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"La Vie nouvelle". Histoire d'un mouvement inclassable by Jean LestavelReview by: Émile PoulatArchives de sciences sociales des religions, 40e Année, No. 92 (Oct. - Dec., 1995), pp. 118-119Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30118614 .

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

temps trait6 le <<modernisme >> et comment elle en est venue A l'oublier au point d'occuper ses positions sans le dire ni peut-etre le savoir. Par exemple, sur l'inspiration et l'inerrance bibli- que.

Emile Poulat.

92.32 LEGASSE (Simon).

Naissance du bapt~me. Paris, Ed. du Cerf, 1993, 174 p. (Lectio divina 153).

Cette brave monographie fond6e sur quel- ques articles de l'auteur propose un essai de compr6hension historique du rite du baptime chr6tien g ses origines. Il importe, en effet, de d6caper les textes fondateurs du Nouveau Tes- tament pour retrouver les diverses etapes r&- dactionnelles et les sources 6ventuelles des premieres attestations concernant le bapteme chr6tien et celui qui le pr6chde, celui de Jean- Baptiste. On saura gr6 i 1'A. de ne pas encombrer sa recherche d'une thdologie chr&- tienne du baptime, particulibrement inspir6e par les 6crits pauliniens; sur nombre de sujets, il fait le point, avec m6thode, tout en re- connaissant les points d'ombre du travail historique et les impossibilit6s de trancher. II aborde ainsi le vocabulaire du baptime (chap. 1), le baptime de Jean-Baptiste (chap. 2), les relations entre le baptime de Jean et celui de J6sus (chap. 3), les premiers bap- tames pratiqu6s par J6sus (chap. 4), la relation du bapteme chr6tien au bapteme juif des pro- s61ytes (chap. 5), l'origine du baptime chr6tien (chap. 6) et la signification du bapt~me selon les premiers chr6tiens (chap. 7); une annexe parcourt les traces patristiques sur le baptime des premiers disciples de J6sus. Tout au long de ces pages, 1'A. tient pourtant i d6fendre plu- sieurs thbses: (1) que le baptime chr6tien ne d6pend pas de celui des pros61ytes, (2) que le bapteme chr6tien ne remonte pas A un ordre de baptiser qui remonterait au J6sus historique, et (3) que le bapt~me de J6sus par Jean-Bap- tiste ne constitue pas le fondement du rite chr6- tien. L'une ou l'autre de ces thieses peut 6tonner; mais on peut ~tre d'accord avec l'A. sur les deux premieres - il montre bien qu'un examen d6taill6 des textes bibliques ne permet pas toujours de conforter les opinions communes.

En ce qui concerne les relations du baptime du Baptiste au baptime chr6tien primitif, on peut faire plusieurs objections. On ne peut d&- fendre les positions de I'A. que si on minore les sources baptistes des matdriaux 6vangl61i- ques (par ex. dans les 6vangiles de l'enfance

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et le 4e 6vangile), et que si on minimise l'im- portance historique des sectes juives baptistes au temps de J6sus (p. 52-53), I'importance des conflits entre baptistes et disciples de J6sus (p. 46ss. et 72ss.), le contexte juif des formules baptismales, et les parall61ismes construits par l'oeuvre lucanienne entre le baptime de J6sus et le baptime des chr6tiens. Notre objection majeure repose sur l'interpr6tation du baptime de Jean dont il nous semble difficile, i partir des textes bibliques eux-m~mes, d'en faire un seul baptime d'eau, par rapport au bapt~me d'Esprit des premiers chr6tiens; en effet, I'an- nonce par Jean-Baptiste d'un bapteme de feu est inscrite au coeur des textes et de la probl6- matique ancienne des premiers disciples de J6- sus. Il semble curieux qu'elle prenne aussi peu de place dans une monographie, par ailleurs pleine de qualit6s, qui peut rendre service.

Jean-Daniel Dubois.

92.33 LESTAVEL (Jean).

<<La Vie nouvellea. Histoire d'un mouve- ment inclassable. Paris, Ed. du Cerf, 1994, 435 p.

Un livre dense, ne serait-ce que par la ty- pographie serrde. Du texte, peu de notes. Une 6vidente volont6 de distanciation: J.L. a 6t6 permanent et animateur national du mouve- ment dont il est ici le premier v6ritable histo- rien. I1 ne veut pas qu'on lui reproche des sympathies coupables: mais non, ce n'est pas 1i que les universitaires peuvent I'attendre; c'est sur la m6thode, le sens des problbmes et la p6n6tration des analyses. De toute fagon, ils ne devront pas se montrer faussement gour- mands ou inutilement sdvbres : il fallait commencer par 1, ce d6pouillement et ce d6- broussaillage, et personne n'avait encore s&- rieusement commenc6. I1 reste qu'on peut raconter avec distance comment les gens ont vicu leur 6volution int6rieure; on peut aussi chercher A comprendre avec empathie l'6cart de ce v6cu particulier A son ext6rieur.

<< Vie nouvelle >>, comme on a l'habitude de dire, est un mouvement d'adultes issu du scou- tisme catholique, bientit cinquantenaire, ax6 sur la formation permanente, le ressourcement personnel et l'engagement civique de ses adh6- rents : 5000 dans la belle p6riode (1965-1971), un bon millier aujourd'hui. Fond6 en 1947, il a beaucoup 6volu6 et pr6sente une singularit6 parmi ses homologues chr6tiens : il a 6pous6 les questions de son temps et vird A gauche sans renier sa mouvance chrdtienne. Ce qui n'empicha pas ses premibres audaces -son

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originalit6 - de heurter l'6piscopat frangais en 1954 : celui-ci exigea de choisir ses aum8niers et tenta de le faire rentrer dans le rang de l'Ac- tion catholique. Mais cette tradition n'est-elle pas, elle aussi, en train de passer ? < Nous n'ap- partenons pas A l'Eglise catholique et nous ne sommes pas un mouvement d'Eglise >, vient de d6clarer l'actuelle vice-pr6sidente (Timoi- gnage chrdtien, 2 juin 1995), ajoutant que de nouveaux venus - musulmans ou agnostiques - poussent A <r6fl6chir davantage sur ce qu'est la spiritualit6 plut6t que sur la religion >. Est- ce pour autant un mouvement a inclassable >> ? En fait, dans l'organigramme catholique, tous les mouvements sont A peu prbs inclassables dbs qu'on regarde d'un peu prbs leur caractbre propre.

Cette 6tude suggbre une premiere ligne de rdflexion, diachronique : l'dvolution et les mu- tations du mouvement de lord Baden-Powel A Jacques Delors, si l'on peut dire. Comme le sport, le scoutisme catholique a connu en France des d6buts difficiles : avant 1914, parce qu'il 6tait d'origine anglo-saxonne et protes- tante, et qu'il poussait au culte de la nature; apres 1918, parce qu'il concurrengait les pa- tronages, puis les mouvements spdcialis6s de jeunesse, et qu'il n'entrait pas dans l'esprit nouveau de l'Action catholique; apris 1944, parce qu'il s'Atait compromis avec Vichy, plus pr6occup6 de la jeunesse A encadrer que de combattre dans l'ombre. Les scouts grandis- saient : il fallut inventer une branche ain6e, les scouts routiers, puis, pour les adultes, les Ami- ti6s scoutes dont sortira Vie nouvelle. Toute cette pr6histoire et ce substrat 6taient connus grice A Philippe Laneyrie, Les scouts de France. L'dvolution du mouvement des ori- gines aux annies quatre-vingt (Cerf, 1985). La suite, dont les 6tapes sont bien dessin6es par J.L., c'est le passage d'un catholicisme de droite, tris traditionnel, A un catholicisme de gauche ayant fait <(l'option du socialisme > et travers6 mai 1968. Tout cela est bien d6crit, mais pourrait &tre analys6 - et devrait l'8tre - avec une finesse plus pouss6e: comment des itin6raires individuels affrontent-ils cet in- connu et comment leur expdrience r6ussit-elle A composer sans qu'6clate le mouvement? Comment se prennent les distances successives avec un h6ritage assum6 et rdinterpr6td, en- richi, modifi6 >?

Le second axe de r6flexion est synchronique. La singularit6 du mouvement n'empeche pas que cette ligne g6n6rale d'6volution a 6t6 commune A tous les mouvements catholiques, chacun A son rythme et A sa manibre : J.O.C., J.A.C., J.E.C., Paroisse universitaire (qui, elle aussi, a 6volu6 et gard6 son identit6 chr6-

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

tienne), C.F.T.C., et mime M.R.P. devenu C.D.S., voire d'autres grandes organisations auxquelles on songe moins et bien sir la presse catholique (p. ex. La Vie catholique illustrde, devenue La Vie, hebdomadaire chrdtien). I1 y a 1l un ph6nomine massif, A replacer dans une profonde restructuration du catholicisme fran- gais qui s'est op6r6e malgrd le modble (intran- sigeant et int6gral) dont il se r6clamait, sans que ce modble soit substantiellement remis en cause par la hi6rarchie catholique, m~me A Va- tican II: de 1 des malaises, des tensions, des crises qui n'ont rien empich6. Ces transforma- tions, c'est I'expdrience int6rieure de ren- contres inattendues, parfois brutales et d6routantes, d'illusions dissip6es et d'in- compr6hensions tenaces chez ceux qui ne sui- vaient pas. Devant ce grand d6placement, la r6flexion commence A peine, A moins de tenir le mot es6cularisation>> pour une pens6e constitu~e.

L'influence de Vie nouvelle sur la soci6t6 a 6t6 sans proportion avec ses effectifs. Son 6tude pourrait &tre la suite du pr6sent ouvrage qui s'avoue conscient de la difficult6 : comment la cerner ? Un bon pr6alable efit 6t6 ici un index des noms dont on s'explique mal 1' absence.

Emile Poulat.

92.34

L'Fvolution des valeurs des Europ ens. Pa- ris, Futuribles, 1995, 232 p. (Numro spEcial 200 de Futuribles, juillet-aofit 1995. JOUVE- NEL (Hugues de), ed.) [cf., Arch., supra, n0 21].

En 1978, un petit groupe de chercheurs eu- rop6ens s'6tait rduni autour de Jan Kerkhofs A l'Universit6 catholique de Louvain sur l'Eu- rope et ses valeurs, au-delA des comporte- ments, des attitudes et des opinions. Un problbme nouveau, sans mdthodologie 6tablie: il en sortit une Fondation et une enquate comparde (1981), dont rendit compte en France Jean Stoetzel, un des grands animateurs du pro- jet, et, sur le plan sp6cifiquement religieux, Gdrard Defois (cf., Arch., 61, pp. 187-206). Neuf ans plus tard, arrive la deuxibme vague du projet : une 6quipe frangaise de douze cher- cheurs, anim6e par Hdline Riffault, proche col- laboratrice de J. Stoetzel et qui, A son tour, a publid sa synthise, Les Valeurs des Frangais (Paris, PUF, 1994).

De la premiere enqu&te, on a gard6 70% du questionnaire pour lui conserver sa portde comparative, bien qu'elle ait 6t6 6tendue de 12

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