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14 formation dossier Actualités pharmaceutiques n° 498 Septembre 2010 U n vaccin est une préparation antigénique dont l’administration à un sujet réceptif induit une réponse immunitaire protectrice spécifique à un agent infectieux donné, en produisant des anti- corps protecteurs. Un vaccin doit posséder trois grandes caractéristiques : être efficace, c’est-à-dire induire une mémoire immuni- taire et conférer une protection durable contre l’infection ; avoir une excellente tolérance en étant dénué, au maximum, d’effets indésirables graves ; être pratique à administrer quant à la modalité de prise ou d’injection, aux nombres d’administrations, aux conditions de conservations ou au coût. L’admi- nistration peut être sous-cutanée, intradermique, intramusculaire ou buccale. Principe de la vaccination - duire dans l’organisme tout ou partie d’un agent pathogène (virus, bactérie, toxine…) rendu inoffensif, mais ayant conservé son pouvoir immunogène. La réponse aux vaccinations est humorale (anticorps neutralisants produits par les lymphocytes B) et/ou cellulaire (lymphocytes T auxiliaires CD4 + indispensa- bles à l’activation des lymphocytes B, CD8 + ). en fonc- tion de la primovaccination ou des rappels : la réponse primaire survient après la première injection. Une période de latence, de 24-48 heures à 2 semaines, qui dépend des caractères propres au patient ainsi que des qualités immunogènes du vaccin, est observée. Survient ensuite une ascension rapide des anticorps (IgM) pour atteindre un maxi- mum au plus tard au bout d’un mois. Le taux d’anti- corps (Ac) décroît ensuite rapidement ; la réponse secondaire est notée après la seconde injection (rappel), en pratique jamais moins d’un mois après la première injection (mémoire immunologique). On assiste alors à une ascension rapide, importante et durable des anticorps protecteurs (IgG) sécrétés par les lymphocytes T et B. mémoire immunologique persiste très long- temps, même lorsque le taux d’anticorps, qui diminue progressivement, devient très faible. Lors de toute nouvelle introduction de l’antigène (vaccinal ou infec- tieux), ces populations de lymphocytes sont à nou- veau capables de produire rapidement de grandes quantités d’anticorps. Certains facteurs influencent la réponse immuni- taire : l’âge (immaturité du système immunitaire du nouveau-né et décroissance de la réponse à partir de 40 ans), les déficits immunitaires congénitaux ou acquis et des facteurs génétiques encore assez mal connus. Composition des vaccins Différents types de vaccins peuvent être distingués (tableau 1). Les vaccins vivants atténués sont constitués de bacté- ries ou de virus ayant perdu leur pouvoir pathogène, le plus souvent après passages successifs sur culture cellulaire. Ils induisent, après une dose unique, une immunité proche de celle qui succède à une infection naturelle. Ils entraînent une protection immunitaire accé- La vaccination, une démarche de santé publique La pratique de la vaccination au sein d’une collectivité ou d’une population donnée permet le contrôle, sinon l’éradication d’un certain nombre d’infections contagieuses. Les vaccinations constituent un instrument essentiel en santé publique. © Fotolia.com/DIA Un vaccin doit être efficace, pratique à administrer et, bien sûr, avoir une excellente tolérance.

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Actualités pharmaceutiques n° 498 Septembre 2010

Un vaccin est une préparation antigénique dont l’administration à un sujet réceptif induit une réponse immunitaire protectrice spécifique à

un agent infectieux donné, en produisant des anti-corps protecteurs.Un vaccin doit posséder trois grandes caractéristiques :

être efficace, c’est-à-dire induire une mémoire immuni-taire et conférer une protection durable contre l’infection ;

avoir une excellente tolérance en étant dénué, au maximum, d’effets indésirables graves ;

être pratique à administrer quant à la modalité de prise ou d’injection, aux nombres d’administrations, aux conditions de conservations ou au coût. L’admi-nistration peut être sous-cutanée, intradermique, intramusculaire ou buccale.

Principe de la vaccination-

duire dans l’organisme tout ou partie d’un agent pathogène (virus, bactérie, toxine…) rendu inoffensif, mais ayant conservé son pouvoir immunogène.La réponse aux vaccinations est humorale (anticorps neutralisants produits par les lymphocytes B) et/ou cellulaire (lymphocytes T auxiliaires CD4+ indispensa-bles à l’activation des lymphocytes B, CD8+).

en fonc-tion de la primovaccination ou des rappels :– la réponse primaire survient après la première injection. Une période de latence, de 24-48 heures à 2 semaines, qui dépend des caractères propres au patient ainsi que des qualités immunogènes du vaccin, est observée. Survient ensuite une ascension rapide des anticorps (IgM) pour atteindre un maxi-mum au plus tard au bout d’un mois. Le taux d’anti-corps (Ac) décroît ensuite rapidement ;– la réponse secondaire est notée après la seconde injection (rappel), en pratique jamais moins d’un mois après la première injection (mémoire immunologique). On assiste alors à une ascension rapide, importante et durable des anticorps protecteurs (IgG) sécrétés par les lymphocytes T et B.

mémoire immunologique persiste très long-temps, même lorsque le taux d’anticorps, qui diminue progressivement, devient très faible. Lors de toute nouvelle introduction de l’antigène (vaccinal ou infec-tieux), ces populations de lymphocytes sont à nou-veau capables de produire rapidement de grandes quantités d’anticorps.Certains facteurs influencent la réponse immuni-taire : l’âge (immaturité du système immunitaire du nouveau-né et décroissance de la réponse à partir de 40 ans), les déficits immunitaires congénitaux ou acquis et des facteurs génétiques encore assez mal connus.

Composition des vaccinsDifférents types de vaccins peuvent être distingués (tableau 1).

Les vaccins vivants atténués sont constitués de bacté-ries ou de virus ayant perdu leur pouvoir pathogène, le plus souvent après passages successifs sur culture cellulaire. Ils induisent, après une dose unique, une immunité proche de celle qui succède à une infection naturelle. Ils entraînent une protection immunitaire accé-

La vaccination, une démarche de santé publique

La pratique de la vaccination au sein d’une collectivité ou d’une population donnée

permet le contrôle, sinon l’éradication d’un certain nombre d’infections contagieuses.

Les vaccinations constituent un instrument essentiel en santé publique.

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Un vaccin doit être efficace, pratique à administrer et, bien sûr, avoir une excellente tolérance.

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Les vaccins

lérée et prolongée et sont en général peu coûteux. Leur efficacité est souvent bonne mais ce sont des vaccins fragiles et leur innocuité n’est pas toujours suffisante. Ils sont contre-indiqués chez les immunodéprimés.Les principaux vaccins à virus vivant atténué utilisés chez l’homme sont le vaccin antipoliomyélite buvable, le ROR, le BCG, la varicelle et la fièvre jaune.

Les vaccins inactivés ou inertes sont des préparations de virus ou de bactéries dont le pouvoir infectieux a été détruit par traitement physicochimique, sans que le pouvoir immunogène ait été altéré. Il peut s’agir de virus inactivés, de sous-unités virales (ou fractions antigéniques) ou de peptides viraux. Les effets secon-daires sont alors atténués, mais l’immuno génicité de ces vaccins est souvent amoindrie.

sont constitués de micro-organismes non pathogènes ayant conservé un léger pouvoir d’infection temporaire. Les souches sont inactivées par la chaleur, les rayons ultraviolets ou par un traitement chimique, les rendant ainsi non infectieux mais néanmoins capables de produire une réponse immunitaire efficace.Leur innocuité est bonne et ils sont peu fragiles, mais leur efficacité est très variable d’un vaccin à l’autre (réponse immunitaire incomplète et moins durable). Plusieurs injections sont donc nécessaires pour obtenir un niveau de protection optimale et des substances adjuvantes (hydroxyde d’alumine…) sont associées à la formulation pour augmenter le pouvoir immunogène et protecteur.Les principaux vaccins utilisés chez l’homme sont le vaccin antipoliomyélite injectable, le vaccin contre la grippe, l’hépatite A, l’encéphalite japonaise et l’encéphalite à tique.

géniques sont soit des particules virales, fractionnées, soit des toxines naturelles détoxifiées (ana toxines téta-niques et diphtériques), soit des antigènes capsulaires (polysaccharides de pneumocoques ou de méningo-coques) ou membranaires (protéines bacté rien nes ou virales). Ils sont obtenus par purification directe de sous-unités virales à partir de cultures cellulaires ou, plus souvent, par la technologie de l’ADN recombinant. Ils nécessitent souvent l’utilisation d’adjuvants, ainsi que plusieurs injections de rappel.Dans ce groupe se distinguent différents types de vaccins :– les vaccins inactivés protéiques pour lesquels un rappel permet une ascension importante, dura-ble et rapide en quelques jours, des immunoglobu-lines (IgG) protectrices. C’est le cas des anatoxines diphtériques ou tétaniques. En effet, certaines bac-

téries doivent leur pouvoir pathogène à la sécré-tion de toxines responsables des symptômes de la maladie comme Clostridium tetani (tétanos) ou Corynebacterium diphteriae (diphtérie). Les ana-toxines sont donc des vaccins protéiques obtenus en traitant les toxines par le formaldéhyde qui les transforme alors en anatoxines immunogènes mais non pathogènes ;– -diques pour lesquels l’effet de rappel est faible ou pratiquement nul et dont l’efficacité est faible chez les enfants de moins de 2 ans ;– les vaccins conjugués qui sont obtenus en assemblant des polyosides très spécifiques à une protéine porteu se, ce qui entraîne une meilleure réponse immunitaire, notamment dès les pre-miers mois de la vie. Ils assurent une protection contre : Haemophilus influenzae type b (Pentavac®,

Tableau 1 : Les différents vaccins actuellement sur le marchéVaccins inactivés, recombinants et anatoxines

Choléra Dukoral®

Coqueluche, diphtérie, tétanos et poliomyélite associés

Boostrixtetra®, InfanrixTetra®, Repevax®

Diphtérie, tétanos et poliomyélite associés Revaxis®

Encéphalite japonaise Ixiaro®

Fièvre typhoïde Typherix®, Typhim Vi®

Grippe et tétanos associés Tétagrip®

Grippe non associé Agrippal®, Fluarix®, Gripguard®, Immugrip®, Influvac®,

Mutagrip®, Previgrip®, Vaxigrip®, Celvapan®, Focetria®,

Pandemrix®, Panenza®

Hépatite A Avaxim®, Havrix®

Hépatite A et typhoïde associées Tyavax®

Hépatite B Engerix®, HBVaxpro®, Genhevac B Pasteur®

Hépatite A et B associées Twinrix®

Haemophilus influenzae b, DTCoq, Polio InfanrixQuinta®, Pentavac®

Haemophilus influenzae b, DTCoq, Polio, Hépatite B InfanrixHexa®

Haemophilus influenzae b non associé Act-HIB®

Leptospirose Spirolept®

Méningites Mencevax®, Méningitec®, Menjugatekit®, Neisvac®,

Vaccin méningococcique A + C polyosidique®

Méningo-encéphalite à tiques Encepur®, Ticovac®

Papillomavirus Cervarix®, Gardasil®

Pneumococcies Pneumo 23®, Pneumovax®, Prévenar®

Poliomyélite Imovax Polio®

Rage Rabipur®

Tétanos Vaccin tétanique Pasteur®

Vaccins vivants atténués

Fièvre jaune Stamaril®

Gastro-entérite à rotavirus Rotarix®

Oreillons, rougeole et rubéole associés MMR Vaxpro®, Priorix®

Rougeole Rouvax®

Rubéole Rudivax®

Tuberculose BCG SSI®

Varicelle Varilrix®, Varivax®

Source : Vidal 2010.

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InfanrixQuinta®), le méningocoque C (Méningitec®) et le pneumocoque (Prévenar®).Lorsque les fragments antigéniques sont de courte taille ou formés par des sucres, il est nécessaire, pour les rendre immunogènes, de les coupler chimi-quement à une protéine porteuse ou à une autre structure. On parle alors de vaccins conjugués. Ces derniers présentent des avantages en termes de sécurité. La conjugaison de polysaccharides avec une protéine permet d’induire une immunité dès l’âge de 2 mois, ainsi qu’une mémoire immunitaire, et d’être efficace dans les infections rhinopharyngées concomitantes.

génétiqueLes vaccins contre l’hépatite sont des vaccins issus de la recombinaison génétique.

Quelques précautions à respecter pour une bonne vaccination

Plus que l’examen clinique ou la prise de la tempé-rature, c’est l’interrogatoire du patient lui-même ou des parents de l’enfant qui doit être vacciné qui est la clé du dépistage du terrain, des contre-indications, des précautions ou des motifs amenant à différer une vaccination.

en cours, mineure ou modérée, qui pourrait entraîner le report de la vacci-nation, doit être recherchée.

sur :– l’existence d’éventuelles allergies connues (alimen-taires ou médicamenteuses) ;– une précédente réaction à un vaccin ;

– des antécédents médicaux personnels ou fami-liaux ;– l’état physiologique (grossesse pour une femme…).

particulières de certains vaccinsLe respect de bonnes conditions de conservation influence particulièrement l’efficacité et la tolérance des vaccins.

doivent être utilisés immédiatement après reconstitution, leur disso lu tion devant alors être complète.

dans leur solvant peuvent être utilisés successivement pour la vaccination de plusieurs enfants (cas du BCG) mais doivent être conservés au froid entre chaque utilisation et éliminés à la fin de la séance de vacci-na tion, au plus tard 4 heures après la remise en suspension.

est parfois envisageable. En effet, des vaccins comparables, produits et commercialisés par différents laboratoi-res (ROR, coqueluche, hépatite A, hépatite B), sont, dans l’ensemble, considérés comme interchangea-bles : une vaccination peut être débutée avec un produit et poursuivie avec un autre lors des injections suivantes.

(voies sous-cutanée, intramusculaire, intradermique ou orale) recom-mandées dans les résumés des caractéristiques du produit (RCP) ont une influence majeure sur la qualité des réponses vaccinales, ainsi que sur la fréquen ce et l’intensité des effets secondaires locaux éventuels.Les vaccins atténués et les vaccins polysaccharidi-ques peuvent être injectés par voie intramusculaire (IM) et sous-cutanée (SC). Les vaccins inactivés et les autres vaccins sous-unitaires présentent une meilleure réponse et une meilleure tolérance par voie IM que SC. Les injections IM s’effectuent dans la cuisse pour l’enfant de moins de 2 ans et dans l’épaule au-delà de cet âge.Il convient d’attendre l’évaporation de l’alcool ou d’autres agents désinfectants appliqués sur la peau avant toute injection, car ils peuvent inactiver les virus atténués d’un vaccin vivant.

peuvent être admi-nistrés en même temps ou à n’importe quel inter-valle de temps. Un vaccin vivant peut être adminis-tré en même temps que des vaccins inactivés ou à n’importe quel intervalle de temps. En revanche, si plusieurs vaccins vivants doivent être administrés, ils doivent l’être soit le même jour, soit à un intervalle minimum d’un mois.

Faut-il avoir peur des adjuvants de vaccination ?Les adjuvants sont souvent nécessaires pour potentialiser la réaction

immunitaire induite par les vaccins inactivés ou sous-unitaires. Ils permettent

d’augmenter et/ou de prolonger la réponse immunitaire de certains vaccins

adsorbés sur hydroxyde ou phosphate d’aluminium. Ces adsorbants agissent en

maintenant l’antigène à proximité du site d’injection et favorisent la production

d’interleukines.

D’autres adjuvants plus récents sont utilisés comme l’ASO4 ou le squalène.

La dernière campagne de vaccination pour la grippe pandémique a fait naître

une polémique au sein de la population française quant à la dangerosité des

adjuvants. À ce jour, bien qu’aucun élément ne démontre que les adjuvants font

courir un risque particulier, la pharmacovigilance exerce son rôle de surveillance.

À l’officine, il est donc important de rassurer les patients qui pourraient être inquiets

parce que le vaccin qui leur a été prescrit renferme un adjuvant.

Retard de vaccination, que faire ?Lorsqu’un retard est intervenu dans un programme de vaccination imposant des injections répétées, il suffit de reprendre ce programme au stade où il a été interrompu et de compléter la vaccination en réalisant le nombre d’injections requis en fonction de l’âge.

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Les vaccins

De l’importance de la chaîne du froidLa rupture de la chaîne du froid peut entraîner une dimi-nution de l’efficacité des vaccins, un échec vaccinal et une augmentation significative des effets secondaires.Les vaccins sont fragiles : ils sont sensibles à divers facteurs physicochimiques, notamment à la tempé-rature. Ils doivent ainsi être conservés entre + 2° et + 8 °C et ne doivent en aucun cas être congelés.Seule une chaîne du froid fiable à chacune de ses étapes de fabrication, de distribution et de “passage” entre les mains du sujet à vacciner et du médecin qui assure la vaccination permet et garantit l’efficacité maximale du vaccin.

Les vaccins sont stockés en chambre froide dès la fin de leur fabrication.

Chez le grossiste répartiteurLes vaccins, également stockés en chambre froide, doivent être transportés dans les officines sous emballa-ges isothermes munis de blocs réfrigérants qui permet-tent de les maintenir au frais pendant 4 à 15 heures. Les grossistes répartiteurs ont mis en œuvre des procédures particulièrement strictes pour le respect et le contrôle de la chaîne du froid des vaccins qu’ils détiennent et transportent dans leurs véhicules de livraison.

À l’officineLes vaccins sont stockés au réfrigérateur ou dans une armoire réfrigérante équipée d’une sonde ou d’un indicateur de température.

Ils doivent être délivrés par le pharmacien au patient dans un emballage isotherme (capable d’as-surer au maximum 1 heure de conservation), embal-lage qui sera également utilisé pour le transport du domicile du patient au cabinet du médecin.

Survenue d’effets indésirablesDivers effets indésirables sont susceptibles de surve nir à la suite d’une vaccination. Toutefois, dans la grande majorité des cas, les troubles constatés sont peu importants, voire inexistants. Il convient donc de rassurer le sujet qui doit subir une vacci-nation sur le peu de risques qu’il court.Les effets indésirables de la vaccination dépendent en fait de nombreux facteurs :– l’agent infectieux combattu ;– le type de vaccin (agent atténué, inactivé) ;– le mode d’administration (injection intramusculaire, injection intradermique, prise orale, vaporisateur intranasal, etc.) ;– la nature des excipients, du solvant, des conservateurs… ;– la présence éventuelle d’adjuvants destinés à renfor cer l’efficacité thérapeutique du vaccin.Au niveau de la rubrique “effets indésirables” du RCP, il est constaté certains points communs entre tous les vaccins. C’est ainsi que certains effets indésirables, en général bénins, se retrouvent plus ou moins souvent. Parmi les réactions les plus fréquentes, citons des

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Le carnet de vaccination, un outil de prévention indispensableToute vaccination doit être consignée sur le carnet de vaccination en précisant la date, la marque du vaccin, le numéro

de lot de fabrication et le nom du médecin prescripteur.

Le sujet vacciné doit conserver soigneusement ce carnet et le rendre accessible et consultable à tout moment. En effet,

un carnet de vaccination tenu à jour permet, d’un seul “coup d’œil”, de connaître l’état vaccinal et de programmer

les injections “rappel” tout au long de la vie. Par ailleurs, en cas d’urgence (blessure, accident…) ou de voyage à l’étranger,

il permet de faire le point rapidement et d’agir en conséquence en cas de “manque” vaccinal.

© Fotolia.com

/Klipart.pl

La rupture de la chaîne du froid survient souvent au domicile

du patient quand les règles de stockage du vaccin

ne sont pas connues.

S’il y a “rupture“ de la chaîne du froid, c’est souvent au niveau du “passage

à la maison” que le problème se situe.

Le pharmacien doit donc sensibiliser son patient au respect de cette chaîne en lui

conseillant de :

– stocker le vaccin sur l’étagère la plus fraîche du réfrigérateur ;

– ne jamais le déposer contre les parois, ni sur les étagères de la porte

du réfrigérateur ;

– veiller à ce que l’ouverture de la porte soit la plus rare et la plus brève possible

pendant ce temps de stockage ;

– nettoyer et dégivrer régulièrement le réfrigérateur.

Au comptoir, la chaîne du froid expliquée

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réactions locales, des réactions générales avec fièvre modérée et des troubles digestifs.Dans de très rares cas seulement, la vaccination peut entraîner des effets indésirables sérieux.

Les réactions localisées au niveau du site d’injection peuvent être immédiates, à type de douleur plus ou moins intense, de sensation de brûlure, d’érythème, de gonflement et d’œdème. Ces phénomènes peuvent durer de quelques heures à quelques jours.Ces réactions peuvent aussi se manifester plus tardi-ve ment sous la forme de nodules ou d’adénite, obser-vés après le BCG notamment.

Peut parfois survenir un syndrome fébrile (38,5 °C ou plus) avec céphalées plus ou moins intenses. Une prise de paracétamol est alors conseillée.

Les troubles gastro-intestinaux se manifestent le plus souvent par des douleurs abdominales, des nausées, voire des vomissements.

Des raideurs musculaires et des myalgies sont parfois rapportées chez certains sujets.Les réactions allergiques survenant à la suite d’une vaccination sont très rares.Parmi les autres effets rares décrits, il est possible de noter des troubles neurologiques et hématologiques.Pour obtenir, pour un vaccin donné, une liste complè te des effets indésirables (pour renseigner par exemple un patient), il convient de se reporter au RCP du Vidal (encadré).

À propos de la présence du thiomersal dans les vaccinsLe thiomersal est un composé contenant du mercure, utilisé de longue date comme conservateur dans les médicaments, en particulier dans les vaccins. Il contribue à prévenir la contamination bactérienne

des vaccins, et il est considéré à ce jour comme l’une des substances les plus efficaces à ce titre. Il a été également établi que le thiomersal participait à l’amé-lioration de la stabilité des médicaments.Ces propriétés sont particulièrement utiles dans le cadre de campagnes de vaccination où des condi-tionnements multidoses sont utilisés et où les doses ne sont pas administrées de façon immédiate et simultanée à plusieurs patients.

est apparue, notamment aux États-Unis, à partir de l’hypothèse selon laquelle l’exposition précoce au thiomersal pourrait être associée à des déficits neuropsychologiques chez les enfants, ainsi qu’à des atteintes rénales.Les études scientifiques effectuées pour éprouver cette hypothèse n’ont pas confirmé l’existence d’une asso-ciation causale entre l’exposition précoce à cette subs-tance et des problèmes neuropsychologiques ultérieurs en phase de pré-adolescence, notamment l’autisme (New England Journal of Medicines, 27/09/2007).L’Agence française de sécurité sanitaire des médi-caments (Afssaps) en France, l’Agence européenne du médicament (Emea) à l’échelon européen et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au niveau mondial ont, depuis dix ans, évalué à plusieurs repri-ses cette question. Les analyses convergent pour considérer que l’existence du risque neurologique n’est pas établie au plan scientifique sur la base des études épidémiologiques existantes, sans qu’il soit pour autant possible de l’écarter.

, les vaccins contiennent des doses minimes de thiomersal : entre 0,003 % et 0,01 %, soit au maximum 25-50 μg/dose. À ces doses comme dans la situation et les conditions d’emploi, tout risque de toxicité est a priori exclu.

auquel 10 à 12 % de la population seraient sensibles. Des réactions allergiques après vaccination ont été rap-portées dans la littérature, mais plus de 90 % des patients qui présentent une allergie de contact au

Le vaccin Engerix B® (hépatite B) est généralement

bien toléré, qu’il s’agisse de la dose

de primovaccination ou celle de rappel.

Sa formulation actuelle ne contient pas

de thiomersal.

Dans une étude clinique conduite avec

la formulation actuelle, l’incidence de douleur,

rougeur, gonflement, fatigue, gastroentérite, maux

de tête et fièvre était comparable à celle observée

avec les précédentes formulations de vaccin

contenant du thiomersal.

Les effets indésirables ci-après ont été

rapportés après une large utilisation de la

précédente formulation du vaccin contenant du

thiomersal.

Effets fréquentsDouleur, érythème et induration au site d’injection.

Sensations vertigineuses, céphalées,

paresthésies, nausées, vomissements, diarrhées,

douleurs abdominales, anomalie de la fonction

hépatique, rash, prurit, urticaire, arthralgie,

myalgie, fatigue, fièvre, malaise, syndrome

pseudo grippal.

Effets très raresThrombocytopénie, anaphylaxie, maladie sérique,

lymphadénopathie, syncope, paralysie, neuropathie,

névrite (y compris syndrome de Guillain-Barré,

névrite optique, sclérose en plaques), encéphalite,

encéphalopathie, méningite, convulsions,

hypotension, vascularite, bronchospasme, œdème

de Quincke, érythème polymorphe, arthrite.

Source : RCP Vidal.

Exemple : les effets indésirables du vaccin de l’hépatite B recombinant absorbé

Thiomersal.

COO

SHg CH3

Na

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Actualités pharmaceutiques n° 498 Septembre 2010

Les vaccins

thiomersal ne développent aucune réaction aller-gique à l’administration du vaccin. Ces risques de sensibilisation sont mentionnés dans le RCP des vaccins concernés, et se rencontrent avec d’autres conservateurs.

, les laboratoires producteurs de vaccins ont été incités, par les agen-ces française et européenne ainsi que par l’OMS, à développer des vaccins unidoses ne contenant pas de thiomersal en vue d’une utilisation en pédiatrie. Cependant, les diverses évaluations des autorités sanitaires françaises, européennes et internationales convergent pour considérer que, compte tenu de ses propriétés en tant que conservateur indispensable dans les présentations de vaccins multidoses, les bénéfices de l’utilisation du thiomersal l’emportent sur le risque toxicologique théorique.

Sclérose en plaques et vaccination

Si l’on en croit l’Académie de médecine, les experts scientifiques et la communauté scientifique interna-tionale, un lien de causalité n’a pas pu être mis en évidence, à ce jour, entre la survenue d’une sclérose en plaques (SEP) et la vaccination contre l’hépatite B. Les nombreuses études scientifiques réalisées sur le sujet ont, en effet, démontré l’absence de relation statistiquement significative entre la SEP et cette vaccination.Il faut donc être rassuré et ne pas éviter ou déconseiller une vaccination, en particulier celle de l’hépatite B, sous prétexte d’un risque de survenue de SEP.Il est bien évident que tout sujet n’est pas à l’abri de cette pathologie au cours de sa vie. Si une SEP survient immédiatement ou quelque temps après un épisode vaccinal, le sujet atteint ne pourra s’empêcher d’établir un lien avec sa vaccination. Le problème se situe bien

ici et les experts scientifiques et les juristes éprouvent des difficultés à établir un lien “vaccination/SEP”. Ceci explique les dissonances parfois constatées au cours de ces dernières années entre le Conseil d’État et la communauté scientifique.

Les vaccins de demainTrois grands axes de recherche sont actuellement développés.

- afin de concevoir

de nouveaux vaccins (virus de l’immunodéficience humaine, paludisme, virus de la bronchiolite ou de maladies diarrhéiques) : vaccins vivants recombi-nants, vaccins sous unités ou conjugués, vaccins à ADN ou ARN nu.

tant au niveau de leur tolérance, de leur immuno génicité, de leur stabilité que de la baisse du coût de leur production.

réalisé par le médecin en proposant de nouvelles voies d’admi-nistration comme la voie orale, nasale ou rectale, et en développant les vaccins combinés �

Pharmacien, Royan (17)

[email protected]

Jacques Buxeraud

Professeur des Universités,

Professeur de chimie thérapeutique,

Faculté de pharmacie, Limoges (87)

[email protected]

Le syndrome de Guillain-Barré en questionDans le monde, de très rares cas de syndrome de Guillain-Barré (SGB) sont rapportés

dans les jours ou les semaines qui suivent une vaccination.

Rappelons que le syndrome de Guillain-Barré (SGB) est une maladie rare liée

à une détérioration des cellules nerveuses du système immunitaire, entraînant

une faiblesse musculaire et parfois une paralysie. Le SGB peut provoquer des

symptômes qui durent quelques semaines ou plusieurs mois. La plupart des patients

se rétablissent complètement, mais certaines personnes peuvent conserver quelques

lésions nerveuses permanentes.

Les causes du SGB semblent être une surstimulation du système immunitaire (grippe,

maladie virale autre, infection par Campylobacter, vaccination…). L’incidence du SGB

augmente avec l’âge.

Lu pour vous« La vaccination contre l’hépatite B représente un modèle de

réflexion sur les vaccinations en général. Les vaccins sont tous

accusés, tour à tour, de l’ensemble des maux inexpliqués de la

population, du fait de la résistance idéologique d’une fraction

de la population.

La presse et la justice continuent de véhiculer l’idée que le

vaccin contre l’hépatite B est nocif. La conséquence en est

que, y compris dans les milieux médicaux, la prescription

de la vaccination contre l’hépatite B a fait un recul

spectaculaire. Le niveau de couverture vaccinale du pays,

actuellement, est celui des pays du Tiers-Monde. »

Extrait du rapport de mission Pr D. Raoult, en date du 17 juin 2003.