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ur L’aventure est sous le climatiseur

Jean-Pierre Joinaile

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----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 100 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 9 ----------------------------------------------------------------------------

L’aventure est sous le climatiseur

Jean-Pierre Joinaile

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À Eric

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Raskal Nikov, araignée des bas fonds

Ecuyère à la triste figure, sans armure, Croyances et rêveries englouties dans la saumure,

Raskal sur la corne de la licorne avance, Pénètre vos narquoises indifférences.

Au secours, la licorne de l’apocalypse

Raye du firmament, expulse de l’ellipse Les politiciens fourbes, revêches mastoïdiens

Du prenez leur chaque jour notre pain quotidien !

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Braves gens, braves poilus, oyez, oyez, sur terre Le paradis n’est jamais loin de l’enfer !

Il suffit d’un ténu changement d’éclairage, D’un retard têtu du hasard, d’un sombre présage.

Oyez braves gens ! Oyez, sur terre, même à midi, L’enfer n’est jamais loin du paradis ! Il suffit de paître au mauvais endroit,

Au moment où Garou le loup jaillit du bois.

Ne donnez pas votre vin, votre pain quotidien, Aux bouches bées de chiens va et vient

Qui dégueulent jusque dans vos couches ! Enfournez-leur les quignons dans la souche !

Grandes gueules qui dégueulent dans leurs langes de gnard, Polluent leurs linges souillés de vieillard,

Il est tard là où les liquides clapotent, Il est toujours trop tard là où les chairs barbotent.

Si vous n’y prenez garde, sur terre, même à minuit, Chaque acte, oyez braves gens, chaque pensée vous nuit !

À chaque vie vous semez sur la route des déboires Un caillou blanc, à chaque pas un caillou noir.

Vous êtes, de votre avenir, les petits poucets. Sachez que les galets que vous disséminez

Sont les repères de vos futurs karmas ! Songez-y ! Non, non, surtout ne riez pas !

Noyée dans les fumées et les liquides rances, Espoirs percutés par votre belligérance,

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Croyances perdues dans les labyrinthes de l’outrance, Raskal sur la licorne fustige l’intolérance.

Non, non, ne riez pas ! Surtout les cailloux noirs ! Sur leurs arêtes plus vives qu’une lame de hachoir

Vous entaillerez vos pieds éculés, mal chaussés. Oui, sur les pierres noires que vous aurez semées.

Perdante éternelle contre l’esprit bien-pensant Raskal collectera chaque caillou sanglant. La jouissance ? Elle sera refusée aux morts

Et le tourbillon des passions aux matamores.

L’irritante fadeur des habitudes oppressives Barbouille d’odeurs les fosses adhésives,

Drape au fond du fin fond les charnels replis De grisailles agressives et de monotonies.

Oui, bien sûr, surtout les cailloux noirs Quand, dès demain, poussés hors purgatoires Et autres enfers il vous faudra courir dessus, Piétiner l’ineffable trace de vos pas perdus.

L’aragne s’incline bien bas en ce jour de l’an, Balaie de son bicorne les regards furibonds.

Aussi que les nantis débouchent le champagne, Que les ventres affamés battent la campagne !

Qui saurait s’échapper ? Surtout pas toi, Thésée, Prétentieux maraud, maudit oiselet

Prêt à s’enfouir dans les abords syncopaux Des passions outrecuidantes, blondes de peau !

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Mais tant mieux après tout si le bel Hellène Court rejoindre Ariane. Brûlée aux ailes, la phalène

Goûtera d’autres arcanes, d’autres rêves moins farauds Ponctués cellulite et arômes au poireau.

Bien des poètes l’ont dit, Ah l’ennui glauque des orgasmes accomplis

Dans la chaleur torride des nuits d’été, Testicules vidés, vagins désintégrés !

N’ayez crainte, Raskal Nikov veille sur vous ! Elle est là, bien en pattes, suspendue au cou

De ceux qui voulant faire l’ange, font la bête. Elle squatte chaque anfractuosité de leur tête.

Il suffit d’une tromperie, d’un mauvais présage, D’un caprice du destin, d’un perfide vieil adage.

Aussi, dormez, dormez braves gens en cette glaciaire Où saint Pierre est cousin germain de Lucifer !

Bonne nuit, fantassins sans armure ni armature ! Croyances envolées dans les balayures,

Raskal main sur le foie, à cheval sur la licorne, Vous salue de son célébrissime bicorne.

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Raskal parle à Nikov

Raskal s’interroge en ce premier jour de l’an. Elle trie la barbaque à périr ; il en faut tant,

Il en faut tant et tant. L’année sera dure. La récolte s’annonce compliquée et impure.

L’aragne zinguée, ondulée, l’énorme mygale Surgit de l’amygdale de l’image d’Épinal

Discerne sans ciller les reflets des yeux de tôle. Elle les distingue trop bien derrière leur auréole.

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Présentons-la ! Raskal, araignée des bas fonds Au bout d’un fil translucide, là, derrière vos fronts,

Sur le fil du rasoir se balance, se balance. Elle se balance à vos plafonds de préférence.

Elle vous cause ; en se causant elle se parle. Raskal parle à Nikov, Nikov parle à Raskal.

Seuls les fuyants imbéciles l’écoutent au parloir. Ils sont nombreux, là-dessus vous pouvez la croire.

Picotant les encéphales sans tête, Nikov hameçonne des sots, l’arête,

Extrait la pourpre groseille des pieux désirs piteux. Trompeurs, trompeurs, si trompeurs sont les vœux !

Au centre de la toile parricide, candide candeur, Raskal se dissimule dans un nuage trompeur. Pour qui sont ces serpents à la langue bifide ?

Sous les crochets transparaît le rayon languide.

De l’homme, Nikov gonfle la sueur-beurre rance. Entre mûrir et mourir quelle différence

Si ce n’est celle d’une lettre, d’une simple lettre Qui s’apparentant à zéro envoie mal paître ?

Afin de s’octroyer sur ses propres congénères Une once de pouvoir, prolifère sur terre

Une race impure qui, se déclarant compétente, S’imagine envers et contre tous, omnipotente.

Elle occupe le terrain, défie les nues, Abroge les décrets impavides, les lois conspue. D’outrepasser les règles de survie de l’espèce

Ne la dérange pas, c’est son propre jus qu’elle presse.