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L’HISTORIEN ET LES MEMOIRES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE IDENTIFICATION D’UNE MEMOIRE PARTICULIERE Il s’agit pour vous, à l’aide des connaissances acquises dans la préparation du cours, de pouvoir présenter à la classe en 5 minutes maximum le document (o u l’ensemble documentaire) attribué à votre groupe. Cette présentation doit bien sûr prendre en compte les éléments de présentation traditionnels (nature, date…) mais surtout parvenir à une identification argumentée du type de mémoire de la Seconde Guerre mondiale auquel il correspond. DOCUMENT N°1 Ce film, vous ne le verrez pas sur le petit écran auquel il était destiné. On tient en haut lieu les Français incapables de se regarder dans une glace, tels qu’ils furent, tels qu’ils se dépeignent eux -mêmes, tels qu’ils se jugent. Tout le monde le sait mais il ne faut pas le dire. Le manteau d’hermine que Charles de Gaulle a jeté sur les guenilles de la France doit à jamais dissimuler qu’elle avait perdu non seulement la guerre, ce qui n’est rien, mais l’honneur. Et, que prise en bloc, elle s’en arrangeait bien. Le premier choc est dur. Pour peu qu’on ait eu plus de quinze ans en 1940, on en suffoque. Pleurer soulagerait. Mais on ne pleure pas. On rage. La foule, fervente, agitant des petits drapeaux, acclamant un vieux soldat, parce qu’ « en France, ça finit toujours par un militaire » - dit cruellement un Anglais. Maurice Chevalier chantant « ça sent si bon la France… ». En 41. En 42. Pendant que le général Huntziger demandait aux Allemands « si nos pays ne pouvaient pas aller plus loin sur le plan de la collaboration militaire ». Il ne fallait pas avoir l’odorat sensible. La brochette de vedettes de l’écran partant joyeusement visiter les studios de Berlin, de Vienne, de Munich… Le Dr Goebbels les accueillera. Hitler devant la tour Eiffel, devant l’Opéra, montant les marches de la Madeleine, et, sur son passage, les agents de police saluant spontanément. Spontanément. Tant et tant d’images qui font mal, de discours chevrotants, de proclamations ignobles ou imbéciles, que l’on croyait oubliés, que nous étions nombreux à avoir volontairement enfouis, pour toujours, dans le sable de la mémoire parce que la vie, ce n’est jamais hier, c’est aujourd’hui. Oui, le premier choc est dur. Il faut savoir que, au-delà de 40 ans, personne ne peut voir Le Chagrin et la Pitié innocemment. Sans retrouver le goût amer de sa propre lâcheté, si l’on fut de la majorité, soit le tremblement de la fureur, si l’on fut des autres. François Giroud (*), L’Express, 3 mai 1971 (*) Françoise Giroud est une journaliste française née en 1916 à Lausanne dans une famille d’origine turque. Elle travaille dans d’abord dans le monde du cinéma comme scripte puis scénariste avant de commencer à faire du journalisme pendant la guerre (après s’êtr e convertie au catholicisme). Elle fut aussi, selon ses propos, un « modeste agent de liaison » pour la Résistance et fut un temps arrêtée par la Gestapo au printemps 1944. Directrice de la rédaction de Elle, magazine féministe, à partir de 1945, elle est la cofondatrice du magazine L’Express (1953) qu’elle dirige jusqu’en 1974. Elle sera ensuite ministre sous la présidence de Giscard d’Estaing (à la condition féminine, puis à la Culture). Elle est morte en janvier 2003.

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  • L’HISTORIEN ET LES MEMOIRES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE IDENTIFICATION D’UNE MEMOIRE PARTICULIERE

    Il s’agit pour vous, à l’aide des connaissances acquises dans la préparation du cours, de pouvoir

    présenter à la classe en 5 minutes maximum le document (ou l’ensemble documentaire) attribué à votre groupe. Cette présentation doit bien sûr prendre en compte les éléments de présentation traditionnels (nature, date…) mais surtout parvenir à une identification argumentée du type de mémoire de la Seconde Guerre mondiale auquel il correspond.

    DOCUMENT N°1 Ce film, vous ne le verrez pas sur le petit écran auquel il était destiné. On tient en haut lieu les Français incapables de se regarder dans une glace, tels qu’ils furent, tels qu’ils se dépeignent eux-mêmes, tels qu’ils se jugent. Tout le monde le sait mais il ne faut pas le dire. Le manteau d’hermine que Charles de Gaulle a jeté sur les guenilles de la France doit à jamais dissimuler qu’elle avait perdu non seulement la guerre, ce qui n’est rien, mais l’honneur. Et, que prise en bloc, elle s’en arrangeait bien. Le premier choc est dur. Pour peu qu’on ait eu plus de quinze ans en 1940, on en suffoque. Pleurer soulagerait. Mais on ne pleure pas. On rage. La foule, fervente, agitant des petits drapeaux, acclamant un vieux soldat, parce qu’ « en France, ça finit toujours par un militaire » - dit cruellement un Anglais. Maurice Chevalier chantant « ça sent si bon la France… ». En 41. En 42. Pendant que le général Huntziger demandait aux Allemands « si nos pays ne pouvaient pas aller plus loin sur le plan de la collaboration militaire ». Il ne fallait pas avoir l’odorat sensible. La brochette de vedettes de l’écran partant joyeusement visiter les studios de Berlin, de Vienne, de Munich… Le Dr Goebbels les accueillera. Hitler devant la tour Eiffel, devant l’Opéra, montant les marches de la Madeleine, et, sur son passage, les agents de police saluant spontanément. Spontanément. Tant et tant d’images qui font mal, de discours chevrotants, de proclamations ignobles ou imbéciles, que l’on croyait oubliés, que nous étions nombreux à avoir volontairement enfouis, pour toujours, dans le sable de la mémoire parce que la vie, ce n’est jamais hier, c’est aujourd’hui. Oui, le premier choc est dur. Il faut savoir que, au-delà de 40 ans, personne ne peut voir Le Chagrin et la Pitié innocemment. Sans retrouver le goût amer de sa propre lâcheté, si l’on fut de la majorité, soit le tremblement de la fureur, si l’on fut des autres. François Giroud (*), L’Express, 3 mai 1971 (*) Françoise Giroud est une journaliste française née en 1916 à Lausanne dans une famille d’origine turque. Elle travaille dans d’abord dans le monde du cinéma comme scripte puis scénariste avant de commencer à faire du journalisme pendant la guerre (après s’être convertie au catholicisme). Elle fut aussi, selon ses propos, un « modeste agent de liaison » pour la Résistance et fut un temps arrêtée par la Gestapo au printemps 1944. Directrice de la rédaction de Elle, magazine féministe, à partir de 1945, elle est la cofondatrice du magazine L’Express (1953) qu’elle dirige jusqu’en 1974. Elle sera ensuite ministre sous la présidence de Giscard d’Estaing (à la condition féminine, puis à la Culture). Elle est morte en janvier 2003.

  • L’HISTORIEN ET LES MEMOIRES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE IDENTIFICATION D’UNE MEMOIRE PARTICULIERE

    Il s’agit pour vous, à l’aide des connaissances acquises dans la préparation du cours, de pouvoir

    présenter à la classe en 5 minutes maximum le document (ou l’ensemble documentaire) attribué à votre groupe. Cette présentation doit bien sûr prendre en compte les éléments de présentation traditionnels (nature, date…) mais surtout parvenir à une identification argumentée du type de mémoire de la Seconde Guerre mondiale auquel il correspond.

    DOCUMENT N°2a

    DOCUMENT N°2b

    Réalisateur : René Clément (1913-1996) [c’est son premier film] Commanditaires : Comité national de libération du cinéma français (fondé par des résistants) ; groupe Résistance-Fer (proche du PCF) ; SNCF ; Service cinématographique des armées Tournage : 5 semaines en mars-avril 1945 Prises de vues tournées avec le matériel et dans les ateliers de la SNCF ave des balles réelles ; tanks et canons pris aux Allemands Genre : fiction Durée du film : 90 mn Sortie en salles : 1946 Récompenses : Grand Prix Festival de Cannes 1946. Prix du Jury Festival de Cannes 1946.

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    Il s’agit pour vous, à l’aide des connaissances acquises dans la préparation du cours, de pouvoir

    présenter à la classe en 5 minutes maximum le document (ou l’ensemble documentaire) attribué à votre groupe. Cette présentation doit bien sûr prendre en compte les éléments de présentation traditionnels (nature, date…) mais surtout parvenir à une identification argumentée du type de mémoire de la Seconde Guerre mondiale auquel il correspond.

    DOCUMENT N°3a DOCUMENT N°3b

    Réalisateur : Claude Lanzmann (1925-) Tournage : 350 heures de prises de vues réalisées entre 1974 et 1981 Prises de vues : sur les lieux du génocide Personnages : témoins de la Shoah (victimes, criminels, témoins) - « J’ai piégé beaucoup de monde, à commencer par la bureaucratie communiste polonaise pour obtenir la possibilité de tourner librement en Pologne. J’ai piégé des nazis, j’ai eu un faux nom, des faux papiers, et je n’ai reculé devant rien pour percer la muraille d’ignorance et de silence qui enfermait alors la Shoah » Claude Lanzmann, Le Monde du 30 janvier 2010 Genre : une « non-fiction » selon son auteur Durée du film : 9h30 (des versions plus courtes, notamment pour les classes, existent ; Claude Lanzmann a utilisé des témoignages recueillis pour Shoah dans quatre autres documentaires) Sortie en salles : avril 1985

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    Il s’agit pour vous, à l’aide des connaissances acquises dans la préparation du cours, de pouvoir

    présenter à la classe en 5 minutes maximum le document (ou l’ensemble documentaire) attribué à votre groupe. Cette présentation doit bien sûr prendre en compte les éléments de présentation traditionnels (nature, date…) mais surtout parvenir à une identification argumentée du type de mémoire de la Seconde Guerre mondiale auquel il correspond.

    DOCUMENT N°4

    A partir de 52 mn Commentaire : « Personne ne les attend là. Le massif boisé des Ardennes est un obstacle infranchissable pour les chars disait tout le monde. Pas pour les blindés de Guderian ! Il leur a donné l’ordre d’avancer jour et nuit sans regarder ni à droite ni à gauche, d’exploiter la surprise et la confusion de l’ennemi, de n’avoir qu’un seul but : passer. Ils traversent le Luxembourg en 3 heures, les Ardennes belges en une journée. Ils bousculent la IXème armée du général Corap et, le 12 mai, ils sont déjà sur la Meuse. Ils ont parcouru 120 km en 48 heures. […] Sur la Meuse, quelques unités françaises de la IIème armée du général Huntziger résistent courageusement au milieu de la panique et du désordre. Ils réussissent même à endiguer le raz-de-marée. Pas pour longtemps ! Chaque fois, les stukas font voler en éclat le dispositif français avant même qu’il soit mis en place. Le 13 mai, les Allemands franchissent la Meuse. Le régiment Gross Deutschland prend pied le premier de l’autre côté du fleuve. Guderian est venu assister lui-même à l’opération ; le 15 mai, l’affaire est jouée. Le front français est définitivement enfoncé à Sedan. Du côté français, c’est la consternation. Avec son chef, le général Doumenc, le capitaine Baufre se rend au grand état-major du général Georges, l’adjoint de Gamelin. » Interview de Baufre (devenu général) : « Et nous entrons dans un sorte de petit château, très peu éclairé, dans un grand salon qui servait de salle d’opérations. Et ce salon, il y avait une table d’architecte où travaillaient deux ou trois officiers qui parlaient au téléphone et qui prenaient des notes sur les messages qu’on leur passait. Il régnait une espèce de silence affreux et, au moment où nous entrons, Doumenc et moi, le général Georges se lève, va au devant de Doumenc et lui dit : « Doumenc, le front est

  • enfoncé à Sedan, il y a eu des défaillances » et il se met à pleurer. […] » Commentaire (appuyé sur une carte du front où des flèches sont dessinées) : « L’état-major français vient de comprendre qu’il est tombé dans un piège. Il rappelle immédiatement les armées de Belgique qui risquent d’être encerclées et il essaie désespérément d’arrêter Guderian. Le 14 mai, il a envoyé de Reims la 3ème division cuirassée qui est pratiquement la seule de l’armée française au-devant des Allemands. Etirée sur 20 kilomètres, elle s’est fait massacrer. Par petits paquets. Du 16 au 19 mai, une autre division cuirassée, la 4ème, constituée en hâte et dont le colonel de Gaulle a pris le commandement la veille, est jetée dans la mêlée à Montcornet. C’est la première bataille rangée, chars contre chars. Pendant 24 heures, les blindés de Guderian sont tenus en échec. Mais les stukas, encore eux, apparaissent dans le ciel éternellement bleu […] La contre-attaque française avait avancé jusqu’à deux kilomètres du PC de Guderian. Les stukas ont brisé son élan. Pourtant, ils se sont vaillamment battus, ils ont découvert que dans un combat chars contre chars, les blindés français étaient supérieurs à ceux des Allemands. Mais ils n’avaient ni DCA, ni soutien aérien. C’est pour cela qu’ils ont été vaincus. »

    Série « Les grandes batailles du passé » par Henri de Turenne et Daniel Costelle, La Bataille de France, ORTF (1ère chaîne), 1966-67 https://www.youtube.com/watch?v=in0TLT2zCUA - Maurice Gamelin est le chef de l’armée française au moment de la bataille de France - Heinz Guderian commande les blindés allemands lancés dans les Ardennes pour prendre à revers les troupes françaises

    https://www.youtube.com/watch?v=in0TLT2zCUA

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    Il s’agit pour vous, à l’aide des connaissances acquises dans la préparation du cours, de pouvoir

    présenter à la classe en 5 minutes maximum le document (ou l’ensemble documentaire) attribué à votre groupe. Cette présentation doit bien sûr prendre en compte les éléments de présentation traditionnels (nature, date…) mais surtout parvenir à une identification argumentée du type de mémoire de la Seconde Guerre mondiale auquel il correspond.

    DOCUMENT N°5a « Ce petit livre est né d’une constatation : depuis deux ans environ, l’entreprise « révisionniste », je veux dire celle qui nie les chambres à gaz hitlériennes et l’extermination des malades mentaux, des Juifs et des Tsiganes, et de membres des peuples considérés comme radicalement inférieurs, les Slaves singulièrement, a pris une ampleur inquiétante. Une secte, minuscule mais acharnée, consacre tous ses efforts et utilise tous les moyens […] à détruire non la vérité, qui est indestructible, mais la prise de conscience de la vérité […]. Qu’il soit entendu une fois pour toutes que je ne réponds pas aux accusateurs, que, sur aucun plan, je ne dialogue avec eux. Un dialogue entre deux hommes, fussent-ils adversaires, suppose un terrain commun, un commun respect, en l’occurrence, de la vérité. Mais avec les « révisionnistes », ce terrain n’existe pas. Imagine-t-on un astrophysicien qui dialoguerait avec un « chercheur » qui affirmerait que la lune est faite de fromage de Roquefort ? C’est à ce niveau que se situent ces personnages. » Pierre Vidal-Naquet : Les Assassins de la mémoire, La Découverte, 1987 Pierre Vidal-Naquet était un historien français (1930-2006), spécialiste de la Grèce ancienne. Ses parents ont été déportés à Auschwitz. Il a été un citoyen engagé (contre la guerre d’Algérie, contre le régime des colonels en Grèce, pour la création d’un Etat palestinien…).

    DOCUMENT N°5b JMLP : « Je ne dis pas que les chambres à gaz n’ont pas existé, je n’ai pas pu moi-même en voir, je n’ai pas étudié spécialement la question mais je crois que c’est un point de détail de l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale. » Journaliste : « Un point de détail ?… 6 millions de morts… » JMLP : « Non mais 6 millions de morts… Comment euh ?... » Journaliste : « Juifs… Vous considérez que c’est un point de détail ? » JMLP : « […] Si, c’est un point de détail de la guerre, oui… Enfin, écoutez, est-ce que c’est ?... Voulez-vous me dire… Voulez-vous me dire que c’est une vérité révélée à laquelle tout le monde doit croire ? C’est une obligation morale ?... Je dis qu’il y a des historiens qui débattent de ces questions… […] » Journaliste 2 : « Mais vous-même, monsieur Le Pen, est-ce que vous considérez qu’il y a eu un génocide juif ? » JMLP : « Il y a eu… il y a eu… beaucoup de morts… des centaines de milliers… peut-être des millions de morts juifs et aussi de gens qui n’étaient pas juifs ». Emission Le Grand Jury (RTL-Le Monde), 13 septembre 1987 (http://www.youtube.com/watch?v=pi7t5awDqtg) Cette intervention de Jean-Marie Le Pen lui vaudra d’être condamné par la cour d’appel de Versailles pour « banalisation de crimes contre l’humanité » et « consentement à l’horrible ».

    http://www.youtube.com/watch?v=pi7t5awDqtg

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    Il s’agit pour vous, à l’aide des connaissances acquises dans la préparation du cours, de pouvoir

    présenter à la classe en 5 minutes maximum le document (ou l’ensemble documentaire) attribué à votre groupe. Cette présentation doit bien sûr prendre en compte les éléments de présentation traditionnels (nature, date…) mais surtout parvenir à une identification argumentée du type de mémoire de la Seconde Guerre mondiale auquel il correspond.

    DOCUMENT N°6a

    Le chant des partisans Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ? Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne ? Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c'est l'alarme. Ce soir l'ennemi connaîtra le prix du sang et les larmes. Montez de la mine, descendez des collines, camarades ! Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades. Ohé, les tueurs à la balle et au couteau, tuez vite ! Ohé, saboteur, attention à ton fardeau : dynamite... C'est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères. La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère. Il y a des pays où les gens au creux des lits font des rêves. Ici, nous, vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crève... Ici chacun sait ce qu'il veut, ce qu'il fait quand il passe. Ami, si tu tombes un ami sort de l'ombre à ta place. Demain du sang noir sèchera au grand soleil sur les routes. Chantez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute... Ami, entends-tu ces cris sourds du pays qu'on enchaîne ? Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ? Oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh...

    DOCUMENT N°6b

    La Rose et le Réséda Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Tous deux adoraient la belle Prisonnière des soldats Lequel montait à l'échelle Et lequel guettait en bas Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Qu'importe comment s'appelle Cette clarté sur leur pas Que l'un fut de la chapelle Et l'autre s'y dérobât Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Tous les deux étaient fidèles Des lèvres du coeur des bras Et tous les deux disaient qu'elle Vive et qui vivra verra Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Quand les blés sont sous la grêle Fou qui fait le délicat Fou qui songe à ses querelles Au coeur du commun combat Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Du haut de la citadelle La sentinelle tira Par deux fois et l'un chancelle L'autre tombe qui mourra Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Ils sont en prison Lequel A le plus triste grabat Lequel plus que l'autre gèle Lequel préfère les rats Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Un rebelle est un rebelle Deux sanglots font un seul glas

  • La mélodie du Chant des Partisans est à l'origine inspirée d'une chanson datant des périodes de soulèvements bolcheviques en Russie et une idée de la chanteuse et compositrice Anna Marly. Cette chanson fut composée en 1941 à Londres, les paroles originales de la chanson étant en russe, sa langue maternelle. Joseph Kessel et son neveu, Maurice Druon, tous deux auteurs français expatriés en Angleterre et futurs académiciens, traduisent les paroles, proposant la variante française de la chanson le 30 mai 1943. Devenu l’indicatif de l’émission de la radio britannique BBC (diffusé deux fois par jour, sans les paroles) Honneur et Patrie, puis signe de reconnaissance dans les maquis, Le Chant des partisans devient un succès mondial. On choisit alors de siffler ce chant, d'abord pour ne pas être repéré en la chantant mais aussi car la mélodie sifflée reste audible malgré le brouillage de la BBC effectué par les Allemands. Source : wikipedia

    Et quand vient l'aube cruelle Passent de vie à trépas Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Répétant le nom de celle Qu'aucun des deux ne trompa Et leur sang rouge ruisselle Même couleur même éclat Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Il coule il coule il se mêle À la terre qu'il aima Pour qu'à la saison nouvelle Mûrisse un raisin muscat Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas L'un court et l'autre a des ailes De Bretagne ou du Jura Et framboise ou mirabelle Le grillon rechantera Dites flûte ou violoncelle Le double amour qui brûla L'alouette et l'hirondelle La rose et le réséda Louis Aragon, La Diane Française, 1944 Louis Aragon est un poète français (1897-1982), compagnon de route du PCF

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    DOCUMENT N°7a

    Gare de Limoges (août 2014)

    DOCUMENT N°7b « Il est dans la vie d’une nation des moments qui blessent la mémoire et l’idée que l’on se fait de son pays.

    Ces moments, ils est difficile de les évoquer parce que l’on ne sait pas toujours trouver les mots justes pour rappeler l’horreur, pour dire le chagrin de celles et de ceux qui ont vécu la tragédie. […]

    Il est difficile de les évoquer, aussi, parce que ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’Etat français. Il y a 53 ans, le 16 juillet 1942, 450 policiers et gendarmes français, sous l’autorité de leurs chefs, répondaient aux exigences des nazis. […]

    La France, patrie des Lumières et des Droits de l’Homme, terre d’accueil et d’asile, la France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux. […]

  • Cinquante ans après, fidèle à sa loi, mais sans esprit de haine ou de vengeance, la communauté juive se souvient, et toute la France avec elle. Pour que vivent les six millions de martyrs de la Shoah. Pour que de telles atrocités ne se reproduisent jamais plus. […]

    Transmettre la mémoire du peuple juif, des souffrances et des camps. Témoigner encore et encore. Reconnaître les fautes du passé et les fautes commises par l’Etat (*). Ne rien occulter des heures sombres de notre Histoire, c’est tout simplement défendre une idée de l’Homme, de sa liberté et de sa dignité. C’est lutter contre les forces obscures, sans cesse à l’œuvre. » Jacques Chirac, discours sur les lieux de la rafle du Vel’ d’Hiv’, 16 juillet 1995 (*) Jacques Chirac est le premier chef de l’Etat à reconnaître ces fautes depuis 1945.

    DOCUMENT N°7c

    Paris, rue Saint-Martin (août 2014)

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    DOCUMENT N°8a

  • DOCUMENT N°8b

    Plaques commémoratives à proximité de la gare du Nord à Paris (août 2014)

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    DOCUMENT N°9

    Genre : Drame Réalisateur : Louis Malle Scénario : Louis Malle et Patrick Modiano Photographie : Tonino Delli Colli Montage : Suzanne Baron Musique : Django Reinhardt Année : 1974 Avec : Pierre Blaise (Lucien), Aurore Clément (France), Holger Löwenadler (Albert Horn), Therese Giehse (la grand-mère), Stéphane Bouy (Jean-Bernard), Jean Bousquet (Peyssac) Synopsis : Juin 1944, dans une petite préfecture du Sud-Ouest. Fils de paysans, Lucien Lacombe fait des ménages dans un hospice. Ne pouvant rester chez lui, il tente de rejoindre le maquis, mais est refusé par l'instituteur qui le commande. Une banale crevaison de vélo le conduit finalement dans les locaux des auxiliaires français de la police allemande. Les policiers lui soutirent facilement le nom du responsable du maquis et Lucien se retrouve embrigadé dans la police allemande. Le jeune homme jouit du pouvoir qui lui est dorénavant conféré. Il rencontre Albert Horn, un tailleur juif caché dans la région, et profite de son autorité pour s'installer chez lui et séduire sa fille, France, dont les sentiments et les réactions demeurent ambigus. Horn va finalement se livrer lui-même à la Gestapo, sans que Lucien ne puisse l'en empêcher. Un concours de circonstances amène Lucien à sauver France et sa grand-mère, alors même qu'il s'apprêtait à les emmener lors d'une rafle. Tous trois s'enfuient et s'installent dans une ferme abandonnée. Un carton nous apprend l'arrestation et la condamnation à mort de Lucien après la Libération.

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    DOCUMENT N°10

    Genre : comédie Réalisateur : Gérard Oury Scénario : Gérard Oury / Danielle Thompson / Marcel Jullian Année : 1966 Avec : Louis de Funès (Lefort) ; Bourvil (Augustin Bouvet) ; Marie Dubois (Juliette) ; Terry Thomas (Reginald Brook)… Synopsis : En 1942, pendant l'Occupation, un bombardier de cinq aviateurs britanniques est abattu au-dessus de Paris par la Flak, lors d'un retour de raid aérien. Ses occupants sautent en parachute. Deux sont faits prisonniers, les trois autres parviennent à échapper aux Allemands. Le premier, sir Reginald Brook (alias « Big Moustache »), atterrit dans le zoo de Vincennes, le second, Peter Cunhingam, sur la nacelle d'un peintre en bâtiment, Augustin Bouvet, et le dernier, Alan MacIntosh, sur le toit de l'Opéra Garnier avant de se réfugier dans la loge d'un chef d'orchestre acariâtre, Stanislas Lefort. Les deux Français doivent alors, malgré eux, cacher les aviateurs avant de les aider à rejoindre la zone libre, et de là l'Angleterre. Pourchassés par les Allemands et notamment le major Achbach, les fugitifs affrontent de nombreuses péripéties lors de leur voyage vers la Bourgogne. Ils franchiront enfin la fameuse « ligne de démarcation », avec l'aide de Germaine, la patronne de l'« hôtel du Globe » à Meursault, avant d'atteindre la zone libre en planeur. Critique négative prise sur le site Allociné : « La raison du succès public persistant de ce film demeure un mystère. Certes, le film n'est pas nul et on le regarde sans ennui, mais force est de constater qu'il possède des défauts de taille : La réalisation est molle et sans surprise. La direction d'acteurs est minimaliste, tout le monde à l'air de jouer en roue libre et si De Funes s'en sort plutôt honorablement, ce n'est pas le cas de Bourvil, vraiment pas convaincant, quant aux rôles féminins c'est une catastrophe (Marie Dubois est

  • sans doute charmante mais elle est ridicule et ne parlons pas des bonnes sœurs). Les gags ne fonctionnent pas tous, loin de là, et pour une danse des chaises assez hilarante, combien de lourdeurs et de franchouillardises ! Quant au fond, Oury nous présente une France où tout le monde résiste à l'envahisseur, sans la moindre trace d'un collabo au mépris de la vérité historique. Et puis dans sa volonté de faire un film tout public, Oury va édulcorer son film jusqu'à l'absurde : aucun interrogatoire n'est musclé, personne n'est gravement blessé, personne n'est tué, on nous gratifie même du saut en parachute de l'avion allemand de reconnaissance abattu si parfois on n'avait pas compris. »

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    Il s’agit pour vous, à l’aide des connaissances acquises dans la préparation du cours, de pouvoir

    présenter à la classe en 5 minutes maximum le document (ou l’ensemble documentaire) attribué à votre groupe. Cette présentation doit bien sûr prendre en compte les éléments de présentation traditionnels (nature, date…) mais surtout parvenir à une identification argumentée du type de mémoire de la Seconde Guerre mondiale auquel il correspond.

    DOCUMENT N°11 « Bien que privé d’une projection à la télévision pour laquelle il avait été réalisé – mais peut-être aussi et en partie à cause de cela – le film bouscula par son audience les prévisions les plus optimistes. De plus son retentissement se prolongea en profitant de l’effervescence provoquée par la polémique qui entourait la sortie du livre de Robert Paxton. Le jeune historien américain bouleversait lui aussi la vision convenue du passé et rendait encore plus convainquant le discours démystificateur du Chagrin. En confirmant des intuitions ou des hypothèses antérieures, mais passées inaperçues, et travaillant sur des sources allemandes, La France de Vichy, paru au début de 1973, marquait une rupture fondamentale dans l’historiographie de la période. Remarquablement construit, documenté et argumenté, l’ouvrage […] démontrait que Vichy avait voulu affirmer sa légitimité, laisser sa marque et tracer sa voie propre. A des niveaux de compromission inégaux, Pétain, Darlan et Laval avaient agi au nom d’une même logique. Le régime anticipait les intentions des occupants en fonction de sa perception de la politique allemande […]. Ce n’est mésestimer en rien l’importance du livre que de relever le bénéfice qu’il a pu retirer du débat d’opinion déclenché par le choc du Chagrin et la Pitié. A l’inverse, il faut rappeler que le propos de Marcel Ophuls a pris avec le temps une dimension nouvelle grâce à la caution apportée par la légitimité scientifique des apports innovants de Robert Paxton. […] L’analyse de Robert Paxton sur l’adhésion durable des Français au régime de Vichy donnait de la crédibilité à l’image grisâtre qui ressortait du film. Elle allait d’autant plus pénétrer et habiter l’air du temps qu’elle se retrouvait en phase avec le monde binaire et le langage réducteur des médias. Il est vraisemblable, enfin, que le désenchantement de plusieurs résistants, particulièrement insistants sur la solitude de leur combat rappelée avec un sentiment d’amertume […] ait contribué à leur tour au crédit de cette vision. […) La nouvelle interprétation a été présentée ainsi comme le retour à la vérité, comme une réaction indispensable face à ce qui était désormais jugé comme une imposture : il fallait en finir avec le pseudo-héroïsme d’une histoire inventée à laquelle les Français s’étaient empressés d’adhérer. A y regarder de près, les choses paraissent pourtant un peu moins limpides, un peu moins évidentes. Autant la vulgate installée et reprise partout depuis les années 1970 imprègne l’air du temps, autant on peut s’interroger sur la place réelle, dans la mémoire commune, de la fable précédente. […] Alors qu’en 1944 [celle-ci] visait à ressouder les morceaux éclatés d’un pays déchiré et abimé, quitte à le placer sous tranquillisants, (l’autre], à la fin des années 60, affirmait la nécessité d’en finir avec la fiction d’un récit qui entretenait la cécité des Français et rendait insupportable leur bonne conscience. D’où la tentation de schématiser un rapport au passé en réalité autrement plus compliqué, autrement plus tourmenté. » Pierre Laborie : Le Chagrin et le venin, Paris, Bayard, 2011 Pierre Laborie est un historien français né en 1936. Longtemps professeur à l’université de Toulouse-le Mirail, il est un spécialiste de l’opinion française à l’époque de Vichy, thème qu’il a abordé dès sa thèse sur Résistants et Vichyssois dans le département du Lot pour laquelle il a profité du manque de vigilance des archivistes qui lui ont communiqué des documents qui n’auraient pas dû « sortir » car protégés par les délais de communication.