L’inflationPar Tiaray Edouard RAZAFIMANANTENA(1)

L’Economie, pour en savoir plus

L’INFLATION C’EST QUOI ?L’inflation est la hausse générale et durable des prix

des biens et services au cours du temps. Il s’agit d’une perte partielle du pouvoir d’achat d’un montant fixe de la monnaie nationale(2) , en l’occurrence l’Ariary. Rappelez-vous du prix d’un kilogramme du riz, du tarif du Taxi-be et du loyer d’un appartement en mars 2019. Maintenant, pensez à combien coûte la même quantité de riz, dans un même point de vente, le même trajet de Taxi-be, avec le même type de véhicule, le loyer du même appartement en mars 2020. Si en moyenne, il y a une hausse, alors cela suggère qu’il y a eu une inflation entre ces deux dates. Le taux d’inflation en variation annuelle [glissement annuel], en mars 2020, est alors la moyenne pondérée des variations des prix de tous les biens et services fai-sant objet de transactions entre ces deux dates.La première mission de BFM consiste à veiller à la stabilité interne de l’Ariary. Cela signifie mener une politique monétaire qui vise à maitriser le taux d’inflation, pour que son niveau à Madagascar soit faible et stable, ne dépassant pas trop ceux de ses partenaires et concurrents commerciaux.

MESURE DE L’INFLATIONIl est impossible de calculer les variations respectives des prix de tous les biens et services faisant objet

de transactions dans tous les points de vente entre deux dates. Un échantillon de biens et services qui représentent l’ensemble des produits et l’ensemble des points de vente est alors constitué et suivi par l’Institut National de la Statistique. La moyenne pondérée des variations des prix de cet échantillon par rapport à une date de référence est appelée Indices des prix à la consommation (IPC). Cet indice est disponible à une fréquence mensuelle et à un délai court après la fin de chaque mois. Ces qualités permettent à l’IPC de servir d’indicateur de suivi de l’inflation.Il est important que l’on compare les prix des mêmes types de biens et services au cours du temps. Si on considère le prix du riz à 50,0 pour cent de brisure en mars 2019 et le prix du riz à 03 pour cent de brisure en mars 2020, une partie de la différence de prix est due à la différence de qualité du riz. De même, si on considère un appartement de 4 chambres d’une superficie totale de 80,0 m2 en mars 2019, il ne faut pas considérer un studio de 15,0 m2 en mars 2020 pour un suivi de prix.

(1) Les idées exprimées dans cet article ne reflètent que celles de l’auteur et n’expriment pas nécessairement la position de Banky Foiben’i Madagasikara(2) Cette définition résulte de la combinaison de celles de l’INSEE [institut national de la statistique et des études économique de la France], du FMI [Fonds monétaire international], de la Banque du Canada [Banque centrale du Canada]

et du lexique économique de l’Editions Dalloz.

La variation de l’IPC entre deux mois successifs est appelée « inflation mensuelle ». La variation de l’IPC entre le même mois de deux années successives est appelée « inflation en glissement annuel ». La variation de l’IPC entre le mois de décembre de l’année précédente et un mois de l’année en cours est appelée « inflation depuis le début de l’année ». La variation de la moyenne des IPC des 12 mois, entre deux années successives, est appelée « inflation moyenne ».Il y a des biens et services dont les prix sont plus volatiles que ceux des autres. Les variations de leurs prix peuvent être indépendantes ou en très faible liaison avec la politique monétaire. C’est ainsi que l’on considère ce qu’on appelle inflation « sous-jacente ». Il s’agit du taux d’inflation en enlevant de la liste des biens et services [échantillon] ceux dont les prix sont jugés très volatiles. A Madagascar, le taux d’inflation sous-jacente est celui calculé avec le panier de consommation qui exclut le riz et l’énergie.

?

TYPES D’INFLATION

L’inflation peut être caractérisée par son niveau (3):

(3) Les bornes inférieures et supérieures des intervalles sont données à titre

indicatif et ne revêtent pas des caractères réglementaire-s.

Source : Nos propres calculs à partir des données de l’INSTAT

(4) Une approximation de la formule ln(2)/ln(1+t) est de diviser 70 par le taux

d’inflation.

On peut aussi classer l’inflation par le contexte dans lequel elle s’est apparue :

On peut aussi distinguer l’inflation conjoncturelle de l’inflation structurelle. Pour la première, les causes de l’inflation sont pas-sagères et non permanentes, tandis que pour le second type, les caractéristiques plus ou moins permanentes des marchés et les structures de l’économie nationale sont à l’origine de la variation de prix et ce, sur plusieurs années consécutives.

L’inflation de développement [ou de croissance] provient de la hausse des investissements qui font partie de la demande ;

L’inflation de sous-développement provient de la pénurie due à la baisse de l’offre.

Le tableau qui suit résume les taux d’infla-tion annuels [taux de variation annuel moyen] à Madagascar durant les 40 dernières années.

Une baisse générale des prix qui est souvent accompagnée par une baisse des activités, aussi bien la production que la consommation, et une hausse du sous-emploi ou une récession économique

La déflation L’inflationrampante

La stabilité des prix

Un taux d’inflationfaible comprise

entre 0,0 et 2,0 %

Un taux d’inflationcomprise entre

2,0 et 8,0 %

L’hyperinflation

Un taux d’inflationsupérieur à 15,0 %

L’inflation galopante

Un taux d’inflationcomprise entre

8,0 et 15,0 %

CAUSES DE L’INFLATION

Mais, il y a aussi le déséquilibre entre l'offre et la demande qui peuvent provenir de plusieurs facteurs tels que :

En un mot, une inflation résulte d’un ou de plusieurs déséquilibres économiques. Il s'agit des déséquilibres monétaires, lorsqu’il y a beaucoup plus d’argent par rapport aux transactions dans l’économie.

Déséquilibre entre les pouvoirs de marché des offreurs et ceux des consommateurs peut aussi

être à l’origine de l’Inflation

Dans ce cas, les offreurs ont plus de possibilités en cas de non-transaction, en petit nombre, bien informés et organisés,contre les demandeursnqui ont un besoin quotidien du produit, nombreux, mal informés et éparpillés.

Une hausse des prix des produits importés [ Inflations chez les pays producteurs,dépréciation de l’Ariary ].

Une hausse des coûts de production [hausse des salaires, des prix de l’énergie sur le marché

International, des coûts des autres Intrants, etc...]

Beaucoup plus de demande dus au déficit budgétaire, manque durable de produits sur le marché, etc...

Les causes et déclencheurs de l’Inflation peuvent apparaître d’une manièresimultanée et ont des relations de causalité, liens indirects et implicites entre elles

Du côté des producteurs, plus l’inflation est élevée, plus il y a de l’incertitude dans leur plan d’affaire. A titre d’illustration, un taux d’inflation de 4,0 pour cent et une imprécision de prévision de l’ordre de 25 pour cent entraineraient une réévaluation du coût de production initialement estimé à 100,0 millions d’ariary : de 103,0 millions et 105,0 millions d’ariary, soit une marge d’erreur de 2,0 millions d’ariary. Avec un taux d’infla-tion de 15,0 pour cent, la même imprécision aboutirait à une marge d’erreur de 7,5 millions d’ariary.

En ce qui concerne le secteur financier, lorsque le taux d’inflation est élevé, les épargnants peuvent se retrouver avec un taux d’intérêt négatif. En d’autres termes, en épargnant, ils perdent de l’argent en termes réels. De même, les banques territoriales sont obligées d’inclure ce taux d’inflation élevé dans le calcul de leurs taux d’intérêt débiteurs. Cela pourrait aboutir à un niveau « prohibitif » pour les emprunteurs.

Moyens de lutte contre l’inflation

Dans une économie libérale, le meilleur moyen pour lutter contre l’inflation consiste à encourager la concurrence pour augmenter l’offre. Cette hausse de l'offre ne doit pas se limiter aux opérateurs existants. Le nombre de filières de type oligopolis-tiques ou monopolistiques doit être réduit au minimum, à l'exception de celles qui concernent les produits hautement stratégiques. Toutefois, on doit aussi veiller à éviter les concurrences illégales ou déloyales, car il faudrait assurer un minimum de bénéfices aux offreurs, en particulier aux petits producteurs.

Pour le cas de Madagascar, les investissements dans la production d’énergie, la construction d’infrastructures de transport et leur entretien [routes, voies fluviales, port, aéroport] sont essentiels pour réduire autant que possible la différence entre les prix au producteur et les prix de détails.

Etant donné le rôle de la monnaie, une politique monétaire prudente reste déterminante. Celle-ci veille d’une manière continue et permanente à ce que l’inflation soit relativement faible [moins de 5%] tout en assurant le financement optimal de l’économie.

L’inflation n’est pas qu’une mauvaise choseL’inflation a des conséquences négatives sur l’économie. Cependant, il n’est jamais souhaitable qu’une économie enregistre un taux d’inflation proche de 0,0 pour cent ou négatif. En fait, une petite inflation [classée précédemment en stabilité des prix] est nécessaire pour que les agents économiques, notamment les demandeurs, n’ajournent pas trop leurs activités. Si le prix d’un logement diminue de 2,0 pour cent par an, on a intérêt à ne l’acheter qu’après 20 ans. A cette date, son prix ne sera plus que 2/3 de son prix actuel. Si les prix de l’ensemble des biens et services se comportent de la même manière, l’économie sera en récession. C’est ainsi qu’aucun pays ne vise un taux d’inflation de 0,0 pour cent. Les pays développés ciblent une inflation annuelle inférieure, mais très proche de 2,0 pour cent [2,0 %- ε].

Pour la Sous-Région SADC, un des critères de convergence consiste à ce que les pays membres aient un taux d’inflation annuel inférieur à 5,0%.

CONSÉQUENCE DE L’INFLATION

L’inflation cause une perte du pouvoir d’achat de la monnaie.

Avec un taux d’inflation de 5,0 %, le niveau général des prix est doublé au bout de 14,2 ans. Si le taux d’inflation est de 10,0 %, ce temps de doublement est de 7,3 ans .

Cela veut dire qu’après 7,3 ans (4), avec un montant fixe de 100 000,0 ariary, on ne pourra plus s’acquérir que la moitié de ce que l’on achète actuellement. Après 14,6 ans, il n’y aura plus que le quart.