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La sagesse orientale en quelques mots 1/9
La sagesse orientale en quelques mots
La seule source de la souffrance est notre résistance à la réalité.
Qu’est-ce qui manque au moment présent?
As-tu un problème à cet instant précis?
Table des matières
Vivre dans le monde réel .............................................................................................................................. 1
La seule réalité : “ici et maintenant” ........................................................................................................ 1
La pensée est l’instrument qui nous permet d’échapper au présent ....................................................... 2
La seule source de notre souffrance : la résistance à la réalité ................................................................ 2
La libération de la domination de la pensée, condition de notre salut .................................................... 3
L’action affirmative, règle de santé .......................................................................................................... 4
Se connaître soi-même ................................................................................................................................. 4
Ce que nous ne sommes pas ..................................................................................................................... 4
Ce que nous sommes ................................................................................................................................ 5
Conséquences pratiques ........................................................................................................................... 6
Le réveil ......................................................................................................................................................... 6
En route vers l’illumination ....................................................................................................................... 7
Les pratiques néfastes .............................................................................................................................. 8
La vie consciente ....................................................................................................................................... 8
Vivre dans le monde réel
Une partie essentielle de la sagesse orientale est fondée sur les observations suivantes:
La seule réalité : “ici et maintenant”
Tout ce qui arrive ne peut se arriver qu’au moment présent. Nous découvrons le monde réel à travers la
contemplation de ce qui est ici et maintenant. Le présent n’est pas la somme de tous les événements
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qui se déroulent à un moment donné. Ce n’est pas non plus un imperceptible état transitoire entre le
futur et le passé. Le présent est l’espace dans lequel les événements ont lieu.
Ce qui existe ou se produit dans le présent est réel. Tout ce qui n'est pas le cas dans le présent n'est pas
réel. C’est le produit est la source de notre imagination.
La pensée est l’instrument qui nous permet d’échapper au présent
Quand l’intelligence considère les événements, elle les transforme immédiatement en concepts : elle les
nomme, interprète, classifie et juge. Et par l’analyse de ces concepts nous n’approfondissons pas notre
connaissance du monde. La seule chose que nous approfondissons, c’est nos pensées. L’intelligence est
un outil merveilleux, mais tout ce qui ne peut pas être converti en concepts lui échappe.
L’intelligence est incapable de saisir le présent parce que le présent n’est pas un objet: c’est un espace,
c’est-à-dire rien. Pour découvrir le monde, nous devons arrêter de penser, mettre un terme au
monologue incessant qui se déroule dans notre tête. Nous devons contempler sans l’aide de pensées,
d’analyses, de commentaires et de jugements.
L’esprit analyse constamment le passé et fait des plans pour l’avenir, tout en traitant le présent comme
un moyen pour atteindre un but qui est sans cesse reporté. Sous le règne de l’intelligence, nous nous
comportons comme des ânes qui courent sans fin derrière une carotte. Alors que la plénitude se trouve
déjà dans le présent. Que manque-t-il au moment présent, que faut-il lui rajouter ?
La seule source de notre souffrance : la résistance à la réalité
La résistance est un phénomène dû à la domination de la pensée sur notre espace intérieur. Elle consiste
à dénier la réalité au nom de raisons imaginaires. Voici une courte illustration qui nous permet de
comprendre ce mécanisme.
Imaginez la situation suivante : vous rentrez chez vous le soir et vous trouvez au bas de votre porte un
panier contenant un bébé. Un enfant vient d’apparaître dans votre vie, que vous le vouliez ou non. Nier
ce fait n’a aucun sens. Il serait absurde de faire comme si l’enfant n’existait pas, enjamber le panier,
entrer dans la maison et fermer la porte derrière soi. Ne résistez pas à ce qui vient d’apparaître.
Reconnaissez la réalité. L'attitude négative (crier “Non, non, non !”) ne résout rien. Tout ce que nous
pouvons faire, c’est accepter, mettre fin à notre résistance. C’est notre résistance qui est la source de
notre souffrance, pas l’événement en lui-même.
Un enfant a l’habitude de pleurer et de soulager ses besoins sur place. Telle est sa nature. Ne jugez pas
la réalité. L’attitude négative (se plaindre) n’a aucun sens. Un enfant est un enfant, il faut s’en occuper.
Tout ce que nous pouvons faire, c’est accepter, mettre fin à notre résistance. C’est notre résistance qui
est la source de notre souffrance, pas la réalité.
Un enfant ne nait pas tout seul. Tôt ou tard, ses parents viendront, remercieront pour les soins,
demanderont pardon pour la gêne occasionnée et l’emmèneront avec eux, même si vous commenciez à
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l’aimer. Tout arrive à sa fin. L’attitude négative (crier “Non, non, non !”) n'a aucun sens. N’essayez pas
de retenir ce qui est déjà parti. Tout ce que nous pouvons faire, c’est accepter, mettre fin à notre
résistance. C’est la résistance qui est la seule source de nos souffrances.
Quand notre intelligence nous oblige à nous concentrer sur l’avenir, une tension interne fait son
apparition : l’anxiété, le stress, les soucis et les autres formes de la peur. Et quand notre intelligence
nous oblige à nous concentrer sur le passé, c’est au tour du ressentiment, de l’amertume, de la tristesse,
de la culpabilité et d’autres manifestations de la rancune d’apparaître. Cependant, aucun problème
n’existe dans le présent. Avez-vous un quelconque problème à cet instant précis ?
Adam et Ève abandonnèrent le paradis pour avoir mangé le fruit de la connaissance du bien et du mal,
c’est-à-dire pour avoir commencé à faire des jugements qualitatifs sur le monde et les événements. Ils
cessèrent d’accepter le monde comme il est et commencèrent à fantasmer sur la forme que le monde
devrait avoir. Comme nous l’avons constaté, la résistance (due à la prédominance de l’intelligence) est la
seule source de nos souffrances. Pour revenir au paradis, il suffit de faire le chemin inverse : se libérer
de la domination de la pensée – accepter la réalité telle qu’elle est – et vivre dans le présent – ici et
maintenant. La douleur peut faire partie du présent et nous pouvons l’accepter.
Quand nous acceptons la réalité, nous commençons à voir les choses telles qu’elles sont. Nous cessons
de les évaluer, de leur mettre des noms, de les définir, de les cataloguer, de les associer, de les
comparer ou de leur chercher un sens, une justification ou une explication. Nous cessons d’avoir peur du
vide, du silence, de notre ignorance, de notre incertitude.
La libération de la domination de la pensée, condition de notre salut
La contemplation du monde sans l’intermédiaire de la pensée nous permet de voir et de sentir
beaucoup plus. Parce que l’intelligence ne s’arrête qu’à ce qu’elle peut capter. Les choses les plus
importantes lui échappent : le présent, l’espace, le silence, la paix, la joie, la beauté, l'amour...
Il suffit de s’asseoir immobile quelques minutes pour que nos pensées s'apaisent, diminuent, et
finalement disparaissent. Si, dans cet état, nous tournons notre attention vers notre corps ou notre
respiration, nous prenons conscience de la vie qui nous anime. Nous réalisons que le monde qui nous
entoure est vivant. Nous sentons que nous faisons partie de l'univers. Notre sentiment d’aliénation et de
peur disparaît. Le seul obstacle était notre habitude de regarder le monde à travers le prisme de la
pensée.
C’est notre intelligence qui, en nommant les choses, les sépare du reste du monde. Elle les analyse en
abstraction de l’ensemble, de la totalité. Cependant, ce n’est que quand nous prenons conscience que
nous faisons partie d'une force de vie plus vaste que nous acceptons notre éphémérité, et c’est ce qui
nous permet enfin de jouir du monde.
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L’action affirmative
Toute résistance, tout comportement négatif est déraisonnable, irrationnel et nuisible. L’action
affirmative consiste à, dans un premier temps, reconnaître la réalité telle qu’elle est dans le présent,
puis à l’accepter, enfin choisir l’une des trois attitudes suivantes :
1. on accepte la situation telle qu’elle est (on ne la change pas), ou
2. on se retire de la situation, ou
3. on entreprend les mesures destinées à changer la situation présente.
Dans un tel comportement, il n’y pas la moindre négativité. Il n’y a pas de place pour la victimisation, les
plaintes ou les problèmes. L’acceptation de la réalité marque la fin du malheur et de la souffrance.
Se connaître soi-même
La psychologie moderne nous enseigne que nous nous comportons en accord avec l’image que nous
avons de nous-mêmes. Toute sagesse propose une réponse à la question « Qui suis-je? ». Une telle
connaissance est cruciale au moment de faire des choix dans chaque situation concrète. La plupart des
religions propose une réponse s’appuyant sur ses propres mythes fondateurs. La sagesse orientale, elle,
n’a pas recours à cette astuce. C’est une sagesse ouvertement rationaliste.
Ce que nous ne sommes pas
Avant de répondre à la question « Qui suis-je? », la sagesse orientale s’attaque aux fausses images que
l’on peut avoir de soi-même. Le mode de raisonnement est le suivant:
Imaginons une personne dominée par la colère. Elle crie, se jette de tous les côtés, s’attaque au premier
venu. Nul ne peut la calmer. Quiconque essaie de lui parler est repoussé ou attaqué. Tant qu’une telle
personne demeure dans cet état de cécité, elle est incapable de penser rationnellement. Elle s’identifie
avec ses émotions, elle n’a pas de distance envers elles et n’est pas consciente d’elle-même. Nous aussi,
parfois, nous nous identifions à nos émotions. Cependant, nous ne sommes pas nos émotions.
Imaginons une personne qui s’identifie avec ses convictions ou ses croyances. Elle est convaincue qu’elle
a raison en tout, que le monde est régi par les idées qu’elle s’est forgées. Au nom de sa Vérité, elle est
capable d’imposer aux autres son propre point de vue. Elle rejette ou sous-estime tout ce qui est en
désaccord ses opinions. Une telle personne n’a pas de distance envers ses croyances. Nous aussi,
parfois, nous nous identifions à nos croyances. Cependant, nous ne sommes pas nos pensées. Nous ne
sommes pas non un flux de pensées : nous ne cessons pas d’exister lorsque nous cessons de penser
(pendant le sommeil, par exemple).
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Imaginons ceux qui s’identifient à leur fonction sociale : les juges et les avocats se couvrent de
vêtements étranges, les médecins se cachent derrière une blouse blanche, les professeurs universitaires
portent des chapeaux ridicules, les fonctionnaires se comportent différemment en uniforme ou en civil,
les mères et les pères ont peur de dévoiler leurs vrais sentiments devant leurs enfants... Le rôle qu’ils
jouent dans la société change leur manière d’être, de penser, de parler et d’agir. Ils s’identifient à leur
fonction sociale, ils n’ont pas de distance envers elle. Nous aussi, parfois, nous nous identifions à notre
rôle. Cependant, nous ne sommes pas la fonction sociale que nous exerçons.
Ne ne sommes pas non plus notre histoire ou les plans que nous pouvons avoir pour l’avenir : nous ne
cesserions pas d’exister s’il s’avérait que nous provenons d’une autre famille, que notre date de
naissance est différente, que nous avons changé de caractère, que nous avons un amnésie ou que nous
avons perdu la possibilité de réaliser nos projets ou nos rêves...
Ce que nous sommes
Nous ne sommes aucune des choses auxquelles il nous arrive de nous identifier. Alors QUI SOMMES-
NOUS?
Nous sommes l’espace dans lequel apparaissent et disparaissent des expériences, des pensées et des
émotions. Toutes sont instables. Nous, nous sommes l’espace qui perdure. Nous ne sommes pas un
objet, nous ne sommes pas notre corps, ni les circonstances de notre vie. Regardons la chambre dans
laquelle nous nous trouvons en ce moment. Elle comporte en elle plusieurs objets, mais la chambre elle-
même n’est pas un objet. Elle est l’espace dans lequel les choses peuvent se trouver et exister. On peut
ajouter ou retirer beaucoup de choses dans cette chambre, mais cela ne change en rien la chambre elle-
même.
Il est difficile de parler de l’espace, car ce n’est pas un objet. Toutefois, l’espace est plus réel que les
objets parce qu’il n’est pas temporaire. Ce n’est qu’en apparence que les affirmations suivantes
semblent paradoxales:
• Une chambre n’est pas une chose, donc elle n’est rien.
• Une chambre n’existe pas. Mais sans elle, les objets n’auraient pas où se trouver et exister.
Quand on enlève les parois d’une chambre, l’espace auparavant défini ne cesse pas d’exister : nous
cessons uniquement de le considérer comme un lieu différent. Tous les espaces sont, en fin de compte,
un unique espace. Les traiter comme des endroits différents n’est qu’une opération d’esprit qui n’a
aucune correspondance dans la réalité, c’est une illusion.
Suite à l’apparition d’objets dans l’espace, nous prenons conscience des choses, de l’espace et de la
conscience elle-même. Imaginons l’univers et supprimons tout, sauf deux galaxies. Quand l’une des
galaxie contemple l’autre, elle prend conscience des deux galaxies et de l’espace qui les sépare. Nous
pouvons nous considérer comme étant un microcosme : notre conscience naît de la contemplation des
choses qui apparaissent dans notre espace.
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Conséquences pratiques
En tant qu’êtres vivants, nous nous efforçons de nous développer et d’éviter la mort. On pourrait dire
que nos deux principales motivations sont la crainte de l'anéantissement (la peur) et la cupidité (nous
n’avons jamais assez). Lorsque nous nous identifions à quelque chose, l’objet en question, bien
qu’inanimé, hérite des caractéristiques des êtres vivants: nous nous soucions de son développement et
nous avons peur de sa disparition.
Si, par exemple, nous nous identifions à un certain point de vue, nous allons le renforcer à l’aide de tout
ce qui le confirme et nous serons aveugles à tout ce qui le conteste. Et si quelqu’un s’évertue à nous
faire voire que notre avis n’est pas entièrement correct, nous allons le défendre même violemment,
comme si on attaquait notre propre personne. Lorsque nous cessons de nous identifier à nos opinions,
nos pensées et nos émotions, elles finissent par montrer leur vraie nature : elles sont éphémères. Elles
apparaissent et disparaissent d’elle-mêmes.
Si une émotion ou une pensée nous domine pendant un certain temps, cela signifie que nous nous
identifions à elle. Nous ne pourrons pas nous en débarrasser en les combattant. Pour ce faire, il suffit de
les contempler, de prendre distance. En conséquence, nous cessons de nous y identifier. Cela suffit pour
que ces pensées ou ces émotions disparaissent d’elles-mêmes après un certain temps. Parce que
l’éphémérité est leur nature et c’est seulement notre identification à elles qui leur a donné de la gravité
et de l’importance.
Lorsque nous nous identifions à notre flux de pensées (« Je pense, donc je suis »), nous faisons tout
notre possible pour nourrir ce flux : nous sentons le besoin impétueux de penser constamment. Nous
avons peur du silence et nous laissons allumée la radio, la télévision, le walk-man ou toute autre chose.
Quand nous prenons conscience de notre vraie nature – nous sommes un espace dans lequel ont lieu
des phénomènes éphémères – cela marque la fin de la peur et du désir. En effet, nous sommes toujours
pleinement nous-mêmes. La conquête de nouveaux objets ou compétences n’ajoutera rien à ce que
nous sommes. L’espace est infini par nature et on ne peut pas l’agrandir. On ne peut pas le perdre non
plus, parce que ce n’est pas un objet. Par conséquent, notre motivation pour défendre ce que nous
avons diminue, tout comme notre envie d’acquérir toujours plus. Nous devenons libres. Libre de notre
cupidité maladive et de notre peur, nous cessons de répondre automatiquement aux stimuli extérieurs.
Notre modèle de comportement cesse d’être fondé sur la défense et sur l’attaque, il cesse d’être réactif.
Le réveil
Adam et Ève quittèrent le paradis par le fait d’avoir goûté au fruit de la connaissance du bien et du mal,
c’est-à-dire par le fait qu’ils commencèrent à émettre des jugements qualitatifs sur le monde et les
événements. Ils cessèrent d’accepter le monde tel qu’il est et commencèrent à fantasmer sur la façon
dont le monde devrait être agencé. Comme nous l’avons constaté, la résistance à la réalité (due à la
prédominance de la pensée) est la seule source de nos souffrances. Pour retrouver le paradis, il suffit de
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prendre le chemin inverse : se libérer de la domination de la pensée, accepter la réalité telle qu’elle est,
et vivre dans le présent (ici et maintenant).
Lorsque nous rêvons, il nous semble que notre rêve est réel. Ce n’est qu’en nous réveillant que nous
nous rendons compte que ces expériences sont éphémères, que ce sont donc des rêves. Pareillement,
dès que nous cessons de nous identifier avec nos pensées, nous nous rendons compte du caractère
éphémère de toute chose. Tout ce qui est éphémère est pareil à un rêve, ce n’est pas entièrement réel.
L’illumination consiste à se réveiller de notre identification avec les objets. Nous ne sommes pas notre
patrimoine, nos pensées, nos attributs ou notre situation vitale. Nous sommes l’espace qui contient ces
objets, le même espace que celui qui nous entoure.
En route vers l’illumination
Pour percevoir l’espace, nous avons besoin de perspective et d’éloignement. Nous ne nous rendons pas
conscience de la présence d’une chambre tant que cette pièce est remplie jusqu’au plafond. Pour
percevoir le silence, nous avons besoin de calme. Nous prendrons pas conscience du silence tans que la
musique le couvre. Pour que nous cessions de nous identifier à quelque chose, nous avons besoin de
prendre du recul par rapport à cette chose. Par exemple, tant que quelqu’un est en bonne santé, il
continue de s’identifier à son corps. Tant que quelqu’un est heureux, il continue de s’identifier à sa
situation de vie. Si quelqu’un est inébranlé, il continue de s’identifier plus ses convictions. La maladie, le
vieillissement, la mort, les malheurs et les catastrophes sont de bonnes occasions pour nous cessions de
nous identifier avec les choses, pour l’illumination. Nous avons des chance de prendre conscience de
l’espace quand contemplons les espaces vides laissés par les choses que nous avons aimé, auxquelles
nous nous sommes identifiés avec lesquelles nous avons dû nous séparer.
Lorsque le contenu, les sujets et les objets s’en vont, nous l’opportunité de nous réveiller du rêve de
l’identification à ces choses. L’arrière-plan d’un tableau ne devient visible qu’après avoir enlevé
plusieurs couches de peinture. Nous ne le distinguerons pas en ajoutant des couches de peinture
supplémentaire. De la même manière, nous ne nous réveillerons pas à force d’acquérir de nouvelles
connaissances ou d’accumuler de nouvelles expériences. Au contraire, la conscience n’apparaîtra qu’au
moment où nous aurons perdu suffisamment et où nous aurons contemplé le vide qui est apparu.
Nous pouvons créer des conditions favorables à l’apparition de la conscience de soi à travers:
• l’arrêt de notre flux de pensées
• l’écoute du silence
• la vie ici et maintenant
• l’acceptation de la réalité
• le renoncement à la résistance
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• le pardon
• la prise de distance envers soi-même
Les pratiques néfastes
On ne peut jamais prévoir si ou quand quelqu’un se réveillera de l’état d’inconscience. Toutefois, les
pratiques suivantes peuvent être un obstacle:
L’ascétisme – au lieu de se concentrer sur la réalité, on s’identifie à certains idéaux et cherche leur
accomplissement dans l’avenir. Alors que le réveil ne peut se produire qu’ici et maintenant. L’ascétisme
renforce chez ses adeptes une identification à une certaine image d’eux-mêmes, ce qui est le contraire
de la vie consciente.
Le moralisme – quelqu’un est toujours prêt à émettre des jugements moraux, il a une réponse préparée
pour toutes les situations. Il méprise la réalité au nom de ses convictions (“Ceci est toujours bien, cela est
toujours mal, et cette autre chose ne devrait pas être comme ça”).
L’humanisation de Dieu – Dieu est plus grand et plus mystérieux que nous le pensons. Ce n’est pas un
vieux à la barbe blanche. Ce n’est pas un homme non plus, ni même un être corporel. Et il n’est pas
extérieur à nous. Ne faisons pas de lui un fétiche.
L’impatience – “Quand cela se terminera-t-il ?” “Je voudrais ne pas être ici.” “J’attends le moment
suivant pour commencer à accepter le présent.”
Les attentes – “Cela ne devrait pas être comme ça.” “Je m’attendais à autre chose.”
La vie consciente
Quand nous cessons de nous accrocher à ce que nous avons, nous commençons à jouir de tout : nous
n’exigeons plus du monde qu’il soit différent pour que nous commencions à l’apprécier. Nous acceptons
la réalité telle qu’elle est – sans porter de jugement sur sa bonté ou sa mauvaiseté. Tout acquiert de
justes proportions. Rien n’est absolu ou immortel. Et cette perspective transforme toute notre
perception du monde.
Nous regardons les choses telles qu’elles sont. Nous cessons de les évaluer, de les nommer, de les
définir, de les cataloguer, de les associer, de les comparer ou de leur donner un sens, une justification
ou une explication. Nous n’avons plus peur du vide, du silence, de notre ignorance, de notre incertitude.
Il n’est pas vrai que le développement ou la croissance soit une valeur en soi, tout comme la récession et
la décroissance soit intrinsèquement mauvaises. C’est la pensée qui le perçoit ainsi. Le développement
est généralement considéré comme positif, mais rien ne peut croître indéfiniment. Quand une chose se
développe continuellement, elle devient monstrueuse et finit par s’auto-détruire. Sa décomposition est
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nécessaire pour quelque chose de nouveau puisse croître à son tour. La décroissance est
interdépendante de la croissance.
Tout ce qui naît dans l’espace est par nature bipolaire et sujet à la loi des contraires : à chaque bien
correspond un mal. Naissance et décès, lumière et obscurité, haut et bas... Chaque plaisir et chaque
sommet émotionnel contient en lui-même un grain de douleur – son inséparable contraire qui se révèle
après un certain temps. Cela dit, ce qui provient de la contemplation de l’espace n’a pas de contrepartie
négative : c’est la paix, l’amour et la joie.
Lorsque nous prenons conscience de l’espace, la paix qui règne dans ce vaste espace se communique à
nous. Nous ne sommes plus une particule insignifiante perdue dans un univers menaçant, vivant un
éclair de temps suspendue entre sa naissance et sa mort, jouissant quelques instants suivis
inévitablement par la douleur et l’anéantissement final. Lorsque nous prenons conscience de notre
unité avec notre entourage, nous sommes remplis d’amour pour la nature entière, nous expérimentons
la joie de l'existence.
Lectures recommandées
• Tao Te Ching – Laozi (livre de sagesse chinoise, écrit autour de 600 ans av. J.-C)
• Bhagavad Gita – Krishna (livre de sagesse indienne, écrit autour de l’an 400 av. J.-C)
• What the Buddha Taught – Dr Walpola Rahula, 1959 (résumé des enseignements de Siddhartha
Gautama, connu sous le nom de Bouddha, vivant autour de l’année 500 av. J.-C)
• Le pouvoir du moment présent – Eckhart Tolle, 1997