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© Benjamin Simard, 2020 Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et modernisé de l'alliance thérapeutique : le Questionnaire Intégratif de l'Alliance Thérapeutique (QIAT) Mémoire Benjamin Simard Maîtrise en mesure et évaluation - avec mémoire Maître ès arts (M.A.) Québec, Canada

Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

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Page 1: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

© Benjamin Simard, 2020

Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et modernisé de l'alliance thérapeutique : le Questionnaire

Intégratif de l'Alliance Thérapeutique (QIAT)

Mémoire

Benjamin Simard

Maîtrise en mesure et évaluation - avec mémoire

Maître ès arts (M.A.)

Québec, Canada

Page 2: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

ii

Résumé

Les questionnaires mesurant l’alliance thérapeutique utilisent des définitions

variables pour opérationnaliser ce construit, reflet d’un manque de cohésion théorique, et

plusieurs écueils concernant leur fiabilité et validité ont été identifiés (redondance

conceptuelle avec la satisfaction des services, items moins pertinents dans les phases

avancées des suivis, structures factorielles instables et effets plafond). Le Questionnaire

Intégratif de l’Alliance Thérapeutique (QIAT) a été élaboré afin d’opérationnaliser une

définition modernisée, intégrative et flexible de l’alliance thérapeutique et de pallier ces

lacunes. Pour valider le QIAT, 223 canadiens francophones suivis pour des motifs reliés à la

santé mentale ou au bien-être psychologique ont été recrutés par le biais de médias sociaux

et de courriels institutionnels afin de remplir des questionnaires sur une plateforme web

sécurisée. Un processus de sélection des meilleurs items à partir de la théorie classique des

tests et de la théorie de réponse aux items (TRI), de l’analyse factorielle exploratoire et de

plusieurs autres critères a mené à la création du QIAT-SG-10 (suivi global) et du QIAT-DS-

6 (dernière séance). Les deux versions du QIAT ont démontré des indices de cohérence

interne nettement appréciables ainsi que des preuves solides de validité convergente,

discriminante et concourante. La structure factorielle (deux facteurs corrélés) a également été

confirmée. En comparaison au Session Rating Scale, le QIAT-DS-6 a démontré une

meilleure fidélité en TRI, alors que le QIAT-SG-10 a présenté un effet plafond légèrement

plus élevé que le Working Alliance Inventory – Short Revised (WAI-SR), mais il discrimine

mieux l’alliance de la satisfaction des services. Malgré une certaine redondance avec le WAI-

SR, le contenu des items du QIAT révèle des distinctions importantes (emphase sur les

compétences affectives du thérapeute et sur les aspects de négociation, intégration du lien

émotionnel relié au travail collaboratif et la pertinence des items peu importe les phases du

suivi) justifiant son existence.

Page 3: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

iii

Abstract

Questionnaires measuring therapeutic alliance use various definitions to

operationalize this construct, reflecting a lack of theoretical cohesion, and several pitfalls

concerning their reliability and validity have been identified (conceptual redundancy with

service satisfaction, less relevant items in the advanced phases of therapeutic process,

unstable factor structures and ceiling effects). The Therapeutic Alliance Integrative

Questionnaire (QIAT) was developed to operationalize a modernized, integrative, and

flexible definition of therapeutic alliance and to address these shortcomings. To validate the

QIAT, 223 French-speaking Canadians engaged in a therapeutic process for reasons related

to mental health or psychological well-being were recruited through social media and

institutional emails to complete questionnaires on a secure web platform. Selecting the best

items based on classical test theory and item response theory (IRT), exploratory factor

analysis, and several other criteria led to the creation of the QIAT-SG-10 (overall follow-up)

and QIAT-DS-6 (last session). Both versions of the QIAT demonstrated appreciable indices

of internal consistency as well as strong evidence of convergent, discriminant, and concurrent

validity. The factor structure (two correlated factors) was also confirmed. In comparison to

the Session Rating Scale, the QIAT-DS-6 demonstrated better reliability in IRT, while the

QIAT-SG-10 showed a slightly higher ceiling effect than the Working Alliance Inventory -

Short Revised (WAI-SR), but its discrimination from service satisfaction was higher. Despite

a certain redundancy with the WAI-SR, the content of the QIAT items reveals important

distinctions (emphasis on the emotional skills of the therapist and on aspects of negotiation,

integration of the emotional bond specifically related to collaborative work, and the relevance

of the items regardless of phases of therapeutic process) justifying its existence.

Page 4: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

iv

Table des matières

Résumé ................................................................................................................................... ii

Liste des tableaux et figures ................................................................................................... v

Remerciements ...................................................................................................................... vi

Introduction ............................................................................................................................ 1

Chapitre 1 : Contexte historique de l’alliance thérapeutique ................................................. 6

Chapitre 2 : La définition de l’alliance de travail de Bordin ................................................ 10

Chapitre 3 : Comparaison des échelles d’alliance thérapeutique les plus utilisées .............. 13

Chapitre 4 : Avancées et controverses – vers une définition modernisée et intégrative de

l’alliance thérapeutique......................................................................................................... 26

Chapitre 5 : Théorie du développement d’une échelle de mesure ........................................ 40

Chapitre 6 : Stratégies d’élaboration du QIAT ..................................................................... 49

Chapitre 7 : Méthodologie de l’étude de validation ............................................................. 54

Chapitre 8 – Résultats ........................................................................................................... 65

Chapitre 9 – Discussion ........................................................................................................ 94

Conclusion .......................................................................................................................... 113

Bibliographie ...................................................................................................................... 117

Annexes .............................................................................................................................. 126

Page 5: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

v

Liste des tableaux et figures

Tableau 1

Comparaison des échelles de mesure d’alliance thérapeutique les plus utilisées selon le

modèle générique de Hougaard______________________________________________17

Tableau 2

Comparaison des échelles de mesure d’alliance thérapeutique les plus utilisées selon

certaines caractéristiques sélectionnées________________________________________18

Tableau 3

Propriétés des items du QIAT-SG en TCT et saturations factorielles en AFE___________67

Tableau 4

Statistiques d’ajustement du QIAT-SG-10 aux différents modèles testés en AFC________69

Tableau 5

Paramètres du QIAT-SG-10 pour le modèle à deux facteurs corrélés en AFC___________70

Tableau 6

Corrélations entre le QIAT-SG-10 et le WAI-SR_________________________________71

Tableau 7

Corrélations entre le QIAT-SG-10 et les différentes mesures servant à soutenir sa validité

discriminante et concourante ________________________________________________73

Tableau 8

Caractéristiques des participants et médianes/moyennes marginales estimées des scores

totaux au QIAT-SG-10 selon les niveaux des variables catégorielles étudiées________74-75

Tableau 9

Comparaison entre différentes caractéristiques du QIAT-SG-10 et du WAI-SR_________76

Tableau 10

Comparaison de différentes caractéristiques des items du QIAT-DS__________________78

Tableau 11

Statistiques d’ajustement du QIAT-DS-6 aux différents modèles testés en AFC_________81

Tableau 12

Paramètres du QIAT-DS-6 pour le modèle à deux facteurs corrélés en AFC___________82

Tableau 13

Corrélations entre le QIAT-DS-6, le SRS et le SAI pour la validité convergente________83

Tableau 14

Corrélations entre le QIAT-DS-6 et les différentes mesures servant à soutenir sa validité

discriminante et concourante ________________________________________________85

Tableau 15

Médianes et moyennes marginales estimées pour les scores totaux à la QIAT-DS-6 selon les

niveaux des variables catégorielles étudiées__________________________________86-87

Tableau 16

Comparaison entre différentes caractéristiques du QIAT-DS-6, du SRS et du SAI_______90

Figure 1

Courbes caractéristiques d’options (CCO) du SRS-5 et SRS-10_____________________91

Figure 2

Courbes caractéristiques d’options (CCO) du SAI________________________________92

Figure 3

Courbes caractéristiques d’options (CCO) du QIAT-DS-6__________________________93

Page 6: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

vi

Remerciements

Je ne pense pas qu’il soit possible de mesurer la taille du défi que représente un projet

avant que le processus ne soit bien entamé; je dois dire à ce sujet que j’avais nettement sous-

estimé l’ampleur et la place que prendrait ce mémoire dans les deux dernières années de ma

vie! Cependant, malgré tous les obstacles, les déceptions et les craintes, c’est rempli de

gratitude que je termine ce parcours. À ce sujet, des remerciements sont de mise.

Merci à ma directrice de mémoire, Claudia Savard, pour sa disponibilité hors du

commun, sa flexibilité, sa rétroaction rapide, juste et toujours respectueuse, sa proactivité

indéfectible, son optimisme, mais aussi son réalisme, qui a su plus d’une fois calmer mes

ardeurs de jeune chercheur idéaliste (et parfois trop perfectionniste)!

Merci à ma conjointe, Pauline Brayet, pour son soutien moral et psychologique

inconditionnel (et ô combien nécessaire!), mais également pour ses précieux conseils

méthodologiques et stratégiques, informés de sa propre expérience dans le monde

académique. Je t’admire pour tout ce que tu es mon amour.

Merci à mes parents, Lise Foucault et Réjean Simard, pour leur confiance

inébranlable dans ma capacité à exceller dans ce qui me tient vraiment à cœur. Merci à ma

sœur, Gabrielle Simard, pour son esprit artistique et créateur, qui vient balancer mon côté

plus analytique et rationnel.

Merci à mes amis, particulièrement Mikaël, Marc-Antoine, Julien, Gabriel et

Emmanuëlle, pour leur profonde amitié et toutes ces fois où ils m’ont permis de me « sortir

de ma tête » pour profiter de la vie et du moment présent.

De toute évidence, il y a dans tout projet d’envergure, en filigrane, un réseau qui

supporte celui ou celle qui est à l’avant-scène. Je vous remercie tous de plus profond de mon

cœur.

Page 7: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

1

Introduction

Le concept d’alliance thérapeutique fascine et stimule la recherche depuis maintenant

près de 50 ans et sa genèse peut être comprise comme une conséquence d’une découverte

importante ayant eu lieu vers la fin des années 70. En effet, des méta-analyses rapportent à

l’époque que la psychothérapie est indubitablement efficace comme traitement pour diverses

conditions psychiques, mais qu’aucune des grandes approches psychothérapeutiques

reconnues (psychanalyse, thérapie humaniste-existentielle, thérapie comportementale et

cognitive) ne se démarquent. En d’autres mots, il n’y a pas de différence statistiquement

significative quant au degré d’efficacité entre les thérapies psychologiques s’appuyant sur

des modèles théoriques variés (Luborsky, Singer, & Luborsky, 1975; Smith & Glass, 1977).

Cette constatation sera d’ailleurs confirmée en grande partie dans les méta-analyses

subséquentes, où l’étude des modérateurs (Spielmans & Flückiger, 2018) permettra de

préciser que tous les types psychothérapies bona fide, c’est-à-dire celles fondées sur une

théorie psychologique et conçue intentionnellement pour être thérapeutique (contrairement à

une intervention contrôle préalablement considérée inerte), sont également efficaces, tout

autres facteurs considérés égaux, comme la durée et la fréquence des séances, la présence

d’une supervision pour les psychothérapeutes et l’allégeance du chercheur (Wampold &

Imel, 2015; Wampold, Minami, Baskin, & Tierney, 2002; Wampold et al., 1997). La seule

exception n’ayant pas confirmé cette règle, jusqu’à présent, concerne le trouble de stress

post-traumatique, pour qui des traitements basés sur l’exposition seraient supérieurs aux

autres types de psychothérapies (Kline, Cooper, Rytwinksi, & Feeny, 2018).

Ce constat a donc poussé la communauté scientifique à s’interroger sur la nature des

facteurs communs à tous ces types de psychothérapies qui les rendent efficaces et sur les

ingrédients communs au changement. Naturellement, la relation soignant-soigné étant un

dénominateur commun à toutes ces approches, celle-ci s’est vue attribuée une attention

scientifique croissante, voire exponentielle (Horvath, 2010). La popularité de la recherche

sur les facteurs communs du changement est en partie due au fait que les domaines

d’application sont très diversifiés. En plus de la psychothérapie, on peut citer la médecine,

les sciences infirmières, le travail social, la physiothérapie, l’éducation, la réhabilitation, etc.

(Horvath et al., 2014). Le concept théorique d’alliance thérapeutique, définie globalement

comme le degré d’engagement d’une dyade thérapeutique dans un travail collaboratif dirigé

Page 8: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

2

vers un but significatif (Bordin, 1979), est le symbole de cette quête de l’essence du

changement. De fait, la popularité de ce concept n’est pas sans fondement; il s’agit du facteur

le plus souvent et le plus robustement mis en relation avec les résultats thérapeutiques, avec

une corrélation et une taille d’effet modérées (r=0.28 [IC 99.9% 0.256-0.299], d = 0.579 [IC

95% = 0.530-0.627]). Ainsi, l’alliance thérapeutique explique à elle seule tout près de 8% de

la variance des résultats thérapeutiques (Flückiger, Del Re, Wampold, & Horvath, 2018), ce

qui correspond à plus de 50% de la variance expliquée par la thérapie (5 à 7 fois plus que le

type d’approche utilisée), et, de façon encore plus spectaculaire, entre 50 à 97% de la

variabilité des résultats thérapeutiques attribuables aux thérapeutes (Baldwin, Wampold, &

Imel, 2007; Duncan, 2015; Owen, Duncan, Reese, Anker, & Sparks, 2014). En d’autres mots,

la recherche démontre que ce qui différencie un bon d’un moins bon thérapeute, c’est

principalement sa capacité à former une alliance avec tous ses patients, surtout avec ceux

pour qui l’engagement dans le travail collaboratif est plus ardu (Duncan, 2015). Cette

constatation a ainsi permis d’alimenter le mouvement de la thérapie informée par la

rétroaction (TIR), dont les visées sont de réduire les détériorations cliniques et les fins

prématurées (Lambert & Shimokawa, 2011). Finalement, l’étude de la contribution (négative

et positive) des thérapeutes sur l’alliance thérapeutique a mené à la création de plusieurs

programmes de formation mettant l’accent sur la construction et la réparation de l’alliance

(Eubanks-Carter, Muran, & Safran, 2015). Bref, les portées cliniques de ce concept théorique

emblématique de la relation thérapeutique sont multiples et l’alliance continue de stimuler la

recherche en psychothérapie.

L’intérêt renouvelé pour le concept d’alliance thérapeutique dans la communauté

scientifique, bien qu’il ait conduit à d’importantes avancées théoriques, empiriques et

cliniques, peut également être compris comme le symptôme d’un manque de cohésion et de

consensus concernant sa définition. En effet, sa position emblématique de représentant des

facteurs communs à toutes les psychothérapies a généré une dérive sémiotique, menant à la

construction d’une multitude de questionnaires tentant d’opérationnaliser une variante de

l’alliance compatible avec la vision (rarement athéorique) de ses auteurs (Horvath, 2018).

Même si la plupart des chercheurs prennent comme référence la définition classique de

Bordin (1979) telle que présentée ci-haut, ce qui n’est d’ailleurs pas toujours le cas (Agnew‐

Davies, Stiles, Hardy, Barkham, & Shapiro, 1998; Gaston, 1990; Luborsky, 1976; O'Malley,

Page 9: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

3

Suh, & Strupp, 1983), plusieurs omettent certaines de ces composantes ou au contraire

ajoutent des dimensions à leur définition d’alliance, ce qui mène à une grande hétérogénéité

des outils de mesure et diminue la possibilité de généralisation des études selon l’instrument

utilisé pour opérationnaliser l’alliance (Hatcher & Barends, 2006).

Des questionnements figurent également quant à la meilleure façon de circonscrire

l’alliance dans le temps, cette dernière étant parfois définie de façon plus macroscopique,

souvent mesurée comme une tendance sur plusieurs séances, tantôt de façon plus

microscopique, c’est-à-dire mesurée séance par séance, voir moment par moment (Horvath,

2018). Or, l’utilisation de ces échelles à temporalité variable n’est pas toujours appropriée au

contexte clinique, ce qui est particulièrement le cas des échelles plus macroscopiques (qui

sont typiquement construites pour évaluer l’alliance globale après 3 à 5 séances) qui sont

parfois utilisées pour mesurer les variations de l’alliance de séance en séance, amoindrissant

ainsi la validité des réponses obtenues (Falkenström, Hatcher, Skjulsvik, Larsson, &

Holmqvist, 2015). Or, paradoxalement, les chercheurs s’intéressent de plus en plus aux

patrons de variation de l’alliance de séance en séance, d’une part car certains de ces patrons

semblent plus corrélés au succès thérapeutique que d’autres (Stiles et al., 2004), et d’autre

part, car il est possible de prédire une portion plus grande de variance dans les résultats

thérapeutiques à partir de mesures d’alliance de plusieurs sessions précoces versus une seule

séance (Crits-Christoph, Gibbons, Hamilton, Ring-Kurtz, & Gallop, 2011). Le choix d’outils

de mesure non adaptés au contexte temporel mesuré peut en partie s’expliquer par le faible

nombre de questionnaires spécifiquement conçus dans l’intention de mesurer l’alliance de

façon répétitive, séance après séance. Cette réalité est d’ailleurs particulièrement

problématique pour les cliniciens et chercheurs utilisant le modèle de la thérapie informée

par la rétroaction. Par ailleurs, des avancées théoriques récentes très riches sur le plan

conceptuel, notamment concernant les aspects de négociation des besoins relationnels et

contractuels (Doran, 2016), ne sont pas suffisamment représentées dans les outils plus

récents. En outre, plusieurs problèmes méthodologiques concernant la validité et la fiabilité

des outils de mesure eux-mêmes viennent ajouter à la problématique théorique associé au

concept d’alliance thérapeutique (Agnew‐Davies et al., 1998; Hatcher & Barends, 2006;

Horvath, 2018). Ainsi, le faible nombre de questionnaires validés en français, l’applicabilité

variable des outils à toutes les approches théoriques, les items biaisés avec les résultats

Page 10: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

4

thérapeutiques (questions adressant davantage la satisfaction ou le progrès perçu jusqu’à

présent plutôt que l’alliance) ou ne s’appliquant qu’à la phase initiale de la thérapie, l’absence

de différenciation claire entre les dimensions postulées par la théorie dans les études

empiriques et les effets plafond importants avec des scores généralement très élevés

d’alliance (limitant la variance des scores et soulevant la possibilité de contamination de ces

derniers par des aspects de soumission de la part du patient) viennent mettre en lumière la

pertinence de faire une synthèse des éléments de continuité et de discontinuité, des certitudes

et des problèmes identifiés dans l’histoire conceptuelle et dans l’opérationnalisation de

l’alliance thérapeutique afin de créer un outil modernisé de l’alliance thérapeutique, adapté

au contexte clinique dans lequel il sera utilisé.

De fait, l’objectif de ce mémoire sera d’élaborer un nouvel outil de mesure de

l’alliance thérapeutique, basé sur une définition modernisée de ce concept, c’est-à-dire

solidement ancrée dans la théorie de Bordin, mais actualisée des aléas et avancées théoriques

et méthodologiques identifiés depuis les quarante dernières années.

Pour ce faire, le contexte historique du développement du concept de l’alliance

thérapeutique sera détaillé dans le chapitre un, le tout menant à une exploration détaillée de

la définition classique de Bordin (chapitre deux). Ensuite, dans le chapitre trois, une analyse

comparative des échelles d’alliance thérapeutique les plus utilisées sera effectuée, pour en

déceler leurs points communs et leurs divergences ainsi que leurs forces et leurs faiblesses.

Puis, dans le chapitre quatre, les avancées théoriques et empiriques permettant de mieux

définir l’alliance et d’en souligner les controverses seront exposées. Plus spécifiquement,

nous aborderons dans cette section les aspects de dimensionnalité, du lien affectif versus de

la relation thérapeutique, de la négociation en contraste au consensus, de la temporalité, des

apports de l’approche qualitative et des impacts du paradigme de la thérapie informée par la

rétroaction. Cette analyse permettra la création d’une définition moderne et intégrative de

l’alliance thérapeutique. Ensuite, le chapitre cinq détaillera clairement l’objectif (et les

hypothèses de recherche y étant reliées) de ce mémoire, soit essentiellement le

développement et la validation d’un nouvel outil de mesure de l’alliance thérapeutique.

Dans le chapitre cinq, un survol de la théorie soutenant la construction d’une échelle

de mesure sera effectué, ce qui mettra la table pour le chapitre six, où les stratégies

Page 11: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

5

d’élaboration de la mesure actuelle, opérationnalisant la définition élaborée dans le chapitre

quatre, seront explicitées. Puis, dans le chapitre sept, la méthodologie utilisée pour valider le

questionnaire sera détaillée. Ainsi, il sera question de la validation préliminaire (pré-test

empirique), des modifications apportées au questionnaire face à ces résultats, et de la

validation finale. Par la suite, les résultats de l’étude de validation seront présentés dans le

chapitre huit, lesquels seront discutés dans le chapitre neuf, pour terminer avec une

conclusion dans le chapitre dix.

Page 12: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

6

Chapitre 1 : Contexte historique de l’alliance thérapeutique

Les travaux fondateurs de Bordin (1979), menant à une définition plus globalement

acceptée de l’alliance thérapeutique, ont été influencés par trois grands courants théoriques;

la psychanalyse, la thérapie centrée sur le patient (Rogers, 1957) et la théorie des facteurs

communs de Frank (1961).

Tout d’abord, Freud est probablement le premier à avoir théorisé l’importance de la

relation thérapeutique dans le traitement psychothérapeutique. Ce dernier s’interroge au

début du siècle sur les motifs qui poussent certains patients à poursuivre leur traitement

malgré l’activation de défenses (qui les protègent du matériel inconscient douloureux qui

tend à faire surface) et l’apparition de résistance. Pour décrire ce phénomène, Freud explique

qu’une partie du transfert, processus au cours duquel des sentiments ou des désirs

inconscients envers les premières figures d’attachement d’une personne se trouvent reportés

sur le thérapeute (Laplanche & Pontalis), qu’il nomme unobjectionable positive transference,

agit comme un liant entre la partie consciente du patient qui s’allie avec son thérapeute pour

« combattre » les symptômes du patient (Freud, 1958/1912). Pour lui, cette partie consciente

du transfert positif que peut avoir un patient envers son thérapeute est considérée comme le

principal véhicule du succès thérapeutique, non seulement en psychanalyse, mais également

dans toutes les autres méthodes de traitement (Freud, 1958/1912). De fait, le principal but du

traitement psychanalytique est de connecter le patient à la fois au traitement et au thérapeute

(Freud, 1958/1913). On voit ici déjà se profiler le lien collaboratif et affectif, deux

dimensions pouvant circonscrire le concept d’alliance thérapeutique, ce dont il sera question

plus loin.

Le terme « alliance » a probablement été introduit pour la première fois dans la

littérature psychanalytique par Sterba (1934), qui décrivait l’importance de l’alliance entre le

thérapeute et la partie rationnelle de l’ego du patient, c’est-à-dire celle lui permettant de

s’observer lui-même et de ce fait d’être en mesure de profiter des interprétations du

thérapeute. Ainsi, Sterba met surtout en lumière la contribution du patient à l’alliance, plus

spécifiquement sa capacité cognitive à collaborer aux tâches thérapeutiques (Hougaard,

1994). Zetzel (1956), quant à elle, souligne davantage l’importance des aspects

socioémotionnels de la relation thérapeutique lorsqu’elle décrit l’alliance, en particulier pour

Page 13: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

7

les patients plus complexes pour lesquels des modifications à la technique psychanalytique

classique (notamment en prenant une posture plus proactive et en effectuant davantage

d’auto-dévoilement) sont considérées nécessaires (Hougaard, 1994). Au final, c’est Greenson

(1965) qui popularise véritablement le concept d’alliance au sein de la communauté

psychanalytique. Alliant en quelque sorte les conceptions de Sterba et Zetzel, il inclut dans

sa définition de l’alliance de travail (Working alliance) à la fois la capacité cognitive du

patient à s’auto-observer et sa motivation à performer le travail analytique, de même que son

attraction amicale non distordue envers le thérapeute (Hougaard, 1994). Ainsi, on peut

constater que la psychanalyse se concentre principalement sur la contribution du patient à

l’alliance, et parle peu de celle du thérapeute. D’autre part, elle pose les assises théoriques

des deux dimensions de l’alliance qui seront plus tard confirmées empiriquement; le lien

affectif et le lien collaboratif.

À l’opposé de la psychanalyse, Carl Rogers (1957), le fondateur de la thérapie centrée

sur le client, argumente que les conditions nécessaires et suffisantes au changement

psychique sont sous la responsabilité du thérapeute. De plus, elles sont selon lui de nature

émotionnelle. Ainsi, ces attitudes affectives du thérapeute envers son patient, soit

l’authenticité (aussi nommé congruence), la compréhension empathique et l’acceptation

inconditionnelle, sont les ingrédients qui permettent le changement psychique et ce, peu

importe le type de psychothérapie, à condition qu’elles soient communiquées au moins

minimalement au patient (Rogers, 1957). De ce fait, Rogers souligne indirectement

l’asymétrie relationnelle propre au processus psychothérapeutique et la responsabilité

structurelle du thérapeute dans l’élaboration et le maintien d’un climat propice au

changement. Sans nécessairement évoquer le terme d’alliance thérapeutique, il est le premier

à définir clairement les composantes de ce qui constituera plus tard la dimension du lien

affectif de l’alliance. Par ailleurs, Orlinsky et Howard (1972, 1975) intégreront dans leur

modèle tridimensionnel de l’alliance les attitudes affectives facilitatrices de Rogers (1957),

avec la résonnance empathique et l’affirmation mutuelle (très similaire au concept

d’acceptation inconditionnelle), la troisième dimension étant plus cognitive (l’alliance de

travail de Greenson). Luborsky (1976), qui travaillera en même temps que Bordin pour

extirper l’alliance de ses racines psychanalytiques, avancera que les aspects davantage

affectifs de l’alliance (relation d’aide, type 1) précèdent le développement des aspects

Page 14: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

8

davantage cognitifs et concrets (relation de travail collaboratif, type 2). Toutefois, cette

opérationnalisation séquentielle de l’alliance ne recevra pas la validation empirique souhaitée

(Davis, 2011).

Finalement, les travaux anthropologiques de Frank (1961) sur les facteurs communs

aux différents modes de soins psychiques impliquant un « guérisseur » et un « malade » ont

également influencé la montée de la popularité du concept d’alliance thérapeutique. En effet,

selon Frank (1961, 1993), toutes les formes de thérapie de l’esprit, qu’elles soient prodiguées

par des gourous, des shamans, des prêtres ou des psychologues, doivent leur efficacité à (1)

une relation de confiance émotionnellement chargée entre un aidant et un aidé et à (2)

l’habileté de cet aidant à convaincre (par la rhétorique) son patient que la thérapie est crédible

et puissante (éliciter des attentes favorables) à l’aide d’un cadre physique (église, tipi,

hôpital), théorique (le mythe donnant une explication plausible aux symptômes) et de

procédures (les rituels) qui facilitent les expériences de maitrise et de contrôle. De plus, ces

mythes et ces rituels doivent être adaptés en fonction des préférences personnelles du patient

et de son contexte culturel. Il précise que le principal effet de ces activités est de réduire le

sentiment d’impuissance du patient à se changer lui-même, une condition qu’il nomme

démoralisation (Frank & Frank, 1993). Une des principales sources de démoralisation

provient des significations pathogènes que les patients attribuent aux sentiments et aux

évènements dans leur vie, c’est-à-dire à leur vision assomptive du monde (assumptive world).

Pour combattre cette démoralisation, les psychothérapeutes efficaces persuadent leur patient

de transformer ces significations pathogènes en une vision assomptive du monde qui ravive

l’espoir, augmente l’estime de soi ainsi que le sentiment de contrôle, et réintègre le patient à

son groupe d’appartenance (Frank & Frank, 1993). En résumé, il suggère que la

psychothérapie est une forme de rhétorique (persuasion) qui repose sur les méthodes de

l’herméneutique, c’est-à-dire l’étude de la compréhension et de l’interprétation du sens des

phénomènes, plutôt qu’un processus opérant à travers les postulats des sciences

comportementales appliquées (Frank & Frank, 1993). Cela n’est pas sans rappeler la vision

de Strong (1968), qui considère l’entreprise psychothérapeutique comme un processus

d’influence sociale, qui attribue l’efficacité de la thérapie au degré d’expertise, de confiance

et d’attractivité (charisme) que le patient perçoit de son thérapeute. Par ailleurs, Frank

considère ces facteurs non spécifiques comme étant thérapeutiques en soi, mais il note

Page 15: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

9

également qu’une partie de leur efficacité est due à leur interaction avec certaines techniques

spécifiques; un lien affectif puissant et des attentes positives du patient peuvent augmenter

sa motivation et son implication dans la thérapie et, par le fait même, amplifier les effets de

facteurs thérapeutiques plus spécifiques (Hougaard, 1994). Frank (1961, 1993) maintient

que les techniques, ou facteurs spécifiques, sont essentielles, mais que leur efficacité dépend

principalement du sentiment d’alliance que le patient a envers son « guérisseur » symbolique

ou réel. Par conséquent, avant même que les études empiriques ne démontrent l’absence de

différence significative entre les différents types de thérapies bona fide, Frank offre un cadre

théorique qui soutient ces conclusions. En ce sens, il est un pionnier important du concept de

l’alliance thérapeutique.

Page 16: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

10

Chapitre 2 : La définition de l’alliance de travail de Bordin

Dans la littérature scientifique, la référence la plus souvent citée pour définir l’alliance

est basée sur le travail d’Edward Bordin (1979, 1994). Ce dernier extrait le concept d’alliance

de son origine psychanalytique pour en faire un construit explicitement panthéorique,

généralisable à tous les types de psychothérapie. En se basant sur ses prédécesseurs

psychanalystes, pionniers de la recherche sur l’alliance (Greenson, 1965; Menninger, 1958;

Sterba, 1934; Zetzel, 1956), Bordin offre un cadre théorique robuste permettant de

circonscrire l’alliance de travail, dont l’essence est constituée du degré d’engagement d’une

dyade thérapeutique dans un travail collaboratif dirigé vers un but significatif (Bordin,

1979). Ainsi, contrairement à la psychanalyse et à la psychothérapie centrée sur le client, qui

responsabilisent respectivement le patient et le thérapeute dans la création de l’alliance,

Bordin met l’accent sur la contribution mutuelle de la dyade à ce processus (Hougaard, 1994).

Il identifie trois caractéristiques centrales, nécessaires à l’émergence de ce processus

interpersonnel : (1) une entente sur ce qui constitue les problèmes du patient et ce à quoi les

solutions pourraient ressembler (objectifs), (2) un accord sur les tâches thérapeutiques à

accomplir pour atteindre ces buts (ce qui implique une confiance mutuelle en l’efficacité de

ces méthodes et une acceptation mutuelle des responsabilités de chacun dans ces procédures)

et (3) le développement d’un lien affectif (confiance, acceptation et attachement) dont

l’intensité et la qualité dépendra des méthodes et des approches utilisées (Bordin, 1979).

Ainsi, la théorie de l’alliance de Bordin pose la question : « À quel degré le travail accompli

en thérapie reflète et incarne un accord mutuel sur les buts et les tâches thérapeutiques? ». La

composante sur le lien affectif s’intéresse pour sa part à la question suivante : « Y a-t-il assez

de confiance et de respect pour permettre un plein endossement des buts et une participation

complète dans les tâches? » (Hatcher & Barends, 2006). Au final, n’importe quel aspect,

caractéristique ou qualité d’une thérapie peut être examiné à travers ce filtre conceptuel en

analysant la contribution de l’aspect à l’étude au travail collaboratif orienté vers un but

significatif.

Par ailleurs, Bordin a développé trois concepts qui explicitent comment l’alliance de

travail s’élabore et se maintient dans le temps. Tout d’abord, l’alliance est activement (bien

que parfois implicitement) négociée au début du traitement et continuellement renégociée

durant le suivi. Ensuite, différentes modalités thérapeutiques impliqueront des négociations

Page 17: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

11

autour de différents types d’engagements et d’activités (compléter un journal des pensées,

révéler des désirs intimes, etc.). Finalement, les stress ou les ruptures d’alliance devront être

réparés (renégociation) pour permettre le succès thérapeutique (Bordin, 1979). Dans son

article de 1994, il définit également trois éléments clés de l’alliance de travail qui seraient

responsables du changement : (1) la force de l’alliance, (2) la puissance des tâches

thérapeutiques et (3) la dynamique des ruptures et des résolutions de l’alliance (Bordin,

1994). De cette façon, Bordin situe l’alliance comme étant à la fois un processus facilitant

l’action des ingrédients spécifiques (tâches) de la thérapie, mais aussi comme étant un

ingrédient thérapeutique en lui-même.

Les limites de la définition de Bordin

Bien que le cadre conceptuel de Bordin offre probablement la meilleure façon de

circonscrire l’alliance de travail, il semble tout de même avoir mené à des dérives

sémiotiques. À la base, la définition de Bordin s’intéresse et permet avant tout de qualifier à

quel point la relation et les techniques reflètent, incarnent et assistent les participants dans

leur travail collaboratif délibéré. En d’autres mots, l’alliance doit être considérée à un niveau

d’abstraction plus élevé que les attitudes relationnelles et les méthodes spécifiques

d’intervention (Hatcher & Barends, 2006). Ce postulat implique donc qu’on ne peut pas

comparer directement l’alliance et ces processus psychothérapeutiques plus concrets, c’est-

à-dire soit en les considérant comme sur un pied d’égalité (alliance perçue comme une

technique ou une attitude relationnelle), soit en les considérant comme des rivaux (par

exemple alliance versus technique spécifique), ce que certains chercheurs éminents de

l’alliance (Agnew‐Davies, Stiles, Hardy, Barkham, & Shapiro, 1998) ont pourtant fait

(Hatcher & Barends, 2006). Encore une fois, selon le cadre conceptuel fourni par Bordin, on

devrait plutôt juger de la pertinence d’une technique ou d’une attitude relationnelle en

mesurant à quel point elles contribuent à l’alliance, c’est-à-dire à engager le patient dans un

travail collaboratif (Hatcher & Barends, 2006). En d’autres mots, l’alliance n’existe pas sans

technique, ni sans relation affective d’ailleurs. Elle est une propriété émergente des

composantes (relationnelle, techniques, etc.) de la thérapie, elle n’est pas une composante en

soi (Hatcher & Barends, 2006).

Page 18: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

12

Près de 40 ans après la sortie de l’article phare de Bordin, on constate donc que la

principale force du concept de l’alliance de travail, soit son aspect panthéorique, a à la fois

grandement stimulé son exploration empirique, mais qu’il a en même temps permis aux

chercheurs de diverses orientations d’assimiler ses idées à travers leur propre filtre théorique,

de sorte que le concept d’alliance a acquis une personnalité multiple dans le monde des

facteurs communs (Horvath, 2011). Comme Bordin n’a pas pris clairement position sur la

façon d’opérationnaliser concrètement sa théorie, qui se voulait une définition fonctionnelle

narrative1 (Horvath, 2018), de multiples chercheurs ont créé et continuent de créer de

nouveaux outils de mesure, venant combler ce flou opérationnel en diluant de plus en plus le

concept, ce qui le rend de moins en moins utile (Hatcher & Barends, 2006). De fait, même

les quatre échelles de mesure de l’alliance les plus couramment utilisées en recherche, soit,

en ordre décroissant d’utilisation, la Working Alliance Inventory (Horvath & Greenberg,

1989), la California Psychotherapy Alliance Scale (CALPAS; Marmar & Gaston, 1988), la

Helping Alliance Questionnaire II (HaQ-II; Luborsky et al., 1996) et la Vanderbilt

Psychotherapy Process (Gomes-Schwartz, 1978) partagent moins de 50% de variance

commune en ce qui a trait à leur structure factorielle (Horvath, Del Re, Flückiger & Symonds,

2011), un chevauchement modeste indiquant des différences non triviales dans la nature des

variables mesurées. Ce manque de consensus autour de l’alliance réduit le potentiel de

généralisation des résultats des études s’y attardant et donc son utilité clinique.

1 Une définition narrative se concentre sur le fonctionnement d’un phénomène, ce qu’il fait,

alors qu’une définition persuasive adresse les limites et le contenu d’un construit (Horvath,

2018)

Page 19: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

13

Chapitre 3 : Comparaison des échelles d’alliance thérapeutique les plus

utilisées

Un estimé conservateur suggère qu’il existe actuellement plus de 70 questionnaires

validés opérationnalisant le concept d’alliance thérapeutique (Horvath, 2018). Malgré tout,

le développement de nouveaux outils se poursuit. Cette prolifération a des causes multiples.

Premièrement, on peut la comprendre comme une conséquence de l’absence d’une définition

consensuelle de l’alliance. Ainsi, plusieurs auteurs prétendent incarner dans leur outil la

définition classique de Bordin, mais omettent des aspects centraux du modèle tripartite,

comme la Therapeutic Bond Scale; (Saunders, Howard, & Orlinsky, 1989) et/ou ajoutent des

concepts qui ne sont pas inclus dans ce modèle, par exemple la dimension « capacité de

travail du patient » dans la CALPAS (Marmar & Gaston, 1988) ou celle de l’ouverture dans

la Agnew Relationship Measure (Agnew‐Davies et al., 1998). Certaines échelles de mesure

vont même jusqu’à explicitement étendre leur définition de l’alliance à tous les processus

psychothérapeutiques qui sont corrélés au changement, comme c’est le cas dans la Vanderbilt

Psychotherapy Process Scale (VPPS; O'Malley et al., 1983). Deuxièmement, une partie de

ces questionnaires sont des versions adaptées d’outils plus anciens ou carrément de nouveaux

outils ayant pour but de mieux répondre aux particularités d’une population spécifique

(patients hospitalisés, enfants, groupes, etc.), comme la Scale to Assess Relationship

(McGuire-Snieckus, McCabe, Catty, Hansson, & Priebe, 2007) qui a été spécifiquement

élaborée pour les patients psychiatriques en communauté présentant une pathologie sévère.

Troisièmement, de nouveaux questionnaires sont construits pour opérationnaliser des

définitions explicitement alternatives de l’alliance, comme l’Alliance Negociation Scale

(Doran et al., 2012) qui met l’accent sur l’importance de la négociation de l’alliance (en

opposition au concept de consensus). Quatrièmement, plusieurs outils sont élaborés en

réponse à des problèmes méthodologiques identifiés dans les outils antérieurs, comme le

manque de différenciation empirique claire entre les sous-dimensions théoriques proposées,

des items qui sont trop biaisés par des manifestations précoces des résultats thérapeutiques

(comme le Haq-I; Luborsky, 1976), ou des restrictions d’applicabilité des échelles à certaines

approches thérapeutiques (Agnew‐Davies et al., 1998; Gaston, 1990; Hatcher & Barends,

1996; Horvath & Luborsky, 1993).

Page 20: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

14

Inspiré par les travaux de Bales (1950) sur les analyses du fonctionnement de groupes,

ainsi que par les travaux de Bordin (1979, 1994) sur l’alliance, Hougaard (1994) a généré un

modèle heuristique très efficace pour voir plus clair dans cette hétérogénéité des variables

mesurées par les questionnaires d’alliance thérapeutique. Il commence par diviser le concept

en deux dimensions, soit (1) la relation personnelle (l’aire socio-émotionnelle de Bales ou le

lien affectif de Bordin) et (2) la relation collaborative (l’aire des tâches de Bales ou l’accord

sur les objectifs et les tâches de Bordin). Puis, il s’intéresse à la contribution spécifique du

thérapeute, du patient et à la contribution commune de la dyade à chacune de ces deux

dimensions, résultant en six sous-dimensions de l’alliance, qui sont présentées dans le tableau

1. Chacune de ces sous-dimensions sont de nouveau divisées en concepts propres à la nature

de leurs sous-dimensions. Par exemple, la contribution du thérapeute à la relation

collaborative contient la notion d’engagement, d’optimisme et d’expertise, alors que la

contribution du patient à la relation collaborative contient la notion de motivation, d’attentes

favorables et de capacité au travail. On voit ici l’apport complémentaire (image miroir) des

deux participants au même concept sous-jacent (engagement-motivation, optimisme-attentes

favorables et expertise-capacité au travail).

On peut ainsi classer tous les outils de mesure de l’alliance thérapeutique selon ce que

leurs items mesurent en se référant à ce système, ce qui permet facilement de les comparer

et de constater les concepts qui sont couverts par la majeure partie de ces questionnaires, et

ceux qui le sont moins et qui divergent selon ce que les auteurs ont décidé (implicitement ou

explicitement) de prioriser. Par soucis de clarté et de concision, nous avons choisi d’analyser

les quatre questionnaires de l’alliance les plus utilisés dans la littérature scientifique, qui

illustrent à eux seuls la grande diversité des sous-concepts couverts. Nous avons également

choisi d’inclure l’Alliance Negotiation Scale (ANS; Doran et al., 2012), un questionnaire

utilisant une définition alternative de l’alliance, comme nous pensons que les modifications

proposées à la définition classique de l’alliance soutenues par les auteurs de cet outil, qui

seront détaillées dans le chapitre 4, sont très pertinentes et qu’elles teinteront notre propre

définition de ce concept. Finalement, nous avons décidé d’inclure un des questionnaires ultra-

bref de l’alliance thérapeutique parmi les plus utilisés dans les thérapies informées par la

rétroaction (Østergård, Randa, & Hougaard, 2018), le SRS (Duncan et al., 2003), comme

nous visons à ce que notre outil puisse être utilisé dans un tel contexte. Le Tableau 1 présente

Page 21: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

15

ainsi une comparaison de ces questionnaires selon le modèle générique de Hougaard et le

Tableau 2 les compare selon différentes caractéristiques sélectionnées (perspective du

répondant, type d’attitude mesurée, nombre d’ancrages, dimensions, etc.).

Working Alliance Inventory (WAI)

D’abord, le Working Alliance Inventory (Horvath & Greenberg, 1989) est un

questionnaire de 36 items à sept choix de réponse de type Likert (allant de (1) « does not

correspond at all » à (7) « corresponds exactly ») spécifiquement élaboré à partir du modèle

théorique tripartite de l’alliance de travail de Bordin. Il a donc été conçu pour mesurer 3

dimensions : le lien affectif, le consensus sur les objectifs et l’entente concernant les tâches

thérapeutiques. Il mesure l’alliance globale perçue depuis le début de la thérapie. Cet outil a

également été explicitement élaboré pour pouvoir être utilisé avec toutes les approches

thérapeutiques; c’est ce qui explique le qualificatif « athéorique » qui lui est souvent attribué

et qui a certainement participé à sa grande popularité, étant l’outil de mesure de l’alliance le

plus utilisé dans les recherches empiriques (Horvath, 2018). Trois versions du questionnaire

ont été construites : une pour le patient, une pour le thérapeute et une pour un observateur.

Les trois études initiales de validation ont été effectuées auprès de patients avec des

diagnostics et des modalités de traitement variés (Elvins & Green, 2008). Pour la version du

patient, le coefficient alpha a été évalué à .93 pour le questionnaire complet et entre .85 et

.88 pour les sous-échelles (lien, objectifs et tâches), lesquelles sont d’ailleurs fortement inter-

corrélées, avec des r variant entre .62 et .92, questionnant la multi-dimensionalité de cette

échelle (Horvath & Greenberg, 1989). La validité de contenu du questionnaire a été évaluée

par sept experts du domaine de l’alliance (Horvath & Greenberg, 1989). La validité prédictive

a été démontrée pour une grande variété de types de résultats thérapeutiques (Horvath, 1994),

incluant des études contrôlant pour des facteurs confondants importants comme le

changement précoce et les caractéristiques des patients (Klein et al., 2003). Plusieurs versions

courtes ont été construites, la plus récente, et celle ayant les meilleures qualités

psychométriques étant le WAI-SR (Hatcher et Gillapsy, 2006) avec 12 items choisis à partir

des 36 items de la version originale à l’aide de la théorie des réponses aux items, permettant

d’ailleurs d’identifier qu’un nombre d’ancrages réduit (cinq versus sept choix de réponse de

type Likert) maximise les qualités métrologiques de l’échelle, étant donné que les patients ne

semblent pas bien discriminer les niveaux les plus faibles d’endossement (Hatcher &

Page 22: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

16

Gillaspy, 2006). Ces ancrages varient entre (1) « seldom », (2) « sometimes », (3) « fairly

often », (4) « very often » et (5) « always ». Pour cette échelle de mesure, les coefficients

alpha varient entre .91 et .92 et les scores totaux corrèlent fortement (r = 0.94-0.95) avec

ceux de la WAI (Hatcher & Gillaspy, 2006). La WAI mesure surtout la contribution

commune du patient et du thérapeute au lien collaboratif (44 % des items). À l’opposé, elle

n’inclut aucun item adressant la contribution du patient au lien socioémotionnel et

collaboratif, si on exclut les énoncés mesurant la satisfaction des patients (22.2%), aspect

surreprésenté selon plusieurs critiques (Elvins & Green, 2008). Bien qu’elle tienne compte

de la contribution du thérapeute au lien socioémotionnel (16.6%), un item seulement (2.8%)

mesure sa contribution au lien collaboratif. Les énoncés sont rédigés majoritairement à la

première personne (69.4%) et mesurent des attitudes affectives, cognitives et

comportementales de façon relativement équilibrée. Bien qu’il existe une version traduite et

validée en français de la WAI (Guédeney, Fermanian, Curt, & Bifulco, 2005), la seule version

de la WAI-SR traduite en français (Bottemine, 2017) n’a pas été formellement validée

empiriquement.

Page 23: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

17

Tableau 1

Comparaison des échelles de mesure d’alliance thérapeutique les plus utilisées selon le modèle générique de Hougaard incluant

le nombre d’items et le pourcentage pour chacune des dimensions

Lien socioémotionnel Lien collaboratif

Patient

Thérapeute

Mutuel

Patient

Thérapeute

Mutuel

Outil de

mesure

Co

nfi

ance

Att

itu

de

amic

ale

Ou

ver

ture

/réc

epti

vit

é

Co

nfo

rt -

ém

oti

on

s n

égat

ives

A

uth

enti

cité

Ap

pré

ciat

ion

Acc

epta

tio

n i

nco

nd

itio

nn

elle

Co

mp

réh

ensi

on

em

pat

hiq

ue

Co

nfo

rt -

ém

oti

on

s n

égat

ives

A

pp

réci

atio

n m

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elle

Co

mp

réh

ensi

on

mu

tuel

le

Co

nfi

ance

mu

tuel

le

Qu

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ale

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elat

ion

C

apac

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rav

ail

Mo

tiv

atio

n

Att

ente

s fa

vo

rab

les

E

xp

erti

se

En

gag

emen

t

Op

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A

cco

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ur

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atio

nn

el

Acc

ord

su

r le

s o

bje

ctif

s

Acc

ord

su

r le

s tâ

ches

WAI - - - - 1 3 2 - - 2 1 2 - - - 8 1 - - 1 9 6

0 6 (16.7%) 5 (13.9%) 8 (22.2%) 1 (2.8%) 16 (44.4%)

WAI-SR - - - - - 2 1 - - 1 - - - - - 3 - - - - 4 1

0 3 (25%) 1 (8.3%) 3 (25%) 0 5 (41.2%)

HaQ-II 1 1 - - - 1 - 3 - - - 1 2 - 1 2 1 1 - 1 1 3

2 (10.5%) 4 (21.0%) 3 (15.8%) 3 (15.8%) 2 (10.5%) 4 (21,0%)

CALPAS - - - - 1 - 1 2 - - - - - 5 5 3 - 1 - - 3 3

0 4 (16.7%) 0 13 (54,2%) 1 (4.2%) 6 (25%)

ANS - - - 2 1 - 1 - 2 - - - - - - - - - - - 2 4

2 (16.7%) 4 (33.3%) 0 0 0 6 (50%)

SRS - - - - - - - 1 - - - - - - - 1 - - - - 1 1

0 1 (25%) 0 1 (25%) 0 2 (50%)

Note. ANS = Alliance Negotiation Scale; CALPAS = California Psychotherapy Alliance Scale; HAQ-II = Helping Alliance

Questionnaire- II; SRS = Session Alliance Scale; WAI = Working Alliance Inventory; WAI-SR = Working Alliance Inventory –

Short Revised;

Page 24: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

18

Tableau 2

Comparaison des échelles de mesure d’alliance thérapeutique les plus utilisées selon certaines caractéristiques sélectionnées

Perspective

du répondant (nb. d’items)

Type d’attitude mesurée (nb.

d’item)

Format de

réponse

Nombre

d’ancrage

Temps

mesuré

Dimensions

théoriques

Méthode

sélection des

items

1ère

Pers.

Inférence

Aff. Cogn. Comp.

Thérapeute Dyade

WAI-SR

7

(58.3%)

0

5

(41.7%)

5

(41.7%)

5

(41.7%)

2

(16.7%) Fréquence 5

Suivi

global

1. Lien

2. Objectifs

3. Tâches

Théorique et

empirique

HAq-II 14

(73.7%)

0

5

(26%)

6

(31.6%)

7

(36.8%)

6

(31.6%) Likert 6

Suivi

global

1. Relation

d’aide

2. Relation

collaborative

Théorique

CALPAS 24

(100%) 0 0

9

(37.5%)

7

(29.2%)

8

(33.3%) Quantité 7

Dernière

séance

1.

Compréhension

et implication

du thérapeute

2. Consensus

stratégie de

travail

3. Engagement

patient

4. Capacité

travail patient

Théorique et

empirique

ANS 6

(50%)

5

(41.7%)

1

(8.3%)

5

(41.7%)

2

(16.7%)

4

(33.3%) Fréquence 7

Suivi

global

1. Confort avec

émotions

négatives

2. Attitude

flexible du

thérapeute

Théorique et

empirique

SRS 3

(75%) 0

1

(25%)

1

(25%)

2

(50%)

1

(25%) EVA -

Dernière

séance

1. Lien

2. Objectifs

3. Tâches

Théorique

/pragmatique

Note. Aff = Affective; Cogn = Cognitive; Comp = Comportementale; EVA = Échelle visuelle analogue; Nb = Nombre; 1ère Pers.

= première personne

Page 25: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

19

Helping Alliance Questionnaire-II (HAQ-II)

Ensuite, le Helping Alliance Questionnaire II (Luborsky et al., 1996) est une révision

du Helping Alliance Questionnaire I (Luborsky, 1976), la première tentative

d’opérationnalisation de l’alliance thérapeutique dans une échelle de mesure. Enracinée dans

la théorie psychodynamique, cette nouvelle version vient répondre à deux critiques majeures

concernant la première édition de l’outil, soit la trop grande présence d’items abordant

explicitement les changements symptomatiques précoces et l’absence d’énoncé formulé à la

négative (Luborsky et al., 1996). Pour corriger le tir, Luborsky enlève donc six questions

concernant l’amélioration symptomatique précoce des 11 questions originales et ajoute 14

nouveaux énoncés reliés aux efforts collaboratifs du patient et du thérapeute (autour du thème

des objectifs et des tâches thérapeutiques) ainsi qu’à la perception qu’a le patient des attitudes

socioémotionnelles de son thérapeute. Il inclut également cinq items libellés à la négative.

Au total, la nouvelle version a donc 19 questions à six choix de réponse sur une échelle de

type Likert, variant entre (1) « I strongly feel it is not true » et (6) « I strongly feel this is

true ». L’échelle mesure l’alliance globale perçue depuis le début de la thérapie. Deux

versions sont disponibles; une pour le patient et une pour le thérapeute.

Dans l’étude de validation initiale, les coefficients alpha varient entre .90 et .93 et la

structure factorielle confirme un modèle à deux facteurs, avec les énoncés formulés

positivement comme premier facteur et ceux formulés négativement comme deuxième

(Luborsky et al., 1996). La validité convergente avec les autres mesures populaires de

l’alliance thérapeutique (par exemple la WAI et la CALPAS) est en général de plus faible

amplitude que pour les autres mesures les plus populaires de ce concept (Elvins & Green,

2008), avec une corrélation de r = 0.59 avec la CALPAS par exemple (Luborsky et al., 1996).

La validité prédictive avec les résultats thérapeutiques a été démontrée dans plusieurs études

(Martin, Garske, & Davis, 2000). Hatcher et Barends (1996) considèrent la Haq-II comme

étant trop générale, ne permettant pas de distinguer les aspects importants de l’alliance. D’un

autre point de vue, on peut noter que, par rapport au modèle générique de l’alliance, elle

couvre de façon assez uniforme les différentes catégories du lien socioémotionnel et

collaboratif. De fait, il s’agit de la seule échelle de mesure de l’alliance analysée dans ce

mémoire qui couvre aussi largement et uniformément toutes ces dimensions. Les questions

sont majoritairement (73.7%) formulées à la première personne et mesurent des attitudes

Page 26: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

20

affectives, cognitives et comportementales de façon relativement équilibrée. À notre

connaissance, il n’existe pas d’étude portant sur la validation d’une version française de la

HAq-II.

California Psychotherapy Alliance Scale (CALPAS)

La California Psychotherapy Alliance Scale (Gaston, 1991) est un questionnaire

comportant 24 items à sept choix de réponse sur une échelle de type Likert allant de (1) « not

at all » à (3) « moderately » à (7) « very much so » mesurant l’alliance thérapeutique telle

que perçue lors de la dernière séance. Il existe 3 versions; une remplie par le patient, une par

le thérapeute et une par un observateur. Il existe également une version pour patient abrégée

composée de 12 questions. L’outil a été développé à partir d’analyses factorielles et de

considérations théoriques (principalement psychodynamiques), utilisant une définition de

l’alliance dite éclectique (Gaston, 1991). La moitié des questions sont formulées à la

négative. Il comporte quatre dimensions, confirmées par les analyses factorielles, soit (1) la

capacité de travail du patient, (2) l’engagement du patient, (3), la compréhension et

l’implication du thérapeute et (4) le consensus sur les stratégies de travail.

L’étude de validation initiale de la version du patient de cette échelle a été menée

auprès d’un grand nombre de patients avec des diagnostics variés mais peu dysfonctionnels

et provenant de cliniques psychothérapeutiques privées où les thérapeutes utilisaient trois

types d’approches (Gaston, 1991). Cette dernière a révélé un alpha de Cronbach satisfaisant

(.83) pour l’échelle complète, alors que ceux-ci étaient insatisfaisants pour trois des quatre

sous-échelles (.43 à .73), suggérant ainsi que les scores totaux devraient être privilégiés. La

validité convergente avec la WAI était élevée, et plusieurs études ultérieures ont révélé une

bonne validité prédictive (Barber, Connolly, Crits-Christoph, Gladis, & Siqueland, 2000;

Muran et al., 1995). La validité discriminante a notamment été confirmée par une absence

d’association entre l’échelle de désirabilité sociale de Marlow-Crowne et les scores totaux à

la CALPAS-P (Gaston, 1991). Le focus conceptuel de la CALPAS et de ses sous-échelles

porte surtout sur la contribution individuelle du patient et du thérapeute à l’alliance (Elvins

& Green, 2008). Si on analyse cette échelle de mesure avec le modèle générique de l’alliance

de Hougaard (1994), on remarque que la majorité des questions (54.2%) porte sur la

contribution individuelle du patient au lien collaboratif, ce qui n’est pas étonnant considérant

Page 27: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

21

que deux des quatre dimensions, la capacité au travail du patient et l’engagement du patient,

réfèrent à cette portion de l’alliance. Le lien socioémotionnel est sous-représenté dans cet

outil, avec seulement 16,7% des items y faisant référence, tous étant relié à la contribution

du thérapeute. Par ailleurs, toutes les questions sont écrites à la première personne et ces

dernières couvrent de façon égale les attitudes affectives, cognitives et comportementales. À

notre connaissance, il n’existe pas d’étude portant sur la validation d’une version française

de la CALPAS.

Alliance Negociation Scale (ANS)

L’Alliance Negotiation Scale (Doran et al., 2012) est un questionnaire autorapporté

par le patient comportant 12 items à sept choix de réponse sur une échelle de type Likert

allant de (1) « never » à (7) « always » créé pour opérationnaliser le concept de négociation

(Safran, Muran, & Proskurov, 2010) de l’alliance en ce qui a trait aux aspects du lien

socioémotionnel et du lien collectif (objectifs et tâches thérapeutiques). La théorie à l’origine

de ce concept s’inspire principalement de la psychanalyse relationnelle. Par cet outil, Doran

(2012) vient répondre à la critique fréquente stipulant que les outils mesurant l’alliance

thérapeutique mettent trop l’accent sur les aspects de consensus, confondant ainsi

possiblement les résultats avec des aspects de soumission ou de « fausse » observance pour

satisfaire aux demandes implicites de la situation ou du thérapeute. Leur outil se veut

explicitement opérationnalisé selon une définition alternative et complémentaire à la

définition de Bordin (1979); elle ne vient pas la remplacer. En d’autres mots, il s’agit selon

eux d’une autre dimension de l’alliance. Les énoncés ont été sélectionnés grâce à une analyse

de contenu par des experts suivie d’une analyse factorielle exploratoire. Il y a des items

référant à des attitudes du patient et du thérapeute, formulés à la négative et positivement, de

même que des énoncées couvrant les trois dimensions de l’alliance de travail de Bordin (lien,

objectifs, tâches). Ils réfèrent à l’alliance globale telle que perçue par le patient depuis le

début de sa thérapie.

Récemment, une version pour le thérapeute a été publiée (Doran, Gómez‐Penedo,

Safran, & Roussos, 2018). Deux facteurs ont été identifiés grâces aux analyses factorielles

exploratoires: (1) le confort avec les émotions négatives (confort du thérapeute face à

l’expression des frustrations, déceptions ou désaccords du patient envers le thérapeute ou la

Page 28: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

22

thérapie) et (2) l’attitude flexible du thérapeute (perception du patient de la capacité du

thérapeute à tenir compte de la rétroaction et des préférences de son patient pour adapter les

stratégies de travail). La corrélation entre ces deux facteurs est de r = 0.34, indiquant une

variance commune de 12%, ce qui suggère que les deux facteurs mesurent des dimensions

différentes (Doran et al., 2012). Dans l’étude de validation initiale, les alphas de Cronbach

étaient adéquats, atteignant .84 pour l’échelle complète, .86 pour le facteur 1 et .81 pour le

facteur 2 (Doran et al., 2012). La validité convergente a été démontrée dans les études de

validation par des corrélations statistiquement significatives et d’amplitude très élevée entre

les scores à l’ANS et ceux de la WAI, avec un r = 0.82 pour les scores totaux (variance

commune de 67%) et r = 0.66 et 0.78 (variance commune de 44 et 61%) pour le premier et

le deuxième facteur respectivement, suggérant que le premier facteur est plus différencié et

unique par rapport à ce que mesure la WAI (Doran, 2016). Cependant, lorsque les scores de

l’ANS étaient dichotomisés en « bas » (un écart-type en dessous de la moyenne, équivalent

à 60/84 dans cet échantillon) et « élevé » (score supérieur à 60/84), les corrélations entre les

scores de l’ANS et de la WAI étaient respectivement de r = 0.49 et r = 0.72 (p non significatif

dans les test T), suggérant que l’ANS révèle des aspects problématiques de la relation

thérapeutique qui ne sont pas capturés par la WAI, comme la soumission et la « fausse

observance », ce qui expliquerait les corrélations moins fortes avec la WAI pour les scores

de l’ANS bas (Doran, Safran, & Muran, 2017). La validité discriminante, de son côté, a été

démontrée par l’absence d’association entre les scores totaux à l’ANS et les types

d’approches psychothérapeutiques et la désirabilité sociale, ainsi que par la très faible

association, mais significative, avec les scores initiaux de psychopathologies (Doran, 2016).

Contrairement à ce qui avait été postulé, le diagnostic était significativement associé aux

scores totaux de l’ANS. En effet, les patients souffrant de trouble de la personnalité avaient

des scores ANS moins élevés que les patients présentant d'autres diagnostics (Doran, 2016).

Finalement, la validité prédictive a été soutenue par une relation statistiquement

significative entre les scores précoces totaux de l’ANS et ceux à la fin de la thérapie sur la

Symptom Checklist 90 (SCL-90; r = -0.31), une échelle de détresse psychologique, et de la

Inventory of Interpersonal Problems 32 (IIP-32; r = -0.30), une échelle du fonctionnement

interpersonnel (Doran et al., 2017). Ces associations étaient beaucoup plus importantes pour

le premier facteur que pour le deuxième facteur, suggérant son potentiel prédictif plus grand

Page 29: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

23

(Doran et al., 2017). En regard du modèle générique de l’alliance de Hougaard (1994), on

remarque que cette échelle couvre principalement la contribution mutuelle au lien

collaboratif (50%) et dans une plus faible proportion, la contribution du thérapeute au lien

socioémotionnel (33%). De plus, les questions réfèrent surtout à des attitudes affectives et

comportementales. À notre connaissance, il n’existe pas d’étude portant sur la validation

d’une version française de l’ANS.

Session Rating Scale (SRS)

Le Session Rating Scale (SRS; Duncan et al., 2003) est un questionnaire ultra-bref

autorapporté par le patient portant sur l’alliance thérapeutique. Il est formé de quatre

questions liées à des ancrages de type échelle visuelle analogue, mesurant 10 centimètres, et

associée à des énoncés de valeur opposée, permettant un score total maximum de 40 points

(la cotation se fait en additionnant le score des quatre questions en arrondissant au centimètre

près). Il a été conçu spécifiquement pour être utilisé de façon répétée à chaque séance,

priorisant ainsi la faisabilité (maximiser l’utilisation par les cliniciens) sur les propriétés

psychométriques. Il s’agit donc d’un outil clinique et non d’un instrument conçu pour la

recherche. Il est adapté aux besoins du paradigme de traitement informé par la rétroaction

(Duncan et al., 2003). Paradoxalement, cet outil a été utilisé abondamment dans la recherche

sur les TIR, contredisant de ce fait l’utilisation initialement visée par ses auteurs.

Concrètement, les patients remplissent le questionnaire à la fin de la séance et le

remette immédiatement à leur thérapeute, afin de permettre une discussion ouverte et

immédiate concernant les besoins du patient au niveau du lien socioémotionnel et collaboratif

et de favoriser les ajustements de la dyade. L’outil est inspiré des schémas théoriques de

l’alliance de travail de Bordin (1979) avec son modèle tripartite, ainsi que des propositions

de Gaston (1990) qui a mis l’accent sur l’importance de la congruence entre les croyances du

patient et du thérapeute concernant leur perception des mécanismes de changement en

psychothérapie. Les trois premiers items reflètent chacun une dimension du modèle tripartite

de Bordin, soit la qualité du lien affectif («Je me suis senti écouté, compris et respecté »),

l’entente sur les objectifs (« nous avons travaillé sur ce que je voulais et nous avons parlé de

ce dont je voulais ») et les tâches thérapeutiques (« L’approche du thérapeute me convient »),

alors que le quatrième aborde la satisfaction globale de la séance (« Globalement, la séance

Page 30: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

24

d’aujourd’hui m’a convenu »). Ce dernier item vient combler, selon les auteurs, le besoin de

tenir compte du sentiment de confiance que la collaboration sera aidante (confident

collaboration), le facteur le plus fortement associé aux résultats thérapeutiques dans une

étude d’analyse factorielle exploratoire réalisé par Hatcher et Barends (1996) sur les 3

échelles d’alliance les plus utilisées. Dans l’étude de validation initiale, l’indice de cohérence

interne était adéquat, avec un alpha de Cronbach à .88 (Duncan et al., 2003). L’analyse de la

validité convergente démontrait des corrélations statistiquement significatives de r = .48 avec

la Haq-II (Duncan et al., 2003), de r = 0.46 à 0.78 avec la WAI-S (Campbell & Hemsley,

2009; Cazauvieilh, 2018; Janse, Boezen-Hilberdink, van Dijk, Verbraak, & Hutschemaekers,

2014) et de r = 0.57 à 0.65 avec la WAI-SR (Reese et al., 2013). L’étude de Reese et al.

(2013) a également démontré l’absence d’association entre les scores à la SRS et une échelle

de désirabilité sociale, soutenant des éléments de validité discriminante. Pour ce qui est de la

validité prédictive, une corrélation de r = 0.29 (p<.01) a été identifiée entre les scores totaux

à la SRS pour la deuxième séance et les scores finaux de la Outcome Rating Scale (ORS;

Miller, Duncan, Brown, Sparks, & Claud, 2003), une échelle ultra-brève de bien-être

psychologique s’inspirant du Outcome Questionnaire-45 (OQ-45; Lambert et al., 1996). Un

coefficient de détermination faible, mais statistiquement significatif, de R2= 0.02, a

également été identifié entre les scores à la SRS de la deuxième séance et les scores à la SCL-

90, en fin de thérapie (Janse et al., 2014). Dans l’étude de validation initiale de la SRS menée

par Duncan et al. (2003), il est noté que les thérapeutes qui avaient été encouragés à utiliser

une échelle brève d’alliance dans leur clinique l’avaient fait dans 96% des cas avec la SRS

versus 29% pour la version courte (12 questions) de la WAI, soulignant ainsi sa meilleure

capacité à s’adapter au contexte clinique. Évidemment, avec quatre questions seulement, la

SRS couvre peu des différentes catégories du modèle générique de l’alliance de Hougaard

(1994). Les questions sont principalement formulées à la première personne (75%) et

réparties relativement équitablement entre les attitudes affectives, cognitives et

comportementales. Une version traduite en français a été superficiellement validée par

Cazauvieilh (2018) dans sa thèse doctorale, mais cette version n’a pas fait l’objet d’une étude

de validation formelle publiée dans une revue révisée par les pairs.

Page 31: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

25

Synthèse

En résumé, le WAI met l’accent sur la contribution commune du patient et du

thérapeute au lien collaboratif; la HAQ-II touche un peu à tous les types de contribution, mais

ne différencierait pas suffisamment les différentes dimensions de l’alliance selon certains

auteurs; la CALPAS priorise la contribution individuelle du patient au lien collaboratif

(particulièrement la capacité au travail); l’ANS touche à la contribution individuelle du

thérapeute au lien socioémotionnel et à la portion commune du lien collaboratif à travers un

filtre conceptuel alternatif de l’alliance; et la SRS, avec ses quatre questions, laisse à

découvert plusieurs section du modèle générique de l’alliance. Finalement, il ne faut pas

oublier que la presque totalité de ces mesures n’ont pas été formellement validées en français.

Page 32: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

26

Chapitre 4 : Avancées et controverses – vers une définition modernisée et intégrative

de l’alliance thérapeutique

Afin de limiter les ambiguïtés concernant le concept d’alliance de travail tel que défini

par Bordin, et à la lumière de la révision de l’évolution historique du concept et des

caractéristiques de ses outils de mesure les plus populaires, nous proposons à ce point de

réviser les controverses et les découvertes qui ont fait suite à la proposition de Bordin, afin

de se positionner clairement face à ces dernières et d’intégrer les aspects jugés importants à

notre définition modernisée de l’alliance.

En effet, la science progresse en faisant des distinctions, et nous croyons que ces

précisions réduiront la dérive sémiotique associée à la recherche sur l’alliance et lui

assigneront une identité plus circonscrite. L’idée est donc de faire un retour à la théorie de

Bordin, à la suggestion de Hatcher et Barends (2006), pour en capturer l’essence, et d’y

intégrer les apports de différents chercheurs contemporains de l’alliance. Au final, cette

définition plus précise et cohérente de l’alliance permettra son opérationnalisation dans un

nouvel outil de mesure autorapporté par le patient, ce qui est le principal objectif de cette

étude. Il est à noter que nous utiliserons dorénavant le terme « alliance thérapeutique » pour

référer à la définition modernisée et intégrative de l’alliance, pour ne pas prêter à confusion

avec la définition classique de Bordin, qui réfère à « l’alliance de travail », un concept plus

étroit. Une définition précise de ce que nous entendons par « alliance thérapeutique » sera

présentée à la fin de ce chapitre.

La polémique de la dimensionnalité de l’alliance

Les recherches empiriques tentant de répondre à l’épineuse question de la

dimensionnalité de l’alliance arrivent à des conclusions complexes et parfois contradictoires.

Premièrement, les corrélations typiquement identifiées entre les sous-échelles

(dimensions) de plusieurs instruments de mesure de l’alliance sont souvent très élevées

(Horvath & Luborsky, 1993), ce qui est particulièrement le cas pour les dimensions de

l’entente sur les objectifs et de l’entente sur les tâches thérapeutiques, tel que le démontre,

par exemple, une corrélation de r=0,90 entre ces deux dimensions dans l’étude de validation

initiale de la WAI (Horvath & Greenberg, 1989). Vraisemblablement, les patients ont de la

difficulté à distinguer ces deux aspects du modèle tripartite de Bordin, ce qui a amené

Page 33: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

27

plusieurs chercheurs à suggérer de les regrouper dans une seule dimension, qu’ils nomment

de façon différente : le partenariat (Agnew‐Davies et al., 1998), l’entreprise de la thérapie

(Hatcher & Barends, 1996), le lien collaboratif (Hougaard, 1994; Martin et al., 2000), ou le

consensus sur les stratégies de travail (Marmar & Gaston, 1988). Ces données empiriques

portent à croire qu’un modèle bipartite, comportant le lien affectif et le lien collaboratif, serait

plus adéquat pour définir le concept de l’alliance qu’un modèle tripartite.

Deuxièmement, les recherches sur les structures factorielles des trois échelles de

mesure de l’alliance les plus utilisées soutiendraient même un modèle à un facteur général,

responsable d’une grande partie (autour de 37 %) de la variance explicable des scores

d’alliance (Hatcher & Barends, 1996). Cette proposition soulève la possibilité de penser

l’alliance comme un concept unidimensionnel et relativement indifférencié (Salvio, Beutler,

Wood, & Engle, 1992), surtout si l’alliance est mesurée par les patients (par rapport aux

thérapeutes), qui ont tendance à percevoir l’alliance comme une entité plus homogène,

probablement à cause de leur « naïveté » théorique (Agnew‐Davies et al., 1998; Krause,

Altimir, & Horvath, 2011).

Troisièmement, cette même étude (Hatcher & Barends, 1996) met en évidence que

les dimensions théoriques présumées des échelles de mesure les plus populaires de l’alliance

thérapeutique ne sont souvent pas confirmées dans les analyses factorielles exploratoires,

c’est-à-dire que les items les constituant sont distribués dans différents facteurs. À l’opposé,

les dimensions théoriquement postulées peuvent également saturer sur un même facteur,

comme dans l’étude d’Agnew-Davies et al. (1998), où le lien affectif, le partenariat et la

confiance (dimension élaborée à partir de la théorie de l’influence sociale avec des thèmes

comme l’optimisme et la crédibilité de l’expert) cotaient tous très fortement sur le premier

facteur et étaient très significativement intercorrélés (r = 0,85 à 0,87).

Quatrièmement, le nombre de dimensions à inclure dans les outils de mesure ne fait

pas l’unanimité. Bien que le lien affectif et le lien collaboratif (ou partenariat) soient

définitivement les deux dimensions les plus fréquemment théorisées et confirmées

empiriquement, certains auteurs n’incluent qu’une seule de ces dimensions dans leur

instrument de mesure de l’alliance, comme la Therapeutic Bond Scale (Saunders et al., 1989),

qui n’évalue que la portion du lien affectif. Plus encore, certains auteurs n’évaluent qu’une

Page 34: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

28

partie très restreinte d’une de ces deux dimensions dans leur opérationnalisation de l’alliance,

comme la Counselor Rating Form (Bachelor, 1987), qui évalue l’alliance à partir du concept

d’influence sociale (confiance, expertise et séduction) de Strong (1968) ou la Meninger

Alliance Scale (Allen, Newsom, Gabbard, & Coyne, 1984), qui n’évalue que la capacité du

patient à travailler en psychothérapie. À l’opposé, d’autres auteurs ont une vision beaucoup

plus large de l’alliance que celle de Bordin et incluent des dimensions diverses comme

l’ouverture (aisance à révéler des préoccupations personnelles et intimes), l’engagement, ou

l’hostilité (Agnew‐Davies et al., 1998; Gaston, 1991; O'Malley, Suh, & Strupp, 1983).

Dans tous les cas, nous pensons qu’un modèle bipartite permet le meilleur équilibre

entre la valeur heuristique et théorique de la décomposition de l’alliance et les avantages de

la simplicité telle que fréquemment mis en lumière par les données empiriques. En effet, le

lien affectif et le lien collaboratif sont les dimensions les plus solidement ancrées dans la

théorie, en particulier dans la conception de Bordin, et ayant reçu le plus de validation

empirique.

Plus précisément, pour la dimension du lien collaboratif, regroupant la négociation

des objectifs et des tâches thérapeutiques, nous inclurons également, en surplus, la

négociation d’un rationnel aux problèmes du patient, que Bordin (1979) incluait

implicitement dans sa dimension reliée aux objectifs, mais que nous croyons digne d’une

mise en relief supplémentaire. Cette distinction trouve notamment son appui dans le concept

de mythe (Frank & Frank, 1993), défini comme un rationnel suggérant une explication

plausible des symptômes du patient. Frank (1993) spécifie que ces mythes (explication des

symptômes menant à la création d’objectifs) et ces rituels (tâches, procédures, approches)

acquièrent leur plausibilité à travers leur lien avec la vision dominante de la culture de la

dyade et qu’elles doivent donc faire l’objet d’une négociation. Par ailleurs, nous n’inclurons

pas la contribution individuelle du patient au lien collaboratif, d’une part car cette dimension

ne fait pas l’unanimité dans la littérature scientifique sur l’alliance, et d’autre part, car une

partie de ses sous-domaines semble être particulièrement sensible aux biais de résultats

(attentes favorables et satisfaction) et que les deux autres (capacité au travail et motivation

du patient) sont davantage corrélés à la sévérité des symptômes et des difficultés

interpersonnelles des patients (Gaston, 1991), ce qui diminue la validité discriminante de

Page 35: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

29

l’échelle. La prochaine section abordera en détail de quelle façon nous opérationnaliserons

le lien affectif.

La dimension du lien affectif de l’alliance et sa relation avec le concept plus large de

relation thérapeutique

Dans son article phare de 1979, Bordin offre en fait deux définitions de la dimension

du lien affectif (Hatcher & Barends, 2006). La première fait référence à l’expérience globale

d’appréciation, de confiance et de respect mutuels qui se développent entre les participants

lors de la thérapie, alors que la seconde est plus spécifique et précise. Cette dernière fait plutôt

référence au lien affectif suffisant pour maximiser le travail de collaboration, lequel peut

donc varier en qualité et en quantité selon les types de thérapies (Bordin, 1994). Ainsi, le lien

affectif relié au travail émergerait des besoins et de la motivation à faire le travail

thérapeutique, et il serait facilité par un sentiment mutuel de responsabilité partagée entre le

thérapeute et le patient (Gelso & Carter, 1985). La première définition, plus globale, semble

avoir été retenue par certains chercheurs (Martin et al., 2000), mais cette dernière est

problématique, car elle incorpore de nombreux processus relationnels (respect, chaleur,

appréciation, attachement, acceptation, etc.) sans les lier au cœur de l’alliance, soit le travail

collaboratif délibéré (Hatcher & Barends, 2006). Par exemple, il est possible d’admirer et de

respecter quelqu’un sans nécessairement travailler avec lui sur des objectifs établis

collaborativement (Hatcher & Barends, 1996).

Par ailleurs, la deuxième vision, plus spécifique, précise qu’on ne s’intéresse qu’aux

aspects et qu’au degré du lien affectif qui soutient l’entreprise de travail collaboratif (lien

affectif supportant le travail). Cette définition introduit la possibilité d’un lien affectif

optimal, c’est-à-dire ni trop faible (générant un désengagement), ni trop fort (entravant ainsi

potentiellement l’autonomie et la responsabilisation du patient; Hatcher & Barends, 2006).

De plus, elle favorise la distinction conceptuelle entre la relation thérapeutique et l’alliance.

À ce sujet, il est important de souligner que la plupart des items reliés à la dimension du lien

affectif des échelles de mesure les plus populaires de l’alliance thérapeutique réfèrent

davantage à la définition plus large du lien affectif, et n’ont donc pas de relation claire avec

le travail accompli (Hatcher & Barends, 2006). Plus précisément, la WAI-SR (Hatcher &

Gillaspy, 2006), une version abrégée de la WAI (Horvath & Greenberg, 1989), utilisée dans

Page 36: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

30

40% des études sur l’alliance thérapeutique (Martin et al., 2000) et qui est explicitement

basée sur la théorie de Bordin, a trois items sur quatre qui réfèrent à cette définition plus

large : « Je crois que mon thérapeute m’apprécie », « Mon thérapeute et moi nous respectons

mutuellement » et « J’ai le sentiment que mon thérapeute m’estime », alors que l’autre item

est plus cohérent avec la définition plus spécifique du lien affectif : « J’ai le sentiment que

mon thérapeute prend soin de moi-même quand je fais des choses qu’il/elle n’approuve pas ».

Ainsi, par souci de précision et de cohérence théorique, nous privilégions donc une

définition plus circonscrite du lien affectif comme soutenant le travail psychothérapeutique

collaboratif délibéré. Plus précisément encore, bien que l’on puisse identifier trois

contributions au lien affectif dans la relation thérapeutique, soit celle spécifique au patient,

au thérapeute, ainsi que celle qui leur est commune (Hougaard, 1994), nous nous

concentrerons sur la contribution spécifique du thérapeute et ce, pour trois raisons.

Premièrement, nous croyons que, comme le disait Rogers (1957), c’est le thérapeute qui

a la responsabilité structurelle de la thérapie. En d’autres mots, en incarnant les attitudes

affectives facilitatrices dont il sera question ci-bas, il agit comme un modèle de rôle pour le

patient et instaure un climat thérapeutique sécure favorisant l’émergence et l’intégration de

ces attitudes chez le patient, créant ainsi un lien affectif solide (Rogers, 1957). Plus le patient

percevra ces qualités chez son thérapeute, plus il aura tendance à coter le lien affectif, et par

le fait même l’alliance, comme étant robustes. En effet, tel que suggéré par Bowlby (1988),

l’association entre la qualité de l’attachement d’un patient et l’alliance thérapeutique pourrait

être médiée par ces attitudes affectives facilitatrices du thérapeute.

Deuxièmement, les patients, dans les recherches qualitatives, privilégient l’apport du

thérapeute pour décrire les aspects les plus saillants du lien affectif et de l’alliance (Krause,

Altimir, & Horvath, 2011), ce qui sera discuté plus en profondeur plus loin. Cette dernière

constatation peut d’ailleurs être comprise par la tendance générale qu’ont les êtres humains

d’attribuer la cause d’un phénomène perçu à l’autre plutôt qu’à soi (Jones, 1990).

Troisièmement, le fait d’interroger le patient sur sa perception de la contribution du

thérapeute au lien affectif permet à ce dernier de recueillir de la rétroaction de la part du

patient, permettant ainsi des ajustements pour mieux répondre aux besoins affectifs de celui-

ci. Cela s’inscrit tout à fait dans le paradigme du traitement informé par la rétroaction, qui

Page 37: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

31

donne au patient une position privilégiée permettant à la dyade d’être constamment dans un

processus d’amélioration continue.

Les contributions spécifiques du thérapeute au lien affectif relié au travail

thérapeutique peuvent être devisées, selon Hatcher et Barends (2006), en deux types de lien :

le lien de potentialisation et le lien d’appréciation. Le lien de potentialisation réfère

principalement à trois attitudes thérapeutiques qui découlent de la théorie de l’influence

sociale (Strong, 1968) et des facteurs communs de Frank (1961, 1993). Ces attitudes sont

probablement plus importantes dans les phases précoces de la thérapie pour combattre la

démoralisation (Frank & Frank, 1993; Hatcher, 2010). Il s’agit de l’engagement, défini

comme le niveau d’implication et de dévouement du thérapeute à aider le patient à atteindre

ses objectifs, de l’optimisme, défini comme la capacité du thérapeute à instiller au patient de

l’espoir et des attentes favorables concertant les résultats thérapeutiques, et de l’expertise,

soit la capacité du thérapeute à transmettre au patient un sentiment de confiance en ce qui a

trait à sa crédibilité et sa compétence professionnelle (Hatcher, 2010).

Le lien d’appréciation réfère aux attitudes affectives facilitatrices du thérapeute,

mises en lumière initialement par les travaux de Rogers (1957), soit l’authenticité, la

compréhension empathique et le regard positif inconditionnel. Ces attitudes relationnelles

demeurent à ce jour la meilleure façon de comprendre les facteurs à la source du lien affectif

se développant entre un thérapeute et son patient (Duncan, 2015). L’authenticité du

thérapeute (taille d’effet sur les résultats thérapeutiques de d = 0,46, k=21; Kolden, Wang,

Austin, Chang, & Klein, 2018) fait référence à son niveau d’intégration et de congruence,

c’est-à-dire à sa capacité d’être librement et profondément lui-même dans la relation, en

contact avec sa véritable expérience, moment par moment, et non en se présentant sous une

façade, consciemment ou inconsciemment (Rogers, 1957). Des auteurs proposeront plus tard

une séparation entre sa composante intrapersonnelle, soit la pleine conscience de ses

expériences et l’acceptation de celles-ci, de sa composante interpersonnelle, soit son

actualisation dans la relation par une transmission verbale et comportementale transparente,

mais respectueuse et avec tact, de ses émotions et pensées (Kolden et al., 2018). Le regard

positif inconditionnel (taille d’effet sur les résultats thérapeutiques de g = 0,36 , IC 95% =

0,28-0,44 , k=64; Farber, Suzuki, & Lynch, 2018) devrait, selon certains auteurs (Barrett-

Page 38: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

32

Lennard, 1986; Gurman & Razin, 1977), être divisé en deux sous-concepts, soit

l’appréciation et l’acceptation inconditionnelle, tel que soutenu par des analyse factorielles

du Relationship Inventory de Barrett-Lennard (Cramer, 1986; Walder & Little, 1969). Plus

précisément, la première attitude, l’appréciation, se définie par un désir chaleureux de

prendre soin d’un autre être humain perçu comme ayant de la valeur et de l’intérêt, alors que

la deuxième, l’acceptation inconditionnelle, se traduit par une acceptation non possessive et

non évaluative de chaque aspect de l’expérience du patient (autant ses « bons » et ses

« mauvais » côtés), considéré comme une personne entière et séparée du thérapeute (Rogers,

1957). Finalement, la compréhension empathique (taille d’effet sur les résultats

thérapeutiques de d = 0,58, k=82; Elliott, Bohart, Watson, & Murphy, 2018) consiste en la

capacité du thérapeute à ressentir et à communiquer avec sensibilité l’expérience complète

(consciente et inconsciente) du patient, en adoptant son cadre de référence, sans la confondre

et la teinter de sa propre expérience (Rogers, 1957). Fait important, la façon dont les patients

perçoivent l’empathie de leur thérapeute est assez idiosyncratique; certains l’expérimentent

comme une connexion affective, alors que d’autres la décrivent comme une compréhension

cognitive ou comme une expérience de réconfort nourrissant (Bachelor, 1988).

De fait, ces 7 attitudes du thérapeute, soit l’engagement, l’optimisme, l’expertise

l’authenticité, l’appréciation, l’acceptation inconditionnelle et la compréhension empathique,

seront utilisées comme référents pour bâtir les énoncés de la dimension lien affectif de notre

outil de mesure de l’alliance, que nous nommerons lien socioémotionnel à partir de

maintenant pour refléter la contribution respective du lien de potentialisation (influence

sociale) et du lien d’appréciation (attitude émotionnelles facilitatrices) à cette dimension.

Négociation versus consensus

Safran, Muran et ses collègues étudient les ruptures de l’alliance depuis 1990, qu’ils

définissent comme les tensions qui se développent dans l’alliance thérapeutique, dues à des

désaccords à propos des objectifs ou des tâches de la thérapie ou à des problèmes dans la

dimension du lien affectif (Safran, Crocker, McMain, & Murray, 1990). Influencée par le

courant herméneutique et la psychanalyse relationnelle de Aron (2013) et Mitchell (2014),

leur théorie exploite et enrichie le principe de Bordin voulant que la gestion des fluctuations

de l’alliance est au cœur du processus thérapeutique. Ils redéfinissent donc l’alliance comme

Page 39: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

33

un processus dynamique et fluctuant de négociations intersubjectives constructives entre les

besoins du thérapeute (notamment d’agentivité versus d’affiliation) et ceux du client, en ce

qui a trait aux objectifs et tâches thérapeutiques de même que pour les aspects du lien affectif,

qui sont trois processus interdépendants (Safran, Muran, & Proskurov, 2010). Par

conséquent, ils répondent à une critique commune voulant que le construit d’alliance de

travail soit devenu submergé par l’aspect consensuel (Cushman & Gilford, 2000). En mettant

trop l’accent sur cet aspect, on négligerait de l’information critique concernant l’expression

des émotions négatives (déceptions, frustrations) envers le thérapeute (lien affectif) ou le

processus (désaccords sur les objectifs ou les tâches ou préoccupations par rapport à la

progression). Ainsi, il ne serait pas possible de procéder à la réparation des tensions ou des

ruptures d’alliance qui découlent de ces négociations (Doran, 2016), jugées nécessaires, voire

centrales à la construction de l’alliance et ultimement, du changement (Norcross &

Wampold, 2011). Pour eux, le processus de négociation (par opposition à l’accord ou au

consensus) représente davantage l’enjeu central du développement de l’alliance.

Citant entre autres la WAI ( Horvath & Greenberg, 1989) pour illustrer les

problèmes associés à un focus excessif sur l’obtention d’un consensus, ils soulèvent la

possibilité que plusieurs outils mesurent possiblement une pseudo-alliance, c’est-à-dire une

compliance motivée par des attitudes de soumission à l’autorité dans le but de maintenir

l’harmonie de la relation ou pour ne pas nuire aux besoins de l’autre (Doran, 2016). Ces

hypothèses ont d’ailleurs reçu des appuis empiriques (Soygüt, Nelson, & Safran, 2001). Ce

phénomène participe fort probablement à l’effet plafond observé dans la mesure du niveau

d’alliance coté par les patients (Barber, Connolly, Crits-Christoph, Gladis, & Siqueland,

2009). On peut penser que la mesure d’une alliance basée sur la négociation plutôt que sur le

consensus pourrait corriger ce problème, car les traits de dépendance et le désir de plaire

devraient au contraire se manifester par un plus faible endossement des items visant

l’expression d’émotion négative et la confrontation. Cela permettrait donc une plus grande

variabilité (variance) des scores ainsi qu’une plus grande sensibilité au changement. Dans un

autre ordre d’idée, en positionnant le thérapeute comme un distributeur de connaissances et

les patients comme des « récepteurs » compliants de techniques (Cushman & Gilford, 2000),

le système de soin actuel, centré sur le patient, pourrait également participer à cette obsession

Page 40: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

34

de l’accord et du consensus, influençant implicitement le façonnement des échelles

d’alliance.

Fait intéressant, un outil de mesure a récemment été élaboré pour capturer cette

modification dans la théorie de l’alliance (Alliance Negociation Scale; Doran, Safran,

Waizmann, Bolger, & Muran, 2012), mais n’a pas été traduit ni validé en français. Il s’agit

d’une mesure à 12 items destinée au patient, possédant une échelle de réponses de type Likert

en sept points, que nous avons décrite en détail plus haut. Cependant, nous croyons que cette

échelle, bien qu’elle constitue un avancement significatif et bénéfique à la circonscription du

concept de l’alliance, gagnerait à être plus spécifiquement ancrée dans la théorie de Bordin.

En effet, les deux dimensions de l’échelle, constituées de six items chacune, soit le confort

avec les émotions négatives et l’attitude flexible du thérapeute, ne sont pas directement

reliées au modèle tripartite de Bordin (lien, buts, tâches), ni au modèle bipartite de l’alliance

tel que proposé ci-haut (lien affectif et collaboratif). Selon nous, il en résulte un manque de

cohérence théorique. Ainsi, cet outil se retrouve à évaluer un « autre type » d’alliance. Il

serait donc souhaitable de créer un outil qui intègre l’aspect de négociation à l’aspect de

consensus (actuellement surreprésenté dans les instruments) dans la définition de l’alliance,

plutôt que de favoriser la pluralité des visages du concept. Finalement, quatre des six items

portant sur l’attitude flexible du thérapeute sont très redondants, ce qui augmente la

cohérence interne du construit mesuré, mais qui restreint la possibilité de mesurer d’autres

aspects importants de l’alliance: « I feel that my therapist tells me what to do, without much

regard for my wants or needs. », « My therapist is inflexible and does not take my wants or

needs into consideration. », « My therapist is rigid in his/her ideas regarding what we do in

therapy. », « I feel like I do not have a say regarding what we do in therapy. » ; Doran et al.,

2012).

La dimension temporelle

L’alliance a été mesurée selon différentes dimensions temporelles, même si les

instruments utilisés pour la mesurer n’étaient pas toujours appropriés au format temporel

choisi. Ainsi, des chercheurs (Crits-Christoph, Gibbons, Hamilton, Ring-Kurtz, & Gallop,

2011) assument que l’alliance est un facteur relativement stable à travers le cours du

traitement, alors que d’autres (Falkenström, Granström, & Holmqvist, 2013; Rubel,

Page 41: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

35

Rosenbaum, & Lutz, 2017; Zilcha-Mano et al., 2016) ont investigué ses variations de séance

en séance. Selon ces derniers, l’alliance est un processus dynamique et fluide dont les

oscillations sont fréquentes, voire même souhaitables, pour favoriser le changement. À

l’image des oscillations du rythme cardiaque, l’alliance devient une mesure du « pouls » de

la thérapie. À ce sujet, une étude a identifié qu’un pattern temporel en « V », constitué de

brefs fléchissements et remontées des scores d’alliance (marqueurs hypothétiques de rupture

et de réparation de l’alliance) était associé à davantage de gains thérapeutiques (Stiles et al.,

2004). Ainsi, il ne semble pas suffisant de connaitre la force de l’alliance à un point statique

dans le temps; les données sur sa trajectoire dans le temps sont plus informatives pour prédire

le succès thérapeutique (Kivlighan & Shaughnessy, 1995), comme le démontre une étude où

les scores d’alliance statiques à la troisième séance n’expliquaient que 5% de la variance des

résultats thérapeutiques comparativement à 15% lorsque l’on agrégeait les scores des

sessions trois à neuf (Crits-Christoph et al., 2011). Il apparait donc important de considérer

cette vision plus microscopique de l’alliance lors de l’élaboration d’un outil modernisé de sa

définition, en s’assurant notamment que les énoncés du questionnaire s’appliquent à toutes

les phases de la thérapie, et pas seulement à la phase précoce du traitement, ce qui est souvent

le cas des items des échelles les plus populaires. Par exemple, les items issus du WAI « Mon

thérapeute et moi collaborons pour établir les objectifs de ma prise en charge » ou encore

« Mon thérapeute et moi nous sommes mis d’accord sur le type de changement qui serait bon

pour moi » sont très pertinents en début de thérapie, mais perdent de leur utilité après

quelques séances.

L’apport des approches qualitatives « bottom-up »

Les données provenant de plusieurs recherches qualitatives démontrent que la façon

dont les patients perçoivent la relation thérapeutique, et notamment l’alliance de travail, n’est

pas complètement capturée par les échelles existantes (Bachelor, 1995; Bedi, 2006; Mohr &

Woodhouse, 2001). Or, selon plusieurs chercheurs dans le domaine (Horvath, 2001; Horvath

& Luborsky, 1993), la perception qu’ont les patients de l’alliance serait plus homogène et

relativement indépendante de l’orientation théorique de leur thérapeute, contrairement à ces

derniers. La naïveté théorique du patient lui permettrait donc de faire des jugements basés

sur son expérience, sans filtre conceptuel venant biaiser ses perceptions (Horvath &

Greenberg, 1986), ce qui souligne l’intérêt de s’intéresser à leur vision pour inspirer la

Page 42: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

36

construction d’échelle de mesure de l’alliance telle que perçue par le patient (Bedi, 2006).

Pour les patients, les caractéristiques du thérapeute, particulièrement en ce qui a trait aux

aspects socioémotionnels, seraient plus importantes pour créer une bonne alliance que les

aspects de mutualité et de collaboration, pourtant centraux dans les formulations théoriques

et empiriques de l’alliance (Bedi, 2006; Krause et al., 2011). Les patients sont donc davantage

sensibles aux contributions du thérapeute à l’alliance, bien qu’ils deviennent bien souvent

plus conscients de leur propre contribution dans les phases plus tardives du traitement

(Krause et al., 2011). En effet, si le thérapeute ne facilite pas l’établissement de cette

connexion affective dès les premières rencontres, les patients abandonnent souvent la

thérapie (Krause et al., 2011), soulignant de fait sa prime importance dans l’élaboration

précoce de l’alliance. Par ailleurs, ces constats mettent en lumière l’aspect asymétrique de la

relation thérapeutique. En effet, la contribution de chacun des participants à l’alliance n’est

pas équivalente, mais complémentaire et c’est le thérapeute qui en a la responsabilité

structurelle (Krause et al., 2011).

Dans cette optique, afin de créer un outil de mesure de l’alliance autorapporté par le

patient, il serait donc pertinent de miser davantage sur les contributions du thérapeute à la

formation de l’alliance plutôt que sur celles du patient ou de la dyade, à tout le moins pour

ce qui est du lien socioémotionnel. Il faudrait aussi miser davantage sur des items décrivant

des attitudes affectives (par opposition aux aspects cognitifs et comportementaux) de

l’alliance, ce qui n’est pas le cas des trois instruments les plus utilisés, qui maintiennent un

ratio équilibré (Krause et al., 2011). Finalement, même si plusieurs chercheurs tentent de

créer des items mettant en lumière des aspects de l’alliance qui sont moins directement

biaisés avec la satisfaction des services ou une anticipation de résultats positifs, Hatcher et

Barends (1996) suggèrent qu’on ne devrait pas éliminer toute trace du sentiment d’utilité

clinique ou d’espoir dans la définition opérationnelle de l’alliance. En effet, d’un point de

vue expérientiel, à la fois les patients et les thérapeutes conçoivent le changement comme

étant inextricablement et réciproquement lié à l’alliance (Krause et al., 2011).

L’influence du traitement informé par la rétroaction

La popularité croissante des thérapies informées par la rétroaction (TIR), se basant

sur le paradigme des preuves fondées sur la pratique (Lambert & Shimokawa, 2011), a fait

Page 43: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

37

émerger le besoin de créer des instruments de mesure relativement brefs, voir « ultra-brefs »,

afin de monitorer la perception du patient de son progrès et de l’alliance thérapeutique. En

effet, la qualité du progrès et le niveau d’alliance précoce sont de bons prédicteurs des

résultats thérapeutiques, mais aussi et surtout du risque de détérioration clinique et d’abandon

prématuré (Lambert & Shimokawa, 2011). Comme le simple jugement clinique des

thérapeutes semble nettement sous-optimal pour prédire ces évènements indésirables

(Hannan et al., 2005), la rétroaction du patient pourrait permettre d’identifier plus rapidement

ceux qui se détériorent et/ou qui sont à risque de terminer précocement la thérapie, afin

d’effectuer les ajustements nécessaires pour améliorer leur trajectoire (Lambert &

Shimokawa, 2011).

Par ailleurs, les TIR viennent en quelque sorte mettre en lumière l’importance de

tenter de mesurer l’alliance en action, c’est-à-dire comme un processus dont on peut observer

directement les signes de sa présence. Par exemple, l’énoncé « Nous nous sommes assurés

que nous discutions de sujets reliés à mes objectifs thérapeutiques » incarne ce dynamisme

et mesure un comportement qui témoigne directement de la présence de l’alliance en action.

Ces énoncés dynamiques sont également très utiles pour refléter ce que Hatcher et Barends

(1996) ont identifié comme étant le noyau de l’alliance, la « confident collaboration », soit

le niveau de confiance et d’engagement de la dyade dans un processus vivant, tourné vers

l’avenir et ressenti comme étant prometteur et aidant. À l’opposé, l’énoncé « J’ai le sentiment

que mon thérapeute m’estime » mesure le phénomène de façon plus indirecte, cet énoncé

représentant soit une cause ou une conséquence, dépendamment du point de vue, de ce

processus émergeant qu’est l’alliance. À notre avis, étant donné le niveau élevé d’abstraction

du concept d’alliance, il est vital d’inclure des énoncés qui abordent à la fois des signes plus

directs de sa présence et d’autres qui décrivent des tenants et aboutissants du phénomène,

c’est-à-dire des causes ou des conséquences de l’alliance.

Malheureusement, le nombre d’instruments de mesure de l’alliance adaptés aux TIR

sont peu nombreux et sont souvent caractérisés par des qualités psychométriques discutables.

À titre d’exemple, la Session Rating Scale (SRS; Duncan et al., 2003), décrite plus haut, est

un des outils les plus utilisés pour recueillir la perception de l’alliance des patients, tel que le

démontre les 45 000 thérapeutes (excluant les licences de groupe) enregistrés au système y

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38

étant attaché et provenant d’une vingtaine de pays (Østergård, Randa, & Hougaard, 2018).

Toutefois, malgré sa grande popularité, cette échelle de mesure a des faiblesses

psychométriques qui diminuent son utilité clinique. En effet, la SRS n’est composée que de

quatre items (évaluant le lien affectif, l’entente sur les objectifs, l’entente sur les tâches et

l’alliance globale) cotés sur une échelle visuelle analogue variant de zéro à 10. Ces items sont

soit peu spécifiques (« Globalement, la séance d’aujourd’hui m’a convenu »), traitent de

différents concepts amalgamés dans un même item (« je me suis senti écouté, compris et

respecté »), ou ne réfèrent pas à l’aspect collaboratif, encore moins à la négociation de

l’alliance (« Nous avons travaillé sur ce que je voulais et nous avons parlé de ce que je

voulais », un item sensé référer à la négociation des objectifs). Ce questionnaire, tout comme

la WAI, présente un effet plafond important, comme en témoigne des scores au 25ème

percentile variant entre 34 et 36 sur 40 en population clinique dans l’étude de Cazauvieilh

(2018) et par le faible pourcentage (24%) des patients de l’échantillon normatif américain

de Duncan et al. (2003) qui avaient un score inférieur à 36 sur 40 (moins de 9% des patients

ayant un score de 33 sur 40 ou moins à chaque séance). De plus, chaque item supposé mesurer

une des dimensions du modèle tripartite de Bordin (1979) ne corrèle que moyennement et de

façon très variable selon les études aux sous-dimensions des échelles de la WAI (r = 0,32 à

0,82; Campbell & Hemsley, 2009; Cazauvieilh, 2018; Janse, Boezen-Hilberdink, van Dijk,

Verbraak, & Hutschemaekers, 2014), soulignant ainsi leur faible pouvoir de discrimination.

Considérant le tout, nous pensons que de créer un outil de mesure s’appuyant

clairement sur un modèle théorique moderne de l’alliance et utilisant des techniques

métrologiques de pointe pourrait répondre à un besoin important d’instruments de qualité

pour mesurer la rétroaction des patients. Tel que mentionné précédemment, son utilisation

dans les TIR justifie également la prédilection arbitraire d’énoncés référant à l’apport du

thérapeute (versus celle du patient) à l’alliance pour construire les énoncés de notre échelle

de mesure. En privilégiant la contribution du thérapeute, c’est-à-dire les éléments sur lesquels

il a du pouvoir, il pourra s’ajuster dans ses interventions et ses attitudes pour maximiser

l’alliance.

Page 45: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

39

Synthèse

Face à la dérive sémiotique et au manque de consensus théorique entourant le concept

de l’alliance thérapeutique, nous avons donc privilégié un retour à la théorie de Bordin,

comme il s’agit selon nous du modèle le plus robuste et le plus généralisable, mais nous y

avons apporté des précisions qui modernisent sa définition, basés sur les écueils et les

avancées théoriques et empiriques décrites en détails dans ce chapitre.

Ainsi, l’alliance thérapeutique sera considérée comme processus interpersonnel pan

théorique, dynamique et fluctuant (marqué par des ruptures et des réparations) qui émerge

d’une négociation intersubjective constructive entre les besoins relationnels asymétriques du

thérapeute et du patient, concernant deux dimensions, soit le lien collaboratif (négociation du

rationnel, des objectifs et des tâches) et le lien socioémotionnel spécifiquement nécessaire au

travail collaboratif délibéré. De plus, nous mettrons l’accent sur la contribution spécifique du

thérapeute au lien socioémotionnel (appréciation, acceptation inconditionnelle, authenticité,

compréhension empathique, engagement, optimisme et expertise), comme les recherches

qualitatives sur la perception de l’alliance par les patients le suggèrent, et pour en maximiser

l’utilité dans une perspective de traitement informé par la rétroaction.

Ce mémoire a donc comme principal objectif le développement et la validation d’un

nouvel outil de mesure, le Questionnaire intégratif de l’alliance thérapeutique (QIAT), conçu

pour opérationnaliser cette définition moderne et intégrative de l’alliance thérapeutique.

Avant d’en détailler le processus de création, il convient d’effectuer un survol de la théorie

soutenant le développement d’instruments de mesure.

Page 46: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

40

Chapitre 5 : Théorie du développement d’une échelle de mesure

Ce chapitre abordera les différentes étapes et la théorie soutenant l’élaboration d’un

nouvel outil de mesure, soit la circonscription du concept à mesurer, la génération d’un bassin

d’items, le choix du format d’échelle de réponses, la révision des items par un groupe

d’experts, l’administration du questionnaire à un échantillon développemental, l’évaluation

de la qualité des items et de l’échelle, l’optimisation du nombre d’items et la validation finale

de l’outil de mesure.

Étape 1 : Circonscrire clairement le concept à mesurer

La première étape menant au développement d’un nouvel outil de mesure est la

définition claire et précise du concept à mesurer, lequel doit être soutenu par un modèle

théorique solide (DeVellis, 2016). S’il n’en existe pas, un modèle théorique provisoire doit

au minimum être ébauché. Ce construit, qui n’est pas directement observable et mesurable,

sera considéré comme la variable latente « causant » les variations des variables observables

(mesurées), soit les items qui seront élaborés (DeVellis, 2016). Les limites du phénomène à

l’étude doivent être claires et ses relations avec d’autres concepts y étant reliés devraient

idéalement être définies. Finalement, une attention particulière doit être portée au degré de

spécificité (général/abstrait versus précis/concret) avec lequel le concept sera mesuré.

Plusieurs dimensions peuvent être considérées (nature de concept en soi, population cible,

contexte de passation). Pour ce faire, il peut être utile de se demander à quel niveau de

spécificité seront les variables auxquelles le concept en question sera comparé, pour en

faciliter l’interprétation (DeVellis, 2016).

Étape 2 : Générer un bassin d’items

Tout d’abord, de façon générale, à ce stade, il est conseillé de générer un grand

nombre d’items en étant surinclusif et en favorisant la redondance en ce qui a trait au contenu,

mais pas au point d’inclure des items qui ne diffèrent que par leur structure grammaticale

(DeVellis, 2016). Ainsi, en utilisant de multiples items apparemment redondants, on peut

faire émerger par sommation le contenu commun des items et neutraliser les idiosyncrasies

et le contenu non pertinent. DeVellis (2016) recommande de créer initialement environ trois

à quatre fois plus d’énoncés que ce qui est visé dans la version finale du questionnaire, le tout

étant à mettre en relief avec les considérations pratiques associés à la passation de ce grand

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41

nombre d’items jugé par des experts ou participants. Évidemment, il faut choisir des items

qui reflètent directement l’intention de ce que l’échelle veut mesurer, chacun de ceux-ci

pouvant être conceptualisé comme un « mini-test » du score total du test. Une fois le premier

jet effectué, il faut évaluer la pertinence (force de la représentativité du concept à l’étude) et

la clarté des items. Plus précisément, il est suggéré d’éviter les énoncés trop longs ou

exprimant deux idées ou plus (« Je supporte les droits civils parce que la discrimination est

un crime contre Dieu »), les doubles négations, les références à des pronoms ambigus et les

modificateurs ou adjectifs accessoires (DeVellis, 2016). De plus, DeVellis (2016)

recommande de choisir un niveau de difficulté de lecture des énoncés (se référer aux tables

de Fry, 1977) équivalent à une cinquième, sixième ou septième année si une population

générale est visée (une phrase moyenne de niveau sixième année contient 15-16 mots et 20

syllabes). Finalement, il faut soupeser les avantages (principalement de limiter les biais

d’affirmation) et les inconvénients (confusion) associés aux énoncés formulés à la négative

pour en justifier leur utilisation. Selon DeVellis (2016), les inconvénients dépassent souvent

les avantages de leur utilisation, ces items performant souvent mal dans les échantillons issus

de la population générale.

Étape 3 : Déterminer le format de la mesure

En premier lieu, il faut mentionner que l’étape du choix du format de l’outil de mesure

devrait se faire en simultané avec la création d’items par souci de cohérence. Les instruments

de mesure peuvent être catégorisés de multiples façons (Hubley & Zumbo, 2013). En lien

avec le sujet de ce mémoire, citons le test autorapporté (test d’attitude, test de personnalité),

les tests basés sur la performance ou une tâche (test d’intelligence, examen de conduite) et

les test observationnels (par un tiers externe à l’expérimentation, par celui administrant le

questionnaire, etc.). Ensuite, de façon générale, les items sont formés de deux parties :

l’énoncé, souvent déclaratif, et les options de réponses, indiquant le degré d’endossement de

l’énoncé. Trois types de formats d’échelles de réponses sont plus souvent utilisés et seront

brièvement décrits. Premièrement, les échelles de type Likert sont constituées d’un énoncé

déclaratif (opinion, croyance, attitude), suivi d’une série d’options représentant le degré

d’endossement de l’énoncé, dont les intervalles devraient idéalement être égaux (DeVellis,

2016). Ces énoncés devraient être relativement « forts » en terme d’intensité, sans toutefois

être extrêmes, en ce sens que c’est à travers les options de réponse que les participants doivent

Page 48: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

42

indiquer la modération de leur opinion (DeVellis, 2016). De plus, il faut porter une attention

particulière pour ne pas offenser les participants par le contenu des énoncés. Concrètement,

les choix de réponses peuvent représenter un niveau d’accord (plutôt d’accord, fortement

d’accord), de véracité (un peu vrai, moyennement vrai) ou une fréquence (parfois, souvent).

Les ancrages peuvent également être de type unipolaire (jamais à toujours) ou bipolaire (en

désaccord à en accord) Deuxièmement, les échelles sémantiques différentielles sont

constituées d’un énoncé général invitant les participants à choisir parmi différents

emplacements (classiquement sept à neuf) celui qui caractérise le mieux sa position par

rapport à deux concepts (souvent des adjectifs) de signification opposée, qui sont représentés

aux extrémités d’un continuum (DeVellis, 2016). Ces concepts peuvent être bipolaires

(amical vers hostile) ou unipolaires (amical versus pas amical). Troisièmement, les échelles

visuelles analogues sont très similaires aux échelles sémantiques différentielles, mais une

ligne continue sépare les deux descripteurs, au lieu d’emplacements spécifiques. Le

participant est donc invité à indiquer l’endroit sur la ligne qui représente le mieux son

opinion, expérience ou croyance. Puis, un score est attribué en fonction de la distance

mesurée avec les extrémités, selon un degré de précision défini par l’investigateur. Ce type

d’échelle comporte dans avantages intéressants, comme un plus grande sensibilité au

changement, surtout lorsque celui-ci est intra-individuel (permet de minimiser le biais de

rappel), mais également des désavantages, comme le fait que le choix de l’emplacement est

davantage idiosyncrasique et plus difficile à comparer en interindividuel (DeVellis, 2016).

Si on utilise une échelle de type Likert ou sémantique différentielle, certains critères peuvent

aider à choisir le nombre optimal de choix de réponses, comme le degré de variabilité désirée,

la longueur de l’outil (plus il est long à compléter, plus il devient fatiguant de choisir entre

un nombre élevé de choix de réponse), la capacité des répondant à discriminer entre les choix

offerts et la précision des scores désirée par l’investigateur (DeVellis, 2016). Finalement, un

nombre pair d’options de réponse force un engagement vers une des extrémités et un nombre

impair permet au répondant une position de neutralité ou d’indécision.

Étape 4 : Révision de la sélection initiale d’items par un groupe d’experts

Après avoir convenu d’une définition claire du concept à mesurer et généré un grand

bassin d’items de format approprié au contexte et au contenu, il est fortement suggéré de

demander à un groupe d’experts, c’est-à-dire particulièrement familier avec le domaine

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43

concerné, d’évaluer la qualité des items afin d’en maximiser la validité de contenu de

l’échelle (DeVellis, 2016). Pour ce faire, la définition du concept à mesurer, ainsi que de ses

sous-dimensions si nécessaire, leur sont fournies, ce qui leur servira de référence pour

l’évaluation. On peut leur donner l’opportunité de commenter cette définition. Ensuite, les

experts évaluent chacun des énoncés selon leur degré de pertinence (avec le construit général,

plus ou moins ses sous-dimensions) et leur clarté (DeVellis, 2016). On peut également leur

laisser la possibilité d’écrire des commentaires ou des suggestions d’énoncés alternatifs.

Enfin, il peut être intéressant de leur laisser un espace pour émettre leurs commentaires

généraux sur l’échelle et indiquer si des aspects importants du construit à l’étude ne sont pas

couverts par les items. Au final, il est de la responsabilité de l’investigateur d’accepter ou de

refuser les suggestions des experts.

Étape 5 : Administrer le questionnaire à un premier échantillon

Afin de pouvoir évaluer les qualités psychométriques du nouvel outil de mesure

fraichement élaboré, un échantillon doit être recruté pour procéder à la validation du

questionnaire (DeVellis, 2016). DeVellis (2016) suggère qu’un groupe de 300 participants

(possiblement moins si l’échelle comporte moins de 20 items) permet de minimiser les

conséquences d’un échantillon trop petit, soit principalement des patrons de covariations (et

donc un coefficient alpha et une structure factorielle) instables. Pour sélectionner un

échantillon approprié, il faut s’assurer qu’il soit représentatif de la population à qui l’outil de

mesure sera administré. Par ailleurs, d’autres questionnaires devraient optimalement être

inclus dans la batterie de tests administrés à l’échantillon choisi afin de pouvoir étayer la

validité du questionnaire, classiquement au moins un questionnaire pour tester la validité

convergente (un test mesurant le même construit que celui à l’étude ou y étant fortement

relié) et un questionnaire pour tester pour la validité divergente (typiquement une échelle de

désirabilité sociale). Un questionnaire sociodémographique est également fréquemment

administré au début de la série de test afin de bien caractériser l’échantillon.

Étape 6 : Évaluation de la qualité des items

Après avoir administré le test à un échantillon suffisamment grand et représentatif, il

est maintenant temps d’évaluer les performances individuelles des items et du test dans son

ensemble afin d’en sélectionner les meilleurs.

Page 50: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

44

Il existe plusieurs modèles théoriques de la mesure sur lesquels il est possible de

s’appuyer pour faire l’évaluation des items, mais les plus populaires sont de loin la théorie

classique des tests et la théorie de la réponse aux items (Hubley & Zumbo, 2013).

Pour effectuer l’analyse des items en théorie classique des tests (TCT), plusieurs

indicateurs sont utilisés. D’abord, la matrice des corrélations inter-items est étudiée afin

d’identifier les items qui sont très peu (voir pas du tout) corrélés avec les autres items du test,

ou qui démontrent des corrélations positives avec certains items et des corrélations négatives

avec d’autres. Si ces patrons sont identifiés, cela suggère que lesdits items renvoient à une

partie du construit (ou carrément à un autre construit) qui n’est pas bien représenté par les

items du test (Hubley & Zumbo, 2013). Les patrons de corrélations inter-items aident

également à expliquer les corrélations item-total plus basses, généralement définies à moins

de .30, valeur à partir de laquelle on doit remettre en question la capacité de l’item à

représenter le construit. On utilise souvent les corrélations item-total corrigées, qui n’incluent

pas dans le total l’item en question, ce qui a davantage d’impact lorsque le nombre total

d’items est faible (Hubley & Zumbo, 2013). Cet indicateur précise donc à quel point l’item

est un bon « mini-test » de l’échelle dans la globalité et aide à la sélection des items qui

formeront l’échelle finale. Ensuite, le coefficient alpha, représentant la proportion de

variance attribuable au score vrai de l’échelle, un indice de fidélité, est calculé. Un alpha

entre .70 et .80 est généralement considéré comme respectable (acceptable), entre .80 et .90

comme très bon (appréciable), alors que des valeurs significativement supérieures à .90

devraient soulever la possibilité de raccourcir l’échelle (DeVellis, 2016). Puis, en analysant

le « alpha si item éliminé », soit le coefficient de cohérence interne alpha calculé sans l’item

analysé, permet d’identifier les items pour lesquels ce paramètre est plus élevé que le alpha

de base, ce qui en suggèrerait fortement l’élimination ou la révision; puisque l’échelle semble

plus fidèle sans cet item. Pour évaluer la qualité d’un item, il est également suggéré

d’analyser sa variance, cette dernière devant être suffisamment élevée pour permettre de

bonnes corrélations entre les items (DeVellis, 2016). L’indice de difficulté, quant à lui défini

la proportion de répondants ayant répondu correctement à l’item (c’est-à-dire dans le sens du

construit mesuré), ou la moyenne divisée par le score maximum à un item s’il s’agit d’une

échelle de réponse polytomique, permet de vérifier à quel point les énoncés sont endossés

correctement (ou fortement) par les répondants et d’ajuster la sélection des items finaux en

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45

fonction des buts de l’échelle (Hubley & Zumbo, 2013). Par exemple, est-il important d’avoir

des items couvrant un large spectre du construit mesuré ou s’intéresse-t-on à discriminer

entre des individus qui possèdent un niveau élevé versus très élevé de la variable latente à

l’étude? Finalement l’index de discrimination est une mesure de l’efficacité d’un item à

discriminer entre un score faible et un score élevé au test (Hubley & Zumbo, 2013). Cet

indice est généralement maximisé lorsque l’indice de difficulté d’un item est près de .5. En

TCT, ces deux indices dépendent de l’échantillon auquel les items ont été administrés. Afin

d’avoir des paramètres stables en TCT, un nombre minimal de 200 participants est

généralement recommandé (Hubley & Zumbo, 2013).

En théorie de réponse aux items (TRI), un grand nombre de répondants est nécessaire

(souvent au moins 500) afin de satisfaire les conditions d’utilisations (monotonicité,

unidimensionnalité, indépendance locale) plus strictes qu’en TCT (Hubley & Zumbo, 2013).

Ce grand nombre de répondants permet de calculer des paramètres qui sont considérés

indépendants de l’échantillon et de créer des courbes caractéristiques d’items et d’options

qui représentent la probabilité d’endosser l’item ou l’option selon le niveau de la variable

latente (thêta). Ces courbes peuvent être définies par un maximum de 3 paramètres.

Premièrement, le niveau de difficulté, b, représente le niveau de thêta (variable latente) où la

probabilité d’endosser l’item (ou l’option) est de 50%. Il s’agit également du point

d’inflexion de la courbe de régression. Deuxièmement, l’indice de discrimination, a,

représente la pente de la courbe au point d’inflexion b, et donc la capacité de l’item, ou de

l’option, à discriminer entre les différents niveaux de la variable latente; cet indice étant

toujours maximal à b : plus on s’éloigne de b, plus la pente s’aplatie. Finalement, l’indice de

chance, c, est utilisé pour modéliser la probabilité de sélectionner la bonne réponse même

quand le niveau de la variable latente est infiniment petit; il s’agit de l’asymptote de la courbe.

Par ailleurs, au contraire de la TCT qui ne permet le calcul que d’un estimateur singulier de

la fiabilité, la TRI permet le calcul de la fonction d’information pour chacun des items du

test, indiquant le degré de précision des items selon le niveau de la variable latente (Hubley

& Zumbo, 2013).

Page 52: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

46

Étape 7 : Optimiser la longueur de l’échelle

Après avoir analysé les caractéristiques des items, il est possible, voire souhaitable,

dans plusieurs instances de diminuer la longueur de l’échelle de mesure en sélectionnant les

items les plus performants selon le modèle théorique utilisé et la fonction de l’outil. Pour ce

faire, un équilibre doit être identifié entre l’acceptabilité (brièveté) de l’échelle et de bonnes

qualités psychométriques.

Étape 8 : Validation de l’échelle de mesure

À ce point, on peut maintenant procéder à l’étude de la validité de l’échelle, c’est-à-

dire effectuer un jugement évaluatif intégré du degré auquel l’évidence empirique et les

rationnels théoriques étayent les interprétations et les actions basées sur un score associé à

une échelle de mesure (Hubley & Zumbo, 2013). Hubley et Zumbo (Hubley & Zumbo, 2011)

proposent un modèle unifié et intégré de la validité où de multiples facettes peuvent être

analysées afin de venir soutenir la signification et les qualités des inférences attribuées à

l’échelle. Les facettes les plus importantes et populaires seront analysées dans ce mémoire,

soit la fidélité, la structure factorielle, l’évidence de contenu, l’évidence de construit et

l’évidence critérielle.

La fidélité d’un test réfère à sa capacité à donner des résultats (scores) reproductibles

ou en d’autres mots, à être libre d’erreurs de mesure (Hubley & Zumbo, 2013). Une échelle

avec une bonne fidélité est une condition nécessaire, mais non suffisante à une échelle valide

(Hubley & Zumbo, 2013); elle est donc souvent évaluée en premier lieu. Il existe trois types

principaux de mesure de la fidélité. Premièrement, la forme équivalence est calculée en

établissant une corrélation entre les scores de deux variantes d’un même test à un même

échantillon. Deuxièmement, la stabilité est établie en calculant la corrélation entre les scores

à un même test administré à deux occasions différentes au même échantillon (test-retest).

Troisièmement, la cohérence interne est définie par plusieurs indices, dont le plus populaire

est le alpha de Cronbach, et reflète le degré de variance des scores qui s’explique par des

différences réelles entre les individus au niveau de la caractéristique mesurée (score vrai) en

rapport avec l’erreur de mesure aléatoire, ou le « bruit » (Hubley & Zumbo, 2013). Avec des

mesures d’observation et de cotation du comportement, on peut également calculer la fidélité

Page 53: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

47

inter-juge qui mesure le degré d’accord au niveau du score octroyé par plus d’un observateur

(DeVellis, 2016).

L’analyse de la structure factorielle est une méthode statistique permettant (1) de

découvrir combien de facteurs (variables latentes) expliquent la variance des items d’un test

et (2) de confirmer si les items reflètent bien les dimensions théoriques postulées. Deux

approches sont généralement reconnues; la première approche est dite exploratoire (analyse

factorielle exploratoire) et la deuxième, confirmatoire (analyse factorielle confirmatoire). Il

est important de connaitre la structure factorielle d’un questionnaire car celle-ci affecte la

façon de calculer les scores, la fidélité et la validité des inférences de ce dernier (Hubley &

Zumbo, 2013). En effet, si l’échelle est multidimensionnelle, il faudra effectuer ces analyses

(fidélité et validité) sur chacune des sous-échelles et un score total ne pourra être utilisé à

moins de démontrer la viabilité d’une structure de deuxième ordre (Hubley & Zumbo, 2013);

cela démontrerait qu’un facteur général « explique » et unie les facteurs de premier ordre.

Finalement, si la structure factorielle empiriquement identifiée corrobore le modèle

théorique, cela étaye davantage la validité de construit.

La validité de contenu évalue le degré auquel les éléments d’un instrument de mesure

sont pertinents et représentatifs du construit ciblé (Hubley & Zumbo, 2013). Dans la plupart

des cas, cela se fait par un groupe d’expert (du domaine en question, de la mesure et

évaluation), qui se positionnent sur le degré de représentativité de chaque item et sur

l’exhaustivité de l’instrument à couvrir le concept ciblé. Il faut également évaluer

l’adéquation de la définition du construit, de même que la qualité des instructions et la

pertinence du format de réponse choisi (Hubley & Zumbo, 2013). Un feedback quantitatif et

qualitatif est souhaitable.

L’évidence de construit s’intéresse à la relation théorique d’une variable (la mesure

du construit à l’étude) à d’autres variables, c’est-à-dire à quel point cette mesure se comporte

de la même façon que le construit théorique qu’elle tente de mesurer et se comporte en lien

avec des mesures établies du même construit ou de construits apparentés (DeVellis, 2016).

Il y a deux types d’évidence de construit. D’abord, l’évidence de validité convergente teste

la force du lien entre la mesure du construit à l’étude et celle d’un autre instrument mesurant

le même construit ou un construit y étant fortement relié, par exemple la dépression et

Page 54: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

48

l’anxiété (Hubley & Zumbo, 2013). Ensuite, des mesures de validité discriminante (ou

divergente), quant à elles, ne devraient pas corréler avec l’instrument qui mesure le construit

d’intérêt, car elles réfèrent à des construits théoriquement non reliés, par exemple la

dépression et l’intelligence, ou pour lesquels on cherche explicitement à démontrer une

distinction, par exemple la désirabilité sociale et l’alliance thérapeutique (Hubley & Zumbo,

2013). D’une certaine façon, les mesures discriminantes et convergentes peuvent être

considérées comme étant situées sur un continuum. Dans tous les cas, les corrélations des

mesures discriminantes devraient être significativement plus basses que celles des mesures

convergentes. Aussi, il faut être conscient qu’une partie de la covariation entre deux mesures

peut être causée par le fait que leur méthode de mesure est similaire, et donc deux mesures

convergentes devraient corréler au-delà de ce qui peut être attribué à la similitude de leurs

méthodes de mesure respective (DeVellis, 2016).

La validité critériée démontre le degré de corrélation des scores de l’échelle à l’étude

avec un indicateur de résultats (construit, diagnostic, comportement etc.), c’est-à-dire ce

qu’on tente de prédire avec le nouvel outil de mesure (Hubley & Zumbo, 2013). Il y a deux

types de validité critériée: la validité prédictive et concourante ou concomitante. La validité

prédictive examine à quel point un score d’un test prédit un critère situé dans le futur (par

exemple : succès d’une psychothérapie), alors que la validité concourante, décrit la force

d’une relation avec un critère évalué au même moment, dans le présent.

La validité incrémentielle représente quant à elle l’habileté d’un score d’une échelle

de mesure, en comparaison au score d’une échelle de mesure de référence, à prédire ou

expliquer une partie de variance supplémentaire (dite unique) d’un construit (Sechrest, 1963).

Par exemple, si un nouvel outil mesurant l’alliance thérapeutique permet de prédire une part

supplémentaire de la variance d’un résultat thérapeutique (amélioration symptomatique) à

comparer à une échelle d’alliance déjà existante, on pourra dire qu’il s’agit d’une preuve de

validité incrémentielle, c’est-à-dire que le nouveau questionnaire présente une certaine valeur

ajoutée par rapport à celui auquel il est comparé. Dans ce mémoire, en plus de faire l’étude

de la validité incrémentielle du nouvel outil de mesure en comparaison à celui de référence,

plusieurs autres qualités psychométriques seront comparées afin de mettre en évidence les

apports de l’échelle de mesure créée.

Page 55: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

49

Chapitre 6 : Stratégies d’élaboration du QIAT

Ayant déjà élaboré et justifié de façon exhaustive une définition modernisée et

intégrative du construit de l’alliance thérapeutique, la prochaine étape consiste à expliquer le

rationnel ayant conduit au choix du format de l’instrument de mesure opérationnalisant cette

définition, que nous avons nommé le Questionnaire intégratif de l’alliance thérapeutique

(QIAT).

D’abord, étant donné le contexte géographique et culturel dans lequel l’instrument

sera utilisé, soit au Québec, il a été élaboré en français étant donné qu’il s’agit de la langue

officielle et aussi celle parlée par la grande majorité des Québécois (Statistique Canada,

2017). Par ailleurs, étant donné qu’une portion non négligeable de Québécois ont plus de

facilité avec l’anglais (ou ne parle carrément pas le français), une version anglaise du QIAT

a également été conçue à partir d’une traduction effectuée par l’auteur et sa directrice, une

fois les premières étapes de sa conception terminée (avant l’étape de la validation). Ensuite,

bien qu’une version du questionnaire rempli par les thérapeutes ait également été construite,

les énoncés d’attitude ont été élaborés en privilégiant le point de vue du patient, comme

plusieurs études rapportent une tendance favorisant le pouvoir prédictif de l’alliance sur les

résultats thérapeutiques lorsqu’elle est mesurée par ce dernier, versus par un observateur ou

par le thérapeute (Horvath, Del Re, Flückiger, & Symonds, 2011; Horvath & Symonds,

1991). De plus, même si une version référant à l’alliance globale telle que perçue depuis le

début du suivi a été conçue, les énoncés ont été développés dans le souci de pouvoir refléter

des attitudes pouvant se manifester à chaque séance et dans toutes les phases du traitement

(pas seulement au début), afin que le questionnaire puisse être utilisé dans les traitements

informés par la rétroaction et pour pallier au manque d’instrument de qualité mesurant

spécifiquement l’alliance thérapeutique lors de la dernière séance. Aussi, les énoncés ont été

créés dans l’optique d’être indépendants de tout modèle théorique (approche

psychothérapeutique, modèle d’intervention) et de pouvoir être utilisé dans tous les contextes

de relation d’aide, c’est-à-dire non seulement dans un contexte psychothérapeutique, mais

également dans des suivis effectués par des intervenants pour des motifs reliés à la santé

mentale ou au bien-être psychologique (médecin, psychologue, infirmier, travailleur social,

éducateur, etc.). En effet, l’alliance thérapeutique est un concept panthéorique agissant dans

tous les types de relation d’aide. En ce qui a trait au format du questionnaire, nous avons

Page 56: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

50

choisi une échelle de type Likert avec des énoncés référant à des attitudes du thérapeute, du

patient ou de la dyade. De plus, les attitudes affectives ont été privilégiées, tel que suggéré

dans les études qualitatives portant sur la perception de l’alliance par les patients, et

contrairement aux questionnaires les plus populaires mesurant ce construit (Horvath &

Greenberg, 1989; Luborsky et al., 1996; Marmar & Gaston, 1988). Nous avons d’abord

choisi un format de réponse à six ancrages, allant de (1) « fortement en désaccord » à (6)

« fortement en accord », car il a été démontré que les options inférieures étaient très peu

endossées et donc très faiblement discriminantes lorsqu’un nombre d’ancrages supérieur à

sept était utilisé pour mesurer l’alliance thérapeutique (Hatcher & Gillaspy, 2006). Aussi, six

choix de réponse permettent d’éviter les tendances centrales, ce que nous voulions éviter.

Finalement, les énoncés ont été élaborés à un niveau de difficulté de lecture de sixième année,

étant donné le niveau d’éducation variable de la population visée par le questionnaire, et

aucun item n’a été formulé à la négative, afin de limiter les biais de confusion, ces items

performant généralement moins bien lorsque le questionnaire est utilisé dans une population

« générale » (DeVellis, 2016). D’ailleurs, Hatcher et Gillapsy (2006) en sont également

venus à cette conclusion lors de la création de leur version courte (WAI-SR) de l’échelle

d’alliance thérapeutique la plus utilisée, la WAI.

Pour déterminer le nombre d’items visé pour la version finale du questionnaire,

plusieurs critères ont été considérés. D’abord, étant donné les deux dimensions

théoriquement présumées dans notre conceptualisation de l’alliance, soit le lien

socioémotionnel et le lien collaboratif, un nombre minimal de six items (trois par dimension)

a été fixé afin de pouvoir tester adéquatement une structure à deux dimensions (Little, 2003).

Ensuite, considérant le nombre de sous-dimensions à couvrir, soit dix au total, et en se

laissant une certaine marge de manœuvre pour bien représenter les facettes de sous-

dimensions plus difficiles à cerner avec seulement un énoncé, un maximum de 15 items a été

fixé. Évidemment, un nombre plus grand d’énoncés aurait pu permettre une couverture plus

exhaustive du construit, mais le souci de brièveté associé à l’intention d’utiliser l’échelle en

clinique et non seulement en recherche a influencé fortement cette décision. Les définitions

de l’alliance thérapeutique, des dimensions du lien socioémotionnel et collaboratif ainsi que

celles des 10 sous-dimensions sont présentées à l’annexe 1 pour des fins de rappel.

Page 57: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

51

Ainsi, tel que suggéré par DeVellis (2016), qui recommande la création de trois à

quatre fois plus d’items dans la banque initiale que ce qui est visé pour la version finale du

questionnaire, une cinquantaine d’énoncés ont été générés par l’équipe de chercheurs à l’aide

d’un processus intégratif (s’inspirant des instruments de mesure de l’alliance thérapeutique

déjà existants, principalement ceux décrits dans le chapitre 3), créatif et itératif. Ainsi, cinq

énoncés ont été élaborés pour représenter chacune des dix sous-dimensions. Puis, de ces 50

énoncés, 36 ont été sélectionnés (élimination des items jugés redondants) pour être évalués

par un groupe de dix experts, constitué de psychothérapeutes et de psychologues

d’expérience ainsi que de spécialistes en mesure et évaluation. Ces experts ont également

reçu une liste de consignes ainsi qu’une définition pour chacun des construits évalués

(alliance thérapeutique, lien socioémotionnel et collaboratif ainsi que les dix sous-

dimensions) afin d’analyser les 36 items. D’abord, ils devaient évaluer à quelle dimension

l’énoncé faisait référence. Puis, ils devaient évaluer le niveau de pertinence (sur une échelle

allant de (1) « non pertinent » à (4) « très pertinent ») et de clarté (sur une échelle allant de

(1) « très ambigu » à (4) « très clair »). Finalement, ils avaient la possibilité d’écrire des

commentaires ou des suggestions concernant chacun des énoncés et en lien avec l’outil de

mesure de façon générale. Pour faire partie de la sélection finale, les items devaient avoir un

score de clarté et de pertinence de plus de 3,5/4, être correctement associés à leur dimension

par au moins huit des 10 experts, en plus de couvrir toutes les sous-dimensions. Ainsi, 26 des

36 énoncés ont été correctement associés à leur dimension respective par 100% des experts

et seulement deux énoncés par moins de 75% des experts. Les items ont été jugés pertinents

ou très pertinents dans la grande majorité des cas (moyenne de 3,64/4) et relativement clair

ou très clair dans les mêmes proportions (moyenne de 3,65/4).

À la suite de cette analyse, 14 énoncés ont été sélectionnés à l’aide d’un processus

intégrant les scores (dimension appropriée, pertinence et clarté) ainsi que les commentaires

et suggestions des experts, de même que le jugement de l’équipe de chercheurs, pour former

la version finale du questionnaire. Parmi les 14 items ayant fait la sélection finale, trois n’ont

subi aucune modification, neuf ont subi des modifications mineures pour améliorer leur clarté

et deux des modifications plus importantes afin d’améliorer leur pertinence pour satisfaire

aux critères ci-haut. Chaque sous-dimension est représentée par un item, sauf pour

l’acceptation inconditionnelle, l’empathie, la négociation des objectifs et celle des tâches, qui

Page 58: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

52

nécessitaient deux items pour couvrir adéquatement les construits. Ce nombre d’items permet

selon nous un bon équilibre entre la brièveté nécessaire pour une utilisation répétée en

clinique et l’exhaustivité favorisant de bonnes propriétés psychométriques. Tel que

mentionné précédemment, une version « intervenant » (mesurant les mêmes attitudes, mais

du point de vue de l’intervenant), ainsi qu’une version « suivi global » (mesurant les mêmes

attitudes, mais de façon tendancielle depuis le début du suivi) ont ensuite été élaborées en

adaptant légèrement la syntaxe des énoncés. Puis, ces derniers ont été traduits en anglais par

l’équipe de chercheurs.

Pour commencer, une étude de validation préliminaire (échantillon développemental)

de la version française du QIAT-dernière séance et suivi global (client) a été menée afin d’y

apporter les ajustements nécessaires pour l’étude de validation formelle, le cas échéant. Ainsi,

162 canadiens (140 femmes, 21 hommes et un transgenre) maitrisant la langue française,

âgés entre 18 et 63 ans (M = 32.6 ans, É.T. = 10.0) et ayant un suivi individuel actif avec un

psychothérapeute membre de l’ordre des psychologues du Québec (possédant un permis

valide), au moins une fois par mois, pour des motifs reliés à la santé mentale et/ou au bien-

être psychologique ont été inclus dans cette étude préliminaire. Les participants ont été

recrutés par le biais de médias sociaux, de groupes de discussion en ligne et de courriels

institutionnels provenant de l’Université Laval (Québec, Canada) où ils étaient invités à

remplir des questionnaires, de façon anonyme, sur une plateforme sécurisée en ligne

(LimeSurvey). Le recrutement s’est déroulé de novembre à décembre 2019.

Cette phase de l’étude a été cessée précocement en raison de plusieurs problèmes.

D’abord, un effet plafond particulièrement important a été noté pour trois items (2, 4 et 5),

avec des moyennes supérieures à 5.5/6, avec des écarts-types faibles (inférieurs à .75),

signifiant que ces items s’avéraient trop faciles à endosser, ce qui limitait leur variance. Par

conséquent, le contenu de ces items a été modifié légèrement afin de les rendre plus difficiles

à endosser, dans le but d’augmenter la variance des scores totaux du questionnaire.

Ensuite, le format de réponse a été modifié, car les deux options inférieures (fortement

en désaccord et plutôt en désaccord) étaient endossées par moins de 3% des participants pour

plus du trois quarts des items. Ainsi, le nombre de choix de réponse a été réduit à cinq en

regroupant les deux options inférieures. Par ailleurs, pour limiter le risque de tendance

Page 59: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

53

centrale, augmenter le pouvoir discriminant des options et favoriser la variance, les ancrages

ont été modifiés pour représenter un niveau de caractérisation de l’expérience plutôt qu’un

niveau d’accord : « Ceci correspond pas du tout/un peu/moyennement/beaucoup/totalement

à mon expérience ».

Par ailleurs, nous avons décidé d’élargir les critères d’inclusion en permettant aux

clients suivis par tous les types d’intervenants (versus seulement par un psychothérapeute),

en autant que le motif soit relié à la santé mentale, de participer à l’étude, pour faciliter le

recrutement et augmenter la puissance des tests statistiques. Par conséquent, le terme

« thérapeute » a été remplacé par « intervenant » dans les consignes et les énoncés de chacun

des items. C’est donc cette version améliorée qui a fait l’objet d’une étude de validation

formelle, dont les étapes seront détaillées dans le prochain chapitre.

Finalement, en ce qui a trait à l’interprétation des scores du QIAT, étant donné les

deux dimensions théoriquement postulées (lien socioémotionnel et collaboratif), nous

anticipions que bien que les scores aux dimensions soient un reflet plus riche et plus

spécifique du niveau d’alliance thérapeutique, que le score total puisse également être

interprété comme le niveau global et général d’alliance. Ainsi, plus les scores s’avèrent

élevés, plus l’alliance thérapeutique peut être interprétée comme étant de qualité.

Les quatre versions initiales ainsi que les quatre versions modifiées (finales) du QIAT

sont présentées à l’Annexe 2 et 3.

Page 60: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

54

Chapitre 7 : Méthodologie de l’étude de validation

Objectifs et hypothèses

Après avoir effectué une étude de validation préliminaire du QIAT-DS et du QIAT-

SG et apporté les modifications nécessaires aux questionnaires, nous avons procédé à une

étude de validation exhaustive de ces nouvelles versions. Comme ces deux versions ont des

utilités et des fonctions légèrement différentes, la version « suivi global » étant surtout utile

en recherche, et la version « dernière séance » ayant été entre autres élaborée pour son

utilisation dans les thérapies informées par la rétroaction (TIR), il s’avère essentiel de les

inclure toutes les deux dans ce processus, afin notamment d’en étudier les similitudes et les

distinctions.

Pour ce qui est du QIAT-SG, six objectifs ont été fixés. (1) Premièrement, nous avons

procédé à l’étude des propriétés psychométriques du questionnaire à l’aide de la théorie

classique des tests (TCT) et à une analyse factorielle exploratoire et (AFE) pour sélectionner

les meilleurs items formant la version finale du QIAT-SG. (2) Deuxièmement, la structure

factorielle de la version finale a été testée par analyse confirmatoire, l’hypothèse étant, en

accord avec les modèles théoriques proposés dans la littérature et les études empiriques sur

le sujet (Elvins, 2008; Hatcher, 1996; Horvath, 2018; Krause, 2011), que le modèle à deux

facteurs corrélés (lien socioémotionnel et collaboratif) serait le mieux ajusté aux données. (3)

Troisièmement, la validité de construit a été explorée en étudiant la convergence du score

total du QIAT-SG avec le questionnaire d’alliance thérapeutique le plus populaire et

considéré comme la mesure étalon dans la littérature, soit la WAI-SR (Hatcher & Gillaspy,

2006); un lien positif d’intensité relativement fort était attendu, mais avec des distinctions

suffisantes pour justifier la pertinence de son existence. (4) Quatrièmement, l’absence

d’influence de la désirabilité sociale, du niveau de détresse psychologique, de certaines

caractéristiques du traitement (type de suivi et d’approche psychothérapeutique), des

participants (âge, sexe, niveau d’éducation, motif principal de consultation) et des

intervenants (sexe, concordance du sexe avec client type de professionnel) a été vérifiée afin

d’étayer la validité discriminante de l’échelle. (5) Cinquièmement, la validité critériée

concourante a été explorée en étudiant la relation du QIAT-SG avec la satisfaction des soins

reçus (un lien positif d’intensité modéré à fort étant attendu; Doran et al., 2016; McCabe &

Priebe, 2004) et le niveau de dysfonctionnement de la personnalité (un lien négatif d’intensité

Page 61: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

55

léger à modéré étant attendu, surtout avec la composante interpersonnelle; Doran et al., 2016;

Muran, Segal, Samstag, & Crawford, 1994). (6) Sixièmement, une étude comparative avec

le WAI-SR a été menée afin d’étayer sa validité incrémentielle. À cet effet, leurs effets

plafond respectifs, leur variance, la qualité de leur structure factorielle, leur degré de

redondance avec la satisfaction des soins reçus et leur niveau de pertinence en fonction du

nombre de séances ont été comparés.

Pour ce qui est du QIAT-DS, le but principal était créer une version « ultra-brève »

du questionnaire (quatre à six items maximum) afin qu’il puisse être adapté à son utilisation

prévue dans les TIR. (1) Le premier objectif visait à faire une sélection finale se basant sur

une analyse exhaustive et comparative des propriétés psychométriques des items et visant à

minimiser les lacunes observées dans les autres mesures d’alliance déjà existantes ainsi que

d’en maximiser la plus-value, la spécificité et la pertinence, peu importe la durée du

traitement. (2) Ensuite, différentes structures factorielles ont été testées sur la version finale

ultra-brève en analyse confirmatoire afin d’identifier celle qui était le mieux ajustée aux

données. (3) Puis, la validité convergente a été explorée en étudiant la force du lien entre le

QIAT-DS et le SRS (Duncan et al., 2003), un questionnaire ultra-bref de l’alliance

thérapeutique couramment utilisé dans les TIR (Lambert & Shimokawa, 2011), ainsi qu’avec

le SAI (Falkenström, Hatcher, Skjulsvik, Larsson, & Holmqvist, 2015), une version ultra-

brève à six items issus du WAI-SR. Un lien positif d’intensité relativement fort, mais

suffisamment distinct pour justifier l’existence de nouveau questionnaire, était attendu.

Finalement, après avoir complété les mêmes analyses de validité discriminante (4) et

concourante (5) que pour la QIAT-SG, une étude comparative avec le SRS et le SAI

(Falkenström et al., 2015) a complété cette portion de l’étude afin d’en démontrer la validité

incrémentielle (6).

Participants et procédure

Un total de 223 canadiens maitrisant la langue française (196 femmes, 22 hommes,

quatre non binaires et un transgenre) âgés entre 18 et 73 ans (M = 35.1 ans, É.T. = 12.3 ans)

et ayant un suivi individuel actif avec un intervenant, au moins une fois par mois, pour des

motifs reliés à la santé mentale et/ou au bien-être psychologique, ont été inclus dans l’étude.

Les participants ont été recrutés par le biais de médias sociaux, de groupes de discussion en

Page 62: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

56

ligne et de courriels institutionnels de l’Université Laval (Québec, Canada) où ils étaient

invités à remplir des questionnaires, de façon anonyme, sur une plateforme sécurisée en ligne

(LimeSurvey). Le recrutement s’est déroulé de novembre 2019 à mai 2020. Les

caractéristiques des participants, des intervenant ainsi que du type de suivi rapporté sont

présentés au Tableau 8.

Tous les participants ont donné leur consentement à ce que les données recueillies

soient utilisées dans le cadre de cette recherche et ils avaient l’option à la fin de la passation

des questionnaires de fournir leur consentement pour que leurs données soient conservées

dans une autre banque de données régit par un cadre de gestion détenue par la directrice de

recherche et ayant reçu l’aval du comité d’éthique à la recherche intersectoriel en

neurosciences et santé mentale du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux

de la Capitale-Nationale. Un incitatif était également fourni sous la forme de trois carte-

cadeaux Amazon d’une valeur de 50$ qui ont été tirées au hasard à la fin de la période de

recrutement pour les participants de l’échantillon communautaire qui désiraient participer au

tirage. Cette étude a été approuvée par le comité d’éthique de l’Université Laval.

Mesures

Un bref questionnaire sociodémographique a été élaboré aux fins de cette étude

(Annexe 6). Les participants devaient y indiquer leur âge, leur sexe, leur pays d’origine, leur

occupation, leur niveau de scolarité, leur motif principal de consultation, le sexe et le titre

professionnel de leur intervenant (avec le type d’approche psychothérapeutique si

applicable), ainsi que le nombre de séances écoulées depuis le début de leur suivi et la

fréquence de ce dernier.

Le Working Alliance Inventory – Short Form Revised (WAI-SR; Hatcher & Gillaspy,

2006) est la version courte la plus récente de la Working Alliance Inventory (WAI; Horvath

& Greenberg, 1989), l’outil de mesure de l’alliance le plus utilisé en recherche (Hatcher et

Gillapsy, 2006), spécifiquement élaboré à partir du modèle théorique tripartite de l’alliance

de travail de Bordin. Il a été conçu pour mesurer 3 dimensions : le lien affectif, le consensus

sur les objectifs et l’entente concernant les tâches thérapeutiques. Il mesure l’alliance globale

telle que perçue par le patient depuis le début de la thérapie. La version WAI-SR est

composée de 12 items choisis à partir des 36 items de la version originale à l’aide d’analyses

Page 63: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

57

exploratoires et confirmatoires ainsi que de la théorie des réponses aux items. Il utilise des

choix de réponse de type likert en 5 points, variant entre (1) « rarement » et (5) « toujours ».

Dans cette étude, la version française (Bottemine, 2017) utilisée a démontré des indices de

cohérence interne (alphas de Cronbach) de .94 pour l’échelle globale et de .86, .90 et .91 pour

les trois dimensions citées dans l’ordre ci-haut. Dans cette étude, des modifications légères

ont été apportées à certains énoncés de cette version afin d’homogénéiser l’outil au contexte

québécois et d’en augmenter la cohérence avec la version anglophone originale. La version

ultra-brève à six items de la WAI-SR, le Session Alliance Inventory (SAI; (Falkenström et

al., 2015), élaborée pour en favoriser l’utilisation répétée de séance en séance, a également

été utilisée pour fin de comparaison dans cette étude (α=.88).

L’échelle d’évaluation des résultats de la séance ou SRS (Session Rating Scale; Duncan

et al., 2003; ) est une échelle ultra-brève et autoadministrée en fin de session, qui est destinée

à mesurer les trois dimensions de l’alliance thérapeutique correspondantes au modèle de

Bordin (1979). Elle est formée de quatre questions avec ancrages de type échelle visuelle

analogue mesurant dix centimètres et associée à des énoncés de valeur opposée, permettant

un score total maximum de 40 points (la cotation se fait en additionnant le score des quatre

questions en arrondissant au dixième de centimètre près). Les items mesurent respectivement

la relation entre le patient et le thérapeute, l’entente sur les buts et objectifs de la thérapie,

l’entente sur les tâches thérapeutiques, et une quatrième question est destinée à mesurer la

qualité globale de la séance. Il a été conçu spécifiquement pour être utilisé de façon répétée

à chaque séance, priorisant ainsi la faisabilité clinique sur les propriétés psychométriques, et

est adapté pour les besoins du traitement informé par la rétroaction (Duncan et al., 2003). La

version française de l’échelle (Cazauvieilh, 2018) a été utilisée pour cette étude et a démontré

un indice de cohérence interne de .88.

Le questionnaire de satisfaction du consommateur (CSQ-8; Sabourin, Pérusse, &

Gendreau, 1989) est une traduction française de la version abrégée du questionnaire original

de 18 questions mesurant la satisfaction des clients à l’égard d’un service rendu (Larsen,

Attkisson, Hargreaves, & Nguyen, 1979). Il regroupe les huit items ayant les coefficients de

saturation les plus élevés sur le seul facteur retenu du questionnaire à 18 questions (CSQ-8;

Sabourin, Pérusse, & Gendreau, 1989). Les clients doivent coter leur niveau d’endossement

Page 64: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

58

pour chacun des énoncés selon une échelle de réponse de type Likert en quatre points dont

les libellés varient selon les énoncés. Dans cette étude, la cohérence interne a été évaluée à

.94.

L'indice de détresse psychologique (ISP-14;, Boyer, Préville, Légaré & Valois. 1993)

est une version française abrégée du Psychological Symptom Index (PSI), développé par

Ilfeld (1976) lors d'une étude sur le stress et les stratégies d'adaptation. La version originale

du questionnaire comporte 29 items qui mesurent quatre dimensions corrélées entre elles et

souvent associées aux troubles affectifs et anxieux: 1'anxiété, la dépression, 1'irritabilité et

les problèmes cognitifs. Le questionnaire évalue différents symptômes dont le répondant doit

évaluer la fréquence au courant des sept derniers jours allant de « jamais » (0) à « très

souvent » (3). Le seuil « clinique » de détresse psychologique a été établi à 23/42 (cinquième

quintile) dans une étude normative populationnelle au Québec; c’est ce seuil qui sera utilisé

dans la présente étude pour départager les patients présentant une détresse cliniquement

significative, reconnaissant que l’ISP-14 n’est pas un outil diagnostic des maladies

psychiatriques, mais qu’il s’agit d’un bon indicateur d’avoir consulté (rapport de cote =5) ou

d’avoir été hospitalisé (rapport du cote=6) pour un problème de santé mentale dans la

dernière année (Guyon & Lavasseur, 1987). La cohérence interne de l’échelle est de .92 dans

la présente étude.

L’échelle sur le fonctionnement personnel et interpersonnel (EFPI; Gamache, Savard,

Leclerc et Côté, 2019) est un instrument de 24 items qui vise à évaluer le fonctionnement de

la personnalité selon quatre dimensions, soit l’identité, l’autodétermination l’empathie et

l’intimité. Les deux premières dimensions peuvent être regroupées ensemble pour former la

dimension intra-personnelle du dysfonctionnement de la personnalité et les deux suivantes,

sa dimension interpersonnelle. Chaque item est répondu à l’aide d’une échelle de type Likert

à cinq points allant de 0 (« Ceci ne me décrit pas du tout ») à 4 (« Ceci me décrit totalement).

L’EFPI a été validé auprès d’échantillons cliniques et provenant de la population générale

dans une étude de Gamache et al. (2019) qui démontre que les dimensions possèdent une

excellente cohérence interne et que l’instrument a une excellente capacité à discriminer et à

prédire la présence de perturbation sur le plan de la personnalité. À ce titre, le seuil clinique

proposé pour l’échelle globale est de 36,48/96 avec une sensibilité de .80, une spécificité de

Page 65: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

59

.82 et un rapport de cote de 18.60 pour détecter un diagnostic de trouble de personnalité

(Gamache et al., 2019). C’est ce seuil qui sera utilisé dans cette étude pour départager les

patients atteints de trouble de personnalité de ceux qui n’en sont pas atteints. La cohérence

interne a été évaluée, dans la présente étude, à .91 pour l’échelle globale, à .87 pour la

dimension personnelle (self) et à .84 pour l’interpersonnelle.

Le Balanced Inventory of Desirable Responding (BIDR; Paulhus, 1984) est un des

questionnaires les plus utilisés pour évaluer la désirabilité sociale. Il est composé de deux

échelles, soit l'autoduperie, la tendance à se décrire de façon honnête, mais biaisée

positivement, et l'hétéroduperie, qui est la tendance à présenter une image favorable de soi à

autrui. Dans cette étude, la version abrégée de 21 items validée en français par D’Amours-

Raymond (2011) a été utilisée. L’individu doit se prononcer sur son niveau d’accord un

utilisant une échelle de type Likert en sept points allant de « Totalement faux » (1) à

« Totalement vrai » (7). Suite aux recommandations de D’Amours-Raymond et al. (2011),

les réponses obtenues ont été recodées de manière dichotomique, les valeurs 6 et 7 indiquant

la présence de désirabilité sociale (coté 1) et les valeurs 1 à 5 en signalant son absence (coté

0). Dans la présente étude, les coefficients de cohérence interne ont été évalués à .71 pour

l’échelle globale et .60 et .67 respectivement pour les dimensions de l’autoduperie (8 items)

et de l’hétéroduperie (13 items).

Analyses statistiques

QIAT-SG

D’abord, les propriétés des items ont été analysées à l’aide de la théorie classique des

tests : moyennes (les plus centrées possibles et avec distribution adéquate) et écarts-type

(moyennement élevés), corrélations inter-items (r entre = 0.10 et 0.90), corrélations items

total corrigées (r > 0.30) et alphas de Cronbach (α > .70 = acceptable; >.80 = appréciable)

pour caractériser la qualité des échelles globales ainsi que de leur sous-dimensions. Ces

analyses ont également été réalisées à l’aide du logiciel SPSS (version 26).

Puis, l’analyse factorielle exploratoire a été menée à l’aide du logiciel SPSS (version

26) en utilisant une méthode d’extraction par analyse en composante principale avec rotation

oblique de type promax afin de tenir compte de la corrélation anticipée entre les facteurs. Les

facteurs ont été retenus si leur valeur propre étaient supérieures à un. Les items, quant à eux,

Page 66: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

60

ont été retenus si leur saturation sur un facteur était supérieure à .40 et qu’ils n’avaient pas

de saturation croisée supérieure à .30 (Tabachnick & Fidell, 2013).

Par la suite, considérant les différents modèles théoriques de l’alliance thérapeutique

et les résultats des études empiriques évaluant les outils de mesure tentant de les

opérationnaliser (Elvins, 2008; Hatcher, 1996; Horvath, 2018; Krause, 2011), cinq modèles

de structure factorielle ont été envisagés et si possible testés l’aide d’analyses factorielles

confirmatoires : un modèle à un facteur (Modèle 1), une solution à deux facteurs corrélés

(lien socioémotionnel et lien collaboratif; Modèle 2); une solution à trois facteurs corrélés,

(séparant en deux facteurs le lien socioémotionnel pour former le lien émotionnel et social,

avec le lien collaboratif comme troisième facteur; Modèle 3); un modèle de deuxième ordre

avec les deux facteurs de premier ordre (lien socioémotionnel et collaboratif) reliés à un

facteur général d’alliance thérapeutique (modèle 4); et un modèle bifactoriel avec un facteur

général d’alliance et deux facteurs spécifiques, les lien socio-émotionnel et collaboratif

(Modèle 5). Aussi, si le modèle exploratoire obtenu était différent de ces derniers, celui-ci a

également été testé. Les analyses ont été effectuées à l’aide du logiciel EQS (version 6.4).

Une estimation par maximum de vraisemblance avec option robuste a été utilisée. Les cas

aberrants ont été éliminés selon leur degré de contribution relative au coefficient d’acuité

(kurtosis) normalisé multivarié. Pour déterminer le modèle s’ajustant le mieux aux données,

le critère d’information d’Akaike corrigé (CAIC avec la valeur la plus faible possible), le

non-normed fit index (NNFI >.90 = acceptable, >.95 = appréciable), le comparative fit index

(CFI >.90 = acceptable, >.95 = appréciable) et le root mean square error of approximation

(RMSEA<.08 = acceptable, <.05 = appréciable) ont été utilisés (Byrne, 2006). Une fois le

meilleur modèle identifié, le test de Wald a été utilisé afin de s’assurer que tous les paramètres

estimés étaient significatifs et le test de Lagrange a par la suite permis d’identifier de

potentielles modifications pour améliorer le modèle, si une justification théorique

raisonnable pouvait y être associée.

Pour étayer la validité de construit, des corrélations bivariées ont été réalisées entre

les scores totaux et les dimensions de la QIAT-SG et de la WAI-SR pour la validité

convergente, ainsi que ceux de la BIDR-21 (désirabilité sociale) et de l’ISP-14 (détresse

psychologique) pour la validité discriminante. Dans la même visée, des séries d’ANOVAs

Page 67: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

61

pour données non paramétriques (Kruskal-Wallis) ont été réalisées avec les scores totaux au

QIAT-SG comme variable dépendante et différentes caractéristiques des participants (sexe,

âge, niveau de scolarité, type d’occupation, nationalité, motif principal de consultation), des

thérapeutes (sexe, concordance avec le sexe des participants, titre professionnel), et du

traitement (type d’approche utilisée, type de suivi) comme variables indépendantes. Des tests

non paramétriques ont été privilégiés pour la comparaison de groupes étant donné que, pour

la plupart des variables indépendantes testées, certains groupes étaient constitués de moins

de 30 participants.

Pour tester la validité critérielle concourante, des corrélations bivariées ont été

effectuées entre les scores totaux du QIAT-SG et ceux du CSQ-8 (satisfaction des soins) ainsi

que ceux du EFPI (dysfonctionnement de la personnalité) et de ses sous-dimensions.

Finalement, pour tester la validité incrémentielle du QIAT-SG par rapport au WAI-

SR, les scores moyens par item et leurs écarts-types ont été comparés à l’aide de tests t pour

échantillons appareillés et de d de cohen (taille d’effet), afin d’étudier les effets plafond et la

variabilité respective de ces échelles. Ces analyses ont également été effectuées en fonction

du nombre de séances écoulées depuis le début du suivi (1-5, 6-12, 13-30 et plus de 30

séances) afin de comparer la variabilité des scores totaux selon les phases du traitement. Puis,

les statistiques d’ajustement du meilleur modèle identifié en analyse factorielle confirmatoire

ont été comparées, de même que leurs indices de cohérence interne pour l’échelle complète

et celle de chacune de leurs dimensions. Pour déterminer si la valeur du coefficient de

corrélation bivarié entre les questionnaires d’alliance et celui sur la satisfaction des soins

(CSQ-8) différaient, des scores résiduels ont été créés en régressant les scores des échelles

complète et de chacune de leur dimension avec leur homonyme (Gamache, Savard, &

Maheux-Caron, 2018; Maples, Lamkin, & Miller, 2014). Par exemple, le lien émotionnel du

QIAT-SG-10 a été entré comme variable indépendante pour prédire la dimension du lien

affectif du WAI-SR (variable dépendante). Ainsi, chaque score résiduel représente la

variance de chaque échelle ou sous-échelle qui n’est pas partagée avec l’autre : la variance

unique. Ces scores résiduels ont ensuite été corrélés avec les scores totaux au CSQ-8. Les

corrélations ont finalement été comparées en utilisant une transformation r à z de Fisher pour

échantillon dépendant (p<.05, unilatéral). Pour calculer la taille d’effet d’une éventuelle

Page 68: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

62

différence significative entre ces corrélations, le q de Cohen a été calculé (<.1 = pas d’effet,

.1 à .3 = petit effet, .3 à .5 =moyen effet et >.5 = grand effet). Ces analyses ont été réalisées

avec le logiciel web VassarStats (Lowry, 2001).

QIAT-DS

Plusieurs critères ont été utilisés pour sélectionner les items formant la version « ultra-

brève » du QIAT-DS. Pour chacun de ces critères, un score (0 = non satisfaisant, 1 =

partiellement satisfaisant, 2 = satisfaisant) a été attribué par l’auteur pour chaque item,

lesquels ont été additionnés pour former un score total par item. Les items avec le score le

plus élevé ont été sélectionnés pour la version finale. Nous visions un minimum de quatre

énoncés et un maximum de six. D’abord, les propriétés des items ont été analysées à l’aide

de la théorie classique des tests. Les items avec les moyennes les plus centrées (1), les écart-

types les plus grands (2) et la corrélation item-total corrigée la plus élevée avec l’échelle

totale (3) et leur dimension (4) se sont vus attribués les meilleurs scores. Puis, les écarts-types

des items ont été comparés en fonction du nombre de séances écoulées depuis le début du

suivi (1-5, 6-12, 13-30 et plus de 30 séances) afin de déterminer ceux qui permettaient une

bonne variabilité et ce, même dans les phases avancées du suivi (5). Ensuite, des corrélations

bivariées ont été effectuées entre le score de chaque item du QIAT-DS et celui de son

homonyme du QIAT-SG pour les suivis ayant terminé la phase initiale du traitement (plus

de cinq séances). Les corrélations les plus faibles se sont vu attribuer les meilleurs scores,

ces dernières étant interprétées comme un signe de variabilité (et de pertinence) des items

peu importe le moment du suivi (6). En effet, il est considéré souhaitable qu’un item mesurant

par exemple l’empathie de l’intervenant lors de la dernière séance ne soit pas trop

parfaitement le reflet de l’empathie de l’intervenant depuis le début du suivi; sinon, il est peu

utile de le mesurer de séance en séance. Par ailleurs, une analyse factorielle exploratoire a

été menée en utilisant une méthode d’extraction par composante principale et rotation oblique

de type promax afin de tenir compte de la corrélation anticipée entre les facteurs. Les items

avec une saturation supérieure à .71 sur leur facteur, jugés excellents (Tabachnick & Fidell,

2013), ont reçu la meilleure cote, et ceux avec une saturation inférieure à .40 ou une saturation

croisée supérieure à .30 (Tabachnick & Fidell. 2013), le score le plus bas (7). Afin de créer

une échelle suffisamment différenciée du WAI-SR pour en justifier l’existence, une

Page 69: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

63

corrélation bivariée a été effectuée entre le score de chaque item du QIAT-DS avec le score

total du WAI-SR. Les corrélations les plus faibles se sont vu attribuer les meilleurs scores

(8). Aussi, pour minimiser la redondance de l’échelle avec le construit de satisfaction des

soins, les items avec une corrélation bivariée plus modérée avec le score total au CSQ-8 ont

également reçu les meilleurs scores (9). Ensuite, les items reflétant davantage des aspects de

négociation (confort avec émotions négatives et flexibilité du thérapeute) ont reçu les

meilleurs scores (10), comme ils sont sous-représentés dans les échelles d’alliance (Doran,

2016; Safran, Muran, & Proskurov, 2010).

Finalement, les items ont été analysés à l’aide de la théorie de la réponse aux items

en utilisant le modèle gradué de Samejima. D’abord, pour les deux dimensions, les postulats

d’unidimensionnalité et d’indépendance locale ont été vérifiés. Le postulat

d’unidimensionnalité a été considéré rempli si le premier facteur obtenu à une analyse

factorielle exploratoire des résidus expliquait plus de 50% de la variance totale et que la

valeur propre du premier facteur résiduel (contraste) était inférieure à 2.0 (Bond, 2015). Le

postulat d’indépendance locale a été confirmé par une absence de corrélation supérieure à

.30 entre les résidus des items. Ces deux postulats ont été testés à l’aide du logiciel Winstep

(version 3.0). Puis, à l’aide du logiciel EIRT (version 2.0), des courbes caractéristiques

d’option (CCO) ont été réalisées pour chacun des items afin de vérifier leur degré de

différenciation, c’est-à-dire leur capacité à discriminer d’une option de réponse à l’autre. Les

items avec les CCO les plus discriminantes ont reçu les meilleurs scores (11).

Une fois la sélection finale faite, une série d’analyses factorielles confirmatoires

testant un modèle à un facteur, à deux facteurs corrélés (lien socioémotionnel et collaboratif),

ainsi qu’un modèle de deuxième ordre et bifactoriel a été effectuée avec le logiciel ESQ

(version 6.3) afin de déterminer la meilleure structure factorielle de l’échelle ultra-brève et

d’en déterminer les statistiques d’ajustement. En ce qui a trait à la validité convergente, cette

dernière a été testée à l’aide de corrélations bivariées entre les scores totaux et les scores aux

dimensions du QIAT-DS et ceux de la SRS et de la SAI, soit la version ultra-brève à six items

du WAI-SR. Puis, les mêmes analyses que celles effectuées pour le QIAT-SG servant à

étayer la validité discriminante et concurrente ont été effectuées pour cette version du

questionnaire.

Page 70: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

64

Enfin, pour tester la validité incrémentielle de la version ultra-brève du QIAT-DS par

rapport au SRS et au SAI, les scores moyens par item et leurs écarts-types ont été comparés

à l’aide de tests t pour échantillons appareillés et de d de cohen (taille d’effet), afin d’étudier

les effets plafond et la variabilité respective de ces échelles. Ces analyses ont également été

effectuées en fonction du nombre de séances écoulées depuis le début du suivi (1-5, 6-12,

13-30 et plus de 30 séances) afin de comparer la variabilité des scores totaux selon les phases

du traitement. Puis, les statistiques d’ajustement du meilleur modèle identifié en analyse

factorielle confirmatoire ont été comparées, de même que leurs indices de cohérence interne

pour l’échelle complète et celle de chacune de leurs dimensions. Pour déterminer si la valeur

du coefficient de corrélation bivarié entre les questionnaires d’alliance et celui sur la

satisfaction des soins (CSQ-8) différait, la même procédure a été utilisée que pour la

comparaison entre le QIAT-SG-10 et le WAI-SR. Finalement, les trois échelles ultra-brèves

(QIAT-DS, SRS et SAI) ont été analysées à l’aide de la TRI afin d’étudier leur CCO pour en

comparer le pouvoir discriminant, après avoir vérifié les postulats d’unidimensionnalité et

d’indépendance locale pour le SRS et le SAI. Pour ce faire, l’échelle visuelle analogue du

SRS (ayant 101 options) a été convertie en échelle ordinale à cinq (0.0-2.0, 2.1-4.0, etc) et

dix options (0.0-1.0, 1.1-2.0, etc.) de taille égale.

Page 71: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

65

Chapitre 8 – Résultats

Avant de débuter les analyses statistiques, un dépistage a été effectué afin d’identifier

les données manquantes et aberrantes. Ainsi, parmi les 290 participants, 254 avaient rempli

au moins le QIAT-SG et le QIAT-DS. Les données de 31 de ces participants ont été

éliminées, soit parce qu’elles ont été considérées aberrantes (6) ou extrêmes (12), soit parce

que les participants ne rencontraient pas les critères d’inclusion : motif de consultation non

relié à la santé mentale (2), fréquence des séances plus grande qu’aux quatre semaines (4) ou

suivis terminés (7). Au final, les données de 223 participants ont donc été analysées. Pour

déterminer si les données étaient aberrantes, des analyses descriptives ont été menées et les

distances de Malhalanobis (données aberrantes multivariées) ont été calculées pour les scores

totaux aux huit questionnaires présentés ci-haut en utilisant un seuil de 26.13 (p<.001).

QIAT-SG

(1) Sélection des items à partir de leurs propriétés en TCT et de l’analyse factorielle

exploratoire

Les résultats de l’analyse des propriétés des items du QIAT-SG à l’aide de la TCT

ainsi que de l’analyse factorielle exploratoire sont présentés au tableau 3. Des valeurs

satisfaisantes ont été obtenues pour toutes les corrélations inter-items (.31 à .69) et les CIT

corrigées avec le score total (.56 à .80) et le score aux sous-dimensions (.57 à 76 pour le lien

socioémotionnel et .65 à .80 pour le lien collaboratif). Les moyennes (difficulté) des items

étaient toutes décentrées, avec des écarts-types généralement proportionnels au niveau de

difficulté. Ainsi, l’item 5 était le plus facilement endossé (M=4.49/5), l’item 4 détenait la

variance le plus faible (ET=.81), tandis que l’item 12 était le plus difficile à endosser et celui

présentant la plus grande variabilité (M=3.74/5, ET=1.19). Les indices de cohérence interne

étaient également tous nettement appréciables, avec des alphas de Cronbach de .94 pour

l’échelle totale et de .91 (lien socioémotionnel) et .89 (lien collaboratif) pour les sous-

dimensions théoriquement présumées qui étaient significativement reliées (r = .80).

Pour ce qui est de l’analyse factorielle exploratoire, deux facteurs ont été retenus,

représentant respectivement 57.21 % (valeur propre de 8.01) et 7.18% (valeur propre de 1.01)

de la variance totale de l’échelle. Les items du lien social (7, 8 et 9), représentant

respectivement l’engagement de l’intervenant, sa capacité à transmettre l’espoir et son

expertise, n’ont pas été retenus dans la version finale de l’échelle comme ils saturaient de

Page 72: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

66

façon non suffisamment différenciée sur les deux facteurs (écart de moins de .30). De plus le

niveau de difficulté et les écarts-types de deux de ces items (7 et 9) étaient inférieurs à la

moyenne de l’échelle, justifiant de surcroit leur élimination. Les items 1 à 6 saturaient sur le

même facteur, avec des niveaux jugés comme excellents (supérieur à .71; Tabachnick et

Fidell, 2013) pour deux d’entre eux (items 5 et 6) et très bon (supérieur à .61; Tabachnick et

Fidell, 2013) pour quatre d’entre eux (items 1 à 4). Étant donné l’élimination des items du

lien social, ce facteur a été redéfini comme le lien émotionnel. Quant aux items saturant sur

le deuxième facteur, correspondant tel qu’attendu au lien collaboratif, trois items (10, 11 et

12) avaient des niveaux de saturation jugés comme excellents et deux (13 et 14) comme très

bien. Dans le but de créer deux facteurs représentés par un nombre égal d’items, l’item 5

(« Mon intervenant a été attentif et réceptif à ce que je vivais intérieurement ») a été éliminé

de la sélection finale, comme il était trop facilement endossable (M = 4.49/5) et présentait

une faible variabilité (É.T.=.83). Les indices de cohérence interne de la version finale à 10

items (QIAT-SG-10; Annexe 4.2), bien que légèrement inférieurs à la version initiale, ont

encore une fois des valeurs nettement appréciables, soit de .92 pour l’échelle complète, de

.85 pour le lien émotionnel et de .89 pour le lien collaboratif.

Page 73: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

67

Tableau 3

Propriétés des items du QIAT-SG en TCT et saturations factorielles en AFE (n=223)

Corrélations inter-items Saturations

factorielles

No item M ET CIT CIT

dim 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 LSE LC

1 4.24 .92 .76 .75 1.00 .67 .54 .51 .56 .62 .63 .52 .52 .60 .51 .51 .58 .63 .63 .19

2 4.08 .97 .73 .76 1.00 .63 .40 .57 .56 .60 .57 .56 .57 .46 .45 .58 .51 .68 .11

3 3.85 1.17 .61 .63 1.00 .40 .51 .48 .46 .41 .43 .43 .49 .36 .49 .48 .67 .00

4 4.43 .81 .56 .57 1.00 .56 .52 .46 .37 .37 .48 .31 .38 .41 .49 .66 -.04

5 4.49 .83 .71 .72 1.00 .64 .58 .56 .44 .54 .38 .47 .56 .63 .84 -.06

6 4.14 .96 .70 .71 1.00 .59 .53 .45 .52 .45 .43 .59 .58 .77 .01

7 4.38 .89 .79 .75 1.00 .66 .59 .67 .56 .55 .66 .68 .33 .53

8 4.13 1.03 .71 .67 1.00 .55 .65 .49 .47 .60 .61 .30 .48

9 4.28 .94 .67 .63 1.00 .59 .47 .39 .65 .60 .25 .48

10 4.05 1.04 .78 .75 1.00 .62 .59 .65 .69 .14 .72 11 3.76 1.12 .67 .72 1.00 .68 .57 .57 -.20 .93 12 3.74 1.19 .65 .72 1.00 .56 .58 -.08 .80 13 4.05 1.04 .79 .74 1.00 .75 .25 .60 14 4.14 1.06 .80 .77 1.00 .29 .59 M 4.13 1.00

Total 57.77 10.53

R2 .57 .07

α .91. .89

α Total .94

Note. α= alpha de Cronbach; AFE = Analyse factorielle exploratoire en axe principal avec rotation oblique de type promax; CIT=

Corrélation item-total corrigée; CIT dim= Corrélation item-total corrigée par dimension; É.T. = Écart-type; LC = Lien

collaboratif; LES = Lien socioémotionnel; M = moyenne; QIAT-SG = Questionnaire intégratif de l’alliance thérapeutique –

version suivi global; R2=variance totale expliquée par facteur; TCT =Théorie classique des tests

Page 74: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

68

(2) Analyses factorielles confirmatoires (AFC)

Les statistiques d’ajustement des données aux différents modèles testés en AFC sont

présentées au Tableau 4. D’abord, étant donné que les items formant le lien social n’ont pas

fait partie de la sélection finale du QIAT-SG-10, le modèle 3 avec trois facteurs corrélés n’a

pas pu être testé. Ensuite, les statistiques d’ajustement n’ont pas pu être calculées pour le

modèle 4 (deuxième ordre) et 5 (bifactoriel) car ils se sont avérés problématiques. En effet,

pour le modèle de deuxième ordre, les termes d’erreur pour les deux facteurs de premier

ordre ne différaient pas statistiquement de zéro, c’est-à-dire que leur variance était

complètement expliquée par le facteur de deuxième ordre. Par conséquent, leur existence

n’était pas justifiée, et le modèle a été éliminé. Ensuite, pour le modèle bifactoriel, la variance

des deux facteurs spécifiques ne se distinguait pas statistiquement de zéro. Ainsi, ces deux

facteurs n’apportaient pas d’information supplémentaire quant à la variance des items au-

delà du facteur général; ce modèle a donc également été éliminé. Le modèle 2 (deux facteurs

corrélés), face au modèle 1 (un facteur), a présenté les meilleures statistiques d’ajustement,

avec un CAIC à -147.14, des niveaux acceptables de NNFI (.937) et de RMSEA (.070) et un

niveau appréciable de CFI (.952). Aucune modification n’a donc été apportée au modèle. Les

paramètres de ce modèle sont présentés au Tableau 5.

(3) Validité convergente

Les résultats des analyses étayant la validité convergente sont présentés au Tableau

6. Tel qu’anticipé, un lien d’intensité fort (r=.81, p<.01) a été observé entre les scores totaux

du QIAT-SG-10 et du WAI-SR, les deux échelles partageant 66% de variance commune, un

niveau suggérant un léger degré de redondance entre les deux instruments, défini par

Tabachnick et Fidell (2013) par une corrélation supérieure à r =.75. Par contre, l’intensité du

lien entre les échelles diminue, se situant directement sur le seuil lorsque les analyses sont

effectuées sur les participants dont la dernière séance remonte à moins d’une semaine (n=

99, r=.75, p<.01, r2=56%).

Page 75: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

69

Tableau 4

Statistiques d’ajustement du QIAT-SG-10 aux différents modèles testés en AFC

CAIC NNFI CFI RMSEA (IC 95%)

Un facteur -120.64 .885 .911 .094 (.073-.115)

Deux facteurs corrélés -147.14 .937 .952 .070 (.046-.093)

Deuxième ordre Termes d’erreurs pour deux facteurs de premier ordre N.S

Bifactoriel Variance des deux facteurs spécifiques N.S

Note. AFC = Analyse factorielle confirmatoire; CAIC = critère d’information d’Akaike

corrigé; CFI = comparative fit index; IC = Intervalle de confiance; NNFI = Non-normed fit

index; N.S= Non significatif; RMSEA = Root mean square error of approximation; QIAT-

SG-10 = Questionnaire intégratif de l’alliance – version suivi global – 10 items

Ce lien est également plus modéré pour la dimension du lien émotionnel (r=.68,

p<.01) qui se distingue davantage du WAI-SR que le lien collaboratif (r=.83, p<.01).

Finalement, les dimensions du QIAT-SG-10 sont plus fortement corrélées avec leur

homonyme du WAI-SR qu’avec les autres dimensions de cette échelle, soutenant leur validité

convergente respective. Par exemple, le lien collaboratif du QIAT-SG-10 est fortement relié

aux dimensions de l’entente sur les objectifs (r =.81, p<.01) et de l’entente sur les tâches (r

= .73, p<.01), mais de façon plus modérée avec la dimension du lien affectif du WAI-SR (r

= .66, p<.01).

(4) Validité discriminante

Les résultats des analyses étayant la validité discriminante du QIAT-SG-10 sont

présentés aux Tableaux 7 et 8. D’abord, une absence de lien significatif a été démontrée entre

les scores totaux au QIAT-SG-10 et les scores totaux de l’échelle mesurant la désirabilité

sociale, le BIDR-21 (r=.09, p=.21) et la sous-échelle d’hétéro-duperie (r = .03, p = .71). De

plus un lien de magnitude très faible a été identifié avec les scores à la sous-échelle d’auto-

duperie (r = .15, p = .04) et l’échelle mesurant la détresse psychologique, l’ISP-14 (r = -.17,

p=.02), le tout soutenant la validité discriminante du QIAT-SG-10.

Page 76: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

70

Tableau 5

Paramètres du QIAT-SG-10 pour le modèle à deux facteurs corrélés en AFC

Items

Saturations

factorielles R2

1 2

1 Je sens que j’ai de la valeur comme personne aux yeux de mon intervenant. .834 .696

2 Je sens que je peux révéler à mon intervenant des aspects de moi qui me font

peur ou dont j’ai honte et qu’il va m’accepter comme je suis, sans me juger. .784 .615

3 Je sens que je peux exprimer mes frustrations ou mes insatisfactions envers

mon intervenant sans que cela n’affecte son attitude envers moi. .685 .469

4 Mon intervenant est à l’aise d’aborder des thèmes suscitant des émotions

inconfortables chez moi lorsque c’est utile pour mon cheminement. .603 .364

5 Je me sens compris par mon intervenant. .748 .560

6 Nous construisons à deux une compréhension commune de mes difficultés et

de leurs causes. .812 .660

7 Nous travaillons sur des objectifs déterminés ensemble. .729 .531

8 Mon intervenant m’aide à orienter plus spécifiquement nos discussions vers

des sujets reliés à mes objectifs. .719 .517

9 La façon de travailler de mon intervenant a du sens pour moi. .828 .685

10 Mon intervenant sa façon de travailler en fonction de mes besoins actuels. .850 .722

r=.85

Note. AFC = Analyse factorielle confirmatoire; QIAT-SG-10 = Questionnaire intégratif de

l’alliance – version suivi global – 10 items; R2= variance expliquée

Dans le même ordre d’idée, une série d’ANOVA non paramétriques (Kruskal-Wallis;

Tableau 8) a démontré que les scores totaux des participants au QIAT-SG-10 ne variaient pas

significativement en fonction de leur sexe, de leur âge, de leur niveau de scolarité, de leur

occupation, de leur nationalité, de leur motif principal de consultation, du sexe de

l’intervenant, de la concordance du sexe client-thérapeute, du type d’intervenant, du type

d’approche psychothérapeutique et du type de suivi (psychothérapeutique versus autre),

soutenant également la validité discriminante du QIAT-SG-10.

Page 77: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

71

Tableau 6

Corrélations entre le QIAT-SG-10 et le WAI-SR (n=207)

WAI-SR

QIAT-SG-10 Échelle complète Lien Objectifs Tâches

Échelle complète .81** .71** .75** .71**

Lien émotionnel .68** .66** .57** .60**

Lien collaboratif .83** .67** .81** .73**

Note. LC = Lien collaboratif du QIAT-SG-10; LE = Lien émotionnel du QIAT-SG-10;

QIAT-SG-10 = Questionnaire intégratif de l’alliance – version suivi global – 10 items; WAI-

SR = Working Alliance Inventory – Short Revised

** p<.01

(5) Validité concourante

Les résultats des analyses étayant la validité concourante du QIAT-SG-10 sont

présentés au Tableau 7. Tel qu’attendu, un lien positif d’intensité élevée a été observé entre

les scores totaux au QIAT-SG-10 et ceux mesurant la satisfaction des soins (CSQ-8; r = .73,

p<.01). La dimension du lien émotionnel s’est distinguée davantage de la satisfaction des

services (r=.64, p<.01) que celle du lien collaboratif (r=.83, p<.01). Le lien négatif

d’intensité légère anticipé avec le niveau de dysfonctionnement de la personnalité tel que

mesuré par l’EFPI a également été confirmé (r = -.33, p<.01), de même que l’aspect

discriminatif de la dimension interpersonnelle (r = -.35, p<.01) en comparaison avec la

dimension personnelle (r = -.27, p<.01). La magnitude de cette distinction est cependant

légère (r à z =-1.62, p=.05, q = .1).

(6) Validité incrémentielle

Les résultats des analyses comparant différentes caractéristiques du QIAT-SG-10 et

du WAI-SR sont présentés au Tableau 9. D’abord, contrairement à ce qui était visé, les items

du QIAT-SG-10, en comparaison à ceux du WAI-SR, sont en moyenne légèrement plus

facilement endossés (4.07 vs 3.88/5, t=5.61, p<.01, d=.39), bien que leur variabilité moyenne

soit relativement similaire (ET = .78 versus .83). Les mêmes résultats ont été obtenus en

séparant les analyses en fonction des différentes phases du traitement. De plus, les moyennes

et la variabilité des items décroissent au même rythme selon le nombre de séances écoulées

Page 78: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

72

pour les deux questionnaires. En effet, pour le QIAT-SG, la différence de moyenne entre le

groupe « 1-5 séances » et « plus de 30 séances » est de .46 (p <.01) et la différence d’écart-

type, de .16, alors que pour le WAI-SR, ces différences sont respectivement de .48 (p < .01)

et .12.

Ensuite, en ce qui a trait à la comparaison des meilleurs modèles identifiés en AFC,

le modèle à deux facteurs corrélés (pour le QIAT-SG-10) et à 3 facteurs corrélés (pour le

WAI-SR) ont présenté des statistiques d’ajustement au moins acceptables et d’ordre de

grandeur similaire, avec des indices légèrement meilleurs pour le QIAT-SG-10. Les alphas

de Cronbach, quant à eux, se sont également révélés de niveaux nettement appréciables et

similaires pour les scores totaux du QIAT-SG-10 (.92) et du WAI-SR (.94), ainsi que de leurs

sous-échelles respectives (.85 et .89 versus .86, .90 et .91).

Page 79: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

73

Tableau 7

Corrélations entre le QIAT-SG-10 et les différentes mesures servant à soutenir sa validité

discriminante et concourante

QIAT-SG-10 WAI-SR r à z q

r r res r r res

Validité discriminante

ISP-14 (n=202) -.17* -.07 -.16* -.04 -.23

BIDR-21 (n=194) .09 -.03 .13 .10 -.99

BIDR-21 auto-duperie .14* -.07 .24** .20** -1.98* .27

BIDR-21 hétéro-duperie .03 .01 .03 .01 .00

Validité concourante

CSQ-8 (n=203)

.73**

.64** (LE)

.73** (LC)

.13

.23**

.10

.83**

.72** (LE)

.81** (LC)

.39**

.39**

.25**

-2.11*

-2.92**

-3.82**

.28

.18

.16

EFPI (n=200) -.33** -.13 -.32** -.08 -.38

EFPI personnel -.27** -.07 -.28** -.11 .30

EFPI interpersonnel -.35** -.18* -.31** -.03 -1.59

Note. BIDR-21 = Balanced inventory of desirable responding; CSQ-8 = Client Satisfaction

Questionnaire; EFPI = Échelle de fonctionnement personnel et interpersonnel; ISP-14 =

Indice de détresse psychologique; LC = Lien collaboratif du QIAT-SG-10; LE = Lien

émotionnel du QIAT-SG-10; Q = Q de Cohen; QIAT-SG-10 = Questionnaire intégratif de

l’alliance – version suivi global – 10 items; r res = corrélation des scores résiduels (variance

unique) des échelles d’alliance; R à z = Transformation r à z de Fisher; WAI-SR = Working

Alliance Inventory – Short Revised

* p<.05 ** p<.01

Page 80: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

74

Tableau 8

Caractéristiques des participants et médianes/moyennes marginales estimées des scores

totaux au QIAT-SG-10 selon les niveaux des variables catégorielles étudiées

QIAT-SG-10

Caractéristique des participants N % Méd Moy ET H (p)

Sexe

1. Hommes 22 9.9 43.75 42.82 1.66

2.66 (.27) 2. Femmes 196 87.9 42.05 40.13 .56

3. Autre 4 2.2 44.67 45.00 3.90

Âge

1. 18-30 ans 99 44.8 41.57 39.87 .79

5.86 (.21)

2. 31-40 ans 59 26.5 41.50 40.02 1.02

3. 41-50 ans 32 14.3 46.00 42.79 1.38

4. 51-60 an 21 9.4 43.00 40.38 1.71

5. >60 ans 11 4.9 41.67 42.09 2.36

Scolarité

1. Secondaire non complété 6 3.1 39.50 38.33 3.21

1.86 (.77)

2. Secondaire 21 9.4 41.00 39.43 1.72

3. DEP 16 7.2 42.67 40.25 1.97

4. Collégial 69 30.9 43.45 40.90 .95

5. Universitaire 110 49.3 41.92 40.58 .75

Occupation

1. Emploi 114 51.1 42.83 40.46 .74

1.26 (.87)

2. Sans emploi/Arrêt de travail 25 11.2 42.00 41.48 1.57

3. Étudiant 64 29.1 42.25 40.14 .98

4. Retraité 11 4.9 43.33 41.46 2.37

5. À la maison 8 3.6 41.20 39.25 2.78

Nationalité

1. Canadienne 200 90.1 42.60 40.57 .56

.52 (.77) 2. Européenne 15 6.7 40.33 39.07 2.03

3. Autre 7 3.1 44.00 41.14 2.96

Sexe intervenant 1. Homme 53 23.8 42.75 40.42 1.08

.01 (.94) 2. Femme 169 76.2 42.39 40.51 .60

Page 81: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

75

Tableau 8 (suite)

Caractéristiques des participants et médianes/moyennes marginales estimées des scores

totaux au QIAT-SG-10 selon les niveaux des variables catégorielles étudiées

QIAT-SG-10

Caractéristiques des participants N % Méd Moy ET H (p)

Motif principal

de consultation

1. Anxiété 56 25.1 41.00 40.98 1.05

4.44(.62)

2. Symptômes dépressifs 43 19.3 43.00 41.37 1.19

3. Troubles relationnels 24 10.8 42.50 39.25 160

4. Gestion émotions 27 12.1 39.00 37.59 1.51

5. Trouble alimentaire 11 4.9 44.00 42.09 2.36

6. Traumatisme 31 14.3 43.57 40.68 1.41

7. Autre 30 13.5 44.00 40.10 1.43

Concordance sexe client-

intervenant

1. Non-concordant 56 25.6 40.48 40.48 1.05 <.01

(.94) 2. Concordant 166 74.4 42.20 40.49 .61

Titre professionnel

de l’intervenant

1. Psychologue 137 61.9 41.71 40.16 .66

9.33

(.10)

2. Trav. social 27 12.1 43.80 41.33 1.49

3. Éducateur spécialisé 9 4.0 45.00 41.22 2.58

4. Sexologue 8 3.6 46.50 45.38 2.74

5. Psychiatre 14 6.3 36.50 36.29 2.07

6. Autre 27 12.1 43.33 41.78 1.49

Type d’approche

1. TCC 61 27.8 42.00 40.34 .95

9.61

(.21)

2. Psychodynamique 30 13.5 44.00 43.00 1.35

3. Humaniste 16 7.8 42.50 42.13 1.85

4. Systémique 2 0.9 48.00 48.00 5.24

5. Intégrative 9 4.0 42.67 38.33 2.47

6. Ne sait pas 58 26.0 40.00 38.83 .97

7. Autre 15 6.7 43.00 42.00 1.91

Type de suivi

1. Non-

psychothérapeutique 31 13.9 43.67 40.00 1.41

.13 (.72)

2. Psychothérapeutique 191 86.1 42.30 40.57 .57

Note. ET = Écart-type; H= Test de Kruskal-Wallis; Méd = médiane; Moy = Moyenne

Page 82: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

76

Tableau 9

Comparaison entre différentes caractéristiques du QIAT-SG-10 et du WAI-SR

QIAT-SG-10 WAI-SR t d

M (ET)

Globale (n=206) 4.07 (.78) 3.88 (.83) 5.61** .39

1-5 séances (n=35) 3.79 (.87) 3.56 (.89) 3.04** .53

6-12 séances (n=42) 3.97 (.81) 3.82 (.85) 2.73** .42

13-30 séances (n=51) 4.09 (.74) 3.92 (.81) 2.21* .33

>30 séances (n=78) 4.24 (.71) 4.04 (.77) 3.50** .41

Statistiques

d’ajustement au

meilleur modèle en

AFC

2 facteurs corrélés 3 facteurs corrélés

NNFI CFI RMSEA NNFI CFI RMSEA

.937 .952 .070 .918 .937 .078

α

Échelle complète .92 .94

Sous-échelles .85 (lien émotionnel)

.89 (lien collaboratif)

.86 (lien)

.90 (objectifs)

.91 (tâches)

Note. CFI = comparative fit index; d= d de Cohen pour échantillons appareillés; ET= Écart-

type moyen par item; M=Moyenne par item transformée (min=0, max=4) ; NNFI = Non-

normed fit index; QIAT-SG-10 = Questionnaire intégratif de l’alliance – version suivi

global – 10 items; RMSEA = Root mean square error of approximation; t = t de Student

pour échantillons appareillés; WAI-SR = Working Alliance Inventory – Short Revised

*p<.05 ** p<.01 (bilatéral)

Finalement, tel que présenté dans le Tableau 7, le degré de redondance avec la

satisfaction des soins s’est révélé significativement moins important avec le QIAT-SG-10 (r

= .73, p<.01, r res =.13, p=07) qu’avec le WAI-SR (r = .83, p<.01, r res = .39, p<.01; r à z =

-2.11, p=.01), avec une petite taille d’effet (q=.26). Ainsi, comme les deux échelles complètes

partagent 66% de variance commune, près de la moitié de la variance unique du WAI-SR

(15%) se retrouve à être expliquée par la satisfaction (CSQ-8), alors pour le QIAT-SG-10,

cette portion est très faible (2%). Par ailleurs, la dimension du lien émotionnel du QIAT-SG-

10 présente un niveau de redondance encore moins important avec la satisfaction (r=.63,

Page 83: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

77

p<.01), alors que le lien collaboratif présente un niveau identique à l’échelle globale (r =.73,

p<.01). Le recoupement avec la satisfaction est également moins grand pour les dimensions

du QIAT-SG-10 que celles de leur homonyme du WAI-SR (r à z =-2.92, p<.01 et -3.82, <.01

pour le lien émotionnel et le lien collaboratif respectivement).

QIAT-DS

(1) Sélection des items pour la version ultra-brève

Les résultats des analyses pour les 14 items du QIAT-DS, cotés en fonction des

critères précédemment énumérés, sont présentés au Tableau 10. D’abord, les analyses des

propriétés d’items ont révélé des moyennes (1) encore une fois décentrées, variant entre

3.72/5 (item 11) et 4.48/5 (item 5), avec des écarts-types (2) variant entre .82 (item 4) et 1.25

(item 11). Les CIT corrigées se sont toutes révélés de niveau appréciable, variant entre .61

(item 4 et 12) et .82 (item 10) pour l’échelle complète (3), entre .62 (item 3 et 4) et .81 (item

2) pour la dimension du lien socioémotionnel, et entre .67 (item 12) et .79 (item 10) pour la

dimension du lien collaboratif (4).

Page 84: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

78

Tableau 10

Comparaison de différentes caractéristiques des items du QIAT-DS selon les critères de sélection

TCT AFE Corrélations Négociation TRI

Score

total No

Item M ET ETeg CIT

CIT

Dimension

Facteur

1

Facteur

2

Item

QIAT-

SG

WAI-

SR

CSQ-

8

Émotions

négatives Flexibilité CCO

1 4.33 .96 a .73a .76a .89b -.12 .68b .66a .63a a 10

2 4.24a 1.00a .79b .81b .89b -.06 .67b .70 .71 b 12

3 3.96b 1.19b .59 .62 .75b -.12 .80 .52b .50b b a 13

4 4.46 .82 b .61 .62 .61a .04 .75 .48b .50b b a 10

5 4.48 .88 b .77b .76a .65a .18 .81 .68 .64a 7

6 4.23 1.01a b .77b .75a .65a .18 .74a .69 .67a b 12

7 4.34 .95 b .76b .73a .49 .34 .77 .66* .62a b 9

8 4.12 1.06a .72* .68 .40 .39 .78 .70 .63a 4

9 4.40 .90 .72* .72a .72b .05 .67b .62a .70 a 8

10 4.07b 1.12b a .82b .79 .31 .60 .73a .75 .66a b 14

11 3.72b 1.25b b .67 .73a -.15 .93b .81 .65a .51b a 13

12 3.73b 1.21b b .61 .67 -.13 .84b .85 .64a .48b b a 14

13 4.18a 1.04a a .80b .72a .55 .32 .72a .73 .73 b 9

14 4.17a 1.05a b .79b .77b .38 .49 .78 .78 .73 b b 12

Total 58.42 11.04

R2 .59 .07

α .94 .92 .89

α total .94

Note. α = alpha de Cronbach; AFE = Analyse factorielle exploratoire; CCO = Courbes caractéristiques d’options; CIT= Corrélation item-total corrigée;

M=Moyenne; ET=Écart-type ; ETeg = Écart-types égaux à toutes les phases des suivis; Score total = Somme des pointages accordés à chacun des 12

critères de sélection des items; TRI = Théorie des réponses aux items. a = Critère partiellement rempli (1 point) b= Critère complètement rempli (2 points)

Page 85: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

79

Concernant la constance de la variabilité des items selon les différentes phases du

traitement (5), sept items (4, 5, 6, 7, 11, 12, 14) ont obtenu des écart-types de même

magnitude peu importe le nombre de séances écoulées, tandis que pour quatre des items (2,

3, 8, 9), les écarts-types diminuaient significativement dans les phases plus avancées du suivi.

Dans le même ordre d’idée, trois items (1, 2, 9) se sont démarqués par leur plus faible

corrélation avec leur homonyme du QIAT-SG (6), alors que les items 5, 11 et 12 avaient les

niveaux de corrélation les plus élevés. Pour ce qui est des AFE (7), les items 1, 2, 3 et 9 (lien

socioémotionnel) ainsi que les items 11 et 12 (lien collaboratif) ont présenté des niveaux de

saturation sur leur facteur théoriquement jugés comme excellents, alors que les items 7, 8,

13 et 14 saturaient de façon non suffisamment différenciée sur le premier ou sur le deuxième

facteur sélectionnés sur le base de leur valeur propre supérieure à un (facteur 1 =8.30, 59.31%

de la variance totale; facteur 2 =1.01, 7.18% de la variance totale). (8) Ensuite, les items 3 et

4 sont ceux qui se sont différenciés le plus du WAI-SR (r = .52 et .48, p<.01, respectivement),

alors que les items 10 et 14 étaient ceux y étant le plus fortement reliés (r= .78 et .75, p<.01,

respectivement). Pour ce qui est du degré de redondance avec à la satisfaction (9), les items

3, 4, 11 et 12 se sont révélés les moins redondants (r =.48 à .50) et les items 2, 9, 13 et 14,

les plus redondants (r=.70 à .73). Par ailleurs, les items 3 et 4 (confort avec émotions

négatives), ainsi que 12 et 14 (flexibilité du thérapeute) ont reçu des points supplémentaires

étant donné qu’ils représentaient des aspects de la négociation (10), tel que stipulé dans les

critères précédemment nommés. Finalement, afin d’analyser les CCO des items avec la TRI

(11), les postulats de base d’unidimensionnalité et d’indépendance locale ont été vérifiés pour

les deux dimensions du QIAT-DS. Les postulats ont été remplis sans problème pour les deux

facteurs. En effet, plus de 50% de la variance totale était expliquée par le premier facteur

(60.3% pour le LES et 61.6% pour le LC), avec des premiers contrastes inférieurs à 2.0 (1.52

pour le LSE et 1.89 pour le LC). De plus, aucune corrélation supérieure à .30 n’a été identifiée

entre les résidus des items. Ainsi, six items (2, 6, 7, 10, 13 et 14) ont présenté des CCO bien

différenciées en TRI, alors que les items 5 et 8 se sont révélés particulièrement

problématiques de ce côté.

Au final, six items ont été sélectionnés sur la base des 11 critères évoqués ci-haut (c.f

section analyse des résultats) pour former la version ultra-brève du QIAT-DS. Dans le but de

conserver l’aspect discriminatif des deux dimensions, trois items ont été sélectionnés par

Page 86: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

80

facteur, comme il s’agit du nombre minimal d’items permettant de constituer un facteur

stable (Little, 2013). Les trois items de chaque dimension avec le score total le plus élevé ont

ainsi été sélectionnés. Par contre, afin qu’au moins un item par sous-dimension soit

représenté dans la version finale, l’item 11 (score de 13) a été remplacé par l’item 14 (score

de 12, le meilleur score de la sous-dimension de la négociation des tâches thérapeutiques).

Les items 2, 3, 6, 10, 12 et 14 sont donc ceux qui ont fait la sélection finale du QIAT-DS-6

(Annexe 4.1).

(2) Analyses factorielles confirmatoires

Les statistiques d’ajustement des données aux différents modèles testés en AFC pour

le QIAT-DS-6 sont présentées au Tableau 11. D’abord, étant donné que les items formant le

lien social n’ont pas fait partie de la sélection finale du QIAT-DS-6, le modèle à trois facteurs

corrélés n’a pu être testé. Ensuite, les statistiques d’ajustement n’ont pu être calculées pour

le modèle de deuxième ordre et le modèle bifactoriel car ils se sont avérés problématiques.

En effet, pour le modèle de deuxième ordre, les termes d’erreur pour les deux facteurs du

premier ordre ne différaient pas statistiquement de zéro, c’est-à-dire que leur variance était

complètement expliquée par le facteur de deuxième ordre. Par conséquent, leur existence

n’était pas justifiée, et le modèle a été éliminé. Ensuite, pour le modèle bifactoriel, la variance

du deuxième facteur spécifique (lien collaboratif) ne se distinguait pas statistiquement de

zéro. Ainsi, ce facteur n’apportait pas d’information supplémentaire quant à la variance des

items y étant reliés au-delà du facteur général; ce modèle a donc aussi été éliminé. Le modèle

à deux facteurs corrélés, face au modèle à un facteur, a présenté les meilleures statistiques

d’ajustement, avec un CAIC inférieur et des niveaux appréciables de NNFI, de CFI et de

RMSEA. Aucune modification n’a été apportée au modèle. Les paramètres de ce modèle et

les énoncés des items sont présentés au Tableau 12.

Page 87: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

81

Tableau 11

Statistiques d’ajustement du QIAT-DS-6 aux différents modèles testés en AFC

CAIC NNFI CFI RMSEA (IC 95%)

Un facteur -28.63 .895 .937 .100 (.061 - .142)

Deux facteurs corrélés -39.99 .981 .990 .043 (.000 - .096)

Deuxième ordre Variance des termes d’erreurs pour deux facteurs de premier ordre N.S

Bifactoriel Variance du deuxième facteur spécifique (lien collaboratif) N.S

Note. AFC = Analyse factorielle confirmatoire; CAIC = critère d’information d’Akaike

corrigé; CFI = comparative fit index; IC = Intervalle de confiance; NNFI = Non-normed fit

index; N.S= Non significatif; RMSEA = Root mean square error of approximation; QIAT-

DS-6 = Questionnaire intégratif de l’alliance – version dernière séance– 6 items

(3) Validité convergente

Les résultats des analyses étayant la validité convergente du QIAT-DS-6 sont

présentés au Tableau 13. D’abord, un lien d’intensité fort a été observé entre les scores totaux

du QIAT-DS-6 et ceux du SAI (r=.85, p<.01), alors que ce lien est plus modéré avec ceux

du SRS (r=.71, p<.01), les échelles partageant respectivement 72% et 50% de variance

commune, un niveau suggérant un certain degré de redondance entre les deux construits

(Tabachnick et Fidell, 2013) avec la SAI, mais pas avec le SRS. Ces liens sont plus modérés

pour la dimension du lien émotionnel du QIAT-DS-6 qui se distingue davantage du SAI

(r=.75, p<.01) et du SRS (r=.65, p<.01) que le lien collaboratif (r=.82 et r = .68, p<.01,

respectivement). Finalement, le lien collaboratif du QIAT-DS-6 corrèle de façon

préférentielle avec son homonyme du SAI (r = .82 versus .69, p<.01 avec le lien émotionnel

du SAI), alors que ce n’est pas le cas pour le lien émotionnel (r = .70, p<.01 avec les deux

sous-dimensions du SAI).

Page 88: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

82

Tableau 12

Paramètres du QIAT-DS-6 pour le modèle à deux facteurs corrélés en AFC

No

item

Saturations

factorielles R2

1 2

1

J’ai senti que je pouvais révéler à mon intervenant des aspects de moi

qui me font peur ou dont j’ai honte et qu’il allait m’accepter comme

je suis, sans me juger.

.843 .710

2

J’ai senti que je pouvais exprimer mes frustrations ou mes

insatisfactions envers mon intervenant sans que cela n’affecte son

attitude envers moi.

.653 .426

3 Je me suis senti compris par mon intervenant. .768 .617

4 Nous avons construit à deux une compréhension commune de mes

difficultés et de leurs causes. .893 .798

5 Mon intervenant m’a aidé à orienter plus spécifiquement nos

discussions vers des sujets reliés à mes objectifs. .642 .412

6 Mon intervenant a adapté sa façon de travailler en fonction de mes

besoins actuels. .839 .703

r=.87

Note. AFC = Analyse factorielle confirmatoire; QIAT-DS-6 = Questionnaire intégratif de

l’alliance – version dernière séance– 6 items; R2= variance expliquée

(4) Validité discriminante

Les résultats des analyses étayant la validité discriminante du QIAT-DS-6 sont

présentés au Tableau 14 et 15. D’abord, l’absence de lien significatif démontré entre les

scores totaux du QIAT-DS-6 et les scores totaux de la mesure de désirabilité sociale, le

BIDR-21 (r=.05, p=.45), sa dimension d’hétéro-duperie (r = -.04, p = .58) ainsi que de

détresse psychologique (ISP-14; r = -.11, p=.12) soutiennent la validité discriminante de

l’échelle. De plus, la très faible magnitude du lien avec la dimension d’auto-duperie du

BIDR-21 (r = .17, p = .02) n’est pas suffisante pour discréditer l’hypothèse d’absence de lien

entre ces variables. Dans le même ordre d’idée, une série d’ANOVA non paramétriques

(Kruskal-Wallis; Tableau 15) a démontré que les scores totaux au QIAT-DS-6 des

participants ne variaient pas en fonction de leur sexe, de leur âge, de leur niveau de scolarité,

de leur occupation, de leur nationalité, de leur motif principal de consultation, du sexe de

Page 89: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

83

l’intervenant, de la concordance du sexe client-intervenant, du type d’intervenant, du type

d’approche psychothérapeutique et du type de suivi (psychothérapeutique versus autre),

étayant également la validité discriminante du QIAT-DS-6 et confirmant les hypothèses

initiales.

Tableau 13

Corrélations entre le QIAT-DS-6, le SRS et le SAI pour la validité convergente

SAI (n=207) SRS (n=211)

Échelle

complète

Lien

émotionnel

Lien

collaboratif

Échelle

complète

QIAT-DS-6

Échelle

complète .85** .75** .82** .71**

Lien

Émotionnel .75** .70** .70** .65**

Lien

Collaboratif .82** .69** .82** .68**

Note. QIAT-DS-6 = Questionnaire intégratif de l’alliance – version dernière séance– 6 items;

SAI = Session Alliance Inventory; SRS = Session Rating Scale

* p<.05 ** p<.01

(5) Validité concourante

Les résultats des analyses étayant la validité concourante du QIAT-DS-6 sont

présentés au Tableau 14. Tel qu’attendu, un lien positif d’intensité modéré a été observé entre

les scores totaux au QIAT-DS-6 et ceux mesurant la satisfaction des soins (CSQ-8; r = .77,

p<.01). Le lien négatif d’intensité léger anticipé avec le niveau de dysfonctionnement de la

personnalité tel que mesuré par l’EFPI a également été confirmé (r = -.27, p<.01), de même

que l’aspect discriminatif de la dimension interpersonnelle (r = -.29, p<.01) en comparaison

avec la dimension personnelle (r = -.22, p<.01), mais seulement de façon tendancielle (r à z

=-1.29, p=.10).

Page 90: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

84

(6) Validité incrémentielle

Les résultats des analyses comparant différentes caractéristiques du QIAT-DS-6, du

SRS et du SAI sont présentés au Tableau 16. D’abord, tel que souhaité, le niveau de difficulté

moyen des items du QIAT-DS-6 s’est révélé plus élevé (M=4.07/5, ET =.87) que ceux du

SRS (M=4.25/5, ET =.91; t(203)= -4.00, p<.01, d =.29), traduisant un effet plafond moins

important pour le nouveau questionnaire. Cette supériorité du QIAT-DS sur le SRS a

également été démontrée pour le groupe « 6-12 séances » (t(41) = -2.70, p<.01, d = .49) et

« plus de 30 séances » (t(75) = -3.14, p<.01, d = .27). Cependant, le score moyen aux items

ne s’est pas révélé statistiquement différent de celui du SAI et ce, peu importe les phases du

suivi. Les trois échelles ultra-brèves présentent par ailleurs une variabilité similaire (avec des

écarts-types variant entre .84 et .91) qui demeure du même ordre de grandeur, peu importe la

phase du suivi, ce qui appuie leur utilité indépendamment du nombre de séances écoulées.

Page 91: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

85

Tableau 14

Corrélations entre le QIAT-DS-6 et les différentes mesures servant à soutenir sa validité discriminante et concourante

QIAT-DS-6 SRS SAI

r r res avec SRS r res avec SAI r r res r à z q r r res r à z q

Validité discriminante

ISP-14 (n=199) -.11 .09 -.01 -.22** -.22** -2.50** .13 -.12 -.06 1.26

BIDR-21 (total) (n=191) .05 .04 -.08 .04 <.01 .75 .13 .14 -5.58** .22

BIDR-21 (auto-duperie) .17* .10 -.03 .14 .03 .52 .23** .15* -.86

BIDR-21 (hétéro-duperie) -.04 -.02 -.09 -.04 -.02 .00 .01 .09 -1.29

Validité concourante

CSQ-8 (n=200)

.77**

.72**(LE)

.71**(LC)

.34** .19**

.30**

.14*

.76** .30** .79

.81**

.69**(LE)

.76**(LC)

.28**

.31**

.31**

-2.34**

-.19

-4.14**

.10

.18

EFPI (n=197) -.27** -.12 -.03 -.27** -.11 .19 -.31** -.14 2.79** .11

EFPI personnel -.22** -.06 .01 -.25** -.14 1.50 -.27** -.16* 4.31** .17

EFPI interpersonnel -.29** -.17* -.08 -.25** -.06 -2.07* .23 -.30** -.09 .25

Note. BIDR-21 = Balanced inventory of desirable responding; CSQ-8 = Client Satisfaction Questionnaire; EFPI = Échelle de

fonctionnement personnel et interpersonnel; ISP-14 = Indice de détresse psychologique; Q = Q de Cohen; QIAT-SG-10 =

Questionnaire intégratif de l’alliance –suivi global – 10 items; r res = corrélation des scores résiduels (variance unique) des échelles

d’alliance; R à z = Transformation r à z de Fisher; SAI = Session Alliance Inventory

* p<.05 ** p<.01

Page 92: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

86

Tableau 15

Médianes et moyennes marginales estimées pour les scores totaux à la QIAT-DS-6 selon

les niveaux des variables catégorielles étudiées

QIAT-DS-6

Caractéristiques Méd Moy ET H (p)

Sexe

1. Hommes (n=22) 27.60 26.46 1.10

7.33(.06) 2. Femmes (n=196) 25.38 24.09 .37

3. Autre (n=5) 27.20 27.20 2.30

Âge

1. 18-30 ans (n=100) 25.33 24.15 .52

8.37(.08)

2. 31-40 ans (n=59) 24.63 23.76 .67

3. 41-50 ans (n=32) 27.75 25.97 .92

4. 51-60 ans (n=21) 27.42 24.71 1.13

5. >60 ans (n=11) 25.50 24.82 1.56

Scolarité

1. Secondaire non complété (n=7) 27.00 23.71 1.96

2.50 (.65)

2. Secondaire (n=21) 26.40 23.67 1.13

3. DEP (n=16) 24.00 22.81 1.30

4. Collégial (n=69) 26.45 24.88 .63

5. Universitaire (n=110) 25.29 24.50 .50

Occupation

1. Emploi (n=114) 25.65 24.59 .49

2.12(.71)

2. Sans emploi/Arrêt de travail (n=25) 27.00 25.24 1.04

3. Étudiant (n=65) 25.00 23.74 .65

4. Retraité (n=11) 26.33 24.18 1.57

5. À la maison (n=8) 25.50 24.63 1.84

Nationalité

1. Canadienne (n=201) 25.64 24.33 .37

2.25 (.33) 2. Européenne (n=15) 25.33 24.07 1.34

3. Autre (n=7) 28.25 26.87 1.96

Sexe intervenant 1. Homme (n=53) 25.75 40.42 1.08

.02 (.90) 2. Femme (n=169) 25.69 40.51 .60

Page 93: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

87

Tableau 15

Médianes et moyennes marginales estimées pour les scores totaux au QIAT-DS-6 selon les

niveaux des variables catégorielles étudiées (suite)

QIAT-DS-6

Caractéristiques Méd Moy ET H (p)

Motif principal

de consultation

1. Anxiété (n=56) 24.62 24.50 .69

6.16

(.41)

2. Sx dépressifs (n=43) 26.00 24.79 .79

3. Tb relationnels (n=24) 25.83 23.29 1.06

4. Gestion émotions (n=27) 24.80 23.04 1.00

5. Tb alimentaire (n=11) 27.00 25.36 1.57

6. Traumatisme (n=31) 26.20 24.47 .92

7. Autre (n=30) 27.73 25.30 .95

Concordance sexe client-

intervenant

Non concordant (n=56) 26.38 24.51 .69 .20 (.65)

Concordant (n=166) 25.56 24.36 .40

Titre professionnel

de l’intervenant

1. Psychologue (n=137) 25.32 24.04 .44

5.47

(.36)

2. Trav. social (n=27) 25.86 24.67 1.00

3. Éduc. spécialisé (n=9) 24.50 25.00 1.72

4. Sexologue (n=8) 27.33 27.38 1.83

5. Psychiatre (n=14) 26.00 23.14 1.38

6. Autre (n=27) 27.38 25.52 1.00

Type d’approche

1. TCC (n=61) 26.11 24.36 .66

4.48(.72)

2. Psychodyn (n=30) 26.43 25.50 .95

3. Humaniste (n=16) 24.50 24.94 1.31

4. Systémique (n=2) 28.50 28.50 3.70

5. Intégrative (n=9) 26.00 23.11 1.74

6. Ne sait pas (n=58) 25.10 23.50 .69

7. Autre (n=15) 26.00 25.07 1.35

Type de suivi

1. Non-psychothérapeutique

(n=31)

25.50 24.58 .93

.03 (.86)

2. Psychothérapeutique (n=191) 25.74 24.37 .37

Note. Tb = trouble; ET = Écart-type; H= Test de Kruskal-Wallis; Med = Médiane; Moy =

Moyenne

Page 94: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

88

Quant aux indices de cohérence interne, les trois questionnaires ont obtenu des alphas

de Cronbach nettement appréciables et identiques pour les échelles globales (.88). Pour les

scores aux sous-échelles du QIAT-DS-6 et du SAI, les alphas de Cronbach sont très

similaires, autant pour le lien émotionnel (.79 versus .78, respectivement) que pour le lien

collaboratif (.83 versus .84, respectivement). Pour ce qui est de l’étude comparative des AFC,

le QIAT-DS se démarque des deux autres questionnaires par des statistiques d’ajustement

qui sont toutes des valeurs appréciables, contrairement au SAI (NNFI = .916, RMSEA =

.093), et de façon encore plus marquée pour le SRS, qui a des valeurs non satisfaisantes voire

sous-optimales (NNFI =.884, RSMEA = .128). Pour le SAI, la première suggestion issue du

test de Lagrange multivarié, soit de relier le sixième item (« Je crois que la façon dont nous

travaillons sur mon problème est appropriée ») au premier facteur (lien émotionnel) au lieu

du deuxième (lien collaboratif) permet d’obtenir une valeur appréciable de NNFI et

acceptable de RMSEA, améliorant significativement le modèle. Pour le SRS, même si l’on

effectue la première suggestion à ce test, soit l’ajout d’un lien entre les termes d’erreur du

premier item (« Je me suis senti écouté, compris et respecté ») et du troisième item

(« L’approche du thérapeute me convient »), les valeurs de NNFI et de RMSEA demeurent

sous-optimales, signifiant un problème majeur avec ce modèle. Ensuite, le bais avec la

satisfaction des soins (Tableau 14) s’est révélé significativement moins important avec le

QIAT-DS-6 (r = .77, p<.01, r res = .19, p<.01)) qu’avec le SAI (r =.81, p<.01, r res = .28,

p>.01; r à z = -2.34, p<.01), mais il ne s’est pas différencié du SRS (r =.76, p<.01; r à z =

.79, p=.21) à ce niveau. Plus précisément, ce plus grand lien avec la satisfaction pour le SAI

est issu de sa dimension du lien collaboratif, qui est davantage redondant avec la satisfaction

(r = .76, p<.01, r res = .31, p<.01) que son homonyme du QIAT-DS-6 (r = .71, p<.01, r res

= .14, p<.02; r à z = -4.14, p<.01).

Finalement, afin d’effectuer les analyses en TRI, les postulats d’unidimensionnalité

et d’indépendance locale ont été vérifiés pour le SRS et le SAI, ces conditions ayant

préalablement été vérifiées pour le QIAT-DS-6. Ainsi, le postulat d’unidimensionnalité a été

confirmé pour le SRS et pour le SAI, avec respectivement 69.6% et 59.9% de la variance

totale des scores expliquée par le premier facteur (excédant le minimum requis de 50%) et

une valeur propre du premier contraste à 1.46 et 1.94 (inférieur au maximum de 2.0 permis).

Quant au postulat d’indépendance locale, celui-ci a également été respecté, étant donné

Page 95: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

89

qu’aucune des corrélations entre les résidus des items des deux questionnaires n’excédait .30.

Ceci a donc permis une étude comparative des CCO QIAT-DS-6, du SRS (regroupé en cinq

et dix choix de réponses ordinaux) et du SAI (Figures 1, 2 et 3). Pour le SRS, le pouvoir

discriminatif des options s’est avéré très faible pour les choix de réponse inférieurs à 4/5

(SRS-5) et à 8/10 (SRS-10); les CCO se superposent les unes sur les autres sans posséder de

pics distinctifs sur le continuum des niveaux d’alliance (Figure 1). Pour la SAI (Figure 2),

les CCO sont nettement plus différenciées que celles du SRS, mais elles demeurent

problématiques pour deux items. De façon plus alarmante, pour l’item 1 « Mon intervenant

et moi nous respectons l’un l’autre », aucun des participants n’a choisi l’option 1/5 (jamais)

et seulement .9% l’option 2/5 (rarement), si bien que la CCO représentant l’option inférieure

n’a pas pu être construite. De plus, la CCO de l’item 6 « Je crois que la façon dont nous

travaillons sur mon problème est appropriée » de l’option 2/5 se distingue à peine de l’option

inférieure, si bien que les participants ne semblent pas être en mesure de différencier ces deux

choix de réponse pour cet item. Au contraire, les CCO des six items du QIAT-DS-6 possèdent

tous un bon pouvoir discriminatif, particulièrement les items 1, 4 et 6, pour lesquels chaque

option de réponse devient à un certain niveau d’habileté (alliance) l’option la plus probable

par rapport aux autres options (Figure 3).

Page 96: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

90

Tableau 16

Comparaison entre différentes caractéristiques du QIAT-DS-6, du SRS et du SAI

QIAT-DS-6 SRS SAI

Séances M ET M ET t d M ET t d

Toutes

(n=204)

4.07 .87

4.25

.9

1 -4.00** .29

4.06 .84 .38

1-5 séances

(n=34)

3.72 1.01

3.87

.9

2 -1.47

3.72 .85 0

6-12 séances

(n=42)

3.94 .77

4.22

.8

5 -2.70** .49

3.98 .87 -.50

13-30 séances

(n=52)

4.14 .84

4.26

.9

2 -1.17

4.17 .84 -.40

>30 séances

(n=76)

4.26 .82

4.45

.8

7 -3.14** .27

4.19 .80 1.52

α Cronbach

Échelle complète .88 .88 .88

Sous-échelles .79 (LE)

83 (LC)

-

.78 (LE)

.84 (LC)

2 facteurs corrélés 1 facteur 2 facteurs corrélés

Statistiques d’ajustement AFC NNFI CFI RMSEA NNFI CFI RMSEA NNFI CFI RMSEA

.981 .990 .043 .884 .961 0.128 .916 .955 .093

Note. CFI = comparative fit index; d= d de Cohen pour échantillons appareillés; ET= Écart-type moyen par item; LC = Lien

collaboratif; LE = Lien émotionnel; M=Moyenne par item transformée (min=1, max=5); NNFI = Non-normed fit index; QIAT-

SG-10 = Questionnaire intégratif de l’alliance – version suivi global – 10 items; RMSEA = Root mean square error of

approximation; SRS=Session rating scale; t = t de Student pour échantillons appareillés;

*p<.05 ** p<.01 (bilatéral)

Page 97: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

91

Figure 1

Courbes caractéristiques d’options (CCO) du SRS-5 et SRS-10

0

0,5

1

-3 -1 1

Pro

bab

ilité

Z

CCO de l'item 1SRS-5

1

2

3

4

5

0

0,5

1

-4 -2 0 2

Pro

bab

ilité

Z

CCO de l'item 1SRS-10

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

0

0,5

1

-3 -1 1

Pro

bab

ilité

Z

CCO de l'item 2SRS-5

1

2

3

4

5

0

0,5

1

-4 -2 0 2

Pro

bab

ilité

Z

CCO de l'item 2SRS-10

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

0

0,5

1

-3 -1 1

Pro

bab

ilité

Z

CCO de l'item 3SRS-10

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

0

0,2

0,4

0,6

0,8

1

-3 -1 1

Pro

bab

ilité

Z

CCO de l'item 4SRS-5

1

2

3

4

5

0

0,5

1

-3 -1 1

Pro

bab

ilité

Z

CCO de l'item 4SRS-10

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

0

0,5

1

-3 -1 1

Pro

bab

ilité

Z

CCO de l'item 3SRS-5

1

2

3

4

5

Page 98: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

92

Figure 2

Courbes caractéristiques d’options (CCO) du SAI

0

0,5

1

-4 1

Pro

bab

ilité

Z

CCO de l'item 1SAI

2

3

4

5

0

0,5

1

-4 1

Pro

bab

ilité

Z

CCO de l'item 2SAI

1

2

3

4

5

0

0,5

1

-4 1

Pro

bab

ilité

Z

CCO de l'item 3SAI

1

2

3

4

5

0

0,5

1

-4 1

Pro

bab

ilité

Z

CCO de l'item 4SAI

1

2

3

4

5

0

0,2

0,4

0,6

0,8

1

-4 1

Pro

bab

ilité

Z

CCO de l'item 6SAI

1

2

3

4

5

0

0,2

0,4

0,6

0,8

1

-4 1

Pro

bab

ilité

Z

CCO de l'item 5SAI

1

2

3

4

5

Page 99: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

93

Figure 3

Courbes caractéristiques d’options (CCO) du QIAT-DS-6

0

0,2

0,4

0,6

0,8

1

-4 -2 0 2

Pro

bab

ilité

Z

CCO de l'item 1QIAT-DS-6

1

2

3

4

50

0,2

0,4

0,6

0,8

1

-4 -2 0 2

Pro

bab

ilité

Z

CCO de l'item 2QIAT-DS-6

1

2

3

4

5

0

0,5

1

-4 -2 0 2

Pro

bab

ilité

Z

CCO de l'item 3QIAT-DS-6

1

2

3

4

5

0

0,2

0,4

0,6

0,8

1

-4 -2 0 2

Pro

bab

ilité

Z

CCO de l'item 4QIAT-DS-6

1

2

3

4

5

0

0,5

1

-4 1

Pro

bab

ilité

Z

CCO de l'item 5QIAT-DS-6

1

2

3

4

5

0

0,2

0,4

0,6

0,8

1

-4 -2 0 2

Pro

bab

ilité

Z

CCO de l'item 6QIAT-DS-6

1

2

3

4

5

Page 100: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

94

Chapitre 9 – Discussion

Retour sur les objectifs et les hypothèses

(1) Sélection des items

QIAT-SG. Tout d’abord, l’AFE a permis de confirmer les deux dimensions

théoriquement postulées, bien que la variance expliquée par le deuxième facteur soit

significativement plus basse que celle du premier et à peine supérieure à 1. Le fait que ce

deuxième facteur (lien émotionnel) soit cohérent avec la théorie a fortement appuyé la

décision de le conserver. Le premier facteur, quant à lui (lien collaboratif), représentant 57

% de la variance totale de l’échelle, peut être interprété comme un facteur moins spécifique

que celui associé au lien émotionnel; il est considéré comme l’essence de l’alliance, soit le

niveau d’engagement d’une dyade thérapeutique vers un but commun significatif (Bordin,

1979). D’ailleurs, il a été démontré à plusieurs reprises (Hatcher & Barends, 1996; Tracey &

Kokotovic, 1989) que les échelles d’alliance, dont le WAI, pouvaient être majoritairement

expliquées par un facteur global. À titre d’exemple, dans cette étude, le premier facteur du

WAI-SR explique 60% de la variance globale de l’échelle et est associé aux items mesurant

le consensus sur les tâches.

Par ailleurs, de façon surprenante, le partie « social » du lien socioémotionnel, soit les

items représentant respectivement le niveau d’engagement du thérapeute, sa capacité à

transmettre l’espoir et une confiance quant à son expertise, n’ont pas saturé de façon

préférentielle sur le facteur du lien émotionnel. En effet, ils présentaient plutôt une légère

préférence pour le lien collaboratif et une saturation croisée significative avec le lien

émotionnel. Étant donné leur aspect non spécifique en lien avec les dimensions postulées

théoriquement, ces items ont été éliminés. À notre connaissance, cette étude était la première

à tenter de vérifier empiriquement la théorie proposée par Hatcher (2006) unifiant le lien

d’appréciation (composé des attitudes facilitatrices de Rogers; 1957) et le lien de

potentialisation (en lien avec la théorie de l’influence sociale de Strong; 1961) pour

caractériser plus finement la dimension du lien émotionnel de Bordin (1979). Les résultats

de cette étude ne soutiennent donc pas le regroupement de ces deux concepts. De plus, les

aspects d’influence sociale sont davantage saillants théoriquement au début du suivi, d’abord

en ce qui a trait à la perception de l’alliance par les clients (Hatcher & Barends, 2006) et

ensuite, en lien avec leur impact pour provoquer des changements thérapeutiques, notamment

Page 101: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

95

en combattant les effets de la démoralisation (Frank & Frank, 1993; Hatcher, 2010). Comme

nous voulions créer un outil de mesure de l’alliance utile dans toutes les phases du suivi, leur

élimination est d’autant plus justifiable dans la version « dernière séance » du QIAT, où les

items se doivent de rester pertinents même dans les phases plus avancées du suivi.

Ensuite, même si les items 13 et 14, représentant la négociation des tâches, saturent

préférentiellement sur le lien collaboratif tel qu’anticipé, ils ont une saturation croisée

supérieure aux autres items (quoique le niveau de cette dernière soit jugé comme acceptable

selon Tabachnick et Fidell[2013]) dans la version « suivi global ». Cela pourrait être dû,

d’une part, au fait que ces items réfèrent directement à l’intervenant plutôt qu’à la dyade en

comparaison aux autres items du lien collaboratif. D’autre part, cela pourrait être dû au fait

que le terme « façon de travailler », utilisé pour décrire l’approche thérapeutique dans ces

deux items, est trop général et inclut non seulement la façon de faire (méthode et technique

de travail) ce sur quoi la théorie de Bordin met l’accent, mais également la façon d’être de

l’intervenant, qui réfère à ses qualités socio-affectives, notamment sa sensibilité, nécessaire

pour un ajustement efficient aux préférences du client. Ainsi, afin de mettre davantage

l’accent sur (1) la mutualité et (2) sur la méthode utilisée pour travailler sur les difficultés,

nous proposons que l’item 13 soit modifié pour « La méthode que nous utilisons pour

travailler sur mes difficultés a du sens pour moi » et que l’item 14 soit changé pour « Nous

adaptons la façon de travailler sur mes difficultés en fonction de mes besoins actuels ».

Quant aux propriétés psychométriques du QIAT-SG telles qu’évaluées à partir de la

TCT, il est un peu surprenant de noter que l’item 4 « Mon intervenant est à l’aise d’aborder

des thèmes suscitant des émotions inconfortables chez moi lorsque c’est utile pour mon

cheminement » possède la CIT la plus basse de tous les items, ainsi que le deuxième niveau

de difficulté le plus faible (derrière l’item 5). En lien avec la CIT, il est probable que les

aspects de négociation qu’il incarne (dans ce cas, le confort de l’intervenant avec les émotions

négatives) expliquent ce lien moins fort avec le score total de l’échelle, comme il s’agit d’un

nouvel aspect que nous avons voulu intégrer à la théorie de Bordin. D’ailleurs, l’item 3 « Je

sens que je peux exprimer mes frustrations ou mes insatisfactions envers mon intervenant

sans que cela ne change son attitude envers moi », représentant également un aspect du

confort du thérapeute avec les émotions négatives, présente le deuxième CIT le plus bas après

Page 102: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

96

l’item 4. Dans tous les cas, les CIT demeurent à un niveau qui n’invalide pas leur lien avec

le construit global. Ensuite, concernant le niveau de difficulté plus faible de l’item 4, il est

possible que la locution « être à l’aise » soit trop permissive et vague, occasionnant un

endossement généralisé du construit représenté par cet item, qui reste selon nous fort

pertinent d’un point de vue clinique et théorique. Ainsi, nous croyons que la modification

suivante permettrait de mettre davantage en lumière l’aspect de confrontation inhérente au

concept de négociation (Doran, 2016) tout en conservant le contenu de l’item, augmentant

de fait possiblement son niveau de difficulté : « Mon intervenant est à l’aise de me confronter

à des sujets ou des thèmes suscitant des émotions inconfortables chez moi lorsque c’est utile

pour mon cheminement ». Nonobstant cette légère modification, il faut aussi noter que cet

item fait appel à la capacité du client à s’imaginer les capacités de son thérapeute et donc

qu’une faible capacité à mentaliser les habiletés de l’intervenant menant possiblement à une

idéalisation de ces dernières ait pu biaiser à la hausse les scores à cet item pour certains

clients. À ce titre, il serait pertinent de pouvoir valider cet item avec un échantillon constitué

de clients possédant de plus faibles capacités de mentalisation, comme les gens souffrant de

troubles sévères de la personnalité ou de troubles psychiatriques sévères et persistants

(schizophrénie, maladie bipolaire, etc.), afin d’identifier comment cette caractéristique

influence le score et la validité de cet item.

De façon globale, nous n’avons pas réussi à minimiser l’effet plafond assez

universellement observé dans les outils mesurant l’alliance thérapeutique (Horvath, 2018) et

ce, malgré un effort conscient pour créer des items plus difficiles, et moyennant d’ailleurs

des modifications de trois des quatorze items suite à l’étude de validation préliminaire de la

première version du QIAT. En effet, dans la présente étude, le WAI-SR a obtenu un score

total moyen significativement inférieur à celui du QIAT-SG-10, avec une taille d’effet faible

à moyenne (d=.39). On peut cependant penser que le type d’ancrage utilisé dans le QIAT, de

type « intensité » et variant entre « Pas du tout » à « Totalement », en comparaison à ceux

utilisés dans le WAI-SR, de type « fréquence » et variant entre « Rarement » et « Toujours »,

soit le principal responsable de cet écart entre les moyennes des deux échelles. Plus

précisément, le niveau inférieur « Rarement » nous apparait plus facilement endossable que

« Pas du tout », ce qui a pu influencer à la hausse les scores aux items du QIAT en

comparaison à ceux du WAI-SR. En effet, pour le QIAT-SG, le choix de réponse « Pas du

Page 103: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

97

tout » a été sélectionné en moyenne 2.14 fois moins fréquemment que le choix de réponse

« Rarement » pour le WAI-SR. Ainsi, lorsqu’on compare des items « homonymes » des deux

questionnaires ayant des contenus très similaires, comme l’item 1 du QIAT-SG « Je sens que

j’ai de la valeur comme personne aux yeux de mon intervenant» (M=4.27, ET=.90) et l’item

9 du WAI-SR « Je sens que mon intervenant m’apprécie » (M=4.03, ET=1.05), on constate

des niveaux moyens d’endossement significativement inférieurs pour l’item du WAI-SR

(t(206) = 4.06, p<.01, d = -.31) et une corrélation de seulement r=.64 entre ces deux items

« homonymes ». De façon intéressante, cette taille d’effet est très similaire à celle

représentant la différence de la moyenne des items des deux échelles; on peut donc faire

l’hypothèse qu’avec des ancrages similaires, les deux échelles auraient des scores moyens

équivalents. Cependant, même si un changement des ancrages du QIAT-SG-10 pour des

fréquences allant de « Rarement » à « Toujours », comme ceux utilisés dans le WAI-SR,

aurait éventuellement le potentiel de diminuer l’effet plafond observé dans les données issues

de ce mémoire, nous considérons que la perte de spécificité du QIAT-SG-10 en comparaison

avec le WAI-SR que cela occasionnerait serait un compromis trop coûteux. En effet, face à

la multiplicité de questionnaires mesurant l’alliance déjà existants, nous privilégions de

maintenir cette caractéristique du QIAT-SG-10 afin d’en justifier son existence. En effet, la

concordance des ancrages utilisés dans la version « dernière séance » et « suivi global » du

QIAT est en soi une importante valeur ajoutée de notre questionnaire par rapport aux outils

de mesure de l’alliance les plus populaires, qui n’ont d’ailleurs pas été créés spécifiquement

dans le but de pouvoir mesurer l’alliance selon différentes temporalités.

Par rapport à la variabilité des items du QIAT-SG-10, nous constatons que cette

dernière est nettement améliorée par rapport à celle de la version préliminaire; le changement

des ancrages de type « niveau d’accord » allant de « Fortement en désaccord » à « Fortement

en accord » pour les ancrages de type « intensité » présentés ci-haut a donc permis plus de

variation dans les réponses des participants et a amélioré les propriétés psychométriques de

l’échelle. À ce sujet, nous croyons que la modification proposée ci-haut augmentera

également probablement cette variabilité. Malgré tout, certains items conservent un niveau

assez faible de variation dans la version actuelle, et cette dernière est proportionnelle en

général au niveau de facilité des items. En comparaison avec le WAI-SR, cette variabilité est

cependant du même ordre de grandeur et diminue au même rythme, c’est-à-dire lentement et

Page 104: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

98

progressivement, plus le nombre de séances écoulées depuis le début du suivi augmente.

Ainsi, aucune des échelles ne se démarque à cet égard. Quant aux indices de cohérence

interne, les alphas de Cronbach des scores totaux et aux sous-échelles sont nettement

appréciables pour la version finale du QIAT-SG-10 et comparables à ceux du WAI-SR.

QIAT-DS. La sélection finale des items formant le QIAT-DS-6 a été fortement

influencée par la constance du niveau de difficulté (le plus élevé possible) et de variabilité

(la plus grande possible) des items selon les phases du traitement, étant donné son utilisation

envisagée dans les thérapies informées par la rétroaction. À ce titre, il est intéressant de noter

que le QIAT-DS-6 se démarque par une moyenne par item plus basse que pour le SRS (taille

d’effet légère à modérée), bien qu’elle ne diffère pas de celle du SAI. Ce niveau de difficulté

moyen plus bas pour le SRS peut potentiellement s’expliquer par le type d’ancrage utilisé,

dans ce cas-ci une échelle visuelle analogue (EVA). En effet, comme il sera expliqué plus en

détail ci-bas, ce genre d’ancrage a tendance à favoriser l’endossement des options extrêmes

(Kersten, White, & Tennant, 2010); couplé à un effet plafond inhérent au construit d’alliance

thérapeutique, il est probable que cela ait contribuer significativement à une prédilection

biaisée des cotations à l’extrémité supérieure de l’échelle. En effet, 54% des items ont reçu

une cotation de ≥ 9.0/10.0 et 34%, une cotation de 10.0/10.0. On peut donc sans se tromper

affirmer que l’EVA du SRS empire l’effet plafond associé à la mesure de l’alliance

thérapeutique, contrairement à ce que son très grand nombre de choix de réponse

possiblement endossables pourrait évoquer. La variance du QIAT-DS-6, quant à elle, ne se

distingue pas de celle deux autres échelles ultra-brèves et demeure, comme pour le QIAT-

SG-10 et le WAI-SR, de même ordre de grandeur selon les différentes phases de suivi,

diminuant légèrement et progressivement avec le temps. Il en va de même pour les indices

de cohérence interne du score global et aux sous-échelles des questionnaires ultra-bref, qui

offrent tous des niveaux nettement appréciables de cet indice de fiabilité.

Par contre, lorsque l’on analyse la fiabilité comparative de ces outils de mesure à

l’aide de la TRI et des CCO de chacun des items les constituants, le QIAT-DS offre une plus-

value significative et digne de mention. En effet, bien que le regroupement des choix de

réponse du SRS sur l’EVA en cinq et dix catégories ordinales de taille égale soient arbitraire,

l’analyse des CCO de ses quatre items révèle à tout le moins que les participants sont

Page 105: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

99

incapables de discriminer entre les 101 options de réponse offerte par l’EVA et ce,

particulièrement pour celles inférieures à 8/10. De fait, des chercheurs ont démontré que les

données issues des EVA se comportent comme des données ordinales, que les participants

tendent à ne pas utiliser l’étendue complète de l’échelle, surutilisant les extrêmes et

négligeant le milieu (Kersten et al., 2010), et que l’interprétation de l’aspect visuel de

l’échelle varie grandement selon les individus, ce qui peut biaiser les estimés du changement

entre les scores des échelles lorsqu’elles sont utilisées de façon répétées (Villanueva, del Mar

Guzman, Toyos, Ariza-Ariza, & Navarro, 2004), comme c’est le cas du SRS pour l’alliance

thérapeutique. En fait, les individus remplissant une EVA discrimineraient entre 4 et 10

catégories au maximum (Lerdal, Kottorp, Gay, & Lee, 2013; Thomee, Grimby, Wright, &

Linacre, 1995), ce qui est loin des 101 catégories dont ils disposent dans ces échelles. Par

conséquent, ces constatations, lorsqu’analysées de façon combinée au gonflement de l’effet

plafond mis en lumière précédemment, remettent sérieusement en doute l’adéquation de

l’utilisation d’une EVA pour mesurer l’alliance thérapeutique et donc la validité du SRS. En

outre, le QIAT-DS se démarque également du SAI, bien que de façon beaucoup plus

modérée, au niveau de l’aspect discriminatif de ses options de réponse tel qu’illustré par leurs

CCO respectives. L’item 1 du SAI, « Mon intervenant et moi nous respectons l’un l’autre »

est de loin le plus facilement endossé des items du SAI (et du WAI-SR), au point où aucun

des participants n’a choisi l’option inférieure; il est par conséquent impossible de tracer la

CCO de cette option. De plus, pour l’item 6 du SAI, « Je crois que la façon dont nous

travaillons sur mon problème est appropriée », les participants semblent avoir de la difficulté

à différencier entre l’option 2 « parfois » et 3 « assez souvent », possiblement à cause du

terme « appropriée », qui est très subjectif et vague. L’item 13 du QIAT-SG, « La façon de

travailler de mon intervenant a du sens pour moi », qui tente de cerner une idée très similaire,

est plus précise et présente d’ailleurs le plus haut niveau d’information de tous les items du

QIAT.

En lien avec les analyses factorielles exploratoires effectuées sur le QIAT-DS, les

mêmes observations que pour le QIAT-SG concernant la non-spécificité des items du lien

social ont été notées, sauf pour l’item 9 « J’ai confiance en l’expertise et les compétences

professionnelles de mon intervenant » qui sature préférentiellement sur le facteur de lien

émotionnel. Pour expliquer cette divergence, il est possible que les participants aient

Page 106: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

100

davantage mis l’accent sur l’aspect de « confiance » et donc du lien affectif dans la version

« dernière séance » que sur les aspects « expertise » et donc davantage techniques et plus

facilement rattachables au lien collaboratif ainsi qu’à la négociation des méthodes

thérapeutiques dans la version « suivi global ». Dans tous les cas, le profil différentiel de

saturation sur les facteurs entre les deux versions du QIAT a été un argument supplémentaire

pour éliminer cet item de la version ultra-brève. De façon similaire à ce qui a été observé

dans le QIAT-SG, mais à une intensité plus grande, les items 13 et 14, représentant la

négociation des tâches thérapeutiques, ont présenté des saturations croisées significatives sur

les deux facteurs retenus. Il est possible que les participants aient davantage focussé sur les

aspects de sensibilité-flexibilité du thérapeute plutôt que sur les méthodes de travail dans la

version « dernière séance », ce qui justifie d’autant plus les modifications proposées plus haut

pour ces deux items. Nous avons préféré l’item 14 à l’item 13 pour représenter cette

dimension de l’alliance dans la version ultra-brève pour trois raisons. Premièrement, l’item

14 intégrait des aspects de négociation (flexibilité de l’intervenant), contrairement à l’item

13. Deuxièmement, il s’est révélé plus utile dans toutes les phases du suivi dans l’analyse de

sa variance selon la durée du traitement. Troisièmement, l’item 13 saturait encore plus sur le

facteur croisé (lien émotionnel) que l’item 14.

Ensuite, quatre items sur six du QIAT-DS-6 se retrouvent à intégrer des aspects de

négociation (soit le confort de l’intervenant avec les émotions négatives, soit sa flexibilité),

ce qui n’est le cas d’aucun des items du SRS et du SAI. Nous croyons fermement que cet

aspect constitue une plus- value significative de notre questionnaire. D’ailleurs les deux items

intégrant les aspects de confort avec les émotions négatives sont ceux qui corrèlent le moins

avec la satisfaction, ce qui appuie le fait que le QIAT se différencie davantage de ce concept.

De surcroit, si on se fie aux données de validité prédictive disponible pour cette dimension

dans l’Alliance Negotiation Scale (ANS), on peut penser que ces items permettent de prédire

une portion incrémentielle des résultats, non couverte par les autres échelles d’alliance les

plus utilisées, comme le WAI-SR (Jennifer M Doran, Safran, & Muran, 2017).

Enfin, deux des trois items formant la dimension du lien émotionnel du QIAT-DS-6

sont directement lié au travail collaboratif, ce qui répond à la critique de Hatcher (2006), qui

prône une meilleure différenciation entre la relation vraie (Gelso, 2009) et le lien affectif

Page 107: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

101

nécessaire pour permettre une collaboration dirigée vers un but significatif (Bordin, 1979).

Même le troisième item, « Je me suis senti compris par mon intervenant », nous semble

davantage nécessaire au travail collaboratif que les items du lien affectif du SAI et du WAI-

SR comme « Je crois que mon intervenant m’aime bien » et « Mon intervenant et moi nous

respectons l’un l’autre » qui sont beaucoup plus généraux et réfèrent à une appréciation

globale. Encore une fois, le QIAT-DS-6 se démarque à cet égard comparativement au SRS

et au SAI, qui n’ont aucun item répondant à cette critique.

(2) Structure factorielle

Même si le lien social a été éliminé de la sélection finale du QIAT-SG et du QIAT-

DS, nous considérons que l’hypothèse de départ concernant la structure factorielle du

questionnaire, soit qu’un modèle à deux facteurs corrélés aurait les meilleures statistiques

d’ajustement, a été confirmée, tel que le soulignent ses meilleures statistiques d’ajustement

en AFC par rapport à celles des autres modèles testés. De plus, malgré qu’une structure

bidimensionnelle présente le meilleur équilibre entre la parcimonie et l’exhaustivité, le QIAT

peut être considéré comme ayant une structure relativement unidimensionnelle, car la

variance des deux facteurs spécifiques dans le modèle bifactoriel est presque nulle, et les

termes d’erreur des facteurs de premier ordre ne varient pas de façon significative dans le

modèle de deuxième ordre. La forte corrélation entre les deux facteurs met également en

lumière l’influence réciproque du lien émotionnel et collaboratif, ainsi que leur grande

proximité d’un point de vue conceptuel. En effet, il est logique qu’un meilleur lien affectif

entre l’intervenant et son client augmente leur chance de collaborer efficacement pour

atteindre leur but et que, à l’inverse, un travail collaboratif efficient ait un impact positif sur

le lien affectif. Ainsi, tel qu’anticipé, ces résultats soutiennent la validité du score total qui

peut être interprété comme une mesure globale et plus générale du niveau d’alliance

thérapeutique, bien que moins riche et précis que les scores aux dimensions du lien

émotionnel et collaboratif.

Par ailleurs, les analyses factorielles confirmatoires du QIAT-SG-10 soutiennent le

bien-fondé du regroupement de la négociation du rationnel (mythe), des objectifs et des

tâches thérapeutiques (rituels) en un seul facteur, tel que proposé par plusieurs chercheurs

(Hougaard, 1994; Marmar & Gaston, 1988; Martin, Garske, & Davis, 2000). Pour apporter

Page 108: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

102

des nuances à cette affirmation, il est intéressant de noter que la première modification

suggérée par le test de Lagrange multivarié est l’ajout d’un lien entre les termes d’erreur des

deux items représentant la sous-dimension de la négociation des objectifs, qui se démarquent

donc des autres items de la dimension du lien collaboratif de par leur plus haut degré de

variance partagée. Bien que cette modification aurait permis d’améliorer les statistiques

d’ajustement du QIAT-SG-10, celle-ci n’a pas été effectuée, car nous considérions que

l’ajustement du modèle aux données était suffisamment bon. Dans le même ordre d’idée,

pour le WAI-SR, les quatre items portant sur le consensus sur les objectifs se regroupent

clairement sur un facteur distinct du consensus sur les tâches thérapeutiques. Ces deux

dernières constatations alimentent ainsi le débat concernant la dimensionalité de l’alliance

thérapeutique, qui demeure ouvert. Par contre, il faut préciser que trois des quatre items

représentant la dimension du consensus sur les tâches dans le WAI-SR recoupent

particulièrement les construits de la satisfaction des soins reçus et les attentes favorables de

résultats (Falkenström et al., 2015), comme il le sera expliqué plus en détail ci-bas. Par

conséquent, il est possible que des items recoupant moins le concept de la satisfaction des

services et plus proches de la définition originale de Bordin, comme c’est le cas dans le QIAT,

se différencient moins de la négociation des objectifs et puissent être adéquatement

représentés par un seul facteur. En effet, si nous conduisons une AFE sur les items du WAI-

SR en remplaçant les trois items du consensus sur les tâches liées fortement à la satisfaction

par les deux items de la négociation des tâches du QIAT-SG-10, ce facteur fusionne avec

celui du consensus sur les objectifs pour ainsi former une structure bidimensionnelle, comme

dans le QIAT-SG-10, soit le lien émotionnel et le lien collaboratif. Ensuite, les résultats des

AFC confirment qu’il est possible d’intégrer des aspects de négociation à la définition

classique de Bordin sans affecter de façon significative la qualité de la structure factorielle

du questionnaire.

Finalement, le QIAT-SG-10 ne se démarque pas significativement du WAI-SR quant

à ses statistiques d’ajustement au meilleur modèle en AFC, qui sont dans les deux cas de

niveau au moins acceptable et qui confirment les dimensions théoriquement postulées pour

chacun des instruments, soit un modèle à deux facteurs corrélés pour le QIAT-SG-10 et un

modèle à 3 facteurs corrélés pour le WAI-SR. Par contre, le QIAT-DS-6 se démarque

significativement du SAI, et encore plus du SRS, en ce qui a trait à la qualité de ses

Page 109: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

103

statistiques d’ajustement en AFC. Pour le SAI, l’item 6 « Je crois que la façon dont nous

travaillons sur mon problème est appropriée » semblent donc être légèrement plus relié au

lien émotionnel qu’au lien collaboratif. Comme évoqué plus haut, il est possible qu’un plus

fort accent sur les méthodes et les techniques utilisées pour travailler sur le problème aurait

permis une saturation plus forte de cet item sur le lien collaboratif, par exemple en

reformulant l’item en « Je crois que la méthode et les techniques que nous utilisons pour

travailler sur mon problème sont appropriées ». Ensuite, force est de constater que la structure

unidimensionnelle théoriquement postulée pour le SRS ne s’ajuste pas bien aux données de

la présente étude, ce qui remet sérieusement en doute la validité de cette échelle. À ce sujet,

nous n’avons pu identifier aucune étude révisée par les pairs ayant testé la structure factorielle

du SRS. De façon intéressante, dans sa thèse de doctorat, Cazauvieilh (2018) a également

identifié des problèmes dans l’ajustement de ses données à une structure factorielle en AFC

pour le SRS. Au final, les quatre items du SRS ne semblent pas suffisamment corrélés les

uns aux autres pour être suffisamment bien circonscrits par un seul facteur, ce qui fait du

sens, considérant que chaque item représente quatre construits distincts, bien que fortement

inter-reliés, soit les trois dimensions de l’alliance thérapeutique de Bordin (items 1, 2, 3) et

la satisfaction des soins (item 4).

(3) Validité convergente

QIAT-SG. Un lien très fort a été identifié entre les scores totaux du QIAT-SG-10 et

ceux du WAI-SR (r=.81), ce qui soutient certainement la validité convergente de notre

questionnaire, mais soulève un questionnement concernant sa plus-value, étant donné la

multiplicité des échelles de mesure d’alliance déjà existants et son haut degré de recoupement

avec le questionnaire le plus couramment utilisé pour mesurer ce construit. Par contre, si l’on

se fie au critère de redondance entre deux construits de Tabachnick et Fidell (2013), soit une

corrélation bivariée supérieure à .75, force est de constater que les questionnaires mesurant

l’alliance dépassent fréquemment ce seuil, par exemple le CALPAS (r=.80 avec le WAI;

Hatcher et Barends, 1996) et l’ANS (r=.82; Doran et al., 2017), qui ont pourtant été construits

sur des bases théoriques différentes que celle de Bordin. Il faut préciser à cet égard que les

corrélations bivariées sont une statistique imparfaite pour mesurer le degré de convergence

de deux questionnaires, car le fait que les scores totaux de ces deux mesures varient dans le

même sens ne revient pas à dire qu’ils mesurent le même construit (Seidel, Andrews, Owen,

Page 110: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

104

Miller, & Buccino, 2017). À titre d’exemple, la taille et le poids des individus varient

généralement dans le même sens dans une population, car elles rendent compte en partie d’un

autre construit qui les relie, soit la croissance, et non car elles mesurent le même construit.

Par ailleurs, il est intéressant de noter que l’intensité du lien diminue sous le seuil de

redondance lorsque l’on ne considère que les données des participants dont la dernière séance

remonte à moins d’une semaine. En effet, on peut penser que ces données sont plus fiables

et précises, car il est fort probable que les cotations des échelles d’alliance s’homogénéisent

plus le temps s’allonge entre la séance et le temps de cotation, les scores devenant davantage

impressionnistes et perdant de leur aspect discriminant avec le temps. Par ailleurs, il ne fait

aucun doute que la dimension du lien émotionnelle du QIAT-SG, dont les niveaux de

corrélation sont plus modérés, autant avec les scores totaux du WAI-SR (r=.68) qu’avec sa

dimension homonyme (r=.66), est suffisamment distincte pour en justifier son existence.

Cette distinction est d’ailleurs probablement une conséquence de la bonification de la

dimension du lien émotionnel de Bordin par les attitudes facilitatrices de Rogers (1957), les

aspects de négociation (confort avec les émotions négatives et la flexibilité de l’intervenant;

Safran et al., 2010) ainsi que du lien plus clair de ces items avec le travail collaboratif, tel

que suggéré par Hatcher (2006).

QIAT-DS. Pour la version « dernière séance » ultra-brève du QIAT, l’intensité du

lien avec les scores totaux au SRS (r=.71) consiste selon nous en en bon équilibre entre le

degré de convergence des instruments et un certain degré de spécificité, ce qui est moins le

cas pour le SAI (r=.85). Lorsque l’on ne prend en compte que les données des participants

dont la dernière séance remonte à moins d’une semaine, l’intensité du lien diminue (r=.80),

mais pas autant que désiré pour considérer un degré suffisant de distinction entre les deux

construits. Ainsi, il est surprenant de constater que l’intensité du lien entre le SAI (et sa

version longue, le WAI-SR) est plus élevée que le lien entre le QIAT-DS et le QIAT-SG, qui

mesurent respectivement l’alliance lors de la dernière séance et celle depuis le début du suivi

de façon globale. Ces résultats sont difficilement explicables d’un point de vue théorique et

doivent subir l’épreuve de la réplication avant de pouvoir tirer des conclusions définitives. Il

faut dire que bien que cette distinction soit statistiquement significative, l’écart est faible et

probablement non signifiant d’un point de vue clinique. Aussi, il faut préciser que la mise en

comparaison des scores totaux au QIAT-DS-6 et au SAI est moins appropriée que le vis-à-

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105

vis avec le SRS, car les énoncés du SAI réfèrent au suivi global au lieu de référer à la dernière

séance. Dans tous les cas, bien que le degré de recoupement du QIAT-SG-10 et du QIAT-

DS-6 soit légèrement plus élevé qu’attendu, nous croyons que les autres distinctions et plus-

values évoquées ci-haut et qui suivent sont suffisantes pour en justifier leur existence.

(4) Validité discriminante

Tel qu’attendu, les scores totaux aux deux versions du QIAT ne corrèlent pas

significativement avec une mesure de la désirabilité sociale, ce qui est cohérent avec les

résultats des études de validation des autres mesures d’alliance fréquemment utilisées (Doran

et al., 2016; Gaston, 1991; Reese et al, 2013).

De plus, la très faible magnitude des liens identifiés entre le niveau de détresse

psychologique (r=-.17 pour le QIAT-SG-10 et r=-.10 pour le QIAT-DS-6) soutient leur

validité discriminante, encore plus si on les compare à ceux identifiés dans d’autres études

de validation de questionnaires d’alliance thérapeutique, comme le CALPAS (r=-.39 avec le

Symptom Checklist-10; Gaston, 1991) et l’ANS (r=-.29 avec le Symptom Checklist-11;

Doran et al., 2016). Il est intéressant de noter que le SRS semble significativement plus relié

au degré de détresse psychologique que le QIAT-DS-6 dans cette étude, bien que le lien

demeure faible (r=.22). Ceci pourrait s’expliquer entre autres par le format du SRS, constitué

d’une échelle visuelle analogue, plus subjective que des énoncés répondu à l’aide d’une

échelle de type Likert, et donc possiblement plus sensible au biais affectif chez des patients

déprimés par exemple. Bien qu’il soit concevable que des patients plus souffrants aient

davantage de difficulté à tisser une bonne alliance thérapeutique avec leur intervenant à cause

de leurs symptômes, il semble donc que le QIAT-DS-6 soit légèrement moins biaisé par les

symptômes que le SRS; une autre plus-value de ce questionnaire.

Les hypothèses d’absence de lien significatif avec différentes caractéristiques des

participants (âge, sexe, niveau d’éducation, motif principal de consultation), des intervenants

(sexe, concordance du sexe avec celui du client et type de professionnel) et du traitement

(type de suivi et d’approche psychothérapeutique) ont été confirmées, ce qui est cohérent

avec la littérature scientifique à ce sujet (Doran et al., 2016; Gaston, 1991; Horvath et

Greenberg, 1989; Luborsky et al., 1996). Concernant les résultats pour le type de

professionnel et de suivi (psychothérapeutique versus non psychothérapeutique), ces derniers

Page 112: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

106

sont particulièrement intéressants, car à notre connaissance, ils n’ont jamais été évalués dans

d’autres études de validation de questionnaire d’alliance, mais aussi car ils suggèrent que les

scores au QIAT ne sont pas influencés par le type de professionnel ou de suivi, ce qui

légitimise son utilisation dans d’autres domaines que le psychothérapie, par exemple dans

des suivis médicaux. De fait, l’alliance thérapeutique n’est pas un concept uniquement valide

en psychothérapie, comme le démontrent les études qui confirment sa validité prédictive pour

les résultats thérapeutiques dans une grande variété de contexte de soins psychiatriques, dont

les cliniques externes, les soins hospitaliers, les centres de jours (Hansson & Berglund, 1992;

Neale & Rosenheck, 1995; Priebe & Gruyters, 1994; Salvio, Beutler, Wood, & Engle, 1992)

et même dans des suivis par des omnipraticiens (Cape, 2000). Il faut cependant interpréter

ces résultats avec prudence, car le nombre de participants suivis par d’autres types de

professionnels que des psychologues était assez faible pour plusieurs catégories (par exemple

seulement neuf éducateurs spécialisés et huit sexologues), ce qui augmente le risque d’erreur

de type II. Il serait donc intéressant de pouvoir vérifier ces résultats dans une autre étude

incluant davantage d’intervenants non psychologues.

(5) Validité concourante

Premièrement, en lien avec le niveau de satisfaction des soins, l’hypothèse d’un lien

modéré à fort a été confirmée, avec des résultats très similaires pour le QIAT-DS-6 (r=.77)

et le QIAT-SG-10 (r=.73). L’intensité de ce lien est également cohérente avec ce qui a déjà

été reporté dans la littérature, par exemple pour le WAI et l’ANS (r=.73 et .61 respectivement

avec le Client Satisfaction Scale; Doran et al, 2016) et le CALPAS (r=.66 avec le CSQ-8;

Gaston, 1991). Fait important, dans la présente étude, le QIAT-SG-10 et le QIAT-DS-6 ont

un niveau de redondance avec la satisfaction des soins reçus légèrement, mais

significativement moins important que le WAI-SR et sa version ultra-brève, le SAI. Ces

résultats mettent en lumière une autre plus-value du QIAT et répond en partie donc à la

critique voulant que les questionnaires mesurant l’alliance thérapeutique soient trop biaisés

par les résultats ou les attentes favorables, gonflant artificiellement les associations avec

différentes mesures de « outcome » et réduisant la validité discriminante avec cet autre aspect

du processus thérapeutique (Hatcher, 2006). En effet, comme mentionné précédemment, trois

des quatre items de la dimension du consensus sur les tâches thérapeutiques du WAI-SR

réfèrent spécifiquement au degré de satisfaction du client par rapport aux soins qu’il reçoit

Page 113: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

107

ou mesurent carrément les résultats ou le changement obtenu jusqu’à présent ou anticipé

(Falkenström et al., 2015): «À la suite de ces consultations, je vois plus clairement comment

je pourrais être capable de changer », « Ce que je fais au cours de ce suivi me donne de

nouvelles façons d’envisager mon problème », « J’ai le sentiment que les choses que je fais

au cours de ces consultations vont m’aider à accomplir les changements que je souhaite ».

De fait, cette dimension du WAI-SR est plus fortement corrélée avec le CSQ-8 que ses autres

dimensions ou celles du QIAT-SG-10. De plus, la partie de la variance du WAI-SR non

expliquée par le QIAT-SG-10 (variance résiduelle) est significativement plus corrélée au

niveau de satisfaction que celle du QIAT-SG-10. En effet, près de la moitié de cette variance

unique du WAI-SR est expliquée par la satisfaction; on peut penser que celle-ci est causée

par ces trois items qui n’ont pas d’homonyme dans le QIAT. Ainsi, en tentant de sélectionner

des items de la dimension du consensus sur les tâches de la version longue originale du WAI

qui se distinguaient davantage du consensus sur les objectifs afin d’obtenir une structure

tridimensionnelle plus solide, Hatcher et Gillapsy (2006) semblent avoir non

intentionnellement créé une troisième dimension mesurant davantage les attentes favorables

que le consensus sur les tâches thérapeutiques, et gonflant donc la redondance avec la

satisfaction et les résultats. Même si nous sommes d’accord qu’il ne faut pas tenter d’éliminer

toute trace du sentiment d’utilité clinique ou d’espoir dans la définition opérationnelle de

l’alliance car, d’un point de vue expérientiel, à la fois les patients et les thérapeutes

conçoivent le changement comme étant inextricablement et réciproquement lié à l’alliance

(Krause et al., 2011), la force de cette association nous apparait excessive dans le cas du

WAI-SR, tel que démontré par l’étude qualitative du contenu des items de la dimension du

consensus sur les tâches et les résultats empiriques présentés ci-haut.

Deuxièmement, tel qu’anticipé, un lien négatif d’intensité faible avec le niveau de

dysfonctionnement de la personnalité, avec un aspect préférentiel pour la dimension

interpersonnelle, a été confirmé, ce qui corrobore les résultats obtenus dans les études de

validation du CALPAS (Gaston, 1991) et de l’ANS (Doran et al., 2016). De plus, la force de

cette association est similaire à celle identifiée pour les autres échelles d’alliance utilisées

dans cette étude. Ces résultats sont en phase avec le fait que le trouble de personnalité est le

seul diagnostic qui ait clairement et de façon récurrente été associé à des niveaux d’alliance

plus faibles (Bender, 2005), plus précisément à cause des niveaux d’hostilité (Hersoug,

Page 114: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

108

Monsen, Havik, & Høglend, 2002), ainsi que des difficultés d’affirmation de soi et

d’évitement social (Doran et al, 2019) dont peuvent faire preuve ces clients, affectant

respectivement le niveau d’alliance et les aspects de négociation de l’alliance thérapeutique.

L’alliance étant avant toute chose un processus interpersonnel, il n’est pas étonnant que des

difficultés de la personnalité chez le client influencent négativement son développement.

Forces de l’étude

Ce mémoire présente plusieurs forces. D’abord, nous croyons que le processus ayant

mené à l’opérationnalisation d’une définition modernisée de l’alliance thérapeutique présente

un haut niveau d’intégration des connaissances accumulées sur le sujet d’un point de vue à

la fois historique, théorique et empirique, et également d’un processus délibératif et réflexif

rigoureux. Ensuite, la méthodologie utilisée pour opérationnaliser cette définition à l’aide

d’énoncés d’attitudes s’est également faite de façon rigoureuse, en passant par un processus

itératif de création d’items et une évaluation de la qualité de ces derniers par un comité

d’experts. Le fait d’avoir procédé à une étude de validation préliminaire a également permis

de peaufiner le contenu et le format du questionnaire afin d’en améliorer les propriétés

psychométriques et la validité.

En ce qui a trait à la méthodologie utilisée pour la validation du QIAT, la diversité de

l’échantillon utilisé constitue également une force de l’étude. En effet, les participants

présentaient non seulement des caractéristiques sociodémographiques variées (à l’exception

du sexe des participants, ce dont il sera question plus bas), mais ils fréquentaient une grande

variété de types d’intervenants et pas seulement des psychologues, comme c’est le cas dans

la plupart des études de validation des outils de mesure de l’alliance thérapeutique. Les

approches thérapeutiques rapportées par les patients étaient également variées. Plusieurs ont

même noté que leur suivi ne se faisait pas dans le cadre d’une psychothérapie. Aussi, les

participants ont rapporté des durées de suivi très variables, dont des suivis très prolongés, ce

qui a été utile pour démontrer la pertinence de la version « dernière séance » du QIAT, car

nous voulions confirmer que les énoncés de cette version demeuraient pertinents même dans

les phases avancées du traitement. De plus, le tiers des patients présentaient des niveaux de

détresse psychologique et de dysfonctionnement de la personnalité compatible avec un

niveau pathologique, pour qui l’alliance thérapeutique peut être plus difficile à élaborer; d’où

Page 115: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

109

la pertinence d’en valider les questionnaires la mesurant dans ce type de clientèle. On peut

donc dire que le QIAT a été validé auprès d’un échantillon très varié (et donc hautement

généralisable) qui correspond à la clientèle avec lequel il sera utilisé, tant en recherche qu’en

clinique, notamment dans les thérapies informées par la rétroaction. Enfin, le nombre de

participants recrutés a été suffisant pour effectuer la grande majorité des analyses statistiques.

La multiplicité des analyses statistiques et qualitatives effectuées afin de sélectionner

les meilleurs items du QIAT-SG et pour la version ultra-brève du QIAT-DS est également

une grande force de l’étude. Nous avons également intégré la TRI pour sélectionner les

meilleurs items du QIAT-DS et pour le comparer aux autres échelles ultra-brèves d’alliance,

ce qui n’a pas été effectué fréquemment auparavant. Ces analyses ont d'ailleurs permis de

révéler d’importantes lacunes pour le SRS et mis en évidence d’importants avantages du

questionnaire développé dans le présent mémoire. L’exhaustivité du processus d’évaluation

du réseau nomologique du QIAT est certainement une autre force, un très grand nombre de

variables ayant pu soutenir les éléments de validité convergente, discriminante et

concourante. Finalement, l’étude de la validité incrémentielle (effet plafond, variabilité,

structure factorielle, redondance avec la satisfaction) du QIAT en comparaison au WAI-SR

et au SRS a permis de mettre en relief de façon plus explicite la plus-value du présent

questionnaire afin d’en justifier l’existence.

Limites de l’étude

Nonobstant les forces évoquées ci-haut, plusieurs limites sont importantes à

expliciter. Concernant la qualité de l’échantillon dans lequel le QIAT a été validé, il faut

mentionner que très peu d’hommes ont participé à l’étude, ce qui limite la généralisation des

résultats à cette population. Il faut dire que ces derniers ont beaucoup moins tendance à

consulter pour des problèmes reliés à la santé mentale que les femmes (Cox, 2014), ce qui

peut expliquer en partie cette constatation. Ensuite, la méthode de recrutement privilégiée,

de type échantillon de convenance, est non probabiliste, ce qui empêche toute inférence de

causalité entre les variables et a pu nuire à l’obtention d’une distribution normale pour

certaines variables, dont les scores totaux aux échelles mesurant l’alliance thérapeutique,

gonflant l’effet plafond observé, comme les clients ayant une bonne alliance avec leur

intervenant sont plus susceptibles d’avoir été motivés à participer à l’étude, malgré les efforts

Page 116: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

110

déployés à ce niveau pour favoriser le recrutement de clients ayant une expérience plus

négative de leur suivi. Par ailleurs, toutes les données ont été autorapportées par les

participants, limitant la fiabilité des réponses pour certaines variables, dont le type

d’approche thérapeutique préconisée par l’intervenant. Toutefois, nous ne pensons pas que

cet aspect ait significativement biaisé les résultats principaux de l’étude.

Ensuite, les deux versions du QIAT (dernière séance et suivi global) ont été

administrées côte à côte, ce qui a pu augmenter artificiellement la corrélation très élevée

(r=.88) obtenue entre ces questionnaires et donc nuit à la mise en relief de leur spécificité.

Aussi, la validité de l’adaptation de l’échelle visuelle analogue du SRS en format

électronique sur le site web sécurisé LimeSurvey n’a pas pu être vérifiée, et il n’est donc pas

possible d’affirmer que cette dernière est équivalente à la version papier.

La principale limite méthodologique de cette étude réside dans le fait que les

participants ont coté leur niveau d’alliance thérapeutique jusqu’à quatre semaines après leur

dernière séance, ce qui a pu affecter plus particulièrement la validité des données des

questionnaires mesurant l’alliance lors de la dernière séance, notamment en causant

potentiellement des cotations plus impressionnistes et moins précises et en augmentant ainsi

artificiellement les corrélations entre les items intra-échelle et inter-échelles. Ces corrélations

étant à la base des analyses factorielles, du calcul de la cohérence interne et de l’étude de la

validité convergente, discriminante et concourante, les résultats de la présente étude doivent

donc être interprétés avec précaution. Un effort a cependant été effectué afin de vérifier que

les résultats des analyses ne différaient pas significativement lorsque l’on ne tenait compte

que des participants dont la dernière séance remontait à moins d’une semaine. Lorsque ces

résultats différaient, ils ont été signifiés. Cette attention a donc permis d’atténuer ce biais.

Malgré ces écueils, nous avons tout de même décidé d’utiliser les données des participants

dont la séance était plus lointaine car une proportion plus grande de ceux-ci avait rapporté

des niveaux d’alliance plus bas, augmentant de ce fait la variabilité des échelles.

Finalement, concernant les tests statistiques, des analyses non paramétriques ont dû

être effectuées pour les comparaisons de groupes étant donné le très faible nombre de

participants dans certains des groupes, limitant la puissance des résultats obtenus pour l’étude

des variables catégorielles en validité concourante. Aussi, étant donné que la première phase

Page 117: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

111

de recrutement a dû être cessée prématurément en raison de problèmes significatifs identifiés

dans les premières versions des QIAT, le nombre de participants recruté lors de la deuxième

phase n’a pas été suffisant pour permettre d’effectuer les AFE et les AFC sur deux

échantillons séparés, ce qui augmente donc artificiellement les statistiques d’ajustement

obtenues dans les analyses factorielles confirmatoires effectuées, rappelons-le, sur des items

sélectionnés en partie selon leur niveau de saturation sur les facteurs retenus en analyse

exploratoire. Les résultats obtenus en AFC nécessitent donc d’être répliqués dans un autre

échantillon afin de s’assurer de la stabilité de la structure factorielle identifiée dans les deux

versions.

Pistes de recherches futures

D’abord, afin de s’assurer de la fidélité des données de validation obtenues dans ce

mémoire, il serait important de pouvoir répliquer ces résultats dans d’autres échantillons.

Pour ce faire, nous recommandons d’apporter les modifications de contenu mineures

proposées afin d’améliorer la saturation des items représentant la dimension de la négociation

des tâches thérapeutiques et pour diminuer l’effet plafond (Annexe 5). Ensuite, pour

minimiser les biais méthodologiques identifiés dans la présente étude, nous suggérons de

choisir un échantillon composé davantage d’hommes et de considérer un laps de temps

minimal entre la séance et la passation de l’instrument. L’utilisation d’un échantillon clinique

composé de participants consultant en cliniques privées par exemple ou en cliniques externes

spécialisées en psychiatrie pourrait permettre un ajout majeur aux données existantes. À ce

titre, il pourrait être particulièrement intéressant de valider le QIAT dans une clinique de

patients atteints de trouble de personnalité, étant donné les défis associés à une telle clientèle

en ce qui concerne le développement de l’alliance et le potentiel d’autant plus grand

d’amélioration des résultats thérapeutiques y étant corolaire. Il serait également judicieux de

tester en concomitance la version thérapeute du QIAT qui n’a pas été validée dans ce

mémoire afin notamment d’en dégager les similitudes et les distinctions d’avec la version

patient. Ainsi, le degré de cohérence entre les items remplis par les clients et les intervenants

pourrait faire office de critère supplémentaire permettant une possible révision des items

ayant été sélectionnés pour la version finale du QIAT. Une nouvelle étude de validation

permettrait également de confirmer la structure factorielle identifiée dans ce mémoire.

Page 118: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

112

Ensuite, il nous apparait primordial de vérifier la validité prédictive du QIAT sur les

résultats thérapeutiques (niveau de symptômes, fonctionnement interpersonnel, qualité de

vie) et les abandons prématurés à l’aide d’un devis longitudinal. Il serait particulièrement

intéressant de tenter de vérifier l’aspect incrémentiel de ce pouvoir prédictif par rapport aux

autres échelles de mesure de l’alliance déjà existantes. Tel que mentionné précédemment,

l’intégration des aspects de négociation et une moins grande emphase sur les aspects

d’attentes favorables et de satisfaction dans le QIAT nous portent à croire que ces éléments

pourraient permettre une prédiction d’une partie unique de la variance des résultats

thérapeutiques non couverte par le WAI-SR. La confirmation de telles hypothèses justifierait

d’autant plus l’existence du QIAT parmi la panoplie d’échelles de mesure de l’alliance déjà

existante.

Par ailleurs, en lien avec la version ultra-brève mesurant l’alliance lors de la dernière

séance, il serait pertinent de mesurer l’alliance de séance en séance avec ce questionnaire afin

d’en calculer la sensibilité au changement et l’indice de changement fiable (reliable change

index). Une telle procédure permettrait également de vérifier la stabilité de sa structure

factorielle à travers le temps en utilisant des analyses d’invariance factorielles longitudinales

(Falkenström et al., 2015). Ces analyses permettraient d’étoffer davantage la validité du

QIAT afin d’en favoriser l’utilisation autant en clinique dans les thérapies informées par la

rétroaction qu’en recherche pour aider à caractériser la relation entre les patrons de variation

de l’alliance de séance en séance et les autres processus individuels et relationnels actifs en

psychothérapie, dont les changements thérapeutiques.

Page 119: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

113

Conclusion

Synthèse et implications

Le but de ce mémoire était de construire une nouvelle échelle de mesure

opérationnalisant une définition modernisée et intégrative de l’alliance thérapeutique,

solidement ancrée dans la théorie de Bordin, mais actualisée à partir des avancées et des

écueils théoriques et méthodologiques identifiés dans la littérature scientifique sur le sujet.

Pour débuter, une révision exhaustive de la littérature (théories et données

empiriques) a permis de définir l’alliance thérapeutique comme processus interpersonnel pan

théorique, dynamique, et fluctuant (marqué par des ruptures et des réparations), qui émerge

d’une négociation intersubjective constructive entre les besoins relationnels asymétriques du

thérapeute et du patient, concernant deux dimensions, soit le lien collaboratif (négociation du

rationnel, des objectifs et des tâches) et le lien socioémotionnel spécifiquement nécessaire au

travail collaboratif délibéré.

Puis, un long processus intégrant créativité et rigueur méthodologique a permis

l’élaboration d’un questionnaire intégratif de l’alliance thérapeutique, le QIAT, une échelle

de mesure composée de 14 énoncés d’attitude associés à cinq options d’une échelle de

réponse de type Likert. Plusieurs versions ont été créées pour augmenter la flexibilité de son

utilisation, au niveau de la langue (version francophone et anglophone), de la temporalité

(version « suivi global » et « dernière séance ») et du point de vue du répondant (version

client et intervenant), mais ce sont les versions francophones auto-rapportées par le client

mesurant l’alliance perçue globalement depuis le début du suivi et lors de la dernière séance

qui ont fait l’objet d’une étude de validation exhaustive dans le présent mémoire.

Un processus de sélection des meilleurs items intégrant la théorie classique des items,

l’analyse factorielle exploratoire, la théorie de réponse aux items, ainsi que plusieurs autres

critères visant à minimiser les écueils identifiés dans la littérature scientifique sur l’alliance,

a mené à la création du QIAT-SG-10, composé de 10 items mesurant l’alliance telle que

perçue globalement depuis le début du suivi par le client, et du QIAT-DS-6, une échelle ultra-

brève de six items mesurant les variations de l’alliance de séance en séance et conçue

notamment pour être utilisée dans les thérapies informées par la rétroaction.

Page 120: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

114

Plusieurs analyses statistiques ont permis de démontrer les excellentes qualités

psychométriques des deux versions finales de ce questionnaire, qui ont été comparées,

d’abord pour le QIAT-SG-10, au WAI-SR, l’échelle mesurant l’alliance globale depuis le

début du suivi la plus utilisée, et ensuite, pour le QIAT-DS-6, à la version ultra-brève de six

items du WAI-SR, le SAI, ainsi qu’au SRS, une des échelles ultra-brève les plus utilisées

dans le paradigme des thérapies informées par la rétroaction.

D’abord, les scores totaux et aux sous-échelles ont présenté des indices de cohérence

interne nettement appréciables et comparables à leur vis-à-vis et ce, malgré deux items de

moins que le WAI-SR pour le QIAT-SG-10, maximisant ainsi son utilisation en augmentant

sa rapidité d’exécution. Le QIAT-DS-6 a, quant à lui, présenté de nets avantages face au

SRS, et dans une moindre mesure face au SAI, en ce qui a trait à sa fidélité en TRI telle que

mise en lumière par une meilleure capacité de ses différentes options de réponses à

discriminer les unes des autres dans les CCO.

Ensuite, les analyses factorielles ont confirmé que le modèle théorique à deux facteurs

corrélés (lien émotionnel et lien collaboratif) était celui qui s’ajustait le mieux aux données,

avec des statistiques d’ajustement acceptables à appréciables pour le QIAT-SG-10, et

uniformément appréciables pour le QIAT-DS-6 et ce, sans avoir à apporter de modifications

au modèle. Le QIAT-DS-6 s’est même significativement démarqué du SRS à ce niveau, pour

qui la structure unidimensionnelle présumée n’a pas pu être confirmée en AFC, et dans une

moindre mesure, du SAI, pour qui un item nécessitait une saturation croisée afin que la

structure à deux dimensions corrélées théoriquement présumée présente des statistiques

d’ajustement acceptables. Ainsi, le QIAT reflète par sa structure factorielle le distillat des

réflexions théoriques et des tests empiriques concluants à une fusion des dimensions de la

négociation des objectifs et des tâches thérapeutiques.

Par ailleurs, les efforts déployés pour minimiser l’effet plafond, observés assez

uniformément dans les scores d’alliance thérapeutique des questionnaires déjà existants,

n’ont pas donné les résultats escomptés. Ainsi, même si ces effets plafond se sont avérés

légèrement plus importants pour le QIAT-SG-10 en comparaison au WAI-SR, ceux du

QIAT-DS-6 se sont avérés au contraire, et de façon souhaitable, moins importants que ceux

du SRS, ce qui représente une importante plus-value de notre questionnaire ultra-bref. De

Page 121: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

115

plus, le mémoire a aussi permis de remettre en doute l’utilisation d’une échelle visuelle

analogue pour mesurer l’alliance, qui favorise la cotation de scores extrêmes et possède de

faibles qualités discriminantes pour les options de réponses situées au milieu de l’échelle.

Ultimement, ces résultats portent également à croire que les effets plafond sont

inextricablement reliés au construit de l’alliance thérapeutique et qu’il n’est peut-être pas

possible (voir non souhaitable) de les éliminer complètement.

Bien que les analyses corrélationnelles démontrent un niveau de convergence des

scores totaux des deux versions du QIAT qui dépasse légèrement le seuil couramment fixé

de redondance avec le WAI-SR et le SAI, nous croyons que l’analyse qualitative du contenu

des items révèle des distinctions importantes qui justifient son existence, notamment car elles

viennent répondre à plusieurs critiques portant sur les échelles d’alliance déjà existantes.

D’abord, les énoncés du QIAT mettent davantage l’emphase sur les compétences affectives

du thérapeute comme générateur du lien émotionnel tel que suggéré dans les études

qualitatives de l’alliance, avec 50% des items les représentant. Ensuite, les énoncés

circonscrivant le lien émotionnel sont davantage reliés au travail collaboratif (3/5 des items

pour le QIAT-SG-10 et 2/3 pour le QIAT-DS-6), ce qui répond à la critique de Hatcher (2006)

décriant un manque de distinction claire entre la dimension du lien affectif dans l’alliance et

la relation vraie (Gelso & Carter, 1985), cette dernière pouvant à elle seule générer des

changements thérapeutiques à l’extérieur des changements attribués au concept d’alliance.

Puis, le QIAT intègre la notion de négociation de Safran et al. (2010), qui met de l’avant

l’importance du confort avec les émotions négatives (2 items/10 dans le QIAT-SG-10 et 2

items/6 dans le QIAT-DS-6) et de la flexibilité du thérapeute (2 items/10 dans le QIAT-SG-

10 et 2 items/6 dans le QIAT-DS-6) pour construire l’alliance thérapeutique, répondant ainsi

à la critique voulant que ce l’alliance soit devenue submergée par l’aspect consensuel

(Cushman & Gilford, 2000). Enfin, les items du QIAT ont été expressément choisis pour

incarner des concepts reliés à l’alliance qui demeurent utiles à toutes les phases du traitement

et pas seulement dans les phases précoces. Ainsi, les items ont du sens à la fois lorsqu’ils

sont interprétés de façon plus macroscopique (en référence au suivi global) que

microscopique (dernière séance). Cette grande flexibilité, à notre avis, inégalée parmi les

questionnaires d’alliance déjà existants, constitue un important avantage du QIAT, qui peut

Page 122: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

116

autant être utilisé en recherche qu’en clinique dans sa version plus longue, ainsi que dans les

thérapies informées par la rétroaction, dans sa version ultra-brève.

Finalement, les analyses statistiques ont pu permettre de confirmer que les deux

versions du QIAT validées sont significativement moins redondantes avec le construit de la

satisfaction des services et les attentes favorables que le WAI-SR et sa version ultra-brève,

le SAI, venant ainsi répondre à la critique soulignant le manque de distinction entre l’alliance

thérapeutique et ces concepts. Par conséquent, notre questionnaire représente une

opérationnalisation plus spécifique de l’alliance thérapeutique que le WAI-SR, une autre

plus-value de notre questionnaire.

En somme, bien que le QIAT ne soit pas parfait, il présente clairement de multiples

avantages comparativement aux questionnaires déjà existants et répond à plusieurs des

critiques soulevées par les chercheurs étudiant l’alliance thérapeutique. Il s’agit d’un outil de

mesure de l’alliance thérapeutique possédant d’excellentes qualités psychométriques qui est

bref, modernisé et flexible, tant en ce qui a trait à la langue d’utilisation (version française et

anglaise), qu’à la temporalité (version dernière séance et suivi global), que du point de vue

(version client et intervenant) et du type d’intervenants et du contexte dans lequel il peut être

utilisé. Toutes ces caractéristiques et ces particularités justifient selon nous son existence.

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Page 132: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

126

Annexes

Annexe 1 : Définitions de l’alliance thérapeutique, ses dimensions et sous-dimensions_127

Annexe 2 : Questionnaire Intégratif de l’Alliance Thérapeutique (QIAT-14) – première

version

2.1 : Version client – dernière séance__________________________________128

2.2 : Version client – suivi global_____________________________________129

Annexe 3 : Questionnaire Intégratif de l’Alliance Thérapeutique (QIAT-14) –

deuxième version

3.1 : Version client – dernière séance__________________________________130

3.2 : Version client – suivi global_____________________________________131

Annexe 4 : Questionnaire Intégratif de l’Alliance Thérapeutique – version réduite finale

4.1 : Version client – dernière séance (QIAT-DS-6)_______________________132

4.2 : Version client – suivi global (QIAT-SG-10)_________________________133

Annexe 5 : Questionnaire Intégratif de l’Alliance Thérapeutique – version réduite finale

avec suggestions de modification

5.1 : Version client – dernière séance (QIAT-DS-6m)_____________________134

5.2 : Version client – suivi global (QIAT-SG-10m)_______________________135

Annexe 6 : Questionnaire socio-démographique______________________________136

Page 133: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

127

Annexe 1 : Définitions de l’alliance thérapeutique, ses dimensions et ses sous-dimensions

Définition de l’alliance thérapeutique : Processus interpersonnel dynamique et fluctuant (marqué par des ruptures et des réparations) qui émerge d’une négociation intersubjective

constructive entre les besoins relationnels asymétriques du thérapeute et du patient, concernant deux dimensions, soit le lien collaboratif (négociation du rationnel, des objectifs et

des tâches thérapeutiques) et le lien socioémotionnel spécifiquement nécessaire au travail collaboratif délibéré.

(A) Dimension du lien socioémotionnel : attitudes socio-affectives du thérapeute facilitant la négociation et l’engagement de la dyade dans un travail collaboratif dirigé vers un but

significatif. À noter que bien que les attitudes socio-affectives du patient facilitent elle aussi la négociation et l’engagement de la dyade dans le travail collaboratif, celle-ci n’est pas

évaluée dans cette dimension.

- Sous-dimensions

o (1) Appréciation : Désir chaleureux de prendre soin d’un autre être humain perçu comme ayant de la valeur et de l’intérêt.

o (2) Acceptation inconditionnelle : Acceptation non possessive et non évaluative de chaque aspect de l’expérience du patient (autant ses « bons » et ses

« mauvais » cotés), considéré comme une personne entière et séparée du thérapeute.

o (3) Authenticité : Niveau d’intégration et de congruence du thérapeute, c’est-à-dire sa capacité à être librement et profondément lui-même dans la relation, en

contact avec sa véritable expérience, moment par moment, et non en se présentant sous une façade (consciemment ou inconsciemment). Cette attitude s’actualise

dans la relation par une transmission verbale et comportementale des émotions et pensées du thérapeute de façon transparente, mais respectueuse et avec tact.

o (4) Empathie : Capacité du thérapeute à ressentir et à communiquer avec sensibilité l’expérience complète (consciente et inconsciente, affective et cognitive) du

patient, en adoptant son cadre de référence, sans la confondre et la teinter de sa propre expérience

o (5) Engagement : Niveau d’implication et de dévouement du thérapeute à aider le patient dans l’atteinte de ses objectifs.

o (6) Optimisme : Capacité du thérapeute à instiller au patient de l’espoir et des attentes favorables concernant les issues thérapeutiques.

o (7) Expertise : Capacité du thérapeute à transmettre au patient un sentiment de confiance en ce qui a trait à sa crédibilité et sa compétence professionnelle.

(B) Dimension du lien collaboratif : qualité de la négociation d’une dyade thérapeutique lui permettant de s’engager dans un travail collaboratif dirigé vers un but significatif.

- Sous-dimensions

o (7) Négociation du rationnel : qualité du processus délibératif intersubjectif entre le patient et le thérapeute menant à une vision commune des explications

plausibles et de la nature des problèmes du patient.

o (8) Négociation des objectifs : qualité du processus délibératif intersubjectif entre le patient et le thérapeute menant à une vision commune de ce qui devrait

faire l’objet du travail collaboratif.

o (9) Négociation des tâches : qualité du processus délibératif intersubjectif entre le patient et le thérapeute menant à une vision commune et une confiance mutuelle

en ce qui a trait à la façon (approche, techniques, tâches, distribution des responsabilités) de travailler les objectifs thérapeutiques.

Page 134: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

128

Annexe 2 : Questionnaire Intégratif de l’Alliance Thérapeutique (QIAT) – version

initiale

Annexe 2.1 Version client – dernière séance

Ci-dessous, vous trouverez des énoncés qui décrivent des pensées ou des émotions que vous pourriez avoir envers votre

thérapeute (ou professionnel de la santé).

Quand vous lisez ces énoncés, pensez à votre dernière séance seulement.

Vous devez indiquer à quel point vous êtes en accord ou en désaccord avec chacun des énoncés ci-dessous en utilisant

l’échelle de réponse suivante :

1 = Fortement en désaccord

2 = Plutôt en désaccord

3 = Légèrement en désaccord

4 = Légèrement d’accord

5 = Plutôt d’accord

6 = Fortement d’accord

Par exemple, si vous êtes fortement en désaccord avec l’énoncé, encerclez le numéro 1. Si vous êtes légèrement en accord

avec celui-ci, encerclez plutôt le numéro 4. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse.

Il est possible qu’on vous demande de compléter ce rapport à plusieurs reprises au courant de votre suivi. Rappelez-vous

que vous devez rapporter vos impressions reliées à votre dernière séance seulement.

Répondez rapidement; vos premières impressions sont généralement les réponses qui vous caractérisent le plus.

N’oubliez pas de répondre à tous les énoncés. Merci pour votre collaboration !

Lors de la dernière séance,

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Plu

tôt

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Fo

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d’a

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rd

1. J’ai senti que j’avais de la valeur comme personne aux yeux de mon thérapeute. 1 2 3 4 5 6

2. Mon thérapeute m’a accepté comme je suis, sans me juger, peu importe ce que

j’ai dit ou ce que j’ai fait.

1 2 3 4 5 6

3. J’ai senti que je pouvais exprimer mes frustrations ou mes insatisfactions envers

mon thérapeute sans que cela n’affecte son attitude envers moi.

1 2 3 4 5 6

4. J’ai senti que mon thérapeute pensait vraiment ce qu’il me disait. 1 2 3 4 5 6

5. Mon thérapeute a été attentif et réceptif à ce que je vivais. 1 2 3 4 5 6

6. Je me suis vraiment senti compris par mon thérapeute. 1 2 3 4 5 6

7. Mon thérapeute était pleinement engagé à m’aider à résoudre mes difficultés. 1 2 3 4 5 6

8. Mon thérapeute m’a transmis l’espoir que je suis capable de changer. 1 2 3 4 5 6

9. J’avais confiance en l’expertise et les compétences professionnelles de mon

thérapeute.

1 2 3 4 5 6

10. Nous avons construit à deux une compréhension commune de mes difficultés et

de leurs causes.

1 2 3 4 5 6

11. Nous avons travaillé sur des objectifs déterminés ensemble. 1 2 3 4 5 6

12. Mon thérapeute m’a aidé à orienter plus spécifiquement nos discussions vers

des sujets reliés à mes objectifs.

1 2 3 4 5 6

13. La façon de travailler de mon thérapeute avait du sens pour moi. 1 2 3 4 5 6

14. Mon thérapeute a adapté sa façon de travailler en fonction de mes besoins

actuels.

1 2 3 4 5 6

Page 135: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

129

Annexe 2.2 Version client – suivi global

Ci-dessous, vous trouverez des énoncés qui décrivent des pensées ou des émotions que vous pourriez avoir

envers votre thérapeute (ou professionnel de la santé).

Quand vous lisez ces énoncés, pensez à votre expérience générale du suivi jusqu’à présent.

Vous devez indiquer à quel point vous êtes en accord ou en désaccord avec chacun des énoncés ci-dessous en

utilisant l’échelle de réponse suivante :

1= Fortement en désaccord

2 = Plutôt en désaccord

3 = Légèrement en désaccord

4 = Légèrement d’accord

5 = Plutôt d’accord

6 = Fortement d’accord

Par exemple, si vous êtes fortement en désaccord avec l’énoncé, encerclez le numéro 1. Si vous êtes

légèrement en accord avec celui-ci, encerclez plutôt le numéro 4. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise

réponse.

Répondez rapidement; vos premières impressions sont généralement les réponses qui vous caractérisent le

plus.

N’oubliez pas de répondre à tous les énoncés. Merci pour votre collaboration !

En général depuis le début de mon suivi,

Fo

rtem

ent

en d

ésa

cco

rd

Plu

tôt

en d

ésa

cco

rd

Lég

èrem

ent

en d

ésa

cco

rd

Lég

èrem

ent

d’a

cco

rd

Plu

tôt

d’a

cco

rd

Fo

rtem

ent

d’a

cco

rd

1. Je sens que j’ai de la valeur comme personne aux yeux de mon thérapeute. 1 2 3 4 5 6

2.Mon thérapeute m’accepte comme je suis, sans me juger, peu importe ce que je

dis ou ce que je fais.

1 2 3 4 5 6

3. Je sens que je peux exprimer mes frustrations ou mes insatisfactions envers mon

thérapeute sans que cela n’affecte son attitude envers moi.

1 2 3 4 5 6

4. Je sens que mon thérapeute pense vraiment ce qu’il me dit. 1 2 3 4 5 6

5. Mon thérapeute est attentif et réceptif à ce que je vis. 1 2 3 4 5 6

6. Je me sens vraiment compris par mon thérapeute. 1 2 3 4 5 6

7. Mon thérapeute est pleinement engagé à m’aider à résoudre mes difficultés. 1 2 3 4 5 6

8. Mon thérapeute me transmet l’espoir que je suis capable de changer. 1 2 3 4 5 6

9.J’ai confiance en l’expertise et les compétences professionnelles de mon

thérapeute.

1 2 3 4 5 6

10. Nous construisons à deux une compréhension commune de mes difficultés et de

leurs causes.

1 2 3 4 5 6

11. Nous travaillons sur des objectifs déterminés ensemble. 1 2 3 4 5 6

12. Mon thérapeute m’aide à orienter plus spécifiquement nos discussions vers des

sujets reliés à mes objectifs.

1 2 3 4 5 6

13. La façon de travailler de mon thérapeute a du sens pour moi. 1 2 3 4 5 6

14. Mon thérapeute adapte sa façon de travailler en fonction de mes besoins

actuels.

1 2 3 4 5 6

Page 136: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

130

Annexe 3 : Questionnaire Intégratif de l’Alliance Thérapeutique (QIAT) – version

finale

Annexe 3.1 : version client – dernière séance

Ci-dessous, vous trouverez des énoncés qui décrivent des attitudes que vous pourriez avoir par rapport à votre suivi ou votre

intervenant en santé mentale (thérapeute, médecin, éducatrice/éducateur, travailleuse sociale/travailleur social, etc.).

Vous devrez déterminer à quel point chacun des énoncés correspond à votre expérience en utilisant l’échelle de réponse

suivante :

1 = Pas du tout

2 = Un peu

3 = Moyennement

4 = Beaucoup

5 = Totalement

Pour chacun des énoncés, vous devrez évaluer votre vécu lors de votre dernière séance seulement.

Répondez rapidement; vos premières impressions sont généralement les réponses qui vous caractérisent le plus.

N’oubliez pas de répondre à tous les énoncés. Merci pour votre collaboration

Lors de la dernière séance,

Pa

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to

ut

Un

peu

Mo

yen

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ent

Bea

uco

up

To

tale

men

t

1. J’ai senti que j’avais de la valeur comme personne aux yeux de mon intervenant 1 2 3 4 5

2. J’ai senti que je pouvais révéler à mon intervenant des aspects de moi qui me font peur

ou dont j’ai honte et qu’il allait m’accepter comme je suis, sans me juger

1 2 3 4 5

3. J’ai senti que je pouvais exprimer mes frustrations ou mes insatisfactions envers mon

intervenant sans que cela n’affecte son attitude envers moi.

1 2 3 4 5

4. Mon intervenant était à l’aise d’aborder des thèmes suscitant des émotions

inconfortables chez moi lorsque c’était utile pour mon cheminement.

1 2 3 4 5

5. Mon thérapeute a été attentif et réceptif à ce que je vivais intérieurement. 1 2 3 4 5

6. Je me suis senti compris par mon intervenant. 1 2 3 4 5

7. Mon intervenant était engagé à m’aider à résoudre mes difficultés. 1 2 3 4 5

8. Mon intervenant m’a transmis l’espoir que je suis capable de changer. 1 2 3 4 5

9. J’avais confiance en l’expertise et les compétences professionnelles de mon

intervenant.

1 2 3 4 5

10. Nous avons construit à deux une compréhension commune de mes difficultés et de

leurs causes.

1 2 3 4 5

11. Nous avons travaillé sur des objectifs déterminés ensemble. 1 2 3 4 5

12. Mon intervenant m’a aidé à orienter plus spécifiquement nos discussions vers des

sujets reliés à mes objectifs.

1 2 3 4 5

13. La façon de travailler de mon intervenant avait du sens pour moi. 1 2 3 4 5

14. Mon intervenant a adapté sa façon de travailler en fonction de mes besoins actuels. 1 2 3 4 5

Page 137: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

131

Annexe 3.2 : version client – suivi global

Ci-dessous, vous trouverez des énoncés qui décrivent des attitudes que vous pourriez avoir par rapport à votre

suivi ou votre intervenant en santé mentale (thérapeute, médecin, éducatrice/éducateur, travailleuse

sociale/travailleur social, etc.).

Vous devrez déterminer à quel point chacun des énoncés correspond à votre expérience en utilisant l’échelle de

réponse suivante :

1 = Pas du tout

2 = Un peu

3 = Moyennement

4 = Beaucoup

5 = Totalement

Pour chacun des énoncés, vous devrez évaluer votre expérience globale du suivi jusqu’à maintenant.

Répondez rapidement; vos premières impressions sont généralement les réponses qui vous caractérisent le

plus.

N’oubliez pas de répondre à tous les énoncés. Merci pour votre collaboration

En général depuis le début de mon suivi,

Pa

s d

u t

ou

t

Un

peu

Mo

yen

nem

ent

Bea

uco

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To

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men

t

1. Je sens que j’ai de la valeur comme personne aux yeux de mon intervenant. 1 2 3 4 5

2. Je sens que je peux révéler à mon intervenant des aspects de moi qui me font

peur ou dont j’ai honte et qu’il va m’accepter comme je suis, sans me juger

1 2 3 4 5

3. Je sens que je peux exprimer mes frustrations ou mes insatisfactions envers

mon intervenant sans que cela n’affecte son attitude envers moi.

1 2 3 4 5

4. Mon intervenant est à l’aise d’aborder des thèmes suscitant des émotions

inconfortables chez moi lorsque c’est utile pour mon cheminement.

1 2 3 4 5

5. Mon thérapeute est attentif et réceptif à ce que je vis intérieurement. 1 2 3 4 5

6. Je me sens compris par mon intervenant. 1 2 3 4 5

7. Mon intervenant est engagé à m’aider à résoudre mes difficultés 1 2 3 4 5

8. Mon intervenant me transmet l’espoir que je suis capable de changer. 1 2 3 4 5

9.J’ai confiance en l’expertise et les compétences professionnelles de mon

intervenant.

1 2 3 4 5

10. Nous construisons à deux une compréhension commune de mes difficultés

et de leurs causes.

1 2 3 4 5

11. Nous travaillons sur des objectifs déterminés ensemble. 1 2 3 4 5

12. Mon intervenant m’aide à orienter plus spécifiquement nos discussions

vers des sujets reliés à mes objectifs.

1 2 3 4 5

13. La façon de travailler de mon intervenant a du sens pour moi. 1 2 3 4 5

14. Mon thérapeute intervenant sa façon de travailler en fonction de mes

besoins actuels.

1 2 3 4 5

Page 138: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

132

Annexe 4 : Questionnaire Intégratif de l’Alliance Thérapeutique – version réduite

finale

Annexe 4.1 : Version client – dernière séance (QIAT-DS-6)

Ci-dessous, vous trouverez des énoncés qui décrivent des attitudes que vous pourriez avoir par rapport à votre

suivi ou votre intervenant en santé mentale (thérapeute, médecin, éducatrice/éducateur, travailleuse

sociale/travailleur social, etc.).

Vous devrez déterminer à quel point chacun des énoncés correspond à votre expérience en utilisant l’échelle de

réponse suivante :

1 = Pas du tout

2 = Un peu

3 = Moyennement

4 = Beaucoup

5 = Totalement

Pour chacun des énoncés, vous devrez évaluer votre vécu lors de votre dernière séance seulement.

Répondez rapidement; vos premières impressions sont généralement les réponses qui vous caractérisent le

plus.

N’oubliez pas de répondre à tous les énoncés. Merci pour votre collaboration

Lors de la dernière séance,

Pa

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u t

ou

t

Un

peu

Mo

yen

nem

ent

Bea

uco

up

To

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men

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1. J’ai senti que je pouvais révéler à mon intervenant des aspects de moi qui

me font peur ou dont j’ai honte et qu’il allait m’accepter comme je suis, sans

me juger

1 2 3 4 5

2. J’ai senti que je pouvais exprimer mes frustrations ou mes insatisfactions

envers mon intervenant sans que cela n’affecte son attitude envers moi.

1 2 3 4 5

3. Je me suis senti compris par mon intervenant. 1 2 3 4 5

4. Nous avons construit à deux une compréhension commune de mes

difficultés et de leurs causes.

1 2 3 4 5

5. Mon intervenant m’a aidé à orienter plus spécifiquement nos discussions

vers des sujets reliés à mes objectifs.

1 2 3 4 5

6. Mon intervenant a adapté sa façon de travailler en fonction de mes besoins

actuels.

1 2 3 4 5

Page 139: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

133

Annexe 4.2 : Version client – suivi global (QIAT-SG-10)

Ci-dessous, vous trouverez des énoncés qui décrivent des attitudes que vous pourriez avoir par rapport à votre

suivi ou votre intervenant en santé mentale (thérapeute, médecin, éducatrice/éducateur, travailleuse

sociale/travailleur social, etc.).

Vous devrez déterminer à quel point chacun des énoncés correspond à votre expérience en utilisant l’échelle de

réponse suivante :

1 = Pas du tout

2 = Un peu

3 = Moyennement

4 = Beaucoup

5 = Totalement

Pour chacun des énoncés, vous devrez évaluer votre expérience globale du suivi jusqu’à maintenant.

Répondez rapidement; vos premières impressions sont généralement les réponses qui vous caractérisent le

plus.

N’oubliez pas de répondre à tous les énoncés. Merci pour votre collaboration

En général depuis le début de mon suivi,

Pa

s d

u t

ou

t

Un

peu

Mo

yen

nem

ent

Bea

uco

up

To

tale

men

t

1. Je sens que j’ai de la valeur comme personne aux yeux de mon intervenant. 1 2 3 4 5

2. Je sens que je peux révéler à mon intervenant des aspects de moi qui me font

peur ou dont j’ai honte et qu’il va m’accepter comme je suis, sans me juger

1 2 3 4 5

3. Je sens que je peux exprimer mes frustrations ou mes insatisfactions envers

mon intervenant sans que cela n’affecte son attitude envers moi.

1 2 3 4 5

4. Mon intervenant est à l’aise d’aborder des thèmes suscitant des émotions

inconfortables chez moi lorsque c’est utile pour mon cheminement.

1 2 3 4 5

5. Je me sens compris par mon intervenant. 1 2 3 4 5

6. Nous construisons à deux une compréhension commune de mes difficultés

et de leurs causes.

1 2 3 4 5

7. Nous travaillons sur des objectifs déterminés ensemble. 1 2 3 4 5

8. Mon intervenant m’aide à orienter plus spécifiquement nos discussions vers

des sujets reliés à mes objectifs.

1 2 3 4 5

9. La façon de travailler de mon intervenant a du sens pour moi. 1 2 3 4 5

10. Mon thérapeute intervenant sa façon de travailler en fonction de mes

besoins actuels.

1 2 3 4 5

Page 140: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

134

Annexe 5 : Questionnaire Intégratif de l’Alliance Thérapeutique – version réduite

finale avec suggestions de modifications

Annexe 5.1 : Version client – Dernière séance (QIAT-DS-6m)

Ci-dessous, vous trouverez des énoncés qui décrivent des attitudes que vous pourriez avoir par rapport à votre

suivi ou votre intervenant en santé mentale (thérapeute, médecin, éducatrice/éducateur, travailleuse

sociale/travailleur social, etc.).

Vous devrez déterminer à quel point chacun des énoncés correspond à votre expérience en utilisant l’échelle de

réponse suivante :

1 = Pas du tout

2 = Un peu

3 = Moyennement

4 = Beaucoup

5 = Totalement

Pour chacun des énoncés, vous devrez évaluer votre vécu lors de votre dernière séance seulement.

Répondez rapidement; vos premières impressions sont généralement les réponses qui vous caractérisent le

plus.

N’oubliez pas de répondre à tous les énoncés. Merci pour votre collaboration

Lors de la dernière séance,

Pa

s d

u t

ou

t

Un

peu

Mo

yen

nem

ent

Bea

uco

up

To

tale

men

t

1. J’ai senti que je pouvais révéler à mon intervenant des aspects de moi qui

me font peur ou dont j’ai honte et qu’il allait m’accepter comme je suis, sans

me juger

1 2 3 4 5

2. J’ai senti que je pouvais exprimer mes frustrations ou mes insatisfactions

envers mon intervenant sans que cela n’affecte son attitude envers moi.

1 2 3 4 5

3. Je me suis senti compris par mon intervenant. 1 2 3 4 5

4. Nous avons construit à deux une compréhension commune de mes

difficultés et de leurs causes.

1 2 3 4 5

5. Mon intervenant m’a aidé à orienter plus spécifiquement nos discussions

vers des sujets reliés à mes objectifs.

1 2 3 4 5

6. Nous avons adapté la façon de travailler sur mes difficultés en fonction de

mes besoins actuels.

1 2 3 4 5

Page 141: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

135

Annexe 5.2 : Version client – Suivi global (QIAT-SG-10m)

Ci-dessous, vous trouverez des énoncés qui décrivent des attitudes que vous pourriez avoir par rapport à votre

suivi ou votre intervenant en santé mentale (thérapeute, médecin, éducatrice/éducateur, travailleuse

sociale/travailleur social, etc.).

Vous devrez déterminer à quel point chacun des énoncés correspond à votre expérience en utilisant l’échelle de

réponse suivante :

1 = Pas du tout

2 = Un peu

3 = Moyennement

4 = Beaucoup

5 = Totalement

Pour chacun des énoncés, vous devrez évaluer votre expérience globale du suivi jusqu’à maintenant.

Répondez rapidement; vos premières impressions sont généralement les réponses qui vous caractérisent le

plus.

N’oubliez pas de répondre à tous les énoncés. Merci pour votre collaboration

En général depuis le début de mon suivi,

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1. Je sens que j’ai de la valeur comme personne aux yeux de mon intervenant. 1 2 3 4 5

2. Je sens que je peux révéler à mon intervenant des aspects de moi qui me font

peur ou dont j’ai honte et qu’il va m’accepter comme je suis, sans me juger

1 2 3 4 5

3. Je sens que je peux exprimer mes frustrations ou mes insatisfactions envers

mon intervenant sans que cela n’affecte son attitude envers moi.

1 2 3 4 5

4. Mon intervenant est à l’aise de me confronter à des sujets ou des thèmes

suscitant des émotions inconfortables chez moi lorsque c’est utile pour mon

cheminement

1 2 3 4 5

5. Je me sens compris par mon intervenant. 1 2 3 4 5

6. Nous construisons à deux une compréhension commune de mes difficultés et

de leurs causes.

1 2 3 4 5

7. Nous travaillons sur des objectifs déterminés ensemble. 1 2 3 4 5

8. Mon intervenant m’aide à orienter plus spécifiquement nos discussions vers

des sujets reliés à mes objectifs.

1 2 3 4 5

9. La méthode que nous utilisons pour travailler sur mes difficultés a du sens

pour moi.

1 2 3 4 5

10. Nous adaptons la façon de travailler sur mes difficultés en fonction de mes

besoins actuels.

1 2 3 4 5

Page 142: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

136

Annexe 6 : Questionnaire sociodémographique

Le but de ce questionnaire est de recueillir des informations descriptives générales.

1. Quel est votre niveau de maîtrise de la langue française?

____Excellent (1)

____Bon (2)

____Passable (3)

____Faible (4)

____Nul (5)

2. Sexe : ____ Féminin (1) ____ Masculin (2) ____Autre (3), spécifiez :

3. Âge : _____

4. Quel est votre plus haut degré de scolarité complété :

____ Secondaire non complété (1) ____ Baccalauréat (5)

____ Secondaire (2) ____ Maîtrise (6)

____ Cours professionnel (D.E.P.) (3) ____ Doctorat (7)

____ Collégial (4) ____ Postdoctorat (8)

5. Quelle est votre occupation principale actuelle?

____Emploi (1)

____Sans emploi/arrêt de travail (2)

____Étudiant (3)

____Retraité (4)

____À la maison (5)

6. Quelle est votre nationalité?

___Canadienne (1)

___États-Unis (2)

___Pays d’Amérique latine, centrale ou du Sud (3)

___Pays Européen (4)

___Pays Asiatique (5)

___Pays Africain (6)

___Pays du Moyen-Orient (7)

___Pays de l’Océanie (8)

___Autre___Spécifiez (9)

Page 143: Élaboration et validation d'un outil de mesure bref et

137

7. Quelle est votre motif principal de consultation :

____ Anxiété (1) ____ Symptômes de psychose (6)

____ Symptômes dépressifs (2) ____ Inattention/manque de concentration (7)

____ Difficultés relationnelles (3) ____ Trouble du sommeil (8)

____ Gestion des émotions (4) ____ Symptômes reliés à un traumatisme (9)

____ Difficultés alimentaires (5) ____ Autre (10) Spécifiez : ______________

8. Quelle est le sexe de votre intervenant? ____ Féminin (1) ____ Masculin (2)

_____Autre (3) spécifiez :________________

9. Quelle est le titre professionnel de votre intervenant?

____ Psychologue (1) ____ Éducateur spécialisé (7)

____ Travailleur social (2) ____ Thérapeute conjugal et familial (8)

____ Infirmier (ère) (3) ____ Criminologue (9)

____ Ergothérapeute (4) ____ Sexologue (10)

____ Conseiller(ère) en orientation (5) ____ Psychiatre (11)

____ Psychoéducateur(trice) (6) ____ Autre (12) Spécifiez : __________

10. Quel est le nombre de séances écoulées depuis le début de votre suivi? ________

11. Quelle est la fréquence actuelle de vos séances?

____ Plus d’une fois par semaine (1)

____ Une fois par semaine (2)

____ Une fois aux 2 semaines (3)

____ Une fois aux 3 ou 4 semaines (4)

____ Autre (5) Spécifiez ________

12. À quand remonte votre dernière séance?

___ Il y a moins d’une semaine (1)

___ Entre une et deux semaines (2)

___ Entre deux semaines et un mois (3)

___ Il y a plus d’un mois (4)

13. Quelle est le type d’approche thérapeutique privilégiée par votre intervenant, s’il s’agit

d’un psychothérapeute?

____ Cognitivo-comportementale (1)

____ Psychodynamique-Analytique (2)

____ Humaniste-existentielle (3)

____ Systémique-Interactionnelle (4)

____ Intégrative-Éclectique (5)

____ Ne sait pas (6)

____ Mon intervenant n’est pas un psychothérapeute (7)

____ Autre (8) Spécifiez : _______