Habart Michel - Histoire d'Un Parjure

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  • HISTOIRE D' UN PARJURE

    progres ive de leur territoire .. Sinon, ce serait la guerre prompte et terrible, la soumission ou fa dc!)truction . Comme crivait en 1833 Le Moniteur algrien, 11 pourvu qu'on Y arrive, plus tt ou plus tard est indiffrent pour rsul-tat , Louis de Baudicour dira plus crument : 0 voulait vaincre les Arabes, mais ce gibier royal est hon conserver .

    Pendant quarante ans, la monstrueuse entre-pli. e e droulera comme prvu. Par l'exter-mination directe des combats et des massacres. Par l'extermination indirecte, beaucoup plus fficace : on livre les tribus la famine, aux

    maladies, au froid et aux rigueurs du climat, en les coupant de leurs sources de vie, qu'on d-truit sur place, ou dont on les arrache soit par Je refoulement, la dportation ou l'exode, soit n con fisquant leurs terrains de culture et de

    parcours grce l'agenda d'expropriation que nous savons et qui fut , de ce forfait, l'arme la plus silencieuse, la moins salissante et la plus meutrirc. La confiscation de 1872 (400.000 hec-tare ) avait t prcde de beaucoup d 'autres. Amendes ct tributs crasants obligeaient sou-vent les victimes liquider, brader leurs bien pour se librer. Ce systme de spoliation fiscale, inaugur en 1830 par Clauzel et Rovigo fai ait dire en 1872 au chef des Bureaux que l'indigne vit et meurt pour l'usurier et

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    HISTOIRE D'UN P ARJURE

    le percepteur. Les amendes des dlits de fotet et de chasse taient considrs comme les moyens les plus efficaces. Dans sa fameuse charte de 1863 sur l'Algrie, Napolon III lui-mme s'en indignera et citera cet exemple en 1852, un jour de fte musulmane, dans les brous-sailles d'un douar, une battue fut organise. Trois livres furent assomms coups de gour-din. Dnoncs, les meurtriers furent poursuivis. Cinquante-trois d'entre eux furent condamns 50 francs d'amende. Le douar fut ruin . Et la ruine voulait dire liquidation bas prix.

    L'extennination directe - qui tournait dans le cer cle infernal des tributs exigs et refuss d 'o l 'expdition punitive, d'o le soulvement, d'o les reprsailles - se nourrissait aussi de ce jeu machiavlique pudiquement appel politique indigne qui consistait lancer les t ribus les unes contre les autres, ou encore dchaner contre les fellahs des douars ces milices de colons qui firent tant de mal en 1871 et qu'Annand Hain prconisait dj en 1831. L'eau-de-vie, crivait le docteur Bodichon, a dtruit les Peaux-Rouges, mais ces peaux tan-nes n e veulent pas boire. L'pe doit donc suivre la charrue . A la commission d'enqute de 1872, le prfet du Bouzet exvliquera ainsi les excs des milices : Vous savez bien que la guerre d'Algrie est une guerre o 1' on fusille

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  • IS10JRE o ' ll PARJURE

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    HISTOIRE o'u PARJURE

    uve. Nous l'appliquons avec un rare bonheur ,., cnt Le Momteur algrren . Oser JU&ttfier le sy~ tme de reprsailles collectives e t poht1ques pa!' la dza de la mesbah (la ranon due par le fo\ e du coupable), institutiOn de d roit pnv ber-bre, en effet quelle rare trouvrulle '

    Ce travail de destruction obstme, le gnral Cavaignac l'appellera

  • JIJSTOJRE D' P RJURE

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    HISTOIRE D'u'l PARJR.E

    beau VIllages, tOUL en pierre, ont > On pourrait multtplter les Cllatlons

    Le refoulement, mom~ spectacuJaire, est en-core plus effxcace Le gnral Daumas nous en instruit (< Pour les Zouaoua , en les bloquant dans un terntotre improductif, on rdwt le tn-bus les plus pauvres en cent JOurs, les autres en un an On " mqwte >> SI bten les Arabes, ex-phque TocqueVIlle, qu'ils vont se rfugier Mas-cara Pms, on va les

  • Hl TOIRE o'u . PARJURE

    lation t r duit au dernier degr de la mi-r .

    1 i , apr vinl!t ans dt ce rg1me, on s'aper-uit qu la r 1 thod d~..- la t> devient une impru-dente barbane ,, L'unmigratwn europenne e t d ri oir . Le, colons ont besoin de rnam-d'uvr . Alor . dit-Il, Il vaut mieux les can-tonnt: r ... Fonder un peuple \Ta1ment do mi na-t ur, et r duire l'mdigne un tat de rsigna-tion t de calme Qu'il puisse fournir le tribut d on travail et de ses ressources la colonie.

    !'l ajout am i au systme amncain ce sys-t me ud-africain qui restera en Yigueur de 1872 1954.

    En Orani , 1 colonel d'Illiers adopte la rn thode : On environne l'indigne dans on xp n ion comme on fait, autour du champ

    dcfri b . la h ie a cc les pine qu'on en a tul) . C n 'e t pas de l'arabophilie ; le

    r f ulem nt d i nt ulem nt plu prudent >> . 'il faut r ndr l'inva ion de la colome pro-

    n' t pa , 'e cu le gnral de Mar

    llO

    H1S101RE o'u, PI\.RJURE

    linprey, avec quelque arrire-pense tourne vers les indtgenes >> On s'en douta.t. Il sufht de parcourir le~ rapports du marchal Randon et du gnral Malakoff (20 ma1 1858 et 7 octobre 1861)

    Il n 'est pas de lecture plus douloureuse pou::-un Franais que les lettres et rapports de no:, offic1ers ou que les procs-verbaux de la com-mi~slon d'enqute Les lettres crites au mar-chal de Castellane par ses offic1ers de l'arme d'Afrique sont une vntable descente en enfer on les vmt d'abord surpris, pms curs, pUis rvolts, et enfin rsigns u Il ne me reste plus qu'une seule consolatiOn, crit l'un d'eux ras-sembler mes hommes autour du drapeau. " Hlas ! mme le drapeau . Le gnral Joseph, aux portes de Bne, empale des ttes coupes au-dessus de nos tr01s couleurs ' On s'e!)t mdi-gn de cette chasse aux tetes et aux oreilles On en trouvait des sacs pleins dans les tentt:~ des gnraux Christian nou d1t qu 'on en VO) a1t rouler dans le. casernes d'Alger. On a compte oixante-hUit ttes au bout des b3lonnettes

    l'entre du camp , cnt Le Moniteur. qui aJoute Ce fut une trs belle affmre >>

    Pourtant ces macabres ballons et lampadm-res, ce n'es~ pas le pire Au combat, les Algnen coupment aus 1 les ttes (mais, tl r~ pt!ctalent les pnsonnicrs le ma sacre d un detachement

    l tl

  • Hl TOIR D' U: P \RIURB

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    HISTOIRB D'Ut\ P RJURE

    Dans ce monde inhIm a..in , peu a p u la cruaut se fan mamaque ou jo\ iale. Bugeaud, n,e trou,ant pa la Lnbu qu 11 vou1at chtier, s en console en labourant 1 '1\lger 1e d m ~ ruban de fer et de feu de cmq heues de Iarg , d Is ers Oran n Pou1 la fete du R01 , on lance une colonne , tableau de chasse cem mor s cadeau d 'anniversaire Papa d 'Or lans ~ks hommes ont trou e leur d1stt act10n dans l.. razztas > crlt Changam1e1 Ln aut-t. L beau orangers que mon ' and ah me \a abat-tre 1 Ou encore ( Quet peta Palatinat e., m1n1ature 1 ,,

    Nou somme , on le vmt, au b01d de h foli . Certames colonnes, comme celle de Con t ~ ,inc en 1837, connuren t de \entables ptd mte de slllctdes Le dcput PtscatOI), membr~.: de la commi swn d' Afn que, avait lan t: la Cham-bre, en 1835, une -upphca tion pathtique Je \'Ous le d1s , cet te guen e d 'Afrique st un mal-heur et une folie . w1e fohe ' n L:t te! nb le pro-phtte d 'Ham dan se r~ali :ut La France devant Alger sera comme un g ant de' or p:l:-la soif devant un pe tu bassm d 'eau al e Un JOurnahste ul tra m alt beau invoquer le Dteu d(' la B1ble en dtsant

  • IUSTOlRB o 'U ' PARJURE

    III

    ... tous jusqu'au derrner. ,,

    Cc carnage amena-t-il au mmns la paci-tlOn du pays? Mme pas, puisque en 1871

    de la moiti de l'Algne taJ.t en flammes. ou a\ on brl, pill, ravag les tribus

    entre Blia ct Cherchell, crivaJ.t le marchal Canrobert, mai le but, la pactfication, est loin d'etre atteint Il, La force ne les subjuguera Jnmat , rit Je gnral Cler. Semblables aux

    u1 , nnemis de Charles le Tmraire, ils ont leur montagnes et leur pauvret pour se dfendre ...

    Le r uJt t le plu certain fut d'entretenir d'tem lJ inimi tis ... La commission nous en

    an averti d 1833 : En gorgeant sur de lmpl oupon de populations entires,

    nou omme no plus cruels ennemis en Afn-

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    HISTOIRE D'UN PARJURE

    que Et nous nous plaignons de n'a' m pas russi auprs d 'eux t )) Les exodes qUI accueil-laient notre arrive taient, comme dit Vilot, l'mdice sr de la dsaffection d'un peuple. Le jour o nous entrmes a Cherchell, 1l ne restait pour nous accue1lh.r qu'un bmteux et un idiot, qui erraient dans les rues dsertes comme des reproches silencieux

    L'tranger ne l'Ignorait pas Dans une en-qute sur l'Algne publie Londres en 1845, le capitaine John Kennedy crit u SI l 'Europe ne bouge pas, le nombre et les ressources des Arabes sont vous l'anantlssement dans un combat courageux, mais sans 1ssue

    Devant la comrmssion de 1872, la conclusiOn de quarante ans d 'extermmation fut tire par le chef des Bureaux arabes On a razzi, pill, dport, sequestr, ruin les tribus Des populations entires ont t chasses de leur territoire La dsaffectiOn est gnrale .

    Mais du moins, l'historien Verne, ce fanati-que de l'Algrie franaise, pouvait-Il enfin crire . Deux millions d'indignes meurent de faim sur une surface capable de nourrir dix millions de chrtiens )) . Cette fois, c 'tait \'ral Les chiffres truqus de Clauzel en 1830, lw et ses successeurs, en quarante ans de guerre d'Algrie en avaient fait une ralit Mais, on dcla;a - et on dclare encore - que l'tat

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  • HI TOI o'u. p RJURE

    d ' b ~don d l 'A1g ri f n:tt e en 1872 ... qu l h ntn d la R >gence de 1830 n e t.~lt unnont bi p b et de 1 m-ar.

    Comm nt , rit l'ht toitc de l 'AlgLne f ai le ra 'h d tan- ' pproc emenr c deu\. document~ Ya

    n?u. ~ ppr. ndre. En 1842, le gnral Baiagua\ d Hllh r , 1 L. t rminateur des tnbus du DJebel E lough, pt odam . dans un ordi e du JOur se t;oup : Vous avez dtgnemc..:nt rpondu 1 au nte de la France. Vou. a\el eni~~~ l'en-

    t mme , es entant~. es troupeaux ; vou a t:Z d ' trull ses habitation ct brule ses moi on . Partout vou ave1 potte le fer et le feu n. S "pt an~ plus tard, le colonel d 'Illier qul n' avait pa'> comw J'Algcrze de 1830, dans un rapport sur Ja r~gion ravage et vide par le troup de Bara guay. cn t En mettant le pi d lg ' lie. nou. avon trouv un peuple p et ignorant, un malheureux pays d V& t c ~c;.;c pa1 la main de l'homme et p r J ~ l': ar c 't. t toujours le vamqueur

    cnt l'hi toi re, dcftgur ~ sa vict imc et fku-tomb d men ong~..:s , crit Brt!cht dans

    L Pro de Lucullu . C' t bj n pourquoi, proph~tJqut!ment, Ham-

    dan, en affirm nt ol nn Jl~m~nt la face ~c J'hi toire qu' tait a nation. savmt ct ch.saH qu ' Il Jcmpli ait un d oir . acn.: qu1 val~ut

    y u 1 acrific d a furtun~. de ~a vte, d

    ]16

    HIS roi RE o'u P RJURB

    c Ile des s1en::, Ce carnage n'\! t -Il pas d'ailleur lc1 mctlleun. p rcm L de qu'tl affirme ? Sup-po er que 1 'ann0c la plu -.. for e d'Europe n'ait pu vemr bout dL deu '\ millions d 'Algrien

  • HJSTOJJ Dl. PARJURE

    ':r icle e renou' elleraient-elles au xrx si-cle ? .

    Le sort des Indiens d'Amrique hantalt alors 1 AJgcricn=t Que r""ponda1t~n cette question angoi ') Ecouton un scribe de Clauzel, ce noble pn.~urseur de l'Algrie franquiste 4( On a reproch l'Espagne sa cruaut en Am-nqu . Pour le philanthrope, la prise de l'Am-riqu a t un bonheur Or l'Algrie est une nou elle Amnque Mleux que nous, 1 'Espagne pourrait europaniser l'Algrie. (C'est un fa1t que la mentalit de reconquista de l'lment e pagnol en Algrie a contribu y durcir notre politique et y aggraver l'inimiti) A la mme que tion, \'Otci ce qu'osera rpondre en 1835, devant la Chambre, le ministre de l'Instruction publique Qu'ont fait les Puritains en Am-rique du Nord au xvr' sicle ') Ils ont combattu la race rouge, l'ont laborieusement refoule, lUI ont enlev le sol pied p1ed . Les populations arabe ne rsisteraient certarnement pas mieux ... Certes, il faut procder avec plus de m ure ... Mais il ne faut pas croire que, dans l entrepri es du XVI' sicle, il n'y ait rien imiter. D Le gnra) Duvivier rpond cette crature du roi : " Croyez~vous que la post-rit ne vous demandera pas de compte, comme Cortez et Pizarre ? Eux, au moins avaient ru si. Si nous ne russissions pas, ' quelle

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    H ISTOIRO D'UN PARJURE

    e cratton sc.rion

  • 0 de

    HISTOIRE !>'U P R.JtJR.E

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    lllSTOIRE o'u. P RJURE

    sacr, ous obhgent a r~-~ rd~I vo

  • LES MENSONGES

    " .. Ja pure vnt

    Comment, le peuple franais d'alors, celtu de Hugo et de Michelet, a-t-il pu se laisser 1mposcr quarante ans de guerre d'Algrie ? La J ponsc e~t sous nos yeux Depms six ans, le m~me problme de nouveau se pose la France dan les mmes termes, obscurci par les mmes cqu\oques ct les mmes interdits, enlis dans le meme marcage d'intrts, de corruption et de pre sion . Si les chiffres qui circulent dans J monde (ct que les Franais sont les seuls ignorer) UI Je victimes de cette guerre sont e act , i on tient compte des taux de mortalit qui svi ent dans cet univers concentration-naire de regroup ,, cc hbergs , vacus ou lntemc!s, le rythme de destruction est compara-ble l celui du sicle dernier. Ainsi, d'un sicle

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    HISTOIRE D'UN PA.RJL 'RE

    a l'autre, le sacrifice d'un million d'Algriens tous les cmq ans seran la ranon permanente de cette guerre

    I

    La guerre d 'Algrie s'accompagnait en France d'une vaste entreprise de camouflage de c"'-lan-tage et de diversion C'tait le deuxi~t... fro.., celm de la sub\ers1on, celui de~ BdOUI:ls de Pan s

    La presse en tait le premier objectif Des 1834, elie se retrouvait pratiquement msel~..c.: , moins libre que sous la RestauratiOn Le d~cn~t imprial du 17 fvner 1852 lui a pphque.a un nouveau bil Ion

    Armand Carrel cnvait alor s dans Le Natto-nal Un d1ctateur mihta1re q ui dtruit la libert de la presse chasse d'abord coups de p1eds les messieurs du Palais Bourbon, non comme anarchistes , mais comme mcapables, bavards et brouillons La libert de la presse et celle de la tnbune ne se sparen t pas Elles ne peuvent que vivre ou succomber ensemble El il aJoute Pendant trente ans de guerre, la presse a t enchane au nom d'un principe qui a dvor des gnrations entires

    La vnt, rduite au silence, laissait place nette au mensonge Cette presse d 'Algrie,

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  • HJSTOI'RE D'U P RJURE

    rit le marchal de Ca::,tcllane en 1838, est d'autant plu dangereuse qu'elle publie en Franc.e d cho e qui c passent trop loin pour que l'opinion pui. se fatre justice de ses men ong . Le gom crnement e laisse influencer

    par cette pre e ... Quand je lui parle des exac tion , il en e t fch et ne prend pas de mesu-r : il plaint de ce qu'on n'obit pas La not officielle, c 'tait celle que donnaient, par

    mple, d n La Revue des Deux Mondes, les d d Ju]es Duval. qui faisaient autorit

    En aucun temps, en aucune colonie, les peu-conqui n'ont t traits avec une pareille

    n utude. Le chef militaires intervenaient de tout le

    J)Old de la terreur dont ils disposaient pour mfluen er l'opinion. En dbarquant Alger en 1830, le marchal Clauzel menace de punitions e mplaires (ces deux mots taient redouta-bi ur 1 lvres du personnage) ceux qui o ent rl:pandre de faux espoirs d'indpendance . c plainte de Algrien n'e citent en nous qu'un redoublement de rage . constate d'Aubi-gno c Et lorsque 1 Maure d'Alger adressent un upplique au roi, ils lu1 disent qu'elle ne portra aucune ignature, car.- ce sont de nou-vell tortures

  • Hl TOI.RE o'u PARJURE

    ph lanthrop1 qui terni -e la guene d'Algne et l' pnt de r ohe. rn ri , cl put ultra, ren-chnt . Lrmpos ibilit de gagner la guerre ? J 1 ou dire o elle est elle est dans cette Chambre 1

    Bu eaud terrorise l'opinion Le gnral de Bro ard fl tri ant ses mthodes, Bugeaud t ntera de 1 faire condamner pour corrupuon Bro rd e t a-quitt. Au pros, son avocal m 1 que Bugeaud a touch d'Abd-el-Kader un pot-d m de 150.000 francs (pres de 100 mil-hon de no anciens francs) Bugeaud, tireur d ' ht qui n pardonnait pas, veut traner l'avo-cat ur le pr, comrn

  • HISTOIRE D'U P RJURE

    Le Mouza as, la plus belle des tribus que n~u avon d truites, se trouvai~nt au rmheu d un

    a te jardin d'oliviers et d orge .. Le. feu y fut m 1 et 1 bruit des flammes se mdatt aux ens d femme et des enfants . Rien.' d~s ces lign , qm ne con.finne le comnui~uque. Pour-tant, le 27, Le Moniteur se dchame, brandis-sant ]'invi table chantage (( nos braves sol-d ts : 11 fallait retracer ces scnes rmag1 naire (sic) pour a\mr le droit d'insulter nos bra soldats ... Certes. il a fallu mcendicr de mi rab les douars. Mats pense-t-on qu'on pourra faire des exemples avec de l'eau de ro ? On est saisi d'indignation et de dgot devant ces diatribes, et on dmt regretter la lgret de la presse franaise . Il faut avou perdu toute pudeur pour faire un tableau aussi d gradant pour l'honneur de nos armes et de notre patrie, aussi faux que malveillant. Le Toulonnais ne fera pas mal de choisir comme correspondant panni nous un cerveau mojns malade et un cur plus franais . Qu'il se pr-sente. Le Toulonnais la main, et il dira au retour. i toutefois il a encore la tte sur les q,aule , comment il aura t reu et la rcom-pense que sa philanthropie lui aura mrite. ))

    ne sat 'il garda sa tte, mais Le Toulonnais rentra dans le rang.

    128

    H ISfOIRJ:. o'u PARJURE

    II

    La rit est qu'il fallait veiller au gr< n. C

  • HISTOIRE D'U. p RJURE

    1 nt rai on de sept autres ? Les l par ordr . 1 conquete fcheuse, 2 o legs

    n reu fardeau pour la France, 4o source () . d fl enonn nfices, 5 nous coutera es ots e ang el notre a enir, 6o lourde charge,

    7 d nt geu . Et pourtant, la COffimlss1on con Jur !'occupation. Pourquo1 ? Parce que, dH-eJl , ' tune que!)tion d'honneur, une nces-

    t d 1 paiX mt neure. et que l'mdpendance uJ \ ratt hain et passions ( c bien que, plus

    tard, la n t1on nou!S saurait gr de notre cou-r g , remarque un des commissaires) La d-

    d ces parlementaires devant le ro1 uJtra de l'Algrie frana1se et les mt rtt qu'il reprsentaient enlisera donc leur p } dan un conqute fcheuse . Il faut dau r ropmion , concluait la comnussion

    o? n pouvau rien faire, 1 l'opinion pubhque n t tt pas pret ! Pa prte, cette opl.illon qui \ te tOUJOu pour la pai ?

    III

    Le tratag rn du d micr quart d'heure faci-litaJt d robades. En juillet 1830 on affichait n F 1 ' rance proclarnatJon de Bounnont qui

    ..,.,r nan de Franais avides de paix :

  • HJSTOlRE D'U PARJURE

    c n peut tre qu une gue1Te avec le ghre tout enuer. o Ma1tr ~le savent b1en

    De J pnse d'AJg r, leurs journau. t!cnvaient Pourquoi 'arrt 1 Alger ? Et Tun1s, e t

    Maroc Il faut qu l'u re soit complte (L ' po tolique JuiJlet 1830.) La deuxime pro-cl uon d Bourmont 'adre:ssait, non pas

    ul m nt u AJg rien , mais aux tribus m h bmc . En 1844, les Kabyles cnvatent

    Bu ud qu'ils r uleraient jusqu'a Tunis s 'Il alla.Jt, pour y lever de nouvelles troupes

    L'ann tuni ienne est compose des ntres, d aJ ntil , nou erons soJdats comme eux >>

    Sa ncore. au-dela des frontit!res de 1 'Alg-n , J part an d l'e termination ne devruent pa r trou er d'Arabe , crivait alors le gnral d Bu , al e pligueraient cet horrible massa-r , m i nou sommes destin s Je. avOir par-

    tout devant nou . Et. dcourag, le gnral E t rhaz concluait en 1872 qu la Tun1ste, 1 Ma o . le Sahara raient ternellement de

    t fo de r i tance . fai ant cho au n ral Pa han qui dclarait la Chambre. pre la pn d'Alger, que c'tait l un simple nn qua btentt pou erait d'Alger ~ Tom-

    bou ou, ct de I'Eg 1>t Gibraltar. Eh bien, nou uron un contin nt spacieux . ~pondait Dupan

    uJ qui rvaient d'aller dtrner J'em.

    132

    HISTOIRE n'u ' P RJ RE

    pereur du Maroc ou le Be~ de Tunis, aprs le dey Hus

  • RJSTOJ1tE D'O PARJURE

    bout de cent trente-troi an d'hostilits inin-t rrompues S 'ou rait le deu~tt:n1e cercle auquel la nouveJJe sohdant arabe et afnca1ne p romet un ra on d'action enfin la mesure de nos a.t-en-guerre.

    v Comme autrefois dans votre pa}s

    La lgende du dernier quart d'heure ne va p san le mpris de l'ennemi. Les Algnens d J830 perdirent soudain toute face humaine: D lo , il ne seront plus qu'une tourbe indt iphne de tueurs anns de yatagans et de couteaux 1>, comme disait le colonel de Prbms le couteau urtout, cette anne sans blason tait bonm On s'tendait avec une complai.sance

    d1que sur les forfaits terroristes, pour donner bonne con cienc.e c au instruments de la ven-geance divine , comme disait l'archevque de Pan Tout Arabe, disait Hain, est un bour-reau par es nee et par vocation. ,. A ces for-ban rapaces et inexorables, crivait Le Mont-eur la 1 i CJVl a t on est apparue avec son espnt

    de douceur, e~ d'affectueuse svmpathte . , Une ~e fr~at ~sera aus i lourd sur la ba-al de land1gnat1on que 300 ou 400 victimes

    l&'tenn Et parfoi . hlas ! sur celle des

    HISTOIRE D'U ' PARJt:RE

    Ce mpns de l'ad erc;a1re s 'exprima ans rete-nue pendan( la fam me de 1868 : c S'entred\~ rant entre eux ils fi.fen t baisser leur nombre d'un cmqmme , affirmai t alors Aristide Brard En ralit, il n 'v eu que de trs rares cas d 'anthropophag1e, dus des gars devenus fous de misre Il y en eut d 'autres au retour de la prem1re mtssJon Flatte:-s ils furent le fait des Francrus les ~lgnens de 1.a mission a' a1ent su ) rsister.

    Ce mpnc; datait de loin de l'intan.s able lgendaire qUI a\'ait cour s sur les pira .ec; d A.l-ger La cap th tt de samt Vmcen \. de Pad (~...ne des pices de sa batification) tl ra des lannes des gnrauons d'mes sensibles Larmes srra-tmtes car cette pteuse captn-it (dont noe; nbu-naux accablent encore les patnctes algnens ') n'a Jama1s exist que dans la fertile imagina-non du bon saint Quand on lit des tmons objectifs . comme le Danois Leweson, il fat'. t b~t::Tl conYenir que les esclaves chrt1enc;. ~lgl:f tment beaucoup m1eu'=. tratt que les escla e_ maures Malte, Toulon ou Cadtx o les condi-tiOns de vte ta1ent effroYables De5; r:1tsons poH-uques 1nsp1res de la Ligu~, pu1 de la Conrr~ gatwn les mtrts d'ordrec; 1 elirrieu'{ c;od~l, (' prsidaient ce 1 conte' de loup-garou L abhL Poiret dans son sa\'our u - rcit de 'o \~e nou apprend qu' son pac;sa(YI.! en 17 ~ la plu

    135

  • HISTOIJ D ,

    PARJf 'RE

    de partae de c e la\ chr ' tiens >> d 'Alger went des oldat pagnol - qui d~enatent

    d'Oran au pnl d 1 ur vie (r p d . th taient ap1t ) prf rant de beaucoup l'esclavage

    ch 1 Maure d' lger la " lthert >> aq ouheu des leu . Loui XIV dut publter d~11x ordonnances interdi ant aux mousse franais d dbarquer l Alger (une fois terre, Ils refu-

    mt de rembarquer) et obligeant Je~ ngo-11rlt fran a1 quitter Alger au bout de dtx

    de Jour (la plupart prf{raient finir leurs au milieu de infidles) Les Musulmans

    tenu en esd vage chez les Chrtiens taient d' lieurs beaucoup plus nombreux Malte, BODaparte libra pr de trois mjJie galnen" elu bqn de la Valette, et il y en avrut d'au Dans le mme temps, les bagnes

    ....... ~rr~e ne compt&~ent que 750 Chrtiens, dont

    w. qui pas a cinq ans dans l'Al-~. nou apprend q u'il y a\la it

    Ile de 117.000 habitints plus d e -~-v.u Rn~t Avec leur famille, il en for-

    ~ 1 majorit (Les Mu u)mans n'en-.)JI~!IIIIIMaat PG\lrtant pas d co nver ionc; q ut

    re 1 espoir d 'un rachat .) A la t pa un rengat pour

    C(Uelqu F ranaLc qui le. en cUpit de toute

    HISTOIRE D'UN PARJURE

    les prel>S ons, p rfrcn.nl re: ter a\ e 1 ur poux ou leurs m t\i tres ct mme Je uivre cL"Ul leLU exode La leon tait Cul ante pour Je ci \"ihs venu*) apporter ' 1 cclar lumineu. d b dl1vrance Mats pou rquot ces e il eraient-il s renlr's dans un pa)s ou souffraient qua r_ m1lhons de mendiants, quatre million d 'indi-gen ts e t quatre mtlhons de alaris. (qui gagnaien t de 30 centimes 1 franc ~0 P?r JOur), ou 27 000 commune~ ur 38 000 n avaient pa d'cole, ou plus de la moi ti des so'dats ~ie . illettrs , o la classe ouvnre e tal" mac; c~~ ds qu'elle leYall la vm x, ou la dtres ~ e tait telle q ue le::, enfants trouvs atteignaient P r an Je duffre incroyable de 130 000 '

    VI

    Les tmOignages sont fonnels En 1830 tou. les Algriens savaient lire, cnre et compter, et la plupart des 'mnqueur . ajoute Jr. '~rnmission de 1833, a'' tent mom ~..f", ,., , t , '!." ' 011 que les yaincus > Les Algri ~n ~ont be,1 th. oup plu cultiYs qu'on ne ~rmt, ~ok C:lmpb Il en 1835. A notre 3rnv . Il , aHut pl u .... cl nt coles prim :tH es Al ger, ~ 6_ Cl) O .t ntm Tlem en. Ai t ,, t Con t ~m t m~.. rn n~ m t .

    1 s pt colle l l '- l' u~

  • ou roup de hruneau. rit et de sens que le EUJ opens et o 1 t t' ~~ :1 un jour d'tmmen es ressources chez CL ge 1 -L' qui

    avent ce qu 'ils ont t et qm se c~oll .. 1 de tin - Jouer un rle > Cc qu tl fat.t di To que-Vllle c'e t donner de h' res ce peupl ct. u. et m telhgent IL 3\t:nt tous hrc Et d on ce t finesse et cette ap tit ude compr ndre ot: ' le rends SI supn eurs no pa ans d Fr nee A la commiSSIOn d 'enqt ete q w lui deman ~ Ct. qm manque le plu au'. 1aures d A,..lg.'r, Bou-derba rpondra < Des JOumau Sun :mt l gnral Pellisster a' :mt notre at n\'t.--e, lg. " t tait peut-tre la 'tHe du monde o b pobcl2" tait le mtcux fat te Avec nous . le 'ol: nagure presque mconnu . se mulupl11.:nt da l" des proportton effra' ante )) Laurenc " dt re-teur de la Justice. nous dtt < L'Arabe tue

  • Hl TOJRE D'U PARJURE

    rien toute e 1st ne~ nation(lle La calomme se fait coB the. En dt ant que l'Algrie n'est p 3s et n 'a jamais t une nation, on tente d'a tomiser en pou. siere d'individus , de robotiser en machin~.; agricoles et contnbuables un peuple qu 'on a ort1 du nant et qu'on a donc le dron d ' r .n O}er On ne peut extermmer ce qui n'exi te pas Ces mots-l sont la clef des char-nier . Hamdan le savait Son Miro'r rpte d}, " gouvernemen t algrien , " Etat algncn " tatent couramment employs En Allemagne, l'Algne se d1sa1t " der algerlsche Staal " Sans remonter au dbut du XIV sicle qui VI t le premter trait entre la France e t Je rot Khaled. ou mme aux traits de Lom XIV entre l 'Empereur de France et Je Rm aume d'Alger ,, pour la pa1x et le commt...rce entre les deux ro} aumes >, le t res important trait de 1802 ( 1 .. mvose, an X) reconnaissant que 1 ta t de guerre sans motif et contraire aux mtrets des deux peuples n 'tait pas na tu1-el entre 1~ deux Etats >-, et rtablissant avec le gouverne-ment algrien >> les relations pohttques et commerciales n, fa1 t men twn de l' Algne , en sept le tt res Le t rat t fut confirm en 1814 par Lows XVIII, pour

  • HISTOIRE D'UN PARJURE

    P?ir t, Pe ' on,nd, Shaw ou Laug1e1 , sont tous d accord. ~~ n en est pas un pour voir que la R gen

  • HISTOIRE D 'u PARJURJ:

    u re plu loin . Ou lques rnms plus tard le d , d' . 1 , Uc..; flJ OU pous 1t e rm au m.1 sacre de la Saml-

    Barth lem , montrant que sa fot tau tout auss1

    ardente q~e. celle du cardmal d 'Espagne . C tt calan11te du XVIt siecl,e )), que les Alg-ncn r doutai nt tant de l Espagne, devau d etLX sicle et demi plus tard, leu1 ven1r d~ ecu. que, j usque-l, ils tcnatent pout }urs meil1eurs ami~ parmi les Chrtiens, et qu'li s avalent auvs de la famine aux temp de la Rpublique .

    Certes, l 'Algne tait alors un ensemble onen-tai t mdi val de dmocratie communaliste , d e nomadisme fodal et de thocratie marabou-t ique, que maintenait et dfendait, contre un n1onde hostile et tout proche, un Etat encadr par une oligarchie militaire (oligarchie incor-pore au pays, les coulouglis, les Maures, et m me les Juif en tant souvent les vrais ma-tre ). Elle ne correspondait pas tous les a pech de notre conception de la nation ; mais nombreu es taient alors les nations dont la tructure n'tait gure plus cohrente. Bten peu,

    en tout cas. possdaient cette ferveur natio-nale, dont. depuis cent trente ans, le peuple alg rien nous donne un tmoignage peut-tre unique au monde. .

    Avant 1830, Jouffroy crivait dans une sne d'~tude publie dans Le Globe :

  • HISTOIRE D'U, PARJURE

    r ~ult t e t ngatil On in oque de::, causL::, reh gi -u _ MdtS l\!~ Romams, en s1x cents ans, n'ont pas r~uS!:>l le!:~ as tm1lcr Ce qUl est en cau e, c 'e!:>t l'e~prit d'mdpendance Expres-ion de cet indomptable esprit nurmde 1>, le

    c1i de Si Ham dan ( Nous sommes une n ation !). ct.._~ 1920, le peuple algrien le repren-dra et de plu~ en plus fort, sitt qu'il sentira e_ fo rces lu1 r e ren1r, dernre ses barreaux, et

    en dpit d'une tpresston pohctre sans mcrc1 Ce cri, que l 'on entend s1 bten dans l 'ouvrage de Robert Daveztes, Le Front, ce en, sachons-le, n ous ne le ferons plus Jamais ta1re Napo-1 o n III lui-mme, dans ses moments de lucl-d i te saluera cette nation guerrire et intelh-g n~e . qUI ne renfermait pas encor~ les ].-mcnts propres constituer une democratie \Jable n Et c est vrru q ue, p as plu~, q~e la Fr ance de 1860, la Rgence de 1830 n etait un~ dmocratie Mais c'tait une nahon. Les Alge-riens ne cesseront de rpondre ce que les Kaby-1 s n!pondaient Loms-Phthppe en 18~ : ous ne reconnaissons pour chefs que es nt re . et ne n ou s com ptez pas au nomre

    d ' J sujet~ Si vous voulez pren re e os d' 1 mam de toute l'Algr ie, nous vous trans qu~ ~ ste est Dieu, arbitre souve:am q ut punit 1 tnJU ' plus le e que la votre. l>

    146

    HIS1uiRI o'U~ PARJURE

    VIII

    Cette nt:gation de l 'me nationale reJoint, dans le mpns de. (, l'aube .. , cette maladie de l'espnt t du cur qw s'appelle le racisme. En 1834, Passy le d~plorait la tt 1bunc de la Chambre en ces termes ,, Partout OL tl } a comme Alger coexistence de races eL de chili-sations diffrentes, le vamqueur mprise le \'aincu Rten de plus trange que le langage que l'on nent au..-x Etats-Ums Le sentiment est si naturel, nat et se propage SI facilement, qu on le partage a son msu ,. Ce rac1 me 8' ait son thonc1en un docteur Bod1chon dont le~ ouvrages mdtgestes et menaants eurent leur temps de clbrit Il eut ses actn 1stes, a' ec Rochefort et Ma: Rgts La littrature anti-arabe ou anttsmlle qu1 s'panowt en Algene de 1880 1910 est d 'une mcroyable bassesse L'exemple venrut de haut Voici par exemp 1e, les conclusiOns

  • Hl TOI RE D L fAR.JURE

    148

    UTS101 RE D'UN P RJURE

    fodale de latfut,dJai.rc , qui traitait 1 ' \lg~rlc comme son carrosse ct 1 'a rm c f1ana1 S~ comme son cocher DJ, la commtss101 de 1833 devait s 'en indtgner . Il faudrait que la France pro-digu t ses solda ts et ses trsor pour as urer une Immense fortune des gen qui ne lUI per-mettaient mme pas le lger d~domrnflgement de Ia reconnaissance, et qUI rega rdaient le effo rts de leur patne comme une dette en er~ eux Les colons qut voula1ent tOut pn CO "l -pi ter leurs spculations e tgeatent gr and ens de la France qu'elle 'erst pour eu son sang et ft en Afnque, sur les denters du pct..::>lt ces grands travaux qu'elle ne peut fa1re chez elle L1intrigue s'empara de toutes les avenues , l'Arme eut aussi se dfendre de cette ptu -sance. Les passions politiques se firent JOU , servirent merveilleusement le dsordre Que pourrait-on attendre de gens qm emploient con-tre la machme adrnmistrauye tous les re sons dsorganisateurs ? >>

    Ces ressorts ne cesseront de JOuer d 'une h_ -trie na twnaliste accorde aux dtatribes de Maurras ou de Droulde, et du chanoge 3 b scession Dj en 1871. Ale "nd1 e Lambert, t Vuillermoz, le maire d'Alger, rclmn:llent un protectora t anglais ou amncc:un On conn:::ut le- menaces de rupture. mtx t mps d~ la c1 1 vimcol . des vt t1culteta s et de leur" reprcs 'n

    149

  • HISTOIRE n' P;\RJURE

    tant , comme 1 nateur Bri\!re Poussant la p nique leur mas de n1 nuvrl! europenne d p tit blanc J) ou de pied nOirs , orga-n:i nnt la corruption de toutes les avenues il ondamnai nt ceu qu'il: prtendaient dfendre eue ab ~ul de et funeste fm te en avant, qui 'attache largir chaque jour un p u plu 1 fo o ils redoutent de tomber

    To "tre s 'cmpressaJent d'ajouter la panique, en 1 ur prdisant. dans une Algne li-

    aux Alg rien_ , un chaoos dsespr , Clau z l di ait dj en 1833 Notre dpart

    rai t 1 ignal du massacre de tous nos parti-an j uif et maures, il livrerait le pavs toutes

    le bmT ur- de la guerre civile >> . Ce serait bandonncr nos partisans et ceux qui ont en-

    gag leur capitau )), prcisait la commission une 'poque o ces partisans et ces colons se

    comptaient quelques centaines, ]a mauvaise foi du prtc t tait manifeste Chacun sayrut que l'ordr rgnait Alger avant 1830 Les

  • Hl lOIRE D'~ P \RJ RE

    c adnd l Corte n 'ont p ~u le courage d 'man ipe; J olonie d'Amriqu~ L'orguejl

    p gnol ne pou ail ~ r udre. C'etatt se ds-h nor r ux eu du mond Eh bien, les colo-m ne 'en sont pas mo in mancipes. Mais 1 E pagnol , p ant le pri de l'orgueil. ont tout perdu Voil, essieur , le r!)ultat de ces tn\iQCatl ns l'honneur national. L'honneur d un n uon t dans la morale et la raison et

    on dan l'ob tination, ct ne pas savoir renan-d onquete ruineuses et une domina-

    , c'e t une faute et souvent un crime. P upl et roi de raient le savmr.

    L honneur d'une anne n'est-il pas de servir lui de la adon ? Le urane de chefs algriens sur le sort

    de n oolon t de nos panisans n'ont jamais fau que confirmer de la faon la plus nette (par

    emple, 1 manifeste de mai 1955) ce qu'en d t Hamdan en 1830 : Les Franais sont da homme et la fraternit nous unira eux. La rehgion tune cho e morale qu'on ne dis-puter p Mai , d 1830, on oublia qu'au temp de Ja Rgence le commerce de l'Algne lnd.pend nte fa~ it pre que entirement a 1 Fr n On pr entait le tableau d'un peuple fran ai ~touffant dan ses frontire

    l' uto1r d on e pace vital a)g rien. l DOD pl , l'&r~WDent ne reposait ur rien. Le

    152

    HISTOIRE D'U PAIUURE

    seul pays que l'A.J gne soulagea de 0'1 ur-peuplement fut les Balares qui lUI donnrent d'ailleurs ses metlleurs colons 1 En -alit, JUSqu la fin du s1cle, la colomsatJon fut dri-soue. En 1844, l'Algne compta1t 2.237 colone;, femmes et enfants compris Il y a\ att alot s t:~ ~ soldats pour un colon, et un Europen sur trois se trouva1t l 'hpital En 1872, on ne comptait toujours qu'un colon pour mtlle Europen'i ..

  • H TOlRI: D't.: P RJt

    ., le peupl

    IX

    JS4

    lU TOJRE D't: p RJ

    rific il faudra l'abandonner ' Elle n rap-porte rien que 400.000 fran d droit d douane

    J?an::. ')on fonmeu, pamphlet Cc qui e \:Oit ce qu 011 Ile vott plr, l' onomiste Ba tiat on cre un chapitr a l'AJgri : L 'Etnt dit J -~ue Bonhomme je te prend nt ou pour mstaller un colon en Algrie, auf te pr ndre cent sous de plus pour l'_r entretenir, et autre cent sou pour entret ni. un oldat qui .z rd le colon, e\ autre cent ous pour n+re nir un gnral qUI garde le soldat, qui l. .. .. , etc Que fatt Jacques Bonhomme ? 1 c ,.._ : 1 c'est la fort de Bondy ! Mai" comm l'E tat sait qu'il cne, que fait-il ? Il b1ouille 1 c. rte .. Malheureuse France 1 Aux t 500 million, dev-rs par l'Algne se JOmdront un ou deu. mil-liards, aux 100 000 soldats quelle a dtruit ... , . JOindront 100 000 nou\elles \'l curnc . ~ ~. il arnve ceci, et Je rentre pa1 l d m ~o ... . ~t : cette activite fivreuse et, pour am ...

  • HISTOIRE o'u P RJURE

    ri mettra l'ouvri r pan 1cn au chmage, que l'Algrie n' jama1 absorb plus de

    2 o de notre produ tion t que les profits pro ennnt d c t infime pourcentage n'ont

    u aucune commune mesure avec les cra ante de la guerre.

    1 60, le grand capital, les banques, les 'en rn lrent. Les cadeaux furent . L Compagnie genevoise reut

    h clare . Les journaux taient pleins de u d 'Eidor do. On rvait d'Icarie et de

    Le int-Simonien~, Talabot, Preire, t nt Je affaire . Ce n'tait plus l'or jaune C uba, mai dj un or plus fluide ..

    plu C1i t ncore. L'alchimie en tait toujours u J oteu pour nos deux peuples. Le pacte lontal en tait Ja orcellerie. La moralit en

    t Jt fond ur le devoir de la rises dun h ra qUI parai ait illimit. C'tait le tt: mp d la plwe d'or ,

    Le marchal Randon, qui gouvernait alors AJ 1 n ouvrait le per pectives : Le capital

    t un fore capric1eu et indomptable qu'au-UI,lC m m n gouverne. On ne peut l'appeler

    qu uUmt qu tout cho lui plaisent. JI ft qu comme le oldat de la deuxime

    156

    HISTOIRE o'u. PARJURE

    colonne d'assaut La premiere a combl les fosss de ses morts et dt:gag la breche. La seconde passe par dessus et emporte la place. Ams1 en sera-t-il de notre Algne >

    Pourtant ds 1830, l'abb de Pradt nous a\ ait mis en garde

  • Hl TOIRE D'UN PARJURE

    ornnu ion rcLommandai t de g, rd d 'tablir des concurren(c

  • HlSTOIRE D'U PARJURE

    poruon d offi 1ers g n rau et updeurs. Elle re t un caract re p rmancnt de cette guerre .

    Eta1t-c du moms un bonne co]e :> Aprs son m pecuon de 1836 n Algrie, le marchal de Castellane rpond : Le laisseL-aller de notre annee a fait d'immense- progrs Les annes pc1ale ressemblent une troupe d'ar-) qwn . C'est une cole de dsorganisatiOn et d 'u1d1 dplme. Ceu qui ont fait cette guer re croient qu'il avent se battre et ont invent la illerre. Le Rus es et les Prussiens le leur t raient pay r cher. On perdra l'Arme de la

    ran . On Jette le dcouragement. La religion du drapeau e perdra entirement, si a conti-nue . l 70, 1914, 1940 devaient en effet nous faire payer ch r les habitudes faciles et som-man-e , 1 illusions tactiques, l'outrecuidance trat gique contractes dans des guerres calo-

    rual , men contre un ennemi sans tat-maJor et an artillerie. Si jamais nous nous trouvon en pr ence de tacticiens, disait le duc de Momy, nou ommes foutus. Nou. na on que de abreurs . Pourtant nos chan-on parlaient de Couper les oreilles Bis-

    marck... Pour la fte du roi de Danemark . Apr la guerre de 1870, le colonel Pein con-clura . c o g nraux n'aspirent qu'aux toi-

    Ce sont d pacha ~ .. L'e prit s'affai se ... On 'c remet au courage et au hasard. Cela peut

    160

    HI STOIRll o'u1 PARJURE

    russir en Afrique Mai dans un gu rre a\ec le::s P~s~It- par Samt-Axnaud L'empereur ne se fabait gure d'llluswn Les gnraux d'Af1tque, Changar-nier, Lamonctre, etc sout tous du mme cali-bre La guer re qu'tls ont fane en Alge .e les rend inaptes au. grandes oprauon::. militai-l 'CS >>

    En 1830, l'arme fut dmembree, crme pour la conqute d 'Alger. Quand VIDL l"heure dcisive, mespre pour la France, e raliser ~a politique europenne, l 'instrument de cette po-litique faisait dfaut Le marchal Soult , alo1s premter mmtstre, se dsolera, mrus trop tard, devant une anne dsorganj e, dont l'lue et le fer de lance s 'mou~saient en Afn que Et le mmistre des affa1res trangres ne pou\ alt que rpondre aux dputs qm dnonaient sa co-teuse lthargie Avez-vous oubh l'affaiblis-sement de l'arme, nos soldats envoys en Afnque ?

    Sous Louis-Phihppe, la guerre d 'Al gene, (( ce boulet qUI entrave la marche de la France en Europe et dans le monde . comme d1sa1t Passy en 1834, nous cota non seulement la

    161

  • HISTOIRE D't P \RJURP

    B 1 qu , la >U 11 -Z lande (o vivent et pro p rent maint nant plus de deux militons d'An lo-Saxon ), mai l'Otient o nous avions ou l tout . Ceu. -ci passrent en quelques

    de notre jeu dans celui de l'Angleterre i ou vouh:z tre entendu en Orient, disait omte d Sade, \"otre voi. d01t part1r de Pans

    t non d' lg r On lira plu. tard dans un Jour-n 1 11 mand : cc Grace la guerre d'Aigne l'arm d~ la Bundeswehr dev1ent la force 1~ plu importante d'Europe occidentale. Si cette Europ doit ~tre unte, elle d01t tre dirige.

    t, 1 Fran .H~ e\.cltts, seuls les Allemands peu-v nt le fair~

    apoh.:on 1 , qui avait quelque temps song pr ndr Jg

  • HISTOIRE D'U PARJURE

    chatouiller Wl honneur national toujours pour . h d' . , tl tt. de braver l'enn InJ r ttatre, preten-d 1 nt VJdemment 1 ontraire. Car si la guern! d Alg ne fut et reste le che~. qui, mne aux Wat rloo de notre d1plomat1e, tl n est pas de

    at rloo an Cambronne, et en 1830, notre num tre aisait savoir l'ambassadeur de Grande-Br:etagne que la France se f.. de 1 An&J t rrc . Ces gauloises bravades sont peut

    tre un igne de grandeur franaise. Mrus le malh ur eut que ce ne sont jamais les Cam-bronn qui gagnent les Waterloo.

    L'Algerie anglaise tait l'pouvantail qui ura1t aux Algri~tcs l'appui du chauvi-

    ru me 11 et au si bien pu s'appeler l'Algrie pru ienne ou l'Algrie russe. Du moment qu'il duprut ... Car c'tait une dupene. L'Angleterre n'e t pas f ch , crivait Dezamy, de voir l'Alg-ne d orer l'or et le ang de la France, et le pre tiae de a gloire On comprend pourquoi 1 consul Samt-John avait outenu Tcmend-foust les parti ans de la rsistance, pourquoi son VJce-c.onsul, TuJin, tait, si on en crot t ROVJJO, l'me du complot qui devait tuer Sidi Hamdan, afin d'entraver les ngociations de J)ab av Ahmed Bey ; notre mission, rapporte

    10 au DllD.lstre, avait constern la lgation ~ A Alaer, Londres nou tenait ni. Bounooa le disait dj. c Il suffira de

    164

    HISTOIRE D' UN PARJURE

    quelques bt iments anglatc;, confiai Saint-John, pour que cette anne ait k ort de celle d'Egypte IJ fut J ongtemp~ question de s'em-parer des Balares pour la rendre un peu moins vulnrable.

    Seulement, pour les pou\ Olf ') , l 'Algene nou Je savons, tait dtver Ion et alibi Er 1840, ses officiers d'Afnque qu1 pensaient \ Oi r le roi relever enfm les msolences de Palmerston et vacuer l 'Algrie (car on ne e faisait gure d 'il-fusion ) pour fatre la guerre en Europe, le mar-chal Vale dtsatt

  • HISTOIRE o't P R.JliRE

    d'une r marquable habild , l'y aidait en fei-gnant d'en g mtr. C' t un vieu pnncipe diplo-matique de oupirer sur le concessions qui ne coutent ri n.

    L ituation europenne de la France et l' quilibre d l'Europe dfiniti\'ement assurs, 1870, 1914 et 1940 auraient-ils t possibles ? S'JI e t vain de refaire l'histoire, on peut d1re c p ndant que l'avenir politique de l'Europe en et t compltement modifi, et l'avan-tag d la France.

    166

    LES PIEGES

    1

    ... et sans qwvoque .

    Mais nos Maitres rsen aient leur arm une mhswn dont 1ls ne pou\ atent la d1.;;pen::,er moms de se perdre celle de nous lmpo:,er silence L'abb de Pradt crn ait alOI s M lie; ont 'lou lu la guerre d'Alger pom re\emr a. ec plus de force contre les liberts de la Fran~e avec lesquelles Ils se sentent mcompatibles

    La guerre d'Algne de\'ena1t runs1 une e ole de guene cn1le Nos prtonens ' comptJJent bten Un JOurnaliste de la CongrLgation s'cna1t

  • r ce fut , d ~ le premie r _jour tout le d'u~ dtctatur militaire sans contrle

    H rn dan not qu la guerre d 'Al gene n'ir p n d1 tature : Alger eta1t un far-d au p ur 1 France. Troi annes d 'occupa-tlOn ont d1 ipc tou les doutes ce SUJet Le , uv rncm nt \'Oi t forc de cder un peti t

    nom re 1 contrle de affaires. L'Afrique, c' t mot . dira Bugeaud . Ce fut le r gime du bre. cr Ce n'e t pas seulement la grossr-f'i t et 1 'ol nee du pouvoir militaire, remar-qu T qu ,~Jle, mai la haine inintelligente du miJitaire ontre le cid! L'ide qu'Ils ver-

    ent 1 ur ang puur faire les affaires de ceux qur n ont i i que pour s 'ennchir les trans-

    d'une ort> Le prsi-

    d nt Fillion lamentait tout autant des du ysrcme judiciaire alg-

    n n Le eul our du crvil fut de se latsser milu ri 1 A AJg r , Ja garde nationale devint son minair La cration de la g~rde a con 1 princip de la r vi ion de la colonie

    la m~tropol , di ait en 1834 Cotti le maire d 'Al r. ur quoi , 1 commandant Challe, pr-PGM la ps cholog~e de ces units temtoriales,

    168 t

    HlSTOlRE o'u p RJURE

    portera un toast 1 'union intime de l'Ann et d~ la garde nattonale pour la df:e.., d la P~t~e menace Les colons fo ~ &1e~ nt de m1hces On a vu ce qu'tl en fru.saienr

    Le CIVil franais, ce Bdomn d~ Parc;, tait plus frondeur Il s 'agtssait de l'a onplir d' algriser ,. la France, comme disru.~ Emil de Gu-ardin . Armand Ham et le ~ ultras de Ja Socit coloniale s 'empressr~..-or de dclarer ds 1832, que cc la France est borde , ,ord par Calais et au sud par le Sa~ara .. Ds lo qui osera douter de I'Algne francat.;;e e des prten tions de ses exploiteu!"s trahira la pa ne et offensera son intgnt L'apparetl de com-p ression par la rpression )), suh ant la belle expression du marchal Clauzel. tatt mt en place L'arme couvait et dingeait nos pn nces cc Nous lui avons attach la couronne su:- la tte et nous saurons nous battre pour la main tenir , disait Bugeaud Le dput Jaubert o a s 'crier la tribune de la Chambre en 1837 cc Alger nous possde plus que nous la po -e-dons . Quel tait donc ce Bdouin de Pan qUI dmoralisait nos bra\'es soldat ' ? Thier -fit donc la leon cc Jaubert , et ce Pt ca tor , qui , depuis qu'on a\'al t eu la fcheuse id d: le nommer secrtaire de la commtsswn d to-que et de lw mont rer le des ous de~ ~.1 te~ . ne cessait de en "'r que c~tt occupattOn d .\lg 1

    169

  • JIISlOlRE n'UN Pt\RJURE

    tait un crime et une folie . La leon fut une le on de Tnorale. Car les Franais ta1ent alor o.u~i un paternalisme moralisateur et pa-

    tnottque brod en pl~me tt ame de notre his-toire . Est-ce donc Lrop de cette guerre d'Algrie, dit Thiers, pout mamtemr les sentl-men t moraux et empcher la Fr ance de s 'ac-croupir sur sa chaufferette :> Venant de lui, la phrase est subhme

    La CongrgatiOn s'en mlait Devant la d m oralisation, crivait un de ses jsuites n rob courte. le comte de Bruc, devant la perte

    u sentiment natiOnal du faible citadin, l' rme, ce noble sanctuaire, a seule conserv honneur et loyaut. Que les clameurs de ces l gtstes se taisent et que ces rhteurs verbeu\. qui cherchent garer la nation reculent devant le bruit de nos armes On appelait les hros de la guerre d'Afrique, ces nouveaux Macchabes , la contre-rvolution Ils surent rpondre ces nobles appels. Les massacres de 1834, 1848, 1852. 1871, en tmoignent

    Les journaux hbraux levaient parfois quel-que prote tation timide Nos soldats, lisait-on dan Les Dbats, sont les hommes du pays Il n'ont nulle envie de revenir du sac d'Alger pour rduire leurs concitoyens qui refusent un gouv mement illgal. Quand donc l'ducation de notre arme sera-t-elle en hannonie avec

    170

    H ISlOIRP. o'u, PARJURE

    nos lt bert.s ) 0 . offrande a 1, b n P(Jrt~ tou le une nation en

    rn J tton d U!'le arme . La ri re m. fut Jamais entendue.. P L Olle.. fai satt-un alo s des enfants de la nation.,

    a r.pon;e nou .., es t donne par un rapoort dt~ gtncral d Aubignosc, date de 1833 : " Il ) a tous ks ans quatre-vingt mtllc famiJles qui voient P.ar tu leuJ s enfanL s Quelle serait leur douleur :,t elle a~prenaien t qu'on va l e~ transformer en a asstn , et qu' leur rentre dans leUJs f ~y~rs, ce braves rapporteront des curs fam -!Jar 1ss avec le meurtre ? C'est a cela que ten-dent le excb de la guerre en Algri , les lo-ges donns aux plus infames actiOns Et nous / a,~ons re por ter la cJvihsatiOn che7 ce peu- j ples 1 Ce:, Arabes font des pnsonners pour en tlrer des ranon~ et, dans le camp francais, on fait trophe ct on pate les ttes coupes La colome est cl 'ctdment en p1ogrs 1 Quelle. e t donc cette aberratiOn qUJ entrame sou te mr qu'une bete froce peut honorer l'armt:e franaise ? Tout nous est hosttle autour d'Al-gel Une populatiOn mdtgne ronge ~on ft em sans oser murmurer tout haut, contenue qu 'die est par la force des bawnnettes. La plupart des colons, mus par l'mtrt pliv, ne songent qu 'nux mo ens de tromper la France sur la vritable s1tuat10n Une \ ingtame d 'mdn,tdu se font les organes de la populat10n indtgne et

    171

  • HISTOJJlE D'U P RJURE

    prop e en Europ 1 bruit le~ plus men. on-er . J'al cit tout le paragraphe, car Il le

    mnte Il rep ente une s .,nthse de la sttua-ton algrienn , r umant l'c prience d'un homme ri , pdali te de l'Islam, qu1 s 'ac-q ntt d a tache, infiniment dhcate, de pre-mi r directeur de la police d'Algrie , la satis-f ctlon d tou . Chef de la mission des procla-mation , il dcv it, mieux que quiconque. mesu-r~r l' mp) ur du parjure.

    nombre des crimes en France augmenta d 0 % , on en comptait 8 .000 pour la seule ann 1841. Ap1s la chute de Louis-Philippe, le grand publici te protestant Thodore

    uret donna on diagnostic L'orlanisme, rduit c deu. mots corruption et corn-pre ion, tuait le mes . La France tait sa pro-p cho e. La dri ion tait jete sur les ins-tm l gnrcu comme sur des folies, la reH-

    on e ploit comme un moyen de rgne. En m m temp , on touffait Paris d'un appareil policier men ant qui lui disait : Si tu parles, ou 1 tu bouge ... ! l'agriculture, cette bonne m r nourrie , tait en ouffrance. La prosp-nt v nte dan le discour officiels tait

    ~alit de la bouffi sure, de l'hydropisie communi me se posait en rformateur cett ocit corrompue et dprave. ~ olution redoutable e prparait :

    172

    HISTOIRE D'UN PARJURE

    une rvolution socJale Mats celte habilet tan tu vante qui vcut de rouene n ~tait qu'or gu~ et vertige Ses gnraux, :>a police i active, ~e~ fai?eux plans pour cra!let l' 'meuc tout lm fit defaut L'orlanisme ne pnL qu 1 lemps de revemr _d'ou tl etrut venu Et tout ft.~ dit. . Tout cela, Je le rpte, s'cn\ ait en 1849

    II

    Cette glaneuse d1ctature fut lovalement sou-tenue par la hirarchie La conqute d Algt. r tait le cheval de bata11le de la Congregatwn Ses grands matres, Je baron de Damas le mar-quis de Clermont-Tonnerre, JOurent ' un roi~ primordtal dans les dcisions et les prpara-tifs. Charles X prit sa dci ion, presse pa1 Mg1 Frayssinous et par son fameux conseil de conscience >, qu 'inspiraient le tout-puissant abb de Latil et le rnarquts de Ri\lre Rome, de tout cur, tait dernre lui. Le coup d' en-trul fut provoqu par l'affarre de ~ batea. romains. Ce qui hnsa1t dire que le Trs-Saint-Pre avait reu un soufflet su1 la JOUe de noue consul l'inJure ta1t sacrilge La ptl e d'-\lge" et le chtiment de cet anathme JCt~rent Rom\. dans un vntable dhre On accrocha d ~ b.1n-deroles

  • HISTOIRE o'u,. PARJURE

    1 d ir que l'Algc.:ri c, ft rendue la civthsa-tion . L Pape insistait aupr' s de Charles X pour que la conv r ion du pays ft enlrepnse Le baron Pichon reut des lettres, Je pressant de chri- tiani r la Rcgt:nct'. En 1831, une ordon nance ecrte fut pri-.t> cet effet.

    En p n ;trant dans la Casbah, le prem1er som d Bourmont fut de runir tous les aumntcts

    t de faire dire une messe solennelle dan ln g~ ande salle du trne. Scne trange et symbo-lique que ce cc gentilhomme de grand chemin au. doux yeux de couleuvre, comme d1sait Chateaubnand, remerciant le Seigneur des Armes, entour de sa ppiante camanlla de jeunes pnnces, qui avaient bien voulu quitter, pour quelques semaines de chasse au Bdouin, leur cher faubourg, pendant que dans la p1ce voisine on entendait les pelleteurs remuer les sequins, et les compteurs psalmodier leurs lita-nies comptables. L'aumnier principal pro-nona une courte allocution noblement inspi-re : Vous avez renou avec les Croiss. Vous venez de rouvrir la porte du Christianisme en Afrique.

    Aprs la rvolution de 1830, Bourmont fut re u par le Pape avec beaucoup de solennit Louis-Philippe s'en froissa. On lui rpondit que le marchal-comte, en rendant l'Eglise le ser-vice in igne de rduire Alger, avait acquis le

    174

    HI~lOIRE n'u PARH!RE

    droit le plus sacr a la protectiOn de. S Sam' tet. 4 -

    d' Qua~t aux veques fran~al!>, ils rivali erent espnt de crOI~ad c, 0 1 onnant pncres neu ai-

    nes, plerinages, transfert des cendres de Saint-Vmcent-de-Paul, mandements et Te Deun . (' S Ji f~t Jamais une guerre juste, mdtspensable, c. st celle-l, p roclamalt l'archevque d'A1x. Rcmphssons de tratts enflamms les carquob du Dieu de nos pres Mrus qu'Il pUise aus" i ces traits \ lCtoneux sur les curs gars au ~em mme de la Pa tne >> Ces derniers mots ta1ent, on s'en doute, pour les Bdoums de Pan s A ces nobles appels aux mcendiaJJ'es, l'archevque de Pan s - qui de\ ru t son s1egc aux Talle} ran - prfrall les ttes coupes (1. Bnsez leur force par votre force, que votre bras suspendu fa~se wmber de\ ant \ous le Sarrazm farouche > Et tl achevai t en dsi-gnant la nouvelle Judith (l 'anne franaise), le nouvel Holopherne (le peuple algnen) ((C'est la Crmx 'ictoneuse du CrOJssant, l'huma-mt tnomphant de la barbane

    Nous savons comme ces appels des messa-gers de l'Evangile furent pieusemen t entendus par les chefs de notre arme. Le gnral Joseph, dont le sadisme mamaque d 'mcendtrure et de coupeur de tte~ rvoltait les officiers les plus endurciS, mourut en bon chrnen, entour de

    175

  • 81SIVD8 D-oN PAJUVRB

    .. tous, et fu t longtemps propos CGeD" JDOCWe d 'hroisme des gnrations Praaus. ll tait reu la Cour par &a Miatc RiDe Ambe, dont le gendre, roi de 8eJclque sollicitait comme un honneur la faveur d'lUe prsen t au clbre empaleur de JYae. Quant Lamoricire, sa pit devint Jamdaire 1

    La conver"SSIn des Musulmans apparut trs &e comme une tche sans espoir. On la remit

    tard. En attendant, le sabre tait plus OOilWIDCaDt que la croix. On allait au plus ~~ Le premier vque d'Alger, Mgr Dupuch,

    obstina. Sa correspondance nous le montre, swvant nos annes, comme les cantiniers juifs et maltais, mouettes dans le sillage de ce ruban cle feu et de sang, s'emparant des mosques, mettant des statues sur les minarets, dmna-aeant les chaires, les minbars des mosques, pour en meubler ses chapelles et laisser tomber de plus haut les paroles du Crucifi, faisant mam ba se sur les colonnes et les chandeliers . Il adorait nos soldats :

  • JIIS10lltB D'UN PARJURB

    espoirs de Rome, de la Congrgation c1e L'Apo tolJque qui, en 1830, criait sa jubi-

    ladoD La dlivrance des peuples africains t ~ 1 Il faut que l'uvre soit corn-

    ...... Lamo~cire, ~ ans plus tard, ne voya~t plus qu une solutiOn: Entre la con-qufte et l'occupation relle, la soumission n'est qu'une transition. Ce qu'il faut, c'est tme popu-lation chrtienne. La phrase est lourde de menaces. Nous savons ce qu'il en fut.

    L'Eglise s'leva-t~lle du moins contre l'entre-prue d'extennination? Quelques larmes ci et l sur les atrocits, mais la condamnation formelle, par l'ensemble de la hirarchie, d 'une guene aussi mnnemment condamnable, nous l'atten-dons toujours. Le grand publiciste catholique du Second Empire, Poujoulat, ami de Mgr Dupuch et de tant de nobles prlats, nous livre la pense catholique du temps dans son difiant ouvrage sur l'Algrie : Civilisons coups d'~~ dans le terrible accompagnement des batailles, c'est une loi de la terre ... et un mvs-t~re. Les peuples ne montent pas la civili~ation tout seuls. On les y pousse par la guerre. C'est l'uvre de la France en Algrie ... La lutte entre le Christianisme et 1 'Islam est la dernire arande lutte de ce monde. Quant la barbarie de nos auerres d'Afrique, ce que le cur lepaulse, la raison l'accepte. Les socits ne

    178

    HISTOIRE D'UN PARJURE

    marchent qu' travers le sang. Tous les s1cl.:!s ont du sang sur le front ... Quand la civilisat10n fait la guerre la barbarie, elle est parfms tns-tement force d'tre barbare pour ne pas perdre d'avantages importants ... Les grandes choses ne s'accomplissent pas avec le sentiment. Nous avons besoin de la guerre d'Algrie pour ne pas perdre les traditions qui ont fait notre gloire Ce qui est en jeu, c'est la cause immortelle des ides chrtiennes auxquelles Dieu a promis l'empire du monde et dont le gnie franais est le moyen providentiel. L'esprit catholique devrait fconder ce chaos qu'on nomme l'Alg-rie et vivifier cette terre une seule fois et pour toujours . Ce monument fut accueilli par les milieux et les journaux ecclsiastiques avec la plus grande faveur. Nous connaissons ce lan-gage, c'est l'obsession intgriste de Joseph de Maistre. Toute guerre reoit l'eau bnite qu'elle mrite.

    III

    Le problme de ~'Egli~e tait aussi celui des libraux. Ceux de L Avemr et du ~oupe L~ennais applaudissaient la conquete et 1 occu-

    t . tout comme les ultras. Seul le vocabu-pa wn, d . d . laire changeait. Certes, on enten ait es vmx

    179

  • auoats. L'arme d 'Afrique, ... -. M8l ses .MoDCk d'Uzer, Castellane,

    ~--1. ....._e ou d'Aubignosc. Mais que DGUVI{l cette de sauvagerie ? *:*~ avec l'anne

    rn*;au~e n'aura pas un moins curieux qilodes de cette oque a, disait Barchou-Peaboen Quel beau spectacle donner au IDODde avills 1 , s' criut Berthezne. Les paocles lmes qui se piquaient de sentiments UWrawt 'indignaient. Le journal de la Socit de la Morale Chrtienne dnonait tels suppli-ces intul~ la crapaudine, le clou au rouge. le dou au bleu, frustes anctres.

    Mais quoi bon dnoncer et mme essuyer Je pus de l'abcs si on ne le dbride pas, si le aucrobe est mnag et encourag ? C'est l un manque de lucidit, et pour qui fait profession de penser ou d'crire, de probit. Les bouillons de culture qui pourrissaient la guerre ne se trou-vaient pas dans ces camps festonns de ttes coupes, mais dans les palais de Messieurs DOS Maitres qui bordaient la Seine, ou autres fleuves dors. Condamner la torture en respec-&aDt l'appareil et l'organisation sociale qui l'en-~t n'tait qu'une duperie quand elle 'Mait p une diversion et une complicit. On

    MMaUft'ait tout coup ce qui svissait depuis U D'est pas de guerre et d'occupation

    180

    HISTOIRE D'UN PARJ'Ul

    coloniales sans atrocits et sans massacres . Les guerres cafres finissaient au moment o. la guerre d'Algrie commenait elles n 'avaient gure t plus humaines. Quand je condamne ce que font les Franais Alger, crivait Tho-mas Campbell en 1835, c'est en homme que Je parle, et non en Anglais. Car les Anglais aprs leurs cafreries n'ont plus qu'un droit, celui de se taire >) . Cependant, lorsque Proud'hon dnonait la guerre d'Algrie. en disant que ces razzias et ces colonnes taient la honte de notre civilisation , c'est en ajoutant qu'avec les soldats tus depuis quinze ans, on aurait pu fonder quelques dpartements franais ... en Algrie. Comment ne voyait-il pas que ces raz-zias taient la condition premire et la cons-quence invitable de ses dpartements ? C'est ce refus d'aller jusqu'au cur du problme qui, non seulement vouait les libraux l'impuis-sance, mais en faisait les complices, plus ou moins inconscients; du parti de la guerre.

    Le problme de la guerre d'Algrie n'tait pas celui de la torture. Les tortionnaires taient aussi des victimes. On a beaucoup parl des excs des soldats, dclarajt Passy la C?ambre

    1833 on a dit qu'ils avaient extermm des ~~bus ~ntires . Mais vous les jetez dans ~.es combats froces . Comment voulez-vous qu l~S ne soient pas cruels ? Il suffit de lire le rcit

    181

  • HISTOIRE D'UN PARJURE

    de supplices (le silo , la barre etc ) . fi' aux Id t d'Af ' .... m tg s be so a s , nque .qui se refusaient la triste

    s~gne qu on leur Imposait pour voir qu'en ralit m~ssacreurs et massacrs taient broys Par: la m eme meule. Cette meule dont Armand ~atn , ~ar}ant ? e l'extex:nination du peuple alg-n en, disait quelle devrut tourner jusqu' ce que le .grain de~int farine. Ds 1831 , nombreux taJ.e~ t les deserteurs qui rejoignaient le peuple algenen en lutte et bien des tribus furent mas-sacres (dont la premire, celle des Ouffias) pour avoir servi de relais ces chanes d'va-sion .

    En dcembre 1852, pour obtenir les faveurs de Napolon III au moment de son coup d'Etat, le gnral Plissier fona sur Laghouat mar-ches forces . Il voulait y devancer le marchal Randon. Ce fut une colonne d'enfer. A bout de souffrances, les soldats se dchaussaient, pas-saient le pouce du pied sur la gchette, le men-ton sur le canon, pressaient la dtente et tom-baient. Les survivants entrrent dans Laghouat dans un tat d'exaspration dmentielle. Le car-nage fut effroyable. On coupait les poignets des femmes pour s'emparer plus vite des bracelets. Plissier s'empressa de claironner Paris son bulletin de victoire du 4 dcembre 185.2 ; 1~ monarque fut satisfait. Quelle fut la mam cn-minelle ? Celle qui coupa les poignets ? Celle

    182

    HISTOIRE D'UN PARJURE

    q.ui ~digea le bulletin ? Celle qui stona les {li-Cl ta twns ? c

    ~aris s'indigna des lgionnaires des Ouffias , q~ . pourtant pouvaient rpondre qu'ils n avaient pas voulu de cette guerre, dont ils n'taient que les ttes de rechange et les ins-truments pervertis. Cette logique n'est pas une excuse, mais les vritables grands criminels taient bien ceux qui avaient reu en main tous les pouvoirs pour en finir avec cette horreur et qui n 'en avaient fait qu'une entreprise de men-songe et d 'oppression. La bourgeoisie librale, dont la bonne conscience et le bon got taient contraris par les excs des combattants, n'avaient aucun droit les condamner : elle ne faisait qu'ajouter son hypocrisie leurs ga-rements.

    Les sortilges des mots ou des mythes ne servaient plus rien. Il n 'tait plus question d'claircir les branches, mais de frapper au.':: racines. Le temps des rebelles ou des transfuges romantiques tait pass . comme c~lui des sophismes ou des faux. dile~.es .. B~en plus tard, de jeunes Sudoi s qw lw d1sruent leur angoisse, un de ces crivains .r~pondra : Entre ma mre et l'Algrie, je cho1s1s ma ~ere 7: Le sentiment tait louable ; la pensee n etalt qu'une drobade. , .

    La jeunesse n avait que faire des nobles

    183

  • alliODI! D'VN PAJt.J'tJU

    dons des troubles de conscience ou ._._cl6chircmNIIII ~ts de ces esprits clbres ou ~ de ces Ubraux de La Presse ou des INIHits, ..;Dt les belles priodes,. de leur ~emps lopposidon retombaient ds qu ds prenaient le pouwoir devant l 'engrenage qu'ils coutaient pmcer 'sans avoir le courage de l'arrter. Plu-Yt que de s'interroger sur les centaines de mil-lien de Yictimes faites en notre nom, la presse pftf'ait s'indigner bruyamment des quelques omtaines tombes dans la guerre prusso-da-aobe. A notre ministre qui lui faisait remarquer que c notre opinion publique prenait parti cha-que jour plus vigoureusement pour ce petit peu-ple hc!roique engag dans une guerre contre un peuple de quarante millions qui profitait de sa force . Von der Goltz rtorquait : Qu'est-ce que vous faites du petit peuple hroque de l' Al~rie 1 lt

    IV

    la classe ouvrire, d'abord prive du droit de vote et de tout moyen d'expression, puis Impitoyablement baillonne, tait soumise sans merel ~ ce systme de la compression par la l~ston, chre aux gens du roi. Ceux qui croyaient en ~tre l'expression, gnreuse et

    comme Pierre Leroux ou Fourrier,

    184 (

    IUSI'OIRE D'UN PAR.JUl

    t~ent incapables de parvenir une analyse lucide du problme algrien, de dmasquer les mensonges et les camouflages organiss par les pouvoirs. Pourtant, la classe ouvrire, d'ins-tinct, savait que cette guerre tait, entre les mains de ses matres, une arme qui visait les deux peuples. Quand elle avait l'occasion de s'exprimer, comme Bordeaux en 1830, Paris en 1835, aprs l'affaire du Mexique, aux lections de 1863, ou celles de 1869, sa rponse tait sans quivoque. Mais plus ardent et gn~ reux que conscient des conditions rigoureuses d'une vritable libration, le peuple franais, de 1789 1944, s'est toujours laiss voler ses rvo-lution s.

    L'analyse de la situation devenait pourtant de plus en plus prcise. Ds le dbut du sicle, les positions de Guesde et de Jaurs, devant nos guerres coloniales, se faisaient plus fermes . 1917 fut un tournant. Quelques annes plus tard, l'Etoile Nord-Africaine tait fonde par un membre du comit central communiste, Hadj

    - Abd-el-Kader. Ds 1928, les dlgus algriens aux congrs de l'Internationale communiste posaient le problme de l'in?pendance al~rienne. Le rapport MontjauVIs de la commis-sion d'enqute ouvrire sur les meutes de 1934 sera plus prcis encore : Il faut pousser notre action jusqu' la libration nationale et

    185

  • BJSTODU! ouN PARJURE

    IOdalc de J'Algrie. La bourgeois~e algrienne hftlte encore entre son rle ~atlonal ~t son r61e de dasse. Mais la lutte nat10n,al.e dmt ~asser avant. C'~tait la thse de l'Aigene, nation ea formation . ms 1931, par la voix de Ben Bad~s, les Ou!-mas affinneront leur prise de conscience natio-nale. Le troisime affluent, celui de la bourgeoi-sie algrienne, passant de la revendication assi-milatrice (. Il faut aller de la colonie la pro-'91Dce ., disait alors Ferhat Abbas) au?' exigen-ces nationales ( Abandonnons les vieux sen-tiers battus pour la grande route de la patrie algrienne ) , rejoindra les deux autres pour fonner ce flot irrsistible qui les mnera du manifeste du 10 fvrier 1943 la dcision du t novembre 1954.

    Les hommes de la guerre n'ont jamais ignor que la seule menace capable de les sevrer de leur pr carr ne pouvait venir que d'un peuple mis en mouvement. On s'efforait d'intimider les libraux qui criaient un peu trop fort, mais ds que Je peuple grondait, le langage chan-geait : la rpression des soulvements de 1834 Lyon, Paris, Grenoble et en bien d'autres villes, traita les ouvriers franais en tribus bdouines. Le nom de Bugeaud est rest li aux massacres de la rue Beaubourg. La rpression de 48 fut une o~ration de tribu. Cavaignac, le cc vieil

    186 1 t

    H1STOIIU! D'UN PARJURE

    Afric~in , avec son centre, ses deux ailes se cr?yatt lanc contre les Arabes. Bedeau hsi-tait : Il est humain comm '"1 , . f 1 e s 1 n avaJ t pas a~t . a guerre d 'Afrique >>, dira Tocqueville Par ~dhers . on gorgea et fusilla les insurgs On s amusait les voir tomber des toits et s'craser sur le pav.

    C'tait le spectre rouge, la

  • se

    v

    Le toiD extrtme que prenaient les pouvoirs ~r les quivoques montrait quel

    leur guerre en avait besoin. Et cette ...,. leur tait indispensable puisqu'ils ...._t eux-mtmes issus depuis 1830 de cette ette &~utvoque .

    PIAisdt sur des l)romesses de paix, le gou-uenaent de Napolon III eut comme premier

    cie J'M)ursuivre une guerre toujours aussi ttPoee Un abus de confiance si manifeste ris-quait de poser la question de sa lgitimit et d'ouvrir les yeux d'un peuple qui, cdant la ~uction de ses sortilges, avait vendu son droit d 'afnesse pour un tapis vert, et se retrou-vait mineur, mis en tutelle et plus loin que jamais de la paix.

    Cepend ant , les patriotes algriens avaient le mauvais goOt de ne pas croire aux mises en achte fraternelles de l'assimilation ou du Royaume Arabe. Le besoin d'user de la ruse l

    188

    HISTOIRE n'mt PARJUi

    o la for~e chouait, la ncessit d'endormir France ' d une . In~Ulete evalt amener nos .l\lru tres h~er ,et Jouer la paix qu'ils ne voulruent pas f~~e. L acrobatie tait dlicate en face des ra-htes d~ la ~erre. Heureusement, en un temps ~e, n~tlo?~hsme brouillon, lger et tmraire, il. etrut ruse de susciter ou de trouver plus chau-vm que soi, et de faire reprsenter ce refus ~asqu .de l~ paix comme un pacifisme c sin-cere mrus rrusonnable . Cert~s, ce jeu d'apprenti sorcier n'allait pas

    sans nsques. Quelques chefs militaires aveu-gles. aux. clins d'il et sourds aux jeux d~ mots, se hgeruent dans les alibis de l'honneur. Et le pr oblme de psychothrapie collective pos par quelques milliers d'Europens nourris depuis trente ans au lait du racisme tait pathtique et riche en sursauts imprvus. Les dmls des colons et des Bureaux arabes taient piques. Avait-on cependant le droit de poursuivre la destruction d'un peuple et la ruine de l'autre pour viter quelques milliers d'Europens. per dus l'ide de ne plus jamais tre le blanc de quelqu'un, un effort de rflexion morale qui n e pouvait en dfinitive que leur tre salutaire?

    Tout cela p rparait des pripties dont les clat s tmoignaient bien haut du mrite qu'on avait parler de la paix. C'est ainsi qu'il fut proclam une fois pour toutes qu'elle passait

    189

  • HlSTOJU D'UN PARJURB

    par le monarque. Des pouvoirs ns de la guerre pour faire la guerre, incapables de faire une paix dont les intrts qui les gouvernaient se refusaient payer le prix, clamaient partout : L'Empire, c'est la paix . Les pacifistes se devaient donc de les rallier et les dfendre con-tre ces affreux ultras, ces raseurs de muraille qw surgissaient tout coup pour un clat sans lendemain. Quelques-uns de ces conspirateurs s'y laissaient prendre. L'aubaine de leur procs emplissait les journaux de diatribes contre le traJtre. C'tait le plus sr des brevets.

    Ainsi s'exaltaient les ferveurs de la mytholo-gie bonapartiste, dont les pythonisses nous adjuraient de croire qu'il voulait la paix. Mais qui donc ne voulait pas la fin de cette guerre d'Algrie? Qui ne savait que 1~ dmiurge qui ferait surgir de son bicorne le m~~cle d~ la paix jouirait d'une crasante populante et qu un personnage aussi soucieux de parfaire son por-trait ne pouvait s'interdire d'en rver ? La question n'tait pas de vouloir la paix, mais d'tre prt la payer.

    Dans cette stratgie de l'quivoque et cette ronde de Machiavels attards, le stratagme de la fausse symtrie entre les deux meutes~> tenait la meilleure place. Louis-Philippe atti-sait en secret des mouvements l~t~stes brouillons et sans racine, qui sufftsruent

    190

    HISTOIRE D'UN PARJURE

    effrayer ses libraux et ranger sous son pater-nel parapluie une opposition constructive satisfaite d'y trouver un alibi qui la dtspensan de se commettre avec le spectre rouge .

    Napolon III avait ses carlistes, ses orla nstes, ses arcadiens et ses gnraux ultras de la guerre d'Algrie, comme Changarnier ou Lamoricire, qu'exaspraient les mandres du monarque et qui publiaient de Belgique ou d'Espagne des lettres criant la trahison.

    Ce jeu de l'apprenti-sorcier, on le savait sans danger. Sans appui rel, cette meute-l figurait bon compte l'pouvantail des calamits de remplacement. >

    191

  • lliSTOIRI: ou ' PARJURE

    de la France. Il souhaitait son alliance Il :.a ait aussi que chaque anne de guerre compromet-tait un peu plus la situation privilgie que la France pouvait encore sauvegarder.

    Napolon III, dont les dmarches la fois hsitantes et tortueuses devaient beaucoup sa manie conspiratrice, prfra jouer avec ces cartes biseautes, qui s'taient appeles l'amal-game de Bounnont, le gouvernement franco-maure de Berthezne, le

  • RIMP~ D'U PARJURE

    au .. dupa~ent Les uns combat tai en t ~tes de J'mtgration, les autres

    des position plus faciles ct "'lftM provocantes Mais le but - la sauvegarde

    t*fts dune dasse et dune caste, au dtri-DMDI fie l'eustence d'un peuple et de 1 'honneur de l'autl'e- et Je rsultat - un tat de guerre daroaifaue - taient les mmes. La ngocia-daa. disait Mettemich, cest la rvolution . La pacification, c'est le droit ternel .

    Chaque nouveau sortilge du souverain tait .. ue avec transport. Les libraux de La Presse

    des 'DM~ats invitaient une fois de plus les cWs arabes la gratitude, chafaudaient un chAteau d'ingnieuses subtilits qui s'envolaient au souffle de la prochaine adresse aux colons.

    Mais tout cela tait vain aussi longtemps qu'on niait la nation algrienne. Car cette nga-tion tait toute la guerre.

    L'entourage expliquait ces atermoiements par quelque insoluble et mystrieuse com-plexit du pro~lme algrien. Tous les pro-blmes paraissent inextricables quand on 'emploie les obscurcir, de peur que la seule

    solution n'clate dans toute sa lumineuse implicit aux yeux du bon sens populaire, qui,

    bien sr, est un imbcile. On invoquait les embarras et les impuis-

    sances de nagure, de ceux qui n'ont pas fait

    194

    t

    HISTOIRE o'u .. PARJl!RE

    temps d 'autres h ,. . Louis-Philipp , c os:::. qu 1l eut fallu fa1re reux de la R:s~:mtss~u dJa sur ce legs on,~ reJ'et t uratiOn > Le Second Em ai sur la Monar h d . Pli .... minat1:'on d 'd, c te e JUillet une exter-

    ect ement in hl Rpublique d . . d, avoua e La Trmsime Bureaux arab:~a~~t e~o~cedr la . politique des f . cu.ns1 e SUite Le peu 1 l:~:ls les voyait .tous se laver les .mams d~n~ ro me eau, qUI devenait de plus en pit...~

    uge .

    L'tat-r_naJor Civil de l'Empereur, ces technt1-crates scu.nt-simoniens dont '1 . . d I atmcu.t s entourer

    1 res~atent des plans d'avenir, o l'mdustnc e~ ecoles, les cultures nourriraient, instrui-r~Ient, emploieraient tout un chacun. Comme SI ~es plans de pai~ pouvaient porter quelque fnut dans le gach1s et la jungle d 'nne telle guerre. Mais que faisions-nous pour restaurer J>hritage musulman du peuple algrien ? Dj en 1840, ces diversions la Potemkine tcu.ent connues et pratiques. Qu'est-ce que ces di-fices somptueux que nos gnraux ont fait construire ct des milliers de villages que nous avons dtruits ? disait Louis de Baudi-cour. La nation algrienne n'affrontait pas les risques et les effroyables sacrifices de cette guerre pour amliorer ses conditions de \'te individuelles, mais pour affirmer son droit une existence collective. S'imaginer qu'on pt

    195

  • ~~~~-- D'll PARJURE

    ea dorant les barreaux de sa cage pl poilrt J'esprit de sa rvolution

    *11..,.-.r DOS Maltres.

    VII

    Napolon Ill ftait de ces hommes qui affec-t d' 1re libraux et contre lesquels Hamdan metaaic son peuple en sarde. Assez lucide pour IWCODDaitre que l 'Algrie bouchait notre avenir, il cWpJorau qu'elle ft un boulet attach aa pied de la france ... qui lui prenait le plus pur de son or et de son sang ,, .

    Cependant, le carnage continuait d' aller arand train C'est qu'en ralit ce modle de ltbali me, qui parlait de dterminer l'auto-aomie de l 'Algrie arabe en proclamant qu'il Galt au i bien 1 'empereur des Arabes que rempereur des f ranais , ne pensait qu'en ter-mes de pacifica tion ,, seule fin que la con-~e devmt un accroissement de force et non UDe cau d'affaiblissement ,,, La commission d'enqute de J872 dira de son Royaume Arabe ;

    M veut pas dire autre chose que ceci : qu'il Alaene de intrts considrables qu'il oar utili er . On s'en doutait. Ce que

    r~lllilltl...., peut produire de plus utile la elit clbre charte algrienne du 20

    ont de oldats. Pour l'indi-

    196

    Ht SIOlRE o'u, PARJURE

    gne ) Le c 1

    antonnement que nous sa\ o ,l) >our

    1 e colon ? Le rendre riche et prospre , Pour e soldat ? Le maintenir sur des position., s~lubre sans l'exposer au climat dvorant dl.. desert , (qu'on voulait bien laisser aux tribus refo_ul~es)_. Tel tait ce programme e'\.emplaire de liberalisme. Mais i1 parlait ailleurs oc du dr.~peau et de la croix >>, du vaste rovaume assi-miler, et dclarait Abd-el-Kader que , la Fr ance ne renoncera jamais cette conqute que Dieu avait voulue . Ainsi, derrire la ronde des mots-piges, la confusion n'tait qu'appa-rente.

    L'Arme tait son soutien le plus sr. Ne pou-vant s'en passer, il ne pouvait la priver de son champ de manuvre, de cette occasion de gloire perptuelle >), comme on disait dj en 1833, pas plus qu'il ne pouvait se passer de la griserie du pouvoir. Car il souffrait du mysti-cisme de l'autocrate : Il y a des hommes providentiels dans les mains desquels le des-tin de leur pays est remis. Je suis moi-mme u n de ces hommes-l l>. Ses crits de capi-taine sur le recrutement de l'arme, sur les tactiques nouvelles de l 'artille~e- m?bile, su_r l 'arme de mtier, ses Considerations poli-tiques , mdites au fi l d'une pe qui _a la gloire pour poigne >>, le montrent emplt de ses certitudes.

    197

  • BJSI8JilB D'U PARJURE

    -11Ma Dl eJUgeait J'autorit absolue, ~ais la .:,.. teoir du peuple, dont les represen-* 1 ~t. Qu'est-ce que 1~ peu~ pie ? La ..,se cie la nation. Les cotenes qui 'appellent le peuple commette~t .un blas-

    pbtme Arrivr au pouvoir dans 1 e~~nvoq~e ~t les compliat~ des conspirations qu Il s.uscltatt secrttement tout en affectant de les Igno;.er,

    tte masse lui manquait. ( Si le peuple rn tm-.-se ce devoir, soupiraitil, je saurai le .rem-

    r ) Sa guerre l'exigeait. Il ne pouvat~ se ser des voix catholiques. La loi Falloux hvra

    1 ole 1 'Eglise, " les enfants aux bedea_ux , la hirarchie lui livra en change les vmx de

    ~ouailles Il s'entoura de toute une coterie de jeunes

    colonel et gnraux d'Afrique sa dvotion. L'ambitieux et cruel marchal de Saint-Arnaud n tait le chef. C'tait la petite Afrique .

    Quelque gnraux ultras et fatigus, opposition de Sa Majest, vinrent point pour leur don-ner un au de Ubral modernisme.

    Capncieux, vellitaire, dupe de lui-mme, ou a l'immobilisme par des atermoiements

    qu1 e voulaient machiavlisme, le monarque va.H 'agucment o il voulait aller, sans aucune

    acUe des moyens. Incapable de s'informer, ne voulant et ne sachant pas discuter, rebelle aux aswmbl~ , il n'entrait jamais dans les argu-

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    1

    1

    HISTOIRE D'tJN PARJURE

    ~ent~ q~'on lui prsentait, disait Hbner qui a ~res hien analys. On devine ce que les aven-

    tu~ers et. les ambitieux de l' entourage >> pou Valent faire du personnage en y mettant quel-que doigt.

    Rec!1erchant le contact plbiscitaire, ce bal-lon d oxygne des dictatures, il allrut de rf-rendum en tourne provinciale ou algrienne. Moi-mme - les deux mots reviendront plu-sieurs fois dans le mme discours -, seul en face de cette grande et difficile entreprise >>, en tait le refrain. Le contact tait surtout poh-cier. A Grenoble, on dut redoubler de prcau-tions, loigner les dmocrates dangereux . Il a la manie de serrer les mains dans la foule , disait Pietri, son prfet de police, qui ajoute firement : Mais je sais faire mon mtier. Il n'a jamais serr que des mains d 'agents de police.

    Ses proclamations ne ces~ai~nt de par~~r ,d~ paix, de libert, et se termma1ent par 1 mevl-table invocation la grandeur de la France. Cependant la guerre d'Algrie - :t les au.tres - battaient leur plein. Un marufeste, s1gne d'crivains et de journalistes de la gauche, Arago, Delescluzes, etc ... , avait :u le coura~e de dnoncer cette catast~oJ?hique dupe~te qui se traduisait en conscnptiOn, gros contm-gents, et lourds impts)) ...

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  • mcantations et .......... ~, .anl.es. de laisser bercer de l ..ailniMIIIII'I, le peuple franais avait ,._elie ren oyer ce ventriloque

    " de faire la paix en Alg-- ltdtf deux millions d 'Algriens

    la coaaoWcc de s Maftres, Sedan, le aassacres de la Commune.

    VIII

    C~U poliUque d atermoiements QUI mne catastrophes . dont parle Muret, appro-

    chait de son terme ; 1870. On parlait de chaos t de dshonneur, ces arguments de la panique,

    qu'on m voque en brlant ses vaisseaux, parce que Je retour au pon exigerait des comptes ina-ouables et qu'on prfre s'effondrer dans b

    politique du pare Penonne ne niait plus le dsarroi des esprits

    t la c:Wtresse des curs. C'est alors qu'inca-pable de dominer le contradictions croissantes de politique, le monarque demanda au peu-pl qui l'avait plbiscit pour faire la paix de mettre sa J&naturc, aprs vingt ans de massa-

    ' au bas de ce bilan de guerre et de faillite. Pour la lu1 arracher. il fit de ce nouveau rf-nndum un modle d'quivoque = cc au nom de Jcwctre, d la libert, de la stabilit, ... pour met-

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    1

    "

    1

    HISTOIRE D'u. p RJURE

    tre fin aux . controven,es s-triles et pas~ionne-p oudr approuver les rformes librales r~ali-sees ans ces d . . . erme re annees ., Cc fut, pou lUI, une affinnatlOn tdomphante du pouvot r personnel. Il pouvat t exulter comme en 1852 (< ; lus de sept millions de suffrages \lennent de rn absoudre.

    _Ou~lques semaines plus tard, c'tait Sedan. B1entot, les deux tiers de l'Algrie taient feu et sang.

    Si la guerre francO:allemande a\ait dur plus longtemps, que serait-il advenu de l'Algrie ., Dj, la Prusse intriguait au Maroc, en Tuniste et au Sahara. Les frontires s'agitaient. Atta-que sur trois fronts avec l 'armement d'une nation puissante et moderne, submerge par le dclenchement simultan d 'un soulvement gnra1, notre arme aurait-elle pu viter la catastrophe ? A la phrase de Canrobert Notre domination en Algrie demandera encore longtemps de s'asseoir sur des baon-nettes , rpond mot pour mot celle de Bis-m arck : On peut tout faire avec des baon-nettes, except s'asseoir dessus .

    201

  • LE TEMPS A RETROUVER

    .. .Htez-vous de saisir l'oc-casion "

    rupture avec cette politique de guerre, d'intrts, de peurs, de hontes et de

    haine , xJgcait une dcision rvolutionnaire. Maa qu'e prer de pouvoirs qui, plus attentifs

    d'autr voix qu ' celles du peuple franais, va.ent n main la clef de la paix qu'il leur

    avau remi , et refusaient de s'en servir ? Il ut fallu a J'Empereur un geste de rupture

    h r01quc avec ceux dont il dpendait . Il n 'e r pa de miracle en h istoire.

    Un Jeunesse dsempare, un peuple isol, raJent alm s ~~apabJes d'affronter le chantage Ja gucnc cvdc . Les Versaillais devaient le

    leur prouver quelques mois plus tard en leur in-fhaeant l chtiment qu'ils rservaient aux tri-bu bdouine Ln vra ie c t honne guer re sera

    202

    HISTOIRE n'u_- PARJURE

    au retou r disait le ma . h l B . , . t ' rec a e1 tte , qUI naval pas prvu que ce retour passerait par Sedan.

    I

    Depuis les premires pages de cet crit. j'ai recherch, en vain, la r aison lgitime l> de ce parjur e . Une p iraterie ? Une t rahison ? llne rgnration par le sabre ? Quelle est-elle ., A cette question j'ai fini par trouver la rponse la seule, celle que donnait le 4 juin 1840, au nom du Roi, le prsident du Conseil

  • J 8I:Di retrouve. Tout le reste n'est que ,.. resprlt, diversion ou fui te en avant. t. t*l4Srai Esterhazy nous en adjurait dj

    1869: La question de l'Algrie est une question suprme, une question d'tre et de ne pas ~tre . Ferhat Abbas le rpte aujout-d,.w dans les mmes termes au nom du peuple alpnen : Il s'agit pour nous d'tre ou ne pas ,..., ..

    Qui donc pourrait, de sang-froid, cnvisagc1 de mener le peuple algrien un nouveau 1872 ?

    Les calamits du x1x sicle se renouvelle-raient-dies au xxe ? Hegel dit que les vne-ments et les personnages historiques se rp-tent deux fois. La premire fois en tragdie, la seconde en farce, ajoute Marx. Mais, aprs six ans de guerre, ne sommes--nous pas en pleine tragdie ? N'est-ce pas inavouable ? Voulons-nous qu' notre honte, l'histoire apprenne un jour aux enfants du monde qu'il a fallu l'ana-thme de l'tranger pour nous interdire de pul-vriser le peuple algrien jusqu'aux mmes dcombres ? Il est essentiel pour notre hon-neur, nos enfants et notre avenir en Afrique que cette paix vienne de nous, et de nous seuls, en ngociant avec un adversaire qui ne deman-dait qu' tre notre ami. Les aiguilles tournent de plus en plus vite au cadran de l'histoire. Demain .. il sera trop tard.

    204

    IIJS'IOlRE o'u~ PARJURE

    Pensons ce que. fut le dernier regard de c millions d'innocents, d'enfants, de femmes, de jeunes hommes morts cause de nos Matres, peut-tre en nous maudissant Pensons aux gestes de panique que dclenchent les deux syl-labes du mot

  • HISTOIIlE D'U PARJURE

    de son peuple, nous en avait solennellement prvenus ds 1832 :

  • MEMOIRE remis par Sidi Hamdan ben Othman Khodj~

    la commission d'Afrique de 1833

    La com1nission d'enqute pour Alger partit d'ici avec un mmoire dgag de toutes prven-tions, et dispose runir tous les documents ncessaires afin de pouvoir prononcer un juge-ment sage, digne de la nation franaise, compa-tible avec sa conscience, dans les principes de l'honneur et de l'quit.

    Le moyen d'accomplir fidlement sa mission est d'tablir des principes vrais et connus qui conduisent des faits inconnus, et d'en tirer des consquences conformment l'ordre logi-que.

    Ainsi donc, les sources o elle peut puiser ses recherches, elle ne peut les trouver que dans les lieux qui sont sa porte, qu'il est permis de visiter et d'exami11er de manire pouvoir en

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  • HISTOIRE o'c PARJURE

    rellndre compte comme lmoi,z oculaire 0 b. e e dort s'en . u um rapporter a des rapports fidl en ce qur concerne l'tat des Bd . es Kabarles que l'ou ne pew aborde ouznsdet des

    1 1 . r sans anger vu l'~ur e ~zgne~ent de la domination franais~ ~~ ~lat d h?stzlzt quL dure depuis trois ans et

    e!m f!annl ce~ peuples. Ce sont ces mmes B~doums et Kabales qUL sont la base fonda-lrtc~ de toute la richesse de la Rgence d'Alger et ce. l ~eux_ que dpend la tranquillit de c~ (JOV : J expltquerai plus tard cette dernire ource.

    Quwu la partie qu'elle a pu visiter, il lui re\te plus d'un fait inconnu, cach sous une pparence de vrit (plus bas ces faits seront expliqus) ; car si les Franais sont entrs dans une l'ille par une capitulation, et si au lieu d'en accomplzr les engagements, ils les ont viol, et y ont commi~ tous les abus imaginables, si enfin le habitants de celle ville leur ont montr une humble soumzssion, une fidle obissance et n'ont donn aucun sujet de plainte, que feront donc ces mmes Franais l'gard d'un peuple qui .\e montre toujours hostile, opinitre et fanatique :>

    Les Frurzais n'ont jamais rien fait pour dis-uader ces peuples de leurs ides fausses et

    fanatique\. Il\ n'ont rien nglig au contraire

    210 1

    HISTOIRE o'L Pi\RJLRE

    pour les faire rester dans leur z.gnorance Je m'abstiens de retracer ici des faits qut ne sont pas dignes d'loges. On n'a qu' lire l'ouvrage de M. Pichon et les rcits de quelques faits pour se convaincre de ce que j'avance, 11otamment sa narration sur l'affaire d'Ott/ fia, o 1' arme franaise n'a pas mme pargn les femmes, les vieillards, les enfants ; on a vu mme plusieurs enfants la mamelle sacrifis sur le sein de feur mre . Les habitations brles, les bestiaux enle-vs et nos marchs remplis d'objets pills ! Dans ces marchs, on y a vu des bracelets encore attachs aux poignets sanglants qui les por-taient et des boucles d'oreilles teintes encore du sang des oreilles d'o on les avait arra-ches ( 1 ). Des actes aussi inhuma~s se sont malheureusement renouvels chaque rencon-tre de l'arme franaise et des Bdouins (Bne excepte). On dit mme que des femmes ont t vendues comme 011 vendrait des animaux.

    Ces procds violents n'ont pour rsultats qu.e

    ( 1) Voici en quels termes le baron Pichon, gouver-neur civil de la colonie l'poque de l'extermination des Ouffias, qualifia, devant la commission d 'Afri-que, ce qu'il appelle un impitoyable massacre >> : Dans cette expdition, hommes. femmes, enfants. personne ne fut pargn ... J'ai vu des soldats re\'e-nant de cette expdition avec des oreilles charges de pendants, au bout de leurs baonnettes ... Le commis saire de police d'Alger fit illuminer pour clbrer cette triste victoire >>.

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  • ~~~tt JMM~re.s. de les pro-a.w~~~~~~dansleurs

    tiiiiWIII 41&U'mmes que t::d'liilt&tr~ but que d'exter--~- #Upouiller de leurs

    ._,.._ .J8 .eonde source laquelle d41i1Mai:Si fMflt ptdser les connaissances l'~emmt des faits, c'est $'OIJiftfti$CffiMlt les rapports des uns

    quant

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    HISTOIRE o'U.1 PARJURE

    l~l pre 1~L~re clas~e qui contient les 1 appo ,.L de 1 ~utonte franatse, on devrait poser cecte qr-tes-tzon : l'autorit a-t-elle quelque intrl persor-nel , ou est-elle dirige par une cause particulire pour soutenir une opinion quelconque :> Est-ce l'ambition de conserver son poul!oir en cachan, ses fautes, ou bien est-elle guide par un enci-ntent d'honneur ?

    Quant la seconde classe, qui contient cet.~.\ des colons : avant de les adopter, je demande-rai qu'on observe que la plupart de ces colons n'ont aucune position sociale en Europe ou. pour mieux dire qu'ils ne sont venus sur le sol algrien que pour y faire fortune, et peu leur importe que ce soit au dtriment de l'honneur franais ou aux dpens des Algriens qu'ils arri-vent leur but, d'autant plus qu'ils se sont trou-vs avec un peuple qui ne parle pas leur langue, qui n'a ni les mmes usages, ni les mmes murs et qui se trouve sous le joug de la crainte, car l'arbitraire ne s'est pas seulement appesanti sur les vivants mais encore s'est tendu jusque dans les tombeaux des morts, qu~ l'on ouvre pour fa ire commerce de leurs os prz-vs de spulture. .

    Cette mesure a sern la terreur parnu ces peuples et a fait loigner les riches qui ont pu raliser une partie de leur fortune. I! ne _resu donc dans la Rgence que les i~tfortunes qw onl

    213

  • de l'arbitraire qui

    NI .... ii*,.. b$ biens particuliers et 6iMs tJ.s migrs. Ainsi ce ~Wite toutes les

    .,.,.dllr.f'-4!11~ W fdil, c'at-4-dire que les -'-' .,.,,.,as 10111.s l