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Presses Universitaires du Mirail Comment rallier les foules àla Révolution? Les discours de Juan José Castelli dans l'expédition libératrice du Haut-Pérou (1810-1811) Author(s): Joëlle CHASSIN Source: Caravelle (1988-), No. 54, L'AMÉRIQUE LATINE FACE A LA RÉVOLUTION FRANÇAISE (1990), pp. 153-163 Published by: Presses Universitaires du Mirail Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40851905 . Accessed: 14/06/2014 20:26 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires du Mirail is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Caravelle (1988-). http://www.jstor.org This content downloaded from 195.78.108.60 on Sat, 14 Jun 2014 20:26:47 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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Presses Universitaires du Mirail

Comment rallier les foules àla Révolution? Les discours de Juan José Castelli dans l'expéditionlibératrice du Haut-Pérou (1810-1811)Author(s): Joëlle CHASSINSource: Caravelle (1988-), No. 54, L'AMÉRIQUE LATINE FACE A LA RÉVOLUTION FRANÇAISE(1990), pp. 153-163Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40851905 .

Accessed: 14/06/2014 20:26

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C.M.H.L.B. CARAVELLE

n" 54, pp. 153-163, Toulouse, 1990.

Comment rallier les foules à la Révolution?

Les discours de Juan José Castelli dans l'expédition libératrice du Haut-Pérou (18101811)

PAR

Joëlle CHASSIN (Paris-CREDAL)

« Citoyens compatriotes, voici enfin venue l'époque tant attendue où les injustes oppres- seurs de la patrie vacillent et tremblent sans pouvoir désormais ranimer leur despotisme moribond, ni soutenir plus longtemps le sceptre de bronze qui, pendant tant de siècles, a fait gémir le nouveau monde. Le cri de la nature et la clameur de la raison ont fait taire la voix des tyrans ».

Juan José Castelli, Oruro, le 3 avril 1811 0).

(1) Extrait du manifeste de Castelli classé sous l'intitulé « Manifiesto que Juan José Castelli, representante de la Junta Provisional Gubernativa dirige a los pueblos interiores del Perú, informándoles sobre la situación política de Rio de la Plata y del Perú, al Igual de lo que acontecia en España » (Oruro, 3 de abril de 1811), Biblioteca de Mayo, t. XIII, Buenos Aires, Senado de la Nación, pp. 11497-11500.

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Ainsi apostrophait Juan José Castelli, porte-parole de Buenos Aires, quand il s'adressait aux populations péruviennes.

Castelli se trouve en bonne place dans la geste indépendantiste américaine. Appartenant à une grande famille de négociants de Buenos Aires, avocat de formation, il a fait ses humanités à Córdoba puis à l'Université de Charcas (2). On a pu et on peut discuter de l'impact qu'eurent les idées venues de France sur la génération de la Révolu- tion de Mai. On ne peut nier cependant qu'en ces lieux il y ait eu une réelle diffusion de textes français. Moreno, dont Castelli partagea les idéaux comme les heurs et malheurs, affirma lui-même à plu- sieurs reprises sa filiation à Jean- Jacques Rousseau (3).

Castelli, c'est l'homme qui, le 22 mai 1810, a obtenu le cabildo abierto, qui a débattu de la caducité des autorités espagnoles et a énoncé la théorie du peuple souverain. C'est lui qui, avant même la Révolution, a affirmé le plus clairement la légitimité des juntes de gouvernement, dans une plaidoirie célèbre, alors qu'il défendait Parois- sien et les Rodríguez Peña, accusés de haute trahison pour leurs

(2) On consultera : Olivier Baulny, « Les immigrants italiens et leur rôle dans l'histoire du Rio de la Plata à l'aube du XIX# siècle », Estratto Atti XL, Congres- so internazionale degli americanisti, Roma, sett 1972, pp. 351-356; Cesar Garcia Rössel, « Juan José Castelli, promotor de la independancia del Perú, Quinto Congreso International de la historia de Lima, 1971, Lima, Actas, 1972, vol. 2, pp. 281-285; Julio Cesar Chavez, Castelli, el adalid de Mayo, Buenos Aires, Editorial Ayacucho, 1944; Biedma Juan Martín, Los Rodriguez Peña y la Eman- cipación Argentina, Buenos Aires, 1959, 157 p. Les ouvrages suivants renferment également sur Castelli des pages utiles : E.M S. Dañero, Monteagudo, La servi- dumbre del poder, Buenos Aires, Eudeba, 1968, 240 p.; Ricardo Levene, Ensayo histórico sobre la Revolución de Mayo y Mariano Moreno (Contribución al estudio de los aspectos político, jurídico y económico de la Revolución de Mayo), Buenos Aires, Facultad de derecho y ciencias sociales, 1920-1921, 2 vol., 599 p. et 541 p.; Bartolomé Mitre, Historia de Belgrano y de la independancia argentina, Buenos Aires, 1887, 3 tomes, tome I, chap. 9 et 10; Carlos A. Pueyr- radon, 1810, La Revolución de Mayo, según amplia documentación de la época, Buenos Aires, Peuser, 1953, 672 p.; Halperin Donghi Tulio, Tradición política española e ideologia revolucionaria de Mayo, Buenos Aires (Editorial universitaria de Buenos Aires), 1961, 228 p.; El Rio de la Plata al comenzar el siglo XIX, Buenos Aires, 1961, 87 p.

(3) Rappelons qu'il fit réimprimer à Buenos Aires Le Contrat Social en vue de « l'instruction des jeunes Américains » (même si par ailleurs il en supprimait les passages concernant la religion et si, sous sa plume, le nom du philosophe français se transformait en Juan Jacobo «Rosseau»). Cf. Medina La imprenta en el Rio de la Plata, Impresos de Buenos Aires, pp. 271-279, document 1766: « Del contrato social ó principios del derecho politico. Obra escrita por el ciudadano de Ginebra Juan Jacobo Rosseau».

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activités au service de l'émancipation (4). Il fait partie de la première junte de Buenos Aires, constituée le 25 mai, par une minorité de citadins dont l'objectif premier est de rallier les sept autres inten- dances qui composent le vice-royaume du Rio de la Plata (5). Une armée est constituée afin de libérer le Haut-Pérou et d'assurer « le bonheur de ces provinces grâce aux principes d'une inaltérable union et d'une fraternité de toutes ces populations » (6). Et c'est Castelli que la junte désigne comme représentant politique auprès d'Antonio Gon- zalez Balcarce qui commande l'expédition militaire (7).

La contre-offensive des autorités coloniales espagnoles menée essen- tiellement par Abascal, le vice-roi du Pérou, ne se fait pas attendre. Celui-ci en effet, devant l'avancée des troupes de Buenos Aires, décrète le 13 juillet 1810, le rattachement des provinces dépendantes du gou- vernement du Rio de la Plata au vice-royaume du Pérou (8). Quant à l'aide étrangère qui pourrait venir de l'Angleterre comme du Brésil, elle paraît plus qu'incertaine. Aussi Castelli est-il chargé de gagner sur son passage de nouvelles adhésions et de faire connaître, sinon appli- quer, le plan de Moreno. Il a pour mission d'arbitrer entre groupes

(4) Cf. «Actuaciones: Rodríguez Peña y Paroissien» p. 10329 à 10359 pour l'ensemble du procès et plus particulièrement de la p. 10343 à la p. 10357 pour la plaidoirie de Castelli « Memorial de Diego Paroissien, que también firma su defensor Juan José Castelli y su procurador Andrés José de Acosta » dont nous retiendrons tout particulièrement ce passage : « ... la nación separándose de la regencia o gobierno que Don Fernando VII dejó a su propartida en la capital del reino, por haber quedado casada, mero jure et facto constituyó el gobierno primeramente en sus juntas y después en la suprema central, sin tener para ello ni la deliberación especial del Rey tan necesaria, como uno de sus derechos mayestáticos en el primer orden, ni la presunta de su voluntad o la ley de la constitución no habiendo, como no hay pacto especifico, o tácito de reservación en la nación ».

(5) C'est-à-dire les intendances de Córdoba, Salta del Tucumán, Paraguay et celles qui constituent le Haut-Pérou : Potosi, La Paz, Cochabamba, Charcas.

(6) « Instrucciones que deberá observar el representante de la Junta, doctor don Juan José Castelli que el gobierno de la expedición a las provincias interiores, que se le ha encomendado », Biblioteca de Moya, Colección de Obras y Documentos para la Historia Argentina, Buenos Aires, Sumarios y Expe- dientes, 1962, tomo XIII pp. 11764-11766. Ces instructions datées du 12 septem- bre 1810 comportent dix-huit points.

(7) «... à l'exemple des délégués de la révolution française » écrit Bartolomé Mitre à propos de cette nomination. Cf. Bartolomé Mitre Historia de San Martín y de la emancipación sudamericana, Buenos Aires, t. 1, cap. V, p. 219.

(8) On connaît la fameuse diatribe du vice-roi Abascal qui accompagnait ce décret et qui visait les responsables de la junte de Buenos Aires : « Des hommes voués par la nature à végéter dans l'obscurité et la dépendance... cherchent à obtenir une représentation méprisable et éphémère. Ce délit honteux en fait de grands criminels ». La Revolución de Mayo a través de los impresos de la época, Comisión Nacional Ejecutiva del 150e aniversario de la Revolución de Mayo, t. 1, (1809-1811), Buenos Aires, 1965, p. 399.

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sociaux et groupes ethniques, de favoriser les créoles, d'écarter les péninsulaires ou du moins de les neutraliser, d'annoncer aux Indiens la suppression des tributs et des services personnels, la répartition gratuite des terres, la liberté de commerce (9). Débordant les limites administratives du Rio de la Plata, ses proclamations aux habitants du Pérou, aux Indiens, ses circulaires envoyées aux cabildos, ses ordres adressés aux gouverneurs intendants sont considérés par les autorités espagnoles en poste comme étant à l'origine des différents soulèvements qui secouent le vice-royaume du Pérou de 1810 à 1813, ceux de Tacna, Huánuco et Huamanga (10).

Et il est vrai que le nom court sur toutes les lèvres, est inscrit en toutes lettres sur de nombreuses convocations, dans les mots d'ordre appelant à la mobilisation, et qu'il se retrouve fréquemment et rageu- sement consigné sous la plume des autorités vice-royales (u). Trajet

(9) Décret du 1er septembre 1811 de « la Junta Gubernativa de las Provincias Unidas del Rio de la Plata ».

(10) Emilio Choy, «La política de Gran Bretaña en el Rio de la Plata y su influencia en la Revolución de Zela » in Congreso Internacional de Historia de América, 5, 1971, Lima, Actas, lima, 1972, vol. 3, pp. 7-37; Cúneo Vidal, Historia de las insurrecciones de Tacna por la Independencia del Perú, 1921. En juin 1811, les autorités de Tacna recevaient et rendaient public un manifeste de Castelli : « Peuples de l'Amérique du Sud, peuple de Tacna, votre destin est d'être libres ou de ne pas exister, et ma résolution inébranlable est de sacrifier ma vie pour votre indépendance... ». C'est qu'elles comptaient sur l'aide militaire offerte par le représentant de Buenos Aires, alors au Desaguadero. Cependant les plis de Castelli ne reçoivent pas partout un bon accueil. A Trujillo par exemple, un mois plus tard, le cabildo réuni en session préféra se défaire du document compromettant et l'envoyer au Vice-Roi en mentionnant que Castelli « était le principal caudillo des rebelles du Rio de la Plata». Abascal loua la loyauté de V ayuntamiento de Trujillo « pour avoir écarté les plis originaux et séducteurs de l'insurgé et perfide Castelli ». Luis Antonio Eguiguren, Guerra separatista del Perú, 1812, Lima, 1913, pp. 85-93.

(U) II n'est que de consulter les communiqués d Abascal qui couvrent cette période. Un exemple, celui en date du 28 mai 1811, voici ce qu'il dit : « Quant aux chefs des insurgés, après les essais malencontreux de Suipacha, Cotagayta et Potosi qui leur ont soumis le Haut Pérou, l'arme la plus puissante sur laquelle ils comptent est la séduction d'où, sans se presser beaucoup à lever des troupes, ils se sont employés à répandre leurs atroces papiers incendiaires, s'appropriant le fruit de la conquête, et ils vont de ville en ville en célébrant le triomphe de leurs armes, abusant les populations en même temps qu'ils les dupent et les réduisent à néant ». Sevilla, Archivo General de Indias, V, Lima 741, N 75. Cf. également N 76 et N 90.

Papiers et discours sont les formes persuasives dans lesquelles s'exerce la pression politique des insurgés de Buenos Aires que dénoncent de façon répétée les autorités vice-royales qui ont saisi toute l'importance de ces armes qui touchent les populations, libelles qui se répandent, paroles qui courent. L'asses- seur Pruna évoquant les pasquins dans une lettre en date du 19 juillet 1812, parle « de ces temps malheureux où l'hydre de l'insurrection montre l'infernale multitude de ses têtes en différents lieux». Il donne l'exemple de Huánuco: « Huánuco ne se trouvait pas en contact immédiat avec Buenos Aires ni avec Caracas, Mexico ou Santa Fe et cette leçon amère est assez claire ». Cf. Egui- guren, op. cit., pp. 85-93,

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inévitable que celui de ce porteño dont l'action et la parole ne s'arrê- tent pas aux frontières du sol natal.

Que Castelli s'adresse « aux peuples intérieurs du Pérou » auxquels il déclare : « Vous serez libres dès l'instant où vous déciderez de l'être » car « c'est aux peuples et à eux seuls de faire savoir quelle est leur volonté » (12), ou qu'il proclame aux Indiens la fin de leur servitude dans cette harangue quasi légendaire prononcée à Tiahua- naco le 25 mai 1811, à l'occasion du premier anniversaire de la Révo- lution de Mai (13), que ses textes soient écrits pour être lus ou dits, traduits en quechua ou en aymara selon les nécessités, ils ne sont pas sans rappeler le langage tenu par les révolutionnaires jacobins français. Tous renferment une même volonté de ralliement, de trans- parence, de justification et obéissent à certaines règles propres à un discours qui, pour reprendre les termes de François Furet, constituait « à la fois une idéologie et un pouvoir, un système de représentation et un système d'action » (14).

Rechercher et déclarer ses alliés, c'est en même temps désigner et exclure ses ennemis (15). Aussi trouve-t-on chez Castelli, d'un dis- cours à l'autre, cette structure duelle, deux camps opposés qui s'affron- tent, nous et eux. Nous, c'est bien évidemment la junte de Buenos Aires qu'il représente, l'armée du Nord dont il suit les pérégrinations, et lui-même, homme public et individu « aux sentiments inaltéra- bles », qui « aime tout Américain » et se préoccupe du « bonheur des Indiens non seulement par caractère mais aussi par système, par naissance et par réflexion » (16). Nous, c'est également pour l'homme politique, ime façon d'affirmer un lieu, d'inclure dans son projet ceux auxquels il s'adresse, par exemple les cabildos, dont il recher- che l'appui : « Nous éviterons l'effusion de sang de «05 frères et nous

(12) Oruro, 3 avril 1811. (13) « El Excelentísimo Señor Representante de la Junta Provisional Guber-

nativa del Rio de la Plata a los Indios del Vireynato del Perú », Plata, febrero 5 de 1811, Biblioteca de Mayo, pp. 11483-11485. Cette version en castillan est incomplète il lui manque les huit derniers mots et elle ne porte pas d'indication de date. Par contre la copie de l'Archivo Nacional de Bolivia, Sucre. 581A, présente une version intégrale bilingue castillan/quechua.

(14) François Furet, Penser la Révolution française, Paris, Gallimard (coll. Folio Histoire), 1978, 316 p., p. 54.

(15) Sur ce thème voir Jean Baechler, Les phénomènes révolutionnaires, Paris, PUF (coll. Sup. €Le sociologue»), 1970, 260 p.

(16) Plata, 5 février 1811.

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conserverons l'intégrité de notre continent » (17). Ou bien les Indiens qu'il faut mobiliser devant l'avenir, « ce qui nous attend », selon ses propres mots. Eux, ce sont les mandataires de l'ancien gouvernement, plus particulièrement Abascal et Goyeneche, les ministres de l'Améri- que, gouverneurs et prélats, et plus généralement tout étranger, enten- dons tout Espagnol européen, voire tout Européen. Castelli appelle les « citoyens », les « compatriotes », « tous les peuples de l'Amérique centrale et septentrionale » à participer « à la grande œuvre de félicité publique », à se mobiliser contre « l'étranger » dans cette lutte de factions. Ainsi dans son Manifeste aux peuples intérieurs du Pérou : « II est évident qu'est arrivé le temps du vertueux citoyen, le temps où tout homme de talent, né sur le sol de sa patrie, l'emporte sur l'étranger immoral » ou encore dans la circulaire qu'il adresse aux cabildos du Vice-Royaume de Lima et qu'il termine par ces mots : « II faut fixer une constitution solide, juste, bénéfique, qui préserve l'intégrité de notre continent... contre l'ambition de tout étranger ». C'est que /'étranger, tout étranger - on notera l'usage générique - s'oppose aux nouvelles valeurs que défend la junte de Buenos Aires, aux mesures économiques et sociales qu'entendent prendre les patrio- tes. Incarnation du mal, il symbolise la corruption, l'ambition, l'immo- ralité, la tyrannie, tout ce qui fait obstacle au mouvement d'émancipation (18).

A un système fondé sur la tromperie, la perfidie, le mensonge, la flatterie, aux abus et au despotisme, Castelli oppose et présente aux populations qu'il veut convaincre ses objectifs qui sont aussi ceux de la junte (19). Comment ne pas préférer les clairs desseins du gou-

(17) «Circular del Excmo Sr. Dr. D. Juan José Castelli a los cabildos del vireynato de Lima» (Paz, 11 de mayo de 1811), Gazeta de Buenos Aires, 1810-1821, facs., tome II, pp. 593-595.

Sur l'utilisation du « nous » dans les discours politiques cf. Mots : « Le "nous" politique », n° spécial, n° 10, mars 1985, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques (CNRS, ENS de Saint-Cloud), 247 p. et plus spécialement l'article d'Annie Geffroy, « Les nous indistincts », pp. 5-8.

(18) Sur 1 utilisation de ce mot l'étranger et son identification avec la tyrannie on consultera l'article de Sophie Wahnich, « L'étranger dans la lutte des factions. Usage d'un mot dans une crise politique (5 nivôse an II - 9 thermidor an II) » pp. 113-130 in Mots. « Langages, langue de la Révolution française », numéro spécial, n° 16, mars 1988, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques.

(19) Dans le temps où Castelli tente de gagner l'adhésion des provinces à la révolution par ses proclamations, Moreno multiplie ses articles dans la Gazeta de Buenos Aires dans laquelle il affiche ce même souci de transparence, à l'origine d'ailleurs de la création de ce nouvel hebdomadaire. Moreno lui-même l'avait annoncé lors de la parution du journal : « Le peuple a le droit de connaître la conduite de ses représentants et pour leur honneur ces derniers ont intérêt à ce que tous sachent combien ils exècrent ces réserves et ces mystères inventés ordinairement par le pouvoir pour couvrir les délits ». Buenos Aires, 2 juin 1810.

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vernement de Buenos Aires, l'authentique bonne volonté qui le guide, l'exactitude des nouvelles qu'il transmet, à un avenir fait de projets criminels, de plans prémédités, de vaines promesses ? « Les tyrans tiennent toujours un langage sans vérité, leurs lèvres ne sont jamais en accord avec leur cœur. Aujourd'hui ils vous flattent avec des pro- messes avantageuses et demain ils porteront la désolation dans vos foyers, la consternation dans vos familles et augmenteront les maillons de la chaîne qu'ils vous imposent » Ç20). A eux la ruse politique, le recours systématique à l'oppression, la grossière imposture, l'intérêt et les passions; à nous la vérité et la lumière. A eux l'entêtement et la dureté, l'impuissance et la crainte, à nous la modération et la tem- pérance, l'énergie, la fermeté, la vigilance. Ainsi se structurent les discours de Castelli construits essentiellement sur l'antonymie et le jeu de renonciation. Obéissant à l'idéal jacobin de « parfaite visibilité sociale et psychologique » tel que le définit Mona Ozouf (21), Castelli laisse percevoir une scène politique et sociale où l'emportent les principes moraux et révolutionnaires - vertu, justice, nature, raison - , où sont exaltés le patriotisme, la volonté des peuples, le droit à la liberté et au bonheur auquel sont associées les images de confiance, d'harmonie et de fraternité.

On peut se demander quel a été l'impact de tels discours sur les populations qu'ils étaient censés rallier, notamment les populations indiennes. En fait ces proclamations officielles, ces discours pronon- cés en grande pompe comme à Tiahuanaco sont inséparables des gestes qui les accompagnent. Castelli s'emploie à distribuer grades militaires et fonctions politiques. On rappellera l'épisode lors duquel, depuis Oruro, il affirme : « L'Indien est égal à n'importe quel autre citoyen et apte à n'importe quel avenir ou emploi » et dans le même temps nomme le cacique Mamani de Chilinquanca capitaine et com-

(20) Plata, 5 février 1811. (21) Mona Azouf , « Jacobin : fortune et infortune d'un mot » in L'école de la

France. Essais sur la Révolution, l'utopie et l'enseignement, Paris, Gallimard, 1984, pp. 75-90. Consulter également Jean Baechler, L'esprit du jacobinisme. Une interprétation sociologique de la Révolution française, Auguste Cochin, Préface de Jean Baechler, Paris, PUF (coll. «Sociologie»), 1979, 198 p.; Les phénomènes révolutionnaires, Paris, PUF (coll. Sup. «Le sociologue»), 1970, 260 p; Conein Bernard, « La position du porte-parole sous la Révolution française in Peuple et pouvoir. Essais de lexicologie, Lille, Presses Universitaires de Lille (PUL), 1981, pp. 153-164; Jacques Guilhaumou, « Les discours jacobins (1792-1794) » in Mots, n° 1, octobre 1980, pp. 218-225; « "La pragmatique textuelle" et les langages de la Révolution française» in Mots n° 2, mars 1981; «Discours et révolution: du porte-parole à l'événement discursif» in Bulletin de la Société d'Histoire Moderne, n° 31, 1986, pp. 18-25.

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mandant du district de Andomarca Í22). Et lorsqu'à La Piata il assure, au nom de la junte, restituer leurs droits aux Indiens, parallèlement il organise des élections pour que ceux-ci soient représentés au Congrès. Il explique sa décision : « Participant eux-mêmes à la Cons- titution qui doit les régir ils prendront ainsi pleinement conscience des avantages de leur nouvelle situation et les amères déceptions qu'ils ont rencontrées se dissiperont ». Suivent quelques conseils : « II appartiendra au représentant gouvernemental de fixer la forme de l'élection et de faire en sorte que celle-ci vise les Indiens les plus éclairés et dont la probité ne puisse être mise en doute afin qu'ils ne portent pas atteinte à la dignité de leur charge, ni ne se trouvent dépassés par les débats importants qui ne manqueront pas d'animer le Congrèssi23).

Plus discrète et tout aussi efficace, sans nul doute, est la manière dont Castelli multiplie les rencontres avec les populations indigènes. L'homme se montre « franc, affable, compréhensif » et lorsque les caciques se prosternent devant lui, il sait les faire se relever, leur donnant l'accolade « pour leur faire comprendre que tout cela est terminé » et que les hommes sont « tous égaux » (24). Il faut compter aussi avec les nombreux émissaires qu'il dépêche lorsqu'après avoir remporté plusieurs victoires sur les forces royalistes avec Balcarce, il tente de joindre depuis La Plata les habitants du Cuzco, de Puno, d'Arequipa, de Tacna, suivant d'ailleurs sur ce point les instructions qu'ils avaient reçues de la junte, le 12 septembre 1810, dont le quin- zième point était ainsi libellé : « Vous enverrez vos émissaires aux Indiens afin de leur faire comprendre que l'expédition vient pour leur bien car il faut toujours avoir la indiada de son côté ».

(22) « Et ce dans l'espoir qu'il s'engage davantage pour notre cause et afin de stimuler l'ardeur des autres », cf. la déclaration du brigadier Antonio Gonzalez Balcarce, mars 1812, p. 11844, Biblioteca de Mayo, Colección de Obras y Docu- mentos para la Historia Argentina, Tomo XIII, « Sumarios y Expedientes », Buenos Aires, 1962, pp. 11475-11844. Ces pages qui proviennent de YArchivo General de la Nación, (Buenos Aires, SX, C29, Ail, NI) renferment les actes du procès intenté à Juan José Castelli après la défaite de Huaqui : Proceso formado al Dr Juan José Castelli (Campamento del Desaguadero, año 1811). Legajo Sumarios Militares, Letra D.

(23) Mesures qu'il s'agit de diffuser très largement comme l'indique la suite du texte : « Que cet inédit parvienne aux responsables de ces provinces dans les trois langues, castillan, quechua et aymara afin qu'il soit rendu public et circule dans les capitales des partidos et les bourgs relevant de leur obédience ». La Plata, 13 février 1811.

(24) Telle est du moins l'image qui ressort des interrogatoires menés au début de l'année 1812, après l'échec militaire de Huaqui, quand le vent a tourné et que les officiers de l'armée libératrice sont appelés à la barre pour témoigner sur Castelli. Cf. Biblioteca de Mayo, op. cit., notamment les pages 11779, 11784, 11794.

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Un exemple parmi d'autres : celui de l'agent secret Argandoña y Echeverría, parti en territoire péruvien sur ordre de Castelli. Mariano de Argandoña y Echeverría parcourt en décembre 1810 et janvier 1811 les villages des provinces péruviennes de la côte, va de Tacna à la Paz, en passant par Arequipa et Cuzco. Envoyé comme éclaireur et propagandiste, il parle quechua ce qui, selon ses propres dires, « lui sert beaucoup ». II entretient les populations indiennes du bien-fondé de l'entreprise menée par Buenos Aires, explique les multiples rai- sons qui ont décidé la capitale à déposer le vice-roi Cisneros, à ordon- ner l'expédition pour le Pérou; il énumère les avantages à se sou- mettre à un gouvernement qui ne désire que « le mieux-être des populations » (25).

Pour porter la bonne parole, il y a donc des relais, des agents de diffusion qu'on appelle dans les villages, communautés, haciendas, forasteros mais aussi « envoyés de Castelli », « del Rey Castel », et par glissement, « del Rey Inca », « del Inca ».

De la proclamation officielle à la lettre qu'on dissimule, du geste manifeste à celui qui est rapporté, de la propagande orchestrée on en vient à des rumeurs diffuses. Ces bruits qui courent disent tous la même chose ou à peu près. Ils parlent d'un événement particulier, l'arrivée de Castelli, le Libérateur, le Sauveur. On ne peut pas dire qu'ils rendent compte de la réalité, d'une réalité immédiate du moins, car en fait Castselli est un homme fini. Après les premiers succès remportés par l'armée libératrice est venue l'heure de la défaite. A Huaqui, les troupes vice-royales, envoyées par Abascal et commandées par Goyeneche, ont vaincu celles des patriotes. C'est l'heure du bilan, des comptes à rendre Í26). Le représentant de la junte est rappelé dans la capitale pour y être jugé en tant que responsable de cet échec. Or c'est précisément le moment que choisissent plusieurs pro- vinces qui dépendent de Lima pour se soulever contre les autorités : Huánuco, Tarma, Huamanga... « Quand donc viendra le fameux Cas- telli nous libérer de l'oppression des chapetones ? » Castelli, malade,

(25) A son retour Argandoña y Echeverría rend compte de son voyage dans un journal qu'il envoie à Castelli et qui semble renforcer ce dernier dans la poli- tique qu'il a choisie de suivre avec les indigènes. Mariano de Argandoña y Echeverría, « Plan exacto e individual de observación que yo el subscripto he puntualisado de toda la carrera conforme la instrucción, tengo verificada y [illisible] - rida desde el dia 17 de diciembre del año pasado de 1810 que sali de la Villa de Potosí hasta mi regreso a la Villa de Oruro », Archivo General de la Nación Argentina, Buenos Aires, ff. 115-118.

(26) Ernesto J. Fitte, « Castelli y Monteagudo, Derrotero de la primera expe- dición al Alto Perú », Congreso Internacional de Historia de America (3), 1960, Buenos Aires, Academia nacional de la historia, 1961, VI tomes, tome IV.

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meurt en 1812 et pourtant tous l'attendent. Différents foyers d'insur- rection éclatent et tous se rallient sur son nom : « Vive Castelli ! A bas le mauvais gouvernement ! » Pour les insurgés de Huánuco, Cas- telli revêt une valeur mythique, indissociable de l'idée de reconquête car il s'agit de se soumettre, ime fois encore, à une autorité extérieure, Castelli, c'est une autorité voulue, attendue, qui n'est plus considérée comme suspecte, oppressive, mais qui signifie au contraire adhésion, communion (27).

Bel exemple d'asynchronisme, dira-t-on. Assurément, mais bel exem- ple aussi de la force d'une propagande révolutionnaire lorsqu'elle ren- contre une attente au sein de la population.

Comme Moreno, dont il était le partenaire zélé et fidèle, Castelli fut très vite et très souvent taxé de jacobin et de robespierriste par ses adversaires, Espagnols colonialistes et créoles modérés. Dans ses Mémoires, le général Miller écrit : « II aimait la liberté et abhorrait le despotisme, condamnant tout ce qui lui semblait opposé au nouvel ordre des choses. Ceux qui étaient en place crurent voir en Castelli un second Robespierre, prêt à immoler tous ceux qu'il aurait jugé utile d'immoler au triomphe de la liberté. En fait Castelli était un terroriste entièrement acquis aux principes de la Révolution française qu'il connaissait dans tous ses détails » (28). L'allusion à la Terreur renvoie à la volonté de briser les résistances qui animait Moreno et Castelli, et en particulier à l'application par Castelli de la décision prise par Moreno d'exécuter les chefs de la contre-révolution parmi lesquels figurait l'ancien vice-roi Liniers. Mais dans les qualificatifs de jacobin et de robespierriste qui sont attribués aux deux hommes, indifféremment, on retrouve aussi, plus largement, la désignation de l'esprit qui les animait et qui en faisait les plus radicaux, les plus ardents défenseurs d'une émancipation qui ancrait sa légitimité dans l'association des principes de liberté et d'égalité (29). Qu'on ne s'y

(27) Nous renvoyons aux documents réunis dans Conspiraciones y rebeliones en el siglo XIX, documentos sobre los sucesos de la insurrección de Huánuco, Panât aguas y Huamaîies dont les cinq volumes constituent le tome III de la Colección documental de la Independencia del Perú, Lima, 1971.

Sur ce mythe du « Sauveur » cf. les pages de Raoul Girardet, « Crises de légitimité et crises d'identité », pp. 86-95, Mythes et mythologies politiques, Paris, Seuil, 1986, 211 p.

(28) Général Miller, Mémoires, chap. Ill, pp. 66-73. (29) On se reportera aux travaux de Lydia Noénu Goldman, Moreno et l éman-

cipation américaine. Le cas du Rio de la Plata. Etude critique de la référence au jacobinisme, Thèse de 3* cycle, Paris, Université de Paris I, 1983, 331 ff.; « Peuple / peuples ; Moreno et l'émancipation américaine (1810) » in Mots, « Langues d'Etat », n* 11, oc t. 1985, pp. 5-34.

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trompe pas . Si Castelli fut rappelé à Buenos Aires après la bataille de Huaqui, ce fut moins en tant que responsable d'un échec militaire qu'en tant que représentant d'un idéal que les éléments modérés de la junte, regroupés autour du président Saavedra, étaient loin de partager (30).

(30) Leonardo Paso, « Castelli y la acción revolucionaria del ejercito », Los caudillos y la organización nacional, pp. 26-37.

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