l'Apparition de La Sainte Zita

7/23/2019 l'Apparition de La Sainte Zita

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Lapparition de la sainte Zita

Une pice de Lionel Parrini et Jean-Marc Weber

3 personnages (par ordre dapparition)

Philippe, la cinquantaine

Henri, entre vingt et trente ans

Zita, mme ge

Dcor unique: Intrieur dun refuge de montagne linstallation rudimentaire.


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Lapparition de la sainte Zita

1 larrive au refuge

Philippe est allong et bouquine. Un coup de tonnerre, il ne bronche pas.

Philippe: (commente sa lecture) Si a se trouve, il arrive mme plus bander.

(se lve et va la fentre)On crit un bouquin pour parler de seins, de paires defesses, de sexes et d'obsessions, et en ralit on narrive plus bander.

(voit quelquun) D'o a sort? En baskets? Mon dieu. Tremp comme une souche.

(retourne sallonger) Un qui sait pas qu'on vite la baisse sous l'orage. (avant de

reprendre sa lecture) On va pas s'ennuyer.

Entre Henri, dgoulinant, harnach dun norme sac dos, un alpenstock dans unemain, un guide dans lautre.

Henri: (trs vif) Jai cru que jallais crever. Sentier de merde. Temps de merde.Bouquin de merde.

(un temps court) Cest bien le refuge du bourricot ici?

(sans attendre, brandit le guide) Le premier tronon se fait en quatre heures pour

un marcheur moyen cest crit. Jen suis huit.

Un coup de tonnerre. Henri sursaute en mettant un petit cri.

Henri:Pardon. Je dteste la foudre. Elle ne frappe que des innocents. Y a qu lireles journaux. (un temps court)A votre avis, la toiture dispose dun paratonnerre?

Philippe

: A mon avis, tu risques rien.

Henri: Vous avez lair vachement cool, vous.

(sest saisi dun tlphone portable) Putain, putain, et putain.

Philippe: Si tu veux appeler un taxi, faudra attendre minuit. T'auras le satellite justeau-dessus de la tte.


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Henri: (scrute son tlphone) Mme pas une barre. Que dalle.Rien.

(monte sur la table)Fait chier! (abattu)Je suis sr quelle va mappeler ce soir.

Henri se dbarrasse de son alpenstock, de son sac dos et de sa veste avant

dinspecter lintrieur du refuge.

2 prsentations

Henri: Pas de toilettes ici?

Philippe: (lit) Il y a deux choses qu'on remarque dans le corps de Consuela.D'abord les seins. Les plus somptueux que j'aie jamais vus. Ils sont ronds, pleins,parfaits. Avec des ttons en soucoupe. ( Henri) Ici on fait ses besoins dehors.Quand tu seras chang, tu passes un coup de serpillire. Aprs, si tu nous fais uncaf, je suis preneur.

Henri: Des seins ronds, pleins, parfaits? Des ttons en soucoupe? Sublime. adonne envie de les maltraiter gentiment du bout de la langue. (tend la main) Henri.

Philippe: C'est une envie qui passe jamais. Moi, cest Philippe. A mon avis, mmeau moment du grand saut, on a encore besoin d'un tton pour faire passer la pilule.Alors ce caf?

Henri: (ouvre son sac) Elle a voulu foutre le camp. Quelle se casse.

(tend une bouteille)Cest pas les ttons qui manquent.

Philippe: Elle t'a laiss le biberon, de quoi tu te plains?

Henri: ( son verre)Plein, je te vide; vide, je te plains! Comme disent les anciens.

Philippe: J'ai vu tout de suite que tu connaissais la montagne. Un vrai montagnard atoujours une goutte sur lui.

(boit au goulot) C'est pas du tton leader price! (tend la bouteille)

Henri: Dsol, mais je crains.


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Henri sort un mouchoir, essuie le goulot et se sert dans le verre.

Philippe: Tu crains l'orage, tu crains les bactries, se demander comment tu esarriv vivant jusque ici.

Henri: Jimagine le pire et je fais en sorte de lviter.

Philippe: A la tienne.

Henri vide son verre, un papier jaune mouill dpasse dune de ses poches.

Philippe: Et a, c'est quoi?

Henri: Merde, non, il est tremp. (cherche) Il y a un endroit o je peux le fairescher? (cherche) Cest chauff quoi ici?

Philippe: Chauff? La chaleur humaine. Et encore, a dpend des saisons.

Henri: (agenouill)Lcriture a foutu le camp. Il ny a plus larticle 4.

Philippe: Non?

Henri: Et le 7, tu as vu la gueule du 7!

Philippe: (sagenouille)Montre.

Henri: (surpris) Lhallu! Je viens de vous tutoyer. (un temps court) Putain, ctait

compliqu de le mettre dans une pochette en plastique? Une vraie bite. Je suis une

bite qui se gle les gnitoires. a alors, vous avez vu, jai dit gnitoires. Jaidcouvert ce mot il y a seulement deux jours.

Philippe: Deux jours? a prouve que tu as de la mmoire.

Un coup de tonnerre.Henri sest coll au sol, les mains sur la tte.


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3 la proccupation extrieure

Philippe: (va la fentre)Sont bien gentils, la mto, mais c'est quand mme pastrs normal.

Henri: (affol) Quoi, quest-ce qui nest pas normal? Vous avez lhabitude de lamontagne, non? Cest juste un orage, cest tout?

(dans le dos de Philippe) a vous tonne que a tonne? Parce que si cest le cas,cest a qui nest pas normal. Que a vous tonne.

Philippe: Je veux bien que a tonne autant que a veut. Et puis qu'il pleuve commevache qui pisse. Mais ton article 4, pas a! Tu te rends compte, si la pluie se met effacer les articles des papiers jaunes?

Henri: Ne dtournez pas la conversation. Vous avez regard par la fentre et vousavez dit c'est quand mme pas trs normal. Deux possibilits, soit a vousamuse de me foutre la trouille parce que oui la foudre a me fout la trouille. Oubien vous savez quelque chose que je ne sais pas, et, dans ce cas, a me fout latrouille aussi.

Philippe: Pas de panique, Henri. Henri, c'est a? C'est pas pour nous que jem'inquite. Mais pour ceux qui sont dehors.

Henri: Ah, vous voulez parler de randonneurs?

Philippe: Faudrait tre limite pas fini pour partir en rand Les splos, mec. Ici, tues au paradis des splologues. Le karst le plateau est truff de puits, de boyaux,de siphons, un norme gruyre si tu veux. a va pas?

Henri: Je suis gel.

Henri sort de son sac un jogging polaire couleur moutarde et se change.

Henri:Dsol, si je me suis un peu emport tout lheure. J'ai ce vilain dfaut. Jecrois toujours qu'on me cherche.

(un temps) Comment vous savez pour ces types? Vous tes secouriste?

(s'asperge d'un do)Parce que si c'est le cas, c'est top, a veut dire que je risquerien ici.


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Philippe: On va ouvrir un peu la fentre. Maintenant que tes gnitoires sont ausec.

(a ouvert la fentre et regarde Henri) Y avait pas un nounours avec la panoplie?

Henri: De la fibre de bambou. Au prix que a cote, ils ne vont pas faire despeluches. (fier) Antibactrienne, anti-UV, anti-odeurs. Cinq fois plus absorbante quele coton. Brillante. Moelleuse. Biodgradable. Et pour couronner le tout: rsiste auxchocs thermiques.

Philippe: Tu diras quand mme ton fournisseur que la couleur, c'est pas a.

Philippe reoit un sms, inquitude sur son visage. Henri se rapproche de Philippepour tester le rseau via son portable.

Henri: Cest qui votre oprateur?

Philippe: Mon oprateur?

Henri:Moi je capte pas, jaimerais bien savoir quel est votre oprateur tlphonique.

Philippe

: Je sais pas, c'est celui de l'assoce.

Henri: L'assoce?

Philippe: Et pendant quon parle au chaud, jai peut-tre une paire de gaminscoincs dans un puits. a cest un vrai problme.

Henri: Sauver la mise des gamins en danger. Vous avez de la chance. Moi,

jaurais bien voulu faire un vrai mtier. Un beau mtier. Utile et bnfique Qui rendmeilleur Sauver des vies Et si je venais avec vous?

Philippe: Avec le do que tu trimballes, tu risques de tout faire sauter. (rit) J'imagineles marmottes signant une ptition pour nous expulser du karst.

Henri: Cest a. Dun ct les spcialistes, de lautre les plaisantins. Et votreportable, vous pouvez me le prter?

(un temps court) Merci. Super cool le tlphone.


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Philippe: N'en fais pas une affaire personnelle. S'il y a du grabuge l -haut, y a riende sr mais admettons, et s'il fallait descendre, imagine un siphon tout noir, unsiphon de cent soixante mtres de long, et toi suspendu au bout d'une corde,pendant prs de deux heures, redouter la foutue vague qui peut tout momentrefouler du goulot. (un temps court) Tu sais nager en apne?

Henri: (mine rjouie)Depuis ma naissance je fais de lapne.

(au portable)Eh merde, il est toujours sur messagerie, lui. () Khad, coucou, cestHenri, tu me rappelles au ( Philippe)Vous tes en numro masqu ou pas?

(un moment de flottement)Bref, rappelle-moi au numro qui vient de safficher, cest propos du contrat Gold. Bouge, cest urgent.

( Philippe) Vous ne le savez pas encore, mais vous avez devant vous le Pre Nol!

4 les contrats

Henri cherche un carnet dans son sac. A la drobe, il sassure que son revolver est sa place.

Henri: Philippe, cest votre prnom. Et votre nom de famille? (un temps court) Jesuis un Pre Nol jaune. Cest un hasard ce jaune et en mme temps, a me va trs

bien. Parce que je naime pas beaucoup le Coca Cola. Rien voir avec les bulles, nile got dailleurs, cest juste que toute cette machine en marche pour changer noscervelles en calculatrices. (avec de grands gestes adresss lunivers)Il marrive deme mettre trs en colre envers les grandes puissances invisibles.

Philippe: Je vois.

Henri: Philippe, si vous me dites votre nom de famille, vous ne le regretterez pas.Vous sauvez des vies et a, a mrite un beau cadeau.

Philippe: Je vais te faire une confidence. Y a bien longtemps que j'y crois plus auPre Nol. Mais je vais te faire une autre confidence : Toi tu m'intrigues. Pedrazzoli,voil mon nom.

Henri: Cest trs gentil, a. Un signe de confiance.

(tend son carnet) Notez galement votre date de naissance. Trs important la date.


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Philippe: Pedrazzoli, tu as besoin que je l'crive?

(regarde le carnet) Il est tremp.

Henri: Au milieu cest sec. Nom et date de naissance.

Philippe: Range ton cadeau. (un temps court) Tu me prends pour un sauveteur. Situ savais ce que c'est mon job.

Henri: (crivant)Pedrazzoli. Un nom pareil, a prend au moins deux Z. Pour la datede naissance, je comprends votre raction. Et pourtant, vieillir relve du miracle, ilfaut tre fier.

(un temps court)Si vous ntes pas sauveteur, pourquoi tout ce matos?

Philippe: Et toi, si tu es Pre Nol, pourquoi risquer ta vie sous un dluge etdbarquer ici comme un pet sur une toile cire?

Henri: Je connaissais pas cette expression. Je peux la noter?

Philippe: Parce que je vais te dire, mon petit ami, Pedrazzoli, a prend peut-tredeux Z, mais a fait pas de moi un sauveur. (un temps court)Viens par ici.

(sur la carte) Le refuge est l. Au-dessus, cette tche sombre c'est la crte que tu

vois dehors. Dnivel, trois cents mtres. On contourne. L a repart. On croise leGR qui descend au lac. On remonte ici par les boulis pour retrouver le karst. Lc'est le blouga. (un temps court) Une marche force de trois heures, tupourrais?

Henri: Oh putain que oui. Si vous saviez depuis combien de temps jattends a.

Philippe: Que tu attends quoi?

Henri: Une vie qui bouge. Qui te prend lestomac et le balance de tous les cts.Sortir enfin de son putain de trou. En prendre plein la gueule. Vivre, putain. Vibrer.Palpiter. Eclater.

Philippe: Du calme.


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() Non, je veux pas le casser. () Je sais que les taux sont. ()Putain, jepeux en placer une! Merci. Avec Caro, cest fini. ()Oui, merde, comme tu dispourquoi merde au fait? ()Non, elle na personne. ()Je te dis! Ecoute, jai pasbeaucoup de temps et jai pas envie de parler de a. Larticle 4, tu sais () Bon,eh ben tu vas changer le bnficiaire. ()Elle a voulu partir, pas de problme mais y

a pas crit connard sur mon front. () Exactement. Donc, tu ten occupes? ()

Alors envoie-moi le contrat par mail, je le signe et je te le renvoie dans la foule. ()Pedrazzoli Philippe. ()Tu connais pas, et alors ce que a peut faire? ()Avecdeux Z et OLI, O -L -I. Philippe. ()Une seconde.

( Philippe)Jai besoin de ta date de naissance.

Philippe: On peut savoir ce que tu fous?

Henri: En cas de dcs, je peux lguer la somme la personne de mon choix. Ta

date de naissance, sil te plait.

Philippe: Tu as l'intention de mourir aujourd'hui?

Henri: On verra, mais si jamais on ne sait jamais si jamais, a me ferait bienchier que mon ex se gave sur mon cul.

Philippe: Raccroche.

Henri:(au tlphone)Cest oblig, la date de naissance? ()Alors nen mets pas.() Merci. Jattends ton mail. ( Philippe)Alors, quest-ce quon dit au Pre Nol?

Philippe: Cest limite mesquin. Ta souris a peine pass la porte que dj tu reniesta parole. Ta ta ta, coute-moi. Ce matin tu t'es dit: je prends mes affaires et je vaisl-haut. Le problme, si tu veux monter librement, tes affaires, tu les laisses en bas.Tu comprends a?

Henri: Tu crois que je vais grimper avec ce jogging?

Philippe: Je parle de tes affaires de cur.

Henri: (na pas entendu) Moi, ma force, cest danticiper. Dans ce sac il y a nonseulement des affaires de rechange mais surtout de vraies chaussures de montagne.Jai dit que jirai l-haut, tu verras, jirai. Mais avec mes affaires. Et jappelle pas a,moi, renier sa parole.


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Philippe: Ta Caroline, je crois que je la comprends.

(cherche dans un placard) Dans ta hotte, y aurait pas du chatterton?

Henri: Tu fais partie de quelle association? Parce que, bien y rflchir, vu ton

allure de vieux sage avant lheure qui cherche du chatterton dans un placard vaisselle, ma piste du secouriste est une fausse piste. Pourquoi tu las pas dit plustt? Tu as besoin de crer du suspense pour sentir ton petit cur cogner? Ton filsest dans le trou, cest a? Et le papa se rveille? Il est temps que le papa serveille, ouais, parce que Jha-llu-cine! Je viens de te dire que je te lgue mon fricet a te fait aucun effet? Tu me crois pas peut-tre? Tu crois que je suis unguignol?

(tend son papier jaune) Larticle 7 dit que le suicide rend caduc ce contrat.

Philippe

: Me voil rassur.

Henri: La premire anne. Seulement la premire anne. En clair, si je prends unflingue et que je me fais sauter le caisson ici, tu pourras offrir des cours dalpinisme ton gosse. Et tu me dis mme pas merci!

Philippe: Tiens a.

(tend un casque de splo) Je suis prsident-fondateur du club de splo duConquet. J'ai pas de fils. J'ai pas de femme. C'est mon neveu qui est dans le puits.

Avec des potes lui. Je me sens responsable, c'est moi qui l'ai initi lge dequatorze ans.

(rcupre le casque) Te fais pas sauter le caisson avant qu'on soit revenus dublouga. Aprs je te dirai merci.

Henri: Les mecs de ton ge ont tous une femme: la peur du vide les pousse serfugier dans une peau. Une peau de survie en quelque sorte. Mais toi, tu seraislexception.

(un bip sur le tlphone de Philippe) Et bien moi aussi je suis une exception. Jai

souscrit une assurance vie pour rendre ma mort utile. Est-ce que mon bnficiaire,

dsormais officiel, comprend ce que je veux lui dire?

Philippe: C'est toi qui as pas bien compris. Tu peux garder ton pognon. J'ai justebesoin de tes jambes.

Henri: Cest a, fais-toi passer pour un saint. Je vais te les donner, mes jambes. Tupeux pas savoir quel point jai hte daller fourrer mon nez dans ce putain de trou.


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Philippe: Tu vas commencer par apprendre lire une carte. Montre-moi o noussommes.

(Henri patauge) Bon. Ici, cest le refuge. Et ce nest pas le bourricot mais legnpi. A moins qu'on le dbaptise aprs ton passage.

Henri: Le gnpi?!! Ce qui veut dire Ce qui veut dire

Philippe: Ce qui veut dire que nous sommes ici. Le gnpi. L, le blouga,je fais une croix. On va monter par-l pour aller plus vite. Tu m'coutes? Par contreau retour tu seras peut-tre seul. Voil o tu vas passer. Pour viter les boulis. Etquand tu seras sur le plateau, il y aura du rseau. Ensuite seulement tu pourras teflinguer. Et avec ton assurance, j'achterai plein de champagne que je ferai livrer parhlicoptre, et on le boira ta sant en te disant merci. Ho, y a quelquun?

Henri: Je suis parti dici. Pour arriver l. Le gnpi. Je pensais tre prcismentde lautre ct et beaucoup plus bas. Ce qui veut dire durant toute cette partiejtais en hors piste. Putain, jen ai froid dans le dos.

(un temps court)Ce qui veut dire aussi quau gnpi y a rien pour faire chauffermon cassoulet?

Philippe: En bote ou fait maison?

Henri: Bote.

5 un dernier repas

Henri va son sac, en sort une conserve de plus d'un kilo et une bouteille.

Henri

: On va pas escalader en pleine nuit le ventre vide.

Philippe: Vaut mieux lavoir dans le ventre que dans le sac dos.

Henri: Fait par des puristes. Avec canard confit et une petite fantaisie, coute bien :l-dedans il y a aussi des tripous. Deux rgions se tlescopent, le Cantal et le Sud-Ouest. Si tu sais comment chauffer a, je t'invite mon dernier repas.


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Philippe: Les affaires reprennent.

Pendant que Philippe dgote un camping gaz, Henri dbouche la bouteille.

Henri: Tu dis que tas pas de femme, jy crois pas, ton ge on se dmerde toujourspour avoir de la compagnie. Mme occasionnellement. Moi, jappelle a, les rustinesdu cur.

Philippe: J'ai lu quelque part: la jeunesse, c'est vingt ans s'exciter, tout le restepour se calmer.

(lui prsente deux gamelles)Tu vas russir manger l-dedans?

Henri: Je me trimbale dans du bambou mais a fait pas de moi un dlicat. (un tempscourt)Pendant que a chauffe, je voudrais te lire quelque chose. Je peux?

Philippe: Si tu nous sers un verre avant.

Philippe est face au rchaud. Henri remplit deux gobelets et va chercher unepochette de feuilles dans son sac.

Philippe

: Dis-moi, ton sac, cest la caverne dAli Baba.

Henri: Toute ma vie est l-dedans.

(consulte ses feuilles) Bon. Voil. Je vais te lire un extrait. (un temps court)Je vaisessayer daller jusquau bout. (un temps court)Jusquau bout de ce passage. Non,celui-l. Ou bien peut-tre. Celui-l? (un temps court regarder Philippe)Non, autrechose.

Un temps. Henri crit avec enthousiasme pendant que Philippe cuisine en sifflotant.

Philippe: (avant de sortir)Je sors pisser, tu jettes un il?

Henri: Hum hum.

(encore un temps crire avant de lire haute voix)Ma peau a t douce commetous les bbs. Ma peau a une mmoire, comme tous les bbs. Ma mre tait unemagicienne. Elle ma fait dans le sang, elle ma mis dans le monde, le monde mamis dans ses bras. Et quand mes yeux ont pu voir. Jai vu le vide immense. Jai voulu


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frapper. Jai voulu crier. Jai voulu tuer. Mais rien faire, tout ce qui se prsentait taitune fausse cible. On demande souvent aux gens sils ont des enfants, qui leurdemande sils ont des parents En haut, fleurissent des vidences Je mappelleHenri et je ne connatrai jamais mon nom de famille. Cest pour a que jai cette armedans les mains, cest pour a.

Retour de Philippe.

Philippe: Tas vu a: a sent la Dordogne!

(va au rchaud)Hum, les ptits salauds. ( Henri)Tu leur fais de la place!

Henri: Tu vois, dans un moment pareil dans un moment pareil

Philippe: Tu vas pas te mettre pleurer?

Henri: (sursaut)A table.

Ils sinstallent pour manger. Henri goulment, Philippe de faon plus tranquille.

Philippe: (regarde Henri manger) Dis donc c'est vrai que a creuse la montagne.

Henri: Tu vois, l, maintenant, si on me demande de choisir entre les cuisses deCaroline et ce plat, y a pas photo.

Philippe: Les femmes. (songeur) Julie, tiens, Julie, parlons-en, au dbut elle medemandait toujours: est-ce que tu m'aimes? Et moi je lui disais comment veux-tu que je sache? C'tait pas des bobards. J'ai jamais su mentir. Du coup elle en adduit que je ne l'aimais pas. C'est marrant tous ces gens qui voient la vie en noir etblanc. Jamais de nuance. Jamais de couleur. Tu veux un coup de rouge?

Henri: Tu vois, moi, dans ces moments-l, je crois en Dieu. Je tassure. Je me dis:cest pas possible quil nexiste pas. Aprs le plaisir, la digestion se met en route et jeme dis: comment jai pu penser une chose pareille? Jusquau repas suivant o jycrois de nouveau.

Philippe: Pour toi, Dieu est une fourchette.


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Henri: La fourchette, cest pas plutt le diable?

Philippe: Le diable, le bon dieu kif kif bourricot.

Henri: a doit drlement te manquer le sexe.

Philippe: Pourquoi?

Henri: Depuis combien de temps tu nas plus?

Philippe: Sorti le petit Jsus? (un geste vague)

Henri: Moi, Caro, a fait dj deux semaines et je suis cran, et franchement, si jelisais des trucs de cul comme toi, je deviendrais dingue. Comment tu fais?

Philippe: a me rend dingue.

Henri: Comment tu fais pour tenir?

Philippe: Je tiens jamais deux semaines. Je m'envoie des clientes. Seulementquand elles sont bourres.

Henri: Bourres!

Philippe: Hun hun. Comme a au matin elles ont honte et foutent le camp sansrclamer leur reste. Et jamais plus d'une nuit. Sinon elles s'attachent.

Henri: a te parat idal comme stratgie, pas vrai

? Sauf que tu as peut

-tre un fils

et tu le sais mme pas.

Philippe: Et toi chaque fois que tu tires un coup, tu te demandes si tu seras papa la fin de l'anne?

Henri: Moi, je suis prcautionneux. Je nai jamais connu lamour sans caoutchouc.


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Philippe: (se lve d'un bond) Si on aimait vraiment nos femmes, chaque fois qu'onbaiserait on leur ferait un enfant!

6 lapparition de Zita et fin de lexpdition

Un clair: devant lentre se tient Zita quils ne voient tout dabord pas. Philippeattend le coup de tonnerre qui sensuit. Henri roule sous la table.

Philippe: ( la cantonade)A la tienne!

(vide son verre et se rassoit) T'es pass o?

Zita: Sous la table.

(Henri se cogne la tte et apparat. Un temps, elle sapproche)On peut savoir ce quevous faites l?

Philippe: Je vous pose la mme question.

Henri: ( Zita, chuchote presque) Cest Philippe, le prsident de lassoce.

Zita: Prsident? Classe.

Henri: (sapproche main tendue) Et moi, cest Henri.

Zita: (lignore)Comment vous tes entrs?

Philippe: Mademoiselle, en quelque sorte, ici vous tes un peu chez moi.

Henri: Cest le prsident de lassoce.

Philippe: Cest crit sur la porte: refuge du gnpi.

Henri: Et pas le bourricot, attention.


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Philippe: Je confirme. Le gnpi appartient au club de splo du Conquet dontje suis le prsident.

Henri: Fondateur.

Zita: (pour elle-mme) Steevy, merci pour le plan foireux.

Philippe: Steevy? Vous avez dit Steevy?

Zita: Jai dit Steevy et puis?

Philippe: Steve Pedrazzoli?

Zita: Vous connaissez Steve?

Philippe: Il est avec vous?

Zita: Ah non. Cest juste un ami.

Philippe: Non mais l, maintenant, o il est?

Zita: Cest un grand garon.

Philippe: Il doit pas tre loin, jai vu sa voiture sur la piste. Et sil y a sa voiture,Steve est peut-tre dans le blouga. Peut-tre en danger, vous comprenez?

Zita: (ralise)Ah non. La voiture, oui la voiture, cest moi qui suis venue avec sa

voiture. Il me la prte, parce quil nen avait pas besoin pendant ses vacances.

Philippe: Ses vacances?

(un temps court puis pour lui-mme) Ses vacances, mais oui, ses vacances. Safameuse expdition au Prou. Nom dun petit bonhomme ! Pour a que jarrivais pas le joindre.

(un temps court puis Zita)Donc, la voiture est avec vous et Steve nest pas l. Elleest bien bonne, celle-l.


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Philippe sassoit, soulag. Zita sort pour aller dans la chambre attenante.

Henri: ( Philippe)On part plus?

Philippe: Tu veux aller o? Le problme est rgl.

Henri: Rgl? Comment a, rgl? Et moi?

Philippe: Quoi, toi?

Henri: Jai dit que jirai en haut et je compte bien y aller.

Philippe: Maintenant? Cool Raoul. Assieds-toi plutt, sers-nous un verre etprofitons de la soire.

7 nouvelle problmatique

Zita rapparat, un sac de voyage la main.

Henri: Vous partez?

Zita: Jai plus rien faire ici, moi.

Philippe: Ah bon, et on peut savoir ce que vous tiez venue faire au refuge?

Zita: Rien qui puisse vous intresser.

Philippe: A cette heure, une femme seule, qui dbarque en plein orage, et vousnavez pas lair dune splo. Moi a mintresse. Mieux, a me concerne.

Zita: Bonne soire, messieurs.

Henri: Vous ne pouvez pas partir toute mouille, le ventre vide?


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Philippe: Ba ba ba, Henri a raison. Cessez de faire lenfant, donnez-moi ce sac etvenez vous asseoir.

Zita: Non merci.

Philippe: Vous croyez vraiment que je vais laisser une amie de mon neveu sortir enpleine nuit.

Un coup de tonnerre. Henri sursaute.

Philippe: Ecoutez: Zeus est daccord avec moi.

Zita: Votre neveu? Alors vous tes loncle de Steevy?

Philippe: Bonne dduction.

Zita: Loncle Philippe!

Philippe: Pour vous servir, mademoiselle.

Henri: (main tendue) Et moi cest Henri.

Zita: (lignore) Loncle Philippe. Mais fallait le dire, Steevy ma parl au moins centmille fois de vous.

Philippe: Je suis curieux den savoir plus.

Philippe linvite sasseoir. Elle prend dabord une serviette dans son sac etentreprend de se scher les cheveux. Philippe ramne le sac dans la chambreattenante et revient.

Henri: (bas)Elle sent bon.

Philippe: Tu trouves?


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Henri: (mme jeu)La mangue.

Philippe: On se calme, petit.

Henri: Quoi, je dis juste quelle sent bon.

Ils sont assis. Philippe remplit les verres.

Zita: Alors, cest vous le yeti.

Philippe: En personne.

Zita: Steevy me la raconte une bonne douzaine de fois mais trop fort. Je ris chaque fois. Trop tordant comme histoire.

Philippe: Tordant, oui, cest le moins quon puisse dire.

Henri: Quest-ce que vous faites par ici?

Zita: Disons que javais besoin de me retrouver seule. Dans un endroit calme. Jenai parl Steevy qui ma propos de venir ici.

Philippe: Daccord mais tu faisais quoi dehors sous ce temps?

Zita: Je suis partie me promener cet aprs-midi, il faisait beau. Je me suis mmebaigne dans une cascade sous la crte. Vous connaissez?

Philippe: La Saint

-Roch

. Joli coin. Mais cest deux heures de marche. Pas trs

prudent de saventurer seule en montagne.

Zita: Jai pas vu venir lorage. Quest-ce quil est tomb! Heureusement jai trouvune petite grotte o mabriter.

Henri: (depuis un moment comme fascin par Zita) Il me semble que jai dj vuvotre visage quelque part.


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Philippe: Tu crois que cest le moment?

Henri: Le moment, le moment de quoi?

Philippe: De faire ton joli cur.

Henri: Pourquoi tu dis a?

Philippe: Y a pas une heure, tu pleures sur ta Caroline pour qui tu fais plein defolies; y a pas cinq minutes que mademoiselle est l et dj tu lentreprends.

Henri: Mais pas du tout. Je dis juste que maintenant que vous tes recoiffe, touta, jai limpression de vous avoir dj vue.

Philippe: Si tu veux tre ton avantage, dis -lui plutt des choses sincres. Dis-luiquelle sent bon, quelle sent la mangue par exemple. Je vous ai dj vue quelquepart, mme mon poque, a paraissait ringard.

Zita: Ni mangue, ni grenadine. (regarde Henri) Le seul fruit exotique que jaime cestla paix.Vu?

Henri: Jai rien dit, cest lui!

Philippe: Je tavais dit que ctait pas le moment. (Henri sest lev)Tu vas o?

Henri: Jai quand mme le droit daller aux toilettes.

Philippe: Ne va pas prendre froid.

Zita: ( Henri) a y est! Vous, je sais qui vous me faites penser: les TellyTubbies. (un temps court) Bye bye Tinky Winky!

Henri sort, contrari.


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8 complicit entre Philippe et Zita

Philippe: Il est dans une mauvaise passe. Une histoire de cur complique.

Zita: Jen tais sre, avec son air constip. Mais je la comprends : comment il estfringu! Cest quand mme pas une tenue de splo?

Philippe: On allait la tester, et puis tu as dbarqu. Mais attention quand mme: enfibre de bambou.

Zita: Oui mais la couleur.

Philippe: Je dis pas mais antibactrienne. (un temps court regarder Zita faire lamoue, puis comme un argument massue)Rsiste aux chocs thermiques.

Zita: Ah, je mincline.

Philippe: Et cinq fois plus absorbant que le coton.

Zita: Pratique pour les nouveaux-ns, quoi. Cest pas pour faire ma ptasse mais

sortir avec une peluche, cest quand mme pas trs valorisant pour une femme.

Philippe: Ni pour un homme.

Elle rit. Quiproquo.

Zita: Comment vous vous tes connus? Vous tes si diffrents.

Philippe: Il est tomb du ciel. Pas plus tard que ce soir.

Zita: Le coup de foudre alors!

Philippe: Un peu a. Il tait pas l depuis cinq minutes que jtais devenu sonlgataire universel, ou quelque chose du genre.


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Zita: Oui? Alors cest srieux entre vous?

Philippe: Entre nous?(un temps court)Ah non, cest pas a du tout.

Zita: Allez, dans mon milieu, on en voit dautres. Mon ex sest mme fait la belleavec un bulgare qui se disait percussionniste. Et quand je lui ai demand ce quilavait de plus que moi, vous savez ce quil a rpondu?

Philippe: Un mensonge.

Zita: Jai envie dexotisme. Ils sont pas croyables, les mecs. Dexotisme. Lui quinest pas foutu de prendre un avion sans se faire agresser par un moustique.

Philippe: Bien fait. (un temps court) Et alors?

Zita: Alors aprs on sest un peu disputs. On en est un peu venus aux mains.

Philippe: Non.

Zita: Regardez ce quil ma fait, ce loser.

Philippe: Pas croyable.

Zita: Du coup ils sont alls Budapest sans moi.

Philippe: A Budapest?

Zita: Au festival Sziget. Faire la premire partie des Gogol Bordello.

Philippe: Y a vraiment des choses qui me dpassent.

Zita: Cest clair.

Philippe: Et maintenant?


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Zita: Termin. Jarrte de chanter.

Philippe: Tu es chanteuse? Alors tu es peut-tre Zita? comment il dit a, Steve?Zita la sulfureuse.

Zita: En personne.

Henri est revenu sur la dernire rplique de Philippe.

9 nouvelle dception

Henri: Zita? Mais voil, cest a, je le savais. Ce visage, mais oui. Merde alors.

(va vers Philippe)Tu te rends compte ou quoi? Cest Zita! La chanteuse!

Philippe: Oui, je sais.

Zita: Jen reviens pas. Se retirer plus 2000, tomber sur deux inconnus, et les deuxconnaissent la chanteuse Zita.

Henri: ( Philippe) Tu la verrais sur scne, une tigresse. Jadore sa voix.

( Zita) Sans dconner, jadore votre voix, ce que vous dites, vos paroles. Votrefaon de les dire, avec ce rythme si particulier, ce corps qui bouge, faon lectriquemais pas toujours. Vous savez faire les ruptures. Les ruptures, oui, cest a qui meplat. Chien maladroitme fait mourir de rire. Langue de pub, cest grisant.A fleur depeau, a me fait chialer. Et votre Confidente coquine ne peut laisser personneindiffrent. Franchement Zita, ce que tu fais cest denfer!

Zita

: Il est incroyable.

Philippe: Tu as un fan, on dirait. Un spcialiste en ruptures.

Zita: Arrte, cest fou. Jai sorti un seul disque, mille exemplaires, label indpendant,et lui connat tous les titres.

Henri: Jai suivi toute ta tourne au printemps.


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Zita: Toute?

Henri: Exactement quatorze dates. La plus russie ctait, mon avis, au RockingChair. Les autres taient bien, cest pas ce que je veux dire, mais au Chair, la folie!

Zita: Javais la haine ce soir-l.

Henri: Jaurais pas voulu tre la place du micro.

Zita: Le type en rgie qui me faisait des grands signes. (au type en rgie)Va te fairemettre! Ce soir je casse la baraque et tu viens pas me pter les boules avec tesbalances. Fallait soigner tes rglages. Ici cest pas Mireille Mathieu.

(un temps court) Excusez-moi, je memporte.

Philippe: a donne envie.

Henri: Cest quand le prochain concert?

Zita: Termin. Jarrte de chanter.

Henri: Tu quoi?

Zita: Jarrte de chanter.

Henri: Nimporte quoi.

Zita: Peut-tre mais cest comme a.

Henri: (plaintif Philippe)Cest nimporte quoi? ( Zita)Tu peux pas faire a, cestpas possible, tas un talent fou. ( Philippe)Elle a un talent fou. ( Zita)Tu me faismarcher? Dis-moi que cest pas vrai.

(elle secoue la tte)Pourquoi?

Zita: Pour plein de raisons. Et cest aussi pour a que je suis ici. Faire le point.


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Henri: (tombe genoux et fredonne)

Fille facile

Rien nest plus triste

Que la lionne

Qui se donne

Jusqu mourir

Pour un plaisir

Sans envie

Zita: (prs de Philippe)Tu lui dis darrter?

Zita sloigne, Philippe pose sa main sur lpaule dHenri prostr.

Philippe: Les amis, ne bougez pas; je reviens.

Philippe sort dans la chambre attenante. Henri sapproche de Zita.

Henri: Tu veux que jarrte?

Zita: (gentiment)Tu peux arrter, sil te plat?

Henri te rapidement son jogging moutarde, fouille son sac, et de manirecrmonielle se vt dune chemise blanche, costume, cravate et chaussures noires.Il range ses affaires et prend son sac.

Henri: Ma peau a t douce comme tous les bbs.

Il sort dignement. Des bruits de fouille proviennent de lautre pice. Zita regardeautour delle, allume une cigarette, arpente songeusement la pice et tombe sur unefeuille gare de la pochette dHenri. Elle lit, dabord curieuse, puis interloque etmme intresse. Retour de Philippe, un instrument de musique la main.


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10 le coup de feu

Philippe: Regardez! (un temps court)Il est o?

Zita: Je sais pas. Qui a crit a?

Philippe: Je sais pas. Ne me dis pas quil est sorti?

(Zita opine)Pour aller o?

Zita: Il a pris son sac. Il est peut-tre rentr chez lui?

Philippe: Il na pas de voiture.

A lextrieur un coup de feu.

Philippe: Merde.

Zita: Quest-ce quil se passe?

Philippe confie linstrument Zita et se prcipite dehors. Zita a pli la feuille dans unede ses poches. Moment de silence. Retour dHenri soutenu par Philippe.

Henri: Oh putain. Oh putain.

Philippe: Assieds-toi.

Zita: Ctait quoi?

Henri: Oh putain.

Philippe: Arrte. Je dois retirer ta chaussure.

Henri: Non.


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Philippe: Zita, tu peux mamener un linge?

Zita: Jai une pharmacie dans mon sac. Mon sac?

Philippe: Dans la chambre.

Zita va dans la chambre.

Henri: Oh putain.

Philippe: Bouge pas, tu veux.

Henri: Oh putain.

Philippe: (haut) Regarde si tu trouves un peu dalcool!

Zita: (de loin)Jai ce quil faut!

Henri: a va faire mal.

Philippe: Arrte de bouger ou je tassomme. Bon sang, quest-ce que tas foutu?

Henri: Un chasseur!

Philippe: Prends-moi pour un con.

Henri

: Un chasseur. Pan! Oh putain.

Philippe: Mme de profil, qui pourrait te prendre pour un chamois?

Henri: Je te dis quon ma tir dessus.

Philippe: Et depuis quand on peut chasser la nuit?


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Henri: Jen sais rien, moi. Un braconnier. Je chiais tranquillou dans mon coin. Etboum dans le pied.

Philippe: Oui cest a. Un chamois sourd. Un braconnier aveugle. Un randonneur

en cravate chiant sous les balles.Tu ferais pas un bon scnariste.

Zita: (revient) Naie pas peur. Cest une compresse imbibe dalcool. Tu vascommencer par gueuler, ensuite le nirvana. (Henri hurle) Cest fini.

Henri: a brle!

Zita: Cest superficiel. (un temps court)Quest-ce quil sest pass?

Philippe ne laisse pas Henri rpondre.

Philippe: ( Henri)Je tavais pas dit de pas traner dans la remise? ( Zita)On a unpetit stock dexplosifs dans une remise l derrire. Il arrive quon sen serve pourlargir ou scuriser certaines voies. ( Henri)Je tavais dit: faut pas y aller. Il est oton sac?

Henri: Jen sais trop rien. Par l-bas.

Philippe: Je vais le rcuprer.

Zita: Cest urgent?

Philippe: Laisse-moi faire et surveille-le. (sort)

11 complicit entre Henri et Zita

Zita: (se relve, vient dans son dos et lui masse la nuque)a va?

Henri: Dhabitude je crains mais l


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Zita:(un temps masser)Sacr Steevy, si je mattendais a. (un temps court) Jaieu peur. Jai cru un coup de feu. Mon pre est chasseur.

Henri: Ton pre?

Zita: Oh, pas comme tu crois. Mais cest lui qui ma fait goter la nature. Faut voircomme il aime les btes et la montagne.

Henri: Jai pas souvent mang de gibier.

Zita: Cest vrai? Moi, jadore la bcasse. A la chemine, dlicieux.

Henri: Pas eu loccasion de tester.

Zita: Dommage.

Henri: Les cailles, oui, et franchement, avec un bon Gigondas.

Zita: Jadore le vin rouge.

Henri: Toi aussi?

Zita: Bien pais.

Henri: Charnu.

Zita: Que tu peux presque mcher.

Henri: Un Cahors.

Zita: Ou un Madiran.

Henri: (un temps) Pour une gourmande, tu as les doigts fins. Cest quoi ta recette?


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Zita: Le sport. Lexercice. Y a que a pour garder la forme. Sinon la scne, a te metsur les rotules.

Henri: Pourquoi tu veux arrter? a se voit trop que cest ta vie. Quand je te vois

sur scne, je vois une flamme. Tu me fais, comment je peux dire. a se transmet, amembrase et tu me fais oublier tout le reste. Tu nas pas le droit.

Zita: Eh, tu es bien gentil mais ma vie, jen fais ce qui me plat.

Henri: Tu as pens aux autres? Tu penses ton public? Tu penses moi?

Zita: (pour le taquiner, chantonne)Je me donne qui me plat a, nest jamais le

mme mais quoi, que cui qui en a jamais bav, me jette le premier pav

.

12 moment de convivialit

Philippe revient avec le sac dHenri.

Philippe: Notre apprenti artificier sest calm?

Henri: Tu as tout rcupr?

Philippe: Jai rcupr le sac.

Henri: Et le reste?

Zita

: Le reste

? Tu navais que ton sac.

Philippe: Ton alpenstock peut-tre?

Philippe lui dsigne son alpenstock dans un coin. Un temps court.

Zita: Et tu allais o exactement? Sap comme a? Sans voiture?


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Un temps.

Henri: Cest une trs bonne question.

Philippe: Nest-ce pas?

Henri: Mais indiscrte.

Zita: Tes pas verni, mon pote; lamour, cest pire que lhrone.

Elle se munit de linstrument de musique et scarte.

Henri: (bas Philippe)Tu lui as parl de Caro?

Philippe: Juste assez pour la rassurer, lui expliquer, si tu veux, le contexte.

Henri: Cest quoi le contexte?

Philippe: Quand on ne te connat pas, tu peux paratre bizarre.

Henri: Moi, je suis bizarre?

Quelques notes de musique. Cela intresse Henri.

Philippe: Mes amis, vous avez bien fait de venir au gnpi. Parce quaugnpi, il y a toujours du gnpi. Eh oui, mon gars!

Il farfouille dans le placard, trouve un fond de bouteille et revient vers Henri.

Philippe: Fait maison. ( Henri, taquin)Avec a, impossible de rester sur le carreau.

Henri: Si tu as un morceau de sucre, je veux bien faire un canard. Zita, tu aimes a,toi, le gnpi?


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Zita nentend pas, occupe essayer quelques notes, peut-tre un dbut demlodie. Philippe a trouv du sucre.

Philippe: A ta sant, jeune moussaillon!

Henri: A la tienne, vieux contrebandier!

Philippe: Vieux tout est relatif.

Un temps apprcier le moment.

Philippe: On aura quand mme bien voyag. (Henri na pas compris)Un petit tourentre Dordogne et Cantal, une tape en cte de Provence pour finir dans les Alpes.

Henri: Tu as oubli lIrlande. (avise la bouteille de whisky vide)

Philippe: Ah oui, lIrlande et ses verts pturages.

Henri: Vous voulez faire un tour en Chine? Zita, tu veux un th vert de Chine?

Zita: Non, merci bien. Je peux prendre la chambre?

Philippe: Bien sr, installe-toi.

Henri: Tu vas pas te coucher? Encore un peu de musique, sil te plat, vas-y, vas-y!a requinque! (rveille sa douleur au pied)Aie!

Zita: L jai juste besoin de repos. Bonne nuit.

Elle pose linstrument, se lve et sort.

Henri et Philippe: Bonne nuit!

Un temps.


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Henri: Elle est gniale, cette fille, mais sr quelle est aussi compltementinconsciente. Ou mme suicidaire.

Philippe: Ah bon?

Henri: Avoir un talent fou et dcider de le laisser tomber; tu appelles a comment?

Philippe: Peut-tre que les choses ne sont pas si simples. Peut-tre par exempleque crer, tre artiste, ou mme tre sensible, a provoque parfois un peu dedouleur. Peut-tre que cette douleur parfois ressemble la douleur dune balle quonsest tire dans le pied. Peut-tre que parfois la douleur prend le pas sur tout le reste.

Le portable dHenri met un bip.

13 nouvelles dceptions

Henri: Cest le mien?

Philippe: Profite, a capte pas longtemps.

Henri sautille jusqu son tlphone. Il coute le message. Un temps.

Henri: Fils de pute!(lance le tlphone sur la table)

Philippe: Mauvaise nouvelle?

Henri

: Khad dit quil lui faut obligatoirement ta date de naissance.

Philippe: Je lavais oubli celui-l.

Henri: Si je crve maintenant, cest Caro qui va palper!

Philippe: Si tu crves maintenant?


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Henri: Donne-moi ta date de naissance.

Philippe: Risque pas.

Henri: Sil te plat. (un temps court)Pourquoi tu fais a?

Philippe: A mon ge, comme tu dis si bien, il y a des coquetteries quon na pas ledroit de se refuser.

Henri: Trs bien. Zita!

Philippe: Tais-toi!

Henri: Zita!

Philippe: (le rattrape) Tu vas arrter tes conneries!

(lattire lui) Elle ta demand quelque chose? Tu crois que ton gros chque vargler ses problmes? Pourquoi tu peux pas penser aux autres de temps entemps? Et arrter de croire quun paquet de fric cest forcment un cadeau bni duciel. Tu la vois en train de sacheter une nouvelle guitare avec largent de ton

suicide?

Henri: (contrit)Pardon.

Philippe: Non mais pour qui tu te prends?

Henri: Pardon.

Philippe: Ne texcuse pas, a ne sert rien. Pense plutt demain matin quand onva se rveiller et prendre le petit djeuner tous ensemble, dehors, au soleil.

Henri: Il y aura du soleil demain?

Philippe: Garanti.

Henri: Pourquoi on tappelle le yeti?


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Zita entre. Philippe entrane Henri comme si de rien ntait.

Zita: Je sais que je ne suis pas chez moi, mais a vous serait possible de baisserdun ton? Mme avec le baladeur je vous entends.

Philippe: Dsol.

Henri: Zita, on ntait pas daccord sur un truc. Au sujet du petit dj. Lui disait que tuprenais du caf et moi je pensais que tu tais plutt th.

Zita: Chocolat. Et jai tout le ncessaire.

Elle pose le baladeur sur la table et se dirige vers la sortie.

Zita: Si je ne suis pas de retour dans deux minutes, cest que je suis restescotche.

Elle sort. Henri et Philippe se regardent. Puis Philippe entreprend du rangement etprpare son duvet. Henri en fait autant.

Zita revient.

Zita: Je ne fais que passer.

Zita rcupre linstrument et retourne dans la chambre. Le tlphone dHenri sonne.

Henri: Cest mon portable. a sonne. (un poil craintif)a sonne!

Philippe

: Dcroche.

Henri prend le tlphone.

Henri: Caro! (un temps)Oui, mon sucre dorge, comment a va? (un temps court)Tes pas un sucre, je sais, te mets pas en colre. Je tai laiss un message parceque. () Oui. Daccord. Oui, cest toi qui parles, daccord. Je sais que cest pas bien.Je sais mais. () Je te coupe plus, ok, je tcoute.


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Un temps long.

Il lche le portable sur le sol. Dsempar il prend un couteau de cuisine quilapplique son poignet. Moment de tension.

Philippe: Lche a, bordel, lche a

!

(un temps puis abattu)Cest pas vrai! Foutre de bordel queue. Mais quest-ce quise passe dans leurs caboches? Cest tout le cas que vous faites de la vie?

14 des raisons de vivre

Philippe: Je nai pas toujours t celui que tu vois devant toi. Jai t mari. Jai

mme t papa. (comme sil avait du mal y croire) Papa. Dun petit ange quisappelait Coline. Un petit ange tomb du ciel pour illuminer ma vie. Un ange quidevait un jour forcment dployer ses ailes. Sous lil attendri de son couillon depre. Qui croyait quune enfant, a peut grandir comme a. Couillon!

(un temps court) Quand il a fallu lhospitaliser, il tait dj trop tard. a ne meconcernait plus, le problme devenait mdical, donc la solution aussi ? Du moins jelai pens, va savoir pourquoi. La vrit cest que jai baiss les bras, tu te rendscompte, jai renonc me battre ses cts. Me battre, merde. Pour Coline.

(un temps court) Un soir le tlphone a sonn, il tait vingt-trois heures. Je savaisdj ce quon allait mapprendre. Mais quand linspecteur ma annonc la nouvelle,

mon cur a littralement vol en clats. Overdose. Et moi jai survcu. Une normetache sombre la place du cur.

Henri a progressivement relch sa tension et dpos son couteau. Il sest avancvers Philippe, se retrouve dans son dos et le serre dans ses bras. Un temps.

Philippe: Tu sais pourquoi je me suis pas fait sauter le caisson?

Henri: Moi, ma premire ide, ctait de sauter dans le vide. Profiter de la vue. Maisjai eu peur que mon vertige mempche davancer. (un temps court)Je suis mmepas foutu daller jusquau sommet. Je me fixe un objectif et bing! Une buse! Et lepire, en plus, le flingue figure-toi quil ma gliss des mains. Le coup est parti toutseul. (un temps amus puis grave)Je suis bon rien, cest terrible porter. Si onpouvait me donner une seule raison de me battre.

Un temps.

On entend la voix de Zita slever, slever au point de prendre possession de tout lelieu. Des paroles glissent dans le refuge.


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Je te regarde

Tu me souris

Et tu me pries

Pour que je garde

Le ventre vide

Sous ta chaleur

Je sens venir

Le souvenir

De ma douleur

Le ventre vide

Henri: (un temps court)Mais. ( Philippe)Cest mon texte.

Zita apparat une feuille la main. Elle chante la chanson jusquau bout.

Zita: Ah, a soulage quand a sort!

(sapercevant que Henri est trs mu)Mais faut pas te mettre dans cet tat pour a.

Philippe: Cest son texte.

Zita:( Henri)Cest toi? Tu me la donnes?

Henri: Je te donne quoi?

Zita: Ta chanson.

Henri

: Je ne savais pas que ctait une chanson.

Zita: Maintenant tu le sais. Tu en as dautres?

Henri: Des chansons, non. Des textes, oui, pas mal mais non, je ne sais pas si cesont, oui, des chansons.

Philippe: Elle sy connat un peu, non? Montre-lui tes textes, oui.


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Henri va chercher sa pochette et la tend Zita qui feuillette, fouille, prend le tempsde regarder les textes. Un temps. Elle sourit. Regarde Henri.

Zita: Des chansons, oui.

Henri: Jaime faire des rimes, mais cest pas toujours dans le bon ordre.

Zita: On sen fout. Y a du rythme. De la musicalit. Des phrases fortes. Tu veux quoide plus? (un temps court)Je vais te dire une chose, (secoue le paquet de feuilles)a, a me donne envie de remonter sur scne. Y a des couilles l -dedans, et pasquun peu! (Henri a sursaut au mot couilles)

Philippe

: Henri, si ce sont tes couilles qui lui redonnent le sourire, tu as un pointcommun avec le yeti.

Henri: Putain, vous allez mexpliquer cette histoire de yeti?

Zita: (objection) Il y a quand mme peu de chances quHenri se dplace unevertbre en crivant.

Philippe: En mme temps, je le vois pas non plus crire de nuit dans une grotte.

Henri: Traduction,please!

Philippe: Alors assieds-toi.

(un temps court) La premire fois que je suis sorti avec Julie, jai voulu la dpayser etun peu aussi limpressionner, javoue. Alors je lai emmene en montagne latombe de la nuit et on sest cachs dans une grotte, pas trs loin dici. L je luiraconte des tas dhistoires pour la faire gentiment flipper.

Zita: Venez-en au fait, monsieur le yeti.

Philippe: Julie est un petit peu nave si on veut

Henri et Zita: Au fait!


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Philippe: On tait dans le feu de laction si tu vois ce que je veux dire et l ellesarrte dun coup comme a, elle me regarde dune faon que je crois quelle va medemander si jai pas oubli de prendre du caoutchouc comme tu dis et au lieu dea elle me fait: a existe, le yeti? Je me demande dabord si cest du lard ou ducochon, je lui demande pardon, je la fais rpter pour gagner du temps et elle,

toujours aussi srieuse:

a existe, le yeti

? Alors moi, inspiration subite, je lui

glisse loreille: bien sr que a existe! Tu veux le voir en action? Et ni une nideux je la soulve, et au moment o je me baisse pour la poser au sol crac. (setient les reins) Deux heures coinc dans la grotte sans pouvoir bouger un orteil.

Henri:(rit de bon cur)Et a sest termin comment?

Philippe: Comment tu veux que a se termine? A chaque fois quon tait invitsquelque part, Julie trouvait toujours un moment du repas pour lancer: je vous ai

dj dit que javais rencontr un yeti? Et les autres

:

non, raconte

! A chaque

fois jy avais droit. Une bonne vingtaine de fois jai entendu cette histoire. Mais cestla premire fois que je la raconte moi-mme.

Henri rit de plus belle, traverse la pice et seffondre sur une chaise, bat.

Zita: Henri, a va?

Henri

: (le temps de faire linventaire)Jai plus mal au pied. Jai chaud.

(un temps)On nest pas bien, l, tous les trois?

Noir.

Documents

l'Apparition de La Sainte Zita