAYSAGE N° 112 - JUIN-JUILLET 2015

Àl’échelon de notre territoire national, les

ressources en eau sont abondantes.

Mais cette analyse globale cache des

disparités entre les régions et dans le temps,

avec des périodes où les précipitations ne

sufisent plus pour recharger les réserves et

satisfaire les besoins. Ces dernières années,

les arrêtés portant sur des restrictions voire

des interdictions d’arrosage se sont multipliés.

En outre, les collectivités territoriales sont de

plus en plus engagées dans des démarches de

développement durable et œuvrent notamment

pour la préservation des ressources naturelles.

Au sein des services techniques, le secteur

des espaces verts igure parmi les plus gros

consommateurs d’eau, principalement pour

l’arrosage des aménagements végétalisés

(65 % de la consommation), mais aussi pour

l’alimentation des bassins, fontaines et jeux

d’eau (20 %), les bâtiments techniques, le

lavage des véhicules et le nettoyage des

terrains de sport synthétiques. En parallèle

d’une recherche d’installations et de matériels

performants, d’autres approches peuvent être

mises en place pour une gestion raisonnée de

l’arrosage : développer des solutions alterna-

tives pour réduire l’utilisation de l’eau potable

(eau de pluie, de forage ou eau usée recyclée),

améliorer les pratiques culturales, privilégier

une palette végétale moins exigeante.

En 2013, Plante & Cité a réalisé une enquête

sur les pratiques en matière d’arrosage des

espaces verts auprès des gestionnaires de

Aujourd’hui, les collectivités ont un devoir d’exemplarité, particulièrement en ce qui concerne la gestion d’une des ressources les plus précieuses de la planète : l’or bleu. Plusieurs études, notamment celles menées par Plante & Cité, Hortis et des bureaux d’études, permettent de mieux comprendre les enjeux. Une « Journée technique » à l’initiative de Plante & Cité s’est déroulée en novembre dernier à Bordeaux : les démarches déjà orchestrées dans les villes et les pistes de réflexion sont nombreuses et souvent complémentaires. [ Par Yaël Haddad

SUR LE TERRAIN

LE COMBAT DE L’EAUDES SERVICES ESPACES VERTS

collectivités territoriales, car il était apparu

que les données disponibles dans ce domaine

étaient assez rares. L’objectif était de réaliser

un état des lieux des pratiques et des moyens

mis en œuvre pour développer une stratégie

de gestion raisonnée des ressources en eau

potable. Il s’agissait aussi d’étudier leur évo-

lution en s’appuyant sur une autre enquête,

élaborée en 2011 par Hortis, les responsables

d’espaces nature en ville et les bureaux

d’études Hydrasol et Sol Paysage.

État des lieux des pratiques d’arrosagedans les collectivitésUne synthèse des résultats a été présentée

lors d’une « Journée technique » Plante & Cité

organisée à Bordeaux, en novembre dernier.

Elle fait ressortir des baisses de consommation

plus importantes dans les villes de la moitié

sud de la France que dans celles de la moitié

nord et le développement de l’utilisation de

solutions alternatives à l’eau potable.

En toute logique, les collectivités basées

dans la moitié sud arrosent plus (32 % de

leurs surfaces) que celles de la moitié nord

(11 %). Des pourcentages qui sont légère-

ment en baisse par rapport à 2001 (39 % et

13 %). Les espaces les plus arrosés sont les

terrains de sport et la production horticole

(70 % des surfaces), puis les jardins fami-

liaux (39 %) et les parcs et squares (35 %).

Concernant les arbres d’alignement, seules

les jeunes plantations de moins de trois ans

sont arrosées. Mais leur arrosage a globale-

ment diminué, pour passer de 75 % à 57 %,

avec une nette disparité entre les villes de la

moitié sud (80 % des jeunes arbres arrosés)

et celles de la moitié nord (41 %). En grande

majorité, l’arrosage est géré en régie par

les services espaces verts, car ce mode

de gestion est jugé plus économique, plus

qualitatif et permet une plus grande réactivité

et responsabilisation des agents. La quantité

moyenne annuelle d’eau consommée s’élève

à 2200 m3/ha dans la partie nord (–7 % par

rapport à 2001) et 2880 m3/ha dans la partie

Les retenues d’eaux pluviales font partiedes solutions alternatives à l’utilisation

de l’eau potable pour l’arrosage.

41

MATÉRIEL ET PAYSAGE N° 112 - JUIN-JUILLET 2015

sud (–27 %). L’arrosage représente 6 % du

budget global de fonctionnement des services

espaces verts, un chiffre cachant un écart

entre le Nord (3 %) et le Sud (11 %), avec un

coût moyen consacré à l’arrosage estimé à

0,18 €/m2/an. Selon les collectivités, le budget

eau est affecté ou non directement à celui

des espaces verts.

Concernant le pilotage de l’arrosage, les

enquêtes montrent que le déclenchement est

encore bien souvent empirique, parfois basé

sur les données météorologiques locales et

plus rarement sur la teneur réelle de l’eau

disponible dans le sol pour les plantes.

Quelles alternatives à l’eau potable?Plusieurs solutions de remplacement existent :

l’utilisation d’eaux brutes ou d’eaux pluviales,

ou encore d’eaux usées recyclées. Les eaux

brutes regroupent plusieurs catégories (eaux

souterraines, eaux libres de surface) et ont un

point commun : celui de ne pas avoir subi de

traitement avant utilisation. L’eau souterraine

provient de forages tandis que les eaux libres

ont été pompées dans les cours d’eau ou les

canaux. Ces prélèvements doivent respec-

ter les réglementations en vigueur (code de

l’environnement), avec déclaration ou demande

d’autorisation selon les cas. Notons qu’il est

indispensable, pour ne pas encrasser le réseau

d’arrosage avec les particules en suspension

présentes dans ces eaux, de prévoir une iltration.

Si l’étude de Plante & Cité n’a pas permis de

connaître les consommations par « type »

d’eau, elle précise toutefois certaines données

et souligne l’évolution des consommations

depuis 2001. Ainsi, 91 % des communes uti-

lisent de l’eau potable, 54 % des eaux issues

de forages (contre seulement 13 % en 2001),

61 % des eaux pluviales (contre 0,6 % en

2001), 32 % des eaux libres de surface, et 2 %

seulement des eaux usées traitées.

Eaux brutes et eaux pluviales en nette progressionEntre 2001 et 2013, l’utilisation des eaux brutes

et des eaux pluviales a montré une bonne

progression dans les collectivités territoriales.

Concernant les eaux brutes, les disparités

entre les villes quant aux quantités utilisées

sont importantes avec, pour les eaux issues de

forages par exemple, plus de 66000 m3 pour

La Rochelle (soit la moitié du volume d’eau

global consommé), 30000 m3 pour Orléans

(27 % du volume total) ou 37000 m3 (19 %)

pour Bordeaux. Pour les eaux libres de sur-

face, l’enquête souligne également une grande

variabilité, allant de 10000 m3 pour Angers (6 %)

à 100000 m3 pour la ville de Vichy (84 % de

la consommation globale). L’alternative ayant

suscité la plus forte évolution concerne les eaux

pluviales, avec une augmentation de plus de

60 %. Mais les quantités consommées pour

l’arrosage restent marginales au regard de la

consommation globale des communes pour

cette tâche, de l’ordre de 1 %, à quelques

exceptions près. Les eaux pluviales utilisées

pour l’arrosage peuvent être stockées dans

des bassins permettant une décantation et

une filtration par phytoépuration ou dans

des cuves enterrées. Les principaux freins

restent le stockage dificile des (importantes)

quantités d’eau dans les zones urbanisées, en

attendant leur utilisation en période de faible

précipitation, et le coût des installations pour

des systèmes enterrés. La distance entre les

lieux de stockage ou la source et les points

d’utilisation compte également.

Quelques collectivités territoriales, comme la

ville de Poitiers ou d’Orly, ont aussi expérimenté

le recyclage des eaux de piscine. En effet, les

communes sont tenues d’effectuer des renou-

L’ARROSAGE AVEC DES EAUX USÉES RECYCLÉES EST UNE PRATIQUE ENCORE PEU COURANTE EN FRANCE. LES PRINCIPALES EXPÉRIENCES

ONT ÉTÉ DÉVELOPPÉES SUR DES GOLFS.

MI D

OR

BE

AU

Y.H

.

Gestion de l’eau

MATÉRIEL ET PAYSAGE N° 112 - JUIN-JUILLET 2015

DOSSIER42 DOSSIER42

vellements partiels journaliers, ainsi que deux

vidanges complètes par an. Après 48 heures

de stockage dans des bassins ou cuves de

décantation, la quantité de chlore présente

initialement a fortement diminué. L’eau peut être

utilisée sans restriction pour l’arrosage, ainsi

que pour l’alimentation de bassins d’agrément

ou le lavage des véhicules techniques. Mais

cette démarche reste encore peu développée

au regard du nombre de collectivités équipées

d’une piscine publique, là encore probablement

du fait des dificultés de stockage.

Une avancée encore timide pourle recyclage des eaux usées traitéesL’utilisation d’eau usée recyclée en France,

notamment pour l’arrosage des espaces

verts, reste encore très marginale, avec des

expériences principalement développées pour

l’arrosage des golfs ou dans des communes

côtières touristiques (Pornic, Sainte-Maxime,

Royan, Cap-d’Agde, Rochefort-sur-Mer). Outre

son intérêt pour la préservation des ressources

en eau potable, cette solution permet égale-

ment de diminuer les rejets issus des stations

d’épuration dans le milieu naturel ou de différer

ces rejets dans le temps. Un atout majeur,

surtout pour les villes touristiques qui voient

leur consommation fortement augmenter à

certaines périodes, provoquant une satura-

tion des équipements de traitement. Selon

les collectivités étudiées par Plante & Cité, le

faible taux d’expériences en France est lié aux

contraintes administratives, réglementaires et

techniques. Un autre frein pourrait être d’ordre

psychologique : le fait de parler de la réutilisa-

tion d’eaux usées donne une image négative.

Ce n’est pas le cas dans d’autres régions du

monde comme au Moyen-Orient, en Asie,

en Australie, en Chine ou dans certains États

d’Amérique du Nord et, plus près de chez

nous, en Espagne, où c’est une pratique cou-

rante. C’est ce qu’a souligné Nicolas Condom,

d’Ecoilae, un cabinet indépendant de conseil

et de formation spécialisé dans ce domaine,

lors de la Journée technique Plante & Cité

de Bordeaux. Par exemple, dans le Sultanat

d’Oman, 70 % des eaux usées domestiques

sont recyclés et les jardins de la grande mos-

quée de Qaboos sont entièrement irrigués

avec des eaux usées traitées.

Pour cet expert des questions de réutilisation,

la clé de la réussite d’un tel projet passe par

plusieurs étapes :

- sensibilisation des acteurs techniques et

développement d’un langage commun;

- étude de faisabilité qui met en lumière les

moteurs et les freins présents sur le territoire

(aspects environnementaux, socio-écono-

miques, réglementaires…);

- étude de diagnostic pour évaluer la viabilité

technique et économique du projet et déter-

miner les options;

- mise en place d’une expérience pilote;

- déploiement du projet à grande échelle.

L’arrêté du 2 août 2010 relatif à « l’utilisation

d’eaux issues du traitement d’épuration des

eaux résiduaires urbaines pour l’irrigation de

cultures ou d’espaces verts » imposait de réa-

liser un suivi de la qualité des eaux durant six

mois sur une zone coninée avant de pouvoir

étendre le projet plus largement, ce qui était

jugé très contraignant. Il a été partiellement

révisé en date du 27 juin 2014. « Si ce point a

été remplacé par la nécessité de respecter des

contraintes liées au vent, et d’autres éléments

clariiés, il reste que ce texte devrait encore

évoluer si l’on souhaite faciliter l’arrosage des

espaces verts publics avec des eaux usées

traitées. Car les précautions en termes sanitaires

sont encore trop contraignantes », souligne

Nicolas Condom.

Le paillage, ici à base de Miscanthus, permet de limiter les pertes d’eau du sol.

BIO

LA

ND

ES

LE PARC BORDELAIS A FAIT L’OBJET D’UNE RÉFLEXION GLOBALEPOUR RÉDUIRE SA CONSOMMATION D’EAU. ICI, LE BASSIN AU NIVEAU DE LA ZONE DE POMPAGE.

PLA

NT

E &

CIT

É

Faire évoluer la palette végétaleet les pratiques culturalesLa rationalisation de l’arrosage des espaces

végétalisés doit aussi être pensée dès la

conception des projets pour permettre de

limiter les espaces qui doivent faire l’objet d’un

arrosage régulier pendant la saison végétative.

Il faut tout d’abord s’intéresser aux végétaux et

sélectionner une palette d’espèces rustiques

tolérantes au stress hydrique, si l’on souhaite

privilégier les aménagements ne nécessitant

plus d'arrosage après la phase d’installation.

Les bulbes, graminées et vivaces, les leu-

rissements printaniers plutôt qu’estivaux, les

plantations pérennes à base d’arbustes et

les massifs de pleine terre prendront le pas

sur les compositions estivales d’annuelles

et les systèmes hors-sols.

Il faut ensuite veiller à la qualité du substrat,

support des plantations. Pour cela, il faut

travailler sur sa composition et sa structure,

favoriser la conservation de la vie biologique,

mais aussi éviter les sols nus en protégeant

la surface par un paillage, ain d’améliorer

sa capacité de rétention d’eau et limiter

l’évaporation. Les pratiques culturales ont

également un impact sur les

propriétés du sol : l’apport de

matière organique favorise la

rétention d’eau et les planta-

tions réalisées à l’automne

nécessitent moins d’arrosage

pour leur implantation. Dans

les régions méditerranéennes,

les surfaces engazonnées à

base de graminées peuvent

être remplacées par des

aménagements à base de

Cynodon ou Zoysia, des

espèces tapissantes donnant un effet simi-

laire mais supportant mieux les conditions de

sécheresse. Les actions de communication

auprès du public doivent expliquer les enjeux

environnementaux liés à la réduction des

arrosages et faire accepter des pelouses

d’ornement ou des massifs leuris tempo-

rairement en souffrance. ■

MATÉRIEL ET PAYSAGE - N° 112 - JUIN-JUILLET 2015

43

• « Étude sur la gestion raisonnée de l’arrosage en espaces verts : état des lieux des pratiques et perspectives d’évolution. Stratégies d’économie de la ressource en eau », Plante & Cité, juin 2014, 28 pages.

• « Gestion de l’arrosage dans les espaces verts. Stratégie et leviers pour préserver la ressource en eau », compte rendu de la Journée technique Plante & Cité, Bordeaux, novembre 2014, 31 pages.

Pour en savoir plus

Le système TensioManager a été mis au point par Viveris Technologies et Hydrasol. Cette solution électronique déclenche et stocke de façon automatique

les mesures émises par des sondes tensiométriques implantées dans le sol à différentes profondeurs. TensioManager transmet

les données au serveur central de la société Hydrasol, qui les analyse

et les met en ligne sur son site Tensiomanager.com

VIV

ER

IST

EC

HN

OLO

GIE

S