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1 L’expérimentation « apprentissage assisté par mobile » à Madagascar est un partenariat entre IFADEM et le groupe de télécommunications Orange, plus particulièrement sa division Orange Labs et sa filiale Orange – Madagascar, avec le soutien de l’Agence française de développement (AFD). 1. LES OBJECTIFS L’acquisition de nouvelles connaissances et de nouvelles compétences par les enseignants à l’issue de leur parcours de formation IFADEM, et donc le succès de l’Initiative, repose en grande partie, comme l’ont montré les évaluations externes de la phase expérimentale, sur le modèle pédagogique utilisé : l’autoformation tutorée. Les instituteurs bénéficient d’un kit pédagogique individuel (livrets, ressources audio, dictionnaire, grammaire) et de services complémentaires (initiation informatique et Internet), mais cela est insuffisant à garantir le suivi assidu de la formation. Le rôle pédagogique et motivationnel du tuteur est essentiel. Il veille à la bonne progression dans l’appropriation des modules de formation, fournit aide et conseils et rencontre régulièrement les enseignants. Un tuteur encadre un groupe de 20 - 25 instituteurs, sur la base d’une proximité géographique avec eux. A Madagascar les tuteurs sont des conseillers pédagogiques. Il est cependant apparu nécessaire de renforcer les possibilités d’accompagnement des instituteurs. En effet, dans certaines zone rurales, comme c’est le cas dans la province d’Amoron’i Mania dont la capitale est Ambositra, les déplacements sont parfois extrêmement difficiles et il n’est pas garanti que les tuteurs pourront régulièrement rencontrer tous les enseignants. A Madagascar, c’est entre août 2012 et avril 2013 que les tuteurs rencontrent régulièrement les instituteurs. Cette phase d’autoformation encadrée par un tutorat de proximité est essentielle à la réussite du dispositif. Le tutorat permet de vérifier l’acquisition des connaissances et des compétences et de mette en œuvre les remédiations éventuellement nécessaires pour s’assurer de la progression régulière de l’enseignant pendant son parcours de formation.

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L’expérimentation « apprentissage assisté par mobile » à Madagascar est un partenariat entre IFADEM et le groupe de télécommunications Orange, plus particulièrement sa division Orange Labs et sa filiale Orange – Madagascar, avec le soutien de l’Agence française de développement (AFD).

1. LES OBJECTIFS L’acquisition de nouvelles connaissances et de nouvelles compétences par les enseignants à l’issue de leur parcours de formation IFADEM, et donc le succès de l’Initiative, repose en grande partie, comme l’ont montré les évaluations externes de la phase expérimentale, sur le modèle pédagogique utilisé : l’autoformation tutorée. Les instituteurs bénéficient d’un kit pédagogique individuel (livrets, ressources audio, dictionnaire, grammaire) et de services complémentaires (initiation informatique et Internet), mais cela est insuffisant à garantir le suivi assidu de la formation. Le rôle pédagogique et motivationnel du tuteur est essentiel. Il veille à la bonne progression dans l’appropriation des modules de formation, fournit aide et conseils et rencontre régulièrement les enseignants. Un tuteur encadre un groupe de 20 - 25 instituteurs, sur la base d’une proximité géographique avec eux. A Madagascar les tuteurs sont des conseillers pédagogiques. Il est cependant apparu nécessaire de renforcer les possibilités d’accompagnement des instituteurs. En effet, dans certaines zone rurales, comme c’est le cas dans la province d’Amoron’i Mania dont la capitale est Ambositra, les déplacements sont parfois extrêmement difficiles et il n’est pas garanti que les tuteurs pourront régulièrement rencontrer tous les enseignants.

A Madagascar, c’est entre août 2012 et avril 2013 que les tuteurs rencontrent régulièrement les instituteurs. Cette phase d’autoformation encadrée par un tutorat de proximité est essentielle à la réussite du dispositif. Le tutorat permet de vérifier l’acquisition des connaissances et des compétences et de mette en œuvre les remédiations éventuellement nécessaires pour s’assurer de la progression régulière de l’enseignant pendant son parcours de formation.

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La difficulté à atteindre les instituteurs en poste dans les zones rurales est notée par le Pôle de Dakar dans son ouvrage le « Défi enseignant » (2009)1 pour qui « il apparaît particulièrement difficile d’assurer la formation des personnels en poste dans les zones rurales, où devraient pourtant se concentrer les efforts […] La double contrainte qui pèse sur la formation en cours d’emploi est l’hétérogénéité du niveau des personnes concernées et la nécessité de réduire au maximum leur absence des salles de classe pendant les activités de formation ». Il faut donc imaginer de nouvelles modalités pour consolider l’encadrement pédagogique et rester en contact avec les enseignants tout au long de leur parcours de formation continue. L’utilisation du téléphone portable apparaît comme une solution simple et pratique. Il permet en outre d’introduire de nouvelles innovations technologiques et pédagogiques susceptibles d’être utilisées dans d’autres pays rapidement, tout en apportant des solutions à des besoins administratifs et sociaux. Notre hypothèse est que nous pourrons compter, à l’avenir, sur la disponibilité du téléphone portable comme outil pré-existant au dispositif de formation et pouvoir ainsi intégrer son utilisation dans la conception générale des services offerts par IFADEM, sur la base des usages qui auront été vérifiés à Madagascar et dans un autre pays par la suite. Des études présentées en décembre 2011 à Paris au cours de la 1ère « Semaine de l’apprentissage nomade de l’UNESCO »,2 montrent que l’utilisation du téléphone portable pour des usages pédagogiques est facilitée si elle se combine avec des usages sociaux : la communication, bien entendu, mais aussi par exemple des dispositifs de type paiement sécurisé par l’intermédiaire du terminal téléphonique. Les objectifs de cette expérimentation d’apprentissage mobile à Madagascar sont donc de :

- Renforcer l’encadrement pédagogique à distance des enseignants en poste pendant leur parcours de formation ;

- Assurer une communication permanente et réduire l’isolement des apprenants pendant

les périodes d’autoformation ;

- Faciliter l’exploitation, par les instituteurs, des fichiers sonores intégrés dans les livrets 2 et 4 de la formation ;

- Favoriser la création d’une communauté d’enseignants et d’une communauté de

tuteurs en leur permettant de rester en contact permanent ;

- Sécuriser physiquement les transactions financières engendrées par les activités IFADEM grâce aux services bancaires mobiles.

L’expérimentation concerne les 460 enseignants (de 5ème année), directeurs d’école et chefs de zones d’activités pédagogiques (ZAP) de la circonscription scolaire retenue pour l’expérimentation, ainsi que leurs 22 tuteurs et les 8 concepteurs de contenus.

                                                                                                                         1  Voir  :  http://www.poledakar.org/spip.php?article289    2  Voir  :  http://www.unesco.org/new/fr/unesco/themes/icts/m4ed/mlw/    

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2. LES  USAGES  DU  MOBILE  

2.1. Les  ressources  audio   IFADEM exploite des supports de formation audio dans le cadre des exercices de phonétique et de travail sur la prononciation. Ces supports audio, en lien direct avec le contenu des livrets d’autoformation, sont élaborés par l’équipe locale de concepteurs. Ils sont ensuite enregistrés en studio et remis sous format numérique aux instituteurs bénéficiaires de la formation. Afin de délivrer les fichiers sonores, IFADEM a déjà expérimenté, dans les autres pays concernés par l’Initiative, la dotation individuelle des instituteurs en lecteurs MP3 ou bien la dotation des écoles en postes radio, pour une écoute collective avec lecteur CD audio. Au Burundi, lors de la phase expérimentale, le lecteur MP3 a été testé. Les résultats de l’enquête de fin de parcours menée auprès des enseignants montrent un avis mitigé des enseignants sur ce support : « Seuls, 207 enseignant-e-s sur 521 (39,7%) disent que le lecteur MP3 est facile à utiliser (question 9). Cet avis est partagé que par 42,2% des enseignant-e-s de Kayanza et 33,5% de Bujumbura-mairie » (Analyse du Questionnaire, FASTEF de Dakar, 2010). Dans la phase de déploiement au Burundi, mais aussi au Bénin, l’utilisation de postes de radio munis de lecteurs CD audio a donc été privilégiée pour améliorer les résultats d’utilisation de ce type de média. Au Burundi, c’est d’autant plus cohérent qu’une radio scolaire existe et qu’une émission spéciale IFADEM a été conçue pour renforcer le dispositif de formation. Il n’existe pas à Madagascar de radio scolaire. De plus, l’exploitation des radios dans la formation à distance a connu certaines difficultés à Madagascar dans le cadre de projets similaires mis en œuvre par le Ministère de l’Education. A titre d’exemple, les postes radio à manivelle remis aux écoles ont été parfois détournés pour des usages personnels. Les ressources audio d’IFADEM Madagascar sont donc directement intégrées dans les téléphones qui seront mis à disposition des enseignants. Ils peuvent ainsi écouter autant qu’ils le veulent les fichiers sonores prévus dans les livrets 2 et 4 de la formation. Notre hypothèse est que le téléphone servant également à communiquer ainsi que d’outil permettant des paiements (voir infra), il sera beaucoup plus utilisé que les MP3, et que les enseignants en prendront soin.

2.2. Le  numéro  d’appel  gratuit  (numéro  vert,    assistance  téléphonique)   Un numéro d’appel gratuit est à disposition des enseignants. Ils peuvent le joindre à tout moment et déposer des questions sur un serveur, par l’intermédiaire de la voix ou par SMS (action 1 sur le schéma ci-dessous). Les questions posées arrivent sur une plateforme (action 2), accessible par Internet, mise à disposition par Orange.

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Les concepteurs des livrets, voire certains tuteurs, prennent connaissance une fois par semaine ou une fois tous les quinze jours des questions posées (action 3). Le rythme s’adaptera à la fréquence d’utilisation du service par les enseignants. Ils regroupent les questions et élaborent des réponses (action 4). Notre hypothèse est que les questions des enseignants porteront souvent sur les mêmes thèmes et pourront faire l’objet de réponses collectives. Cela permettra la constitution d’une base de données des Questions Fréquemment Posées (QFP) qui sera transmise aux tuteurs et pourra être mise en ligne par l’intermédiaire du site Internet IFADEM. Les réponses pourront être à la fois écrites et/ou vocales. En effet, une fois que l’expert a étudié la question, il peut soit répondre par écrit et une fonctionnalité de text to speech transformera le message écrit en message vocal (action 6) et elle sera transmise au serveur vocal (action 7) ; soit l’expert enregistrera la réponse sous forme vocale et celle-ci sera transmise au serveur vocal (action 7). La plateforme, sur laquelle tous les numéros de téléphone mis à disposition des instituteurs sont enregistrés, signale ensuite aux enseignants, via SMS, que des réponses à leurs questions sont disponibles en leur indiquant le numéro de téléphone auquel ils obtiennent réponse à leurs questions (action 8). En appelant (toujours gratuitement pour eux) les enseignants écoutent le rappel de la question puis la réponse (action 9).

Le centre d’appel virtuel proposé par Orange

Les réponses sont donc apportées à dates fixes, selon le rythme pré-déterminé. Cela participe au maintien d’un lien permanent avec les instituteurs.

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Il existe également la possibilité de se servir des questions et des réponses pour créer une émission de radio (actions 5 et 10). Il n’existe pas de radio scolaire à Madagascar mais des dans d’autres pays cela pourrait s’avérer possible. Trois fonctionnalités principales sont donc développées pour cette expérimentation :

- Partie vocale : kiosque interactif recevant les questions et les réponses et l’envoi de la notification SMS ;

- Portail Web : il permet l’affichage de la question (écoute du fichier sonore) et saisie de la réponse par l’expert du domaine ;

- Vocalisation des réponses apportées par l’expert et notification des réponses.

2.3.QCM  et  SMS   Outre la possibilité de recevoir par SMS les réponses à leurs questions posées au numéro d’appel gratuit, les enseignants reçoivent une fois par semaine sur leur terminal un questionnaire à choix multiple se rapportant aux séquences des livrets de formation. Les questionnaires ont été élaborés par les concepteurs des livrets. Les développements informatiques de la plateforme de QCM ont été réalisés par Orange Labs et celle-ci mise à disposition d’IFADEM. La programmation des QCM peut être faite soit directement par les concepteurs, soit par des ressources hébergées dans un centre d’Orange au Caire, soit par les deux à la fois.

Chaque envoi est composé d’une dizaine de questions comportant de 3 à 5 choix. L’enseignant peut y répondre sur son téléphone et peut savoir si sa réponse est exacte ou inexacte, le système le lui indiquant. Les réponses des enseignants ne sont pas prises en compte dans leur évaluation finale. Néanmoins, les concepteurs de contenus et les tuteurs IFADEM peuvent disposer des réponses formulées par les enseignants et avoir un suivi des taux de bonnes réponses, ceci à des fins diagnostiques et formatives. Ils disposent en effet d’un tableau de bord pédagogique et peuvent mener s’il le faut des remédiations collectives. La philosophie de cette modalité pédagogique est essentiellement celle d’un accompagnement, d’un maintien de la motivation pour les enseignants.

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Ici, ce ne sont pas tant des objectifs de formation qui sont poursuivis, que principalement des objectifs communicationnels à travers un exercice offrant une possibilité d’utilisation interactive du téléphone. Notre hypothèse est que cette modalité de suivi permettra de maintenir l’intérêt de l’instituteur et le renverra à l’étude de ses livrets de formation. La plateforme d’Orange permet également d’envoyer des SMS d’informations pratiques aux instituteurs. Ce service sera notamment utilisé pour leur rappeler les dates des regroupements et leur signaler les possibilités de rencontre avec les tuteurs. Le SMS contribue à maintenir le contact et la « présence » de la formation.

2.4.La création d’un réseau virtuel (Virtual Private Network) entre enseignants et tuteurs et entre concepteurs et tuteurs

Ce service permet aux enseignants et aux tuteurs de communiquer entre eux de façon quasi illimitée pendant toute la durée de la formation (option primo corporate d’Orange, appels et SMS illimités). Les communications vers d’autres numéros d’appel doivent être payées directement par les enseignants par l’achat de crédits. Ce service nous semble très important pour les relations entre tuteurs et enseignants, même si nous ne pouvons à l’avance en déterminer l’utilisation exacte. Le téléphone sera-t-il utilisé pour de simples prises de rendez-vous ? Les tuteurs accepteront-ils d’être sollicités par les enseignants à tout moment (nous ne souhaitons pas pour l’instant déterminer un cadre d’usage strict qu’il ne serait de toute façon pas possible de suivre sur le terrain) ?

Nous offrons un service et nous en observerons les usages pour en tirer des enseignements. Nous ignorons encore l’utilisation que les enseignants feront du service entre eux (hors relation avec les tuteurs) mais les enquêtes qui seront menées au moment des 2ème et 3ème regroupements permettront de le déterminer, ainsi que les relevés et analyses des appels qui seront effectués par un laboratoire de recherche d’Orange (voir infra). Le suivi des tuteurs pourra également être facilité, hors les réunions mensuelles qui les réuniront, par la possibilité offerte aux concepteurs des contenus de les contacter régulièrement.

2.5. Transferts  de  fonds  via  le  paiement  mobile  (mobile  banking  d’Orange  Money)  

Les services de la micro-finance se développent très rapidement en Afrique grâce à l’utilisation du téléphone.

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Le dispositif de formation IFADEM implique le besoin de verser 3 fois dans l’année de petites indemnités aux instituteurs au moment de leur regroupement ainsi que des indemnités de formations aux animateurs de ces regroupements. Une indemnité mensuelle est également à verser aux tuteurs. Le centre régional de l’Institut national de formation pédagogique (INFP) d’Ambositra où sont organisés les regroupements est à plus de 4 heures de route d’Antananarivo. L’utilisation du paiement via mobile évite le transport et la manipulation des liquidités pour le paiement des indemnités ou des prises en charge des bénéficiaires sur le site d’Ambositra (fréquences des attaques à mains armées dans la région). Au lieu de sommes en liquide, les montants prévus peuvent être virés sur le compte mobile de chaque bénéficiaire. Il a, par la suite, la liberté de retirer l’équivalent en numéraire auprès des points marchands de l’opérateur en ville. Ce produit permet notamment de rapprocher les services financiers des populations rurales dans un pays où le taux de bancarisation reste très faible (de l’ordre de 3 %). Ce service coûte 4 % des sommes transférées aux bénéficiaires, à la charge du budget IFADEM. Les services offerts sont simples à mettre en œuvre et adaptés à la population-cible d’une zone rurale de Madagascar. Une partie des enseignants découvrira l’utilisation quasi quotidienne du téléphone mais de nombreuses expériences montrent que l’acquisition des usages est très rapide.3 La combinaison des services pédagogiques, communicationnels et sociaux devrait renforcer l’intérêt pour la formation et les possibilités de suivi des enseignants.

3. LES  TELEPHONES  ET  LA  COUVERTURE  TELEPHONIQUE

3.1. Le  Contexte  

La technologie GSM fait désormais partie de la vie quotidienne des malgaches, raison pour laquelle la consommation de ces services n’a cessé de s’accroître (cf. tableau infra). Cet essor a notamment été favorisé par certaines décisions génériques :

• les investissements stratégiques importants dans le domaine des TIC (réseau international en fibre optique, dorsale nationale,, rénovation des infrastructures, etc.) ;

• les mesures fiscales incitatives (réduction de droits et/ou détaxation temporaire) à l’importation des matériels TIC et informatiques ;

                                                                                                                         3  Voir  par  exemple  le  projet  IMAC  au  Niger  :  http://sites.tufts.edu/projectabc/imac/    

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• l’ouverture de lignes aériennes directes avec les pays asiatiques (Chine, Thaïlande,

etc.) ayant permis de développer le commerce et l’importation de matériels bon marché (téléphone, ordinateurs, etc.) tout en bénéficiant des dernières technologies.

Tableau 1 : Nombre d’abonnés en télécommunications à Madagascar

Opérateurs 2005 2006 2007 2008 2009 Téléphonie fixe 54 159 105 538 127 354 158 510 172 181 Téléphonie mobile 510 269 1 045 888 2 157 303 4 835 239 6 283 799 Service internet 9 579 10 742 14 160 17 176 26 292

Source : OMERT, 2010

Les opérateurs de téléphonie mobile à Madagascar assurent que 85% de la population a accès au réseau national. Malgré un taux de croissance fulgurant, le taux de pénétration de la téléphonie mobile reste modeste et évalué à environ 17 %.4 28 % des instituteurs cibles d’IFADEM sur la Région Amoron’i Mania étaient déjà dotés d’un téléphone portable (tout opérateur confondu) selon les données disponibles auprès du Ministère de l’Education Nationale. Ce taux démontre un surplus d’intérêt de la population cible d’IFADEM pour l’utilisation de cet outil en comparaison avec la moyenne nationale et conforte l’expérimentation de cet outil dans cette région. Cependant le taux de 28 % d’équipement est insuffisant pour assurer une expérimentation équitable et dont on puisse tirer de nombreux enseignements. Aussi IFADEM a équipé en téléphones l’ensemble des instituteurs, directeurs d’école, tuteurs et concepteurs concernés par la phase-pilote. Cette fourniture est nécessaire à l’expérimentation, mais le taux de pénétration du téléphone mobile en Afrique a des courbes exponentielles et c’est en cela notamment qu’il peut être particulièrement intéressant à utiliser dans un dispositif de formation.

3.2. Les  équipements  en  téléphones  mobiles  des  enseignants  et  des  tuteurs   Deux types de portable ont été distribués :

- un téléphone d’entrée de gamme mais qui permet quand même le SMS, le MP3 et l’écoute de la radio ;

- un Smartphone sous Andoïd plus sophistiqué qui permet des services de transfert de données et qui nous assurera un suivi très fin de son usage (voir infra).

L’attribution d’un modèle ou de l’autre se fera sur la base de la localisation géographique (assurance de la zone de couverture) des instituteurs et par tirage au sort.                                                                                                                          4  Source : Patrick Pisal Hamida, Administrateur Directeur Général Groupe Telma  

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Le taux de couverture GSM d’Orange dans la région Amoron’i Mania est de 60 % de la zone. L’opérateur s’est donc engagé à installer de nouvelles balises pour toucher le plus d’enseignants possible (voir infra). En comptant les autres opérateurs, la couverture de la zone est de 85 %. Même si cette couverture n’est pas de 100 %, tous les enseignants ont reçu un mobile : ils peuvent se déplacer pour arriver à une zone de couverture et le réseau va se déployer. Les téléphones peuvent supporter des cartes SIM Orange mais aussi celles d’autres opérateurs pour s’assurer d’une couverture maximale. Un téléphone d’entrée de gamme revient à environ 17 euros et un Smartphone à 55 euros. Il n’y a donc au que 150 Smartphones distribués : à tous les tuteurs et concepteurs ainsi qu’à une centaine d’instituteurs complémentaires. Orange prend en charge le différentiel de coût entre un équipement basique et le Smartphone. D’un point de vue social, l’étendue de la zone de couverture GSM (tout opérateur confondu) doit permettre de réduire l’isolement géographique des apprenants (parfois à plus de 70 km du centre urbain), source de démotivation en période d’autoformation. D’un point de vue énergétique, le faible taux d’électrification rurale du pays pose la question de la fréquence et de la proximité des points de chargement des batteries. La fourniture de kits solaires individuels composés d’un connecteur et d’un panneau solaire permet de garantir l’utilisation du téléphone.

3.3. Extension  du  réseau  :  la  solution  de  type  OPEN  BTS   La zone d’expérimentation recouvre des zones blanches. L’équipement d’un village traditionnellement non couvert par le réseau GSM classique n’est pas toujours rentable pour les opérateurs. Des solutions minimisant les coûts de manière très substantielle existent. Orange a proposé de tester la technologie Open BTS. Cette solution demande a minima un investissement5 initial de 3 500 €, auquel il faut ajouter le chargeur solaire. Compact, issu de technologies Open source et très peu coûteux, « le potentiel d’Open BTS est de toute évidence énorme » selon les spécialistes des télécommunications. Le système est « gros comme une boîte à chaussures » et demande à peine 50 watts de courant contre quelques dizaines de milliers avec les autres technologies et peut donc être alimenté par énergie solaire, éolienne ou par piles.

                                                                                                                         5 L’open BTS la moins chère ne supporte qu’un appel simultané et un seul TRX, vaut moins de 5k€, soit un peu près 10k€ de cout de site au total. Ce différentiel de couts de site est à imputer uniquement à l’équipement de la source d’énergie solaire. Une open bts avec une dizaine d’appels simultanés et 5 TRX, vaut 12k€, soit 25k€ de cout de site au total. La couverture est fonction du nombre de TRX. On arrive à 70kms via des codecs half-fuplex. Il parait raisonnable de tabler sur une bts de 7k€, soit un cout de site total de 15k€, soit 10 fois moins cher qu’un site traditionnel. L’avantage de la solution est d’avoir un cout de last-mile backhaul de seulement 1,5k€ au lieu de 5k€ pour des microwaves.  

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Il fonctionne aussi bien que n’importe quelle base d’antenne GSM d’une portée maximum de 35 kilomètres pour une moyenne de 20 kilomètres, selon la géographie, la hauteur de l’antenne.6 Le schéma ci-dessous présente les éléments nécessaires testés lors d’une expérimentation menée au Mali par Orange.

4. LE SUIVI ET LA RECHERCHE Un protocole de suivi-évaluation et de recherche est élaboré conjointement par IFADEM et Orange (Laboratoire Sociology and Economics of Network and Services – SENSE).

4.1. Le  suivi  des  opérations   La coordination et le suivi de l’opération sont directement assurés par l’équipe IFADEM locale et le Bureau régional de l’AUF. Le dispositif doit permettre :

- Le suivi de l’avancement et de la performance de l’exécution des activités prévues dans le projet par les différents opérateurs et prestataires de services concernés ;

- L’appréciation de la pertinence de la stratégie de mise en œuvre et des mécanismes de coordination ;

- L’appréciation de l’implication effective des bénéficiaires aux différents stades d’exécution ;

- Le compte-rendu des activités du projet.

4.2. L’observation  des  usages  réels  des  téléphones   L’évaluation proposée vise à suivre de manière très précise les usages qui sont faits des téléphones mobiles, via des sondes d’observation (dans le réseau Orange et dans les Smartphones). On peut ainsi imaginer la construction d’un tableau de bord pour suivre les usages tout au long de l’expérimentation.                                                                                                                          6  Voir  :  http://owni.fr/2010/09/10/openbts-­‐un-­‐reseau-­‐mobile-­‐open-­‐source-­‐qui-­‐pourrait-­‐changer-­‐le-­‐monde/      

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Ces données sont mises à disposition par Orange auprès de l’équipe en charge de l’évaluation. Un protocole d’anonymisation des enseignants a été prévu en conservant un identifiant pour rapprocher les différentes sources d’information. Lors de la remise des téléphones aux instituteurs, les modalités de suivi de l’usage des téléphones leur ont été présentées et ils ont été explicitement avertis de la présence d’une sonde d’observation dans les Smartphones. Ils avaient la possibilité de le refuser mais Aucun ca ne s’est présenté. Une charte d’usages a été signée entre IFADEM et les enseignants.

4.2.1. Les  données  issues  des  comptes  rendus  d’appels  et  du  CRM  analytique   Les communications (SMS, voix) des enseignants et tuteurs passant par les réseaux laissent des traces dans les bases de données nécessaires au bon fonctionnement d’un réseau GSM (information de taxation, identité de l’abonné, zone de localisation, services complémentaires souscrits par lui, mobile utilisé, etc.). Ces informations sont accessibles en partie à partir d’un compte rendu d’appel (CRA). Le schéma ci-dessous à gauche donne un aperçu des domaines disponibles. Ces informations peuvent être extraites, transformées et chargées (ETL) dans des bases à des fins de connaissance client (Datawarehouse). Elles sont ainsi organisées, par exemple, selon le schéma ci-dessous à droite. Selon les informations recueillies lors de la constitution des listes d’enseignants de la province comme le genre, l’âge, l’école, etc., il est possible de construire une base clients à des fins d’analyse. Le CRM analytique (CRM A.) devient alors une pièce maîtresse pour la connaissance client et les analyses et actions à lancer.

Une fois cette base constituée, il est possible de procéder à des analyses sous différents axes. L’exemple ci-dessous restitue la répartition des appels selon l’âge d’une part et le genre d’autre part.

   

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 Il est également possible de faire l’analyse du graphe social issu des interactions que les individus ont eu afin de mettre en lumière comment ils sont reliés entre eux. On peut également calculer la mobilité des individus dans la mesure où les CRAs contiennent la BTS mobilisée et que celles-ci sont géo référencées.

4.2.2. Les  données  issues  de  la  Sonde  Orange   Le mobile, au-delà d’être un outil de communication, comporte d’autres fonctionnalités : radio, lecteur MP3, etc. Ces usages ne font pas appel au réseau GSM et ne sont donc traditionnellement évaluables qu’à travers des enquêtes déclaratives. Néanmoins, des logiciels de capture des usages peuvent être intégrés dans les matériels informatiques. Orange Labs a développé une solution fonctionnant sur des OS ouverts (Microsoft, Androïd) afin d’enregistrer les logs issus des usages. Après implémentation, les informations sont stockées sur le mobile et régulièrement transférées (flux GPRS) pour être stockées dans une base de données centrale. Tout comme dans l’exemple des CRA, les flux d’information sont extraits, transformés et chargés dans une base de données à des fins d’analyse du même type que celle précédemment décrite mais en intégrant d’autres usages. Outre l’analyse des usages non couverts par les CRA (par exemple l’écoute des ressources audio d’IFADEM ou celle d’une radio communautaire), cette solution présente l’avantage qu’elle peut aussi être implémentée quel que soit le réseau (Orange ou concurrent). Dans la mesure où certains enseignants pourraient être équipés dans des zones d’expérimentation non couvertes par Orange mais par un autre opérateur, l’analyse des usages réels sera possible, pour les enseignants équipés de Smartphones.

4.3. Recherche  qualitative   Une seconde batterie d’indicateurs sera recueillie, non pas à partir des données « internes » issues du réseau ou des terminaux mais à partir d’enquêtes « externes » administrées auprès des utilisateurs. L’idée est de recueillir les données signalétiques (sexe, âge, lieu de résidence, électricité à la maison, équipement TIC, etc.) ainsi que des indicateurs ayant trait à la satisfaction entre autres.  IFADEM, en liaison avec le Bureau Océan Indien de l’AUF et l’Université d’Antananarivo, a constitué une équipe pluridisciplinaire malgache (sociologue, spécialiste des pratiques enseignantes, usage des TIC et sciences de l’éducation…) pour définir un protocole de recherche basé sur l’analyse de questionnaires remis à tous les enseignants au moment de leur regroupement et sur des entretiens individuels auprès d’un groupe-cible. Le questionnaire et la détermination de l’échantillon représentatif sont élaborés, en liaison avec l’Institut national de formation pédagogique (INFP), par l’équipe pluridisciplinaire. A la suite du traitement des questionnaires et des entretiens qualitatifs, une comparaison sera établie avec les résultats des usages réels des téléphones menés par l’équipe d’Orange.

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D’une part, nous mesurerons et analyserons les écarts ou les convergences entre le déclaratif des enseignants et les usages réels. D’autre part, les deux types de données seront rapprochés via un identifiant afin de procéder à des analyses plus approfondies. On pourra de la sorte construire une typologie des usages selon le profil des enseignants (analyse factorielle et classification).

Il pourra aussi être envisagé d’expliquer la satisfaction des utilisateurs selon les fonctionnalités utilisées afin de dégager celles qui y contribuent le plus.  L’ensemble des données recueillies et de leur traitement fera l’objet d’une publication scientifique et d’une communication régulière sur le site IFADEM.