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Il est toujours difficile d'écrire un édito sans se répéter ni tomber dans des banalités, mais cette fois l'actualité de la réserve depuis le dernier numéro ne fait pas défaut. En effet par presse interposée vous avez pu être informés des difficultés que la Maison de l'Estuaire rencontrait sur le terrain de la réserve naturelle pour exercer ses missions de gestion- naire, missions rappelons-le confiées par l'Etat et sous son contrôle. Un bref rappel : depuis le mois d'avril les panneaux signalétiques et pédago- giques à destination du public ou des usagers ont été vandalisés ; des locaux que nous louons au Port Autonome du Havre ont pris feu ; notre tracteur utilisé pour gérer la réserve naturelle a égale- ment été victime des flammes ; plu- sieurs hectares de roselière ont brûlé et enfin les ouvrages hydrauliques per- mettant la gestion des niveaux d'eau ont été dégradés. Qu'à cela ne tienne, la Maison de l'Estuaire a toujours mis et mettra toujours en avant l'infor- mation et la concertation. Une concerta- tion raisonnée en accord avec les objectifs écologiques fixés par le statut du territoire concerné et par l'Etat. L'évaluation du premier plan de gestion a laissé aux acteurs la possibilité de s'exprimer dans le cadre d'un audit mené par l'Institut du Patrimoine. Les modifications des statuts de la Maison de l'Estuaire par la mise en place d'un comité d'orientation vont également dans le sens de l'information et de la concertation. Nous croyons au désir de chacun de préserver le marais et nous pensons que le prochain plan de gestion sera l'occasion de la mise en place d'une nouvelle gouvernance pour ce territoire. Préparons-nous dés aujourd'hui à renouer le dialogue et à accomplir le challenge qu'est la préservation de la biodiversité dans l'Estuaire de la Seine dans le respect de tous. Jacques Le Bas Président de la Maison de l’Estuaire Editorial par la maison de l’estuaire Les échos de l’estuaire... Bulletin de liaison de la réserve naturelle de l’estuaire de la Seine Port 2000 inauguré et après ? Au terme de 5 années de travaux, l'extension du port du Havre a été officiellement inaugurée le 30 mars par le ministre chargé des transports, Dominique Perben. La Maison de l'Estuaire a été un partenaire incontournable pour le Port Autonome dans la définition et dans la mise en œuvre d'une grande partie des mesures compensatoires et d'accompagnement. Aujourd'hui les grands travaux des mesures environnementales liées à Port 2000 sont achevés mais le suivi de ces aménagements n'est pas terminé. La Maison de l'Estuaire souhaite qu'une maintenance écolo- gique de ces ouvrages environnementaux soit assurée sur le long terme au même titre qu'une maintenance logistique est assurée sur Port 2000. L'estuaire de la Seine possède enfin son document d'objectifs Natura 2000 Après plus de 2 ans de travail, le document d'objectifs Natura 2000 du site de l'estuaire de la Seine et le document d'objectifs de la ZPS " Estuaire de la Seine et vallée de la Basse Seine " ont été validés par le Sous-Préfet du Havre à la préfecture de Rouen, le 9 juin 2006. Le document d'objectifs se compose de 8 tomes qui sont diffusables sur format informatique sur simple demande auprès de la Maison de l'Estuaire. Les modifications du périmètre du site Natura 2000 (déci- sion européenne d'avril 2006) par l'intégration de l'entre-deux digues implique la mise en place d'un tome 9 qui se fera dans un avenir très proche. La Directive Territoriale d’Aménagement de l’estuaire de la Seine définitivement validée Le conseil d’Etat a approuvé le 10 juillet dernier par décret la Directive Territoriale d’Aménagement (DTA) de l’estuaire de la Seine, rendant ainsi définitives et opposables les orientations et objec- tifs de l’Etat en matière d’aménagement d’un territoire de 942 communes qui s’étend sur trois départements (Calvados, Eure et Seine-Maritime), les deux régions normandes, de Caen à Rouen, de Lisieux à Fécamp. n° 9 - septembre 2006 L’estuaire en seine

L’estuaire en seine...Au terme de 5 années de travaux, l'extension du port du Havre a été officiellement inaugurée le 30 mars par le ministre chargé des transports, Dominique

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Page 1: L’estuaire en seine...Au terme de 5 années de travaux, l'extension du port du Havre a été officiellement inaugurée le 30 mars par le ministre chargé des transports, Dominique

Il est toujours difficile d'écrire unédito sans se répéter ni tomber dansdes banalités, mais cette fois l'actualitéde la réserve depuis le dernier numérone fait pas défaut.

En effet par presse interposée vousavez pu être informés des difficultésque la Maison de l'Estuaire rencontraitsur le terrain de la réserve naturellepour exercer ses missions de gestion-naire, missions rappelons-le confiéespar l'Etat et sous son contrôle.

Un bref rappel : depuis le mois d'avrilles panneaux signalétiques et pédago-giques à destination du public ou desusagers ont été vandalisés ; des locauxque nous louons au Port Autonome duHavre ont pris feu ; notre tracteur utilisépour gérer la réserve naturelle a égale-ment été victime des flammes ; plu-sieurs hectares de roselière ont brûlé etenfin les ouvrages hydrauliques per-mettant la gestion des niveaux d'eauont été dégradés.

Qu'à cela ne tienne, laMaison de l'Estuaire atoujours mis et mettratoujours en avant l'infor-

mation et la concertation. Une concerta-tion raisonnée en accord avec lesobjectifs écologiques fixés par le statutdu territoire concerné et par l'Etat.

L'évaluation du premier plan de gestiona laissé aux acteurs la possibilité des'exprimer dans le cadre d'un auditmené par l'Institut du Patrimoine. Lesmodifications des statuts de la Maisonde l'Estuaire par la mise en place d'uncomité d'orientation vont égalementdans le sens de l'information et de laconcertation.

Nous croyons au désir de chacun depréserver le marais et nous pensonsque le prochain plan de gestion seral'occasion de la mise en place d'unenouvelle gouvernance pour ce territoire.

Préparons-nous dés aujourd'hui àrenouer le dialogue et à accomplir lechallenge qu'est la préservation de labiodiversité dans l'Estuaire de la Seinedans le respect de tous.

Jacques Le BasPrésident de la Maison de l’Estuaire �

Editorialpar la maison de l’estuaire

L e s é c h o s d e l ’ e s t u a i r e . . .

Bulletin de liaison de la réserve naturelle de l’estuaire de la Seine

Port 2000 inauguré et après ?Au terme de 5 années de travaux, l'extension du port

du Havre a été officiellement inaugurée le 30 mars par leministre chargé des transports, Dominique Perben.La Maison de l'Estuaire a été un partenaire incontournablepour le Port Autonome dans la définition et dans la mise enœuvre d'une grande partie des mesures compensatoires etd'accompagnement. Aujourd'hui les grands travaux desmesures environnementales liées à Port 2000 sont achevésmais le suivi de ces aménagements n'est pas terminé. LaMaison de l'Estuaire souhaite qu'une maintenance écolo-gique de ces ouvrages environnementaux soit assurée sur lelong terme au même titre qu'une maintenance logistique estassurée sur Port 2000.

L'estuaire de la Seine possède enfin son document d'objectifs Natura 2000

Après plus de 2 ans de travail, le document d'objectifs Natura2000 du site de l'estuaire de la Seine et le document d'objectifs de laZPS " Estuaire de la Seine et vallée de la Basse Seine " ont été validéspar le Sous-Préfet du Havre à la préfecture de Rouen, le 9 juin 2006.Le document d'objectifs se compose de 8 tomes qui sont diffusables surformat informatique sur simple demande auprès de la Maison del'Estuaire. Les modifications du périmètre du site Natura 2000 (déci-sion européenne d'avril 2006) par l'intégration de l'entre-deux diguesimplique la mise en place d'un tome 9 qui se fera dans un avenir trèsproche.

La Directive Territoriale d’Aménagement de l’estuaire de la Seine définitivement validée

Le conseil d’Etat a approuvé le 10 juillet dernier par décretla Directive Territoriale d’Aménagement (DTA) de l’estuaire de laSeine, rendant ainsi définitives et opposables les orientations et objec-tifs de l’Etat en matière d’aménagement d’un territoire de 942communes qui s’étend sur trois départements (Calvados, Eure etSeine-Maritime), les deux régions normandes, de Caen à Rouen, deLisieux à Fécamp.

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6 L’estuaire en seine

Page 2: L’estuaire en seine...Au terme de 5 années de travaux, l'extension du port du Havre a été officiellement inaugurée le 30 mars par le ministre chargé des transports, Dominique

Entre nature et sociétéF A U C H E T A R D I V E

D E S P R A I R I E S E T R Â L ED E S G E N Ê T S

Cette année la Maison de l'Estuaire a concentré l'opé-ration de fauche tardive sur des prairies humides de laréserve naturelle potentiellement favorables à la nidi-fication du râle des genêts.

IInnaauugguurraattiioonn ddeess sseennttiieerrss ddee ddééccoouuvveerrtteeddee llaa rréésseerrvvee nnaattuurreellllee àà BBeerrvviill llee

Une chargée de mission pourles plantes de l'estuaire

L'intérêt de Christelle pour la nature s'est manifestétrès tôt, dès sa plus tendre enfance. Ayant grandi à lacampagne, Christelle a entretenu une relation privi-légiée avec ses grands parents proches de la nature ;elle a en particulier été initiée par sa grand-mère à lapassion des plantes grâce à la présence d'un beau etgrand jardin.

Pourtant, ses prédispositionsscolaires ne l'ont pas conduitedirectement sur la voie des natu-ralistes. Lycéenne assez faibledans les disciplines scientifiqueset brillante dans les matières lit-téraires c'est donc versHypokhâgne1, que Christelle setourne, son baccalauréat littéraireen poche. Mais c'est au cours decette année studieuse à Douaiqu'elle découvre la géographie eten particulier lagéomorphologie2 littorale. Ellerejoint alors l'université pours'inscrire en géographie.Christelle obtient une maîtriseoption biogéographie puis unDEA3 qui lui permettront finale-ment de concilier avenir profes-sionnel et passion pour la nature.C'est au cours de ces annéesqu’elle développe ses compéten-ces sur les zones humides : val-lées, marais et mares seront sesterrains de recherche. Ses spécia-lisations en botanique, phytoso-ciologie4 et son goût pour la valo-risation environnementale desmilieux humides lui offrirontl'occasion de travailler dans différents laboratoiresde recherche, de participer au Programme Nationalde Recherche sur les Zones Humides, de dispenserdes cours à l'Université de Paris 8, et d'être chargéede projet pendant cinq ans à la station de recherchede Cessières en Picardie. Parallèlement, Christelleentreprend une thèse de doctorat à Paris 1 Sorbonnedepuis 2002 en biogéographie sur les "interstices del'espace", c'est-à-dire la nature ordinaire intercalaire:haies, végétation de bord de route, etc.

C'est un peu par hasard que Christelle a prisconnaissance de l'offre d'emploi de la Maison del'Estuaire, mais le profil de poste proposé et le cadrede travail, au sein d'une réserve naturelle, haut lieude la biodiversité, correspondaient si parfaitement àses compétences et à ses aspirations professionnel-les qu'elle n'a pas hésité longtemps pour postuler

puis quitter l'emploi jeune qu'elle occupait depuisprès de cinq ans.

Suivre et prévoir les opérations de gestion des diffé-rents milieux de la réserve, mieux connaître (pourmieux gérer) les habitats et la flore, travailler en

synergie avec les autres chargésde missions aux compétencescomplémentaires des siennes,sont les grandes lignes que donneChristelle lorsqu'on l'interrogesur ses missions au sein de laMaison de l'Estuaire.

Du point de vue opérationnel,elle s'appuie sur les trois gardestechniciens de la réserve qu'elleassocie étroitement à son travailpour la collecte des donnéesscientifiques, la compréhensiondes écosystèmes, le suivi flore, lagestion des mares de chasse et lamise en place de protocoles d'é-tude variés.

Enfin, lorsqu'on lui demande sielle pense avoir atteint sa vitessede croisière au terme de ses 15mois d'investissement profes-sionnel dans l'estuaire de laSeine, Christelle insiste sur le faitqu'elle aspire encore à se sentirtotalement opérationnelle comp-te tenu de l'étendue de la réserve,de la diversité des milieux et deses problématiques. Il lui fautd'après elle poursuivre ses effortspour parfaire ses connaissances

du terrain. Compléter et mieux organiser les don-nées scientifiques, développer un travail thématiquesur les mares, approfondir la connaissance et affinerla gestion écologique par le pâturage, mieux inscri-re dans le territoire régional la problématique deconservation de la réserve sont les axes que souhai-te approfondir Christelle pour les années à venir.

Corrine CHARTIER�

1. Classe préparatoire littéraire, première année d'un cycle de deux ansqui conduit aux concours d'entrée des Ecoles Normales Supérieures, desInstituts d'Etudes Politiques ou à d'autres grandes écoles.2. Description du relief terrestre actuel expliqué principalement par les

incidences du climat et de la structure géologique.3. Diplôme d'Etude approfondi, préalable à la préparation d'une thèse dedoctorat.4. Etude des associations végétales et des espèces au sein de ces associa-

Cela fait un peu plus d'un an que Christelle Dutilleul a rejoint la Maison del'Estuaire. Passionnée de botanique, spécialisée sur les zones humides etriche d'expériences réussies, Christelle a rapidement impulsé une dyna-mique d'équipe notamment avec les trois gardes techniciens de la réser-ve qu'elle associe à son travail de suivi et de gestion des habitats.

Cette année 237 hectares de prairies ont été volontairement fauchés après le 20 juillet et 39 hectares ont été laissés surpied pour constituer des bandes refuges pour les oisillons.

Pour cette saison des fauches 2006,la Maison de l'Estuaire s'est concen-trée sur les hauts lieux des prairies defauche de la réserve naturelle. Legestionnaire a dirigé son incitation auretard de fauche vers les agriculteursexploitants les prairies sesituant entre le n°43 du lotPAH sur la commune deSaint Vigor d'Ymonvilleet le n°1 du lot PAHsur la commune LaCerlangue. Deuxtypes de contratvolontaire ont étéproposés : un enga-gement de fauchetardive, à partir du 20juillet et un contratrelatif aux bandes lais-sées sur pied pour per-mettre entre autres auxoiseaux nouvellement nésde se réfugier. Au final, 32 exploitants agricoles ontcontractualisés 237 hectares au 20juillet et 39 hectares de bande refugepour un total de plus de 47000 eurosd’indemnisation.

Rappelons que d’autres mesuressont appliquées de façon systéma-

tique et sans contrepartie financièresur le territoire de la réserve : la tech-nique de fauche centrifuge (du centrevers la périphérie) permettant la fuitedes oisillons vers les parcelles péri-phériques et l’interdiction de faucher

avant le 1er juillet.

Pour cette année, 4 oiseauxmâles chanteurs de râlesdes genêts ont étécontactés dans l'estuairede la Seine. Ils sont arri-vés tardivement vers le3 juillet.

Ce phénomène d’arri-vée tardive des râlespour leur reproduction

dans la région a égale-ment été constaté sur les

marais de Carentan (situésdans la Manche). Ces obser-

vations confirment bien que lesefforts de fauche tardive doivent per-durer dans le temps et que les fau-ches réalisées par les agriculteurs àpartir du 20 juillet sont positives pourla survie de l'espèce dans l'estuairede la Seine.

Jérôme DUMONT & Damien ONO DIT BIO �

C’est sous une météo capricieuse, le 20 mai dernier, que s’est déroulée à Berville-sur-Mer, dans l’Eure, l’inauguration des sentiers pédestres de la réserve naturelle.La manifestation était initialement prévue Place de la Liberté, au départ du sympa-thique sentier “à fl’Eure d’eau”. Une trentaine d’invités qui avait bravé les restesde la violente tempête de la nuit ont été dirigés sous le préaut de l’école maternel-le de Berville pour assister, à l’abri de la pluie et du vent, au discours du président

de la Maison de l’Estuaire et des partenai-res, puis partager un cocktail champêtre.Les élus représentants les différentes collec-tivités territoriales partenaires: commune,Conseil général de l’Eure et Conseil régio-nal et un représentant du Parc régional ontfélicité Jacques Le Bas et l’équipe de laMaison de l’Estuaire pour cette initiative devalorisation touristique du territoire et de laréserve naturelle.

Corrine CHARTIER�

Christelle Dutilleul en plein relevé botanique

En haut, le panneau de départdu sentier de Berville, Place de laLiberté.

A droite : Madame le maire deBerville en plein discours aux côté deJacques Le Bas, président de la MDE,Thierry Lecomte, Responsable del’Environnement au Parc NaturelRégional des Boucles de la SeineNormande, Jean-Pierre Girod, Vice-Président de la Région, Jean-PierreFlambard, Conseiller général de l’Eure.

En leur Souvenir...

Capi et Domingos, deux agents de laRéserve Naturelle des Nouragues, deuxcollègues, ont été froidement assassinésalors qu'ils accomplissaient pourl'Association Arataï une mission de servicepublic. Le choc pour notre réseau a étéamplifié par le silence de l’Etat : qu’est deve-nue notre capacité d’indignation collectivedevant de tels actes? RNF s'est associée à degrandes ONG (WWF, Fondation NicolasHulot, FNE, SNPN, Ligue ROC) pour inter-roger le Président de la République et sesministres : Intérieur, Outre-mer et Écologie.Les réponses des conseillers de l'Élysée sontdécevantes, notamment sur le problème del'insécurité. Nous vous tiendrons au courantet continuerons à être mobilisés afin que cesmeurtres ne demeurent pas dans l'indifféren-ce collective.

La situation de la Guyane est aujourd'huiexplosive : immigration clandestine depuis leBrésil et le Suriname, personnes recherchéespar la police brésilienne se réfugiant enGuyane, multiplication des sites d'orpaillage

clandestin, ouverture d'abattis illégaux… ontdes conséquences désastreuses.

L'insécurité est maintenant sortie de la forêtpour s'installer sur la côte. Au-delà de la des-truction de la forêt, la contamination descours d'eau par les boues et le mercureentraîne une forte altération des peuplementspiscicoles, provoque de graves problèmes desanté humaine et freine le développement del'écotourisme. Cette escalade a des consé-quences dramatiques sur la population : cri-minalité, délinquance, xénophobie, problè-mes de santé… crise d'identité, conduisent àune détresse sociale majeure en Guyane.

Notre réseau est d'abord captivé par la biodi-versité extraordinaire de l'outre-mer. Pourautant, faisons en sorte que notre mobilisa-tion commune prenne en compte la dimen-sion humaine de ces territoires et plus parti-culièrement celui de la Guyane.

Christian SCHWOEHRER,Président de Réserves Naturelles de France�

Capi et Domingos étaient piroguiers charpentiers pourl'association Arataï, gestionnaire de la Réserve Naturelle desNouragues en Guyane. Ils ont été retrouvés morts sur le campArataï le jeudi 18 mai probablement décédés depuis deux jours.

râle des genêts

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Naturalité estuarienne

Comme l’a rappelé Nelly Olin,Ministre de l’écologie et du dévelop-pement durable, lors de la clôture dela dernière assemblée générale deRéserves Naturelles de France, lesréserves naturelles ont 30 ans cetteannée si on se réfère à la loi de 1976qui en définissait le régime. Même sice terme qualifiait déjà depuis 1930“un statut de protection juridique pourdes espaces dont le patrimoine natu-rel représentait un intérêt pour la col-lectivité”, c’est à partir de 1976 quel’Etat a particulièrement manifestéune volonté politique pour définir uncadre adapté aux réserves naturelleset leur permettre un développementsans précédent. C’est ainsi qu’actuel-lement on compte en France 157réserves nationales et 176 réservesrégionales (ex-RN volontaires) pourune superficie de plus de 560 000hectares en France métropolitaine etOutre-mer. Une réserve naturelle estun site possédant de forts enjeux deconservation (biologique et géolo-gique) protégé sur le long termegrâce à une réglementation adaptéeet une gestion. Cette gestion estassurée par un gestionnaire désigné,

en lien avec un comité consultatifregroupant l'ensemble des partenai-res et acteurs locaux. Mais les réser-ves naturelles présentent des carac-

téristiques fort différentes les unespar rapport aux autres. La réservenaturelle des Nouragues en Guyaneest la plus grande Outre-Mer ; elle

protège 100 000 hectares de forêt tro-picale ; la plus grande en Francemétropolitaine est la réserve naturelledes Bouches de Bonifacio (Corse),essentiellement marine, avec 79 460hectares. La plus petite est la réservenaturelle géologique du Toarcien(Deux-Sèvres) avec 0,60 hectares!Les organismes gestionnaires desréserves naturelles sont majoritaire-ment des associations de protectionde la nature, viennent ensuite desétablissements publics ou mixtes(parcs nationaux, parcs naturelsrégionaux, office national de la chas-se et de la faune sauvage) et enfindes collectivités territoriales.

Pour échanger leur expérience ausein d’un réseau, les réserves natu-relles se rencontrent au sein de“Réserves Naturelles de France”(Conférence permanente des réser-ves naturelles), association de loi1901 créée en 1982. C’est donc 25ans de mutualisation des expériencesque le réseau célèbre conjointement.

Pour en savoir plus : http://www.rnf.org

LES RESERLES RESERVES NAVES NATURELLES ONT 30 TURELLES ONT 30 ANSANSEN MÊME TEMPS, LEN MÊME TEMPS, L’ASSOCIA’ASSOCIATION TION

“RESER“RESERVES NAVES NATURELLES DE FRANCE” FÊTETURELLES DE FRANCE” FÊTE SES 25 SES 25 ANSANS

L’Association “Réserves Naturelles de France”

Association loi 1901, Réserves Naturelles de France coordonne lesorganismes gestionnaires de réserves naturelles ainsi que les per-sonnes qui y oeuvrent, à titre professionnel ou bénévole.Réserves Naturelles de France est :

- un réseau d'espaces naturels au patrimoine exceptionnel,- un organisme de mutualisation des expériences de ce

réseau,- une force vive pour consolider et promouvoir l'outil

"réserve naturelle".

Son dynamisme et la composition originale de ses membres, près de150 organismes et de 300 personnes physiques, font de cette asso-ciation un lieu convivial d'échanges et de développement de projets .

Le plan stratégique 2004-2009 comporte trois axes stratégiques : Axe 1 : Vers la qualité et l'exemplarité de gestion conservatoire de

toutes les réserves naturelles Axe 2 : Vers un réseau des réserves naturelles toujours plus

dynamique Axe 3 : Vers des politiques de protection du patrimoine naturel à la

hauteur des enjeux

Cette mallette est conçue autour du thème dubutor étoilé et de son milieu de vie. Elle vise àfaire découvrir cette espèce à un large publicde 4 à 77 ans… C'est par le biais d'une appro-che ludique et sensorielle que les plus jeunespourront faire connaissance avec le butor etla roselière. Par la suite et en lien avec lesprogrammes scolaires, les activités abordentprogressivement des notions plus scienti-fiques. Un jeu de société inédit permet defaire cette démarche de manière récréative.Pour les plus grands, un jeu de rôle aide à"rentrer" dans le thème de manière concrèteen y intégrant les nombreuses interactionsentre l'homme et le milieu naturel. Pour cejeu, une initiation préalable devra être dispen-sée aux personnes n'ayant pas ou peu deconnaissances dans le domaine de la gestiondes milieux naturels.Par ailleurs, la mallette possède un volet plustechnique sur l'accessibilité des sites en zonehumide et l'aménagement de sentier à desti-nation des gestionnaires.Enfin des ressources annexes telles que livre,DVD, documents pédagogiques viennentcompléter le tout.

Marie Turmeau �

Une mallette pédagogique pourpartir “à la rencontre du butor”

Si vous êtes intéressé par cette Si vous êtes intéressé par cette mallette pédagogique et ses mallette pédagogique et ses nombreuses possibilités en termenombreuses possibilités en termed'animation ou d'aide technique,d'animation ou d'aide technique,n'hésitez pas à contacter l'équipen'hésitez pas à contacter l'équipeanimation de la Maison de l'Estuaire.animation de la Maison de l'Estuaire.

Tél : 02 35 24 80 01 ou 06 32 65 82 22Tél : 02 35 24 80 01 ou 06 32 65 82 [email protected]@maisondelestuaire.org

Le programme Life Butor

Un projet LIFE Nature"Restauration et gestiondes habitats du butorétoilé en France" a étécoordonné en Francepar la LPO de 2001 à2006. Financé parl’Union Européenne, ilportait sur 6 sites d'im-portance majeure auniveau national pourl'accueil du butor enreproduction mais aussien hivernage et migra-tion, dont la RéserveNaturelle Nationale del'Estuaire de la Seine.

Un volet pédagogique aété développé. Celui-civise à réaliser des outilspédagogiques communsà l'ensemble des 6 sitessur le thème du butorétoilé, des roselières etde manière plus large surles problématiques liéesà la conservation deszones humides.L'association des Amisdes Marais du Vigueirata piloté ce travail avec leconcours de l'ensembledes opérateurs locaux.C'est ainsi que la mallet-te pédagogique "A larencontre du butor étoi-lé" a pu être réalisée puisdiffusée aux partenairesà l'issue d'une formationau début de l'année2006.

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L'îlot, situé dans la fossesud de l’embouchure de laSeine, au large dePennedepie, occupe unesurface de 5 hectares àmarée basse, et environ1,5 hectare à marée haute.Rappelons qu’il a étéaménagé dans le cadre desmesures compensatoireset d’accompagnement duprojet Port 2000 afin decompenser la perte de cer-tains espaces fonctionnelsutilisés par les oiseauxmarins comme reposoirde pleine mer (la CIM) etde leur offrir un havre detranquillité à l’abri de desperturbations humaines,dans la partie marine de laréserve naturelle.Un premier cycle de suiviornithologique a été réali-sé d'avril 2005 à mars2006. Au total, 31 dénom-brements sur l'îlot (13 enmer et 18 depuis la terre)ont permis de recenser21352 individus de 28espèces d’oiseaux diffé-rentes. Trois espèces pré-sentent une fréquenced'observation élevée supé-rieure à 70 % : le grandcormoran, le goélandargenté et le goélandmarin. L'huîtrier pie et letournepierre à collier ontune fréquence d’observa-tion comprise entre 30 et40%.

Il est intéressant de cons-tater que l’on observe par-

fois sur l’îlot 100% deseffectifs estuariens de cer-taines espèces : huîtrierspies, grands cormorans etplus de 70% pour les goé-lands argentés et marins etle tournepierre à collier.

Pour le moment, il n’a pasété relevé de nidificationd’oiseaux sur l’îlot mis àpart le cas d’un couple detadornes de Belon enjuillet dernier.

En ce qui concerne leurrépartition sur les diffé-rents secteur insulaires,les oiseaux occupent dif-férentiellement l’îlot, enfonction de la couverture

végétale (en développe-ment constant) et au gréde l’évolution morpholo-gique des lieux. Huîtrierspies, goélands, ou grandscormorans affectionnentpar exemple tout particu-lièrement la plage sablo-graveleuse qui évoluenaturellement au sud-estde l’îlot.

Ces premiers résultatsnous montrent qu’il estimportant de poursuivreun suivi très fin de cetespace car ce projet estunique en France. C’estdonc une formidableoccasion pour étudier lecomportement de l'avifau-

ne sur un milieu insulaireneuf qui varie au gré dessaisons (érosion, végéta-tion).

Les résultats du suivientrepris durant cette pre-mière année répondentdéjà aux attentes formu-lées par les ornithologuesde l'estuaire de la Seine etdu Groupe OrnithologiqueNormand et s’avèrentconformes aux objectifspremiers de la mesureenvironnementale, àsavoir, recréer un reposoirde marée haute pour lesoiseaux marins.L’Observatoire de l’avifaune �

La fréquentation de l’îlot marin par les oiseaux:premiers résultats du suivi encourageants

Le 20 avril 2005, date de la fin des travaux, ont démarré lesétudes permettant de mesurer la pertinence de cet ilôt artificiel ausein de l'estuaire de la Seine destiné aux oiseaux marins.

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Page 4: L’estuaire en seine...Au terme de 5 années de travaux, l'extension du port du Havre a été officiellement inaugurée le 30 mars par le ministre chargé des transports, Dominique

Editeur : Maison de l’Estuaire - 20, rue Jean Caurret - 76600 Le Havre

Directeur de publication : Jérôme Dumont Rédacteur en chef : Corrine Chartier

Dépôt légal ISSN 1636-3787 - tirage 7000 exemplaires La Petite PresseCrédits illustrations (sauf mention contraire) : Maison de l’Estuaire

Tél : 02 35 24 80 00 - courriel : [email protected]

programme des visites dans l’estuaire

Contactez une de nos animatrices aux numéros de téléphone suivants 02.35.24.80.01 ou06.72.99.74.08 pour vous inscrire à une des sorties proposées.

29 septembre 2006 Ambiance crépusculaire en automne

8 octobre 2006 Le phénomène des marées

28 octobre 2006 Traces et indices de présence

29 octobre 2006 Découverte de la réserve naturelle

La Maison de l’estuaire en temps que gestionnaire de la Réserve Naturelle Nationale del’Estuaire de la Seine a entrepris courant 2005 un long travail d’évaluation du premierplan de gestion 2001-2005 de la réserve. Ce travail compile plusieurs approches complé-mentaires : une évaluation conservatoire qui évalue l’ensemble des opérations scienti-fiques, de gestion programmées et des objectifs opérationnels ; un audit patrimonialmené auprès de l’ensemble des acteurs impliqués par la réserve naturelle et sa gestionet, enfin, une évaluation administrative et financière de ces 5 années de gestion menéespar la Maison de l’Estuaire. Ce travail est particulièrement approfondi et prend la formed’un rapport de 448 pages. Aussi, il nous a semblé pertinent de le diffuser sous forme deCD au format pdf.

Ce document fournit de solides bases de réflexion critiques et de connaissances néces-saire à l’élaboration du second plan de gestion de la réserve naturelle 2007-2011.

Ce CD est disponible

sur demande

à la Maison de l’Estuaire,

20 rue Jean Caurret,

76600 LE HAVRE

L’Evaluation du plan de gestion

de la réserve naturelle disponible sur CD

les cartes postales du maraisLes pêcheurs de grenouilles Après " les plouzeux", continuons à (re)découvrir les anciens métiers du marais…

Aux premières froidures, quand la grenouille s'enfonçait dansla vase pour hiberner, ils arrivaient par groupes, souvent unhomme et deux femmes, les pêcheurs de grenouilles...

Le long des creux porteurs, l'homme, muni d'uneépuisette au manche long et souple, rabotait la vase par peti-tes secousses et d'un mouvement rapide retournait son conte-nu sur le sol. Les deux femmes prenaient alors le relais, cher-chant les grenouilles à mains nues dans la vase, les rinçantensuite. Venait alors la partie la plus cruelle de la pêche : il yavait toujours là un vieux pieu sur lequel le pêcheur posait lesgrenouilles une par une pour les couper d'un coup de serpeafin de ne conserver que les arrières - les fameuses cuisses degrenouilles ! À cette époque, il n'était pas rare de suivre à

la trace le passage des pêcheurs en tombant sur les tas d'a-vants abandonnés sur le marais...

Au printemps, dans les mares du marais ou du pla-teau, on pratiquait la pêche à la ligne d'une façon peu banale.Il fallait attraper une première grenouille, lui découper la peaudu ventre pour en faire une petite boule qu'on mettait au boutde la ligne, sans hameçon. Les grenouilles se jetaient sur cetappât, n'en faisant qu'une bouchée. Le pêcheur avait juste unetraction à faire pour décrocher la grenouille puis il rejetait laligne qui servait à nouveau…

Le métier était dur mais la pêche souvent miraculeu-se. Il faut dire qu'il y avait tellement de grenouilles qu'on les

é c r a s a i tsur la

route et qu'on les hachait à la barre de coupe lorsqu'on faisaitles foins au marais! Devenue plus rare, la grenouille est par-tiellement protégée en France depuis 1976, sa pêche estréglementée.

Introduite dans la gastronomie européenne au16ème siècle, la grenouille était prisée par les cuisiniers ducoin ("Restaurant champêtre de La Grenouillère", sur la routed'Oudalle) et par les restaurateurs parisiens. Cette pêche four-nissait un petit revenu à de modestes habitants de l'estuairequi pratiquaient plusieurs autres activités au gré des saisons(chasse aux escargots, cueillette des mûres, du pissenlit "dentde loup", de la criste marine, des champignons, du plantaindes oiseaux, de la fougère pour les fleuristes, du buis auxRameaux, du houx et du gui à Noël, des jonquilles et des pri-

mevères au printemps, etc. Lesanciens se souviennent encoreque les meilleurs pêcheursvenaient de Montivilliers et duHode.

En évoquant ces souve-nirs, on comprend pourquoi nosamis anglais nous surnomment"froggies", "mangeurs de gre-nouilles" !

Cré

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Légende des cartes postales(de gauche à droite)

1. Entrée du restaurant champêtre de la Grenouillère, nom évoquant la maresituée de l'autre côté de la route (pêcheur à gauche sur la photo),Gonfreville l'Orcher, 1920.

2. Pêche aux grenouilles dans la mare d'Oudalle, 1930.3. Restaurant de la Grenouillère, Les terrasses et jardins, Gonfreville L’Orcher, 1920.4. Hôtel-restaurant La Grenouillère, Gonfreville-l'Orcher, 1960.5. Dans la vallée, Oudalle, 1930.

La marée est un phénomène naturel qui rythme la vie del'estuaire de la Seine. Aussi bien pour les hommes que pourles animaux, elle est synonyme de déplacement. Lors desgrandes marées, la montée des eaux devient un spectacle àne pas manquer. Venez y assister et laissez-vous guider par" ce flux " pour en découvrir les nombreuses particularités.

A cette période de l'année, de nombreux canards sont pré-sents dans l'estuaire. Leur rythme de vie correspond à l'al-ternance du jour et de la nuit. Ainsi nous assisterons au pas-sage des canards rejoignant leurs zones d'alimentation tel-les que les prairies et plus particulièrement les mares oùs'exerce une activité saisonnière de chasse.

Malgré leur discrétion, les animaux sauvages laissent desindices de leur passage derrière eux. Que ce soit plumes,empreintes, crottes et autres pelotes, il est indispensable demener l'enquête pour en retrouver le propriétaire. C'est doncun travail ludique de détective qui vous sera proposé aucours d'une balade traversant bois et prairies.

Qu'est ce qu'une réserve naturelle ? Comment celle-ci prendforme dans l'estuaire de la Seine ? Une visite de la salle d'ex-position l'avocette, l’accès à un point de vue panoramiqueet une traversée de la roselière vers les vasières, nous per-mettrons de lever le voile sur ces questions.

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Les rendez-vous de l’estuaire