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1 LACAN La troisième 1-11-1974

LACAN La troisième - STAFERLAstaferla.free.fr/Lacan/La_Troisieme.pdf · ce quelque chose que l ... 2 La désubstantialisation de la voix, son évidement, montre l’objet(a) comme

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    LACAN La troisime

    1-11-1974

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    La troisime, aux formats mp3 et Word sur le site de Patrick VALAS.

    La troisime, au format Pdf sur le site de lE.L.P.

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    1er Novembre 1974 La Troisime [Dbut : 1 20] La Troisime ! Cest le titre. La troisime elle revient, cest toujours la premire, comme dit Grard de Nerval1. Y objecterons-nous qua fasse disque ? Pourquoi pas, si a dit ce que . Encore faut-il - ce dit-ce-que - lentendre, ce quelque chose que ldisque ourdrome . Si jinjecte ainsi un bout de plus donomatope dans la langue, ce nest pas quelle soit en droit de me retoquer : il ny a pas donomatope qui dj ne se spcifie de son systme phonmatique, la langue. Vous savez que pour le franais, JAKOBSON la calibr : cest grand comme a [matrice phonologique]. Autrement dit, que cest dtre du franais que le disque ourdrome . Je tempre a remarquer qu ourdrome est un ronron quadmettraient dautres lalangues, si jagre bien de loreille telle de nos voisines gographiques, et que a nous sort naturellement du jeu de la matrice, celle de JAKOBSON, celle que jen spcifiais linstant. Bon... Comme il faut pas que je parle trop longtemps, je vous passe un truc. a me donne loccasion simplement, ct ourdrome , de mettre la voix sous la rubrique des quatre objets dits - par moi - petit(a), cest--dire de la revider de la substance quil pourrait y avoir dans le bruit quelle fait, cest--dire la remettre au compte de lopration signifiante, celle que jai spcifie des effets dits de mtonymie. De sorte qu partir de l, la voix - si je puis dire - la voix est libre, libre dtre autre chose que substance 2. Voil ! Mais cest une autre dlination que jentends pointer en introduisant ma Troisime . Lonomatope l, qui mest venue dune faon un peu personnelle, me favorise - touchons du bois - me favorise de ce que le ronron, cest sans aucun doute la jouissance du chat. Que a passe par son larynx ou ailleurs, moi jen sais rien, quand je les caresse a a lair dtre de tout le corps, et cest ce qui me fait entrer ce dont je veux partir. Je pars de l, a vous donne pas forcment la rgle du jeu, mais a viendra aprs, hein. Je pense... donc se jouit : Ha ! a rejette le donc usit, hein, qui se dit je souis . Bon, je fais un petit badinage l-dessus. Rejeter, hein, si cest entendre comme ce que jai dit de la forclusion : que rejet - le je souis - a reparat dans le rel. a pourrait passer pour un dfi mon ge, mon ge o depuis trois ans - comme on dit a aux gens qui on veut lenvoyer dans les dents - depuis trois ans SOCRATE tait mort ! Mais mme si je dfuntais, hein, la suite...

    a pourrait bien marriver, cest arriv LVI-STRAUSS3, comme a, la tribune ...DESCARTES na jamais entendu - propos de son je souis - dire quil jouissait de la vie. Cest pas a du tout. Quel sens a a, son je souis ? Ben exactement mon sujet moi, le je de la psychanalyse. Naturellement il le savait pas, le pauvre, il le savait pas, a va de soi, il faut que je lui interprte : cest un symptme. Car de quoi est-ce quil pense, avant de conclure quil suit... la musique de ltre sans doute ? Il pense, il pense du savoir de lcole dont les Jsuites, ses matres, lui ont rebattu les oreilles. Et il constate que cest lger. Ce serait meilleur tabac, cest sr, sil se rendait compte que son savoir va bien plus loin quil ne croit, la suite de lcole, quil y a de leau dans le gaz, si je puis dire, et du seul fait quil parle, car parler, car parler de la langue, il a un inconscient, et paum, comme tout un chacun qui se respecte, ce que jappelle un savoir impossible rejoindre pour le sujet, alors que lui, le sujet, ya quun signifiant seulement qui le reprsente auprs de ce savoir. Cest un reprsentant si je puis dire de commerce, avec ce savoir constitu pour DESCARTES comme cest dusage son poque de son insertion dans le discours o il est n, cest--dire le discours, le discours que jappelle du matre, le discours du nobliau. Cest bien pour a quil en sort pas avec son jpense donc je souis .

    Cest quand mme mieux que ce que dit PARMNIDE. Lopacit l, lopacit de la conjonction du [la pense]

    et de l [ltre]. Il en sort pas, hein, ce pauvre PLATON, il en sort pas parce que si yavait pas lui, quest-ce quon saurait de PARMNIDE ? Mais a empche pas quil en sort pas, et que sil ne nous transmettait pas lhystrie gniale de SOCRATE, ben quest-ce quon en tirerait, hein ? Moi je me suis chin l pendant ces pseudo-vacances, je me suis chin sur le Sophiste. Je dois tre trop sophiste probablement pour que a mintresse. Il doit y avoir l quelque chose quoi je suis bouch, hein. Japprcie pas... Il nous manque des trucs pour apprcier, enfin il nous manque de savoir ce qutait le sophiste cette poque, il nous manque le poids de la chose. Allez, revenons au sens du souis . Cest pas simple, hein, ce qui dans la grammaire traditionnelle se met au titre de la conjugaison dun certain verbe tre. Pour le latin, alors l tout le monde sen aperoit, que fui - comme on dit en Italie - que fui ne fait pas somme avec sum, comme on dit aussi ici. Sans compter le reste du bric brac. Bon enfin je vous en passe, je vous passe tout ce qui est arriv quand, quand les sauvages l, les Gaulois se sont mis avoir se tirer daffaire avec a. Ils ont fait glisser le est du ct du stat 4. Ils sont pas les seuls dailleurs. En Espagne je crois - je crois - je crois que a a t le mme truc, enfin bon... [13 40]

    1 Grard de Nerval : Posies et souvenirs, Paris, Gallimard, 1974, p. 139, Artmis : La treizime revient... Cest encore la premire. 2 La dsubstantialisation de la voix, son videment, montre lobjet(a) comme inter-dit dans la mtonymie. 3 Lapsus de Lacan, il sagissait de Maurice Merleau-Ponty. 4 Sur les racines de tre (stare, estar eram...) cf. Dictionnaire tymologique Bloch et Von Wartburg, p. 241, 7e d 1986, PUF.

    http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/gerard_de_nerval/artemis.html

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    Enfin la linguisterie se tire de tout a comme elle peut. Je men vais pas maintenant vous rpter ce qui fait les dimanches de nos tudes classiques. Il nen reste pas moins quon peut... on peut se demander de quelle chair ces tres...

    qui sont dailleurs des tres de mythe, enfin ceux dont jai mis le nom l : les Un-deux europens, on les a invents exprs, enfin cest des mythmes

    ...quest-ce quils pouvaient mettre dans la copule ? Ce qui partout ailleurs que dans nos langues, cest simplement nimporte quoi qui sert de copule, enfin quelque chose comme la prfiguration du Verbe incarn , on dira a ici. a me fait suer, enfin, nest-ce pas. On a cru me faire plaisir en me faisant venir Rome, jsais pas pourquoi. Il y a trop de locaux [loco? ] pour lEsprit Saint . Quest-ce que ltre a de suprme si ce nest par cette copule ? Enfin je me suis amus y interposer ce quon appelle des personnes . a... a foire tre, enfin jai trouv un machin qui ma amus comme a : mes-tu-me... , mais-tu-me... , a permet de sembrouiller : mest me tu ? . En ralit, cest le mme truc. Cest lhistoire du message que chacun reoit sous sa forme inverse. Je dis a depuis trs longtemps et a a fait rigoler. la vrit, cest Claude LVI-STRAUSS que je le dois. Il sest pench vers une de mes excellentes amies, qui est sa femme, qui est Monique, pour lappeler par son nom, et il lui a dit propos de ce que jexprimais, que ctait a, enfin que chacun recevait son message sous une forme inverse. Monique me la rpt. Je pouvais pas trouver de formule plus heureuse pour ce que je voulais dire juste ce moment-l. Enfin cest quand mme lui qui me la refil. Vous voyez, je prends mon bien o je le trouve. Bon, alors je passe sur les autres temps, sur ltayage de limparfait, hein : jtais. Ah ! quest-ce que tu taies ? Et puis le reste... Enfin, passons parce quil faut que javance. Le subjonctif, cest marrant. Quil soit - comme par hasard. Bon... DESCARTES, lui, ne sy trompe pas, hein : Dieu, cest le dire. Il voit trs bien que dieure, cest ce qui fait tre la vrit, ce qui en dcide, sa tte. Il suffit de dieure comme moi, cest la vrit, pas moyen dy chapper. Si Dieure nous trompe, tant pis, cest la vrit par le dcret du dieure, la vrit en or. Bon passons. Parce que je fais l, comme a, juste ce moment-l quelques remarques propos des gens, comme a, qui ont trimball la critique, l de lautre ct du Rhin, pour finir par baiser le cul dHITLER. a me fait grincer des dents. Bon... Alors le symbolique, limaginaire et le rel, a cest le n 1. Linou cest que a ait pris du sens, et pris du sens rang comme a. Dans les deux cas cest cause de moi, cest ce que jappelle le vent , le vent que... le vent dont je sens que moi je peux mme... je peux mme plus le prvoir, le vent dont on gonfle ses voiles notre poque. Car cest vident, a nen manque pas, de sens, au dpart. Cest en a que consiste la pense : que des mots introduisent dans le corps quelques reprsentations imbciles, voil vous avez le truc, vous avez l limaginaire, et qui en plus nous rend gorge - a veut pas dire quil nous rengorge, non - il nous re-dgueule quoi ? Comme par hasard une vrit, une vrit de plus. Cest un comble ! Que le sens se loge en lui, nous donne du mme coup les deux autres, comme sens. Lidalisme - dont tout le monde a rpudi comme a limputation - lidalisme est l derrire. Les gens ne demandent que a, hein : que a les intresse, vu que la pense cest bien ce quil y a de plus crtinisant agiter le grelot du sens. Comment vous sortir de la tte lemploi philosophique de mes termes - cest--dire lemploi ordurier - quand dautre part faut bien que a entre ? Mais a vaudrait mieux que a entre ailleurs. Vous vous imaginez que la pense, a se tient dans la cervelle. Enfin, je vois pas pourquoi je vous en dissuaderais. Moi je suis sr - je suis sr comme a, cest mon affaire - que a se tient dans les peauciers du front, chez ltre parlant exactement comme chez le hrisson. Jadore les hrissons. Quand jen vois un, je le mets dans ma poche, dans mon mouchoir. Naturellement il pisse, jusqu ce que je laie ramen sur ma pelouse, ma maison de campagne. Et l jadore voir se produire ce plissement des peauciers du front. la suite de quoi, tout comme nous, il se met en boule. Bon, enfin si vous pouvez penser avec les penses du front, vous pouvez aussi penser avec les pieds. Eh ben cest l que je voudrais que a entre, puisquaprs tout limaginaire, le symbolique et le rel, cest fait pour que ceux, ceux dans cet attroupement qui sont ceux qui me suivent, pour que a les aide frayer le chemin de lanalyse. Ouais... Ces ronds l, ces ronds de ficelle dont je me suis esquint vous faire des dessins, ces ronds de ficelle, il sagit pas de les ronronner, eux. Faudrait que a vous serve, que a vous serve justement lerre dont je vous parlais cette anne, que a vous serve vous apercevoir ce qui - la topologie que a dfinit - ce quil y a entre, tre non dupes de lautoroute. Ouais... Ces termes, ces termes ne sont pas tabou . Ce quil faudrait cest que vous les pigiez. Et ils sont l depuis, depuis bien avant la... celle que jimplique de la dire la premire , enfin la premire fois que jai parl Rome. Je les ai sortis, ces trois [SIR 8-7-1953], aprs les avoir - enfin, comme a - assez bien cogits, je les ai sortis trs tt, bien avant de my tre mis, mon 1erdiscours de Rome [1953-9-26]. Que a soit ces ronds du nud borromen, cest quand mme pas une raison non plus pour vous y prendre le pied. Cest pas a que jappelle penser avec ses pieds . Il sagirait que vous y laissiez quelque chose de bien diffrent dun membre - je parle des analystes, hein - il sagirait que vous y laissiez cet objet insens que jai spcifi du petit(a) : cest a, ce qui sattrape au coincement du symbolique, de limaginaire et du rel comme nud. Cest lattraper juste, que vous pouvez rpondre ce qui est votre fonction : loffrir comme cause, comme cause de son dsir votre analysant. Cest a quil sagit dobtenir. Mais si vous vous prenez la patte, ben cest pas terrible non plus, hein. Limportant cest que a se passe vos frais. Pour dire les choses, aprs cette rpudiation du je souis , et ben je mamuserai vous dire que ce nud, il faut ltre [(a)]. [28 40]

    http://www.ecole-lacanienne.net/pictures/mynews/9917835CB831A5EB84B0E347B2992D86/1953-07-08.pdfhttp://www.ecole-lacanienne.net/pictures/mynews/9917835CB831A5EB84B0E347B2992D86/1953-09-26b.pdf

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    Alors si je rajoute en plus ce que vous savez, daprs ce que jai articul pendant, pendant un an des 4 discours sous le titre de Lenvers de la psychanalyse, il nen reste pas moins que de ltre [(a)], il faut que vous nen fassiez que le semblant. a, cest cal, hein ! Cest dautant plus cal quil suffit pas, quil suffit pas den avoir lide pour en faire le semblant. [Ne] Vous imaginez pas que jen ai eu - moi - lide, jai crit : objet(a), cest tout diffrent. a lapparente la logique, cest--dire que a le rend [de lcrire] oprant dans le rel au titre de lobjet dont justement ya pas dide. Parce quil faut bien le dire, ctait un trou - jusqu prsent - dans toute thorie quelle quelle soit : lobjet dont il ya pas dide. Cest ce qui justifie mes rserves, celles que jai fait tout lheure lendroit du pr-socratisme de PLATON. Cest pas quil en ait pas eu le sentiment : le semblant il y baigne sans le savoir, a lobsde. Car mme sil le sait pas, a ne veut rien dire quune chose : cest quil le sent, mais quil sait pas pourquoi cest comme a. Do cet insupport, cet insupportable [insu portable ] quil propage.

    Il ny a pas un seul discours [H,U,M] o le semblant ne mne le jeu. On ne voit pas pourquoi le dernier venu, le discours analytique, y chapperait. Cest quand mme pas une raison pour que dans ce discours, sous prtexte quil est le dernier venu, vous vous sentiez si mal laise, que de faire - selon lusage dont sengoncent vos collgues de l Internationale - un semblant plus semblant que nature... affich ! Si vous vous rappelez quand mme le semblant de ce qui parle - comme espce - il est l toujours, dans toute espce de discours qui les occupe [H,U,M], cest quand mme une seconde nature. Alors, jsais pas... soyez plus dtendus, plus naturels quand vous recevez quelquun qui vient vous demander une analyse. Vous sentez pas si obligs vous pousser du col. Mme comme bouffon vous tes justifis dtre. Vous navez qu regarder ma Tlvision : je suis un clown. Ben prenez exemple l-dessus, et ne mimitez pas ! Le srieux qui manime, cest la srie que vous constituez. Vous ne pouvez la fois en tre [de la srie] et ltre [srieux]. Le symbolique, limaginaire et le rel, cest lnonc de ce qui opre effectivement dans votre parole quand vous vous situez du discours analytique, quand analyste vous ltes. Ils nmergent, ces termes [Symbolique, Imaginaire, Rel], vraiment que pour et par ce discours. Jai pas eu y mettre dintention, jai eu qu suivre, moi aussi. a veut pas dire que a nclaire pas les autres discours [H,U,M], mais a les invalide pas non plus. Le discours du matre [S1 S2 a] par exemple, sa fin cest que les choses aillent au pas de tout le monde. Ben a, cest pas du tout la mme chose que le rel, parce que le rel justement, cest ce qui ne va pas, ce qui se met en croix dans ce charroi, bien plus : ce qui ne cesse pas de se rpter pour entraver cette marche [cf. cyclode de Pascal]. Je lai dit dabord : ce qui revient toujours la mme place. Laccent est mettre sur revient . Cest la place [vide] qui se dcouvre, la place du semblant. Il est difficile de linstituer du seul imaginaire, comme dabord la notion de place semble limpliquer. Heureusement que nous avons la topologie mathmatique pour y prendre un appui, et cest ce que jessaie de faire. Dun second temps le dfinir, ce rel, cest de limpossible - dune modalit logique - que jai essay de le pointer. Supposez en effet quil ny ait rien dimpossible dans le rel. Ben les savants feraient une drle de gueule, hein, et nous aussi ! Qui est-ce qui a quelque chose flter ? Mais quest-ce quil a fallu parcourir de chemin, hein, pour sapercevoir de a ! Des sicles, on a cru tout possible [espace ]. Enfin, jsais pas, il y en a peut-tre quelques-uns dentre vous qui ont lu LEIBNIZ. Il ne sen tirait que par le compossible : Dieu avait fait de son mieux, il fallait que les choses soient possibles ensemble. Enfin, ce quil y a de kombinat, et mme de combine derrire tout a, cest pas imaginable. Peut-tre lanalyse nous introduira-t-elle considrer le monde comme ce quil est : imaginaire. a ne peut se faire qu rduire la fonction dite de reprsentation , la mettre l o elle est : soit dans le corps. a, ya longtemps quon se doute de a, cest mme en a que consiste lidalisme philosophique. Seulement, lidalisme philosophique est arriv a, mais tant quy avait pas de science, ben a pouvait que la boucler, non sans une petite pointe, comme a, en se rsignant ils attendaient les signes, les signes de lau-del, du noumne : comme a quils appellent a. Cest pour a quil y a eu quand mme quelques vques dans laffaire, lvque BERKELEY notamment, qui de son temps tait imbattable, et que a arrangeait trs bien. Le rel nest pas le monde. Il ny a aucun espoir datteindre le rel par la reprsentation. Je vais pas me mettre arguer ici de la thorie des quanta ni de londe et du corpuscule. Vaudrait mieux quand mme que vous y soyez au parfum, bien que a vous intresse pas. Mais vous y mettre, au parfum, faites-le vous-mmes, il suffit douvrir quelques petits bouquins de science. Le rel du mme coup nest pas universel, ce qui veut dire quil nest tout quau sens strict de ce que chacun de ses lments

    soit identique soi-mme, mais ne pouvoir se dire [pants]. Ya pas de tous les lments , y a que des ensembles dterminer dans chaque cas. Pas la peine dajouter : cest tout ! a na le sens que de ponctuer ce nimporte quoi de signifiant ltre,

    qui est ce que jcris S indice 1 - signifiant qui ne scrit que de le faire sans aucun effet de sens. Lhomologue si jose dire, de lobjet petit a. [41 04]

    http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/article.php3?id_article=269http://www.cnrtl.fr/definition/noum%C3%A8nehttp://fr.wikipedia.org/wiki/George_Berkeleyhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_des_quanta

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    Enfin, quand je pense que je me suis amus pendant un moment faire un jeu l, entre ce S1 que javais pouss jusqu la dignit du signifiant Un , que jai jou avec ce Un et le petit(a) en les nouant par le nombre dor, a vaut mille ! a veut rien dire que a vaut mille, a veut dire que a prend porte de lcrire. En fait, ctait pour illustrer la vanit de tout cot avec le monde, cest--dire de ce que on a appel jusquici la connaissance . Car ya rien de plus dans le monde quun objet(a), chiure ou regard, voix ou ttine, qui refend le sujet et le grime en ce dchet qui, lui, au corps, ex-siste.

    Pour en faire semblant [position de lanalyste] , il faut tre dou. Cest particulirement difficile comme a pour... cest plus difficile pour une femme que pour un homme, contrairement ce qui se dit. Que la femme soit lobjet(a) de lhomme loccasion, a veut pas dire du tout que... quelle, elle a du got ltre. Mais enfin a arrive. a arrive quelle y ressemble naturellement. Il ny a rien de plus semblable, enfin qui ressemble plus une chiure de mouche, quAnna FREUD ! [rires] a doit lui servir ! Ouais... Soyons srieux, revenons faire ce que jessaie. Il me faut soutenir cette Troisime du rel quelle comporte, et cest pourquoi je vous pose la question dont je vois que... dont je vois que les personnes qui ont parl avec moi - avant moi - se doutent un peu, non seulement se doutent mais mme elles lont dit, et quelles laient dit signe quelles sen doutent : est-ce que la psychanalyse est un symptme ? Vous savez, quand je pose les questions cest que jai la rponse. Mais enfin a vaudrait tout de mme mieux que ce soit la bonne, rponse. Jappelle symptme ce qui vient du rel. a veut dire que a se prsente comme un petit poisson dont le bec vorace ne se referme qu se mettre du sens sous la dent. Alors de deux choses lune :

    ou a le fait prolifrer - Croissez et multipliez-vous ! a dit le Seigneur. Ce qui est quand mme quelque chose dun peu fort, qui devrait nous faire tiquer, enfin cet emploi du terme multiplication : lui, le Seigneur, quand mme il sait ce que cest quune multiplication, cest pas le foisonnement du petit poisson,

    ou bien alors, il en crve. Ce qui vaudrait le mieux - cest quoi nous devrions nous efforcer - cest que le rel du symptme en crve, et cest l la question : comment faire ? Il y a une poque comme a o je me propageais, enfin dans des services que jnommerai pas...

    quoique dans mon machin [texte] jy fasse allusion, a passera limpression, a il faut que je saute un peu ...ya une poque o jessayais de faire comprendre dans des services de mdecine ce que ctait que le symptme, je le disais pas tout fait comme maintenant, hein, mais quand mme - cest peut-tre un Nachtrag - quand mme je crois que je le savais dj, mme si je... javais pas encore fait surgir limaginaire, le symbolique et le rel. Le sens du symptme nest pas celui dont on le nourrit pour sa prolifration ou extinction, le sens du symptme cest le rel, le rel en tant quil se met en croix pour empcher que marchent les choses, au sens o elles se rendent compte delles-mmes de faon satisfaisante, satisfaisante au moins pour le matre. Ce qui veut pas dire que lesclave en souffre daucune faon, bien loin de l. Lesclave - je vous demande pardon de cette parenthse - lesclave, lui dans laffaire, il est peinard, bien plus quon ne croit, hein ? Cest lui qui jouit - contrairement ce que dit HEGEL qui devrait quand mme sen apercevoir - puisque cest bien pour a quil sest laiss faire par le matre. Alors HEGEL lui promet en plus lavenir, il est combl ! a aussi, cest un Nachtrag, un Nachtrag plus sublime que dans mon cas, si je puis dire, parce que a prouve que lesclave avait le bonheur dtre dj chrtien au moment du paganisme. Cest vident, mais enfin cest quand mme curieux, cest vraiment l, cest le bnef total ! Tout, tout pour tre heureux ! a se retrouvera jamais. Maintenant quil ya plus desclaves, nous en sommes rduits relicher tant que nous pouvons les comdies de PLAUTE et de TRENCE, et tout a pour nous faire une ide de ce quils taient bien, les esclaves. Enfin je mgare... Ce nest pas pourtant sans ne pas perdre la corde de ce quil prouve, cet garement. Le sens du symptme dpend de lavenir du rel, donc - comme je lai dit, l la confrence de presse - de la russite de la psychanalyse. Ce quon lui demande, cest de nous dbarrasser et du rel, et du symptme. Si elle succde... a du succs dans cette demande, on peut sattendre...

    je dis a comme a, pardon, mais je vois quil y a des personnes qui ntaient pas cette confrence de presse, alors cest pour elles que je le dis ...on peut sattendre tout, savoir un retour de la vraie religion par exemple, qui comme vous le savez na pas lair de dprir. Elle est pas folle, hein, la vraie religion. Tous les espoirs, tous les espoirs lui sont bons si je puis dire. Elle les sanctifie. Alors bien sr, a les lui permet. Mais si la psychanalyse donc russit, elle steindra de ntre quun symptme oubli. Elle doit pas sen pater, cest le destin de la vrit telle que, elle-mme le pose au principe : la vrit soublie. Donc tout dpend de si le rel insiste. Ben pour a, il faut que la psychanalyse choue. Faut reconnatre quelle en prend la voie, hein, et quelle a donc encore de bonnes chances de rester un symptme, de crotre et de se multiplier. Psychanalystes pas morts, lettre suit ! [rires] [5353]

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    Mais quand mme mfiez-vous, hein : cest peut-tre mon message sous une forme inverse. Peut-tre quaussi je me prcipite. Cest la fonction de la hte que jai mis en valeur pour vous. Ce que je vous ai dit peut pourtant avoir t mal entendu - ce que je viens de vous dire - entendu de sorte que a soit pris au sens de savoir si la psychanalyse est un symptme social. Ya quun seul symptme social : chaque individu est rellement un proltaire, cest--dire na nul discours de quoi faire lien social, autrement dit semblant. Cest quoi MARX a par, a par dune faon incroyable. Aussitt dit, aussitt fait, ce quil a mis implique quil y a rien changer. Cest bien pour a dailleurs que tout continue exactement comme avant. La psychanalyse, socialement, a une autre consistance que les autres discours : elle est un lien deux. Cest bien en a quelle se trouve la place du manque de rapport sexuel. a suffit pas du tout en faire un symptme social puisque le rapport sexuel il manque dans toutes les formes de socits. Cest li la vrit qui fait structure de tout discours.

    Cest bien pour a dailleurs que... quil ya pas de vritable socit fonde sur le discours analytique. Il y a une cole, ya une cole qui justement se dfinit pas dtre une socit. Elle se dfinit de ce que, de ce que jy enseigne quelque chose. Si rigolo que a puisse paratre quand on parle de lcole freudienne, cest quelque chose dans le genre de ce qui a fait les Stociens par exemple, mme les Stociens avaient quand mme quelque chose comme un pressentiment du lacanisme, eux. Cest eux qui ont invent la distinction du signans et du signatum . Par contre je leur dois, moi, mon respect pour le suicide. Naturellement, a veut pas dire pour des suicides fonds sur un badinage, mais sur cette forme de suicide qui en somme est lacte proprement parler. Faut pas le rater, bien sr, sans a cest pas, sans a cest pas un acte. Ouais... Dans tout a donc, ya pas de problme de pense. Un psychanalyste sait que la pense est aberrante de nature, ce qui ne lempche pas dtre responsable dun discours qui soude lanalysant - quoi ? Comme quelquun la trs bien dit ce matin : pas lanalyste , hein...

    ce quil a dit ce matin je lexprime, je lexprime autrement, mais je suis heureux que a converge ...il soude lanalysant au couple analysant-analyste. Cest exactement le mme truc qua dit quelquun ce matin. Bon ! Donc le piquant de tout a, cest que ce soit le rel dont dpende lanalyste dans les annes qui viennent, et pas le contraire. Cest pas du tout de lanalyste que dpend lavnement du rel. Lanalyste, lui, a pour mission de le contrer. Malgr tout, le rel pourrait bien prendre le mors aux dents, surtout depuis quil a lappui du discours scientifique. Cest mme un des exercices de ce quon appelle science-fiction , je dois dire que je ne lis jamais, mais souvent dans les analyses on me raconte ce quil y a dedans, cest pas imaginable. Leu-gnique, leu-thanasie, enfin toutes sortes deu-plaisanteries diverses. Non, l o a devient drle cest seulement quand les savants eux-mmes sont saisis, non pas bien sr de la science-fiction, mais ils sont saisis dune angoisse : a cest quand mme instructif. Cest bien le symptme-type de tout avnement du rel. Et quand les biologistes - pour les nommer ces savants - simposent lembargo dun traitement de laboratoire des bactries, sous prtexte que si on en fait de trop dures et de trop fortes, elles pourraient bien glisser sous le pas de la porte et nettoyer, enfin au moins toute lexprience sexue, en nettoyant le parltre. a cest tout de mme quelque chose de trs piquant ! Cet accs de responsabilit est formidablement comique, toute vie enfin rduite linfection quelle est rellement selon toute vraisemblance, a cest le comble de ltre-pense ! Lennui cest quils ne saperoivent pas pour autant que la mort se localise du mme coup ce qui dans lalangue - telle que je lcris - en fait signe. Quoi quil en soit, les eu... un plus haut par moi souligns au passage, nous mettraient enfin dans lapathie du bien universel et suppleraient labsence du rapport que jai dit impossible jamais, par cette conjonction de KANT avec SADE, dont jai cru devoir marquer dans un crit lavenir quil nous pend au nez - soit le mme que celui o lanalyse a en quelque sorte son avenir assur. Franais, encore un effort pour tre rpublicains . Ce sera vous de rpondre cette objurgation - parce que... Quoique je sache pas toujours si cet article vous a fait ni chaud ni froid. Il y a juste un petit type qui sest escrim dessus... a a pas donn grand chose. Plus je mange mon Dasein - comme jai crit la fin dun de mes sminaires - moins jen sais dans le genre de leffet quil vous fait. Cette Troisime je la lis, quand vous pouvez vous souvenir, peut-tre, que la premire qui y revient, javais cru devoir y mettre ma parlance, puisquon la imprime depuis, ce sous prtexte que vous en aviez tous le texte distribu, hein ? Si aujourdhui je ne fais qu ourdrome , jespre que a vous fait pas trop obstacle entendre ce que je lis. Si elle est de trop, je mexcuse. La premire donc, celle qui revient pour quelle ne cesse pas de scrire, ncessaire, la premire - Fonction et champ... - jy ai dit ce quil fallait dire. Linterprtation, ai-je mis, nest pas interprtation de sens, mais jeu sur lquivoque. Ce pourquoi jai mis laccent sur le signifiant dans la langue. Je lai dsign de Linstance de la lettre, ce pour me faire entendre de votre peu de stocisme. [1h 08 15]

  • 8

    Il en rsulte - ai-je ajout depuis sans plus deffet - que cest lalangue dont sopre linterprtation, ce qui nempche pas que linconscient soit structur comme un langage, un de ces langages dont justement cest laffaire des linguistes de faire croire que lalangue est anime : la grammaire quils appellent a gnralement ou - ou quand cest HJELMSLEV - la forme . a va pas tout seul, mme si quelquun - qui men doit le frayage - a mis laccent sur la grammatologie. Ouais... Bon ! Lalangue, cest ce qui permet que le vu - souhait - on considre que cest pas par hasard que ce soit aussi le veut de vouloir, troisime personne de lindicatif, que le non niant et le nom nommant, cest pas non plus par hasard,

    ni que deux - d, apostrophe, avant ce eux qui dsigne ceux dont on parle - ce soit fait de la mme faon que le chiffre 2, ce nest pas l pur hasard, ni non plus arbitraire, comme dit SAUSSURE.

    Ce quil faut y concevoir, cest le dpt, lalluvion, la ptrification qui sen marque du maniement, par un groupe, de son exprience inconsciente. Lalangue nest pas dire vivante parce quelle est en usage, cest bien plutt la mort du signe quelle vhicule. Ce nest pas parce que linconscient est structur comme un langage que lalangue nait pas jouer contre son jouir, puisquelle sest faite de ce jouir mme. Le sujet suppos savoir, quest lanalyste dans le transfert, ne lest pas suppos tort sil sait en quoi consiste linconscient, dtre un savoir qui sarticule de lalangue, le corps qui la parle ny tant nou que par le rel dont il se jouit. Mais le corps est comprendre au naturel comme dnou de ce rel qui, pour y ex-sister au titre de faire sa jouissance, ne lui reste pas moins opaque. Il est labme moins remarqu de ce que ce soit lalangue qui, cette jouissance la civilise , si jose dire. Jentends par l quelle la porte son effet dvelopp, celui par lequel le corps jouit dobjets dont le premier, celui que jcris du petit(a), est lobjet mme, comme je le disais, dont il ny a pas dide - dide comme telle, jentends - sauf le briser, cet objet, auquel cas ses morceaux sont identifiables corporellement et - comme clats du corps - identifis, et cest seulement par la psychanalyse. Cest en cela que cet objet fait le noyau laborable de la jouissance, mais il ne tient qu lexistence du nud, aux 3 consistances de tores, de ronds de ficelle quil constitue. Ltrange est ce lien qui fait quune jouissance, quelle quelle soit, le suppose, cet objet, et quainsi le plus-de-jouir - puisque cest ainsi que jai cru pouvoir dsigner sa place - soit au regard daucune jouissance, sa condition. Voil. Jai fait un petit schma. Si cest le cas pour ce quil en est de la jouissance du corps en tant quelle est jouissance de la vie, la chose la plus tonnante, cest que cet objet, le (a), spare... spare cette jouissance du corps de la jouissance phallique. Pour a il faut que vous voyiez comment cest fait, comment cest fait le nud borromen.

    Que la jouissance phallique devienne anomalique la jouissance du corps, cest quelque chose qui sest dj aperu trente-six fois. Jsais pas combien de types ici sont un peu la page, l de ces histoires la mords-moi le doigt qui nous viennent de lInde,

    kundalini quils appellent a. Yen a qui dsignent par l cette chose faire grimpette, grimpette tout le long de leur moelle, quils disent, parce que depuis on a fait quelques progrs en anatomie, alors ce que les autres expliquent dune faon qui concerne larte du corps, ils simaginent que cest la moelle et que a monte dans la cervelle. Ouais... Lhors-corps de la jouissance phallique, pour lentendre - et nous lavons entendu ce matin, grce mon cher Paul MATHIS 5 qui est aussi celui qui je faisais grand compliment de ce que jai lu de lui sur lcriture et la psychanalyse, il nous en a donn ce matin un formidable exemple. Cest pas une lumire, ce MASHIMI [lapsus : Mishima]. Et pour nous dire que cest Saint SBASTIEN qui lui a donn loccasion djaculer pour la premire fois, il faut vraiment que a lait pat, ctjaculation. Nous voyons a tous les jours, les types qui vous racontent que leur premire masturbation, ils sen souviendront toujours, que a crve lcran. Ouais... En effet, on comprend bien pourquoi a crve lcran, parce que a ne vient pas du dedans de lcran. Lui, le corps enfin, sintroduit dans lconomie de la jouissance - a cest l que je suis parti - par limage du corps. Le rapport de lhomme, enfin ce quon appelle de ce nom, avec son corps, sil y a quelque chose qui souligne bien quil est imaginaire, cest la porte quy prend limage, et au dpart jai bien soulign ceci, cest quil fallait pour a quand mme une raison dans le rel, et que la prmaturation de BOLK - cest pas de moi, cest de BOLK, moi jai jamais cherch tre original, jai cherch tre logicien - cest quil y a que la prmaturation qui lexplique cette prfrence pour limage, qui vient de ce quil anticipe sa maturation corporelle, avec tout ce que a comporte bien sr, savoir quil ne peut pas voir un de ses semblables sans penser que ce semblable prend sa place, donc naturellement quil le vomit. Ouais... Pourquoi est-ce quil est comme a, si infod son image ? Vous savez le mal que je me suis donn, hein, dans un temps - parce que naturellement vous ne vous en tes pas aperus - le mal que je me suis donn quand mme pour expliquer a. Jai voulu absolument donner cette image je ne sais quel prototype chez un certain nombre danimaux, savoir le moment o limage a joue un rle dans le processus germinal. Alors jai t chercher le criquet plerin, un tas de trucs, lpinoche, la pigeonne... [1h 21 40]

    5 Cf. Paul Mathis : Instants dcriture, instants danalyse, d. Lo Scheer, 2002.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Kundalini_(yoga)

  • 9

    En ralit ctait pas du tout, ctait pas du tout quelque chose comme un prlude, un exercice, cest des hors-duvre, tout a. Que lhomme aime tellement regarder son image, ben voil, ya qu dire : cest comme a. Mais ce quil y a de plus patant, cest que a a permis le glissement, nest-ce pas, le glissement du commandement de Dieu. Lhomme est quand mme plus... plus prochain lui-mme, dans son tre, que dans son image dans le miroir. Et alors quest-ce que cest que cette histoire du commandement Tu aimeras ton prochain comme toi-mme si a ne se fonde pas sur ce mirage, qui est quand mme quelque chose de drle, mais comme ce mirage justement est ce qui le porte har non pas son prochain mais son semblable , cest un truc qui porterait un peu ct si on ne pensait pas que, que quand mme, Dieu doit savoir ce quil dit, et que ya quelque chose qui saime mieux encore pour chacun que son image. Ouais... Ce qui est frappant cest ceci : cest que sil y a quelque chose qui nous donne lide du se jouir , cest lanimal. On ne peut en donner aucune preuve, mais enfin a semble bien tre impliqu par... par ce quon appelle le corps animal. La question devient intressante partir du moment, si on ltend et si au nom de la vie on se demande si la plante jouit. Cest quand mme quelque chose qui a un sens, parce que cest quand mme l quon nous a fait le coup, on nous a fait le coup du lys des champs : Il ne tisse ni ne file... a-t-on ajout. Mais il est sr que maintenant, nous ne pouvons pas nous contenter de a, pour la bonne raison que justement, cest leur cas, de tisser et de filer. [Cf. Luc XII, 22-27] Pour nous qui voyons a au microscope, ben ya pas dexemple plus manifeste que cest du fil. Alors cest peut-tre de a quils jouissent, de tisser et de filer, mais a laisse quand mme lensemble de la chose tout fait flottante. La question reste trancher si vie implique jouissance . Et si la question reste douteuse pour le vgtal, a ne met que plus en valeur quelle ne le soit pas pour la parole. Que lalangue o la jouissance fait dfaut, fait dpt, comme je lai dit...

    non sans la mortifier, nest-ce pas, sans quelle ne se prsente comme du bois mort ...tmoigne quand mme que la vie, dont un langage fait rejet, nous donne bien lide que cest quelque chose de lordre du vgtal. Faut regarder a de prs. Enfin il y a un linguiste comme a qui a beaucoup insist sur le fait que le phonme, a fait jamais sens. Lembtant cest que le mot, le mot ne fait pas sens non plus, malgr le dictionnaire. Moi je me fais fort de faire dire dans une phrase, nimporte quel mot, nimporte quel sens. Ouais... Alors, si on fait dire nimporte quel mot nimporte quel sens : o sarrter dans la phrase, o trouver, o trouver lunit lment ? Puisque nous sommes Rome, je vais essayer de... je vais essayer de vous... de vous donner une ide l de ce que je voudrais dire, de ce que je voudrais dire sur ce quil en est de cette unit, chercher du signifiant. Il y a, vous savez, les fameuses trois vertus dites justement thologales . Ici on les voit se prsenter aux murailles sous - exactement partout - sous la forme de femmes plantureuses. Le moins quon puisse dire, cest quaprs a, les traiter de symptmes, hein, on ne force pas la note, parce que dfinir le symptme comme je lai fait, enfin partir du rel, cest dire que les femmes lexpriment aussi trs trs bien le rel, puisque justement jinsiste sur ce que les femmes sont pas-toutes . Alors l-dessus, lesprance... non, la foi, lesprance et la charit, ouais... si je les signifie

    de la foire, de laisse-spre-ogne - lasciate ogni speranza [abandonner tout espoir] - cest un mtamorphme comme un autre,

    puisque t lheure vous mavez pass ourdrome , les dnommer de a, et de finir par le ratage type, savoir lart-chirat,

    ...il me semble que cest une incidence plus effective pour le symptme, pour le symptme de ces trois femmes, a me parat plus pertinent que ce qui, au moment enfin... o on se met rationaliser enfin tout, par ce que, est-ce que cest autre chose que les trois questions de KANT avec lesquelles jai eu me dptrer la tlvision - savoir : Que puis-je savoir ? , Que mest-il permis desprer ? - cest vraiment le comble ! - et Que dois-je faire ? - cest quand mme trs curieux, enfin nest-ce pas, quon en soit l. Non pas bien sr que je considre que la foi, lesprance et la charit soient les premiers symptmes mettre sur la sellette. Enfin cest pas des mauvais symptmes, enfin a entretient tout fait bien la nvrose universelle enfin... nest-ce pas, cest--dire quen fin de compte les choses naillent pas trop mal, enfin quon soit tous soumis au principe de ralit, cest--dire au fantasme, hein nest-ce pas. Mais enfin lglise quand mme est l qui veille, et une rationalisation dlirante comme celle de KANT, enfin cest quand mme ce quelle tamponne. Jai pris cet exemple, comme a, pour ne pas memptrer dans ce que javais commenc dabord par vous donner comme jeu , comme exemple, enfin de ce quil faut pour traiter un symptme, nest-ce pas, quand jai dit que linterprtation, a doit toujours tre - comme on la dit, Dieu merci, ici et pas plus tard quhier, savoir TOSTAIN: le ready-made, Marcel DUCHAMP, quau moins vous en entendiez quelque chose - lessentiel quil y a dans le jeu de mots, cest l que doit viser notre interprtation pour ntre pas celle qui nourrit le symptme de sens. Et puis je vais tout vous avouer, hein ? Je vais tout vous avouer... pourquoi pas ? Ce truc-l, ce glissement de la foi, lesprance et la charit vers la foire - je dis a parce quil y a eu quelquun hier soir la confrence de presse, ou avant-hier soir, trouver que jallais un peu fort sur le sujet de la foi et de la foire. Cest un de mes rves moi, jai quand mme bien le droit, tout comme FREUD, enfin de vous faire part de mes rves. Contrairement ceux de FREUD, ils ne sont pas inspirs par le dsir de dormir, cest plutt le dsir de rveil, moi, qui magite. Mais enfin cest particulier. Ouais... [1h 34 38]

  • 10

    Enfin ce signifiant-unit [S1], cest capital, hein. Cest capital mais ce quil y a de sensible, cest que sans... a cest manifeste : que le matrialisme moderne lui-mme, on peut tre sr quil ne serait pas n, si depuis longtemps a ne tracassait les hommes, et si dans ce tracas, la seule chose quils montraient tre leur porte, ctait toujours la lettre. Quand ARISTOTE - comme nimporte

    qui, enfin - se met donner lide de llment, cest toujours... il fait une srie de lettres : , , , [r, sigma, tau] enfin exactement comme nous. Il ny a pas ailleurs, ya rien qui donne dabord lide de llment, au sens o tout lheure je crois, je lvoquais, du grain de sable - cest peut-tre aussi dans un de ces trucs que jai saut, bon enfin, peu importe - lide de llment, lide dont jai dit que a ne pouvait que se compter, et rien ne nous arrte dans ce genre : si nombreux que soient les grains de sable - il y a dj un ARCHIMDE qui la dit - si nombreux quils soient, on arrivera toujours les calibrer, mais tout ceci ne nous vient qu partir de quelque chose qui na pas de meilleur support que la lettre. Mais a veut dire aussi, parce que ya pas de lettre sans dlalangue, cest mme le problme, comment est-ce que lalangue, a peut se prcipiter dans la lettre ? On na jamais fait rien de bien srieux sur lcriture. Mais a vaudrait quand mme la peine, enfin, parce que cest l tout fait un joint. Ouais... Donc que le signifiant soit pos par moi comme reprsentant un sujet auprs dun autre signifiant, cest la fonction qui savre de ceci...

    comme quelquun aussi la remarqu tout lheure, et faisant en quelque sorte frayage ce que je peux vous dire ...cest la fonction qui ne savre quau dchiffrage qui est tel, que ncessairement cest au chiffre quon retourne, et que cest a le seul exorcisme dont soit capable la psychanalyse, cest que le dchiffrage se rsume ce qui fait le chiffre, ce qui fait que le symptme, cest quelque chose qui avant tout ne cesse pas de scrire du rel, et qualler lapprivoiser jusquau point o le langage en puisse faire quivoque, cest l par quoi le terrain est gagn qui spare le symptme de ce que je vais vous montrer sur mes petits dessins, sans que le symptme se rduise la jouissance phallique. Ouais... Il faut que jen saute un bout comme a. Mon se jouit dintroduction, ce qui pour vous en est le tmoin, cest que votre analysant prsum se confirme dtre tel, ceci quil revienne, parce que - je vous le demande - pourquoi est-ce quil reviendrait - vu la tche o vous le mettez - si a lui faisait pas un plaisir fou ? Outre quen plus, souvent enfin... il en remet, savoir quil faut quil fasse encore dautres tches pour satisfaire votre analyse. Il se jouit de quelque chose, et non pas du tout de ce je souis , parce que tout indique, tout doit mme par vous, indiquer, que vous ne lui demandez pas du tout simplement de daseiner, dtre l, comme moi je le suis maintenant, mais plutt, et tout loppos, de mettre lpreuve cette libert de la fiction de dire nimporte quoi, qui en retour va savrer tre impossible. Cest--dire que ce que vous lui demandez, cest tout fait de quitter cette position que je viens de qualifier du Dasein et qui est plus simplement celle dont il se contente. Il sen contente justement de sen plaindre, savoir de pas tre conforme ltre social, savoir quil y ait quelque chose qui se mette en travers. Et justement de ce que quelque chose se mette en travers, cest a quil aperoit comme symptme, comme tel symptomatique du rel. Alors en plus ya lapproche quil fait de le penser, mais a cest ce quon appelle le bnfice secondaire, dans toute nvrose. Tout ce que je dis l nest pas vrai forcment dans lternel - a mest dailleurs compltement indiffrent - cest que cest la structure mme du discours que vous ne fondez qu reformer, voire rformer les autres discours, en tant quau vtre ils ex-sistent. Et cest dans le vtre, dans votre discours, que le parltre puisera cette insistance qui est la sienne et qui dans les autres, les autres discours, reste court. Alors o se loge ce a se jouit dans mes registres catgoriques de limaginaire, du symbolique et du rel ? Voil, il faut quand mme pour que vous pigiez. Pour quil y ait nud borromen - regardez l ce qui est en haut - pour quil y ait nud borromen, cest pas ncessaire que mes 3 consistances fondamentales soient toutes toriques. Comme vous lavez peut-tre, enfin comme a, comme cest peut-tre venu vos oreilles, vous savez quune droite peut tre cense se mordre la queue linfini [Desargues]. Alors du symbolique, de limaginaire et du rel, il peut y avoir un des trois - le rel srement - qui lui se caractrise justement de ce que jai dit : de ne pas faire tout , cest--dire de ne pas se boucler.

    Supposez mme que ce soit la mme chose pour le symbolique. Il suffit que limaginaire, savoir un de mes 3 tores, se manifeste bien comme lendroit o assurment on tourne en rond, pour que - avec deux droites - a fasse nud borromen.

    Ce que vous voyez en haut - dont ce nest pas par hasard, peut-tre, que a se prsente comme lentrecroisement de deux de lcriture grecque - ce que vous voyez en haut cest peut-tre bien aussi quelque chose qui est tout fait, tout fait digne dentrer dans le cas du nud borromen. Faites sauter aussi bien la continuit de la droite que la continuit du rond, ce quil y a de reste, que ce soient une droite et un rond, ou que ce soient deux droites, est tout fait libre, ce qui est bien la dfinition du nud borromen. Alors, en vous disant tout a jai le sentiment - enfin je lai mme not dans mon texte - que le langage, cest vraiment ce qui ne peut avancer qu se tordre et senrouler, se contourner dune faon enfin dont aprs tout je ne peux pas dire que je ne donne pas ici lexemple. Ouais... [1h 48 19]

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Girard_Desargues

  • 11

    Faut pas croire qu relever le gant pour lui - enfin marquer dans tout ce qui nous concerne quel point nous en dpendons - faut pas croire que je fasse a tellement de gaiet de cur. Ce qui me parat comique cest simplement que on ne saperoive pas que ya aucun autre moyen de penser, et que des psychologues, la recherche de la pense qui ne serait pas parle, impliquent en quelque sorte que la pense pure - si jose dire - a serait mieux. Dans ce que tout lheure jai avanc de cartsien, le je pense donc je suis nommment, ya une erreur, ya une erreur profonde, cest que ce qui linquite cest que quand elle imagine que la pense fait tendue , si on peut dire. Mais cest bien ce qui dmontre quil ny a de pense si je puis dire, de pense pure, de pense qui ne soit pas soumise aux contorsions du langage, que justement la pense de ltendue . Et alors ce quoi je voulais vous introduire aujourdhui, et que je ne fais en fin de compte aprs deux heures, nest-ce pas, que dy chouer, nest-ce pas, que de ramper, cest ceci : cest que ltendue, ltendue que nous supposons tre lespace, lespace qui nous est commun, savoir les 3 dimensions, pourquoi diable est-ce que a na jamais t abord par la voie du nud ? Je fais une petite sortie, comme a, une vocation citatoire du vieux RIMBAUD et de son effet de Bateau ivre , si je puis dire :

    Je ne me sentis plus tir par les haleurs . [Rimbaud : Bateau ivre] Ya aucun besoin de rimbateau, ni de pote, ni dthiopote, ya aucun besoin de a pour se poser la question de savoir pourquoi des gens qui... qui incontestablement taillaient des pierres - et a cest la gomtrie, la gomtrie dEUCLIDE - pourquoi ces gens qui quand mme, ces pierres, avaient ensuite les hisser au haut des pyramides, et ne le faisaient pas... et ne le faisaient pas avec des chevaux : chacun sait que les chevaux ne tiraient pas grand-chose tant quils navaient pas tant quon navait pas invent le collier,

    comment est-ce que ces gens, qui donc tiraient eux-mmes tous ces trucs, cest pas dabord la corde et du mme coup le nud, qui est venu au premier plan de leur gomtrie ?

    Comment est-ce quils nont pas vu que grce au nud et la corde, cette chose dans laquelle les mathmatiques les plus modernes elles-mmes, cest le cas de le dire : perdent la corde, car on ne sait pas comment formaliser ce quil en est du nud, ya un tas de cas o on perd les pdales et o le mathmaticien... Cest pas le cas du nud borromen, a le mathmaticien sest aperu que le nud borromen ctait simplement une tresse, et le type de tresse du genre le plus simple. Bon...

    Alors il est vident que - par contre - ce nud l, tel que je vous lai mis l en haut, enfin de cette faon dautant plus saisissante, nest-ce pas que cest elle qui nous permet de ne pas faire dpendre toutes les choses de la consistance torique de quoi que ce soit, mais seulement au moins dune, et cette au moins une, cest elle qui, si vous la rapetissez indfiniment, peut vous donner lide, lide l sensible, sensible en ceci que si nous ne supposons pas le nud se manifester du fait que le tore imaginaire que jai pos l se rapetisse, se rapetasse linfini, nous navons aucune espce dide du point, parce que les deux droites telles que je viens de vous les inscrire l, les droites que jattribue... que jaffecte des termes, des termes du symbolique et du rel, elles glissent lune sur lautre, enfin si je puis dire, perte de vue. Pourquoi est-ce que deux droites, deux droites sur une surface, sur un plan, se croiseraient, sintercepteraient ? On se le demande ! O est-ce quon a jamais vu quoi que ce soit qui ressemble - sauf manier la scie, bien sr, et imaginer que ce qui fait arte dans un volume, a suffit designer une ligne - comment est-ce que, en dehors de ce phnomne du sciage, on peut imaginer que la rencontre de deux droites cest ce qui fait un point ? Il me semble quil en faut au moins trois. Bon alors ceci, ceci bien sr nous emmne un tout petit peu plus loin. Vous lirez ce texte qui vaut ce quil vaut, mais qui est au moins amusant. Bon... Faut quand mme que je vous montre... Ceci bien sr, naturellement, vous dsigne, vous dsigne la faon dont en fin de compte le nud borromen rejoint bien enfin ces fameuses trois dimensions que nous imputons lespace, sans dailleurs nous priver den imaginer tant que nous voulons, et voir comment a se produit, a se produit un nud borromen, quand justement nous le mettons dans cet espace. Vous voyez l une figure gauche, et cest videmment en faisant glisser dune certaine faon ces trois rectangles, qui font dj parfaitement nud soi tout seul, cest en les faisant glisser que vous obtenez la figure do part tout ce quil en est de ce que je vous ai montr tout lheure, et de ce qui constitue un nud borromen, et dont je vais vous donner lexemple simplement retourner cette page... Voil ! a cest le nud borromen tel quon se croit oblig de le dessiner. [1h 57 57]

    http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Bateau_ivre/%C3%89dition_Vanier_1895

  • 12

    Alors tchons quand mme de voir, enfin, de quoi il sagit, savoir que dans ce rel se produisent des corps organiss et qui se maintiennent dans leur forme, cest ce qui explique que des corps imaginent lunivers. Cest pourtant pas surprenant que hors du parltre, nous nayons aucune preuve que les animaux pensent au-del de quelques formes, quoi nous les supposons tre sensibles, de ce quils y rpondent de faon privilgie. Mais ce que nous ne voyons pas et ce que les thologistes - chose trs curieuse - mettent entre parenthses...

    vous savez ce que cest que les thologistes, cest les gens qui tudient les murs et coutumes des animaux ...cest pas une raison pour que nous imaginions nous-mmes que le monde est monde, pour tous animaux le mme, si je puis dire, alors que nous avons tant de preuves, enfin, que mme si nous, enfin, si notre corps, lunit de notre corps nous force le penser comme univers, cest videmment pas monde quil est, cest immonde. Cest quand mme du malaise que quelque part FREUD note - du Malaise dans la civilisation - que procde toute notre exprience. Bon... Ce quil y a de frappant, nest-ce pas, cest que le corps, puisque, puisque pour le dsigner, le corps cest celui-ci, cest ce rond l, ce rond cest le rel... Bon, le corps, cest trs frappant que, ce malaise il contribue, il contribue dune faon que... dont nous savons trs bien lanimer - animer si je puis dire, animer les animaux - de notre peur. De quoi nous avons peur ? a veut pas simplement dire : partir de quoi avons-nous peur ? De quoi avons-nous peur ? De notre corps ! Ouais... Cest ce que manifeste ce phnomne curieux sur quoi jai fait un sminaire toute une anne et que jai dnomm de langoisse. Langoisse cest justement quelque chose qui se situe ailleurs dans notre corps, cest le sentiment qui surgit de ce soupon qui nous vient, de nous rduire notre corps . Comme quand mme cest trs trs curieux que cette dbilit du parltre ait russi aller jusque-l, enfin, nest-ce pas... cest que, on sest aperu que l angoisse cest pas la peur de quoi que ce soit dont le corps puisse se motiver. C est une peur de la peur, et qui se situe si bien par rapport, enfin, ce que je voudrais aujourdhui vous... pouvoir quand mme vous dire - puisque sur les 66 pages que jai eu la connerie de pondre pour vous, naturellement je men vais pas me mettre parler comme a encore indfiniment - ce que je voudrais bien vous montrer cest ceci, cest que, dans ce que jai imagin pour vous, identifier chacune de ces consistances comme tant celles de limaginaire, du symbolique et du rel, ce qui fait lieu et place pour la jouissance phallique, est ce champ qui, de la mise plat du nud borromen , se spcifie de lintersection que vous voyez ici [J].

    Cette intersection elle-mme, telles que les choses se figurent du dessin, comporte deux parties, puisquil y a une intervention du troisime champ, qui est ce point dont le coincement, le coincement central dfinit lobjet(a). Comme je vous lai dit tout lheure, cest sur cette place du plus-de-jouir que se branche toute jouissance, et donc ce qui... ce qui est externe dans chacune

    de ces intersections, ce qui est externe un de ces champs, en dautres termes la jouissance phallique, ce que jai l crit du J,

    cest a qui en dfinit ce que jai qualifi tout lheure de lhors-corps . De mme, le rapport est le mme de ce qui est le cercle de droite o se gte le rel, par rapport au sens. Cest bien - et cest l que jinsiste, que jai insist notamment lors de la confrence de presse - cest que, nourrir le symptme, le rel, de sens, on ne fait que lui donner continuit de subsistance. Cest en tant, au contraire, que quelque chose dans le symbolique se resserre de ce que lai appel le jeu de mots, lquivoque - lequel comporte labolition du sens - que tout ce qui concerne la jouissance, et notamment la jouissance phallique peut galement se resserrer, car ceci ne va pas sans que vous vous aperceviez de la place dans ces diffrents champs, du symptme. [2h 10 00]

  • 13

    La voici telle quelle se prsente dans la mise plat du nud borromen :

    Le symptme est irruption de cette anomalie en quoi consiste la jouissance phallique, ce pour autant que sy tale, que sy panouit ce manque fondamental que je qualifie du non-rapport sexuel. Cest en tant que dans linterprtation, cest uniquement sur les signifiants que porte lintervention analytique, que quelque chose peut reculer du champ du symptme. Cest ici dans le symbolique, le symbolique en tant que cest lalangue, cest lalangue qui le supporte, et que le savoir inscrit de lalangue qui constitue proprement parler

    linconscient slabore, quil gagne sur le symptme, ceci nempchant pas que le cercle marqu l du S ne corresponde quelque chose qui de ce savoir ne sera jamais rduit, cest savoir lUrverdrngt de FREUD, ce qui de linconscient ne sera jamais interprt. En quoi est ce que jai crit au niveau du cercle du rel le mot vie ? Cest que incontestablement de la vie, aprs ce terme vague qui consiste noncer le jouir de la vie , la vie nous ne savons rien dautre et tout ce quoi nous induit la science cest de voir quil y a rien de plus rel, ce qui veut dire rien de plus impossible, que dimaginer comment a pu faire son dpart cette construction chimique qui, dlments rpartis dans quoi que ce soit et de quelque faon que nous voulions le qualifier par les lois de la science, se serait mis tout dun coup construire une molcule dADN, cest--dire quelque chose dont je vous fais remarquer que trs curieusement, cest bien l quon voit dj, quon voit la premire image dun nud, et que sil y a quelque chose qui devrait nous frapper, cest quon ait mis si tard sapercevoir que quelque chose dans le rel - et pas rien : la vie mme - se structure dun nud. Comment ne pas stonner quaprs a, nous ne trouvions justement nulle part, nulle part ni dans lanatomie, ni dans les plantes grimpantes, qui sembleraient expressment faites pour a, aucune image de nud naturel ? Je vais vous suggrer quelque chose : Est-ce que a serait pas l le signe dun autre type de refoulement, dUrverdrngt ? Enfin quand mme, ne nous mettons pas trop rver, nous avons avec nos traces assez faire.

    Que la reprsentation - jusques et y compris le prconscient de FREUD - soit justement ce qui fait que la JA que jai crit et qui veut dire jouissance de lAutre, jouissance de lAutre en tant que para-sexue, jouissance pour lhomme de la suppose femme, et inversement pour la femme que nous navons pas supposer puisque La femme nexiste pas, mais pour une femme par contre, lhomme qui, lui, est tout hlas, il est mme toute jouissance phallique [J], que pour que cette jouissance de lAutre [JA], para-sexue, qui nexiste pas, ne pourrait, ne saurait mme exister que par lintermdiaire de la parole, de la parole damour notamment, qui est bien la chose, je dois dire, la plus paradoxale et la plus tonnante et dont il est videmment tout fait sensible et comprhensible que Dieu nous conseille de naimer que son prochain, et non pas du tout de se limiter sa prochaine, car si on allait sa prochaine on irait tout simplement lchec, cest le principe mme de ce que jai appel tout lheure lart-chirat chrtienne. Cette jouissance de lAutre, cette jouissance de lAutre cest l que se produit, cest l que se produit ce qui montre

    quautant la jouissance phallique [J] est hors corps [(a)], autant la jouissance de lAutre [JA] est hors langage, hors symbolique,

    ...car cest partir de l, savoir partir du moment o lon saisit ce quil y a - comment dire - de plus vivant ou de plus mort dans le langage, savoir la lettre, cest uniquement partir de l que nous avons accs au rel. Cette jouissance de lAutre, dont chacun sait quel point cest impossible, et contrairement mme au mythe, enfin quvoque FREUD, qui est savoir que lros a serait de faire Un, mais justement cest de a quon crve, cest quen aucun cas deux corps ne peuvent en faire quUn, de si prs quon le serre, jai pas t jusqu le mettre dans mon texte, mais tout ce quon peut faire de mieux dans ces fameuses treintes, cest de dire serre-moi fort mais on ne serre pas si fort que lautre finisse par en crever quand mme ! [rires] De sorte quil ny a aucune espce de rduction lUn. Cest la plus formidable blague. Sil y a quelque chose qui fait lUn, cest quand mme bien le sens, le sens de llment, le sens de ce qui relve de la mort. Je dis tout a parce quon fait sans doute beaucoup de confusion, cause dune certaine aura de ce que, de ce que je raconte, on fait sans doute beaucoup de confusion sur le sujet : que le langage, je trouve pas du tout que ce soit la panace universelle. Cest pas parce que linconscient est structur comme un langage, cest--dire que cest ce quil a de mieux, nest-ce pas, que linconscient ne dpend pas troitement de lalangue, cest--dire de ce qui fait que toute lalangue, toute lalangue est une langue morte, mme si elle est encore en usage. [2h 20 07]

  • 14

    Ce nest qu partir du moment o quelque chose sen dcape quon peut trouver un principe didentit de soi soi, et cest non pas quelque chose qui se produit au niveau de lAutre, mais quelque chose qui peut se produire au niveau de la logique. Cest en tant quon arrive rduire toute espce de sens quon arrive cette sublime formule mathmatique de lidentit de soi soi qui scrit x = x. Pour ce qui est de la jouissance de lAutre, ya quune seule faon de la remplir, et cest proprement parler le champ o nat la science, o la science nat pour autant, pour autant que bien entendu, comme tout le monde le sait, cest uniquement partir du moment o GALILE a fait des petits rapports de lettre lettre avec une barre dans lintervalle, o il a dfini la vitesse comme la diffrence, comme la proportion despace et de temps, ce nest qu partir de ce moment-l, comme quelque chose, comme un petit livre que je crois a commis ma fille le montre bien, ce nest qu partir de ce moment-l quon est sorti de toute cette notion en quelque sorte intuitive et emptre de leffort , qui a fait quon peut arriver ce premier rsultat qutait la gravitation. Nous avons fait quelques petits progrs depuis, mais quest-ce que a donne en fin de compte, la science ? a nous donne nous mettre sous la dent, la place de ce qui nous manque dans le rapport, dans le rapport de la connaissance, comme je disais tout lheure, ce qui nous donne cette place en fin de compte ce qui pour la plupart des gens, tous ceux qui sont l en particulier, se rduit des gadgets, hein : la tlvision, le voyage dans la lune, et encore le voyage dans la lune, vous y allez pas, il ny en a que quelques-uns slectionns. Mais vous le voyez la tlvision. Cest a ! Cest a, la science part de l. Et cest pour a que je mets espoir dans le fait que, passant au-dessous de toute reprsentation, nous arriverons peut-tre avoir sur la vie quelques donnes plus satisfaisantes. Alors l la boucle se boucle et ce que je viens de vous dire tout lheure : cest savoir... que lavenir de la psychanalyse est quelque chose qui dpend de ce quil adviendra de ce rel, savoir si les gadgets par exemple gagneront vraiment la masse, si nous arriverons devenir nous-mmes anims vraiment par les gadgets. Je dois dire, je dois dire que a me parat peu probable, a me parat peu probable. Nous narriverons pas vraiment faire que le gadget ne soit pas un symptme, car il lest pour linstant tout fait videmment. Il est bien certain quon a une automobile... comme une fausse femme, on tient absolument ce que a soit un phallus, mais a na de rapport avec le phallus que du fait que cest le phallus qui nous empche davoir un rapport avec quelque chose qui serait notre rpondant sexuel. Cest notre rpondant para-sexu, et chacun sait que le para , a consiste ce que chacun reste de son ct, que chacun reste ct de lautre. Bon ben voil, cest peu prs - je vous rsume ce quil y avait l, dans mes 66 pages - avec ma bonne rsolution de dpart qui tait de lire. Je faisais a, comme a dans un certain esprit, parce quaprs tout, accaparer la lecture, ctait vous en dcharger dautant, et peut-tre faire que vous pourriez - et cest ce que je souhaite - enfin lire quelque chose. Si vous arriviez vraiment lire ce quil y a dans cette mise plat du nud borromen, je pense que a serait l dans la main vous toper quelque chose qui peut vous rendre service autant que la simple distinction du rel, du symbolique et de limaginaire. Pardon davoir parl si longtemps. [2h 25 11 : fin]

    [Aplaudissements]