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LA SITUATION DES FEMMES DANS LE SYSTÈME D’ENSEIGNEMENT : UNE DOUBLE PERSPECTIVE Avis au ministre de l’Éducation juin 1984

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LA SITUATION DES FEMMES DANS LE SYSTÈME D’ENSEIGNEMENT :

UNE DOUBLE PERSPECTIVE

Avis au ministre de l’Éducation juin 1984

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Composition du Comité sur la situationdes femmes dans le système d’enseignementMme Christiane Bérubé-Gagné,présidente du comité et membre du CSEMme Madeleine Préclaire,Commission de l’éducation des adultesM. Norbert Rodrigue,Commission de l’éducation des adultesMme Françoise Simard,membre du CSEMme Jacqueline Ramoisy,secrétaire-rédactrice, agente de recherche du CSE

Avis adopté à la 296e réuniondu Conseil supérieur de l’éducationle 10mai1984

ISBN 2-550-07457-2Dépôt légal: deuxième trimestre 1984Bibliothèque nationale du Québec

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Table des matières

page

Introduction

1. Les actions éducatives et la situation des fillesdans le système d’éducation 21.1 L’orientation scolaire et professionnelle 2

1.1.1 La persistance de choix scolaires etprofessionnels différents pour les filles 2

1.1.2 Les causes de cet état de faits 31.2 Le matériel pédagogique et les programmes 7

1.2.1 Le matériel pédagogique 71.2.2 Les programmes 8

1.3 La vie étudiante 101.4 La formation et le perfectionnement des

enseignantes et enseignants 11

2. La situation des femmes dans les diversesfonctions du système d’enseignement 132.1 Les enseignantes 132.2 Les femmes cadres 15

2.2.1 D ans les commissions scolaires 152.2.2 Dans les collèges 162.2.3 Dans les universités 162.2.4 On observe une disproportion de

représentation entre la base (lesenseignantes) et le sommet (les femmescadres) 16

2.2.5 Dans les structures syndicales 172.2.6 Raisons de la sous-représentation des

femmes aux postes de gestion 182.3 Le personnel de soutien scolaire 20

2.3.1 Dans les commissions scolaires 2023.2 Dans les Cégeps 22

2.4 Les professionnels non-enseignants 222.5 Les enseignantes à temps partiel, les enseignantes

occasionnelles 22

3. Conclusion 27

Liste des recommandations 28

Conseil supérieur de l’éducation

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Annexe A: Les personnes consultées 31Annexe B: Documentation 32Annexe 1: Statistiques sur le personnel enseignant 36Annexe 2: Statistiques sur le personnel de direction

(primaire & secondaire) 37Annexe 3: Statistiques sur le personnel de direction

(cégep) 38Annexe 4: Statistiques sur le personnel de direction

(université) 39

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La situation des femmes dans le système d’enseignement: une double perspective 1

La situation des femmes dans le systèmed’enseignement: une double perspective

Avis adopté à la 296e réuniondu Conseil supérieur de l’éducationle 10mai1984

Lesfemmes dans le système d’enseignement, c’est comme l’air en montagne: plus on monte, plus c’est rare.

une participante.

1. Introduction

En mars 1979, le Conseil adressait une note au ministre de l’Êducat ionaccompagnée d’une vingtaine de recommandations traitant du partageéquitable des responsabilités dans les institutions d’enseignement et, auMinistère même, des programmes et du matériel scolaires, de l’accessibilité des services aux femmes, de la formation, du recyclage et duperfectionnement des agents d’éducation. Cinq ans plus tard et six ansaprès le rapport du Conseil du statut de la femme, Pour lesQuébécoises: égalité et indépendance, le Conseil a jugé essentiel derefaire le point dans une double perspective: celle d’évaluer le cheminparcouru en matière de désexisation de l’enseignement, des activitésscolaires et de l’éducation à l’exercice des rôles sociaux et celled’évaluer la situation des femmes dans le système d’enseignement euégard aux fonctions qu’elles y exercent.

Les raisons qui ont motivé le Conseil au réexamen de la question sontde plusieurs ordres: citons tout d’abord une prise de conscience de lalenteur de l’évolution globale de la situation qui cadrait mal avec lesprévisions faites il y a cinq ans. Ensuite, le contexte particulier de lacrise socio-économique des dernières années à laquelle sont attribuablesles signes évidents de recul que les femmes connaissent par rapport auxgains des années antérieures. A ces observations, s’ajoutait unepréoccupation liée aux mutations technologiques qui affecteront lastructure des emplois traditionnellement occupés par les femmes etpour lesquels on continue de les former. De plus, il y avait lieu des’interroger sur l’état de santé des divers mouvements et programmesde promotion des femmes dans le système scolaire.

Le Conseil a procédé à de nombreuses rencontres de consultationstenues à Montréal et à Québec auprès de femmes oeuvrant à tous lesniveaux d’enseignement et dans des fonctions très variées. Il a de plusétudié une importante documentation et analysé des statistiques sur laprésence des femmes dans les divers champs de l’éducation’. L’avis quisuit résulte donc de l’analyse approfondie de la situation à laquelle leConseil a procédé au cours des derniers mois.

I. La liste des personnes consultées et celle des principaux documents examinés parle Conseil setrouvent en annexe.

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2 Conseil supérieur de éducation

Première partie

1. Les actions éducatives et la situation des filles dans lesystème d’éducation

Dans l’analyse qu’il a faite de la situation le Conseil a retenu quatredimensions:

• L’orientation scolaire et professionnelle• Le matériel pédagogique et les programmes• La vie étudiante• La formation et le perfectionnement des enseignantes et enseignants.

1.1 L’orientation scolaire et professionnelle

1.1.1 La persistance de choix scolaires et professionnelsdifférents pour les filles

Absence de préparation Les témoignages recueillis au cours des consultations par le Conseil ontdes filles à l’autonomie insisté sur le fait que les filles, dans leur ensemble, ne considèrent pas le

financiere travail comme un facteur important de réalisation personnelle et ne se

préparent pas à assumer leur autonomie financière. Les perspectivesd’avenir de la plupart d’entre elles semblent limitées au mariage et à lamaternité; or, du fait des proportions prises par les divorces’ et de lalongévité accrue des femmes par rapport aux hommes, il a été démontréque 88% des femmes devront subvenir à leurs besoins, à un moment ouà un autre de leur vie2. De plus, la majorité des femmes âgéesconnaissent actuellement la pauvreté; ce sont des veuves qui n’ont paseu de travail rémunéré, n’ont pas cotisé à des pensions privées et quipossèdent très peu d’économies3.

Dans ce contexte, les intervenants rencontrés estiment aberrant que les.filles continuent à envisager le travail comme un pis-aller temporaire etnon comme s’inscrivant dans une perspective de carrière génératrice devalorisation personnelle et d’indépendance financière.

Les ghettos d’étude et Les cheminements scolaires des filles les conduisent encore aujourd’huid’emploi féminins à l’exercice de métiers et de professions traditionnellement féminins.

Ainsi que les statistiques le démontrent, les effectifs féminins continuentà être massivement concentrés dans un éventail très limité d’optionsliées au secrétariat, à la santé et à l’éducation.

I. D’après Statistique Canada, «Divorce: la loi et la famille au Canada» no 89-502F, février1983, le divorce en tant que facteur de dissolution d’un mariage est passé de 13% en 1967 auchiffre déjà considérable de4O% en 1976. En Il ans, de 1968 à fin 1979, il y n eu 500,000 divorces au Canada.

2. Allocution de Francine Harel-Giasson au forum du Conseil du Statut de la Femme, les 29 et30 octobre 1983.

3. «vieillir au féminin», Lcuise Dulude, 1978. Conseil consultatif de la situation de la Femme,Ottawa.

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La situation desfemmes dans le système d’enseignement: une double perspective 3

En 1981-82, près de 80% des filles diplômées du secondaire professionnel l’étaient en soins esthétiques (19-20%) et en secrétariat (62,5%)~;cette dernière spécialité fait aussi l’objet d’un choix substantiel aucollégial, puisque 40,5%~ des diplômées du secteur professionnel lesont en secrétariat.

En ce qui concerne la santé, 30,2% des diplômées de l’enseignementcollégial professionnel6 le sont en techniques infirmières.

Si l’on additionne les effectifs des diplômées du collégial en secrétariat(40,5%) et en techniques infirmières (32,2%), on constate que près de73% des diplômées du collégial professionnel le sont dans seulement2 spécialités «ghettos».

Donc, à la fois au secondaire et au collégial, entre 70 et 80% desdiplômées du secteur professionnel s’engouffrent dans le couloir étroitdes métiers traditionnellement féminins, qui sont soit saturés (dans lecas des techniques infirmières), soit appelés à connaître une diminutionrelative très importante du fait de l’introduction des nouvellestechnologies.

En ce qui concerne l’éducation, qui est également un secteur endécroissance, elle est choisie par une étudiante sur trois à l’université aupremier cycle (28,9% des diplômées ont obtenu un baccalauréat enéducation en 1980).

Quelles sont les raisons de ces orientations limitées des filles, qui leurferont connaître le chômage à court ou à moyen terme sans possibilitéde recyclage facile dans des branches d’activités plus prometteuses?

Les causes de la persistance 1.1.2 Les causes de cet état de faitsdes cheminements scolaires

différents Le Conseil a cherché à cerner les causes de la persistance decheminements scolaires différents pour les garçons et les filles. Ellessont nombreuses et les perspectives de changement apparaissentfaibles à moins d’actions concrètes, énergiques et concertées.

Le conditionnement De nombreux auteurs dont Simone de Beauvoir dans «Le deuxièmedes filles sexe» et Alfred Adler7 ont dénoncé le conditionnement auquel les filles

sont soUmises, qui les fait se détourner des sciences exactes. AlfredAdler dit: « Il y a un préjugé très fort contre les petites filles. On leur ditsouvent que le sexe féminin n’est pas doué pour les mathématiques».Simone de Beauvoir fait le même constat: «... Pour la jeune fille, aucontraire, il y a un divorce entre sa condition proprement humaine et sa

4. «Clientèle diplômée de l’enseignement secondaire en formation professionnelle, selon laspécialité et le sexe, réseaux public et privé», Direction des études économiques etdémographiques, Service de la démographie scolaire, M.E.Q., 1982. Données obtenues deLouise Barrette, Bureau de Coordination à la condition féminine, M.E.Q.

5. « Clientèle diplômée de l’enseignementcollégial en formation professionnelle, selon la famillede programmes et le sexe, réseaux public et privé, Québec». Direction générate del’enseignement collégial, M.E.Q., 1983, données obtenues de Louise Barrette, Bureau decoordination à la condition féminine, M.E.Q.

6. Idem.7. Alfred Adler, «L’enfant difficile», Paris, Petite Bibliothèque Payot, vol. no 15.

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4 Conseil supérieurde éducation

condition féminine. Ce qui rend relativement facile le départ du jeunehomme dans l’existence, c’est que sa vocation d’être humain et de mâlene se contrarient pas: déjà son enfance annonçait ce sort heureux.., ona souvent remarqué qu’à partir de la puberté, la jeune fille dans lesdomaines intellectuels et artistiques perd du terrain. Il y a beaucoup deraisons. Une des plus fréquentes, c’est que l’adolescente ne rencontrepas autour d’elle les encouragements qu’on accorde à ses frères; bien aucontraire, on veut qu’elle soit aussi une femme et il lui faut cumuler lescharges de son travail professionnel avec celui qu’implique sa féminité...Ce n’est pas, en effet, en augmentant sa valeur humaine qu’elle gagneradu prix aux yeux des mâles: c’est en se modelant sur leurs rêves... Etreféminine, c’est se montrer impotente, futile, passive, docile.»

En examinant les résultats scolaires des filles en mathématiques et ensciences on constate qu’ils ne sont pas inférieurs à ceux des garçons,bien au contraire. En effet, aux examens du Ministère de 4e secondaire,il y a une représentation équivalente des filles et des garçons dans lescours de sciences et les filles obtiennent des résultats équivalents etmême supérieurs à ceux des garçons dans toutes les options scientifiques; elles sont aussi plus présentes en mathématiques de voie enrichie.

Un aiguillage défectueux Par contre, le conditionnement social auquel les filles sont soumises adès la Se secondaire pour résultat que l’aiguillage à partir de la 5e secondaire est défectueux:

elles poursuivent moins en sciences en dernière année du secondaire, etla tendance s’accentue au collégial où, en 1982, elles ne comptent plusque pour 39,6% de la clientèle des sciences au secteur général8 et 10% decelle des techniques physiques dans le secteur professionnel9.

À l’université, en 1980, alors que sur l’ensemble des étudiants, lesfemmes sont légèrement majoritaires, à peine 12,3% des femmesdiplômées du ter cycle le sont en sciences pures et appliquées, alorsque, chez leurs confrères, la proportion est de 30,1%. Toujours au 1ercycle, moins de 10% des femmes diplômées le sont en administration,contre 21,7% chez leurs confrères’°.

Tout au long du cursus scolaire, il y a donc, à partir de la 5e secondaire,un délaissement progressif des filles pour les professions techniques etscientifiques d’avenir et leur confinement à des spécialités «féminines»cul-de-sac peu lucratives et peu considérées.

Les autres éléments D’autres éléments dc dissuasion doivent être mentionnés: le harcèle-de dissuasion ment sexuel et les formes de discrimination subies par les filles qui

optent pour une formation non traditionnelle. Ces éléments ont un

8. <(Clientèle inscrite à l’enseignement collégial en formation générale, selon la famille deprogrammes et le sexe, réseaux public et privé, Québec>. Direction générale de l’enseignementcollégial, M.E.Q., 1983, données obtenues de Louise Barrette, Bureau de coordination à lacondition féminine, M.E.Q.

9. <(Clientèle inscrite à l’enseignement collégial de formation professionnelle, selon la famille deprogrammes et le sexe, réseaux public et privé, Québec». Direction générale de l’enseignementcollégial, M.E.Q., 1983, données obtenues de Louise Barrette, Bureau de coordination à lacondition féminine, M.E.Q.

10. Clientèle diplômée de l’enseignement universitaire, selon la famille de disciplines et le sexe,Québec, 10 cycle, baccalauréats spécialisés’>, Direction des études économiques et démographiques, M.E.Q., 1983, données obtenues de Louise Barrette, Bureau de coordination à lacondition féminine, M.E.Q.

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La situation des femmes dans le système d’enseignement: une double perspective 5

impact négatif sur les choix d’option que les filles font, sur la poursuitede leurs études à un niveau supérieur, et sur le type d’emplois qu’ellesrechercheront.

Le harcèlement sexuel L’attention du Conseil a tout d’abord été attirée par différentsintervenants sur le harcèlement sexuel auquel les filles sont soumises.Un sondage réalisé au collège St-Jean-sur~Richelieu” révèle que 80%des répondantes déclarent avoir subi une ou plusieurs formes deharcèlement de la part des professeurs, employés de soutien etétudiants. Le rôle des professeurs y est décrit comme particulièrementinquiétant et dérangeant. Comme suite à ce sondage, la Fédération desCégeps commandite actuellement une étude sur le sujet à travers lesCégeps du Québec qui est supervisée par Philippe Ricard du Cégep deRosemont.

Les formes de Les rares filles qui optent quand même pour des voies moinsdiscrimination subies traditionnelles ne reçoivent pas l’appui de leur entourage (famille,

par les femmes qui , . .

choisissent une formation agents d education, professeurs, pairs). C est une situation semblablenon traditionnelle qui attend le garçon qui sort aussi des sentiers battus.

La fille qui se présente en techniques forestières est découragée par sesamies; elle subit les sarcasmes de son professeur qui l’exclut même deschantiers, <(agacée» aussi par certains de ses confrères, elle finira parchanger d’options au bout d’un trimestre’2. C’est un cas qui montre lesdifficultés d’en sortir, sans compter que la publicité sexiste existeencore pour les cours’3...

De plus, ainsi qu’un sondage réalisé en 1980 par l’Ordre des ingénieurssur le rôle de la femme ingénieure au Québec le démontre’4, les femmesqui choisissent des voies non traditionnelles «... (font) l’objet d’unecertaine forme de discrimination sur le marché du travail.., ladémocratisation de l’accessibilité à la carrière n’ayant pas atteint unminimum acceptable».

Des perspectivesd’emploi À ce tableau peu encourageant s’ajoute un certain pessimisme quantpessimistes pour les femmes aux perspectives d’emploi des femmes si aucun programme de

La réduction des effectifs redressement n’est entrepris; en effet: « Le couloir des métiers tradition—dans le secteur des services nels féminins, que les filles continuent massivement d’emprunter, se

rétrécit de jour en jour. Le développement de la micro-technologie etde la bureautique de même que les coupures de budget dans les servicespublics, nous permettent de prévoir une diminution importante dans lesecteur des services, secteur qui emploie actuellement 8 travailleusessur 10. Les filles se retrouveront donc non seulement au bas de l’échelle,mais carrément à côté de réchelle»’5.

Il. « Le sexisme au CÉGEP Saint-Jean-sur-Richelieu», polycopié.12. Cas rapporté par des étudiantes du CÉGEP de ste-Foy (techniques forestières).13. Dans le cadre d’une visite de la Commission de l’enseignement supérieur à l’Université Lavai

enjanvier 1984, les membres ont été à même de constater que la publicité pour la faculté dessciences de l’agriculture exposait des photos d’hommes agronomes, ingénieurs, etc. La seulephoto de femme représentée était celle d’une diététiste, profession «féminine» par excellence.

14. « Sondage sur le rôle de la femme ingénieure au Québec», rapport final, novembre 1980, p. 28.15. Michel Berthelot, «Travailler c’est trop dur pis s’marier c’est si beau.., ou l’orientation des

filles dans le contexte du virage technologique», communication présentée dans le cadre d’unatelier de la journée métropolitaine de l’enseignement professionnel, 30 août 1983.coordination à la condition féminine, ministère de l’Education.

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6 conseil supérieurde éducation

La nécessité d’un Les moyens d’action mis en oeuvre pour modifier l’ensemble de laprogramme de situation sont insuffisants. Le jeu « Vire—Vie» utilisé par le Ministère

redressement . . . .pour sensibiliser les filles a I importance de leurs choix scolaires etprofessionnels a besoin d’être revu pour actualiser les données et ensimplifier l’utilisation.

De plus, le jeu <(Vire-Vie» ne suffit pas: il faudrait élaborer unprogramme de redressement pour préparer les filles dans le cadre duvirage technologique et éviter qu’elles ne soient laissées en dehors. Ceprogramme, pour être efficace, devrait être précédé d’une étudeanalysant les motivations et les valeurs des filles de la fin du secondaire.

Recommandations du Le Conseil recommande que le Ministère de l’Éducation de concertConseil reiativement ~ avec les agents éducatifs:

l’orientation scolaireet professionnelle 1° Étudie les aspirations, besoins et valeurs des filles de

4e et 5e secondaire pour déterminer les modalités etétapes de réalisation d’un programme de sensibilisation aux choix scolaires et professionnels qui leurserait destiné, et qui pourrait être intégré au programme d’< Education au choix de carrière».

2° Mette sur pied subséquemment un tel programmede sensibilisation qui comprendrait 2 volets:

— Un volet «prise de conscience des réalités de lavie en société d’au/ourd’hui» quipourrait exposerles statistiques relatives à l’emploi et au chômage,au mariage et au divorce et permettrait de fairecomprendre aux filles la nécessité devant laquelleelles seront placées d’assurer leur autonomiefinancière et de se réaliser par leur travail.

— Un volet relatifaux choix scolaires et professionnels qui pourrait élargir leur éventail d’options,tout particulièrement dans le cadre du changement technologique. Ce volet pourrait présentermaints exemples de femmes qui exercent desprofessions non traditionnelles auxquelles lesfilles pourraient facilement s’identifier.

3° Révise le jeu « Vire- Vie» pour le mettre à jour et ensimplifier l’utilisation.

4° Mette sur pied, au sein de chaque institutiond’enseignement, un «comité des droits» formé dereprésentants des étudiants, des enseignants, de ladirection et des employés de soutien, pour entendretous les cas de discrimination et de harcèlementsexuel qui seraient portés à sa connaissance.

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La situation des femmes dans le système d’enseignement: une double perspective 7

1.2 Le matériel pédagogique et les programmes

1,2,1 L e matériel pédagogique

Le matériel pédagogique Depuis décembre 1981, dans la foulée des recommandations contenuesdu primaire et dans le rapport du Conseil du statut de la femme sur le sexisme dans lesdu secondaire . . .manuels scolaires, les nouveaux manuels scolaires destines aux eleves

du primaire et du secondaire sont soumis â une grille d’analyse quipermet d’éliminer les stéréotypes discriminatoires.

Cet effort était nécessaire mais il devrait être assorti, pour être plusefficace, de contenus favorisant la désexisation des rôles sociaux; ainsique le Conseil a pu le constater, certains concepteurs ont recours à desprocédés qui leur permettent d’éviter la soumission de leurs manuscritsà la grille comme le remplacement des personnages par des animaux.D’autre part, le Conseil a noté la lenteur de pénétration des nouveauxmanuels dans les écoles où continue de circuler du matériel pédagogiqueantérieur à l’entrée en application de la grille et dont la date de parutionremonte parfois à 30 ou 40 ans.

Matériel pédagogique Les professeurs enseignant aux niveaux collégial et universitaire ont ladu collégial et latitude d’utiliser le matériel pédagogique de leur choix et d’en élaborer

de l’universitaire , ,

a leur convenance. Des elements discriminatoires peuvent donc s yglisser, ainsi que deux études le démontrent16.

Dans les deux cas, on conclut à la présence d’éléments sexistes fréquentsdans certains travaux pratiques qui tendent à représenter défavorablement les personnages féminins décrits comme incompétents, dépendants, faibles physiquement et émotionnellement.

C’est ainsi que selon l’étude réalisée à la faculté des sciences del’administration de l’université Lavai, les simulations proposées auxétudiants présentent des entreprises en difficulté qui sont le plussouvent gérées par des femmes. Par contre, dans le cas où lesentreprises sont décrites comme étant bien gérées, ce sont généralementdes hommes qui sont à leur tête.

Il n’est pas douteux qu’une analyse plus systématique du matérielpédagogique utilisé aux niveaux collégial et universitaire révéleraitd’autres éléments de sexisme. Une publication des résultats d’une telleanalyse permettrait de sensibiliser un corps professoral encore trèsmajoritairement masculin â cette dimension subtile de la discrimination.

Recommandations Le Conseil émet les recommandations suivantes:proposées par le Conseil . . , - .

relativement au matériel 5° Que le ministere de l’Educationprepare, a l’intentionpédagogique des concepteurs et des éditeurs de manuels soumis à

la grille d’analyse des stéréotypes discriminatoires,des modèles et des exemples permettant la désexisadon des rôles sociaux pour leur faciliter la tâche.

6. a) n Les fen,n,eser laforn~ation juridique à l’U,,iversitéde Sherbrooke», John Morello, SylvieRosenihal, étudiants en droit, janvier 1983.

b) n Une meilleure présentation des rôles dans lorganisation du baccalauréat: progrès etéquité», Richard Lévesque. Novembre 1982, faculté des sciences de l’administration,Université Lavai.

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8 Conseil supérieur de l’éducation

6° Que le ministère de l’Éducation accorde, aux commissions scolaires et aux écoles, des crédits nontransférables à d’autres postes budgétaires pourrenouveler le matériel scolaire existant et mettre àjour les bibliothèques scolaires dans un objectif dedésexisation.

7° Que les collèges et universités procèdent à des étudesvisant à détecter les éléments sexistes contenus dansle matériel pédagogique et en publicise les résultatspour y sensibiliser le corps professoral.

8° Que les organismes subventionnaires accordent desfonds non transférables aux collèges et universitéspour qu’ils procèdent à ces études visant à détecterles éléments sexistes dans le matériel pédagogique.

1.2.2 Les programmes

Les programmes Encore plus importants et stratégiques que le matériel pédagogique, cedu primaire et sont les contenus mêmes des programmes qu’il faudrait revoir dans unedu secondaire optique antidiscriminatoire17. Dans le cas des programmes du primaire

et du secondaire, dont la révision est terminée, c’est par des mesurescompensatoires visant à y introduire des éléments de désexisation desrôles, de mise en valeur de contributions des femmes à divers dom’aineset de sensibilisation à la condition féminine que cette opération doitêtre faite. On peut citer à cet égard les guides d’activités, les cahiers de laCEQ’8, qui exigent une contribution supplétive de la part desenseignants. -

Il importe cependant de réaliser qu’idéalehient, c’est lors de laconception même des programmes que les objectifs de désexisation ducontenu doivent être intégrés, de façon à construire des programmescohérents. Or, ces objectifs supposent des recherches en profondéurpréalables.

Les programmes Aux niveaux collégial et universitaire, on a pu noter qu’un nombredu collégialet assez important d’initiatives visânt à faire reconnaître rapport de

de I universitaire . , . . . ,femmes a differentes disciplines ou a cerner la realite multiforme de lacondition féminine ont été developpées. Par exemple, relevons enparticulier le cas du G.I.E.R.F.’9 de l’Université du Québec à Montréal.

Pour contrer les risques de «ghettoïsation» des études sur les femmes,le G.I.E.R.F. a opté pour une formule qui intêgre la dimension«femmes» aux programmes disciplinaires20. Les difficultés liées à une

17. À cejour. seuls les programmes d’histoire et de formation personnelle et sociale l’ont été quantau contenu.

18. Pour créer de nouveaux rapports femmes-hommes», Cahier pédagogique. mars 1981.19. Groupe interdisciplinaire pour l’Enseignement et la Recherche sur les Femmes.20. Par contre, â PUniversité Concordia, l’institut Simorie de Beauvoir a adopté une approche

différente en permettant à ses étudiantes d’aller chercher des cours dans presque tous lesdépartements.

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La situation des femmes dans le système d’enseignement: une double perspective 9

telle approche sont très grandes. En se fondant sur les propos desporte-parole du groupe, nous en relevons quelques-unes:

I. Pour introduire cette dimension aux contenus de programmesexistants, il faut investir beaucoup de temps et d’énergie, ne serait-ceque pour la recherche nécessaire.

2. Cette recherche n’est pas valorisée et celles qui s’y consacrent sontisolées à la fois des canaux habituels de subventions et des réseaux depublication reconnus comme prestigieux, ce qui les pénalise sur leplan de la carrière.

3. Il existe des lacunes notoires en matière d’outils de travail, dont lesmaigres fonds de bibliothèque sont la preuve.

4. Face à la tâche immense qui est à réaliser, les intervenantes sont peunombreuses à pouvoir s’y atteler et manquent de ressources tanthumaines que financières.

Les programmes de Dans le secteur de l’éducation des adultes, une part importante de lal’éducation des adultes clientèle est constituée de femmes. Le projet de politique d’éducation

des adultes rendu public en février 1984 par le ministre de l’Education,constitue avant tout un document d’orientation, qui ne se concrétiserapas, dans le meilleur des cas, avant quelques mois. Il prévoit desmesures pour inciter les femmes à retourner aux études et à s’orientervers des voies de formation où elles sont absentes actuellement. Il y estquestion notamment de la mise en place d’un système de reconnaissancedes acquis de formation dont profiteraient particulièrement lesfemmes, et de programmes et d’approches pédagogiques qui leurseraient spécifiquement destinés.

Des critiques de ce projet de politique n’ont pas tardé à se manifester:certains intervenants dénoncent notamment l’effritement et la privatisation du réseau de l’éducation des adultes, le transfert au ministère dela Main-d’Oeuvre des deux tiers du budget de la formation des adultesalors qu’il n’y a même pas de politique de la main-d’oeuvre au Québec.Certaines critiques estiment que le projet de politique ne s’attaque pasaux vraies barrières à la formation des femmes et ne répond pas auxbesoins de ces dernières. C’est ainsi, notamment, que l’ajout de placesen garderie ne résout rien, quand les tarifs se situent autour dc 70,00$par semaine, par enfant; que les femmes ne pourront pas bénéficier dela reconnaissance des acquis car on ne mettra plus l’accent sur lesdomaines traditionnellement réservés aux femmes, les priorités deformation se situant dans les secteurs impliquant les nouvellestechnologies.

Le projet de politique suscitant beaucoup d’appréhensions, il faudrasurveiller attentivement le suivi qui sera donné au cours des prochainsmois par les trois ministères concernés (Education, Main-d’Oeuvre etSécurité du Revenu, et Condition féminine) aux énoncés très générauxdu projet, pour s’assurer que les besoins dc la clientèle féminine del’éducation des adultes soient satisfaits.

Page 14: LA SITUATION DES FEMMES DANS LE SYSTÈME …

10 Conseil supérieur de l’éducation

Recommandations Le Conseil recommande que:proposées par le Conseil

relativement 90 Lors de la reviston des programmes, des objectifsaux programmes de désexisation soient intégrés à leur contenu au

moment même de leur conception. Les objectifsdoivent avoir fait l’objet de recherches préliminaires exclusives pourpermettre de désexiser les rôlessociaux, de mieux mettre en valeur les contributions de femmes à divers domaines et pour sensibiliser les étudiants à la condition féminine.

ftP Dans le cas de programmes dé/à révisés sans tenircompte de cet objectif de désexisation, des guidespédagogiques soient préparés pour permettre auxenseignants de suppléer aux carences des programmes qu’ils enseignent.

JJ° En ce qui concerne la politique d’éducation desadultes, il faudra, lorsque son élaboration seraterminée, s’assurer qu’elle réponde aux besoinséducatifs des femmes.

1.3 La vie étudianteParmi les divers sous-thèmes possibles à ce chapitre, le Conseil a décidéde ne privilégier qu’une seule dimension: celle des organisationsétudiantes.

Les organisations Les organisations étudiantes.permettent en effet un certain apprentis-étudiantes sage du travail au sein d’une organisation, et elles font notamment

acquérir aux étudiants des habiletés politiques (savoir se mettre envaleur, utiliser les contacts utiles à des fins de promotion, etc.). Or, ilsemblerait que, d’après une thèse de doctorat qui avait pour objet laperception et l’actualisation des facteurs de promotion chez les femmescadres21, les femmes se sentent particulièrement dépourvues de ce typed’habiletés. La participation des étudiantes au sein des organisationsqui les représentent est donc hautement désirable. Or, d’après lesconsultations qui ont été faites auprès d’étudiantes, celles qui oeuvrentdans les organisations sont reléguées aux tâches plus obscures, ingrateset offrant moins de visibilité (dactylographie des textes, organisation,etc.) que celles que se réservent les étudiants et qui donnent l’occasion àces derniers d’être connus dans leur milieu par le biais d’interventionspubliques, de représentations politiques.

D’autre part, en ce qui concerne les expériences de travail scolaire enéquipe, les témoignages qui ont été recueillis tendent à confirmer lemodèle classique de l’organisation du travail: les garçons interviennentpour déterminer les grandes lignes, pour ébaucher les idées fondamentales, et les filles organisent et exécutent jusque dans les moindresdétails.

21. «Perception et actualisation des facteurs de promotion chez les femmes cadres des grandesentreprises québécoises francophones du secteur privé», Francine Hard Giasson, École desHautes Études Commerciales, université de Montréal, 1981.

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La situation des femmes dans le système d’enseignement: une double perspective li

Dans ce contexte, comment interpréter la disparition du comité decondition féminine de l’association étudiante du collège d’où viennentles étudiantes que le comité a rencontrées et son remplacement par uncomité antidiscrimination dirigé par trois étudiants? Une premièreanalyse nous porte à croire que le champ d’actions et d’interventions serétrécit considérablement; les étudiantes ont perdu ou ignoré un lieud’influence sur le milieu pour ne conserver que le terrain de ladénonciation. Un dossier publié dans lejournal <(Le Soleil»22 confirmed’ailleurs cette tendance au désengagement des étudiantes de cégeps àl’égard des groupes qui défendent les intérêts des femmes dans leurmilieu.

On ne peut que regretter que les étudiantes ne prennent pas possessionplus délibérément de ce champ d’action et d’intervention, qui pourraitconstituer pour elles un premier apprentissage à la vie professionnelle.

Considérant cet état de fait, le Conseil se propose d’envoyer l’avis sur« la situation des femmes dans le système d’enseignement» à toutes lesassociations étudiantes du Québec pour les sensibiliser à la nécessité deprendre des mesures pour accroître leur représentation féminine. Cesassociations devraient en effet organiser des activités (colloques,semaines d’information) pour inciter plus d’étudiantes à militeractivement au sein de leurs organisations.

1.4 La formation et le perfectionnement des enseignanteset enseignants

Responsabilité De par leur contact quotidien avec les élèves, les enseignants etdes enseignants enseignantes détiennent les moyens d’amorcer avec eux les change

ments des mentalités et d’attitudes nécessaires au redressement de lasituation. L’enseignement ne doit pas perpétuer les stéréotypes, maisformer les jeunes à exercer leur esprit critique face aux discoursambiants véhiculés notamment par les médias d’information.

Sensibilisation nécessaire Le rôle des éducateurs est donc primordial, sans être toutefois exclusif.des enseignants au sexisme C’est la raison pour laquelle les interventions visant la sensibilisation

du corps enseignant doivent être multipliées.

Interrogés pour connaître le nombre de filles dans leurs cours demathématiques au cégep, des professeurs l’estimaient à environ 50%.Or, après vérification, la proportion des filles s’établissait à environ25% au plus grand étonnement des professeurs eux-mêmes. D’autrêsexemples analogues démontrent aussi l’utilité d’états de situationchiffrés pour faire contrepoids à une propension à voir les femmes plusnombreuses qu’elles ne le sont en réalité et pour servir à une prise deconscience plus juste des problèmes.

Le document de la CEQ23 rejoint environ 20% des enseignantes etenseignants pour près de 40% de la clientèle scolaire. De son côté, la

22. «Dans les cégeps: des étudiantes indifférentes», Lise Lachance, 15 janvier 1984.23. «Pour créer de nouveaux rapports femmes-hommes,>, cahier pédagogique, mars 198].

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12 Conseil supérieur de éducation

coordination de la condition féminine du ministère de l’Éducationtravaille à la mise au point de guides et d’instruments de sensibilisation,d’activités suggérées pour pallier les lacunes des programmes et dumatériel pédagogique existants. Cependant, sans soutien plus prononcé, on ne peut espérer changer les attitudes et les mentalités, ce quiconstitue une étape nécessaire au redressement de la situation. Mêmeaprès la publication d’une étude assez percutante sur le sexisme aucégep Saint-Jean-sur-Richelieu, plusieurs enseignants de ce cégeppersistent dans leurs affirmations que le sexisme n’existe pas. Cetexemple démontre, si besoin en était, la nécessité de sensibiliser lesenseignants à cette dimension. En effet, ce sont souvent les professeursqui exercent une influence déterminante sur les choix scolaires etprofessionnels de leurs élèves.

Recommandations du Le Conseil recommande des interventions prioritaires du ministère deConseil relativement l’Éducation auprès des éducateurs et éducatrices pour contrer le

à la formation et . . .

au perfectionnement sexisme dans ses diverses manifestations a 1 interieur du systemedes enseignantes d’éducation, soit:

et enseignants12° La production et la d(ffusion de documents de

sensibilisation incluant des états de situation étoffésdont la présentation aux enseignants soit assortied’activités d’animation et de discussions en groupes.

13° L’introduction de cette préoccupation dans tousles aspects du rôle d’éducateur(trice) et non pas enmarge ou en a/out.

14° L’incorporation de cette dimension comme partieintégrante du programme de la formation et duperfectionnement des enseignantes et enseignants.

15° La production et la d(ffusion de guides d’activités,d’études soulignant la contribution des femmesdans divers domaines, et présentant des femmesdans des rôles non stéréotypés.

16° L’incitation de tous les intervenants (professeurs,orienteurs) qui travaillent auprès de jeunes àstimuler lesfilles à poursuivre leurs études dans desvoies non traditionnellement féminines.

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La situation des femmes dans le système d’enseignement: une double perspective 13

Deuxième partie

2. La situation des femmes dans les diverses fonctionsdu système d’enseignement

2.1 Les enseignantes

En 198 1-82, les femmes constituaient 99,2% des effectifs d’enseignantsau préscolaire, 88,7% au primaire, 40,8% au secondaire, 35,1% aucollégial et 16,1% à l’universitél.

Le confinement Le confinement des femmes aux niveaux préscolaire2 et primaire peutdes enseignantes être interprété comme lié à un prolongement implicite de la fonctionau préscolaire et .

au primaire maternelle3. De plus, jusqu en 1964, les femmes representaient unemain-d’oeuvre sous-payée. Dès le secondaire cependant, les femmessont minoritaires, et cet écart s’accentue au fur et à mesure de laprogression vers le niveau universitaire où les enseignantes stagnent à16% de représentation.

Au niveau universitaire, la situation a peu évolué au cours desdernières années: de 1972-73 à 1980-81, la proportion des professeureschercheures est passée de 13,7% à 16,l%~.

On observe des disparités dans les cheminements de carrière entre leshommes et les femmes professeurs d’université: la titularisation n’estencore acquise que par un très petit nombre de professeures. Cesdernières sont proportionnellement beaucoup plus nombreuses dansles rangs académiques inférieurs (chargées de cours et adjointes) quiregroupent 52% du total des effectifs féminins contre 29% des effectifsmasculins5,

De plus, elles sont concentrées dans des facultés ghettos: arts, lettres,éducation (enseignement aux niveaux inférieurs seulement), les diversesprofessions de la santé, les sciences infirmières, la physiothérapie, ladiététique, la bibliothéconomie, domaines où l’enseignement universitaire offre peu d’occasion d’emploi ou de mobilité. Les hommes, quantà eux, prédominent dans les sciences, le commerce, la gestion desaffaires, le génie, l’art dentaire, la médecine et le droit, domaines desavoir offrant plus de prestige et une rémunération plus élevée.

I. Pour plus de détailsà ce sujet, consulter l’annexe 1 <(personne! des commissions scolaires, descégeps et des universités». Ensemble du personnel enseighant, de I’» enseignement régulier,selon le sexe et l’ordre d’enseignement».

2. Appelé aussi ((école maternelle,,.3. schopenhauer, philosophe du XIXe siècle, estimait que les femmes étaient tout à fait

qualifiées pour être maitresses d’école pour les enfants, parce qu’elles sont elles-mêmesenfantines, frivoles ou myopes»; cité dans DE KONINCK, Charles, « Philosophie des sexes,>,notes de cours, Faculté Philosophie, Université LavaI, 1937,

4. Direction générale de l’enseignement et de la recherche universitaire, <(Caractéristiquessocio-démographiques et statut des professeurs/chercheurs des universités québécoises en1980-81 et évolution depuis l972-73,,, Bulletin statistique 83-04, août 1983.

5. Idem,

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14 Conseil supérieur de l’éducation

Les risques de Pour tous les niveaux d’enseignement, il est un point majeur sur lequeldétérioration de la les participantes à la consultation ont insisté:. à moins de mesures

situation des enseignantes particulières, la situation du personnel féminin des établissements

d’enseignement risque de se détériorer de façon marquante.

La conjugaison de plusieurs facteurs justifie ces perspectives pessimistes:

Les mises en disponibilité Le recul déjà observé à la suite de la décroissance des clientèles, descompressions budgétaires et de l’application des mises en disponibilité.C’est particulièrement le cas du secondaire, où la clientèle est à la baisseet où les nouveaux décrets ont augmenté la charge de cours desprofesseurs, ce qui se traduira par des mises en disponibilité nombreuses.

Une philosophie De plus en plus se fait entendre un discours conservateur prônant leconservatrice concept d’un salaire par famille. Si la véritable relance économique

tarde à donner des résultats, il y aura de fortes incitations sociales auretour de la femme au foyer pour éviter les cas de double salaire, et à lamise en veilleuse des programmes de promotion,

Aucune prise en charge Dans le sillage du rapport du Conseil du statut de la femme, plusieurspolitique des comités de condition féminine se sont mis à l’oeuvre pour faire des

recoi~r~a~dati7 fies études et recommander des correctifs tant en ce qui a trait au personnel

féminine enseignant et non-enseignant qu’aux étudiantes. Dans trois cas surtrois rapportés au comité, il n’y a pas de prise en charge politique desrecommandations ou s’il y en a une, elle l’est de façon très timide. Al’Université Laval, le rapport « L’Université LavaI au féminin» n’a pasété reçu officiellement, encore moins débattu par les instancesdécisionnelles. À la CECM, le comité de condition féminine s’est faitcouper les vivres en 1982. La seule action positive a été la levée de ladiscrimination dans les avantages sociaux du personnel féminin(assurances). On parle encore en 1983-1984, d’une opérationnalisationdes recommandations du comité de condition féminine et d’un plan deredressement (si réalisable) concernant l’attribution des promotions àla CECM. À l’Université Concordia, le rapport du comité d’étude de lacondition féminine n’est pas encore accepté. On n’a pas été en mesurede faire accepter, par exemple, une recommandation visant à accroîtrede 1,5% la proportion de professeures pendant cinq ans. Cetterecommandation se heurte aux arguments des compressions budgétaires, au système de permanence et à des attitudes de refus. On ne peutdonc que constater que, malgré la production de nombreux documentsd’approfondissement sur la question, aucune action n’a été entreprisepour corriger la situation.

L’impact négatif Dans les collèges et les universités, les propositions ministérielles dedes programmes et développement de programmes, de financement de ces programmes et

projets d etude de la recherche privilégient très fortement les secteurs où les étudiantes

et les professeures sont très peu nombreuses, Il est hors de doute quel’impact de ces propositions sera négatif pour les enseignantes à longterme, à moins qu’elles ne soient assorties de mesures de réorientationet de recyclage adéquates.

Page 19: LA SITUATION DES FEMMES DANS LE SYSTÈME …

La situation des femmes dans le système d’enseignement: une double perspective i 5

Les conséquences des Les transferts d’options de l’université vers le collégial (techniquestransferts d’options infirmières) et du collégial vers le secondaire (secrétariat) auraient des

envisagés conséquences, non seulement en termes de déscolarisation d’une large

tranche de la population féminine, mais aussi sur le corps professoral.Par exemple: 2,6% des professeures universitaires sont en sciences de lasanté (paramédical); leur départ de l’université signifie un recul à peuprès équivalent de la proportion des femmes universitaires. Ici aussil’impact sur leur carrière est important. C’est également le cas desprofesseures de cégep en secrétariat.

2,2 Les femmes cadres

2.2.1 Dans les commissions scolairesEnsemble des Dans l’ensemble des commissions scolaires du Québec, on retrouvait

commissions scolaires en 1981-82,91 femmes pour 1 312 hommes aux postes de hors cadres etcadres, ce qui donne un taux de féminité de 6,5%. Depuis 1975-76, onnote une légère diminution de la proportion des femmes dans cettecatégorie d’emploi6.

À la direction des écoles primaires et secondaires, on observe unedécroissance, au cours des mêmes années, de la présence des femmesoeuvrant à la direction des écoles: de 31,7% à 26,7%.

Écoles primaires En ce qui concerne plus précisément les écoles primaires, dans lesquellesles femmes représentaient, en 1981-82, 88,7% des enseignants, elles necomptaient que pour 34,7% des directeurs et adjoints au directeur~.

Si l’on examine les données chiffrées, on remarque qu’il y a 2 fois plusd’hommes à la direction des écoles primaires que de femmes, alors queparmi les enseignants, les femmes sont 8 fois plus nombreuses que leshommes. Le nombre d’hommes qui enseignaient au primaire en 8 1-82(2 177) est à peine supérieur à celui des hommes oeuvrant à la directiondes mêmes écoles (1 436), alors que chez les femmes, on comptait17 102 enseignantes pour 763 directrices et adjointes. On peut donc enconclure que la carrière « normale» d’un homme qui enseigne auprimaire est de devenir directeur ou adjoint, tandis que pour lesfemmes ce n’est que dans une proportion d’une pour 22, qu’uneenseignante a des chances de devenir directrice ou adjointe.

Écoles secondaires Quant aux écoles secondaires, à peine 14,6% des directeurs et adjointsau directeur étaient des femmes en 81-82, alors que les enseignantesreprésentaient 40,8% du corps professoral.

Le tableau à l’annexe 2 permet de visualiser la ventilation de l’ensembledu personnel de direction des écoles primaires et secondaires, auQuébec, en 1982, selon le sexe et le corps d’emploi.

6, En 75-76, il y avait 139 femmes soit 8,6%. Personnel des commissions scolaires, ensemble deseffectifs de l’enseignement régulier au primaire et au secondaire selon le sexe et la catégoried’emploi». Direction des études économiques et démographiques, MEQ, 1983. Donnéesreçues de Louise Barrette, Bureau de Coordination à la condition féminine, M.E.Q.

7. Voir annexe 2.

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16 Conseil supérieur de l’éducation

2.2.2 Dans les collèges

Cégeps En 198 1-82, on comptait 41 femmes sur un total de 549 cadres à ladirection des institutions collégiales, ce qui représente 7,5%, alors queles femmes représentaient 35,1% des enseignants.

La moitié des effectifs féminins de cadres étaient d’ailleurs concentrésdans 4 des 22 corps d’emploi existants, soit 2 dans les services dupersonnel (directrices et coordonnatrices), un dans les services pédagogiques (adjointes au directeur) et un dans les moyens d’enseignement(coordonnatrices). Par contre, il existait seulement 2 femmes djrectricesgénérales (pour 45 hommes) et 3 femmes directrices des servicespédagogiques (pour 46 hommes)8.

2.2.3 Dans les universitésUniversités En 1980-81, les femmes représentaient 11,4% de l’ensemble du

personnel de direction des universités, soit 162 femmes pour 1 258 hommes. Pratiquement, les trois quarts des effectifs féminins étaientrépartis dans 2 titres d’emploi: directrices de département (62 femmes)et directrices non enseignantes (54 femmes). Seules 3 femmes étaientdoyennes, sur un total de 74 doyens9, et il n’y avait aucune femmerecteure’°.

2.2.4 On observe une disproportion de représentation entre labase (les enseignantes) et le sommet (les femmes cadres)

Principe de base Si l’on part du principe que, dans toute organisation, les meilleurs, quelque soit leur sexe, sont amenés normalement à gravir les échelons et àaccéder à des fonctions de gestion, on aurait dû retrouver aux postes dedirection des écoles primaires et secondaires, des cégeps et des universités, la même proportion de femmes que celle qui est observée à la baseconstituée par les enseignantes et enseignants. Or, ainsi qu’on l’a vuprécédemment, tel est loin d’être le cas.

La disproportion la plus flagrante est celle qui est observée dans lesécoles primaires dans lesquelles, avec près de 90% d’enseignantes, onne retrouve que 35% des femmes directrices ou adjointes. Dans lesécoles secondaires et dans les cégeps, il y a également absence dereprésentation de la base féminine au sommet de la hiérarchie.

D’une façon paradoxale, c’est au niveau universitaire que la disproportion enseignants/cadres est la moins marquée, les enseignantes représentant 16,1% du total du corps professoral et 11,4% des cadres. Il estcependant à noter que, dans le cas des femmes cadres, à l’université, iln’est pas nécessaire d’avoir été enseignantes pour accéder à desfonctions de directrices non enseignantes. De plus, on pourrait poser

5. Pour plus de détails à ce sujet, voir l’annexe 3 — Personnel de Cégeps. Ensemble du personnelde direction des cégeps, selon le sexe et le corps d’emploi.

9. Pour en savoir plus long à ce sujet, consulter l’annexe 4 — Personnel des universités.Ensemble du personnel de direction des universités, selon le sexe et le titre d’emploi, Québec,1980-81.

10. Selon la Conférence des Universités du Québec (CRÉPUQ).

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La situation des femmes dans e système d’enseignement: une double perspective 17

une question: dans quelle mesure l’accès à l’enseignement universitaireest-il discriminatoire pour les femmes?

Le bassin traditionnel de recrutement des professeurs d’université estconstitué par des étudiants dc 3e cycle. Historiquement, les femmesétaient minoritaires à l’université avant les années 1970, et plusparticulièrement aux 2e et 3e cycles où elles n’avaient obtenurespectivement que 22% des diplômes de maîtrise en 1970-71 et 9,3%des diplômes de doctorat’1. Ceci explique sans doute partiellement lefait que, en 1980, au Canada, seulement 5% des professeurs titulairesétaient des femmes, alors que près dc 60% des postes de chargés dccours ou d’assistants étaient comblés par des femmes. A titre de rappel,mentionnons que les postes de chargés de cours ou d’assistants sont despostes contractuels, sans possibilité de carrière. Cette présence insuffisante des femmes dans les rangs supérieurs de la hiérarchie universitairen’a à peu près pas changé depuis 20 ans’2.

Or, en 1982, les femmes représentaient 30,5% du total des inscriptionsau 3e cycle dans les universités québécoises. L’écart entre les proportions d’étudiants et d’étudiantes au 3e cycle est donc en voie deréduction progressive.

Il aurait donc été normal, compte tenu du plus grand nombre dediplômées du 3e cycle que la représentation féminine dans l’enseignement supérieur s’améliore dans un contexte économique et technologique normal. Ce n’est malheureusement pas le cas: l’accès àl’enseignement est bloqué à l’université depuis plusieurs années et lesera sans doute encore pour les 15 prochaines années, l’âge médian desprofesseurs étant de 44 ans. Dc plus, le recrutement qui s’annonce’3dans le cadre des houvcaux développements technologiques nepermettra sûrement pas d’accroître la représentation féminine dans lecorps professoral, les femmes étant très peu présentes en sciences pureset appliquées d’une part, et de l’autre, les hommes étant en meilleureposition pour accéder à des postes de professeurs titulaires car ayantdéjà acquis de l’expérience de travail comme professeurs assistants ouadjoints, postes qui permettent l’accès à la permanence d’emploi aprèsS ans.

2.2.5 Dans les structures syndicales

Les femmes sont absentes des structures syndicales comme des autreslieux de pouvoir.

À la CEQ, dont deux tiers des membres sont des femmes’~, et qui a étémise sur pied grâce à la lutte acharnée de Laure Gaudreault pourorganiser la syndicalisation des institutrices rurales, il n’y a jamais eu

il. Au Canada, d’après «La situation des femmes à l’université,>, dans Où trouver léqullibre?,Thomas H.B. Symons et James E. Page, rapport de la Commission sur les étudescanadiennes, Association des Universités et Collèges du Canada, 1984.

12. Statistique Canada: <(Enseignants dans les universités» — 1983.13. Atout le moins dans le cas de l’Université Lavai.14. Les autres grandes centrales, C5N et FTQ, sont majoritairement masculines avec, respective

ment, 48% et 33% de femmes membres.

Page 22: LA SITUATION DES FEMMES DANS LE SYSTÈME …

18 conseil supérieur de l’éducation

de femmes à la présidence. Laure Gaudreault, elle-même, n’a été quevice-présidente, lors de l’incorporation de la CIC (Corporation desInstituteurs Catholiques, ancêtre de la CEQ), et c’est un homme qui aété élu premier président.

Depuis lors, la structure de la CEQ a toujours reflété la sous-représentation des femmes. Au sein de l’exécutif national, elles sontminoritaires (3 sur 7). Au cours de la dernière année scolaire, 37seulement des 141 syndicats locaux d’enseignants ont élu une femmecomme présidente. Au niveau universitaire, un seul syndicat sur 17 a àsa tête une femme.

Ces dernières années cependant, on a vu apparaître au sein dessyndicats des comités de condition féminine, réservés aux femmes, quidoivent définir elles-mêmes leurs analyses et formuler leurs revendications; leur naissance est liée au constat unanime fait par les syndiquées,que les hommes ne sont pas capables de traduire les besoins desfemmes, ni de porter leurs revendications, dans un contexte oùl’organisation même du travail est discriminatoire.

Des intervenantes de la CSN affirmaient en décembre 198315 que lacréation de comités de la condition féminine était vitale puisque «lalutte des femmes à l’intérieur des syndicats est ghettoïsée, les hommesne leur permettant d’aborder que les points classiques des congés dematernité et des garderies». A leur avis, si les femmes veulent débordersur d’autres questions (par exemple, les horaires, la santé et la sécuritéau travail), on ne l’accepte pas.

Les comités de la condition féminine constituent un palliatif: à longterme, ils disparaîtront, une fois que le mouvement syndical aura prisen charge les droits des femmes. Il est cependant évident que cette étapene pourra être franchie qu’avec l’accession, en grand nombre, defemmes dans les structures de représentations syndicales.

2.2.6 Raisons de la sous-représentation des femmes aux postesde gestion

Quelles sont les raisons de la sops-représentation des femmes auxpostes de gestion? Elles sont de plusieurs ordres.

L’organisation du Alors que pour un homme, la «norme» habituelle c’est une carrière,travail au masculin deux personnes, car selon le dicton populaire <(derrière tout homme il y

a une femme», pour la femme, la «norme», c’est la double tâche. Denombreuses femmes enseignantes et professionnelles rencontréestémoignent de la difficulté de concilier les soins aux enfants, le ménage,les courses et une vie professionnelle réussie. Le travail domestique etles soins aux enfants demeurent trop souvent la responsabilitéexclusive desfemmes. Un nombre de plus en plus important d’épouseset/ou de mères cumulent travail domestique et emploi à temps plein ouà temps partiel. La double journée de travail pose donc la question dunon-partage des tâches.

15. ((Les comités de condition féminine dans les syndicats: pas un caprice, mais une nécessité,,,Lise Lachance, Le Soleil, le 28 décembre 1983.

Page 23: LA SITUATION DES FEMMES DANS LE SYSTÈME …

La situation des femmes dans le système denseignement: une double perspeotive 19

D’après une recherche du Conseil du statut de la femme’6, lacontribution au travail domestique des conjoints aurait augmenté de6 minutes par semaine, entre 1965 et 1975. «C’est au prix de tensionsaccrues et de prodigieuses gestions du temps, constate Louise Vandelac,coordonnatrice du projet de recherche, que les femmes réussissent àcombiner deux types de travail aux objectifs, aux contraintes et auxmodalités opposés. Même si certaines femmes négocient un partagedes tâches serré, bon nombre continuent à faire un travail domestiquepresque équivalent (à ce qu’elles faisaient avant de travailler àl’extérieur du foyer), par culpabilité ou pour faire oublier leursabsences fréquentes. Ainsi, à travers les méandres d’un discoursd’émancipation, on assiste en fait à une augmentation de la productionet du temps global du travail féminin, autrement dit, à l’extorsion d’undouble travail pour un demi-salaire, entreprise suavement qualifiée de«libération». Le partage des tâches se résume au bon vouloir deshommes et à la détermination des femmes. Pas étonnant que celles quin’exigent pas ou n’arrivent pas à imposer ce partage se taisent ou aucontraire gonflent les gestes d’aide symbolique de leur conjoint jusqu’àconfondre collaboration et partage «égalitaire»17.

D’après Mme Francine Harel-Giasson, « on évalue que, depuis le débutdu siècle, le travail des femmes a augmenté en moyenne de 2,6 heurespar semaine alors que celui des hommes a diminué de 24,7 heures»’8.Or, les horaires de travail des cadres se concilient mal avec les besoinsde la vie familiale: de nombreuses réunions ont lieu le soir, ou les fins desemaine. Seul un nombre significatif de femmes oeuvrant à des postesde cadres permettrait d’introduire dans l’organisation des valeursdifférentes de celles qui prédominent à l’heure actuelle.

Les comités de sélection Encore aujourd’hui, les comités de sélection sont le plus souventexclusivement masculins composés exclusivement d’hommes; de plus, la formulation de certains

avis de concours continue à s’adresser aux seuls candidats masculins.Un tel contexte nécessite une bonne dose de courage ou d’inconsciencede la part des postulantes éventuelles.

Des lignes de progression L’existence de lignes de progression de carrière tronquées, quand cede carrière sexuées n’est de fonctions «ghettoïsées» et absolument bloquées en termes de

possibilités d’avancement, constitue une des formes de discriminationà l’égard des femmes que la Commission des droits de la personne arelevée dans une recherche sur la situation des femmes en regard dumarché du travail’9.

De façon générale, on observe que les femmes sont confinées dans despostes ou des départements hors ligne de progression ou sont placéesdans des lignes de progression plus courtes et moins larges: elles ontmoins de possibilité de changement tant horizontal que vertical.

16. o Le partage des tâches domestiques: mythes et réalitâs,,, Louise vandelac, C.S.F., octobre1983.

17. Extrait de «La Gazette des femmes,,, mars-avril 1984, vol. 5, no 6.18. Allocution prononcée le 29octobre 1983 à l’ouverture du Forum organisé par le Conseil du

statut de la femme: «les femmes: une force économique insoupçonnée,.19. o Lesfemmes dans les conventions colleciives:pourquoi la d~fference?,,, analyse de 44 conven

tions collectives par le Service de la recherche de la Commission des droits de la personne,1981.

Page 24: LA SITUATION DES FEMMES DANS LE SYSTÈME …

20 Conseil supérieur de l’éducation

On peut reprendre un exemple déjà cité: celui de la concentration desprofcsseures dans des facultés ghettos (arts, lettres, éducation, sciencesinfirmières, etc.) offrant peu de perspectives d’emploi et de mobilitéuniversitaires.

Le complexe dent D’après le livre « le complexe dc Cendrillon»20, les femmes ne sont passouffrent les femmes conditionnées à être ambitieuses pour elles-mêmes, à entrer dans la

compétition. Bien au contraire, nombre d’entre elles manquent deconfiance en elles. De plus, ainsi que des femmes gestionnaires nousl’ont rapporté, elles sont convaincues que le fait qu’elles soient en trèspetit nombre entraîne des attentes plus élevées à leur endroit: il leurfaut non seulement être compétentes mais excellentes. De plus, il fautaller les «interpeller» pour les convaincre qu’elles sont compétentes.

Une conjoncture Dans les écoles primaires, où on a observé depuis une dizaine d’années,peu favorable une décroissance de la présence des femmes à la direction des écoles, on

peut mentionner que, dans une période de décroissance, il existe lapossibilité pour les directeurs adjoints du secondaire de postuler à despostes de direpteurs d’écoles primaires, ce qui amène plusieurs hommesà remplacer des femmes à la direction des écoles primaires.

2.3 Le personnel de soutien scolaireÉtant donné l’absence de statistiques relatives au personnel de soutientravaillant dans l’ensemble des universités pour les dernières années,nous limiterons notre analyse au personnel oeuvrant dans les commissions scolaires et les cégeps.

2.3.1 Dans les commissions scolaires

Perte d’effectifs Alors que de 1975-1976 à 1981-1982, pour l’ensemble des commissionstrès accusée scolaires du Québec, le nombre d’enseignants réguliers au primaire et

au secondaire baissait de 347621, soit de près dc 5%, celui du personnelde soutien administratif, composé de plus de 85% de femmes, accusaitune diminution de 2 666 postes22, ce qui représentait une perte de plusde 24% de ses effectifs.

Ceci s’explique par le fait que les conventions collectives ne prévoientpas de « plancher d’emploi» pour les employés de soutien, comme c’estle cas pour les enseignants qui ont négocié un certain nombre de postesprotégés.

Les commissions scolaires ont donc réalisé de substantielles économiesen effectuant des coupes sombres dans les postes d’employés de

20. «Le complexe de Cendrillon,,, Colette Dowling, Grasset, 1982, une des définitions de cecomplexe, qui ressort de la lecture du livre, est que e ... les femmes sont incapables d’affronterla réalité de l’âge adulte, à savoir qu’elles sont seules responsables d’elles-mémes. Tout, dansl’éducation qu’elles ont reçue, leur a dit qu’elles feraient partie de quelqu’un d’autre, qu’ellesseraient protégées, entretenues, maintenues àflot par la félicité conjugalejusqu’aujour de leurmort.»

21. De 71 859 à 68 378; «Personnel des commissions scolaires, ensemble des effectifs del’enseignement régulier au primaire et au secondaire, selon le sexe et les catégories d’emploi».Direction des études économiques et démographiques, M.E.Q., données obtenues de LouiseBarrette, Bureau de Coordination à la condition féminine, M.E.Q.

22. De 10908 à 8242; op. ci:.

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La situation des femmes dans le système d’enseignement: une double perspective 21

soutien. Les tâches qui leur étaient auparavant dévolues sont maintenant soit assumées partiellement par les enseignants (encadrement desélèves aux repas, surveillance des élèves à la bibliothèque, prise encharge du matériel et des achats), soit remplacées par l’introduction,sur une échelle de plus en plus généralisée, de l’informatique dans leurmilieu de travail. Dans un prochain avenir, la bureautique permettrade faire disparaître encore bien d’autres postes d’employées de soutien.

Or, les femmes occupant à l’heure actuelle un poste de soutienadministratif ont en moyenne plus de 13 ans d’expérience professionnelle. Il ne semble pas que dans l’ensemble les commissions scolaires sepréoccupent de leur perfectionnement ni ne leur donnent l’occasion dese recycler dans des secteurs d’activité moins menacés. Bien aucontraire, les sommes prévues au chapitre du perfectionnement sont,ainsi qu’il nous l’a été rapporté, dépensées arbitrairement par certainescommissions scolaires en fonction de leurs propres critères. On nous aégalement rapporté que dans le climat actuel dc rétrécissement del’emploi, certaines employées de soutien s’étaient retirées des dossiersde promotion féminine pour ne pas risquer dc perdre leur poste.

Menlionnons, en passant, que le « classement moquette» des employéesde secrétariat, n’est toujours pas réglé: le classement de ces employéesest toujours déterminé uniquement par l’importance relative du patronpour lequel elles travaillent et non par les tâches qu’elles accomplissenteffectivement.

C’est ainsi que la secrétaire du directeur d’une école primaire, qui estamenée à exécuter un nombre de tâches extrêmement variées etnombreuses allant de la dactylographie aux relations avec les parents,est classée à un échelon moindre que la secrétaire d’un cadre de lacommission scolaire, dont la description de tâches peut être pluslimitée.

Les employées de soutien On ne peut passer sous silence le cas des employées de soutienà temps partiel travaillant moins de 10 heures par semaine, qui se voient exclues des

avantages prévus à la convention collective en matière d’ancienneté etde possibilités de mutation, soit les surveillantes d’élèves, les employéesde cafétéria, le personnel assurant le service de garde en milieu scolaire(près de 90% de femmes). La commission scolaire qui les a engagées n’aaucune obligation à leur égard23, aucune expérience de travail ne leurest reconnue, même si elles travaillent depuis des années au mêmeposte, et leurs années de service ne leur sont pas créditées.

De la même façon, les employées recrutées sur une base temporairegrâce aux bons d’emploi ou aux subventions gouvernementalesn’obtiennent jamais le statut d’employées régulières, même si leurpériode d’engagement est prolongée.

Dans ces deux derniers cas, ainsi qu’il nous l’a été rapporté, il s’agit deplus en plus de personnel surqualifié (diplômés d’université notamment), incapable de trouver du travail correspondant à leur compétence.

23. Seul leur salaire est reconnu incluant un certain pourcentage pour les avantages sociaux et lesvacances.

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22 ConseIl supérieur de l’éducation

2,3.2 Dans les cégeps

Au cours des années 1978-1979 à 1981-1982, l’ensemble des effectifs desdiverses catégories de personnel affectées à l’enseignement régulier24, aaugmenté en moyenne de 8%. En ce qui cohcerne le personnel desoutien administratif, (composé de 83% de femmes), l’accroissementn’a porté que sur les effectifs à temps partiel, qui ont crû de 1 220%25, leseffectifs à temps plein étant stables. Etant donné la situation précairedes employées à temps partiel, on peut considérer que le corps d’emploides employées de soutien administratif a connu un recul, comparativement aux enseignants notamment, qui ont vu leurs effectifs à tempsplein augmenter de plus de 12%26, tandis que leurs effectifs à tempspartiel baissaient légèrement.

2,4 Les professionnels non-enseignants

De 1975-1976 à 1981-1982, 529 postes de professionnels non-enseignants ont été éliminés dans les commissions scolaires27, soit plusde 13% du total. Leur cas s’assimile à celui des employés de soutien: lescommissions scolaires se trouvant dans l’obligation de faire deséconomies et ne pouvant en réaliser de substantielles du côté desenseignants en raison des «planchers d’emploi» se sont rabattues surles corps.d’emploi non protégés par un « numerus clausus», ce qui est lecas pour les professionnels non-enseignants.

À la différence toutefois des employées de soutien administratif quiconstituent un corps d’emploi féminin à 83%, celui des professionnelsnon-enseignants est un fief masculin (65% d’hommes).

2.5 Les enseignantes à temps partiel, les enseignantesoccasionnelles

La situation de ces enseignantes peut être résumée par un mot:précarité.

Éducation des adultes En ce qui concerne l’éducation des adultes, la survie du secteur del’éducation populaire est remise en cause, année après année. Or, lesformateurs de ce secteur sont constitués à 65,9% de femmes (1 818 femmes en 198 1-1982 pour l’ensemble des commissions scolaires)28.

24. Cadres, enseignants, personnel de soutien, etc.25. Passant de 71 postes en 1978-79, à 937 en 1981-82. « Système d’information sur les organismes

collégiaux», Directiongénérale de l’enseignement collégial, M.E.Q., 1983. Données obtenuesde Louise Barrette, Bureau de Coordination à la condition féminine, M.E.Q.

26. Passant de 8 726 postes en 1978-79 à 9 780 en 198 l-82. Idem.27. En 1975-76:3974 postes, en 1981-82:3443 postes. ((Personnel des commissions scolaires,

effectifs à temps plein à l’enseignement régulier au primaire et au secondaire, selon le sexe et lacatégorie d’emploi. Direction des études économiques et démographiques, M.E.Q., 1983.Données obtenues de Louise Barrette, Bureau de Coordination à la condition féminine,M.E.Q.

28. Les enseignants de l’éducation des adultes, dans les commissions scolaires, certainescaractéristiques démographiques». Direction générale de l’éducation des adultes, M.E.Q.,1982. Données obtenues de Louise Barrette, Bureau de Coordination à la condition féminine,M.E.Q.

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La situation des femmes dans le système d’enseignement: une double perspective 23

Cég~ps Dans les cégeps, alors que les femmes ne représentent que 35,1% del’ensemble des effectifs de l’enseignement régulier, elles constituent43,5% des effectifs à temps partiel. De plus, les enseignantes totalisent,en moyenne, près de 2 ans de moins d’années de service que lesenseignants29, elles sont donc les premières touchées par les mises endisponibilité.

On compte actuellement, dans les Cégeps du Québec, 580 professeursmis en disponibilité dont 314 sont des femmes, soit un taux de 54%,bien supérieur à la représentation féminine dans les effectifs d’enseignants (35,1%).

Universités Dans les universités, de plus en plus, les chargés dc cours assument unegrande partie des tâches d’enseignement au 1er cycle. Or, leur situationest précaire: leur contrat d’enseignement pour un ou deux cours étantrenouvelé à toutes les sessions, leur statut d’enseignant est temporaire,même si certains d’entre eux sont réembauchés presque automatiquement (le quart d’entre eux a cinq ans d’expérience). De plus, il nejouissent pas d’avantages sociaux ni de bénéfices marginaux. Lesemplois de chargés de cours n’offrent pas d’accès à des programmes deperfectionnement, à des emplois de recherche, à des postes de soutienacadémiques, en bref ils ne constituent pas une voie «étroite» d’accès àune carrière académique normale.

Les femmes occupent près du tiers de ces postes de chargés de cours.Pour l’ensemble du réseau de l’Université du Québec (9 constituantes)on retrouvait, en 1980,276 professeures régulières (17,9% des effectifs)et 505 chargées de cours (26,6%), soit près du double d’effectifs danscette dernière catégorie que dans la première.

Quant aux professeures-substituts, que des contrats de 2 à 4 ans lientaux universités, mentionnons que la proportion de femmes y estbeaucoup plus élevée que celle des femmes engagées à titre deprofesseures régulières.

Cette situation d’un double marché du travail au sein des universitésconstitué d’un côté par la «voie royale» des emplois à temps plein etstables avec une retraite même après 65 ans pour les professeurs/professeures, et par la voie des emplois de seconde zone, à tempspartiel, instables, le plus souvent sans avantages sociaux ni bénéficesmarginaux pour d’autres enseignants et enseignantes, n’est pas près devenir à terme; il s’agit d’un choix délibéré que les administrationsuniversitaires font dans le cadre des coupures budgétaires occasionnéespar les diminutions des subventions gouvernementales.

29. Enseignantes: 6,7 années-enseignants: 8,4 années. Personnel des Cégeps, années moyennesde service et salaires moyens de l’ensemble du personnel à temps plein et à l’enseignementrégulier, selon le sexe et la catégorie d’emploi,,. Direction générale de renseignement collégial,M.E.Q., 1983. Données obtenues de Louise Barrette, Bureau de Coordination à la conditionféminine, M.E.Q.

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24 Conseil supérieur de l’éducation

Recommandation du Dans cette deuxième partie, nous avons examiné la situation desConseil relativement â femmes dans les diverses fonctions du système d’enseignement.

la situation des femmes . .~

dans les diverses fonctions Contrairement, a la premiere partie de 1 avis, dans laquelle lesdu système d’enseignement recommandations étaient réparties à la fin des divers chapitres, la

recommandation relative à cette deuxième partie, est globale ets’applique à toute la deuxième partie.

Le Conseil considérant que:

Discrimination de la e le confinement des femmes à certains niveaux d’enseignementsociété à l’égard (préscolaire et primaire), aux échelons inférieurs de la hiérarchie, et

des femmes dans certaines disciplines et emplois classés traditionnellement

comme féminins (secrétariat, techniques infirmières, éducation, artset lettres) n’est qu’une des manifestations de la discrimination qui estfaite aux femmes dans notre société qui se reflète également dans lesystème d’éducation et qui se traduit par un conditionnement desfilles dès le plus jeune âge à leur rôle de «femmes», épouses et mères.

Le conditionnement • sur le plan des études, la première manifestation visible de ceauquel sont sujettes conditionnement est observée en 5e secondaire où les filles, bien

les filles qu’obtenant des résultats supérieurs aux garçons en mathématiques,

se détournent massivement des disciplines scientifiques et empruntent la voie anémiée des disciplines et emplois qui leur sont assignéspar la tradition; ces emplois30 présentent la caractéri~tique suivante:ils impliquent le service à autrui, le dévouement, la «vocation», et leplus souvent, constituent des emplois de pure exécution, la conception étant laissée aux hommes.

Le Conseil considérant que:

L’amendement à la Charte I il existe un programme d’accès à l’égalité qui est permis par lesdes Droits de la Personne articles 86.1 à 86.7 qui amendent la Charte des Droits de la Personne

qui permet les programmesd’accès à régalité et dont la promulgation est prevue pour le printemps 1984; qu en

vertu de ces dispositions, tout programme d’accès à l’égalité devraêtre approuvé par la Commission des droits de la personne, qui estrequise de prêter son assistance à son élaboration.

Les diverses mesures • la mise sur pied d’un tel programme d’accès à l’égalité est essentielle;prévues dans un que sa réalisation s’étendra sur plusieurs années et comprendra un

programme d accès .

à régauté train de mesures dont certaines seront applicables dans un premiertemps, soit des mesures de soutien et des mesures d’égalité deschances; qu’il comportera aussi des mesures applicables dans undeuxième temps, les mesures de redressement, qui nécessiteront uneétude de diagnostic à l’échelon local et régional, assortie del’évaluation de leur impact dans le milieu et des besoins desensibilisation de ce même milieu pour mener à bien l’opérationd’accès à l’égalité.

30. De plus, d’après le dernier recensement du Canada, de 1981, les hommes gagnentsystématiquement plus que les femmes à égalité de statut, d’âge et de niveau d’éducation. Sil’on compare les salaires, on constate qu’un homme qui n’a qu’une 9ième année de scolaritégagne légèrement plus qu’une femme titulaire d’une maitrise ou d’un doctorat universitaire(15 698 5 par rapport à 15 527 S dans le groupe d’âge de 25 à 34 ans).

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La situation des femmes dans le système d’enseignement: une double perspective 25

Pour définir les trois sortes de mesures préconisées dans le cadre d’untel programme, on peut dire que:

les mesures de soutien visent à régler certains problèmes du groupevisé (les femmes) mais elles sont accessibles à tous.

On peut citer comme exemple, la généralisation d’un système degarderies, les cours de recyclage offerts aux employés dont le posteest menacé par les développements technologiques, ou encore descours de sensibilisation dispensés aux élèves de 3e secondaire sur lesnécessités de se préparer à une vie d’adulte autonome financièrement.

Les mesures d’égalité des chances visent à assurer une égalité d’accèsà un droit. On peut nommer comme exemple la formation de classesdans les disciplines scientifiques comportant dans la mesure dupossible 50% de filles et 50% de garçons, avec de fortes incitationsauprès des filles pour qu’elles s’y inscrivent si leur nombre s’avéraitinsuffisant ou encore, des concours de promotion ouverts à tout lemonde, mais comportant l’envoi de lettres de relance aux femmesadmissibles seulement; la désexisation du processus d’affichage desconcours de recrutement et de formation, la constitution de comitésde sélection mixtes, des programmes de relève de cadres acceptantdes candidats sur une base de proportionnalité de représentation.

Finalement, les mesures de redressement visent à éliminer ladiscrimination passée ou actuelle subie par un groupe de personnesen accordant temporairement à ses membres certains avantagespréférentiels. On peut citer les programmes de relève ouverts auxfemmes seulement, les programmes de rattrapage en sciences offertsuniquement aux filles, l’institution de stages en situation de gestionavec support de genre «tutorat» accessibles aux seules femmes, lespostes de cadres «réservés» aux femmes.

L’élaboration précise du contenu de ces trois séries de mesures devras’inscrire dans le cadre d’une démarche de changement plan ifié conçuepar les divers agents et institutions impliqués sous la coordination duministère de l’Education. Cette démarche suppose l’élaboration demécanismes de contrôle permettant d’évaluer les progrès réalisés,d’identifier les difficultés rencontrées et de déterminer les réajustementsnécessaires.

La contribution des • La contribution des divers agents et institutions du systèmedivers agents éducatifs d’éducation est requise pour élaborer ce programme d’accès à

l’égalité: commissions scolaires et écoles, cégeps, universités, syndicats, sous l’égide de la Commission des droits de la personne quiprocurera une aide technique. La coordination du programmepourra être assurée par un service du ministère de l’Educationconnaissant bien tout le réseau et sensibilisé à la condition féminine:le Bureau de coordination à la condition féminine, qui dispose déjàd’une infrastructure de communication intra-réseau.

Ainsi qu’une expérience de promotion féminine dans le réseau desAffaires Sociales en témoigne, pour être réellement efficace, uneinfrastructure de répondantes dans un réseau comme celui des AffairesSociales ou l’Education, exige une grande disponibilité de temps et

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26 Conseil supérieur de l’éducation

d’énergie de la part des responsables en place dans chaque institution.Les conditions de succès d’une telle opération présupposent que lesrépondantes soient, soit dégagées de leurs responsabilités habituelles,soit recrutées sur une base contractuelle pour s’occuper uniquement dece dossier.

La Commission des droits de la personne, avec laquelle des contactsont été pris pour définir la nature de l’aide technique qu’elle pourraitapporter dans ce dossier, insiste beaucoup sur la qualité et la pertinencedes études à mener dans la phase diagnostique, avant d’envisager lesmesures de redressement qui s’imposeront. Il est hors de doute quel’expertise de la Commission permettra de maximiser la portée del’opération «égalité d’accès», qui comportera plusieurs volets,

En vertu de ce qui précède, le Conseil recommande donc au ministre del’Education:

17° La mise sur pied d’un programme d’accès àl’égalité visant à assurer une plus juste représentation des femmes à tous les niveaux et secteurs dusystème d’éducation en tant qu’étudiantes et travailleuses (enseignantes, cadres, employées de soutien, etc.).

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La situation des femmes dans le système d’enseignement: une double perspective 27

Conclusion

Les consultations faites par le Comité chargé de l’étude se sont avéréestrès révélatrices: elles ont clairement fait ressortir que les problèmes quiavaient été identifiés il y a 5 ans étaient loin d’être réglés et que, danscertains cas, ils s’étaient même aggravés1: les femmes occupent dansnotre société en général, et dans le système d’éducation en particulier,un champ très limité des études et des emplois disponibles, et ellesn’accèdent pour ainsi dire pas au pouvoir.

Leur situation ne s’est pas améliorée au cours de la dernière décennie,bien au contraire, il y a moins de femmes cadres aujourd’hui qu’il y enavait il y a quelques années.

Alors que l’institution du mariage est minée par la vague sansprécédent des divorces, un grand nombre de femmes continuent àtabler sur la dépendance en considérant leur travail comme temporaireet non pas dans une perspective de carrière porteuse de valorisationpersonnelle et d’une plus grande autonomie.

La réalité, cependant, est tout autre, puisque la participation desfemmes au marché du travail n’a cessé d’augmenter depuis le début dusiècle et s’est fortement accélérée depuis dix ans pour atteindre plus de50% en 1975, pendant l’Année Internationale de la Femme.

On s’explique mal, dans ce contexte, le choix déplorable des filles pourles mêmes options scolaires cul-de-sac, dans les secteurs en surplus demain-d’oeuvre, alors que les sciences pures et appliquées, le génie et lestechnologies nouvelles constituent les disciplines de l’avenir.

Ces choix sans issue sont également dc mauvais augure pour l’avenir:ils hypothèquent lourdement la contribution des femmes à la société dedemain, car on ne prépare pas de relève, pas de femmes qualifiées dansles secteurs de pointe, pas de femmes admissibles à des postes decadres.

Nos consultations ont également fait apparaître l’absolue nécessitéd’agir concrètement pour redresser des situations inégalitaires et de neplus se retrancher derrière un discours prônant l’égalité théorique desdroits. Toute société soucieuse de justice sociale ne peut tolérer queplus de 50% de ses citoyens voient leurs talents laissés en friche etoccupent des emplois de seconde zone tout simplement parce qu’ilsfont partie du «deuxième sexe».

C’est dans l’espoir de voir le système d’éducation, dans son ensemble,redoubler d’efforts et d’énergies pour assurer enfin la promotion desfemmes au sein de la société québécoise que le Conseil émet ces avis. Leralentissement ou la réduction des interventions à cet égard hypothêqueraient gravement l’avenir des Québécoises et des Québécois.

I. Pour mémoire, rappelons que le Conseil avait identifié, en 1979, comme problèmes,notamment: une distinction basée sur le sexe dans les différents secteurs des études et dutravail (99% des infirmières étaient des femmes et seulement 9% des médecins chirurgiens enétaient) et une représentation inégale des femmes et des hommes aux divers niveauxd’enseignement et dans la hiérarchie scolaire.

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28 Conseil supérieur de l’éducation

Liste des recommandations

À la lumière des deux analyses de situation présentées dans les deuxpremières parties de cet avis, le Conseil émet les recommandationssuivantes:

Le Conseil recommande que le ministère de l’Éducation, de concertavec les divers agents éducatifs:

1~ Étudie les aspirations, besoins et valeurs desfillesde 4e et 5e secondairepour déterminer les modalitéset étapes de réalisation d’un programme de sensibilisation aux choix scolaires et professionnels quileur serait destiné, et qui pourrait être intégré auprogramme d’<Education au choix de carrière».

2° Mette sur pied subséquemment un telprogrammede sensibilisation qui comprendrait 2 volets:

• Un volet «prise de conscience des réalités de lavie en société d’aujourd’hui» qui pourrait exposer les statistiques relatives à l’emploi et auchômage, au mariage et au divorce et permettraitde faire comprendre auxfilles la nécessité devantlaquelle elles seront placées d’assurer leur autonomieJïnancière et de se réaliserpar leur travail.

• Un volet relatjf aux choix scolaires et professionnels qui pourrait élargir leur éventail d’options, tout particulièrement dans le cadre duchangement technologique. Ce volet pourraitprésenter maints exemples de femmes quiexercent des professions non traditionnellesauxquelles lesfillespourraientfacilement s’ident (fier.

30 Révise lejeu « Vire- Vie » pour le mettre àjour et ensimpl(fier l’utilisation.

40 Mett~ sur pied, au sein de chaque institutiond’enseignement, un «comité des droits»formé dereprésentants des étudiants, des enseignants, de ladirection et des employés de soutien, pour entendretous les cas de discrimination et de harcèlementsexuel qui seraient portés à sa connaissance.

5° Prépare, à l’intention des concepteurs et des éditeurs de manuels soumis à la grille d’analyse desstéréotypes discriminatoires, des modèles et desexemples permettant la désexisation des rôlessociaux pour leur faciliter la tâche.

6° Accorde, aux commissions scolaires et aux écoles,des crédits non transférables à d’autres postesbudgétaires pour renouveler le matériel scolaire

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La situation des femmes dans le système denseignement: une double perspective 29

existant et mettre àjour les bibliothèques scolairesdans un objectjf de désexisation.

Le Conseil recommande que les collèges et universités:

7° Procèdent à des études visant à détecter les élémentssexistes contenus dans le matériel pédagogique eten publicise les résultatspoury sensibiliser le corpsprofessoraL

Le Conseil recommande que les organismes subventionnaires:

8° Accordent desfonds non transférables aux collègeset universités pour qu’ils procèdent à ces étudesvisant à détecter les éléments sexistes dans lematériel pédagogique.

Le Conseil recomniande au ministre de l’Éducation:

9° Que lors de la révision des programmes, desobjectVs de désexisation soient intégrés à leurcontenu au moment même de leur conception. Lesobject(fs doivent avoir fait l’objet de recherchespréliminaires exclusives pour permettre de désexiser les rôles sociaux, de mieux mettre en valeur lescontributions defemmes à divers domaines et poursensibiliser les étudiants à la condition féminine.

10° Que dans le cas de programmes dejà révisés sanstenir compte de cet object(f de désexisation, desguides pédagogiques soient préparéspourpermettre aux enseignants de suppléer aux carences desprogrammes qu’ils enseignent.

11° Qu’en ce qui concerne la politique d’éducation desadultes, il faudra, lorsque son élaboration seraterminée, s’assurer qu’elle réponde aux besoinséducat(fs des femmes.

12° Qu’ilproduise et d(ffuse des documents de sensibilisation au sexisme incluant des états de situationétoffés dont la présentation aux enseignants devraitêtre assortie d’activités d’animation et de discussionen groupes.

13° Qu’il introduise cettepréoccupation de sensibilisation au sexisme dans tous les aspects de rôled’éducateur(trice) et non pas en marge ou en ajout.

14° Qu’il incorpore cette dimension comme partieintégrante du programme de la formation et duperfectionnement des enseignantes et enseignants.

15° Qu’il produise et diffuse des guides d’activités etdes études soulignant la contribution des femmesdans divers domaines, et présentant des femmesdans des rôles non stéréotypés.

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30 Conseil supérieur de ‘éducation

16° Qu’il incite tous les intervenants (professeurs,orienteurs) qui travaillent auprès de jeunes àstimuler lesfilles à poursuivre leurs études dans desvoies non traditionnellement féminines.

17° Qu’il mette sur pied un programme d’accès àl’égalité visant à assurer une plus juste représentation des femmes à tous les niveaux et secteurs dusystème d’éducation en tant qu’étudiantes et travailleuses (enseignantes, cadres, employées de soutien, etc.).

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La situation des femmes dans le système d’enseignement: une double perspective 31

Annexe ALes personnes consultées

Le comité a rencontré à Montréal:

2femmes-cadres: Mmes Sarah Paltiel, directrice générale du CégepDawson et Louise Pelletier-Hétu, directrice adjointe à l’EcoleHonoré-Mercier. -

— 4 répondantes institutionnelles et syndicales de conditionféminine:Mmes Lesley Lee (CSN), Marie Gagnon et Rosette Côté (CEQ),9iane Doray-Bolton (Université Concordia).

ïz5 professeures-chercheures et responsables de formation: MmesSuzanne Dumont (Collège Bois-de-Boulogne), Suzanne Landry etJacqueline Lamothe (0.1. R. F. de l’UQAM), Claudie Solar (Univer

Montréal), Carmelle Thérien (UQAM).

— Une journaliste spécialiste des réseaux d’entraide féminine: MmeClaire Harting, du Journal de Montréal.

— Une représentante du «Bottin des Femmes»: Mme Stella Baudot.

La présidente et le directeur du service de l’éducation de laCommission des Droits de la Personne: Mme Francine Fournier etM. Yves Côté.

— Mme Nicole Daigle, employée de soutien (CSN).

Le comité a rencontré à Québec:

— 2 femmes-cadres: Mmes Thérèse Ouellet, directrice générale de laCECQ et Diane Provencher, directrice générale de la Commissionscolaire de Beauport.

— La coordonnatrice de la condition féminine à l’Université Lavai:Mme Francine Roy.

—2 étudiantes: Miles Lucie Reimnitz et Pascale Raymond, Cégep deSainte-Foy.

— La directrice du Bureau de la condition féminine au ministère deI’Education: Mme Diane Gagnon.

— La présidente de la Fédération des associations de professeursd’université du Québec: Mme Ann Robinson.

De plus, la secrétaire du comité a rencontré à Québec, au ministère dela Fonction Publique: Madame Michelle Lejeune, sous-ministreadjointe, Madame Marie-Paule Dubé, coordonnatrice du secteurfemmes et Madame Chantal Yvon et, â l’Université Laval, MadameLouise Beaulieu, chargée d’enseignement à la faculté des Sciences del’Education.

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32 Conseil supérieur de l’éducation

Annexe BDocumentation

1. Matériel scolaire1.1 «La désexisation du matériel scolaire: une opération du dossier

de la C.C.F. en matière d’éducation», Michèle Violette,coordination à la condition féminine, MEQ, septembre 1983.

1.2 «Grille d’analyse des stéréotypes discriminatoires dans lematériel didactique imprimé, édition révisée», publiée par laDirection du matériel didactique, Direction générale du développement pédagogique, MEQ, mars 1982 (extraits).

1.3 Dossier « Discrimination et stéréotypes discriminatoires», publié dans Vie pédagogique, octobre 80.

2. Orientation

2.1 «Les actions du ministère de l’Éducation dans le dossier del’orientation des filles», Michèle Berthelot, coordination à lacondition féminine, secteur de la planification, MEQ, avril1983.

2.2 «L’orientation professionnelle», corporation professionnelledes conseillers d’orientation du Québec, vol. 15, no 5, février1980.

2.3 «L’orientation des filles en milieu scolaire», résultats dusondage effectué à rautomne 1976 auprès des conseillersd’orientation et spécialistes de l’information scolaire et professionnelle de la province dc Québcc, analyse faite par LiseDunnigan, Service de la recherche, Conseil du statut de lafemme, novembre 1977.

3. Programmes

3.1 «Doit-on abolir le diplôme d’études collégiales en secrétariatou non?», Suzanne Mcssier, Service de la recherche, Conseil duStatut de la femme, février 1983.

3.2 «Le Conseil supérieurde l’éducation et la condition féminine»,note au ministre de l’Education, adoptée à la 220e réunion, le30mars 1979, et préparée à l’occasion dc la parution du rapportdu Conseil du statut de la femme «Pour les Québécoises: égalitéet indépendance».

3.3 «Wasted potential», Robin Ward, publié dans The Timeseducational supplement, nov. 4, 1983.

3.4 «Aperçu de quelques programmes américains d’incitation auxcarrières scientifiques et aux métiers non traditionnels pour lesfilles», Hélène Lévesque, coordination à la condition féminine,MEQ, 1983.

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La situation des femmes dans le système d’enseignement: une double perspective 33

4. Vie étudiante

4.1 «L’Université Lavai au féminin», rapport du Comité d’étudesur la condition féminine à l’Université Lavai, 1980.

4.2 «L’instruction au féminin: forcer l’accès du savoir», MichèlePérusse, publié dans Education-Québec, janvier 1979.

4.3 «Les femmes ont-elles les mêmes chances?», Suzanne DumontHenry, Prospective, avril 1981.

4.4 «La formation des adultes: les femmes», Claire Chénard et LiseFrenette, Service de la recherche, mémoire présenté à laCommission d’étude sur la formation des adultes par le Conseildu statut de la femme, 1980.

4.5 «La reconnaissance des acquis expérientiels des femmes auxEtats-Unis», Marthe Sansregret, publié par le Cégep JohnAbbott en collaboration avec la Direction générale de l’éducation des adultes, MEQ, 1983.

4.6 «Classroom climate for women: the tip of the iceberg»,Roberta M. Hall, AAHE Bulletin, oct. 1983.

5. Pratique pédagogique

5.1 «Le sexisme: défi pour les éducateurs», par Diane Gagnon,publié dans Vie pédagogique, no 9, octobre 1980.

5.2 «L’action de l’enseignante en classe», par Danielle WolfeBlanchard, publié dans Vie pédagogique, no 9, octobre 1980.

6. Statistiques sur la présence des femmes en édûcation

6.1 Constats: «Statistiques sur la présence des femmes en éducation», rapport non encore publié,juillet 1983, données obtenuesde Louise Barrette, agente de recherche, coordination à lacondition féminine, MEQ.

6.2 «L’accès à l’université», document de travail, Robert Maheu,service de la démographie scolaire, MEQ, janvier 1983.

6.3 «La progression des élèves au secondaire et au collégial;premiers résultats: 1976 à 1981», doc. 61, Robert Maheu,Daniel Maisonneuve, secteur de la planification, Direction desétudes économiques et démographiques, MEQ, août 1982.

6.4 «Analyse sociale de l’éducation», Renée Cloutier, Jean Moisset,Roland Ouellet, Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Lavai, département d’administration et politique scolaire,Boréal Express, 1982.

6.5 «Chiffres en main», statistiques sur les Québécoises, parSuzanne Messier, Conseil du statut de la femme, 1981.

6.6 « L’accès à l’éducation pour les femmes du Québec», mémoiredu Conseil du statut de la femme, décembre 1976.

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34 Conseil supérieur de l’éducation

7. Statistiques relatives à l’emploi des femmes en éducation

7.1 « Chiffres en main», statistiques sur les Québécoises, parSuzanne Messier, Conseil du statut de la femme, 1981.

7.2 «Statistiques de professeurs et professeures à l’emploi desdifférents départements universitaires du Québec», F.A. P. U. Q.,mars 1981.

7.3 «La situation de la femme dans la vie universitaire du Canada»,extrait du Rapport de la Commission sur les études canadiennes«Où trouver l’équilibre?», Thomas FLB. Syms et James E.Page, Association des Universités et Collèges du Canada, 1984.

7.4 «La situation des femmes à l’Université du Québec à Montréal,1980», Joanne Daigle, Jennifer Stoddart, mise à jour dumémoire de 1978.

7.5 Colloque «Pourquoi 50% de l’enseignement universitaireest-il assumé par des temps partiels?», S.C.C.U.Q.-C.S.N.,F.N.E.E.Q., 1983.

7.6 «Chargées et chargés de cours: le temps partiel de l’enseignement universitaire», mémoire présenté à la Commission d’enquête sur le travail à temps partiel, 16 septembre 1982.

7.7 Statistiques sur le personnel à l’emploi des commissionsscolaires, organismes, collèges, universités et dans le secteur del’éducation des adultes fournies par Louise Barrette, Bureau dela Condition Féminine, M.E.Q.

8. Littérature relative à l’emploi en général des femmes

8.1 «Microtechnologie et emploi: question d’importance pour lesfemmes», Conseil consultatif canadien de la situation de lafemme, Ottawa, juillet 1982.

8.2 «Problèmes des femmes immigrantes sur le marché du travailcanadien», Conseil consultatif canadien de la situation de lafemme, Ottawa, janvier 1979.

8.3 «Perception et actualisation des facteurs de promotion chez lesfemmes cadres des grandes entreprises québécoises francophones du secteur privé», thèse de Mme Francine Harel-Giasson(administration), Ecole des Hautes études commerciales, Université de Montréal, janvier 1981.

8.4 «Résultats de l’enquête sur les femmes professionnelles duGouvernement du Québec», Comité des femmes du SPGQ,juin 1979.

8.5 «Le travail à temps partiel: une mesure d’égalité en emploi oud’inégalité en emploi», Renée Charpentier, Service de larecherche, Conseil du statut de la femme, janvier 1982.

8.6 - «Femmes, travail et entreprises», document témoin du colloquetenu le 28octobre 1982 par l’Ecole des Hautes études commerciales à Montréal (extraits).

Page 39: LA SITUATION DES FEMMES DANS LE SYSTÈME …

La situation des femmes dans le système d’enseignement: une double perspective 35

8.7 « La recherche sur les femmes du Québec: bilan et bibliographie», Denise Lemieux et Lucie Mercier, Institut québécois derecherche sur la culture, 1982.

8.8 « Femmes médecins d’aujourd’hui», Nicole Dedobbeleer et al,publié dans Le médecin du Québec, juillet 1979.

Page 40: LA SITUATION DES FEMMES DANS LE SYSTÈME …

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La situation des femmes dans le système d’enseignement: une double perspective 37

Annexe 2

Personnel des commissions scolaires. Ensemble du personnel de direction des écoles primaireset secondaires, selon le sexe et le corps d’emploi, Québec 1981-82.

Corps d’emploi Ensemble des écoles Ensemble des écolesprimaires secondaires

FEMMES N % concen- % fémi- N % concen- % fémitration nité tration nité

Directeur 621 81,4 33,0 58 28,0 10,4Directeur adjoint 142 18,6 44,7 149 72,0 17,3TOTAL 763 100,0 34,7 207 100,0 14,6

HOMMES N % concen- % fémi- N % concen- % fémitration nité tration nité

Directeur 1260 87,7 67,0 502 41,4 89,6Directeur adjoint 176 12,3 55,3 710 58,6 82,7TOTAL 1436 100,0 65,3 1212 100,0 85,4

Source: Direction de la Planification sectorielle et des systèmes (données obtenues de madame Louise Barrette, coordonnatriceféminine, MEQ).

Page 42: LA SITUATION DES FEMMES DANS LE SYSTÈME …

38 Conseil supérieur de l’éducation

Annexe 3

Personnel des Cégeps. Ensemble du personnel de direction des cégeps, selon le sexe et le corpsd’emploi: Québec 1981-82. Calcul des taux de concentration et de féminité.

Corps d’emploi F M % con. % fém.

2 45 4,9 4,33 46 7,3 6,11 35 2,4 2,8o 30 0,0 0,05 26 12,2 16,13 35 7,3 7,95 18 12,2 21,7o i 0,0 0,05 82 12,2 5,7

11 2,4 8,34 41 9,8 8,90 2 0,0 0,00 33 0,0 0,03 11 7,3 21,40 4 0,0 0,00 11 0,0 0,02 23 4,9 8,05 20 12,2 20,02 5 4,9 28,60 11 0,0 0,00 11 0,0 0,00 7 0,0 0,0

Total: 41 508 100,0 7,5

Notes: Les diverses catégories des corps d’emploi «Coordonnateur des moyens d’enseignement» et «Directeur adjoint decampus» ont été regroupées sous un seul vocable correspondant.

Source: «Système d’information sur tes personnels des organismes collégiaux (SPOC)», Direction générale de l’enseignementcollégial, MEQ, 1983. Données obtenues de Madame Louise Barrette, CCF, MEQ.

Directeur généralDirecteur des Services pédagogiquesDirecteur des Services aux étudiantsDirecteur des Services de l’équipementDirecteur des Services du personnelSecrétaire généralCoordonnateur des moyens d’enseignementChef instructeurAdjoint au directeur des Services pédagogiquesCoordonnateur de l’informatiqueCoordonnateur de secteurCoordonnateur de la recherche & expérimentationDirecteur des Services financiersCoordonnateur des Services aux étudiantsCoordonnateur de l’aide pédagogique individuel.Directeur des Services administratifsCoordonnateur de l’éducation aux adultesCoordonnateur des Services du personnelCoordonnateur des Services financiersCoordonnateur des Services de l’équipementDirecteur de campusDirecteur adjoint de campus

Page 43: LA SITUATION DES FEMMES DANS LE SYSTÈME …

La situation des femmes dans le système d’enseignement: une double perspective 39

Annexe 4

Personnel des universités. Ensemble du personnel de direction des universités, selon le sexe etle titre d’emploi, Québec, 1980-81. Calcul des taux de concentration et de féminité.

Titre d’emploi 1980-81

Femmes N % C. % F.

Doyen 3 1,8 4,1Vice-doyen 16 9,9 12,6Directeur(1) 11 6,8 16,2Directeur de département 62 38,3 11,5Autres fonctions administratives 16 9,9 12,7Directeur (non-enseignant) (2) 54 33,3 11,2

Total 162 100,0 11,4Hommes

Doyen 71 5,6 95,9Vice-doyen 1 1 1 8,8 87,4Directeur 57 4,5 83,8Directeur de département 479 38,2 88,5Autres fonctions administratives 110 8,7 87,3Directeur (non-enseignant) 430 34,2 88,8

Total 1258 100,0 88,6

Notes: 1) Équivalent au doyen

2) Le personnel de direction non-enseignant comprend le directeur et le ou les directeurs-adjoints aux recteurs, président,vice-président, principal, vice-principal. Ils sont assez nombreux pour justifier une classe d’emploi distincte.

Source: Direction générale de la recherche et de l’enseignement universitaire. Direction de la recherche et du développement,MEQ, 1983. Données obtenues de Madame Louise Barrette, CCF, MEQ.

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La situation des femmes dans le système d’enseignement: une double perspective 41

CONSEIL SUPÉRIEURDE L’ÉDUCATION

Pi~ésident Claude CAPISTRAN Stephen PAVELKOClaude BENJAMIN Directeur général Principal de l’ÉcoleSainte-Poy Commission scolaire de Varennes Mgr Harold Doran

Sorel Junior High SchoolVice-président Deux-MontagnesLucien ROSSAERT Claude DUCHARMESecrétaire général et Directeur québécois des Yvan PELLETIERdirecteur des services aux Travailleurs Unis de Directeurétudiants à la C.S. Richelieu- l’Automobile École institutionnelleValley Montréal Mgr BoucherMont-St-Hilaire Kamouraska

Joan FITZPATRICKMembres Conseillère pédagogique pour les Ann ROBINSONKathryn ANDERSON milieux défavorisés à la Professeur de droit,Directrice, Centre Dialogue C.E.P.G.M. Université Lavaide l’Église Unie du Canada Montréal St-Jean, île d’OrléansMontréal

Henri GERVAIS ClaudeR\OCHONLouis BALTHAZAR Technicien en laboratoire Secrétaire généralProfesseur titulaire de photos C.S.R. CarignanUniversité Laval Radio-Canada Tracy(présentement en année Brossard

Françoise SIMARDsabbatique) Pierrette GIRARD-FRARE Enseignante en histoire etMontréal

Directrice de l’École secondaire enseignement religieuxDaniel BARIL Joseph-Charbonneau Polyvalente Dominique-RacineEnseignant en éducation Duvernay — Lavai Chicoutimihumaine et sociale et

Alain LARAMÉE Victor TÊBOULprésident du mouvementlaïque québécois Chargédecoursencommunication Directeur de la Revue Jonathan

et étudiant en doctorat MontréalMontréalMontréal

Christiane BÉRUBÉ-GAGNÉ SecrétaireMembre de i’A.F.E.A.s. Constance MIDDLETON-HOPE Raymond PARÉ

Présidente du Comité protestantRimouskiHudson Heights

Jean-Guy BISSONNETTERosaire MORINPrésident du Comité catholique Économiste et écrivain

Longueuii Montréal

Jules BÉLANGERProfesseur au Cégep de la Monique MUS-PLOURDEGaspésie Membre de comités de parents

MontréalGaspé

Raymond BERNIERCoordonnateur des ventes et dela mise en marché, Groupe SamsonBeauport

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Édité par la Direction des communications du Conseil supérieur de l’éducation 50-331