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1 Rapport Général des Sixièmes Journées Africaines de la Géotechnique (JAG 2014) L’an deux mille quatorze et les 10, 11 et 12 juin se sont tenues à Ouagadougou, à AZALAÏ Hôtel Indépendance, les Sixièmes Journées Africaines de la Géotechnique (JAG 2014) sous le thème « Rôle et responsabilité des laboratoires nationaux d'Afrique face à la qualité et à la durabilité des infrastructures socio-économiques ». Ces journées étaient placées sous le haut patronage de son excellence Monsieur le Premier Ministre, Beyon Luc Adolphe TIAO, Chef du gouvernement, les parrainages de Monsieur le Ministre des Infrastructures, du Désenclavement et des Transports, Jean Bertin OUEDRAOGO, de l’Union Internationale des Ingénieurs et Scientifiques utilisant la langue Française (UISF) et de l’Institut Français des Sciences, Technologies des Transports, de l’Aménagement et des Réseaux (IFSTTAR) , et sous l’égide de la Société Internationale de Mécanique des Sols et de Géotechnique (SIMSG). Les journées ont enregistré la présence d’environ 280 participants venus du Benin, Burkina Faso, du Burundi, du Cameroun, du Cap Vert, du Congo, de la Côte d’Ivoire, de la France, du Gabon, de Madagascar, du Maroc, du Niger, du Mali, de la République Démocratique du Congo, du Sénégal, du Tchad, du Togo, et de la Tunisie. Les ministres du Congo et de la République Démocratique du Congo ont honoré de leur présence ces assises. Les représentants des ministères en charge des infrastructures et des travaux publics du Burkina Faso, de la République de Cap Vert, de la République du Congo ont également pris part activement à ces travaux.

laboratoires nationaux d'Afrique face à la qualité et à la ...lnbtp-burkina.com/IMG/pdf/rapport_gl_jag_2014_version_finale.pdf · études de toxicité sur l’adjuvant et aussi

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Rapport Général des Sixièmes Journées Africaines de la Géotechnique

(JAG 2014)

L’an deux mille quatorze et les 10, 11 et 12 juin se sont tenues à Ouagadougou, à

AZALAÏ Hôtel Indépendance, les Sixièmes Journées Africaines de la

Géotechnique (JAG 2014) sous le thème « Rôle et responsabilité des

laboratoires nationaux d'Afrique face à la qualité et à la durabilité des

infrastructures socio-économiques ». Ces journées étaient placées sous le haut

patronage de son excellence Monsieur le Premier Ministre, Beyon Luc Adolphe

TIAO, Chef du gouvernement, les parrainages de Monsieur le Ministre des

Infrastructures, du Désenclavement et des Transports, Jean Bertin

OUEDRAOGO, de l’Union Internationale des Ingénieurs et Scientifiques

utilisant la langue Française (UISF) et de l’Institut Français des Sciences,

Technologies des Transports, de l’Aménagement et des Réseaux (IFSTTAR), et

sous l’égide de la Société Internationale de Mécanique des Sols et de

Géotechnique (SIMSG).

Les journées ont enregistré la présence d’environ 280 participants venus du

Benin, Burkina Faso, du Burundi, du Cameroun, du Cap Vert, du Congo, de la

Côte d’Ivoire, de la France, du Gabon, de Madagascar, du Maroc, du Niger, du

Mali, de la République Démocratique du Congo, du Sénégal, du Tchad, du

Togo, et de la Tunisie. Les ministres du Congo et de la République

Démocratique du Congo ont honoré de leur présence ces assises.

Les représentants des ministères en charge des infrastructures et des travaux

publics du Burkina Faso, de la République de Cap Vert, de la République du

Congo ont également pris part activement à ces travaux.

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Au cours de ces journées, quatre (04) conférences majeures et quatorze (14)

communications ont été présentées par des participants du monde de

l’enseignement supérieur et de la recherche, des laboratoires des travaux publics

et du bâtiment et des bureaux d’études dans le domaine de la géotechnique. Ces

conférences majeures et communications étaient intégrées dans quatre (04)

sessions :

- session n° 1 : Référentiels techniques ;

- session n° 2 : Sols d’Afrique : les Latérites ;

- session n° 3 : Innovations en géotechnique ;

- session n° 4 : Organisation des études et contrôles géotechniques.

Outre ces conférences et communications, trois (03) sessions de formation ont

été dispensées par d’éminentes personnalités dans le domaine de la géotechnique

à l’endroit des participants. Il s’agit de :

- formation 1 : Conception et calcul des fondations ;

- formation 2 : les fondations superficielles ;

- formation 3 : Calcul du tassement des semelles et des fondations semi-

profondes.

En marge de ces travaux, une table ronde des ministres sur : « Règles

techniques pour le génie civil en Afrique - Projet de révision de l'ALBTP-

CTGA » et deux assemblées générales respectivement de l’Association des

Laboratoires du Bâtiment et des Travaux Publics (ALBTP) et du Comité

Transnational des Géotechniciens d’Afrique (CTGA) furent organisées.

Chers participantes et participants,

Au titre de la Session n° 1 : Référentiels techniques

La conférence majeure animée par Monsieur Jean PONDY, Directeur Général

de PI Engineering du Cameroun sur le thème « les référentiels des prestations

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intellectuelles dans les infrastructures socio-économiques », a fait ressortir

l’urgence nécessité des laboratoires de géotechnique d’Afrique à mettre en place

des référentiels techniques adaptés au contexte socio-économique, culturel et

climatique local. La mise en place de ces référentiels adaptés au continent

africain permettra d’améliorer les prestations de service des laboratoires et

bureaux d’études de géotechnique ce qui permettra d’améliorer la qualité et la

durabilité des infrastructures. Il propose alors la création d’une banque de

données par la mutualisation des bases de données des différents laboratoires de

bâtiment et de travaux publics d’Afrique. A la suite de cette conférence majeure,

des communications orales ont été prononcées en rapport avec les référentiels

techniques.

A cet effet, Monsieur Kaboré Kalsibiri, Directeur Technique du Laboratoire

National de Bâtiment et de Travaux Public du Burkina Faso dans son exposé a

fait cas de l’évolution de la construction routière au Burkina Faso. Elle a été

principalement influencée par les événements intervenus dans le contexte

technique et économique de mise en œuvre des projets. Il a été identifié une

douzaine de types de matériaux naturels constitutifs des corps de chaussées et la

famille des enrobés bitumineux. Le dimensionnement des différentes routes s’est

fait par la conjugaison de méthodes dites empiriques et celles utilisant des

données rationnelles. L’observation des chaussées souples traditionnelles

supportant un trafic normal montre que celles-ci se sont généralement bien

comportées dans le temps ; par contre, les techniques relatives aux chaussées

souples modernes, soumises à des sollicitations extrêmes du trafic et du climat,

ne sont pas encore capitalisées par l’expérience locale.

Dans le même ordre d’idée, Monsieur Yassia Gansoré a fait l’état des lieux sur

l’investissement routier au Burkina Faso. Il note une augmentation considérable

des investissements. Cependant, les différents travaux réalisés se dégradent de

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manière précoce. Il propose alors la mise en place d’une chaîne Qualité Sécurité

Environnement (QSE) en phase avec la conception, la réalisation et l’entretien

pour une meilleure durabilité des infrastructures.

Dans le même souci de solutionner la question de durabilité des investissements

routiers en Afrique, le Professeur Ibrahima Khalil Cissé dans sa présentation a

proposé une politique claire de développement. Il invite les décideurs politiques

et les structures techniques intervenant dans le domaine de la construction

routière à réfléchir ensemble. Il demande alors la mise en place d’une stratégie

permettant de remonter les référentiels techniques vers les décideurs politiques

et les techniciens. Pour y parvenir, il propose :

- la mutualisation des données ;

- l’adaptation des normes existantes aux contextes africains ;

- la mise en place d’une politique claire d’entretien routier ;

- le respect strict de la charge à l’essieu.

Au titre de la session n°2 : Sols d’Afrique

Le Docteur Younoussa MILLOGO de l’Université Polytechnique de Bobo-

Dioulasso, Burkina Faso a fait un exposé sur le thème « Stabilisation d’une

Latérite par des liants minéraux pour une Utilisation en Construction Routière ».

Le conférencier a montré qu’une latérite provenant de Sapouy (Sud du Burkina

Faso) au regard des résultats des essais géotechniques et mécaniques utilisable

pour une couche de fondation pour des couches des chaussées pourrait être

améliorée par du ciment et de la chaux en vue de l’utiliser comme une matière

première de couche de base. En effet l’ajout de ces liants minéraux a amélioré

les propriétés géotechniques, mécaniques (résistances à la compression et à

traction par fendage, portance CBR) des dites latérites. Les composites obtenus

ont tous des portances CBR (3 jours à l’air puis 4 jours d’immersion)

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supérieures à 80%. Ils sont donc tous convenables pour une couche de base en

construction routière tenant compte des normes en vigueur pour les matériaux

routiers.

Après cette conférence majeure, des communications orales sur la même

thématique abordant les latérites ont été exposées.

La première communication prononcée par Monsieur Adolphe Loukombo, sur le

béton de sol ou lithostabilisation des sols dans le domaine de la construction

routière a fait le bilan sur l’utilisation de cette technique au Congo. La plupart

des projets de construction routière utilise des concacées de latérite ou un sable

argileux. Les résultats sont prometteurs en témoignent la valeur des portances

CBR à 95% pour des valeurs de l’OPM entre 30 et 60%.

La deuxième, prononcée par le Dr Massamba NDIAYE portait sur l’effet du

compactage sur les courbes granulométriques des sols latéritiques du Sénégal et

du Brésil. Il a ensuite corrélé les résultats granulométriques avec d’autres

caractéristiques géotechniques et a montré que ces sols peuvent être utilisés dans

la construction routière.

La troisième présentation a été prononcée par Monsieur MBWENIBWA

Sylvain. Il a indiqué que les études géotechniques ont permis de découper la

RDC en 7 zones géotechniques. Toutes ces zones contiennent de la latérite à

l’exception de la zone 2. Une caractérisation de ces latérites a permis de les

classer en fonction de leurs utilisations dans la construction routière.

Monsieur Nicholas Schamberg a présenté le dernier exposé. Dans cette

présentation, il indique que la digue est conçue en terre homogènes et à clé

d'étanchéité en matériau argileux. Il a exposé sur les enseignements issus des

planches expérimentales et les applications in-situ.

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Au titre de la session n°3 : Innovations en géotechnique

La conférence majeure présentée par le Professeur Jean-Pierre Magnan de

l’IFSTTAR, France a porté sur « la géotechnique, à l’interface des constructions

et des milieux naturels ». Il a traité du rôle de la géotechnique et de l’ingénierie

géotechnique qui est d’analyser et gérer le fonctionnement mécanique des

milieux naturels et leur interaction avec les constructions humaines. Il ressort de

cela que les milieux naturels sont issus de l’histoire géologique et climatique de

la planète Terre et qu’ils peuvent avoir des formes variées de sols ou roches. Les

moyens utilisés pour l’analyse et le dimensionnement des ouvrages sont limités

par les techniques de mesure et d’essai d’une part et par les outils de calcul

mécanique d’autre part. A cet effet beaucoup de problèmes courants ont eu des

solutions acceptables, mais beaucoup de situations sont dépourvues d’outils

d’analyse. Il s’est avéré que la mécanique des milieux continus n’est pas une

théorie universelle et que la géotechnique s’appuie principalement sur des

calculs simples, déduits de l’observation des phénomènes. La conférence a

permis de conclure que l’avenir de la géotechnique dépend de la capacité

d’observation des géotechniciens et de la croissance de leur expérience

collective.

Dans la même thématique, cinq communications orales ont été présentées à la

suite de celle du Professeur Jean-Pierre Magnan.

Le premier, présenté par Ousseni MONE a porté sur l’apport du M10+50

(polymère acrylique) à l’amélioration des caractéristiques géotechniques des

sols pour les travaux routiers. Les résultats ont montré une amélioration des

propriétés avec l’adjonction de ces additifs. Il a prévu cependant de faire des

études de toxicité sur l’adjuvant et aussi une étude comparative sur l’aspect coût

entre le M10+50 et les stabilisateurs traditionnels tels que le ciment doit être

menée pour compléter l’étude technique

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Le deuxième exposant, Monsieur Eric KENGUE NGUIMBI a abordé une

nouvelle approche d’auscultation des chaussées pour leur renforcement. A cet

effet, il a proposé le remplacement des outils traditionnels d’auscultation que

sont la poutre Benkelman, la carotteuse, la règle de 3 m par des appareils dits à

grand rendement (le Déflectographe Lacroix, le Radar, l’Analyseur du Profil en

Long) qui permettent d’obtenir un maximum d’information qui confortent les

hypothèses d’analyse et par conséquent de réaliser un modèle de chaussée qui

rende compte à posteriori du fonctionnement de la chaussée dans le temps et son

environnement.

Monsieur Germain AURAY dans son exposé a abordé l’utilisation des

géosynthétiques dans le renforcement des performances des ouvrages

géotechniques tels que les murs de soutènements, les remblais sur sols

compressibles, les remblais renforcés dont le sol support est sujet à cavités

potentielles ou les plateformes sur inclusions rigides. Il a proposé l’adjonction

des capteurs dans les géosynthétiques, notamment des fibres optiques afin de

suivre le comportement des composites incorporant les géosynthétiques.

Monsieur K Zaghouani a exposé sur un nouveau type de pieux de type

CFA(Continous Flight Auger) présentant plusieurs avantages économique et

technologique.

Le dernier exposé de la session présenté par Monsieur Souley Issiakou

Mahamadou a porté sur les techniques d’auscultation non-destructive des

ouvrages de génie civil. Des méthodes non destructives ont été présentées pour

mener des expertises dans le but d’avoir des connaissances poussées de l’état de

détériorations des ouvrages existant afin de les réhabiliter. A cet effet, la

méthode au radar a paru la plus efficace.

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Au titre de la session n°4 : Formation, Organisation des études et contrôles

géotechniques

La conférence majeure prononcé par le Professeur Jean – Pierre Magnan sur le

thème « Enseigner la géotechnique : pourquoi, pour qui, quoi et comment ? » a

fait ressortir les multiples facette de la géotechnique. C’est un domaine qui

analyse le fonctionnement de la nature et ses interactions avec les constructions.

Son enseignement peut être défini par rapport à des formations liées à des

métiers, eux-mêmes associés à trois compétences particulières, de conception,

de conduite des travaux et de sondages, essais et mesures. Au cours de cette

conférence le Professeur Magnan a exposé sur les contenus et les formes

d’enseignement de la géotechnique. Il a enfin fait ressortir un certain nombre

d’écoles de formation de la géotechnique en Afrique.

Deux autres communications orales ont été prononcées en liaison avec la même

thématique.

La première prononcée par le Dr Olivier Florent Essouli a montré que la

géophysique et la prospection géologique peuvent être potentiellement utilisées

pour la reconnaissance des propriétés géotechniques des sols.

La deuxième communication présentée par Monsieur Roland GOURVES de «

Sol Solution », en France portait sur l’importance du contrôle de la qualité de

compactage des remblais : apports de la technique PANDA®. Il a montré que le

pénétromètre dynamique de type PANDA permet une meilleure appréciation du

compactage des sols.

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Chères participantes, cher participants,

Les formations en géotechnique organisées parallèlement aux conférences ont

été d’un apport capital à la réussite des 6èmes

Journées Africaines de la

Géotechnique. Elles ont abordé essentiellement cinq thèmes d’une importance

capitale dans le domaine de la géotechnique. Il s’agit de :

- introduction et les généralités sur les fondations présenté par le

Professeur Jean-Pierre Magnan de l’institut IFSTTAR.

- formation géotechnique, les essais de chargement des semelles et des

pieux présenté par Monsieur Sébastien Burlon de l’IFSTTAR.

- modèles de calcul des portances des semelles présenté par Sébastien

Burlon de l’IFSTTAR.

- les essais de chargement des semelles et des pieux présenté par

Sébastien Burlon de l’IFSTTAR.

- Calcul du tassement des semelles et des fondations semi-profondes

présenté par Sébastien Burlon de l’IFSTTAR.

Chères participantes et participants,

Comme vous pouvez le remarquer les assises des 6èmes

Journées Africaines de la

Géotechnique ont été une réussite totale tant sur le plan de l’organisation que

sur le plan géotechnique. Elles ont également comblé les attentes de tous les

participants qui souhaitent une pérennisation de ce genre de journées au sein de

l’Afrique.

Vive la collaboration interafricaine et internationale en matière de géotechnique

Vive les Journées Africaines de Géotechnique pour une intégration africaine

Vive les journées Africaines de Géotechniques pour l’amélioration de la qualité

et la durabilité des infrastructures.

Ouagadougou le 12 Juin 2014