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La tradition populaire de danse en Basse-Bretagne. Thèse pour le doctorat ès-lettres by Jean- Michel GUILCHER Arts et traditions populaires, 12e Année, No. 1 (Janvier-Mars 1964), pp. 74-77 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41001228 . Accessed: 17/06/2014 18:16 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Arts et traditions populaires. http://www.jstor.org This content downloaded from 62.122.73.34 on Tue, 17 Jun 2014 18:16:32 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

La tradition populaire de danse en Basse-Bretagne. Thèse pour le doctorat ès-lettresby Jean-Michel GUILCHER

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La tradition populaire de danse en Basse-Bretagne. Thèse pour le doctorat ès-lettres by Jean-Michel GUILCHERArts et traditions populaires, 12e Année, No. 1 (Janvier-Mars 1964), pp. 74-77Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41001228 .

Accessed: 17/06/2014 18:16

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COMPTES RENDUS (1)

Jean-Michel GUILCHER. La tradition populaire de danse en Basse-Bre- tagne. Thèse pour le doctorat ès-lettres. Paris-La Haye, Mouton & Co., 1963, in-4°, 615 p., mus. notée.

Le titre de cet ouvrage mérite de retenir l'attention. Il n'est pas « La danse populaire traditionnelle en Basse-Bretagne » mais « La tradition populaire de danse en Basse-Bretagne ».

Quelles que soient en effet l'ampleur, la rigueur, la minutie, sans précédents en uotre pays et peut-être dans les autres, avec lesquelles l'auteur nous informe de l'état de la danse traditionnelle au moment de son enquête menée systématiquement pendant viugt ans dans toutes les régions du territoire linguistique breton, son des- sein ne s'est pas borné à ce seul inventaire.

Il s'est attaché en outre, et ses découvertes dans ce domaine l'ont amené de son propre aveu à donner une importance croissante à cet aspect de son travail, à étudier le véhicule même de cette danse à travers le temps et l'espace, c'est-à-dire sa tradition au sens strict du terme : conditions, agents et processus de la transmis- sion, et les mécanismes d'évolution qui lui sont indissolublement associés.

Estimant que cinquante ans d'histoire constatée valent mieux que vingt siècles d'histoire imaginée, il a d'abord fait porter son effort sur la période (en gros 1880- 1930) à propos de laquelle il lui était possible de recueillir en abondance et suivant les méthodes les plus rigoureuses les témoignages directs d'informateurs appartenant aux différentes générations qui ont vécu pendant ce laps de temps.

Là réside déjà, parmi beaucoup d'autres, une originalité profonde de ce livre qui nous offre en quelque sorte un demi-siècle d'histoire de la danse traditionnelle en Basse-Bretagne.

Guilcher tient cependant à souligner que les constatations faites relativement à cette période, durant laquelle la modernisation progressive des conditions et modes de vie a porté atteinte de façon croissante aux survivances de la civilisation tradi- tionnelle, ne sauraient être considérées a priori comme fournissant une image absolue de ce qu'avait pu être la tradition dans les époques antérieures.

Il n'en est pas moins vrai que cette connaissance certaine du passé proche constitue l'une des bases indispensables pour l'exploration d'un passé plus lointain.

Guilcher y a joint la documentation, selon toute apparence quasi-exhaustive, qu'il a réunie tant en ce qui concerne les attestations de la tradition populaire de danse en Bretagne du xvie au xix* siècles que les formes anciennes plus ou moins similaires de la danse d'autres pays (français et étrangers) et d'autres milieux sociaux.

(1) Tous les ouvrages analysés sont consultables à la Bibliothèque Atp.

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COMPTES RENDUS 75

Quant au problème des origines reculées, et notamment préhistoriques, de la danse traditionnelle bretonne, il Ta délibérément laissé de côté, estimant n'avoir ren- contré ni sur le terrain ni dans la documentation en son état actuel aucun élément qui lui permette de l'aborder avec sérieux.

Sa méthode a été en somme la suivante : premièrement acquérir sans aucun parti-pris préalable, de préférence par observation immédiate (si possible de groupes plutôt que d'individus), puis par témoignages directs, enfin (surtout pour les époques plus lointaines) par documents bibliographiques et iconographiques passés au crible d'une sévère critique, une connaissance aussi juste et profonde que possible tant de la danse bretonne qui fait l'objet de son étude que de toutes autres qu'on peut croire susceptibles de présenter avec elle une parenté quelconque. Ensuite, et ensuite seulement, tenter avec toute la prudence qui s'impose les interprétations qui peu- vent paraître vraisemblables quant à l'origine et à l'évolution des différents types de la danse bretonne.

Cette démarche trouve son reflet dans une présentation qui sépare entièrement dans chaque cas l'exposé des faits, accompagné de toutes précisions (indication des sources directes ou indirectes) permettant de les vérifier, d'une interprétation dont chacun a ainsi le moyen d'apprécier par lui-même le bien fondé, d'autant qu'avec une loyauté exemplaire Guilcher se fait scrupule de ne passer sous silence aucun des renseignements recueiilis, si contradictoires qu'ils puissent être parfois.

Il a été favorisé dans sa monumentale entreprise par différentes circonstances personnelles : son appartenance bretonne tout d'abord (dont il ne faut cependant pas exagérer l'importance), sa formation scientifique, ses qualités de danseur, à dé- faut desquelles l'analyse du mouvement, au degré auquel il l'a poussée, ne lui eût certainement pas été possible, sa connaissance de la danse folklorique d'autres régions françaises et de nombreux pays étrangers, son expérience pédagogique enfin à la-

quelle il est sans doute en partie redevable à la fois de sa technique de l'analyse et de son art de l'explication.

Cette explication, c'est-à-dire celle du mouvement, tient une très grande place, la plus grande place même dans l'ouvrage, car pour Guilcher aucune conclusion assu- rée ne saurait être tirée, lorsqu'il s'agit d'expression en mouvement, d'une étude qui omettrait de prendre tout d'abord en considération le mouvement lui-même.

Son désir d'appréhender le plus exactement possible celui-ci l'a conduit à tra- vers de longs tâtonnements à une méthode de décomposition en trois étapes : Io ) schéma d'appui c'est-à-dire pose des pieds sur le sol en fonction du rythme et répar- tition entre eux du poids du corps ; 2° ) dessin du mouvement, c'est-à-dire forme du geste des jambes, des bras, du corps, d'une position à une autre ; 3° ) style, soit selon son heureuse formule « ce qui reste quand on a tout analysé ».

Pour transmettre les résultats de son investigation, Guilcher a, à peu d'excep- tions près, renoncé aux figurations graphiques, l'expérience lui ayant montré - au moins pour le répertoire qu'il avait en la circonstance à décrire - le caractère falla- cieux d'un schématisme qui réduit la danse à une succession de positions sans aucun

moyen de rendre compte des qualités intrinsèques et originales du mouvement pro- prement dit.

Sa description, essentiellement rédactionnelle donc, n'a pas au demeurant pour but de permettre la reproduction des danses par qui ne les connaît pas, ce qui serait de toutes façons une vaine entreprise, mais de donner au lecteur le moyen de s'en faire l'idée la plus juste possible, à quoi concourt heureusement une expression litté- raire aussi simple que raffinée.

On ne doit pas passer sous silence le fait que dans son étude du mouvement les documents filmés par ses soins (qui demeurent en outre les témoins irrécusables

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76 ARTS ET TRADITIONS POPULAIRES

de ce qu'il affirme) ont été dans bien des cas pour Guilchcr de très précieux auxi- liaires encore que, pense-t-il, l'image mouvante ne puisse à elle seule suffire totale- ment à rendre compte de la danse si un commentaire approprié n'aide à prendre conscience de ce dont elle se compose.

A côté de la description du répertoire, âme même de l'ouvrage, et des inter- prétations qu'elle rend possibles, d'autres chapitres indispensables à la compréhension du fait « danse » dans la société rurale bretonne traditionnelle seront hautement appréciés même par les lecteurs chez qui la danse ne correspond à aucune compé- tence, à aucun intérêt particuliers. Ce sont ceux, captivants, qui en préambule définis- sent la place matérielle et morale de « la danse dans la vie ».

Il faut signaler encore, dans un ordre d'idées voisin, les très remarquables pages consacrées à l'enquête, et qui pourraient à vrai dire être à peu de choses près le bréviaiie de tout enquêteur ethnographe, quel que soit l'objet de sa recherche.

Guilcher insiste en particulier, à ce sujet, sur l'esprit critique qui doit s'exercer à l'endroit de tout témoignage, si sincère qu'il paraisse, et que, comme d'autres auteurs l'avaient déjà relevé avant lui, l'enquêteur ne doit pas manquer non plus d'appliquer à son propre comportement. Il peut en effet par celui-ci, et notamment par le choix de ses questions, la façon de les poser, influencer très fortement, quoi- que de façon purement inconsciente, les réponses de l'informateur.

Les remarques générales sur l'évolution, formulées en conclusion de l'étude sur le répertoire, prendront un jour, nous n'en doutons pas, toute leur valeur dans les grandes synthèses à venir. Elles se rapprochent sur bien des points de celles de Coirault dans le domaine de la chanson, comme par exemple lorsqu'elles montrent cette tendance constante du monde rural archaïque, lors de ses emprunts à des mi- lieux extérieurs, à ramener le «nouveau» à du «connu», et plus généralemem lorsqu'elles mettent en lumière l'importance trop méconnue des phénomènes de 1'« élaboration » folklorique.

Elles attirent notamment l'attention sur les faits encore peu étudiés de sélec- tion, lesquels, d'une façon qui fait un peu penser aux mécanismes biologiques, assu- rent au terme de l'élaboration la propagation de types relativement réussis au détri- ment d'autres moins bien venus.

En ce qui concerne l'objet propre de l'ouvrage, les déductions, sérieusement étayées, de Guilcher peuvent laisser entrevoit à l'occasion du cas de la Bretagne un processus liistorique selon lequel une danse qui à l'origine aurait été en tous milieux surtout communautaire, danse de pas plutôt que de figures, en ronde ou en rangs, et étroitement liée au chant, aurait évolué en milieu aristocratique, puis bourgeois et populaire urbain, puis populaire rural, vers une danse de pur divertissement, instru- mentalement accompagnée, dans laquelle, grâce notamment au fractionnement des chaînes, à l'introduction des figures, la performance individuelle aurait acquis une importance beaucoup plus grande.

Mais nous allons ici bien au-delà de ce qu'avance Guilcher, trop respectueux de la leçon des faits pour anticiper sur leurs enseignements. Il n'est pas exclu ce- pendant que les recherches qu'il a d'ores et déjà entreprises dans d'autres régions françaises ne donnent du corps à de telles hypothèses et c'est une raison de plus d'en attendre avec impatience les résultats.

Ce que ses travaux démontrent en tous cas dès maintenant avec certitude, c'est, à l'instar de ce que Coirault a mis en évidence pour la chanson, la constance et l'importance des échanges qui n'ont cessé de se produire dans ua pays comme le nôtre, compte tenu des décalages classiques, entre la civilisation traditionnelle et les centres urbains de culture. Certaines découvertes, faites par lui dans ce domaine, comme par exemple en ce qui concerne la Dérobée ou le Jabadao, ont véritablement valeur de « démystification ».

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COMPTES RENDUS 77

La dernière de ces deux danses semble en particulier un des plus heureux produits de la rénovation, au xix* siècle, de la danse bretonne ancienne par la con- tredanse parisienne (elle-même en partie issue indirectement d'une tradition rurale britannique). C'est peut-être à cette époque que la danse populaire traditionnelle, cumulant les valeurs du pas et de la figure, a atteint son plus haut niveau d'accom- plissement, précédant de peu son déclin lié à l'inéluctable marche de la civilisation.

A ce déclin n'a pas fait obstacle l'institution des groupes folkloriques ou cer- cles celtiques dont l'activité ne saurait se confondre avec les survivances de la tra- dition, la différence radicale d'intentions et de conditions conduisant nécessairement dans leur cas à une évolution de toute autre nature, qui n'a plus aucun rapport avec la vie des danses dans un milieu traditionnel maintenant en voie de rapide disparition.

Cette différence d'intentions et de conditions dont nous venons de parler ne doit cependant pas porter à croire à plus qu'il n'y a dans la danse traditionnelle bretonne. Si en effet celle-ci a parfois valeur cérémonielle, voire rituelle (sans que cela corresponde pour autant à des formes de danses différentes de celles d'usage utilitaire ou de simple divertissement), il est important de noter que nulle part Guilcher n'a relevé, chez des populations qui pourtant ont conservé tant de croyan- ces de type archaïque, la moindre trace d'une signification magique accordée dans le présent ou dans le passé à la danse.

Encore que Guilcher se soit absolument défendu de vouloir faire œuvre musi- cologique, il est impossible de ne pas mentionner l'intérêt des pages qu'il a consa- crées à l'accompagnement chanté dans le « Rückzugsgebiet » de la Cornouaille inté- rieure, notamment sous la forme du « Kan ha diskan ». Le mot d'accompagnement est du reste ici impropre, employé à propos d'une manifestation qui est à titre égal expression poétique, musicale et corporelle.

L'exécution d'une même chanson sous deux formes successives, l'une, non liée au mouvement, extrêmement libre rythmiquement et mélodiquement, l'autre rythmant le mouvement et de ce fait plus rigoureuse tout en laissant encore une large place à Tinvention personnelle, est, en même temps semble-t-il qu'une pratique très origi- nale, une preuve de l'égalité absolue dont jouissaient dans les esprits les trois termes de cette triade.

Ce n'est là qu'un exemple des multiples richesses d'un ouvrage qui, consacré à la danse folklorique bretonne, dépasse en fait aussi bien la Bretagne que le fol- klore et la danse.

Il dépasse la Bretagne à titre de contribution précieuse à l'histoire générale de la danse en France. Il dépasse le folklore par sa brève mais brillante psychologie du danseur traditionnel, qui pose en fait tout le problème du psychisme de la danse. Il dépasse la danse par son important apport à la connaissance de la civilisation tra- ditionnelle.

Jean-Michel GUILCHER. La contredanse française - Ses origines - Son évolution. Thèse complémentaire pour le doctorat ès-lettres présentée par J. M. Guilcher, Université de Paris, Faculté des lettres et sciences humaines.

Dans son étude de la tradition populaire de danse en Basse-Bretagne, faisant l'objet de sa thèse principale (cf. c. r. ci-dessus) J. M. Guilcher a constaté à maintes reprises les influences exercées sur cette tradition rurale, à partir de la fin du xviii0 siècle ou du début du XIXe, par la contredanse parisienne. Il y a lieu de penser que

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