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Un rapport d’UNICEF Canada sur les progrès réalisés en 50 ans LA SURVIE ET LA SANTÉ DES ENFANTS DANS LE MONDE

LA SURVIE ET LA SANTÉ DES ENFANTS DANS LE …notis-consulting.net/sites/default/files/Documents/La survie et la... · Les vaccins anti-pneumocoque et anti-Hæmophilus influenzæ

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Un rapport d’UNICEF Canada sur

les progrès réalisés en 50 ans

LA SURVIE ET LASANTÉ DES ENFANTS

DANS LE MONDE

AVANT-PROPOS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5

1. INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7

2. LA SANTÉ DES ENFANTS AU COURS DES CINQ DÉCENNIES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11L’importance de l’information . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13La voie du progrès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .14

3. PNEUMONIE ET AUTRES INFECTIONS RESPIRATOIRES AIGUËS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .17Gestion de la pneumonie et des IRA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .20Les vaccins anti-pneumocoque et anti-Hæmophilus influenzæ de type b (Hib) . . . . . .22

4. MALADIES DIARRHÉIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .25Thérapie par réhydratation orale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .27Alimentation en eau et assainissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30Vaccin antirotavirus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .34

5. PALUDISME . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .35Faire reculer le paludisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .38La Déclaration d’Abuja . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .39Moustiquaires pour le lit imprégnées d’insecticide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .40Développement d’un vaccin antipaludique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .42

6. ROUGEOLE, VARIOLE, POLIO ET IMMUNISATION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .43Vaccination contre la rougeole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .46Éradication de la variole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .47Éradication de la polio . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .48Le défi associé à l’approvisionnement et à l’administration des vaccins . . . . . . . . . . .50Campagnes de vaccination et jours de tranquillité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .52La vaccination dans les situations d’urgence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .53

7. VIH/SIDA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .55La prévention chez les jeunes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .58Prévention de la transmission mère-enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .59Traitement antirétroviral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .61Protection, soins et soutien pour les enfants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .63

8. GESTION DES CARENCES EN MICRONUTRIMENTS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .67Troubles dus à la carence en iode (TCI) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .70Carence en vitamine A (hypovitaminose A) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .73Carence en zinc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .75

9. PRENDRE L’AVENIR EN MAIN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .77

TABLE DES MATIÈRES

4 L A S U R V I E E T L A S A N T É D E S E N FA N T S DA N S L E M O N D E

5L A S U R V I E E T L A S A N T É D E S E N FA N T S DA N S L E M O N D E

AVANT-PROPOS

Depuis cinquante ans, UNICEF Canada tissedes liens entre les Canadiens et les enfantsdu monde. Pendant chacune de ces années,la survie et la santé des enfants ont été aucœur même de cette relation.

Nous, Canadiens, pouvons être fiers durôle que nous avons joué et que nouscontinuons d’exercer dans l’amélioration dubien-être des enfants du monde. LesCanadiens ont contribué à de remarquablesréalisations par l’entremise de spécialistescanadiens en santé, d’ingénieurs, descientifiques et de défenseurs des droits,d’organismes de la société civile tels queRotary International, Kiwanis International etleurs milliers de membres canadiens, ainsique du gouvernement du Canada, parl’intermédiaire de l’Agence canadienne dedéveloppement international. Les pages dece rapport témoignent de ces réussites,accomplies en partenariat avec lesgouvernements, les communautés et lesparents du monde entier. Sans le moindredoute, ces réalisations illuminent la voie del’avenir.

Nous ne pouvons cependant pas noussatisfaire de ce que nous avons déjàaccompli. Bien que, globalement, lesréductions des taux mondiaux de mortalitéet de morbidité des enfants aient étésignificatives au cours des cinq dernièresdécennies, ces données d’ensemblemasquent d’importants écarts entre les payset à l’intérieur même de ces pays. Il estessentiel d’accorder une attention accrueaux enfants les plus désavantagés etvulnérables afin de réduire ces écarts. LeVIH/sida a eu un effet immensémentpréjudiciable sur les taux de mortalité desenfants, en particulier en Afriquesubsaharienne où ces taux ont en faitaugmenté dans un certain nombre de pays.Nous disposons des connaissances et desstratégies pour contrer cette pandémie.

Elles doivent être mises en place à vasteéchelle sans plus tarder.

Par ailleurs, il est assez décourageant deconstater la similarité frappante entre lesmaladies, ou les conditions, qui sontaujourd’hui les causes principales demortalité et de morbidité des enfants, etcelles qui existaient il y a cinquante ans.Nous savons ce qui doit être fait pours’attaquer à ces causes : des technologieséprouvées et rentables sont rapidement etfacilement utilisables, et les progrès réalisésen recherche en santé publique et dans lessystèmes de prestation de soins ouvrent lavoie à de nouvelles percées. Ce qui manquetoujours demeure un engagement publicsuffisant et durable, ainsi que la volontépolitique d’investir les ressources et lesmesures nécessaires pour lutter contre lesmaladies éminemment évitables; ce sontelles qui tuent chaque jour des dizainesde milliers d’enfants et qui minent la santéde millions d’autres. Sans un réelinvestissement, l’engagement tant vantédes gouvernements du monde enversles objectifs du Millénaire pour ledéveloppement, dont un grand nombreest axé sur le bien-être de l’enfant, n’estque pure rhétorique.

Nos succès sont réels. Célébrons-lesdonc, mais faisons encore plus pour veillerà ce que nos liens avec les enfants dumonde constituent une sauvegarde, pourchacun d’eux.

Nigel FisherPrésident et chef de la directionUNICEF Canada

6 L A S U R V I E E T L A S A N T É D E S E N FA N T S DA N S L E M O N D E

7L A S U R V I E E T L A S A N T É D E S E N FA N T S DA N S L E M O N D E© UNICEF/HQ99-0939/Jim Holmes

1INTRODUCTION

8 L A S U R V I E E T L A S A N T É D E S E N FA N T S DA N S L E M O N D E

9L A S U R V I E E T L A S A N T É D E S E N FA N T S DA N S L E M O N D E

Il y a cinquante ans, la Terre ne comptait queprès de trois milliards d’habitants, moins de lamoitié de la population mondiale de 20051. Lesida n’existait pas, mais les enfants et leursparents vivaient dans la crainte constante dela polio (ou de la paralysie infantile, nom souslequel la maladie était alors connue). On savaitdéjà que les jeunes enfants étaient enclins àêtre victimes de maladies du systèmerespiratoire ou digestif et qu’ils risquaient d’enmourir2. De plus, on comprenait qu’un grandnombre de maladies et de décès chez lesjeunes enfants étaient causés par lesprincipales maladies infectieuses. Elles avaientété pratiquement éradiquées dans les paysaffichant un taux relativement bas de mortalitéinfantile et juvénile, mais demeuraienttoujours largement répandues dans lesrégions où de nombreux enfants mouraientavant l’âge de cinq ans3. Il était en outre fortreconnu que les taux de mortalité les plusélevés du monde auraient pu être réduits demanière substantielle et à des coûtsrelativement peu élevés grâce àl’administration de médicaments modernes età l’utilisation d’insecticides4.

Des progrès significatifs ont été réalisésau cours des cinquante dernières années en cequi concerne la santé des enfants du monde,mais certains défis sont demeurés constants.L’un des aspects les plus décourageantsconcernant l’effort pour l’amélioration de lasanté des enfants au cours des décennies, estla persistance avec laquelle certaines descauses les plus importantes de décèsd’enfants ont exercé leur sinistre influence. En2003, les principales causes de décès chez lesenfants de moins de cinq ans, outre la périodenéonatale, étaient la pneumonie, la diarrhée,le paludisme, la rougeole et le sida5. Dans lesannées cinquante, le sida n’aurait bienentendu pas figuré sur une telle liste, et lapolio y aurait probablement occupé unegrande place, mais un grand nombre demaladies qui menaçaient les enfants il y a

cinquante ans continuent de tuer et de minerla santé des enfants d’aujourd’hui.

Au cours de ces décennies, la dénutritiona été un facteur de contribution persistant ettrès important aux maladies et décès d’enfantset de nos jours, elle est une cause sous-jacente de 53 pour cent des décès chez lesenfants de moins de cinq ans6. La qualité et laquantité des aliments, de même que despratiques convenables d’allaitement, jouentpar conséquent des rôles primordiaux quant àla santé des enfants. La sécurité alimentaired’une famille dépend non seulement del’accès à des aliments nutritifs, mais aussi dela conservation et de la préparation de cesaliments, des pratiques d’allaitement et desmicronutriments. Pour les bébés et les jeunesenfants, la sécurité alimentaire signifie aussil’allaitement maternel exclusif de la naissanceà six mois, et le maintien de l’allaitementpendant deux ans ou plus avec unealimentation complémentaire adaptée à l’âge,afin de favoriser la croissance et ledéveloppement.

Le rôle que joue l’allaitement materneldans la santé d’un enfant ne peut êtresurestimé. L’allaitement est non seulementessentiel aux besoins nutritionnels d’unnourrisson, mais il contribue aussi à protégerles bébés contre la diarrhée et les infectionsrespiratoires aiguës. Il stimule leur systèmeimmunitaire, améliore leur réaction auxvaccins, et le lait maternel renferme plusieurscentaines de molécules, d’enzymes, deprotéines et d’hormones qui favorisent unebonne santé.

© UNICEF/HQ91-0051/Roger Lemoyne

INTRODUCTION

10 L A S U R V I E E T L A S A N T É D E S E N FA N T S DA N S L E M O N D E

Le premier mois de vie est la période laplus dangereuse pour les enfants du monde.Plus d’un tiers des enfants de moins de cinqans meurent pendant cette seule période d’unmois7. Les décès néonatals sont causés par lanaissance prématurée, la sepsis et lapneumonie, l’asphyxie, les anomaliescongénitales, le tétanos, la diarrhée et diversautres facteurs. Le développement de centreset de services en obstétrique ainsi que celui deservices de santé communautaire, incluant desaccoucheuses qualifiées, de même que lapromotion de l’allaitement maternel et son

soutien, pourraient grandement réduire le tauxde mortalité durant cette période de la vie.

Pour les fins du présent rapport, nousavons toutefois choisi de mettre l’accent surcertaines des principales maladies menaçantles enfants. La raison est que les progrèsimportants en recherche et les interventions ensanté publique visant à prévenir et à traiter cesmaladies nous donnent un espoir inouï pourl’avenir, en particulier alors que nous nousattaquons au défi sans précédent quereprésente maintenant le VIH/sida pour lasanté des enfants dans le monde.

L’un des progrès relativement nouveaux etdes plus considérables dans la lutte contre lamortalité en bas âge a été la découverte selonlaquelle la consommation de certainsmicronutriments, notamment la vitamine A etle zinc, peut prévenir et minimiser l’effet deplusieurs maladies infectieuses. Pour cetteraison, et parce que les Canadiens ontgrandement contribué à la recherche et àl’approvisionnement en micronutriments,nous avons décidé d’étudier aussi ce secteurcritique d’intervention.

Nous savons comment prévenirl’apparition de la plupart des maladies quimenacent les enfants et comment les traiterpour ainsi sauver plusieurs centaines demilliers, voire de millions d’autres enfants.Pour ce faire, il suffit de l’engagement dupublic et de la volonté politique de fournir lesfonds et les autres ressources nécessaires àl’effort, de même que la connaissance et laparticipation de chaque travailleur de la santé,des parents et des autres intervenants afin deprendre les mesures qui s’imposent.

Nous débuterons par le postulat de base,reconnu il y a 50 ans, selon lequel il est nonseulement nécessaire mais aussi absolumentpossible de sauver la vie de millions d’enfantsgrâce à des moyens peu coûteux et facilementaccessibles. Ce rapport fera état de ce qui aété accompli à ce jour dans la lutte contrecertaines des principales causes de mortalitéd’enfants de moins de cinq ans dans le mondeentier, et comment ces réalisations constituentà la fois une ligne de conduite et un espoirconcernant ce qui peut être accompli dans lesannées à venir.

© UNICEF/HQ97-1121/Giacomo Pirozzi

LA SANTÉ DESENFANTS AU COURSDES CINQ DÉCENNIES

11L A S U R V I E E T L A S A N T É D E S E N FA N T S DA N S L E M O N D E© UNICEF/HQ96-0572/Nicole Toutounji

2

12 L A S U R V I E E T L A S A N T É D E S E N FA N T S DA N S L E M O N D E

13L A S U R V I E E T L A S A N T É D E S E N FA N T S DA N S L E M O N D E

Prévenir les décès de ces jeunes, représentéspar le taux de mortalité chez les enfants demoins de cinq ans, n’est que le début dutravail accordé à la santé des enfants. Les cinqpremières années périlleuses présentent demultiples dangers, non seulement pour la viedes jeunes enfants, mais aussi pour la qualitéde vie. Simplement survivre n’est pas suffisantpour eux. La survie doit être accompagnée desconditions physiques nécessaires au meilleurépanouissement possible de l’enfant, et ce,dans tous les domaines.

Au fil des années, les efforts ont parconséquent été axés sur la prévention de lamaladie et de l’invalidité afin d’améliorer lasanté des enfants partout dans le monde.L’objectif était non seulement de réduire lenombre de décès d’enfants au minimumabsolu, mais aussi de prévenir les dommagesphysiques et mentaux, lesquels peuvent êtreoccasionnés par des maladies courantesmême si elles ne sont pas mortelles.

L’importance del’informationAfin de déterminer dans quelle mesure nousatteignions cet objectif, il était essentiel,presque prioritaire, de disposer de donnéesprécises sur la condition des enfants, incluantles taux de mortalité et d’incidence desprincipales maladies. Il était aussi primordiald’établir dans quelle mesure ces moyens deprévention et (ou) de traitement de cesmaladies étaient accessibles aux systèmes desanté nationaux, aux travailleurs en santéainsi qu’aux familles d’enfants affectés etexposés aux principales causes de maladie etde décès d’enfants.

Il n’existe pas de statistiques formelles surla population mondiale en 1955. Il est doncdifficile d’affirmer en toute certitude quelleétait alors la population mondiale, combien

d’enfants sont nés et combien peuvent êtremorts en 1955. Même au Canada, l’informationconcernant la santé des enfants au milieu desannées cinquante est limitée et pas facilementaccessible. Bien que le Canada dispose depuislongtemps d’un système complet derecensement qui a servi de modèle dans lemonde ainsi que de structures bien établiesd’enregistrement des naissances et des décès,il est ardu de déterminer avec précision quelleétait la situation de la santé des enfants en1955, et ce, à l’échelle de la nation. L’UNICEF aestimé que, au Canada, le taux de mortalitédes enfants de moins de cinq ans8 (TMM5) en1960 était de 33 pour 1 000 naissancesvivantes. Étant donné que ces taux ontdiminué de manière constante au cours descinq dernières décennies, nous pouvonssupposer que le taux en 1955 était légèrementsupérieur, soit peut-être de 35 pour 1 000naissances vivantes. Pour l’époque, c’était untaux relativement faible de mortalité chez lesenfants9, même si de nos jours, alors que leCanada a atteint un TMM5 de six, ce qui estdigne de mention,10 cela paraisse terriblementélevé.

Bien que le manque de donnéesstatistiques fiables permettant de dépeindre laréalité des années cinquante constitue l’unedes principales difficultés pour décrire lasituation de la santé des enfants d’alors, nousn’avons aucun problème aujourd’hui à trouverl’information nécessaire afin de relaterl’histoire des maladies menaçant les enfantsdans le monde entier. Au cours des deux

© UNICEF/HQ96-0521/Shehzad Noorani

LA SANTÉ DES

ENFANTS AU COURS

DES CINQ DÉCENNIES

14 L A S U R V I E E T L A S A N T É D E S E N FA N T S DA N S L E M O N D E

dernières décennies, les systèmes améliorésde collecte et d’analyse des données ont étéun élément important de l’effort mondialintense déployé en faveur des programmes desanté des enfants. En raison de la nécessité derecueillir des renseignements concrets pourmesurer nos progrès en fonction des objectifsétablis en matière de santé des enfants,l’UNICEF et ses partenaires ont contribuégrandement à aider les pays de même que lesorganismes régionaux et mondiaux àdévelopper et à améliorer leurs propressystèmes de collecte, d’enregistrement etd’analyse des données. Ainsi, il nous estmaintenant possible de décrire, avec une

certaine précision, ce qui arrive aux jeunesenfants dans diverses parties du monde et,plus important peut-être, pourquoi de tellessituations se produisent.

La voie du progrèsEntre les années cinquante et aujourd’hui, desaméliorations substantielles ont été apportéesà la situation de la santé des enfants engénéral. Des progrès remarquables ont étéaccomplis afin de réduire le nombre d’enfantsmourant avant l’âge de cinq ans dans les paysen développement, du moins sur une basemondiale. En effet, ce nombre est passé de210 décès pour 1 000 naissances vivantes en195511 à 79 décès pour 1 000 en 200412.

À l’échelle mondiale, le taux de mortalitéchez les enfants de moins de cinq anscontinue de diminuer chaque année. Grâce àdes mesures entreprises pour atteindrel’objectif du Sommet mondial pour les enfantsde 1990, qui visait à réduire d’un tiers le tauxde mortalité chez les enfants de moins de cinqans pour l’an 2000, le nombre de décès chezces enfants avait diminué de trois millions autournant du millénaire, comparativement aunombre enregistré en 1990. Bien que ladiminution du taux de décès ait varié d’unerégion à l’autre, dans chaque partie du monde,en moyenne, plus d’enfants survivaient quedix années auparavant13. Et cette tendance semaintient.

Néanmoins, les progrès n’ont été niparfaits ni égaux. Bien que le taux mondial demortalité chez les enfants de moins de cinqans ait diminué de 11 pour cent entre 1990 et2000, le taux national a en fait augmenté dans14 pays, neuf d’entre eux étant situés enAfrique subsaharienne. Chaque jour, 29 000enfants de moins de cinq ans meurent encorede causes grandement évitables, pour un totalde près de 10,6 millions chaque année14. Lamoitié de tous ces décès se produisent dansseulement six pays : l’Inde, le Nigeria, laChine, le Pakistan, la République démocratiquedu Congo et l’Éthiopie. Quatre-vingt-dix pourcent du total des décès ont eu lieu dansseulement 42 pays, dont 24 étant en Afriquesubsaharienne15.

Malgré le taux actuel de réduction, ilfaudra de nombreuses années avant que laplupart des pays puissent atteindre l’objectif

© UNICEF/HQ97-1145/Giacomo Pirozzi

15L A S U R V I E E T L A S A N T É D E S E N FA N T S DA N S L E M O N D E

du Millénaire pour le développement (OMD),établi par les Nations Unies lors du Sommetdu millénaire des Nations Unies tenu en 2000.Elles proposaient de réduire de deux tiers letaux mondial de mortalité chez les enfants demoins de cinq ans pour l’an 2015. Il s’agit làd’un objectif beaucoup plus ambitieux quecelui du Sommet mondial, non seulementparce que le pourcentage de réductiondéterminé est nettement plus élevé, maisaussi parce que la plupart des objectifs deréduction faciles à atteindre l’ont déjà été.Cette tâche sera particulièrement ardue pourles pays où les taux de mortalité chez lesenfants de moins de cinq ans sont restésinchangés ou ont augmenté au cours desquelques dernières années.

Dans certains cas, le défi est d’ordregéographique comme le fait d’offrir desservices essentiels et de base dans desrégions difficiles d’accès et dépourvuesd’infrastructures, telles qu’une alimentation enélectricité. D’autres défis relèvent despratiques culturelles et traditionnelles bienimplantées qui s’opposent à d’importantesmesures en matière de santé des enfants,comme la vaccination. Le pire de tous les défisréside dans les complications occasionnéespar des variations plus intransigeantes decertaines maladies qui nécessitent destraitements plus élaborés et plus coûteux;différentes souches de parasites du paludisme,par exemple, ont développé une résistance àla chloroquine. Les difficultés ont augmenté,en particulier au cours des 20 dernièresannées, avec la dissémination du VIH/sida,lequel fait qu’il est plus difficile de traitermême les infections les plus simples.

De tous les objectifs du Millénaire pour ledéveloppement, le défi visant à réduire le tauxde mortalité chez les enfants de moins de cinqans est celui qui cause actuellement le plusd’inquiétude. Bien qu’une région, l’Amériquelatine et les Antilles, soit en voie d’atteindre laréduction déterminée, et que plusieurs paysd’Extrême-Orient semblent faire des progrès,les perspectives de réduction majeure dans lesautres régions en développement sont plutôtsombres. Il en sera ainsi, à moins d’unimportant revirement dans les prioritésgouvernementales et le soutien des donateursinternationaux pour la survie des enfants. Lerapport de l’UNICEF, La situation des enfantsdans le monde 2005, décrit le résultat

inévitable : « L’échec de l’OMD aura desconséquences tragiques pour les enfants, enparticulier pour ceux des pays endéveloppement. Des millions d’entre eux severront privés de leur enfance à cause d’unemauvaise santé ou même de la mortalité, etdans les deux cas, provoquées par desmaladies évitables. »16

Les efforts seront maintenus pour préveniret traiter avec succès les causes les pluscourantes de maladie et de décès chez lesjeunes enfants. L’objectif consiste toujours àréduire les taux de mortalité chez les enfantsde moins de cinq ans, en éliminant ou enmaîtrisant les maladies les plus évitables quitouchent ces enfants.

Confirmée par des études épidémiologiques,une nouvelle dimension importante dutraitement de ces maladies est la prise deconscience que les principales maladiesaffectant les jeunes enfants n’agissent passeules. La rougeole peut occasionner la

Taux mondiaux de mortalité chez les

moins de cinq ans de 1955 à 2004(pour 1 000 naissances vivantes)

250

200

150

100

50

0

210198

94

79

147

118

Sources : Le Rapport sur la santé dans le monde 1998, OMS; www.childinfo.org et La situation des enfants dans le monde 2006, UNICEF

1955 1960 1970 1980 1990 2004

16 L A S U R V I E E T L A S A N T É D E S E N FA N T S DA N S L E M O N D E

pneumonie. Il est possible que des épisodesrépétés de diarrhée ne tuent pas directementun enfant, mais peuvent le rendre plusvulnérable à d’autres maladies infectieuses, aupaludisme ou à la dénutrition. Le paludismeaffaiblit le système immunitaire et partaged’importantes caractéristiques avec lapneumonie, à un point tel que ces deuxmaladies sont parfois traitées avec la mêmemédication17.

Il est de plus en plus important pour lestravailleurs de la santé qui traitent cesproblèmes de santé de reconnaître lesrelations entre les maladies courantes desenfants et d’administrer un traitement completqui assure un lien entre des diagnosticsspécifiques.

Il est important de souligner,qu’au fil des années, le Canada aapporté une contributionessentielle aux efforts visant àréduire le taux de mortalité chezles jeunes de moins de cinq ans,et à prévenir les maladies les pluscourantes qui tuent de jeunesenfants. Depuis le début, l’appuicanadien envers l’UNICEF s’estfondé sur l’importance de la survieet du développement du jeuneenfant. Des dons ont souvent étéversés à UNICEF Canada dans lecadre de campagnes spécifiquesde lutte contre la mortalitéinfantile et ce, tant par legouvernement canadien que pardes organismes du secteur privé.

Au cours des années quatre-vingt,le soutien du Canada aprincipalement été axé sur laprévention de la diarrhée parl’approvisionnement en eausalubre et en systèmesd’assainissement. Plus tard, uneaide supplémentaire spécifique etciblée a été accordée pour lescampagnes de vaccination visantà prévenir la transmission de latuberculose, de la diphtérie, de lacoqueluche, du tétanos, de la polioet de la rougeole.

LA CONTRIBUTION DU CANADA

L’appui canadien accordé auSommet mondial pour les enfantsa été démontré non seulement aumoyen de contributionsfinancières, mais aussi sur le planpolitique, par la participation dupremier ministre du Canada del’époque, monsieur BrianMulroney, en qualité decoprésident du Sommet. Plusrécemment, le Canada a pris lesdevants afin de promouvoir letraitement des carences enmicronutriments, en particulier parla mise en place de l’Initiativepour les micronutriments.

Reconnaissant la complexité desmaladies infantiles, le Canada aégalement joué un rôleprépondérant dans ledéveloppement de nouvellesapproches visant à sauver la viedes enfants. L’appui du Canada aété essentiel au programmeaccéléré pour la survie et ledéveloppement de l’enfant del’UNICEF, lequel combine lesinterventions les plus efficacespour les enfants, les nouveau-néset les femmes enceintes, en unensemble intégré ayant un bonrapport coût/efficacité. Ce

programme a été mis à l’essai dans11 pays d’Afrique occidentale quiprésentaient une grande variété destructures de la morbidité et deconditions socio-économiques. Leprogramme comprend lavaccination, la supplémentation enmicronutriments, la promotion del’allaitement maternel, de mêmeque la distribution de sels pour laréhydratation orale et demoustiquaires imprégnéesd’insecticide pour le contrôle dupaludisme. Selon les estimations del’UNICEF, les taux de mortalité chezles enfants de moins de cinq ansont baissé en moyenne de 20 pourcent dans les régions participantesoù le programme a été appliqué entotalité, et de 10 pour cent où il n’aété exécuté qu’en partie. Ann M.Veneman, directrice générale del’UNICEF, a souligné : « Noussommes reconnaissants envers legouvernement canadien pour saprise d’initiative et pour son appui,ainsi qu’aux gouvernementsd’Afrique de l’Ouest qui, en semobilisant, ont permis d’obtenird’aussi bons résultats ».1

1 UNICEF, communiqué de presse, “Integrated Approach to Child Survival Achieving Important Results, UNICEF Finds”,Genève, le 16 mai 2005.

17L A S U R V I E E T L A S A N T É D E S E N FA N T S DA N S L E M O N D E

PNEUMONIE ETAUTRES INFECTIONSRESPIRATOIRES AIGUËS

3

© UNICEF/HQ99-0634/Giacomo Pirozzi

18 L A S U R V I E E T L A S A N T É D E S E N FA N T S DA N S L E M O N D E

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© UNICEF/HQ98-1137/Giacomo Pirozzi

PNEUMONIE ET

AUTRES INFECTIONS

RESPIRATOIRES AIGUËS

La pneumonie et les autres infectionsrespiratoires aiguës (IRA) constituent laprincipale cause de décès chez les enfantsde moins de cinq ans. La pneumonie tuechaque année environ un cinquième de tousles enfants de moins de cinq ans quimeurent, soit quelque deux millionsd’enfants sur un total de 10,6 millions18.Ces infections sont causées par desbactéries ou des virus et peuvent sepropager dans n’importe quelle partie del’appareil respiratoire, y compris le nez,l’oreille moyenne, la gorge, les bronches oules poumons. Les symptômes d’uneinfection peuvent progresser rapidement etpasser d’une toux et des reniflements, à unedifficulté à respirer qui peut, trop souvent,être fatale.

Les jeunes enfants sont généralementplus vulnérables à la pneumonie, car ils nedisposent pas des défenses immunitairesque les personnes plus âgées ont acquisesaprès avoir été exposées à maintes reprisesà l’agent infectieux. De plus, les défensesimmunitaires qu’ils ont pu obtenir de leurmère pendant l’allaitement ont généralementdisparu chez les enfants de plus d’un an.Leur petite masse corporelle fait en outreque les jeunes enfants sont plus susceptiblesde développer plus rapidement de gravescomplications; un enfant peut ainsi paraîtreen bonne santé le matin et être gravementmalade avant la fin de la journée. Lavulnérabilité est particulièrement grande sil’enfant est déjà affaibli par la malnutritionou si son système immunitaire est altéré pard’autres infections, incluant la diarrhée, larougeole, le paludisme et, de plus en plusen Afrique subsaharienne et dans certainesparties de l’Asie, le VIH.

Bien que chaque année, près de deuxmillions d’enfants meurent par suited’infections respiratoires aiguës, denombreux autres subissent les effetsdébilitants de l’infection, laquelle, si elle

n’est pas adéquatement et rapidementtraitée, peut occasionner des problèmes telsque la perte auditive partielle ou complèteou des dommages pulmonaires permanents.Les infections peuvent épuiser le systèmeimmunitaire d’un enfant, le rendant ainsiplus faible face aux autres maladies.

On estime que, en 2003, 16 pour centdes enfants du monde entier âgés de moinsde cinq ans19 ont souffert d’une formequelconque d’infection respiratoire aiguë20,soit un peu moins de 100 millions d’enfants.Les conditions dans lesquelles vivent denombreux enfants parmi les plusvulnérables du monde (habitationssurpeuplées, exposition régulière à la fuméeprovenant des feux intérieurs pour lacuisson et le chauffage et exposition àd’autres agents polluants qui affectent lesystème respiratoire) signifient qu’ils sontsouvent les plus susceptibles de contracterune infection respiratoire aiguë.

Bien que 60 pour cent des décès causéspar des IRA puissent être facilement évitéspar l’utilisation sélective d’antibiotiquesabordables21, de nombreux enfants

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souffrant d’IRA ne sont jamais examinés parun travailleur de la santé avant qu’il ne soittrop tard. L’infection pouvant commencersubitement, comme un « simple rhume »,elle n’attire pas toujours l’attentionnécessaire des parents ni l’attentionmédicale adéquate. En 2003, près de 39pour cent seulement des enfants souffrantd’une infection respiratoire aiguë en Afriquesubsaharienne ont rencontré un intervenanten santé. En Asie du Sud, la proportion desenfants qui ont été observés par unintervenant en santé est à peine supérieureà 57 pour cent. Cela signifie que, dans cesdeux seules régions, quelque 14 millionsd’enfants n’ont pas été traités pour leursinfections respiratoires22.

Dans certaines communautés, même siles parents de l’enfant reconnaissaient lessignes d’une infection respiratoire, réussir àse procurer le traitement appropriéconstituerait un défi parce que les cliniquessont trop éloignées, ne disposent pas d’unpersonnel formé ou n’ont pas les

antibiotiques requis. Il peut aussi exister desrestrictions qui interdisent à une infirmièreou à un travailleur de la santé de délivrer lesantibiotiques nécessaires, certainsgouvernements ou d’autres organismes deréglementation étant réticents à permettreaux travailleurs de la santé de fournir detels médicaments.

Gestion de la pneumonieet des IRADans le cadre de l’approche de l’alliance,l’UNICEF et l’Organisation mondiale de laSanté (OMS), visant à améliorer les soins desanté (Prise en charge intégrée des maladiesde l’enfant — PCIME), les travailleurs de lasanté attachés à un établissement reçoiventla formation pour traiter les infectionsrespiratoires aiguës, parallèlement àd’autres maladies d’enfants courantes, tellesque la diarrhée et le paludisme. Ces

Principales causes de décès chez les enfants de moins de cinq ans

à l’échelle mondiale entre 2000 et 2003

Source : Child and Adolescent Health and Development, OMS

Pneumonie – 19 %

Blessures – 3 %

Autres – 10 %

Néonatale – 37 %

VIH/sida – 3 %

Diarrhée – 17 %

Rougeole – 4 %

Paludisme – 8 %

La dénutrition est une cause sous-jacente de 53 % des décès chez lesenfants de moins de cinq ans.

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PARTICIPATION COMMUNAUTAIREÀ LA GESTION THÉRAPEUTIQUE :L’HISTOIRE DU PIAN

Au cours des années cinquante, l’UNICEF et l’OMS ontparticipé à une campagne majeure visant à contrôler et àréduire de manière radicale la survenue du pian, une maladiepernicieuse qui était largement répandue dans les tropiques, enAfrique, en Asie, en Amérique du Sud et dans les Caraïbes.Selon les estimations, il y a eu près de 20 millions de cas depian dans le monde entier, la plupart d’entre eux touchant desenfants âgés de six à onze ans.

Le pian est transmis d’une personne à une autre par contactdirect et il s’insinue dans la peau en présence de coupures,d’égratignures ou de piqûres d’insectes. Si elle n’est pastraitée, la lésion initiale du pian, un petit érythème rougegénéralement présent sur les jambes ou sur les fesses, peutguérir d’elle-même, mais l’infection revient sous des formesqui s’aggravent peu à peu. Une éruption cutanée ou d’autresplaies se forment souvent, en particulier sur la plante des piedsde la personne infectée et, enfin, la maladie peut entraîner ladifformité des os et des jointures, ainsi que le défigurement.

L’invention de la pénicilline a ouvert la voie à un traitement.Une dose permettait de guérir les plaies, et quelques autresd’éliminer la maladie de l’organisme. La campagne de luttecontre le pian a toutefois nécessité une approchecommunautaire à une vaste échelle encore jamais vue.

La plus importante campagne de lutte contre le pian a eu lieuen Indonésie. Des équipes mobiles de travailleurs de la santésans formation médicale identifiaient les cas, et desprofessionnels de la santé administraient le traitement. En1955, ces équipes composées de professionnels de la santé etde non-professionnels diplômés traitaient plus de 100 000 casde pian par mois en Indonésie seulement. En Thaïlande,environ un million de cas ont été traités, et on entrevoyait lapossibilité d’une éradication totale de la maladie en Asie. Denos jours, à l’échelle mondiale, il n’y a que 500 cas de pianenviron par année.

La campagne de lutte contre le pian pendant les annéescinquante a constitué un développement central dans l’histoirede l’élaboration des programmes de santé de l’UNICEF. Elle ajeté les bases de futurs programmes majeurs en santé et adémontré le rôle crucial que jouent les travailleurs de la santécommunautaire dans la lutte contre les maladies de l’enfance.

mesures font maintenant partie intégrantede l’approche de la gestion des cas, laquelletient compte non seulement d’une maladieen particulier, mais aussi de l’état de santéde l’enfant en général. La PCIME envisageéquiper et renforcer l’autonomie des centresde santé locaux et de leurs intervenants. Unde ses objectifs est de veiller à ce quechaque enfant dirigé vers un centre de santépour une IRA bénéficie du diagnostic et dutraitement adéquats.

Malgré tous les efforts pour s’assurerque des centres locaux sont dotés d’unpersonnel adéquat qualifié, d’équipementset de médicaments, les enfants ayant desinfections respiratoires ne seront pas tousamenés à un centre de santé PCIME à temps.

Les familles doivent saisir les signes dedanger de la pneumonie, et connaîtrel’importance d’obtenir des soins à tempspuis, avoir accès à un travailleur de la santéformé, qui saura émettre un diagnostic etprescrire un traitement. Un tel service desanté doit être situé à proximité et ouvert entout temps, surtout pour les jeunes enfants.

Puisqu’il n’était pas possible d’établirdes installations de PCIME composées depersonnel médical qualifié dans chaquecommunauté, une PCIME communautaire(PCIME-C) a été développée afin derépondre à ce besoin. La PCIME aide àsensibiliser la communauté à l’améliorationdes pratiques de soins familiaux concernantla prévention et le traitement des maladies.De plus, elle collabore au traitement decertaines maladies courantes dans lacommunauté. La PCIME-C dépend detravailleurs communautaires de la santé,des personnes sans accréditationprofessionnelle en soins de santé, mais quireçoivent une formation de base en ce senspendant plusieurs semaines. Par la suite, ilssont embauchés par la communauté pourmaintenir sa population en bonne santé.

Des études subventionnées parl’UNICEF et l’OMS ont clairement démontréque les travailleurs communautaires de lasanté, qui ont reçu l’information et laformation requises, sont aptes à poser undiagnostic de pneumonie et de prescrire letraitement adéquat. Par l’approche de laPCIME-C, ces travailleurs sont habilités àtraiter des infections respiratoires aiguës

parallèlement à d’autres maladies. Lestravailleurs communautaires de la santé,lorsqu’ils sont bien formés et supervisés,peuvent obtenir des résultats comparables àceux de professionnels de la santé et

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donner ainsi un accès important auxfamilles pauvres qui, sans quoi, nepourraient recevoir de tels services.

L’approche de la PCIME recommandeque les enfants qui présentent dessymptômes de pneumonie soient traitésimmédiatement au moyen d’antibiotiques.L’une des inquiétudes concernantl’administration d’antibiotiques par lacommunauté est qu’ils ne soient pas utilisésde manière adéquate, et que celaoccasionne le développement de bactériesrésistantes aux antibiotiques. Cetteinquiétude est légitime, mais le problèmesemble survenir plus fréquemment lorsqueles parents obtiennent des antibiotiquessans avoir consulté dans une clinique, niavoir reçu les renseignements quant àl’utilisation correcte de tels médicaments. Ilest alors possible qu’ils n’administrent à unenfant que la dose qui élimine lessymptômes, puis interrompent le traitementavant que l’infection bactérienne ne soittotalement guérie. La raison à cela estsouvent d’ordre économique, et il est parconséquent très important que lesantibiotiques délivrés par les travailleurscommunautaires de la santé soient aussipeu coûteux que possible.

L’examen des programmescommunautaires de traitement de lapneumonie dans divers pays a démontréque les antibiotiques sont correctementprescrits et administrés dans la plus grandemajorité des cas. Au Népal, par exemple,c’est dans le cadre d’un programme degrande envergure que l’observation directe

du rendement des travailleurscommunautaires de la santé et un examendes registres ont servi à évaluer la qualitédes soins. L’évaluation a révélé que dessoins appropriés étaient administrés dans80 pour cent des cas. Dans les 20 pour centrestants, l’usage inadéquat desantibiotiques ne comptait que pour troispour cent des cas23.

Des tentatives d’approche de la gestioncommunautaire des cas pour traiter lapneumonie ont été faites au Bangladesh, enInde (deux régions distinctes), au Népal, auPakistan, aux Philippines et en Tanzanie.Dans l’ensemble, ces tentatives ont étéextrêmement encourageantes, donnant lieuà une réduction globale de 26 pour cent dedécès d’enfants et de 33 pour cent de lamortalité causée par la pneumonie24.L’UNICEF et l’OMS s’emploient à mettre enplace cette approche intégrée du traitementdes IRA à une plus vaste échelle. LeDépartement d’épidémiologie et demédecine communautaire de l’Universitéd’Ottawa participe activement auprogramme.

Les vaccinsanti-pneumocoqueet anti-Hæmophilusinfluenzæ de type b (Hib)Les deux principales causes de pneumoniesont la bactérie pneumocoque, qui causejusqu’à un million de décès d’enfantschaque année25, et un virus, le Hæmophilusinfluenzæ de type b (Hib), lequel, selon lesestimations, tue 500 000 enfants souffrantde pneumonie Hib (et quelque 30 000atteints de méningite Hib)26. La pneumonieest responsable de la mort de près d’uncinquième de tous les enfants de moins decinq ans qui meurent chaque année, etaffaiblit souvent le système immunitaire etla santé physique de ceux qui survivent. Ilapparaît donc évident que la prévention deces deux formes de la maladie contribueraitgrandement aux efforts des pays pouratteindre l’objectif du Millénaire pour ledéveloppement, lequel vise à réduire dedeux tiers le taux de mortalité chez les

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enfants de moins de cinq ans d’ici à 2015.

Des vaccins efficaces contre ces deuxagents pathogènes provoquant la pneumonieexistent. Ils sont couramment utilisés dansla plupart des pays industrialisés, mais ilsne sont généralement pas administrés dansles pays en développement à cause,principalement, de raisons d’ordreéconomique. L’Alliance mondiale pour lesvaccins et la vaccination (GAVI), dont faitpartie l’UNICEF, et son bras financier, leFonds pour les vaccins, s’efforcent d’inclurele vaccin contre le Hib dans les programmesnationaux de vaccination27. L’objectif est des’assurer que 50 pour cent des pays les pluspauvres, affichant les taux les plus élevés dela maladie et possédant le réseau de

services nécessaires, intègrent le vaccincontre le Hib au cycle régulier devaccination des jeunes enfants.

Le vaccin contre le pneumocoquepourrait être plus difficile à intégrer, car ilest plus coûteux et doit être administréchaque année. Bien que la prévention de lamaladie, et non seulement le traitement,doive demeurer l’objectif ultime de ceux quis’emploient à améliorer la santé des enfantsà l’échelle mondiale, la solution à courtterme concernant les infections àpneumocoque est de se concentrer àl’établissement de systèmes de traitementefficaces, et de limiter l’administration devaccins aux seuls cas les plus urgents,notamment en situation d’épidémie.

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MALADIESDIARRHÉIQUES

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MALADIES

DIARRHÉIQUES

Le Sommet mondial pour les enfants de1990 avait établi de réduire de moitié lenombre de décès dus à la diarrhée àl’échelle mondiale avant l’an 2000, ce qui aété accompli. Malgré tout, la diarrhéedemeure la deuxième plus importante causede décès chez les enfants de moins de cinqans et chaque jour, elle est responsable dela mort de 3 900 enfants appartenant à cegroupe d’âge28, soit près de 1,6 million dejeunes enfants chaque année. Ceci nereprésente qu’une petite fraction du nombrede cas de diarrhée, ce nombre pouvants’élever à 4 milliards certaines années29. Il ya de jeunes enfants qui peuvent avoirjusqu’à une demi-douzaine d’accès dediarrhée au cours d’une année. Même si ladéshydratation et les autres effets de ladiarrhée ne les tuent pas, ils peuventnettement affaiblir leur système immunitaireet aggraver les effets d’autres infections. Unenfant souffrant d’une telle maladiedébilitante à répétition est en outreincapable de jouer, d’étudier ou dedévelopper pleinement son potentiel, ce quientraîne une incapacité à vie.

La plupart des cas de diarrhée sontcausés par des bactéries et (ou) des virustransmis par les selles des êtres humains oudes animaux, le plus souvent par de l’eauou des aliments contaminés ou par contactdirect avec des mains sales.

Thérapie parréhydratation oraleLa diarrhée tue principalement enoccasionnant une déshydratation grave,l’eau étant évacuée de l’organisme enquantités considérablement plusimportantes que la normale. À cause de leurpetite taille corporelle, les jeunes enfantssont particulièrement vulnérables, dans la

mesure où la perte de plusieurs litres d’eauest beaucoup plus dramatique pour eux quepour un adulte. La déshydratation peut seproduire rapidement, en quelques heures,provoquant ainsi la défaillance d’organesvitaux et, entraîner la mort.

La première mesure critique deprévention des décès d’enfants souffrant dediarrhée consiste, par conséquent, àprévenir la déshydratation ou à inverser saprogression aussi rapidement que possible.L’un des défis constants est d’éduquer lesparents et les personnes qui ont des enfants

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à charge. Il faut les informer sur laprévention de la déshydratation en allaitantles enfants plus fréquemment ou en leurdonnant à boire les liquides dont dispose lademeure, et sur la détection des signesprécoces de déshydratation.

La deuxième mesure critique consiste àréhydrater l’enfant déshydraté. Un mode deréhydratation est l’administration par voieintraveineuse d’une solution électrolytique,laquelle a été mise au point dans les annéescinquante par des chercheurs de l’Universitéde Yale. Aussi précieuse que puisse êtrecette technologie, sa mise en application estlimitée aux établissements médicaux quidisposent d’un personnel qualifié et d’unmatériel relativement évolué. Les famillesqui vivent en milieu rural ou dans dessquatters urbains risquent fort de ne pasavoir accès à de tels soins ou de ne paspouvoir en assumer le coût.

La recherche sur la solutionélectrolytique s’est poursuivie tout au longdes années soixante. À la fin de cettedécennie, il a été démontré que les patientspouvaient boire une solution de sel et desucre dans des proportions prescrites etgénéralement obtenir les mêmes résultatsen matière de réhydratation. Puisque laplupart des foyers, où qu’ils soient, utilisentces deux ingrédients de base dans lapréparation des aliments, le traitement de ladiarrhée devenait possible à domicile. Leproblème d’accès et de moyens financiersétait résolu.

Cependant, ce n’est pas avant la guerreindo-pakistanaise de 1971 que la véritablevaleur de la solution électrolytique orale aété démontrée; une poussée épidémique decholéra avait touché des centaines demilliers de personnes déplacées quirevenaient au Bangladesh. Sans larecherche approfondie sur le traitementélectrolytique de substitution qui avait déjàété menée, et sa mise en applicationpratique lors de cette situation d’urgence,on peut affirmer sans conteste que lespertes de vie auraient été de beaucoupsupérieures.

Cette thérapie par réhydratation orale(TRO), un mélange de sucre et de seldissous dans de l’eau, est devenuel’élément central des programmes pour

traiter tous les types de diarrhée. Au débutdes années quatre-vingt, lorsque l’UNICEF acollaboré à un effort international majeurvisant à réduire les décès causés par ladéshydratation, la plupart des expertsmédicaux et des personnes chargées dedévelopper l’accès aux soins de santé debase, tenaient pour acquis que la TRO seraitla solution à la lutte contre ladéshydratation.

Un simple mélange de sucre, de sel etd’eau — surnommé la solution simple — estdevenu la base d’une vaste campagneporte-à-porte au Bangladesh. Des milliers devillageoises, dont un grand nombre d’entreelles étaient illettrées, ont parcouru tout lepays pour promouvoir la solution à base desel et de sucre et apprendre aux mèrescomment la préparer. La solution simpleétait composée d’une certaine mesure desucre, cueilli avec une louche improviséeformée par quatre doigts et d’une pincée àtrois doigts de sel, le tout ajouté à un litred’eau potable. Il s’agissait là, probablement,des tout premiers messages de santépublique popularisés. La tâche n’était pasmince pour ces villageoises. Elles devaientdire aux mères d’administrer la solutionsimple lors de chaque accès de diarrhée etveiller à ce que ces mères formées répètentle message concernant les proportions parlitre d’eau.

Les leçons tirées de l’expérience auBangladesh ont jeté les bases pourmobiliser les efforts à l’échelle mondialedans le traitement de la diarrhée et de ladéshydratation. Les centres de santécontinuent de promouvoir la TRO, et leursinstallations disposent de lieux réservés àl’éducation des clients. La solution simpleadministrée à domicile a suscité une bonneréaction de premier niveau de la part desmères face à la diarrhée de leurs enfants. Lastratégie a apporté beaucoup aux enfants enprévenant la déshydratation; elle a en outrecontribué à l’autonomie et à la formationdes femmes au Bangladesh.

L’une des leçons importantes tirées decette expérience était le fait qu’il existait desvariations dans la solution en fonction de lagrandeur des mains de la femme ou de lataille du contenant utilisé pour mesurer.Une louche de sucre plus grosse ou pluspetite, par exemple, donnait une solution

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électrolytique légèrement différente etpouvait la rendre moins efficace. Larecherche médicale et scientifique arenouvelé ses efforts en vue de découvrirune formule normalisée. Après sadécouverte, la formule a été emballée dansdes sachets d’aluminium frappés dusymbole OMS/UNICEF, lequel garantissaitaux utilisateurs que, une fois mélangé à unverre de huit onces d’eau potable, lemélange procurait la solution électrolytiqueparfaite. Avec l’aide de spécialistes enmarketing social, des sachets de sels orauxde réhydratation (SOR) ont été distribués àvaste échelle, vendus à un coût minimal àcôté des lentilles et du riz au marché local,et distribués gratuitement dans les centresde santé.

Emballés de manière à être utilisés parquiconque, quel que soit son degréd’instruction, les sachets de SOR semblaientprometteurs pour éliminer une fois pourtoutes un fléau majeur. Mais les limites decette approche sont rapidement devenuesapparentes car les systèmes de distributionétaient souvent inadéquats. Bien que lesSOR soient demeurés le mode préféré detraitement de la déshydratation due à ladiarrhée, les efforts mondiaux ont porté uneattention accrue à la promotion de remèdestraditionnels qui s’étaient avérés efficaces. Ily avait, parmi ceux-ci, les « liquidescourants recommandés », incluant lasolution à base de sucre, de sel et d’eau,celle d’eau de riz salée et d’autres solutionsà base de céréales.

D’autres pratiques traditionnellesdevaient en même temps faire l’objet d’unexamen critique et être modifiées. Dans laplupart des cultures, un enfant souffrantd’une diarrhée n’est pas alimenté tant qu’ilest malade. Dans certains cas, cette pratiquea lieu parce que les symptômes de diarrhéeet de vomissement disparaissent souvent enl’absence de nourriture; dans d’autres cas,elle est utilisée parce que les enfants perdentsouvent l’appétit lorsqu’ils ont la diarrhée.Cependant, la restriction ou le jeûnealimentaire peuvent à eux seuls causer degraves problèmes, en particulier lorsquel’organisme d’un enfant est ravagé parl’infection diarrhéique. Ceci estparticulièrement vrai pour les enfantsextrêmement jeunes qui sont encore allaités.

Fondée sur la recherche menée dans lesannées quatre-vingt, la pratique courante aconsisté à recommander fortement que lesenfants continuent d’être alimentés mêmelorsqu’ils souffraient d’accès de diarrhée. Ila été démontré que le maintien del’alimentation diminuait non seulement ledéficit nutritionnel qui pouvait se produireen présence d’une infection, mais réduisaitaussi la durée de la maladie. L’éducationfournie aux parents a par conséquentcommencé à souligner l’importance dumaintien de l’alimentation parallèlement àl’administration de SOR ou d’autres formesde TRO30. L’éducation comprenait en outrela reconnaissance des signes plus graves dedéshydratation. À cause de leur naturecomplexe, les diarrhées ne répondent pastoutes avec succès à la TRO. Certainesnécessitent des soins par voie intraveineuseet un traitement surveillé de près. Lemessage aux parents est donc devenu pluscomplet.

Alors que les travailleurs de la santé surle terrain acquéraient une plus grandeexpérience quant à l’utilisation de la TROpour le traitement de la diarrhée chez lesenfants, et que la recherche se penchait deplus en plus sur des mesures pratiques pourprévenir ou inverser les effets de ladéshydratation, une nouvelle amélioration aété apportée au processus de traitement. Cechangement visait à recommanderd’augmenter de manière substantielle laquantité de liquide donnée à un enfantmalade parallèlement aux solutions deréhydratation et au maintien del’alimentation. Au début des années quatre-vingt-dix, cette approche est devenue lanorme dans le mode de traitement de ladéshydratation due à la diarrhée.

Grâce à l’expérience et à la recherchecontinues permettant de nouveaux progrèsdans le traitement de la diarrhée et de ladéshydratation, l’UNICEF et l’OMSrecommandent maintenant une nouvelleformule de SOR à faible osmolarité(contenant légèrement moins de sodium etde glucose). La préparation de la nouvelleformule suppose une simple modificationdu mélange et est déjà mise en pratiquedans de nombreux laboratoirespharmaceutiques. On a égalementdécouvert que, donner des suppléments de

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zinc à un enfant pendant dix jours,raccourcissait la durée de l’épisodediarrhéique et aidait à prévenir un autreaccès de diarrhée dans les mois à venir. Cesnouvelles pratiques sont actuellementinstaurées dans de nombreux pays endéveloppement avec le soutien de l’UNICEFet d’autres partenaires.

Il est difficile de mesurer avec précisionl’usage de la TRO à l’échelle mondiale,diverses méthodes de tenue des registresétant utilisées dans différents pays, etl’utilisation de solutions traditionnelles et deremèdes maison soulève des questions dedéfinition. Cependant, la gestion à domicilede la diarrhée et de la déshydratationsemble avoir permis de réduire le nombrede décès de jeunes enfants et d’améliorerleurs chances de prompt rétablissement31.

Malgré son succès, la TRO ne permetpas toujours de sauver la vie d’un enfant.

Son efficacité dépend de la gravité de lamaladie au moment où la TRO estadministrée ou de la virulence de l’infection,laquelle peut écraser les effets réparateursde la réhydratation. Les efforts visant àprévenir les décès d’enfants doivent, parconséquent, porter avant tout sur laprévention de l’infection. En fait, quelqueforme que puisse avoir la maladiediarrhéique, la prévention sera toujours plusbénéfique aux enfants que le traitement.

Alimentation en eauet assainissementL’un des plus importants moyens deprévenir la maladie diarrhéique estd’assurer l’alimentation en eau salubre pourla consommation, la cuisine et l’hygiènepersonnelle. Entre 1981 et 1990, la Décennie

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Changements de % (1990-2002)

%

Couverture par régions des sources améliorées d’eau potable en 2002

Plus de 80 pour cent de la population mondiale utilise des sources améliorées d’eau potable

Source : Meeting the MDG Drinking Water and Sanitation Target: A Mid-Term Assessment of Progress 2004, UNICEF et OMS

31L A S U R V I E E T L A S A N T É D E S E N FA N T S DA N S L E M O N D E

internationale de l’approvisionnement eneau et de l’assainissement a concentré lesefforts mondiaux à s’assurer à ce que lesfoyers disposent de sources fiables d’eausalubre tout en ayant accès à des moyenssanitaires d’évacuation des excréments, enfournissant des services techniques, desressources matérielles et en mobilisant lacommunauté.

Dans le cadre de son appui auxprogrammes mondiaux d’alimentation en

eau et d’assainissement, l’UNICEF aencouragé un certain nombre d’innovationstechnologiques qui ont rendu lesprogrammes d’alimentation en eau etd’assainissement moins coûteux, et plusfaciles à entreprendre au niveaucommunautaire. Celles-ci comprennent,entre autres, la pompe à main Mark II et lafosse d’aisance améliorée et ventilée. Cesprogrès, à leur tour, ont permis de mettre enplace de nombreux autres programmes

LA POMPE À MAIN MARK II

La pompe à main Mark II fait partiedes grandes victoires en matièred’approvisionnement fiable en eausalubre dans les zones rurales. Àl’origine, cette pompe a été mise aupoint en Inde, où l’UNICEF mettaiten place l’un de ses premiersprogrammes d’alimentation en eauà grande échelle. Les seulespompes à main disponibles pour lesprojets ruraux d’approvisionnementen eau étaient conçues pour êtreutilisées par un seul foyer. Elles nepouvaient résister à la demanded’une communauté entière avec unusage plus ou moins constant toutela journée. Une enquête del’UNICEF menée en 1974 a révéléque jusqu’à 75 pour cent despompes à mains installées parl’organisme ne fonctionnaient pas.

Plusieurs ONG s’employaientdéjà à mettre au point une pompe àmain simple, peu coûteuse etrobuste qui pourrait être facilementutilisée sur des puits de profondeurvariable. L’UNICEF s’est joint à euxet a appuyé leur recherche et leursefforts de développement en leurapportant la coordination etl’expertise technique. En se fondantsur une pompe conçue par uningénieur suédois pour le SholapurWell Service, les techniciens indiensont suggéré le modèle Mark II,lequel répondait à toutes lesexigences.

La pompe Mark II est faited’acier robuste et non de fonte plus

fragile comme l’étaient les pompes àmain traditionnelles. Son très longbras et son mécanisme de pompagesimplifié peuvent être facilementutilisés par des enfants. Cette pompepeut survivre aux longues heuresd’utilisation continue et permet depomper de l’eau à de grandesprofondeurs avec relativement peud’effort. Le mécanisme de pompagepeut être démonté sans matérielperfectionné et, en cas de

défaillance, un villageois formépour entretenir la pompe peutgénéralement la réparer enquelques heures au moyend’outils de base.

En 1984, la pompe Mark IIétait la pompe à main standard enInde, et elle a été fabriquée par 36entreprises d’un bout à l’autre dupays. Quelque 600 000 pompesont été installées. En 1998, cenombre était passé à troismillions. Des milliers de pompesMark II ont également étéexportées dans des douzaines depays pour y être utilisées dans lecadre de projets d’alimentation eneau.

Dans certains pays, oùd’importants programmesd’approvisionnement en eau sonten cours, il était plus sensé defabriquer des pompes à main surplace, généralement sous unnouveau nom reflétant leur lieu defabrication, mais inspirées dumodèle indien Mark II. Ce modèleayant été mis au point avec l’aidede l’UNICEF, il était possible de lereproduire sans avoir à payer lesredevances ou droits habituels, desorte que des usines localesrelativement petites pouvaient enentreprendre la production sansgrandes dépenses initiales. Ceci aégalement permis de maintenirson prix peu élevé et abordablepour les communautés rurales.

© UNICEF/HQ04-0936/Shehzad Noorani

32 L A S U R V I E E T L A S A N T É D E S E N FA N T S DA N S L E M O N D E

d’alimentation en eau etd’assainissement, et ce, même dans lespays les plus démunis et avec certainescommunautés parmi les plusmarginalisées.

Aujourd’hui, 83 pour cent de lapopulation mondiale, soit près de 5,2milliards de personnes32, ont un accèsfiable à de l’eau potable. Toutefois, 1,1milliard de personnes n’ont toujours pasd’eau salubre. Certaines vivent dans desmilieux urbains à croissance rapide oùla population est très concentrée et où lacontamination des sources d’eau desurface (telles que lacs et rivières) estassortie d’un manque d’infrastructurepour l’alimentation en eau. D’autres,dans des communautés rurales isolées,vivent dans des régions naturellementarides où l’eau de surface estpratiquement inexistante, du moinspendant une partie de l’année, et où lesseules sources possibles d’eausouterraines sont profondémentenfouies, souvent sous des couches deroc difficiles à pénétrer. La grandemajorité de ceux qui n’ont pas accès àun approvisionnement adéquat en eausalubre vit en Afrique subsaharienne.Seulement 57 pour cent de la populationpeut trouver de l’eau potable provenantde sources relativement faciles à utiliser,et à une distance raisonnable de leurdomicile33.

Le problème ne réside passeulement dans le manque d’eaupotable exempte de parasites, maisaussi le manque d’installationsadéquates pour l’évacuation en toutesécurité des excréments humains,source de tant d’infections. Une choseaussi simple qu’une latrine peut êtrehors de la portée de nombreusesfamilles dans le monde. En 2000, 2,6milliards de personnes, n’avaient pasaccès, ne serait-ce qu’à l’assainissementminimum nécessaire comme deslatrines34 .

Les objectifs du Millénaire desNations Unies pour le développementvisent à réduire de 50 pour cent lenombre de personnes qui n’ont pasaccès à de l’eau potable ni àl’assainissement d’ici à 2015. Il s’agit là

Le secret pour prévenir la plupartdes cas de diarrhée de l’enfanceréside dans une bonne hygiène,dont une part essentielle reposesur l’évacuation sanitaire desexcréments humains. Dans denombreuses parties du monde, enparticulier dans les zones rurales,le meilleur moyen en ce sens estd’utiliser des fosses d’aisance oudes latrines extérieures bienconçues.

Pour de nombreusespopulations dont les traditionsculturelles ne comprennent pas detelles installations, l’utilisation dela plupart des styles de latrinesest toutefois plus rebutante queleurs pratiques traditionnelles.L’odeur, les mouches et le manqued’attrait en général font que laplupart des gens hésitent à lesutiliser. Il ne suffit pas deconvaincre les gens que les fossesd’aisance sont une bonne chose.

Ils doivent également se sentir à l’aise de les utiliser.

La solution qu’a trouvée l’UNICEF lors de la mise en place deplusieurs projets d’assainissement en Afrique reposait sur un modèlede fosse d’aisance qui réglait ces problèmes tout en offrant unestructure discrète pouvant se fondre dans le style traditionnel d’unvillage. Son nom, la « fosse d’aisance améliorée et ventilée », décritl’un de ses principaux avantages. Les latrines sont ventilées aumoyen d’un tuyau débouchant à l’extérieur de la structure et placé demanière à être chauffé par le soleil. Au fur et à mesure que l’air chauds’élève, il aspire les odeurs déplaisantes de la fosse vers l’extérieur,plutôt qu’à l’intérieur des latrines. Un filet fixé à l’extrémité du tuyaude ventilation emprisonne les mouches et les germes qu’ellestransportent.

L’entrée des latrines est cachée par un mur extérieur qui réduitégalement la luminosité à l’intérieur de la structure, le rendant moinsattirant pour les mouches. Un couvercle sur la dalle des latrines sertaussi à réduire la luminosité dans la fosse, de manière à ce que lesmouches ne soient pas attirées à l’intérieur de la structure.

Les dalles des latrines sont fabriquées localement à partir debéton armé et au moyen de simples moules conformes au style aveclequel les gens se sentent le plus à l’aise. Les structures sont faitesdes mêmes matériaux que les maisons afin qu’elles se fondent dansle paysage.

Le modèle de fosse d’aisance améliorée et ventilée a remporté untel succès qu’il est utilisé presque partout dans le monde, del’Afghanistan au Zimbabwe, moyennant certaines adaptations pourconvenir aux préférences locales.

LA FOSSE D’AISANCE AMÉLIORÉEET VENTILÉE

© UNICEF/HQ99-0305/Giacomo Pirozzi

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d’un défi nettement plus grand que l’objectifsimilaire établi lors du Sommet mondialpour les enfants, dans la mesure où lespersonnes dépourvues de services setrouvent de plus en plus dans ces zonesrurales difficiles à atteindre, dans des villesà croissance rapide sur des terresmarginales ou ont été déplacées à cause decatastrophes naturelles ou de la guerre.

Le défi pour atteindre l’objectif estencore plus déconcertant dans les pays à lapopulation croissante où les contraintesimposées sur les ressources limitéesaugmentent sans cesse pour les services detoutes sortes. Par exemple, pour atteindrel’objectif en matière d’assainissementenvironnemental, le monde doit réduire lenombre de personnes sans installationssanitaires de 2,6 milliards qu’elles étaient en2002 à 1,9 milliard en 2015. Bien que celareprésente aujourd’hui une différence de

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Couverture par régions des systèmes d’assainissement améliorés en 2002

Source : Meeting the MDG Drinking Water and Sanitation Target: A Mid-Term Assessment of Progress 2004, UNICEF et OMS

L’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud affichent les pourcentages les plus bas

760 millions de personnes, suivre en mêmetemps la croissance de la population signifieen fait que, pour atteindre l’objectif, près dedeux milliards de personnes devrontdisposer d’installations sanitairesadéquates35 d’ici à 2015.

Selon les rapports provisoires, la plupartdes régions du monde sont en voied’atteindre l’objectif du Millénaire pour ledéveloppement. La région qui éprouve leplus de difficultés en matière d’alimentationen eau est l’Afrique subsaharienne, bien queplusieurs pays africains aient déjà fait deremarquables progrès en vue d’atteindre cetobjectif

Plus grave encore est le fait que leprogrès n’est pas tel qu’il devrait être enmatière d’assainissement dans la plupartdes pays en développement, notammentlorsque l’on garde à l’esprit que le défi neconsiste pas à fournir uniquement les

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installations. En effet, il faut aussipromouvoir et s’assurer de leur utilisation,alors que des habitudes culturelles et descomportements de longue date sontbouleversés par de nouveaux systèmessanitaires et des concepts d’hygièneinconnus.

Vaccin antirotavirusLe rotavirus est la principale cause demaladie diarrhéique grave, laquelle estresponsable chaque année de la mort dequelque 800 000 enfants. Plusieurs formulesde vaccin antirotavirus sont en cours dedéveloppement dans le monde, mais aucunn’a encore été entièrement approuvé36.

Dans l’éventualité où un vaccin fiable etefficace serait mis au point, son coûtdemeurerait un facteur important quant àson taux d’utilisation dans la plupart despays où il serait le plus utile.

Entre-temps, les interventions les plusefficaces continueront à prévenir les décèsd’enfants dus à la maladie diarrhéique grâceà la promotion de la thérapie parréhydratation orale et aux améliorationsapportées aux systèmes d’assainissement etd’approvisionnement en eau, ainsi qu’auxpratiques d’hygiène de façon à limiter latransmission des infections.

35L A S U R V I E E T L A S A N T É D E S E N FA N T S DA N S L E M O N D E

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PALUDISME

© UNICEF/HQ97-1148/Giacomo Pirozzi

36 L A S U R V I E E T L A S A N T É D E S E N FA N T S DA N S L E M O N D E

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PALUDISME

Près de 50 pour cent de la populationmondiale totale est exposé au risque decontracter le paludisme. Chaque année, il ya entre 350 millions et 500 millions de casde maladie, dont la vaste majorité d’entreeux se développe en Afrique subsaharienneet touche des enfants37. En Afrique, lepaludisme est actuellement la plusimportante cause simple de décès chez lesmoins de cinq ans, tuant un enfant toutesles 30 secondes, soit 3 000 enfants chaquejour38. De nombreux autres restent marquéspar une anémie persistante, des lésionscérébrales permanentes ou une paralysie.Chez les femmes enceintes, le paludismepeut occasionner une insuffisancepondérale à la naissance, de l’anémie et unrisque accru de décès néonatal de leurbébé.

Une grande quantité de maladiesrendent les enfants d’Afrique subsaharienneplus vulnérables aux effets mortels dupaludisme. À leur tour, les accès répétés depaludisme affaiblissent tellement le systèmeimmunitaire de l’enfant, que celui-ci devientplus faible face aux bactéries et aux virusqui causent ces autres maladies. Ceci créeune spirale d’infections répétéesaffaiblissant toujours plus et conduisantsouvent à la mort. La principale solutionpour briser ce cercle, est d’interrompre lecycle de la transmission du paludisme et del’infection palustre.

Les effets du paludisme sur les paysafricains sont perceptibles partout. Il encoûte chaque année aux pays africains plusde 14 milliards de dollars américains ensoins de santé et en perte de productivité.Ceci fait du paludisme l’une des plusimportantes causes du manque constant dedéveloppement et de la détériorationéconomique dans cette partie du monde,confinant ainsi tant d’Africains à la pauvretéperpétuelle. L’anémie et la fatiguepersistante causées par le paludisme chez

les enfants qui réussissent à survivre,provoquent souvent une incapacitéphysique à apprendre de façon efficace, desorte que l’éducation d’un continent toutentier en souffre39.

En Afrique, le paludisme compte pour30 à 50 pour cent de toutes les visitesexternes en clinique et jusqu’à 50 pour centdes admissions à l’hôpital, ce qui représenteune importante ponction dans le systèmedes soins de santé40. En 2004, les paysafricains ont dépensé, dans l’ensemble, 600millions de dollars américains pour traiter etprévenir le paludisme. Cette somme nereprésente que 20 pour cent des 3,2milliards de dollars américains nécessairespour assurer un contrôle efficace de cettemaladie41. Dans la mesure où le paludismecoûte à ces pays plus de quatre fois cettesomme en soins de santé et en perte deproductivité, un contrôle total de la maladieserait extrêmement rentable, maisnécessiterait une relance sous forme dedons provenant d’autres parties du monde.

Le paludisme est une maladieparasitaire provoquée par un parasite

© UNICEF/HQ98-1009/Giacomo Pirozzi

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appelé plasmodium. Il est transmis d’unepersonne à une autre par la piqûre de lafemelle du moustique de type anophèle, quisert d’hôte intermédiaire au parasite, etconstitue une part essentielle du cycle devie du parasite42.

Dans les années cinquante, avecl’optimisme et la foi en la technologiepropres à cette époque, l’UNICEF a participéavec d’autres organismes internationaux etgouvernementaux à ce qui devait être uneffort intensif pour éliminer le paludisme enexterminant le moustique de type anophèle.De vastes campagnes de pulvérisation deDDT ont été entreprises dans la plupart despays tropicaux du monde, et il y a eu, dumoins au début, une réduction substantielledu nombre de moustiques. Certains ontsurvécu, néanmoins, non seulementporteurs du parasite mortel, mais de plus enplus résistants aux effets du DDT. En mêmetemps, les organisations et les personneschargées des campagnes de pulvérisation,de même que la population en général, ontpris conscience des dommages quecausaient ces pulvérisations sur le reste del’environnement. Celles-ci ont donc étéinterrompues, et d’autres méthodes decontrôle de la transmission du paludisme,tels que des médicaments antipaludiques,sont devenus des sujets de recherche.

Plus récemment, plusieurs variétés duplasmodium se sont faites résistantes auxeffets des médicaments antipaludiquesles plus couramment utilisés dans letraitement de la maladie, imposant ainsi ledéveloppement de nouveaux médicamentsplus coûteux. Le fait de ne pas suivre letraitement en totalité, à cause du coût, del’incommodité ou des effets secondaires dumédicament, est la principale source dedéveloppement de variétés du plasmodiumrésistantes à la chloroquine.

Il est primordial d’accroîtrel’approvisionnement en médicamentsantipaludiques sûrs, efficaces et abordables.En 2004, l’UNICEF a dépensé à lui seul8,2 millions de dollars américains pouracheter de tels médicaments, ce qui nereprésentait qu’une petite fraction de lasomme nécessaire. Le coût annuel total enmédicaments de pointe pour répondre auxbesoins mondiaux estimés — près de 150à 180 millions de traitements en 200643 —

dépasserait 300 millions de dollarsaméricains.

Une solution au problème que pose ladépense pour le traitement consiste àaccroître l’approvisionnement en matièresbrutes nécessaires à la production desmédicaments. À cet égard, l’UNICEF prônefortement la culture et la récolte accrues duQuinghao (Artemisia annua ou armoiseannuelle), une plante qui est la source desthérapies combinées à base d’artémisinine.Bien que la plupart des armoises annuellespoussent en Asie, plusieurs pays africainscommencent maintenant à cultiver la plante,une pratique qui pourrait permettred’augmenter de façon significative lesquantités de ces médicaments dans unavenir prochain.

Même lorsque les médicamentsnécessaires sont accessibles et abordablespour la famille de la personne infectée, denombreux pays africains manquent destructure adéquate des services de santé, cequi limite gravement les possibilités dediagnostiquer la maladie et d’administrer letraitement nécessaire. En ce qui concerne lavaccination, les problèmes associés aumanque de services de santé réguliers, enparticulier dans les régions rurales etisolées, peuvent être résolus enentreprenant des campagnes spéciales devaccination au cours desquelles destravailleurs de la santé sillonneraient toutesles régions du pays pendant deux ou troisjours désignés. Cette approche n’esttoutefois pas pratique pour le traitement dupaludisme, lequel est un problème constantqui nécessite une attention plus soutenue.

Faire reculer lepaludismeL’initiative, Faire reculer le paludisme, a étélancée en 1998 par l’UNICEF, l’OMS, leProgramme des Nations Unies pour ledéveloppement (PNUD) et la Banquemondiale. Ce partenariat contribue à lacoordination des efforts internationauxvisant à atteindre l’objectif de réduire de 50pour cent les décès dus au paludisme d’ici à2010. Il regroupe actuellement lesgouvernements des pays touchés par le

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paludisme, des agences nationales etinternationales de développement, lesecteur privé (incluant les laboratoirespharmaceutiques), des organismes nongouvernementaux et communautaires, desfondations, des instituts de recherche et desétablissements universitaires44.

Grâce à l’initiative, Faire reculer lepaludisme, la plupart des pays d’Afrique etde nombreux pays d’Asie ont créé leurspropres plans stratégiques pour le contrôledu paludisme, incluant des mesures pourrenforcer les systèmes de santé nationaux,et pour mobiliser les ressources en vue devastes activités et programmescommunautaires45. En 2003, des plansstratégiques complets visant à résoudre leproblème du paludisme ont été élaborésdans plus de 30 pays d’Afrique où lepaludisme est endémique46. L’initiative,Faire reculer le paludisme, est aussi àl’origine d’une sensibilisation mondialeaccrue aux problèmes causés par lepaludisme et aux méthodes déjà identifiéespour le contrôler.

Depuis la mise en œuvre de l’initiative,Faire reculer le paludisme, la subventioninternationale pour la prévention et letraitement du paludisme a nettementaugmenté, mais elle est néanmoins bienloin de la somme totale nécessaire pouratteindre l’objectif de réduire de 50 pourcent les décès paludéens d’ici à 2010.D’importantes ressources supplémentairesont été récemment attribuées par le Fondsmondial de lutte contre le sida, latuberculose et le paludisme (GFATM), lequela engagé plus de 1,4 milliard de dollarsaméricains entre 2002 et 2005 pour lesoutien de divers programmes de contrôledu paludisme47. L’argent permettra aux paysd’acheter les moustiquaires pour le litnécessaires, les thérapies combinées à based’artémisinine et les insecticides àpulvériser, le cas échéant.

La Déclaration d’AbujaLe 25 avril 2000, les chefs d’État ou leshauts représentants de 44 pays d’Afriquetouchés par le paludisme se sont réunis àAbuja, la capitale du Nigeria, lors dupremier Sommet sur le paludisme. Le

LE PALUDISME ET LA GROSSESSE

Le traitement préventif par médication contre le paludisme,proposé aux femmes enceintes, tient un rôle particulièrementimportant à cause des effets néfastes de cette maladie pourl’enfant qui va naître. L’anémie causée par le paludisme peutprovoquer une fausse couche ou la naissance d’un enfant defaible poids, ce qui le rend plus vulnérable aux infections detoutes sortes et plus susceptible de mourir avant son premieranniversaire. Selon les estimations, 10 000 femmes et jusqu’à200 000 nourrissons meurent chaque année desconséquences du paludisme pendant la grossesse. De plus, lagrossesse rend les femmes plus vulnérables au paludisme.Une femme enceinte est quatre fois plus susceptible decontracter la maladie que les autres adultes, et deux fois plussusceptible d’en mourir1.

Pour résoudre ce problème, il est recommandé que lesfemmes enceintes reçoivent ce que l’on appelle un traitementpréventif intermittent (TPI). Ce traitement implique que lafemme prenne au moins deux doses d’un médicamentantipaludique (sulfadoxine et pyriméthamine) à chaqueexamen médical prénatal suivant le premier trimestre degrossesse, qu’elle présente ou non des symptômes depaludisme. L’UNICEF travaille en étroite collaboration avec lesservices nationaux de soins prénatals dans le cadre del’initiative Maternité à moindre risque afin de veiller à ce queles mères et leurs bébés aient accès à des soins prénatals degrande qualité, incluant le TPI.

1Childinfo.org, “Malaria” au www.childinfo.org/areas/malaria

Sommet a donné lieu à la Déclarationd’Abuja, en vertu de laquelle ces pays sesont engagés à réduire de moitié le taux dedécès dus à cette maladie d’ici à 2010.Plusieurs autres objectifs provisoiresdevaient également être atteints en 2005,objectifs qui ont été réitérés dans le rapportfinal de la Session extraordinaire desNations Unies consacrée aux enfants,intitulé « Un monde digne des enfants ».Ces objectifs visaient à garantir que :

• au moins 60 pour cent des personnesatteintes de paludisme aient rapidementaccès à un traitement abordable etadéquat et puissent l’utiliser dans les 24heures suivant l’apparition dessymptômes;

• au moins 60 pour cent des personnes àrisque de contracter le paludisme, en

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particulier les femmes enceintes et lesenfants de moins de cinq ans,bénéficient de la combinaison la mieuxadaptée de mesures de protectionpersonnelles et collectives, telles quedes moustiquaires pour le litimprégnées d’insecticide et autresinterventions accessibles et abordables;

• au moins 60 pour cent de toutes lesfemmes enceintes à risque de contracterle paludisme, en particulier lors d’unepremière grossesse, aient accès à unechimioprophylaxie ou à un traitementpréventif intermittent48.

Afin d’aider à l’atteinte de ces objectifs,l’UNICEF subventionne la mise en œuvred’un ensemble intégré d’interventionsefficaces pour les enfants par l’entremisedes services de santé communautaire et decliniques locales. L’ensemble faithabituellement partie d’un programme devaccinations et de distribution decomprimés de vitamine A, et inclut desmoustiquaires pour le lit imprégnéesd’insecticide ainsi que des troussespermettant de traiter à nouveau cesmoustiquaires. Un ensemble intégré pourles femmes enceintes est également offertpar l’entremise des services de soinsprénatals et comprend des moustiquairespour le lit imprégnées d’insecticides, demême qu’un traitement préventifintermittent contre le paludisme. Ceprogramme est appuyé par un renforcementde la gestion du paludisme à l’échellecommunautaire qui augmente ladisponibilité des médicamentsantipaludiques en plaquettes alvéolaires,pouvant être utilisés pour traiter à domicilela fièvre associée à la maladie49.

L’éducation publique est une partessentielle des efforts nationaux pourcontrôler le paludisme partout en Afrique.La Déclaration d’Abuja a désigné en ce sensla journée du 25 avril comme étant « Lajournée africaine du paludisme ». Pendantcette journée, on organise des événementstels que des concerts, courses de vélo,défilés, rallyes, événements médiatiques,cérémonies de remise de prix et pour lesenfants, concours d’affiches quitransmettent le message sur les moyens decontrôler le paludisme et de prévenir sa

transmission50. En 2005, cette journée a enoutre été soulignée par le Parlementeuropéen et les corps législatifs denombreux pays industrialisés, dont l’aidefinancière et le soutien technique sontessentiels à l’atteinte des objectifs de laDéclaration d’Abuja.

Moustiquaires pour le litimprégnées d’insecticideDormir sous une moustiquaire imprégnéed’insecticide est le moyen le plus efficace etle moins coûteux d’empêcher lesmoustiques de piquer les enfants et detransmettre le parasite qui cause lepaludisme. Dans la mesure où, comme pourtoutes les autres maladies, la prévention dupaludisme est plus bénéfique pour lesenfants que le traitement, l’UNICEF estdevenu le plus important acheteur demoustiquaires pour le lit à l’échellemondiale. En 2004, l’organisme a acheté 7,3millions de moustiquaires pour le lit51.Celles-ci ont été imprégnées d’insecticide etdistribuées dans toutes les régions où lepaludisme est endémique, principalementen Afrique, comme première ligne dedéfense contre la dissémination de lamaladie.

Des études ont démontré que lesmoustiquaires imprégnées d’insecticidesont beaucoup plus efficaces que lesmoustiquaires non traitées, non seulementpour prévenir la maladie chez les enfantsqui dorment dessous, mais aussi pourprévenir la dissémination de la maladie.Tandis que les moustiquaires non traitéesempêchent simplement le moustiqued’atteindre un enfant endormi, lesmoustiquaires pour le lit imprégnées tuentréellement l’insecte. Correctement utilisées,les moustiquaires pour le lit imprégnéesd’insecticide peuvent réduire latransmission du paludisme d’au moins 50pour cent, et les décès d’enfants de 20 pourcent52.

Pour traiter une moustiquaireconventionnelle, celle-ci est immergée dansun insecticide liquide qui est absorbé parses fibres. Ces moustiquaires doivent êtretraitées au moins une fois par année. Cette

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tâche est parfois salissante, compliquée etdemande du temps, puisqu’il faut mesurerla moustiquaire, calculer la quantité d’eauque celle-ci absorbera et évaluer la quantitéd’insecticide nécessaire. Il faut porter desgants de caoutchouc pour protéger la peaupendant l’opération de trempage, et le restede la solution, de même que l’emballage del’insecticide, doivent être soigneusementmis au rebut53. Dans la mesure où il estrecommandé d’effectuer ce traitement uneou deux fois par année, cette tâche peutconstituer un important fardeausupplémentaire pour la personne qui en estresponsable. Si ce traitement n’est pas fait,l’efficacité de la moustiquaire est nettementréduite au fil du temps.

Afin de résoudre ce problème, l’UNICEFa subventionné le développement denouvelles technologies et la production denouvelles moustiquaires au traitement plusdurable. Cela suppose soit d’intégrerl’insecticide directement aux fibres de lamoustiquaire pendant la production, oud’appliquer l’insecticide sur la moustiquaire

© UNICEF/HQ99-0454/Giacomo Pirozzi

une fois produite avec un agent liantspécial. Ces moustiquaires conservent leurcapacité insecticide jusqu’à cinq ans sansqu’il soit nécessaire de les traiter ànouveau54, ce qui est probablement pluslong que la durée de vie de la moustiquaireelle-même, compte tenu de l’usure normale.L’UNICEF subventionne aussi ledéveloppement d’une trousse de traitementà domicile qui permettrait de transformerune moustiquaire ordinaire en unemoustiquaire imprégnée d’un insecticidedurable55.

Convaincre les gens d’utiliser desmoustiquaires pour le lit traitées, enparticulier pour leurs enfants, constitue toutun défi. Dormir sous une moustiquaire n’estpas nécessairement une tradition dans tousles pays. Et même là où ça l’est, lepourcentage de moustiquaires pour le lit quiont été traitées est négligeable. Outre leshabitudes culturelles, le principal problèmesemble être d’ordre économique, puisqueles moustiquaires traitées, en particulier lesplus durables, coûtent plus cher que celles

42 L A S U R V I E E T L A S A N T É D E S E N FA N T S DA N S L E

qui ne le sont pas. Certains pays ontaugmenté l’utilisation des moustiquairespour le lit traitées en réduisant les taxesapplicables56.

Une étude menée dans 34 paysafricains, entre 1999 et 2004, a révélé queseulement trois pour cent des enfants demoins de cinq ans dormait sous unemoustiquaire imprégnée d’insecticide.Depuis 2002, la distribution de cettemoustiquaire a décuplé, ce qui entraînera,nous l’espérons, une augmentation del’utilisation pour les enfants57.

Développement d’unvaccin antipaludiqueLe développement d’un vaccin efficace, pourassurer l’immunité contre le paludisme,demeure le grand défi auquel font face lesprogrammes de contrôle de cette maladie. Ildevrait être possible de créer une immunitéartificielle contre le paludisme par le biaisde la vaccination puisqu’il est bien établique les personnes qui vivent dans lesrégions où cette maladie est endémique ontsouvent acquis, au fil de leurs annéesd’exposition, des défenses immunitairesconsidérables contre l’infection palustre. Untel vaccin apporterait un changement aumoins aussi important pour la santéhumaine que le développement, il y a decela 50 ans, d’un vaccin contre la polio.Compte tenu des coûts économiques et en

vies humaines afférents au paludisme,l’avantage pourrait être encore plus grand.

À l’énorme importance d’un tel vaccincorrespondent des difficultés techniques.Parce que le paludisme est causé par unparasite, et non par un virus ou unebactérie, il ne se prête pas lui-mêmefacilement au type de réaction immune quifonctionne si bien avec de nombreux autresvaccins. Le parasite se transforme au fur età mesure qu’il passe d’un organe à l’autredans l’organisme et il se dissimule dans lesglobules rouges, lesquels ne sont passurveillés par le système immunitaire. Bienqu’un certain nombre de chercheurss’emploient à développer le vaccin,généralement avec le soutien d’organismestels que l’OMS et la Malaria VaccineInitiative (subventionnée par la Bill andMelinda Gates Foundation), il s’écouleraprobablement encore de nombreusesannées avant qu’un vaccin efficace soitrapidement et facilement utilisable.

Entre-temps, il est extrêmementimportant de continuer de faire du contrôledu paludisme une priorité. Les objectifs 2010établis par la Déclaration d’Abuja devraientfaire partie de tous les programmesafricains de développement. Compte tenudu coût extrêmement élevé en vieshumaines et en perte de potentiel, lesefforts visant à atténuer la menace dupaludisme continueront de valoir chaquecent dépensé et chaque heure consacrée àla tâche.

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6

ROUGEOLE,VARIOLE, POLIOET IMMUNISATION

© UNICEF/HQ00-0238/Giacomo Pirozzi

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ROUGEOLE,

VARIOLE, POLIO

ET IMMUNISATION

Chaque année, la rougeole est directementresponsable du décès d’un demi-milliond’enfants58. Même lorsqu’elle n’entraîne pasla mort, la rougeole est souvent la cause dela cécité, la malnutrition et la surdité59. Ellepeut aussi entraver la fonction du systèmeimmunitaire, ce qui permet à d’autresinfections de se développer plusfréquemment et d’être plus mortelles.L’Afrique et l’Asie du Sud sont des régionsoù la rougeole constitue toujours unemenace majeure pour la santé et la surviedes jeunes enfants. En 1999, par exemple,ces deux régions ont rapporté la majoritédes décès associés à la rougeole à l’échellemondiale60.

En 1974, l’OMS a lancé le Programmeélargi de vaccination (PEV) afin de protégerles jeunes enfants contre six maladiespouvant être prévenues par un vaccin. Larougeole comptait parmi celles-ci, de mêmeque la diphtérie, la coqueluche, le tétanos,la polio et la tuberculose. À l’origine,l’objectif était d’assurer la vaccinationuniverselle des enfants d’ici à 1990, ce quiétait exagérément optimiste. En 1980, aprèsun début très lent, le taux de couverturevaccinale dans la plupart des pays endéveloppement n’atteignait, en moyenne,que 20 pour cent61. Depuis, toutefois, grâceà l’attention concertée des agencesinternationales sous l’égide de l’UNICEF etde l’OMS, des gouvernements donateurs,des gouvernements des pays endéveloppement et de plusieurs organismesnon gouvernementaux, la vaccination desenfants a été étendue de manièrephénoménale.

On estime, au total, que les campagnesmondiales de vaccination au cours des deuxdernières décennies ont sauvé plus de 20millions de vies. Plus de 100 millions denourrissons sont vaccinés chaque année, cequi permet de sauver deux millions de viesannuellement. La couverture vaccinale en

Extrême-Orient et dans la région duPacifique est passée de 38 pour cent en1980 à près de 90 pour cent en 1990. Entre1980 et 1999, la couverture vaccinale enAmérique latine et dans les Caraïbes estpassée de 38 pour cent à près de 87 pourcent62.

L’Alliance mondiale pour les vaccins et lavaccination (GAVI) est l’un des principauxpartenaires des programmes actuels visantl’élargissement de la couverture vaccinale.Elle regroupe des gouvernements, desorganismes non gouvernementaux etdes agences internationales qui œuvrenttous dans le domaine de la vaccination.

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Ce groupe a pour objectif d’assurer partoutla viabilité des programmes de vaccinationet d’adapter les programmes nationauxexistants de manière à fournir unecouverture vaccinale correspondant à lasituation particulière de chacun d’eux.Certains pays ont ainsi intégré au PEV desvaccins contre les hépatites B et Hib, tout ens’employant à faire du programme globalde vaccination, une partie intégrante dessystèmes nationaux de soins de santéprimaires.

Vaccination contre larougeoleEn ce qui concerne la rougeole, les tauxmondiaux de vaccination actuels sont enmoyenne de 77 pour cent, mais ils varientd’un faible 62 pour cent en Afriquesubsaharienne à 93 pour cent en Amériquelatine et dans les Caraïbes. (À titrecomparatif, le taux est de 92 pour cent dansles pays industrialisés.) Les taux de

couverture de plusieurs pays individuelssont nettement inférieurs : les tauxrapportés les plus bas sont de 35 pour centen République centrafricaine et au Nigeria,tous deux en Afrique occidentale, et de 40pour cent en Somalie. Au Canada, lacouverture atteint 95 pour cent63.

Les taux de couverture pour les autresvaccins intégrés au PEV sont généralementplus élevés, en partie parce qu’ils sontadministrés plus tôt dans la vie de l’enfant,soit à six, dix et quatorze semaines. À cesâges, le poids du bébé rend plus facile lesvisites dans un centre de santé quand ils’agit d’un long voyage à pied. Par contre,dans la plupart des pays en développement,la vaccination contre la rougeole commencenormalement lorsque les enfants sont âgésde neuf mois, alors qu’ils sont à même dedévelopper leurs propres anticorps enréaction au vaccin. Jusqu’à cet âge, ilspeuvent généralement bénéficier del’immunité de leur mère, laquelle leur a ététransmise alors qu’ils étaient encore dansl’utérus. En présence de taux élevés de

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Couverture vaccinale contre la rougeole en 2003(Enfants âgés d’un an)

Source : La situation des enfants dans le monde 2005, UNICEF

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malnutrition chez les enfants, le vaccincontre la rougeole peut être nécessaire dèsl’âge de six mois, car de nombreux enfantsde moins de neuf mois, qui ne sont plusprotégés par les anticorps maternels passifs,risquent de mourir dans cette circonstance.

Entre 1990 et 1999, l’incidence annuellerapportée des cas de rougeole à l’échellemondiale a chuté de près de 40 pour cent64.En 2001, l’UNICEF et l’OMS ont introduitune stratégie mondiale à quatre facettes delutte contre la rougeole au Plan stratégique2001-2005, concernant l’éradicationrégionale et la réduction de la mortalité dueà la rougeole. Cette stratégie comprendl’administration d’une première dose devaccin contre la rougeole à l’âge de neufmois dans le cadre des programmescourants de vaccination, la possibilité derecevoir une deuxième dose du vaccin lorsd’une campagne nationale de vaccination,une surveillance accrue des cas derougeole, et une meilleure gestion dechaque infection rougeoleuse, incluant ladistribution de vitamine A65. Ainsi, entre2001 et 2004, près de 200 autres millionsd’enfants d’Afrique subsaharienne ont étévaccinés contre la rougeole66, et le nombrede décès dus à cette maladie en Afrique estpassé de 519 000 qu’il était estimé en 1999,à moins de 282 000 en 2003, soit uneréduction de 46 pour cent67. Entre 1999 et2003, on a estimé que le nombre d’enfantsmourant de la rougeole à l’échelle mondialeavait chuté de 39 pour cent, ce qui constitueune énorme réduction68.

L’UNICEF et l’OMS rapportent que lemonde est en voie d’atteindre l’objectifvisant à réduire de moitié le nombre dedécès dus à la rougeole chez les moins decinq ans entre 1999 et 200569. Cetteréduction est attribuée à l’interaction deplusieurs facteurs importants : la fortedemande pour le vaccin de la part desparents dans les pays touchés; le soutiencontinu des gouvernements, tant donateursque ceux mettant en place des programmesde vaccination contre la rougeole; lespartenariats puissants entre lesgouvernements, les agences internationales,les organismes non gouvernementaux (telsque les Bill and Melinda Gates Children’sVaccine Program et Rockefeller Foundation)et l’industrie pharmaceutique qui s’emploie

à fournir les ressources et le soutientechnique nécessaires; et l’engagement dela population à tous les paliers pour assurerla mise en place efficace de services devaccination, incluant les Journéesnationales de vaccination et l’intégration dela vaccination contre la rougeole à laprestation des services de santé de base.

La rougeole étant extrêmementcontagieuse, la couverture vaccinale doitêtre d’au moins 95 pour cent pour veiller àbriser le cycle de transmission etd’infection. L’atteinte et le maintien d’untaux aussi élevé de couverture est l’un desdéfis auxquels font face les effortsmondiaux de lutte contre la rougeole.

Éradication de la varioleEn 1979, l’OMS déclarait que la variole étaitofficiellement éradiquée. Il s’agissait là d’unremarquable accomplissement : unemaladie infectieuse était pour la premièrefois totalement éliminée. Il s’agissait dansce cas d’une maladie qui avait étéparticulièrement virulente et la source dedommages considérables. Au cours du seulvingtième siècle, on estime que la variole atué quelque 300 millions de personnes.

L’éradication de la variole a été possiblegrâce à deux facteurs d’une importancecruciale. Le premier était que la variole netouchait que les êtres humains : il n’existaitaucun « réservoir » pour la maladie endehors des populations humaines. Parconséquent, si l’on pouvait mettre fin à latransmission de personne à personne, lamaladie pourrait être éliminée. Le secondfacteur était l’existence d’un vaccin efficacequi procurait l’immunité contre la maladie etqui, par conséquent, rendait possiblel’interruption de la transmission, enparticulier s’il était combiné à la mise enquarantaine de tous les cas actifs derougeole. Le vaccin, mis au point en 1796par Edward Jenner, reposait sur l’étroiterelation entre la variole et la vaccine (lecow-pox), une maladie beaucoup moinsgrave qui immunisait néanmoins lapersonne infectée contre la variole.

L’Assemblée mondiale de la Santé aétabli en 1959 son programme visantl’éradication de la variole. Il a été

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relativement facile de presque éliminer lavariole dans les pays industrialisés, mais lespays en développement présentaient unplus grand défi. Il a fallu mettre en place dessystèmes pour acheminer le vaccin dans lesrégions rurales et isolées, et des méthodesd’enregistrement et de suivi des éclosionsde variole ont dû être définies avant qu’ilsoit possible d’affirmer avec certitude que lamaladie avait été éradiquée de certainesrégions.

Finalement, le dernier cas de variolerésultant d’une transmission naturelle aété enregistré en Somalie, en octobre 1977.La personne infectée a été placée enquarantaine, et toutes les personnes avecqui elle avait été en contact pendant lapériode d’incubation de la maladie ont étéretracées et vaccinées. Personne d’autre n’aété malade. Le Dr H. Mahler, alors directeurexécutif de l’OMS, a annoncé l’éradicationde la variole lors d’une réunion au Kenya en1978. L’annonce était toutefois quelque peuprématurée. Un photographe médical acontracté la variole en septembre 1978. Lavictime, décédée peu après, semble avoirété infectée par un virus conservé dans unlaboratoire universitaire. L’OMS aofficiellement confirmé l’éradication de lavariole en 1980, deux ans après le derniercas d’infection.

On estime que l’éradication de la variolea coûté aux pays donateurs moins de 125millions de dollars américains. Selon legroupe de travail du programme, Passons àl’action, du Centre de développementmondial, le plus important donateur dans lecadre de cette campagne, les États-Unis,économise maintenant l’équivalent de sacontribution totale tous les 26 jours70. Ainsi,des campagnes similaires visantl’élimination de maladies spécifiquesdevraient aussi s’avérer extrêmementrentables. L’économie ne tient pasuniquement au fait de ne plus avoir àdépenser d’argent pour la vaccination oupour la prestation de soins de santé pourtraiter des personnes atteintes de lamaladie, mais aussi à la contributiongénérale apportée à l’économie du pays pardes personnes qui ne sont pas tuées oulimitées par l’infection et qui peuvent, parconséquent, participer de manièreappréciable à l’activité économique.

Éradication de la polioL’éradication fructueuse de la variole a incitéles gouvernements et les spécialistes dela santé à prendre en considération lapossibilité d’éliminer un autre fléaumajeur : la polio. Tout comme la variole et larougeole, le virus de la polio ne touche queles êtres humains. Il est donc possibled’éliminer tous les cas de la maladie chezles êtres humains et de bloquer avec succèssa transmission pendant un certain laps detemps, afin de comptabiliser tout virussauvage pouvant être présent dansl’environnement (étant donné que le virusde la polio est transmis par les selleshumaines). L’effort nécessaire pouréradiquer la polio est toutefois pluscompliqué que celui requis pour éliminer lavariole.

La poliomyélite est une maladie viraleextrêmement contagieuse qui affecte lesystème nerveux, causant la paralysie ou lamort. Lors de sa période active la plusintense, la polio a paralysé ou tué jusqu’àun demi-million de personnes par année, etla moindre fièvre chez un enfant éveillait lapeur des parents. La polio se répandfacilement, généralement par l’eau ou pardes aliments contaminés par des déjectionshumaines. La découverte par le Dr JonasSalk du premier vaccin antipoliomyélitiqueen 1955 n’a pas seulement apaisé la crainteavec laquelle tant de gens vivaient, mais aégalement rendu possible le fait de croire àl’élimination totale de la maladie.

Ce n’est toutefois pas le vaccin duDr Salk, élaboré à partir d’un virus inactif(mort), qui a été au cœur des effortsmondiaux d’éradication, mais plutôt levaccin Sabin élaboré à partir du virus actif,qui est administré par voie orale. Bien quece vaccin ait donné lieu extrêmementrarement à des cas de polio, la facilité aveclaquelle il peut être administré l’a nettementemporté sur le risque. Contrairement auvaccin Salk, qui est injecté et doit être faitpar un professionnel de la santé, le vaccinSabin peut être administré par n’importequi. Élaboré à partir d’un virus actif, levaccin Sabin confère en outre une immunitéplus complète, ce que ne fait pas le vaccinSalk.

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La première étape vers l’éradication dela polio a été entreprise par RotaryInternational. En 1985, l’organisme a lancéson programme PolioPlus pour protéger lesenfants du monde contre cette maladie. En1988, l’Assemblée mondiale de la Santé adéfié le monde d’éradiquer la polio. Unacquiescement unanime de la communautéinternationale a donné naissance auProgramme mondial d’éradication de lapolio. Dirigé par l’OMS, Rotary International,les U.S. Centers for Disease Control andPrevention (CDC) et l’UNICEF, ce partenariatunique entre secteurs public et privéregroupe les gouvernements nationaux etdonateurs, la société civile, les agencesinternationales, les organismes nongouvernementaux, des organismes dusecteur privé et plus de 20 millions debénévoles, œuvrant tous pour un mondesans polio.

Depuis 1988, la campagne d’éradicationde la polio a été la plus importante, et sansconteste, l’une des initiatives en santépublique parmi les plus fructueuses del’histoire, avec plus de deux milliardsd’enfants vaccinés et dix milliards de dosesde vaccin antipoliomyélitique administrées,grâce à l’investissement de quatre milliardsde dollars américains et à l’aided’innombrables bénévoles. À la suite decette campagne, les cas de polio ont chutéde 99 pour cent, passant de 1 000 cas parjour à à peine plus de 2 000 dansl’ensemble en 2005. Cinq millions d’enfantsqui auraient pu être paralysés, voire tués,par la polio marchent aujourd’hui.

Cette lutte a pour devise « atteindrechaque enfant ». Cet objectif est réaliségrâce aux campagnes massives devaccination visant à protéger chaque enfantde moins de cinq ans dans les pays où lapolio constitue un risque, et à lasurveillance intensifiée de la maladie pouridentifier les nouveaux cas. Grâce à cesstratégies, les Amériques ont été certifiéeslibérées de la polio en 1994, le Pacifiqueoccidental a suivi en 2000 et les 51 paysd’Europe, en 2002. Seuls six pays doiventencore arrêter la transmission du poliovirussauvage autochtone : l’Afghanistan,l’Égypte, l’Inde, le Nigeria, le Niger et lePakistan71.

Néanmoins, tant et aussi longtemps

qu’il existe des régions où la polio continued’être endémique, il y a un risque pour quela maladie se propage parmi les personnesqui n’ont pas été vaccinées. La vitesse àlaquelle la polio peut voyager a étédémontrée en 2004, alors qu’une éclosionde la maladie dans le nord du Nigeria n’apris que quelques mois pour s’étendre à

ROTARY INTERNATIONAL ET LEPROGRAMME POLIOPLUS

Le Rotary est un organisme mondial regroupant des chefs de fileissus de milieux d’affaires et de professions libérales aux niveauxcommunautaire, régional, national et international. Ilss’emploient à offrir des services humanitaires tout enpromouvant des règles de haute probité dans l’exercice de touteprofession, et en contribuant à établir la bonne volonté et la paixentre les peuples par le biais d’associations et d’engagementspartagés. L’organisme compte près de 1,2 million de membresdans plus de 31 000 clubs Rotary répartis dans 167 pays.

Le programme PolioPlus a été lancé en 1985 par le Rotary.Trois ans plus tard, l’Assemblée mondiale de la Santé acceptaitl’objectif visant à éradiquer la polio dans le monde entier, et leRotary se joignait à l’OMS, à l’UNICEF, aux US Centers forDisease Control and Prevention et aux gouvernements pouratteindre cet objectif.

En 2002, alors que le monde était si près de l’éradicationtotale de ce fléau plus que millénaire et que seul un dernier effortsemblait nécessaire pour atteindre l’objectif, le Rotary a lancé unenouvelle campagne de collecte de fonds pour l’éradication de lapolio, afin de stimuler l’effort mondial. Le Rotary prévoyaitrecueillir 80 millions de dollars américains d’ici la fin du mois dejuin 2003, mais ses membres à l’échelle mondiale en ont recueilli111,5 millions. D’autres contributions versées depuis lors ontélevé le montant total recueilli par le Rotary pour cette campagneà 135 millions de dollars américains. Les dons provenaient del’ensemble des 529 districts du Rotary dans le monde, ce quireprésente plus de 20 000 clubs dans 153 pays.

Les clubs Rotary ont été encouragés à poursuivre leursefforts de collecte de fonds jusqu’à ce que la polio ait étééliminée avec succès dans les six derniers pays endémiques. Lereprésentant spécial du directeur général de l’Organisationmondiale de la Santé, David Heymann, a souligné : « LesRotarians ont encore une fois prouvé que, lorsqu’il y a un besoin,ils apportent leur concours et relèvent le défi avec enthousiasme.Ils peuvent être fiers car leur travail acharné contribuera à vaincreles derniers vestiges de la polio. »

Lorsqu’il sera certifié que le monde est libéré de la polio, lescontributions du Rotary à l’effort mondial pour l’éradication decette maladie dépasseront les 600 millions de dollars américains.

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quatorze pays qui avaient été précédemmentconsidérés comme libérés de la polio.Depuis 2003, au moins dix-sept pays, d’oùla maladie avait été éradiquée, ont étévictimes de la flambée de polio provenantdu Nigeria, incluant des pays aussi éloignésque l’Indonésie et le Yémen. Dans certainsde ces pays, comme au Soudan et enSomalie, les conflits internes et ledéplacement de plusieurs milliers depersonnes ont rendu plus difficiled’atteindre et de vacciner les enfantsvulnérables. Plusieurs de ces éclosions ontété arrêtées ou contenues grâce à descampagnes de vaccination massives biengérées et bien subventionnées. Maiscelles-ci soulignent l’importance d’endiguer

rapidement la transmission de la maladieafin de prévenir son retour en force, et deprotéger l’investissement international dansun monde libéré de la polio.

Le défi associé àl’approvisionnement età l’administration desvaccinsLorsque le Programme élargi de vaccinationa débuté en 1974, moins de cinq pour centdes enfants du monde entier étaientvaccinés contre les six maladies ciblées.

Évolution de l’éradication de la polio : pays endémiques (1988-2005)

Source : Initiative d’éradication de la polio

1988

> 350 000 cas> 125 pays

2005

636 cas*6 pays

*Données en vigueur le15 novembre 2005

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L’exploit d’avoir accru cette couverturevaccinale à 78 pour cent qu’elle estaujourd’hui, dénote un degré extrêmementélevé d’organisation et d’efforts de la partdes gouvernements, des organismes nongouvernementaux et des communautés detoutes les régions du monde.

En 1991, l’UNICEF et l’OMS ont établil’Initiative pour l’autonomie en matière devaccins, un fonds renouvelable conçu pouraider les pays en développement à acheterles vaccins dont ils ont besoin, à un prixrelativement bas et en utilisant leur propredevise72. En sa qualité d’organisme desNations Unies ayant une vaste expertise enapprovisionnement et en distribution dematériel et ce, des poids lourds au matérielscientifique délicat, l’UNICEF est devenu leplus important acheteur mondial de vaccins.Il a en effet consacré 374 millions de dollarsaméricains à l’achat de 2,8 milliards dedoses en 2004.

Depuis le début des années quatre-vingt-dix, la disponibilité des vaccins eux-mêmes aposé un problème.

Antérieurement, ceux administrés dansles pays en développement étaientgénéralement les mêmes que ceux utilisésdans les pays industrialisés. Parce que plusde vaccins (incluant le vaccin DTC et ceuxcontre la polio, la rougeole et latuberculose) étaient produits en plusgrandes quantités qu’il n’en fallait dans lespays industrialisés, ils ont été rapidement etfacilement utilisables ailleurs à un prixgénéralement assez bas. Dans la mesure oùl’UNICEF achetait la majeure partie de laréserve de vaccins en vrac, puis veillait à cequ’ils soient envoyés dans les pays qui enavaient besoin, le coût était encore plusintéressant pour les gouvernements auxressources financières limitées. Toutefois,plus de dix ans plus tard, tandis que laproduction de vaccins a été de plus en pluscontrôlée par de petites entreprises privées,que de nouveaux vaccins plus coûteux ontété mis au point et que la demande despays industrialisés a diminué, les fabricantsont cessé de produire certains des vaccins,dont celui contre la rougeole qui étaitcouramment utilisé. Cette situation a donnélieu à des pénuries occasionnelles devaccins essentiellement nécessaires, enparticulier lors des vastes campagnes

nationales de vaccination. Cependant, parsuite d’une action concertée de la part del’UNICEF, de l’OMS, des gouvernementsnationaux, des donateurs et d’autrespartenaires, la quantité de vaccins pouvantêtre utilisés dans les pays en développementa augmenté en 2004. En outre, un plusgrand nombre de fabricants cherchent à êtreprésélectionnés par l’OMS et sont intéressésà vendre leurs vaccins à l’UNICEF. Laréserve devrait donc continuerd’augmenter73.

Depuis le début, le plus grand déficonsistait à acheminer les vaccins vers les

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communautés qui en avaient besoin et à lesconserver en bonne condition d’utilisationjusqu’à ce qu’ils soient administrés. Il s’agitlà d’un processus long et exigeant, dont leséléments combinés sont connus sous lenom de, chaîne frigorifique. La plupart desvaccins doivent être conservés à destempératures froides ou sous le point decongélation afin d’en garantir la viabilité; laplupart des régions où les vaccins sontutilisés connaissent des températuresélevées. Les vaccins doivent donc êtretransportés et conservés dans desréfrigérateurs, des congélateurs ou danstout ce qui les maintiendra à leurtempérature idéale depuis leur site defabrication, jusqu’au centre de santé oùaura lieu la vaccination. Parce que denombreuses zones rurales, en particulier lesrégions les plus isolées d’un pays, nedisposent pas de service d’électricité pouralimenter les réfrigérateurs, du matériel augaz propane ou au kérosène estcouramment utilisé, et tout repose sur ladisponibilité en combustible et sur sadistribution. À cause de ces défis, l’UNICEFet l’OMS ont subventionné la mise au pointde nouveaux vaccins capables de résister à

des températures élevées, de sorte qu’ilssoient plus stables dans des climatstropicaux.

L’administration des vaccins nécessiteaussi du matériel spécial, en particulier pourles journées de vaccination mises de l’avantdans le cadre des campagnes nationales ourégionales de vaccination. L’utilisationd’aiguilles et de seringues ne pouvant, enaucune façon, être réutilisées est d’uneimportance cruciale, en particulier avec laflambée de VIH/sida dans de nombreusesparties du monde. Ce défi a donné lieu, à lafin des années quatre-vingt, à la mise aupoint de seringues d’inoculation àautodestruction ou à usage unique qui nepouvaient être utilisées plus d’une fois.

Campagnes devaccination et jours detranquillitéL’UNICEF a instauré la pratique visant àmener de vastes campagnes nationales devaccination pour élargir la couverture

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vaccinale et inculquer au grand publicl’importance de vacciner les enfants. Lapremière campagne nationale majeure devaccination en Colombie, en 1985, a requisles services des journaux, de la radio, de latélévision et sollicité l’intervention demilliers de bénévoles pour atteindre près de90 pour cent des jeunes enfants. Lesméthodes novatrices pour maintenir lachaîne frigorifique comprenaient la livraisondes vaccins dans des camions-citernes à laitet leur conservation dans les glacières desmagasins d’alimentation locaux. Cescampagnes nationales ont non seulementpermis d’augmenter le taux de vaccination,mais ont aussi incité l’engagement politiquede tous les paliers gouvernementaux enfaveur de la vaccination. Les photos dansles journaux et les reportages télévisésmontrant le président ou le premier ministreen train d’administrer un vaccinantipoliomyélitique à un jeune enfantétaient plus qu’une séance typique dephotos. Ils ont permis de déplacer lavaccination vers le centre du programmepolitique et d’obtenir une plus grandeattention de la part du gouvernementconcernant les ressources humaines etfinancières.

La guerre civile au El Salvador a étéinterrompue pendant trois jours en 1985pour permettre la vaccination des enfantsd’un bout à l’autre du pays. Ainsi, on alaissé voyager librement entre régionscontrôlées par les factions belligérantes, lesvéhicules et le personnel désigné del’UNICEF. Ceci a institué un modèle pourd’autres jours de tranquillité dans lesrégions en conflit. Bien que ceux-ci n’aientpas toujours été aussi fructueux que ceuxdu modèle instauré au El Salvador, ils ontpermis non seulement d’assurer unemeilleure couverture vaccinale, mais aussi,dans certains cas, d’ouvrir la voie à de plusvastes négociations de paix et à larésolution éventuelle du conflit, comme celas’est produit au El Salvador.

L’un des grands avantages descampagnes nationales de vaccination estqu’elles procurent une occasion idéale defaire plus que vacciner les enfants. L’accentmis sur l’activité et le regroupement d’ungrand nombre de personnes provenantd’une vaste région, permettent aux

travailleurs de la santé d’éduquer lesparents. Ainsi, ils peuvent définir lessymptômes d’une infection respiratoireaiguë et leur faire comprendre la nécessitéd’un traitement immédiat lorsque cessymptômes se manifestent. De plus, cettesituation leur offre l’opportunité deprésenter la thérapie par réhydratationorale, de leur apprendre l’hygiène de basepour traiter et prévenir la maladiediarrhéique, et de leur expliquer commentprévenir la transmission du paludisme grâceà l’utilisation, entre autres, de moustiquairestraitées, qu’ils peuvent distribuer par lamême occasion. De même, dessuppléments de micronutriments, enparticulier des comprimés de vitamine A,peuvent être distribués, et les parentspeuvent apprendre comment intégrer ceséléments essentiels au régime habituel deleurs enfants. Des renseignements sur leVIH/sida peuvent être fournis auxadolescents comme aux adultes dans lecadre de programmes visant à éduquer lespersonnes les plus vulnérables à l’infection,et à élargir les connaissances du grandpublic sur les causes de cette infection, etsur le traitement adéquat des personnes quivivent avec cette maladie. Cette utilisationélargie des campagnes de vaccination est ceque l’UNICEF appelle son Programme devaccination Plus, un élément clé de lastratégie globale visant à assurer la survieet le développement de l’enfant.

La vaccination dans lessituations d’urgenceLa vaccination des enfants dans lessituations d’urgence est un sujet depréoccupation. Dans les conditions decohue et de privation d’un camp de réfugiésou dans le chaos occasionné par desinondations ou des famines, les enfantspeuvent être exposés à des infections plusvirulentes, être moins résistants auxinfections, en particulier s’ils sont dénutris,et ils peuvent ne pas avoir accès autraitement nécessaire à leur rétablissement.Dans de telles situations, la vaccination entemps requis est cruciale.

L’un des risques en situation d’urgenceest qu’une éclosion massive de rougeole se

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produise, laquelle peut à la fois êtredangereuse et difficile à maîtriser, alors quela population a tendance à se déplacer surde longues distances, vit dans desconditions de cohue intense et souffre demaladies infectieuses et de malnutrition.Dans de telles circonstances, il est essentielde veiller à ce que chaque personnerisquant d’être infectée soit vaccinée etd’assurer une gestion adéquate des casauprès des enfants qui développent lamaladie. Dans tous les cas, les enfantsinfectés doivent être maintenus dans desprogrammes d’alimentation et étroitementsurveillés pour éviter qu’ils ne développentd’autres infections graves auxquelles larougeole les expose encore plus.

L’UNICEF a une mission fondamentaleenvers les enfants en situation d’urgence, àsavoir, entre autres, veiller à ce qu’ils soienttous entièrement vaccinés contre larougeole. Entre 2001 et 2004, cetengagement a signifié diriger desprogrammes de vaccination d’urgencecontre la rougeole dans 29 pays, incluantdes campagnes de vaccination à vasteéchelle en Côte d’Ivoire, au Tchad, en

République démocratique du Congo, enIndonésie et au Soudan. En Afghanistan, parexemple, plus de douze millions d’enfantsont été vaccinés contre la rougeole, ce qui apermis de sauver la vie de plus de 35 000enfants74.

En décembre 2004, l’UNICEF a aidé àlancer la campagne de vaccination contre larougeole en Inde et en Indonésie, dans lessemaines qui ont suivi le tsunami.

Chaque fois que c’est possible, l’UNICEFs’assure d’engager le programme nationalde vaccination du gouvernement danstoutes les mesures entreprises pourrépondre aux besoins en la matière ensituation d’urgence. Cela supposegénéralement l’élargissement ou larestructuration du système national dechaîne frigorifique pour assurer ladistribution en temps requis et laconservation adéquate du vaccin là où il estnécessaire. Du personnel formé doit aussiêtre disponible pour la vaccinationd’urgence, tout en maintenant unecouverture adéquate des programmesréguliers.

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VIH/SIDA

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VIH/SIDA

Pour la première fois de l’histoire, récentedu moins, les enfants d’Afriquesubsaharienne, et en particulier de la partieméridionale du continent, sont peususceptibles de vivre aussi longtemps queles générations précédentes. L’espérance devie en Afrique subsaharienne n’est que de46 ans75, soit à peu près la même que dansles années cinquante. Si ce n’était de lapandémie de sida, l’espérance de vie yserait d’environ 62 ans76. Bien que l’Afriquesubsaharienne ne compte que dix pour centde la population mondiale totale, on yenregistre 60 pour cent de l’ensemble despersonnes infectées par le VIH77, le virus quicause le sida, et 77 pour cent de tous lesdécès associés au sida78, principalementparmi les adultes de moins de 50 ans.

Par conséquent, il n’est pas surprenantque la région compte aussi plus de 80 pourcent des enfants dans le monde devenusorphelins à cause du sida79. C’est la seulepartie du globe où le nombre d’orphelinscroît. Si la tendance actuelle se maintient, ily aura d’ici à 2010 jusqu’à 25 millionsd’enfants devenus orphelins à cause du sidadans le monde, et la majorité vivra toujoursen Afrique subsaharienne80.

L’Afrique n’est toutefois pas la seulerégion confrontée aux conséquences duVIH/sida. Le sida est la principale causede décès à l’échelle mondiale chez lespersonnes âgées entre 15 et 49 ans81.Bien que l’Afrique soit à l’origine del’augmentation de la cadence quant auxactions prises pour la prévention de ladissémination du VIH et quant à un plusgrand accès aux soins et aux traitements,les autres parties du monde courent ungrand danger de voir s’accroître de façonmassive des taux d’infection, si desmesures préventives ne sont pas prisesrapidement. L’Asie, où l’on estime à8,3 millions le nombre de personnesséropositives, risque de connaître une

épidémie majeure avec quelque 1,1 millionde nouveaux cas en 2005 seulement82. Lenombre d’infections s’est accru rapidementen Chine, en Inde, en Indonésie et auVietnam, et il peut encore augmenter demanière exponentielle. Le nombreaugmente aussi rapidement en Europe del’Est et en Asie centrale, où près de 1,6million de personnes sont infectées par leVIH83, comparativement à l’estimation de160 000 personnes, dix ans auparavant84.En Amérique latine et dans les Caraïbes, onnote des signes provisoires de progrès,alors que le taux global de prévalence duVIH en 2005 est demeuré le même qu’en200385. Ce ralentissement ne s’est toutefoispas produit de manière égale dans toute larégion, où des programmes de préventioncontinue sont encore grandementnécessaires86.

Le VIH/sida a tout d’abord attirél’attention à l’échelle mondiale lorsqu’auxÉtats-Unis, des hommes homosexuels ontcommencé à présenter les symptômesd’une maladie qui annihilait leur systèmeimmunitaire. En 1981, la maladie a étéidentifiée comme le syndromed’immunodéficience acquise (sida). En 1983,des scientifiques identifiaient le virus àl’origine du sida : le virus del’immunodéficience humaine (VIH). Bien quela maladie ait été initialement identifiée auxÉtats-Unis, il est rapidement apparu qu’elleétait présente dans d’autres parties du

© UNICEF/Mozambique/Pirozzi/2004

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monde, qu’elle continuait de se propager etqu’elle n’était pas limitée à la seulecommunauté homosexuelle87. Les premierscas pédiatriques de sida ont été constatésau début des années quatre-vingt en Afriquesubsaharienne88. Au cours des 25 dernièresannées, le VIH a continué de se propagerpartout dans le monde et n’a épargnéaucune région.

Des initiatives sont en cours à l’échellemondiale pour mettre au point des vaccinsefficaces contre le virus, mais les nombreuxtypes et sous-types de VIH, de même que lacapacité de mutation du virus, rendent larecherche difficile. Lorsqu’un vaccin aura étéperfectionné, l’étape cruciale suivanteconsistera à intégrer des programmes devaccination à des mesures de préventionplus vastes. De plus, il faudra intégrer auxcampagnes de vaccination, un programmede communication continue afin depromouvoir un changement de comportementet ainsi s’assurer que le vaccin contre lesida atteigne les gens qui en ont besoin.Entre-temps, les efforts pour prévenir latransmission de la maladie doivent êtreaccrus par l’éducation de la population, enparticulier celle des jeunes, et par laprévention de la transmission mère-enfant.

La prévention chezles jeunesLes adolescentes et les jeunes femmessont les plus gravement touchées par lapandémie : elles représentent près de60 pour cent des jeunes séropositifs89. Lamoitié des nouveaux cas d’infection, soitprès de 6 000 chaque jour, touche desjeunes âgés de quinze à vingt-quatre ans.Dans certaines régions d’Afriquesubsaharienne, les adolescentes sont cinqfois plus susceptibles que les garçonsd’avoir le VIH/sida90. Cela signifie aussi quele nombre de bébés, susceptibles dedevenir séropositifs à la naissance ou dedévelopper l’infection peu après,augmentera probablement si l’on considèrel’augmentation de la proportion desfemmes en âge de procréer qui sontséropositives. Les adolescentes et les jeunesfemmes comptent, généralement, parmi lesplus exposées à l’exploitation et à laviolence sexuelles. Dans de nombreux cas,elles n’ont que peu ou pas de contrôle sur lechoix de leurs partenaires sexuels ou surl’utilisation de mesures de protection, tellesque les préservatifs. Et même si ellespeuvent revendiquer un certain contrôle surla nature de leurs relations sexuelles, ellessont probablement les dernières à recevoirl’information et l’encadrement nécessairesafin de prendre des décisions pour seprotéger.

Des enquêtes subventionnées parl’UNICEF, menées entre 1999 et 2001 dans60 pays du monde, ont démontré demanière troublante que la vaste majoritédes jeunes ne disposent même pas desconnaissances de base sur la façon dont leVIH est transmis d’une personne à uneautre, ni sur la façon de prévenir cettetransmission. Ceci est dû en partie à laréticence générale qu’éprouvent denombreuses sociétés à parler du sida ou àaborder des sujets essentiels, comme lasexualité, qui sont directement associés à lamaladie.

Afin de remédier à cette ignorance,l’UNICEF et ses partenaires mettent en placedes programmes d’éducation en santépublique à l’intention des jeunes. Fondésnon seulement sur la vaste expérience des

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VIH

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Les enfants devenus orphelins à cause

du sida en Afrique subsaharienne

Source : La situation des enfants dans le monde 2005, UNICEF

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précédentes campagnes d’éducation ensanté publique, mais aussi sur l’expérienceacquise à l’échelle mondiale au cours desprogrammes éducatifs pour les jeunes, enparticulier dans le cadre de programmesentre pairs, ces programmes desensibilisation au VIH/sida procurent auxjeunes les connaissances élémentairescorrespondant à leur âge, celles dont ils ontbesoin pour faire des choix positifs et resteren bonne santé. Ces programmessubventionnent en outre des services desanté adaptés où les jeunes peuvent obtenirun dépistage volontaire, une consultation etun traitement pour le VIH ou pour touteautre infection transmise sexuellement.

En Namibie, le gouvernement nationals’est joint à l’UNICEF et à la faculté demédecine de l’Université du Maryland afinde créer le programme My Future is MyChoice (MFMC). Ce programme d’éducationpar les pairs emploie des diplômés deniveau secondaire sans travail. Ilsdeviennent animateurs et communiquentaux jeunes de quatorze à vingt-quatre ansdes renseignements et des connaissances

sur la santé sexuelle, le VIH/sida, la prise dedécisions et la communication. Leprogramme, qui est en vigueur à l’échellenationale depuis 1998, a joint 130 000jeunes. Une évaluation a démontré queceux qui y ont participé attendent pluslongtemps avant d’avoir des relationssexuelles et que, lorsqu’ils deviennentsexuellement actifs, ils sont plussusceptibles d’utiliser un préservatif91.

Le défi consiste maintenant à donner del’ampleur à des programmes efficaces pourveiller à ce que tous les jeunes aient accès àcette information importante et puissentprendre des décisions éclairées et positivespour rester en bonne santé.

Prévention de latransmissionmère-enfantEn 2005, on estime que 700 000 enfants demoins de quinze ans ont été nouvellementinfectés par le VIH et que près de 570 000

Prévalence du VIH chez les jeunes hommes et les jeunes femmes

de 15 à 24 ans dans les pays sélectionnés d’Afrique subsaharienne (2001-2005)

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Zimbabwe 2001/2002

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Burkina Faso 2003

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Source : AIDS Epidemic Update 2005, ONUSIDA

60 L A S U R V I E E T L A S A N T É D E S E N FA N T S DA N S L E M O N D E

autres en sont morts92. Selon lesestimations, 2,3 millions d’enfants de moinsde quinze ans dans le monde sontséropositifs93, et il y a 1 800 nouveaux caschaque jour94. La majorité d’entre eux sontdes nourrissons qui ont été infectés par leurmère, certains par transmission verticale àla fin de la grossesse ou à la naissance, etd’autres, de cinq à vingt pour cent95, parl’allaitement maternel. La transmissionmère-enfant pourrait être prévenue dans laplupart des cas. Dans les pays industrialisés,l’utilisation de médicaments antirétroviraux,combinée à l’accouchement par césariennede convenance et au fait d’éviterl’allaitement au sein, a permis de réduire lesnouveaux cas d’infection chez les bébés àmoins d’un pour cent. Dans les pays endéveloppement, toutefois, moins de dixpour cent des femmes enceintes ont accèsaux services visant à prévenir latransmission du VIH à leur bébé. Lesprogrammes de prévention de latransmission mère-enfant (PPTME)comprennent une consultation et ledépistage volontaire du VIH chez la mère audébut de la grossesse, de même quel’administration en temps opportun demédicaments antirétroviraux à la mèrependant la grossesse et (ou) à l’accouchementainsi qu’au nouveau-né, dans les 72 heuressuivant sa naissance. Il inclut aussi unservice de consultation et de soutien pourles mères concernant les pratiques sûresd’alimentation des nourrissons. Cesinterventions combinées réduisent de moitiéle risque d’infection pour le bébé96.

Chez les femmes pour qui l’étatsérologique relativement au VIH est inconnuou négatif, l’allaitement exclusif au sein estrecommandé pendant les premiers mois devie. Ceci augmentera le taux général desurvie infantile et pourrait diminuer demanière significative le risque detransmission du virus, s’il est présent,comparativement à l’allaitement mixte(allaitement au sein et au lait maternisé).Bien que l’allaitement au sein par des mèresséropositives augmente le risque detransmission du VIH, l’utilisation de laitmaternisé dans de nombreuses régions despays en développement, où l’eau estsouvent non traitée ou non salubre, peutaugmenter de manière significative le risque

La connaissance chez les adolescentes

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Ukraine

République dominicaine

Cuba

Bosnie-Herségovine

Guyana

Trinité-et-Tobago

République Unie de Tanzanie

République de Moldova

Botswana

Cambodge

Suriname

Côte d'Ivoire

Yougoslavie

Cameroun

Kenya

Comores

Vietnam

Gambie

Bolivie

Lesotho

Tchad

Niger

Sénégal

Guinée-Bissau

Sierra Leone

Ouzbékistan

Madagascar

Azerbaïdjan

Somalie

0 25 50 75 100

Connaissance (%)

Ont entendu parler du sidaConnaissent les trois principaux moyens de protection

Pourcentage de jeunes femmes (âgées de 15 à 19 ans) qui ont entenduparler du sida et pourcentage de jeunes femmes qui connaissent lestrois principaux moyens d’éviter l’infection* (1999-2001)

*Les trois principaux moyens : abstinence, fidélité, usage constant depréservatifs

Source : Young People and HIV/AIDS: Opportunity in Crisis, UNICEF

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de contracter d’autres maladies mortelles,comme la maladie diarrhéique. Voilàpourquoi ces femmes séropositivesdevraient recevoir des conseils et êtrerenseignées sur les risques et les avantagesassociés aux diverses options d’allaitementafin de pouvoir choisir celle qui convient lemieux, tant à la mère qu’à son bébé; uneoption qui soit acceptable, praticable,abordable, viable et sûre. Lorsqu’une mèreséropositive a choisi la façon d’alimenter laplus appropriée, elle devrait être soutenueafin de pouvoir appliquer sa décision avecefficacité et en toute sécurité97.

En 1998, les agences de l’ONU, parl’entremise de l’équipe spécialeinterorganisations des Nations Unies (ESIO)composée de l’UNICEF, de l’OMS,d’ONUSIDA et du FNUAP, ont lancé lespremiers projets pilotes pour démontrer lafaisabilité de l’intégration d’interventionsvisant à prévenir la transmission mère-enfant du VIH, et ce, dans onze paysdurement touchés d’Afrique subsaharienne,d’Asie du Sud et d’Amérique latine. L’ESIO adepuis lors travaillé avec les gouvernementsnationaux pour instaurer à l’échellemondiale les programmes de PPTME. Uneévaluation de la mise en œuvre des PPTMEau cours des six dernières années aclairement démontré qu’un progrèssubstantiel avait été réalisé depuis lelancement des premiers projets pilotes. Lesgouvernements nationaux ont fait preuve

d’un formidable leadership qui a incité plusde 100 pays du monde à mettre en placeles PPTME. Treize de ces pays ont réussi àoffrir une couverture universelle.

Malgré ce progrès, principalement enEurope de l’Est et en Amérique latine,l’accès aux PPTME et leur utilisationdemeurent limités, comme le démontrentles chiffres suivants : dix pour cent desfemmes bénéficient d’une consultation etd’un dépistage dans le cadre des PPTME etneuf pour cent des femmes séropositivesreçoivent à l’échelle mondiale un traitementantirétroviral préventif pour éviter detransmettre le VIH à leur enfant. Lascandaleuse réalité est que, dans lesrégions où ces services sont les plusnécessaires, en particulier en Afriquesubsaharienne, la couverture des PPTMEvarie entre moins d’un pour cent et dix pourcent, à quelques exceptions près comme auBotswana, au Kenya, au Rwanda et enAfrique du Sud. À ce rythme, l’objectifmondial visant à réduire la transmission auxenfants ne sera pus atteint d’ici à 201098.

Traitement antirétroviralLe traitement antirétroviral est aussiessentiel à l’objectif visant à prolonger la viedes personnes séropositives et il a permis àplusieurs centaines de milliers de personnesde continuer d’avoir une vie productive. Un

© UNICEF/HQ99-0789/Roger LeMoyne

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adulte en bonne santé a une numérationdes lymphocytes T CD4+ de 600 à 1 200cellules par mm3. Chez un adulte, lorsque lanumération des lymphocytes T CD4+ chute à200 cellules par mm3, celui-ci est plusexposé aux infections opportunistes. C’estalors que le traitement antirétroviral peutêtre administré.

Les antirétroviraux (ARV) sont desmédicaments qui renforcent le systèmeimmunitaire et réduisent la charge viraledans le sang. Dans le cadre d’un traitementantirétroviral, le patient doit prendre trois ouquatre médicaments en même temps, car lacapacité de mutation du virus augmente sacapacité de résistance aux médicaments. Cecocktail de médicaments s’avère trèsefficace pour améliorer la santé despersonnes atteintes du sida, en renforçantleur système immunitaire et en les rendantmoins susceptibles de contracter desinfections opportunistes, mais elles neguérissent pas de la maladie. Lorsqu’unepersonne interrompt le traitement, le virusdevient actif et se multiplie de nouveau; unepersonne sous traitement antirétroviral doitprendre ces médicaments à vie.

Le traitement pour les enfants est pluscompliqué que celui pour les adultes, car lacroissance rapide des enfants suppose unemodification régulière des doses demédicaments qu’ils reçoivent, ce quinécessite, par conséquent, un suiviconstant. En fait, les enfants nés de mèresséropositives ont besoin d’un dépistage etd’une surveillance continue afin dedéterminer s’ils ont été infectés ou non et,s’ils sont séropositifs, pour planifier quandcommencer leur traitement. Actuellement,toutefois, il y a un manque de tests simpleset abordables de dépistage et desurveillance du VIH pour les nourrissons demoins de dix-huit mois. Lorsqu’ils ne sontpas traités, 50 pour cent des enfants infectésmeurent avant l’âge de deux ans, et 60 pourcent avant l’âge de cinq ans.

Une fois qu’il a été déterminé qu’unenfant devrait commencer un traitementantirétroviral, le défi réside dans le fait queles formules pédiatriques d’ARV appropriéespour les jeunes enfants, en particulier pourles nourrissons, ne sont pas facilementaccessibles. Les formules pédiatriques quiexistent sont souvent offertes sous forme de

LA TRANSMISSION ET LES EFFETS

DU VIH/SIDA

Le VIH se retrouve dans les fluides corporels, tels que le sang,le sperme, les sécrétions vaginales et le lait maternel. La formede transmission la plus courante demeure par contact sexuel,en particulier lors de relations hétérosexuelles. D’autres formessont la contamination par transfusion sanguine et le partaged’aiguilles ainsi que la transmission de la mère à l’enfant lorsde la grossesse, de l’accouchement et de l’allaitement au sein.Dans les régions les plus gravement touchées du monde, lesfemmes sont à haut risque d’infection à cause, en grandepartie, de leur connaissance limitée de la maladie et desinégalités entre les sexes. Cette situation leur occasionne unpouvoir limité de contrôler leur choix d’un partenaire sexuel oude négocier des relations sexuelles plus sûres. Les femmes onten outre une vulnérabilité biologique particulière. À cause desattributs spécifiques de l’appareil reproducteur féminin et de laconcentration élevée de VIH présente dans le sperme deshommes séropositifs, les femmes sont plus susceptibles queles hommes d’être infectées lors d’un contact vaginal.

Le VIH est un virus qui détruit le système immunitaire del’organisme en s’attaquant aux lymphocytes T CD4+, un typeparticulier de globules blancs et une part importante de ladéfense de l’organisme contre l’infection. Lorsque le VIHpénètre l’organisme, il infecte les lymphocytes T CD4+, etdevient partie intégrante du matériel génétique de la cellule,entravant ainsi sa fonction immunologique originelle. Ilcommence alors à se dupliquer en mutant tout au long duprocessus de sorte que l’organisme a du mal à l’identifier et àle combattre. Tandis que le virus se multiplie, le nombre delymphocytes T CD4+ chute, ce qui compromet la capacité del’organisme de lutter contre les autres infections. Certainesinfections, qu’une personne en bonne santé pourrait aisémentcombattre, ne sont pas facilement attaquées chez unepersonne infectée par le VIH, à cause de son systèmeimmunitaire défaillant. Lorsqu’une personne infectée par le VIHcommence à présenter les symptômes de ces infectionsopportunistes, telles que la pneumonie, la tuberculose oucertains types de cancer, on dit alors que cette personnesouffre du sida.

Il existe deux types de VIH dans le monde, le plus courantétant le VIH-1. Il y a de nombreux sous-types de VIH-1,identifiés par une lettre. Le sous-type C est le plus mortel. Il estresponsable de plus de 90 pour cent des cas d’infection enAfrique australe1. Le VIH-2, moins virulent, est surtout présenten Afrique occidentale, au Mozambique et en Angola.

1 African Network for the Care of Children Affected by AIDS, Handbookon Paediatric AIDS in Africa, 2004, p. 17.

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sirops au mauvais goût devant êtreréfrigérés. Compte tenu de la difficulté àobtenir des formules pédiatriques, lesenfants reçoivent souvent des médicamentspour adultes, qui sont alors cassés ouécrasés pour tenter de donner à l’enfant ladose appropriée. À cause de la natureapproximative de cette méthode souventappliquée par les parents ou les intervenants,les enfants risquent de recevoir une surdosedangereuse, ou de ne pas recevoir laquantité suffisante de médicament.

Qu’il s’agisse d’adultes ou d’enfants, legrand défi associé au traitement ARV est lecoût élevé des médicaments. Bien quecertains gouvernements aient fait desprogrès importants dans leurs négociationsavec les laboratoires pharmaceutiques pourobtenir les ARV dont ils ont besoin, le coûtest toujours prohibitif pour la plupart desgens. Grâce à son pouvoir d’achat et à sesrelations établies dans l’industriepharmaceutique dans le cadre de sescampagnes de vaccination, l’UNICEF a puapporter son aide.

En 2004, l’UNICEF a fourni desmédicaments ARV à 39 pays et en a aidéd’autres à se procurer ces médicaments enutilisant leurs propres ressources. À l’heureactuelle, l’UNICEF a mis à la disposition 40formules différentes d’ARV, obtenues auprèsdes fabricants de médicaments génériqueset des laboratoires pharmaceutiques qui ontmis au point les médicaments d’origine. En2004, l’UNICEF a procuré pour 21,3 millionsde dollars américains de médicamentsantirétroviraux et de matériel de dépistageet de diagnostic du VIH/sida99 au nom dedivers partenaires, incluant les autresagences de l’ONU, les gouvernements etdes organismes non gouvernementaux. Cecireprésente une augmentation substantiellecomparativement aux 3,2 millions dedollars américains dépensés au total en2003 pour l’achat de traitements contre leVIH/sida et de matériel de diagnostic100.

Grâce à l’achat de grandes quantités demédicaments antirétroviraux et au lobbysmepuissant et persistent faisant pressionauprès de l’industrie pharmaceutique, lecoût de ces médicaments diminue, mais pasassez rapidement pour la plupart despersonnes vivant actuellement avec leVIH/sida dans le monde.

En collaboration avec le programmecommun des Nations Unies sur le VIH/sida(ONUSIDA), l’OMS et Médecins sansFrontières, l’UNICEF a publié le documentSources and Prices of Selected Medicinesand Diagnostics for People Living withHIV/AIDS. Il contient l’informationcommerciale obtenue après l’examen deplus 100 produits pour le traitement et lagestion du VIH/sida provenant de 84fabricants dans 29 pays. Ce documentpropose aux gouvernements et auxorganismes non gouvernementaux desrenseignements dont ils ont besoin pourfaire les meilleurs choix lors de l’achat demédicaments ARV et de matériel dedépistage et de diagnostic du VIH/sida,abordables et de bonne qualité101.

L’UNICEF s’emploie en outre activementà promouvoir le développement d’une plusvaste gamme de médicaments ainsi que larecherche d’administration de médicationplus clairement définie dans le but desimplifier l’utilisation des antirétroviraux.L’UNICEF favorise tout particulièrement lamise au point de formules pédiatriques102.

Protection, soins etsoutien pour les enfantsBien que le sida ne tue pas autant d’enfantsque les autres maladies dont il est questiondans ce rapport, son effet sur leur vie faitaujourd’hui de lui une des plus grandesmenaces pour leur santé et leurdéveloppement.

Quinze millions d’enfants de moins dequinze ans ont vu l’un de leurs parents, oules deux, mourir des causes du sida103. Etlorsqu’ils sont vivants, les enfants ont lelourd fardeau de s’occuper de leurs parentsmalades et de leurs frères et sœurs plusjeunes.

De plus en plus d’enfants sont à la têtede foyers, en particulier en Afrique. Sansadultes pour les aider, ces enfants doiventsouvent quitter l’école parce qu’ils n’ont pasles moyens de payer les frais de scolarité ouparce qu’ils doivent trouver du travail poursurvivre, parfois à un très jeune âge.Souvent sans protection, ils sont parconséquent particulièrement vulnérables à

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l’exploitation, y compris à l’exploitationsexuelle et au mauvais traitement. Ils sontaussi plus exposés à la malnutrition et à lamaladie. Plus longtemps les parentsséropositifs vivront, surtout s’ils sont enbonne santé pour travailler, le mieux ce serapour la santé et le bien-être de leursenfants.

Le soutien aux familles et aux enfantsvictimes du VIH/sida provient d’un nombrecroissant d’organismes communautaires etnationaux non gouvernementaux répondantaux besoins croissants. Le défi consiste àintégrer le VIH/sida aux grandespréoccupations et actions, et non pas à lemarginaliser ni à lui donner la dernièreplace des priorités. L’Ouganda constitue unbon exemple de la façon dont des facteurscombinés peuvent modifier de manièreimportante le cycle de l’infection, de lamaladie et de la mort : un puissantengagement politique, la participation activede tous les secteurs de la société etl’ouverture d’esprit du public pour discuteret en apprendre plus sur les moyens deprévenir la dissémination du VIH et sur lessoins à apporter aux personnes atteintes dusida.

Bien que l’Ouganda ait réussi à réduireson taux de prévalence du VIH de 15 pourcent qu’il était à la fin des années quatre-vingt, à sept pour cent en 2005104, lenombre d’enfants devenus orphelins àcause du sida a continué d’augmenter,atteignant près de sept pour cent de tous lesenfants en 2003105. Compte tenu del’intervalle de temps entre l’infection initiale,l’apparition des symptômes du sida et ledécès de la personne atteinte, les besoinsdes enfants devenus orphelins ouvulnérables à cause du sida devront fairepartie des préoccupations pour denombreuses années à venir. Desprogrammes à l’intention de ces enfantssont nécessaires, non seulement pourveiller à ce que ce qu’ils disposent de tousles services et du soutien qu’ils auraient eussi leurs parents étaient vivants, mais aussipour les protéger de la discrimination et demauvais traitement dans la vaste société.Les mesures prises en ce sens comprennent :

• consolider les familles et procurer desressources aux personnes (souvent lesgrands-parents) devant prendre en chargeles enfants;

• mobiliser les ressources communautaireset prodiguer les soins communautairesappropriés lorsque le soutien dufournisseur de soins primaires échoue;

• accroître l’accès des enfants aux servicesdont ils ont besoin, incluant les soins de

UNISSONS-NOUS POUR LES ENFANTS,

CONTRE LE SIDAUne campagne mondiale pour les enfants

victimes du VIH/sida

Les objectifs du Millénaire pour le développementcomprennent l’engagement de mettre fin à la propagation dusida d’ici à 2015, et de commencer à contrer la progression dela maladie. Pour atteindre cet objectif, les nations du mondedoivent de toute urgence lutter contre l’effet qu’a le VIH/sidasur les enfants. Au mois d’octobre 2005, l’UNICEF a lancé sacampagne mondiale de soutien aux efforts nationaux visant às’assurer que cette génération d’enfants sera la dernière àdevoir supporter le fardeau du sida. La campagne met l’accentsur quatre champs d’action prioritaires :

Prévenir la transmission de la mère à l’enfant :

• veiller à ce que des services de dépistage volontaire et deconsultation soient offerts aux femmes;

• inscrire les femmes enceintes séropositives à desprogrammes de soins, de soutien et de traitements;

• s’assurer de disposer des médicaments qui réduisentgrandement le risque de transmission du VIH de la mère àson enfant.

Procurer un traitement pédiatrique :

• s’assurer de disposer des médicaments contre le VIH/sidaen formules pédiatriques, incluant le cotrimoxazole, pourprévenir les infections opportunistes;

• procurer les tests et traitements nécessaires aux enfants.

Protéger, soigner et soutenir les enfants victimes duVIH/sida :

• accroître la proportion d’enfants orphelins et vulnérablesbénéficiant d’un soutien familial, communautaire etgouvernemental de qualité, incluant l’éducation, les soinsde santé, la nutrition et le soutien psychosocial.

Prévenir :

• réduire les risques et la vulnérabilité des adolescents auVIH/sida en augmentant l’accès et l’utilisation del’information concernant la prévention et desprogrammes d’acquisition de connaissances de base.

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santé, l’éducation, l’alimentation en eauet l’hygiène, de même que le soutienpsychosocial, au besoin;

• garantir la protection gouvernementaledes droits des enfants devenus orphelinsou vulnérables à cause du sida, y comprisce qui concerne les héritages et laprotection contre le mauvais traitement etl’exploitation.

Les ressources nécessaires pourrépondre aux besoins particuliers etcroissants des enfants devenus orphelins ouvulnérables à cause du sida ont augmentéau cours des quelques dernières années. LeFonds mondial de lutte contre le sida, latuberculose et le paludisme a fait une nettedifférence dans l’attention portée à cettesituation, tout comme l’a fait la création en2003 du Emergency Fund for AIDS Relief(PEPFAR) du président des États-Unis. En2004, 47 pays avaient adopté des stratégiesnationales pour la protection et la prise encharge des enfants orphelins ou autrementvulnérables106. Malgré tout, le financementdes programmes de soins et de soutien àl’intention de ces enfants demeure

considérablement inférieur à celuinécessaire pour répondre au besoin, etl’engagement politique des gouvernementsdes pays victimes du VIH/sida pourrait aussiêtre amélioré.

La profonde ignorance et la peur aveclesquelles tant de sociétés perçoivent le sidapeuvent engendrer le rejet et ladiscrimination envers les enfants qui ensont atteints, ou dont les parents en sontatteints. Cela signifie que les programmesd’éducation publique sur le VIH/sida nedoivent pas seulement mettre l’accent surl’information concernant la prévention de latransmission de la maladie. Il est aussiimportant de faire comprendre que lespersonnes atteintes du VIH/sida ne sont pascontagieuses de la même manière quepeuvent l’être les personnes ayant contractéla rougeole ou la pneumonie et qu’ellespeuvent, avec le traitement et le soutienadéquats, continuer de prodiguer à leursenfants les soins dont ils ont besoin etapporter une contribution précieuse à leurcommunauté ainsi qu’à leur pays.

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GESTION DESCARENCES ENMICRONUTRIMENTS

© UNICEF/HQ04-0675/Giacomo Pirozzi

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GESTION DES

CARENCES EN

MICRONUTRIMENTS

En 1955, l’alimentation de base des enfantscomptait parmi les préoccupations majeuresdes agences telles que l’UNICEF. Il estindéniable que cet aspect demeureimportant, mais les années ont démontréque lorsque la survie des enfants est encause, certaines des mesures parmi les plusimportantes pouvant être prises ont traitaux micronutriments. Les micronutrimentssont des substances, telles que la vitamineA et l’iode, que le corps humain ne peut pasproduire lui-même, mais dont il a besoin,souvent en quantités infimes, pourorchestrer une vaste gamme de fonctionsphysiologiques107.

Il s’agit là d’une constatationrelativement récente, même pour les paysindustrialisés dont les habitants sont biennourris. La valeur des micronutriments n’aété totalement comprise qu’au cours duvingtième siècle. Il a été plus remarquableencore de constater que, des enfantsdifféremment dénutris, mais ayant debonnes sources de micronutriments,pouvaient avoir de meilleures chances desurvivre aux infections et de s’épanouir, quedes enfants qui semblaient bien nourris,mais dont le régime alimentaire manquaitde vitamines et de sels minéraux essentiels.En 1998, on estime en outre que lescarences en vitamines et en sels minérauxpeuvent coûter à certains pays jusqu’à cinqpour cent de leur produit national brut, enperte de vies, en invalidité et en perte deproductivité108.

Il n’est pas nécessaire que des signes decarence en micronutriments (cécité, goitreou anémie) soient apparents, pour que lemanque de vitamines et de sels minérauxait des conséquences négatives. En fait,l’une des plus importantes découvertesfaites récemment révèle que, aussi infimeque puisse être notre besoin à vie decertains de ces micronutriments, le moindre

déficit correspondant à une petite fractionde la quantité nécessaire suffit à augmenterde manière substantielle le risque demaladie et de décès. Il est maintenantdevenu évident que l’un des meilleursmoyens d’atteindre l’objectif du Millénairepour le développement de réduire de deuxtiers le taux de mortalité des enfants entre2000 et 2015, est de cibler les carencesmineures en micronutriments qui sontprésentes à peu près partout. Jusqu’à untiers de la population mondiale nedéveloppe pas pleinement son potentielphysique et intellectuel à cause d’unmanque alimentaire des quantitésindispensables de certains sels minéraux etvitamines109.

Lors du Sommet mondial 1990 pour lesenfants, l’importance de traiter les carencesen micronutriments a été reconnue demanière explicite, et démontrée parl’entente conclue entre les chefs d’Étatsconcernant l’objectif qu’en l’an 2000, lacarence en iode (TCI) et la carence envitamine A seraient éliminées. Bien quel’objectif n’ait pas été atteint, il représente ledébut d’un processus en vertu duquel lacarence en micronutriments devrait êtreconsidérée comme un facteur clé dans lesconcepts de développement. En 2002,l’Assemblée générale des Nations Unies aadopté un nouvel objectif, lors de la Sessionextraordinaire consacrée aux enfants :l’élimination durable des troubles dus à lacarence en iode d’ici à 2005 et l’éliminationde la carence en vitamine A d’ici à 2010, touten réduisant aussi d’un tiers la carence en

© UNICEF/HQ00-0269/Giacomo Pirozzi

70 L A S U R V I E E T L A S A N T É D E S E N FA N T S DA N S L E M O N D E

fer d’ici à 2010, et en accélérant le processusde réduction des taux des autres carencesen micronutriments.

Les engagements concernant lesmicronutriments lors du Sommet mondialont donné lieu à l’établissement del’Initiative pour les micronutriments,fortement soutenue par l’Agence canadiennede développement international (ACDI).Siègeant à Ottawa, à l’origine sous l’égidedu Centre de recherches pour ledéveloppement international, l’Initiativepour les micronutriments est devenuedepuis l’an 2000 un organisme international,indépendant, sans but lucratif, comptantparmi les plus étroits collaborateurs del’UNICEF dans le domaine desmicronutriments. L’UNICEF est lui-mêmedevenu l’un des plus importants agents enmatière d’innovation et de changement

concernant la promotion,l’approvisionnement et la distribution demicronutriments, tant sous la forme desuppléments alimentaires que commeéléments clés des aliments de base enrichis.

Troubles dus à lacarence en iode (TCI)Les Canadiens ont appris, depuis le débutdu vingtième siècle, que l’iode estindispensable au développement tantphysique qu’intellectuel.

L’importance de l’iode s’affirme avantmême la naissance. La moindre carence eniode chez une femme enceinte peutentraîner une altération dans ledéveloppement physique et mental de son

Nutrition en iode dans le monde

Source : International Council for the Control of Iodine Deficiency Disorders, 2003

Données inconnues

Carence

Quantité suffisante

Quantité excessive

NUTRITION EN IODE DANSLE MONDE

71L A S U R V I E E T L A S A N T É D E S E N FA N T S DA N S L E M O N D E

bébé. Une carence plus grave peutprovoquer l’avortement, voirel’accouchement d’un bébé mort-né. Lacarence en iode chez une femme peut aussiengendrer le crétinisme (arriérationintellectuelle profonde), la surdité, le vice deparole ou le nanisme dégénératif chez sonenfant. La carence en iode chez la femmeenceinte cause presque 18 millions denaissances avec déficience mentale parannée110.

Où la carence en iode mêmerelativement légère est prévalente, lequotient intellectuel moyen d’unepopulation peut avoir autant que 13 pointsde moins111, comparé à une populationn’ayant pas cette carence. Une carencechronique en iode, tant chez les enfants quechez les adultes, est à l’origine du goitre, ungonflement de la glande tyroïde dont le bonfonctionnement dépend de l’iode.

L’iode est naturellement présent dans lesplantes qui poussent dans un milieu richeen iode et dans la chair des animaux qui senourrissent de ces plantes. Dans la plupartdes régions du monde, toutefois, enparticulier dans les régions montagneuseset riveraines, la majeure partie de l’iode aété drainée du sol au fil des millénaires,laissant des sources alimentaires locales àteneur insuffisante en iode. L’iode est aussinaturellement présent dans la plupart desfruits de mer, dans certaines algues et danscertains sols généralement situés àproximité d’eau salée.

La majeure partie de la populationmondiale est incapable d’ingérer la quantitéd’iode dont elle a besoin par le biais desaliments courants qui composent leurrégime, même si ce besoin n’est pas trèsélevé. En 1990, selon les estimations, 1,6milliard de personnes dans le mondeétaient considérées comme exposées auTCI. Près de 750 millions avaient un goitre,et on estime que 43 millions de personnessouffraient de déficience intellectuelle oud’arriération mentale112. Onze millions depersonnes étaient atteintes de crétinismeendémique patent113. Aujourd’hui encore,on estime que 15 pour cent de la populationdes pays en développement souffrent d’uncertain degré de carence en iode114.

Dans la mesure où ce problème ne peut

généralement pas être résolu par desimples changements alimentaires, lasolution consistait à veiller à ce qu’unsupplément d’iode soit ajouté à la nourriturehabituelle des gens et des animaux. Lemoyen le plus simple et le plus efficace d’yarriver a été d’ajouter de l’iode dans le sel.Presque tout le monde utilise du sel pourrehausser le goût des aliments et, danscertains cas, comme agent de conservation.Les décennies d’expérience des paysindustrialisés en matière d’iodation du sel,expérience qui remonte dans bien des casaux années vingt, ont donné lieu à un

© UNICEF/HQ97-0267/Shehzad Noorani

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processus relativement simple et peucoûteux, de même qu’à des méthodesfiables d’analyse pour s’assurer de la teneuradéquate en iode dans le sel. Avant 1990,toutefois, seuls quelques pays endéveloppement avaient mis en place desprogrammes d’iodation du sel à vasteéchelle. Ainsi, près de 20 pour centseulement du sel vendu et utilisé dans lemonde est enrichi d’iode115.

Plusieurs des premiers projetsd’iodation du sel dans les pays endéveloppement, qui ont été entrepris à la findes années soixante-dix et au cours desannées quatre-vingt, ont été perçus commedes expériences dans le cadre du processusde fabrication et de distribution. Lespremiers résultats ont été positifs et

l’UNICEF a encore une fois pris les devantset a subventionné la production ainsi quel’utilisation de sel iodé dans une plusgrande proportion. L’organisme a travailléen étroite collaboration avec le Conseilinternational pour le contrôle des troublesdus à la déficience en iode, l’Organisationmondiale de la Santé, la Banque mondiale,de nombreux gouvernements donateurs (leCanada figurant parmi les plus importantsbailleurs de fonds), puis, plus tard, avecKiwanis International et l’Initiative pour lesmicronutriments nouvellement créée. En1995, l’UNICEF a estimé que, grâce engrande partie à la contribution du Canada,plus de sept millions d’enfants, qui auraientsinon souffert d’une forme quelconque dedéficience imputable à la carence en iode,

Le premier club de Kiwanis International a été fondé en 1915à Détroit, au Michigan. Il est aujourd’hui un organismemondial de services comptant près de 606 608 hommes etfemmes, membres des 8 400 clubs établis dans 96 pays.Fidèles à leur devise « Au service des enfants du monde »,les clubs organisent une variété d’activités à caractèrehumanitaire et social, tant au sein de leur communauté qu’àl’échelle mondiale, lesquelles sont principalement articuléesautour de projets au profit des enfants.

L’intérêt de l’organisme a tout naturellement donné lieu àun partenariat avec l’UNICEF dans l’effort visant à contrôleret à éliminer les troubles dus à la carence en iode (TCI).Ensemble, ils poursuivaient le même objectif : prévenir lescas d’invalidité physique et mentale causés par la carence eniode chez les mères pendant leur grossesse et le manqued’iode dans les régimes alimentaires des jeunes enfants.

Lorsque Kiwanis International s’est lancé dans le projetTCI en 1994, ses membres se sont engagés à recueillir 75millions de dollars américains pour subventionner laproduction et la promotion du sel iodé. Les membresKiwanis de toutes les régions du monde, dont un grandnombre vivait dans des pays où le sel iodé était uneinnovation, ont non seulement sensibilisé la population auTCI et aux moyens de l’éliminer, mais ont aussi dépassé leurobjectif de collecte de fonds, recueillant 78 millions dedollars américains pour l’iodation du sel de table. Leurcontribution à la réduction constante du nombre d’enfantsmenacés par la carence en ce micronutriment a été d’unevaleur inestimable.© UNICEF/HQ98-0992/Giacomo Pirozzi

KIWANIS INTERNATIONAL ET LE CONTRÔLE DES TROUBLES DUS

À LA CARENCE EN IODE (TCI)

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s’étaient vu offrir la chance de vivre enbonne santé et de manière productive116.

Le rôle de l’UNICEF visant à promouvoirla production et l’utilisation de sel iodéressemblait à de nombreux égards au rôlequ’il a joué dans le cadre des effortsmondiaux de vaccination. L’organisme a dû,tout d’abord, convaincre les gouvernementset les producteurs de sel que l’iodation étaità la fois nécessaire et réalisable. L’UNICEF autilisé son réseau d’achat pour fournir lematériel essentiel à l’ajout d’iode, de mêmeque l’iode sous une forme utilisable.D’autres investissements ont été engagéspour assurer la viabilité du projet et édifierdes capacités institutionnelles en aidant lespays à établir des structures législatives,des normes industrielles, des directives enmatière d’expédition et de manutention, dessystèmes de surveillance rigoureux pour uncontrôle adéquat de la qualité, ainsi que lesprogrammes de formation essentiels pourassurer la gestion du programme.

La plus ardue de toutes les tâchesentreprises dans le cadre de ce processus asans doute été l’éducation publique, quiconsistait à persuader le grand publicd’utiliser du sel iodé plutôt que le selhabituel. Pour cela, l’UNICEF a dû faireappel à toutes les techniques de marketingsocial qui avaient été développées pourpromouvoir la vaccination, l’allaitementmaternel et l’hygiène. Ces efforts ontnécessité l’aide d’enseignants,d’associations de consommateurs, degroupes de femmes, de professionnels de lasanté et d’enfants pour transmettre lemessage depuis le parlement jusqu’auxterrains de jeu des écoles de village.

Grâce à ces efforts combinés, l’UNICEF aestimé en 1998 que 60 pour cent du sel detable à l’échelle mondiale était iodé117, etque certains pays avaient atteint despourcentages supérieurs de couverture. En2000, il a été évalué que 72 pour cent desfoyers de l’ensemble des pays endéveloppement utilisaient régulièrement dusel iodé, et que chaque année, 90 millionsd’enfants, qui auraient pu être victimes deseffets du TCI, sont nés sans présenter deperte significative de leurs capacitésd’apprentissage118.

Carence en vitamine A(hypovitaminose A)Nous savons depuis longtemps qu’unecertaine quantité de vitamine A estnécessaire à la prévention de la cécitéd’enfance et de l’héméralopie (cécitécrépusculaire), laquelle affecte les enfants etles femmes enceintes. Chez les enfantsatteints, la cécité est irréversible. Il a étéreconnu depuis des décennies que lesenfants dont le régime alimentaire necontenait pas les quantités adéquates devitamine A les exposant ainsi au risque decécité imputable à l’hypovitaminose A,devaient recevoir des suppléments devitamine A. Les suppléments ont d’abordété administrés sous la forme d’un sirop àbase d’huile, puis, plus tard, en gélules. Onne s’attendait toutefois pas à ce que lessuppléments servent à autre chose qu’àprévenir la cécité. En 1986, une étuderévolutionnaire menée en Indonésie a alorstout changé.

On y comparait les enfants de certainsvillages qui recevaient des suppléments devitamine A avec des enfants de villagesvoisins vivant dans des conditions presqueidentiques, mais ne recevant pas cessuppléments. L’étude a révélé qu’il y avait34 pour cent moins de décès chez lesenfants de moins de cinq ans qui avaientreçu de la vitamine A, comparativement àceux qui n’en n’avaient pas eue119.

Le résultat était si stupéfiant et inattenduqu’il devait être confirmé, et il l’a été, dansle cadre de sept vastes études menées aucours des sept années suivantes, et ce,auprès de 160 000 enfants africains etasiatiques. Elles ont révélé d’importantesréductions des taux de mortalité et degravité de maladie chez les enfants quirecevaient des suppléments de vitamine A.Il a été conclu qu’une supplémentation envitamine A entraînait une réductionmoyenne de 23 pour cent des taux demortalité chez les enfants de moins de cinqans, là où ils encouraient un risque decarence120. Bien que la vitamine A ne puisseempêcher un enfant de contracter unemaladie infectieuse, elle rend les infectionsmoins graves et permet à l’enfant de serétablir plus rapidement. Ceci est vrai pour

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plusieurs maladies dont la rougeole, à quion a attribué une réduction de décès allantjusqu’à 75 pour cent, dans le cadre d’uneétude menée en 1990 en Afrique du Sud121.Par ailleurs, une diminution de plus de 33pour cent de présence de fièvre associée aupaludisme d’intensité légère à modérée aété relatée dans une étude faite enPapouasie-Nouvelle-Guinée122. La diarrhéeainsi que la pneumonie ont aussi fait moinsde ravage.

Selon les estimations, de 100 à 140millions d’enfants dans le monde souffrentd’une forme quelconque de carencevitaminique A123. Dans de nombreux cas,bien que la carence ne soit passuffisamment grave pour occasionnerl’héméralopie ou des problèmes similaires,elle peut suffire à réduire la capacité d’unenfant à faire face et à survivre à unemaladie infectieuse. C’est à cet effet derenforcement du système immunitaire quel’UNICEF fait maintenant référence lorsqu’ilprône l’intégration de quantités adéquatesde vitamine A aux programmes nationauxde soins aux enfants. L’objectif consiste àveiller à ce que chaque enfant susceptiblede souffrir de carence vitaminique A reçoiveune gélule à dose élevée de vitamine A,environ tous les quatre à six mois, jusqu’àl’âge de cinq ans.

Comme dans le cas des vaccins,l’UNICEF est l’un des plus grandsdistributeurs mondiaux de gélules devitamine A. Entre 1993 et 1996, par exemple,l’UNICEF a acheté près de 500 millions degélules à dose élevée de vitamine A,lesquelles ont été distribuées dans 136pays124. Depuis 1997, le Canada, par le biaisde subventions accordées à l’Initiative pourles micronutriments, a fourni plus de troismilliards de gélules de vitamine A àl’UNICEF. En 2005 seulement, l’Initiativepour les micronutriments a fourni àl’UNICEF plus de 500 millions de gélules devitamine A à distribuer dans plus de 70 paysen développement. Cet appui de l’Initiativepour les micronutriments a permis àl’UNICEF de couvrir près de 100 pour centdes besoins en vitamine A dans les paysaffichant des taux élevés de mortalité, chezles moins de cinq ans et (ou) ayant desproblèmes de carence vitaminique A.

Afin d’atteindre un pourcentage élevé de

tous les enfants deux fois par année, lesgélules salvatrices sont souvent distribuéeslors des campagnes de vaccination menéesdans le cadre des journées nationales devaccination contre la polio, bien que cescampagnes tirent à leur fin dans la plupartdes pays. En d’autres occasions, ladistribution de gélules de vitamine A estdirectement intégrée au cours normal desvisites régulières de suivi des nourrissons,des jeunes enfants et des femmes en post-partum, ou dans le cadre de la vaccinationpréscolaire. Un nombre croissant de paysadoptent la pratique visant à organiser des« Journées micronutriments », pendantlesquelles on distribue des gélules devitamine A, teste l’iodation du sel et détecteles signes d’anémie, un indice de carenceen fer et en certains autres micronutriments.De plus, au fur et à mesure que les paysdéveloppent et (ou) renouvellent leursstratégies afin d’améliorer les chances desurvie des enfants, la vitamine A estintégrée à l’ensemble des services de santéessentiels pour les enfants de moins de cinqans, et est souvent distribuée deux fois parannée dans le cadre des « Journées ousemaines consacrées à la santé des enfants ».

L’UNICEF s’est fixé l’objectif de doublerle nombre de pays dont 70 pour cent desenfants de moins de cinq ans recevraientdes suppléments de vitamine A, ce quisignifie passer de dix qu’ils étaient en 1999à 20 en 2005, avec pour éventuel objectifd’éliminer la carence vitaminique A d’ici à2010125. En 2003, 14 pays ont rapporté avoiratteint l’objectif en réussissant à distribuerdeux doses de vitamine A à 70 pour cent dela couverture. Approximativement, 40 paysont atteint plus de 70 pour cent de leursjeunes enfants avec au moins une gélule àdose élevée de vitamine A126.

L’idéal serait que les enfants puissentpuiser la vitamine A dont ils ont besoindans les aliments qu’ils consomment.Lorsqu’une famille peut se permettre unequantité suffisante d’aliments riches envitamine A, ce régime devrait procurer à cesenfants les quantités appropriées de cettevitamine pour les protéger contre les pireseffets des infections courantes. Les alimentsriches en vitamine A peuvent cependant nepas être accessibles partout, et les famillesn’ont pas toutes la possibilité d’acheter de

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telles sources alimentaires en quantitéssuffisantes pour nourrir leurs enfants demanière adéquate. Une solution repose à lafois sur l’expérience acquise avec l’iodationdu sel et sur la pratique de certains paysindustrialisés consistant à ajouter de lavitamine A aux aliments de base queconsomment normalement les enfants. AuCanada, par exemple, il s’agit généralementdu lait. Les habitudes alimentaires enAmérique centrale ont influencé la décisiond’ajouter la vitamine A au sucre; dansd’autres parties du monde, il a semblé plusadéquat d’ajouter cette vitamine à la farineou aux huiles alimentaires.

Quelle que soit la méthode choisie pourdistribuer de la vitamine A, l’UNICEF estimeque, entre 2000 et 2003, plus d’un milliond’enfants peuvent avoir été sauvés d’unemort précoce due à une maladie infectieuse,et ce, grâce à la supplémentation envitamine A.

Carence en zincUne récente recherche a proposé avecconviction que le zinc était lui aussi efficacepour renforcer le système immunitaire etpermettre aux jeunes enfants de survivreaux infections. Le zinc est essentiel à la

croissance et au développement descellules, ainsi qu’au bon fonctionnement dusystème immunitaire. Une carence grave enzinc peut se manifester par un retard decroissance, de la diarrhée, des lésionscutanées, une perte d’appétit, la chute descheveux et, chez les garçons, par unematuration sexuelle plus lente127. Lesformes de carence en zinc sontgénéralement difficiles à identifier et,jusqu’à quelques années auparavant, cefacteur n’intervenait pas dans lesprogrammes visant à promouvoir la santé etle développement de l’enfant. Toutefois,grâce à la reconnaissance croissante del’importance des micronutriments, enparticulier à cause de leur capacité àaccroître la protection contre les effets desinfections courantes, on a porté uneattention accrue à l’augmentation del’apport du zinc chez les enfants. De plus,cette substance minérale est maintenantofficiellement recommandée par l’OMS etpar l’UNICEF dans le traitement de ladiarrhée.

Au Bangladesh, en Inde et en Indonésie,des études ont démontré que le zinc peutaider à réduire d’au moins un tiers la duréeet la gravité des accès de diarrhée chez lesjeunes enfants. Il a également été prouvéque le zinc réduisait de près de 12 pour cent

© UNICEF/HQ02-0305/Giacomo Pirozzi

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l’incidence de la pneumonie. Dans le mêmeordre d’idée, la recherche semble indiquerque le zinc, combiné à la vitamine A, peutatténuer les effets du paludisme et le rendrebeaucoup moins mortel. Une étude menéeen Papouasie-Nouvelle-Guinée a établi quela vitamine A et le zinc ont la capacité desauver les enfants des effets du paludisme,autant que peuvent le faire la vaporisationd’insecticide et l’utilisation de moustiquairesde lit traitées. La supplémentation en zincs’est avérée si efficace pour réduirel’incidence de la maladie diarrhéique et dela pneumonie dans les pays endéveloppement, qu’elle est considérée parcertains comme tout aussi importante dansla prévention de la maladie diarrhéique quepeut l’être l’amélioration des systèmesd’approvisionnement en eau etd’assainissement. Une étude dirigée par laJohns Hopkins School of Public Health deBaltimore et par le Instituto de InvestigaciónNutricional de Lima, au Pérou, a permis dereconnaître qu’une supplémentation en zincpouvait améliorer la fonction du systèmeimmunitaire des enfants avant même leurnaissance, leur procurant une protectionimmédiate contre l’infection lorsqu’ilsviennent au monde. Le zinc est aussiessentiel à l’utilisation appropriée de l’iodepar l’organisme; il a donc son importancedans le cadre des efforts visant à vaincre les

troubles dus à la carence en iode. Parailleurs, une carence en zinc peut accroîtrede 13 à 21 pour cent le risque pour unenfant de mourir d’une pneumonie, d’unediarrhée et du paludisme128.

Dans un régime alimentaire normal, lezinc provient généralement des céréales àgrains entiers, des légumineuses, de laviande, de la volaille et du poisson. Il estaussi transmis de la mère à l’enfant lors del’allaitement au sein. Pour tirer pleinementpartie du zinc, une forme quelconque desupplémentation semble néanmoins plusbénéfique.

De plus en plus, l’UNICEF songe àcombiner le zinc avec d’autresmicronutriments pour former un seulsupplément de façon à accroître lesavantages pour le système immunitaire et àprocurer une protection encore plus accruecontre la mortalité et l’invalidité pouvantêtre occasionnées par des infections graves.Bien que ces suppléments soient quelquepeu plus coûteux que la seulesupplémentation en vitamine A, l’OMS,l’UNICEF et le Programme alimentairemondial recommandent depuis peu dedistribuer ces suppléments contenantplusieurs micronutriments aux nourrissons,aux jeunes enfants et aux femmes enceinteset allaitant dans les situations d’urgence.

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PRENDREL’AVENIREN MAIN

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PRENDRE L’AVENIR

EN MAIN

Au cours de ses 50 années d’histoire,UNICEF Canada a été témoin de grandessouffrances et de progrès extraordinairespour les enfants. En 2005, le défi demeuredéconcertant.

La pauvreté constante, à elle seule,empêche de très nombreuses famillesd’acquérir les médicaments et les articlesles plus simples, tels que des moustiquairesde lit imprégnées d’insecticide, quipourraient sauver la vie de leurs enfants. Lemanque de ressources gouvernementales,ou le manque de volonté à utiliser cesressources en ce sens, signifie que lesservices de santé de base,l’approvisionnement en eau etl’assainissement ne parviennent pas à ceuxqui en ont le plus besoin : ceux qui viventdans des régions isolées et éloignées descentres d’influence; ceux qui vivent dansdes zones urbaines marginalisées.

Mais le plus redoutable, est le facteuraggravant associé à cette nouvelle maladie,celle qu’on ne pouvait même pas imaginer ily a cinquante ans. En moins de troisdécennies, le monde a vu se propager leVIH/sida d’une question de santé marginalequ’il était, ne touchant que relativement peude personnes, à une pandémie menaçant lasurvie d’un continent tout entier, l’Afriquesubsaharienne, et risquant de décimerd’autres populations. Le sida ne fait pas quemenacer directement la vie des enfants, illes prive aussi des seules personnes quipourraient se préoccuper de leur santé et deleur développement, en particulier de leursparents. La situation désespérée de 15millions d’enfants représentent un défiauquel personne encore en ce monde n’adû faire face au cours des cinq dernièresdécennies.

Néanmoins, en dépit de ces défis, il y ades raisons de considérer l’avenir avecoptimisme. En 50 ans, les Canadiens ont

contribué à de nombreux changements,permettant de passer d’un monde où 21pour cent des enfants mouraient avantd’avoir cinq ans129 à un monde où 92 pourcent des enfants de moins de cinq anssurvivent130. Et un plus grand nombreencore de ces enfants survit sans lesdéficiences mentales ou physiques causéespar les maladies infectieuses et les carencesen micronutriments.

De remarquables progrès ont étéréalisés, tant en ce qui concerne notrecompréhension des causes de maladie et de

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pédiatriques au-delà du sanctuairehospitalier et des connaissancesspécialisées d’un personnel médicalhautement formé, et de les confier auxtravailleurs en santé communautaire et auxparents. Cette situation permet ainsi auxpersonnes pauvres et à celles qui vivent enzone rurale loin des commodités urbaines,de prendre soin de leurs enfants et de lesaider à survivre à leurs cinq premièresannées si périlleuses.

Le groupe de travail du programme« Passons à l’action » du Centre pour ledéveloppement international a mené uneétude en 2004 sur les facteurs qui ontpermis la réduction significative du taux demortalité des enfants depuis 1955131. L’étudea révélé qu’un tel succès était possiblemême dans les pays les plus pauvres et queles gouvernements de ces pays pouvaientsouvent trouver eux-mêmes les ressourcesnécessaires, moyennant un engagementpolitique suffisant. L’un des secrets a été demodifier le comportement de base. Laformation de coalitions internationalesfondées sur des objectifs communs aconstitué une autre source de succès132.Ce sont là des éléments qui continuerontd’être essentiels à la réussite de toutprogramme visant à améliorer la santé desenfants.

Chaque jour, 29 000 enfants de moinsde cinq ans meurent de causes pouvant êtrefacilement évitables. Ils perdent ainsi toutechance de grandir pour apporter leurcontribution au reste de l’humanité et des’épanouir pleinement. Nous avons lesmoyens et les compétences nécessairespour leur sauver la vie et leur redonner unavenir. Ce rapport démontre qu’il suffit defaire preuve de volonté pour y arriver.

mortalité chez les jeunes enfants, qu’en cequi a trait à notre connaissance des moyenspour contrer les plus courantes de cescauses. Le pian, qui a déjà donné lieu à tantde souffrance, peut maintenant être traitécomme un malaise mineur. La variole a étééradiquée. La polio, qui a terrifié les parentset causé la mort et l’invalidité de millionsd’enfants, a été pratiquement éliminée.Quelque 80 pour cent de la populationmondiale ont un accès fiable à de l’eausalubre et potable, une augmentationquadruplée en moins de cinquante ans.

Au cours des cinq dernières décennies,nous avons appris comment un simplemélange de sel, de sucre et d’eau oud’autres remèdes maison pouvaientremplacer un matériel hospitalierperfectionné pour sauver les enfants de ladéshydratation due à la maladiediarrhéique. Nous disposons de nombreuxantibiotiques peu coûteux pour traiter lapneumonie, et d’un vaccin qui peut enprévenir la plupart des cas. Nous avonsdécouvert que le moyen le plus efficace deprotéger les enfants contre le paludismen’est pas l’utilisation de produits chimiquesnuisibles pour l’environnement, maisl’utilisation de simples moustiquairesimprégnées d’un insecticide qui ne met pasen danger les autres formes de vie. Noussavons que la vaccination reste l’une desinterventions en santé publique parmi lesplus pratiques et les moins coûteuses. Plusremarquable encore, nous avons constatéque la vitamine A et le zinc, provenant desaliments ou donnés sous la forme desuppléments, peuvent littéralementempêcher les enfants de mourir et limitentgrandement les effets néfastes d’une variétéd’infections.

Les nouveaux développements réalisésau cours des cinquante dernières annéesont permis d’étendre les soins de santé

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1 Valeur estimée. L’Encyclopædia Britannica de 1959 indique une population mondiale de 2,84 milliards pourl’année 1952, se référant à la Division de population des Nations Unies ainsi qu’à l’Annuaire démographique desNations Unies de 1953.

2 Encyclopædia Britannica, 1959, William Benton Publisher, Chicago, London, Toronto, Vol. 18, p. 234.3 Ibid.4 Ibid.5 World Health Organization, “Major causes of death among children under 5 years of age and neonates in the

world, 2000-2003”, http://www.who.int/child-adolescent-health/OVERVIEW/CHILD_HEALTH/map_00-03_world.jpg.6 Ibid.7 Ibid.8 Taux de mortalité chez les moins de 5 ans. Probabilité de décéder entre la naissance et le cinquième

anniversaire, pour 1 000 naissances vivantes.9 En comparaison, en 1960, le Royaume-Uni avait un TMM5 de 27, les États-Unis en avait un de 30 et Sierra Leone

(qui a actuellement le plus haut taux avec 284), en avait un de 390, soit 10 fois plus que celui du Canada. Tousces chiffres proviennent du rapport de l’UNICEF, La situation des enfants dans le monde 2005 , tableau 10, pp.142-145.

10 Ibid. Le taux du Canada soutient la comparaison avec le Royaume-Uni (taux de six) et les États-Unis (taux dehuit).

11 World Health Organization, The World Health Report 1998, p. 42. 12 UNICEF, The State of the World’s Children 2006, p. 101.13 Kofi A. Annan, Secretary-General of the United Nations, We the Children: Meeting the promises of the World

Summit for Children, p. 3.14 UNICEF, The State of the World’s Children 2005, p. 9.15 Robert E. Black, Saul S. Morris, Jennifer Bryce, “Where and why are 10 million children dying every year?”, The

Lancet, Vol. 361, June 28, 2003, p. 2227.16 UNICEF, The State of the World’s Children 2005, p. 8.17 J. Tulloch, “Integrated Approach to child health in developing countries”, The Lancet, Vol. 354, September 1999,

p. SII–16.18 UNICEF/WHO, Management of Pneumonia in Community Settings, New York & Geneva, 2004, p. 2.19 UNICEF, The State of the World’s Children 2005, p. 117.20 OIC/ISESCO/UNICEF, “Investing in the Children of the Islamic World”, 2005. La population mondiale des enfants

de moins de cinq ans en 2003 était de 6,18 milliards. Seize pour cent de ce nombre égale 98,9 millions. 21 Kofi A. Annan, Secretary-General of the United Nations, We the Children: Meeting the promises of the World

Summit for Children, p. 24.22 UNICEF, “Acute Respiratory Infection”, www.childinfo.org/areas/ari/progress.php. 23 UNICEF/WHO, Management of Pneumonia in Community Settings, New York & Geneva, 2004, p. 4.24 WHO, “Evidence base for community management of pneumonia”, Stockholm June 11-12, 2002, p. 6.25 Frank Shann, Mark C. Steinhoff, “Vaccines for children in rich and poor countries”,The Lancet, Vol. 354,

September 1999, p. SII-8.26 UNICEF, “Immunization: Hib” Fact Sheet, www.unicef.org/immunization/23245_hib.html.

RÉFÉRENCES

82 L A S U R V I E E T L A S A N T É D E S E N FA N T S DA N S L E M O N D E

27 Ibid.28 UNICEF/WHO, Meeting the MDG Drinking Water and Sanitation Target: A Mid-Term Assessment of Progress,

New York & Geneva, 2004, p. 6.29 UNICEF, “Common water and sanitation-related diseases”, www.unicef.org/wes/index_wes_related.html.30 UNICEF, “Diarrhoeal Disease” End Decade Databases, www.childinfo.org/eddb/Diarrhoea/progress.htm.31 Ibid.32 UNICEF/WHO, Meeting the MDG Drinking Water and Sanitation Target: A Mid-Term Assessment of Progress,

New York & Geneva, 2004, p. 8. 33 UNICEF, The State of the World’s Children 2005, p. 117.34 UNICEF/WHO, Meeting the MDG Drinking Water and Sanitation Target: A Mid-Term Assessment of Progress,

New York & Geneva, 2004, p. 15.35 Ibid., p. 17.36 Frank Shann, Mark C. Steinhoff, “Vaccines for children in rich and poor countries”, The Lancet, Vol. 354,

September 1999, p. SII-7.37 Roll Back Malaria/UNICEF/WHO, World Malaria Report 2005, p. xvii.38 UNICEF, Malaria: A Major Cause of Child Death and Poverty in Africa, UNICEF, New York, p. 1.39 UNICEF, “Malaria”, www.childinfo.org/areas/malaria.40 UNICEF, Malaria: A Major Cause of Child Death and Poverty in Africa, UNICEF, New York, p. 1.41 UNICEF, “World Malaria Report 2005 – Fact sheet”, www.unicef.org/media/files/MalariaFactSheet.pdf.42 WHO, Roll Back Malaria, “What is Malaria?” Info sheet, www.mosquito.who.int/cmc_upload.43 UNICEF, “World Malaria Report 2005- UNICEF’s Role”, www.unicef.org/media/files/UNICEFinmalaria.pdf.44 UNICEF, “Partnership gains ground in the fight against malaria” News Note, 21 April 2005,

www.unicef.org/media/media_26123.html.45 Kofi A. Annan, Secretary-General of the United Nations, We the Children: Meeting the promises of the World

Summit for Children, p. 25.46 UNICEF, “Malaria is alive, well & killing more than 3,000 children a day in Africa” Press Release,

www.unicef.org/media/media_7701.html.47 The Global Fund to Fight AIDS, Tuberculosis and Malaria, Monthly Progress Update – 15 November 2005, p. 2.48 UNICEF, “Malaria”, www.unicef.org/health/index_malaria.html.49 Ibid.50 UNICEF, “Partnership gains ground in the fight against malaria” News Note, 21 April 2005,

www.unicef.org/media/media_26123.html.51 UNICEF, “Procuring Supplies for Children”, www.unicef.org/supply/index_ecd_malaria.html.52 UNICEF, Malaria: A Major Cause of Child Death and Poverty in Africa, UNICEF, New York, p. 5.53 UNICEF, “The Global Malaria Burden”, The Prescriber, UNICEF, New York, January 2000, pp. 14-15.54 UNICEF, “Better bed nets provide new hope in reducing malaria” Press Release, Aretha, Tanzania, 17 November

2004, www.ucef.org/media/media_24152.html.55 UNICEF, “Procuring Supplies for Children”, www.unicef.org/supply/index_ecd_malaria.html.56 Kofi A. Annan, Secretary-General of the United Nations, We the Children: Meeting the promises of the World

Summit for Children, p. 25.57 UNICEF, “Efforts to scale up and effectively target malaria interventions are improving”,

www.childinfo.org/areas/malaria/progress.php. 58 UNICEF, Progress for Children: A Report Card on Immunization, Number 3, September 2005, p. 2.59 Kofi A. Annan, Secretary-General of the United Nations, We the Children: Meeting the promises of the World

Summit for Children, p. 23.60 UNICEF, Report of the Executive Director: Results achieved for children in 2003 in support of the medium-term

strategic plan, June 2004, p. 16.61 Maggie Black, Children First: The Story of UNICEF, Past and Present, Oxford University Press, Oxford, 1996, p. 43.

83L A S U R V I E E T L A S A N T É D E S E N FA N T S DA N S L E M O N D E

62 UNICEF, “Immunization plus”, www.unicef.org/immunization/index_coverage.html.63 UNICEF, The State of the World’s Children 2005, pp. 114-117.64 Kofi A. Annan, Secretary-General of the United Nations, We the Children: Meeting the promises of the World

Summit for Children, p. 23.65 WHO-UNICEF, Joint Statement on Strategies to Reduce Measles Mortality Worldwide, Dec 2001, p. 2.66 UNICEF Programme Division, Immunization Plus: Global Thematic Report 2004, New York, UNICEF, 2005, p. 11.67 UNICEF, Progress for Children: A Report Card on Immunization, Number 3, September 2005, p. 7.68 Ibid., pp. 4 et 7, L’estimation du nombre de décès causés par la rougeole en 2003 était de 530 000,

comparativement à 873 000 en 1999.69 Ibid., p. 7.70 Ruth Levine and the What Works Working Group, with Molly Kinder, “What’s Worked: Accounting for Success in

Global Health”, paper delivered at the Global Forum for Health Research, Mexico City, November 2004, p. 9.71 UNICEF, “Eradicating Polio”, www.unicef.org/immunization/index_polio.html.72 Kofi A. Annan, Secretary-General of the United Nations, We the Children: Meeting the promises of the World

Summit for Children, pp. 22-23.73 UNICEF, Supply Division Annual Report 2004, p. 5.74 WHO/UNICEF, Joint Statement: Reducing Measles Mortality in Emergencies, February 2004, p. 4.75 UNICEF, The State of the World’s Children 2006, p. 101.76 UNAIDS, Report on the Global HIV/AIDS Epidemic 2002, p. 44.77 UNAIDS, AIDS Epidemic Update: December 2005, p. 17.78 Ibid., p. 3. À l’échelle mondiale , il y a eu 3,1 millions de décès causés par le sida en 2005. En Afrique

subsaharienne, il y a eu 2,4 millions de décès causés par le sida en 2005.79 UNICEF, The State of the World’s Children 2006, p. 16.80 UNICEF, Fighting HIV/AIDS: Strategies for Success 2002-2005, UNICEF, New York, 2003, p. 3.81 UNICEF, The State of the World’s Children 2005, p. 68.82 UNAIDS, AIDS Epidemic Update: December 2005, p. 31.83 Ibid., p. 45.84 UNICEF, The State of the World’s Children 2005, p. 68.85 UNAIDS, AIDS Epidemic Update: December 2005, p. 53 and 59.86 Ibid., pp. 53-64.87 UNAIDS and WHO, A History of the HIV/AIDS Epidemic with Emphasis on Africa, 2003, p. 3.88 African Network for the Care of Children Affected by AIDS, Handbook on Paediatric AIDS in Africa, 2004, p. 17. 89 UNICEF, “Young people and HIV/AIDS”, www.childinfo.org/eddb/hiv_aids/young.htm.90 UNICEF, Fighting HIV/AIDS: Strategies for Success, UNICEF, New York, 2003, p. 4.91 UNICEF, “A peer education programme”, www.unicef.org/aids/23537_peerprogramme.html.92 UNAIDS, AIDS Epidemic Update: December 2005, p. 1.93 Ibid.94 UNICEF, The State of the World’s Children 2006, p. 16.95 WHO, HIV and Infant Feeding – Guidelines for Decision Makers, 2004, p. 7.96 UNICEF, The State of the World’s Children 2005, p. 74.97 WHO, HIV and Infant Feeding: Guidelines for Decision Makers, 2003, p. 9. 98 UNICEF, PMTCT Report Card 2005.99 UNICEF, Supply Division Annual Report 2004, p. 8.100 Ibid., p. 9.101 UNICEF/UNAIDS/WHO/MSF, Sources and Prices of selected medicines and diagnostics for people living with

HIV/AIDS, June 2005. p. 1.

84 L A S U R V I E E T L A S A N T É D E S E N FA N T S DA N S L E M O N D E

102 UNICEF, Supply Division Annual Report 2004, p. 9.103 UNICEF, Children: The Missing Face of AIDS, 2005, p. 6.104 UNAIDS, AIDS Epidemic Update: December 2005, p. 25.105 UNICEF, Children on the Brink, 2004, p. 26. Le chiffre réel est 6,72 pour cent. Il a été calculé selon le chiffre de

14 pour cent d’orphelins par rapport à tous les enfants, et selon le chiffre de 48 pour cent des enfants devenusorphelins à cause du sida par rapport à tous les orphelins.

106 UNICEF, Report of the Executive Director: Results achieved for children in 2004 in support of the medium-termstrategic plan, E/ICEF/2005/6, 28 March 2005, p. 20.

107 UNICEF, The State of the World’s Children 1998, p. 10.108 Ibid., p. 13.109 UNICEF/The Micronutrient Initiative, Vitamin and Mineral Deficiency: A Global Progress Report, p. 3.110 Ibid.111 Kofi A. Annan, Secretary-General of the United Nations, We the Children: Meeting the promises of the World

Summit for Children, p. 32. 112 Ibid., p. 32.113 WHO, Comparative Analysis of Progress on the Elimination of Iodine Deficiency Disorder, p. 1.114 UNICEF/Micronutrient Initiative, Micronutrient Report, 2004, p. 3.115 UNICEF, Iodine Deficiency Disorders at www.childinfo.org/eddb/idd/. 116 UNICEF, The State of the World’s Children 1998, p. 57.117 Ibid., p. 54.118 Kofi A. Annan, Secretary-General of the United Nations, We the Children: Meeting the promises of the World

Summit for Children, p. 32.119 Sommer, Alfred et al., “Impact of vitamin A supplementation on childhood mortality: A randomised controlled

community trial”, The Lancet, 1986, Vol. 1, pp. 1169-1173.120 UNICEF, The State of the World’s Children 1998, p. 58.121 Ibid., p. 72.122 Ibid., p. 74.123 Food and Agriculture Organization, World Food Summit 2002 Fact Sheet – The Spectrum of Malnutrition, p. 1.124 UNICEF, The State of the World’s Children 1998, p. 59.125 UNICEF, Eliminating Vitamin A Deficiency – Q&A, www.unicef.org/nutrition/23963_vitaminadeficiency.html.126 UNICEF/The Micronutrient Initiative, Vitamin & Mineral Deficiency: A Global Progress Report, p. 6.127 UNICEF, The State of the World’s Children 1998, p. 77.128 Robert E. Black, Saul S. Martin, Jennifer Bryce, “Where and why are 10 million children dying every year?”,

The Lancet, Vol. 361, June 28, 2003, p. 2229.129 World Health Organization, World Health Report 1998, p. 42.130 UNICEF, The State of the World’s Children 2006, p. 101. En 2004, le taux mondial de mortalité des enfants de

moins de cinq ans était de 79 décès pour 1 000 naissances vivantes.131 Ruth Levine and the What Works Working Group with Molly Kinder, What’s Worked: Accounting for Success in

Global Health, Center or Global Development, Global Forum for Health Research, Mexico City, November 2004. 132 Ibid., pp. 2-3.