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5 actualités Actualités pharmaceutiques n° 482 Février 2009 médicaments, mais doit aussi comprendre les frais de livrai- son jusqu’aux centres de soins et les frais de fonctionnement. Il s’agit d’une première année, d’observation. D’après la Direc- tion générale des affaires socia- les, il existerait 600 centres en France. Ils doivent désormais être répertoriés et demander un agrément aux Directions régio- nales des affaires sanitaires et sociales (DRASS) avant de pou- voir recevoir des médicaments. AP : Pourquoi s’être doté d’un établissement phar- maceutique ? Quel sera son fonctionnement ? JMM : Nous avons dû nous met- tre en conformité avec la régle- mentation. Nous avons ainsi obtenu l’agrément ONG (orga- nisation non gouvernementale) en novembre 2007. Nous avons également ouvert un établisse- ment pharmaceutique à Nîmes dans le Gard pour lequel nous avons obtenu l’agrément en octo- bre 2008 et qui est opérationnel depuis le 1 er janvier. Nous avons choisi de l’implanter à Nîmes car la mairie nous a quasiment offert un local, qui était facile à transfor- mer, sécurisé, spacieux et parce que nous disposions localement de suffisamment de bénévoles pour le faire fonctionner. AP : Comment les centres de tri de PHI vont-ils s’organiser pour continuer à venir en aide à ceux qui, dans le monde, ont besoin de bénéficier d’un sou- tien pharmaceutique ? JMM : Pour l’instant, l’établis- sement de Nîmes ne fonctionne qu’avec des bénévoles. Tant que cela est réalisable, nous le ferons car il s’agit d’argent public que nous avons le devoir de ration- naliser mais il est probable que, par la suite, nous soyons obligés d’embaucher des permanents. Concernant l’aide internationale, nous sommes dans l’inconnu quant à l’avenir. Comme nos confrères de l’Ordre de Malte, nous sommes catastrophés de l’attitude du ministère des Affai- res étrangères français. Nous ne savons ni comment nous allons fonctionner ni avec quels moyens. Il nous paraît clair que plus de la moitié de nos centres de tri sont amenés à disparaître. Cependant, la loi ne concernant que les médicaments, certains centres vont continuer à récu- pérer les produits dits LPP, les produits de nutrition et le petit matériel comme les fauteuils, les lits ou les cannes. Certains centres souhaitent aussi s’orga- niser pour trouver des partenai- res afin de financer des missions particulières. AP : Quels sont les pays où le besoin en médicaments se fait le plus sentir actuellement ? JMM : Essentiellement en Afri- que, mais aussi dans les pays de l’Est comme la Pologne, la Roumanie ou la Bulgarie où les conditions sociales constituent une véritable catastrophe. Les États indiquent qu’ils n’ont pas besoin d’aide, mais PHI Pologne est obligé d’ouvrir de plus en plus de centres de soins car la protec- tion sociale est inexistante et que le taux de chômage est énorme. AP : Disposez-vous de crédits européens pour ces actions ? JMM : D’un côté, il est très diffi- cile de savoir comment est uti- lisé l’argent qui est versé direc- tement aux États en difficulté. Un détournement pour acheter des armes n’est pas à exclure. D’un autre côté, à la différence de PSF, PHI s’intéresse à de petites structures qui échappent aux financements internatio- naux. Pour un dispensaire très reculé, n’ayant qu’un potentiel de 50 patients par jour, un budget de 5 000 euros est suffisant pour fonctionner. De telles structures ne peuvent répondre aux pro- grammes internationaux ; elles font pourtant un travail énorme sur le terrain. Or, on risque ne plus pouvoir les soutenir. AP : Comment les pharma- ciens ou le grand public peu- vent-ils vous venir en aide ? JMM : Le moyen le plus simple est de devenir donateur. Nous avons choisi de ne pas réaliser de campagnes nationales de communication pour privilégier une utilisation de l’argent récu- péré pour les missions et l’achat de médicaments. AP : Que conseillez-vous aux pharmaciens qui voudraient s’investir dans l’humanitaire en 2009 ? JMM : Ils peuvent devenir mem- bres de PHI. Il existe toujours des possibilités pour participer aux actions sur le terrain. On imagine toujours, pour les phar- maciens, des missions de dis- pensation de médicaments. Or, ils possèdent des compétences dans bien d’autres domaines comme l’hygiène, la formation des agents de santé, la mise en place de structure de soins. Qu’ils fassent appel à nous ! Propos recueillis par Sébastien Faure Maître de conférences des Universités, Faculté de pharmacie, Angers (49) [email protected] Note 1. www.phi-ep.org L e Groupe d’expertise et d’informa- tion sur la grippe (GEIG) a lancé un outil qui, depuis le 29 octobre der- nier, dresse en temps réel un état des lieux de la vaccination antigrippale par sexe, tranche d’âge (65/69 ans, 70/74 ans, 75 ans et +), catégorie socioprofession- nelle, région et catégorie d’agglomération. Son nom : le vaccinomètre. Les résultats de cette évaluation sont mis, chaque semaine, en ligne sur le nouveau site du GEIG, www.grippegeig.com. Depuis peu et pour quelques semaines encore, toute la France est touchée par le virus. Pourtant, la première semaine de jan- vier, seulement 66 % des personnes âgées de 65 ans et plus s’étaient fait vacciner contre la grippe alors que l’objectif du taux de couverture vaccinale fixé par l’Organi- sation mondiale pour la santé (OMS) est de 75 %. L’état de la vaccination antigrippale est d’ailleurs le même que celui qui était relevé le 10 décembre dernier, ce qui illustre une inquiétante stagnation. Il est donc urgent que tous les profes- sionnels de santé, dont les pharmaciens, sensibilisent les plus fragiles et rappellent les mesures d’hygiène indispensables par temps d’épidémie grippale : se laver les mains régulièrement, protéger sa bouche de sa main en cas de toux ou d’éternuement, adopter le masque lorsque l’on est malade, éviter de rester en contact avec des personnes grippées et utiliser des mouchoirs à usage unique... Élisa Derrien Prévention La vaccination antigrippale a pris du retard, foi de vaccinomètre vrait ue e à © DR

La vaccination antigrippale a pris du retard, foi de vaccinomètre

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Actualités pharmaceutiques n° 482 Février 2009

médicaments, mais doit aussi comprendre les frais de livrai-son jusqu’aux centres de soins et les frais de fonctionnement. Il s’agit d’une première année, d’observation. D’après la Direc-tion générale des affaires socia-les, il existerait 600 centres en France. Ils doivent désormais être répertoriés et demander un agrément aux Directions régio-nales des affaires sanitaires et sociales (DRASS) avant de pou-voir recevoir des médicaments.

AP : Pourquoi s’être doté d’un établissement phar-maceutique ? Quel sera son fonctionnement ?JMM : Nous avons dû nous met-tre en conformité avec la régle-mentation. Nous avons ainsi obtenu l’agrément ONG (orga-nisation non gouvernementale) en novembre 2007. Nous avons également ouvert un établisse-ment pharmaceutique à Nîmes dans le Gard pour lequel nous avons obtenu l’agrément en octo-bre 2008 et qui est opérationnel depuis le 1er janvier. Nous avons choisi de l’implanter à Nîmes car la mairie nous a quasiment offert un local, qui était facile à transfor-mer, sécurisé, spacieux et parce que nous disposions localement de suffisamment de bénévoles pour le faire fonctionner.

AP : Comment les centres de tri de PHI vont-ils s’organiser pour continuer à venir en aide à ceux qui, dans le monde, ont besoin de bénéficier d’un sou-tien pharmaceutique ?JMM : Pour l’instant, l’établis-sement de Nîmes ne fonctionne qu’avec des bénévoles. Tant que cela est réalisable, nous le ferons car il s’agit d’argent public que nous avons le devoir de ration-naliser mais il est probable que, par la suite, nous soyons obligés d’embaucher des permanents. Concernant l’aide internationale, nous sommes dans l’inconnu quant à l’avenir. Comme nos confrères de l’Ordre de Malte, nous sommes catastrophés de l’attitude du ministère des Affai-res étrangères français. Nous ne savons ni comment nous allons fonctionner ni avec quels moyens. Il nous paraît clair que plus de la moitié de nos centres de tri sont amenés à disparaître. Cependant, la loi ne concernant que les médicaments, certains centres vont continuer à récu-pérer les produits dits LPP, les produits de nutrition et le petit matériel comme les fauteuils, les lits ou les cannes. Certains centres souhaitent aussi s’orga-niser pour trouver des partenai-res afin de financer des missions particulières.

AP : Quels sont les pays où le besoin en médicaments se fait le plus sentir actuellement ?JMM : Essentiellement en Afri-que, mais aussi dans les pays de l’Est comme la Pologne, la Roumanie ou la Bulgarie où les conditions sociales constituent une véritable catastrophe. Les États indiquent qu’ils n’ont pas besoin d’aide, mais PHI Pologne est obligé d’ouvrir de plus en plus de centres de soins car la protec-tion sociale est inexistante et que le taux de chômage est énorme.

AP : Disposez-vous de crédits européens pour ces actions ?JMM : D’un côté, il est très diffi-cile de savoir comment est uti-lisé l’argent qui est versé direc-tement aux États en difficulté. Un détournement pour acheter des armes n’est pas à exclure. D’un autre côté, à la différence de PSF, PHI s’intéresse à de petites structures qui échappent aux financements internatio-naux. Pour un dispensaire très reculé, n’ayant qu’un potentiel de 50 patients par jour, un budget de 5 000 euros est suffisant pour fonctionner. De telles structures ne peuvent répondre aux pro-grammes internationaux ; elles font pourtant un travail énorme sur le terrain. Or, on risque ne plus pouvoir les soutenir.

AP : Comment les pharma-ciens ou le grand public peu-vent-ils vous venir en aide ?JMM : Le moyen le plus simple est de devenir donateur. Nous avons choisi de ne pas réaliser de campagnes nationales de communication pour privilégier une utilisation de l’argent récu-péré pour les missions et l’achat de médicaments.

AP : Que conseillez-vous aux pharmaciens qui voudraient s’investir dans l’humanitaire en 2009 ?JMM : Ils peuvent devenir mem-bres de PHI. Il existe toujours des possibilités pour participer aux actions sur le terrain. On imagine toujours, pour les phar-maciens, des missions de dis-pensation de médicaments. Or, ils possèdent des compétences dans bien d’autres domaines comme l’hygiène, la formation des agents de santé, la mise en place de structure de soins. Qu’ils fassent appel à nous ! �

Propos recueillis par

Sébastien Faure

Maître de conférences des Universités,

Faculté de pharmacie, Angers (49)

[email protected]

Note1. www.phi-ep.org

L e Groupe d’expertise et d’informa-tion sur la grippe (GEIG) a lancé un outil qui, depuis le 29 octobre der-

nier, dresse en temps réel un état des lieux de la vaccination antigrippale par sexe, tranche d’âge (65/69 ans, 70/74 ans, 75 ans et +), catégorie socioprofession-nelle, région et catégorie d’agglomération. Son nom : le vaccinomètre. Les résultats de cette évaluation sont mis, chaque semaine, en ligne sur le nouveau site du GEIG, www.grippegeig.com.

Depuis peu et pour quelques semaines encore, toute la France est touchée par le virus. Pourtant, la première semaine de jan-vier, seulement 66 % des personnes âgées de 65 ans et plus s’étaient fait vacciner contre la grippe alors que l’objectif du taux de couverture vaccinale fixé par l’Organi-sation mondiale pour la santé (OMS) est de 75 %. L’état de la vaccination antigrippale est d’ailleurs le même que celui qui était relevé le 10 décembre dernier, ce qui illustre une inquiétante stagnation.

Il est donc urgent que tous les profes-sionnels de santé, dont les pharmaciens, sensibilisent les plus fragiles et rappellent les mesures d’hygiène indispensables par temps d’épidémie grippale : se laver les mains régulièrement, protéger sa bouche de sa main en cas de toux ou d’éternuement, adopter le masque lorsque l’on est malade, éviter de rester en contact avec des personnes grippées et utiliser des mouchoirs à usage unique... �

Élisa Derrien

Prévention

La vaccination antigrippale a pris du retard, foi de vaccinomètre

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