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1 Nourrir les hommes, préserver la terre L’AGRICULTURE jeunes-socialistes.fr

L'agriculture

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Nourrir les hommes, préserver la terre

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Page 1: L'agriculture

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Nourrir les hommes, préserver la terre

L’agricuLture

jeunes-socialistes.fr

Page 2: L'agriculture

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Nourrir les hommes, préserver la terre

Les jeunes socialistes s’intéressent à l’agriculture. Parce que ce n’est pas une thématique reléguée aux espaces ruraux : parler d’agriculture, c’est parler de l’alimentation, de ses inégalités à l’échelle mondiale, c’est débattre de nos modes de production et de consommation, ou encore avoir un projet pour une par t impor tante de l’industrie française (la France est la 2e puissance agro-alimentaire du monde). Quelle est la situation aujourd’hui, en 2010 ? Les supermarchés fixent les prix auxquels sont obligés de se soumettre des producteurs de moins en moins nombreux. Dans les pays du sud, les cultures vivrières sont remplacées par des cultures commerciales, et la famine est encore une réalité dans de nombreux pays.

Comme jeunes socialistes, nous voulons, plus que la défense de l’agriculture et de ses producteurs, défendre une nouvelle approche : ébaucher un nouveau modèle agricole pour dépasser un productivisme destructeur pour l’environnement et le monde paysan en rapprochant les producteurs des consommateurs, engager une transition écologique de nos modes de production pour mieux respecter les paysages, le sol et l’eau. Notre projet, c’est aussi la sécurité alimentaire par tout dans le monde, alors que sous-nutrition et malnutrition concerne des centaines de millions d’êtres humains. Nourrir les Hommes plutôt que spéculer, la souveraineté alimentaire plutôt que le libéralisme sauvage, le respect de l’environnement plutôt que la rentabilité destructive… Il est de notre responsabilité de montrer qu’une vision de gauche existe sur ces questions.

A travers ce kit, nous voulons poser des questions. Quel type d’agriculture pour le XXIe siècle ? Quelle réforme de la PAC ? Quels transfer ts technologiques pour permettre aux pays du sud de produire plus ? Des fiches théoriques répondent à ces questions, tandis que des outils pratiques vont permettre aux jeunes socialistes de débattre et d’agir dans leurs fédérations : se rapprocher d’une Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne, proposer le maintien de terres agricoles dans les plans d’urbanisme contre le mitage péri-urbain, monter une action militante sur la question de la consommation des produits agricoles ou encore organiser une réunion publique autour d’une projection…Ces quelques idées doivent nous permettre d’approfondir le projet du MJS, et de développer de nouveaux modes de militantisme, sur tous les territoires.

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L’agriculture pourrait nourrir la popula-

tion mondiale. Pour tant, en 2009, dans le

monde, 1 milliard d’hommes et de femmes

ne mangent pas à leur faim. Ce chif fre n’a

jamais été aussi impor tant depuis 1970.

Cette situation est plus visible aux yeux du

grand public depuis les émeutes de la faim,

en 2008 ; du fait de la hausse du prix des

denrées alimentaires de base.

Dans les campagnes, une population

silencieuse souf fre de la faim depuis des

décennies. Les ¾ sont des paysans et leur

famille. Le continent le plus touché par la

faim est l’Asie, où vivent 63 % des per-

sonnes sous-alimentées du monde. Dans

les pays du Nord aussi des millions de per-

sonnes n’ont pas accès à une alimentation

suf fisante. En France, plus de 2,5 millions

de personnes ont recours chaque année à

l’aide alimentaire.

Pourquoi cette situation ? Quelles sont les

causes de ces inégalités ? Pourquoi les

paysans, qui sont censés nourrir la planète,

ne parviennent-ils pas à se nourrir eux-

mêmes ?

La sécurité alimentaire

La reconnaissance du droit à l’alimentation

a une histoire. Il est reconnu dans plu-

sieurs textes juridiques internationaux, dont

l’ar ticle 25 de la Déclaration universelle

des droits de l’homme, adoptée en 1948

qui stipule que « toute personne a droit à

un niveau de vie suf fisant pour assurer sa

santé, son bien être et ceux de sa famille,

notamment pour l’alimentation… ».

L’apparition de la notion de «sécurité ali-

mentaire», dans les années 70, correspond

à une avancée dans la prise de conscience

de la communauté internationale de la

nécessité d’identifier les causes du pro-

blème de la faim et de définir des straté-

gies pour lutter contre elle. Pour préserver

la sécurité alimentaire, chaque pays devrait

avoir la liber té d’exercer sa propre souverai-

neté alimentaire, c’est à dire de définir ses

politiques agricoles et d’assurer l’autosuf fi-

sance alimentaire pour les principales pro-

ductions agricoles de base (riz, blé…).

La sécurité alimentaire au XXie siècle

Page 4: L'agriculture

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trop de monde sur la planète ?

L’expansion démographique ne se pour-

suit pas de la même façon dans tous les

pays du monde. Dans cer taines régions, la

croissance exponentielle de la population

est à l’origine de la surexploitation des

terres et de la dégradation de l’environne-

ment, créant une situation catastrophique.

Pour autant, les productions permettraient

de nourrir toute la population planétaire,

mais d’immenses inégalités techniques

séparent les pays du nord et les pays du

sud, où un milliard de personnes souf frent

de sous-nutrition.

catastrophes naturelles, guerres…

Les événements climatiques exceptionnels

(cyclones, sécheresses…), les catastrophes

biologiques (invasion d’insectes…), les

conflits et les guerres peuvent expliquer

des situations de sous-alimentation mais

n’aboutissent à la famine que dans les

régions du monde où de larges couches de

la population souf frent déjà d’une pauvreté

si grande qu’elles ne disposent pas de

moyens pour lutter ef ficacement contre ces

fléaux et dont le gouvernement n’est pas

en mesure, de remédier à ces désastres.

 Car te de la nutrition et de la malnutrition Source : FAO

Page 5: L'agriculture

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La pauvreté est la première cause de la faim

La raison majeure des situations de sous

nutrition, de disette ou de famine est l’im-

possibilité d’accéder à une nourriture suf fi-

sante. Amar tya Sen, prix Nobel d’économie

en 1998, af firme que le problème est avant

tout dans la répar tition des ressources sur

la planète, dans les inégalités et la misère.

L’inégal accès aux moyens de production

Parmi les populations pauvres, les princi-

pales victimes de la malnutrition, sont les

petits paysans des pays du Sud et leurs

familles. Ces petits paysans ne disposent,

bien souvent, que d’une petite parcelle de

terre ou par fois même n’ont aucun accès

à la terre. Ils n’ont pas accès à l’eau pour

irriguer leur culture, ni au crédit pour s’équi-

per. Ils n’arrivent pas à produire assez pour

se nourrir et nourrir leur famille. Les brevets

sur le vivant constituent également une

menace pour ces paysans. En ef fet, des

multinationales revendiquent des droits de

propriété intellectuelle sur des plantes culti-

vées depuis des siècles par des paysans

(interdiction de ressemer le grain récolté).

La libéralisation des échanges affaiblit les plus pauvres

La libéralisation des échanges est une des

causes majeures de la faim dans le monde :

les petits paysans (faiblement équipé) ne

peuvent résister à la concurrence. Le prix

des matières premières est fixé en fonction

du coût le plus bas des cours mondiaux.

Ce prix se base sur les prix imposés sur le

marché mondial par les exploitations les

plus compétitives du monde, 20 000 fois

plus productives que les exploitations les

plus petites. Cette situation est responsable

d’une baisse des prix agricoles réels. Ainsi

les paysans du Sud ont, en 2010, un pouvoir

d’achat moins élevé qu’en 1950. Dans un

même temps, la politique des institutions

financières internationales accentue cette

concurrence en encourageant une spécia-

lisation des pays par secteur (exemple : le

soja en Argentine).

L’aide alimentaire, ses limites

La distribution de denrées alimentaires

aux populations pour assurer leur survie

en cas de famine, répond à une nécessité

d’urgence mais elle peut avoir des ef fets

secondaires néfastes et n’est pas une

solution à long terme. En ef fet, les céréales

produites dans les pays du nord entrent en

concurrence avec les pays du sud: c’est sur

le plan technique qu’il faut aider les pays

du sud, avec des transfer ts de technologie,

et en remettant en cause les expor tations

subventionnées des pays du nord !

Page 6: L'agriculture

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Derrière le terme générique « agriculture »

se cachent de multiples réalités par fois bien

distinctes. Peu de points communs, en ef fet,

entre un grand céréalier de la Beauce et un

petit éleveur de chèvres du Massif Central,

si ce n’est que tous deux appar tiennent à

la même catégorie socioprofessionnelle.

Il semble donc plus judicieux de parler «

d’agricultures », au pluriel, tant les dif fé-

rences qui peuvent exister entre les divers

modes de productions l’on peut trouver

aujourd’hui sont impor tantes. Le nombre

d’adjectifs venant qualifier la notion d’agri-

culture en est une illustration frappante :

agriculture intensive, intégrée, paysanne,

durable, raisonnée, biologique… Un petit

tour d’horizon s’impose, afin de savoir de

quoi l’on parle exactement.

Le modèle conventionnel : l’agriculture intensive

Comme son nom l’indique, l’agriculture

intensive, dite conventionnelle, se carac-

térise par la logique productiviste dont

elle incarne la mise en pratique. Théorisé,

en France, au sor tir de la seconde guerre

mondiale, le productivisme agricole se fixe

l’objectif d’une production maximale dans

une optique de rentabilité extrême. Pour ce

faire, l’agriculteur dispose d’un vaste maté-

riel hautement mécanisé et peut recourir à

divers « adjuvants » de synthèse destinés

à augmenter sa capacité de production :

fer tilisants chimiques et pesticides pour les

sols et les cultures, aliments spéciaux pour

le bétail, etc. Bien souvent, l’agriculture

intensive implique la nécessité, pour le pro-

ducteur, de faire le choix de la monoculture

ou du mono élevage : en se « spécialisant

» dans un seul et unique type de culture à

grande échelle, l’agriculteur exerce une acti-

vité en apparence plus rentable puisqu’elle

nécessite un matériel et des ressources

moins diversifiés et un savoir-faire très

orienté. Néanmoins, le producteur se doit

de disposer d’un marché suf fisamment

vaste et pérenne pour écouler l’ensemble

de sa production et éviter les risques de

surproduction qui ferait inexorablement

chuter les prix. Lorsqu’elles surviennent, les

crises sectorielles dans l’agriculture inten-

sive sont profondes, quelles qu’en soient

les causes, puisque les producteurs ne

disposent d’aucune « roue de secours »,

d’aucun autre produit à vendre (exemple :

crises porcines en Bretagne, surproduction

Les différents types d’agriculture

Page 7: L'agriculture

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de fruits dans la vallée du Rhône, etc.)

L’agriculture intensive fournit à l’industrie

alimentaire, via de grandes coopératives à

la gestion souvent multinationale, ou par le

biais des centrales d’achat de grandes sur-

faces, des matières premières qui tendent à

se standardiser en ce sens que les produits

doivent répondre aux normes strictes impo-

sées par les acheteurs. En définitive, les

producteurs se retrouvent en situation de

totale dépendance vis-à-vis de l’aval de la

filière agricole, aussi bien sur le plan éco-

nomique qu’en ce qui concerne leur propre

production, le devenir de cette dernière ou

la manière dont elle doit être produite. En

d’autres termes, l’agriculteur ne dispose

que d’un très faible degré de maîtrise sur le

fruit de son travail.

Aujourd’hui, ce modèle dit conventionnel

se trouve grandement remis en cause suite

à de nombreuses crises sanitaires (« trem-

blante du mouton », Encéphalopathie Spon-

gifome Bovine dite « maladie de la vache

folle », etc.), qui ont mis en lumière les dé-

rives du productivisme (nourrir des animaux

majoritairement herbivores avec des farines

animales, par exemple) et ont déclenché

une cer taine prise de conscience chez les

consommateurs. D’autre par t, les consé-

quences de l’agriculture intensive sur le plan

environnemental (érosion des sols suite à

la disparition progressive des haies, pollu-

tion des nappes phréatiques, scandale des

algues ver tes en Bretagne, etc.) ont mis en

exergue les limites du modèle conventionnel

en matière du respect de l’impératif écolo-

gique. En outre, la volonté croissante, chez

les consommateurs, de pouvoir s’alimenter

avec des produits de qualité, aux conditions

de production respectueuses de l’environ-

nement et des conditions de vie animales,

et dont l’origine est par faitement connue, a

commandé l’émergence de types d’agricul-

ture et de modes de production alternatifs :

agriculture raisonnée, agriculture biologique,

et agriculture paysanne, notamment.

L’agriculture raisonnée

Egalement qualifiée de « durable » ou d’«

intégrée », l’agriculture raisonnée se situe à

un échelon intermédiaire entre l’agriculture

conventionnelle et l’agriculture biologique.

L’agriculture raisonnée s’inscrit dans une

approche globale de la production agricole,

qui place l’agriculteur et son exploitation

au sein d’un vaste référentiel comprenant

respect de l’environnement, maîtrise des

risques sanitaires, sécurité alimentaire,

conditions de travail, respect des animaux

et rentabilité économique. Initiée par des

acteurs se revendiquant de l’Initiative Euro-

péenne pour le Développement Durable en

Agriculture, le cahier des charges de l’agri-

culture raisonnée se résume ainsi : « écono-

miquement viable, responsable vis-à-vis de

l’environnement et socialement acceptable ».

A cet égard, la protection des cultures,

plutôt que leur traitement phytosanitaire, le

recours à des adjuvants biologiques (des

insectes prédateurs d’autres insectes, par

exemple) plutôt que chimiques (insecti-

cides), la rationalisation de la fer tilisation

et la gestion raisonnée des animaux d’éle-

vage prévalent en agriculture dite raison-

Page 8: L'agriculture

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née. L’agriculteur engagé dans l’agriculture

raisonnée ou durable produit donc selon

les potentialités naturelles de ses sols et

recherche l’équilibre optimal entre le sol, les

plantes et les animaux sur son exploitation.

Toutefois, les procédés mis en œuvre par-

ticipent peu ou prou de la même logique

que celle prévalant en agriculture inten-

sive : en agriculture raisonnée, le produc-

teur pourra avoir recours à divers produits

chimiques, mais à des doses « raison-

nables », étudiées au plus juste, si l’on peut

dire. On peut donc légitimement reprocher

à ce modèle agricole son manque de clar té

et de lisibilité, notamment dans le sens où

aucune norme ni aucun contrôle indépen-

dant n’est imposé (la culture d’OGM y est

tout de même proscrite, tout comme la pré-

sence d’OGM dans l’alimentation du bétail).

La production raisonnée repose donc sur la

seule confiance des consommateurs et celle

de rares réseaux de distribution C’est sans

doute pourquoi, en 2006, on ne comptait

que 1597 exploitations se revendiquant du

modèle raisonné, et leur répar tition géogra-

phique sur le territoire reste très inégale.

En dépit d’une finalité somme toute louable,

l’agriculture durable peine à trouver sa

place dans le paysage agricole français, et

a for tiori à l’échelle européenne, enserrée

qu’elle est entre le modèle traditionnel en

per te de vitesse mais dont elle ressor tit à

bien des égards, et l’essor de l’agriculture

biologique dont les normes bien plus draco-

niennes appor tent infiniment plus de garan-

ties. En définitive, l’agriculture raisonnée ne

doit la réalité de son existence qu’en raison

de la prise en compte réelle d’aspects

complètement exclus du modèle tradition-

nel : place de l’agriculteur dans la société,

respect des animaux, etc.

L’agriculture biologique

L’agriculture biologique représente un nou-

veau modèle de production agricole para-

chevant les « bonnes intentions » de l’agri-

culture dite durable. De manière simpliste,

ce mode de production tend à proscrire

tout produit chimique de synthèse.

L’expression « agriculture biologique »

apparaît à l’occasion des prémices de

l’af firmation du lien alimentation-santé,

en 1958. A l’origine, l’agriculture biologique

a donc pour principale vocation d’assu-

rer la santé du consommateur et est donc

prioritairement centrée sur celui-ci, et non

pas sur le producteur, comme c’est le cas

dans le cadre du modèle traditionnel, ni sur

la ressource, qui intéresse prioritairement

Page 9: L'agriculture

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l’agriculture durable. Issue d’une réflexion

d’ordre avant tout médicale axée sur une

défiance quant à la modernisation de l’agri-

culture traditionnelle (développement de la

culture intensive, mécanisée, utilisant des

adjuvants chimiques pour les sols et pour

l’élevage des animaux), l’agriculture bio-

logique connait des débuts délicats, dans

la mesure où ses par tisans sont souvent

taxés de conservatisme. Au fil des années

1970, l’agriculture biologique va réussir à se

structurer progressivement, pour aboutir en

1978 à la création de la Fédération Natio-

nale d’Agriculture Biologique.

La production biologique associe des

méthodes naturelles, traditionnelles et

modernes, pour la fer tilisation des sols, la

protection des cultures, l’élevage et l’élabo-

ration de produits dits « authentiques ». Elle

permet notamment aux sols de conserver

leur fer tilité naturelle. En ce qui concerne la

production à proprement parler, lorsqu’une

exploitation souhaite se « reconver tir » en

biologique, une phase de reconversion des

sols pouvant aller de 3 à plus de 5 ans

est requise pour obtenir la labellisation, ce

laps de temps correspondant à la durée

nécessaire pour que le sol de la produc-

tion soit débarrassé de toute trace de son

exploitation antérieure, en termes de pollu-

tion chimique. Contrairement à l’agriculture

durable, les cahiers des charges encadrant

l’agriculture biologique sont très stricts et

les dif férentes labellisations (« AB » pour

Agriculture Biologique, label le plus connu,

« AOC » pour Appellation d’Origine Contrô-

lée, Label Rouge, etc.) sont délivrées par

des organismes cer tificateurs approuvés

par le Ministère et répondent à des normes

très clairement définies dans le cadre d’une

réglementation française et européenne. On

qualifie de biologique un produit ne conte-

nant aucun produit chimique de synthèse.

Toutefois, il convient de mentionner que pour

qu’un aliment obtienne le label biologique, il

faut que 95% (seulement) du produit soient

d’origine biologique ; il existe en ef fet des «

dérogations » sur cer tains composants qui,

selon les circonstances, peuvent être quali-

fiés d’incontournables (conservateurs, etc.)

Aujourd’hui, l’agriculture biologique est

en for t développement. Crises sanitaires,

recherche d’authenticité et de produits de

caractère, goûteux et savoureux, font que

les consommateurs se tournent de plus en

plus vers des productions biologiques. Au

début des années 2000, la demande était

largement supérieure à l’of fre (notamment

en raison du trop faible soutien des pou-

voirs publics aux producteurs souhaitant

s’engager dans un processus de recon-

version), tant et si bien que la France a dû

impor ter des produits issus de l’agricul-

ture biologique d’autres pays européens,

notamment l’Italie. Désormais; le modèle

biologique séduit de plus en plus de pro-

ducteurs, notamment les plus jeunes. Toute-

fois, l’agriculture biologique, si elle a le vent

en poupe, souf fre toujours d’une cer taine

image élitiste : le coût, en général plus

élevé, des produits biologiques par rappor t

aux mêmes produits issus de l’agriculture

classique ont tendance à les réserver à une

cer taine catégorie de population. S’ajoute à

Page 10: L'agriculture

10

cela une of fre par fois trop peu diversifiée,

notamment dans les grandes sur faces, qui

restent encore à ce jour le lieu privilégié

d’achat des produits de consommation

alimentaire.

Cependant, le développement encore plus

récent de l’agriculture paysanne a permis

de redynamiser les valeurs prônées par les

premiers « penseurs » de l’agriculture biolo-

gique.

L’agriculture paysanne

L’agriculture dite paysanne, aussi paradoxal

que cela puisse sembler, est une expres-

sion relativement récente qui remet au cœur

du projet agricole la situation de l’agricul-

teur et le rôle qu’il joue au sein de territoire

sur lequel il est implanté. Si l’agriculture

biologique se fixe également pour objectif,

outre la logique « médicale » qui présidait

à son origine, de privilégier l’autonomie

des exploitations agricoles et d’établir des

relations directes avec les consommateurs,

c’est bien le concept d’agriculture paysanne

qui recentre la question agricole autour

des territoires, ce qui implique une réflexion

globale entre les données suivantes : le

producteur, la production, la ressource,

le territoire, le consommateur. Selon la

Confédération Paysanne, « l’agriculture

paysanne doit permettre à un maximum

de paysans répar tis sur tout le territoire de

vivre décemment de leur métier en produi-

sant sur une exploitation à taille humaine

une alimentation saine et de qualité, sans

remettre en cause les ressources naturelles

de demain. Elle doit par ticiper avec les

citoyens à rendre le milieu rural vivant dans

un cadre de vie apprécié par tous. » Vivre

décemment de sa production et dynamiser

un territoire rural, voilà bien les deux objec-

tifs prioritaires de l’agriculture paysanne.

Si l’on comprend également que ce mode

de production a pour but de produire des

aliments sains et de grande qualité, il ne

faut toutefois pas considérer que l’agricul-

ture paysanne est nécessairement biolo-

gique ; l’agriculture biologique n’est pas

non plus nécessairement paysanne, même

s’il est vrai que de nombreux producteurs

biologiques se revendiquent de l’agriculture

paysanne et que de nombreux paysans (et

non les «agriculteurs ») font le choix d’une

production biologique.

Enfin et sur tout, l’agriculture paysanne pose

la question du lien entre le producteur et

le consommateur, en d’autres termes, elle

invite à repenser la question de la distri-

bution des produits. L’agriculture paysanne

favorise les circuits de distribution cour ts, et

notamment la vente directe, du producteur

au consommateur, qui permet au premier

de vendre un produit plus cher que lorsqu’il

le vend à une centrale d’achat ou à une

grosse coopérative, et au second d’ache-

ter un produit moins cher que s’il l’achetait

dans la grande distribution. Très clairement,

on siphonne les marges prises par les

intermédiaires de la distribution, qui font

baisser les prix d’achat et augmenter les

prix de vente dans le seul but de tirer profit

de leur activité, sans pour autant induire

une quelconque valeur ajoutée au produit

qu’ils manipulent. En outre, avec la vente

Page 11: L'agriculture

11

directe, le produit acheté par le consomma-

teur est nécessairement plus frais, puisqu’il

n’a pas transité par divers entrepôts et

autres chambres froides. De la sor te, on

limite également le transpor t de marchan-

dises, dans une optique de développement

durable. Cependant, l’agriculture paysanne

n’écoule pas l’ensemble de ses produits

par la seule vente directe. Depuis quelques

années, le formidable développement des

Associations pour le Maintien d’une Agri-

culture Paysanne (AMAP) of fre également

un réel débouché aux producteurs pay-

sans. Montées par des producteurs et/ou

de simples citoyens consommateurs, ces

associations ont pour but de regrouper au

sein d’une petite structure des producteurs

et des consommateurs locaux, les premiers

s’engageant à fournir de manière régulière

des « paniers » de produits paysans à un

prix fixe (entre 5 et 15 €, en général), les

seconds s’engageant quant à eux à garan-

tir et pérenniser une commande tout au

long de l’année.

et les OgM ?

Les organismes génétiquement modifiés,

fruits d’une recherche scientifique poussée,

ne posent pas problème en eux-mêmes.

Il est vrai que sur un plan purement théo-

rique, les potentialités de la recherche

génétique appliquée à la production agri-

cole sont intéressantes : une plante qui, suite

à des modifications génétiques, devien-

drait naturellement résistante à cer taines

maladies pourrait permettre de limiter le

recours aux fongicides et autres pesti-

cides, par exemple. Toutefois, force est de

constater que les logiques qui prévalent à la

recherche génétique en agriculture ne sont

en rien liées à une quelconque volonté de

développement durable. Bien au contraire,

la recherche génétique reste à ce jour au

service du modèle productiviste et se fixe

toujours pour but premier de pouvoir aug-

menter les profits, quitte à tenter des mani-

pulations complètement contre-nature.

D’autre par t, les logiques commerciales qui

président à la culture OGM impliquent la

recherche d’une rentabilité immédiate qui

ne peut s’accorder avec l’impératif d’études

scientifiques de long terme nécessaires

pour mesurer l’impact des modifications

génétiques, sur la plante elle-même, sur

son environnement, et sur l’animal qui va

la consommer, qu’il s’agisse d’un homme

ou d’une tête de bétail. En d’autres termes,

on s’assoit sur le principe de précaution

dès lors que l’on ne constate pas d’ef fets

notoires sur quelques générations de

culture. Pour autant, les risques potentiels

de la culture OGM en plein air demeurent

nombreux et les cer titudes sont très rares :

apparition d’espèces inconnues par des

processus de croisements multiples,

insectes résistants (syndromes des « anti-

biotiques »), réduction de la biodiversité,

etc., transmission de modifications géné-

tiques d’une espèce à l’autre ou d’un règne

(animal, végétal) à l’autre... Si la recherche

agronomique est positive, elle doit être

encadrée, et les expérimentations en plein

champ bénéficier d’un périmètre de protec-

tion suf fisant pour empêcher les risques de

contamination.

Page 12: L'agriculture

12

Si l’agriculture a longtemps été un cheval

de bataille politique pour la droite durant le

XXe siècle, pour des raisons électoralistes ;

c’est aujourd’hui une problématique euro-

péenne et mondiale. La France vit encore

sur l’aura d’une grande puissance agricole

qu’elle a été mais qui connait des dif ficul-

tés structurelles, fruit d’une dérégulation et

d’une soumission a cer tains lobbies.

considérer la question agricole en prenant en compte ses particularités

Le secteur agricole n’est jamais structurelle-

ment autorégulé, les exploitants ne sont pas

en capacité de vivre décemment de leur pro-

duction via une application basique de la loi

de l’of fre et de la demande. L’actuelle crise

laitière en est l’illustration. D’une par t, les

producteurs ne peuvent pas, par essence,

déterminer la quantité totale de leur produc-

tion, mais ils ne peuvent pas non plus fixer

librement le prix de vente de leurs produits

pouvant leur assurer une juste rémunération.

Les producteurs nationaux dépendent en

ef fets des normes de production fixées

par la politique agricole commune (PAC)

de l’Union Européenne. La PAC apparait

médiatiquement comme le réceptacle des

tensions entre pays membres de l’Union,

il symbolise l’iner tie politique européenne

faute de véritables centres de décisions et

d’institutions européennes avec de véri-

tables prérogatives. Etant donné l’impor-

tance de l’agriculture pour notre pays et

son poids donc en Europe, la France est un

pays moteur dans son élaboration.

La politique agricole commune

Elle fut créée en 1957 et repose principa-

lement sur des mesures de contrôle des

prix et de subventionnement, visant à

moderniser et développer l’agriculture. Au

sor tir de la Seconde Guerre Mondiale, un

des objectifs essentiels a été de garantir

l’autosuf fisance alimentaire de la Commu-

nauté Européenne (Traité de Rome 1957).

C’est dans cette perspective qu’un accord

a été conclu entre les 6 pays fondateurs

de la CE. Dans un premier temps, le niveau

de production européen a très largement

augmenté grâce à la PAC, la Communauté

institutions européennes et mondiales

Page 13: L'agriculture

13

Economique Européenne devenant une

véritable puissance mondiale agricole. La

PAC repose sur trois principes : création

d’un marché agricole commun : la continuité

avec le principe des barrières douanières

de l’espace européen, l’instauration d’une

solidarité financière (ressources af fectées à

des dépenses communes) et la préférence

communautaire : mise en avant des denrées

agricoles produites en Europe.

La PAC a mis en place en 1992 des aides

directes aux producteurs, instituant un

revenu minimal garanti, indépendamment

de la quantité produite. Avant, les agricul-

teurs pouvaient vendre leurs produits à

« prix garantis », s’ils ne parvenaient pas à

écouler toute leur production, l’UE l’ache-

tait au prix fixé. Des incitations financières

sont octroyées à ceux qui optent pour des

méthodes de production plus respectueux

de l’environnement. Pour éviter la surpro-

duction, une politique de maîtrise agricole

a été élaborée (quotas, jachère, gel des

terres…). Cependant la PAC a aussi donné

naissance à de nombreux déséquilibres.

Le tournant s’ef fectue dans les années 90

avec un processus de réforme continu cher-

chant à atténuer les excès productivistes et

néfaste pour l’environnement que la PAC a

pu engendré (cf. ar t. 39 TFUE).

Autres

Irlande

Grèce

Royaume-Uni

Italie

Allemagne

Espagne

France

Bénéfice de la PAC par État

Page 14: L'agriculture

14

Cependant, les politiques de soutien sont

variables en fonction de la région et du

type de production. De plus, il existe dif fé-

rents types de technique pour évaluer les

aides qui n’ont pas les mêmes ef fets : aide

à l’hectare, au quintal, à la tête de bétail. La

quantité est toujours privilégiée à la qualité.

Par ailleurs, la PAC a crée un déséquilibre

au sein même de l’UE, puisque cer tains

pays ramassent plus que d’autres car ont

un secteur agricole plus impor tant. Déséqui-

libre qui se ressent également sur le secteur

agricole mondial, et plus en par ticulier sur

le marché des PVD : les producteurs euro-

péens subventionnés expor tent leurs pro-

duits vers les PVD à des prix défiants toute

concurrence locale, tuant ainsi la culture

vivrière locale.

une économie mondialisée

La PAC n’est pas l’unique norme suprana-

tionale concernant l’agriculture, elle doit se

mettre en conformité avec les contraintes

posées par l’accord sur l’agriculture (AsA)

de l’Organisation Mondiale du Commerce

(entré en vigueur le 1er juillet 1995). De fait,

les Etats européens ne sont pas dans la

mesure de déterminer librement les poli-

tiques d’aides et de subventions agricoles

à même de pouvoir permettre aux agricul-

teurs de vivre du produit de leurs terres. Les

normes nationales se retrouvent régies par

les normes européennes, elles mêmes ré-

gies par l’accord sur l’agriculture de l’OMC.

Ainsi la compilation des traités et normes

en vigueur peut justifier en par tie des

immobilismes. L‘OMC joue ici son rôle via

l’AsA, avec une doctrine et un mode de

fonctionnement que nous connaissons et

critiquons. Face à la multitude de politiques

agricoles dans le monde, l’AsA a pour prin-

cipal but de faciliter les échanges agricoles

en mettant en place une discipline quasi-

mondiale dans les instruments de politiques

agricoles ayant un impact sur le commerce.

L’AsA est composé de trois axes : les mé-

canismes de protection aux frontières, les

subventions à l’expor tation, et les politiques

de soutien au secteur agricole.

Page 15: L'agriculture

15

agriculture durable et nouvelle révolution verte, gerard Kafadaroff Écrit en 2008, il dresse oppor tunément la liste

des grands enjeux agricoles en cette période

où des émeutes de la faim ont retenu l’atten-

tion des médias. Le défi environnemental, les

phytosanitaires, les biocarburants… : les exposés

de Gérard Kafadarof f sont limpides. Il plaide

avec énergie pour la conservation des sols,

« l’un des piliers majeurs de la nouvelle révolu-

tion ver te » qu’il appelle de ses vœux. « Préser-

ver le sol aujourd’hui pour nourrir les hommes

demain », G. Kafadarof f nous le rappelle, c’est

le fondement d’une agriculture durable. L’auteur

a également beaucoup de choses à dire sur

l’un des autres piliers de la nouvelle révolution

ver te, la génétique. Il rappelle que « la géné-

tique est à la base de la première révolution

ver te avec les variétés de blé et de riz à haut

rendement » et considère qu’elle ouvrira la voie

à la seconde.

L’agriculture française à la recherche d’un nouveau modèle, guilhem Brun, 2006Un ouvrage sur la politique agricole fran-

çaise depuis les années 60 (productivisme et

construction européenne).

L’agriculture française en proie à l’écologisme : moissons interdites, claude Monnier, 2005Un ouvrage qui fait l’apologie du productivisme

et dénonce l’agriculture biologique comme un

grand bond en arrière.

Nourrir les hommes aujourd’hui et demain, Bernadette Mérenne-SchoumakerProfesseur de géographie économique à l’Uni-

versité de Liège un ar ticle de qualité sur la

question alimentaire à l’échelle mondiale.

http://www.lmg.ulg.ac.be/spip/IMG/GEO65-

BMS.pdf

Les émeutes de la faim dans le monde2008, ses causes, ses conséquences, la ques-

tion du prix des denrées alimentaires de base

et de la mondialisation de l’agriculture: http://

acturama.org/spip.php?ar ticle24

Bibliographie

Page 16: L'agriculture

16

« Le monde selon Monsanto », Marie-Monique robin De la dioxine aux OGM, une multinationale

qui vous veut du bien, est un film documen-

taire réalisé par Marie Monique Robin au sujet

de la multinationale américaine Monsanto et

des produits fabriqués et commercialisés par

cette compagnie au cours de son histoire (PCB,

OGM, agent orange, hormone de croissance).

Ce documentaire est une coproduction ARTE et

dure 108 minutes. 2008

« Solutions locales pour un désordre global », coline SerreauDépassant la simple dénonciation d’un sys-

tème agricole perver ti par une volonté de

croissance irraisonnée, Coline Serreau nous

invite à découvrir de nouveaux systèmes de

production agricole, des pratiques qui fonc-

tionnent, réparent les dégâts et proposent une

vie et une santé améliorées en garantissant une

sécurité alimentaire pérenne. Caméra au poing,

Coline Serreau a parcouru le monde pendant

près de trois ans à la rencontre de femmes et

d’hommes de terrain, penseurs et économistes,

qui expérimentent localement, avec succès, des

solutions pour panser les plaies d’une terre trop

longtemps maltraitée. Documentaire, 2010.

http://www.actu-environnement.com/ae/news/

solutions-locales-desordre-global_9972.php4

« Herbe », Matthieu Levain et Olivier Porte Au cœur de la Bretagne paysanne, deux visions

du métier d’éleveur laitier se confrontent. Alors

que des Hommes se sont engagés depuis plu-

sieurs années dans une agriculture autonome,

durable et per formante, le courant majoritaire de

la profession reste inscrit dans un modèle de

production industriel, for tement dépendant des

groupes agricoles et agro-alimentaires…Un film

documentaire de, 76mn, 2008

« aMaP pour une agriculture nourricière », Bénédicte Dierickx, thomas Johannsen«Recréer le lien à la terre avec les paysans qui

la travaillent est l’unique façon d’estimer la qua-

lité des denrées vitales que sont nos aliments.

Ainsi, cer tains refusent de voir la paysannerie

disparaître de sa belle mor t annoncée, les

fermes familiales ayant pour seul avenir de se

transformer en industrie agricole, ou de cesser

d’exister. Nous sommes donc des personnes,

paysans et mangeurs, qui agissons pour des

conditions de production saines, respectueuses

et solidaires, en nous appuyant sur le meilleur

de l’humain : le lien, la solidarité, le confiance et

la parole donnée ». 26mn, France, 2007.

Filmographie

Page 17: L'agriculture

17

Une Amap est une association loi 1901,

qui lie un par tenariat entre un groupe de

consommateurs et un exploitant agricole :

légumes, fruits, viande, fromage, œufs,…

Ce par tenariat se traduit dans les faits par

la confection de paniers, composés des

produits de la ferme, et à destination des

adhérents de l’Amap qui s’engagent à

payer le producteur par avance. Les adhé-

rents quand à eux soutiennent financière-

ment le producteur par l’achat par avance

des produits.

Pratiques agricoles

« Une agriculture qui respecte le paysan et

répond aux attentes de la société » (Confé-

dération Paysanne).

La char te des AMAP (adopté par Alliance

Provence en 2003), qui définit les fonde-

ments pour une telle structure, s’inspire très

largement du cahier des charges de l’AB,

mais également de la Char te de l’Agri-

culture Paysanne. L’agriculture paysanne

est basée sur le respect du vivant et des

cycles naturels existants et se base sur des

pratiques telles que : les rotations longues

des cultures, les actions préventives, la lutte

biologique, les engrais naturels, l’adaptation

des cultures à l’environnement local…

Les produits

Si l’on prend l’exemple des légumes, ce

sont des produits frais, de saison, diversifiés

et souvent cer tifiés AB ou en conversion

vers l’AB. Dans le cadre d’une AMAP, il

s’agit de limiter le gaspillage : les consom-

mateurs accordent moins d’impor tance

à la standardisation des aliments, on se

s’attache pas à un calibre spécifique, une

apparence « par faite ».

Organisation de l’association

Tout le fonctionnement de l’Amap doit faire

l’objet d’une discussion avec le producteur :

nombre d’adhérents, composition des pa-

niers (quantité, diversité,…), date et lieux des

distributions, prix,… La négociation du prix

ne se fait pas en fonction de l’of fre et de

la demande, mais en fonction des charges

réelles de l’exploitant, et lui permettant de

dégager un revenu décent. Cela fait que les

consommateurs par tagent les risques et

bénéfices des aléas pouvant influencer les

rendements des récoltes. Le règlement des

Les associations pour le Maintien de l’agriculture Paysanne

Page 18: L'agriculture

18

paniers se fait par avance (généralement

en début de saison). Il peut être échelonné

en fonction des moyens des adhérents.

Une liste de consommateurs titulaires est

créée, ainsi qu’une liste de consommateurs

suppléants qui pourront bénéficier des pa-

niers non pris par les titulaires (absence,…)

et seront prioritaires pour passer titulaires.

Il est également

impor tant d’établir

un abonnement

annuel. D’une par t

pour assurer les

frais liés au fonc-

tionnement mais

d’autre par t pour

servir de « caisse

de secours ». En

ef fet, la for te mobi-

lité des jeunes peut

engendrer des

dif ficultés à cer tains

moments de l’année. L’été est la période

ou la production est la plus impor tante,

mais la consommation la moins régulière

(vacances). Ainsi, l’Amap et le producteur

peuvent être amenés à trouver des débou-

chés temporaires (marchés).

intérêts sociétaux

Ce qui motive les consommateurs c’est

d’abord la qualité des produits (frais, de sai-

son, excellente traçabilité, prix raisonnable…)

mais également d’autres critères qui

donnent du sens à l’acte d’achat : soutenir

l’économie locale et encourager des actions

en matière de protection de l’environnement.

L’AMAP permet la garantie d’un revenu

stable et décent à l’agriculteur, et donc

s’inscrit dans une démarche de « commerce

équitable ». Ce qui motive également l’agri-

culteur, c’est la valorisation sociale de son

travail, par les relations et le dialogue qu’il

a avec les consom-

mateurs, qui vont

bien au-delà de

l’aspect commer-

cial.

L’Amap par ti-

cipe à produire

dans le respect

de l’Homme, de

la biodiversité et

des rythmes de la

nature. Selon les

fondements d’une

AMAP (cf. Char te

des AMAP d’Alliance Provence), l’agriculteur

favorise la complémentarité entre produc-

tions et utilise des techniques économes

en intrants, en eau, basées sur l’observa-

tion agronomique et non sur l’utilisation de

traitements systématiques afin de limiter

les pollutions (de l’eau, du sol, de l’air…). En

favorisant les circuits cour ts de distribution,

l’Amap permet de limiter les emballages.

L’AMAP par ticipe à l’exploitation des terres

agricoles, au maintien d’une agriculture de

proximité et donc au développement de

l’emploi local et d’un tissu social dans les

zones rurales périurbaines. Elle permet éga-

lement le rapprochement du consommateur,

Page 19: L'agriculture

19

vivant généralement en milieu urbain, avec

le producteur par le dialogue, l’organisation

de week-end à la ferme, …

Pourquoi le MJS peut être moteur de la

création d’une Amap ?

Les valeurs por tées par une Amap corres-

pondent en tout point aux valeurs por tées

par les Jeunes Socialistes : renforcement du

lien social entre les consommateurs et les

producteurs, entre les urbains et les ruraux,

respect des producteurs et amélioration de

leurs conditions de travail et de rémunéra-

tion, préservation des ressources naturels

(sols, eaux, …), …

C’est une façon pour nous de por ter

concrètement les valeurs que nous défen-

dons dans la société, sans attendre les

initiatives des décideurs politiques que nous

essayons de convaincre tous les jours.

Montage concret du projet

A la naissance d’un projet, il faut avant

tout mobiliser une base solide d’adhérents

motivés. Il faut environ 5 personnes, qui

s’investiront dès le début dans l’organisa-

tion, dans son étude et sa mise en place.

C’est la force des Jeunes Socialistes de

pouvoir présenter un groupe de personnes

convaincues et habituées à la prise d’ini-

tiative, cette base est une des clés du

succès. En découle la création juridique de

l’association : rédaction des statuts, vote du

bureau et des rôles dans l’Amap (président,

trésorier, responsable communication in-

terne, communication externe, responsable

animation, …).

La deuxième étape consiste à convaincre

un agriculteur de nous rejoindre dans ce

projet. Selon le CREDOC (Centre de re-

cherche pour l’étude et l’observation des

conditions de vie), si en 2004, 20 % des

Français souhaitaient acheter ailleurs que

dans les grandes sur faces, en 2007 cette

propor tion est passée à 37 %. Aujourd’hui,

les circuits cour ts, comme les AMAP, cor-

respondent à une nouvelle attente des

consommateurs, un débouché possible

pour des agriculteurs pour les diverses

raisons énoncées précédemment. Mais

une réorganisation dans le fonctionnement

d’une exploitation agricole (choix tech-

niques en accord avec la Char te des AMAP,

organisation de la logistique…) n’est pas

sans dif ficultés pour un agriculteur. C’est

donc l’un des rôles de l’association de les

accompagner, y compris financièrement.

Pour ceux souhaitant se conver tir en AB

(être cer tifié, pouvoir apposé le logo sur les

produits), ce soutien est d’autant plus im-

por tant que la période de conversion, d’une

durée de 2 ans pour les cultures annuelles

ou semi-pérennes (légumes, cer tains petits

fruits…) par exemple, est dif ficile pour les

agriculteurs (nouvelle manière de produire,

choix culturaux, conduite des parcelles…), et

rebutent d’ailleurs nombre d’entre eux.

Il peut donc s’agir :

• d’un agriculteur ayant envie de se rap-

procher des pratiques défendues dans la

Page 20: L'agriculture

20

char te des Amap.

• d’un agriculteur ayant des pratiques

proches de la char te des Amap et/ou en

bio.

• d’une structure associée au réseau

Cocagne ou équivalent (ferme employant

des personnes en réinser tion,…)…

Il faut également définir avec le produc-

teur les bornes du contrat qui va le lier à

l’Amap : composition et prix des paniers,

date, heure et lieu des distributions (prévoir

un local), nombre de consommateurs sur

les 2 listes, l’organisation de visites sur la

ferme, …

D’un autre coté, tout au long de la création

de l’Amap, il faut recruter des adhérents

et donc utiliser les moyens de communi-

cation habituels pour notre organisation

(site internet, tracts, interventions auprès

des dif férents publics,…). Nous devons

viser bien évidemment les jeunes, pour qui

nous menons toutes nos actions. Il s’agit

notamment des étudiants, jeunes chômeurs,

jeunes travailleurs, avec une borne d’âge à

29 ans révolu. La sor tie de l’Amap se fera

à 30 ans, sous réserve de l’obtention d’un

contrat de travail stable. Il faut absolument

que les types de personnes soient variés,

pour éviter notamment les variations saison-

nières (absence d’étudiants pendant l’été et

les vacances scolaires), que ce soit dans la

liste des titulaires comme des suppléants.

Pour définir les quantités et la diversité des

paniers, il faut recueillir les habitudes ali-

mentaires des adhérents par un question-

naire (nombre de repas chez soi, retour chez

les parents le week-end,…)

L’Amap ne devra pas rester indéfiniment

entre les seules mains des militants pré-

sents au dépar t. Rapidement nous devrons

faire en sor te que les adhérents ne soient

pas seulement des consommateurs mais

enfin des personnes impliquées et enga-

gées dans le fonctionnement de l’associa-

tion.

Organisations engagées, à rencontrer avant le début du projet

• Les réseaux d’AMAP

• Les regroupements d’agriculteurs biolo-

giques : (InPACT : Initiative Pour une Agri-

culture Citoyenne et Territoriale,…)

• Les Chambres d’Agriculture, …

Ce kit a été élaboré par

Nicolas AnotoYacine BaouchAmaury ChaponPierrick CourbonPaul MéhuEve PottiezAurélie RidaMiguel Tejos