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L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

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L’appropriation du pouvoir sur notre vie : Un processus d’engagement de la part de l’individu et de la collectivité

Se voir comme une PERSONNE et non

comme une maladie

Le savoir c’est le POUVOIR

Faire partie d’un GROUPE

Créer des ALLIANCES

Page 4: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

Le contenu de ce document ne se veut pas complet et exhaustif à propos de l’appropriation du pouvoir dans le cadre des réunions; chaque thèmes abordés faisant l’objet d’un ouvrage de référence. Il a été élaboré dans l’optique d’offrir une base pour des ateliers formatifs et dans le but de susciter réflexions et questionnements au regard de l’actualisation des grands concepts du rétablissement et de l’appropriation du pouvoir dans l’organisation des services.

Mandaté et financé par l’Agence de santé et de services sociaux de la Capitale Nationale (ASSSCN).

Couverture: Préambule communication

Correction et mise en page: Séphanie Lavoie

Recherche : Josiane Lapierre et Luc Vigneault

Conception et rédaction : Josiane lapierre

L’appropriation du pouvoir dans le cadre des réunions : révision et correction 2008

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TABLE DES MATIÈRES Les objectifs de la formation............................................................................... 3 Bref historique et éléments de contexte. ............................................................. 4

Les assises de la transformation des services de santé mentale et du principe de l’appropriation du pouvoir........................................................... 7

Des notions qui guident nos prises de décision .................................................11

La santé mentale : « Je suis une personne, pas une maladie »........................12 Le rétablissement ........................................................................................16 La citoyenneté .............................................................................................20 Les alliances................................................................................................22 La perception...............................................................................................23 L’appropriation du pouvoir ..........................................................................24 La participation ................................................................................................27

Savoir expérientiel .......................................................................................28 Étapes pour un discours collectif .................................................................29 Communication : comportement non verbal .................................................30 Savoir être : rôle, attitude et comportement..................................................32 La compétence technique..................................................................................35

Organisation des services du réseau de la santé ...........................................36 Les lieux d’influences : instances nationales, régionales et locales ................43 Les principes de fonctionnement d’une équipe .............................................45 Documentations et termes associés aux réunions ........................................49

L’estime de soi ..................................................................................................54

L’estime de soi selon la pyramide de Maslow ................................................55 L’effet thérapeutique....................................................................................56 Allégorie ......................................................................................................57 La conscience critique.......................................................................................60

De la participation à la conscience critique ..................................................61 Le groupe de travail – Ses enjeux .................................................................63 Les sources d’informations des dossiers.......................................................64 La « résolution de problèmes » à partir de l’approche centrée sur les forces ....65

Page 6: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

Ma préparation.................................................................................................67

Les outils dont je dispose pour influencer les décisions et l’action ................68 Avant de dire « oui je le veux » pensez-y! .......................................................69 Avant/pendant/après une réunion ..............................................................70 Annexes ...........................................................................................................71

Texte de référence........................................................................................72 Références ........................................................................................................76 Bibliographie ....................................................................................................78

Page 7: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

3

LLeess oobbjjeeccttiiffss ddee llaa ffoorrmmaattiioonn

Découvrir et intégrer des notions qui guident les décisions des représentants des personnes utilisatrices des services en santé mentale au sein d’ instances de concertation.

Comprendre les composantes du processus d’appropriation du pouvoir individuel et collectif.

Reconnaître ses connaissances et ses compétences acquises résultant de ses expériences personnelles.

Parfaire ou développer des moyens et des stratégies permettant de participer et d’intervenir efficacement dans les réunions.

Connaître l’environnement organisationnel, structurel et décisionnel du réseau régional et local de la santé et des services sociaux.

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4

rreeff hhiissttoorriiqquuee eett éélléémmeennttss ddee ccoonntteexxttee

L’APUR (Association des personnes utilisatrices de services en santé mentale de la

région de Québec) est un organisme communautaire qui favorise la participation des

personnes vivant ou ayant vécu un problème de santé mentale pour représenter ses

pairs à tout débat public, commission, comité de travail, groupe d’étude, table de

concertation ou tout autre forum traitant des questions qui les concernent. Un de

ses mandats est de leur donner de l’information, de la formation et de les supporter

dans leur rôle de représentant. L’APUR engendre toutes ses réalisations sous les

vocables du rétablissement et de l’appropriation du pouvoir depuis sa création, en

1998.

À cette époque, des personnes en rétablissement militant contre la stigmatisation

afin d’être considérées comme des citoyens à part entière constatent et dénoncent

que : « Les personnes souffrant d’un problème de santé mentale n’ont pas accès aux

lieux de prises de décisions; peut d’utilisateurs peuvent exprimer leurs besoins et ceux

de leurs pairs et majoritairement, les non utilisateurs parlent en leur nom, sans

connaître leurs besoins réels. » À ce moment et depuis déjà plusieurs années, la

conscience sociale des Québécois à l’égard du système de santé mentale provoque le

changement, voire même le revirement de cette organisation. Conscients que les

problèmes des individus dépendent aussi de la façon dont la société est organisée,

une des étapes cruciales à ce virage est donc de redonner le pouvoir d’agir aux

personnes concernées. C’est dans cette optique et cet espoir que l’APUR voit le jour

afin de rassembler des personnes vivant ou ayant vécu un problème de santé

mentale autour d’une mission commune : actualiser les grands concepts du

rétablissement et de l’appropriation du pouvoir en s’associant et en collaborant avec

nombre d’acteurs sensibilisés. S’allier pour franchir des barrières et faire

reconnaître leur vécu comme une expertise essentielle. Un savoir expérientiel à

considérer pour améliorer la conformité des soins et des services en fonction des

principes du rétablissement. L’APUR est maintenant un véritable « par et pour »

unique dans la région et la province de Québec et c’est sans nul doute ce qui en fait

sa force.

BB

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5

L’APUR est à ce jour une instance de consultation incontournable. Elle est la seule

structure régionale vouée à la promotion et la défense des intérêts des personnes

concernées, à l’expression de leurs besoins et à la promotion de leur participation.

Bien que cette association soit composée d’administrateurs et de travailleurs

permanents dévoués à la cause, elle ne peut exercer ses fonctions sans la

collaboration active et soutenue de ses partenaires et des personnes vivant ou ayant

vécu un problème de santé mentale. Cette fonction peut paraître exigeante, mais il

est de notre responsabilité d’exprimer nos préoccupations, de participer aux

décisions, de maintenir nos liens et de développer de nouvelles alliances avec des

partenaires qui croient au potentiel humain et à l’évolution des paradigmes sociaux.

Cette collaboration est essentielle pour assurer la réussite de ce « virage

rétablissement » et contrer la stigmatisation. Ce partenariat qui nous est offert

auprès des instances décisionnelles est une belle occasion de partager nos savoirs

pour la réussite d’un objectif commun : Des soins et des services orientés pour

soutenir le projet de vie de toute personne qui porte en elle l’espoir de se rétablir selon

ses propres volontés.

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6

Biens que certains ont tendance à voir la maladie avant l’humain, sur la voie du

rétablissement, l’appropriation du pouvoir individuel et collectif, confère la force,

la richesse et la passion de l’individu !

Josyan

L'appropriation du pouvoir sur sa vie est un processus par lequel une personne

acquiert de plus en plus de maîtrise sur ses choix, ses capacités et son autonomie.

L'appropriation du pouvoir passe, entre autre, par la connaissance de soi et la

planification de la gestion autonome de notre vie.

Luc

« Les usagers démotivés sont ceux qui acceptent en silence la vision

des autres sur ce que devrait être leur vie. »

Judi Chamberlin

« Si depuis quelques temps nous sommes invités à prendre notre place,

à jouer un rôle au sein de l’organisation des services, peut-être devrions-nous

arrêter d’attendre que l’on nous dise où nous asseoir ! »

Membre de l’APUR

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eess aassssiisseess ddee llaa ttrraannssffoorrmmaattiioonn ddeess sseerrvviicceess ddee ssaannttéé mmeennttaallee eett dduu pprriinncciippee ddee ll’’aapppprroopprriiaattiioonn dduu ppoouuvvooiirr

LLEESS MMOOMMEENNTTSS CCLLÉÉSS

Livre de Jean-Charles Pagé (1960)

« Les fous crient aux secours »

Rapport Bédard (1962)

Désinstitutionalisation

Rapport Harnois (1987)

Harmonisation des services

« Je suis une personne, pas une maladie ! »

Politique de santé mentale (1989)

Cette politique s’appuie sur le rapport Harnois et les travaux du Comité de la Santé

Mentale du Québec (CSMQ).

Des problèmes prioritaires

Absence du consensus sur la notion de santé mentale des personnes.

Interventions mal adaptées aux besoins des personnes.

Deux objectifs

Réponses adaptées aux besoins des personnes.

Maintien et développement de la santé mentale de la population.

Cinq orientations

Primauté de la personne.

Revendications des mouvements sociaux.

Droits des usagers.

Implication des proches et des familles.

Relation égalitaire intervenant/usager.

LL

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Bilan d’implantation de la politique de santé mentale (1997)

Meilleure compréhension et adhésion aux orientations pour l’intégration des

services.

Réponses aux besoins fondamentaux des personnes (hébergement, soutien en

situation de crise, suivi thérapeutique et intégration dans la société).

Marginalisation : manque de respect quant à l’exercice des droits fondamentaux.

Plan d’action en santé mentale (1998-2002)

Principe mis de l’avant : l’appropriation du pouvoir.

Services aux enfants, aux jeunes et aux adultes souffrant de troubles mentaux :

soutien dans la communauté ;

intervention en situation de crise ;

logement ;

traitement ;

soutien aux proches ;

mise en place de réseaux locaux de services ;

assurer la formation des ressources humaines ;

garantir le financement de la transition.

Forum sur la santé mentale (2000)

État d’avancement des travaux de transformation des services en santé mentale.

Points de vue des personnes utilisatrices.

Nécessité de la participation active des usagers à tout ce qui les touchent.

Accentuation du plan d’action en santé mentale 1998-2002 (2001)

Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004)

« Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation du pouvoir individuel et

collectif des personnes utilisatrices de services en santé mentale. »

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Plan d’action en santé mentale 2005-2010 : « La force des liens » (2005)

LLEESS PPRRIINNCCIIPPEESS DDIIRREECCTTEEUURRSS ::

Le pouvoir d’agir : reconnaître la capacité des personnes souffrant d’un trouble

mental de faire des choix et de participer activement aux décisions qui les

concernent, et cela, en dépit de la présence chez elles de certains symptômes ou

handicaps. La participation des utilisateurs et des proches aux exercices de

planification des services de santé mentale découle de ce principe.

Le rétablissement : Le plan d’action réaffirme la capacité des personnes de

prendre le contrôle de leur vie et de participer activement à la vie en société et la

nécessité de contrer la stigmatisation. De plus, et cela est l’essentiel, le

rétablissement constitue la trame de fond de toute organisation de services.

L’accessibilité : Le plan d’action reconnaît l’importance d’offrir localement des

services de santé mentale de première ligne de qualité et d’assurer un passage

fluide vers des services spécialisés et sur-spécialisés lorsque cela est nécessaire.

La continuité : Le plan d’action met l’accent sur la nécessité de répondre aux

besoins des personnes en assouplissant les frontières qui balisent nos

interventions et en assurant les liaisons nécessaires afin de réduire les ruptures

dans la continuité des services.

Le partenariat : Le plan d’action soutient que le partenariat et la collaboration

entre les fournisseurs de services et avec les ressources de la communauté sont

nécessaires et qu’ils représentent des gages de qualité.

L’efficience : Le plan d’action vise une organisation des ressources disponibles

de nature à entraîner un rendement optimal.

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CCOOMMIITTÉÉ DDEESS UUSSAAGGEERRSS

La loi 32 adoptée en novembre 2005 prévoit que : « Tout établissement doit mettre sur

pied un comité pour les usagers de ses services. Le comité des usagers se compose

d’au moins cinq membres élus par tous les usagers de l’établissement et d’un

représentant désigné par et parmi chacun des comités des résidents. »

11EERR CCOOLLLLOOQQUUEE DDEE LL’’AAPPUURR ((2006)

Dr André Delorme (Directeur à la direction de la santé mentale au MSSS) déclare :

« (…) Il y a des gens qui se sont levés dans la société et qui ont parlé pour les gens qui

sont sans voix. Il me semble qu’aujourd’hui en 2006, il est peut-être temps que les

« Sans-Voix » se lèvent et parlent pour eux-mêmes ! »

« Les personnes qui reçoivent les services sont les premières concernées par l’organisation des services de santé mentale. Elles sont des partenaires de premier niveau

et leur engagement doit être recherché et soutenu. »

(Plan d’action en santé mentale 2005-2010, p. 66)

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eess nnoottiioonnss qquuii gguuiiddeenntt nnooss pprriisseess ddee ddéécciissiioonn

La santé mentale : « Je suis une personne, pas une maladie »

Le rétablissement

La citoyenneté

Les alliances

La perception

L’appropriation du pouvoir

DD

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12

aa ssaannttéé mmeennttaallee :: «« JJee ssuuiiss uunnee ppeerrssoonnnnee,, ppaass uunnee mmaallaaddiiee »»

Les services de santé mentale ont connu plusieurs vagues de

« désinstitutionalisation » témoignant de transformations considérables au Québec

depuis le début des années 1960.

Après 50 ans de révolution, notre système de santé mentale suit son continuum de

restructuration. Les objectifs de départ : humaniser les soins, améliorer l’accès aux

services dans la communauté, respecter et affirmer les droits des personnes

concernées sont toujours d’actualité. Divers groupes d'intérêt engagés dans le

secteur de la santé mentale s'entendent sur le principe de la désinstitutionalisation.

Jusqu'ici pourtant, ce mouvement s'est soldé par un succès mitigé. Plusieurs études

ont fait état de problèmes liés à la manière dont le virage s'est opéré1. La perception

de la maladie mentale et la conception des soins et des services qui en résulte évolue

au même rythme que s’effectuent les changements de paradigmes dans la société.

Elles sont le reflet des valeurs sociales soutenues par l’ensemble de ses membres et

surtout par la volonté, l’engagement et les priorités de ses représentants politiques.

Le leitmotiv de la Politique de santé mentale (1989) « Je suis une personne, pas une

maladie » touche tous les acteurs (usagers, proches, intervenants, instigateurs,

administrateurs, politiciens, etc.) oeuvrant de près ou de loin au sein du système de

santé mentale et des services sociaux, les invitant à s’engager et actualiser les

grands principes du rétablissement. Ce changement de paradigme concernant la

participation des utilisateurs de services détient une préoccupation plus large afin

de sauvegarder leurs intérêts spécifiques largement divergents de ceux des

professionnels, des administrateurs, des familles et des trusts pharmaceutiques. Il y

a là un défi touchant non seulement la prise de décisions concernant les besoins

individuels, mais aussi celle relatives aux changements requis dans le système qui

ne saurait être relevé adéquatement sans un appui de tous les acteurs concernés.

LL

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13

Un important processus de transformation qui touche autant la démystification et la

déstigmatisation que la manière de gérer les ressources, de planifier, d’organiser et

d’offrir une large gamme de services intersectoriels indispensables pour favoriser le

pronostic et enclencher ou maintenir le processus de rétablissement des personnes

concernées dans le but de reconquérir leur pleine citoyenneté.

RRÉÉAADDAAPPTTAATTIIOONN PPSSYYCCHHOOSSOOCCIIAALLEE

Qu'on le veuille ou non, le handicap est construit socialement et renvoie aux

obstacles institués par la société. Le désavantage social ou le handicap tel que défini

par l'Organisation mondiale de la santé2 s'applique à une grande variété de

situations qui réduisent l'autonomie des individus qui ne répondent pas aux normes

biologiques, fonctionnelles et sociales habituelles. Une déficience, qu'elle soit

intellectuelle, psychique, motrice ou sensorielle n'entraîne pas toujours un

handicap. Quelqu'un qui est à même de vivre avec sa déficience n'est pas handicapé.

Le développement des connaissances sur les déterminants de la santé et des

progrès réalisés en réadaptation psychosociale a imposé l'idée qu'il fallait agir au-

delà des services. Les mesures intersectorielles (menées par plusieurs acteurs)

visent à favoriser l'intégration sociale et le maintien dans le milieu naturel. Parmi

ces mesures, l'accès au logement et à l'insertion professionnelle représente sans

doute les facteurs les plus importants d'intégration sociale.

LLEESS DDÉÉTTEERRMMIINNAANNTTSS DDEE LLAA SSAANNTTÉÉ

En somme, la façon dont une société stabilise l'emploi et les cycles économiques,

éduque ses enfants, assiste ses membres en cas de difficultés économiques ou

autres, met en place des stratégies contre la pauvreté, le crime et l'usage des

drogues et stimule la croissance économique et le progrès social ont une influence

au moins aussi grande sur la santé que la quantité et la qualité des ressources

investies dans le dépistage et le traitement de la maladie3. En d'autres mots, les

soins médicaux ne représentent qu'un des déterminants qui affecte la santé.

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LL’’AACCCCÈÈSS AAUU LLOOGGEEMMEENNTT

Avoir une adresse, c'est acquérir une identité sociale. L'absence de logement

constitue un premier pas vers la marginalisation : on n'existe nulle part. Il s'agit

donc de mettre en place les conditions qui permettent à toute une catégorie

d’individus vivant avec des incapacités fonctionnelles d’exercer leur libre

citoyenneté. C’est la base d'une stratégie de prévention des réhospitalisations. Le

logement fait en effet partie intégrante des services nécessaires requis dans ce

passage progressif des pratiques de prise en charge institutionnelle à une volonté de

maintenir les personnes dans leur milieu naturel. Le logement constitue le point

d'ancrage de l'individu dans la société, la première étape d'une véritable

réintégration; c'est la nouvelle adresse qui rend possible la continuité du traitement.

C’est l’une des étapes cruciales pour se réapproprier un pouvoir d’action sur ses

conditions de vie.

LLEESS LLOOIISSIIRRSS

L’insertion sociale, c’est faire partie intégrante de la société. Une signification

beaucoup plus large que de s’intégrer que dans des milieux qui engendrent ses

réalisations sous le vocable de la santé mentale. Dans un processus de

rétablissement, il est conseillé et même souhaitable de créer des relations, de

partager des loisirs et des objectifs communs avec des gens provenant de différents

milieux avec ou sans difficulté fonctionnelle particulière. L’inclusion à des normes et

des valeurs consciemment choisies permet de s’éloigner de l’identité du patient ou

de l’usager dans lequel la personne est souvent confinée et de mettre en lumière sa

propre personnalité selon ses propres critères de « normalité » indépendamment de

ceux qui lui ont été que trop souvent imposés.

LL’’IINNSSEERRTTIIOONN PPRROOFFEESSSSIIOONNNNEELLLLEE

Actuellement, le travail, support par excellence de l'estime de soi et facteur

important de maîtrise de l'environnement social, constitue le véhicule principal de

l'inclusion dans la société. Son importance pour le maintien du bien-être

psychologique est reconnue depuis longtemps. Freud lui-même écrivait en 1930 : « Il

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n’y a pas de moyen plus efficace pour ancrer la personne dans la réalité que de mettre

l’accent sur le travail, car le travail au moins lui donne une place sûre dans un

contexte réaliste, au sein de la communauté humaine. »

De plus, la réinsertion par le travail contribue à la croissance économique, diminue

les coûts de traitements et s’inscrit dans un continuum de services axés sur le

rétablissement permettant à la personne d’accéder à un emploi selon ses

compétences et ses capacités. Ces considérations accompagnent tout le mouvement

du Supported Employment4, qui va au-delà des ateliers protégés et des plateaux de

travail pour ouvrir la porte du travail régulier.

En général, on doit éviter de confondre manque d'habiletés et potentiel intellectuel

dans le cas des personnes ayant un problème de santé mentale. C'est le manque

d'expériences positives, le manque de confiance en soi, la crainte de l'échec et

surtout l'absence de suivi communautaire qui compromettent le retour au travail ou

aux études5. Comme le soutiennent plusieurs experts, pour conserver un emploi, les

personnes ayant des troubles mentaux doivent avoir accès rapidement à des

services de soutien qui renforcent les comportements appropriés et les habiletés

intra et interpersonnelles pendant un certain temps. Ce soutien doit idéalement

venir d'une personne de confiance qui connaît la situation de l'individu, son

fonctionnement, ses anxiétés et qui peut déceler les symptômes précurseurs. De

plus, le travail ne saurait être considéré isolément; ainsi, les échecs au travail sont

souvent causés par des événements qui se produisent hors du milieu de travail.

C'est pourquoi la coordination des services intersectoriels et un soutien continu sont

essentiels.

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ee rrééttaabblliisssseemmeenntt 6 Le Substance Abuse and Mental Health Services Administration (SAMHSA), l’agence

fédérale responsable de la santé mentale aux États-Unis a produit un dépliant de

deux pages résumant les principales composantes d’une démarche de

rétablissement en dix points. Ces éléments ont fait l’objet d’un consensus auprès

d’un groupe de 110 experts provenant de différents milieux, y compris des

représentants d’utilisateurs de services et de familles.

LL

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« Le rétablissement en santé mentale est un parcours de recouvrement et de

transformation permettant à la personne ayant un problème de santé mentale de vivre

une vie significative dans une communauté qu’il ou elle a choisi tout en s’efforçant

d’actualiser son plein potentiel. »

LLEE RRÉÉTTAABBLLIISSSSEEMMEENNTT EENN DDIIXX PPOOIINNTTSS :: AUTODÉTERMINATON

Les consommateurs mènent, contrôlent, exercent leurs choix et déterminent leurs

propres chemins conduisant au rétablissement en optimisant l’autonomie,

l’indépendance, et le contrôle des ressources pour accéder à une vie qu’ils

déterminent eux-mêmes. Par définition, le processus de rétablissement doit être

dirigé par la personne elle-même, qui définit son propre projet de vie et conçoit le

chemin unique qui y conduit.

INDIVIDUALISÉ ET CENTRÉ SUR LA PERSONNE

Il y a plusieurs chemins conduisant au rétablissement en s’appuyant sur les propres

forces de l’individu, sur sa capacité de résilience autant que sur ses besoins,

préférences, expériences (comprenant les traumatismes qu’il a vécus), son bagage

culturel et tout ce que cela représente en termes de diversité. Les personnes

définissent le rétablissement comme un cheminement continu et un résultat à

atteindre tout comme un paradigme d’ensemble permettant d’atteindre un mieux-

être et une santé mentale optimale.

POUVOIR D’AGIR (EMPOWERMENT)

Les consommateurs ont l’autorité de choisir parmi un éventail d’options, et de

participer à toute décision (y compris l’allocation de ressources) qui a une incidence

sur leurs vies, et sont formés et soutenus pour ce faire. Ils ont la capacité de se

joindre à d’autres consommateurs et de parler collectivement de leurs besoins,

volontés, désirs et aspirations. Par l’appropriation du pouvoir (Empowerment), la

personne acquiert le contrôle de sa propre destiné permettant d’influencer la

structure organisationnelle et sociétale dans laquelle elle vit.

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HOLISTIQUE

Le rétablissement s’étend sur l’ensemble de la vie d’une personne, comprenant

l’esprit, le corps, la spiritualité et la communauté. Le rétablissement embrasse tous

les aspects de la vie d’une personne, incluant l’habitation, l’emploi, l’éducation, la

santé mentale, les services de santé, les médecines douces et complémentaires, les

services de toxicomanie, la spiritualité, la créativité, le réseau social, la participation

dans la communauté et le support aux familles, tels que déterminés par la

personne. Les familles, les intervenants, les organisations, les systèmes, les

communautés et la société jouent un rôle crucial en créant et en maintenant de

véritables opportunités permettant l’accès à ce soutien.

NON LINÉAIRE

Le rétablissement n’est pas un processus d’étape par étape mais se base sur une

croissance continue, marquée par des revers occasionnels, et la possibilité

d’apprendre de nos expériences. Le rétablissement commence par une étape initiale

de conscientisation où une personne réalise que des changements sont possibles.

Cette prise de conscience permet au consommateur d’avancer, de s’engager plus à

fond dans une démarche de rétablissement.

AXÉ SUR LES FORCES

Le rétablissement consiste à valoriser et à construire à partir des capacités

multiples, résilience, talents, habilités et de la valeur inhérente des individus. En

construisant sur ces forces, les consommateurs quittent les rôles stéréotypés dans

lesquels ils sont confinés et s’engagent dans de nouveaux rôles (Ex : partenaires,

aidants, amis, étudiants, employés). Le processus du rétablissement consiste à

avancer en interagissant avec les autres dans le cadre de relations soutenantes qui

reposent sur la confiance.

ENTRAIDE ENTRE PAIRS

Le support mutuel (comprenant le partage de connaissances, d’habilités

d’apprentissage social acquises par l’expérience) joue un rôle inestimable dans le

rétablissement.

Page 23: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

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Des consommateurs encouragent et incitent d’autres consommateurs au

rétablissement, ce qui procure à chacun un sentiment d’appartenance, des relations

soutenantes, des rôles sociaux valorisés, et la communauté.

RESPECT

La communauté, les systèmes, l’acceptation sociale et l’appréciation des

consommateurs, comprenant la protection de leurs droits et l’élimination de la

discrimination et la stigmatisation, sont cruciaux pour atteindre le rétablissement.

S’accepter et retrouver l’estime de soi est particulièrement vital. Le respect assure

l’inclusion et la participation active de la personne dans tous les aspects de sa vie.

RESPONSABILITÉ

Les consommateurs ont une responsabilité personnelle par rapport à s’occuper de

soi et à leur cheminement vers le rétablissement. Entreprendre des démarches afin

de réaliser leurs buts peut demander beaucoup de courage. Les consommateurs

doivent s’efforcer de comprendre et de donner du sens à leur expérience. Ils doivent

identifier les stratégies leur permettant de composer ainsi que le processus de

guérison qui favorise leur propre mieux-être.

ESPOIR

Le rétablissement fournit le message essentiel et motivant pour des lendemains

meilleurs : Que les personnes peuvent surmonter les barrières et les obstacles

auxquels elles sont confrontées. L’espoir est une qualité qui est intériorisée; mais

elle peut aussi être stimulée et alimentée par les pairs, les familles, amis,

intervenants et autres. L’espoir est le catalyseur d’une démarche de rétablissement.

« Le rétablissement est un processus, non pas un résultat ou une destination. Le rétablissement est une attitude, une manière d’approcher ma journée et les défis auxquels je fais face. Être en rétablissement signifie que je sais que j’ai certaines limitations et qu’il y a des choses que je ne peux pas faire. Mais plutôt que de laisser ces limitations devenir une occasion de désespérer et de renoncer, j’ai appris qu’en étant consciente de ce que je ne peux pas faire, je peux aussi m’ouvrir à toutes possibilités des choses que je peux réaliser. »

Patricia Deegan 25

Page 24: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

20

aa cciittooyyeennnneettéé

LLAA FFOOLLIIEE CCIITTOOYYEENNNNEE 7

Il y a des gens qui se sentent condamnés. Et d’autres qui continuent de RÊVER et d’AGIR.

La vie, tel un voyage, est ponctuée d’anticipations, de peurs et de joies. Et pour

nous, la maladie mentale est aussi partie prenante de ce parcours. Celle qui porte la

honte, celle au nom de qui nombre d’humains a été emprisonnée à l’intérieur des

asiles, à l’intérieur d’eux-mêmes. Interdiction de pouvoir sortir, encore moins de s’en

sortir. C’est ainsi que trop de personnes ont vécu leur vie surmédicamentée, sous

l’emprise de la folie. À travers l’histoire, on peut aussi entrevoir le cheminement

d’hommes et de femmes qui ont résisté, qui ont voulu croire et se battre pour des

traitements plus humains. Puis, les asiles ont été vidés. Aujourd’hui, les gens vivent

dans la communauté et encore d’autres obstacles se dressent sur leur chemin :

incompréhension, préjugés, incapacité à trouver un emploi… Le « FOU » n’est plus !

Mais sommes-nous devenus pour autant des citoyens à part entière, reconnus dans

nos droits, renforcés dans notre capacité de travailler, de créer et de grandir ?

Avons-nous le droit de parole et surtout, nos opinions sont-elles entendues et prises

en compte ? La route de la folie à la citoyenneté est longue, mais elle est possible.

Des personnes vivant avec des diagnostics différents réussissent à s’en sortir et à se

tailler un chemin vers une identité renouvelée.

Étrange que ce voyage du combattant qui nous mène dans les détours de la maladie,

nous confronte à nos limites, et qui, paradoxalement un jour… se transforme en un

voyage permettant la rencontre de Soi. Cette rencontre est douloureuse et nous fait

vivre plusieurs émotions. Mais en même temps, cette démarche peut nous permettre

de nous recentrer sur l’essentiel, de choisir sa vie. C’est un rêve grandiose au début,

étant donné les fracas de la maladie, la condamnation et l’étiquette que représente le

diagnostic. Et ce, sans compter le néant qui sévit sur notre vie.

LL

Page 25: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

21

Mais parfois, il faut aller au plus profond de soi et de la folie pour pouvoir rebondir.

Vivre après avoir connu le désarroi et avoir désiré la mort, c’est le triomphe de la

volonté sur la résignation, de l’espoir sur la condamnation. C’est la force de

mobiliser ses énergies, de s’entourer de personnes qui croient en nous, qui souvent

espèrent avant que l’on entrevoie la lumière.

On n’est plus jamais pareil quand on revient d’aussi loin, on est changé. Et cela

peut être pour le mieux. Combien de personnes se contentent de vivre et de laisser

s’écouler l’existence sans réellement y prendre part ? Nous sommes peut-être

meurtris par nos souffrances, mais en même temps elles nous permettent de réaliser

que nous sommes en vie. Ensuite, il est possible de prendre part à notre existence,

de faire des choix en accord avec notre volonté. Enfin, l’important à mes yeux, c’est

d’agir individuellement et collectivement pour faire du rétablissement et

l’appropriation du pouvoir un aller simple pour la vie vers la citoyenneté.

Page 26: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

22

eess aalllliiaanncceess

Quand les oies volent en formation, elles se déplacent environ

70 % plus vite que lorsqu'elles volent seules.

Ce n'est pas toujours la même oie qui est leader. Quand l'oie meneuse

est fatiguée, elle fait un demi-tour pour s'insérer dans la formation

en “ V ” et une autre la remplace en tête de vol.

Les oies prennent soin de celles qui sont en difficulté. Si une oie faible

ou malade a du mal à suivre, au moins une autre oie reste

avec elle pour l'aider et l'accompagner.

---------------------------------------------------

En créant des alliances, nous pouvons, nous aussi, accomplir

beaucoup plus, beaucoup plus rapidement !

La prochaine fois que vous verrez une volée d'oies, rappelez-vous que créer des

alliances est à la fois un enrichissement, un défi et un privilège. La collaboration

et le partenariat offre la possibilité de donner ou de solliciter des opinions,

de prendre des décisions, de partager des connaissances, des expertises

et les meilleurs pratiques, non seulement entre pairs, mais aussi

entre une organisation et ses partenaires. Ensemble,

nous multiplions notre pouvoir pour mieux naviguer

dans les dédales du système de santé mentale.

LL

Page 27: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

23

aa ppeerrcceeppttiioonn

LLEE CCAASSSSEEUURR DDEE CCAAIILLLLOOUUXX

L’écrivain Charles Péguy arrive à Chartres pour un pèlerinage. Il voit un type

fatigué, suant, qui casse des cailloux. Il s’approche de lui :

- Que faites-vous monsieur ?

- Vous voyez bien, je casse des cailloux. C’est dur, j’ai mal au dos, j’ai soif, j’ai chaud.

Je fais un sous-métier, je suis un sous-homme.

Il continue et voit plus loin un autre homme qui casse des cailloux.

Lui n’a pas l’air mal.

- Monsieur, que faites-vous ?

- Eh bien, je gagne ma vie. Je casse des cailloux. Je n’ai pas trouvé d’autre métier

pour nourrir ma famille, je suis bien content d’avoir celui-là.

Péguy poursuit son chemin et s’approche d’un troisième

casseur de cailloux souriant et radieux :

- Monsieur, que faites-vous ?

- Moi, monsieur, dit-il, je bâtis une cathédrale.

__________________________________

Les soins dispensés aux personnes atteintes de troubles mentaux et du

comportement ont toujours reflété les valeurs sociales qui influencent la perception

de la maladie mentale dans la société8. Inversement, la perception des personnes

face à leur propre maladie influence à son tour les paradigmes de santé mentale de

la société dans laquelle elles évoluent. Chacun ayant la responsabilité d’exercer un

esprit critique envers ses propres perceptions et surtout d’en évaluer les

répercussions potentielles sur le processus de rétablissement des personnes

concernées.

LL

Page 28: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

24

DDÉÉFFIINNIITTIIOONN L’appropriation du pouvoir est une notion diffusée dans plusieurs systèmes de la

santé d’ici et d’ailleurs. Plus ce concept prend de l’ampleur, plus il en découle de

multiples définitions selon la perception et la compréhension de celui qui se

l’approprie. Soucieux de transmettre les principes de bases qui soutiennent la

notion de l’appropriation du pouvoir individuel, nous vous proposons trois

définitions :

« Cette notion fait référence au processus permettant à la personne

de retrouver son autonomie et d’avoir une plus grande maîtrise de

sa vie. (…) travailler dans une perspective où l’on doit miser sur les

forces des individus demande que les praticiennes et les praticiens

adoptent une attitude de collaboration qui soit respectueuse des

droits des usagers (…) de permettre aux personnes concernées de

participer activement aux choix des services et des moyens qui les

aideront à atteindre leurs buts personnels. »9

« L’appropriation du pouvoir » est un terme qui est devenu populaire

dans les programmes de santé mentale, pourtant il n’existe pas de

définition claire de ce concept. Dans le cadre d’un projet de

recherche destiné à mesurer le niveau d’appropriation du pouvoir

dans les programmes gérés « par et pour » les utilisateurs de

services, nous avons entrepris de définir le concept de façon

opérationnelle. Des éléments clés de l’appropriation du pouvoir ont

été identifiés notamment l’accès à l’information, la capacité de faire

des choix, l’affirmation de soi et l’estime de soi. L’appropriation du

pouvoir a, à la fois, une dimension individuelle et une dimension

collective. »10

LL’’ aapppprroopprriiaattiioonn dduu ppoouuvvooiirr

Page 29: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

25

« Pour le mouvement des usagers, l’appropriation du pouvoir

signifie que les personnes qui utilisent les services en santé

mentale exercent des choix, contrôle leur propre vie et assument la

responsabilité des choix et des décisions qu’elles prennent. Le

véritable pouvoir d’agir suppose un revirement des rapports de

pouvoir dans le système traditionnel de santé mentale, de sorte que

les personnes ne soient plus contraintes d’agir contre leur volonté.

(…) Le pouvoir d’agir est quelque chose qui se manifeste à partir de

la personne. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut donner à

quelqu’un d’autre, bien que nous puissions certainement aménager

un environnement qui en facilite l’expression. »11

MMAA DDÉÉFFIINNIITTIIOONN ___________________________________________________________________________________

___________________________________________________________________________________

___________________________________________________________________________________

___________________________________________________________________________________

___________________________________________________________________________________

___________________________________________________________________________________

___________________________________________________________________________________

Nous constatons que le concept d’appropriation du pouvoir individuel est d’abord un

processus en soi, un cheminement qui permet à la personne d’acquérir le contrôle

de sa propre destinée, ce qui lui permet éventuellement d’exercer un pouvoir collectif

afin d’influencer la structure organisationnelle et sociétale dans laquelle elle vit.

Page 30: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

26

CCOOMMPPOOSSAANNTTEESS DDUU PPRROOCCEESSSSUUSS GGÉÉNNÉÉRRAALL DD’’AAPPPPRROOPPRRIIAATTIIOONN DDUU PPOOUUVVOOIIRR DD’’AAGGIIRR 1122

Assistance muette

Participation aux discussions simples (droit de parole)

Participation aux débats (droits d’être entendu)

Participation aux décisions (aval (approbation)/ refus de consentement)

Acquisition de connaissances pratiques et techniques requises par l’action

Reconnaissance de la légitimité de l’identité propre

Reconnaissance de sa propre compétence

Reconnaissance de ses compétences par les autres

Conscience collective (la personne/la collectivité n’est pas seule à avoir un problème)

Conscience sociale (les problèmes individuels et collectifs sont influencés

par la façon dont la société est organisée)

Conscience politique

(la solution des problèmes d’ordre structurel passe par le changement social)

Page 31: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

27

aa ppaarrttiicciippaattiioonn

Savoir expérientiel

Étapes pour un discours collectif

Communication : comportement non verbal

Rôles, attitudes et comportements des membres lors d’une réunion

La participation comporte deux volets. Le premier est d’ordre psychologique et se manifeste

par une progression qui évolue d’une assistance muette à l’exercice d’un droit de parole

(incluant le droit de la refuser), suivi par celui de se faire entendre et culminant par le droit

de participer aux décisions. L’exercice réel du pouvoir s’exprime dans les décisions, soit de

façon positive lorsqu’on donne son accord, soit de façon négative lorsqu’on refuse son

consentement. Le deuxième volet est d’ordre pratique et renvoie à la capacité croissante de

contribuer et d’assumer les conséquences de sa participation, ce qui implique la capacité

d’agir de façon rationnelle et la propension à s’engager.

LL

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28

aavvooiirr eexxppéérriieennttiieell

Dans un processus de rétablissement, l’individu acquiert des connaissances

pertinentes afin d’établir un partenariat équitable dans l’organisation des services en

santé mentale. L’alliance du savoir scientifique et du savoir expérientiel permet de

soutenir les services afin que ceux-ci soient mieux adaptés et appropriés aux

besoins des utilisateurs. Ils sont indissociables, l’un ayant besoin de l’autre pour

actualiser les principes du rétablissement et de l’appropriation du pouvoir.

MMEESS AATTTTIITTUUDDEESS EETT MMEESS CCOOMMPPOORRTTEEMMEENNTTSS FFAAVVOORRAABBLLEESS

MMEESS AATTTTIITTUUDDEESS EETT MMEESS CCOOMMPPOORRTTEEMMEENNTTSS QQUUII DDEEMMAANNDDEENNTT VVIIGGIILLAANNCCEE

SS

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29

ttaappeess ppoouurr uunn ddiissccoouurrss ccoolllleeccttiiff

De l’individuel au collectif 13 Du besoin de dire … À un pour tous, tous pour un !

1. Témoignage : besoin de dire son histoire, besoin d’être entendu peu importe le

sujet de discussion en cours.

2. Témoignage en lien avec l’ordre du jour pour illustrer le vécu, les

préoccupations, les obstacles rencontrés par la personne.

3. Témoignage mettant en lumière le processus, le cheminement de la personne, ce

qu’elle retire de son expérience. Les facteurs favorables et défavorables à son

processus de rétablissement.

4. La personne après avoir fait part de son vécu dégage des moyens, des solutions

afin de satisfaire en premier ses besoins personnels.

5. La personne en vient ultimement à dégager des moyens, des solutions pour ses

pairs, à s’informer, à développer sa conscience sociale et politique. C’est le bien

commun des usagers qui priment et parfois au détriment de ses propres

priorités comprenant que les grandes transformations s’effectuent étapes par

étapes, faisant usage de patience, de détermination et de persévérance envers

l’objectif ultime à atteindre.

ÉÉ

Page 34: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

30

oommmmuunniiccaattiioonn nnoonn vveerrbbaallee 14

QQUUEELL PPEERRSSOONNNNAAGGEE VVOOUUSS RREEPPRRÉÉSSEENNTTEE ??

CC

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31

LLEESS DDIIFFFFÉÉRREENNTTSS TTYYPPEESS DD''IINNTTEERRLLOOCCUUTTEEUURRSS 1155 Le bagarreur : Ne pas se laisser entraîner dans la bagarre. Utiliser la technique de

« l'angle mort », ignorer sa présence, utiliser le groupe, exemple : « Est-ce que

quelqu'un d'autre est de cet avis ? »

Le sage : On peut lui demander un avis et/ou une synthèse des débats. C'est la

personne compétente et écoutée, il est d'une aide précieuse.

Le « je sais tout » : Faire vérifier ses affirmations « Est-ce que vous avez les

principaux chiffres à ce sujet ? » Feindre de prendre ses affirmations pour des

questions.

L'absent : Il ne sait pas être à l'heure. Ne lui permettez pas d'interrompre la

réunion.

Le bavard : L'interrompre avec tact en se référant éventuellement au contrat passé

en début de réunion. Limiter son temps de parole.

Le timide : Lorsqu'une question vous est posée, vous pouvez essayer de la renvoyer

sur lui. II faut lui poser des questions faciles, lui donner le sentiment de sa valeur.

L'opposant systématique : Reconnaître sa valeur et l'inviter à en faire profiter

l'assemblée.

Le dormeur ou « roupilleur » : II ne s'intéresse pas à grand chose, sauf peut-être à

lui-même. L'interroger sur ses propres activités, ramener à donner des exemples.

Le grand seigneur : II est « au dessus de tout ça ». Ne pas le critiquer, utiliser la

technique du « oui, mais ... ».

Le rusé : Il essaie de prendre à défaut l'animateur. Lui retourner la question « bonne

question, quelle solution voyez-vous ? » II est vrai que ses questions sont souvent

meilleures que ses réponses. Vous ne rencontrerez pas l'une de ses caricatures mais

différents « cocktails ». À vous de vous adapter … et non pas d'aller à l'affrontement,

sans oublier l'humour nécessaire à tout animateur.

Page 36: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

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aavvooiirr êêttrree :: rrôôllee,, aattttiittuuddee eett ccoommppoorrtteemmeenntt

CCOONNSSEEIILLSS UUTTIILLEESS Exercer un rôle de collaborateur

Notre expertise d'utilisateur de services de santé mentale est une richesse essentielle

et complémentaire au savoir scientifique. Des savoirs profitables pour l’organisation

des services en santé mentale. Malgré que les différents acteurs proviennent souvent

de milieux professionnels distincts, autour de la table, nous avons tous et toutes le

même « chapeau », celui de partenaire et de collaborateur à une même cause ou un

même mandat. Allier nos connaissances et nos expertises permet de soulever des

solutions plus adaptés à la réalité et par conséquent, plus susceptibles de donner

les résultats escomptés et de répondre aux besoins de nos paires.

Exercer un rôle de représentant

Être représentant des personnes utilisatrices des services en santé mentale est à la

fois un privilège et une responsabilité envers nos pairs et l’association qui nous

supporte. En ce sens, il est toujours préférable de participer aux mécanismes de

consultation formels ou informels et aux formations offertes par notre milieu, afin de

prendre des décisions en fonction des enjeux prioritaires et de passer de la parole au

JE vers un discours au NOUS.

Consulter des personnes qui possèdent une expertise

Dans certains dossiers, le jargon politique et administratif peut parfois sembler

incompréhensible pour un profane. Certaines personnes possèdent l’art de

vulgariser les documents et rendre les propos plus accessibles. Ils ont la compétence

de donner une vue d’ensemble en peu de temps puisqu’ils connaissent bien les

rouages des dossiers politiques et administratifs. N’hésitez pas à aller demander

conseil auprès de ces personnes.

SS

Page 37: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

33

Faire des compromis

Lors d’une collaboration entre différents partenaires, tous essayent de trouver des

solutions à partir de perceptions, de réalités, d’intérêts et d’obligations propres à

chacun. Inévitablement, dans le cadre d’un mandat commun, tous se doivent de

composer et de travailler à partir de points de vue différents. De ce fait, chacun se

doit d’accepter qu’un travail d’équipe engendre, de part et d’autre, des gains et des

pertes; néanmoins, dites-vous bien que tous les membres sont sur le même pied

d'égalité. Prendre le temps qu’il faut pour discuter de nos divergences d’opinion et

prendre le temps d’accueillir les propos de l’autre fait, dans la majorité des cas,

jaillir la lumière.

Se retirer au moment opportun

Dans les réunions, les personnes utilisatrices de services en santé mentale sont

confrontées à des dialogues, des échanges et des interventions qui ont souvent été

pour elles, des moments difficiles dans leur vie. Que nous discutions de plan

d’intervention, d’entrée à l’urgence ou de pratiques communes, ces sujets de

discussion, banals pour certains, ne sont que source d’angoisse et d’anxiété pour

d’autres. En ce sens, lorsqu’un discourt évoque un souvenir qui fais émerger un

sentiment douloureux et difficilement contrôlable, il est préférable de demander une

pause à l’animateur, de se retirer et de revenir lorsque l’émotion s’est dissipée. De

cette façon, on démontre un contrôle sur ses émotions, une connaissance de ses

limites et on se bâtit une crédibilité.

Intervenir calmement

Exercer ses droits sans renier ceux d’autrui et réagir calmement contre l’idée et non

contre la personne qui l’a émise permet d’entretenir de bonnes relations

interpersonnelles, sans lesquelles ils nous seraient difficiles de bâtir.

Page 38: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

34

La confidentialité

Garder la confidentialité concernant le contenu, conformément au type de réunion,

mais aussi garder la confidentialité par rapport aux renseignements personnels

partagés par les membres.

La ponctualité

Arriver à l’heure et rester jusqu’à la fin de la rencontre afin de pouvoir participer aux

différents points inscrits à l’ordre du jour et pour éviter de retarder le déroulement

de la réunion. De plus, certaines décisions peuvent être prises en notre nom et celui

de l’association que l’on représente même en notre absence.

Le non-jugement

Tout est une question de perception. Le respect dans les valeurs et les croyances de

chacun favorise l’ouverture d’esprit et l’atteinte des objectifs visés.

La recherche d’information

Il est souvent bénéfique d’aller chercher des informations auprès de partenaires d’ici

ou d’ailleurs. Des informations pertinentes et des données probantes sont parfois

nécessaires pour s’assurer de la crédibilité de nos dires et pour faire profiter les

expertises déjà établies.

Prendre soin de sa santé

Quand notre santé mentale ou physique nous joue des tours, il est souvent

préférable d’aviser la personne concernée et de s’absenter pour prendre soin de soi.

Votre absence sera notée au procès-verbal comme « absence motivée ».

Avoir un bon sens de l’humour

Prendre son engagement au sérieux, mais ne pas se prendre au sérieux. Un bon

sens de l’humour aide à détendre l’atmosphère et à rendre la réunion plus agréable

et moins stressante.

Page 39: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

35

Les compétences sont avant tout techniques, c’est-à-dire les connaissances et les

habiletés permettant, d’une part, la participation et d’autre part, l’exécution de

l’action. Elles peuvent se traduire tant par l’acquisition de nouvelles compétences

que par la réévaluation de celles déjà possédées.

aa ccoommppéétteennccee tteecchhnniiqquuee

Organisation des services du réseau de la santé

La hiérarchisation des services

Les lieux d’influences : instances nationales, régionales et locales

Les principes de fonctionnement d’une équipe

Documentations et termes associés aux réunions

LL

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36

rrggaanniissaattiioonn ddeess sseerrvviicceess dduu rréésseeaauu ddee llaa ssaannttéé

LLAA RREECCOONNFFIIGGUURRAATTIIOONN DDUU SSYYSSTTÈÈMMEE DDEE SSAANNTTÉÉ EETT SSEERRVVIICCEESS SSOOCCIIAAUUXX 1166

Depuis plus d’une trentaine d’années, un immense chantier de transformation s’est

amorcé afin d’arriver à offrir à la population du Québec de meilleurs services de

santé et de services sociaux possibles en fonction des ressources disponibles. Le

chantier de reconfiguration des structures est maintenant arrivé à terme mais le

travail de finition intérieure demande à être complété.

Le système initial, de par sa configuration, induisait la fragmentation des services.

La logique fondamentale du système initial reposait sur un réseau d’établissement

offrant, souvent en compétition ou en totale ignorance des autres établissements,

des services à une clientèle à la recherche d’une réponse à ses besoins.

OO

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37

En décembre 2003, le gouvernement du Québec adoptait la Loi sur les agences de

développement de réseaux locaux de services de santé et de services sociaux. Cette

loi confiait aux agences la responsabilité de mettre en place un nouveau mode

d’organisation des services dans chaque région basé sur des réseaux locaux de

services (RLS). La création, en juin 2004, de 95 réseaux locaux de services à l’échelle

du Québec a pour objectif de rapprocher les services de la population et de les

rendre plus accessibles, mieux coordonnés et continus.

La reconfiguration actuelle du système concrétise le passage d’un réseau

d’établissements à un réseau de services. Les travailleurs du système ne doivent

plus se voir comme faisant partie d’un type d’établissement ou d’un autre, mais d’un

ensemble, d’une organisation publique qui s’adresse à toute la population.

LLEESS GGRRAANNDDSS PPAALLIIEERRSS DDEE LL’’AARRCCHHIITTEECCTTUURREE

La reconfiguration du réseau confie au palier local et de façon spécifique au Centre

de santé et services sociaux (CSSS), un rôle clé dans la nouvelle architecture du

système. C’est aussi à l’échelle locale, que la participation des citoyens est attendue

au sein des différents établissements ou organismes impliqués à titre de partenaire

du réseau local de services (RLS). L’organigramme du réseau de la santé et des

services sociaux identifie trois paliers de responsabilités distincts :

Palier local : Les établissements de santé et services sociaux

Palier régional : Les agences de la santé et des services sociaux (ASSS)

Palier central : Le Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS)

Chaque palier assume des mandats spécifiques et complémentaires aux autres et

est imputable au palier supérieur : les établissements sont imputables aux agences,

les agences sont imputables au MSSS et le MSSS, par son ministre, est imputable

au gouvernement et à l’Assemblée nationale.

Page 42: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

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9955 CCEENNTTRREESS DDEE SSAANNTTÉÉ EETT SSEERRVVIICCEESS SSOOCCIIAAUUXX ((CCSSSSSS)) AAUU CCŒŒUURR DDEE 9955 RRÉÉSSEEAAUUXX LLOOCCAAUUXX DDEE SSEERRVVIICCEESS ((RRLLSS)) 1177

Au cœur de chacun des réseaux locaux de services, on trouve un nouvel

établissement appelé centre de santé et de services sociaux (CSSS) né de la fusion

de centres locaux de services communautaires (CLSC), de centres d’hébergement et

de soins de longue durée (CHSLD) et, dans la majorité des cas, d’un centre

hospitalier. Le CSSS agira comme assise du réseau local de services assurant

l’accessibilité, la continuité et la qualité des services destinés à la population du

territoire local.

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39

Les CSSS ont comme responsabilités de promouvoir la santé et le bien-être ;

accueillir, évaluer et diriger les personnes et leurs proches vers les services requis et

d’accompagner et soutenir les personnes vulnérables. En tant qu’établissements, ils

doivent également offrir une gamme de services généraux de santé et de services

sociaux et certains services spécialisés. Par ailleurs, afin de couvrir l’ensemble des

besoins de sa population qu’il ne peut combler à lui seul, le CSSS doit conclure des

ententes de services avec d’autres partenaires (organismes communautaires,

groupes de médecine familiale, centres jeunesse, centres de réadaptation, centres de

réinsertion professionnelle, hébergement, centres hospitaliers universitaires, etc.).

Pour la région de la Capitale Nationale, il existe 4 CSSS :

Vieille-Capitale

Québec-Nord

Portneuf

Charlevoix

AAGGIIRR PPOOUURR AAMMÉÉLLIIOORREERR LLAA SSAANNTTÉÉ EETT LLEE BBIIEENN--ÊÊTTRREE DDEE LLAA PPOOPPUULLAATTIIOONN :: LLAA RREESSPPOONNSSAABBIILLIITTÉÉ PPOOPPUULLAATTIIOONNNNEELLLLEE

Selon le Ministère de la Santé et des Services sociaux, la responsabilité

populationnelle signifie que les intervenants qui offrent des services à la population

d’un territoire local sont amenés à partager collectivement une responsabilité envers

cette population, en rendant accessible un ensemble de services le plus complet

possible et en assurant l’accompagnement des personnes dans le système de santé

et de services sociaux, tout en favorisant la convergence des efforts pour maintenir

et améliorer la santé et le bien-être de la population et des communautés qui la

composent.

Les différents partenaires d’un même territoire sont appelés à occuper leur place de

plusieurs façons. D’abord, ils doivent assumer conjointement la responsabilité

populationnelle. Cela veut dire que les partenaires ont le devoir de se sentir

concernés par les problématiques de santé et les problématiques sociales

importantes touchant la population du territoire.

Page 44: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

40

Ainsi, ils devront collaborer à la détermination des cibles cliniques prioritaires du

territoire et à la mise en place de moyens pour atteindre les objectifs visés. Les

partenaires seront représentés par une personne qui siégera à la Table de

concertation territoriale (TCT), regroupant les partenaires du réseau local de santé et

de services sociaux.

LLAA HHIIÉÉRRAARRCCHHIISSAATTIIOONN DDEESS SSEERRVVIICCEESS 18

La hiérarchisation des services a pour but l’utilisation des ressources de façon

optimale. Dans une organisation hiérarchisée, l’équipe de première ligne sert à la

fois de porte d’entrée, de lieu de traitement et de lieu intégrateur des soins offerts à

un individu. Les services de deuxième ligne permettent de résoudre des problèmes

complexes et les services de troisième ligne s’adressent aux personnes présentant

des problèmes très complexes ou dont la prévalence est très faible.

Les services de première ligne Le premier niveau d’accès aux services est celui des services de première ligne. Les

services de première ligne sont des services universellement accessibles qui servent

à promouvoir la santé, à prévenir les maladies et à offrir des services diagnostics,

curatifs et de réadaptation à toute la population. Les services de première ligne en

santé mentale sont de deux ordres : des services généraux offerts à toute la

population et des services de première ligne spécialement destinés à la santé

mentale. Ces services (services médicaux et sociaux généraux) sont offerts par :

les CSSS ;

les cliniques médicales ;

les groupes de médecine de famille (GMF) ;

les psychologues en milieu scolaire ou en cabinet privé ;

certains organismes communautaires ;

et pour les cas urgents, par les centres hospitaliers.

Page 45: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

41

Les services de deuxième ligne Le deuxième niveau de services regroupe les services de deuxième ligne qui

soutiennent les services de première ligne. Sauf exception, les personnes qui

accèdent à ces services devraient y avoir été dirigées par un intervenant des services

de première ligne. Les services de deuxième ligne font appel à une expertise

spécialisée. Ils doivent soutenir les équipes de première ligne et traiter les personnes

qui ne peuvent recevoir un traitement adéquat à ce niveau. L’évaluation et le

traitement spécialisés, l’hospitalisation et le suivi intensif sont des services (services

médicaux et sociaux spécialisés) offerts par :

les CSSS ;

certains organismes communautaires ;

et par tous les centres hospitaliers qui offrent des services psychiatriques.

Les services de troisième ligne Le troisième niveau d’accès, soutenant le premier et le deuxième niveau, est celui

des services de troisième ligne. Ces services sont offerts dans un nombre limité

d’endroits et sont accessibles seulement aux personnes qui sont orientées à partir

d’un autre niveau de services. Ils s’adressent à des personnes ayant des problèmes

de santé très complexes, dont la prévalence est faible ou dont la complexité requiert

une expertise qui ne peut être offerte par les services de deuxième ligne.

Les services de troisième ligne (services médicaux et sociaux surspécialisés) sont

déterminés par le MSSS, identifiés par les réseaux universitaires de santé (RUIS) et

offerts par certains centres hospitaliers affiliés aux réseaux universitaires : centres

hospitaliers universitaires (CHU), centres affiliés universitaires (CAU) et centres

hospitaliers psychiatriques (CHPSY).

Page 46: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

42

RÉPARTITION DES SERVICES HIÉRARCHISÉS

Répartition des services

70%

29%

1%

Première ligne

Deuxième ligne

Troisième ligne

LLEE GGUUIICCHHEETT DD’’AACCCCÈÈSS Le guichet d’accès est le lieu où s’effectue l’évaluation des patients par l’équipe de

première ligne. Les professionnels travaillant au guichet d’accès ont pour mandat de

déterminer si les personnes qui s’y présentent ou qui y sont dirigées devraient

retourner dans les services généraux ou les services de première ligne d’où elles

arrivent (dans ce cas, certains conseils pourraient être prodigués aux intervenants

qui les ont dirigés), si elles bénéficieraient plus avantageusement des services de

l’équipe de première ligne de santé mentale ou si elles doivent rapidement accéder

aux services de deuxième ligne. À la différence d’un module d’évaluation liaison, le

guichet d’accès fait partie des services de première ligne.

Page 47: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

43

eess lliieeuuxx dd’’iinnfflluueenncceess :: iinnssttaanncceess nnaattiioonnaalleess,, rrééggiioonnaalleess eett llooccaalleess

Le développement et le maintien de l’appropriation du pouvoir collectif requièrent un

environnement qui le permet, c’est-à-dire un lieu permettant la participation aux

décisions, la mise en valeur des compétences, la croissance de l’estime de soi et le

raffinement de la conscience critique. Cet environnement est généralement celui

d’une communauté, c’est-à-dire d’un lieu collectif à l’intérieur duquel chaque

personne possède un sentiment d’appartenance.

L’APUR assure la liaison entre les usagers et les différentes instances de

concertation de la Capitale Nationale :

Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS)

Sur invitation de la direction de la santé mentale

Agence de la santé et des services sociaux (ASSS)

Forum de la population

Tables et comités de concertations régionales

Centre de santé et services sociaux (CSSS)

Comités d’usagers, comités de résidents

Conseil d’administration (CA),

Hôpitaux, hébergements, CLSC,

Tables territoriales et comités

Centres hospitaliers soins généraux et psychiatrique

Ressources non-institutionnelles en santé mentale (RNI)

Centres universitaires

Tous autres partenaires du domaine de la santé mentale qui favorisent et soutiennent la

participation des usagers au regard du mandat qu’ils assument.

LL

Page 48: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

44

Groupe de défense d’intérêts Nationale : Les portes voix du rétablissement

Groupe de défenses de droits régionaux

AGIR (Alliance des groupes d’intervention sur le rétablissement en santé

mentale)

Organismes communautaires en santé mentale

Groupes communautaires tous acabits de la région de la Capitale Nationale

(regrouper sous ROC 03)

Milieu de traitement/réadaptation

(généralement affilier à Centre hospitalier ou un organisme communautaire)

Regroupements national en santé mentale ou autre

(ex. : AQRP, AGIDD-SM, RRASMQ)

Milieu de vie (comité de citoyens, comité logement sociaux, etc.)

Députés

Parties politiques, etc.

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45

eess pprriinncciippeess ddee ffoonnccttiioonnnneemmeenntt dd’’uunnee ééqquuiippee

Un bon participant connaît son rôle, il sait écouter, il sait participer à un débat et il

sait comment intervenir et travailler en commun pour parvenir à prendre une

décision claire. Un bon participant s’efforce d’exprimer son désaccord de manière

constructive.

LLEE RRÔÔLLEE DDEESS MMEEMMBBRREESS 19

1. L’équipe, la rencontre ou la réunion sont la propriété des membres. Son efficacité

est fonction de la contribution de tous et chacun à tous les plans :

celui de la tâche ;

celui des relations entre les personnes ;

et celui de l’entretien des deux premiers plans.

Au cours d’une réunion, les membres peuvent jouer plusieurs rôles. Ils peuvent

ainsi prendre une part active au déroulement de la rencontre, jouer un rôle plus ou

moins consciemment ou encore assister en tant qu’observateur. Ce qu’il faut

garder en tête, c’est que les résultats de la rencontre sont souvent fonction des

rôles joués par l’ensemble des personnes présentes.

2. Les membres de l’équipe sont responsables d’arriver à une décision à laquelle

tous participent et qui est le produit de tous.

3. Les membres de l’équipe conviennent ensemble des méthodes de travail, de

l’assignation des tâches et des fonctions, du plan d’action et ses objectifs et

s’aident mutuellement à obtenir les résultats escomptés.

4. Toutes difficultés survenant dans l’équipe sont envisagées et résolues à

l’intérieur de celle-ci par les membres. Lorsque la confiance se développe parmi

les membres, il est plus facile pour un individu de découvrir et reconnaître les

façons par lesquelles ses comportements dérangent l’équipe.

LL

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46

5. La dimension émotive et les conflits sont reconnus par les membres comme des

réalités légitimes demandant une attention aussi sérieuse que celle à l’égard de

la tâche. Les membres en viennent à réaliser que les besoins, les aspects émotifs

et les attentes de tous doivent être considérés de sorte qu’une conscience d’être

en équipe se forme et que l’équipe évolue dans son développement.

Le pouvoir de chacun des membres est respecté et mis à profit dans

l’accomplissement de leur mandat. Tout le monde veut du pouvoir et l’exercer,

mais la multiplication des pouvoirs est un levier plus puissant que s’il est exercé

par une seule personne. Ainsi, des partenaires qui possèdent des qualifications et

des compétences différentes, des informations et des connaissances

complémentaires, des relations sociales diversifiées peuvent créer des alliances et

accroîtrent leur pouvoir commun.

LLEESS RRÈÈGGLLEESS DDEE LL’’ÉÉCCOOUUTTEE Le premier atout du participant est la pratique de l’écoute. Les deux défauts les plus

courants de l’écoute sont l’inattention et le dépassement. L’écoute peut être

transformée en habitude par une pratique constante. L’inattention constitue le plus

grand des handicaps. Voici les règles de l’écoute :

rencontrer fréquemment le regard de l’animateur ou de l’interlocuteur ;

écouter afin de retenir l’essentiel des idées exposées – éviter de se concentrer sur

les termes utilisés ;

chasser ses pensées qui sont sans rapport avec la réunion – se ramener vers

l’essentiel et le moment présent ;

s’entraîner à accroître son temps d’attention ;

prendre note des mots-clés au cours des débats de manière à fixer son attention

sur ce qui se passe à la réunion ;

négliger les erreurs de logique qui n’entravent pas la compréhension du

message.

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47

IINNTTEERRVVEENNIIRR AAUU MMOOMMEENNTT OOPPPPOORRTTUUNN

Éviter de s’arrêter sur les détails insignifiants – se concentrer sur les objectifs à

atteindre.

Patienter pour introduire une proposition nouvelle – ne pas interrompre un

orateur au milieu d’une phrase.

Intervenir lorsque l’idée ou la proposition à ajouter est pertinente au débat - ne

pas oublier qu’une réunion n’est pas le moment des anecdotes, des souvenirs,

des descriptions détaillées ou des discours creux.

Commencer par poser des questions avant d’énoncer ses propositions pour

s’assurer d’avoir bien compris.

Analyser ses propositions afin de s’assurer qu’elles sont praticables.

Exposer les principaux avantages de sa présentation - indiquer ses faiblesses,

mais montrer que les avantages l’emportent sur les inconvénients.

Se préparer à défendre ses idées - prévoir les points qui risquent d’être défendus

et imaginer les réponses aux questions qui peuvent être posées.

CCOOMMPPOORRTTEEMMEENNTTSS FFAACCIILLIITTAANNTT LLAA CCOOLLLLAABBOORRAATTIIOONN Comportement de solidarité - aident au maintien ou à la cohésion du groupe.

Encourager : complimenter, donner son accord, son adhésion, montrer de

l’affection, de la cordialité, comprendre et accepter les autres.

Harmoniser les différences : entre les participants et les sous-groupes.

Rechercher et favoriser les compromis : mettre de l’eau dans son vin, transiger,

admettre ses erreurs, accepter d’avoir des pertes et des gains.

Faciliter la participation des autres : faire parler les silencieux, canaliser les

bavards, ouvrir la communication.

Proposer un idéal : auquel le groupe puisse aspirer.

Observer le groupe et faire des commentaires : concernant la démarche et non la

personne.

Suivre les autres volontairement ou passivement : attention cela signifie son

accord aux décisions.

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48

Comportements reliés à la tâche - aide à maintenir le groupe sur le sujet donné.

Stimuler le groupe : proposer des idées nouvelles, faire des suggestions, voir

comment on peut surmonter les obstacles, etc.

Demander des informations ou des opinions : demander de clarifier les

suggestions, rechercher des faits en rapport direct avec le problème posé.

Offrir ses opinions personnelles : dire ce à quoi on croit.

Donner des informations : en tant qu’expert ou d’après son expérience

personnelle.

Orienter et définir les positions du groupe : par rapport à ses buts en résumant

ou posant des questions sur la direction que prend le groupe, sur sa tâche.

Reformuler : expliciter, élaborer par des exemples, des suggestions.

Résumer : coordonner les relations entre les idées et les suggestions.

S’occuper de la procédure : en faisant des choses pour le groupe, s’occuper de

l’arrangement matériel des choses, des chaises, de l’air, de la lumière, de la

distribution des documents, de l’enregistrement, des repas, etc.

ÀÀ ÉÉVVIITTEERR

Agresser le groupe : attaquer le groupe et ce qu’il fait, déprécie les autres.

Bloquer, s’opposer, résister plus que de raison : être toujours contre, ramène un

problème déjà tranché ou dépassé.

Chercher à attirer l’attention sur soi : vante, raconte ses exploits, croire que ses

idées sont supérieures.

Utiliser le groupe comme un auditoire : pour exposer ses sentiments, ses

opinions, ses idées personnelles.

Manifester un manque d’intérêt : nonchalance, cynisme, bouffonnerie.

Monopoliser le groupe en demandant de l’aide ou de la sympathie, soit par

insécurité, soit par manque d’estime personnelle.

Dominer le groupe : dans la lutte pour le pouvoir, essaie de manipuler le groupe

par des flatteries, une demande d’attention, l’interruption des autres, etc.

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49

ooccuummeennttaattiioonnss eett tteerrmmeess aassssoocciiééss aauuxx rrééuunniioonnss

LLAA CCOONNCCEERRTTAATTIIOONN EETT LLEE PPAARRTTEENNAARRIIAATT 20

Le partenariat est souvent erronément perçu comme une dynamique à l’intérieur de

laquelle des individus et des groupes aux intérêts différents tentent d’arriver à des

consensus ou à des compromis sur des projets communs. Ce qui précède décrit

davantage la concertation que le partenariat. La distinction entre la concertation et

le partenariat est significative et elle pourrait se résumer comme suit :

la concertation constitue un processus volontaire, plus ou moins formel et

décisionnel, de mise en commun d’analyses et de solutions à des problèmes

reconnus, rassemblant des acteurs sociaux qui cherchent un consensus fondé

sur une problématique commune, en vue d’élaborer et de mettre en œuvre des

stratégies, des politiques et des pratiques économiques et sociales;

le partenariat correspond à un projet commun fondé sur un engagement

contractuel entre différents acteurs sociaux dont la mission, les objectifs, les

moyens et la durée sont précisément définis.

Ainsi, la concertation s’apparente davantage à une négociation s’accompagnant de

marchandage, on cède en retour de quelque chose et impliquant, inévitablement,

des compromis de la part de tous les acteurs participants. Il s’ensuit que la

dynamique est à la fois coopérative et conflictuelle. Quant au partenariat,

l’engagement est contraignant, avec des responsabilités précises, des mandats, des

ressources et des structures organisationnelles pour les réaliser.

DD

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50

DDOOCCUUMMEENNTTSS

Procès-verbal

Le procès-verbal (PV) est, malgré son nom, un acte écrit qui relate officiellement ce

qui a été discuté et décidé au cours d’une séance, d’une assemblée, d’une réunion.

Son objectif est, en quelque sorte, d’être un « témoin » et de servir de référence dans

l’avenir. Le procès-verbal se distingue du compte rendu surtout par son caractère

officiel.

La rédaction d’un procès-verbal est souvent une obligation officielle ou

réglementaire, soumise à une présentation formelle particulière. Après son adoption

il doit être signé par le président et/ou le secrétaire. Dans un procès-verbal de

réunion ou d’assemblée, on donne le nom des personnes présentes, des personnes

absentes, ainsi que celui des personnes invitées (le ou la secrétaire peut faire

circuler une liste sur laquelle les participants inscrivent leur nom pour éviter les

erreurs); le lieu, la date et l’heure de la réunion y sont rappelés. Puis, chacun des

points à l’ordre du jour est repris et, le cas échéant, on y fait état de l’essentiel des

discussions et des décisions, ainsi que des engagements, nominations, instructions

et résolutions adoptées par les personnes participantes. Le procès-verbal se termine

généralement par la mention de la date, du lieu et de l’heure de la prochaine réunion

puis de l’heure à laquelle la séance a été levée.

Note : Pour qu'une décision soit légale et entre en vigueur, il faut une « résolution », c'est-à-

dire une décision prise avec la volonté de la respecter, votée et adoptée par la majorité des

administrateurs.

Compte-rendu

Le compte rendu (C-R) ne présente pas un caractère aussi officiel que le procès-

verbal. C’est une forme de rapport complet mais succinct, moins détaillé et moins

rigide que le procès-verbal et à caractère plus informatif que juridique. Comme tout

écrit administratif, il doit être rédigé avec exactitude, clarté, objectivité et concision.

Lorsqu’il porte sur le déroulement d’une réunion, le compte rendu se présente, de

manière générale, comme le procès-verbal. On y rappelle d’abord le lieu et l’endroit

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de la réunion ainsi que le nom des personnes participantes. Puis on annonce le

contenu de l’ordre du jour. Suit l’essentiel des discussions présenté

chronologiquement ou par thème suivant un ordre logique. S’il n’y a pas d’ordre du

jour, on énumérera les thèmes abordés avant de les reprendre un à un pour en faire

la synthèse. Le compte rendu n’exige pas de coller aussi étroitement aux échanges

que le procès-verbal. Il s’agit de résumer les discussions et les décisions qui ont été

prises pour chacun des sujets qui ont été traités. Chacun des points discutés fait

l’objet d’un paragraphe. Enfin, on termine le compte rendu par la mention de l’heure

à laquelle a pris fin la réunion. Le nom de la personne qui l’a rédigé figure au bas du

document.

Ordre du jour

L’ordre du jour est un document faisant partie de différents types de réunions. Il

permet de structurer le contenu afin et d’atteindre les objectifs. C’est un document

généralement acheminé avant une réunion, au même moment que le compte-rendu

ou le procès-verbal, dans le but de permettre la préparation des participants.

Les points à l'ordre du jour :

1. Mot de bienvenue : Fait par la personne qui préside ou qui anime la réunion.

2. Lecture et adoption de l'ordre du jour.

3. Adoption du procès-verbal ou du compte-rendu du (date de la dernière réunion).

4. Suivi du procès-verbal ou du compte-rendu du (date de la dernière réunion) : ce

point est essentiel car il facilite la poursuite de la réflexion ou le passage à

l’action, permet de coordonner les activités, d’évaluer l'évolution du ou des

dossiers et de vérifier l’exécution conformément à la demande.

5. Lecture ou dépôt des correspondances reçues : Si une correspondance

importante a été reçu, l’animateur devras l'inclure dans l'ordre du jour pour être

traitée avec l’ensemble des membres.

6. Un point important pour une prise de position ou pour prendre une résolution.

7. Un autre point important et ainsi de suite.

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8. Un point d'information ou une synthèse des activités ou des tâches assignées: ce

point est aussi essentiel pour assurer la transparence des travaux en cours. Il

donne des informations utiles pour éventuellement prendre position et adopter

une résolution.

9. Date de la prochaine réunion : les dates de réunion pour l'année en cours sont

discutées lors de la première rencontre. Toutefois, ce point reste à l'ordre du jour

à toutes les réunions pour d’éventuelles modifications.

10. Varia ou questions diverses : ce point est l'endroit pour inscrire des informations

de dernière minute. Il peut, selon la volonté des membres, rester « ouvert », c’est-

à-dire dire qu'il est possible d'y inscrire un sujet même quand l’ordre du jour est

adopté, ou être « fermé », ce qui signifie qu’un sujet ne peut y être inscrit après

l'adoption de l'ordre du jour.

11. Levée de l'assemblée ou fin de la rencontre : contrairement à un compte-rendu,

une levée d’assemblée doit être dûment adoptée dans un procès-verbal.

Note : Cet ordre du jour est à titre indicatif seulement. Toutefois, l'essentiel des points devrait

s'y retrouver.

TTEERRMMEESS

L’animateur

Le rôle d’animation est généralement joué par le président, mais l’animateur peut

également être un membre désigné par le groupe ou être joué à tour de rôle par

chacun des participants. Cette personne assurera le lien entre les membres afin de

rendre le groupe efficace. Elle aidera aussi à atteindre les objectifs de la manière la

plus satisfaisante possible pour les membres du groupe, compte tenu des conditions

matérielles à l’intérieur desquelles le groupe travaille et des limites de temps qui lui

sont imposées. Elle peut s’adjoindre un « chronométreur », c’est-à-dire un des

membres du groupe qui vérifie la durée des interventions et des discussions.

Page 57: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

53

Il existe quatre principaux rôles dévolus à l’animateur :

• DDyynnaammiisseeuurr : faire s’exprimer les participants, donner envie au groupe de

progresser et de produire.

• MMéétthhooddiiqquuee : aider à définir la méthode de travail, à bien poser le problème;

appeler les règles.

• SSyynntthhééttiiqquuee : proposer des synthèses de la discussion, aider à en clarifier le

contenu.

• FFaacciilliittaatteeuurr : aider le groupe à surmonter ses tensions, éviter les blocages.

Le secrétaire

Le rôle de secrétariat peut se jouer à tour de rôle par les participants. Le travail de

secrétariat, après la réunion, consiste en la rédaction du compte-rendu ou du

procès-verbal. Le secrétaire assure aussi le suivi des décisions en les communiquant

aux personnes ou aux organismes concernés.

Au cours de la rencontre, le secrétaire a pour tâches :

llaa pprriissee ddee nnootteess : dont tout particulièrement le raisonnement qui conduit à une

décision, la décision elle-même et les mesures à prendre pour la mettre en

vigueur ;

llaa ssyynntthhèèssee :: qu’il est recommandé de faire de temps à autre sans attendre à la

toute fin. Elle aide le groupe dans son cheminement et facilite la prise de notes ;

llee rrééssuumméé : qui ne retient que l’essentiel des informations reçues ;

llaa ggeessttiioonn dduu tteemmppss : ce qui aide l’animateur ;

llaa ccllôôttuurree ddee llaa rrééuunniioonn : notamment dans la vérification de l’assignation des

tâches et de la clarté des mandats attribués aux participants.

Page 58: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

54

L’estime de soi désigne la transformation psychologique qui annule les évaluations

négatives antérieures intériorisées et incorporées dans l’expérience de développement de

l’individu et par laquelle il arrive à être satisfait de lui-même (amour de soi), à évaluer ses

qualités et ses défauts (vision de soi) et à penser qu’il est capable d’agir de manière

adéquate dans les situations importantes (confiance en soi). Ceci amène l’individu à se

percevoir comme possédant une capacité d’agir (auto-reconnaissance de sa propre

compétence) lui permettant d’atteindre des objectifs personnels ou collectifs, selon le cas,

bien qu’il requiert la valorisation de sa contribution, aussi minime soit-elle, par d’autres

personnes (reconnaissance de sa compétence par les autres) et de préférence, par ses

pairs.

eessttiimmee ddee ssooii

L’estime de soi selon la pyramide de Maslow

L’effet thérapeutique

Allégorie

LL’’

IIMMPPOORRTTAANNTT

Le contenu proposé dans cette section vise essentiellement à

favoriser la réflexion des participants en regard de l’importance

accordée au développement de l’estime de soi dans les soins et

les services de santé mentale dispensés aux personnes

concernées. L’espoir et l’estime de soi étant primordiales pour

favoriser le pronostic et enclencher ou maintenir le processus de

rétablissement. L’APUR dispose d’un ensemble d’exercices mis à

la disposition du formateur en fonction des besoins des

participants.

Page 59: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

55

LL’’eessttiimmee ddee ssooii sseelloonn «« llaa ppyyrraammiiddee ddee MMaassllooww 21 »

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56

eeffffeett tthhéérraappeeuuttiiqquuee

L’homme ne cesse d’être grand

même dans sa faiblesse. Jean-Paul II

LL’’EESSTTIIMMEE DDEE SSOOII :: UUNNEE TTHHÉÉRRAAPPIIEE EENN SSOOII

Tout le monde connaît cet adage populaire « Pour réaliser ses rêves et ses objectifs et

jouir de ses réalisations, on doit penser et agir de façon positive ». Cependant

beaucoup de gens semblent incapables de penser et d’agir de cette façon. Qu’est-ce

qui fait que même si on s’efforce d’avoir une attitude positive quotidiennement on

n’arrive pas à l’intégrer à soi ? C’est que l’estime de soi est à la base de toute vie

heureuse, de toute accomplissement et réalisation de sa valeur personnelle.

Nous vous proposons, ici, quelques moyens pour bâtir ou maintenir l’estime de soi :

S’ENGAGER DANS UNE ORGANISATION STIMULANTE DE SA COMMUNAUTÉ

SE LANCER DANS UN PROJET CRÉATIF

PRENDRE SOINS DE SON APPARENCE

CHOISIR UN DÉFI ET LE RELEVER

SAVOIR RECEVOIR

ARRÊTER DE RÊVER – SE FIXER DES OBJECTIFS

GARDER LE FOCUS SUR SA STRATÉGIE POUR ATTEINDRE SON OBJECTIF

NOURRIR SON CORPS, SANS OUBLIER SON ESPRIT

ÊTRE UN NON-CONFORMISTE POSITIF ET CRÉATIF

Nous sommes naturellement portés à se définir à travers les autres, à travers les

principes et les valeurs de notre société. Être un non-conformiste positif et

créatif, c’est tourner son regard vers l’intérieur de soi. C’est se définir à travers

ses propres valeurs, ses propres couleurs et ses propres convictions. C’est

prendre le temps de parcourir notre prairie, et d’y récolter, au fil du temps, le

plus beau des bouquets : SOI.

LL’’

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57

llllééggoorriiee

CCÉÉLLEESSTTEE,, LLAA PPEETTIITTEE ÉÉTTOOIILLEE MMÉÉLLAANNCCOOLLIIQQUUEE 2222

OOBBJJEECCTTIIFF

Voir ses échecs comme une étape vers la réussite ;

persévérer malgré les difficultés; croire en ses capacités

et en ses rêves ; favoriser la confiance en soi. ____________________________________________________________________________________________

J’ai beaucoup mieux à faire que m’inquiéter de l’avenir.

J’ai à le préparer. Félix-Antoine Savard

Il était une fois, dans cet univers immense, une petite étoile qui s’appelait Céleste.

C’était une jeune étoile plutôt timide, silencieuse et réservée mais elle avait un grand

rêve : accéder à la galaxie des Étoiles Filantes. En effet, chaque soir, blottie dans son

nuage, elle regardait ses superbes étoiles très lumineuses qui se promenaient

gracieusement dans le firmament. Elle était prête à tout faire pour se joindre à elles

un jour, mais malheureusement elle se trouvait beaucoup trop terne et affreuse. Elle

se disait que jamais elle ne pourrait les rejoindre, car elle n’était pas assez

intelligente ni assez scintillante.

Chaque nuit, cependant, elle trimait fort à l’école de la galaxie des Petites Étoiles.

Elle faisait aussi beaucoup d’efforts pour se faire remarquer par les étoiles qui

venaient recruter de jeunes astres pour remplacer ceux devenus trop vieux. Les

autres étoiles de l’école lui répétaient que jamais elle ne serait choisie parce qu’elle

n’était pas assez audacieuse. Chaque fois, elle retournait chez elle davantage

déprimée et de plus en plus certaine qu’elle ne réaliserait jamais son rêve.

Une nuit, alors qu’elle était très concentrée sur ses études, Luna la lune, la grande

responsable de la galaxie des Étoiles Filantes, se présenta dans sa classe. Comme il

y avait quelques étoiles qui devaient être remplacées, elle venait en chercher de

nouvelles pour les amener briller dans le ciel de sa galaxie. Pendant toute la

AA

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58

semaine, elle observa la classe et finalement fit son choix. Céleste souhaitait plus

que tout être sélectionnée, mais Luna nomma Cristelle, Brillantine et Soline. Encore

une fois, Céleste fut triste et très déçue. Au moment où elle quittait la classe,

Brillantine la regarda et osa même lui dire : « Tu vois, jamais tu ne deviendra une

étoile filante. Tu n’es pas assez intelligente ni assez jolie. Tu n’as même pas réussi à

te faire remarquer par Luna. Tu passeras ta vie à me regarder briller et filer dans la

galaxie des Étoiles Filantes.»

Céleste perdit tout espoir de faire partie de la constellation tant désirée. Elle était

certaine qu’elle avait tout gâché et qu’elle n’avait pas les capacités pour atteindre ses

buts. Elle décida donc de quitter son univers pour la galaxie des Étoiles Oubliés car,

de toute façon, elle n’était bonne à rien et s’était le seul endroit qui lui convenait.

Elle prit son petit baluchon au fond de son nuage et partit vers sa nouvelle

destination en sanglotant et en se demandant ce qu’elle allait devenir.

Tout à coup, au détour d’un arc-en-ciel, une vieille étoile qui dégageait une lueur de

sagesse l’interpella : « Bonjour petite étoile, tu m’as l’air bien triste. Ne devrait tu pas

être en train de t’amuser avec tes amies au lieu de te promener en pleurant ainsi avec

ton baluchon ?

- Non ! Je m’en vais vers la galaxie des Étoiles Oubliés, car je ne suis pas assez bien

pour rester ici et encore moins pour accéder à la galaxie des Étoiles Filantes. Je n’ai

pas été sélectionnée. Je ne suis pas assez performante et je ne le serai jamais. Même

les autres étoiles le disent, répond Céleste.

- Je comprends, mais écoute-moi ! Il y a quelques années, j’étais dans une situation

semblable à la tienne. Plusieurs étoiles étaient sélectionnées pour participer au Ballet

des Perséides mais moi, je n’étais jamais choisie. Toutes mes amies riaient de moi et

me disaient que j’étais nulle, terne et laide. J’étais désespérée quand, un jour, j’ai

rencontré quelqu’un qui m’a dit quelque chose de très important et, aujourd’hui, c’est à

mon tour de te le dire : « Il faut toujours croire en soi et en ses rêves. Tu dois te

faire confiance et penser que tu as le potentiel nécessaire. Si tu fournis les

efforts voulus, tu peux toi aussi devenir une étoile filante. Crois en toi! Tu

verras, tout ira bien et, si tu le veux vraiment, tu accéderas à tes rêves. » Un

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59

bon truc que je peux te donner, c’est d’imaginer, chaque soir, dans ta tête, que tu

accéderas un jour prochain à la galaxie des Étoiles filantes.»

Sur ce, la veille étoile s’enfuit, laissant Céleste à ses pensées.

(On pourrait, ici, prendre un temps d’arrêt pour imaginer la fin de cette l’histoire, soit en

l’écrivant, en la racontant ou en l’illustrant.)

Après avoir réfléchi aux propos de l’ancêtre, Céleste décida de tenter sa chance à

nouveau. Elle retourna à l’école et fit tous les efforts exigés. Lorsque les autres

tentaient de la décourager, elle se rappelait ce que la vieille étoile avait dit et se

visualisait comme une gagnante. À la fin de la semaine, Luna la lune revint à l’école.

Céleste était confiante et se disait que, cette fois, ce serait sûrement son tour. Elle

était positive et se répétait qu’elle avait autant de chance que les autres d’être

choisie car elle avait bien travaillé. Le cœur faillit lui sortir de la poitrine lorsque

Luna prononça son nom pour remplacer Brillantine qui devait retourner sur les

bancs de l’école afin de refaire ses classes. Comme elle était heureuse! Comme elle

était fière d’elle ! Depuis ce jour, Céleste vit au pays des Étoiles Filantes. Elle est

même devenue l’une des plus scintillantes, des plus lumineuses et des plus rapides

de la galaxie. Souvent, on la cite en exemple.

Prolongement proposé

Si Céleste était devant vous maintenant,

que pensez-vous qu’elle vous dirait ?

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60

La conscience critique comprend le développement d’une conscience collective

(l’individu n’est pas seul à avoir un problème), d’une conscience sociale, ce qui

permet la réduction de l’autoculpabilisation (les problèmes individuels ou

collectifs sont influencés par la façon dont la société est organisée) et finalement

d’une conscience politique et l’acceptation d’une responsabilité personnelle pour

le changement (la solution des problèmes d’ordre structurel passe par le

changement social, c’est-à-dire par l’action politique dans le sens non partisan du

mot). (…)

aa ccoonnsscciieennccee ccrriittiiqquuee

De la participation à la conscience critique

Le groupe de travail – ses enjeux

Les sources d’informations des dossiers

La « résolution de problèmes » à partir de l’approche centrée sur les forces

LL

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61

ee llaa ppaarrttiicciippaattiioonn àà llaa ccoonnsscciieennccee ccrriittiiqquuee

CCHHAAQQUUEE CCOOMMPPOOSSAANNTTEE DDUU PPRROOCCEESSSSUUSS DD’’AAPPPPRROOPPRRIIAATTIIOONN DDUU PPOOUUVVOOIIRR EESSTT MMUULLTTIIDDIIMMEENNSSIIOONNNNEELLLLEE 23

La participation comporte deux volets. Le premier est d’ordre psychologique et

se manifeste par une progression qui évolue d’une assistance muette à l’exercice

d’un droit de parole (incluant le droit de la refuser), suivi par celui de se faire

entendre et culminant par le droit de participer aux décisions. L’exercice réel du

pouvoir s’exprime dans les décisions, soit de façon positive lorsqu’on donne son

accord, soit de façon négative lorsqu’on refuse son consentement. Le deuxième

volet est d’ordre pratique et renvoie à la capacité croissante de contribuer et

d’assumer les conséquences de sa participation, ce qui implique la capacité d’agir

de façon rationnelle et la propension à s’engager.

Les compétences sont avant tout techniques, c’est-à-dire les connaissances et

les habiletés permettant, d’une part, la participation et, d’autre part, l’exécution

de l’action et elles peuvent se traduire tant par l’acquisition de nouvelles

compétences que par la réévaluation de celles déjà possédées.

L’estime de soi désigne la transformation psychologique qui annule les

évaluations négatives antérieures intériorisées et incorporées dans l’expérience de

développement de l’individu et par laquelle il arrive à être satisfait de lui-même

(amour de soi), à évaluer ses qualités et ses défauts (vision de soi) et à penser

qu’il est capable d’agir de manière adéquate dans les situations importantes

(confiance en soi). Ceci amène l’individu à se percevoir comme possédant une

capacité d’agir (auto-reconnaissance de sa propre compétence) lui permettant

d’atteindre des objectifs personnels ou collectifs, selon le cas, bien qu’il requière

la valorisation de sa contribution, aussi minime soit-elle, par d’autres personnes

(reconnaissance de sa compétence par les autres) et de préférence, par ses pairs.

DD

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62

La conscience critique comprend le développement d’une conscience collective

(l’individu n’est pas seul à avoir un problème), d’une conscience sociale, ce qui

permet la réduction de l’autoculpabilisation (les problèmes individuels ou

collectifs sont influencés par la façon dont la société est organisée) et finalement

d’une conscience politique et l’acceptation d’une responsabilité personnelle pour

le changement (la solution des problèmes d’ordre structurel passe par le

changement social, c’est-à-dire par l’action politique dans le sens non partisan

du mot). (…)

Les composantes de l’empowerment (appropriation du pouvoir) individuel

s’entrelacent à l’image d’un câble confectionné de quatre cordes qui se renforcent

mutuellement. (…) Bien que ne soit pas claire la façon dont les composantes

agissent les unes sur les autres, on peut penser que c’est l’interaction des

composantes qui caractérise l’empowerment, car chacune semble jouer un rôle

précis à l’intérieur du processus. Il en découle que l’absence d’une composante

aurait pour effet de réduire sinon d’annuler la portée de l’empowerment. Par

exemple, sans conscience critique, un individu pourra en toute probabilité agir là où

il participe, mais il éprouvera du mal à en faire autant ailleurs. (…) De plus, puisque

ses différentes composantes sont en interaction et en mutation continuelles,

l’empowerment individuel s’avère un éternel renouveau.

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63

ee ggrroouuppee ddee ttrraavvaaiill –– SSeess eennjjeeuuxx

Diversité et multiplicité des intérêts

Politiques

Financiers

Associatifs

Professionnels

Corporatistes

Syndicaux

Populationnels

Personnels

Contrôle

Des ressources

Des services

De la prise de décision

Résistance aux changements

Transformation des pratiques professionnelles

Habitudes et coutumes du réseau de la Santé et des Services sociaux

LL

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64

eess ssoouurrcceess dd’’iinnffoorrmmaattiioonn ddeess ddoossssiieerrss

L’APUR (Association des personnes utilisatrices du réseau de la santé mentale)

Courriel : [email protected] Site Internet : www.apurquebec.org AGIR (Alliance des Groupes d’intervention pour le Rétablissement en Santé Mentale)

Courriel : [email protected] Site Internet : www.agirensantementale.ca MSSS (Ministère de la Santé et des Services sociaux)

Site Internet : www.msss.qc.ca ASSSCN (Agence de la santé et des services sociaux de la capitale nationale)

Site Internet : www.msss.gouv.qc.ca Plan d’action en santé mentale 2005 - 2010 – La force des liens

Site Internet : www.msss.qc.ca, cliquez sur publication Hôpital Louis - H. Lafontaine; plusieurs liens utiles

Site Internet : www.hlhl.qc.ca/liens_suivi_intensif.htm L’organisation mondiale de la santé Site Internet : www.who.int/fr/ Centre de documentation au sein de ressources communautaire Journaux et/ou Archives Bibliothèque Partenaires dans les différences instances de concertation Etc.

« Plus on a de savoir, plus on a de pouvoir ! »

LL

Page 69: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

65

aa «« rrééssoolluuttiioonn ddee pprroobbllèèmmeess »» àà ppaarrttiirr ddee ll’’aapppprroocchhee cceennttrrééee ssuurr lleess ffoorrcceess 2244

L’adhésion au concept d’appropriation du pouvoir par les divers paliers de services

en santé mentale s’inscrit dans un mouvement plus grand inspiré des usagers de

services de santé mentale des États-unis des années 1980. Au Québec, c’est depuis

les années 1990 que ce changement de perspective professionnelle est mis de

l’avant. Désormais, nous tentons de passer d’un système axé sur les problèmes des

individus à une approche centrée sur les forces des personnes. Par exemple, on met

en valeur les options à la place des contraintes, les possibilités plutôt que les

problèmes. C’est pourquoi, au lieu de vous présenter le traditionnel processus de

résolution de problèmes, nous vous faisons part d’une méthode « axée sur les

forces » pour faire face à des situations problématiques.

Identifiez le besoin (la situation problématique).

Décrivez les résultats désirés, l’objectif.

Identifiez ce qui a été tenté auparavant.

Ce qui a fonctionné

Ce qui n’a pas fonctionné

Divisez l’objectif en petits buts (les étapes de réalisation).

Formulez des buts :

Réalistes Mesurables De façon positive (au lieu de : « ne plus couper la parole aux autres », dîtes :

« laisser aux autres le temps de s’exprimer »)

Traduisez les buts en termes de comportement si possible.

Placez les buts/comportements sur un échéancier par ordre de priorité.

Mettez en valeur les caractéristiques des personnes et du milieu en termes de

ressources et de forces (les solutions : au départ, ne vous censurez pas. Il sera

temps plus tard de les hiérarchiser selon leur réalisme).

LL

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66

Passez à l’action (l’application).

Évaluez l’atteinte de l’objectif, la réalisation des résultats (la satisfaction/

l’insatisfaction).

Cette méthode nous amène à prendre conscience du pouvoir que nous possédons

dans certaines situations. Et rappelez-vous : « résoudre des problèmes nous ramène

à un certain équilibre, alors qu’exploiter nos forces et possibilités favorise la

croissance ».

Page 71: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

67

aa pprrééppaarraattiioonn

Les outils dont je dispose pour influencer les décisions et l’action

Avant/pendant/après une réunion

Avant de dire « oui je le veux » pensez-y !

MM

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68

eess oouuttiillss ddoonntt jjee ddiissppoossee ppoouurr iinnfflluueenncceerr lleess ddéécciissiioonnss eett ll’’aaccttiioonn

EEXXEERRCCIICCEE

MOI

MON ENVIRONNEMENT

LL

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69

vvaanntt ddee ddiirree «« oouuii jjee llee vveeuuxx »»,, ppeennsseezz--yy !!

Des informations à considérer afin de prendre une décision éclairée avant de

m’engager :

Sur le mandat et les personnes participantes :

Quel est le mandat de ce type de réunion ?

Quels sont ses responsabilités et ses objectifs ?

Quel est le rôle des personnes utilisatrices ?

Quels sont le rôle, la provenance et l’influence des autres membres du groupe ?

Y-aura-t-il des représentations à faire ? Auprès de qui ?

Comment le lien se fera entre le représentant, ses pairs et l’association qui le soutien ?

Sur l’organisation :

Qu’est-ce que cela implique comme temps, énergie et déplacement ?

À qu’elle fréquence se tiendrons les réunions ?

Comment circule l’information ? De façon formelle ou informelle ?

La personne doit-elle assumer certaines fonctions dans le groupe ?

Si oui, est-ce qu’il y a des outils et des alliés pour la supporter ?

L’emplacement de la salle et son espace sont-ils accessibles ?

Sur les conditions de participation :

Une rencontre préparatoire est-elle prévue ?

Si besoin, est-ce possible d’être accompagné ?

Est-ce que de l’argent est réservé pour ses frais de déplacement ? Gardiennage ?

Le lieu est-il accessible en transport commun ? Sinon, y a-t-il des possibilités de

covoiturage ou autre ?

A-t-elle l’information nécessaire pour bien se préparer ?

AA

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70

vvaanntt//ppeennddaanntt//aapprrèèss uunnee rrééuunniioonn

Me préparer :

Retour sur le contenu de la dernière réunion : mes notes, compte-rendu, procès-verbal, etc.

Me documenter concernant les sujets à l’ordre du jour de la prochaine réunion.

Enrichir ma réflexion en consultant mon association ou des personnes de références.

Développer ma pensée critique par l’acquisition de nouvelles connaissances.

Consigner les dates et lieux des rencontres dans un agenda.

Planifier si j’ai besoin d’être accompagné.

Me fixer un objectif personnel.

Participer activement :

Arriver tôt à la réunion.

Prendre un temps pour connaître d’avantage les participants.

Être à l’affût des alliances possible.

Oser clarifier ses interrogations par rapport au mandat, aux objectifs, au plan d’action.

S’assurer que les actions se définissent en fonction des besoins et des intérêts des personnes concernées.

En cas de doute, en prendre note et informer mon association.

Lors de débat, s’assurer d’être en mesure d’intervenir et d’être ouvert aux compromis, sinon il est préférable de s’abstenir et de noter les points sur lesquels je désire intervenir.

Faire des interventions structurées selon les enjeux ciblés.

Faire le suivi :

Remplir le compte-rendu afin d’assurer le transfert d’information avec mon

association; ex : l’APUR.

Donner suite aux engagements que j’ai pris à la réunion.

AA

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71

ANNEXES

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72

eexxtteess ddee rrééfféérreennccee

Ce texte est un extrait du document intitulé : La transformation des services de

santé mentale : la représentation des personnes utilisatrices de services, les enjeux et

le processus d’intégration. Il a été écrit par Madame Francine Dorion qui a été

membre du Groupe d’appui à la transformation des services de santé mentale du

Ministère de la santé et des services sociaux du Québec (MSSS) de 1998 à 2002.

Elle a principalement écrit ce document à partir de son expérience de collaboration

comme personne utilisatrice de services en santé mentale au sein du Groupe

d’appui réunissant des experts et des expertes des divers milieux de la santé

mentale.

L’expérience à partager, celle à acquérir et à affiner.

(…) Si j’avais à définir, à ma manière, la vision que j’ai des personnes vivant des

problèmes de santé mentale, j’utiliserais le terme : maturité. Par rapport à ce que

j’ai connu il y a vingt ans, dix ans et maintenant, il est clair que, pour moi et mes

semblables, tout a changé. Je ne me sens plus comme une extraterrestre n’ayant

rien en commun avec « le monde », mais bien comme une personne à part entière,

différente simplement. Ma perception de moi et des autres se distinguent par des

lunettes teintées d’une couleur unique, mais non inappropriée à ma situation ou

complètement « folle », absurde, inadéquate, comme je le sentais autrefois. Ma

différence, je la vois comme celle qu’ont « les artistes » par rapport au reste du

monde, et ils vivent très bien. En général, les artistes sont bien acceptés, qu’ils

vivent ou non au diapason de la société, à leur rythme, avec leurs opinions et

actions. Moi, je me sens comme cela, ma vie est différente de celle du commun des

mortels. Malgré les tabous et les préjugés, ainsi que la menace constante d’une

crise, je me crois en droit de dire : je suis un être humain et, en tant que tel, je

désire que la société m’accepte comme citoyenne à part entière. J’ai un bagage, des

idées, de l’imagination, une opinion, des expériences et des richesses à partager.

TT

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73

À cause de ma différence, ma vision se distingue de celle des autres, et je crois qu’à

cause de cela, elle peut enrichir la vision globale de l’ensemble. J’aimerais vraiment

pouvoir dire un jour : voici notre vision commune! Les mots « intégration sociale »

prendraient un tout autre sens, deviendraient inutiles en fait, car cette société, j’y

aurais ma place a priori. Il faut bien rêver, quoi!

(…) La route est longue, car nous partons de loin. Avez-vous envie de tenter

l’expérience commune ? Moi, je sais que j’ai envie d’essayer, je le fais d’ailleurs

depuis plusieurs années et c’est pourquoi j’essaie de baliser le passage pour mes

pairs, car j’y crois.

Pour ajouter à la compréhension de ce que je peux vivre, à certains moments, je

dirais que, plus proche je suis d’une situation problématique discutée en réunion,

plus véhémentes sont mes paroles, plus émotives sont mes réponses, et plus proche

est la porte que je risque de franchir en la claquant. C’est ma réalité. Je le sais, et en

conscience, par la pratique, j’ai appris à me donner des moyens de « faire baisser la

pression ». Quelquefois, je parle tout simplement de l’émotion qui monte, me libérant

du fardeau et cherchant la compréhension et l’appui des autres. Habituellement,

les gens se montrent réceptifs à ces interruptions de l’ordre du jour, à condition que

je les respecte, qu’ils ne se sentent pas menacés ou jugés, et que j’arrive à

m’exprimer assez succinctement dans le temps. Quelquefois, quand je me sens

incapable de dire quoi que ce soit, je sors prendre l’air en compagnie d’une

cigarette… Après, il m’est parfois possible de parler, ou c’est devenu inutile. J’ai été

obligée de quitter les lieux à quelques reprises, les émotions étant trop fortes : on

m’a respectée aussi dans ce choix, et c’était d’autant plus important que je craignais

d’avoir perdu de la crédibilité par ce geste, de m’être montrée incapable d’assumer

ma place au sein du Groupe d’appui. Le temps me montre que c’est plutôt le

contraire : éviter les éclats, en perte de contrôle, invite justement les autres à me

faire confiance, a ne pas avoir peur de moi, à comprendre mes limites. Comme le

signal d’alarme ne retentit qu’en moi, sans un plâtre pour indiquer la blessure, je

suis seule juge de ma force à résister au mal ou à cesser d’envenimer les choses.

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Il n’y a que l’expérience qui a pu me montrer ces voies, et je sais que bien d’autres

peuvent développer (s’ils ce n’est déjà fait !) ces capacités, cette connaissance de soi

permettant « l’égal à égal » (…). C’est aussi pourquoi les personnes réclament d’être

au minimum deux à siéger. Ainsi, je peux me valider auprès de l’autre, verbaliser

des choses que je ne saurais dire au commun des mortels, et diminuer la pression

relative à ma qualité de « représentante » des personnes. Le fait d’être deux me

permet d’être moins vigilante pour ne rien perdre de ce qui se dit, car l’attention

exigée en réunion demande un effort considérable, surtout une journée entière, alors

que mon heure habituelle de lever est midi ! Enfin à deux, c’est plus facile de se

préparer, on peut faire un retour ensuite. (…)

À travers les mécanismes que j’ai développés pour me sentir « adéquate » dans un

groupe de travail, il y a les questions et l’humour. Quand tout va vite, que je n’arrive

plus à suivre, j’ose demander qu’on me resitue, ou bien j’attrape un mot et le tourne

autrement pour faire rire les autres, interrompant le rythme qui redémarre

généralement plus lentement, me permettant de m’ajuster. Il n’y a pas longtemps

que j’ai pris conscience de ces éléments, mais les considère comme une force, ils me

permettent de suivre. Chaque personne a ses propres mécanismes d’adaptation,

pour peu qu’elle ait libre champ d’expérimenter. Tout revient à cela, et aussi à

l’accueil de ses méthodes. Quelquefois, je dérange –non, non, ne dites pas le

contraire, je le sens. Avec quelqu’un du groupe à qui j’ai fait part de cela, nous

avons convenu qu’elle me ferait signe si elle considérait que je « flyais ». J’ai pris

mon temps avant d’en parler, ai choisi cette personne avec soin, car je ne voulais

surtout pas me sentir dévalorisée par cette aide. Je sais seulement que, quelquefois,

après une réunion, je regrettais d’avoir agi ainsi, peut-être à tort mais maintenant je

me sens rassurée. Ce moyen m’appartient, il ne doit pas être imposé mais venir

d’une demande claire et arrêtée au moment où la personne le juge opportun. C’est le

piège des exemples que j’illustre ici, et je ne répéterai jamais assez que chaque

personne a ses propres moyens d’adaptation et qu’on doit les respecter.

Il est bien évident que tout cela n’a pas été de soi, quand j’ai commencé à

m’impliquer dans des groupes de travail. Je vous ai parlé de mon premier conseil

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d’administration : il m’a suffi à décider que ce serait le dernier… Mais il y a eu une

suite, on ne m’a pas laissée ainsi désemparée. J’ai reçu des explications, ai pu

exprimer mes incertitudes et même dire que j’aurais aimé être préparée à l’avance.

Pour moi, quand on disait MSSS, j’entendais "mess", le CHRDI était une planète

inconnue, etc. Je ne sais pas pourquoi, mais je perçois des sourires… Serait-ce que

cette expérience vous est familière ? Tout néophyte qu’on soit, il faut une base

commune de vocabulaire, pour se comprendre, et comme le répertoire de chaque

région est différent, il faudra bien que chaque région enseigne ce savoir aux non-

initiés.

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RÉFÉRENCES

1. MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX (1997). Défis de la reconfiguration des services en santé mentale; Québec.

2. OMS (Organisation mondiale de la santé) (1980). International Classification of Impairments, disabilities

and handicaps; Genève.

3. RENAUD, M. (1994). Expliquer l'inexpliqué : L'environnement social comme facteur clé de la santé, Interface, Association canadienne–française pour l'avancement des sciences (ACFAS), p. 15–25.

4. idem 1

5. AQRP (1996). Document d’orientation à propos de l’intégration au travail et de la sécurité du revenu des

personnes aux prises avec des troubles sévères et persistants, par V. Jobidon, AQRP, 23 p. et annexes; Montréal.

6. National Empowerment Center and the Recovery Consortium, Voices of transformation: Developping

Recovery-Based Statewide Consumer/Survivor Organisation, 2006 (PDF). Traduction RICE, C., AGIR en santé mentale; nov. 2006.

7. BIZIER, Véronique. (2008). Ce texte a été publié dans le dépliant d’appel de communications pour le

XIVe Colloque de l’AQRP et de ses partenaires.

8. OMS (Organisation mentale de la santé) (2001). Rapport sur la santé mentale dans le monde – La santé mentale : Nouvelle conception, nouveaux espoirs.

9. MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX DU QUÉBEC (1999). Transformation des

services de santé mentale ; page 7

10. LE PARTENAIRE (1997), AQRP (Association Québécoise pour la Réadaptation Psychosociale). Volume 20, numéro 4, printemps 1997.

11. LE PARTENAIRE (AQRP) (2007). Le rétablissement : cadre théorique et savoir expérientiel, deuxième

partie, vol. 15, no 2; pages 12-13.

12. NINACS, William A. (1995) « Empowerment et service social : approches et enjeux ». Services social, vol 44 (1); pages 69-93.

13. Source : BIZIER, Véronique, Agente de recherche, A.P.U.R., 11 mars 2008.

14. Source : Ministère de l'Éducation Nationale française

15. Source : MIGNOT, Philippe, Chargé de mission formation Les Francas A.D. 38

16. ENAP (École nationale d’administration publique) (2007). Les administrateurs des établissements : les

acteurs clés de la gouvernance de système sociosanitaire québécois; Québec.

17. idem 16

18. MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX DU QUÉBEC (2005). Plan d’action en santé mentale 2005-2010, La force des liens, Québec; pages 23-25.

19. Source : Le Groupe CFC - Cégep Lévis-Lauzon 1993.

20. NINACS, William A. (2002). Colloque sur l’accessibilité universelle : « Un arrondissement accessible, une

fierté à partager ». La coopérative de consultation en développement (La Clé). Victoriaville : Québec, 3 décembre 2002; pages 7-8.

21. Source : http://www.time-management.be/tsOutilsNon.htm

22. DUFOUR, Michel. (2006). Allégories : Amour de soi, Amour de l’autre; Chicoutimi, Les éditions JCL inc.

Page 81: L’appropriation du pouvoir sur notre vie...Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004) « Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation

77

23. NINACS, William A. (2003). Empowerment : Cadre conceptuel et outil d’évaluation de l’intervention sociale

et communautaire. La coopérative de consultation en développement (La Clé). Victoriaville : Québec, 6 novembre 2003; pages 3-5.

24. Charles, Noémie. (2007). Inspirée du document Le modèle de soutien communautaire axé sur les forces

des individus pour les personnes souffrant de troubles mentaux graves (cahier du participant), conçue par le Regroupement des ressources non-institutionnelles en santé mentale de Québec (2006).

25. Instigatrice du mouvement de défense des droits des personnes psychiatrisées aux États-Unis dans les

années soixante-dix, Judi Chamberlin, ex-usagère de services, a inspiré plusieurs groupes communautaires œuvrant en défense des droits. Elle est l’auteure du livre culte On Our Own : Patient-Controlled Alternatives to the Mental Health System publié en 1978, et de plusieurs publications sur le thème de l’entraide et des alternatives en santé mentale. Elle est associée au Center for Psychiatric Rehabilitation de l’Université de Boston et au « Empowerment Center » à Lawrence au Massachusetts. Elle a prononcé des conférences dans plusieurs pays et fut de passage à Québec en 1997 sur l’invitation de Folie/Culture et du RRNISMQ.

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