Upload
others
View
0
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
Direction de lAnmation de la Recherche,des Etudes et des Statistiques
DJJES.
L’OPINION
DES FRANÇAIS
FACE
AU CHÔMAGEDANS
LES ANNÉES80-90
Jacques CAPDEVIELIEAriette FAUGERES
(CEVIPOF*)
\ 18Janvier 19S —
Les documents d’études sont des documents de travail; ce titre, ils n’engagentque leurs auteurs et ne représentent pas la position de la DARES.
Centre l’ctiie Lit’ IL! iii fil il’ltlqui’ fi Lmç tn,ve - fr (mdtition .\ altO ittile Lies’ Sciences PolitiquesRapport teuli Li /1 tie,i1znji’ Lit’ la D-1 RES
SOMMAIRE
• Introduction .3
• Un pessimisme aggravé dans les années 90 5
Une perception pessimiste de l’avenir 6
Les causes du chômage aux yeux de l’opinion 8
Des gouvernés désabusés 9
Une responsabilité partagée de l’entreprise et de l’Etat 11
• L’entreprise sur la sellette 14
Un abaissement conditionnel des charges des entreprises 14
Les difficultés des entreprises : alibi ou réalité ‘7 16
Les entreprises devraient accepter de réduire leurs marges 18
• Des attentes ambivalentes 20
Agir sur l’offre ou relancer la demande 7 20
La prégnance de la question salariale et du revenu 21
Les 35 heures et la compensation salariale 22
Le temps partiel: un revenu amputé 26
• La couverture sociale des chômeurs 28
Une couverture systématique 28
Egalitarisme et volonté redistributive 29
Le critère générationiiel 3 1
• Privilégier la réinsertion 34
Une indemnisation sous surveillance 34
Privilégier la réinsertion par la formation 35
Agir en aval plutôt qu’en amont 37
• L’équilibre financier de l’assurance chômage 38
Augmenter les prélèvements ou réduire les prestations ‘‘ 38
Des arbitrages difficiles en cas de compression des dépenses 40
Comment affecter de nouvelles ressources 7 41
• Conclusion 43
• Annexe 45
Les données d’enquêtes exposées ici présentent un grand intérêt pour la
connaissance de l’évolution de l’opinion des Français face au chômage. Depuis 1984 en
effet, la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques auprès du
Ministère de l’emploi et de la solidarité a participé l’enquête annuelle du CREDOC sur
les conditions de vie et les aspirations des Français, pour la partie concernant le
chômage, son indemnisation et certains aspects de la politique d’emploi.
Cet intérêt - disposer ainsi d’une photographie de l’opinion répétée dans la durée
sur un problème crucial - a malheureusement aussi son revers, à savoir la difficulté à
assurer un suivi dans le temps des thèmes abordés et des formulations des questions,
indépendamment des préoccupations conjoncturelles et des alternances politiques.
L’interprétation des résultats doit être particulièrement prudente face à des évolutions
dont on ne sait pas toujours si elles correspondent à des changements en profondeur de
l’opinion ou si elles ne sont que la conséquence d’une modification de l’instrument de
mesure utilisé.
Cette réserve faite, ces sondages permettent de retracer l’évolution de l’opinion
des Français depuis le milieu des années 80 face au chômage, face aux solutions
proposées et face à sa couverture sociale.
On le savait déjà, les Français sont pessimistes et sceptiques quant aux mesures
mises en oeuvre pour lutter contre le chômage. Ce pessimisme et ce scepticisme
s’aggravent à la fin des années 80 et au début des années 90, en même temps que l’on
passe de ce qu’on avait présenté comme “la réconciliation des Français avec leurs
entreprises” à l’ère du doute. Dans cette évolution, l’encadrement est particulièrement
concerné comme nous aurons l’occasion de le voir à plusieurs reprises, son malaise
s’accroissant dans les toutes dernières années.
Autre apport précieux fourni par ces enquêtes elles donnent la mesure de
l’ambivalence des Français au regard d’un débat qui les dépasse souvent mais dont ils
ressentent quotidiennement les conséquences. Entre la poursuite d’une politique centrée
sur l’offre et une relance de l’économie par la demande, les Français n’ont pas vraiment
choisi Ils sont sensibles aux pressions de la concurrence internationale mais leurs
On trouvera en annexe tme présentation technique des échantillons successifs.
3
attentes en matière de revenus sont fortes. Ils sont largement d’accord pour qu’on abaisse
les charges sociales des entreprises mais ils sont aussi de plus en plus favorables à une
réduction de la durée du travail sans croire forcément pour autant qu’elle constitue une
réponse au problème de l’emploi.
Les Français sont par ailleurs très attachés à la couverture sociale du chômage,
dans une perspective plus redistributive qu”assurantielle”. Cette couverture ne doit
toutefois, dans leur esprit, rester qu’un pis-aller provisoire, la réinsertion des chômeurs
par la formation devant être privilégiée.
Enfin, lorsque l’équilibre financier de l’assurance-chômage est menacé, cet
attachement à ce que tous les chômeurs soient correctement indemnisés conduit un
nombre croissant de nos concitoyens à préférer une augmentation des prélèvements
plutôt qu’une réduction des prestations.
4
UN PESSIMISME AGGRAVE DANS LES ANNEES 90.
A l’instar de l’ensemble de la population, les Français interrogés dans ces enquêtes
sont de plus en plus nombreux, avec le temps, à avoir été confrontés au chômage à un
moment ou â un autre de leur vie.
Ainsi, le pourcentage de personnes qui déclarent n’avoir ‘jamais été au chômage
au cours des dix dernières années” chute de 78 % en 1985 à 68 % en 1996. Dans le
même intervall de temps, les interviewés qui déclarent avoir connu le chômage “trois
fois ou plus” passent de 3 à 7 %.
Cette exposition accrue au chômage concerne à partir de la fin des années 80
l’ensemble de la population sondée, quel que soit le niveau d’études des personnes
interrogées. La situation des plus diplômés et des cadres supérieurs - si l’on s’en tient à
leurs déclarations - se dégrade toutefois davantage encore en 1995 et en 1996 que celle
des autres catégories de la population.
Pourcentage de ceux qui n’ont pas connu le chômage depuis 10 ans par rapport à la
population interrogée de la même tranche d’dge.
89 90 91 92 93 94 95 96
Moins de 25 an 57.4 57,2 58,9 62,5 56,8 56,9 62,1 58,9
De 25 à 39 ans 55,3 54,5 57,8 54,4 49,0 47,2 45,4 45,7
De 40 à 59 ans 81,2 80,2 81,4 74,9 75,5 77,0 75,5 73,7
60 ans et plus 94,8 96,0 95,6 95,0 94,2 93,9 94,1 95,5
Nous avons retenu dans le tableau ci-dessus la population n’ayant jamais connu le
chômage, les autres possibilités renvoyant à des items dont l’intitulé varie au cours des
enquêtès. Parmi les personnes interrogées qui déclarent donc n’avoir jamais connu le
chômage, l’évolution des moins de 25 ans et celle des 60 ans et plus est relativement
stable tout au long de la période Toutefois, les premiers sont toujours nettement moins
nombreux à n’avoir jamais connu le chômage, à la différence des seconds qui
correspondent à une génération très largement épargnée par la crise du marché du
5
travail. Contrairement à une opinion répandue 2, ce n’est pas la situation de l’emploi des
plus jeunes qui se dégrade le plus - si l’on en croit ces enquêtes -. entre 1989 et 1996,
mais celle des 25-3 9 ans et, à un degré moindre, celle des 40-59 ans.
Une perception pessimiste de l’avenir.
Dans un premier temps, les prévisions optimistes paraissent l’emporter. De 1984 à
1989, on enregistre une baisse régulière et très importante du pourcentage de personnes
qui pensent “qii ‘à leur avis, le nombre de chômeurs va augmenter pendant plusieurs
années” (de 83 à 54 %, 29 points d’écart), et une hausse concomitante de ceux qui
estiment qu’il va “se stabiliser dans un avenir proche” (de 15 à 38 %), voire “diminuer”
Opinion sur l’évolution du chômage
100
80—
——-va augmenter
60 —e-—va se stabiliser
—a— va_diminue_
84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96
années
(de 1 à 8 %).
Cette évolution optimiste se renverse fortement à partir de 1990, à l’exception
d’une embellie provisoire en 1993 et 1 994, qui correspond à la seconde cohabitation et à
la popularité atypique dont bénéficie à l’époque la gestion d’Edouard Balladur.
Désormais les trois-quarts des personnes interrogées partagent une vision pessimiste de
l’avenir.
2 La référence au taux de chômage ne tient pas compte des effets induits par le taux de scolarisation. Si
l’on rapporte en revanche le nombre des chômeurs dc 15-24 ans â l’ensemble de la population totale de
cette même tranche d’age et pas aux seuls actifs, moins d’un jeune Français sur 10 de sa génération est
au chômage. un rapport qui rejoint ce qu’on observe par exemple aux Etats-Unis. Cf. ELBAUM
(Mircille). MARCHAND (Olivier). “Emploi et chômage des jeunes dans les pays industrialisés : la
spécificité française”. Premières synthéses. 34. octobre 1993.6
Comme on pouvait s’y attendre, ce sont les moins diplômés (7 points d’écart en
moyenne sur l’ensemble de la période, entre ceux qui n’ont aucun diplôme et ceux qui ont
suivi un enseignement supérieur), les ouvriers et les employés plus souvent que les
cadres (12 points d’écart) qui sont proportionnellement les plus pessimistes. Les moins
de 25 ans, malgré une exposition plus grande au chômage et malgré l’importance
croissante du thème du chômage des jeunes dans le débat public, ne se montrent ni moins
ni plus pessimistes que leurs aînés.
Au regard de cette vision de plus en plus pessimiste de l’évolution du chômage en
général correspond, chez les interviewés, une anticipation plus raisonnée de leur propre
avenir: le chômage va certes augmenter, mais d’abord pour les autres.
Etes-vous (ou un des membres dufoyer) menacé de chômage ?
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96
Oui 12,8 12,6 12,4 11,7 10,7 13,9 16,4 15,5 15,3 16,6
Déjà au chômage 14,1 14,6 12,5 13,8 14,1 17,0 20,3 18,9 18,7 18,8
Non 72,7 72,6 75,0 74,3 75,1 68,8 63,1 65,5 66,1 64,6
Dans tous les cas et quelles que soient les caractéristiques démographiques ou
socio-professionnelles des personnes interrogées, on observe une même césure qui
intej-vient entre la décennie 80 et la décennie 90. Dans un premier temps, il semble que
nos concitoyens, s’agissant de l’avenir de la société ou de leur propre avenir, partagent un
optimisme relatif et raisonné: plus le taux de chômage augmente, plus ils sont nombreux
à estimer que le chômage a atteint un seuil où il devrait normalement plafonner. Dans un
second temps, cet optimisme fait place à une inquiétude de plus en plus répandue qui
culmine, selon l’indicateur retenu, entre 1991 et 1993, contribuant rétrospectivement à
expliquer l’issue des élections législatives de mars 1993, qualifiées alors de “vote
sanction” au vu de résultats caractérisés à la fois par la défaite de la majorité sortante
socialiste et par la consolidation d’un vote protestataire en faveur des candidats du Front
national
Cf. Le t (e sanction Les élections législatives des 21 e! 28 mars 1993. Pans. Département détudes
politiques du Figaro et Presses de la FNSP. 1993.7
Les causes du chômage aux yeux de l’opinion.
Bien qu’on ait posé aux interviewés une question ouverte, sur une consigne assez
générale - “Selon vous, à quoi principalement est due l’importance du chômage
actuel ?“ - il est tout à fait remarquable que les mêmes causes soient toujours
spontanément avancées par les interviewés, sur l’ensemble de la période - la
modernisation et le progrès, le manque d’emplois, la crise économique - tandis que
d’autres - la mentalité des Français, le travail au noir, les emplois précaires, le manque
de flexibilité oule travail des femmes - n’occupent qu’une place résiduelle, quand elles
ne sont pas tout simplement absentes.
Les caractéristiques démographiques et socio-professionnelles des interviewés
interviennent de façon significative dans le choix des causes retenues.
La modernisation est d’autant plus souvent désignée comme responsable du
chômage que l’on est plus âgé (14 points d’écart, en moyenne sur l’ensemble de la
période, entre les 60 ans et plus et les moins de 25 ans), que l’on n’a pas fait d’études (12
points d’écart entre ceux qui n’ont aucun diplôme et ceux qui ont fait des études
supérieures). Les artisans et les petits commerçants sont toujours les plus portés à
dénoncer la modernisation et le progrès. Les cadres supérieurs préfèrent très nettement
accuser la crise économique qui, à partir de 1991, prend chez eux le relais du thème de
l’inadaptation de la formation
Causes du chômage%
899193 * 96
années• modernisation • formation À étrangers - -. - -patrons
8
Plus généralement en effet, encore qu’à des niveaux différents selon les profils
démographiques et socio-professionnels des sondés, l’invocation des responsabilités du
système de formation ou de la mentalité des Français recule très nettement à partir de
1989. A l’inverse, la responsabilité des patrons, qui n’est mise en avant que par moins de
5 % des interviewés entre 1985 et 1993, croît ensuite pour rallier 12 % des réponses en
1996. On observe même qu’à partir de 1994 les cadres supérieurs, avec les professions
intermédiaires, dénoncent plus souvent le patronat que ne le font les employés ou les
ouvriers. Cette dernière remarque donne une idée de l’importance, aujourd’hui, du
malaise de l’encadrement.
Il faut souligner enfin que la mise en cause des étrangers n’est le fait que d’une
minorité, en recul constant, de 6 % des réponses en 1985 à 2 % seulement en 1996. Les
immigrés apparaissent ainsi de moins en moins, aux yeux des Français, comme des
concurrents sur le marché du travail et les griefs à leur encontre portent, lorsqu’ils
existent, plutôt sur l’importance de l’aide sociale dont ils bénéficieraient. Nous
reviendrons sur ce point plus loin.
Des gouvernés désabusés.
Le 14 juillet 1993, François Mitterrand déclarait : “Pour ce qui est de la lutte
contre le chômage, on a tout essayé”. A ce scepticisme au sommet de l’Etat répond celui
des gouvernes.
Les interviewés étaient invités à se prononcer sur la plus ou moins grande
“efficacité des iiomhreuses mesures mises en oeuvre par les pouvoirs publics pour lutter
contre le chômage”.
g
Efficacité des mesùres mises en oeuwe xur hîter contre le chômage
—.— assez efficaces
40—— peu efficaces
30 —*—-pasefiicaces
91939596années
II ne se trouve quasiment personne, sur l’ensemble de la période, pour juger ces
mesures “très efficaces”. La part des enquêtés les jugeant “assez efficaces” culmine en
1990 (27 %) puis décroît ensuite et ne concerne plus que 10 % des sondés en 1996.
Dans le même temps, la part de ceux qui les estiment “peu efficaces” passe de 58 à
63 %. Les plus désabusés - “pas du tout efficaces” - tournent autour de 22 % entre 1991
et 1995 et représentent plus du quart de l’ensemble de l’échantillon en 1996.
A cette dernière date, fin 1996, ce sont au total près de 90 % des personnes
interrogées qui jugent “peu” ou “pas du tout efficaces” les mesures prises pour lutter
contre le chômage.
Les deux catégories bénéficiant principalement de ces mesures - lès moins de 25
ans avec les aides à l’insertion professionnelle, les 60 ans et pius avec les incitations à la
cessation anticipée d’activité - sont un peu moins sceptiques quant à leur efficacité que
les 25-59 ans.
Le niveau d’études n’est guère discriminant: un même bond en avant du
scepticisme s’observe en 1995 et 1996, chez ceux qui sont passés par l’enseignement
supérieur comme chez ceux qui n’ont aucun diplôme
L’appartenance socio-professionnelle de la personne interrogée n’a également que
peu d’incidence. On observe seulement une expression plus mesurée de ce scepticisme -
“peu “ plutôt que “pas du tout effic. :e’s” - chez les cadres supérieurs que dans les autres
catégories socio-professionnelles Etin et contrairement à ce qu’on aurait pu attendre,
les chômeurs ne sont ni plus ni moins sceptiques que les actifs occupés.
C’est avec la même défiance que nos concitoyens accueillent les “nombreuses
mesures mises en oeuvre par les pouvoirs publics pour favoriser la réinsertion des
10
personnes en dfficulté” (76 % des sondés les jugent ‘peu” ou “pas du tout efficaces” en
1995, 80 % en 1996). Un tiers d’entre eux seulement pensent en 1995 comme en 1996
que “les politiques adoptées en France pour résoudre les problèmes d’emploi ont eu
comme effet d’aider les demandeurs d’emploi à retrouver un emploi”, 42 puis 44 % les
réduisant à l’apport d’une aide ‘financière” ou d’un “soutien psychologique”.
Une responsabilité partagée de l’entreprise et de l’Etat.
En 1994, 1995 et 1996, une liste de mesures était présentée aux interviewés qui
étaient invités à désigner dans l’ordre, les deux mesures leur paraissant les plus efficaces
pour réduire le chômage.
PREMIERE MESURE LA PLUS EFFICACE POUR REDU1RE 94 95 96
LE CHOMAGE:
Des aides en matière de formation 16,2 13,3 14,0
Des aides spécifiques aux entreprises pour embaucher 31,7 14,2 14,4
Un développement des préretraites 10,9 16,3 15,8
Des allègements généraux des charges sociales des employeurs 20,0 18,2 20,5
Des aménagements du temps de travail (temps partiel..) 8,3 21,8 20,3
Un développement des emplois publics ou associatifs 9,5 5,8 6,0
Un développement des emplois de proximité (aides ménagères..) 3,4 7,2 6,2
Si on cumule les items concernant une aide aux entreprises - “des aides aux
entreprises pour qu’elles embauchent” et “des allègements généraux des charges
sociales pour les employeurs”- ils arrivent largement en tête des premiers choix retenus
par les personnes interrogées, suivis par “des aménagements du temps de travail”, “le
développement des préretraites” et “des aides en matière de formation”.
Les emplois aidés dans le secteur public ou associatif comme les emplois de
proximité viennent loin derrière Lorsqu’il s’agit de prendre des mesures pour réduire le
chômage, c’est d’abord vers l’entreprise que se tournent les Français.
Il
Les seconds choix confirment en partie ces tendances, avec entre 1994 et 1996,
une progression cette fois des attentes vis-à-vis des aménagements du temps de travail
ou vis-à-vis des créations d’emplois de proximité.
Cette responsabilité particulière des entreprises en matière de création d’emplois
n’exonère pourtant pas celle de l’Etat, aux yeux de l’opinion .
Intervenants qui dewaient s ‘engager davantage dans la lutte contre le chômage
45
40
35
30
2595
96
entreprises Etat collectivités syndicats de
locales salariés
Celle-ci estime certes que ce sont d’abord “les entreprises qui devraient
davantage s’engager aujourd’hui dans la luite contre le chômage” (40 % des choix
prioritaires en 1996 et 29 % des deuxièmes choix) mais l’Etat vient en second (37% en
premier choix et 23 % en deuxième choix), avant les collectivités locales
(respectivement 14 et 28 %), les syndicats (8 et 10 %), et les associations (1 et 4 %).
Bien que confronté aux impératifs de la mondialisation et à la vogue des solutions
libérales, l’héritage colbertiste reste toujours vivace dans une fraction importante de
l’opinion. Ce sont bien sûr les cadres supérieurs et les professions libérales qui
privilégient un engagement accru des entreprises, tandis que les ouvriers se tournent
davantage vers I’Etat. Toutefois et contrairement à ce qu’on pourrait supposer, ces
attentes envers l’Etat ne correspondent pas forcément à un regret de la régulation
La question est ainsi formulée en 1995 et 1996 : “1ici une liste dntervenants. Quels sont les deux
iut, selon vous, devraient davantage s’engager aujourd’hui dans la lutte contre le chômage ?“. Les
enquêteurs etaient invites à classer les réponses en premier et second choix, en présentant la liste
suivante Les entreprises, les .vvndicats de salariés, les associations, les collectivités locales (réglons,
departements, communes), l’Etat.12
étatique telle qu’on la connaissait dans les années cinquante-soixante, un regret qui serait
assimilable à une crispation passéiste de ceux qui en ont bénéficiée; on attend en effet
d’autant plus un acccroissement du rôle de l’Etat que l’on est plus jeune: c’est le cas de
44 % des moins de 25 ans contre 38 % des 25-39 ans, 34 % des 40-59 ans et 29 %
seulement des 60 ans et plus (soit 15 points d’écart entre les plus jeunes et les plus âgés).
50.
45
Demande d’accroissement du rôle de l’Etat
r 30
25C
20en 15
10
L.1moins de 25 25-39 ans 40-59 ans 60 ans et plus
âge
La régularité de cette dernière relation tranche ainsi avec la réputation
d’individualisme fréquemment associée â la jeunesse, qu’on a trop rapidement tendance à
opposer à l’attachement des plus âgés aux acquis sociaux de l’Etat-providence: face au
chômage, on attend d’autant moins un engagement accru de l’Etat qu’on est plus âgé
E1 r-i
F---1
ans
I-)
L’ENTREPRISE SUR LA SELLETrE.
Un abaissement conditionnel des charges des entreprises.
Paradoxalement, alors que le poids des charges sociales n’occupe qu’une place
résiduelle dans les réponses des interviewés lorsqu’il s’agit de se prononcer spontanément
sur les causes du chômage, il vient régulièrement en tête dès lors qu’il figure
explicitement dans les réponses proposées au choix des interviewés pour expliquer le
chômage.
Ainsi, l’abaissement des charges sociales des entreprises est d’autant plus
populaire qu’il vise à diminuer le coût des emplois peu qualifiés. En 1989 déjà, 77 % des
personnes interrogées se disent ‘favorables” à la proposition “pour favoriser la création
d’emplois, de réduire, pour les emplois les moins qualifiés, les cotisations sociales
versées par les entreprises”, 21 % seulement se déclarant d’un avis contraire.
En 1990, 73 % des interviewés pensent par ailleurs que des mesures prises par les
pouvoirs publics “pour alléger le coût salarial dans les PME seraient efficaces pour
développer l’emploi”.
Corrélativement, le poids des cotisations sociales vient toujours en premier, de
1991 à 1993, lorsqu’il figure sur une liste de “raisons” constituant “aujourd’Inii un frein
â l’embauche “.
RAISONS CONSTITUANT UN FREIN A L’EMBAUCHE 91 92 93
Le niveau du SMIC trop élevé 1,3 1,4 1,1
Les cotisations sociales trop élevées 36,2 36,6 37,5
Les difficultés pour trouver du personnel compétent 13,4 8,1 6,2
La réglementation du travail trop contraignante pour les 2,7 2,6 5,8
employèurs
La situation économique incertaine 26,7 27,2 25,9
Le développement des technologies économisant la main d’oeuvre 1 7,5 21,8 20,6
Autre1,6 1,6 2,3
14
La distribution de l’opinion face aux différentes “raisons” proposées reste
étonnamment stable de 1991 à 1993. Seules “les difficultés pour recruter du personnel
compétent” apparaissent de moins en moins crédibles.
On ne sera pas surpris que les exploitants agricoles, les artisans et les petits
commerçants soient les plus nombreux à dénoncer le poids des cotisations sociales (58 %
d’entre eux), les cadres supérieurs étant en revanche les plus réservés (30 %). Comme on
l’a déjà indiqué, ces derniers préfèrent comme les professions intermédiaires mettre en
avant “la situation économique incertaine”, une explication qui est d’autant plus retenue
que le niveau d’études s’élève.
C’est encore la réduction des cotisations sociales qui est privilégiée par les
Français lorsqu’on les interroge, en 1991, sur les mesures qui pourraient inciter les
particuliers à déclarer le personnel de service, afin de réduire l’importance du travail au
noir.
Ce consensus en faveur d’un allègement des charges sociales n’est pourtant pas
exempt de scepticisme et il est loin d’être inconditionnel.
D’une part, lorsque “les entreprises béneficient d’exonérations de charges
sociales pour embaucher certains demandeurs d’emplois en difficulté chômeurs de
longue durée)”, une nette majorité de sondés (54 % en 1994 et 1995, 57 % en 1996)
juge que “ces aides favorisent plutôt les entreprises, qui auraient de toute façon
embauché sans ces aides”, une minorité (respectivement 45, 44 et 42 %) trouvant au
contraire que “ces aides favorisent plutôt les demandeurs d’emplois concernés, qui
ii ‘auraient pas été embauchés sans ces aides”
D’autre part, une minorité résiduelle (4 % seulement des personnes interrogées en
1995 comme en 1996) estime qu’on devrait accorder des exonérations de charges aux
employeurs sans leur demander des contreparties. A l’inverse, une majorité pense qu’on
devrait leur demander soit “de créer des emplois supplémentaires” (autour de 53 % en
1995 comme en 1996), soit “de favoriser l’embauche de chômeurs en grande difficulté
(‘chômeurs de longue durée, bénejiciaires du RA’!!)” (autour de 21 o/) ou encore qu’on
devrait lier ces exonérations à l’obligation “de transformer des emplois à durée
déterminée en emplois à durée indéterminée” (1 5 %) D’une année sur l’autre, l’opinion
est donc cette fois encore particulièrement stable quant au type de contreparties qu’il
15
faudrait exiger. Une stabilité qu’on retrouve lorsqu’on interroge les Français sur le niveau
auquel ces contreparties devraient être négociées.
En effet, devraient-elles être négociées “au niveau iiational au niveau régional
ou départemental, au niveau des branches professionnelles ou au niveau de chaque
entreprise ?“ 37 % des personnes qui sont favorables à l’exigence de ces contreparties en
1995 et 39 % en 1996 pensent qu’elles devraient être négociées dans l’entreprise, mais
28 % estiment en 1995 comme en 1996 qu’elles devraient être négociées au niveau
national, la branche ou la région venant loin derrière. L’opinion est cette fois encore
partagée dans son appréciation des responsabilités respectives des entreprises et de l’Etat
vis-à-vis du chômage.
Les dilTicultés des entreprises: alibi ou réalité?
En 1990, 1991 et 1992, après avoir rappelé que “les entreprises déclarent
rencontrer de plus en plus de difficultés pour recruter les personnes dont elles ont
besoin, notamment pour des emplois qualfiés”, une liste de raisons était présentée aux
interviewés , qui étaient invités à désigner “la raison principale, selon eux”.
RAISON PRINCIPALE DES DIFFICULTES DE RECRUTEMENT 90 91 92
POUR LES ENTREPRISES:
Les entreprises sont trop exigeantes 16,2 16,1 24,2
Il n’y a pas assez de personnes qualifiées ou compétentes 35,6 37,1 30,0
Les salaires proposés sont insuffisants 19,7 14,8 12,6
Les conditions de travail offertes sont pénibles 1,7 1,5 2,0
Les entreprises ne veulent pas payer la formation nécessaire 1 5,2 16,1 1 5,4
Les denandeurs d’emploi sont trop exigeants 7,3 10,1 8,6
Les emplois proposés sont souvent trop éloignés du domicile 3,5 3,8 5,5
Ces propositions sont : “Les entreprises sont trop exigeantes : il n’y a pas assez de personnes
qualifiées ou compétentes les salaires proposes sont insuffisants les conditions de travail oJTenes
sont trop pénibles les entreprises ne i’eulenl pas paver la formation nécessaire ; les demandeurs
d’emplois sont trop exigeants: les emplois proposés sont souvent trop éloignés du domicile”
16
L’insuffisance des salaires proposés est un thème qui recule régulièrement d’une
année à l’autre. L’invocation du manque de personnes qualifiées ou compétentes recule
également entre 1991 et 1992, mais cette raison reste au premier rang des explications
retenues ; le libellé introductif de la question induit vraisemblablement cette position. En
revanche, l’opinion selon laquelle les entreprises seraient trop exigeantes dans leurs
critères de recrutement progresse assez nettement entre 1991 et 1992. Les exigences des
demandeurs d’emploi ne sont retenues que par 7 à 10 % des interviewés, tandis que la
référence à l’éloignement du domicile ou aux conditions de travail reste toujours
résiduelle.
En 1994, 1995 et 1996, le dispositif de questionnement est trop modifié pour
permettre une comparaison avec ce qui précède 6, Notons toutefois que les distributions
des réponses varient fort peu entre 1994 et 1996. Confirmant ce que nous avons déjà
observé, l’invocation du poids excessif des cotisations sociales pour expliquer que “les
employeurs n ‘embauchent pas” recueille régulièrement le plus fort pourcentage
d’adhésions (75 à 80 % de sondés se disent d’accord), suivie par la rigidité de la durée du
travail (53 à 55 %), par les difficultés pour trouver du personnel compétent (43 à 46 %),
par le fait que les entreprises n’auraient pas besoin d’effectifs supplémentaires
(39 à 46 %). Loin derrière ces scores, 15 % seulement des interviewés estiment que “les
employeurs n ‘embauchent pas parce que les niveaux de salaires sont trop élevés”.
Plus généralement, face à la volonté prêtée aux entreprises de s’attaquer vraiment
au chômage, les Français apparaissent divisés comme le confirme une autre question,
posée en 1992. Une majorité des personnes interrogées, 55 %, pense alors que, “lorsque
les entreprises licencient, c’est le plus souvent parce qu’elles refusent de faire des
sacrifices financiers, alors qu’elles pourraient garder leurs salariés”, tandis que 44 %
estiment que ‘c ‘est le plus souvent parce qit ‘elles ne peuvent pas faire autrement sans
mettre- leur existence en danger” On est d’autant plus sévère avec l’entreprise qu’on est
plus jeune (60 % des moins dc 25 atis) et ouvrier (69 %), et d’autant plus compréhensif
6 “,1 votre avis, si les employeurs n’embauchent pas, est-ce parce que..” Les sondés étant invités ârépondre Oui ou \on face a chacune des propositions suivantes s Les cotisations sociales sont tropeleiées les entreprises n’ont pas besoin d’effectif supplémentaires les niveaux de salaires sont tropélevé.s les entreprises ont des difficultés pour trouver du personnel compétent la durée du travailn ‘est pas a.’,se: souple
17
que l’on est plus âgé (48 % des 60 ans et plus), exploitant agricole, artisan ou petit
commerçant (73 %) ou, â un degré nettement moindre, cadre supérieur (50 %). Dans ces
jugements, le niveau d’études n’intervient pas de façon significative.
Les entreprises devraient accepter de réduire leurs marges.
A partir de 1992, les enquêtés doivent indiquer “l’opinion dont ils se sentent le
plus proche en cas de menaces de licenciements dans une entreprise” 7.
OPINION EN CAS DE LICENCIEMENT: 92 93 94 95 96
II faut que les entreprises se donnent les moyens de 42,8 49,4 51,8 50,7 49,9
garder leurs salariés
Il faut que les pouvoirs publics interviennent 17,0 17,2 14,4 14,3 13,8
Il faut que les salariés de l’entreprise tentent de 21,2 16,3 15,0 14,3 15,0
préserver l’emploi
Il n’y a pas grand chose â faire 18,4 16,2 17,9 19,6 20,1
La stabilité de la répartition des différentes opinions recueillies entre 1992 et
1996 au niveau de l’ensemble de l’échantillon est remarquable mais elle recouvre des
évolutions catégorielles importantes, notamment pour ce qui concerne les cadres
supérieurs.
Une minorité des interviewés est convaincue qu’il n’y a rien à faire, les entreprises
devant rester libres de gérer leurs effectifs. Mais si la proportion de ces résignés reste
pratiquement constante pour l’ensemble de l’échantillon et chez les seuls ouvriers de 1992
à 1996 (autour de 17 % pour ces derniers), elle progresse fortement chez les cadres
supérieurs (de 7 â 19 %)
Une liste leur est proposee qui comprend: “Il faut que les entreprises se donnent les moyens de garder
leurs salariés, notamment en réduisant leurs marges , ii faut que les pouvoirs publics inteniennent,
notamment sous frme d’aides publiques financées par l’impôt il faut que les salariés de l’entreprise
18
Ilnyarien à faire
25 1
_
20—
____—
Ocadres
•ouvriers
_____j
o
années
Un enquêté sur deux estime à l’inverse qu’il appartient aux entreprises d’accepter
de réduire leurs marges, cette opinion ralliant cette fois encore un pourcentage à peu
près constant d’ouvriers, autour de 49 %, alors qu’elle ne devient majoritaire chez les
cadres qu’à partir de 1994. Chez ces derniers en revanche, la solution consistant à
accepter une réduction des salaires pour préserver l’emploi connaît une chute
spectaculaire et régulière : de 32 % en 1992 à 16 % en 1996. On a ici un autre indice du
malaise propre à ce groupe social. Ce refùs de réduire les salaires pour sauver les
emplois confirme par ailleurs le consensus déjà rencontré autour du refùs de voir dans le
niveau des salaires un frein à l’embauche.
Enfin, les ouvriers sont plus nombreux (autour de 20 % sur l’ensemble de la
période), que les cadres (autour de 10 %) à souhaiter une aide publique financée par
l’impôt
15
10
5
92 93 94 95 96
tentent de préserl’er 1mploi, notamment en acceptant de réduire leurs salaires il n’y a pas grandchose ôfaire’.
19
DES ATTENTES AMBIVALENTES
Agir sur l’offre ou relancer la demande? -
En 1994, une liste de “propositions” est soumise aux interviewés qui sont invités
à désigner “les deux plus efficaces, aujourd’hui, pour développer l’emploi”8.
L’abaissement des charges sociales vient bien sûr en tête des choix: 33 % des
interviewés le retiennent prioritairement, 53 % si l’on cumule les premiers et deuxièmes
choix. On retrouve ici une autre manifestation du consensus évoqué précédemment. Il
serait toutefois erroné d’en déduire l’existence d’un autre consensus, macro-économique
celui-là, en faveur d’une politique économique axée sur l’offre, dans un contexte de
mondialisation croissante des échanges. La tentation protectionniste vient en effet en
second : 28 % des interviewés pensent qu’il faudrait 7avoriser la production nationale
et limiter les importations”, 45 % si l’on cumule les premiers et second choix .
Si on ajoute à ce choix protectionniste l’option en faveur d’une “relance de la
consommation intérieure”, ce sont 43 % des personnes interrogées qui privilégient en
premier choix, implicitement ou explicitement, une relance par la demande plutôt que la
poursuite d’une politique économique centrée sur l’offre.
En dépit des arguments régulièremet développés par l’OCDE et des prises de
positions d’un certain nombre de responsables politiques français, la “suppression du
SMIC” n’est mise en avant, en premier comme en deuxième choix, que par 1 % des
personnes interrogées, un pourcentage résiduel et identique à celui que l’on trouve
lorsqu’on demande par ailleurs aux interviewés si “le niveau trop élevé du SMIC” est
“aujourd’hui, un frein à l’embauche”.
Ces “propositions” sont favoriser la production nationale et limiter les importations, relancer la
consommation intérieure, supprimer le £fIC, abaisser les charges sociales, réduire la durée du travail,
créer des emplois publics (enseignement).
Au printemps 1995. 24 % des Français se disent “tout à fait” et 35 % “assez favorables” â “la
limitation des importations de produits étrangers même si les consommateurs doivent paver plus cher
les produits”. cf. LA CHAiSE (Guillaume). Crise de l’emploi et fractures politiques. Paris. Presses de
Sciences Po. 1996. p. 213-217. Réalisée avec le concours, entre autres, de la DARES. cette étude.
administrée sur le terrain avant la dernière élection présidentielle, montre â partir d’un sondage que les
personnes ayant l’intention alors de voter pour Lionel JOSPIN sont moins protectionnistes que les
électeurs potentiels de Jacques CHIRAC (12 points d’écart).20
La prégnance de la question salariale et du revenu.
Le chômage relègue certes la question salariale au second rang dans le débat
public et dans les préoccupations des salariés. Ainsi, en 1994 toujours, 10 % seulement
des personnes interrogées estiment que, “dans la situation actuelle, pour quelqu’un qui
ti-availle, il est preférable d’avoir un emploi moins stable mais mieux rémunéré”, alors
qu’elles sont 90 % à préférer au contraire “un emploi stable, même si celui-ci nes1 pas
très bien rémunéré”. II faut relever que, confrontés à cette alternative, aucun des
enquêtés ne s’abstient de répondre. Face à un tel unanimisme, ni le niveau d’études ou de
revenus, ni la profession de la personne interrogée n’ont une incidence. On relève tout au
plus une relation entre la préférence pour la stabilité de l’emploi et l’âge (de 85 % chez
les moins de 25 ans à 93 % chez les 60 ans et plus).
Pourtant, la question du revenu n’en est pas moins très présente chez les Français.
Dès 1991, donc bien avant la mobilisation nationale contre le projet du contrat
d’insertion professionnelle -CIP- (projet de Ho de décembre 1994), 33 % seulement des
interviewés pensent que “la création d’un salaire minimum pour les jeunes iiférieur au
SMIC” serait efficace pour l’emploi, alors qu’ils sont par ailleurs 90 % à attribuer une
telle efficacité à “une réduction des cotisations sociales de l’employeur, sans toucher au
salaire du jeune”.
Que ce soit en 19)4, en 1995 ou en 1996, c’est encore le revenu qui vient
toujours et très largement en tête lorsqu’on interroge les Français sur ce que, “pour eux,
représente avant 10111 le travail” avec une constance remarquable puisque 65 % de
l’ensemble des sondés font ce choix en 1994 et 1995, 64 % en 1996. Les trois-quarts des
seuls ouvriers partagent cette identification du travail au revenu qu’il procure, contre un
peu plus de la moitié des cadres. 20 % seulement des personnes interrogées y voient
d’abord. “une source d’épanouissement personnel” (mais 32 % des cadres supérieurs en
1994, 31 % en 1995 et 28 O,/ en 1996). Les choix en faveur des autres items restent
toujours très minoritaires autour de 5 % pour ceux qui le considèrent comme “un
Les interviewés étaient invités à choisir entre une source d’épanouissement personnel, un moyend’insertion sociale, un moyen d’affirmation sociale, une source de revenu, autre.
21
moyen d’affirmation sociale”, autour de 9 pour ceux qui y voient d’abord “un moyen
d’insertion sociale”.
Les 35 heures et la compensation salariale.
Ces attentes salariales expliquent probablement en partie les réserves qui
accueillent en 1992 la proposition formulée dans le questionnaire ‘pour favoriser la
création d’emplois, de réduire la durée de travail hebdomadaire des salariés, avec une
dimimition de salaire”. 4 % seulement des interviewés jugent cette mesure “très
efficace”, 66 % l’estimant au contraire ‘peu” ou “pas du tout efficace” pour résoudre le
problème du chômage. Formulée en termes abstraits, non chiffiés, et associée à une
diminution du salaire, la réduction du temps de travail ne convainc guère à l’opinion,
peut-être parce qu’elle évoque aussi l’échec relatif du passage aux 39 heures des débuts
du premier septennat de François Mitterrand, les entreprises y ayant alors répondu par
des gains de productivité plutôt que par des embauches de personnels supplémentaires.
A partir de 1993, le dispositif du questionnement est modifié, dédoublé, et il
devient moins contraignant - la première question ne contient plus l’idée d’une diminution
du salaire - et plus parlant - puisqu’elle se réfère explicitement au symbole de la semaine
de 32 ou 35 heures Se présentant de façon inchangée entre 1993 et 1996, cette
première question permet de prendre la mesure d’une opinion qui est cette fois très
évolutive, contrairement à ce que nous avons observé jusque-là pour la plupart des
autres thèmes abordés.
41 % des personnes interrogées pensent, en 1993, que la réduction de la durée
hebdomadaire du travail à 35 ou 32 heures créerait des emplois, 51 % en 1994, 60 % en
1995 et 61 % en 1996.
De 1993 à 1996. les interviewes sont d’abord invités a se prononcer en termes de Oui ou Non à une
première question “Pour lutter contre le chômage. certains proposent de ramener à 35 ou 32 heures la
durée hebdomadaire du travail. .4 votre avi.s, une telle mesure créerait-elle effectivement des emplois
“. lis sont ensuite invités en 1993 à choisir entre deux propositions : “Selon vous, pour qu’une telle
mesure puisse ètre susceptible de créer de.v emplois, faudrait-il plutôt obliger les entreprises à
appliquer la mesure ou laisser aux entreprise.r le chox dpp/iquer la mesure ?“ en 1994. une
troisième proposition est ajoutée aux précédentes “proposer des avantages fiscaux aux entreprises pour
appliquer la mesure”.
En 1995 et 1996. l’ensemble dc la deuxième question est modifié et devient: “Selon vous, pour qu’une
telle mesure puisse étre susceptible de creer des emplois, faudrait-il plutôt appliquer: une réduction de
salaire égale à la diminution de la durée de travail, une réduction de salaire inférieure à la réduction
de la durée de travail une réduction modulée en fonction du niveau de rémunération , aucune
réduction de salaire ‘d”
Ces deux dernières années présentent des scores quasiment identiques si l’on s’en
tient à ces résultats globaux qui concernent l’ensemble de l’échantillon. L’analyse des
seuls actifs fait toutefois apparaître des changements significatifs d’une année à l’autre.
Alors qu’en 1995, les cadres supérieurs, plus acquis à l’efficacité de la réduction de la
durée de travail, se distinguent nettement des ouvriers ou des employés (15 points
d’écart), les uns et les autres se rejoignent sur une position médiane en 1996. L’efficacité
prêtée à la réduction du temps de travail pour lutter contre le chômage progresse
également chez les plus jeunes. Autrement dit, si le niveau global de l’adhésion à cette
proposition - selon laquelle la réduction de la durée de travail à 35 ou 32 heures
constitue une des réponses au chômage - tend à plafonner à partir de 1995, les bases
sociales de cette adhésion s’élargissent.
L’idée de contrepartie salariale est introduite en 1995 et 1996 dans la seconde
question. On observe alors une répartition des opinions totalement stable d’une année sur
l’autre en 1995 comme en 1996, 14 % des interviewés sont favorables à “une réduction
de salaire itférieure à la diminution de travail”, 16 à “une réduction de salaire égale
à la diminution de la durée de travail” mais 39 % n’acceptent “aucune réduction de
salaire” tandis que 30 % optent pour “une réduction modulée en fonction du niveau de
rémunération”.
Les ouvriers suivis par les employés, les moins de 25 ans, les bas revenus et les
personnes dont le conjoint est inactif sont naturellement les plus nombreux, en 1995
comme en 1996 à n’accepter aucune réduction de salaire. Autant de groupes, relevons-le,
dont la faiblesse des revenus constitue en général le dénominateur commun.
L’opinion des cadres se situe à l’opposé mais elle est aussi beaucoup plus
évolutive : 54 % d’entre eux acceptent en 1995 une réduction modulée en fonction du
niveau de rémunération ; ils ne sont plus que 44 % à partager cette opinion un an plus
tard. Dans le même temps, ceux d’entre eux qui refusent toute réduction du salaire
passent de 16 à 24 %.
23
Une chose est de se prononcer sur une réduction générale de la durée de travail,
avec ou sans compensation salariale, une autre est de se déclarer favorable à une mesure
de ce type pour son propre compte 12
SI MESURE REDUCTION TEMPS DE 93 94 95 96
TRAVAIL:
Accepte une diminution de salaire 21,6 25,2 17,2 13,7
Accepte une diminution de salaire, avec conditions 32,0 30,9 43,9 44,7
N’accepte pas de diminution de salaire 45,7 43,5 38,2 40,2
De 1993 à 1996, le pourcentage d’interviewés qui accepteraient
inconditionnellement pour eux-mêmes une réduction de la durée de travail accompagnée
d’une diminution de salaire décroît, de 22 % en 1993 à 14 % en 1996. Ce recul s’accélère
chez les cadres en activité à partir de 1995 (30 % l’accepteraient en 1993 et 1994, 25 %
en 1995 et 17 % seulement en 1996), alors que chez les ouvriers actifs, l’évolution est
plus irrégulière (15 % en 1993, 24% en 1994, 13 % en 1995 et 9% en 1996).
Ensuite, les interviewés qui l’accepteraient “à certaines conditions” passent de
15% en 1993 comme en 1994 à 20% en 1995 et 1996. Chez les actifs, la progression
est beaucoup plus forte chez les cadres (33 % en 1993, 38 % en 1994, autour de 50 %
en 1995 et 1996) que chez les ouvriers (38 % en 1993, 46 %en 1996).
Enfin, le pourcentage des personnes qui refuseraient dans tous les cas de voir leur
salaire réduit en échange d’une réduction de la durée de travail évolue moins nettement.
Chez les ouvriers en activité, ce refus, important, pour ces quatre années, tend à se
maintenir autour de 45 %. Chez les cadres, il recule assez sensiblement de 1993 à 1995
(37, 32 et 22 %) puis remonte en 1996, ralliant alors 29 % des réponses. Ni l’âge de la
personne interrogée, ni son niveau de revenu, ni Le fait que son conjoint exerce ou
n’exerce pas une activité n’induisent ici des différences significatives.
2 La formulation de la question est cette fois la suivante “Si, pour lutter contre le chômage, on
proposait une mesure générale de réduction de la durée de travail, accepteriez-vous, VOUS
personnellement, une diminution de salaire 2” les personnes interrogées étant invitées â répondre Oui
Oui, mais ô certaines conditions. .\on.
24
En 1995 et 1996, une deuxième question ajoutait à cette proposition de “mesure
générale de réduction de la durée de travail” une mesure identique mais proposée cette
fois “dans votre entreprise”. Cet intitulé, qu’on aurait pu croire plus contraignant,
n’induit quasiment aucune différence dans les distributions des réponses par rapport à ce
qu’on vient d’observer pour ces deux années.
Lorsque les sondés sont amenés à exprimer leur préférence quant aux modalités
de cette éventuelle réduction de la durée de travail, en 1993 et 1994, la réduction
hebdomadaire vient très nettement en tête, ralliant 52 % des suffiages, bien avant la
réduction de la durée quotidienne (respectivement 25 et 26 %) et la réduction annuelle
(22 et 21 %).
Au total, ces données annoncent ce que des enquêtes plus récentes ont
confirmé13. Les Français hésitent à voir dans la réduction du temps de travail une
réponse efficace au problème du chômage. Ce scepticisme ne signifie pas pour autant
que cette mesure soit impopulaire. Au contraire, des aspirations croissantes à une
réduction de la durée du travail se manifestent, probablement parce que cette solution
apparaît comme un moyen de partager les gains de productivité engrangés depuis le
milieu des années 80, autant sinon plus qu’un moyen de partager le travail.
13 Cf. l’enquête de la SOFRES réalisée du 25 au 27 septembre 1997 auprés d’un échantillon national
représentatif de 878 salariés. pour Le4fonde. dont les résultats ont été publiés dans le numéro daté du 2
ocvbre 1997 de ce quotidien.25
Le temps partiel: un revenu amputé.
“Le développement des emplois à temps partiel peut-il effectivement réduire le
chômage ?“ : ainsi formulée, cette question ne peut que recueillir l’adhésion du plus
grand nombre. De fait, de 1992 à 1996, environ les deux tiers des Français répondent
positivement à cette question.
L’EMPLOI A TEMPS PARTIEL: 92 93 94 95 96
Peut réduire le ôhômage 66,7 55,8 68,0 65,7 64,8
Ne peut pas réduire le chômage 32,7 43,5 30,9 334 333
années
Contrairement à ce qu’on aurait pu supposer, le niveau de revenus na
apparemment aucune incidence. Le niveau de vie n’est pourtant pas complètement absent
de l’accueil réservé au temps partiel : c’est chez les cadres supérieurs et les professions
Au regard de cette interrogation, chez les hommes, ceux qui exercent une activité
sont en 1992 un peu plus sceptiques que les inactifs (respectivement 58 et 63 %
répondent par l’affirmative). Chez les femmes, l’exercice ou pas d’une activité n’induit
aucune différence et elles sont, en moyenne pour ces cinq années, un peu plus favorables
au temps partiel que les hommes. Les moins de 25 ans y sont également plus
fréquemment favorables, sans qu’on observe chez eux une évolution significative entre
1992 et 1996.
Le temps partiel réduit le chômage
8070 -. -
60
Dcadres
20 • ouvrier10
O
92 93 94 95 96
26
libérales que les jugements positifs progressent le plus, de 64 % en 1992 à 75 % en 1996.
Face au développement du temps partiel, l’opinion des chômeurs reste à peu près stable:
autour de 68 % d’entre eux pensent, en 1992 comme en 1996, que cela réduirait
effectivement le chômage.
En 1994, une question ouverte demande: “Selon vous, pourquoi le travail à
temps partiel ne se développe-t-il pas plus en France ?“. La première raison mise en
avant - et de très loin avec 40 % des réponses - est la diminution du salaire qui
l’accompagne. Le pourcentage des sans réponse (19 %) est par ailleurs beaucoup plus
élevé que celui que l’on observe habituellement. Les autres réponses se dispersent sur
différentes explications, dans l’ordre décroissant : les entreprises ny sont pas favorables,
c’est un problème de mentalités, il coûte trop cher, il n a pas assez d’incitations, il n
a pas assez de travail, les gens sont trop égoistes, c ‘est un problème d’organisation, il
ny apas de demande, c’est dévalorisant.
On observe donc un consensus autour de l’idée selon laquelle le développement
du travail à temps partiel réduirait effectivement le chômage. Cela ne signifie pas que
ceux qui adhèrent à cette proposition soient disposés à accepter, pour ce qui les
concerne, un emploi à temps partiel. En 1995 par exemple, 53 % seulement des Français
se disent prêts à accepter pour eux-mêmes un travail à temps partiel et l’écart déjà
observé plus haut entre les hommes et les femmes se creuse cette fois: 40 % seulement
des premiers l’envisagent contre 65 % des secondes
14 Cf LA CHAISE (Guillaume). op. cii. p 313
27
LA COUVERTURE SOCIALE DES CHÔMEURS.
Une couverture systématique?
De 1984 à 1987, les interviewés sont invités à indiquer s’ils pensent que tous les
chômeurs reçoivent des indemnités. Tout le monde répond ou presque (1 à 2 % de sans
réponses). Les personnes interrogées sont par ailleurs 20 à 25 %, selon les années, à
répondre par l’affirmative. La place grandissante du chômage et de sa couverture sociale
dans le débat public n’a donc pas contribué, entre 1984 et 1987, à informer un plus grand
nombre de nos concitoyens. Il faudrait toutefois voir ce qu’il en est advenu de cette
information dans les années 90.
En 1987, en 1989, puis de 1994 à 1996, un autre questionnement, normatif cette
fois, demande aux sondés s’ils estiment que tous les chômeurs devraient être indemnisés.
Des modifications dans la formulation de la question n’autorisent malheureusement une
comparaison dans le temps que pour 1989 et les années les plus récentes.
En 1987, 85 % des interviewés “pensent qu’il conviendrait de garantir à tous les
chômeurs un revenu minimum” 15
A partir de 1989, ce sont environ les trois-quarts des interviewés qui “pensent
personnellement que tous les chômeurs devraient être indemnisés” 16
TOUS LES CHOMEURS DEVRAIENT-ILS ETRE 89 94 95 96
INDEMNISES9
Oui 76 75,4 66,4 72,6
Non 23 24,1 32,7 26,5
Àu-delâ de la rupture induite par la modification de l’énoncé - le terme même de
“revenu minimum” dramatisant peut-être davantage la condition des chômeurs - cette
15 L’intitulé de la question est “hans le cas d’une réforme du .vvstéme d’indemnisation du chômage,
pensez-vous qu’il conviendrait de garantir ô mus les chômeurs un revenu minimum ? Oui
28
question révèle donc à nouveau une très grande stabilité de l’opinion, si l’on excepte la
répartition légèrement différente pour l’année 1995.
En 1989 et en 1994, une question ouverte demandait aux personnes qui s’étaient
déclarées hostiles à une indemnisation systématique de préciser “la raison principale” de
leur refus. En 1989, le manque de motivation d’un tel système vient en tête, suivi par la
dénonciation des risques d’encouragement aux profiteurs et aux chômeurs
professionnels. Cinq ans plus tard, ce sont surtout ces dénonciations qui priment.
Egalitarisme et volonté redistributive.
“Le montant et la durée des indemnités de chômage doivent être identiques pour
tout le monde”. 50 % des interviewés partagent cette opinion en 1984, 47 % en 1985 et
46 % en 1986. Ils ne sont plus que 24 % en 1987 mais cette rupture n’a guère de sens, le
libellé de la question étant alors profondément modifié 17•
LES INDEMNITES DE CHOMAGE 87 88 89 90 91 92 93
DEVRAIENT ETRE CALCULEES SELON:
Les années d’activité 12 12 13,6 15,1 16,4 15,7 16,0
Le montant du salaire 18 19 19,5 19,1 23,0 16,8 19,0
Les ressources du foyer 44 49 47,8 46,1 40,3 46,6 47,1
identiquespourtous 24 19 18,0 19,3 19,7 20,2 17,0
On observe bien un recul limité de la propension à souhaiter une indemnisation
identique pour toits les chômeurs, de 24 % en 1987 à 17 % en 1993, le pourcentage de
ceux qui privilégient la prise en compte du nombre d’années d’activité progressant, dans
le même temps, de 12 à 16 %.
16 La nouvelle formulation est “.lctuellemeni, environ 40 % des chômeurs ne reçoivent aucuneindemnité de chi5mae. L ous, personnellement, pensez-vous que tous les chômeurs devraient être
indemnisés Oui .Von”.17 La question devient . “.4 votre mis, les indemnités de chômage doivent-elles être : calculées en
fonction du nombre d’annees d’activité calculées en fonction du montant du salaire modulées selonles ressources globales du /wer: identiques pour tous les chômeurs 2”
29
Ce recul de l’égalitarisme doit cependant être relativisé. 11 n’exclut pas en effet la
prédominanceS persistante d’aspirations plus proches d’un modèle redistributif que d’un
système d’assurance. Ainsi, en 1993 toujours, à côté des 17 % qui souhaitent la même
indemnisation pour tous, 47 % pensent que “les indemnités de chômage devraient être
modulées selon les ressources globales du foyer” (contre 44 % en 1987) et 19 %
seulement préfèrent que ces indemnités soient “calculées en fonction du montant du
salaire”. Les cadres supérieurs et les étudiants (pour 59 % d’entre eux), suivis par les
exploitants agricoles, les artisans et les petits commerçants (57 %) sont les plus
nombreux, en moyenne pour l’ensemble de la période, à pri’ gier une couverture
sociale qui prenne en compte les ressources du foyer.
C’est encore semble-t-il cette aspiration redistributive que l’on observe en 1987 -
puis de 1994 à 1996 à travers une question légèrement reformulée - lorsqu’on demande
aux Français s’ils “trouvent normal que des chômeurs, faiblement indemnisés, puissent
exercer des emplois salariés de courte durée (petits boulots déclarés autres que les
activités d’intérêt général) tout en continuant à percevoir une partie de leur indemnité
de chômage ?“ 83 % des sondés trouvent ce cumul normal en 1987, l’argument le plus
fréquemment avancé étant que “cela leur apporte un complément de ressources”, avant
l’idée que cela peut faciliter leur réinsertion professionnelle. De 1994 à 1996 encore, les
trois-quarts des personnes sondées trouvent normal qu’un chômeur “puisse exercer une
activité réduite (activité à temps partiel rémunérée,) tout en conservant une partie de
son allocation’.
Cette aspiration redistributive dépasse le seul cadre du chômage et se manifeste
enfin lorsqu’on interroge ces mêmes Français pour savoir quelles sont, selon eux, les
catégories de la population qui sont le plus aidées par la collectivité et celles qui
devraient bénéficier d’une aide accrue. Le dispositif de questionnement varie dans le
temps, hypothéquant les observations que l’on peut en tirer dans la durée. Notons
toutefois que les “pauvres” n’apparaissent qu’à partir de 1989 en tant que “catégorie
pour laquelle on dépense le plus”, seule une fraction residuelle de la population les
mentionnant de 1985 à 1988, En 1990, ces mêmes “pauvres” apparaissent en revanche
en tête des “catégories pour lesquelles les efforts de la collectivité sont les plus
insuffisants”, avant les retraités et les personnes âgées ou les chômeurs. L’attachement
30
aux aspects redistributifs de PEtat-providence est toujours particulièrement vivace chez
nos concitoyens.
Le critère générationnel.
“En cas de licenciements pour cause économique dans une entreprise’, la
réduction des effectifs devrait-elle passer par des mesures incitant les plus âgés à prendre
une retraite anticipée ou par des mesures favorisant le reclassement des plus jeunes dans
d’autres entreprises?
En 1988, 68 % des personnes interrogées trouvent “preférable” de ‘faire partir
en préretraite les salariés de plus de 50 ans, avec une rémunération réduite”, plutôt que
de ‘faire partir les salariés les plus jeunes, en les aidant à se reclasser (démarches
auprès des entreprises, stages de formation)”, 3 % seulement des interviewés refusant
de se situer par rapport à cette alternative.
Cette question est reposée en 1991, 1992 et 1993 mais on ajoute à l’alternative
précédente une troisième possibilité: “Ne pas tenir compte de l’âge dans la sélection des
personnes à licencier”.
SOLUTION PREFERABLE EN CAS DE LICENCIEMENT 91 92 93
ECONOMIQUE:
Préretraites des plus de 50 ans 55,4 55,4 73,9
Reclassement des plus jeunes 21,8 21,8 14
Départ âge indifférent 22 22 1 1,4
La non prise en compte de l’âge ou le reclassement prioritaire des plus jeunes sont
de moins en moins retenues, la préférence pour un système de cessation anticipée
d’activié passant dans le même temps de 55 à 74 %. Cette évolution est partagée, dans
des proportions voisines, par tous les individus en activité quelle que soit leur profession,
les travailleurs indépendants étant plus favorables dès 1991 à une incitation aux pré
retraites. Contrairement à ce qu’on aurait pu attendre, les moins de 25 ans ne se
différencient guère de leurs aînés au regard de cette évolution.
31
On retrouve ici ce que d’autres études montrent quant aux attentes grandissantes
des Français vis-à-vis d’un abaissement de l’âge de la retraite, attentes rappelons-le à
l’origine du mouvement social de novembre-déceribre 1995 et de la popularité de ce
mouvement dans l’opinion. Une revendication dont, la popularité a été confirmée plus
récemment avec l’avant-dernier conflit des routiers, qui réclamait la retraite à 55 ans.
Ces attentes fortes envers Pabaissement de l’âge de la retraite sont moins
contradictoires que complémentaires avec le fait que le chômage des jeunes occupe une
place prioritaire dans les préoccupations de nos concitoyens et pas seulement dans le
débat public 18• 0n en trouve la confirmation quand on sonde les Français, de 1989 à
1993, sur “les personnes en situation dfficile” auxquelles “les pouvoirs publics
devraient accorder une aide particulière afin de leur permettre de retrouver un emploi,
par exemple en leur proposant des stages de formation ou en les aidant dans leurs
démarches auprès des entreprises” 19,
En 1989, 1990, 1991 et 1993, “les jeunes” arrivent en tête des catégories qu’il
faut aider en premier et, de 1989 à 1993, ils arrivent également constamment en tête des
catégories à aider en second, avant “les chômeurs de longue durée”. A l’inverse, la part
des “personnes de plus de 50 ans” qui devraient bénéficier d’une aide pour retrouver un
emploi recule régulièrement 14% en 1989, 13 % en 1 !0 % en 1991, 9% en 1992
et 7% en 1993.
L’analyse de ces réponses en fonction de l’âge de la personne interrogée montre que, plus
on est âgé, plus on est certes porté à penser que ce sont “le personnes de plus de 50
ans” qui devraient bénéficier d’une aide des pouvoirs publics. En revanche, ce ne sont pas
les moitis de 25 ans qui sont les plus soucieux de favoriser les jeunes, mais les 40 ans et
plus (plus du tiers d’entre eux). Les jeunes sont proportionnellement plus sensibles que
leurs aînés au sort des chômeurs de longue durée (36 % des moins de 25 ans les
privilégient, contre 25 % seulement chez les 40 ans et plus).
IX Comme l’expnme un responsable de la CFDT dans Le Vouvel Observateur du 16 au 22 janvier 1997.
Jean-René MASSON “C’est l’importance du chômage des jeunes qui fait monter cette revendication
Les gens pensent que s’ils libêrent leur place. un jeune la prendra’.
19 Une liste est présentée en 1989 : “Les chômeurs venant d’être licenciés les chômeurs de longue
duree : les jeunes les personnes de plus de 50 ans les femmes les bénéficiaires du revenu minimum
32
Dewaient bénéficier d’une aide particulière ,oour retrouver un emploi
Q -
89 90 91 92 93
années
—.—jeunes —---chômeurs ‘ongue durée —*-—plus de 50 an
cl’inverflnn” A partir de 1990. “le.s per.vonne.v les moins quah/2ee.v” sont ajoutàes à cette liste. En 1993.
“le.s femmes” sont rcmpIaces par “les perxonnes isolees chargées de famille”
33
PRJVILEGIER LA REINSERTION.
Une indemnisation sous surveillance.
Si une indemnisation correcte de tous les chômeurs apparaît souhaitable aux yeux
des Français, elle ne va pas là aussi sans contrepartie: la condition du chômeur secouru
ne saurait devenir une situation durable.
En 1992, face au “deficit du régime d’assurance chômage” et à la mise en place
d’une allocation unique dégressive, nos concitoyens sont à nouveau partagés: 12 %
d’entre eux estiment que cela “rendra plus difficile, pour les demandeurs d’emploi, leur
recherche d’emploi” et 42 % que “cela aggravera les conditions de vie des chômeurs”
mais 45 % pensent que cela “incitera les chômeurs à prendre rapidement un emploi”.
En 1993, ce questionnement sur l’allocation unique dégressive est modifié. Les
interviewés n’ont plus le choix qu’entre deux propositions: “Cette diminution des
ressources pour les chômeurs va-t-elle les inciter à reprendre plus rapidement un
emploi ou rendre plus difficile leur recherche d’emploi” ? La majorité (52 %) se rallie
cette fois à la première opinion.
En 1994 comme en 1995 et en 1996, la quasi-totalité des personnes interrogées
(environ 95 %) juge “normal” qu”un chômeur indemnisé doive justifier de sa recherche
d’emploi pour conserver son allocation”
Devrait-on “ait boit! d’un an de chômage, supprimer les allocations de chômage
aux chômeurs qui refusent un emploi moitis qualifié ou moins rémunéré ?“ 78 % des
interviewés le pensent en 1992, mais 72 % seulement en 1994, malgré une formulation
de question qui devrait inciter davantage à une réponse positive, en banalisant la sanction
par une référence aux exemples pratiqués à l’étranger 20
Ces indications vont-elles à l’encontre des options redistributives analysées
précédemment ? En partie, mais en partie seulement. Une autre question, posée en 1991,
après avoir rappelé que “certains chômeurs hésitent à accepter un emploi moins bien
2() “Dans certains pays, on supprime les allocations de chômage aux chômeurs qui. au bout d’un certain
nombre de mois, refusent un emploi moins qualifié ou moins rémunéré. Seriez-vou.ç d’accord pour que
l’on applique une telle mesure en !rance
34
rémunéré que celui qu’ils viennent de perdre”, demandait aux interviewés si “ils
trouveraient normal de leur accorder, de façon temporaire, un complément de salaire
pour les aider à accepter ce changement de situation”. Nos concitoyens sont toujours
divisés: 56 % y sont hostiles mais 44 % trouveraient cette aide normale. Les plus
hostiles se recrutent chez les exploitants agricoles, les artisans et les petits commerçants.
Parmi les sondés qui trouveraient cette aide normale, 72 % estiment que ce
complément provisoire de salaire devrait être financé avec les allocations chômage
versées par les employeurs et les salariés.
Privilégier la réinsertion par la formation.
Les Français entretiennent un jugement ambigu quant aux responsabilités qu’ils
assignent aux insuffisances du système de formation dans la croissance du chômage ou
dans son recul 2J Examinant la perception des causes du chômage, nous avons vu que
l’inadaptation de la formation n’était mise en avant que par une fraction résiduelle de la
population.
On retrouve u contrario ce scepticisme quant aux responsabilités incombant â la
formation dans la progression du chômage, lorsqu’on demande aux interviewés de
désigner “la forme d’aide la puis efficace” que les pouvoirs publics devraient retenir
pour “accorder une aide particulière aux personnes en situation dfJ7cile afin de leur
permettre de retrouver un emploi” 22
2 D’une part. une majorité (54 O/) conseillerait à un jeune “aujourd’hui, de prendre d’abord un premier
emploi et d’acquérir une frrmation coniplêmentaire par la suite”, plutôt que d”acquérir une formation
un certain temps et de chercher un emploi ensuite” (41 %). D’autre part. invités â désigner sur une liste
les personnes ou les organismes les plus responsables du chômage en France. 4 % seulement des
personnes interrogées retiennent “les enseignants qui sont coupés de la réalité des entreprises”. cf. LA
CHAISE (Guillaume). op. ci!.. p. 112-14622 Les personnes interrogées étaient invitées à désigner une proposition sur la liste suivante “leur
proposer des stages rémunéré.s de formation leur proposer une expérience rémunérée de travail en
entreprise . leur proposer des actiiltés d’intérêt général (travaux pour les communes, les
associations,...) avec un contrat de travail à mi-temps essayer de favoriser leur embauche en
accordant aux entreprises une exoneration de cotisations sociales leur proposer un suivi
personnalisé”.35
FORME LA PLUS EFFICACE POUR AIDER LES 89 90 9192
PERSONNES EN SITUATION D[FFICILE:
Leur proposer des stages rémunérés de formation 20,8 23,7 19,3 20,1
Leur proposer une expérience de travail rémunéré en entreprise 35,4 34,0 32,9 31,4
Leur proposer des activités d’intérêt général 9,3 8,9 9,2 10,7
Essayer de favoriser leur embauche en accordant aux entreprises 34,1 32,9 32,8 31,5
une exonération de cotisations sociales
Leur proposer un suivi généralisé 0,5 0,5 5,3 5,3
De 1989 à 1992, “les stages rémunérés de formation” interviennent toujours en
troisième position, bien après “les expériences de travail rémunéré en entreprise” (31 à
35 %) et “les exonérations des cotisations sociales accordées aux entreprises” (32 à
34 %). Il faut noter que la proposition d”itiz suivi personnalisé”, qui n’est quasiment pas
retenue en 1989 et 1990, l’est par 5 % des interviewés en 1991 et 1992.
En même temps pourtant, l’unanimité se fait (95 % environ des interviewés en
1994, 1995 et 1996) pour trouver “normal qu’un chômeur indemnisé puisse conserver
son allocation pour se former”. Quitte à ce que les avantages en matière de formation en
alternance “avec un contrat en partie financé par l’Etat”, réservés aux jeunes et aux
chômeurs de longue durée, deviennent “une possibilité offerte à tous les chômeurs”
(93 % d’opinions favorables en 1990). Quitte encore à ce que “le régime d’assurance
chômage contribue àfinancer une telle mesure” (83 % d’opinions favorables).
De même, 88 % des personnes interrogées en 1990 pensent “que le régime
d’assurance chômage, outre son rôle d’indemnisation, doit aussi contribuer à financer
des actions de formation et de reclassement”. On objectera que les sources de ce
financement restent très abstraites pour les interviewés. De fait, une modification de
l’intitulé de la question, en 1991, substituant à la mention du “régime d’assurance
chômag” celle, plus contraignante, de “cotisations d’assurance chômage versées par les
salariés et les employeurs”, réduit le pourcentage d’interviewés d’accord avec cette
extension du rôle de l’assurance chômage, mais ils sont quand même encore 74 % à y
être favorables
36
Sceptiques quant au rôle et à l’efficacité globale de la formation face au chômage,
les Français, dans leur très grande majorité, n’hésitent pourtant pas à y voir en même
temps un instrument privilégié pour la réinsertion des chômeurs.
Agir en aval plutôt qu’en amont.
Plus généralement, lorsqu’on envisage ce que devraient être les priorités dans le
domaine de “lapolitique d’emploi”, les approches curatives l’emportent nettement sur les
approches préventives. Ainsi, en 1992, 62 % des personnes interrogées pensent que “la
politique d’emploi devrait en priorité aider ceux qui sont dejà au chômage depuis
quelque temps”, alors que 36% seulement estiment qu’elle “devrait en priorité aider ceux
qui risquent de perdre ou vont perdre leur emploi”. Ce dernier résultat conduit à
préciser le contenu du consensus qui, chez nos concitoyens, accueille les propositions
d’aide à la formation. Celle-ci s’inscrit moins, face à l’évolution du marché du travail, dans
un cadre d’adaptation permanent et préventif axé sur la recherche d’une flexibilité interne,
que dans le cadre d’une réinsertion aposteriori des exclus de ce marché.
37
L’EOUILIERE FINANCIER DE L’ASSURANCE CHOMAGE.
Augmenter les prélèvements ou réduire les prestations?
On dispose avec ces enquêtes, de 1984 à 1996, d’un suivi de l’opinion sur ses
préférences, face aux contraintes imposées par le maintien de l’équilibre financier du
régime de l’assurance chômage : les Français privilégient-ils une augmentation des
prélèvements obligatoires ou la réduction, d’une façon ou d’une autre, des prestations ?
Malheureusement cette fois encore, la comparaison dans le temps doit tenir compte du
fait que le dispositif de questionnement a été modifié à plusieurs reprises. Une
présentation synthétique de la mesure de l’opinion sur ces questions n’est donc pas
possible.
On peut néanmoins faire deux constats.
En 1989 d’abord, année où le régime financier de l’assurance chômage est
excédentaire, une question préalable teste la qualité de l’information des personnes
interrogées en leur demandant: “à votre avis, le régime d’assurance chômage connaît-il
actuellement des difficultés financières pour faire face aux dépenses d’indemnisation du
chômage ?“. 6 % seulement des interviewés avouent leur ignorance et 69 % répondent
affirmativement. Lorsqu’ils sont sous-informés, plus des deux tiers des Français
nourrissent ainsi une approche spontanément pessimiste, dès lors qu’ils envisagent la
situation financière de la couverture sociale du chômage.
Second constat ensuite, qui n’est pas sans liens avec le précédent : au-delà des
variations d’une année sur l’autre dans les formulations des questions, on constate que
l’opinion, au départ très partagée entre le maintien des prestations servies ou leur
extension d’une part et une réduction des prélèvements d’autre part, va évoluer au fur et
à mesure que la situation de l’emploi se détériore. Un nombre de plus en plus grand
d’interviewés devient hostile à toute perspective de limitation des prestations.
En 1984, 33 % des sondés, invités â désigner “dans la situation actuelle, pour
.faire face aux charges financières du chômage, la solution qui leur semble préférable”,
retiennent ‘l’augmentauon des cotisations ou des impôts”, mais 21 % préfèreraient
‘diminuer le nombre de bénéficiaires”, 21 % encore “diminuer la durée des
38
versements”, 13 % seulement “diminuer le montant des allocations” tandis que 13 %
s’abstiennent de répondre.
Equilibre financier de l’assurance chômage
70 -
60p050ur 40 -
1111 I 89 90
Iannées
De 1985 à 1988, ces différents choix sont réduits à l’alternative “augmenter les
cotisations ou les impôts” ou “diminuer les dépenses occasionnées par le chômage”.
L’opinion fait preuve d’une étonnante stabilité: autour de 40 % des personnes
interrogées de 1985 à 1988 choisissent la première solution.
En 1989 et 1990, années où le régime financier de l’assurance chômage est de
nouveau excédentaire, les deux tiers des interviewés préfèrent que l’on affecte “cet
excédent de ressources” à “une amélioration de l’indemnisation” plutôt qu’à “une
diminution des cotisations”.
En 1991 et 1992, le retour du déficit conduit à reprendre l’alternative des années
1985 à 1988, légèrement modifiée dans sa formulation “augmenter les cotisations” ou
“diminuer les dépenses d’indemnisation du chômage”. 45 % des sondés retiennent la
première solution en 1991, qui devient désormais et durablement majoritaire dans
l’opinion (51 %)en 1992.
En 1993, face à un déficit persistant, cette alternative fait place à trois
possibilités “augmenter les cotisatio!is”, “augmenter la part du financement de l’Etat
(impôt, T4)”, “diminuer les dépenses d’indemnisation du chômage”. 16 % des
j
enquêtés désignent la première solution. Plus abstrait, plus lointain, donc moins
douloureux aux yeux des personnes interrogées, le recours à un financement étatique par
le biais de l’impôt est retenu par 60 % d’entre elles.
A partir de 1994, les modifications introduites dans l’ensemble du dispositif de
questionnement rendent la comparaison avec ce qui précède plus discutable. Les
interviewés sont invités à se prononcer positivement ou négativement par rapport à une
proposition normative : “toits les chômeurs devraient être indemnisés”. Près des trois-
quarts de l’ensemble des sondés le pensent de 1994 à 1996. Proportionnellement, les
chômeurs ne sont guère plus nombreux à partager cette opinion.
Il faut enfin indiquer que le pourcentage des personnes refusant de répondre à ces
questionnements successifs, important en 1984 - nous avons vu qu’il atteint alors 13 %
de l’ensemble des sondés -, décroît ensuite pour devenir résiduel (1 %) en 1994, 1995 et
1996.
Sous réserve encore une fois des modifications intervenues dans la formulation
des questions, on observe bien une évolution dans l’opinion avec un tournant au début
des années 90. D’abord minoritaire dans la population, le souci de privilégier la
couverture sociale du chômage - quoi qu’il en coûte à la collectivité - devient ensuite
majoritaire, jusqu’à rallier près des trois-quarts des Français en 1994 et 1996. On ne peut
s’empêcher de rapprocher cette évolution de celle qui a déjà été observée, en termes de
pessimisme aggravé dans les années 1990. En proie à une inquiétude croissante - pour
eux ou leurs enfants - face à la menace du chômage, nos concitoyens sont de plus en plus
nombreux à demander une protection sociale accrue.
Des arbitrages difficiles en cas de compression des dépenses.
On a déjà indiqué qu’en 1984, ceux et celles, largement majoritaires à l’époque
(68 O/) qui refusent d’augmenter les prélèvements choisissent d’abord de réduire le
nombre de bénéficiaires ou la durée des prélèvements plutôt que de diminuer le montant
des allocations.
40
On retrouve les mêmes choix, dans des proportions voisines et avec une
étonnante stabilité d’une année à l’autre, entre 1985 et 1988. On observe tout au plus une
légère progression (de 19 à 23 %) des interviewé qui préfèrent réduire la durée des
prestations plutôt que le nombre d’allocataires. Plus significatif est le fait que la majorité
de l’ensemble de la population soit refuse globalement une compression des dépenses,
soit refuse d’arbitrer entre les différents choix qui lui sont soumis 51 % en 1985, 50 %
en 1986 et 1987, 59% en 1988.
La question n’est pas posée en 1989 et 1990, le régime financier de l’assurance
chômage étant devenu excédentaire durant ces deux années. A partir de 1991, nous
avons vu que ceux qui préfèrent une réduction des dépenses à un accroissement des
prélèvements deviennent de plus en plus minoritaires. L’arbitrage en faveur d’une
réduction du montant de l’allocation passe de 13 % de l’ensemble de la population
interrogée en 1991 à 6 % en 1993 ; les partisans d’une réduction du nombre des
allocataires de 9 à 4 % ; ceux qui préfèrent une réduction de la durée de l’indemnisation
chutent de 24 à 8 %.
La question n’est pas posée en 1994, ainsi qu’en 1995 et 1996, ces deux dernières
années bénéficiant à nouveau d’un régime financier excédentaire.
Comment affecter de nouvelles ressources
En 1984, la minorité qui préfère une augmentation des prélèvements à une
diminution des ressources fait ce choix au profit d’un objectif quasiment unanime,
confirmant l’option redistributive déjà abordée. 82 % d’entre eux justifient cette
préférence en précisant que c’est pour “donner un minimum aux chômeurs qui n’ont pas
de ressources” plutôt que pour “augmenter le montant des allocations” ou “allonger la
durée des versements”.
On retrouve des choix semblables, dans des proportions encore plus unanimistes,
en 1985 et 1986. Comme si le refùs d’envisager toute réduction des dépenses était
indissociable d’un volontarisme redistributif.
En 1987 et 1988, la question n’est pas posée.
41
Elle l’est à nouveau en 1989 et 1990, puis en 1995 et 1996, mais dans un
contexte différent puisque s’agissant d’années où le régime financier de l’assurance
chômage est excédentaire.
En 1989 et 1990, les sondés sont d’abord invités à choisir entre une diminution
des cotisations ou une amélioration de l’indemnisation. Ceux et celles qui choisissent
cette deuxième solution sont ensuite invités à préciser les modalités de cette
amélioration23.Parmi ces derniers, 35 % en 1989 et 44 % en 1990 privilégient une
augmentation du nombre de chômeurs secourus
Dans le même temps, l’allongement de la durée de l’indemnisation recule de 44 à
40 % et l’augmentation du montant des indemnités servies de 19 à 15 %.
En 1995 et 1996, ce dispositif de questionnement est modifié: les deux questions
sont remplacées par une interrogation unique et les propositions soumises au choix des
interviewés passablement modifiées, hypothéquant la comparaison avec ce qui précède24.
En revanche, l’évolution observée entre 1995 et 1996 paraît ressortir de la même
logique la solution consistant à affecter ces ressources supplémentaires à “des aides
polir la création dmp/ois” est retenue par 55 % des sondés en 1995 mais par 46 %
seulement en 1996. Dans le même temps, l’affectation à “l’indemnisation d’un plus grand
nombre de chômeurs” passe de 17 à 23 %. L’augmentation du montant des indemnités
versées vient toujours en dernier.
23 En fait, les cotisations suJJi sent aujourd’hui ô couvrir les dépenses d’indemnisation du chômage. il
i. aurait même cette année un excédent (c’esi-à-dire un peu plus de ressource: que celles nécessairesL
Dans ces conditions, quelle solution, selon ‘vus, conviendrait-il d’adopter ? Di muer les cotisations ou
améliorer l’indemnisation “. Pour ceux qui choisissent d’améliorer l’inderinisation. une seconde
question complôte : quelle firme principalement ? Augmenter le n mbre de chômeurs â
itickmniser. augmenter le montant des allocations; allonger la durée de versement des indemnités”.
24 Les sondés Sont in1tés â choisir une réponse sur une liste de propositions qui leur est présentée “Il
lxudrait indemniser un plus grand nombre de chômeurs : il faudrait augmenter le montant des
allocations il faudrait allonger la durée de versement des indemnités ; il faudrait conserver cet
excédent de ressources pour une période moins favorable ; il faudrait favoriser des aides pour la
création d’emplois”42
Au total, les choix manifestés dans les arbitrages financiers confirment bien
l’attachement d’un nombre croissant de Français aux aspects redistributifs de l’Etat
providence et leur rejet corrélatif de mécanismes pks proches d’une logique d’assurance.
Ces aspirations redistributives comportent toutefois des limites.
La première limite, nous l’avons rencontrée, c’est que les prestations ainsi versées
ne doivent pas dissuader les chômeurs de chercher réellement du travail. Autrement dit
indemniser, oui, mais provisoirement et pour permettre une réinsertion sur le marché du
travail.
La seconde limite tient à l’assise même de la solidarité en jeu, derrière les
mécanismes de cette redistribution. La solidarité est d’abord pensée dans le cadre du
métier, de la profession, avant d’être interprofessionnelle. En 1991, confrontés au
déséquilibre existant, dans certaines professions, entre les cotisations perçues et les
indemnités versées 25, les interviewés, à une courte majorité (52 %), privilégient la
recherche d’un équilibre entre ressources et prestations dans un cadre professionnel,
quitte à augmenter les prélèvements dans les professions où l’emploi est particulièrement
sinistré. Cela étant, la solidarité interprofessionnelle est quand même retenue par 46 %
des sondés, 2 % seulement s’abstenant de répondre. L’examen des réponses en fonction
des caractéristiques socio-professionnelles des interviewés montre que les plus attachés,
proportionnellement, â une solidarité professionnelle sont les ouvriers et, à un degré
moindre, les exploitants agricoles, les artisans et les petits commerçants. Du point de vue
de l’âge, cette option corporatiste est d’autant plus fréquente qu’on est plus jeune (63 %
des moitis de 25 ans contre 53 % des 25-59 ans et 47 % seulement de,; 60 ans et plus),
un constat qui cette fois encore va à l’encontre d’un certain nombre de lieux communs
concernant la jeunesse. A l’occasion du mouvement social de novembre-décembre 1995
par exemple, on a souvent dénoncé un corporatisme assimilé à la défense de groupes
sociaux archaïques, repliés sur des avantages acquis condamnés par le progrès, avec la
même conviction qu’on célébrait au milieu des années 80 une jeunesse individualiste et
entrepreneuriale. Le “vieux” et le “neuf” ne sont peut-être pas où on le pense.
25‘ save: peut-être que. dans le secteur privé, le taux de cotisation pour le chômage (pourcentage
préle’i’é sur le salaire) est le même, quelle que soit la profession exercée. Or, pour certaines professions,
le déséquilibre est grand entre les cotisations et les indemnités de chômage versées Quelle est l’opinion
qui se rapproche le plus de la vôtre “ 71 est normal que le taux de cotisation soit le même pour Ioules
les professions, par solidanté entre les professions”. “Il nest pas normal que le taux de cotisation soit
le même, car dans chaque secteur professionnel, ilfaut équilibrer cotisations et indemnités”.
43
Enfin, la leçon la plus intéressante que l’on peut tirer de ces données tient peut
être à ce qu’elles confirment l’extraordinaire stabilité des opinions de nos concitoyens,
face au développement du chômage et aux remèdes proposés. Lorsqu’il y a des
évolutions - par exemple vis-à-vis de la réduction de la durée du travail, des
responsabilités des entreprises ou de l’étendue de la couverture sociale -, elles
interviennent dans la dernière décennie et elles sont souvent étalées dans le temps. Elles
ne correspondent par ailleurs que très rarement - à l’exception peut-être de l’année 1993 -
aux changements de majorité qui se succèdent à plusieurs reprises dans la sphère
politique. Ce qui tendrait à confirmer qu’il n’y a pas de relation directe et immédiate entre
d’une part les opinions vis-à-vis du chômage, fùssent-elles d’ordre implicitement
politique, et d’autre part la référence idéologique aux notions de droite et de gauche 26
26 Un constat mis en evidence par dautres enquêtes. cf notamment LACHAISE (Guillaume). vp cil
p 83-10944
ANNEXE
Variables et modalités des variables
Les variables socio-démographiques présentes sont classiques.
On peut regretter l’absence de plusieurs variables dans une enquête portant sur l’emploi:
-une variable sur la région habitée ou plus finement encore sur le bassin d’emploi habité
-une variable portant sur l’appartenance plus ou moins proche à un syndicat
-pour les salariés une variable indiquant s’ils sont dans le secteur privé ou public.
Par contre, la variable sur le statut matrimonial n’est pas absolument nécessaire
puisqu’on dispose d’un indicateur assez voisin dans la variable Type de ménage.
Quelques variables nécessiteraient des réaménagements dans leurs modalités, au vu des
tris à plat
AGE : Cette variable est reconstruite pour l’exploitation de l’enquête en 4
modalités
âge âge âge âge
<25 ans 25-39 40-59 >60 ans
1988 14,5 35,9 27,3 22,4
1989 12,6 36,5 27,8 23,2
1990 13,5 34 28,9 23,7
1991 12 32,9 30,4 24,8
1992 14,2 32,3 29,9 23,6
1993 12,8 33,7 30,3 23,1
1994 12,4 32,8 31 23,8
1995 13 32,5 30,9 23,6
1996 13,5 32,6 30,5 23,4
4ç
Ce tableau, montre bien que ces tranches d’âge ne donnent pas des effectifs
comparables puisqu’ils varient de 12 à 14,5% pour la tranche des moins de 25 ans et de
32,3 à 3 6,5% pour la tranche de 25 à 39 ans.
REVENU: Cette variable est en 7 modalités, plus une modalité Non déclaré.
Année revenu revenu de revenu de revenu de revenu de revenu de revenu
<4000 4000 à 6000 à 8000 à 10000 à 12000 à >15000
5999 7999 9999 11999 14999
1988 10 9,8 13,4 12 12 12,8 17,8
1989 8,6 10,7 14,3 11,5 11,7 13,6 19,1
1990 8,1 10,5 13,4 13 11,8 11,7 21,5
1991 7,1 9,4 10,7 12 10,6 13,6 25,3
1992 6,5 8,2 11,1 12,3 11,4 15,1 25,8
1993 7,1 9,2 11 12,4 11,6 12,9 26,3
1994 7,8 9,9 12 10,7 11,7 13,3 24,5
1995 7,2 8,3 1 1 1 1 10,7 13,8 28,7
1996 8,1 9,3 11,8 10,9 10,8 13,9 24,1
Ce tableau montre que les effectifs de la tranche des revenus> 15000 francs sont
2 à 4 fois supérieurs à ceux des autres tranches. Au cours de la dernière année la
moyenne des effectifs de ces tranches est d’environ 11% (minimum 8,1%, maximum
l3,9°/o), alors que la tranche des revenus >15000 francs est de 24%.
TYPE DE MENAGE’ Cette variable est en 4 modalités. Les modalités 2 et 3
semblent trop restrictives. Marié pourrait être remplacé par Vit maritalement.
PCS : Les modalités sont homogènes et font référence à une profession, sauf la
modalité Retraité. On regrettera que la dernière profession exercée nest pas été
demandée aux personnes ayant exercé dans le passé une activité. Enfin, la PCS pourrait
être plus détaillée, pour permettre différentes exploitations de cette variable, soit sur les
modalités de base, soit en faisant divers regroupements.
DIPLOME: La variable diplôme pourrait avoir plus de modalités au départ. pour
éventuellement exploiter certaines particularités observées dans l’enquête CEVIPOF de
16
199527, comme celle des personnes ayant un BAC+2 (11%). D’autres modalités sont
envisageables au vu des effectifs donnés dans l’enquête CEVIPOF de 198828. Dans la
catégorie <BAC, il y avait alors 16,1% d’individus qui possédaient un CAP.
Evaluation des résultats par rapport à d’autres enquêtes
L’échantillon national de chaque enquête DARES est d’environ 2000 personnes.
Cet échantillon est représentatif de la population française agée de 18 ans et plus,
l’institut de sondage se chargeant par une méthode de quotas de le rendre représentatif
La méthode employée porte sur les variables sexe, âge, CSP et aussi parfois sur la
région, la catégorie d’agglomération, le diplôme
La comparaison de quelques résultats de questions signalétiques avec les résultats
de questions identiques posées dans les 3 enquêtes CEVLPOF29*nous renseigneront sur
la position relative des données signalétiques des enquêtes DARES pour les années
correspondantes. Tous les résultats sont entachés d’approximations puisqu’ils sont le
résultat de sondages. Seules les données de sondage au 1/20 ème de l’INSEE donnent
des effectifs, fiables. Les données signalétiques des enquêtes ci-dessous sont soit
représentatives de la population totale si elles ont été sélectionnées par la méthode des
quotas, soit indicatives pour les opinions, mais dans ce cas elles ne peuvent pas être
présentées comme des données de base (si le diplôme n’a pas été intégré dans la méthode
des quotas, on ne peut en déduire le taux des personnes «sans diplôme» ou
« Bacheliers »). Des enquêtes peuvent fournir aux utilisateurs des coefficients de
pondération pour redresser des résultats de tris à plat qui sont trop éloignés des résultats
réels. Ces coefficients de pondération sont alors à manipuler avec précaution dans
l’interprétation des résultats de procédures statistiques (certaines procédures sont
27 Guillaume La Chaise. Crise de l’emploi et fractures politiques. op. cit.. 340 p..28 j, ‘électeur français en questions, Paris. Presses de la Fondation nationale de Sciences politiques.1990. 249 p.29
• Enquête CEVIPOF administrée par la SOFRES en mai 88. échantillon national de 4032 personnesreprésentatif de la population française âgée dc 18 ans et plus. selon la méthode des quotas etstratification par région et catégorie d’agglomération.2. Enquête CEVIPOF administrée par CSA en mars 95, échantillon national de 3413 personnesreprésentatif de la population française âgée de 16 ans et plus. selon la méthode des quotas etstratification par région.
47
incompatibles avec la pondération). Les enquêtes sont présentées sans leurs coefficients
de pondération.
SEXE cevipof 88 dares 88 cevipof 95 dares 95 cevipof 97
homme 47,2 45,5 48 47,3 47,6
femme 52,8 54,5 52 52,8 52,4
Les données sont comparables, sauf pour l’année 88 où la différence hommes femmes est
de 9 points au lieu de 4 à 5 points.
AGE cevipof 88 dares 88 cevipof 95 dares 95 cevipof 97
<25 ans 14,6 14,5 15,4 13 12,6
25-39 pas calculable 35,9 29,8 32,5 29,3
40-59 pas calculable 27,3 30,2 30,9 30,3
>60 ans pas calculable 22,4 24,6 23,6 27,8
La tranche d’âge 25-39 est supérieure en effectifs à la tranche d’âge 40-59 dans les
enquêtes DARES, ce qui est une anomalie par rapport aux enquêtes CEVIPOF. Le
rapport est de 1,1 alors que le recensement de 1990 donne un rapport de 12859 M /
13209 M=0,97
DEPLOME cevipof 88 dares 88 cevipof 95 dares 95 cevipof 97
sans diplôme 39,7 33,1 29 24,5 31,6
<BAC 35,2 38,5 36 39,8 33,0
BAC 10,3 12,2 14 14,8 15,2
SUP 14,8 16,3 21 20,9 20,6
Seule l’enquête CEVIPOF DE 97 est avec quotas de diplômes et peut servir de
référence. Il y a dans toutes les autres enquêtes une sous-évaluation des « sans
diplômes » qui s’explique par la difficulté â interviewer cette population.
3 Enquéle CEVIPOF administrec par la SOFRES en mai 97. échantillon national de 3010 personnes
48
PCS cevipof 88 dares 88 cevipof 95 dares 95 cevipof 97
cadres 19,6 20,6 21,4 21,7 20,7
intermédiaires 23,0 21,3 20,8 22,6 25,7
employés 32,0 32,3 - 30,2 31,1 30,4
ouvriers 25,4 25,7 27,6 24,6 23,1
Ce tableau ne prend en compte que les professions des actqs pour une cohérence des
effect.
D’une enquête à l’autre, les effectifs d’une modalité sont dans une fourchette inférieure à
5%.
Cevipof 88 Dares 88 Cevipof 95 Dares 95 Cevipof 97
Actifs occupés 48,4 48,6 48 46,8 48,4
Chômeurs 7 9,2 7 11,2 6,5
Inactifs 44,6 42,3 45 42,0 46,1
Ces données ne sont pas représentatives pour les enquêtes CEVtPOF. Les taux
de chômage en particulier sont ici faibles par rapport au taux de chômage de référence à
11% en 95, probablement cette faible représentation est-elle due à la difficulté
d’interviewer cette catégorie, comme pour les « sans diplôme ».
Par contre, le taux de chômage de 11,2% en 95 pour l’enquête DARES se rapporte à la
population totale.
Evaluation longitudinale
L’effectif des hommes et des femmes varie dans une fourchette de 2,5%. Cette
variation ne correspond à aucun changement démographique dans ce sens. Elle est
particulièrement forte en 92 et 88.
49
Les effectifs d’une tranche d’âge varient peu au cours du temps. Néanmoins, le
rapport entre la tranche d’âge 25-39 et 40-5 9 est toujours dans le mauvais sens, avec une
amélioration à partir de 1990.
Pour la variable DIPLOME, les effectifs des « sans diplôme» diminuent
régulièrement, comme on peut s’y attendre. Cependant cette catégorie reste sous
représentée comme on l’a déjà signalé pour les années 88 et 95.
L’activité professionnelle à plein temps diminue régulièrement au profit de
l’activité partielle et des « sans activité », ce qui se retrouve logiquement dans les
modalités «actifs », «inactifs» et «chômeurs» de la variable SITUATION
D’EMPLOI. L’année 1993 présente des points d’inflexion dans les 3 courbes de cette
variable, avec une baisse des « inactifs» au profit des « chômeurs ».
La modalité « vit seul» croît depuis 1991, en 1996 cette croissance atteint 2,7%
alors que la modalité « marié, conjoint actif» diminue d’autant.
Les revenus mis en 7 tranches restent assez uniformes. Leur valeur est comprise
entre
6,5 et 10% pour la l tranche
8,2 à 10,7% 2
10,7 â 14,3%3cc
l0,7â13% 4
T0,6à12%5cme
ll,7à15,9% 6’
l7,8à28,7%7C1T1C
Les 2 dernières tranches ont des fluctuations plus importantes, L’année 1995 présente
une anomalie dans la tranche des revenus supérieurs à 15000 F (plus de 4% par rapport à
94 et 96).
Pour la variable PCS, plusieurs variations sont à noter:
Indépendants et cadres: leurs effectifs varient un peu mais leur total est assez constant
(de 11,9 à l2,8/, sauf en 1989) On peut se demander si des professions ne sont pas
tantôt rattachées à la modalité « indépendants ». tantôt â la modalité « cadres »
50
Femmes au foyer: la diminution des effectifs de cette catégorie est régulière, sauf en
1992 où la diminution fait un saut de 2,4%, diminution curieusement compensée par un
accroissement du nombre d’étudiants de 2,7%.
Etudiants: Leur nombre est assez variable, alors que les statistiques de l’INSEE donnent
une croissance régulière.(1 477 M en 88-89, 1 585 M en 89-90, 1 698 M en 90-91, 1
839 M en 91-92, ). D’autre part les effectifs sont toujours supérieurs d’environ 2% à
l’effectif réel. Le taux d’étudiants est surévalué par rapport à la population étudiante
(environ 5%) dans toutes les enquêtes: d’une part parce qu’il est plus facile de les
interviewer, et. d’autre part, des lycéens sont probablement intégrés dans cette
population.
Ouvriers: la diminution du nombre d’ouvriers entre 90 et 91 de 2,7 % au profit des
employés semble indiquer un changement de codage de quelques professions.
51
OCUMENTS D’ÉTUDES
N° I La négociation salariale de branche entre 1985 et 1993, par Olivier Barrat
(DARES) - Septembre 1994.
N° 2 Créations et suppressions d’emplois en France. Une étude sur la période 1984-
1992, par S. Lagarde (INSEE), E. Maurin (DARES), C. Tordu (INSEE) - Octobre 1994.
N° 3 L ‘impact du coût sur la substitution capital-travail, par Ferhat Mihoubi (DARES)
Novembre 1994.
N° 4 Éducation, expérience et salaire. Tendances et évolutions de long terme, par
D. Goux (INSEE) et Eric Maurin (DARES) - Novembre 1994.
N° 5 Origine sociale et destinée scolaire. L ‘inégalité des chances devant l’enseigne
ment à travers les enquêtes FQP 1970, 1977 1985 et 1993, par D. Goux (INSEE)
et Eric Maurin (DARES) - Décembre 1994.
N° 6 Perception et vécu des professions en relation avec la clientèle par Sabine Guyot
et Valérie Pezet (Institut pour l’amélioration des conditions de travail) - Décembre 1994.
N° 7 Collectfs, co;flits et coopération dans l’entreprise, par Thomas Coutrot (DARES)
Février 1995.
N° 8 Comparaison entre les établissements des PME des grandes entreprises à
partir de l’enquête RÉPONSE, par Anna Malan (DARES) et Patrick ZQUARY (ISMA)
Septembre 1996.
N° 9 Le passage à une assiette valeur ajoutée pour les cotisations sociales: une
approche sur données d’entreprises, par Giihert Cette et Élisabeth Kremp (Banque
de France) - Novembre 1996.
N° 10 Les rythmes de travai4 par Michel Cézard et Lydie Vink (DARES) - Décembre 1996.
\0 11 Le programme d’entretien auprès des 900 000 chômeurs de longue durée -
Bilan d’évaluation, par Nlarie Ruault et René-Paal Arlandis (DARES) - Mars 1997.
N° 12 Créations et suppressions d’emplois etflux de main-d’oeuvre dans les établis
setnents de 50 salariés et plus, par Marianne Chambain et Ferhat Mihoubi (DARES)
Avril 1997.
N° 13 Quel est l’impact du commerce extérieur sur la productivité et l’emploi ? Une
analyse comparée des cas de la France, de lAllemagne et des États-Unis, par
Olivier Cortes et Sébastien Jean (CEPII) - Mai 1997.
N° 14 Bilan statistique de la formation professionnelle en 1995-1996 - DARES - Mai
1997.
N° 15 Les bas salaires en France 1983-1997 par Pierre Concialdi URES) et Sophie
Ponthieux (DARES) - Octobre 1997.
N3 lb Les jeunes en dfflculté à travers le réseau des missions locales et des PiIJO
entre 1994 et 1996- Résultats du panel TERSUD de 1997 DARES et DIiJ - janvier
1998.
N3 1’ L ‘impact macro-économique dne politique de RIT: hipprochepar les modèles
macro-économiques, DARES (Mission analyse économique). SE.\IEF—BDF, OFCE -
Janvier 1998.