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Crayonnez-les, coiffez-les, accessoirisez-les, fabriquez-les, trafiquez-les, perfectionnez-les, falsifiez- les et caetera. Envoyez votre production à la Rédaction, les meilleures seront publiées. Collectif HLM, collectif-hlm.blogspot.com La toison dort Kyle Broflovski n’est pas seul. Le soleil et le printemps débarquent et quelque chose de l’ordre du détail change soudain tout un homme. Les blonds sont paraît-il en voie de disparition, et les bruns imposent malgré eux leur suprématie génétique ! Mais une chose naturelle et invraisemblable vient bouleverser l’ordre établi. Après quelques semaines de non-rasage, une particularité commune vient s’immiscer dans la touffe de notre barbe tranquille : un poil roux. Bientôt un deuxième, un troisième… Ils se multiplient ? Envahissent tout l’épiderme ? Ils sont certes minoritaires mais ce sont eux que l’on remarque en un coup d’œil. Nous devenons d’un coup cible du mépris que l’on infligeait nous-mêmes aux autres. La rousseur est-elle l’absence de l’âme ? Ce poil roux qui pointe avec arrogance ne veut-il pas montrer qu’au fond les bruns n’ont pas d’âmes non plus ? Où est-ce une sorte de justice naturelle, comme si la nature faisait qu’on devenait ce qu’on déteste ? Une part de nous est notre opposé. Ce qu’on déteste réside en nous quelque part, considéré, mis en avant ou enfoui, en tout cas cela côtoie nos souvenirs et notre conscience. Le poil roux qui survient au soleil est la preuve que la nature n’a pas voulu de cette uniformité. Elle est consciente que certaines espèces disparaissent et qu’elles sont parfois remplacées. Lesquelles sont dignes d’exister même infiniment ? On ne prévoit rien, on constate. Le poil roux est la stèle d’une part de l’humanité qu’on n’aura peut-être plus l’occasion de voir dans plusieurs siècles ! Vous saviez que Ramses II était roux ? Boule et Bill aussi me direz-vous… Lucas Villon dit Timmy. Songe syrien Sous ma couverture en laine Dans la poussière d’Alcor Le sable d’Orient s’égraine Le vent de nocturne plaine Répand un sombre trésor Sous ma couverture en laine Ma respiration certaine Sait que dans le soleil d’or Le sable d’Orient s’égraine Des odeurs de chair humaine La sueur au mirador Sous ma couverture en laine A mes oreilles les chaînes Les cris de l’ancien Tadmor Le sable d’Orient s’égraine Quand le ciel pourpre dégaine Ensanglante le décor Sous ma couverture en laine Le sable d’Orient s’égraine. Elina Baseilhac Avril2012numero1 Cendres A un moment on s’est pris pour Hunter S. Thompson, Frédéric Beigbeder, Françoise Sagan, Charles Baudelaire. On a cru aux paradis artificiels, aux excès, à la drogue, la violence, les expériences un peu folles qui devaient devenir des habitudes. Et un jour on quitte l’adolescence, on se rend compte que la clope est un truc de français névrotique dans les James Bond, que la drogue, en plus d’être trop chère, est trop dangereuse. On devient subitement plus sage, on rentre dans le droit chemin, celui depuis lequel la vision des autres change, ce fameux chemin depuis lequel un hippie n’est pas un être libre mais un esclave des cartels dealers de marijuana. On murit, on a tendance à se refermer et à devenir raisonnable. Mon univers de fiction a commencé à s’effondrer à cette prise de conscience, lorsque l’attrait initial de cet adolescent à l’intérieur de la graine d’écrivain cessa de bouillonner, de vibrer pour ce monde d’alcools, de fumée et de liquides d’éther opaques dans les nuits noires. J’ai, à dire vrai, laissé mes personnages dans une brume à l’odeur tenace de whisky, liqueur lourde qui dans ma bouche de jeune adulte se faisait bien plus sèche que ce que mon esprit juvénile avait imaginé dans son absolue inconnaissance des substances inhibitrices. Un jour j’ai eu 20 ans, et au lieu de faire le tour des bars, d’écumer les fonds des lounges mon carnet à la main, j’ai passé mes nuits face à un écran où les images me coupaient de mes ailleurs littéraires, dans la molle tentation des spectacles télévisuels faciles après les journées de labeur physique. Les petits boulots de jeune futur chômeur/blogueur en communication avaient agressé le panache de mon écriture, les tournures habiles qui à force d’être usées finissaient par toutes se ressembler. J’avais la triste sensation de n’utiliser qu’un vocabulaire limité, encombré par des expressions et ensembles de mots redondants mettant un coup de frein, par l’utilisation immodérée de certains temps, à ma créativité. Ce jour là, je ne savais plus quoi écrire. Les sujets fusaient et s’écrasaient inlassablement. Je n’arrivais pas à tirer quelque chose de convenable de l’amour qui m’animait, et quand bien même aurais-je trouvé les mots que le thème en lui-même, éternel et transparent, m’aurait achevé avant même la fin d’une page. Il était devenu dur en 2011, dix ans après les tours et mes premières déceptions face au monde, dix ans après mes premiers pas au collège et quelques jours après l’annonce de la mort d’Oussama Ben Laden, de trouver un sujet prenant, quelque chose qui resterait encore lisible pour les générations futures, quelque chose impliquant une actualité qui soit déjà de l’Histoire, tant mon incapacité à créer de toutes pièces une histoire devenait anxiogène pour le rédacteur prolifique que j’avais pu être dans mes phases de création fulgurante. J’étais bloqué, à tel point que l’analyse sémiologique dénuée de toute imagination devenait un nouveau genre dans lequel je semblais bien me retrouver. Mon inactivité dans la presse était sans doute responsable de ce désastre de l’écriture, de ce vide soudain, de l’utilisation épisodique de mon clavier et de l’ouverture encore plus occasionnelle d’un dossier de traitement de texte. Et pourtant, tout en regardant la page sur laquelle j’étais en train de taper une accumulation fiévreuse de caractères, je sentais que le livre sur ma table de nuit m’avait fait comme un électrochoc. En regardant le « Bonjour Tristesse » et le regard intense d’une Sylvie Testud grimée en Sagan, j’ai compris que tout n’était pas perdu. J’avais perdu la trace d’un de mes personnages, perdu l’identité de mon premier roman, de mes premières amours littéraires, de mes polaroids. Mais aussi vrai que les gens changent sans vraiment se transformer au fond d’eux même, mon écriture effectuait une variation de forme, un aboutissement qui se soldait par un retour des compteurs à zéro. J’étais allé au bout de l’expérience des instantanés, au-delà de l’autofiction. J’arrivais à la fin d’une période, et j’éprouvais une sensation inédite, comme les peintres ont le sentiment étrange de laisser une partie de leur vie derrière la dernière œuvre de leurs périodes bleues, rouges, blanches, romantiques. D’un seul coup, mes écrits se classaient. Je voyais mes périodes : l’heroic fantasy bas de gamme du collégien ; la fougue poétique du lycéen, Rimbaud de pacotille accro aux carnets de voyage ; les sombres années d’Axel Zita et de son Journal d’un insomniaque ; les Polaroïds et leurs vertus post-traumatiques. Ici se termine un pan de mes écrits, et cher lecteur, si tu m’as suivi jusqu’ici, je te confesse que je n’ai absolument aucune idée de la route que je m’apprête à prendre. En lisant mes textes, tu as sans doute remarqué que bien souvent, je ne savais pas moi même où allait s’échouer ma chute. Mais si l’écriture m’a appris une chose, c’est que ce n’est pas la destination qui compte, mais bel et bien la route qui y mène. Mathias Alcaraz Avignon, le 10 mai 2011. flavors.me/alcaraz_mathias Nicolas Rolland NOTE INTRODUCTIVE Des figures créatives sèment leur expressivité. De leurs pinceaux et crayons, ils cultivent le papier. RectoVerso est né. Imaginé par des étudiants, RectoVerso se fraye un chemin dans l'univers éditorial. Lecteurs, armez-vous d'une plume, trempez-la dans l'encre et comblez votre fringale d'expressivité et de créativité en déversant vos mots sur RectoVerso. Vous êtes l'essence même du journal, libres de partager vos passions, vos trouvailles, vos sentiments et préoccupations selon le mode d'expressivité qui vous convient le mieux : écriture, photographie, graphisme etc. Soyez- vous même et affirmez votre style en nous envoyant vos productions sur le courriel du journal. [[email protected]] La Rédaction. Journal RectoVerso, d’après Eugénie Thévin. Les mains-fortes : Mathias Alcaraz, Elina Baseilhac, Laure Boni, Anaïs Chanon, Ronaldi Chastel, Emlyn Clément, Lucie Guiragossian, Marco Martinez, Emmanuelle Morand, Camille Molle, Anne-Laure Poulette, Anne-Sophie Poulette, Claude Poulette, Nicolas Rolland, Lucas Villon. Manœuvres graphiques de Marion Molle. Journal RectoVerso 15 rue Pommier 84000 Avignon [email protected] journalrectoverso.tumblr.com Avec le soutient d’Anne-Laure Poulette de l’association universitaire Redrum Records. Esquisse 2, Claude Poulette www.claude.poulette.free.fr. http://www.youtube.com/watch?v=nS1tEnfkk6M http://vimeo.com/15247292 http://www.youtube.com/watch?v=xyimotthwHE

La toison dort Cendres - myreader.toile-libre.orgmyreader.toile-libre.org/uploads/My_522355f0c67ad.pdf · Invisibilité et discrétion, c’est le b.a.-ba du bas. Mais l’existence

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Crayonnez-les

, coiffez-les, accessoirisez-les,

fabriquez-les, trafiquez-les, perfectionnez-les, falsifiez-

les et caetera.

Envoyez votre production à la Rédaction, les meilleures seront publiées.

Collectif HLM, collectif-hlm.blogspot.com

La toison dortKyle Broflovski n’est pas seul. Le soleil et le printemps débarquent et quelque chose de l’ordre du détail change soudain tout un homme. Les blonds sont paraît-il en voie de disparition, et les bruns imposent malgré eux leur suprématie génétique ! Mais une chose naturelle et invraisemblable vient bouleverser l’ordre établi. Après quelques semaines de non-rasage, une particularité commune vient s’immiscer dans la touffe de notre barbe tranquille : un poil roux. Bientôt un deuxième, un troisième… Ils se multiplient ? Envahissent tout l’épiderme ? Ils sont certes minoritaires mais ce sont eux que l’on remarque en un coup d’œil. Nous devenons d’un coup cible du mépris que l’on infligeait nous-mêmes aux autres. La rousseur est-elle l’absence de l’âme ? Ce poil roux qui pointe avec arrogance ne veut-il pas montrer qu’au fond les bruns n’ont pas d’âmes non plus ? Où est-ce une sorte de justice naturelle, comme si la nature faisait qu’on devenait ce qu’on déteste ? Une part de nous est notre opposé. Ce qu’on déteste réside en nous quelque part, considéré, mis en avant ou enfoui, en tout cas cela côtoie nos souvenirs et notre conscience. Le poil roux qui survient au soleil est la preuve que la nature n’a pas voulu de cette uniformité. Elle est consciente que certaines espèces disparaissent et qu’elles sont parfois remplacées. Lesquelles sont dignes d’exister même infiniment ? On ne prévoit rien, on constate. Le poil roux est la stèle d’une part de l’humanité qu’on n’aura peut-être plus l’occasion de voir dans plusieurs siècles !

Vous saviez que Ramses II était roux ? Boule et Bill aussi me direz-vous…

Lucas Villon dit Timmy.

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CendresA un moment on s’est pris pour Hunter S. Thompson, Frédéric Beigbeder, Françoise Sagan, Charles Baudelaire. On a cru aux paradis artificiels, aux excès, à la drogue, la violence, les expériences un peu folles qui devaient devenir des habitudes. Et un jour on quitte l’adolescence, on se rend compte que la clope est un truc de français névrotique dans les James Bond, que la drogue, en plus d’être trop chère, est trop dangereuse. On devient subitement plus sage, on rentre dans le droit chemin, celui depuis lequel la vision des autres change, ce fameux chemin depuis lequel un hippie n’est pas un être libre mais un esclave des cartels dealers de marijuana. On murit, on a tendance à se refermer et à devenir raisonnable.Mon univers de fiction a commencé à s’effondrer à cette prise de conscience, lorsque l’attrait initial de cet adolescent à l’intérieur de la graine d’écrivain cessa de bouillonner, de vibrer pour ce monde d’alcools, de fumée et de liquides d’éther opaques dans les nuits noires. J’ai, à dire vrai, laissé mes personnages dans une brume à l’odeur tenace de whisky, liqueur lourde qui dans ma bouche de jeune adulte se faisait bien plus sèche que ce que mon esprit juvénile avait imaginé dans son absolue inconnaissance des substances inhibitrices. Un jour j’ai eu 20 ans, et au lieu de faire le tour des bars, d’écumer les fonds des lounges mon carnet à la main, j’ai passé mes nuits face à un écran où les images me coupaient de mes ailleurs littéraires, dans la molle tentation des spectacles télévisuels faciles après les journées de labeur physique. Les petits boulots de jeune futur chômeur/blogueur en communication avaient agressé le panache de mon écriture, les tournures habiles qui à force d’être usées finissaient par toutes se ressembler. J’avais la triste sensation de n’utiliser qu’un vocabulaire limité, encombré par des expressions et ensembles de mots redondants mettant un coup de frein, par l’utilisation immodérée de certains temps, à ma créativité.Ce jour là, je ne savais plus quoi écrire. Les sujets fusaient et s’écrasaient inlassablement. Je n’arrivais pas à tirer quelque chose de convenable de l’amour qui m’animait, et quand bien même aurais-je trouvé les mots que le thème en lui-même, éternel et transparent, m’aurait achevé avant même la fin d’une page. Il était devenu dur en 2011, dix ans après les tours et mes premières déceptions face au monde, dix ans après mes premiers pas au collège et quelques jours après l’annonce de la mort d’Oussama Ben Laden, de trouver un sujet prenant, quelque chose qui resterait encore lisible pour les générations futures, quelque chose impliquant une actualité qui soit déjà de l’Histoire, tant mon incapacité à créer de toutes pièces une histoire devenait anxiogène pour le rédacteur prolifique que j’avais pu être dans mes phases de création fulgurante. J’étais bloqué, à tel point que l’analyse sémiologique dénuée de toute imagination devenait un nouveau genre dans lequel je semblais bien me retrouver. Mon inactivité dans la presse était sans doute responsable de ce désastre de l’écriture, de ce vide soudain, de l’utilisation épisodique de mon clavier et de l’ouverture encore plus occasionnelle d’un dossier de traitement de texte.Et pourtant, tout en regardant la page sur laquelle j’étais en train de taper une accumulation fiévreuse de caractères, je sentais que le livre sur ma table de nuit m’avait fait comme un électrochoc. En regardant le « Bonjour Tristesse » et le regard intense d’une Sylvie Testud grimée en Sagan, j’ai compris que tout n’était pas perdu. J’avais perdu la trace d’un de mes personnages, perdu l’identité de mon premier roman, de mes premières amours littéraires, de mes polaroids. Mais aussi vrai que les gens changent sans vraiment se transformer au fond d’eux même, mon écriture effectuait une variation de forme, un aboutissement qui se soldait par un retour des compteurs à zéro. J’étais allé au bout de l’expérience des instantanés, au-delà de l’autofiction. J’arrivais à la fin d’une période, et j’éprouvais une sensation inédite, comme les peintres ont le sentiment étrange de laisser une partie de leur vie derrière la dernière œuvre de leurs périodes bleues, rouges, blanches, romantiques. D’un seul coup, mes écrits se classaient. Je voyais mes périodes : l’heroic fantasy bas de gamme du collégien ; la fougue poétique du lycéen, Rimbaud de pacotille accro aux carnets de voyage ; les sombres années d’Axel Zita et de son Journal d’un insomniaque ; les Polaroïds et leurs vertus post-traumatiques.Ici se termine un pan de mes écrits, et cher lecteur, si tu m’as suivi jusqu’ici, je te confesse que je n’ai absolument aucune idée de la route que je m’apprête à prendre. En lisant mes textes, tu as sans doute remarqué que bien souvent, je ne savais pas moi même où allait s’échouer ma chute.Mais si l’écriture m’a appris une chose, c’est que ce n’est pas la destination qui compte, mais bel et bien la route qui y mène.

Mathias AlcarazAvignon, le 10 mai 2011.

flavors.me/alcaraz_mathias

Nicolas Rolland

NOTE INTRODUCTIVEDes figures créatives sèment leur expressivité. De leurs pinceaux et crayons, ils cultivent le papier.

RectoVerso est né.

Imaginé par des étudiants, RectoVerso se fraye un chemin dans l'univers éditorial. Lecteurs, armez-vous d'une plume, trempez-la dans l'encre et comblez votre fringale d'expressivité et de créativité en déversant vos mots

sur RectoVerso. Vous êtes l'essence même du journal, libres de partager vos passions, vos trouvailles, vos sentiments et préoccupations selon le mode d'expressivité qui vous convient le mieux : écriture, photographie, graphisme etc. Soyez-vous même et affirmez votre style en nous envoyant vos productions sur le courriel du journal.[[email protected]] La Rédaction.

Journal RectoVerso, d’après Eugénie Thévin.Les mains-fortes :Mathias Alcaraz, Elina Baseilhac, Laure Boni, Anaïs Chanon, Ronaldi Chastel, Emlyn Clément, Lucie Guiragossian, Marco Martinez, Emmanuelle Morand, Camille Molle, Anne-Laure Poulette, Anne-Sophie Poulette, Claude Poulette, Nicolas Rolland, Lucas Villon.Manœuvres graphiques de Marion Molle.

Journal RectoVerso15 rue Pommier84000 [email protected]

Avec le soutient d’Anne-Laure Poulette de l’association universitaire Redrum Records.

Esquisse 2, Claude Poulette

www.claude.poulette.free.fr.

http://www.youtube.com/watch?v=nS1tEnfkk6Mhttp://vimeo.com/15247292

http://www.youtube.com/watch?v=xyimotthwHE

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Dos à dos (Auvergne, Toronto, Amsterdam, Cruas, Montréal, St Etienne). 2011. Photographies de Anaïs Chanon et Camille Molle, étudiantes à l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles.

«ESGOURDEZ RIEN QU’UN

INSTANT»

Girls in Hawaii - Flavor

Parov Stelar - The Radio Mojo Gang

Laurie Anderson - O Superman

Peter Von Poehl - The Bell Toll Five

Orchestre de la Paillotte - Kadia Blues

Austra - Beat And The Pulse

Mort Garson - Plantasia

Metal Alvin - «Moon»

Jankenpopp - «La 7»

El-P - «The Full Retard»

www.stereomood.com

Invisibilité et discrétion, c’est le b.a.-ba du bas.

Mais l’existence du bas n’est-elle pas basée que sur des balivernes ? Ne restant pas en place, il se balade, bâille et glisse sur les chevilles et nous met alors dans l’embarras. Combien de fois à-t’on en effet vu ici bas cette situation peu banale ?

Le bafouer serait bâcler le débat. Sans lui faire de battage, il est loin de vivre une vie de badaud : il est trimballé et bat le pavé à longueur de journée. Mais cessons le rabattement : n’est ce pas son devoir que de garder sa place de base ? Pas vraiment balèze le bas ! Davantage rabat-joie qu’utile et accumulant les bavures entre effilochages et trous barbants, la cote du bas bascule en contrebas.

Après un tel déballage sur la mission bâclé du bas, mesdemoiselles à vous de débattre, de chambarder et balayer ou non vos habitudes, pour moi c’est tout vu, banni soit le bas, méritant peu tout le baroufle qui l’entoure,

retournons aux basiques sans baratin chaussettes,

collants et socquettes qui nous promettent moins de prise de

tête !

A-L.P

J’ai testé

pour vous

: caissière à G

éant Casino

Cap Sud

Etre caissière, c’est fatiguant nerveusement. Le rapport

à l’humain est om

niprésent. Seulement dans le contexte

de la caisse, le client a tendance à ne vouloir faire que passer, ne veut pas prendre son tem

ps et surtout rien ne doit l’em

pêcher d’atteindre la providentielle sortie du centre com

mercial. R

ien, ça inclut la caissière qui est la dernière étape avant l’arrivée : l’étape irritante parfois, m

ais que j’essaie de rendre la plus agréable possible avec un « Bonjour m

essieurs dames » de ci et un «

bonjour monsieur » de là.

Un client un jour était tellem

ent dans le souci de me

faciliter le travail qu’il a tourné chaque article avec le code barre près à passer dans le laser rouge. Les « BIP…

BIP… » S’enchainaient à un rythm

e fou. Mais

après tout à quoi bon ? Gagner trois m

inutes pour rendre le contact le plus court possible, est-ce une fin en soi ?Et les clients de dire « Je vous fais une carte » - « Euh non, là je vous arrête tout de suite, vous ne m

e faîtes rien du tout, juste vous m

ettez la carte dans le lecteur carte et on n’en parle plus ». Et justem

ent, le lecteur carte a été changé il y a trois sem

aines. CO

UP D

UR

. Chaque client

y va de sa petite remarque sur la dite nouvelle m

achine « Et on la m

et comm

ent ? » « Ah enfin il était temps de

les changer ! » sans oublier « On ne voit plus les chiffes,

c’était mieux avant ».

Il y a les clients qui font des blagues à chacun de leurs passages. En voici d’ailleurs une qui finalem

ent ne paye pas de m

ine mais reste correcte : « Q

u’est-ce qu’un policier sur un tracteur ? U

n poulet fermier ! ». Bon

certes, cette blague est plus du goût de José Bové que du m

ien mais elle m

’a bien divertie cinq minutes et a

rendu le rapport avec le client plus humain.

En un seul jour, je suis tombée sur une petite dam

e qui avait oublié de payer et un hom

me qui avait caché des

piles à 3€ (oui oui pour 3€

il était près à tout) sous son lait. M

ais on ne me la fait pas à m

oi, je lui ai demandé de

« vider entièrement son caddie ». O

h tiens ! Des piles ! «

Elles ne sont pas à moi m

ais je les prends, on sait jamais

ça peut me servir ». Bon du m

oment qu’il les paye, il

peut bien se payer de ma tête aussi un peu on dirait. Et

nous somm

es entraînées à surveiller nos chers clients : pas un seul caddie n’est laissé hors de notre vigilance, surtout pas le caddie m

ystère. Qu’est-ce que c’est ? Eh

bien, c’est simplem

ent le meilleur m

oyen de nous tester apparem

ment : un caddie rem

pli d’erreurs comm

e des prix de bananes sur un systèm

e d’exploitation Window

s 7 (un peu gros tout de m

ême) ou une couette dans

laquelle se sont glissés quelques produits de beauté bien chers. Je suis tom

bée dessus une fois, outrée un peu d’avoir été testé avec une telle fourberie.M

ais vient enfin le 8/10 du mois et la paye. O

n oublie tous les clients m

écontents, les voleurs du dimanche et

les prélèvements à répétitions (ce m

oment où l’on m

anie les 1000€

que l’on a touché en 3h et dont on ne percevra m

ême pas la m

oitié à la fin du mois). Il est tem

ps de faire ses courses à soi et finalem

ent on est devenus expertes en petits prix, prom

otions et autres occasions. Aller à G

éant Casino, c’est difficile m

ais en ressortir c’est toujours enrichissant. La population y est très variée et une étude sociologique serait vraim

ent de mise

dans cette atmosphère de vitesse et de consom

mation

insoutenable parfois.

Emm

anuelle Morand

ww

w.lamalletteam

alices.frLes articles que vous ne verrez pas dans cet éditorial

« SDF en Hiver, à quoi bon? »Un document inédit, de l’investigation poussée à l’extrême puisque portant sur le choix de ces hommes (et de ces femmes) qui s’obstinent à «dormir» dehors par -10° sous moultes bourrasques alors que « voyons, à Paris, et partout en France, il y a un hôtel à tous les coins de rue », et à mourir de faim parce qu’ils ne peuvent pas se payer un repas chaud alors que « vraiment, on ne peut pas faire 100 mètres sans tomber sur un distributeur de billets dans cette ville » (un immense merci à Pénélope -aka Prissou pour les intimes- pour cette inimitable tranche de LOL).

« Une Seringue Usagée en cadeau, Pour ou Contre ? »Un article pratique sur les avantages des seringues à multi-usages sous le sapin avec des morceaux de bravoure comme « La seringue usagée, le secret de grand-mère pour titiller ses défenses immunitaires » ou encore, « Depuis la première guérison du SIDA, on se les arrache ».

« Larguer sa copine avant les fêtes LE BON PLAN »Un concept passablement odieux avec des photos de filles et leur Rimmel qui coule et de mecs bien moins amochés qui gardent un étui à diamant bien caché derrière le dos avec un air de « Pfiou, je suis passé à côté du collier à 2000, je vais pouvoir m’acheter dix PS3»

En définitive, ces articles s’inscrivent dans votre vie, si, ou au cours d’une soirée votre interlocuteur vous donne, par ses théories rayonnantes sur la supériorité de la cacahuète sur la noix de Cajou, une profonde envie de vous suicider en avalant du verre pilé.

Ces sublimes moments contrecarrent cette sorte d’accord tacite (appelons cela bienséance) qui vous empêchera de lui dire de fermer sa gueule et d’arrêter de faire des blagues douteuses sur Zahia et Ribéry. Le lien social serait immédiatement rompu, laissant place à la gêne, concept tout autant intelligible par la société bourgeoise qu’un Satan au Jardin d’Eden.

Emlyn Clément

Dos à dos (Auvergne, Toronto, Amsterdam, Cruas, Montréal, St Etienne). 2011. Photographies de Anaïs Chanon et Camille Molle, étudiantes à l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles.

Création à partir de motifs textiles microscopiques.Robe sérigraphiée à l’encre noire sur du non-tissé couleur beige.

Lucie Guiragossian, Beaux-Arts, Lyon.

http://www.lucie-guiragossian.com/»

« Peau. Fragilité. Transparence.»

Sans titre, Ronaldi Chastel

zéro�virgule�zéro�zéro�euro<

Silhouette, Anne-Sophie Poulette

http://www.youtube.com/watch?v=mjdssddnBXc

http://www.theexternalworld.com/

http://www.youtube.com/watch?v=rEUxlwb2uFI