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L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes Après l’échec de la “conférence sociale” de Hollande, quelle perspective ? Pages 2 et 3 200 militants ouvriers et élus réunis à Paris le 17 octobre constituent “Les Amis d’Informations ouvrièresPages 4, 5, 6 et 7 L’ACTUALITÉ INTERNATIONALE Palestine Le peuple dans la rue. Pages 12 et 13 Abonnez-vous ou renouvelez votre abonnement à Informations ouvrières ! Photo AFP La réunion du 17 octobre à Paris, à l’initiative d’Informations ouvrières. INFORMATIONS OUVRIÈRES 5 819 abonnés reçoivent ce numéro. Et vous ? (page 16) INFORMATIONS OUVRIÈRES nouvelle série N 0 374 (2768) semaine du 22 au 28 octobre 2015 1,5 euro (soutien 2 euros) ISSN 0813 9500 TRIBUNE LIBRE DE LA LUTTE DES CLASSES HEBDOMADAIRE DU PARTI OUVRIER INDÉPENDANT POI

L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des ...La situation à Air France a bouleversé la donne. Hollande avait voulu, depuis le début du quinquennat, faire du « dialogue

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L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes

Après l’échec de la “conférence sociale” de Hollande, quelle perspective ? Pages 2 et 3

200 militants ouvriers et élusréunis à Paris le 17 octobre constituent“Les Amis d’Informations ouvrières”

Pages 4, 5, 6 et 7

L’ACTUALITÉ INTERNATIONALE

PalestineLe peupledans la rue.Pages 12 et 13

Abonnez-vousou renou velez votre abonnement à Informations ouvrières ! Ph

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AFP

La réunion du 17 octobre à Paris,à l’initiative d’Informations ouvrières.

INFORMATIONSOUVRIÈRES

5 819abonnés reçoivent ce numéro. Et vous ? (page 16)

INFORMATIONS OUVRIÈRES

nouvelle série

N0374 (2768)semaine du

22 au 28 octobre 20151,5 euro (soutien 2 euros)

ISSN 0813 9500

TRIBUNE LIBRE DE LA LUTTE DES CLASSES H E B D O M A D A I R E D U PA R T I O U V R I E R I N D É P E N D A N T POI

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Photo AFP

À LA UNE2 INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 374 Semaine du 22 au 28 octobre 2015

La conférence sociale a fait flop

La conférence socialeorganisée par le gouver-nement a fait flop. La situation à Air France a bouleversé la donne.Hollande avait voulu,depuis le début du quinquennat, faire du « dialogue social »(en fait, l’intégration dessyndicats à sa politique) sa marque de fabrique,sans parvenir, depuis 2012, à l’imposer à la CGT et à FO. Mais qu’il s’agisse des retraites complé-mentaires ou du dyna-mitage annoncé du Codedu travail, il déclare qu’ilavancera de toute façon. Cette situation explosive,contradictoire, alarme des commentateurs avisésde la presse bourgeoise.Pour les militants ouvriers,tous les travailleurs, cela pose avec urgence la question des voies et des moyens, du « tousensemble », pour stopper ce gouvernement.C’est ce qui a été débattulors de la réunion du 17 octobre à l’initiatived’Informatins ouvrières.

� Yan LEGOFF

Pour Hollande et Valls, la réalité du “dialogue social”, c’est les retraites complémentaireset Air FranceDÉBUT OCTOBRE  Tout avait été prévu…

Cela fait des semaines que le gou-vernement annonce sa conférencesociale. Tous les efforts sont faitspour déminer le terrain et faire

oublier le boycott de la précédente confé-rence, en juillet 2014, par la CGT et FO, avecla FSU et Solidaires.Ces mêmes organisations ont combattu lepacte de responsabilité, l’accord PPCR dansla fonction publique et, avant cela, l’ac-cord national interprofessionnel (ANI) de2013, facilitant les licenciements, ou encorela réforme des retraites de 2012, allongeantla durée de cotisation.Le gouvernement promet qu’il retirera del’ordre du jour de cette quatrième confé-rence sociale la « réforme » du Code du tra-vail (il vient de recevoir le rapportCombrexelle, qui ouvre sur une explosionde toute l’architecture de la réglementa-tion du travail) et autres sujets qui fâchent…

9 OCTOBRE  Un rapport pour l’ordre du jour de la conférencesociale

France Stratégie, un organisme offi-ciel placé auprès du Premierministre, remet son rapport sur le« compte personnel d’activité »

(CPA). François Hollande y voit « la granderéforme sociale du quinquennat », qui seraà l’ordre du jour de la conférence socialeprévue dix jours plus tard. Un rapport biendans l’air du temps de la déréglementa-tion, qui propose d’adapter le système deprotection sociale aux nouvelles formesd’activité (contrats précaires, auto-entre-prenariat, etc.) (nous y reviendrons).

12 OCTOBRE  “Des propositionscommunes pour la conférence sociale”

Le journal Le Monde (20 octobre) rap-pelle que « le 12 octobre, la CGT dis-cutait avec la CFDT pour présenter,à la conférence sociale du 19 octobre,

des propositions communes sur le comptepersonnel d’activité qui répond à sa vieillerevendication sur la sécurité sociale pro-fessionnelle ». Mais, poursuit immédiate-ment le journal, « le 14 octobre, M. Martinez,quitte à surprendre certains responsablesde la CGT, annonçait le boycottage de laconférence. »

13 OCTOBREL’intersyndicale d’Air France appelle à manifester le 22 octobre près de l’Assemblée nationale

Les syndicats d’Air France, toute caté-gories de personnels confondues,lancent un appelle commun. Tousles syndicats, sauf deux : la CFDT et

la CGC, les mêmes qui signeront, trois joursplus tard, l’accord avec le Medef contre lesretraites complémentaires. Unis, les syndicats d’Air France « dénoncentles méthodes d’interpellation de salariés AirFrance, suite aux événements survenus lorsdu CCE du 5 octobre 2015 ». Ces méthodes,s’insurgent-ils, « apparaissent plus prochesde celles employées pour interpeller depotentiels terroristes que des salariés déses-

“Je souhaite que nousavancions avec lespartenairessociauxréformistes”

(le président du Medef, Pierre Gattaz)

pérés, victimes eux aussi de la violence socialedans laquelle ils sont plongés ».Ils exigent « la levée des poursuites et desprocédures disciplinaires engagées contretous les salariés » et s’insurgent contre « leslicenciements envisagés par la direction d’AirFrance »,qu’ils qualifient de « faute majeure ».Sur ces revendications, ils appellent « à lamobilisation l’ensemble des salariés, le 22 oc -tobre prochain », à un rassemblement àproximité de l’Assemblée nationale et dusiège de la compagnie.La répression s’est abattue sur six agentsd’Air France, menacés de poursuites judi-ciaires, et dix-huit autres sont menacés desanctions disciplinaires. Elle suscite enretour un mouvement massif de soutienparmi les syndicats de toutes corporations.Des syndicats FO, CGT, Solidaires, les unionsdépartementales et régionales de la régionparisienne appellent à se joindre au ras-semblement des salariés d’Air France, le22 octobre.

14 OCTOBRE La confédération CGTannonce qu’elle ne participera pas à la conférence sociale du gouvernement

La commission exécutive confédé-rale de la CGT, réunie ce jour, « auvu du traitement qui est réservéaux salariés d’Air France », décide

finalement « de ne pas participer à la pro-chaine conférence sociale qui se tiendra lelundi 19 octobre ». Et faisant référenceaux injures proférées par le Premierministre à l’encontre de salariés d’AirFrance, le 6 octobre, le communiquéajoute : « Lorsque l’on qualifie des salariésde voyous, de quel côté se situe-t-on ? >>>

Hollande et Macron après le discours d’ouverture de la conférence sociale, le 19 octobre.

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À LA UNE 3INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 374 Semaine du 22 au 28 octobre 2015

éU

n gouvernement qui refuse derecevoir les organisations syn-dicales enseignantes après desgrèves et des manifestationsimposantes contre sa réforme

des collèges ;– un gouvernement qui incite le patronat

à utiliser le référendum dans les entreprisespour tenter de diviser les salariés entre eux ;

– un gouvernement qui tente de margina-liser, voire de passer au-dessus des organisa-tions syndicales ;

– un gouvernement qui cherche à opposerles syndicats entre eux, comme à Air France ;

– un gouvernement qui ne respecte pas sespropres règles en validant un accord minori-taire dans la fonction publique, alors qu’ilimpose dans les écoles la morale laïque ;

– un gouvernement qui se targue dedétruire tous les acquis de 45 :

– ne peut connaître qu’un effet boomerang:la riposte de la classe ouvrière !

Car, n’en déplaise aux petits marquis du20 Heures, la classe ouvrière existe et elle luttepour défendre ses intérêts et reconquérir sesdroits perdus depuis trente ans. Quoi de plusnormal !

Face à tous ces blancs-becs effarouchéss’étouffant dans leurs commentaires du 5 octobreà Air France, la classe ouvrière rassemblée a hurléson haka : que vaut la perte d’une chemise contrela perte de 2 900 emplois !

La riposte de la classe ouvrière, c’est aussisa volonté de s’organiser, pour lever les obs-tacles au tous ensemble afin de mettre un termeà tous ces plans d’austérité, qui bouzillentl’existence de milliers de familles dans ce pays.

La réunion du 17 octobre à Paris, avec etautour d’Informations ouvrières, témoigne decette recherche. Près de deux cents respon-sables syndicaux, élus, ont décidé de s’enga-ger ensemble, pour discuter, confronter leurspoints de vue, riches de leurs expériencesmutuelles, sans ultimatum, sans vérité révé-lée, à leur rythme, sans chemin tracé à l’avance,avec un seul but : lever les obstacles pour letous ensemble contre les pactes d’austérité etla reconquêtes de nos droits.

« Caminante ! No hay camino ! Se hacecamino al andar ! » (Antonio Machado, poèteespagnol).

ÉDITORIAL

Ripostes

Christian Lacroix, membre du bureau national du POI

>>> Lorsqu’on les cueille tôt le matin devantfemmes et enfants comme des criminels ? Queldialogue pense-t-on instaurer ? »Pour Le Républicain lorrain (19 octobre),« plus qu’un simple mouvement d’humeur,c’est l’éclatante confirmation d’une ruptureentre le mouvement ouvrier et la gauche degouvernement ».

16 OCTOBRECGT et FO rejettent l’accordscélérat Medef-CFDT contre les retraitescomplémentaires

L’AFP explique le contenu de l’accord :« Le grand perdant sera le salarié qui,bien qu’ayant atteint l’âge légal de laretraite (62 ans), avec toutes ses annui-

tés (41,5 ans), verra sa retraite complémen-taire amputée de 10 % pendant au moins deuxans. Pour ne pas pâtir de ces malus et conser-ver un taux plein, il devra travailler un an deplus et ainsi partir à 63 ans. Ce “coefficientde solidarité” est applicable pendant les troispremières années de retraite et “au maximumjusqu’à 67 ans”. »En prime, de 2016 à 2019, les montants desretraites complémentaires seront évalués unpoint en dessous du montant de l’inflation. Sur France Inter, le lendemain, le numéro unde la CFDT, Laurent Berger, signataire de l’ac-cord, déclare : « C’est le début de la retraite àla carte que la CFDT a souvent poussée, avecun libre choix » de départ à la retraite. Un « libre choix », une retraite amputée de10 % ou le report d’un an au moins de l’âgede départ !Le Figaro se félicite de ce « report implicite à63 ans de l’âge de départ à la retraite ». Mêmesatisfaction du quotidien financier Les Echos :« Les retraités et les actifs sont lourdement misà contribution, tandis que les employeurs s’entirent plutôt bien. »Mais ce journal constate aussi : « Le com-promis arraché vendredi creuse un peu plusle fossé entre syndicats réformistes et contes-tataires. »Le gouvernement y voit un modèle pourtoutes les « réformes » à venir : « Cet accordapporte la preuve de la capacité du dialoguesocial dans notre pays à élaborer les compro-mis équilibrés nécessaires à la réforme et à laconsolidation de notre modèle social », déclareManuel Valls dans un communiqué. Mais la CGT et FO ont claqué la porte desnégociations en dénonçant l’accord.

18 OCTOBRELa direction d’Air Franceprécise son plan de licenciements

Le P-DG d’Air France-KLM, Alexandrede Juniac, confirme sur RTL qu’AirFrance va supprimer près d’un mil-lier d’emplois en 2016. « 2016 est

lancé », et seule la seconde partie, pour 2017,du « plan B » annoncé par la direction le 5 oc -tobre est encore négociable, a expliqué lepatron du groupe qui confirme les sanctionsengagées contre dix-huit salariés. Voici doncles termes du « dialogue social » : dans tousles cas, mille suppressions d’emplois au moinsdès l’an prochain ! Et pour 2017, ça dépen-dra des « sacrifices » (en temps de travail nonpayé) que la direction pourra arracher auxsyndicats !

19 OCTOBRELa conférence sociale“manque sa cible”

“Plus encore qu’aux chaisesvides de sa conférence sociale,François Hollan-de est confronté à

une colère syndicale croissantede la part de la CGT et de FO »,constate l’éditorialiste de LaCharente libre (19 octobre)avant même le début de laconférence.Le gouvernement tente de croirejusqu’au bout que les ponts nesont pas coupés. La veille, LeJournal du Dimanche, quiconsacre sa une aux déclarationsde Philippe Martinez, secrétairegénéral de la CGT (« Attention, ça va explo-ser »), transcrit les propos d’un « intime » deFrançois Hollande : « Il ne s’agit pas de mettrehors jeu la CGT, il faut la remettre dans le jeu,mais on ne peut pas attendre éternellement.Elle reste la première organisation, mais hésite.» De quel « jeu » parle-t-il ? De la tentativeconstante de ce gouvernement d’intégrer lesorganisations syndicales à la mise en œuvrede ses contre-réformes, comme Hollande etValls vont l’expliquer eux-mêmes à la confé-rence sociale.Hollande y déclare : « Mon objectif, celui dugouvernement, c’est la réforme, et ma méthode,celle du gouvernement, c’est le dialogue social. »Et il précise ce qu’il entend par là, prenantexemple sur l’accord conclu entre la CFDT

et le patronat trois jours plus tôt sur lesretraites complémentaires : « L’accord de prin-cipe conclu le 16 octobre entre le patronat etplusieurs organisations syndicales est à mesyeux une preuve de responsabilité ». Une baissede 10 % des retraites, ou le report d’un an del’âge de départ !Mais ce n’est pas tout. Hollande annonceégalement une « réforme » du Code du tra-vail, sur la base du rapport Combrexelle.

“PAS DE TEMPS À PERDRE”, DIT VALLS,ANNONÇANT UNE “ACCÉLÉRATION” DU DYNAMITAGE DU CODE DU TRAVAILValls en donne le contenu en concluant laconférence sociale : « Repenser la façon dontnous concevons dans notre pays les normessociales en donnant plus de libertés à l’accordd’entreprise (…). Notre droit du travail estdevenu trop complexe et donc illisible. (…)Nous voulons pour cela donner plus de sou-plesse aux acteurs de terrain dans les entre-prises et dans les branches. »« Pas de temps à perdre, dit Valls, il faut enga-ger ce chantier dès maintenant. Je souhaiteque nous mettions en œuvre cette nouvellearchitecture dès la loi de 2016 dans certainsdomaines essentiels de notre Code du travail(…). Le 28 octobre prochain, la ministre duTravail me remettra en effet ses propositionset nous indiquerons alors les orientations duprojet de loi. Une seconde phase de concerta-tion s’engagera à partir de là sur le projet deloi lui-même. »Et il martèle : « Le mouvement des réformes

se poursuit, la situation denotre pays nous commandemême de l’accélérer. »La presse tire le lendemainle bilan. « Hollande met laCGT et FO sur la touche »,titre Le Parisien. « La qua-trième conférence sociale duquinquennat a été le théâtred’un divorce officiel, constatece journal. Rien ne va plusentre l’exécutif et les syndi-cats contestataires ou dits delutte. Boycottée par une CGT

braquée par l’affaire des salariés d’Air France,François Hollande a été sévèrement critiquéepar FO (…) qui accuse le locataire de l’Elyséed’une “vision caricaturale” du dialogue social.Ce grand raout a donc manqué sa cible cetteannée : réunir tout le monde autour de la table.Seuls les syndicats estampillés réformistes –la CFDT, le CFTC, la CGC – et le patronat ontrenouvelé hier leur confiance dans la méthodedu dialogue, marqueur du quinquennat deFrançois Hollande. »Le gouvernement veut appliquer coûte quecoûte ses contre-réformes, mais le « grandraout » visant à y associer toutes les organi-sations syndicales n’a pas réussi. C’est bientoute la contradiction, explosive, dans laquelleil est placé. �

Lu dans la presse…Une chroniqueuse du “Figaro” sonne l’alarme

S ous le titre « Cette violence qui monte inexorablement », NatachaPolowny, chroniqueuse au Figaro (18 octobre), lance un avertis-sement à ses lecteurs, parmi lesquels une partie de la bourgeoisie

française, menacée, selon elle de « tout perdre ».« Faut-il en rajouter dans les condamnations grandiloquentes qui évitentde comprendre réellement ce qui se joue ? Et de refuser de voir que 2 900licenciements (à Air France) constituent, dans le contexte de crise qui metla France à terre, une violence terrible ? (…) La colère des salariés d’AirFrance se résume-t-elle à l’intolérable conservatisme de salariés proté-gés ? Mais alors, que dire de la colère des “bonnets rouges”, largementconstitués de petits patrons, et qui s’étaient rendus coupables d’exactionsdiverses, dégradations de bien publics et autres ? (…) Intolérable aussi ?Ou bien n’y aurait-il que les employés et les ouvriers, dont la violence tra-duirait un refus de s’adapter aux réalités d’un monde ouvert ? (…). Lacolère, bien sûr, est mauvaise conseillère. Mais le mépris ou la hautainecondamnation ne conduiront qu’à la transformer en haine (…). Alors,nous aurons tout perdu. » �

“Le grand perdant sera le salarié qui (…)verra sa retraitecomplémentaireamputée de 10 %pendant au moinsdeux ans”

(AFP)

Photo AFP

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M ilitants ouvriers d’origines politiques diverses, lecteurs,correspondants (et, pour un certain nombre d’entrenous, rédacteurs) du journal Informations ouvrières,

affiliés ou non au POI, nous avons répondu positivement àl’invitation que nous a adressée le rédacteur en chef d’Infor-mations ouvrières.

Nous l’avons fait parce que, depuis l’assemblée-débat du6 juin, à laquelle nous avons participé, la situation politiquede ce pays s’est encore précisée.

A l’évidence, avec les lois Macron, le rapport Combrexellecontre le Code du travail, la nouvelle offensive contre la Sécu-rité sociale, la réforme territoriale... c’est tout le socle desconquêtes sociales et démocratiques de la classe ouvrière,arrachées en 1936 et 1945, qui est attaqué et immédiatementmenacé de destruction par ce gouvernement.

Les travailleurs en ont conscience, la colère gronde dansce pays, comme en témoignent les grèves et la récente mani-festation qui a rassemblé dans la rue par milliers enseignantset parents contre la réforme des collèges, ou bien la mobili-sation des personnels d’Air France, dans l’unité de leurs syn-dicats, contre le plan de suppressions massives d’emplois...Mais il faut le constater, nous nous trou-vons dans une situation éminemmentcontradictoire.

La quasi-totalité des partis politiquescensés représenter les travailleurs et ladéfense des intérêts populaires, enfoncésdans le carcan de l’Union européenne, esti-ment qu’on ne peut faire autrement quede s’adapter à cette politique.

On ne se prive pas de condamner, d’uncôté, dans des communiqués vengeurs,cette politique et les principales « réformes»annoncées, mais, de l’autre, au nom de lapratique d’un « dialogue social » dont gou-vernement et patronat viennent de don-ner le contenu à Air France, en traînant lessyndicalistes devant la justice, on tergi-verse... et, faute de perspective d’ensemble,les mouvements en cours prennent uncaractère sectoriel. Ce qui finalement laissebeaucoup de latitude au gouvernement et aux patrons pourporter, insidieusement ou ouvertement, les coups les plus durs.Les travailleurs sont laissés dans l’expectative, alors qu’ils sebattent.

La tension dans les entreprises, dans les administrations,dans tout le pays, est grande. La volonté de dépasser cettesituation et de se rassembler dans l’unité la plus large pourbloquer et faire reculer ce gouvernement se manifeste chaquejour sous des formes multiples.

Cette discussion est publique, elle n’appartient à personneen particulier, elle rassemble travailleurs et militants de toutesles organisations de classe et de tous les courants politiquesdu mouvement ouvrier, elle doit, pour se développer et deve-nir un véritable point d’appui pour l’action de classe, se doterde l’instrument adapté à l’approfondissement de cette discus-

sion et à la surface qu’elle exige.Lecteurs d’Informations ouvrières, nous

avons apprécié la place que la « tribunede discussion » y a prise ces derniers mois,nous y avons apprécié la liberté des contri-butions qui y étaient publiées ; il noussemble que le moment est venu de fran-chir un pas supplémentaire pour faire dece journal le vecteur incontournable del’organisation de l’échange libre et sanstabou sur toutes les questions tactiqueset d’orientation que la vie de la lutte desclasses soulève de façon pressante.

Nous le savons, Informations ouvrièresest le journal du POI, mais nous avonsvérifié qu’il était capable d’être véritable-ment la « tribune libre de la lutte desclasses » dont il affirme vouloir contribuerà doter le mouvement ouvrier, c’est la rai-son pour laquelle nous avons participé à

cette rencontre du 17 octobre.En décidant de nous associer à la constitution des «Amis

d’Informations ouvrières », et en décidant, pour maintenir lelien entre tous les membres de l’association, de mettre enplace un comité de liaison, nous décidons, militants d’originespolitiques diverses, de prendre nos responsabilités et de nousassocier, dans le respect de nos différences, à l’élaboration età l’animation de la tribune de discussion dans le journal Infor-mations ouvrières. �

“La tension dans les entre-prises, dans les adminis-trations, dans tout le pays, est grande. La volonté de dépasser cette situation et de se rassembler dans l’unité la plus large pour bloquer et faire reculerce gouvernement se manifeste chaque jour sous des formes multiples”

Dans la réunion du 17 octobre à l’initiative d’Informations ouvrières

P our introduire le débat, PatrickHébert indique que « depuis l’as-semblée-débat du 6 juin, les

choses n’ont fait que s’accélérer ». Aprèsavoir résumé les attaques brutales aux-quelles se livre le gouvernement, il insistesur le fait que « l’indépendance des syn-dicats vis-à-vis du patronat est essentielle.(…) La conférence sociale fait partie deschoses par lesquelles on essaie d’associerles syndicats (…). Une situation réaction-naire, qui n’est pas spécifique à la France,les mêmes agressions, sur le même axe, ontlieu dans les pays de l’Union européenne.Elles provoquent des résistances : en Bel-gique, manifestation massive contre l’aus-térité, le 7 octobre ; le 9 avril, en France,première grève interprofessionnelle trèsimportante en France depuis longtemps ;puis, notamment, grèves dans l’Educationnationale, à Air France… »Dans cette situation, poursuit PatrickHébert, « de nombreux militants appar-tenant à des organisations différentes, seposent aujourd’hui la question : commentorganiser la résistance (…). Le souvenir

des grèves à répétition, des journées saute-mouton, pose problème. Il est essentiel quetous ces militants puissent avoir un cadreoù échanger des points de vue, sans pourautant renoncer à leurs appartenancespolitiques. »

Il expose ensuite la principale proposi-tion soumise au débat : constituer l’asso-ciation Les Amis d’Informations ouvrières.« Je ne vois pas pourquoi on imposerait l’ad-hésion à un parti, explique-t-il. Le 6 juin amontré qu’il était possible d’avancer – millemilitants présents, représentatifs du mou-vement ouvrier. Comment donner une suite

pratique, même si on a des approches dif-férentes ? Renforcer dans Informationsouvrières le caractère de “tribune libre dela lutte des classes”, en ouvrant noscolonnes, en sollicitant le plus possible desmilitants d’origines diverses. Informations ouvrières est un outil pré-cieux, qu’il faut renforcer. On a appelécela “Les Amis d’Informations ouvrières”.Les camarades qui souhaitent adhérer àcette association le peuvent. Rien n’estarrêté, mais on a pensé mettre en place uncomité de liaison qui se réunirait de tempsen temps pour voir comment faire évoluerle journal et qui prendrait en charge l’ani-mation de cet outil. A nous de décideraujourd’hui. Il nous a semblé qu’il n’était pas nécessairede donner une structure trop formelle. Iln’est pas utile de réaliser une organisationconcurrente des autres. Ce qui est néces-saire, c’est de faire la liaison entre tous cesmilitants qui, chacun à leur manière, cher-chent les voies de la résistance. »

“Ce qui est nécessaire, c’est de faire la liaison entre tous ces militants qui, chacun à leur manière,cherchent les voies de la résistance”

Patrick Hébert, syndicaliste (Loire-Atlantique), introduit les débats

Ce 17 octobre, à Paris, deux cents de militants d’ori-gines diverses se sont réunis à Paris pour discuter dela proposition de constituer l’association des Amisd’Informations ouvrières.Cette réunion , présidée par Lucien Gauthier, rédac-teur en chef d’Informations ouvrières, se situait dansle prolongement de l’assemblée-débat du 6 juin der-nier, où près d’un millier de militants ouvriers syndi-calistes, élus, laïques se sont réunis à Paris surproposition de notre journal, pour discuter de la situa-tion après la journée de grève interprofessionnelle du9 avril contre le pacte de responsabilité.Plusieurs réunions s’étaient ensuite tenues en pro-vince et en région parisienne ; elles ont permis derendre compte de cette assemblée-débat et d’en élar-gir les assises.L’invitation à la réunion du 17 octobre proposait de« trouver tous ensemble les voies et les moyens d’agirdans ce sens, nous qui sommes “les amis d’Informa-tions ouvrières” pour faire des pages“Tribune” publiéesdans Informations ouvrières le vecteur de nos initia-tives à l’échelle nationale et dans chaque départe-ment. »Une vingtaine d’orateurs se sont succédé. Nouspublions, dans ces pages, des extraits de leurs inter-ventions, ainsi que, ci-dessous, le texte issu de ce débat.

“Nous décidons de constituerl’association Les Amisd’Informationsouvrières”

Photo correspo

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Le texte issu de la réunion du 17 octobre

TRIBUNE de discussion

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TRIBUNE 5INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 374 Semaine du 22 au 28 octobre 2015

« Ne nous laissons pas abuser par le projetgouvernemental d’“assurance maladieuniverselle” »JEAN-CLAUDE AYMÉ travaille et milite dansune caisse primaire d’assurance maladie de larégion parisienne. Il consacre son interventionà ce qu’annonce le gouvernement sur la miseen place d’un « système universel d’assurancemaladie ».

“L ’article 58 du projet de loi definancement de la Sécuritésociale pour 2016 donne la pos-

sibilité au gouvernement de transférer à qui ilveut les missions fondamentales de la Sécu-rité sociale. Une caisse maladie de la régionparisienne pourrait payer les prestations desexploitants agricoles de la nouvelle régionNormandie ou les prestations familiales desprofessions libérales de la région PACA. C’estcomme aller réclamer vos allocations fami-liales à la caisse maladie de Cergy quand vousêtes infirmière libérale à Marseille ! Bien sûr,pour tenter d’acheter la paix sociale, on peutparier que toutes les assurances seront don-nées pour que les protocoles intégrés de hautelutte à la convention collective nationale(CCN) pour préserver les emplois et interdirela mobilité des personnels soient préservés !Que valent ces garanties au beau milieu d’unchamp de ruines, avec de nouvelles ferme-tures de dizaines de centres et de caisses, oùl’agent qui traite votre dossier est à l’autrebout de la France ? C’est nous faire basculerdans un autre système que celui de 1945 quiest en cause. Je me permets donc de mettreen garde ceux qui pourraient se laissent abu-ser par les vertus de cette “assurance univer-selle”. Pas le personnel en tout cas, qui voitavec une grande inquiétude ce délitements’opérer sous ses yeux et qui aspire de toutesses forces à ce que soit bloquée cette méca-nique infernale. Alors, camarades, au-delà desemployés et cadres de la Sécurité sociale, cegrand danger, c’est notre affaire à tous, l’af-faire de tout le mouvement ouvrier. » �

“A STX, nous avons signifié à F. Hollandeque nous n’acceptionspas sa politique d’austérité”NATHALIE DURAND-PRINBORGNE est res-ponsable syndicale au chantier naval STX deSaint-Nazaire. Rappelant la gravité des attaquesportées avec la loi Macron, la loi Rebsamen, lerapport Combrexelle, elle relate les circonstancesde la visite de François Hollande aux chantiers,le 13 octobre.

“Au cours de notre échange, mardidernier, avec le président Hol-lande, nous lui avons clairement

signifié que nous n’acceptions pas sa poli-tique d’austérité(…). Pour seule réponse, leprésident s’est contenté de dire qu’il fallaitmaintenir le dialogue social. Mais quand saministre de l’Education nationale refuse derecevoir les enseignants qui se battent contrela réforme des collèges, y-a-t-il là dialoguesocial ? Quand la direction d’Air Franceannonce 2 900 suppressions d’emplois, y-a-t-il là dialogue social ? Suite à la visite de mar-di, on peut lire sur le site du gouvernement :“Un dialogue social de qualité avait été engagéà STX. Un accord de compétitivité a permis demettre le chantier dans la bonne direction. Ona besoin d’harmonie dans un pays comme lenôtre pour être capable de se parler, de se com-prendre, d’être une grande nation.”Camarades, depuis plusieurs mois, un axe derésistance s’affirme. Au plan national, les confé-

dérations FO et CGT, la FSU et Solidaires se sontretrouvées à plusieurs reprises pour exiger l’aban-don de ces politiques économiques et socialesdestructrices de nos droits et garanties. Ce futle cas notamment lors de la grève interprofes-sionnelle du 9 avril dernier. Aux Chantiers, nousavons combattu ensemble les reculs sociaux et,mardi encore, lors de la venue du président. Jeconsidère qu’il faut poursuivre dans cette voieet de ce fait je souhaite adhérer aux Amis d’In-formations ouvrières. C’est parce que noussommes ensemble que nous gagnerons, quenous renforcerons l’axe de la résistance, du tousensemble pour bloquer cette politique. » �

“A Air France, la campagne de divisiona volé en éclats”MARC SAUTEREY, militant syndical à AirFrance, a indiqué que tout a été fait pour dési-gner les pilotes, leur syndicat, le SNPL, commeétant les coupables de la prétendue situationcatastrophique d’Air France.

“Quand, il y a un an, les pilotes ontengagé la plus longue grève deleur histoire, la direction d’Air

France avait organisé cette fameuse manifes-tation “spontanée”, devant le siège, contre lagrève. Il s’était trouvé à l’époque des syndi-cats pour s’associer à cette campagne dedénonciation. Souvenez-vous que les pilotespar leur grève ont été accusés d’avoir faitperdre 400 millions d’euros ! Cette campagne de division a volé en éclats le5 octobre. Plus exactement, elle a volé en éclatle 29 septembre lors de l’intersyndicale. Treizesyndicats y ont participé, sauf la CFDT. L’axeCGT-FO a été déterminant, il a cassé la polé-mique contre les pilotes, en affirmant : nonaux licenciements, non aux plans de la direc-tion, manifestation le 5 octobre. L’unité qui s’est reconstituée entre pilotes etpersonnels au sol s’est renforcée dans la mani-festation du 5 octobre. L’intersyndicale et lesmanifestants se sont alors tournés vers le gou-vernement pour lui dire de prendre ses res-ponsabilités.Le gouvernement a voulu jouer sur un autreaxe : division des syndicats entre eux, interpel-lation de militants, mise au pilori. Cela ne marchepas non plus, 13 syndicats appellent à mani-fester le 22 octobre, là où cela se décide. Vous avez vu la brutalité, qui n’est pas anodine :des militants syndicaux arrêtés au petit matin,comme des terroristes, l’annonce de la mise àpied dès hier (sauf que dans le droit français,ce n’est pas possible) (…).Nous recevons par centaines des messages desoutien venant de syndicats, d’unions locales,d’unions départementales. D’ores et déjà, les unions départementales dela région parisienne ont appelé à participer à la

manifestation du 22 devant l’Assemblée natio-nale. Il est important que les instances qui lepeuvent appellent à participer à ce rassemble-ment. La proposition faite par Patrick Hébert d’uncomité de liaison des Amis d’Informationsouvrières est bonne, et je me propose d’y parti-ciper. » �

“Une politique qui conduit à réduire les dotations des communes”BRUNO CAILLETEAU est conseiller munici-pal d’une commune de Loire-Atlantique. Il rap-pelle d’abord qu’il était présent le 6 juin. C’estun ancien adjoint au maire de sa commune,évincé par le maire PS.

“A l’occasion du conseil municipal(du 2 octobre), je me suis expri-mé au sujet de la raison pro-

fonde de mon éviction en ces termes : je suissocialiste et je resterai socialiste, le socialismede Jaurès, pas le socialisme ou prétendu tel decertains membres du gouvernement qui fus-tigent le Code du travail, le statut général de lafonction publique, pas le socialisme quiconsiste à réduire les dotations communes et àmettre en danger nos services publics. Je pour-suivais en expliquant que la raison de monéviction, c’est cette parole libre qui caractérisemon comportement libre et en même tempsrespectueux de l’institution, de ce que repré-sente une commune, son conseil municipal,du point de vue de la démocratie.(…) Oui, mes camarades, un mouvement mûritet nous démontre que la classe ouvrière n’est pasdéfaite. La répression qui s’abat sur les salariés,comme on a pu le constater pour les travailleursd’Air France, nourrit en profondeur ce mouve-ment. (…). D’une manière générale, je considèreque la déclinaison de toutes les contre-réformespour une super-austérité s’inscrivent dans unedémarche néocorporatiste qui ressemble de plusen plus à une dictature et qui porte atteinte auxfondements mêmes de nos valeurs républicaines.(…) Ne nous leurrons pas, ce gouvernement estprivé de toute base sociale, il a donc besoin des’assurer de la collaboration des syndicats. C’estl’unique et seule fonction du « dialogue social ».Mais je n’ai pas d’inquiétude et suis sûr que,malgré cette tentative, la classe ouvrière résis-tera encore, tout simplement parce qu’elle nepeut partager un intérêt commun avec le patro-nat, sauf à considérer qu’elle renie les principesédictés par la Charte d’Amiens en 1906. Enfin,il est évident que les difficultés auxquelles noussommes confrontés ne se régleront pas dans lesurnes, puisque tous les gouvernements qui sesont succédé mènent et accentuent la mêmepolitique d’austérité. » �

“Le rapport Mettling,c’est la même démarcheque celle du rapportCombrexelle, qui veut mettre en piècele Code du travail”CLARISSE DELALONDRE, syndicaliste à EDF,informe des débats dans son organisation surle rapport Mettling concernant l’économienumérique.

“Début octobre, j’ai participé aucongrès de l’Union fédérale desingénieurs, cadres et techniciens

de ma fédération. Nous étions tout juste aulendemain du formidable succès contre le for-fait-jours, où notre mobilisation a contraint ladirection à reculer. Or un premier problèmes’est posé et n’a pas été tranché par cecongrès : combattre le forfait-jours, commenous l’avons fait depuis plus d’un an, ou cher-cher à l’encadrer, comme le documentd’orientation de ce congrès le proposait ?Mais, surtout, j’ai été très étonnée d’entendreVirginie Gensel, notre secrétaire fédérale, direque le rapport Mettling, allait dans le sens despropositions de la CGT d’une sécurité socialeprofessionnelle !Le rapport Mettling c’est une généralisation duforfait-jours, des droits “attachés à la personne” :c’est toute la démarche de la loi Macron et durapport Combrexelle, qui veulent mettre en piècele Code du travail, la hiérarchie des normes etle principe de faveur, par des accords d’entre-prise dérogatoires, notamment sur le temps detravail. Comme l’a dit Patrick Hébert, c’est faireque chaque salarié devienne son propre entre-preneur !Je suis intervenue dans ce congrès pour dire quele rapport Mettling ne va pas dans le sens de ceque dit la CGT (…).Pour cette raison, j’ai eu aussi la surprise de voirque l’UGICT-CGT organisait fin octobre un débatsur ce rapport, avec Mettling lui-même etd’autres DRH de grandes entreprises ! Mais, en même temps, il semble qu’il y ait débatsur ce rapport Mettling dans ma fédération etdans ma confédération : tout le monde n’est pasd’accord. Tant mieux ! Je suis très contente que ma confédération n’aillepas à la conférence sociale : c’est très impor-tant.Par ailleurs, dans la CGT, monte la question dela nécessité d’en finir avec les journées d’action“saute-mouton”, la nécessité du “tous ensemble”contre la politique de ce gouvernement qui s’at-taque à nos acquis. » �

Suite pages 6 et 7

Réunion du 17 octobre - Les débats

Le 5 octobre, les salariés d’Air France dans l’unité de leurs syndicats se dirigent en manifestation, là où se réunit le comité central d’entreprise qui vient d’annoncer les 2 900 suppressions d’emplois.

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6 INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 374 Semaine du 22 au 28 octobre 2015TRIBUNE

“Ce qui est légitime, c’est la colère des travailleurs d’Air France”CÉDRIC BRU est avocat. Déjà présent le 6 juin,il précise que, « aujourd’hui, c’est un avocatinquiet qui s’adresse à vous. Avec tous les texteslégislatifs et avec la jurisprudence, on vit un revi-rement. C’est toujours de plus en plus dur pourles travailleurs et pour les organisations syndi-cales. »

“A tteinte aux travailleurs par lerapport Combrexelle et le ren-versement des normes : l’accord

d’entreprise serait la norme (…). Il y a aussiatteinte aux libertés collectives, et notrecamarade Marc Sauterey en a fait état. Je croisqu’aujourd’hui on constate une véritablepénalisation des organisations syndicales etdu militantisme. Il faut le rappeler, carcontrairement à ce qu’on peut entendre dansles débats télévisés, ce qui est légitime, c’est la colère des travailleurs d’Air France, qui sebattent pour préserver leur emploi. Et ce quiest illégitime, c’est le comportement de cetexécutif, notamment les déclarations du chefde l’exécutif qui a dit que les salariés d’Air France ont eu un comportement de voyous (…).Je crois qu’il y a une dimension internationaleà tout ça. Ce que nous vivons dans notre pays,en France, se vit aussi au-delà des Pyrénées. Ilfaut savoir qu’à Madrid un certain nombre desyndicalistes ont été poursuivis pour avoir mon-tré leur mécontentement et avoir organisé unemanifestation contre l’austérité. Comme avo-cat, mais également comme militant, défendantles droits des travailleurs et les libertés syndi-cales, je n’accepte pas la pénalisation de l’actionsyndicale, je n’accepte pas davantage la pénali-sation de la résistance des travailleurs. » �

“Informations ouvrièresa un rôle très importantà jouer”DOMINIQUE CANUT intervient au nom dubureau national du Parti ouvrier indépendantet indique que trois camarades du bureau natio-nal sont là aujourd’hui avec lui.

“A près avoir indiqué que « pour legouvernement, pour l’Unioneuropéenne, pour le Fonds

monétaire international, les acquis de la classeouvrière ne sont plus d’actualité, car ils sontun frein à la surexploitation capitaliste », ilinforme l’assemblée que « notre parti prépareactivement son Ve Congrès qui se tiendra dansun peu plus d’un mois, les 21 et 22 novembre. Ils’agit d’un congrès ouvert, ouvert à des syndica-listes, des militants ouvriers, des élus politiquesqui ne sont pas membres du POI, mais qui par-tagent avec nous l’objectif de porter un coupd’arrêt à cette politique destructrice du gouver-nement contre les acquis de la classe ouvrière etla population. » Il continue son intervention en parlant de laDirection des constructions navales et services(DCNS, Toulon), où il travaille. « C’est une en-treprise de treize mille salariés qui conçoivent,construisent et réparent les navires et sous-marinsde la marine nationale, mais aussi, malheureu-sement, pour des marines étrangères, car elle aété privatisée. Comme vous le savez peut être, lemarché des armes n’a jamais été aussi florissantet, pourtant, à la DCNS, un plan de performanceest sur la table des négociations, prévoyant deuxmille suppressions de postes et, sans aucun doute,avec des licenciements à la clé. Ce qui nous arriveà DCNS, c’est très exactement ce qu’a expriméune salariée d’Air France à la télévision, alorsqu’elle se dressait, en larmes, contre les cadres dela compagnie (…).Ce qu’a dit la camarade de STX me conforte dansl’idée qu’Informations ouvrières a un rôle trèsimportant à jouer. »

“Qu’est-ce qui donne ce culot à la ministre del’Education nationale ?”JÉRÔME LEGAVRE, syndicaliste dans l’ensei-gnement, indique que la réforme du collège,c’est l’équivalent, dans l’Education nationale,du rapport Combrexelle. C’est inacceptable pourles enseignants et les salariés.

“I l y a une semaine, des milliers demanifestants à Paris ont dit “Abro-gation de la réforme du collège” .

C’est le résultat d’un mouvement de fond.Certains comptaient sur une manifestationd’enterrement, cela a été tout le contraire. Il ya un mouvement de fond qui ne s’arrêterapas. Deux jours après, l’intersyndicale a adop-té un appel qui réaffirme l’exigence d’abroga-tion. C’est un point d’appui pour préparer lasuite, y compris la grève. Le soir du 10 octobre,la ministre ne reçoit pas les organisations syn-

dicales. Après une grève majoritaire, le 19 mai,elle avait publié son décret. Qu’est-ce qui luidonne ce culot ? Au Conseil supérieur de l’édu-cation, le dernier en date, le SNES vote commeFO, le SNALC, la CGT, contre les nouveaux pro-grammes. La CFDT et l’UNSA votent pour, leSNUipp s’abstient, la FSU n’intervient pas.Alors que chez les parents d’élèves, le rejet estimportant, les fédérations de parents sou-tiennent la ministre. Pour l’instant, ma confédération décide de serendre à la conférence sociale. Ces éléments sont perçus par beaucoup de mili-tants comme des ambiguïtés. Ces problèmessont posés à tout le mouvement ouvrier. Aumoment où il y a cette recherche intense danstoute la classe ouvrière, la question de commentgagner est posée.Cette discussion en profondeur se relie à cemouvement qui mûrit. Je pense que la propo-sition qui est faite sur Informations ouvrières estle meilleur moyen d’avancer vers l’outil queréclament les militants ouvriers et dont ils ontbesoin dans leur combat commun. »

« De l’école des “terroirs”du régime de Vichy à l’école des “territoires”du gouvernement Hollande-Valls… »CLÉMENT POULET, syndicaliste dans l’ensei-gnement, a d’abord souligné que « dans sonintroduction, Patrick Hébert a rappelé que, lorsquela bourgeoisie viole ses propres règles, on com-mence à tomber dans un régime totalitaire… »

“E n septembre 1941, Jérôme Car-copino, secrétaire d’Etat à l’Edu-cation et à la Jeunesse du

gouvernement de Vichy, affichait sa résolution“d’en finir avec les horaires asphyxiant les pro-grammes surchargés, de sauver le progrès denotre culture par l’abandon sans retour d’unencyclopédisme mortel”. “J’ai allégé les pro-grammes, disait-il, et j’ai pu en conséquencecomprimer utilement les horaires des disci-plines intellectuelles. » Rappelons que le régimede Vichy adoptera des programmes différentsselon les zones, les “terroirs”, aujourd’hui, onparle de “territoires”. (…)Le gouvernement réactionnaire Hollande-Valls-Belkacem voudrait tirer un trait définitif sur l’écolerépublicaine. (…) La détermination des ensei-gnants s’est exprimée dans trois grèves, le 19 mai,le 11 juin, le 17 septembre, à travers la manifes-tation du 10 octobre appelée par 13 syndicats. J’aiparticipé à plusieurs des assemblées générales depréparation. J’ai assisté à des débats passionnés,passionnants, sur la tactique, les obstacles, surl’organisation de la grève et parfois de sa recon-duction. (…) Il y a dans ces discussions une idéequi est en train de frayer son chemin, c’est la ques-tion du blocage. C’est la question de la grève. Pasdes journées d’action, non, la grève pour gagner.Place à la lutte de classe. Nous sommes le nombre,il nous faut la libre discussion entre nous. Infor-mations ouvrières, c’est la libre discussion, cellequi permet de surmonter les obstacles et deprendre les bonnes décisions. » �

“Sur le terrain de l’indépendance syndicale, on avance”Pour PATRICK BOUILLET, syndicaliste dansla fonction publique territoriale dans le Maine-et-Loire, « la situation est extrêmement tenduedans la fonction publique territoriale, comptetenu de tout ce qui nous tombe dessus ».

“Pour ma part, j’ai commencé àmiliter en 2000. Je suis tombé surle journal Informations ouvrières,

grâce à un ami, et j’ai pris conscience progres-sivement qu’il y avait des gens qui s’organi-saient pour réfléchir et je ne vous cache pasqu’à l’époque Informations ouvrières était trèsthéorique par rapport à aujourd’hui (…). Dans les collectivités territoriales, entre 2013 et2017, c’est 28 milliards d’euros d’économies surles dotations. Vous pouvez donc imaginer les plansde grande envergure qui sont en train de se pré-parer. Si je vous parle de ça, c’est qu’hier, après lecomité technique, la camarade de la CGT étaitabattue. Je lui ai dit : “Ma camarade, on a besoinde toi.” L’histoire de nos trajets, c’est l’histoire dela lutte des classes qui fait en sorte qu’aujourd’hui,on est autour d’Informations ouvrières pour dis-cuter avec ces camarades (…).Dans le Maine-et-Loire, ils comptent passer de 30 communautés de communes à 9, ça veut direqu’on va être brassés dans tous les sens ; les cama-rades sont complètement assommés. Mais on varetrousser nos manches et on va se bagarrer avectoutes les organisations syndicales qui le veulent :entre autres, la CGT et SUD, parce que c’est aveceux qu’on va pouvoir avancer. Aujourd’hui, sur leterrain de l’indépendance syndicale, on avance.Dans notre département, on peut le dire, le syn-dicalisme rassemblé est mort, on l’a tué, sur le ter-rain de l’indépendance et la clarté desrevendications. » �

Réunion du 17 octobre - Les débats

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Les enseignants à l’appel de leurssyndicats manifestent, accompagnés de parents, le 10 octobre pourl’abrogation de la réforme du collège.

“Il n’y a qu’une issue,elle est toute tracée : la grève interprofes-sionnelle”DOMINIQUE SAINT-ARAILLE, syndicaliste àl’AFPA, commence son intervention en appor-tant son soutien à la proposition de constituerl’association Les Amis d’Informations ouvrières.

“A u-delà du fait qu’en tantqu’abonné, je suis un lecteurassidu, au-delà du fait que, par-

fois, j’y apporte ma modeste contribution, jeconstate que le seul journal capable, aujour-d’hui, de fédérer les initiatives militantes deceux qui, quotidiennement, résistent par leurcombat syndical dans les entreprises ou par-fois au simple titre de citoyens au sein d’asso-ciations républicaines, ce seul journals’appelle Informations ouvrières. (…) J’apportemon plein soutien à la proposition qui est faite de constituer une association des amis

d’Informations ouvrières et suis candidat poury apporter ma contribution. Aujourd’hui, l’AFPA, mais aussi l’ensemble de laformation professionnelle, qu’elle soit initiale oucontinue, est confrontée à la mise en œuvre des-tructrice de la régionalisation : destructrice del’égalité républicaine du citoyen devant la for-mation et donc devant sa capacité à acquérir unvrai métier, devant l’égalité à acquérir desdiplômes. Le seul objectif est la baisse du coûtdu travail, de renvoyer à un marché prétendu-ment concurrentiel la formation des demandeursd’emploi et des salariés en reconversion (…).Casser un outil comme l’AFPA, mettre en périlles GRETA, promotionner le seul apprentissage(…) c’est organiser la rupture du lien qui existeentre qualifications et salaires par l’intermé-diaire des conventions collectives.De fait, les commandes régionales de formation(…) ont perdu en quelques années 30 % de leurdurée moyenne : l’objectif est celui de créer l’im-possibilité de mener les stagiaires jusqu’à undiplôme ou à un titre professionnel qui leur per-mettrait, une fois dans l’emploi (…), de pouvoirprétendre à un salaire en lien direct avec unegrille indiciaire. Il n’y a qu’une issue, elle esttoute tracée : la grève interprofessionnelle. »�

Trois cents élus des Hautes-Alpesmanifestent, le 18 septembre.

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TRIBUNE 7INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 374 Semaine du 22 au 28 octobre 2015

“La société capitalistelégitime les pires exactions à l’encontredes travailleurs”ALAIN BARBIER, responsable syndical dansl’enseignement supérieur et la recherche, revientsur la répression contre les syndicalistes et lessalariés d’Air France.

“Quels intérêts défendent aujour-d’hui ces syndicats dont les diri-geants déclarent avoir honte ou

s’indigner de violences indignes ? Condam-nent-ils avec la même force et la même indi-gnation la violence faite aux travailleurs par lepatronat et ses serviteurs zélés ? Le capitalismes’est instauré par la violence et ne peut perdu-rer que par la violence. La constitution d’unesociété capitaliste, de par son mode de produc-tion, légitime les pires exactions à l’encontredes travailleurs. »Après avoir rappelé que « l’histoire de la construc-tion républicaine est ponctuée d’émeutes, d’in-surrections et de conflits parfois violents : juillet1830, juillet 1848, loi de séparation des Eglises etde l’Etat (1905), loi Weil (1975) », il indique :« Sans oublier non plus que le programme duConseil national de la Résistance n’aurait pu voirle jour sans la lutte armée contre l’occupant naziet l’Etat français du maréchal Pétain. (…) Lanationalisation de grands moyens de production(Air France est devenue propriété d’Etat à la Libé-ration) et la création des garanties collectives etla protection sociale des travailleurs, que les néo-libéraux ne cessent de rogner et de vouloir mettreà bas depuis, sont nées de ce programme du CNR. »A partir de là, Alain Barbier a appelé à la mobi-lisation pour le soutien aux travailleurs d’AirFrance, en particulier le 22 octobre, au rassem-blement appelé par les syndicats d’Air Franceet, le 2 décembre, jour du procès des camaradestraînés en justice. �

“La question des marinsde la SNCM, c’est la même questionqu’Air France”RENÉ SALE, syndicaliste dans les Bouches-du-Rhône, est intervenu sur la situation à la SNCM.

“C ela fait plusieurs mois que lejournal Informations ouvrières,journal du POI et tribune libre,

rend compte de manière régulière de la discus-sion entre militants par rapport à la situationet comment l’affronter. » Il revient sur la miseen liquidation de la SNCM : « Le point com-mun des quatre “repreneurs ”, c’est : disloquer,détruire la continuité territoriale, c’est casser laconvention collective et les statuts. »Mais, poursuit René Sale, « la résistance est là »,dans des « conditions compliquées ». Il rapporte :« Une délégation de camarades du Var, dont desmilitants du POI, militants de différentes UL,représentants de la DCNS, se sont rendus au tri-bunal de commerce. Le plus important, c’est queles collègues ont vu qu’il y avait des gens de l’in-terpro. Depuis deux ans, on cherche à poser laquestion de l’appel par les UD FO et CGT parceque la question de la SNCM pose la question duport. Elle pose la question de la ville ; elle pose laquestion du sauvetage et du maintien des emplois,du maintien des statuts. On s’était même ren-contré avec les camarades de Saint-Nazaire, il ya un an et demi, parce que c’est cette question du“tous ensemble” qui est posée. Nous, nous vou-lons aider à lever les obstacles pour aboutir surles revendications. Et la question des marins, c’estla même question qu’Air France. Certains d’entreeux ont décidé de continuer la discussion. Oui,je pense que la réunion du 6 juin, cette réuniond’aujourd’hui constitutive des Amis d’Informa-tions ouvrières est un instrument formidablepour, dans la situation, rassembler ces militantspour faire face aux obstacles qui se dressent devantnous dans la lutte de classe, au quotidien. » �

“Informations ouvrièresest devenu un point de référence dans le débat parmi les militants ouvriers”ALAIN ROQUES, syndicaliste dans la fonctionpublique, revient sur les interviews dans le jour-nal à propos du protocole d’accord PPCR, validépar un coup de force par le gouvernement.

“Informations ouvrières est devenu unpoint de référence dans le débat par-mi les militants ouvriers, débat qui

aujourd’hui parcourt l’ensemble des organisa-tions : comment peut-on faire aujourd’huipour lever les obstacles, pour aboutir au tousensemble, pour aboutir à bloquer le pays ?Dans l’UGFF-CGT, il y avait des camarades quiétaient pour signer le protocole PPCR. Maisl’UGFF a pris position, à une très large majo-rité, contre la signature. En particulier en disant :c’est un marché de dupes ; en échange de miettesqui interviendront entre 2017 et 2020, alors quele gouvernement vraisemblablement ne seraplus là, on nous dit qu’il faut signer tout de suite,pour aboutir à casser le statut de la fonctionpublique. Je pense que le rôle d’un comité de liaison desAmis d’Informations ouvrières pour “gérer” latribune de discussion, ce sera d’aider certainesinitiatives de ce type, nous permettant d’être aucœur des discussions aujourd’hui pour la classeouvrière.Je suis particulièrement en phase avec le textequi nous a été distribué. Je vais vous lire la lettreque mon syndicat a adressée cette semaine aubureau confédéral de la CGT. On avait com-mencé cette lettre avant que la direction de laconfédération CGT décide de ne pas participerà la conférence sociale, puis on l’a modifiée.On disait la chose suivante : “Il y aurait un fac-teur de confusion pour les salariés au momentoù de nombreuses grèves et manifestations sec-torielles témoignent de la volonté de mettre uncoup d’arrêt à cette politique antisociale du gou-vernement et du patronat. L’heure est plus à réflé-chir à une mobilisation permettant la montéeen puissance de ce rapport de force pour abou-tir, au-delà des journées d’action sans lendemain,à une confrontation majeure avec le patronatafin de gagner sur nos revendications.”Je pense que c’est très exactement ce qui estaujourd’hui à l’ordre du jour pour tout le monde,le point sur lequel, via les débats dans Infor-mations ouvrières, autour d’Informationsouvrières, nous pouvons aider à lever tous lesobstacles qui empêchent ce dialogue. » �

“Pas une semaine ne passe sans que denombreux mouvementsde grève surgissent dansles collectivités locales”FRANÇOIS LIVARTOWSKI, militant syndicalaux offices HLM en Seine-Saint-Denis, est revenusur la réforme territoriale et ses conséquencespour les personnels.

“La loi NOTRe s’inscrit dans le pactede responsabilité. Les réductionsbudgétaires qui engagent les com-

munes à réduire leurs effectifs et à réaliser deséconomies trouvent leur logique dans lesmutualisations de services, les suppressions depostes, qui vont avoir lieu avec la mise en placedes établissements publics territoriaux à partirdu 1er janvier 2016. Le maître mot, c’est l’indivi-dualisation des personnels et son équivalentgéographique, la territorialisation. La réforme territoriale, c’est la machine de guerrede la privatisation des services publics, pourles réduire à la portion congrue, privatiser toutce qui est rentable.

Dans ma fédération, quand le rapport Com-brexelle a été rendu public, il y avait un débatautour projet d’accord PPCR. Le lien entre lesdeux a pu être fait facilement. PPCR, c’est levolet ressources humaines de la loi NOTRe, c’estl’imposition de la mobilité (…), c’est l’indivi-dualisation des rapports entre les agents et leuradministration, le maintien du gel du point d’in-dice, parce que le point d’indice est une réfé-rence nationale et que les références nationalesdoivent disparaître, enfin, c’est la remise encause du statut de la fonction publique orga-nisé en trois versants (…).Mais ce qui est la marque de la situation, c’estque pas une semaine ne passe sans que de nom-breux mouvements de grève surgissent dans lescollectivités, souvent convoqués par des appelsintersyndicaux. C’est ce que j’ai pu constaterdans mon département, la Seine-Saint-Denis.En une semaine, on a eu une grève massive dansles crèches départementales contre la mise encause du temps de travail, grève dans une mai-rie contre la suppression d’une médiathèque,grève et large mobilisation contre la liquidationd’un office HLM municipal, grève, débrayages,manifestations, préavis contre les refus de titu-larisation des précaires, contre les suppressionsde postes, la remise en cause des acquis. Aujourd’hui, il n’y a que le cadre d’une réunioncomme la nôtre qui permette d’élaborer lesformes en commun et de discuter du tousensemble. » �

“La construction du rapport de forcepour faire reculer la ministre est encore à l’ordre du jour”EMMA GREINER, syndicaliste dans l’ensei-gnement en Seine-Saint-Denis, est revenue surla manifestation du 10 octobre.

“I l y avait dix collègues et des parentsde mon collège de Bobigny derrièrenotre banderole. Les parents ne

veulent pas d’une réforme où on pourraitdécider des programmes en fonction dumilieu social et du niveau des élèves. Ils veu-lent l’égalité républicaine et pas d’un sous-collège pour les enfants d’ouvriers. Commeon l’entendait dans le cortège du SNES :“L’Education doit rester nationale, pas de bri-colage local” (…). La construction du rapportde force pour faire reculer la ministre estencore à l’ordre du jour (…). Avec mes col-lègues, nous avions reconduit la grève au len-demain du 17 septembre, jour de la grèvenationale. Nous nous adressions aux établis-sements des alentours, nous voulions mettreen débat dans nos syndicats la question de lagrève jusqu’au retrait de la réforme. Oui, cettequestion est à l’ordre du jour. Mais est-ce quela question de l’action commune de tous lespersonnels de toutes les catégories de l’Edu-cation n’est pas aussi posée ? (…) Imposer lerecul de la ministre sur la réforme serait unpoint d’appui pour tous ceux qui se bagarrentcontre la loi de refondation qui programmel’éclatement du cadre national de l’école ».Après avoir évoqué les ambiguïtés dans les posi-tions syndicales sur le protocole PPCR où cer-tains disent qu’ils seront vigilants sur la mise enœuvre, ce qui semble vouloir sauver à tout prixle protocole, Emma Greiner indique quel’échange d’informations, la discussion ouverteentre militants sont une aide décisive pour cla-rifier les enjeux et conforter le combat et le mou-vement de résistance des personnels. �

“Faire l’unité de tous les enseignants,primaire et secondaire,avec leurs syndicats”CLAUDE AGERON, syndicaliste dans l’ensei-gnement du premier degré, en Isère, décrit laréforme des rythmes scolaires, qui s’appliquepour la deuxième année consécutive, comme« une bombe à fragmentation ».

“N ous arrivons au moment desvacances, et des enfants tombentde fatigue. Les enseignants por-

tent sur eux la fatigue. Ils sont épuisés aprèsun mois de rentrée. On leur demande d’ensei-gner mieux et plus, avec moins de temps etmoins de personnel. On assiste à une fuitemassive vers les écoles privées. La révolte est profonde. J’espère qu’on pourrafaire l’unité de tous les enseignants, primaire etsecondaire, avec leurs syndicats, car l’une desraisons qui fait que la réforme est passée estqu’on n’avait pas réussi à imposer cette unitédans le premier degré (…).Avec la réforme des rythmes scolaires, les pres-sions des collectivités se multiplient pour s’ingé-rer dans la gestion de l’école. Dans ce mêmeCHS-CT, nous avons réussi à empêcher la consti-tution d’un groupe de travail pour élaborer unecharte de convention sur l’utilisation des locauxscolaires. Leur utilisation par les collectivités locales,c’est l’inversion de la hiérarchie des normes. Nous avons pu nous y opposer tous ensemble,UNSA, CGT, FO, FSU. Il est intéressant, mêmede façon épisodique, de faire en sorte que dansce CHS-CT, des militants UNSA, CGT, FSU soientlecteurs d’Informations ouvrières. �

“Une réduction massivede l’offre de soins,comme on n’en a jamais connue”ASTRID PETIT, syndicaliste, est infirmière auservice d’hospitalisation à domicile de l’AP-HP.Selon elle, le protocole d’accord PPCR est unoutil dans les mains du gouvernement « pourappliquer dans chacun de nos secteurs les loisqui nous attaquent : réforme territoriale, réformede l’Etat et loi Touraine ».

“Le coup de force gouvernementalétait inévitable », explique AstridPetit, car le gouvernement en

avait besoin pour imposer des « mobilités for-cées » aux personnels. Dans le domaine de lasanté, rappelle Astrid Petit, la loi Touraine estune « attaque frontale contre la Sécurité sociale » ;c’est aussi un instrument, par les groupe-ments hospitaliers de territoires (GHT), pourforcer des fusions d’hôpitaux, publics et pri-vés, pour, dit-elle, « aboutir à une réductionmassive de l’offre de soins, comme on n’en ajamais connue ». Or le statut des personnelsest un obstacle à ces restructurations, d’où lanécessité pour le gouvernement, par l’accordPPCR, de le remettre en cause.Ces lois s’en prennent aux acquis, à la « civili-sation », poursuit Astrid Petit, qui informe ensuiteavec émotion du décès d’une patiente, seule, àson domicile, dans des conditions inhumaines,alors que les personnels avait alerté depuis desmois sur sa situation !Et la ministre de la Santé veut, par le dévelop-pement des soins « ambulatoires », renvoyer lesmalades chez eux ! (Lire la correspondance dudocteur Marie-Paule Lemonnier, page 8.) �

Réunion du 17 octobre - Les débats

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TRIBUNE8 INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 374 Semaine du 22 au 28 octobre 2015

D’ un côté, les propos de Marisol Tou-raine, en avril 2014, lorsqu’elle aprésenté son plan d’économie de

10 milliards sur le budget de la santé : « Lesséjours hospitaliers doivent être moins fréquentset moins longs. C’est pourquoi je veux doubler lerythme de croissance de la chirurgie ambula-toire, qui permet aux patients d’être soignésdans la journée, sans passer la nuit à l’hôpitalquand ce n’est pas justifié. Dès 2016, une opéra-tion sur deux pourra être réalisée en ambula-toire ! Des objectifs seront fixés par région et parpathologie. (…) Dans chaque région, des pro-grammes seront mis en œuvre pour accompa-gner les sorties d’hospitalisation, ce quipermettra de réduire la durée des séjours. Autotal, 1,5 milliard pourra être économisé surtrois ans dans ce domaine, dont près de 1 mil-liard pour la chirurgie ambulatoire. »

LA MINISTRE JETTE LES PATIENTS HORS DE L’HÔPITALDe l’autre, la déclaration du syndicat CGT HAD(hospitalisation à domicile) de l’AP-HP, à lasuite du décès inhumain d’une patiente à sondomicile : « Nous avons appris qu’une patienteest décédée seule à son domicile de façonindigne, ce qui soulève de nombreuses ques-tions (…). Nous constatons que la prise encharge en HAD des patients grabataires vivantseuls au domicile est de plus en plus fréquente.Cela entraîne souvent des dysfonctionnementsqui génèrent la mise en danger des patients etun stress permanent chez les soignants, quiangoissent de retrouver les patients morts der-rière leur porte (…). Cette violence institution-nelle est en lien direct avec la politique de santédu gouvernement, la loi santé, dont nous deman-dons l’abrogation, qui ne permet plus de prendreen charge les patients dans les hôpitaux. La fer-meture des hôpitaux de gérontologie à l’AP-HPen est un parfait exemple. L’ambulatoire prôné

par notre ministre, Mme Touraine, et cautionnépar nos directions atteint ici les limites du sup-portable (…). »Voici l’horrible vérité qui se cache derrière le« virage ambulatoire » que Marisol Touraine aencore prôné lors de la présentation du projetde loi de financement de la Sécurité socialepour 2016. Comme le dénonce la CGT, la situa-tion des patients a déjà « atteint les limites dusupportable ». Malgré cela, pour des raisonspurement économiques, pour pouvoir fermerencore plus de lits, pour mettre en œuvre sonplan de destruction de l’hôpital public, des lits,la ministre jette les patients hors de l’hôpital.

MANQUE DE LITSCar, malgré le titre d’hospitalisation à domi-cile, le HAD, contrairement à l’hospitalisationtraditionnelle, ne peut assurer la présencevingt-quatre heures sur vingt-quatre d’uneéquipe de soignants, médecin, infirmières,aides-soignantes, auprès du malade.Pour certains patients, le passage une ou deuxfois par jour des soignants à domicile est suf-fisant. Mais le problème est que beaucoup demalades sont chez eux non pas à la suite d’unedécision thérapeutique choisie en toute liberté,mais uniquement par manque de lits d’hospi-talisation conventionnelle, le développementde la prise en charge des patients en ambula-toire ayant été le prétexte à la fermeture de litset de services.De ce fait, le choix de la prise en charge d’unpatient en ambulatoire, en HAD ou en hospi-talisation traditionnelle, ne se fait plus en touteliberté, comme devrait l’être toute décisionthérapeutique, mais sous la contrainte desplaces disponibles ou non.Et, comme à chaque fois qu’un traitement depatient est décidé sous contraintes écono-miques, cela ne peut aboutir qu’à des catas-trophes. �

Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP)

Sur les conditions du décès à son domicile d’une malade� Une correspondance du docteur Marie-Paule Lemonnier, médecin à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP)

“Plus de mille personnes rassemblées dans l’unité à Annecy pour exiger la relaxe de l’inspectricedu travail poursuivie par les patrons de Téfal”� Un reportage d’Alain Collard, syndicaliste en Haute-Savoie

Les prises de parole sesont succédé lors de cerassemblement. Pour

commencer, les représentantsdes syndicats FO et CGT del’entreprise Téfal sont revenussur les coups portés par lespatrons de Téfal, mais aussi surla résistance qui s’organisaitdans l’entreprise. Ensuite, les deux secrétairesconfédéraux de la CGT et de FOont apporté le soutien des confé-dérations. Ils ont été particuliè-rement applaudis quand ils ontpointé la responsabilité du gou-vernement, en faisant le lien entrecette « affaire » et les lois etmesures prises par le gouverne-ment Hollande (lois Sapin,Macron et Rebsamen, rapportCombrexelle, qui disloquent ledroit du travail). Les représentants nationaux dela FSU, de la CNT, de Solidaireset un militant d’un syndicat duministère du Travail, intervenantau nom de l’intersyndicale natio-nale, ont pointé la responsabilitédu ministre du Travail, Rebsa-

men, puis Myriam El Khomri quilui a succédé, dans son refus decondamner les propos du pro-cureur de la République d’An-necy rapportés par la presse. Ceprocureur avait déclaré qu’il fal-lait « faire le ménage à l’inspec-tion du travail » et ajouté que« les inspecteurs du travail nedevraient pas pouvoir se syndi-quer ».

AIR FRANCE ÉTAIT DANS TOUTES LES TÊTESUn syndicaliste du commerce :« Attaquer les inspecteurs du tra-vail, ce n’est pas acceptable ; ilssont là pour faire respecter le droit.Ce sont ceux qui ont l’argent quitirent les ficelles. Ils s’appuient surles attaques du gouvernement. Ilfaudrait bloquer le pays. »Une retraitée syndicaliste : « Tau-bira, Macron, Combrexelle : c’estle même combat. J’ai apprécié leconfédéral de FO qui a fait le lienavec la politique de destructiondes droits du gouvernement. C’estindispensable. Les responsables,ce sont les politiques. »

Un syndicaliste de l’inspectiondu travail : « Il y a un rapport évi-dent avec ce qui se passe à AirFrance : c’est la criminalisationde l’action syndicale, directementpilotée par le gouvernement. » L’état d’esprit est à l’offensive.Un manifestant : « Ces imbéciless’imaginent terroriser tout lemonde, et, au lieu de ça, ils met-tent le feu aux poudres. »Un syndicaliste : « Notre syndicatCGT a apporté rapidement son sou-tien aux grévistes mis en cause parValls, et c’est important qu’on soitprésent également au rassemble-ment organisé par les syndicatsd’Air France (appelé dans l’unité,sauf la CFDT, le 22 octobre devantl’Assemblée nationale, NDLR). Ilfaut qu’on en discute, on a uneréunion nationale du SNTEFP (lesyndicat CGT des agents du minis-tère du Travail, NDLR) ce jour-là.Soit on enverra une délégation, soiton interrompra tous nos travauxpour y aller. Il faut les soutenir, mais,en plus, ça pourrait être le point dedépart de quelque chose d’autre. »

Le Havre, 8 octobre

“ Bloquer les entrées de l’agglo du Havre, bloquer l’économie”� Questions à Jacques Richer, cosecrétaire général de l’union locale CGT du Havre

Comment avez vous organisé le blo-cage sur le Havre, le 8 octobre ?L’organisation est partie d’une assem-blée de militants, commune aux troisunions locales CGT : Lillebonne, Har-fleur, et Le Havre.Les camarades en avaient ras le bol detourner en rond en ville, des appelsnationaux qui s’enfilent les uns der-rière les autres, sans déboucher surrien. Nous avons réfléchi à quelquechose d’autre qui fasse parler : blo-quer les entrées de l’agglo du Havre,bloquer l’économie.Et il y a eu l’actualité : nous avonsappris le plan de cent quatre-vingt-dix licenciements qui frappait l’en-treprise Sidel sur l’agglo du Havre.Nous avons voulu faire un gros ras-semblement contre cela. Il nous a falluplusieurs réunions. On voulait du blo-cage et pas du filtrage, ce qui nécessi-tait d’avoir suffisamment de mondepour que cela se passe bien. Nousavons fait des diffusions préparatoirestous les deux jours et donné quinzemille tracts. On était tendu dans lesjours précédents. Le 8 octobre, on avaitune organisation digne de ce nom,avec assez de monde pour qu’il n’y ait

pas de problème avec les automobi-listes.On a mobilisé plus de 1 000 militantspour bloquer sur les principaux ronds-points. Les dockers, qui sont une forceà eux seuls, ont pris à 700 les deuxronds-points stratégiques. Avec 100 militants, on a pris le rond-point de Sidel, à Octeville ; l’unionlocale d’Harfleur a bloqué le gros-rondpoint de la raffinerie Total. On a bloqué aussi le rond-point dustade Océane et le rond-point de Des-chazeaux. L’union locale de Lillebonnea bloqué devant la raffinerie Exxon. Etla bonne surprise, c’est que des étu-diants de l’UNEF nous ont rejoints et,avec les territoriaux, ont bloqué unerue très fréquentée du Havre.Les télés et les radios nationales ontbien relayé, I-Télé en particulier. Dèsla veille, on avait eu BFM et Canal.

Quelles étaient les revendications?Nous ne nous inscrivions pas vraimentdans l’appel du 8 octobre, qui n’ap-portait pas la suite que nous voulionsau 9 avril. Ce que nous avons fait auHavre était contre le pacte de respon-sabilité, contre les lois Macron et Reb-

samen, contre la casse du Code du tra-vail, contre PPCR et la casse des ser-vices publics avec des milliers desuppressions d’emplois. Et contrel’ANI! Les camarades de Sidel nous enparlent tous les jours : avec le plan delicenciements, ils sont confrontés àl’ANI.

Quel message vous voulez faire pas-ser ?Il faut taper au porte-monnaie des entre-prises et que ça gêne. On voudrait ame-ner les salariés au niveau national à faire la même chose, et nous voulonsaussi interpeller notre confédérationpour arrêter les actions hachées sanssuite.

Un mot sur le retrait de la CGT de laconférence sociale ?De ce que l’on sait, l’attitude du gou-vernement concernant Air France aamené la CGT à se retirer. C’est trèsbien que le conflit d’Air France aitamené à cette décision. Mais ce quis’était passé avant avec l’attaque contrele Code du travail, avec PPCR, justi-fiait largement de ne pas y aller. Celarejoint notre message du 8 octobre. �

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“On voulait du blocage et pas du filtrage, ce qui nécessitait d’avoir suffisamment de monde.”

INFORMATIONSOUVRIÈRES

TRIBUNE LIBRE DE LA LUTTE DES CLASSES

Hebdomadaire du Parti ouvrier indépendant

Vendredi 16 octobre, à Annecy, plus de mille personnes se sont rassemblées dans l’unité devant lepalais de justice d’Annecy pour exiger la relaxe de l’inspectrice du travail poursuivie en justice par lespatrons de Téfal, ainsi que celle du salarié licencié pour avoir révélé les agissements de Téfal. Le pro-cureur de la République avait donné suite à cette plainte patronale et a utilisé des propos honteux àl’encontre des personnels de l’inspection du travail.

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En complément de l’article paru dans Infor-mations ouvrières, n° 369, relatant l’opérationde communication de la ministre de l’Educa-tion nationale, Vallaud-Belkacem, au lycée Paul-Valéry, à Paris, il nous a semblé intéressantd’apporter les précisions suivantes à propos del’accueil des enfants non francophones dans lesétablissements scolaires.

La ministre avait monté une opéra-tion très médiatisée pour instru-mentaliser le dispositif d’accueil desjeunes Syriens, en annonçant savenue au lycée Paul-Valéry, où il

existe des classes d’accueil. Le jour dit, lesenseignants s’étaient mis en grève contre laréforme des collèges et avaient exprimé le sou-hait de rencontrer la ministre pour le rétablis-sement des six heures supprimées dans lesclasses d’accueil du lycée à la rentrée. Pour toute réponse, la ministre annula pure-ment et simplement sa visite. Ses conseillersavaient « oublié » de retirer du site officiel lesphotos qui rendaient compte de cette visite quin’avait jamais eu lieu. Les enseignants, médu-sés, ont exigé, et l’ont fait savoir, que l’on retirele faux compte rendu ; ce fut fait deux jours

après. Cela pourrait prêter à sourire si le sujetn’était pas dramatique. La politique d’accueil des enfants étrangers s’estaggravée ces dernières années, notamment endirection des mineurs isolés. Passédix-huit ans, ces jeunes peuvent êtrejuridiquement expulsés et ne dis-posent plus d’aucune aide alimen-taire ou de logement en foyer. Le filtreest effectué par les services de l’aidesociale à l’enfance (ASE), qui dé-pendent du président conseil géné-ral du département. Pour détermi-ner l’âge, l’ASE ne reconnaît passystématiquement les papiers d’iden-tité (passeports et certificats), alorsque c’est le cas pour tous les citoyenset touristes étrangers. Depuis janvier 2015, les services durectorat de Paris s’alignent sur les cri-tères de l’ASE, qui, au lieu de se fieraux papiers, en cas de doute sur l’au-thenticité des actes, demande uneétude du système osseux. De nom-breuses associations protestent contre ces pra-tiques d’un autre âge et s’appuient sur l’article47 du Code civil, qui prévoit que « tout acte civil

des Français et des étrangers fait en pays étrangeret rédigé dans les formes usitées dans ce pays faitfoi, sauf si d’autres actes ou pièces détenues, desdonnées extérieures ou des éléments tirés de l’acte

lui-même établissent, le caséchéant, après toutes vérificationsutiles, que cet acte est irrégulier,falsifié ou que les faits qui y sontdéclarés ne correspondent pas àla réalité ».Dans la moitié des cas soumis àcette « expertise », le verdict est lerefus de les considérer commemineurs, donc de les intégrer dansune classe d’accueil.Ce contrôleest effectué plusieurs mois aprèsl’arrivée, du fait des délais admi-nistratifs pour passer les tests,ajoutés aux lenteurs inhérentesaux services de l’ASE. L’attentepeut être très longue, rendant lesrecours impossibles.La fiabilité de ces « critèresosseux » est pourtant très contro-

versée sur le plan scientifique, avec un risqued’erreur reconnu de dix-huit mois. Ces enfantssont donc invités, dans l’attente d’un charter vers

leur pays d’origine, ou d’un camp de rétention,à errer dans les rues. Ils deviennent de « jeunesSDF ». A Paris, en 2014, sur plus de 6 000 mineursisolés accueillis, 120 ont été dans ce cas. Des asso-ciations tentent de leur venir en aide, mais, si lesystème ne se modifie pas, ce sont des centainesde jeunes non scolarisés, donc non protégés,exclus du système scolaire, qui seront condam-nés à errer.Sur cette question, la ministre de l’Educationnationale fait fi d’un principe fondamental définidepuis 1945 : la scolarisation de tout enfant vivantsur le territoire français est un droit républi-cain, et ce, quelle que soit sa situation adminis-trative. Le ministère envisage, a déclaré le directeurdu rectorat de Paris, de transmettre ces cas à desstructures d’accueil privées ne dépendant pasde l’Education nationale. Il fallait y penser… Les personnels enseignantsen charge des classes d’accueil ont reçu cetteannonce, faite lors de la rentrée, dans un silenceglacial, alors que le directeur attendait des applau-dissements. Ils comptent bien mobiliser l’opi-nion pour que ces jeunes continuent de releverde l’Education nationale et soient placés en classesd’accueil, et non dirigés vers des officines ou asso-ciations privées. �

Deux professeurs exerçant dans des classes d’accueil parisiennes

Accueil des enfants étrangers isolés : quand l’hypocrisie le dispute au sordide !

Elle vit à Sevran, en Seine-Saint-Denis. Fanchon entre en cours pré-paratoire, un an après la loi defévrier 2005. Aujourd’hui, elle est,depuis un an et six mois, dans un

institut thérapeutique et éducatif et pédago-gique (ITEP), dans les Hauts-de-Seine. Elle apresque 15 ans... Elle y restera jusqu’à ses 17 ans,dans une structure à petits effectifs, où elle estencadrée par un personnel nombreux et spé-cialisé. Elle fait du cheval, de la poterie, de lasculpture, du théâtre, de la cuisine... Elle parten vacances et elle va au collège, huit heurespar semaine. Elle n’a plus de punitions et com-mence à rester assise et à travailler. Comme samaman travaille tôt le matin, dans un lycée,c’est la Sécurité sociale qui met à sa disposi-tion, gratuitement, une personne qui vient lachercher, chez elle, le lundi matin et la ramènele vendredi soir. Fanchon ne pique plus querarement ses colères horribles qui terrorisaientson entourage et... elle-même ! Mais pourquoilui a-t-il fallu attendre ses 13 ans pour avoirdroit à ce traitement normal pour un enfantsouffrant de troubles du comportement ?

Ça coûtait moins cher…

Quand elle est entrée en CP, ses troubles exis-taient déjà. La loi de février 2005 venait d’êtrevotée. Les enseignants devaient accepter tousles enfants, sous peine d’être taxés d’incompé-tents et de sectaires inhumains anti-handica-pés. Les pressions étaient grandes et les sanctionsaussi. Moins on signalait d’enfants maladesayant besoin d’une prise en charge spécialisée,plus on était bien vu par l’inspecteur de l’Edu-cation nationale, car moins ça coûtait cher.Fanchon ne faisait jamais une journée complètedans sa classe. Comme elle était instable etodieuse, souvent dangereuse, elle allait dans lebureau du directeur, ou une heure-là, une heureici... Elle était reçue par des psychologues sco-laires qui lui faisaient des leçons de morale,après avoir essayé, en vain, de savoir « pourquoitu as fait ça ? ». Comment l’aurait-elle su ?Comme le prévoit la loi de février 2005, l’écoledoit être son propre recours, de projet en pro-jet, de promesses en promesses, jamais tenues.

Jamais l’Education nationale n’a prévenu lesparents que leur fille était malade. Le seul méde-cin scolaire de la ville a presque dix mille élèvesà charge !

L’arrivée au collège, une catastrophe

Bien que retraités, mais en mission dans lesécoles de la ville, nous l’avons aidée. Et lamaman, syndicaliste ouvrière, perçoit que safille « déraille ». Elle contacte le centre médico-pédagogique de Sevran (CMP). Fanchon vientou ne vient pas... la mère travaille.L’arrivée au collège fut une catastrophe. Inca-pable de tenir en place, grossière, bavarde, sepromenant constamment dans laclasse, agressant les autres élèves,insultant les professeurs, les sur-veillants, Fanchon rend la vieimpossible à tous. Toute la classe est bouleversée. Lesenseignants craquent à tour derôle ! Elle agresse une autre élève.Le conseil de discipline est convo-qué : exclusion. La demande de prise en charge parla maison départementale du han-dicap (MDPH) n’est toujours pasrelayée par l’Education nationale.Les courriers de la mère restentlettre morte. Toujours cette chapede plomb sur la tête de la directiondu collège, des enseignants qui cul-pabilisent depuis février 2005 !

Après mille et une démarches…

Nous aidons la maman : énième dossier à laMDPH, rencontre avec le CMP de Sevran. Unautre collège est trouvé à Aulnay... loin de chezelle. Les problèmes financiers de la maman, sur-endettée, augmentent !Après mille et une démarches, la MDPH prendle dossier en main. Nous avons le droit d’ac-compagner la mère et d’assister à la CADPH(commission des droits et de l’autonomie despersonnes handicapées). On lui propose uneprise en charge par le SESSAD (service d’édu-cation spéciale et de soins à domicile) et l’aide

sociale à l’enfance (ASE). Au SESSAD, Fanchony va une fois : « Y’a que des voyous, je n’y remet-trai plus les pieds ! »L’ASE est toujours sur répondeur... Et enfin, aprèsplusieurs mois : « Il n’y a pas d’éducatrice. »Pas d’établissement régional d’enseignementadapté (EREA) dans le département.Au collège, les problèmes s’aggravent. Sa mèrevient souvent la chercher au commissariat.

La galère continue

La MDPH demande un bilan de santé à l’hôpi-tal Robert-Debré : un an et demi d’attente.Depuis, nous venons d’apprendre que cet hôpi-

tal ne fait plus ces bilans et ren-voie à des pédopsychiatres privés(à 450 euros le test !). Nous sommesdésespérés. Le médecin du centremédical de santé (CMS) solutionnele problème. Les personnels duCMP interviennent pour préparerla mère et la fille à être séparées.Quelle galère ! Il a fallu notre achar-nement et la confiance de lamaman et de l’adolescente pourque, enfin, cette dernière soit priseen charge et commence à être « soignée ». Il aura fallu plus desept ans ! Elle commence à vivreautre chose que l’angoisse, lacolère, le mal-être.Alors des tas de questions sans

réponse, actuellement, se posent : si Fanchonn’avait pas été abandonnée pendant sept ansau fond d’une classe ou dans les couloirs, si « l’intérêt » de l’enfant (comme dit la ministre)avait été pris en compte et que des personnelsdont c’est le métier, payés par la Sécurité sociale,c’est-à-dire par nous tous, avaient pu, dès sessix ans, la prendre en charge. Si…Cela, c’est ce que vivent tous les jours ces enfants,leurs parents et leurs maîtres. A Sevran, ils sontune dizaine par école !L’Etat s’en lave les mains... Economie ! Econo-mie ! Un enfant chez lui, ou à l’école, c’est toutbénéfice pour le budget de l’Etat ! C’est bien plus urgent de dégager des milliardspour aller bombarder la Syrie ! �

Denise Landron

La loi d’intégration des enfants handicapés dans les classes ordinairesdu 5 février 2005 : dix ans de maltraitance d’enfants

Où en est-on ? L’épreuve des faits : Fanchon, un exemple précis de sept ans de galère

Correspondant

La situation dramatiquede la médecine scolaireen Seine-Saint-Denis

Seize villes du département n’ont plus de méde-cins scolaires sur place, en partie ou totalité.

Le manque de médecins généralisteset de toutes spécialités, pour lequelle Conseil de l’ordre lui-même s’estinquiété récemment, se répercuted’une façon dramatique sur la

médecine de prévention : protection maternelleet infantile, médecine scolaire, médecine dutravail. La situation en médecine scolairenotamment est gravissime : quelques départe-ments n’ont plus du tout de médecins scolaires.Dans la région parisienne, l’académie de Créteilest la plus touchée, particulièrement en Seine-Saint-Denis (93) : sur 49 postes de titulaires,seuls 17 sont pourvus, pour 32 000 élèves, et lesmédecins du département estiment qu’il n’y enaura plus aucun en 2025, du fait des départs enretraite. Or ce département a une populationparticulièrement défavorisée, qui souffre à lafois de difficultés d’accès aux soins et dumanque de structures de diagnostic et de priseen charge (consultations spécialisées, CMPP,hôpitaux de jour, internats thérapeutiques,IME…).Les services départementaux de l’Educationnationale font le choix d’agrandir chaque annéedavantage, au fil des départs, les secteurs d’in-tervention des médecins titulaires encore enposte (en cette rentrée, seize villes du départe-ment n’ont plus de médecins sur place, sur unepartie ou totalité de la ville).

La santé des enfants est en danger

Les médecins de Seine-Saint-Denis, conscientsd’être dans l’impossibilité de réaliser les mis-sions qui leur sont confiées et du danger pour lasanté des enfants scolarisés que cela entraîne,ont décidé d’écrire collectivement au directeuracadémique des services départementaux del’Education nationale pour expliquer leurinquiétude et leur refus.Ils considèrent, alors que les missions de santéobligatoires ne cessent d’augmenter, que lesconditions qu’on leur impose réduisent leurintervention aux « urgences » et aux « situationsqui se sont détériorées du fait de l’absence de pré-vention ». Cela est pour eux inacceptable, dénuéde sens, contraire à leur déontologie et aux mis-sions de prévention médicale qui leur ont étéconfiées auprès des élèves. �

Depuis janvier 2015,les services du rectorat de Parisdemandent une étude du système osseuxdes élèves étrangerspour déterminerleur âge.

C’est ce que viventtous les jours ces enfants, leurs parents, et leurs maîtres. A Sevran, ils sont une dizainepar école !

TRIBUNES LIBRES 9INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 374 Semaine du 22 au 28 octobre 2015

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PARTI OUVRIER INDÉPENDANT

LA VIE DU PARTI10 INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 374 Semaine du 22 au 28 octobre 2015

Vers le Ve Congrès ouvert du POI

Correspondant

Le jeudi 15 octobre, à Poitiers, tren-te militants ouvriers se sontréunis, certains étant membres duPOI, d’autres non. Le débat qui a

traversé cette réunion a été fortement mar-qué par les questions autour de la lutte declasse, de la résistance, de l’unité, à AirFrance, bien entendu, mais aussi chez lesenseignants, avec la jonction enseignants-parents contre la réforme du collège, le 10 octobre.Revenons au débat : « La territorialisation,la loi NOTRe, la baisse de la dotation globalede fonctionnement impactent les servicespublics municipaux, les emplois, et s’y ajoutele coup de force du gouvernement avec lePPCR. »Ces coups portés, à Poitiers comme ailleurs,suscitent la mobilisation des élus, mais aussicelle des fonctionnaires territoriaux, avecleurs organisations syndicales, pour fairereculer le gouvernement. Le chômage conti-nue à progresser dans notre pays. Et, pourtant, un vaste plan se met en placepour s’attaquer à Pôle emploi, contre les chô-

meurs et les agents : « Ils voudraient qu’uneboîte privée fasse les dossiers à la place desagents de Pôle emploi. A partir du 11 janvier2016, toutes les agences de Pôle emploi serontfermées l’après-midi. Mille huit cents jeunesdevraient faire le travail des agents ANPE à4,49 euros l’heure ! Il faut préparer la riposteunie pour bloquer ce plan. »

LA RÉFORME DU COLLÈGE : RIEN N’EST JOUÉ« Nous refusons la suppression des disciplines,des dizaines de réunions de mobilisation setiennent dans les collèges. Et maintenant, nousrefusons d’appliquer collectivement cetteréforme. Sauver le collège, comme l’hôpital,La Poste (…). Il faut construire un mouve-ment d’ensemble. Le 10 octobre était une étapede l’action. Avec quatorze organisations syn-dicales, cela va se poursuivre. »Attention, il ne faut pas sous-estimer la loiRebsamen et ses conséquences : « Elle va faireperdre des mandats aux délégués syndicauxdans les petites entreprises. Les boîtes essaientde faire en sorte de réorganiser, de fusionner,pour remettre en cause les mandats syndi-caux, l’organisation des travailleurs avec leurs

syndicats. Nous combattons cela. Je travailledans la construction, nous sommes en traind’organiser ce combat. »

LA PLACE D’INFORMATIONS OUVRIÈRESHeureusement qu’Informations ouvrièresexiste. D’abord, « l’information sur les résis-tances. Ou encore l’analyse du rapport Com-brexelle, de la loi Rebsamen, de la loi Touraine,de PPCR (…). Aujourd’hui, le combat qui semène à Montmorillon contre la fermetured’écoles montre la résistance des enseignantset des parents, qui ne lâchent rien. Une écolequi ferme ne rouvre pas. Alors, il faut pour-suivre. A mon avis, cela vaut aussi pour lesretraites. Il faut aller à la reconquête. Les jeunesveulent travailler, alors il faut revenir aux 37,5 annuités (…). »Le Parti ouvrier indépendant « doit aussiinformer la population. Cela permet des pas-serelles comme pour la manifestation du 10 octobre parents-enseignants (…). »« Syndicaliste, je forme de jeunes militants autravail syndical. Il faut défendre les acquis de1936 et 1945. Nous sommes en 2015, et ils sonttoujours d’actualité, comme la lutte de classe.

Le mouvement ouvrier existe, comme la luttede classe, comme les syndicats ouvriers. Ilssont le moyen d’avancer. »Il faudra bien poser la question de la « grèveinterprofessionnelle pour bloquer le pays, fairereculer le gouvernement (…) ».

UNE RÉUNION OFFENSIVE MAIS LUCIDE Une réunion offensive, mais aussi lucide, aucentre de laquelle il y avait Informationsouvrières, comme tribune libre de la lutte declasse et comme hebdomadaire du Partiouvrier indépendant. Le congrès départe-mental ouvert aura lieu le 7 novembre dansla Vienne. Cette réunion est un élément de sa prépara-tion. Deux militants ouvriers ont décidé derejoindre le POI, deux autres ont décidé departiciper à la réunion nationale des « Amisd’Informations ouvrières » qui s’est tenue le17 octobre à Paris. L’assemblée a été una-nime pour continuer le combat de classe,poursuivre la campagne d’abonnements etde vente d’Informations ouvrières, et la cam-pagne de souscription : 200 euros de plusont été centralisés depuis. �

VIENNE

Assemblée du POI ouverte : lutte de classe et parti ouvrier indépendant

Charente-Maritime (15 octobre)

L a préparation des congrès ouverts (départementalet national) s’inscrit dans une situation politiquequi se tend chaque jour davantage (…). La classe

ouvrière résiste et cherche la voie du combat uni contre lapolitique du gouvernement. Dans notre département,cette résistance se manifeste aussi dans plusieurs sec-teurs : les territoriaux de La Rochelle, avec leurs syndicatsCGT et SUD, ont fait grève et envahi à plusieurs reprisesles séances du conseil municipal pour défendre leursdroits, les salariés de Wesper (Pons) et Saintronic(Saintes), avec leur syndicat CGT, ont manifesté à plu-sieurs reprises pour sauver leurs emplois. Jeudi 15 octobre, ils se sont de nouveau rassemblésdevant le palais de justice. Il y a aussi la situation drama-tique des universités. Dans toutes les discussions avec lessalariés, des questions sont soulevées : on ne va pas s’ensortir entreprise par entreprise pour sauver nos emplois(…). Dans cette situation, le comité départemental a prisplusieurs décisions : poursuivre la discussion avec lessyndicalistes territoriaux et leur proposer de donner uneinterview à Informations ouvrières ; faire connaître auprèsdes postiers et syndicalistes postiers le combat menédans l’Hérault pour le sauvetage des bureaux de poste ;poursuivre la vente du supplément à Informationsouvrières sur le rapport Combrexelle.Le comité départemental a adopté la lettre d’invitation aucongrès départemental ouvert (14 novembre) et dressé unepremière liste de vingt-cinq militants et élus, agriculteurs…à qui l’invitation va être adressée

Hauts-de-Seine (14 octobre)

L e comité départemental a discuté dans le détail dela diffusion d’Informations ouvrières. Il s’est fixél’objectif de maintenir le nombre d’abonnements

à 250 (moyenne avant les abonnements d’été) pour abon-ner le plus grand nombre possible de ceux qui étaient deslecteurs réguliers pendant l’année. Huit nouveaux abon-nements ont déjà été gagnés. Pour la souscription, l’ob-

jectif est de lever mille euros de plus en s’adressant auxabonnés et aux lecteurs du journal.Le comité départemental a également organisé la tenue ducongrès départemental ouvert (14 novembre), de son ordredu jour, des invitations.

Seine-Saint-Denis (12 octobre)

En Seine-Saint-Denis, la semaine dernière, lesagents de crèches et PMI du département étaienten grève, notamment pour défendre l’organisation

de leur temps de travail : 500 agents en grève, 35 crèchesfermées totalement, 55 crèches touchées par la grève. AuBlanc-Mesnil, vendredi 9 octobre, les agents de la média-thèque municipale étaient en grève contre le projet defermeture de la structure. A Saint-Ouen, plus de 400 agents municipaux et de l’OPH se sont rassemblésavec des usagers devant la mairie contre la fusion-liqui-dation de l’OPH municipal avec un établissement privé.Des débrayages ont eu lieu à Est-Ensemble, à Pierrefitte…(…) Le contenu du Ve Congrès ouvert du POI prend danscette situation toute sa pertinence. Comment aider la massedes militants qui cherchent à combattre à surmonter lesobstacles, à coordonner – avec leurs organisations et dansleurs organisations – leurs actions pour leurs revendica-tions ? Cela pose la question du « tous ensemble », de lagrève générale interprofessionnelle contre la politique dugouvernement.Pour ce faire, nous disposons d’Informations ouvrières, à lafois journal du POI et tribune libre de la lutte des classes.(…) A la suite de la réunion nationale des Amis d’Informa-tions ouvrières, le 17 octobre, une invitation sera proposéeaux comités pour le congrès départemental ouvert.

Hérault (12 octobre)

Une réunion préparatoire à la rencontre nationaledu 17 octobre (les Amis d’Informations ouvrières)s’est tenue à Montpellier. Des camarades syndica-

listes étaient présents, de toutes tendances, de différentssecteurs : université, enseignement supérieur, collèges,

cheminots, CHU, CNRS, certains étant au POI, d’autresn’y étant pas. Trois camarades se sont proposés pour par-ticiper à la rencontre du 17 octobre. Ils organiseront uneréunion de compte rendu.

DIFFUSIONS SUR LES MARCHÉS

PARIS XVIIIe : MOBILISATION CONTRE LA RÉFORME DU COLLÈGEDes diffusions ont été organisées avec treize adhérents dansneuf écoles de l’arrondissement. Des contacts ont été prisavec deux directeurs d’école, qui ont décidé de faire connaîtrele tract « Le POI informe » aux enseignants de leurs éta-blissements. A quoi s’ajoutent les quatre diffusions « habituelles » (mar-ché, Monoprix, la poste, la mairie) et l’intervention descamarades enseignants, avec leur syndicat, dans leurs éta-blissements. Une contribution sur la manifestation du 10 octobre sera envoyée à Informations ouvrières.

PARIS XXe

« Qu’est-ce qui donne ce culot à la ministre de l’Educationnationale de ne pas recevoir une délégation de 14 syndicatsenseignants ? »C’est sous cette forme que nous interpellions les habitants,côtoyés par des diffuseurs du PS qui tenaient une table pourleur « référendum » sans y croire vraiment. Timide argument de leur part : « L’union de la gauche estimportante, sinon ce sera Le Pen. » Réponse énervée despassants : « C’est de leur faute si Le Pen progresse… » « Droiteou gauche, c’est la même politique, voire pire. » Nous avons vendu cinq journaux et deux brochures sur « lesacquis de 45 ». Aucun parmi ceux avec qui nous avons discuté ne se posaitla question : quel gouvernement ou quel programme pourle prochain gouvernement ? La discussion a surtout porté sur le débat qu’Informationsouvrières entretient depuis plusieurs mois avec des syndi-calistes, des élus. �

Dans les réunions des comités départementaux

Dès aujourd’hui, abonnez-vous ou renou velez votre abonnement et versez à la souscription financière

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POI � Je souhaite prendre contact avec le Parti ouvrier indépendant

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Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Bulletin à retourner à : Parti ouvrier indépendant 87, rue du Faubourg-Saint-Denis 75010 Paris

LA VIE DU PARTI 11INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 374 Semaine du 22 au 28 octobre 2015

Correspondant

Toujours le même thème pour cette troisièmeréunion en un mois, ce lundi 5 octobre, danscette partie du département : commentdéfendre le maintien des bureaux de postedans les communes ?

P résidée par le maire de la commune,la tribune était composée égale-ment de la première adjointe, de laconseillère départementale du can-

ton et de la coordinatrice de l’action pour ladéfense des bureaux de poste et contre la pri-vatisation de La Poste.Tous les maires et élus présents ont d’embléepris la parole pour exprimer leurs inquiétudeset leurs interrogations : « Comment faire ? »,a dit l’un d’entre eux. « Peux-t-on refuser le fac-teur-guichetier ? » « On a pas le choix ! »,a répondu un autre maire, « sinon, ils proposentl’agence postale communale ! »

« COMMENT FAIRE ? »« Cela fait longtemps que La Poste cherche à modi-fier les choses », a affirmé une factrice syndica-liste. « Avant, c’était des receveurs qui tenaient lebureau, ils avaient un autre déroulement de car-rière et un statut ! Là, pour les facteurs-guichetiers,La Poste a prévu un volant d’heures supplémen-

taires de 200 h/an pour que nous arrivions à toutfaire... Il faut savoir que, jusqu’à présent, nos heuressupplémentaires n’étaient pas payées ! » « On a gagné deux heures d’ouverture en plusdans la semaine », a ajouté un maire. « Avant,notre bureau était ouvert huit heures par semaine,aujourd’hui, avec le facteur-guichetier, il seraouvert six jours par semaine, deux heures chaquematin. » « Ah bon ! », s’est exclamé un autremaire. « La direction de La Poste, quand elle est venuenous rencontrer, nous a proposé beaucoup moinsd’heures d’ouverture ! » « On peut vous aiderquand ils reviendront », propose une élue. « Onleur fera comprendre que ce ne peut pas être à latête du client et que nous sommes solidaires. » « LaPoste ne fait que nous informer qu’il y a un fac-teur-guichetier », ajoute un élu. « On est informé, c’est tout, après on peut négo-cier sur les horaires d’ouverture ! Pour nous, il esthors de question de mettre une agence postalecommunale, avec les baisses de dotations de l’Etatde 30 %. Ce n’est même pas envisageable ! » « Il y a de quoi être inquiet sur le devenir desbureaux de poste », a rétorqué un usager. « Dansma commune, je viens d’apprendre la probablemise en place d’une maison de services au public,intégrant sous le même toit services publics etprivés. » « C’est dans un contexte général de réduc-tion de tous les services publics que la direction

de La Poste propose l’agence postale ou le fac-teur-guichetier », a répondu la coordinatrice del’initiative pour la défense des bureaux de poste.Ce dernier dispositif est valable pour trois ans.Il reste 9 000 bureaux de poste en France sur les36 000 communes, dont 180 dans l’Hérault. Cequi est visé, c’est, à terme, la fermeture de tousnos bureaux de poste. »Poursuivant : « Il est vrai que c’est par un mou-vement d’ensemble que nous pourrons faire recu-ler la direction de La Poste. Je vous propose decontinuer dans ce sens ! Réaffirmons notre déter-mination pour maintenir des bureaux de postede plein exercice dans nos communes, faisonssigner massivement l’adresse à la population quenous avons rédigée ensemble et poursuivons nosliens avec les postiers qui se battent quotidien-nement avec leurs syndicats pour conserver leursemplois et leur statut ! »

PROPOSITION DE DÉLIBÉRATIONPlusieurs élus présents ont donc décidé de pro-poser une délibération lors de la réunion de leurprochain conseil municipal et de soumettre àla signature de leurs administrés l’adresse à lapopulation donnant toutes les explications. La conseillère départementale, très attentive audébat, a déclaré qu’elle en informerait songroupe au conseil départemental lors de leurprochaine réunion. �

(21 et 22 novembre 2015)Campagne de souscription à Informationsouvrières

60 554,31 euroscentralisés au 19 octobre 2015Ain : 670,00 €Aisne : 70,00 €Alpes-de-Haute-Provence : 648,00 €Hautes-Alpes : 80,00 €Alpes-Maritimes : 245,00 €Ardèche : 248,00 €Ariège : 110,00 €Aube : 150,00 €Aude : 563,00 €Bouches-du-Rhône : 1 552,00 €Cantal : 10,00 €Charente-Maritime : 569,90 €Cher : 64,00 €Corrèze : 240,00 €Côte-d’Or : 100,00 €Côtes-d’Armor : 165,00 €Creuse : 100,00 €Dordogne : 312,00 €Doubs : 330,00 €Drôme : 280,00 €Eure : 72,50 €Finistère : 42,00 €Gard : 245,40 €Haute-Garonne : 428,50 €Gironde : 1 504,00 €Hérault : 249,50 €Ille-et-Vilaine : 200,00 €Indre-et-Loire : 268,75 €Isère : 889,00 €Jura : 717,00 €Landes : 8,00 €Loire : 1 000,00 €Haute-Loire : 291,00 €Loire-Atlantique : 1 336,00 €Lot : 100,00 €Lot-et-Garonne : 20,00 €Lozère : 150,00 €Maine-et-Loire : 1 028,00 €Manche : 100,00 €Marne : 230,00 €Haute-Marne : 100,00 €Mayenne : 50,00 €Meurthe-et-Moselle : 103,00 €Morbihan : 350,00 €Moselle : 30,00 €Nièvre : 70,00 €Nord : 100,00 €Oise : 376,00 €Puy-de-Dôme : 395,00 €Pyrénées-Atlantiques : 735,00 €Pyrénées-Orientales : 750,00 €Bas-Rhin : 176,00 €Rhône : 1 582,00 €Saône-et-Loire : 240,00 €Sarthe : 405,00 €Savoie : 1 128,00 €Haute-Savoie : 334,00 €Paris : 18 090,00 €Seine-Maritime : 768,60 €Seine-et-Marne : 370,00 €Yvelines : 291,31 €Somme : 452,85 €Tarn : 524,50 €Tarn-et-Garonne : 1 000,00 €Var : 85,00 €Vaucluse : 37,50 €Vienne : 520,00 €Haute-Vienne : 30,00 €Vosges : 100,00 €Yonne : 10,00 €Belfort : 20,00 €Essonne : 8 326,00 €Hauts-de-Seine : 1 502,00 €Seine-Saint-Denis : 2 250,00 €Val-de-Marne : 763,00 €Val-d’Oise : 2 463,00 €Divers : 640 €Nous vous appelons à verser pour la souscriptionfinancière pour la nouvelle formule d’IO :

OBJECTIF : 150 000 EUROS (chèques à l’ordre d’“Informations ouvrières”)

Vendredi 25 septembre a eu lieu une réunion,en Charente-Maritime, à l’initiative du POI, àlaquelle ont participé des viticulteurs. La dis-cussion s’est menée autour des articles paruscet été dans Informations ouvrières.

Il y a eu la mobilisation des paysans, lesbarrages sur les routes, la montée à Paris.Et le président de la FNSEA, débordé, sefait huer par les manifestants, à qui il

expliquait que le gouvernementleur avait donné satisfaction.On a parlé des primes de la PAC. Cen’est pas ça qu’on veut, mais desprix rémunérateurs, qui nous per-mettent de vivre. Des prix « plan-cher » fixés et garantis par l’Etat, et,pour cela, il faut que soit rétabli lecoefficient multiplicateur. Parceque ça fait longtemps qu’on ne s’ensort pas, avec les coûts de produc-tion qui grimpent, et alors qu’onnous paie, ici, dans les « bons bois »et « fins bois » (appellation des crus),l’hectolitre d’alcool pur entre 800 et 900 euros.En « grande champagne » et « petite cham-pagne », les prix varient entre 1 500 et 2 000 euros.Ces prix sont fixés par le Bureau national inter-professionnel du cognac (BNIC), qui représenteles intérêts des grandes maisons de négoce, telles

que LVMH (Martell, Hennessy). L’Union euro-péenne a décidé de nous affamer. Les petits viti-culteurs, comme nous, devraient être mangéspar les gros. Il faudrait qu’on puisse s’organiser. En Charente-Maritime, le Modef ne nous défend plus. Cer-tains dirigeants ont dit, il y a quelques années,qu’il ne fallait plus d’actions musclées. Et pour-tant, lorsqu’on s’y mettait, avec les tracteurs, lestombereaux de fumier, il y avait du monde, et

souvent ont gagnait ! On a discutéqu’il fallait qu’on s’organise. Il y acinq mille viticulteurs dans les deuxCharentes. Dans l’appellation decognac « bons bois », il y a en 900.Aux dernières élections à l’Orga-nisme de défense et de gestionpour l’AOC cognac (ODG), on s’estprésenté à deux, contre les candi-dats qui représentent les exploi-tants les plus riches. On a eu 140 voix sur 400 votants. Cela signi-fie que les paysans en ont assezdes responsables qui ne les défen-

dent pas. Il faut qu’on crée une association, unsyndicat, pour aider les paysans à s’organiserpour défendre leurs intérêts face aux grandesmaisons de cognac qui nous exploitent. Aprèsles vendanges, on s’y met, on va envoyer descourriers, et on tiendra des réunions.

Et lorsque des petits paysans, étranglés par lesbanques, passeront en justice, on ira les accom-pagner. On ne veut plus voir des paysans pleu-rer au tribunal parce qu’on leur saisit tout cequ’ils ont, alors qu’ils se sont sacrifiés toute leurvie ! Dans le film Germinal, on a vu les ouvriers sebattre, à une époque où les conditions étaientextrêmement difficiles. Nous n’avons pas lechoix, nous, les paysans, il faut se battre aussi.Cet après-midi, il y avait un rassemblement,appelé par la CGT, devant la mairie de Pons,pour défendre les cent salariés de Wesper quisont en chômage technique ; l’usine risque defermer. Le repreneur l’a rachetée l’an dernier,uniquement pour avoir la marque. D’un côté,le nombre de chômeurs qui augmente et, del’autre, des actionnaires qui n’ont jamais autantfait de profits.Il va y avoir le Ve Congrès du POI, les 21 et 22 novembre. Cela nous intéresse d’y aller. C’estutile de voir les problèmes qui se posent ailleursque chez nous, comment s’organise la résis-tance. Et ça nous permettra de discuter avec desagriculteurs de différentes régions.La réunion s’est terminée par un verre d’excel-lent pineau.

Philippe D., Olivier C., Philippe R.,

viticulteurs en Charente-Maritime �

CHARENTE-MARITIME

“Il faut que les viticulteurs s’organisent face aux négociants et aux grandes maisons”

AUTIGNAC (HÉRAULT)

Une vingtaine d’élus se sont retrouvés pour la défense des bureaux de poste

“Les paysans en ont assez des responsables qui ne les défendent pas”

PARTI OUVRIER INDÉPENDANT 87, rue du Faubourg-Saint-Denis, 75010 Paris - Tél. : 01 48 01 85 85 - E-mail : [email protected]

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L’ACTUALITÉ INTERNATIONALE12 INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 374 Semaine du 22 au 28 octobre 2015

Photo AFP

Photo AFP

Légitime défense ?Face au peuple palestinien qui se dresse pour ses droits, le président Obama a tenu à rap-peler, vendredi 16 octobre 2015,sa « conviction qu’Israël a le droitde maintenir l’ordre et la loi et de protéger ses citoyens des attaques au couteau ».Comme lors des agressionscontre Gaza en 2008-2009, 2012 et 2014, le plus haut représentantde l’impérialisme américainapporte son appui à l’Etat sioniste, qui se prétend en « légitime défense ».Plus « aucune limite dans les acti-vités des forces de sécurité », avaitprévenu Benyamin Netanyahou.Son ministre de la Sécuritépublique, Gilad Erdan, a traduit :« Tout terroriste devrait savoirqu’il ne survivra pas à une attaque qu’il est sur le pointde commettre. »C’est le shoot to kill(tirer pour tuer) en vertu duquelplus de vingt jeunes qui ne por-taient ni arme ni couteau ont été abattus par l’armée ou la police depuis le 1er octobre.Légitime défense ? Légitime défense, la chasse aufaciès, le lynchage d’innocents,comme ce travailleur de la gareroutière centrale de Beer Sheva,« A cause de la couleur de sa peau », a titré le quotidienisraélien Yediot Aharonot, lundi 19 octobre ?Légitime défense, l’exécutionsommaire de Fadi Alloun et cellede Shaaban, abattus de dix balles,à la gare routière de Jérusalem,parce que des gens ont crié « terroriste ! ». Un homme qui« n’a touché personne et n’avaitpas de couteau », ont dit les témoins effarés ? Légitime défense, la démolitionsous quinze jours des maisons de Palestiniens soupçonnésd’agression, avec interdiction aux familles de la reconstruire ?Légitime défense, le licenciementdes salariés d’une municipalité,au seul motif qu’ils sont arabespalestiniens, ou celui d’employésqui parlent arabe entre eux, alors que leur employeur le leur a interdit ? (Voir l’appel du Syndicat des travailleursarabes de Nazareth.)L’Etat sioniste est doté d’une des armées les plus puissantes du monde. Elle réprime impitoya-blement et tire à vue sur desjeunes gens et des jeunes fillesarmés de lance-pierres, parce qu’ils sont palestiniens.Cela illustre le chaos que repré-sente la « solution de deux Etats ». La légitime défense est le falla-cieux prétexte avancé par les tenants du vieux monde pourjustifier la négation des droits du peuple palestinien à vivre sur la terre de ses ancêtres, à avoirun pays : la Palestine historique.

Palestine : le peuple dans

Que t’inspire la répression violente qui frappeaujourd’hui les jeunes Palestiniens ? Après les trois guerres que nos frères de Gazaont subies en sept ans et le blocus qui voudraitles tuer lentement, ce que font l’armée et lapolice israélienne à Jérusalem, en Cisjordanieet dans les territoires de 1948 (l’Etat d’Israël),c’est de la barbarie. Ils tuent de sang-froid. Israëlne peut pas continuer de tuer des enfants inno-cents. Cela ne peut plus durer.

Dans le mouvement qui voit le peuple pales-tinien se dresser, les jeunes sont en premièreligne. Comment expliques-tu cela ? La révolte chez les jeunes ne pouvait qu’écla-ter. Certains mettent leur vie en danger, maisc’était inéluctable.Les dirigeants palestiniens, et les partis arabes,l’Autorité palestinienne, les députés arabes quisiègent à la Knesset (Parlement israélien), lesleaders du Hamas aussi, ne font rien depuis desannées. Il n’y a pas d’implication de leur part.Ils passent leur temps à accepter des compro-mis avec les autorités israéliennes qui mènentà l’impasse. Nous, les jeunes, on n’a connu que la vie sousl’occupation, l’extension des colonies, le vol desterres, la démolition des maisons, les contrôleshumiliants, la répression. Le gouvernementisraélien a modifié les règles d’accès à la mos-quée al-Aqsa. Cela dépasse la question des lieuxsacrés. L’esplanade des Mosquées représenteun cinquième de la superficie de Jérusalem. Elleest à la jonction de la ville arabe, de Jérusalemet des territoires de 1948. Des milliers de Pales-tiniens ont besoin d’y passer tous les jours pouraller travailler de l’autre côté. Interdire l’accèsà l’esplanade et bloquer la vieille ville de Jéru-salem, c’est emprisonner un peu plus les Pales-

tiniens. C’est ce qu’ils font partout en Palestine.Les Palestiniens ont réalisé cela. Avec les atro-cités de l’armée et de la police israélienne contrenous, nous, les jeunes, ils ne nous laissent pasd’autre choix que de résister et de participer àtoutes les activités de résistance, violente ounon violente. La révolte a éclaté, ça devait arri-ver !

Que penses-tu de la grève générale du 13 octobre ?La grève générale était appelée, dans les terri-toires de 1948, par le Haut Comité de suivipour les Arabes en Israël (composé notammentdes responsables municipaux et des représen-tants des principales organisations et des par-tis arabes de l’Etat d’Israël, NDLR).J’observe avec regret qu’elle n’est arrivée quedeux semaines après le début de la répression.Toutes les écoles ont fermé. Pas de cours à l’uni-versité. Les employés des municipalités arabeset des institutions publiques étaient en grève.Les magasins sont restés fermés. Ce qui est important, c’est que des grèves géné-rales ont eu lieu, le même jour, en Cisjordanieet dans la bande de Gaza. Cela prouve l’unitépalestinienne contre ceux qui violent nos droits.Même en Jordanie, plusieurs universités ontarrêté les cours pour organiser des manifesta-tions de solidarité.

Et les manifestations de masse ?Le 13 octobre, des dizaines de milliers de Pales-tiniens des territoires de 1948 ont manifesté àSakhnine, près d’Acre et de Karmiel, dans le norddu pays. C’est l’occupation qui motive la colèredes Palestiniens. Certains ont dénoncé les « inci-tations à la haine » et les « exécutions d’Arabesdans les rues d’Israël ». Sous des milliers de dra-peaux palestiniens, les manifestants ont scandé« Non à l’occupation ! Non à la colonisation ! ».Mes parents disent que c’est la plus grande mani-festation depuis 2000. �

La jeunessepalestinienne en première ligne

LA PAROLE À HANANE, étudiante palestinienne

Sakhnine, le 13 octobre : des dizaines de milliers de Palestiniens des territoires de 1948 ontmanifesté à Sakhnine, près d’Acre et de Karmiel, dans le nord du pays.

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Photo AFP

L’ACTUALITÉ INTERNATIONALE 13INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 374 Semaine du 22 au 28 octobre 2015

la rueAppel du Syndicat des travailleurs arabes

de Nazareth (17 octobre 2015)

“Stop au racisme israélien, aux agressions et aux licenciements

de travailleurs arabes pour opinion politique”

A lors que les Palestiniens de l’Etat d’Israël continuent de manifester contre l’oc-cupation israélienne, le racisme grandit dans la société israélienne à l’encontredes travailleurs arabes palestiniens parce qu’ils ont participé aux grandes mani-festations et à la grève générale de ces derniers jours.

Le Syndicat des travailleurs arabes de Nazareth informe que les agressions que com-mettent les colons israéliens contre les Palestiniens, devenues quotidiennes, se multi-plient maintenant contre des Arabes palestiniens qui travaillent dans les villes de l’Etatd’Israël.

Dans la ville de Rishon Le Zion (au sud de Tel-Aviv), de jeunes Israéliens ont attaquéun groupe de travailleurs arabes palestiniens du bâtiment et les ont chassés de leur lieude travail, aux cris de « Sales Arabes, rentrez à Nazareth jeter des pierres, nous ne voulonspas de travailleurs arabes dans notre ville ». La semaine dernière, des Israéliens ont agresséquatre salariés arabes, dont une femme, travaillant dans un restaurant de la ville de Neta-nya (au nord de Tel-Aviv). Ils ont dû être transportés à l’hôpital. A Kfar Saba (au nord deTel-Aviv), trois travailleurs arabes palestiniens d’une station-service ont été licenciés aprèsque l’employeur leur a interdit de parler arabe entre eux. A Givatayim (à l’est de Tel-Aviv),le maire a annoncé qu’il licencierait tous les travailleurs arabes palestiniens de la muni-cipalité après les événements survenus, le 18 octobre, à Beer Sheva.

Dans la ville juive d’Afoula (au sud de Nazareth), une chaîne de restaurants a licenciéonze travailleurs arabes ayant participé à la grève générale du 13 octobre, appelée par lesorganisations et partis palestiniens dans tout le pays.

Le Syndicat des travailleurs arabes de Nazareth, mandaté par onze salariés pour lesreprésenter devant les tribunaux, a activement engagé la bataille contre leurs employeurset a d’ores et déjà constitué un dossier juridique pour obtenir leur réintégration immé-diate.

STOP À LA DISCRIMINATION CONTRE LES TRAVAILLEURS ARABES AU MOTIF QU’ILS EXPRIMENT LEURS OPINIONS POLITIQUES ! APPORTEZ VOTRE SOLIDARITÉ ET VOTRE SOUTIEN À LA BATAILLE POUR QU’ILS PUISSENT TRAVAILLER DANS LA DIGNITÉ ET POUR RÉINTÉGRER LES SALARIÉS LICENCIÉS À LEURS POSTES DE TRAVAIL !

ALGÉRIE > Lu dans le quotidien Liberté (18 octobre)

Louisa Hanoune dénonce l’oligarchie

MALI > (Extraits du média algérien Reporters, 18 octobre)

Non à l’intervention militaire !OUMAR MARIKO, président du parti malien Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance

“La secrétaire générale duParti des travailleurs (PT),Louisa Hanoune, a invitéhier le président du parti

malien Solidarité africaine pour la démo-cratie et l’indépendance (Sadi) à une confé-rence de presse à son siège national à Alger,pour s’exprimer sur la question malienne. Le PT et Sadi sont deux partis degauche et partagent la mêmevision souverainiste des ques-tions politiques et géopolitiquesdu monde ou de la sous-régionsubsaharienne, dont l’Algérie faitpartie. A ce titre, Oumar Mariko,qui est également député, a misen avant la situation qui a prévaluavant et après l’intervention fran-çaise au Mali en faisant le pointsur la situation actuelle, suite àl’accord d’Alger. Il a commencé par exprimer laposition de son parti vis-à-vis del’intervention française au Malien 2013. “Nous étions contre l’in-tervention française dans notrepays et nous sommes contre toute interven-tion étrangère dans un pays souverain”, adéclaré le leader politique malien, qui estpartie prenante dans l’accord d’Alger sur leMali. Il a enchaîné en expliquant dans ledétail la préparation de cette interventionpar les forces internes qui ont desconnexions externes. “La France a incité les

Touaregs à la rébellion pour justifier sonintervention militaire. Le MNLA est unmouvement de la France qui réclame l’indé-pendance du nord du Mali. C’est une vieille revendication qui a étéréchauffée pour des objectifs autres que lesdroits du peuple malien”, a-t-il expliqué, enajoutant que “la France a réalisé un objectif

au Mali qui date de plu-sieurs décennies, à savoirla mise en place d’une basemilitaire française dansnotre pays”.Pour lui, la pauvreté et lesous-développement sontun marqueur national auMali et il n’existe pas uni-quement dans le Nord. “Il y a une fixation sur lesous-développement de larégion du Nord dont l’ob-jectif est de détruire l’Etatmalien. Sur les 15 millionsde Maliens, il n’y a enpas deux millions qui ontl’électricité”, a-t-il tonné

pour rétorquer à ceux qui font savoir qu’il ya du sous-développement uniquement auNord, en clarifiant que même le pétrole etl’uranium se trouvent dans des régionsautres que le Nord. Le député du parti de gauche malien Sadi aégalement souligné que l’Afrique entièreest en danger. » �

“La secrétaire générale duParti des travailleurs(PT), qui s’était déjà lon-guement exprimée surl’actualité et la situation

politique et sociale du pays lors de laréunion du bureau politique de son parti, arécidivé, hier, à partir d’Oran, à l’occasiond’un regroupement des cadres de son partià la salle Essaâda, en tenant un discours deplus d’une heure.Mais cette fois-ci, Louisa Hanoune choisira,sciemment, de cibler de manière acerbe etvirulente celui qu’elle ne nommera jamais,mais qu’elle ciblera sous le nom de“président des oligarques”, et d’au-cuns comprendront qu’il s’agit duprésident du FCE (1) Ali Haddad.C’est en des termes peu flatteursqu’elle parlera “du président des oli-garques”, en évoquant tout d’abord“cette réalité qui fait de l’Algérie leseul pays au monde à avoir deuxchefs du gouvernement, l’un officielet l’autre officieux et qui parle àl’étranger au nom du pays et de ladiplomatie algérienne”.L’oratrice, devant une salle atten-tive, dira encore que “le présidentdes oligarques dit qu’il est le partidu travail et à l’évidence et à monsens le seul parti du travail qui existeau monde se trouve en Israël… Il n’aaucune culture politique et confondune entreprise avec un parti poli-tique, il méconnaît jusqu’à l’histoire récentede son propre pays. Mais nous savons qu’au sein du FCE, tous nesont pas comme ça, il est triste de voir jus-qu’où le niveau est rabaissé.” Evoquant lamainmise de cette oligarchie sur des sec-teurs économiques de plus en plus grandset qui “a dévoyé la règle du 51/49 % à son pro-fit”, Louisa Hanoune réitère le combat deson parti aux côtés des travailleurs et pourla défense du secteur public et de la paix,ajoutant qu’il (le président du FCE, NDLR)

était de ceux qui ont profité et grandi durantces années de paix chèrement acquises enréférence à la décennie noire et de pour-suivre violemment : “L’oligarchie ne tolèrepas la démocratie, elle veut régner en capo-ralisant la vie politique en voulant instau-rer un ordre totalitaire.”Face à cette menace qu’elle a nommée, lasecrétaire générale du PT ne manque pasaussi de répondre aux derniers proposd’Ouyahia, en lui promettant de ne pas setaire. “Le secrétaire général du RND menace,il veut faire taire les partis, le peuple, qui doitmourir en silence. Nous disons non ! On ne

se taira pas et le peuple aussi, nouscontinuerons à lutter politique-ment et pacifiquement.”Revenant sur la récente “reprisepar l’Etat” du complexe sidérur-gique d’El-Hajar, la patronne duPT s’interroge et redoute une opé-ration opaque qui cacherait desdessous inavoués. Bien que se féli-citant de ce “retour”, elle rappelleque, dans le même temps, “c’estencore l’Etat qui va devoir épon-ger plus d’un milliard de dollarsd’endettement laissé par MittalSteel”. Elle fera ainsi un parallèleavec certains choix et décisionséconomiques, comme la ferme-ture d’entreprises publiques dansdes secteurs économiques stra-tégiques pour laisser la place àl’oligarchie montante.

Sur le plan économique toujours, elle fusti-gera encore les dispositions de la loi definances 2016, dénoncera les dernièresannonces faites lors de la tripartite et pro-mettra que son parti combattra les mesuresantisociales à l’APN (2). » �

(1) Le Forum des chefs d’entreprise (FCE) est l’orga-nisation du patronat algérien.(2) L’Assemblée populaire nationale (APN) est le Par-lement algérien.

“Le PT combattra les mesuresanti-sociales”

“Sur les 15 millions de Maliens,il n’y a enpas deux millions qui ont l’électricité”

Continuez de soutenir la campagne de défense du droit des travailleurs à s’organiser dans les centres d’appel !Aidez-nous à continuer de travailler dans la dignité

et à réintégrer les travailleurs à leurs postes de travail !Vive la classe ouvrière !

ENVOYEZ VOS PRISES DE POSITION À :[email protected] - Web : arab.workers.unAgence bancaire : Bank Leumi Le Israel B.M Nazareth Branch

SWIFT CODE-\BIC\TID\LUMIILITTLV ROUTING NUMBER- \\IL010794 - Compte numéro : 15988\47.

Nom du bénéficiaire : ARAB WORKERS UNION IN ISRAEL IBAN : IL670340020000001598847

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L’ACTUALITÉ INTERNATIONALE14 INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 374 Semaine du 22 au 28 octobre 2015

GUADELOUPE > Communiqué du Cicr

Relaxe pour Jocelyn Leborgne,dirigeant syndical de l’UGTG Jocelyn Leborgne, dirigeant syndi-cal de l’UGTG, qui avait refusé le pré-lèvement ADN, a été relaxé, le 23 mai2013, par le tribunal correctionnelde Pointe-à-Pitre. Mais il sera de nou-veau jugé le 27 octobre 2015 devantla cour d’appel de Basse-Terre, parceque le parquet, sous l’autorité de laministre de la Justice, Mme Taubira,a fait appel de la relaxe.

Le Cicr dénonce la chassesystématique aux militantssyndicalistes de l’UGTG etsoutient que la relaxe de

Jocelyn Leborgne ne peut qu’êtreconfirmée par la cour d’appel. Larépression s’est abattue sur JocelynLeborgne en novembre 2008 pen-dant la campagne pour les élec-tions prud’homales. Il avait inscritsur un mur « Votez UGTG », ce quilui a valu d’être condamné, le 9 juin2010, pour dégradation légère d’unbien d’utilité publique à 980 eurosd’amende et à l’obligation de sesoumettre au prélèvement biolo-gique comme un délinquantsexuel, ce qu’il a refusé.A la suite d’une campagne des orga-nisations syndicales dans l’Hexagoneet en Guadeloupe et du Cicr contreles tests ADN infligés aux syndica-listes, Jocelyn Leborgne a été relaxéle 23 mai 2013. Ce qui n’est que jus-tice, mais pas pour Mme Taubira, quiavait déclaré au Sénat « Il est en effetdifficile d’accepter que se trouventconfondus les personnes qui ont faitl’objet d’une procédure dans le cadred’une action syndicale et revendica-tive et des délinquants sexuels ou descriminels graves. »Non seulement « il est difficile d’ac-cepter », mais cela doit être refusé

catégoriquement et cela relève de la responsabilité de Mme Taubira,comme le lui a écrit le Cicr récem-ment.

LE CICR L’AFFIRME : C’EST INACCEPTABLE A plusieurs reprises, la mobilisationinternationale d’organisations syn-dicales, appuyée sur le combat per-manent des organisations syndicaleset populaires de Guadeloupe, a faitreculer le pouvoir colonial.Le dernier exemple en date est celuide Charly Lendo, ex-secrétaire géné-ral adjoint de l’UGTG, mis en exa-men pour homicide involontaire, quia été relaxé par le jugement du 20 janvier 2015.Le Cicr, reçu à plusieurs reprises, avecdes responsables syndicaux, par desreprésentants de la ministre de laJustice, Mme Christiane Taubira, etpar l’ancien ministre des Outre-Mer,M. Victorin Lurel, a dénoncé cettesituation de répression antisyndi-cale.De longue date, le Cicr appelle lesnombreuses organisations syndi-cales, en particulier de l’Hexagone,des Amériques et des Caraïbes, quise sont mobilisées pour Charly Lendoà s’adresser sous les formes qu’ellesjugeront les plus appropriées à laministre de la Justice et à la ministredes Outre-Mer pour exiger la relaxede Jocelyn Leborgne, l’arrêt de larépression antisyndicale.Sept ans de procédure pour avoir ins-crit « votez UGTG » et avoir refusé letest ADN, c’est inacceptable !Arrêt de la répression contre les syndicalistes !Relaxe pour Jocelyn Leborgne !

Paris, le 17 octobre 2015 �

Après la manifestationnationale organisée parla FGTB à Bruxelles, le 7 octobre, et qui avait

rassemblé cent mille travailleurs(lire Informations ouvrières, n° 373),des mouvements de grève et desblocages se poursuivent.Dès dimanche soir, les cheminots ontdébrayé en Wallonie, puis ceux deFlandres se sont à leur tour mis engrève, à l’appel de la FGTB, contre leplan de la ministre des Transports,

Jacqueline Galant, qui prévoit plu-sieurs milliers de suppressions d’em-plois au sein de la SNCB. Dans la province de Liège, le mouve-ment des cheminots était accompa-gné par des mobilisations de travail-leurs qui avaient installé des barragessur les autoroutes, ainsi qu’à l’entréede la ville de Liège. Ils ont bloqué lesaccès aux banques, aux centres com-merciaux et à la zone industrielle.

Correspondant �

Un an après la victoire de DilmaRoussef et du PT au second tour, lasituation est alarmante. L’engage-ment pris d’avancer vers les ré-formes populaires – politique,agraire, fiscale, etc. – a été laissé de

côté. La situation sociale s’aggrave, avec l’ajuste-ment fiscal du ministre Levy, pour réaliser desbénéfices et payer les banques.

C’est dans ces conditions que le putschisme pro-gresse dans l’opposition officielle et dans la coali-tion gouvernementale.

Intérêts de plus en plus élevés, nouvelles coupeset restrictions des droits. L’IGBE enregistre déjà plusd’un million de chômeurs pour cette dernière année.Les patrons en profitent pour imposer des ajuste-ments salariaux en dessous de l’inflation. Des pro-grammes sociaux, comme « Ma maison, ma vie » etla « Pharmacie populaire » sont réduits. Etats et muni-cipalités sont en difficulté.

Le pays s’enfonce dans la récession. La politiqueéconomique applique des points du programme deceux qui ont été battus. Les conquêtes des annéesprécédentes sont remises en cause. La frustrationprovoque l’effondrement de la présidente.

De cette manière, tandisque le gouvernement con-duit la direction et le groupeparlementaire du PT au sou-tien à l’ajustement fiscal, leparti perd sa capacité demobilisation, et la droite etles putschistes avancent. Leurbut est « l’exctinction » du PT,pour tout ce qu’il représente.Ainsi, le trésorier national, le camarade Vaccari, est em-prisonné – condamné il y aquinze ans sans preuves –, dessièges sont incendiés, des mi-litants sont intimidés et lesfonds du parti sont réduitsarbitrairement.

La justice, les procureurs etla police fédérale, avec le sou-tien des barons du milieu, uti-lisent l’opération Lava-Jato –en recourant à la récompensede la délation et à la torture psy-chologique qui auraient dû dis-paraître avec la dictature – pour,sous prétexte de combattre lacorruption, attaquer l’organisa-tion des travailleurs et l’économie nationale.

Le gouvernement est menacé d’empeachment(destitution) par l’opposition putschiste (PSDB,DEM, etc.) qui instrumentalise des tribunaux (TCU,TSE) et s’appuie sur le président de la chambre,Cunha (PMDB) – contre qui le PT ne doit pas hési-ter à se présenter – ou encore par d’autres secteursdu PMDB (Temer et Renan), qui jouent double jeu.

Ainsi, plus le gouvernement cède, plus le « mar-ché » exige. A chaque note des « agences de nota-tion », instruments des spéculateurs, la pressions’exerce sur le gouvernement. Plus est grand l’es-pace laissé au PMDB et autres au ministère, plus ilsexercent de pression sur le gouvernement au Congrès.C’est la voie du désastre !

“PAS UNE SEMAINE DE PLUS”Nous connaisons la crise du capitalisme. Nous

voyons l’impérialisme et ses agents dans toute l’Amé-rique latine tenter de récupérer des positions et dedéstabiliser certains gouvernements.

Mais, ici, le gouvernement ne sait pas, ou il aoublié, que la mobilisation populaire est sa meilleuredéfense. Treize années de gouvernement pour ten-ter de concilier les classes, sans mobiliser la basesociale, ont conduit à cela !

Enfin, avec cette politique économique, com-ment mobiliser le peuple ? On va défendre Dilma :pourquoi ? a demandé le président de la FondationPerseo Abramo. Aux délégués au congrès de la CUT,le 13 octobre, Lula a dit que « le pays ne peut pascontinuer à discuter des coupes pendant unesemaine ».

Nous avons atteint le point limite !

Il n’est pas nécessaire d’attendre les élections de2016 pour savoir ce qui arrivera, si cela continuecomme cela.

Dilma, dans le même congrès de la CUT, a appeléles travailleurs à faire face à l’empeachment. Les deuxmille délégués n’ont pas hésité à défendre son man-dat (« Il n’y aura pas de coup d�Etat », criaient-ils),tout comme ils ont exigé la modification de la poli-tique économique des intérêts, des coupes et desbénéfices (« Dehors Levy », répétaient-ils).

C’est ce que pensent leMST, la CMP, l’UNE et leMST, tous ceux qui ont éluDilma au second tour.

Mais Dilma a réponduau président du PT, RuiFalcao, que « Levy reste enplace parce qu’elle estd’accord avec sa politiqueéconomique ».C’est inac-ceptable !

Ou Dilma change depolitique, ou le PT doitmodifier ses relationsavec son gouvernement.

Pour la défense du peuple travailleur,l’heure est venue deprendre les choses enmain !

« Pas une semainede plus », Dilma doitchanger cette politiqueéconomique et dé-mettre Levy !

C’est ce que le PT,sa d irect ion, songroupe parlementaire,

ses gouverneurs, maires et Lula, doivent dire à Dilma,sans mâcher leurs mots et sans demi-teintes, oubien elle change, ou bien c’est le PT qui change.

Pour notre part, Dialogue et Action du PT (DAP),nous allons agir comme agissait le PT !

Nous approfondirons la lutte pour une autre poli-tique, afin d’en finir avec l’excédent primaire, pourque cessent les intérêts et la centralisation deschanges, pour protéger l’économie nationale et sau-ver l’industrie, combattre la sous-traitance et avan-cer vers la réforme politique que doit réaliser uneConstituante, ouvrant la voie aux réformes popu-laires.

Dans cette voie, le gouvernement du PT dirigépar Dilma peut encore recouvrer le soutien popu-laire. Ce n’est certes pas facile, mais la voie actuelleest celle d’une tragédie annoncée, comme cela estarrivé en Grèce et dans d’autres pays, où des gou-vernements de gauche ont appliqué l’ajustementde la droite, ont perdu leur base sociale et se sontperdus.

BRÉSIL

Manifeste d’alarme Comité national du dialogue et d’action du Parti des travailleurs (DAP)

BELGIQUE

Grève et blocage

Phot

o AF

P

Charleroi (Belgique) : un piquet de grève syndical de cheminots sur le parvisde la gare, le 20 octobre.

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Par Alain Riquier

Durant les dix années qui ont précédé lemassacre, la stratégie américaine ditede « containment » (endiguement del’influence communiste telle que défi-nie par Truman) a englobé la prépara-tion méthodique de la mise sous tutelle

de l’archipel indonésien récemment décolonisé.Le premier président de l’Indonésie indépendante,Sukarno, se déclarant d’abord allié des Etats-Unis aprèsl’indépendance proclamée le 17 août 1945 (et recon-nue par la puissance coloniale en 1948), est confrontéà cette stratégie tortueuse, car les Etats-Unis défendenten même temps, à l’ONU et sur le terrain, les intérêtsdes anciens colons hollandais, créant une situationinextricable. Pour prouver son alignement sur l’Occident au débutde la guerre froide, Sukarno n’hésite pas à mater bru-talement le grand soulèvement populaire de 1948 etfait exécuter plusieurs dirigeants du Parti communiste(PKI). L’année suivante, il signe, sous la pression deTruman, un compromis avec le gouvernement hol-landais qui rétablit les droits fonciers des anciens colons ! La situation se modifie, lorsque éclate la crise de l’« IrianBarat » en 1950. Les Hollandais, soutenus là encore parTruman, réclament la Papouasie-Occidentale (une par-tie de la Nouvelle-Guinée). Sukarno menace de quit-ter l’ONU si la souveraineté de l’Indonésie sur ceterritoire n’est pas reconnue. Il renforce sa position,lorsqu’il convoque, avec Hô Chi Minh et Nehru, en1955, la conférence de Bandung (une ville de Java), oùil se déclare ouvertement anti-impérialiste et se dis-tingue des politiques étrangères des Etats-Unis et de l’URSS. Il apporte, avec lesautres participants, son soutien au pro-cessus de décolonisation de l’Afrique.C’est le début de ce que l’on appelle alorsle mouvement des « non-alignés ».En 1957, la CIA reçoit l’ordre de déstabi-liser le régime indonésien, en organisantdes sécessions à Sumatra et aux Célèbes,mais ces opérations très meurtrièresn’aboutissent en fait qu’à renforcer l’op-position anti-impérialiste dans les massesouvrières et paysannes. Le PKI, solide-ment reconstitué et implanté, compteplus de trois millions de membres. C’estle troisième parti communiste en impor-tance, après ceux de l’URSS et de la Chinepopulaire.Confronté à toutes ces contradictions,Sukarno proclame la loi martiale, remeten cause le régime parlementaire mis enplace en 1955 et inaugure une « démocratie dirigée »,avec le soutien de PKI. Mais les militaires indonésiensdisposent désormais d’un pouvoir considérable, et c’estau sein de l’armée que se trament les complots du débutdes années soixante. Le commandement militaire estconfié aux généraux Nasution et Yani. En 1961 Sukarno lance ses troupes contre la Malaisie,réarmée par les Britanniques. Il s’oppose militairementau projet de recomposition des Etats d’Asie du Sud-Estasiatique décidé par la Grande-Bretagne et soutenu parles Etats-Unis.En 1963-1964, Kennedy, puis Johnson préparent laguerre du Vietnam, qui se trouve à moins de deux heuresde vol de Djakarta. La Maison-Blanche ne peut prendrele risque de se trouver face à un second front dans la

région. La CIA reçoit l’ordre de ficher tous les militantscommunistes de l’archipel, ainsi que les sympathi-sants, soit au total plusieurs centaines de milliers de

personnes. L’existence de ces listes est confir-mée par les documents récemment déclas-sifiés, notamment par la déclaration deRobert J. Martens, cadre de l’ambassadeaméricaine de Djakarta. Ce dernier dirigeun groupe de fonctionnaires du départe-ment d’Etat et de la CIA, qui, précise-t-il,« ont consacré deux ans à la constitution deces listes de communistes ».Le complot est mis en place au début del’année 1965. Britanniques et Américainsprovoquent artificiellement un chaos éco-nomique dans le pays, interdisant au com-merce indonésien l’accès au port deSingapour et gelant les aides financières desbanques occidentales et des Etats-Unis. Laroupie indonésienne s’effondre, et l’infla-tion atteint 130 %. Une crise éclate au som-met de l’état-major entre les deux principauxgénéraux et risque de réduire l’autorité deNasution, acquis aux Etats-Unis.

Le 30 septembre 1965, un groupe de soldats, dirigé parle lieutenant-colonel Untung, kidnappe six autres géné-raux pour, a-t-il déclaré, protéger le président Sukarnod’un coup d’Etat en préparation. Nasution a pu s’échap-per. Les six généraux sont exécutés. Le lendemain, unautre général, Suharto, inconnu avant cette date, occupele palais présidentiel et déclare détenir les pleins pou-voirs.Suharto déclare que le PKI est à l’origine du coup d’Etatcontre Sukarno. Le massacre des communistes com-mence et durera plusieurs mois, jusqu’à ce que la CIAsoit en mesure d’affirmer que le PKI est détruit. Lecomptage des communistes « éliminés » est organiséméthodiquement, comme le confirmera JosephLazarsky, ancien chef adjoint de la CIA en Indonésie.

Ces listes ont pour but, dit-il, de s’assurer d’« un poin-tage systématique par la direction de la CIA à Washing-ton des exécutions qui avaient été menées à bien. (…)Vers la fin de janvier 1966, les noms rayés sur les listesétaient si nombreux que les analystes de la CIA ont concluà la destruction de la direction du PKI. »Quant à l’exécution des six généraux, le 30 septembre, etl’intoxication qui a suivi, des zones d’ombres demeurent.Certains spécialistes considèrent comme probable lamanipulation des services secrets britanniques basésà Singapour, visant à déclencher le contre-coup d’Etatde Suharto.Les ambassadeurs des Etats-Unis et du Royaume-Unin’ont pas caché leur satisfaction. En plein massacre,ils se sont permis de dire : « Les Etats-Unis voient plu-tôt d’un bon œil et admirent ce que l’armée est en trainde faire. »L’ambassadeur de Grande-Bretagne a déclaré, quantà lui : « Je n’ai jamais caché que je pense que quelquespelotons d’exécution en Indonésie seraient un prélimi-naire indispensable à tout changement réel. »Ce massacre a ouvert une période de trente-trois annéesde féroce dictature.Rappelons que Khrouchtchev et Mao Zedong ont pousséle PKI à entrer dans un gouvernement sous la houlettede Sukarno. Les dirigeants de l’URSS vont néanmoinsprendre leurs distances avec les dirigeants du PKI,essentiellement parce qu’ils veulent respecter la « poli-tique de détente », réaffirmée après « la crise des fusées »à Cuba, en 1962, mais aussi parce que le PKI se tourneplus nettement vers la Chine de Mao en 1965, aumoment des préparatifs du coup d’Etat. Les dirigeantschinois condamneront le massacre, mais ne feront riende plus qu’accueillir certains des communistes qui ontpu s’échapper d’Indonésie. Et Brejnev, le nouveau diri-geant soviétique après le limogeage de Khrouchtchev,gardera lui aussi un silence complet sur ces événe-ments.

HISTOIRE 15INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 374 Semaine du 22 au 28 octobre 2015

Indonésie, 1965 :“Le plus grand massacre de masse de l’histoire”

La CIA a fini par reconnaître sa responsabilité dans le coup d’Etatmilitaire qui déclencha ce qu’elle reconnut elle-même comme« le plus grand massacre de masse de l’histoire » intervenu aprèsla Seconde Guerre mondiale, où un million de communistes etde sympathisants trouveront la mort en quelques mois.Cinquante ans après, cet événement reste inconnu du grandpublic. Les auteurs et organisateurs du massacre demeurenttotalement protégés par le silence et par l’impunité institu-

tionnelle qui leur est accordée. L’histoire officielle (celle des gou-vernements indonésien, américain et britannique) justifiant cemassacre par le contexte de « guerre froide » et le prétendu coupd’Etat du Parti communiste indonésien (PKI) est encore aujour-d’hui totalement en vigueur dans les manuels scolaires, et mêmedans les guides touristiques. Mais les documents ont parlé, notamment ceux de la CIA, déclas-sifiés en 2007. Aux sources écrites, il faut ajouter les témoignages

des survivants et de leurs descendants, mais aussi ceux des bour-reaux. Ces sources accessibles aujourd’hui nous permettent dereconstituer le déroulement des événements. Notre camaradeAlain Riquier consacre, dans le prochain numéro des Cahiersdu mouvement ouvrier (à paraître en décembre prochain), unarticle développant le contexte national et international danslequel s’est inscrit ce massacre. Pour Informations ouvrières,Alain Riquier nous présente ici un résumé de ce travail.

Il y a cinquante ans, après le coup d’Etat du 30 septembre 1965, un million de membresdu Parti communiste indonésien étaient assassinés.

RepèresGéographie L’Indonésie est composéed’un ensemble de plus de 13 000 îles situées à l’extrême sud-est du sous-continent indien. Les plusimportantes sont Java, Suma-tra, la moitié sud de Bornéo,les Célèbes et la moitié occidentale de la Nouvelle-Guinée. La capitale est Djakarta, située sur l’îlede Java. Le pays représente un carrefour maritime stratégique et commercialpour tout le Sud-Est asia-tique.

Histoire Hollandais et Portugais se disputèrent la colonisationdu pays dès le XVIIe siècle. Les Pays-Bas prennent le des-sus au début du XVIIIe siècleet constituent les Indes néer-landaises. Pendant laSeconde Guerre mondiale,l’archipel est occupé pendant trois anspar les Japonais. Après le conflit, l’Indonésie pro-clame son indépendance en1945, reconnue par la puis-sance coloniale en 1949.

Population En 1965, la population est de l’ordre de 100 millionsd’habitants (elle atteintaujourd’hui 240 millions). Au morcellement territorialcorrespond un émiettementethnique important de groupes différents, aux cultures et aux languesmultiples. Les Javanais représentent environ 40 % de la population. La religionmajoritairement pratiquée est l’islam.

Ressources L’Indonésie est un importantproducteur de pétrole, de gazet de minerais, dont l’or. Elle a été membre de l’OPEP.Le secteur agricole emploieplus d’un tiers de la popula-tion active. L’Indonésie est l’un des plus grands pro-ducteurs mondiaux de caout-chouc et dispose de grandeszones forestières exploitableset exporte principalement du bois et de l’huile de palme.

“Les Etats-Unisvoient plutôt d’un bon œil et admirent ce que l’armée est en train de faire”

(l’ambassadeur des Etats-Unis)

Scène extraite du documentaire The Look of Silence(2014) de Joshua Oppenheimer.

DR

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INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 374 SEMAINE DU 22 AU 28 OCTOBRE 2015

ou formation politique qui entend sincèrementcombattre pour l’émancipation des travailleurs.Cela sous leur propre responsabilité.L’hebdomadaire est édité par l’association (loi 1901) Informations ouvrières. Nicole Bernard, directrice de la publication.

INFORMATIONS OUVRIÈRESTribune libre de la lutte des classes,hebdomadaire du POI. Dans le cadre de sa tribune libre, Informations ouvrières,fondé par Pierre Lambert, offre la possibilité de s’exprimer librement à tout groupement

• Rédacteur en chef : Lucien Gauthier.• Siège : 87, rue du Faubourg-Saint-Denis, 75010 Paris.• Imprimerie : Rotinfed 2000, Paris.• Tirage : 20 000 exemplaires.• Commission paritaire : 0919 C 85410.• ISSN : 0813 9500.

• Rédaction : Informations ouvrières, 87, rue du Faubourg-Saint-Denis, CS 30016 - 75479, Paris CEDEX 10.Tél. : 01 48 01 88 20. E-mail : [email protected]

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La SNCF livrée au capitalfinancier Le Parlement européen,où des « députés » gras-sement payés besognentcontre les conquêtessociales, au nom de la « concurrence libreet non faussée », vientd’adopter le « quatrièmepaquet ferroviaire ». Il prévoit de soumettreintégralement, dans les six ans à venir, le transport de voyageursà la concurrence capita-liste, en détruisant le ser-vice public – pour nous la SNCF, constituée en 1937, réglementéecontre la concurrence en 1948.Comment le capital veut-il tirer profit du transport de voya-geurs ? Economie sur le personnel de distri-bution et d’accompa-gnement, « polyvalencedes agents, plus grandnombre d’heures tra-vaillées par salarié » –destruction, donc, du statut, des droits descheminots ; « écrémage »(sic) par le capital des dessertes rentables,qui permettent par péréquation, dans la Société nationale, la survie des lignes défici-taires ; pour les indigents,les salariés et retraitéspauvres, des transportsprivés low cost, surtout le transfert forcé en modeautocar, de 110 000 usa-gers aujourd’hui à cinq millions (1). La loiMacron lève l’interdictionde concurrence pour les lignes régulières d’autocars.L’Humanité rapporte la protestation du groupede députés européensque préside Paul Laurent(PCF) contre ce « quatrième paquet ferroviaire ». Lapalissade : ce forfaitsuccède à trois autres,2007, 2004, enfin 2001…L’application de la pre-mière directive ferroviairedestructrice 2001/12/CE,fut diligentée par le gou-vernement gauche plu-rielle de Jospin, Gayssot(PCF) étant ministredes Transports…Nous y reviendrons.

(1) Voir ces préparatifs dans « L’ou-verture à la concurrence du trans-port ferroviaire de voyageurs »,Premier ministre, 2011.

L’HUMEURde Michel Sérac Faites-le savoir !

Vu avez pu lire dans ce numérod’Informationsouvrières le compte rendu de la réunion du 17 octobre, à l’initiatived’Informationsouvrières.Vous voulezconnaître les suites de cette réunion ?ABONNEZ-VOUS ÀINFORMATIONSOUVRIÈRES !

L’ écologie, ah, l’écologie ! Le ministre de la Défense, Jean-Yves LeDrian, a convié une flopée de ministres de la Défense de diffé-rents pays à une conférence intitulée « Climat et défense », qui se

tiendra en amont de la conférence sur le climat intitulée « COP21 » endécembre à Paris.L’objectif de cette réunion est d’étudier le lien entre les conflits et le dérè-glement climatique. Oui, vous avez bien lu. Il s’agit de savoir quelles consé-quences ont les guerres sur le réchauffement climatique. Il ne s’agit pasde discuter des conséquences des guerres pour les populations et pourl’humanité tout entière. Non, il s’agit de voir en quoi les guerres vont faireaugmenter d’un demi ou d’un degré la température de la planète. Peuimporte que, tous les jours sur cette planète, des victimes meurent sousles bombes des grandes puissances aux quatre coins du globe ! Il s’agitégalement d’étudier, dans cette réunion, les conséquences du réchauf-fement. Barack Obama, en mai 2015, avait ainsi affirmé : « Le chan-gement climatique augmente les risques d’instabilité et de conflits. » Ainsi,la responsabilité des guerres, des massacres, ne serait plus celle desgrandes puissances, mais du réchauffement climatique ! Le cynisme està son comble.Pour tous ces gens-là, appuyés par les écologistes et les pseudo-scienti-fiques, les maux dont souffrent la planète s’appellent réchauffement cli-matique, pollution. Pour des centaines de millions d’être humains, elleporte un autre nom : c’est le capitalisme, la domination d’une minoritéqui exploite une majorité. Lucien GAUTHIER �

Polémique au Danemark sur l’expulsion d’un mineur afghan

« L’expulsion en juin dedeux frères afghans,Vahid Vaziri, 23 ans, etAbolfazl, 16 ans, arrivésen décembre 2010 auDanemark, n’en finit pasde faire des vagues. Si l’aîné se cache en Iran,le plus jeune aurait ététué par les talibans, peu de temps après son arrivée à Kaboul,selon le témoignage de son frère publié au début de la semaine.Au printemps, leur demande d’asileavait été refusée,considérant que l’aînépouvait prendre soin de son petit frère et que les deux pouvaientcontribuer à la sociétéafghane. Le police danoise, qui a reconnu, mardi 13 octobre, avoir commisune erreur lors de la procédured’expulsion, a accordéune indemnisationd’environ 1 300 euros àVahid Vaziri. »

Lu dans la presse

Le Monde,16 octobre 2015

ça roulepour eux

L’ écologie, toujoursl’écologie, l’écologieencore ! C’est avec

ce prétexte que le gouver-nement vient de décider,pour lutter contre « le ré-chauffement climatique » etla « pollution », de surtaxerle diesel. Il vient de décider,en effet, d’une augmenta-tion progressive du prix dudiesel pour l’aligner sur lecarburant sans plomb. L’objectif est clairementaffirmé : en finir avec lesvoitures fonctionnant audiesel. Or, en France, il y aune particularité : plus de85 % des véhicules roulentau diesel et, aujourd’huiencore, plus de 55 % desnouveaux véhicules achetéssont des véhicules diesel.On sait également que cesont ce qu’on appelle « lescouches populaires » quiachètent des véhicules die-sel. On sait également que,pour des millions de per-sonnes qui ont besoind’une voiture, mais quin’ont pas de ressourcesfinancières importantes, lediesel constitue la moinsmauvaise des solutions. Onsait également que des mil-lions de gens n’ont pas lesmoyens de changer leursvéhicules tous les deux outrois ans. Ils achètent desvéhicules diesel qui durentplus longtemps qu’unmodèle essence et lesconservent le plus long-temps possible. La décisiondu gouvernement, sousprétexte d’écologie, frappedirectement des millions detravailleurs, au momentmême où l’ensemble desmesures gouvernementalesaggrave la situation de lapopulation laborieuse.

Les pétroliers vont pouvoircontinuer à s’enrichir et legouvernement de servir lespatrons. L. G. �

Guerre contre le réchauffement climatique

Photo AFP

Correspondant

En sept ans, deux millions de « ruptures conventionnelles »ont eu lieu. Beau cadeau pour les patrons !

C’est pourtant vrai !+

Paris, le 14 octobre : le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian,lors de la conférence “Climat et Défense” , entouré de Laurent Fabiuset de Nicolas Hulot.