3
1 Albert Louis Aublet (Paris 1851 – 1938 Paris) Etude de jardin Huile sur carton, 30,5 x 23,5 cm Albert Louis Aublet entre à l’âge de quinze ans dans l’atelier de Claudius Jacquand, et rejoint, dès 1870, l’atelier de Jean-Léon Gérôme. Il se distingue lors de sa première exposition au Salon de 1873, avec l’intérieur de la boucherie au Tréport, acheté par Alexandre Dumas fils. Aublet aborde des thèmes religieux (le Christ apparaissant dans la tempête) et historiques (Néron empoisonnant des esclaves, le Duc de Guise, le Lavabo des Réservistes). Il se révèle également bon portraitiste. En marge de sa production officielle, il réalise quelques paysages et scènes de genre. L’artiste reçoit, dans son atelier de Neuilly-sur-Seine, ses amis peintres et musiciens. Ses voyages à Constantinople en 1881, et à Alger en 1883, lui donnent l’occasion de se consacrer à des thèmes orientalistes. Il s’installe à Tunis à partir de 1905. A cette occasion, il préside le premier salon artistique de la Tunisie et devient le peintre quasi-officiel du pays. A partir de 1920, il commence à aborder la technique de la sculpture. Au cours des années 1880-1890, Albert Aublet exécute de nombreuses représentations de femmes et d’enfants se délassant dans des parcs ensoleillés et fleuris, à l’abri du tumulte de la vie urbaine, dans la lignée du déjeuner sur l’herbe et des femmes au jardin de Claude Monet (vers 1865, musée d’Orsay). Ces sujets typiquement impressionnistes lui donnent l’occasion de se dégager de

l’académisme léché du Salon officiel et d’adopter une plus

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: l’académisme léché du Salon officiel et d’adopter une plus

  1  

Albert Louis Aublet (Paris 1851 – 1938 Paris)

Etude de jardin Huile sur carton, 30,5 x 23,5 cm

Albert Louis Aublet entre à l’âge de quinze ans dans l’atelier de Claudius Jacquand, et rejoint, dès 1870, l’atelier de Jean-Léon Gérôme. Il se distingue lors de sa première exposition au Salon de 1873, avec l’intérieur de la boucherie au Tréport, acheté par Alexandre Dumas fils. Aublet aborde des thèmes religieux (le Christ apparaissant dans la tempête) et historiques (Néron empoisonnant des esclaves, le Duc de Guise, le Lavabo des Réservistes). Il se révèle également bon portraitiste. En marge de sa production officielle, il réalise quelques paysages et scènes de genre. L’artiste reçoit, dans son atelier de Neuilly-sur-Seine, ses amis peintres et musiciens. Ses voyages à Constantinople en 1881, et à Alger en 1883, lui donnent l’occasion de se consacrer à des thèmes orientalistes. Il s’installe à Tunis à partir de 1905. A cette occasion, il préside le premier salon artistique de la Tunisie et devient le peintre quasi-officiel du pays. A partir de 1920, il commence à aborder la technique de la sculpture. Au cours des années 1880-1890, Albert Aublet exécute de nombreuses représentations de femmes et d’enfants se délassant dans des parcs ensoleillés et fleuris, à l’abri du tumulte de la vie urbaine, dans la lignée du déjeuner sur l’herbe et des femmes au jardin de Claude Monet (vers 1865, musée d’Orsay). Ces sujets typiquement impressionnistes lui donnent l’occasion de se dégager de

Page 2: l’académisme léché du Salon officiel et d’adopter une plus

  2  

l’académisme léché du Salon officiel et d’adopter une plus grande liberté d’expression dans le choix des couleurs et la définition des formes (ill. 1, 2 et 3).

ill. 1 : Albert Aublet, Jeune femme lisant dans un jardin,

signé et daté « Albert Aublet 1883 » (en bas à gauche), huile sur toile, 54,5 x 73,4 cm,

vente Christie’s, Londres, 6 juin 2013, lot 74.

ill. 2 : Albert Aublet, Le jardin de roses,

Signé et daté (en bas à droite) « Albert Aublet 1888 », Huile sur toile, 149,9 x 110,5 cm,

vente Sotheby’s New-York, 1er mai 2001, lot 189.

ill. 3 : Albert Aublet, Au jardin, signé et daté (en bas à droite) « Albert Aublet 1890 »,

huile sur toile, 61 x 50,5 cm, Christie’s, Londres, South Kensington, 21 mars 2002.

Les voyages en Orient de l’artiste ne font qu’entretenir son goût pour les effets de lumière dans des paysages luxuriants, comme le prouve la jeune fille dans un jardin turc (ill. 4). Après deux séjours en Tunisie en 1901 et 1904, Aublet choisit de se fixer à Tunis en 1905. Il fait l’acquisition du palais Dâr ben Abd-Allah (actuel centre des arts et traditions populaires), qui bénéficie d’un vaste jardin d’inspiration andalouse avec kiosques et fontaines. Aublet y séjourne la majeure partie de l’année. Notre œuvre est à rapprocher d’une étude de jardin, réalisée en 1922 à Sidi Bou Saïd (ill. 5). On y retrouve une composition similaire : une allée bordée de fleurs mène à un élément de décor sculpté qui se détache sur un fond végétal sombre. Le petit village de Sidi Bou Saïd, situé à une vingtaine de kilomètres de Tunis, abrite le palais Ennejma Ezzahra, construit en 1912 par le Baron Rodolphe d’Erlanger. Les jardins de la propriété, qui s’étendent sur cinq hectares,

Page 3: l’académisme léché du Salon officiel et d’adopter une plus

  3  

ont été aménagés en terrasses au cours des années 1920. L’espace comprend un jardin andalou, un jardin persan et une allée de Bigaradiers. Notre étude pourrait illustrer une allée de ce vaste parc : la colonne corinthienne évoque les vestiges de la cité carthaginoise toute proche. Les arbres à l’arrière-plan, probablement des cèdres et des cyprès, tout comme l’arc fleuri formé par des lauriers roses ou bougainvilliers correspondent tout à fait au type de végétation que l’on peut admirer dans ces jardins. Albert Aublet parvient à retranscrire, dans cette œuvre lumineuse, la quiétude et la fraîcheur des jardins orientaux.

ill. 4 : Albert Aublet, Jeune fille dans un jardin turc, 1889,

huile sur toile, 102 x 81,5 cm, vente Christie’s, 16 novembre 2006, lot 72.

ill. 5 : Albert Aublet : Jardin à Sidi Bou Saïd, 1922, huile sur carton contrecollé sur toile, 43,5 x 33 cm,

Collection particulière

Amélie du Closel

Bibliographie : J. Uzanne, « Albert Aublet », Figures Contemporaines tirées de l’Album Mariani, Paris, 1896-1908. E. Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs de graveurs, Paris, 1999, vol. 1, p. 31-32.