14
Camenulae n o 7 – juin 2011 Lorenzo MEDINI LA TOPOGRAPHIE RELIGIEUSE D’HERMOPOLIS À L’ÉPOQUE GRÉCO-ROMAINE Le site d’Hermopolis, ville de la Moyenne Égypte et ancienne capitale de la province pharaonique du Lièvre, a fait l’objet de plusieurs fouilles archéologiques de la fin du XIX e siècle jusqu’au début des années 1990 1 . Les différentes missions qui se sont succédé ont permis de retracer l’évolution du paysage monumental de la ville dès le Moyen Empire jusqu’à la fin de l’Empire romain. Pour la reconstitution du centre ville d’époque romaine, l’étude des documents grecs, notamment des papyrus, a été fondamentale. C’est surtout pour la période du Bas Empire que nous possédons le plus grand nombre de renseignements. Pour le III e siècle de notre ère, nous disposons en effet d’un groupe de papyrus appartenant aux archives du conseil municipal de la ville (la boulè) 2 , qui datent du règne de Gallien. Un de ces documents, conservé aujourd’hui à Vienne à la Bibliothèque Nationale d’Autriche, le P. Vindobonensis Gr. 12565 verso 3 , est considéré comme la source principale d'information pour la topographie de la ville de cette période. D. Bailey, qui présente dans son rapport de fouille une image de ce document 4 , rappelle que « papyrological evidence is also very important in any attempt to understand the centre of the Roman city » 5 . Le document est très fragmentaire : il en reste 203 lignes, mais seule la fin, à partir de la ligne 155, est intacte. Il est daté de la onzième année d’un empereur dont le nom n’apparaît pas (l. 203), mais qui est probablement Gallien puisque les documents conservés provenant des archives d’Hermopolis datent principalement de son règne ; la date du document serait donc le mois de mai 264 apr. J.-C. Il s’agit d’un devis pour les frais de réparation concernant des monuments de la ville. Pour chaque édifice, on indique le prix des matériaux nécessaires aux travaux de restauration (principalement du fer, de la colle et du bois) et les frais de transport si nécessaire. Les bâtiments concernés par ces travaux se trouvaient tous le long de l’artère principale de la ville, l’ancienne voie du Nouvel Empire orientée d’est en ouest, qui à l’époque romaine prend le nom d’avenue d’Antinoopolis car elle menait vers cette métropole située de l’autre côté du Nil ( cf . Fig. 1). Le fait que ce 1 Pour la liste des différentes campagnes archéologiques cf . É. Bernand, Inscriptions grecques d’Hermoupolis Magna et de sa nécropole, Le Caire, Institut français d’archéologie orientale [Bibliothèque d’étude, 123], 1999, p. 9-11. 2 Pour une description de ces archives cf . M. Drew-Bear, « Contenu et intérêt historique des archives du conseil municipal d’Hermoupolis sous Gallien », Egyptian Archives, éds P. Piacentini, C. Orsenigo, Milan, 2009, p. 187-195. 3 H. Schmitz, « Die Bauurkunde in P. Vindob. Gr. 12565 im Lichte der Ergebnisse der deutschen Hermopolis-Expedition », Papyri und Altertumswissenschaft. Vorträge des 3. Internationalen Papyrologentages in München vom 4. bis 7. September 1933, éds W. Otto, L. Wenger, Beck [Münchner Beiträge zur Papyrusforschung , 19], 1934, p. 419-428 (= SB X 10299). 4 D.M. Bayley, Excavations at El-Ashmunein IV. Hermopolis Magna: Buildings of the Roman Period , Londres, British Museum Press [British Museum Expeditions to Middle Egypt], 1991, plate 110 (signalons que le cliché est reproduit à l’envers). 5 Ibid., p.57. 1

la topographie religieuse d'hermopolis à l'époque gréco-romaine

  • Upload
    dophuc

  • View
    217

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

  • Camenulae no7 juin 2011

    Lorenzo MEDINI

    LA TOPOGRAPHIE RELIGIEUSE DHERMOPOLIS LPOQUE GRCO-ROMAINE

    Le site dHermopolis, ville de la Moyenne gypte et ancienne capitale de la province pharaonique du Livre, a fait lobjet de plusieurs fouilles archologiques de la fin du XIXe sicle jusquau dbut des annes 19901. Les diffrentes missions qui se sont succd ont permis de retracer lvolution du paysage monumental de la ville ds le Moyen Empire jusqu la fin de lEmpire romain. Pour la reconstitution du centre ville dpoque romaine, ltude des documents grecs, notamment des papyrus, a t fondamentale. Cest surtout pour la priode du Bas Empire que nous possdons le plus grand nombre de renseignements.

    Pour le IIIe sicle de notre re, nous disposons en effet dun groupe de papyrus appartenant aux archives du conseil municipal de la ville (la boul)2, qui datent du rgne de Gallien. Un de ces documents, conserv aujourdhui Vienne la Bibliothque Nationale dAutriche, le P. Vindobonensis Gr. 12565 verso3, est considr comme la source principale d'information pour la topographie de la ville de cette priode. D. Bailey, qui prsente dans son rapport de fouille une image de ce document4, rappelle que papyrological evidence is also very important in any attempt to understand the centre of the Roman city 5. Le document est trs fragmentaire : il en reste 203 lignes, mais seule la fin, partir de la ligne 155, est intacte. Il est dat de la onzime anne dun empereur dont le nom napparat pas (l. 203), mais qui est probablement Gallien puisque les documents conservs provenant des archives dHermopolis datent principalement de son rgne ; la date du document serait donc le mois de mai 264 apr. J.-C. Il sagit dun devis pour les frais de rparation concernant des monuments de la ville. Pour chaque difice, on indique le prix des matriaux ncessaires aux travaux de restauration (principalement du fer, de la colle et du bois) et les frais de transport si ncessaire. Les btiments concerns par ces travaux se trouvaient tous le long de lartre principale de la ville, lancienne voie du Nouvel Empire oriente dest en ouest, qui lpoque romaine prend le nom davenue dAntinoopolis car elle menait vers cette mtropole situe de lautre ct du Nil ( cf. Fig. 1). Le fait que ce

    1 Pour la liste des diffrentes campagnes archologiques cf. . Bernand, Inscriptions grecques dHermoupolis Magna et de sa ncropole, Le Caire, Institut franais darchologie orientale [Bibliothque dtude, 123], 1999, p. 9-11.2 Pour une description de ces archives cf. M. Drew-Bear, Contenu et intrt historique des archives du conseil municipal dHermoupolis sous Gallien , Egyptian Archives, ds P. Piacentini, C. Orsenigo, Milan, 2009, p. 187-195.3 H. Schmitz, Die Bauurkunde in P. Vindob. Gr. 12565 im Lichte der Ergebnisse der deutschen Hermopolis-Expedition , Papyri und Altertumswissenschaft. Vortrge des 3. Internationalen Papyrologentages in Mnchen vom 4. bis 7. September 1933, ds W. Otto, L. Wenger, Beck [Mnchner Beitrge zur Papyrusforschung , 19], 1934, p. 419-428 (= SB X 10299).4 D.M. Bayley, Excavations at El-Ashmunein IV. Hermopolis Magna: Buildings of the Roman Period, Londres, British Museum Press [British Museum Expeditions to Middle Egypt], 1991, plate 110 (signalons que le clich est reproduit lenvers).5 Ibid., p.57.

    1

  • Camenulae no7 juin 2011

    document soit trs endommag et que plusieurs passages ncessitent des claircissements na pas chapp aux archologues anglais qui remarquent que : It is unfortunate that the repair papyrus of Aurelius Appianus is both ambiguous and lacunose 6. Il se peut toutefois quils ne laient pas utilis avec toutes les prcautions que ltat du texte impose.

    Le professeur J. Gascou a attir notre attention sur certains problmes que pose ce document et notamment sur la possibilit que la ville dcrite dans ce papyrus ne soit pas Hermopolis, mais Alexandrie. Nous allons donc examiner ces aspects plus en dtail et tablir, en nous appuyant sur les autres documents hermopolitains dont nous disposons, ltat de la question.

    Avant de nous pencher sur les diffrents monuments mentionns dans le texte, analysons quels sont les lments en faveur de lidentification de la ville voque avec Hermopolis. Il faut tout dabord rappeler que les archives du conseil municipal de la ville, dont la premire publication revient C. Wessely en 19057, ont t dcouvertes par des fouilleurs clandestins la fin du XIXe sicle8. Elles ont ensuite t achetes par le marchand viennois Thodore Graf et presque toutes ont t revendues en 1886 lArchiduc dAutriche Rainer9. P. Viereck semble indiquer au contraire que ces papyrus furent retrouvs sous les ruines de lancien bouleutrion de la ville10. Toutefois lauteur allemand ne donne pas de dtails sur le contexte de cette dcouverte et il faut rappeler quaucun difice na t identifi avec le lieu o le conseil se runissait, mme si on sait par certains documents que ce btiment a exist11. En effet comme il a t remarqu aussi par D.M. Bailey, an actual excavated Senate House is perhaps mere inference and wishful thinking 12. En revenant notre document, M. Drew-Bear, qui a tudi plusieurs reprises les archives de la boul dHermopolis, affirme que :

    Mme si le nom de la ville dont mane ce devis a disparu avec le dbut du document, son origine hermopolite est vidente. Hermopolis est mentionne (l.137) comme lieu de destination de colonnes, dont lusage apparat indispensable lamlioration dune suite de plateiai, transportes depuis Clopatra, village bien attest lest de la mtropole13.

    cet argument, elle ajoute que les comptes prsents sur lautre face du papyrus (le recto) concernent sans aucun doute le nome hermopolite. La signature de ce document par Aurelios Appianos (l. 202) constitue la troisime preuve qui certifierait la provenance hermopolite de ce papyrus. Ce personnage a t identifi avec un Appianos, attest par un

    6 Ibid., p. 58.7 C. Wessely, Corpus Papyrorum Hermopolitanorum I, SPP V, 1905.8 M. Drew-Bear, Le nome hermopolite et sa ncropole lpoque grco-romaine , Revue des tudes anciennes, 83, 1981, p. 31.9 Cf. M. Drew-Bear, Contenu et intrt historique , p. 187.10 Die payri stammen aus der Sammlung Erzherzog Rainer in Wien und sind wahrscheinlich in Bndel und Aktenstoen unter den Trmmern des Rathauses gefunden worden [] , P. Vierck, Die papyrusurkunden von Hermupolis. Ein Stadtbil aus rmischer Zeit , Deutsche Rundschau CXXXVII.4, 1908, p. 102, n. 1.11 E.H. Kase, Papyri in the Princeton University Collections II, Princeton, 1936, n. 61, 16.12 D.M. Bayley, Excavations at El-Ashmunein IV, p. 57.13 M. Drew-Bear, De la Porte du Soleil la Porte de la Lune Hermoupolis Magna , Akten des 23. Internationalen Papyrologen-Kongresses, d. P. Bernhard, Vienne, 2007, p. 199.

    2

  • Camenulae no7 juin 2011

    autre document provenant des archives municipales14, exgte de la mtropole vers 267 apr. J.-C., li au milieu de lathltisme. cela se rajoute un dernier lment de nature prosopographique : la ligne 138 mentionne les maisons de trois personnages dont un certain Dioskoros fils dApollonios, ancien agoranome de la ville, prsent dans un autre document des archives hermopolitaines15.

    Tout dabord il faut rappeler que la provenance dun texte crit sur le verso dun papyrus nest pas forcment la mme que celle du texte du recto, surtout sil sagit dun remploi. Les papyrus se dplaaient beaucoup en gypte et le lieu o ils ont t retrouvs ne concide pas forcement avec leur provenance. Le fait que lauteur, Aurelios Appianos, se retrouve dans les archives dHermopolis, dont le contexte de la dcouverte comme nous venons de le voir reste assez problmatique, ninfirme pas lhypothse alexandrine. M. Drew-Bear a en effet dmontr les liens qui pouvaient exister entre les citoyens des deux villes16. Elle cite le cas de deux athltes, Marcos Aurlios Ammonios et Marcos Aurelios Asclpiads, actifs dans les deux villes sur le plan municipal. Ils appartiennent une lite laquelle le sport a permis dobtenir de hautes fonctions et dimportants honneurs Alexandrie, voire Rome, sans quelle cesse de sintresser pour autant sa patrie ancestrale o elle possdait des terres 17. Aurelios Appianos ne pourrait-il pas avoir fait partie de cette catgorie de personnes ? Un lien supplmentaire avec la capitale est suggr par D. Rathbone qui rattache ce personnage la famille dun autre Aurelios Appianos, citoyen dAlexandrie, propritaire foncier et membre de lordre questre18. Notre texte pourrait donc tre le brouillon ou la copie dun document concernant Alexandrie que lauteur aurait apport avec lui lors de son retour Hermopolis. Ltat trs fragmentaire du texte ne permet pas dexclure une telle hypothse, ou en tout cas de trancher dune faon dfinitive. Or, ayant constat les liens existant entre les deux villes, le fils dApollonios ne pouvait-il pas possder une maison aussi Alexandrie ? Des quatre lments prsents pour dmontrer que les travaux voqus concernent Hermopolis, trois peuvent tre ainsi critiqus. Il ne reste que largument dordre topographique. La ligne 137 prsente en effet cette expression : () (), et le village de Clopatra se trouve effectivement dans lHermopolite19. Nous reviendrons plus en dtail sur cette question.

    Voyons prsent quels sont les difices cits dans ce texte : Un Antinoeion (l. 172) Un Hadrianeion (l. 176) Un makellon (l. 176) Lagora (l. 176-177) Un Srapum prs du Neilaion (l. 180) Le Neilaion (l. 180) Un komastrion (l. 183)

    14 SPP V 76, 9.15 SPP V 81, 7-8.16 M. Drew-Bear, Ammonios et Asclpiads, Alexandrins et Hermopolitains , Greek, Roman and Byzantine Studies, 32, 1991, p. 203-213.17 Ibid., p. 213.18 D. Rathbone, Economic rationalism and rural society in third-century AD. Egypt, Cambridge, Cambridge University Press, 1991, p. 50.19 M. Drew-Bear, Le nome hermopolite : toponymes et sites, Missoula, Scholars Press [American Studies in Papyrology, 21], 1979, p. 141-143.

    3

  • Camenulae no7 juin 2011

    Un nymphe de louest et un nymphe de lest (l. 185) Un Tychum (l. 188) La porte Hliaque (l. 190) Le premier ttrastyle (l. 191) Un Aphrodisieion (l. 196) Le grand ttrastyle (l. 197) Un ttrastyle dAthna (l. 197-198) La porte Slniaque (l. 199)

    Le site internet de luniversit dHeidelberg propose le titre suivant pour ce document : Kostenanschlag des Aurelius Appianos fr Reparaturen und den Wiederaufbau der Antinoitischen Strae und ihrer Anbauten in Hermoupolis 20. Or dans le document le nom de cette rue napparat jamais. Un autre document de la boul mentionne une maison qui est situe () 2 21, Hermopolis, dans le quartier est de la ville cot de ldifice vot sous larcade de lavenue dAntinoopolis . Cela prouve qu Hermoupolis existait bien une avenue qui portait ce nom, mais la question est de savoir si cest cette rue que le texte fait rfrence. Or les lments pour une telle quivalence manquent et il nexiste pas dautres documents pour conforter cette ide. Pourtant les archologues nont pas hsit se servir de ce document pour identifier les constructions mises au jour le long de laxe est-ouest de la ville.

    Le dcompte des frais pour ces travaux dpasse les 65 talents. Un programme de reconstruction aussi vaste ne sinscrit pas, comme la remarqu M. Drew-Bear, dans le cadre de lentretien normal que ncessitaient les difices22. On a donc reli ces rfections aux affrontements qui eurent lieu au dbut de lanne 262, opposant lusurpateur Mussius Aemilianus Aurlius Thodorus, gnral de Gallien. Il est certain que des combats se droulrent cette poque Alexandrie23, et on a ainsi mis lhypothse que ces troubles stendirent aussi Hermopolis, endommageant ses principaux monuments24.

    Or, dans un papyrus provenant de lArsinote25, dat de 314 apr. J.-C., on voit le stratge de ce mme nome annoncer un propritaire foncier du village de Tebetny quil a t dsign pour une liturgie. En contrepartie de cette lection, ce dernier est contraint doffrir de la main duvre et des animaux pour des projets de constructions publiques qui auront lieu Alexandrie. Cette pratique ne parat pas avoir t inhabituelle26. Ainsi pourrions-nous formuler une autre hypothse : la suite des ravages qui touchrent la capitale en 362 apr. J.-C., Hermopolis contribua une partie des travaux de rparation. Cela est dautant plus possible si lon se rappelle des liens souligns prcdemment entre

    20 http://papyri.info/ddbdp/sb;10;10299/#to-app-app0121 SPP V 119 IV recto, 15-17.22 M. Drew-Bear, Guerre civile et grands travaux Hermoupolis Magna sous Gallien , Akten des 21. Internationalen Papyrologenkongresses I, d. B. Kramer, Stuttgart-Leipzig, 1997, p. 238.23 Ibid., p. 242 et n. 23-24.24 Ibid., p. 242.25 F. Mitthof, Bestallung eines Liturgen im Zuge der Requisitionvon Arbeitskrften und Lasttieren fr ein ffentliches Bauvorhaben in Alexandreia , dans Akten des 21. Internationalen Papyrologenkongresses I, d. B. Kramer, Stuttgart-Leipzig, 1997, p. 706-718.26 A. ukaszewicz, Les difices publics dans les villes de lgypte Romaine, Varsovie, Wydawnictwa Uniwersytetu Warszawskiego, 1986, p. 96 et n. 67.

    4

  • Camenulae no7 juin 2011

    alexandrins et hermopolitains. Aurelios Appianos, retournant dans sa ville natale, pourrait avoir ramen avec lui le brouillon de ces dpenses qui concerneraient alors Alexandrie et non pas la ville de Moyenne gypte. Il existe une inscription, date du rgne de Domitien27, qui prouve que les carrires de calcaire du Gebel el-Teir, site proximit dHermopolis, appartenaient la cit dAlexandrie28. Le transport de colonnes voqu la ligne 137 du papyrus de Vienne ne pourrait-il donc pas avoir la capitale de lgypte comme destination finale ? Les lacunes trs importantes de notre document, notamment le dbut du texte, ne permettent pas de trancher dune faon dfinitive.

    Revenons maintenant la description des difices situs le long de la rue. Deux portes encadrent cette avenue, celle du Soleil, qui par son nom devait vraisemblablement tre situe lest29, et celle de la Lune louest. Ces deux monuments ne sont pas trangers la topographie alexandrine : dans cette ville en effet existaient aussi deux portes avec ces noms. Achille Tatius30 les dcrit et Jean Malalas31, chroniqueur byzantin du VIe sicle, relate quelles ont t difies par Antonin le Pieux. Un autre tmoignage indiscutablement d'Alexandrie, au moins pour la porte du Soleil ( ), est offert par un papyrus du IVe sicle apr. J.-C.32. La mention dune porte Slniaque ( ) apparat dans un papyrus du IIIe sicle apr. J.-C.33. Il sagit dune , un billet indiquant le parcours suivre pour trouver ladresse du destinataire. Le nom de la ville o se trouve cette porte nest pas mentionn, mais les diteurs du papyrus proposent Hermopolis34, en raison de la prsence de cette construction35. la ligne 7 de ce billet , il est question dune maison sept niveaux ( ). Ce genre de construction semblerait mieux sadapter au paysage monumental de la capitale qu celui dune mtropole de nome. Le document prsente la ligne 9 un autre lment particulier la topographie alexandrine : des , c'est--dire un passage urbain en escalier36. Rappelons enfin qu Hermopolis, comme le constate D. Bailey dans son rapport37, ces deux portes nont toujours pas t identifies.

    Aux lignes 156 et 199 du devis dAppianos, on voque un ttrastyle dAthna qui a t mis en rapport avec un temple ddi cette divinit. En effet dans plusieurs papyrus provenant dHermopolis, on trouve lexpression et dans des cas plus rares , que lon a traduit comme mesure du temple dAthna . Toutefois W. Clarysse remarque que38 :

    27 R. Cagnat, Inscriptiones graecae ad res romana pertinenetes I, Paris, 1911, n 1138.28 Cette inscription est voque par M. Drew-Bear, Le nome hermopolite , p. 27.29 ce propos cf. J. Gascou, Sophrone de Jrusalem : miracles des saints Cyr et Jean, Paris, de Boccard, 2006, p. 163, n. 972.30 Le roman de Leucipp et Clitophon, V, I.31 Chronographia, IX.32 P. Lond VI 1914, 15-16.33 P. Oxy XXXIV 2719, 2.34 P. Oxy XXXIV 2719, p. 111.35 Des doutes quant lidentification de la ville laquelle ce texte se rfre avec Hermopolis ont toutefois t mis par J. Gascou ; cf. J. Gascou, Compte rendu de R. Alston, The City in Roman and Byzantine Egypt, Londres, New-York, Routledge, 2002 , Topoi. Orient-Occident, 15/2, 2007, p. 700.36 Cf. P. Oxy XXXI 2553, 15 et LXIII 4395, 32.37 D.M. Bayley, Excavations at El-Ashmunein IV, p. 58.38 W. Clarysse, The Athenian Measure at Hermopolis , Zeitschrift fr Papyrologie und Epigraphik, 60, 1985, p. 233.

    5

  • Camenulae no7 juin 2011

    It is of course true that in Graeco-Roman Egypt several temple-measures were in use, but these are nearly always named after the god, not after the temple, []. Usually the deity in question is the main god of the locality, but in Hermopolis Athena does not play a very conspicuous role

    A. Calderini constate que dans deux documents qui concernent le dHermoupolis39, ci si riferisce a una sua copia che si trova nel nomo fuori dalla metropoli 40. Il ny a donc aucune rference un temple dAthna, et can only mean Athenian measure and it makes no sense to accept the reading as the regular one and to continue to translate measure of the Athena-temple 41. Il faut constater qu Alexandrie non plus le culte dAthna ne semble pas trs dvelopp : P. Fraser recense une seule inscription, date de la fin du IVe av. J.-C., attestant la prsence dun sanctuaire dAthna poliade42. Il sagit probablement dun acte de pit religieuse dun corps militaire qui stationnait dans la ville. J. Meckenzie dans son ouvrage consacr cette ville montre des pices de monnaie qui prsentent limage dun temple dAthna (cf. Fig. 3)43. condition que le ttrastyle dAthna voque bien un temple ddi cette desse, nous avons alors un deuxime monument dont la prsence Hermopolis nest confirme par aucun autre tmoignage, alors que ce nest pas le cas pour Alexandrie.

    Le papyrus que nous avons cit mentionnant la Porte du Soleil Alexandrie, la ligne 43 voque aussi un , cest dire une halle alimentaire. Pour Hermopolis en revanche nous navons pas dautres attestations que le papyrus de Vienne concernant cet difice, et larchologie napporte aucun indice supplmentaire car le march na pas t identifi avec certitude. Si donc nous pouvons affirmer sans aucun doute qu Alexandrie existait un , il nen va pas de mme pour Hermopolis.

    D. Bailey, dans son rapport, consacre une attention particulire deux monuments prsents dans le devis dAppianos : le komastrion et le Grand Ttrastyle44. Le premier difice, cit la ligne 183 du papyrus, est ainsi dcrit par larchologue anglais :

    Built on a podium high at the north front but rather lower on the main east-west street of Hermopolis at the rear, it is wider than it is long and consists of a large hall flanked on each side by aisled halls of lesser height. At the front, its portico has four large Corinthian columns, the inner two round, the other two square with engaged half-round small columns; on each side is a colonnade of four small columns. [...]The present writer has traced no Roman buildings of similar plan : [] our building is unlikely to have been a temple, it is not a stoa. And is unlike any nymphaion known to the writer. It could thus be either the makellon or the komastrion45.

    On comprend assez vite pour quelle raison larchologue cherche identifier cette structure avec un de ces deux difices. Lhypothse du march est carte par lauteur lui-mme car le

    39 PSI 30, 5 et P. Ryl II 168, 13.40 A. Calderini, , Ricerche di topografia e di storia della pubblica amministrazione nellEgitto greco-romano Milan, Aegyptus [Studi della scuola papirologia, IV3], 1924, p. 112-113.41 W. Clarysse, The Athenian Measure at Hermopolis , p. 233.42 Cf. P.M. Fraser, Ptolemaic Alexandria I, Oxford, Clarendon Press,1972, p. 195.43 J. Mckenzie, The Architecture of Alexandria and Egypt, c. 300 BC to AD 700, New Haven, Londres, Yale University Press, 2007, p. 187 n. 92, p. 188 fig. 320.44 D.M. Bayley, Excavations at El-Ashmunein IV, chap. 1 et chap. 4.45 Ibid., p. 21.

    6

  • Camenulae no7 juin 2011

    monument dgag ne prsente pas les deux lments fondamentaux qui caractrisent les , un mur qui en dtermine le primtre et une cour : il ne reste donc que le komastrion. A. ukaszewicz qui a tudi ce btiment dans son ouvrage consacr aux difices publics de lgypte romaine, le dfinit ainsi :

    Dans les papyrus apparat le terme nigmatique de komastrion qui mrite plus dattention, car il ne se trouve pas parmi les noms ddifices publics connus dans les autres provinces []. Ltymologie suggre un lien avec le ou plutt la , ce dernier mot dsignant une procession pendant laquelle on portait les images des dieux. Les prtres qui portaient ces images taient appels . [] Il faut donc croire que cest un difice li dune certaine manire au temple, mais nen faisant pas partie intgrante, peut-tre utilis par les cmastes organiss en une sorte de corporation et servant, suivant les besoins, de lieu de runion ou de banquet pour les corporations, ou de salle publique pour divers besoin de la socit locale46.

    Un de ces divers besoins est dcrit par un papyrus d'Hermopolis du Ier sicle apr. J.-C. qui prsente des ouvriers qui bchent et tamisent de lengrais dans le komastrion 47. Un deuxime papyrus qui date cette fois du Ier sicle av. J.-C. situe le dromos dHerms , ct du komastrion d'ici 48. De ce voisinage ainsi exprim faut-il comprendre que les deux difices fonctionnaient ensemble ? Cest la faon dont les archologues anglais ont interprt ce passage. Cela soulve toutefois un problme : quel est ce komastrion ? D. Bailey date ldifice prsent dans son rapport de lpoque antonine, donc il ne peut pas sagir du mme monument voqu par ce papyrus. Les archologues proposent didentifier le bastion , une construction quadrangulaire en brique crue proche de ldifice fouill, au komastrion dpoque ptolmaque. Toutefois les diffrences dans le plan et dans la structure de ces deux btiments empchent daccepter cette hypothse. Il semblerait plutt quil faille voir dans la construction dpoque ptolmaque une de ces structures prsentes sur dautres sites gyptiens tels que Naukratis, Tell Dafna, Memphis, El-Hibeh, Medinet Habou et Tukh el-Karamus et dont la fonction est encore sujet dbat. G. Cavillier49, propose pour cet difice un rle militaire ou pseudo-militaire , tandis que Fr. Leclre le rapproche des magasins purs (n w b en langue gyptienne). Il sagirait de lieux de prparation, de conscration et de stockage des offrandes destines aux divinits adores dans le tmnos 50. G. Husson voit dans le terme grec komastrion lquivalent de lexpression gyptienne employe pour dsigner ces magasins51. En suivant cette hypothse, le vritable komastrion dHermopolis serait alors le btiment dpoque ptolmaque et non ldifice dat du rgne dAntonin dont lidentification est probable sans tre sre 52. Quelle que soit la ralit laquelle ce terme renvoie, dans lHermopolite cette structure ne

    46 A. ukaszewicz, Les difices publics, p. 61-64.47 SB VIII 9699, XVIII, 408.48 P. Ryl. II 68, 7-9.49 G. Cavillier, Il bastione di Hermopolis Magna. Riflessioni su di un modo di architettura militare di et tolemaica e la sua importanza nella definizione di Phrourion , Faraoni come dei, Tolemei come faraoni. Atti del V Congresso Internazionale Italo-Egiziano, Turin-Palerme, 2003, p. 232-233 n. 28-29.50 Fr. Leclre, Les villes de Basse gypte au Ier millnaire av. J.-C. : analyse archologique et historique de la topographie urbaine, Le Caire, Institut franais darchologie orientale [Bibliothque dtude, 144], 2008, vol. II, p. 636.51 Husson G., Komastrion et quelques termes darchitecture religieuse du grec dgypte , Langues en contact dans lantiquit, ds A. Blanc., A. Christol, Nancy, ADRA ; Paris, de Boccard, 1999, p. 125-129.52 Ibid., p. 128.

    7

  • Camenulae no7 juin 2011

    se trouvait pas seulement dans la capitale : en effet un papyrus, du Ier sicle apr. J.-C.53, mentionne un komastrion et un dromos dHerms dans le village de Pesla54. Contrairement la mtropole, ici les deux difices ne semblent pas se trouver cte cte car le dromos est dfini comme , de louest, et le komastrion comme , de lest. Encore une fois le problme qui se prsente est le mme : il est certain quun komastrion a exist Hermopolis, mais il ne sagit pas dun monument que lon ne puisse pas trouver dans dautre villes. Il y en avait un Tebtynis55, par exemple, et nous avons vu que mme un petit village pouvait se doter dune telle structure. Pour linstant nous navons pas de preuves sres, mais la prsence dun tel monument Alexandrie ne serait pas surprenante.

    Lautre monument comment par Bailey est le Grand Ttrastyle, dont la mention se trouve la ligne 197 de notre papyrus. Dans le document, il est aussi question de deux autres ttrastyles, mais celui-ci est le seul porter ladjectif de grand . Dans les plans de la ville, restitus par les archologues du British Museum, ce monument marque le croisement entre les deux axes principaux de la ville, lavenue dAntinoopolis et le dromos dHerms. Sa taille considrable serait donc due son emplacement au cur dHermopolis. Un papyrus du IIIe sicle apr. J.-C. cite un 56, le ttrastyle du sud tout prs du dromos pav de pierre. Le dromos a t reconnu avec celui dHerms, peut-on faire la mme chose avec lautre monument et lidentifier au grand ttrastyle ? Quels sont les lments sur le terrain qui permettent la restitution de cet difice ? Les archologues ont retrouv :

    Un chapiteau corinthien dont la partie infrieure rappelle celle des chapiteaux du komastrion.

    Un tambour de colonne dun diamtre de 1, 91 m. Une ddicace de prs de 4 m de haut en lhonneur de Marc Aurle et de Commode,

    aujourdhui disparue, probablement grave sur le pidestal dune des colonnes.Ces lments indiquent sans doute la prsence dune colonne monumentale, mais pas

    forcment dun ttrastyle dautant plus que la distance entre les colonnes na pas pu tre tablie. Cette hypothse nest pas carte par D. Bailey qui admet que :

    It could be argued that the archaeological evidence (one possible pedestal, one capital, one drum) points to a single honorific column, rather than a group of four, but the mention in Aurelius Appianus Repair Papyrus of three tetrastyla along Antinoe Street must be taken into consideration57.

    Notre document a encore une fois influenc les rsultats des oprations sur le terrain. M. Drew-Bear dans son compte rendu de louvrage de D. Bailey58, attire lattention du lecteur sur un problme que pose la restitution propose la planche 109 : un escalier limitrophe dune des colonnes se trouverait en plein milieu du carrefour : cela est tout de mme assez surprenant (cf. Fig. 2) Dans cette image nous pouvons voir aussi les deux

    53 CPR VI 72, 12-13, 15-16.54 Pour ce village cf. M. Drew-Bear, Le nome hermopolite, p. 204-206.55 P. Mich. II 123 recto I a 19, c 4, d 12.56 P.Oxy. XVII 2138, 14-15.57 D.M. Bayley, Excavations at El-Ashmunein IV, p. 31.58 M. Drew-Bear, Compte rendu de Bayley D.M., Excavations at El-Ashmunein IV, Hermopolis Magna: Buildings of the Roman Period, Londres, 1991 , Chronique dgypte, 69, 1994, p. 384-387.

    8

  • Camenulae no7 juin 2011

    nymphes cits la ligne 185 de notre papyrus, de part et dautre du Grand Ttrastyle. Un texte des archives municipales mentionne deux nymphes, mais il situe le premier lintrieur du grand temple dHerms et le deuxime lintrieur du temple dAphrodite.

    La mention de ce dernier monument dans un autre papyrus pourrait renforcer la thse que SB X 10299 dcrirait le centre dHermopolis. Nous avons aussi des tmoignages qui proviennent dautres documents concernant le temple dHadrien59 et celui de la Fortune60. Cependant, il sagit ddifices dont lexistence est aussi atteste Alexandrie. Le Tychaion, tait le centre du culte de lAgathe Tyche dans la capitale (cf. Fig. 5)61. Une inscription de 170 apr. J.-C. mentionne un archiereus de lHadrianeion et du Sebasteion62. Le culte dAphrodite avait t encourag Alexandrie sous Arsino Philadelphe et une inscription cite un temple de Vnus dans le Caesareum63.

    Il faut analyser un dernier monument avant de tirer nos conclusions sur ce document. Il sagit du Srapum cit la ligne 180 qui est dfini , prs du Neilaion. Hermopolis nous avons les traces dau moins deux temples ddis Sarapis, mais ils ne sont jamais dfinis par leur voisinage avec le Neilaion. Un de ces deux temples nest pas proprement situ dans la ville elle-mme, mais au bord du dsert vers la ncropole de Touna el Gebel : il sagit du Srapum dit des sables 64. Lautre, celui en milieu urbain, se trouvait probablement lintrieur du gymnase de la ville65.

    H. Schmitz a propos didentifier la (avenue sarapica)66, mentionne par un papyrus qui daterait vraisemblablement du IIIe sicle de notre re67, une rue qui relierait les deux Srapia. Celui en ville, par sa position dans le gymnase, laisserait plutt penser un culte grec, alors que lautre reflterait davantage un culte local. Cette rue commencerait partir du Grand Ttrastyle et constituerait la moiti occidentale de laxe est-ouest de la ville.

    Il ne sagit l que dhypothses difficilement vrifiables par la documentation disponible, au contraire il est sr quaucun autre texte, notre connaissance, ne mentionne pour Hermopolis un temple de Sarapis ct dun Neilaion68. Le Srapum dAlexandrie tait au contraire prs dun nilomtre69. Dans la capitale lagide en outre le culte du Nil tait

    59 Chr. W. 152, 26.60 SB XVIII 13309 et P. Herm. Rees. 52, 8.61 Cf. P.M. Fraser, Ptolemaic Alexandria I, p. 242, et J. Mckenzie, The Architecture of Alexandria, p. 187, fig. 322.62 Cf. S. de Ricci, Bulletin pigraphique de lgypte romane. Inscriptions grecques (1896-1902) , Archiv fr Papyrusforschung und verwandte Gebiete, 2, 1903, p. 444, n 66, 20 ; pour dautres attestations cf. A. Calderini, S. Daris, Dizionario dei nomi geografici e topografici dellEgitto greco-romano, vol. I, Le Caire-Madrid-Milan, Societ reale di geografia dEgitto, Consejo Superior de Investigaciones Cientficas, Cisalpina Goliardica, 1935-1936, p. 89-90.63 Cf. P.M. Fraser, Ptolemaic Alexandria I, p. 197 et J. Mckenzie, The Architecture of Alexandria, p. 176 n.19.64 Cf. P. Ryl. II 153, 6 et SB VIII 9792, 3-5.65 Cf. P. Brem. 46, 7-8.66 G. Roeder, Hermopolis 1929-1939, Hildesheim, Gebrder Gerstenberg, 1959, chap. IV 28 d, f, p. 113.67 P. Amh. II 98, 3.68 D.M. Bayley, Excavations at El-Ashmunein IV, p. 56, n. 58 cite un autre document qui mentionnerait ce Srapum prs du Neilaion le P. Ryl. II 153, 6. Ce document est en effet cit dans le dictionnaire des noms gographiques de A. Calderini ; toutefois en vrifiant le texte on peut sapercevoir que ldifice cit dans le document nest pas le temple de Serapis cte du temple du dieu Nil, mais celui situ dans le dsert : le Srapum des sables .69 J. Mckenzie, The Architecture of Alexandria, p. 21.

    9

  • Camenulae no7 juin 2011

    pratiqu70, et on a retrouv des pices de monnaie prsentant limage dun temple consacr au dieu Nil (cf. Fig. 4)71. Par une pigramme72, probablement ddie Arsino III et aux nymphes, nous savons quil y avait mme un nymphe sous les Ptolmes.

    Nous avons donc tudi les difficults que pose linterprtation de ce document. Les parallles avec les autres textes ne semblent pas conforter lhypothse de lorigine hermopolitaine de ce papyrus. Si nous nous tournons du ct de larchologie, des hypothses plus sduisantes ont t proposes, mais nous sommes oblig dadmettre, avec Bailey, que parmi les temples et les monuments que les papyrus (et plus particulirement le ntre) nous prsentent le long de laxe est-ouest de la ville au milieu du IIIe sicle de notre re, only one has been identified on the ground : le komastrion. Cependant, larchologue anglais nous dit propos de ce monument que : the komasterion would not have been identified as such without papyrological evidences . Quelles sont ces preuves ? Le P. Vindobonensis Gr. 12565 verso. Nous sommes donc dans un raisonnement tautologique : les archologues sappuient sur les papyrus pour identifier les monuments dcouverts et les papyrologues se fondent sur ces dcouvertes, largement influences par la papyrologie, pour interprter les textes quils tudient. Il est difficile de sortir de ce cercle vicieux.

    Que dire alors ? Quelle est cette mystrieuse ville que le texte nous dcrit ? notre avis cette question ne pourra pas tre tranche sans la dcouverte de nouveaux documents, quils soient archologiques ou papyrologiques. Nous sommes daccord avec M. Drew-Bear quand elle affirme que pour linstant, ltat du site, trop boulevers, et une documentation papyrologique lacunaire empchent aussi bien dadopter que de rfuter totalement ces hypothses . Cette remarque en revanche ne doit pas se limiter aux rapports des fouilles mais elle doit aussi sadresser linterprtation, parfois dpourvue du sens critique ncessaire, de la documentation papyrologique.

    BIBLIOGRAPHIE

    Pour les ditions des papyrus nous renvoyons :OATES, J. F., BAGNALL, R. S., CLACKSON, S. J. et al., Checklist of Editions of Greek, Latin, Demotic and Coptic Papyri, Ostraca and Tablets, 5e d., Atlanta, American Society of Papyrologists [Bulletin of the American Society of Papyrologists, Suppl. 9], 2001.On peut consulter la version mise jour par J. F. Oates et J. D. Sosin, sur le site.Pour les ditions des inscriptions nous renvoyons :BRARD, F., Guide de lpigraphiste, 4e d., Paris, Rue dUlm, 2010.BAYLEY, D.M., Excavations at El-Ashmunein IV. Hermopolis Magna: Buildings of the Roman Period, Londres, British Museum Press [British Museum Expeditions to Middle Egypt], 1991.BERNAND, ., Inscriptions grecques dHermoupolis Magna et de sa ncropole, Le Caire, Institut franais darchologie orientale [Bibliothque dtude, 123], 1999.DREW-BEAR, M., Le nome hermopolite : toponymes et sites, Missoula, Scholars Press [American Studies in Papyrology, 21], 1979.

    70 P.M. Fraser, Ptolemaic Alexandria I, p. 236.71 J. Mckenzie, The Architecture of Alexandria, p. 187, n. 94 et fig. 321.72 Cf. P.M. Fraser, Ptolemaic Alexandria I, p. 609-610 et J. Mckenzie, ibid., p. 61.

    10

    http://scriptorium.lib.duke.edu/papyrus/texts/clist.html

  • Camenulae no7 juin 2011

    DREW-BEAR, M., Compte rendu de D.M. Bayley, Excavations at El-Ashmunein IV, Hermopolis Magna: Buildings of the Roman Period, Londres, 1991 , Chronique dgypte, 69, 1994, p. 384-387.DREW-BEAR, M., De la Porte du Soleil la Porte de la Lune Hermoupolis Magna , Akten des 23. Internationalen Papyrologen-Kongresses, d. P. Bernhard, Vienne, 2007, p. 199-202.FRASER, P.M., Ptolemaic Alexandria, vol. I-II, Oxford, Clarendon Press, 1972.HUSSON, G., Komastrion et quelques termes darchitecture religieuse du grec dgypte , Langues en contact dans lantiquit, ds A. Blanc, A. Christol, Nancy, ADRA ; Paris, de Boccard, 1999, p. 125-129.UKASZEWICZ, A., Les difices publics dans les villes de lgypte romaine, Varsovie, Wydawnictwa Uniwersytetu Warszawskiego, 1986.MCKENZIE, J., The Architecture of Alexandria and Egypt, c. 300 BC to AD 700 , New Haven-Londres, Yale University Press, 2007.ROEDER, G., Hermopolis 1929-1939, Hildesheim, Gebrder Gerstenberg, 1959.SCHMITZ, H., Die Bauurkunde in P. Vindob. Gr. 12565 im Lichte der Ergebnisse der deutschen Hermopolis-Expedition , Papyri und Altertumswissenschaft. Vortrge des 3. Internationalen Papyrologentages in Mnchen vom 4. bis 7. September 1933 , ds W. Otto, L. Wenger, Munich, Beck [Mnchner Beitrge zur Papyrusforschung , 19], 1934, p. 419-428.

    11

  • Camenulae no7 juin 2011

    FIG. 1 : Le centre religieux dHermopolis.

    12

  • Camenulae no7 juin 2011

    FIG. 2 : Reconstitution du grand ttrastyle et des difices limitrophes.

    13

  • Camenulae no7 juin 2011

    Fig. 3 : Temple dAthna sur une monnaie dAlexandrie datant du rgne dAntonin le Pieux.

    Fig. 4 : Neilaion sur une monnaie dAlexandrie datant du rgne dAntonin le Pieux.

    Fig. 5 : Tychum sur une monnaie dAlexandrie datant du rgne dAntonin le Pieux.

    14