La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913

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    G

    ^

    150UDDHI8ME.

    ETUDES

    ET

    MATERIAUX

    THORIE

    DES

    DOUZE

    CAUSES

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    RECUEIL

    DE

    TRAVAUX

    PUBLIS

    PAE

    LA

    FACULT DE

    PHILOSOPHIE

    ET LETTRES

    de

    1

    Universit

    de

    Gand.

    EXTRAIT

    DU

    REGLEMENT

    Les

    travaux

    des

    professeurs

    et

    chargs

    de

    cours,

    anciens professeurs

    et

    anciens

    chargs

    de

    cours

    sont

    publis

    sous

    la

    responsabilit

    personnelle

    de

    leurs auteurs.

    Tous

    les

    autres le

    sont

    en vertu d'une

    dcision

    de

    la

    Facult.

    LOUVAIN.

    -

    imprimerie

    J.

    B.

    ISTAS.

  • 7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913

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    UNIVERSIT

    DE

    GAND

    RECUEIL

    DE

    TRAVAUX

    PUBLIS

    PAR

    LA

    FACULT DE

    THILOSOPHIE

    ET

    LETTRES

    40'

    FASCICULE

    BOUDDHISME.

    ETUDES

    ET

    MATERIAUX

    THORIE DES

    DOUZE

    CAUSES

    '--:'

    PAE

    L..

    UE

    L4 VAI.L.E

    POUSMll

    PROFESSEUR A

    L'UNIVERSITE

    GAND

    LIBRAIRIE

    SCIENTIFIQUE

    E.

    VAN

    GOETHEM

    Rue des

    Foulons,

    I

    (prs

    de

    l'Universit).

    LtJZAC

    &

    C,

    LONDEES.

    V

    1913

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    ^

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    A

    mon

    excellent

    ami

    F.

    W.

    Thomas

    Sst

    samastabhuvanam

    bhagavn

    apyt

    pyd

    apstatimiro

    mihiropameyah

    /

    samsrabhittibhiduro

    bhavakandakanda-

    kandarpadarpadalanavyasan munnidrah

    //

    Kma

    jnmi

    te

    mlam

    samkalpt

    kila

    jyase

    /

    na

    tvm

    samkalpayisynii

    tato

    me

    na

    bhavisyasi

    //

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    PRATITYASAMUTPADA

    NOTE

    PRELIMINAIRE.

    Si

    on

    excepte

    peut-tre

    la

    doctrine

    des

    quatre

    vrits

    et

    celle

    des

    cinq

    skandhas

    (ou lments

    constitutifs

    de

    l'tre

    humain)

    avec

    lesquelles

    elle

    entretient d'ailleurs

    des

    rapports

    troits,

    aucune

    thorie

    ne

    parat

    plus essentielle

    au

    bouddhisme que

    celle

    de la

    Production

    conditionne

    ou

    de

    la

    Chane des

    douze

    causes

    (nidna)

    ;

    aucune n'est

    plus

    souvent

    mentionne

    ou

    suppose

    dans les crits canoniques

    ;

    aucune

    ne

    peut

    tre

    plus

    justement dfinie

    comme

    le

    credo

    du bouddhisme

    {^),

    comme le

    message

    dcisif

    du

    Matre

    {^)

    ;

    aucune

    n'est

    discute

    plus

    fond

    (1)

    Des choses

    qui

    naissent

    d'une cause, le Tathgata a fait

    connatre

    la

    cause

    ;

    de

    quelle manire

    elles prennent

    fin, c'est

    aussi

    le

    grand ascte

    qui l'a dit

    .

    (')

    C'est

    en

    dcouvrant

    le Prattyasamutpda

    que

    le

    Bouddha

    est devenu

    Bouddha.

    Le

    Dgha,

    ii,

    55,

    le

    Majjh.,

    i,

    190

    et

    beaucoup

    d'autres

    textes

    identifient l'ignorance

    du

    Prattyasamutpda

    avec

    l'ignorance {avidy)

    tout

    court,

    la

    connaissance de

    cette

    doctrine

    avec

    la

    connaissance

    de

    la

    Loi

    (voir

    Madhyamakavrtti^

    p.

    6,

    n. 2).

    Le

    Grand

    Vhicule

    appelle

    la

    Praiiyasamutpatti,

    mre des

    Bouddhas

    (voir

    ibid.

    159,

    n.

    4,

    p.

    160,

    n.

    7) ;

    au

    moins

    est-elle la mre

    des

    Arhats,

    car,

    ds qu'on

    l'a

    comprise,

    la

    notion

    du

    moi, la

    proccupation

    du pass, du prsent et

    de

    l'avenir

    d'un

    moi,

    toutes

    les

    vues

    fausses

    disparaissent

    (Sam.,

    ii,

    26,

    Warren,

    Buddhism

    in

    Translations.,

    p.

    243

    ;

    Madhyamakavrtti^

    593).

    D'aprs

    certaines

    sources,

    la

    mditation

    des

    Douze Causes

    est rserve

    aux

    Pra-

    tyekabuddhas.

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    VI

    dans

    les

    crits

    scolastiques

    : la

    plupart des problmes^

    celui

    de

    la transmigration^,

    celui

    de

    l'origine

    de

    la

    connaissance, celui

    de

    la

    causalit

    et de

    la

    nature

    mtaphysique des choses,

    sont

    inti-

    mement

    lis au

    Prattyasamutpda.

    1

    Au

    dbut

    de

    cette

    tude^

    nous

    devons examiner

    dans

    quelle

    mesure

    il

    est

    possible

    de

    comprendre

    la chane

    causale.

    L'anti-

    quit

    bouddhique

    a

    port deux

    jugements

    contradictoires

    :

    C'est

    tonnant,

    disait

    uanda

    au

    Bouddha^

    combien profond

    et

    de haute

    porte

    est le

    Prattyasamutpda

    ;

    et

    cependant il me parat

    clair,

    clair

    (Dlgha,

    II,

    p.

    55,

    Warren,

    p.

    203).

    Mais

    le

    Bouddha

    rpondait

    :

    Ne

    parle

    pas

    ainsi

    >;.

    La scolastique

    reconnat

    qu'il

    est

    incomprhensible

    (acintya,

    voir

    ci-dessous

    IV

    3

    ;

    comp.

    Mahvastu

    iii,

    314)_,

    et Buddhaghosa,

    comme

    nous

    l'a

    appris

    Mrs Rhys

    Davids

    {JIAS.

    1905,

    p.

    400),

    parlant

    du

    Prat-

    tyasamutpda,

    le signale

    comme

    deep, dark,

    ancient water^

    black

    as

    Avith

    exudations

    of

    rotten

    leaves

    n.

    Il

    faut

    quelque

    cou-

    rage

    pour s'y

    aventurer, car

    il

    y

    a danger

    de

    perdre

    non seule-

    ment pied^

    mais haleine.

    A

    la

    vrit,

    une distinction

    s'impose.

    On

    peut,

    croyons-nous,

    en

    toute

    scurit

    et sans grande difficult, dterminer

    d'une

    manire

    gnrale le sens du Prattyasamutpda^

    qui

    est

    une

    explication

    de

    l'origine

    de

    la

    douleur ou

    une

    explication

    de

    l

    renaissance,

    et

    fixer

    la porte philosophique

    soit

    explicite, soit

    implicite^,

    de

    la

    doctrine.

    Mais

    quand

    on pose la

    question des

    origines de

    la formule,

    ou

    quand

    on

    recherche

    la valeur

    exacte

    des termes qui composent cette

    formule,

    on se

    heurte soit

    des

    donnes

    insuffisamment expliques,

    systmatises,

    des

    cat-

    gories

    primitivement

    indpendantes^

    diffrentes

    dans

    les

    termes,

    quoique

    assez

    quivalentes pour

    le

    sens

    (E.

    Senart)

    ;

    voil

    pour les

    origines,

    soit des dfinitions

    et

    des conceptions

    systmatiques,

    parfois incohrentes, et

    souvent

    artificielles

    :

    voil

    pour

    la scolastique ancienne

    ou

    moderne,

    canonique

    ou

    extra-canonique.

    Aussi

    n'avons-nous point l'intention

    de tenter

    sur ces deux points

    (origines

    de

    la

    formule, sens

    originel des

    termes

    dans

    la

    formule

    une fois faite)

    des

    recherches

    condamnes

    l'insuccs.

  • 7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913

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    vn

    2.

    D'autant

    plus

    que

    nous

    n'aurions

    rien dire de

    nouveau.

    En effet,

    aucune partie

    de

    la

    dogmatique

    n'a

    suscit au

    mme

    degr

    l'attention

    des

    savants

    europens,

    et

    par

    le

    fait

    aucune

    n'est

    plus

    digne d'examen,

    tant

    par

    son

    importance

    cardinale

    pour cette dogmatique qu'en

    raison

    des

    rapports que

    le

    Prat-

    tyasamutpda

    entretient

    avec

    certaines conceptions

    grecques

    ou modernes

    Q).

    Non

    seulement

    tous

    les savants

    qui se

    sont

    occups

    du

    bouddliisme

    ont

    eu

    dire

    leur

    opinion,

    mais

    encore

    la question intresse

    tout l'iudianisme,

    car

    les

    ressemblances

    sont

    frappantes

    entre

    le Prattyasarautpda

    et

    les

    thories

    ou

    les

    phrasologies du

    Smkhya,

    du

    Yoga, du

    Vednta,

    Quelque

    poiut

    du bouddhisme

    qu'on

    examine,,

    ses spculations sur

    l'extase

    et

    sur

    le

    nirvana,

    sa lgende,

    son

    organisation, il n'est

    gure

    permis de

    le considrer isolment.

    Mais

    nous ne

    pouvons

    entreprendre

    de

    discuter

    ce problme

    des origines

    pr-boud-

    dhiques

    ou

    extra-bouddhiques

    de

    la

    dpendent origination : car

    nous

    aurions

    crire

    une

    encyclopdie de

    l'Inde philosophique,

    et ce

    serait

    plonger

    cette

    fois dans

    des eaux

    encore

    plus noires

    et anciennes,

    et

    sans fond,

    et

    sans

    rives. Il

    suffira de

    signaler

    les

    tudes rcentes

    qui

    montrent

    la

    fois

    l'intrt

    et la difficult

    de la

    recherche

    {^).

    Nous

    ngligerons aussi

    l'histoire

    de

    l'inter-

    prtation occidentale

    du

    Prattyasamutpda

    (^).

    (1)

    Citons, en

    raison

    de

    leur porte

    gnrale, les

    remarques

    de

    M.

    Senart

    ...

    Le

    dsir

    de

    retrouver dans

    l'Inde

    des penses

    modernes

    qui

    y

    auraient

    t

    devances de

    tant

    de

    sicles,

    fait des ravages

    fcheux.

    Il

    faut prendre garde

    de

    mconnatre les

    lois

    mmes du dveloppement

    de

    l'esprit.

    Des ides

    subtiles, complexes, ne s'ajustent

    pas si

    exactement

    en

    des

    temps

    si

    loigns

    et

    dans

    des

    phases de

    civilisation

    si

    disparates

    ..

    (2)

    Garbe,

    AbJi. der

    bayer.

    Akad.,

    1

    cl.

    fasc

    XIX,

    3

    th.,

    p. 519,

    et

    Smhhpa

    Philosophie,

    p.

    5,

    269

    (1894)

    ;

    Jacobi, Ursprung

    des

    Buddhis-

    mus

    aus

    dem

    Smkhya-Yoga

    ,

    Nachr.

    Ges.

    Gttingett,

    1896,

    p.

    43

    ;

    Senart,

    Mlanges

    Harlez,

    p.

    286

    (1896)

    ;

    Oldenberg,

    Buddha^

    (1897),

    appendice (supprim

    dans les

    ditions

    allemandes

    postrieures,

    mais

    dans la

    trad.

    de

    Foucher^,

    Paris,

    1903)

    ;

    Walleser,

    Phil.

    Grundlage

    des

    lteren

    Buddhismus,

    (1904);

    Pischel.

    Leben

    und

    Lehre

    des

    Buddha,

    p.

    65

    (1906)

    ;

    Rhys

    Davids,

    Early

    Buddhism,

    p.

    85

    (19C8j

    ;

    Kern,

    Manual

    of

    Indian

    Buddhism,

    p.

    46

    foll.

    (3)

    On

    en

    trouvera un

    excellent

    sommaire dans

    Oltramare,

    La

    formule

    bouddhique des

    douze

    causes,

    son

    sens originel

    et son

    interprtation

  • 7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913

    10/141

    Yin

    3.

    Notre tche

    se trouve

    donc

    dlimite. Nous nous bornerons,

    en

    profitant

    largement

    des

    travaux de

    nos devanciers^

    en

    prenant

    notre

    bien

    partout oti

    nous le

    trouverons,

    notamment chez

    MM.

    Oldenberg,

    Senart,

    Oltramare, un

    travail

    d'analyse

    et

    d'exposition

    portant sur

    les sources les

    plus

    notables

    :

    I. de quelle manire

    on

    peut

    supposer

    que

    la

    chane des

    douze

    causes

    a

    t

    constitue sur

    des

    donnes

    bouddhiques

    (^)

    ;

    II. dfinitions

    ou

    explications

    des douze causes^

    prises

    une

    une, dans

    le canon et dans la scolastique

    ;

    thologique,

    Genve,

    1909,

    (voir JRAS.

    1910,

    p.

    201).

    Notamment

    Bur-

    nouf,

    Introduction

    (1844), p.

    486

    ;

    Spence

    Hardy,

    Manual

    (1860),

    p.

    391

    ;

    Childers,

    Dictionary,

    (1875)

    ;

    Kern,

    Geschiedenis,

    i

    p.

    335

    (trad. Huet,

    AMG, Bibl.

    d'Etudes (Paris,

    1901)

    ;

    Ed.

    Hardy,

    Buddhismus,i).bl

    (1890)

    ;

    Warren,

    Buddhism,

    in

    translations,

    p.

    115,

    etc.

    (1896)

    ;

    Rhys

    Davids,

    American

    Lectures.

    {})

    Toute

    analyse

    du

    canon

    comporte

    un

    principe

    directeur

    :

    nous

    admettrons

    que

    les dfinitions

    canoniques

    rsultent du

    mme

    travail

    d'arrangement

    et

    d'exgse dont on touche du doigt le dveloppement

    dans

    la

    littrature post-canonique

    ;

    que

    la

    chane

    duodnaire

    n'est pas

    une

    cration

    ex

    nihilo

    ;

    qu'elle n'tait

    pas,

    ds l'origine,

    complte et

    enrichie

    d'une

    exgse

    complte.

    Mais, et

    il

    convient

    d'insister

    sur

    ce

    point,

    le

    travail

    d'analyse

    n'a

    pas

    forcment

    une

    valeur

    historique

    :

    indispen-

    sable

    l'intelligence

    des

    ides,

    que

    nous ne pouvons comprendre

    qu'en

    les reconstruisant,

    pour

    notre

    propre

    compte,

    suivant

    un dveloppement

    logique ou du moins

    intelligible, l'analyse

    n'est-eUe

    pas

    impuissante

    fournir

    une

    apprciation du

    dveloppement rel

    qui

    soit

    plus

    que

    plausible

    ou

    vraisemblable? Rien ne prouve

    que

    le

    Bouddha

    ou

    les thoriciens

    {bhidharmika) des

    premiers temps,

    inaugurateurs

    de

    la formule

    duo-

    dnaire,

    n'aient tenu que des

    notions vagues

    et

    incompltes. Les

    termes

    dont

    ils

    se sont servis,

    peut-tre

    emprunts

    au

    Smkhya-Yoga-Vednta,

    sont, pour les scolastiques et

    pour

    nous,

    uss

    n

    l'excs :

    ils ont

    pu tre

    choisis pour couvrir des concepts

    relativement prcis.

    Dans les

    quelques

    documents

    o nous

    sommes

    ports

    reconnatre

    les

    premires

    bauches

    de la

    formule

    canonique, des

    variantes,

    des retouches,

    nous sommes

    peut-tre en prsence de

    variations

    homiltiques

    ou pdagogiques

    sur

    un thme dj fix et

    interprt.

    Des

    conditions

    qui

    s'imposent

    la

    mthode,

    on ne peut prjuger

    du caractre des faits.

    Il n'est

    pas permis

    d'oublier

    que

    les

    choses

    prendraient

    peut-tre

    un

    aspect

    trs

    diffrent

    si

    nous savions mieux

    sur

    quelles

    donnes

    les

    bouddhistes ont

    travaill,

    et

    o

    en taient

    le

    Vednta,

    le

    Smkhya

    et

    le

    Yoga,

    l'idologie

    indienne

    en

    un

    mot,

    lorsque

    naquit

    le

    bouddhisme.

    Il

    n'est

    pas

    permis

    d'oublier

    que

    nous

    ignorons

    ce

    qu'il

    faut

    penser

    du Bouddha

    en

    tant

    que fondateur

    de la

    dogmatique, et,

    quoi

    qu'on fasse,

    c'est

    ce

    problme

    presque inso-

    luble que

    l'on est

    toujours

    ramen.

  • 7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913

    11/141

    IX

    III.

    systmatisations^

    interprtations

    de

    la

    liste

    considre

    dans son

    ensemble

    :

    thorie

    des

    trois

    chemins,

    thorie de

    l'tre

    l'tat

    intermdiaire

    ;

    thorie

    de

    l'Abhidharmakosa

    (ou

    de

    la

    vie

    embryonnaire)

    ;

    thorie

    des

    dhtus

    ;

    thorie

    du

    Prattyasamut-

    pda externe.

    Il restera

    examiner,

    dans

    le

    IV,

    des

    problmes

    qui

    intres-

    sent surtout

    la

    mtaphysique

    :

    1. le Prattyasamutpda

    en

    ordre inverse

    ou

    l'arrt du

    Prattyasamutpda

    ;

    2.

    l'tymologie

    du mot

    Prattyasamutpda

    ;

    3. la nature de la causalit

    {hetus et pratyayas)

    ;

    4.

    les

    rapports

    entre le

    Prattyasamutpda et

    le

    chemin

    d'entre-deux

    (Stras

    et

    systme

    Mdhyamika)

    ;

    5. la

    causalit

    dans

    le systme des Vijnnavdins.

  • 7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913

    12/141

  • 7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913

    13/141

    .^

    l.

    Origines

    bouddhiques

    de

    la

    chane

    duodnaire.

    1.

    On peut

    reconnatre_,

    dans im

    certain

    nombre

    de

    formules

    qui

    paraissent trs

    archaques,

    soit

    le

    germe,

    soit les

    premires

    bauches, soit d'anciennes

    variantes

    du

    Prattyasamutpda.

    i. La

    dfinition

    de la deuxime

    Nobie

    Vrit

    (Sermon

    de

    Bnares)

    fournit

    le cadre

    et

    explique

    le

    but du

    Prattyasamut-

    pda

    (

    savoir

    :

    drivation de la

    souffrance,

    explication des

    causes

    de

    la

    renaissance)

    :

    L'origi nation

    isamudaya) de la

    souffrance, c'est la soif

    (=

    dsir), qui

    conduit

    la renaissance

    {punarhhava : r-existence),

    qui

    est accompagne

    de

    plaisir et

    d'attachement

    (nand-rya),

    qui

    se complat

    j

    et l

    {^)

    ;

    elle

    est

    triple :

    concupiscence,

    dsir d'existence,

    dsir de

    non-exis-

    tence

    .

    (^)

    Et

    r-existence

    est

    synonyme

    de

    souffi'ance

    en

    effet

    ;

    car,

    d'aprs la

    dfinition de la

    souffrance

    (premire

    Noble

    Vrit)

    :

    La

    naissance

    est souffrance

    ;

    la vieillesse

    est

    souf-

    france,

    la

    maladie

    est

    souffrance, la mort

    est

    souffrance,

    le

    corps et

    l'me,

    la

    vie

    physique et

    la

    vie

    morale

    (=

    skandhas)

    sont souffrance

    n.

    C'est--dire,

    pour

    dgager

    une

    chane

    de

    causalit

    n

    :

    la

    soif

    (trsn),

    dsir

    sensuel ou

    intellectuel,

    accompagne

    du

    i)laisir

    (nand) qu'elle

    trouve

    dans son

    objet

    et de

    l'attachement

    (rf/a),

    produit la

    renaissance

    (punarbhava),

    c'est--dire

    la

    souffrance

    (duMJm) :

    naissance,

    vieillesse, mort

    ;

    tous

    les incidents

    de la

    vie

    et la vie elle-mme

    sont

    souffrance.

    (M

    Un

    exeeJjent

    commentaire

    de

    cette

    expression

    tatratati^bhivan-

    dinl

    dunfjPTS.,

    1884,

    p.

    104.

    (^)

    Voikci-dessous,

    II.

  • 7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913

    14/141

    2

    ii.

    Un texte collectiouuc daus

    le

    SuUan'qmta, recueil

    considr

    comme

    ancien,

    le

    Dvdyatrimipassmia

    sutta

    (vers

    724',suiv.,

    SBE.,

    X,

    p.

    129),

    tal)lit

    une

    srie

    de

    couples

    {dnka)

    envisags

    au

    double

    point de

    vue de

    l'origine

    {ntpda)

    et

    de

    la

    destruction

    {nirodha

    =

    non

    production

    nouveau)

    :

    >'

    Ceci

    tant,

    cela

    est

    ;

    ceci

    n'tant

    plus,

    cela n'est plus

    ),.

    '

    Cela

    ,

    c'est

    la

    soui-

    france,

    la

    renaissance

    ;

    ceci

    r,

    c'est

    successivement

    (1)

    upadhi

    (hypo-tliesis

    =

    acte),

    (2)

    avidy,

    ignorance

    ;

    (3)

    samslcras,

    (synthesis),

    idologie

    :

    (4)

    lijdna, intelligence^

    connaissance

    ;

    (5)

    spar,

  • 7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913

    15/141

    d'autres,

    presque tous les

    iueiul)res

    {((ga)

    de la

    ciiaiKi

    causale.

    Il

    semble, a

    dit

    M

    E.

    Senurt,

    que

    nous remontions

    ici

    une

    poque

    o

    les

    spculations

    n'tai('nt

    pas

    encore

    eufei'mes

    dans

    une

    classification

    ri^^oureuse

    (Mclamjes Harlez,

    p.

    288)

    ;

    car on

    sait que peu

    de

    religions

    ont,

    autant

    ([ue

    le

    louddliisine,

    fig

    en

    sclimes

    strotyps

    leurs

    doctrines fondamentales

    n

    (Oltraniare,

    Douze

    causes,

    p.

    o3).

    iii.

    Un

    autre

    sutta du

    mme

    r(>cu(Mi,

    le

    Kalahdvivdasutfn

    (vers

    802 et

    suiv.

    ;

    SBE, x,

    p.

    159,

    comparer I)l(/ha,

    n,

    p.

    bS)

    uumre les

    antcdents de

    la querelle,

    de la discorde,

    et

    les

    range eu

    ordre

    de

    causation

    successive

    (\).

    On

    a,

    en

    remontant,

    le

    chanda,

    souhait,

    qui i-epose

    sur

    l'agi-able

    et

    le dsagrable

    {sta, asta)

    c'est--dire sur

    la

    vedan,

    sensation, laquelle

    son

    tour

    repose

    sur

    le

    spara,

    contact.

    La

    cause

    du

    contact s'apjyelle

    nma-rpa,

    nom

    et

    fornu^

    n

    (c'est--dire,

    en

    langage

    occi-

    dental et

    en

    langage

    vulgaire,

    l'me

    et

    le

    corps^

    lorganisnie

    matriel

    et

    intellectuel), ou

    encore

    le

    prapanca,

    c'est--dire

    la

    diversit,

    le

    dveloppement

    des

    ides

    et des

    mots (voir

    Kern,

    Manual,

    p.

    47

    ;

    Madhyumdlcavrtti, index),

    qui

    dpend

    de la

    saw/,.

    intelligence,

    couscieuce,

    idation,

    2.

    Les

    termes que

    nous venons

    de

    relever,

    dans

    des

    documents

    fort

    archaques,

    peuvent

    tre

    aisment organiss

    en srie.

    En

    face

    de

    l'explication

    sommaire de l'origine de

    la

    douleur (deu-

    xime

    Noble

    Vrit),

    on

    construit

    une thorie,

    d'abord

    schma-

    tique

    peut-tre,

    o on

    peut

    croire

    (^u'il

    y

    a

    plus de

    mots

    que

    d'ides,

    mais

    dont les

    coutours

    sont

    suffisamment

    nets.

    D'une

    part,

    la

    souffrance

    est

    clairement

    dfinie

    comme

    rexis-

    tence,

    renaissance

    et

    remort

    (punarmrti/u des

    Upanisads)

    ;

    d'autre

    part,

    on

    voit

    bien

    que,

    tant

    donnes

    son ignorance

    {avidy, i)

    (-)

    et ses

    actions

    ou

    dispositions

    {samsliras,

    ii)

    conditionnes

    par

    {})

    Comparer

    la

    srie,

    jaina :

    wrath,

    pride, deceit,

    greed, love,

    hte,

    delusion,

    conception,

    birth,

    death,

    hell,

    animal

    existence,

    pain.

    (Hopkins,

    Religions

    of

    India,

    p.

    293).

    (2)

    Nous indiquons les numros

    d'ordre assigns

    aux

    tei'mes

    dans

    la

    liste

    duodnaire.

  • 7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913

    16/141

    l'ignorance,

    le

    principe

    intelligent (vljnna,

    iii),

    entrant

    en

    contact

    (sparsa,

    \i)

    Sixec

    le monde extrieur,

    et

    ressentant des

    impressions

    agrables ou

    dsagrables

    {veddn,

    vii),

    sera suj(^t

    au

    dsir (trsn,

    viii)

    :

    d'oi

    des

    efforts ou

    volitions,

    des alimenta-

    tions, des

    mouvements, et

    pour citer le nom qui

    est

    rest dans la

    liste

    classique,

    des

    seizures

    (updiias,

    ix).

    D'o la

    nou-

    velle

    e-xistence,

    dont

    il faut ici

    montrer les

    causes

    pour

    qu'on

    puisse sVbrcer

    de

    la

    rendre

    impossible

    en supprimant les

    dites

    causes.

    Cette

    nouvelle

    existence,

    qu'on peut

    appeler simple-

    ment

    existence

    n

    {bhaia,

    x),

    car

    elle

    ne

    diffre

    en

    rien

    des

    existences

    prsentes

    ou

    passes,

    est souffrance,

    car

    elle

    est

    naissance, vieillesse, maladie^

    mort.

    Telle est

    la signification qu'on peut lgitimement prter

    au

    chapitre

    des

    doubles

    n

    (dukas)

    du

    Suttanipta.

    Mais^

    pour

    des raisons difficiles dterminer,

    on

    voulut

    que

    le

    nombre des termes

    de la

    srie

    fut douze.

    On

    y

    arriva,

    non

    sans

    gaucherie,

    1

    en distinguant hhava

    (existence)

    dejtl

    (naissance)

    et

    jar-marana

    (vieillesse-mort),

    qui

    en sont

    la glose (voir

    p.

    2.)

    [Par

    cette

    distinction,

    en

    faisant

    de

    hhava un

    lment

    distinct,

    commandant

    _;^i^

    etc.,

    on prparait

    la

    scolastiquc

    de grands

    embarras]

    ;

    2

    en

    introduisant dans la

    liste

    des

    doubles

    un

    fragment

    de

    la

    chane

    du

    Kalahavivda,

    : le spara

    (vi)

    a pour

    cause

    le

    nmarr(pa (iv)

    ;

    et

    3 ;

    pour plus de prcision, en

    intro-

    duisant

    entre sparsa et

    nmarRpa

    un intermdiaire

    utile^ les

    yatanas,

    ou

    sparyatanas

    (v),

    lieux

    du

    contact

    >,,

    causes

    du

    contact

    j),

    c'est--dire

    les organes des

    sens.

    Par

    l,

    on dfinit le

    nmarUpa,

    organisme

    humain,

    en tant

    qu'il est

    conditionn

    en

    vue du

    contact avec les

    objets

    extrieurs.

    ^ous

    sommes

    trs loin

    de

    penser

    que

    la

    liste officielle

    des

    douze

    causes

    successives

    ait

    t

    constitue comme

    il vient d'tre

    dit,

    et

    qu'on

    se

    soit

    servi

    cet effet

    des documents

    que

    nous

    avons

    signals

    Mais,

    dans cet ordre de

    conjectures^

    on a

    peut-

    tre

    quelque

    chance

    d'approcher de la

    vraisemblance

    :

    La

    drivation de

    la

    souffrance est le

    cadre

    primitif,

    le

    fond

    de toute

    la

    thorie

    (Senart).

    A

    ct

    de

    la

    formule de

    la

    deuxime

    Noble

    Vrit

    {(rsn-[nand-raga]

    -dulikha), il

    y

    avait^

    ou ou

    a

    construit^

  • 7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913

    17/141

    des

    couples

    ^

    parallles,

    analogues^ upadhi-dulikha,

    avidy-

    diihJcha

    [Celui-ci

    est

    tout

    fait

    dans

    i'esprit des

    UpauisadsJ.

    C'tait

    ds

    lors un

    jeu, ds

    qu'on

    tiut

    compte des

    relations

    fort

    nettes de

    quelques-uns

    de

    ces couples,

    '

    contact

    dukkha

    ',

    '

    sensation

    duhkha

    \

    '

    soif

    duhkka

    ',

    de

    les

    ranj^^er

    tous

    en

    causation

    successive

    :

    ...

    du

    contact,

    sensation

    ;

    de

    la

    sensa-

    tion,

    soif;

    de

    la

    soif...

    n

    ;

    et

    il

    n'tait pas trs

    malais

    d'arriver

    au

    cliilire

    douze

    qu'on

    s'tait fix

    d'avance.

    C'est

    par

    des procds de

    cette nature

    que fut

    tablie

    la

    chane

    duodnaire

    :

    En

    raison

    de l'ignorance,

    les

    samshras

    ;

    en

    raison

    des

    samshras,

    le

    vijnna

    ;

    en

    raison

    du

    vijnna, le

    nmarpa,

    .... les six organes ....

    le

    contact

    .... la

    sensation

    la

    soif....

    Vupdna

    l'existence

    ....

    la

    naissance

    ;

    en

    raison

    de

    la

    nais-

    sance,

    la

    vieillessemort, cliagin-laraentation-douleur-tristesso-

    tourments.

    Telle est la

    production

    de

    toute

    cette

    niasse

    de

    souffrances

    n.

    Et

    inversement

    :

    De

    la

    destruction

    de

    l'igno-

    rance, destruction

    e?,

    samslinis....

    Telle est

    la

    destruction

    de

    toute

    cette

    masse de souffrance

    ^^.

    Il

    y

    a

    de

    trs

    bonnes parties

    dans la

    chane

    :

    sadyatana-sparsa-

    vedan-tr.m.

    L'ignorance

    {avidy)

    est

    indispensable

    en

    tte de la

    liste,

    car

    les

    bouddhistes, comme le Yoga,

    comme Bossuet,

    la regardent

    comme

    la pire des

    maladies

    de

    lame

    et

    la mre de

    toutes

    les

    autres .

    Samskras

    (oprations

    d'ordre intellectuel

    et

    surtout

    moral), qui

    parat bien

    proche de

    samjTi,

    conscience, et vijnna,

    intellect,

    sont

    visiblement des causes de la soif {trmo).

    Pourquoi

    ils

    occupent telle

    ou

    telle

    place

    dans

    la

    liste, quelle est

    leur

    valeur exacte,

    d'o

    ils

    ont

    t

    emprunts,

    pourquoi

    upadhi

    a disparu, pourquoi nous

    avons

    upddna

    au

    lieu

    de

    ddna ou

    raga

    ou

    karman, n'est-il pas superflu

    de

    se

    le

    demander?

  • 7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913

    18/141

    ,^

    '

    Explications

    canoniques

    et

    autres

    des

    divers

    mennbres

    de

    la

    chane

    causale.

    La

    liste nv s'est

    pas

    tablie

    sans

    flottenieiits

    ;

    cliacuii

    de

    ses

    membres

    a

    donn

    lieu

    de

    nombreuses

    variations

    et

    explications

    (jue

    nous allons

    [jasser

    en

    revue,

    sans

    i)rtendre,

    d'ailleurs,

    tre

    complet.

    1.

    Avkii/,

    ignorance, nescience

    (^j.

    Rien ne

    permet

    de

    reconnatre

    Vavidy

    des bouddhistes un

    caractre cosmique

    et

    mtapliysi([ue

    : c'est

    im

    fticteur

    psycholo-

    gique,

    l'tat

    de celui

    (pii est

    it,'^norant

    (

    Tiguoraut

    fait,

    ujiadhi

    n,

    Suffaii.,

    728,

    ThnagathCi,

    152)

    De

    quoi est

    cette

    ignorance

    ?

    De

    la vrit

    de salut,

    des vrits

    bouddhiques, de

    hi

    vrit

    {tattve 'pratipaiti)

    {^) dont

    la

    scolastique

    a

    i)eu

    peu dtermin

    l'essentiel.

    1.

    L'ignorance est

    l'ignorance

    des quatre

    nobles vrits

    (D/ha

    II,

    p.

    90

    ;

    Siittau..

    724

    ;

    Sam.,

    v,

    439,

    conip.

    M.

    Vagga, vi,

    29,

    [

  • 7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913

    19/141

    rcux

    (Suttan.,

    75G)

    :

    d'o,

    avec

    plus

    ( (>

    prcisiou,

    l'iguonince

    est

    hi quadruple mprise

    {vlparysa)

    :

    jtrcndre

    poui-

    ternel

    ce (jiii

    est

    transitoire,

    pour

    iieui'fMix

    ce

    (pii

    est

    douloureux

    ;

    pour

    pur

    ce

    qui

    est impur

    (le

    corps),

    pour

    un

    selfr

    ce

    (|ui

    est

    dpouill de

    self?)

    :

    (c'est-:-dre

    les

    cinq

    shimUias. fliadhjjama/iavrffi,

    p.

    400)

    ;

    et,

    pour aller

    plus

    ;iu

    tond,

    la

    notion

    d'imit

    essseutielle

    ou

    iivticieUe

    [eJca'\

    j)in(asanijHa),

    de non-transitoii e,

    de

    permanent,

    de

    non

    prissable, d'heui-eux,

    d(i

    seli'),,

    ...

    d'individu, de

    moi

    n

    ou

    de

    mien

    v,

    relativement

    aux lments,

    qui

    coustitu(n)t

    notre

    pseudo-individualit

    (('^5/r^^/^V

    AhhidJiarinalcosa

    (

    iii,

    28),

    Vavidy

    n'est

    pas

    seulement

    manque

    de

    connaissance,

    mais

    l'oppos

    {vijsahm)

    de

    la sapience

    (vidy),

    une

    connaissance fausse

    {iniihyprafipafti), tout

    comme

    a-iiiitnc

    (non-ami),

    an-artJia (non-utile),

    adharmn

    (un-i'ighteous-

    ness)

    signifient

    ennemi,

    pei'nici(Hix, injustice.

    \javidy rentre

    dans la

    catgorie

    ajnitn, non-connaissance

    ;

    mais

    elle

    est caract-

    l'ise

    comme

    klisfa

    (Idisfam

    njndnam).

    passionnelle,

    pcheresse,

    pernicieuse,

    sans

    doute

    parce que

    la

    confusion

    du

    transitoire

    et

    du

    non-transitoire,

    etc.,

    est la mre

    de

    tous les

    Jdcias,

    passions.

    D'aprs

    les docteui-s du grand Vhicule^ rignorauce

    o

    demeurcMit

    les Arhats

    du

    vrai caractre

    des

    slcaudhas,

    n'est

    pas

    passion-

    nelle

    n, n'est

    pas

    avidy

    (llodhic. ix).

    v

    '

    On

    discute

    sur

    les

    rapports

    de

    Vavidy

    avec

    l'attachement

    (rflya),

    la haine,

    les

    vues

    hrtiques

    (dj-sti),

    et

    on

    a

    grand

    peine

    se dbrouiller

    ])arnii

    les numrations

    techniques.

    Il

    parat

    raisonnable

    de dfinir l'ignorance

    comme

    nlvarana,

    ce (^ui

    cache

    les

    choses

    comme

    elles

    sont

    (^),

    obscurit,

    hbtement

    (stimitatd)

    ;;

    :

    tandis

    que

    la

    soif est Ideia,

    lien

    (samyojana)

    {^).

    (')

    Le

    MadfiT/amahvatra

    (21(i,])

    explique

    comment

    le

    voile

    de

    l'ignorance,

    non

    seulement

    cache

    l'objet,

    mais

    encore

    le

    fait

    apparatre

    autre

    qu'il est.

    (2)

    Voir

    Suttan.

    1032-1033

    {Nettip.

    10,

    11),

    Madhyamakavrtti,

    328,

    542

    ;

  • 7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913

    20/141

    8

    2.

    Quelles

    sont les

    causes

    de l'ignorauce

    ?

    a.

    L'ignorance

    n'est

    pas

    sans

    aliments

    ;

    elle

    a

    des

    aliments

    :

    (1)

    les

    cinq nlvaranas,

    (hindrances),

    savoir convoitise^ mchan-

    cet,

    paresse

    et

    torpeur,

    orgueil,

    doute

    ou

    scepticisme,

    qui

    sont

    leur

    tour

    nourris

    par

    (2)

    le pch du corps, de

    la

    voix

    et de la

    pense,

    qui provient

    de

    (3)

    la non

    domination

    des sens

    (comparer

    Sam.,

    iv,

    70),

    (4j

    du

    manque

    prendre exacte

    conscience

    des

    impressions dsagrables

    (ou

    de

    l'absence

    de mmoire

    de

    la

    loi

    et

    de

    conscience

    attentive

    de soi),

    (5)

    de l'acte

    erron

    d'attention

    axjoniso

    manaskra,

    [jugement

    n'allant

    pas

    au

    fond?],

    (6)

    de

    l'incrdulit,

    (7)

    de

    la

    non

    audition

    de la

    loi

    bouddhique,

    (8)

    de,

    la non frquentation

    des saints

    (Ang.,

    v,

    113,

    116) n.

    b.

    Convoitise,

    mchancet, etc.

    n

    peuvent

    tre

    rsums

    en

    un mot, trsn,

    soif, dsir

    . La

    soif

    cause, nourrit

    l'ignorance,

    comme

    l'ignorance la

    soif

    ;

    ni l'une ni l'autre

    n'ont eu de

    commencement

    (voir

    Oltramare,

    p.

    34

    foll.

    Visuddhim.,

    xvii,

    apud Warren,

    171

    ;

    comp.

    Majjh.

    i,

    54,

    o l'ignorance est

    en

    causation

    rciproque

    avec les sravas

    (^),

    concupiscence, dsir

    de l'existence,

    hrsie).

    c.

    La

    scoiastique accorde

    une

    grande importance

    un

    des

    aliments

    cits

    ci-dessus

    (sous a),

    savoir

    l'acte

    erron

    d'attention

    (^)

    ;

    on

    cite

    un

    siitra

    sanscrit

    qui

    en

    fait

    la

    cause

    immdiate de

    l'ignorance,

    de

    mme qu'il en

    est

    la

    consquence

    (voir

    Madhyaniakavrtti,

    4.52). Ceci

    doit,

    sans

    doute,

    s'entendre

    comme

    dans

    Nettip.

    (28,

    79)

    :

    l'ignorance

    un moment

    donn

    a

    pour

    cause {hetu)

    un

    tat

    d'ignorance qui

    demeure

    jusqu'au

    Sikmsarauccaya,

    81,

    1,

    Bodhicaryuatra,

    ix,

    1

    ad

    finem

    :

    Strlani-

    kra,

    xvi,

    50

    ;

    Vibhanga,

    p. 85,

    les listes de samyojanas, yogas, oghas,

    anusayas,

    nlvaranas.

    (1)

    srava

    '

    passion

    '

    mot sanscrit de la

    racine sru,

    to

    flow,

    stream,

    est

    refait sur le

    Pli cisava.

    Faut-il

    lire sraya,

    point d'appui

    (de

    la

    racine

    sri) 1 Comparer

    itpadhi,

    voir

    Fausbll, Dhammapada,

    (Hauni,

    1885)

    279

    et

    Senart,

    Mlanges Harlez,

    293.

    Il

    n'y

    a

    injita,

    calita,

    upn-

    ddna, que

    s'il

    y

    a

    nissaya

    {nisray),

    point

    d'appui.

    (Sutian.,

    752).

    Udcina

    viii

    4

    donne

    la

    chane nissaya,

    calita,

    passaddhi,

    nati,

    gatigati,

    cui-

    papto.

    (2)

    Un

    quivalent de

    ayoniso

    manaskra

    est

    ayonio

    vihalpa

    ;Yoir

    Madh.

    vrtti,

    index.

  • 7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913

    21/141

    9

    moment

    o

    il

    est

    dtruit

    par

    la

    science,

    et pour

    condition

    imm-

    diate

    tel acte erron

    d'attention,

    inform

    lui-mme

    par

    l'igno-

    rance, car

    cet acte

    n'est

    qu'une

    dmarche,

    une

    flexion

    d'une

    pense errone

    {viparltacetasa

    abhog)

    {^)

    d.

    Divers

    passages

    du

    canon

    montrent,

    en

    effet,

    que

    l'ignorance

    qualifie

    toute

    existence,

    la

    fait

    durer,

    et qu'il

    faut

    rapporter

    tous

    les

    membres

    de

    la

    chane

    la

    pense

    errone

    : si

    la

    sensation

    (vedan)

    agrable

    (ou

    dsagrable)

    produit

    la

    soif (ou

    le

    dgot),

    c'est qu'elle

    procde

    d'un

    contact

    auquel

    l'ignorance

    est

    associe

    {avidysparajam

    reditam

    pratltyotpadyate

    trsn,

    Ahhidharma-

    Tvoav.

    fol.

    227(2),

    et

    Sam.,

    iii,

    46,

    96) ;

    c'est

    l'ignorance

    qui fait

    de

    la

    sensation

    un

    membre

    {ahga),

    c'est--dire

    un

    lment

    causal

    de l'existence

    :

    car

    la

    sensation

    ne

    produirait

    pas

    la

    soif

    s'il n'y

    avait

    pas l'ignorance

    chez

    celui

    qui sent, dans le

    manas

    (esprit)

    qui entre en contact.

    2.

    SamsJcras (Pli

    sankhras)

    (3).

    1. Beaucoup

    de

    traductions

    ont

    t

    proposes

    pour

    ce

    terme

    difiicile

    et,

    part

    celles qui

    sont

    de purs quivalents

    (con-fections,

    syn-thesis),

    aucune

    ne

    peut

    tre regarde comme

    satisfaisante

    ;

    aucune

    ne couvre

    tous

    les emplois

    de

    ce

    mot

    complaisant.

    Encore

    faut-il

    noter que

    samshra peut

    signifier

    aussi bien

    ce qui

    con-ficit n,

    que

    ce qui est

    con-fectus

    .

    Le

    canon

    numre diverses

    catgories de samslcras

    :

    (a) trois

    catgories,

    en

    raison

    de

    la

    qualification

    morale

    :

    mritants,

    dmritants,

    neutres

    (ce qui ne

    veut

    pas

    dire

    exempt

    d'ignorance

    ;

    par

    exemple,

    le

    samshra

    relatif

    aux

    sphres

    de

    la

    non-forme

    n'est pas

    pur),

    Sam., ii,

    p.

    82,

    v,

    p.

    450;

    AKV.

    fol.

    229

    a;

    {h) six catgories,

    suivant

    la nature de l'objet qui

    les provoque,

    couleur,

    son,

    etc.

    ;

    catgories qui correspondent

    aux

    organes,

    Sam.,

    iii,

    p.

    60

    ;

    {})

    Sur bhoga

    voir notamment

    Blgha,

    i,

    37

    ;

    Kathvatthu,

    vii,

    7

    ;

    (*)

    Cit

    ci-dessous

    comme

    AKY\

    sauf

    mention

    contraire

    la

    rfrence

    est

    au

    MS.

    de

    la

    Socit

    Asiatique.

    (3)

    Voir notamment

    Kern,

    Geschiedenis i,

    345,

    Warrn,

    116

    ;

    Childers

    453-455

    ;

    BOhtlingk-Roth, Dzc^

    sub.

    voc.

  • 7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913

    22/141

    10

    (c)

    trois catgories

    suivant que le samsJcra

    appartient

    au corpS;

    la

    voix

    ou la

    pense, respectivement

    1)

    inhalation

    et

    exhala-

    tion

    ;

    2)

    considration

    (vitarJca)

    et

    rflexion

    (vicra) :

    car

    on

    parle

    aprs

    avoir considr

    et rflchi),;

    3j

    notion

    et feelingn

    (samjn

    eivedana),

    Majj., i,

    p.

    301^,

    Sam.,

    iv.

    293

    ;

    VihharKja,

    135,

    SBE.

    xiii^

    76.

    Les catgories

    (c)

    s'expliquent

    par l'interprtation

    de sam-

    sJcra

    dans

    le

    sens

    de

    ce

    qui fait

    tenir ensemble

    ,

    ce

    qui

    forme

    n

    le

    corps, la

    voix,

    l'esprit

    ;

    les

    catgories (a),

    par

    leur

    caractre

    moral,

    rapprochent la

    notion

    de

    samslira de

    celle

    d'opration, d'action, d'acte,

    Tcarman,

    jusqu'

    confondre

    les

    deux

    notions(i)

    ;

    elles

    supposent

    pour samsJcra

    la

    traduction,

    que

    nous

    rencontrons

    en

    efet,

    peuse

    r,

    rflexion

    ,

    volition

    {cetan,

    samcetan),

    laquelle pense ou volition est

    relative

    aux six objets

    de connaissance,

    d'oii les catgories

    (6)

    {Sam.,

    iii,

    60)

    (}).

    2.

    Un

    autre

    passage

    du

    Sam.

    (ii,

    G5) fouruit

    les

    quivalences,

    cefan,

    prakapa, amiaya,

    volition

    v,

    imagination

    ,

    aspi-

    ration

    ,,

    ou, plus

    exactement et

    d'une

    manire

    plus gnrale,

    conception

    : l'ide

    je

    suis

    est

    un samsJcra

    {Sam.,

    iii,

    46,

    96),

    c'est--dire

    un

    samJcalpa,

    une

    construction

    (fausse) de

    l'esprit :

    amour,

    je

    connais

    ton

    oi'igine

    ;

    tu nais

    de l'imagina-

    tion

    (samJcalpa),

    je

    ne

    t'imaginerai

    plus,

    et

    tu

    ne

    te

    renouvelleras

    plus

    pour moi

    (^).

    Les

    somsJcr((s

    sont

    le

    domaine [ramm.aim, voir

    Kern,

    Maniial,

    p.

    57)

    sur lequcd la peuse

    {MajjJi

    ,

    iii,

    99),

    ou

    j'intelligt'nce

    (vijnna,

    Satn.,

    ii,

    65),

    ])rend

    point

    d'appui

    (pafiffJi) pour durer

    et

    se

    dvelopper.

    Ce

    faisant, la

    pense renouvelle les samsJcras,

    se

    complat

    (^)

    dans

    les

    imaginations

    qui

    doivent

    tourner

    (1) Il

    faut

    donc

    approuver

    Chiklers

    (p.

    359)

    et

    Warren

    (p.

    84)

    de

    substi-

    tuer

    karman

    samshras,

    en tant

    que

    membre

    de

    la chane

    causale.

    C'est

    ce

    que

    font

    les

    traducteuis

    tibtains,

    \o\\'

    JPTS.

    1886,

    29.

    Upadlti

    aussi

    est

    traduit

    par

    las.

    (*)

    On

    a

    abhiaaiitskaronto

    =

    ahhisamcetayanto

    ,

    abhisamskaroti

    =

    cetayate

    etc., voir Oldenberf-,

    Bwldha^,

    p.

    28().

    n.

    2,

    289,

    n.

    1,

    celand

    remplace

    samskaras dans

    une

    liste des

    skandhas

    [AKV.

    244a).

    (3)

    Uddnavarga, ii,

    1

    ;

    Madli.

    vr.

    30,ii

    ;

    451,

    le-

    (*)

    Je lirais

    volontiers

    abhisammoditam,

    dayitam-,

    MaJivastu,

    i,

    p.

    26,

    7.

  • 7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913

    23/141

    11

    douleur, tristesse,

    mort,

    naissauce

    ;

    forme,

    renouvelle et

    imagiue des

    imaginations

    {sanJihre

    abhisankharoti,

    Sam.,

    v,

    p.

    449)^

    qui,

    d'abord isoles

    ou

    transitoires^

    deviennent

    une

    manire

    d'tre

    {vihra),

    la

    convei'sation

    n

    de

    la

    pense.

    D'oii

    la

    viva-

    cit

    ,

    le caractre

    vivace

    de la

    peuse, et la

    renaissance,

    dter-

    mine par

    cette

    manire

    d'tre

    t,

    Ou

    bien,

    et

    je

    pense en

    effet qu'on peut

    s'exprimer

    ainsi,

    par

    des

    sanislcras

    comme

    je

    suis

    n, j'existerai

    ,

    j)uiss-je

    aprs

    la

    mort

    renatre

    dans

    tel tat

    ,

    on cultive

    (hhveti)

    la

    peuse

    :

    la

    pense

    est

    donc

    conditionne

    v,

    parfume

    ,

    conforme

    n,

    c'est--dire

    sams-

    Jcrta,

    ahhisamshiia

    C^).

    3.

    Inversement

    l'action

    du

    corps,

    de

    la

    voix

    ou

    de

    la

    peuse,

    (c'est--dire,

    exactement, le InrmajKitha, chemin

    de

    l'acte),

    tuer,

    voler,

    etc., n'est vraiment

    un

    acte

    (karman)

    au

    sens

    bouddhique

    du

    mot, c'est--dire

    n'est

    vedani/a, capable

    d'tre

    sentie

    ,

    grosse

    de rtribution,

    que

    si

    elle est

    parfaite

    ou

    acheve

    {ahhi-

    sahJchata

    ==

    abhisamsJcrta), c'est--dire

    pense,

    rflchie,

    ou

    voulue

    (ahhismcetayita). Donner de l'or (piand on

    croit

    donner

    une

    pierre,

    dit la scolastique sanscrite, le

    don

    de

    l'or

    est

    fait

    (krfa),

    mais il n'est pas ijnputable, assum,

    {}ipacita)

    (^),

    -

    parce qu'il

    n'est pas pens,

    achev {^).

    Le

    corps,

    l'il,

    la

    langue

    il

    faut

    le

    considrer

    comme

    tant

    l'acte

    ancien^

    l'acte

    parfait, rflchi,

    cause

    de

    sensation

    (Sam.

    ii,

    65,

    iv,

    132)

    ('')

    :

    eu

    termes exacts,

    le

    corps

    n'est

    pas

    l'acte

    ancien,

    ni la

    (1) On

    sent

    combien

    est proche

    la

    notion de

    samskra,

    traces

    laisses

    par

    les

    actes

    dans

    l'esprit du Yoga

    ou du

    Smkhya.

    Nos

    textes

    glosent

    abhisanishria

    par

    parihhdvita,

    voir

    Oldenberg,

    Buddha^,

    p.

    291.

    Comparer

    l'emploi

    de

    ahlxisamskaroti dans

    Satapathabrhmana

    '

    to

    render

    or

    make

    one's self

    (ntmnam) any thing wished

    to

    be

    '.

    Aussi

    Kaushtahi,

    ii, 6.

    (^)

    upacita

    '

    accumul

    ',

    comparer la traduction

    de

    punyhhisams-

    kflra

    accumulation

    of

    merit

    ,

    Kern, SBE. xxi,

    p.

    317

    ;

    Childers. sub

    voc.

    bhiHaiikhdra.

    et

    samskaroti

    to accumulate

    ;

    Mrchchh.

    ix,

    4.

    (^) Voir

    textes

    cits

    Madln/amahavrtti,

    303,

    n.

    4 (aussi

    137,

    n.

    4).

    (^)

    Mais

    voir

    la

    traduction

    d'Oldenberg

    (Bouddha^,

    p.

    226,

    Buddha^,

    p

    267).

    Le

    texte

    Sam.

    IV,

    132

    prsente

    de

    curieuses

    particularits.

    La

    rdaction

    sanscrite

    (A

    A

    Y.

    Ms

    Burn. fol.

    .51a) :

    .yarl

    imdni

    sparsyata-

    ndni

    paurnam

    karma

  • 7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913

    24/141

    12

    rtribution (yipka)

    de

    l'acte ancien,

    mais il

    est

    en

    vue de

    la

    rtribution

    {vipaktihetol}),

    (|ui est

    la

    douleur

    (scolastique

    sans-

    crite).

    4.

    Pour

    la

    scolastique,

    le

    terme

    saniskras

    reprsente les

    actions

    d'une

    vie

    antrieure

    :

    d'oii l'explication

    :

    Les

    samskras

    sont

    ainsi appels

    parce

    qu'ils

    causent et

    faonnent

    la

    renais-

    sance

    [punarhhavhJiisamsTxrt)

    ,

    Madhyamalmvrtti,

    p.

    543,

    cf.

    Nettip. 28.

    3

    et

    4,

    vijnna,

    intelligence,

    connaissance,

    et

    nmarpa,

    noniet-matire;,

    me

    et

    corps.

    1

    Le

    vijnna, c'est

    ce qui

    descend

    dans

    le

    sein maternel

    et

    y

    est

    la cause du nmarnpa,

    c'est--dire^

    ici^ du premier

    germe

    de

    l'tre

    nouveau.

    Si

    le

    vijnna

    ne

    descendait pas

    dans

    le sein

    maternel,

    le

    n-

    maripa

    s'y

    constituerait-il

    ?

    ^

    {Dlgha,

    ii,

    63),

    ou,

    dans

    la

    variante

    sanscrite :

    Le Jcalala

    (premier aspect de

    l'embryon)

    existerait-il

    comme kalala'}

    n

    [Madhyamahavrtii,

    p.

    552)

    (\)

    Eu

    langage

    empirique

    ,

    le

    vijnna est

    donc

    le

    principe

    n

    indpendant

    du

    corpS;, assemblage

    matriel provenant du pre et de la mre,

    et

    qui semble m'appartenir

    en

    propre

    {Majjhima, n,

    17,

    iam

    me

    vijnnam ^=-

    t\i\s

    mme, vijnna).

    C'est

    le

    principe

    spirituel dont

    Mra

    cherche

    vainement s'emparer

    lorsqu'un

    saint

    {arhat)

    vient

    moui'ir

    (Oldeuberg,

    Buddha-',

    p.

    315),

    [car

    le

    vijnna

    du

    saint

    a disparu dfinitivement, invisible

    aux

    hommes

    et

    aux

    dieux];

    mais qui^ dans

    les

    cas

    ordinaires, en raison

    d'actes

    ou

    dispositions

    anciennes (samskras), entre aprs la

    mort

    dans

    une

    nouvelle existence (samnivisate gatau,

    Madhyamakavrtti,

    p.

    543).

    2.

    Le

    vijnna

    est ce

    la

    prsence de quoi est

    d

    le

    dveloppe-

    ment et

    toute

    la

    destine du nmarUpa, c'est--dire

    de

    l'organisme

    intellectuel

    et

    physique

    au

    cours

    de

    toute

    l'existence

    tant

    utrine

    qu'extrieure

    :

    Si

    le

    vijnna,

    aprs tre

    descendu

    dans

    le

    sein

    maternel,

    s'en allait,

    le

    nmarupa

    (c'est--dire

    videmment

    Tem-

    (1) Comp.

    le commentaire

    pli,

    Dialogues, ii,

    60,

    n.

    2.

  • 7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913

    25/141

    13

    bryon)

    natrait-il

    ?

    Si

    le

    vljnna

    tait

    spar

    de

    l'eufant,

    du

    jeune

    homme, de

    la jeune

    fille,

    le

    ninarFipa

    (c'est--dire

    la

    personne

    vivante

    toute

    entire)

    grandirait-il,

    crotrait-il,

    se

    dvelopperait-

    il?

    {D'ighn,

    ii,

    63)

    Non

    pas,

    il

    mourrait

    {}).

    Vijnna

    doit ici

    s'entendre

    :

    principe

    vital

    et

    spirituel

    n.

    Mais,

    pour

    (pie le

    nniarUpa,

    c'est--dire

    le

    corps-esprit,

    grandisse, il

    ne

    suffit pas

    qu'il

    soit vivant,

    il

    faut

    encore qu'il

    soit

    aliment

    :

    L'ignorance,

    le

    dsir

    et

    l'attachement sont comme

    les

    mres

    de ce

    corps,

    l'acte

    comme

    son

    pre

    [car

    ils

    dterminent

    la

    descente

    du

    vijnna]

    ;

    la nourriture

    {hra) en

    est

    la nour-

    rice

    {Visuddhimagga, dans Warren,

    p.

    242)

    {^).

    ^^^

    :

    3.

    Le

    nmaripa, au

    double point

    de

    vue

    de

    son

    origine et

    de

    sa

    persistance,

    est en

    raison du

    vijnna

    ;

    de mme

    le

    vijnna

    lui-mme

    est

    en

    raison

    du nmarTipa.

    D'aprs

    la

    mtaphore

    canonique,

    ils

    tiennent,

    appuys l'un

    contre

    l'autre,

    comme

    deux

    bottes de roseaux

    :

    Le

    vijnna

    a pour

    base,

    point

    de

    dpart et terme, le nmarpa : c'est par lui et

    avec lui qu'il

    nat,

    vieillit, meurt, tombe de la prsente existence, apparat

    dans

    une

    autre existence

    (librement d'aprs

    Sam.,

    ii,

    104)

    ;

    le vijnna

    trouve point d'appui dans le

    nmarTipa,

    d'o (par

    le

    dveloppe-

    ment

    qu'il

    prend

    grce

    cet appui), renaissance, vieillesse,

    mort

    venir

    {D'tgha,

    ii,

    63).

    D'une

    part, le

    vijnna, principe

    spirituel

    qui

    descend

    dans

    la

    matrice

    {pratisamdhi,

    JPTS.

    1893,

    p.

    139),

    y

    exerce sans doute

    une action sur

    les

    lments

    matriels

    de

    la

    gnration, mais

    il

    n'y

    descendrait pas s'il

    ne devait

    y

    trouver ces

    lments matriels

    ;

    d'autre

    part,

    au cours

    de l'exis-

    tence

    (prqvrtti),

    le

    vijnna,

    c'est--dire

    les vijhnas, les

    con-

    naissances

    r.

    qu'on

    peut

    appeler

    actuelles

    {praiivijhapti).

    les

    six

    corps (kaya),

    groupes

    ou

    sries

    {samtati)

    de connaissance

    (visuelle,

    etc.),

    sont

    en

    fonction

    du corps,

    des organes

    de

    con-

    naissance, de la

    matire

    (r/?/ja)

    (3).

    (M

    Sam.

    iii,

    143 et

    Abhidh. h.

    v.,

    Burn.

    453

    b.

    {*)

    D'aprs

    le

    Sstra

    (Abhidharma

    Sarvstivdin)

    cit

    dans

    Ahutobhaya

    xvii,

    27

    (voir

    la

    traduction

    de

    M.

    Walleser),

    harman

    et

    hleia

    sont

    les

    pratyayas

    du

    corps.

    (3)

    On dfinit

    :

    vijnnam'prativijnantir

    manayatanam

    ca

    iat (Abhid-

    harmakosa, i,

    16),

    c'est--dire

    vijnna

    =

    connaissance particulire

    et

  • 7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913

    26/141

    14

    4. Avant

    d'examiner

    de plus

    prs

    la

    notion

    de nmarpa,

    il

    faut corriger

    rimi)ression

    que laissent

    les

    textes

    cits ci-dessus,

    savoir

    que le

    vijhna est un

    principe permanent, s'iucarnant,

    migrant, une

    me en

    un

    mot.

    Cette

    impression est coutirme

    i)ar

    ce qu'on nous

    dit

    du mana-

    indriya, organe

    mental,

    sensorium commune, du manas, esprit,

    mens

    roi de

    la

    ville

    n

    {Sam.,

    iv,

    195),

    sjournant dans

    la

    matire

    subtile

    du

    cur,

    distinct

    du

    mano-vijna,

    connaissance

    men-

    tale

    n

    (

    ceci

    est

    bleu

    v,

    voir ci-dessous).

    ;

    Mais

    ct

    de

    ces conceptions

    empiriques, que la

    scolastique

    creusera

    k

    loisir, nous possdons des

    textes formels

    :

    De

    mme

    qu'un

    singe (makkafa),

    prenant ses

    bats

    dans

    une

    fort

    ou

    dans un

    bois,

    saisit une

    branche,

    puis

    la

    laisse

    chapper et en saisit une

    autre,

    ainsi ce qu'on

    appelle

    pense {citta), esprit {manas)

    ou

    vijnna,

    (intelligence)^

    jour

    et

    nuit,

    autre

    apparat,

    autre

    dispa-

    rait

    {Sam.,

    ii,

    95)

    (\).

    Tout

    vijnna,

    tout

    moment

    de vijhna,

    nous

    dirions tout

    tat

    de

    conscience,

    est

    produit par des causes

    concurrentes {Majjh.,i,

    257).

    Une

    scolastique

    savante donnera

    au

    vijnna, principe

    vital et

    intellectuel,

    son

    vrai

    nom

    :

    vijh-

    nasroias,

    courant

    d'actes de pense

    :;,

    et

    tablira que

    chacun

    de

    ces

    actes

    a

    pour

    causes,

    1.

    l'objet (couleur),

    2.

    l'organe (il),

    3.

    un

    lment

    intellectuel,

    savoir,

    non

    pas

    un

    noumne

    ,

    une

    substance,

    mais

    l'acte de

    pense

    qui

    prcde

    immdiatement.

    {Miison,

    19U1,

    p.

    194).

    Le

    vijnna est

    considr

    comme

    un

    aliment {Sam.,

    ii,

    p.

    13)

    :

    c'est--dire

    que

    l'esprit

    se nourrit

    de

    ses

    oprations,

    qu'il n'est

    qu'un processus de vijhnas.

    S'il

    cessait

    de

    s'alimenter

    {Nettipakarana,

    p.

    16)

    ce

    serait

    le nirvana

    ;

    il

    s'alimente

    :

    d'oii la

    vie

    et

    la

    renaissance.

    Du

    mme

    principe,

    il

    suit

    que

    renaissance

    n'est

    pas

    trans-

    mind-organ

    ;

    ou

    encore,

    lorsqu'on considre

    vijnna

    comme skandha,

    vijTina =sannm

    vijnnakydnni

    sayntatih,

    la

    srie

    des six

    groupes

    de connaissances (particulires)

    ;

    voir

    Madhyamahavrtti,

    p.

    60.

    (1) Dans

    DJtammapada,

    v. 334

    =

    SBE, X,

    p.

    SI, Therag.

    1111 (comparer

    JPTS.

    1884,

    p.

    104),

    c'est

    bien

    le

    vijnna ou

    la

    pense

    {citta)

    qui

    court

    comme un singe,

    sous

    l'action

    de

    la

    soif qui trouve

    son

    plaisir

    et l.

    Comparez les symboles des

    fresques

    d'Ajant

    et des peintures

    tibtaines,

    ci-dessous

    m,

    2.

  • 7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913

    27/141

    15

    migration

    v

    (f^nmlraitin,

    snmlcrnti)

    :

    h^

    rapport

    entre

    le vijnna

    qui

    toiiil)e

    d'une

    (\\:isteuee

    n

    et

    le

    vijnmia

    qui

    s'incarne,

    est

    celui

    qui

    existe

    entre

    une

    image

    et son

    i-etlet,

    entre

    le

    cachet et

    l'empreinte

    (').

    On

    dit

    que

    le

    vijnna

    se

    rincai-ne

    en

    mme

    temps

    qu'il

    tombe

    r,

    de nu'nue

    que

    les

    flaux

    de la

    balance

    montent

    et

    descendent : ceci n'est,

    ne

    i)eut

    tre

    qu'une

    mtaphore

    {^).

    5. Le

    texte

    cit

    ci-dessus

    (1)

    i-eprseute

    le

    vijnna

    comme

    des-

    cendant

    seul

    dans

    la

    matrice.

    D'autres

    documents

    sont

    encore

    plus

    nets

    {Sam., i,

    37,

    MaJJh.,

    i,

    256)

    :

    Quoi,

    dans

    l'homme,

    trans-

    migre

    '?

    La

    i)ense

    ) ,

    et

    cette

    manire

    de

    voir sera

    adopte

    i)ar

    certaines

    coles.

    Mais

    le canon

    mentionne

    la

    croyance

    [popu-

    laire]

    la rincarnation

    d'un

    tre

    couq)let

    (npi^el

    gandharva)

    (^)

    ;

    la

    philosophie

    brahmanique

    fait

    transmigrer

    un

    corps

    subtil

    ?>

    {lihyasarlra, skpiiaiarlra)

    ;

    des thoriciens

    bouddhiques soutien-

    nent

    que

    le

    vijna,

    sauf dans

    des

    conditions

    particulires

    de

    force

    mystique

    (et encore

    on

    discute

    l-dessus) n'est

    pas

    capable

    de

    subsister

    sans

    matire

    (*).

    Et

    le

    canon, en

    effet,

    ct

    des

    passages

    o

    il

    parle

    de la

    descente

    n

    du

    vijnna, en contient

    d'autres

    oii la notion

    d'un

    corps subtil est

    pour le

    moins

    suggre.

    D'abord

    MaJJh.

    i,

    256,

    qui condamne

    la

    thse

    de

    la transmigration

    du

    vijnna

    isol.

    Ensuite, Sam.,'u,

    66, 90,

    101,

    descente

    du

    nniarpa,

    et

    (ihid.

    iii,

    46,

    56, cp.

    ii,

    13)

    descente

    des

    cinq sens

    ou

    des

    six

    sens

    {manas,

    mens,

    compris).

    La

    scolastique

    admettra que

    les cinq

    skandhas (lments

    constitutifs

    de

    la

    pseudo-individualit) qui

    prennent

    fin

    la

    mort,

    sont

    remplacs

    ])ar les

    cinq autres

    skandhas

    de

    l'tre

    l'tat

    naissant

    (^).

    Quand

    le recommencement

    d'une

    nouvelle

    existence

    a

    lieu

    (1)

    Voir

    Madhyamakavrtti,

    p.

    544

    et

    Visuddhimagga,

    xvii,

    apud

    War-

    ren,

    p.

    239

    dont

    il

    faut

    lire

    tout

    le chapitre

    intitul

    :

    '

    iiebirth

    is

    not

    transmigration

    '

    p.

    234-41 (d'aprs

    Milinda

    et

    Visuddhi).

    Certaines

    sectes

    admettent le

    saynhrama.

    (2)

    Madh.

    vr.

    544,

    6;

    Madliyamakcivalra, vi,

    18.

    (3)

    Voir

    Windiscli,

    Buddha''s

    Geburt

    ;

    Hastings'

    Encycl.

    art.

    Death.

    (*)

    Voir

    Eastiiigs'

    Encycl.

    art.

    Cosmology,

    p.

    137.

    (5)

    radrandntika-,

    aupapattydmsiha,

    voir

    par

    exemple

    Madhyama-

    kavrtti,

    544,

    569. Sur

    le

    dveloppement

    graduel de

    l'embryon,

    voir

    ci-des-

    sous

    111,

    3.

  • 7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913

    28/141

    -

    l

    dans

    la sphre non

    matrielle

    {arFipa),

    le

    vijnna

    ne

    cause pas

    nmarnpa,

    mais

    seulement

    nman

    {^).

    6.

    Que faut-il

    entendre

    au

    juste par nniarpa'} Ce terme, dont

    les

    origines

    vdantiques sont videntes

    (2),

    dsigne probablement

    l'individu

    dans sa

    totalit

    spirituelle

    et

    matrielle, conu comme

    un

    aggrgat

    sans unit substantielle

    {^).

    Cependant

    la

    seule

    dfinition

    scolastique

    que

    je

    rencontre

    dans le

    canon

    (^)

    {Sam.

    ii,

    3,

    Majjh. i,

    53)

    semble

    sparer

    le

    vijnna

    du

    nmarvpa

    :

    Par rpa,

    on

    entend les

    quatre

    lments (terre,

    etc.),

    et

    le

    rUpa

    qui

    drive

    des

    quatre

    lments

    n

    ('')

    : il

    s'agit ici

    du

    rpa

    driv, c'est--dire

    du corps,

    y

    compris la

    matire

    subtile

    qui

    constitue

    les organes des

    sens

    (^).

    Par

    nman,

    on

    entend

    sensation, notion ou

    nom, volition,

    contact,

    attention

    {vedan,

    samjnd,

    cetan,

    spara, nianasikra,

    voir ci-dessous),

    c'est--dire des

    donnes d'ordre

    spirituel

    qui

    se

    rapportent

    au

    vijnna

    comme

    leur

    cause

    ou

    leur

    support,

    et

    dont,

    son

    tour,

    le V/wwa

    dpend.

    La

    scolastique

    postrieui-e

    hsite ( ).

    Tantt,

    et

    ceci revient

    la

    (1)

    Voir

    Yibhanga,

    138;

    AKV.,

    Ms.

    Burnouf 454 a; Hastings^ Encycl.

    art.

    Cosmology,

    p.

    137.

    (*)

    Sens

    vdntique

    :

    ce

    qui

    caractrise

    les

    objets

    particuliers, leur

    forme

    et

    leur nom.

    Voir

    Kern,

    Geschiedenis,

    I,

    335;

    Oldenberg,

    Buddha^, 262

    ;

    Rigveda-Noten

    zu iii,

    38.;,

    V,

    43.

    10

    ;

    Arch.

    fur

    Rel.

    Wiss.,

    1910,

    584

    (Suttanipta

    1074)

    ;

    Senart,

    Ml. Hai'lez,

    286,

    qui pense que ce

    terme,

    ici,

    ne

    peut

    essentiellement reprsenter

    que

    le rpa

    n,

    matire.

    On

    trouvera

    des tymologies de

    nman

    et

    de

    rpa

    dans

    Madhyama-

    kavrtti.

    343,

    544

    et

    Muson,

    1901,

    195.

    (3)

    Voir

    Bigandet,

    II,

    224,

    cit par

    Kern,

    I.

    341.

    Le

    nmorpa

    est un

    compound

    (samghdta)

    de

    deux

    compounds,

    rpa

    et

    ndman

    (qui

    s'ap-

    puient

    l'un

    sur

    l'autre),

    Nettipakarana,

    28

    ;

    ail physical and mental

    phnomena

    (Kern).

    (

  • 7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913

    29/141

    .

    17

    dfinitioa

    que

    nous venons

    de

    signaler,

    elle

    dnit

    nni,an=vedan,

    samjn,

    samshlras,

    c'est--dire,

    h

    l'exclusion

    du

    viJHna,

    tout

    le

    spirituel

    ou

    intellectuel-motif

    qui

    accompagne le

    vijnna

    {saha-

    hhn)

    :

    l'tre

    tout

    entier,

    c'est

    donc

    le

    ndmarpa

    avec

    le

    vijuna

    [Dgha,

    ii,

    64,

    Nettipaharana,

    15)

    Tantt,

    et

    plus

    souvent,

    on

    a

    :

    rpa

    =

    rpa

    ;

    nma

    =

    vedan

    ....

    vijhna

    ;

    nmarnpa

    =

    tout

    l'organisme.

    11

    semble,

    en

    effet,

    que

    le

    vijhna persiste

    et

    subsiste

    comme partie

    intgrante

    et

    dominatrice

    du

    nmiiri'tpa

    dont

    il

    a

    dtermin d'abord la formation.

    7.

    Parfois

    on

    explique

    l'origine

    du

    nmarUpa

    en

    faisant

    intervenir

    six

    dhtus, lments,

    savoir

    les

    quatre

    grands

    lments

    (mahbhnta),

    l'espace,

    et

    le vijhna

    :

    C'est

    en

    raison

    des

    six

    dhtus,

    terre, eau, feu,

    vent,

    espace

    et

    vijhna qu'a

    lieu

    la

    descente

    de

    l'embryon

    (garbha)

    (c'est--dire la

    conception) :

    cette

    descente

    tant,

    il

    y

    a nmarpa

    {Ang.,

    i,

    176).

    Le

    vijhna

    est

    videmment

    la

    partie

    prenante,

    la

    cause

    efficiente

    :

    encore

    qu'il

    soit

    qualifi

    dhtu

    (})

    et

    compar

    la

    terre,

    etc.,

    il

    est

    individualis

    et

    individualise

    les

    lments matriels

    qui

    s'organisent

    en raison

    de sa

    prsence.

    Mais on

    ne

    i)eut

    ignorer

    le caractre vdantique que

    cette

    reprsentation

    peut

    prsenter, et

    on

    doit

    remarquer des passages comme\

    Dlgha,

    i,

    223

    (^),

    Majjh.,

    i,

    329

    :

    L'invisible,

    infini,

    partoijlt

    brillant

    vijhna

    ....

    l

    meurent

    nom

    et forme

    ...

    ,

    susceptibles,

    tout

    le

    moins, d'exgse

    vdantique,

    si

    leur

    origine

    n'est

    pas

    vdanti-

    que

    (3).

    :

    \v

    -

    8. Mentionnons

    encore Sam.,

    ii,

    24 :

    Ce

    corps

    et

    le

    nmarpa

    (1)

    Voir

    la

    valeur

    de

    l'expression

    vijhnadhaf.u

    tout

    ce qui

    rentre

    dans

    l'lment

    ou

    catgorie

    vijhna

    =

    yd

    caksuradhipateyyd

    ricpn-

    l'amba'naprativijhaptih

    =

    les connaissances

    ayant

    pour

    objet

    le

    rpa

    et pour

    rgent

    l'il,

    c'est--dire

    les

    connaissances

    de

    couleur

    et

    de

    l'orme

    ;

    et

    de

    mme

    pour les six sens

    {Sikssa^niiccaya,

    p. 250).

    (^) Ce

    texte

    appelle

    un

    long commentaire,

    voir

    Oldenberg,

    Buddha'^,

    264

    ;

    Rliys Davids,

    Dialogues

    of

    the

    Buddha,

    i,

    283.

    P)

    Comparer

    l'Upanisad

    (Mundaha,

    iii,

    2, 8)

    :

    De mme

    que

    les

    fleuves,

    quand

    ils

    roulent

    dans

    l'Ocan,

    perdent

    leur

    nom-et-forme

    et

    disparaissent,

    de

    mme

    le

    sage,

    dUvr

    de

    son

    nom-et-forme

    (c'est--dire

    de

    son

    individualit,

    cre par l'ignorance) entre dans

    l'Esprit

    suprme

    et

    cleste .

    Z

  • 7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913

    30/141

    -

    16

    -

    extrieur

    (bahirdh ca nmarpam)

    fout

    deux

    et eu raison

    de

    ces

    deux

    le contact

    et les

    six

    yatanas

    (voir

    JRAS.

    1905,

    p.

    402),

    passage

    presque

    isol

    daus

    la littrature,

    et

    oii le

    moude

    extrieur

    reoit

    le

    nom

    de

    nmarpa

    :

    ce

    nom

    vise

    peut-tre

    le

    double

    caractre des

    choses

    connues

    en vertu

    du

    contact,

    leur

    ralit

    physique, leur intelligibilit

    ?

    (^)

    :,

    5.

    iSadi/ataiia

    (^j,

    les six

    organes

    des sens.

    1.

    Ayatana signifie

    sige, lieu

    de

    production,

    cause, et

    aussi

    domaine,

    a)

    caksuryatana

    =

    le sige

    de l'il,

    de ce qui est

    vraiment

    l'il,

    c'est--dire

    le sige

    de la

    facult visuelle

    ;

    l'organe

    de

    la

    vision

    ou de l'il,

    caksurindriya.

    On

    dit

    aussi

    sparyatana,

    caJc-

    suhsparyatana

    (Atig.,

    i,

    176^

    Sam., v,

    43, 70,

    etc.)

    :

    le lieu

    o

    se

    produit

    le

    contact

    qui

    produit la

    connaissance

    {^).

    b)

    caksuryatana

    peut signifier

    le

    domaine de

    l'il,

    l'objet

    visible qui

    est

    attteiut

    par

    Til,

    et

    qui

    lui

    appartient. C'est

    ce

    qu'on

    appelle aussi rupyatann

    ,

    les

    quatre

    couleurs

    et les huit

    formes

    des

    objets,

    Aux six

    organes des

    sens

    (il,

    oue,

    odorat,

    got,

    toucher,

    manas),

    qu'on appellera

    yatanas internes

    (dhytmika),

    il

    faut ajouter

    les

    six

    yatanas

    externes

    (bhya), les

    objets

    des

    organes

    (Sam., iv,

    175),

    c'est--dire

    le

    nmarUpa

    extrieur

    de

    Sam.,

    ii,

    24.

    2.

    Il faut

    distinguer, avec

    la scolastique,

    avec la philosophie

    Smkhya(*)^

    l'il visible,

    l'il de

    chair

    (mmsapinda

    =

    caksura-

    dhisthna),

    et

    l'il-organe^ ayatana,

    le

    vrai

    il

    {paramarthen-

    driya), l'il-porte

    {dvra)

    :

    matriel

    {rUpin), mais

    subtil

    (rUpa-

    prasda),

    invisible, susceptible

    de

    heurt

    (sapratjgha)

    {)

    ;

    il

    est

    (^) Voir

    Blgha, ii, 62

    cit ci-dessous

    p.

    19,

    et

    rfrences,

    Il est plus

    simple

    de

    parler de

    rpa extrieur

    .

    Madhyatnakavrtti,

    p.

    118, n.

    6.

    (*)

    On

    relvera

    les

    tymologies de

    ayatana,

    Sumangalavilsin,

    i,

    p.

    124 et

    Madhyamakavrtti,

    552.

    Voir

    ce

    dernier

    texte,

    p,

    16,

    Mah-

    vyutpatti,

    %

    106,

    Dharmasamgraha,

    24.

    (3)

    sparkasya

    caitasikasyraya ity

    arthah

    {Abhidharmakosav.).

    {*)

    Srnkhyastras,

    ii,

    23,

    traduction de

    R.

    Garbe

    ;

    voir Garbe Die

    Snikhy

    a-Philosophie,

    p.

    25S.

    (5)

    Dtinition de

    l'Abhidharma

    sanscrit

    : caksuh

    katamh

    ? yo

    rpa-

    prasdas

    caksurvijncinasysraya

    iti.

    C'est

    l'il

    interne

    de

    Majjh.

  • 7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913

    31/141

    19

    heurt

    par la

    matire

    (rUpa),

    couleur,

    forme,

    qui

    est

    mat-

    rielle

    et

    visible

    :

    il constitue

    le support

    de la

    couaaissance

    visuelle

    {caksurvijnnasysraya),

    taut

    lui-mme,

    semble-t-il,

    immanent

    Toeil

    de

    chair. Il

    en

    va

    de

    mme des cinq

    organes

    sensibles,

    notamment

    du

    cinquime,

    l'organe

    du

    toucher,

    qu'o

    appelle

    kya,

    corps,

    plus

    exactement

    body-seusibility

    n,

    skin-

    seusibility

    .

    En

    ce

    qui

    concerne le sixime

    organe,

    manayaiana,

    nianali-

    sparyatana,

    ou

    simplement

    nianas,

    il

    est

    immatriel

    {arUpin),

    invisible,

    tranger

    au heurt

    (du

    moins d'aprs

    un

    Stra

    cit

    dans

    AKV.

    Burn. 42

    b)

    ;

    les

    autres

    sens

    ont pour

    substance,

    origine

    {nuila),

    les

    quatre

    grands

    lments (terre

    ....

    vent),

    tandis

    qu'il

    est

    form

    du

    mano-dhatu,

    mind-element

    n,

    qu'on

    peut

    difficilement distinguer

    du

    vijna-dhtu

    Q).

    3.

    Certains

    documents

    omettent

    la

    mention

    des

    six

    organes

    et

    rattachent

    directement

    au

    nmarpa

    le

    spara, contact

    [des

    objets

    et

    des

    sens] (Suttanipta,

    vers

    870,

    et Dyha,

    ii,

    62)

    (2)

    : ce qui

    s'entend

    aisment, car les six organes

    ne

    sont qu'une

    dfinition

    ou

    une prcision du

    nmarUpa.

    D'autres documents,

    comme nous

    avons

    vu,

    omettent vijuna

    et

    nmarpa

    {Sam.,

    ii,

    13,

    iii,

    46,

    i, 190

    ;

    la

    scolastique

    appelle externe tout

    ce

    qui n'est

    pas

    cette

    matire

    subtile

    {JPTS.

    1884, p.

    28).

    Voir

    Mrs Rhys

    Davids, Psychology,

    la

    note

    importante

    p.

    173

    ;

    Sihsdsamitccaya,

    p. 250,

    n.

    3

    ;

    Madhyamakavj'tti,

    p.

    126,

    n.

    1;

    Muson,

    1904,

    p.

    214.

    (^) Il

    y

    a ici un

    grand nombre

    de problmes

    insuffisamment

    tudis.

    On

    peut

    croire

    que le

    manas rside dans un

    cur

    qui serait

    au cur

    de chair ce que

    i'il-organe

    est

    l'il de chair

    (voir

    par

    exemple

    Yibhanga,

    144).

    Le

    tnanas

    est

    ailleurs

    uni

    au hdyendriya,

    body-sensi-

    bility,

    et au

    jlvitendriya,

    organe vital.

    Tout

    cela est

    extrmement

    compliqu

    y^)

    Passage

    fort

    intressant,

    et

    diversement

    interprt

    par

    Warren,

    206

    ;

    Walleser,

    Philosophische

    Grundlage

    (Heidelberg,

    1904)

    51

    ;

    Win-

    ternitz, BertholeVs

    Lesebuch

    (Tubingen,

    1908)

    237,

    etc.

    En

    le

    dpouil-

    lant

    de

    toute

    phrasologie, je

    comprends

    :

    Du nmarpa

    dpend

    le

    contact....

    Si le

    ndman

    (c'est--dire

    vijndna,

    etc.)

    n'existait

    pas, aurions-

    nous,

    par

    le

    rpa

    seul

    (corps,

    organes),

    le

    contact

    nomm

    contact

    de

    dsignation

    (adhivacana),

    c'est--dire,

    le

    contact

    aboutissant

    la

    dnomination

    des

    objets?

    Et

    si le rpa (corps,

    organes)

    n'existait

    pas,

    aurions-nous,

    par

    le

    seul

    ndman,

    le

    contact

    nomm

    contact

    de heurt

    rt

    (pratigha, impact),

    qui

    prcde l'autre

    contact

    ?

  • 7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913

    32/141

    -

    20

    96),

    et,

    en

    effet, les six organes

    quivalent

    nmarupa

    coupled

    with

    vijnna

    n

    (comp. Dlgha ii,

    64)

    L'Abhidharma

    pli

    {Vibhatiga, 138

    foU.)

    envisage

    le cas

    o il

    n'y

    a

    pas

    production

    des

    cinq

    organes

    sensibles,

    mais

    seulement

    du

    nianas

    :

    il

    s'agit

    de

    l'existence dans

    la

    sphre de

    la, non-matire

    (voir

    ci-dessus,

    p.

    16

    u.

    1).

    6.

    Spara

    {samspara,

    phass), toucher,

    contact, conjonction.

    Ce

    terme doit

    s'entendre

    du

    tact

    ou

    toucher

    : ce

    qui

    est connu

    par le

    tact

    s'appelle

    tangible

    n,

    sprastavya.

    Ce mode

    de

    connaissance

    est le type

    de la

    connaissance

    immdiate, certaine

    ;

    l'expression

    toucher

    avec le

    corps

    est synonyme de

    la

    ntre

    voir de ses

    yeux

    n,

    et s'entend

    de

    la

    connaissance

    des vrits

    de

    salut, du

    nirvana,

    etc. Par la mme

    mtaphore, toute connais-

    sance

    immdiate

    {pratyaksa,

    devant

    les

    yeux

    n)

    sera

    un

    spara

    {^).

    1. Les

    dfinitions

    canoniques du

    spara,

    sixime

    membre

    du

    Prattyasamutpda,

    paraissent

    avoir

    un caractre

    scolastique

    marqu :

    a.

    En

    raison

    et

    de

    l'il

    et des

    objets

    visibles

    (rUpa)

    (^)

    se

    pro-

    duit

    l'il-connaissance

    {^)

    (caksurvijnna)

    ;

    le concours

    (samgati

    =

    samgama,

    samsarga, samnipta, saniavya)

    des trois,

    c'est

    le

    contact.

    En raison du

    contact,

    la

    sensation....

    . Et ainsi de

    suite

    pour

    les

    autres

    organes

    des

    sens, oreille, etc.

    Enfin

    :

    En

    raison

    et

    du

    manas

    et

    des

    dharmas

    (=

    choses

    en gnral,

    soit

    objets

    extrieurs,

    soit

    reprsentations,

    ides)

    se

    produit

    la

    connaissance

    intellectuelle

    {manovijna)

    Voir

    par

    exemple

    Sam.,

    ii,

    72,

    iv,

    68,

    8