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SEPTEMBRE - DÉCEMBRE 2013 VOL XXIX N O 3 REVUE BIBLIQUE POPULAIRE PUBLICATION SOCABI la bible et l’environnement dossier Terre, tu as du prix à nos yeux! rencontre / Norman Lévesque L’environnement à la rencontre de la science et de la Bible la terre, don de Dieu

laterre, don de Dieu - SOCABI · sa diète (vv. 29-30). Cette diète est végétarienne tant pour les humains que pour les animaux. Comme le récit n^est pashistorique, il s^agit

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SEPTEMBRE - DÉCEMBRE 2013 • VOL XXIX N O3

REVUE BIBLIQUE POPULAIRE • PUBLICATION SOCABI

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la bible et l’environnement

dossierTerre, tu as du prix à nos yeux!

rencontre / Norman LévesqueL’environnement à la rencontre de la science et de la Bible

la terre, don de Dieu

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rochain numéro !

Le numéro de novembreLes récits d’enfance de Jésus)))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))

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AVANT-PROPOS03 La Terre, don de Dieu

Yves GUILLEMETTE

DOSSIERTerre, tu as du prix à nos yeux!

04 La terre confiée à l’humanitéWalter VOGELS

06 La nature, « théâtre de la gloire de Dieu »David FINES

08 Pour une spiritualité chrétienne de l’environnementAndré BEAUCHAMP

ENTREVUE11 L’environnement à la rencontre

de la science et de la BibleThérèse MIRONNorman LÉVESQUE

14 Saint François, écologiste du Moyen ÂgeNorman LÉVESQUE

16 BIBLIOTHÈQUE

17 PISTES DE RÉFLEXIONFrancine VINCENT

18 Le Cantique des Créatures

SOMMAIRES E P T EM B R EVOL XXIX NO3

2013

La Terre, don de Dieu

Société catholique de la Bible2000 rue Sherbrooke Ouest, Montréal(Québec) H3H 1G4

[email protected]

(514) 925-4300poste 297

CONSEIL D’ADMINISTRATION

Président : Marcel DUMAIS o.m.i.Vice-présidente : Béatrice PEDNEAULTSecrétaire : Yves GUILLEMETTE ptreTrésorier : Jean DUHAIMEÉvêque de liaison : Mgr Luc BOUCHARDAdministrateurs/trices :Christiane CLOUTIER, Patrice BERGERON ptre,Clément VIGNEAULT

COMITÉ DE RÉDACTION

Rédacteur en chef : Yves GUILLEMETTE ptre,Patrice BERGERON ptre, Geneviève BOUCHER,Sébastien DOANE, Raymond GRAVEL ptre, Thérèse MIRON, Francine VINCENT

COLLABORATION À CE NUMÉRO

André BEAUCHAMP, David FINESYves GUILLEMETTE, Norman LÉVESQUE, Thérèse MIRON, Francine VINCENT, Walter VOGELS

CONCEPTION GRAPHIQUEFabiola ROY

ISSN 2291-2428 (En ligne)

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Vos commentairessont les bienvenus

Merci!

Membre de l’Association canadienne des périodiques catholiques (ACPC)

PUBLICITÉ ET ABONNEMENTS

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Directeur de la rédaction : Yves GUILLEMETTE ptre

AVANT-PROPOS ░

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Septembre sonne la relance dans plusieurs secteurs d’activités. Alors que l’onentre dans la saison automnale, on ne peut oublier la tragédie de Lac-Méganticqui a été l’événement de l’été. On aurait pu se passer de ce désastre humain et

environnemental qui a mis en évidence les dangers que nous fait courir notre dépendanceau pétrole. En contrepartie on a été témoin de la solidarité de la population du Québecdans le malheur. Cet événement n’avait pas eu lieu quand le comité de rédaction a décidéde consacrer un dossier de Parabole au thème de l’environnement.

Le sujet est préoccupant en ces temps où nos sociétés, souvent « poussées dans le dos »par les mouvements écologistes, doivent se questionner et agir en matière de protectionde l’environnement. Les problèmes et les enjeux sont nombreux : changements climatiqueset leurs conséquences multiples, protection des espèces menacées, exploitation desressources et développement durable, recherche des sources d’énergie nouvelles, etc.Ces problèmes ne concernent pas uniquement les gouvernements sur lesquels nouspouvons être tentés de nous décharger de nos responsabilités, ni les grandes compagniesqui exploitent les ressources premières. Le respect de l’environnement est l’affaire dechaque citoyenne et citoyen et il doit nous préoccuper quand on prend la mesure denotre surconsommation, de notre recherche du confort, de notre dépendance à l’automobileet j’en passe. Le respect de notre environnement naturel implique à coup sûr des effortsde conversion afin d’adopter un nouvel art de vivre. Cela est sagesse.

C’est un lieu commun d’affirmer que la Terre est la seule planète dont on dispose. Lesdifférents articles de ce numéro portent un regard croyant sur l’environnement, inspirépar la révélation contenue dans la Bible, et nous aident à reconnaître la Terre commeun don de Dieu. Sa beauté attire notre émerveillement, sa protection suscite notreengagement, sa générosité nourrit notre spiritualité. Les Écritures ne rapportent pasde situations et de problématiques semblables à celles que nous rencontrons aujourd’hui.Mais elles donnent à réfléchir.

L’équipe de Parabole vous souhaite une bonne lecture pendant que vous contemplerezles splendeurs de l’automne.

Chers lecteurs et lectrices,

La Terre, don de Dieu

Le respect de notre environnement naturel

implique à coup sûr des efforts de conversion

afin d’adopter un nouvel art de vivre.

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Préliminairesk

La Bible commence par le récitmajestueux de la création dumonde (Gn 1, 1-2, 4a). L’auteur

du récit n’avait évidemment aucuneinformation scientifique ni historiquesur l’origine de l’univers, mais il avaitassez d’intelligence et d’imaginationpour produire ce texte théologiqueremarquable. Il a vu comment les gens,et lui-même, construisent leur maisonfamiliale. Personne n’amène sa familledans la forêt et construit la maisonautour de la famille. Au contraire,on commence par préparer le terrain,ensuite on construit la maison, par aprèson amène les meubles, éventuellementles animaux, et en dernier lieu toute lafamille avec les enfants. Si partout aumonde on procède de cette façon là,Dieu a dû faire la même chose. L’auteurdécrit ainsi comment Dieu dans lestrois premiers jours de sa création metl’ordre dans l’univers, les trois jourssuivants il amène les ornements.Quand finalement toute cette grandemaison est prête, Dieu amène sapropre famille. Il crée l’humanitécomme dernière œuvre au sixième jouret il lui confie toute cette grande maison(Gn 1, 26-31) et lui donne comme mission:« Soyez féconds, multipliez, emplissezla terre et soumettez-la; dominez surles poissons... les oiseaux... tous lesanimaux... » (v. 28, BJ).

Ce verset a donné une mauvaiseréputation à la Bible, et ainsi à latradition judéo-chrétienne que certainsaccusent d’être la grande responsabledes graves problèmes de notre planète.Le « multipliez » serait la cause de lasurpopulation et le « soumettez »aurait justifié l’exploitation égoïstede la terre et de ses ressources,conduisant à la pollution de notreterre. Cette accusation fut formuléed’abord par Lynn White Jr., historien del’University of California à Los Angeles.Il interprète le texte comme si lavolonté de Dieu serait que l’humanitéexploite la terre. Suzuki, l’expert bienconnu des questions d’écologie auCanada, animait il y a quelques annéesun programme à la TV: « A planet forthe taking ». Il commença la première

des dix sessions en reprenant la mêmeaccusation. Une telle accusation estgrave, elle exige qu’on examine ce textebiblique sérieusement pour éviter deslectures superficielles, rapides et doncinjustes.

Soumettez-laL’auteur biblique n’écrivait pas enfrançais mais en hébreu. Le verbe qu’ilemploie est kabash ce que la Bible deJérusalem (BJ) traduit par « soumettre »,la Traduction Oecuménique de la Bible(TOB) par « dominer », et la BibleNouvelle Traduction (BNT) par« conquérir ». Ces traductions suggèrentdes nuances différentes. Le verbekabash, employé 14 fois dans l’AncienTestament, contient une nuance deviolence. Il est utilisé par exemple pour

L’humanité créée à l’image de Dieu, a comme mission royale d’empêcher

que le chaos reprenne le dessus et de travailler à maintenir le cosmos pour que tous

puissent y vivre dans la paix et la prospérité.

la terre confiée à l’humanité (Gn 1,26-31)

Missionnaire d’Afrique (Père Blanc),professeur émérite à l’Université Saint-Paulet professeur au Collège UniversitaireDominicain, à Ottawa

Walter VOGELS

Dans le récit de création de Genèse 1, le verset 28 affirme : Dieu les bénit etleur dit : « Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la;dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animauxqui rampent sur la terre. » Cette mission confiée aux humains suscitedes critiques et de nombreuses questions. Reçoivent-ils carte blanchepour exploiter la terre de façon effrénée? Ou se trouvent-ils plutôt investisd’une responsabilité pour assurer un développement durable de la terrequi leur est confiée comme un don?

; Présentation des livres p.16

Pour aller plus loin p.17�

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décrire la conquête de la terre promise (Jos 18, 1), il dépend dela responsabilité particulière du roi (2 S 8, 11). La conquête dela terre promise ne peut certainement pas être sa destruction,ce qui la rendrait inhabitable, mais l’enlèvement desobstacles pour qu’on puisse vivre en paix dans ce pays delait et de miel. Si on détruit tout, à quoi servirait sa conquête?Telle est la mission de l’humanité par rapport à “la terre”. Dieua créé (bara’) le ciel et la terre (v. 1), le verbe bara’ veut diremettre l’ordre dans la chaos du début (v. 2). Mais ce chaosn’est pas annihilé: il est toujours prêt à détruire le cosmos,comme le prouve le récit du déluge. L’humanité créée àl’image de Dieu, ce qui lui donne un statut royal, a commemission royale d’empêcher que le chaos reprenne le dessuset de travailler à maintenir le cosmos pour que tous puissenty vivre dans la paix et la prospérité. Pour ce faire, l’humanitédevra s’inspirer des principes du créateur, qui a voulu ununivers bien ordonné, harmonieux et bon: Dieu vit tout cequ’il avait fait: cela était très bon (v. 31). Nous savons touscombien l’humanité doit travailler pour que la terre produisedes fruits, pour empêcher les inondations, pour se protégercontre les tremblements de terre et tant d’autres problèmes.Tout cela ne va pas de soi. Oui, la terre n’est pas toujoursgentille, elle est à « conquérir », à « soumettre ».

Dominez surL’auteur biblique utilise le verbe radah, et là de nouveau lestraductions varient, « dominer » (BJ), « soumettre » (TOB),« commander » (BNT). Le verbe revient 22 fois dans l’AncienTestament et s’applique toujours aux relations entre des êtreshumains, excepté dans le récit de la création où il s’agit desanimaux (1, 26.28), des êtres qui ont beaucoup en communavec les humains. Comme eux ils ont du sang, ce qui veut direla vie, ils sont « créés » (bara’) (v. 21), bénis par Dieu pour leurprocréation (v. 22), les animaux (terrestres) sont créés le mêmejour que les humains. Le sujet du verbe radah est souvent leroi (1 R 5, 4; Ps 72, 8), dont la fonction n’est pas de s’enrichir,de chercher son propre intérêt, mais de promouvoir la justiceet la paix dans son royaume, avec une préoccupationparticulière pour les faibles, tels les veuves et les orphelins.Les prophètes rappellent souvent aux rois cette responsabilité

et ils les accusent s’ils gouvernent autrement. L’humanité,créée à l’image de Dieu, a comme fonction royale de« dominer » ou de « commander », ce qui veut dire elle a reçuune mission de service pour promouvoir l’harmonie (la justiceet la paix) dans le monde qui lui est confiée, mais non pas pourl’exploiter.

Pensez à l’avenirAprès avoir donné à l’humanité sa mission, Dieu lui prescritsa diète (vv. 29-30). Cette diète est végétarienne tant pourles humains que pour les animaux. Comme le récit n’estpas historique, il s’agit évidemment d’une image pouraffirmer une idée théologique. Il est clair que les lionsont toujours mangé un peu plus que de l’herbe ! La différenceentre les plantes et les animaux est le sang, et le sang signifiela vie. Donc si on ne mange que des plantes, le sang n’est pasversé, la vie n’est pas détruite. Après le déluge quand l’auteurprésente le nouveau monde, celui que nous connaissons,les animaux font désormais partie du régime alimentaire(Gn 9, 1-6). L’auteur souligne ainsi que Dieu voulait un mondesans violence. Il y a un détail significatif dans ce régimevégétarien. Les animaux reçoivent toute la verdure desplantes, tandis que les humains toutes les herbes portantsemence... tous les arbres qui ont des fruits portant semence.À deux reprises l’auteur mentionne le mot « semence ».En effet, la vache mange l’herbe, et quand elle a fini à unendroit, elle se déplace et continue à manger l’herbeailleurs. Les humains, par contre, savent que dans ce fruitqu’ils mangent il y a de la semence et qu’ils feraient mieuxde la mettre en terre pour qu’ils puissent encore avoir dequoi manger une autre année et surtout pour qu’ils puissentnourrir la nouvelle génération à laquelle ils ont donné vie.

Non, le récit de la création n’affirme nullement, comme certainsl’ont affirmé, que ce serait la volonté de Dieu que l’humanitéexploite la terre, au contraire, il souligne que l’humanité doitprendre soin de la terre qui lui est confiée par Dieu, qui se retirepour se reposer au septième jour et surtout qu’elle doit sepréoccuper de l’avenir. L’être humain n’est pas le « maître » dela terre, mais l’« intendant » de cette terre qui appartient à Dieu.

L’humanité, créée à l’image de Dieu, a reçu une mission de service pour promouvoir l’harmonie dans le monde qui lui est confiée,

mais non pas pour l’exploiter.

PARABOLE REVUE BIBLIQUE POPULAIRE • SEPTEMBRE - DÉCEMBRE 2013 _ VOL XXIX NO3

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Préliminairesk

la nature, « théâtre de la gloire de dieu »

Pasteur à l’église unie de Drummondville.Il a écrit ou co-écrit quatre volumes invitant les croyants (et leurs Églises) à vivre leur foi et à lire la Bible en regardde la crise écologique actuelle afin d’agir pour la restauration de la Création.

David FINES

On trouve dans la Bible nombre d’hymnes de louange et d’action de grâce pourles beautés de la création. La contemplation de la nature apparaît comme unchemin de rencontre de Dieu, en laissant entrevoir sa majesté et sa providence.Les passages les plus célèbres sont Proverbes 8, 22-31; Psaume 104; 148;Daniel 3, 51-90; Actes 17, 24-29, sans oublier les comparaisons que Jésustire de la nature pour parler du mystère du règne de Dieu et de certainesattitudes découlant de l’expérience de la foi.

P armi les nombreuses «libérations»qu’a proposées la Réformeprotestante aux croyants du

16e siècle, il y en a au moins deux quiont rapport à la nature. Tout d’abord,en soumettant à son libre-arbitre laconduite de chaque personne devantson Dieu, la Réforme a permis à l’individude se « libérer » des diktats cléricauxsur l’univers qui l’environne. Onpourrait dire qu’elle a ainsi permis la« décléricalisation » du rapport à lanature. Ensuite, la Réforme a libéréla conception du monde de tout unsystème scholastique de forcessurnaturelles ou occultes, de croyancespopulaires en de menaces démoniaques(ou miraculeuses).

Avec la Réforme, l’univers redevient,pour ainsi dire, à la Réforme, ce qu’ilest véritablement : une Création belleet bonne, offerte généreusement parle Créateur aux peuples de la Terre.La contempler pour y trouver Dieu,contempler Dieu en admirant sonœuvre et ultimement rendre à Dieuseul la gloire, cela fait désormais partiede la vocation chrétienne. On retiendraces mots de Jean Calvin –le deuxièmegrand réformateur après MartinLuther–, qui attribue à la nature unefonction quasi liturgique en tant que« théâtre de la gloire de Dieu ».

Que tes œuvres sont belles!Rappelons que la Réforme avait aussi« libéré » la Bible en permettant à toutepersonne inspirée par l’Esprit d’en fairela lecture et l’interprétation. C’est ainsique de nombreux textes sont relus aveccette nouvelle perspective, les récitsde la Création en premier, mais aussid’autres textes comme cet hymnesublime à la toute puissance Dieuque l’on retrouve en Job 36 à 39 :Dieu y est successivement louécomme le Souverain de l’automne, del’hiver et de l’été, de la terre, de la meret de la tempête, et enfin des animaux.On peut également penser à despsaumes magnifiques qui foisonnentd’expressions et d’images saisissantes :Les cieux racontent la gloire de Dieu(Ps 19, 2); Au Seigneur, la terre et sesrichesses (Ps 24, 1); Tu as visité la terre,

tu la combles de richesses (Ps 65, 10);Le moineau lui-même trouve une maison(Ps 84, 4). Il faut surtout lire et relire leremarquable Psaume 104 où l’auteur,pour célébrer la gloire du Dieu Créateur,met à contribution les cieux et lesnuages, les vents et les éclairs, l’Océanet les eaux, le bétail et les animauxsauvages, la cigogne et les damans, lesbouquetins et les lions, les arbres, lesgenévriers et les cèdres du Liban… etla liste se poursuit. À l’évidence, laBible atteste du début à la fin que lacontemplation de la nature susciteémerveillement et action de grâcedevant la beauté, la majesté et lagénérosité du Créateur. Cela n’est pasétonnant puisque bon nombre desauteurs bibliques provenaient demilieux ruraux comme le prophèteAmos, un éleveur de Téqoa, un petitvillage de Judée (Am 1,1).

Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

...enchanter le monde et de faire de la terre,

comme le reste de la Création, un lieu sacré de la

présence ineffable Dieu.Mont des Béatitudes • Photo : Yves GUILLEMETTE

; Présentation des livres p.16

Pour aller plus loin p.17�

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Il en sera de même pour Jésus quipartage avec ses contemporains la foien Dieu, le Créateur du ciel et de la terre.Ils croyaient également que Dieu n’avaitpas créé l’univers pour s’en tenir ensuiteà bonne distance; au contraire le Créateurest intimement présent et attachépar amour à sa Création, et il y estcontinuellement à l’œuvre. Chaqueélément naturel est imprégné de saprésence agissante. Chaque épi queproduit un grain de semence, chaquefruit qui germe d’un bourgeon, chaquepluie printanière qui arrose les champs,chaque tempête qui se lève sur le lac etsoulève des vagues menaçantes, toutmanifeste la présence vivifiante de Dieu.On peut interpréter dans un espritécologique la prière de Jésus où il nousinvite à nous adresser à Dieu en disant :Que ta volonté soit faite sur la terrecomme au ciel. Quand nous prions cesmots, nous faisons nôtre son désird’enchanter le monde et de faire de laterre, comme le reste de la Création, unlieu sacré de la présence ineffable Dieu.

La nature comme source d’inspirationOn ne peut ignorer que Jésus a passéla majeure partie de sa vie en Galiléequi est d’emblée le territoire le plusfertile d’Israël. Les cultures y étaientnombreuses : blé, orge, vigne, oliviers.Nombre de ronces et de plantesfournissaient les épices et les aromatesou étaient utilisées dans la préparationde précieux médicaments. Jésus asans nul doute participé aux travauxdes champs car en période demoissons toute la communauté étaitmise à contribution. Jésus a peut-êtreaccompagné les garçons de son âge dansles collines verdoyantes des environs deNazareth, car c’était souvent le rôle desjeunes de mener les troupeaux dans lespâturages. Quand il entre pour ladernière fois à Jérusalem, il le fait sur unâne (Mt 21,5), une humble monture qu’il

avait très certainement utilisée dans sajeunesse et qui lui rappelait sa Galiléenatale. Ayant vécu son enfance et sajeunesse dans une société rurale etagricole, on comprend que son appartenanceà la terre ont imprégné sa spiritualitéet son enseignement.

Tout ce temps passé auprès de la naturel’aura indéniablement marqué. C’estun homme habitué à marcher dans leschemins de campagne, parfois même àtravers champs (Mc 2,23), à dormir à labelle étoile, à s’isoler dans la montagne(6,12) ou dans un jardin (Lc 22,39) pourprier, à subir les intempéries parfoisviolentes. C’est dans son environnement,en regardant autour de lui, qu’il puiseson inspiration : un coucher de soleil,des nuages à l’horizon, des arbres enfloraison, des champs prêts à êtremoissonnés, des troupeaux qui paissenttranquillement. C’est dans ces instantanéschampêtres que s’élaborent en lui lesfondements d’une nouvelle communautéde foi tout autant que les prémices duRoyaume de Dieu.

Jésus a continuellement fait référenceaux éléments de la nature dans lesdifférentes formes de son enseignement,notamment dans les paraboles : les filetsremplis de poissons, les moutons que l’ongarde, la brebis égarée, la vigne que l’onémonde, le champ que l’on cultive,les crues impétueuses des ouadi; lasemence du semeur et le grain quipousse de lui-même; l’ivraie, la mentheet la rue; les oiseaux du ciel et les lis deschamps; le figuier stérile et l’arbre auxbons fruits; le grain de moutarde et lebrin de paille; le serpent et le scorpion;le soleil, la lune et les étoiles. Jésus s’estmême identifié à la vigne, à l’eau vive,au grain de blé jeté en terre.

La distinction entre la nature et le CréateurSi, en se promenant dans un champ, enforêt ou dans le désert, il est certes permisde s’émerveiller devant la majesté duciel étoilé, la puissance des volcans, lafurie des tempêtes ou la délicatesse desnervures d’une aile de papillon, il fautcependant éviter toute dérive animiste.En aucun temps, je n’ai pas mais demajuscule au mot nature, car c’est Dieuseul qui doit être honoré, glorifié, adoré,certainement pas la nature. Le culte dela Terre-Mère est évidemment à écarterde notre réflexion. Si notre foi au Dieucréateur et le message de Jésus nousinvitent à contempler la nature, c’estuniquement pour rendre à Dieu honneur,gloire et louange, et nous souvenirque rien n’a été créé sans sa volonté.Inversement mal traiter la nature,c’est maltraiter et offenser Dieu. Tout ceque nous faisons de « mal », les attaquescontre l’environnement (la pollution,la surexploitation des ressourcesnaturelles, le gaspillage éhonté,l’accumulation des déchets, leréchauffement climatique, le déclinde la biodiversité), c’est à Dieu mêmeque nous le faisons.

C’est dans son environnement, en regardant autour de lui,que Jésus puise son inspiration.

Ein Avdat, Israël • Photo : Yves GUILLEMETTE

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pour une spiritualité chrétienne de l’environnementAndré BEAUCHAMP

Prêtre du diocèse de Montréal, théologien et environnementaliste. Il a été secrétaire général du ministère de l’Environnement du Québec et président du Bureau d’audiencespubliques sur l’environnement. Il s’intéresse particulièrement à l’éthiqueet à la spiritualité de l’environnement de même qu’à la consultation publique.

L e mouvement écologiste, lessciences de la nature et del’environnement, les signaux

d’alarme venant des changementsclimatiques et des effets néfastes del’exploitation effrénée des ressourcesde la planète nous font prendreconscience de la fragilité de la terre etnous interrogent quant à la sagesseque les humains doivent acquérirpour occuper leur place dans le vasteécosystème terrestre. Y a-t-il unespiritualité chrétienne de l’environnementqui peut inspirer notre réflexion,voire inviter à une conversion?

Dans certains milieux écologiques,on est très sévère sur l’héritage de latradition biblique. Probablement trop,ou mal à propos. Sans reprendre ledébat autour des récits de création,j’aimerais explorer quelques axesd’une spiritualité chrétienne del’environnement.

Tout à coup la terreest devenue petiteIl est arrivé une chose étonnante auxgens de ma génération. Nous avonsdû prendre conscience de la fragilitéde la Terre et de l’ampleur de l’impactdes activités humaines sur le milieuécologique.

Comme le petit Prince, nous nous apercevons que notre Terre est plutôt petite, avecdes ressources limitées et des équilibres (notamment le climat) possiblement précaires.Entendons-nous : les anciens connaissaient bien les catastrophes de la nature :sécheresses, orages, crues, pollutions, tremblements de terre et ils avaient acquisau long des siècles une bonne sagesse terrienne. Je pense à des proverbesd’évangile sur la couleur du ciel et du temps prévisible (Mt 16, 3), la maison surle roc (Mt 6, 24), l’arbre et ses fruits (Mt 7, 17), À chaque jour suffit sa peine (Mt 6,34),sans oublier Qui sème le vent récolte la tempête qui renvoie à Osée 8,7.

Pour mes ancêtres – et c’était là je pense une culture millénaire – la Terre était solideet fiable, à la fois maternelle et menaçante. D’où le projet inassouvi, inachevé dedominer la terre, de la domestiquer. Depuis les premières seigneuries jusqu’à lacolonisation du Nord et de l’Abitibi, le défi était de « faire de la terre », c’est-à-direabattre la forêt et implanter une ferme.

PréliminaireskLe mouvement écologiste, les sciences de la nature et de l’environnement,les signaux d’alarme venant des changements climatiques et des effets néfastesde l’exploitation effrénée des ressources de la planète nous font prendreconscience de la fragilité de la terre et nous interrogent quant à la sagesseque les humains doivent acquérir pour occuper leur place dans le vasteécosystème terrestre. Y a-t-il une spiritualité chrétienne de l’environnementqui peut inspirer notre réflexion, voire inviter à une conversion?

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Nous n’avons qu’une terre. Nous sommes en alliance avec elle,pour le meilleur ou pour le pire.

Groupés autour de nos clochers On ne pourra nous reprocher De trahir l’antique serment

Fait au divin froment. (La Terre de chez nous)

; Présentation des livres p.16

Pour aller plus loin p.17�

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La terre était une vocation, un projet. L’antique bénédictionétait une mission, une alliance. Jamais on n’aurait penséque la « race humaine » explose ainsi, que la science et latechnique puissent aller aussi vite, aussi loin, aussidurement, que la pollution, de locale et parsemée, deviennesystémique et planétaire au risque de bouleverser lesprocessus régulateurs de la planète, que la consommationen vienne à épuiser les ressources. Un jour des astronautesont pu quitter la planète et la voir de l’extérieur. Elle est bleue,resplendissante, mais si petite. C’est un vaisseau spatial et iln’y a pas de vaisseau de rechange en cas de défaillance. Nousn’avons qu’une terre. Nous sommes en alliance avec elle,pour le meilleur ou pour le pire.

Bipolarité de l’héritage bibliqueL’héritage biblique concernant ce qu’on peut appelerla nature est à la fois riche et complexe, ambivalent enquelque sorte. D’abord la Bible se méfie de la nature par peurde ce que l’on appelle le panthéisme. Dans l’univers païentraditionnel (païen = paganus = paysan), les gens vénèrent etparfois même adorent la nature. Ils invoquent la lune et lesoleil et se représentent Dieu par des images sculptéesd’animaux ou de plantes. La Bible appelle ces images desidoles. Elle les condamne et les tourne en ridicule, avecsouvent beaucoup de mauvaise foi. Sur ce point, la Bible estun livre polémique qui insiste sur la transcendance absoluede Dieu. Dieu est le Tout-Autre, le seul créateur et le seulmaître du monde. Soumis à la nature, adorant les forcestelluriques de la nature, les païens risquent de vivre dans la

peur, dans l’esclavage des puissances cosmiques, des cyclesnaturels, des astres, voire même des forces obscures dumonde (les démons). Face à cet esclavage, la Bible invitel’être humain à la liberté. D’où le récit de la création quimet en œuvre un Dieu bon et une création excellente, labénédiction du sixième jour et l’annonce d’un jour derepos et de liberté, le septième jour. L’être humain est invitéà devenir image de Dieu, libre et libéré.

La Bible par ailleurs ne réside pas en un seul livre, fut-cela Genèse. C’est une bibliothèque. Place à la poésie, à lacontemplation de la nature. Pour n’être pas Dieu, la naturene cesse de chanter son créateur et d’en révéler lagrandeur et la présence. Qui perce un canal pour l’averse?demande le livre de Job (Jb 38, 25), la pluie a-t-elle un père?(v. 28), de quel ventre sort la glace? (v. 29).

La spiritualité de l’environnementLa spiritualité de l’environnement c’est faire de l’observationde la nature un acte de contemplation. C’est respirer avec lanature, plonger en elle non pas pour s’y noyer mais pour encomprendre les harmoniques et la beauté. Notre culture adéveloppé à l’extrême une notion purement utilitariste de lanature. Un arbre fournit du bois pour des meubles ou duchauffage. C’est également un régulateur de chaleur(surtout en été) et du système hydrique (les forêts sont commedes éponges). Mais un arbre c’est déjà la vie, un abri, uncompagnon qui pointe vers le ciel et plonge ses racines auventre de la Terre.

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La spiritualité de l’environnement c’est respirer avec la nature,

plonger en elle non pas pour s’y noyer mais pour en comprendre

les harmoniques et la beauté.

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Développer une spiritualité de l’environnement, c’estredécouvrir la terre qui est notre demeure et notre habitat,c’est comprendre que malgré notre science et nos techniquesnous ne sortons jamais de la nature. La nature est ennous. Plus encore, nous sommes cette nature qui nousenglobe pourtant. Jeu dialectique incessant du dedans etdu dehors, de l’appartenance et de la liberté.

Tu es glaise et tu retourneras à la glaiseDans la tradition chrétienne, nous opposons souvent le corpset l’esprit, le corps et l’âme, le charnel et le spirituel. Chezsaint Paul, la chair désigne principalement l’être humain(corps et âme) coupé de Dieu alors que l’homme spirituel(la vie dans l’Esprit) désigne l’être humain entier sous lamouvance de l’Esprit Saint. Mais les connotations dualistesrestent à l’horizon. La chair devient le corps, le sexe, leschoses d’en bas. L’esprit fait allusion aux choses de l’âme,l’immatériel. Ce dualisme inconscient nous pousseà repousser le corps et l’environnement comme des réalitésindignes de nous; la terre, l’eau, l’animal : pouah!

Par bonheur, la science moderne nous aide beaucoup àretrouver la profonde continuité qui existe entre le matérielet le spirituel. Car la vie – la vie végétale, la vie animale,la vie humaine – est une prodigieuse histoire échelonnéesur des milliards d’années. De la première bactérie aucerveau humain, il y a une continuité constante où, petità petit, la vie construit la vie.

Tu es glaise, dit le texte de la Genèse (3, 24). Tu es poussière,ou mieux encore sol, terre, terreau. On appelle courammentle sol humus, mot dont la racine se retrouve dans homme ethumilité. Quand l’être humain meurt il retourne à la terre,son humble demeure. Mais la Genèse dit aussi : YahvéDieu insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’hommedevint un être vivant (Gn 2,7). Toute glaise qu’il soit, l’êtrehumain est aussi un être animé, un être de souffle. Si le corpstire vers le bas, l’air évoque les réalités d’en-haut, ce quimonte, ce qui s’élève, comme l’oiseau, comme le nuage,comme le rêve. L’air entre au ventre de l’homme vivant, purifieson sang et libère l’énergie. Alors le cœur peut battre à sonrythme et pousser au bout des doigts le rouge vermeil du sang.Le sang, c’est presque de l’eau de mer (là ou la vie a commencé),c’est l’eau pathétique et tragique qui nous constitue.

Et ainsi de suite. Par bonheur en ce domaine la science, lasymbolique et la poésie peuvent faire alliance pour nouspermettre de réenchanter le monde. Et la Bible à cetégard, les psaumes bien sûr, mais aussi les prophètes etla littérature de sagesse, regorge d’images inoubliables.À chacun de cultiver son jardin.

« De la première bactérie au cerveau humain,

il y a une continuité constante où, petit à petit, la vie construit la vie. »

Par bonheur en ce domaine la science, la symbolique et la poésie peuvent faire alliance pour nous permettre

de réenchanter le monde. La Bible à cet égard,

regorge d’images inoubliables.

À chacun de cultiver son jardin...

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« La science et la théologiem’ont apporté un équilibre »

À l’adolescence, pour payer sesétudes, Norman Lévesquecherche un emploi qui lui

conviendrait. Marchant dans une ruede Longueuil, il passe devant une écoleprimaire et en regardant les enfants, ilressent une forte vague de désespoirchez ces jeunes. Il se rend quelquesjours plus tard pour rencontrer le prêtrede sa paroisse. Il lui dit qu’il a déjà étéanimateur de camps de jour et il souhaitemaintenant être animateur de pastoralepour les jeunes. Norman Lévesque dit auprêtre : « Si tu m’engages, je travailleraien pastorale jeunesse pour 7 ans ».Et c’est ce qu’il a fait.

Depuis son jeune âge, Norman Lévesqueest un passionné de sciences. Au coursde sa vie, son intérêt pour la théologievisait à approfondir les questionsauxquelles la science ne pouvaitrépondre. Il trouvait passionnant defréquenter la culture de la faculté dethéologie axée surtout sur le relationnelet la culture des sciences axée surle rationnel. Selon Norman Lévesqueces deux approches lui permettaientde demeurer en équilibre.

En 2004, il est âgé de 24 ans. Il termineson baccalauréat en enseignement etson certificat en théologie. Avec sesacquis, il part en Italie pour quatre moisavec son sac à dos. Il parcourt l’Italieet se rend à Assise et à Subiaco oùsaint Benoît a construit son premiermonastère. Norman Lévesque précisequ’il a suivi un peu les traces de saintBenoît pour se rendre jusqu’à la grotteau flanc de la montagne afin de méditeret prier pendant trois heures. Et, medit-il, j’ai demandé à Dieu : « Qu’est-ceque tu veux que je fasse de ma vie? ».Au cours de ma prière, mentionne-t-il,j’ai perçu qu’il y avait un chemin qui sedivisait en deux, celui de la science etcelui de la théologie. Aussi, j’ai ressentiune présence paternelle me toucher le

dos avec une belle chaleur et j’ai vu lesdeux routes devenir qu’un seul chemin.J’ai entendu en moi une parole qui medisait : « Continue ». Alors j’ai comprisqu’il n’y avait pas de division entre lascience et la théologie.

Revenant d’Italie, Norman reçoitrapidement des appels de gens d’Égliselui demandant de faire des conférencessur l’environnement. De plus, ajoute-t-il, au moment où je faisais des étudesà l’UQÀM en « Éducation relative àl’environnement », sa professeure luidemande de faire son projet derecherche « en Église » pour le cours.Je me suis dis, ajoute Norman, c’estsans doute l’appel qui m’indique lavoie à suivre.

L’environnement à la rencontre de la science et de la BibleRencontre de Thérèse MIRON,Collaboratrice aux communications de l’Archevêché de Montréal et membre de l’équipe de Parabole avec Norman LÉVESQUE, Directeur du programme « Église verte »au Centre canadien d’œcuménisme

« Fréquenter la culture de la faculté de théologie

axée surtout sur le relationnel et la culture des sciences axée sur le rationnel

permettaient de demeurer en équilibre. »

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PréliminaireskC’est avec plaisir que j’ai rencontré Norman Lévesque, directeur du programme« Église verte » au Centre canadien d’œcuménisme. Normand est un jeunehomme passionné mais surtout inspiré. Au cours de cette entrevue, oncomprendra pourquoi la science et la théologie cohabitent en harmoniechez cet homme de foi.

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; Présentation des livres p.16

Pour aller plus loin p.17�

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« Les Églises doivent aussi participer à la sauvegarde de la Création »

En 2005, il pense à l’expression « Gardiens de la Création »pour développer la sensibilisation au sujet de l’environnementen Église. L’idée, précise-t-il, était de voir ce qu’il y a dans latradition chrétienne qui permet de répondre aux questionsenvironnementales. Étant un passionné de la Bible, il semet à la recherche des passages bibliques qui parlentd’environnement et de Création. Il voulait trouver des récitsqui portaient des valeurs environnementales. C’est ainsiqu’il commence une collection de récits bibliques surl’environnement. Il met par la suite des capsules bibliquessur le site internet de « Gardiens de la Création ».

En 2008, Norman, maintenant âgé de 27 ans, est invité auCongrès eucharistique à Québec pour donner une conférenceen français et en anglais sur le thème : « Eucharistie etenvironnement ». Résultat : une ovation dans les deux cas.De plus, les évêques présents sont allés le voir pour le féliciteret lui dire que l’Église avait besoin de cette approche etqu’il fallait continuer. Par la suite, il a été invité à donnerdes conférences un peu partout au Québec.

« L’Église Unie m’a demandé d’assumer la coordination d’Église verte »

C’est en 2009, que Norman Lévesque est approché par DavidFines, pasteur de l’Église Unie, qui lui demande de faire untravail d’équipe pour écrire le livre intitulé « Les pages vertesde la Bible » paru aux Éditions Novalis. Cet ouvrage apermis de recenser 74 passages bibliques sur la Créationet l’environnement.

Aussi en 2009, l’Église Unie a un projet en marche depuistrois ans portant le nom d’« Église verte ». Un poste decoordonnateur s’ouvre et c’est Norman Lévesque qui estretenu pour assumer cette responsabilité avec le mandat derendre ce programme œcuménique dans le grand Montréal.Mais rapidement, précise-t-il, une Église de Chicoutimi etune autre de Québec se sont ajoutées. Par la suite, il créeun colloque des Églises vertes pour lancer le projet. À ce premiercolloque, 150 personnes se sont présentées. Aujourd’hui40 Églises font partie du projet à la grandeur du Canada.

Mais, souligne Norman Lévesque, de grands défis demeurentà relever pour les Églises et l’environnement. Au moment defaire sa maîtrise en théologie ayant pour titre : « Définition dela pastorale de la création en tant que nouveau ministère enÉglise », il fait la lecture de nombreux ouvrages. Parmiceux-ci le livre d’André Beauchamp intitulé « Environnementet Église » paru aux éditions Fides retient son attention. Cetouvrage, me dit-il, m’a permis de comprendre pourquoi lesÉglises ne se sont pas mobilisées pour l’environnement.En voici les raisons : parce que l’environnement signifieproblèmes, c’est sale parce qu’il est souvent questionde pollution et même de mort, c’est politique et complexeparce qu’il faut connaître et comprendre ce qu’estl’environnement et cela prend du temps.

D’autres défis sont à relever. On ne retrouve plus la religionà l’école, la fréquentation des Églises est moins grande.Dans les deux cas, une importante mobilisation a dû êtrefaite auprès de bénévoles. Les Églises ont besoin de cespersonnes. De là l’importance de ne pas perdre cette aideprécieuse au profit des questions environnementales. Cettedifficulté affecte toutes les Églises chrétiennes.

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« Au cours de ma prière, j’ai perçu qu’il y avait

un chemin qui se divisait en deux,celui de la science et celui de la théologie.

J’ai vu les deux routes devenir qu’un seul chemin.

j’ai compris qu’il n’y avait pas de division entre la science et la théologie. »

Norman Lévesque, Congrès eucharistique à Dublin, 2012 Photo : Ninon PEDNAULT

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Norman Lévesque ne perd pas espoir. Selon son expériencedans les paroisses, des gens répondent lorsqu’on demandede nouveaux bénévoles pour faire partie du « comité vert »afin de devenir un phare sur la question de l’environnement.Sur la quarantaine d’Églises vertes qui font partie duprogramme, une vingtaine de celles-ci ont des responsablesdes « comités verts » qui sont des ingénieurs à la retraite.Sans oublier les jeunes qui font partie de ces comitéset se créent ainsi une place importante dans l’Église. ☒

Sites à visiter :

L’Église verte est un programme du Centre canadiend’oecuménisme qui soutient les communautés chrétiennesdans l’adoption de meilleures pratiques environnementalesqui touchent l’action et la sensibilisation environnementales,ainsi qu’une spiritualité chrétienne plus près de la création.

Gardiens de la Création est un projet qui offre des outilspour une pastorale de la Création en Église. Cette formed’éducation relative à l’environnement se distingue de lasensibilisation de masse par son souci pastoral et ses grandesréférences de la Bible, de la vie des saints et de la liturgie.C’est une réponse chrétienne à la crise environnementale(et non pas le sujet de l’environnement qui est forcé dans l’Église).

Pour aller plus loin...�

ENTREVUE ░13

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http://egliseverte-greenchurch.ca/vert

Aujourd’hui 40 Églises font partie du projet à la grandeur du Canada.

Pour conclure, il faut rappeler qu’il est important pour chacunet chacune de répondre aux besoins des Églises pour lesquestions environnementales. Nous sommes partie prenantede la Création et nous avons la responsabilité de la protégermaintenant et pour l’avenir de ceux et celles qui nous suivront.

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http://www.gardienscreation.org/

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Préliminairesk

saint françois, écologiste du moyen âge

Maitrise en théologie (UdeM)Maitrise en météorologie (UQÀM). Il a été enseignant de sciences au secondaire et animateur de pastoralejeunesse. Il a co-écrit Les pages vertes de la Bible (Novalis, 2011) et il a écrit Guide pratique de pastorale de la Création (Novalis, 2013). Il est le directeur du programme Église verte offert par le Centre canadien d’œcuménisme.

Norman LÉVESQUE

Dans l’homélie prononcée lors de l’inauguration de son ministère pastoral,le pape François affirmait que tout être humain, qu’il soit croyant ou non,doit se comporter comme un gardien de la Création. Qui mieux que saintFrançois d’Assise peut nous inspirer dans l’exercice de cette responsabilité?

L e 13 mars 2013, j’étais àl’Abbaye Val Notre-Dame afinde la reconnaitre à titre

d’Église verte. Le père abbé m’a faitvisiter tout le monastère, particulièrementles éléments avant-gardistes pourprendre soin de la Création : systèmede géothermie pour le chauffage,fenestration abondante pour faire en-trer la lumière, utilisation du bois dansla construction, récupération de l’eau…Le bâtiment est certifié LEED Platine,le plus haut échelon de certificationenvironnementale. Cependant, notrevisite fut interrompue par un moinevenant annoncer au père abbé : « Lafumée blanche est sortie de la chapelleSixtine (à Rome). » Les moines étaientinvités à voir en direct sur RDI lespremières images du nouveau pape.Qui était-il? Quel nom choisirait-il? Puis,un visage inattendu s’est présenté sur lebalcon : Cardinal Bergoglio. Puis lessecondes interminables pour finalemententendre : « Franciscum ». François, lepape a choisi le nom de François! Noussavions déjà que c’était en l’honneurde saint François d’Assise. Quelquesjours plus tard, il expliquait pourquoi ilavait choisi ce nom : « Ainsi est venu lenom, dans mon cœur : François d’Assise.C’est pour moi l’homme de la pauvreté,l’homme de la paix, l’homme qui aimeet préserve la création ; en ce momentnous avons aussi avec la création unerelation qui n’est pas très bonne, non ? »(Pape François, 16 mars 2013)

François, en communionavec la natureEt voilà la clef de compréhension desaint François d’Assise  : sa relationavec la Création. Il n’était pas écologistecomme on l’entend aujourd’hui. Maisce qu’il avait et que nous devonsretrouver, c’est une saine relation avectoutes les créatures. Il ne cherchait pasà s’isoler du monde pour arriver à uneunion mystique avec le divin, mais ilconsidérait que la communion avectous les êtres était un chemin versDieu. Autrement dit, son amour pourDieu le Père l’amenait à aimer tout cequ’il a créé. Il n’était pas un simpleamateur de plein air qui aime les beauxpaysages; il était en communion avecla nature, œuvre de Dieu.

Les exemples de relation avec lescréatures sont aussi surprenants quenombreux. L’image la plus répandueest celle de sa prédication aux oiseaux.Un jour, il marchait avec deux frères.Il s’arrêta pour voir un spectacle bienparticulier : des oiseaux de plusieursespèces se trouvaient au pied d’unarbre. Il leur dit  :  « Mes frères lesoiseaux, vous avez bien sujet de louervotre créateur et de l’aimer toujours ;Il vous a donné des plumes pour vousvêtir, des ailes pour voler et tout cedont vous avez besoin pour vivre. Detoutes les créatures de Dieu, c’estvous qui avez meilleure grâce ; il

Abbaye Val Notre-Dame • Photo : Rolland ROY

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vous a dévolu pour champ l’espaceet sa simplicité ; Vous n’avez ni àsemer, ni à moissonner ; il vousdonne le vivre et le couvert sans quevous ayez à vous en inquiéter. » (Celano)

À ces mots, les oiseaux exprimèrentà leur façon une admirable joie ; ilsallongeaient le cou, déployaient lesailes, ouvraient le bec et regardaientattentivement. Finalement, il les bénit,traça sur eux le signe de la croix et leurpermit de s’envoler. Saint Françoisd’Assise, homme d’Évangile, puisaitconstamment dans la Bible pour inspirerses actions. Dans le cas des oiseaux,le parallèle biblique est évident :Regardez les oiseaux du ciel : ils nesèment ni ne moissonnent, ils n’amassentpoint dans des greniers ; et votre Pèrecéleste les nourrit ! Ne valez-vous pasbeaucoup plus qu’eux ? (Matthieu 6, 26)

François, le frère universelAutant que François puise dans lesSaintes Écritures, il y a une distinctionqui s’en dégage. Les textes bibliquesont cette fâcheuse habitude de glorifierl’être humain bien au-dessus de lanature (Gn 1, 28 et Ps 8, 6), commeJésus souligne au passage que leshumains valent plus que les oiseaux.Au contraire, saint François tente partous les moyens de vivre la fraternitéuniverselle. Dans sa prédication auxoiseaux, il dit « c’est vous qui avezmeilleure grâce ». Pour François,l’important n’est pas de distinguerconstamment l’être humain de lanature, comme si elle était une menace,mais que l’humain reconnaisse saplace dans la nature, en fraternité avectoutes les créatures. En tant qu’humbleauteur de cet article, j’avoue ne pasêtre végétarien, mais j’ai réduit maconsommation de viande et j’admireles moines cisterciens qui le sont.

Cette fraternité élimine la violence dela prédation sur d’autres créatures.Il devient végétarien, ainsi que ses frères.Un jour, il reçoit un agneau en cadeaupour la fête de Pâques. Évidemment,l’intention était de le faire rôtir sur lefeu, mais François trouvait cette idéetrop cruelle. L’agneau a pu vivre unebelle vie, aidant les frères dans leurstâches et participant à la prière.

François a aussi écrit le plus beaupoème de langue italienne, le Cantiquedes créatures : « Loué sois-tu, monSeigneur, avec toutes tes créatures…Loué sois-tu, mon Seigneur, par sœurLune… par frère Vent… par sœur Eau…par frère Feu… par sœur notre mère laTerre. »

Encore une fois, cette louange trouveau moins deux échos bibliques, preuveque ce saint n’a rien d’un hérétique,mais qu’il a su actualiser, à sonépoque, les paroles de vie contenuesdans la Bible : Louez le Seigneur depuisla terre… feu et grêle… montagnes etcollines… bêtes sauvages et bétails…(Ps 148); Ô vous toutes, pluies et rosées,bénissez le Seigneur : chantez-le, exaltez-le éternellement ! Ô vous tous, vents,bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement ! (Daniel grec 3, 52-90)

La sainteté de François d’Assise ne serésume pas à sa relation avec toutesles créatures, aussi inspirante soit-elle,mais à sa capacité à être un frèreuniversel : frère des pauvres, frère desmalades, frère des étrangers, frère desanimaux. Peu importe le statut sociald’un être vivant, peu impor te saposition dans l’ordre de la création,François y voyait une opportunitéde créer des liens.

Le petit pauvre d’Assise m’a beaucoupinspiré. J’essaie comme lui d’être unfrère universel. En devenant frère desmerles et des grenouilles, j’ai réussià m’approcher plus facilement desitinérants et des malades. De plus, jesuis aussi conscient qu’une personnedémunie est la première à subir lesimpacts des changements climatiques,car elle ne peut pas s’acheter desolutions pour s’adapter. Alors, commentréduire mon empreinte écologique?C’est saint François qui détient encorela réponse : une vie de simplicité.

Merci Seigneur de nous donnersaint François d’Assise commemodèle de chrétien écologique!

La communion avec tous les êtres

était un chemin vers Dieu. Son amour

pour Dieu le Pèrel’amenait à aimer tout ce qu’il a créé.

Le pape François nous invite à être gardien de la Création.

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Les pages vertes de la BibleDavid Fines et Norman LévesqueMontréal, Novalis, 2011, 320 p. 

Les pages vertes de la Bible présentent74 réflexions à caractères bibliques etécologiques. Ces réflexions suivent lecalendrier liturgique et invitent à unelecture sur une année entière commelivre de chevet ou comme inspirationpour un engagement pastoral. Chaqueréflexion commence par une citation dela Bible, puis une réflexion théologiquepour en venir à une actualisationécologique de ce passage. À la fin dechaque réflexion, le lecteur est exhortéde passer à l’action avec des objectifsà réaliser.

Jonas, le prophète de l’environnementDavid FinesMontréal, Novalis, 2011, 143 p.

Voici un petit livre qui s’inspire duprophète Jonas pour donner à réfléchirsur nos pratiques environnementales.Le meilleur élément de ce livre estl’originalité de sa perspective. Enregardant un texte biblique avec laquestion de l’importance de l’écologie,la discussion autour du livre de Jonasva dans des sens nouveaux.

Regards critiques sur la consommationAndré BeauchampMontréal, Novalis, 2012, 96 p.

La cause fondamentale de la criseécologique est la consommation. Onne peut vivre sans consommer, maispour la société de consommation, ilne s’agit plus de consommer pourvivre, mais de vivre pour consommer.Le défi  : se défaire la société deconsommation par d’autres choix de vie.

L’eau et la terre me parlent d’ailleursAndré Beauchamp Montréal, Novalis, 2009, 224 p.

La question écologique est une questionspirituelle. L’immensité du monde etdu cosmos doit rebondir au fond denous-mêmes et nous forcer à découvrirl’immensité du chemin intérieur. Laquestion environnementale est techniqueet scientifique, mais aussi une questionéthique et plus profondément encore,une question spirituelle qui ébranlenos philosophies et nos religions.

Pour lire un peu plus au sujet de l’environnement et la spiritualité,

voici quatre livres québécois écrits par les collaborateurs de ce numéro de Parabole.

Pour vous replonger dans le texte des auteurs, cliquez sur le livre correspondant.

Du même auteur : Les psaumes écologiques, Montréal, Novalis, 2012.

Du même auteur : Environnement et Église, Montréal, Fides, 2008

Nos origines : Genèse 1-11Walter VogelsMontréal, Bellarmin, 2000, 228 p.

Walter Vogels propose une remarquableintroduction aux onze premiers chapitresdu livre de la Genèse. Il nous faitcomprendre que ces textes décriventles origines théologiques – et non pashistoriques – de l’humanité, et qu’ainsi,ils redeviennent porteurs d’un messagede vie et d’espérance, et parlent de ceque sont les êtres humains et desobstacles à leur quête de bonheur.

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La terre confiée à l’humanité(Gn 1, 26-31)

Comme intendant de cette Terre qui appartient à Dieu, Dieu nous confie des responsabilités:

• Enlever les obstacles afin que l’humanité puisse vivre en paix dans ce pays où coule le lait et le miel;

• Travailler à maintenir le cosmos en harmonie de manièreà ce que tous puissent y vivre dans la paix et la prospérité;

• Promouvoir la justice et la paix dans son Royaume, avoir unepréoccupation pour les faibles, tels les veuves et les orphelins.

Comme personne, comme famille, comme Église, quels sont les pas qui sont accomplis?

La nature, « théâtre de la gloire de Dieu »

La nature est, avec les mots de Jean Calvin, « le théâtre de lagloire de Dieu ». Chaque élément naturel est imprégné de laprésence agissante de Dieu. « Que ta volonté soit faite sur laterre comme au ciel, que nous fassions nôtre le désir de Dieud’enchanter le monde et de faire de la terre, comme du restede la Création, un lieu sacré de la présence ineffable de Dieu. »

• Je relis le psaume 104. • Je prends le temps de regarder la création autour de moi.

Une telle diversité montre la créativité, la bonté et la sagesse de Dieu.

• Je prends conscience des personnes que je côtoie, et je les reçois comme des créatures uniques avec leurs talents, leurs qualités, leurs dons.

• J’en rends grâce à Dieu!

Pour une spiritualité chrétiennede l’environnement

« Nous n’avons qu’une terre. Nous sommes en alliance avec elle, pour le meilleur et pour le pire. »

• Je suis invité à développer une spiritualité de l’environnement,à contempler la nature, à respirer la nature, à plonger en ellepour en mieux connaître et comprendre les harmoniques et labeauté. La nature est au dehors, mais aussi au dedans. Elle estnotre habitat, notre milieu de vie, mais nous en faisons aussi partie.

Qu’est-ce que je fais pour cultiver mon jardin tant intérieur qu’extérieur?

L’environnement à la rencontrede la science et de la Bible

Qu’est-ce que tu veux que je fasse?Nous pouvons tous nous poser cette question en relation avecl’environnement, l’écologie, la sauvegarde de la création,…

Nous sommes partie prenante de la Création. Nous avons laresponsabilité de la protéger.

Quels sont les pas concrets que je peux réaliser dans macommunauté de vie et de foi?

Quelles sont les actions que nous pouvons poser ensemble?

Saint François, écologiste du Moyen Âge

« Saint François d’Assise considérait que la communion avectous les êtres vivants était un chemin vers Dieu. Son amourpour Dieu l’amenait à aimer tout ce qu’Il a créé. (…) L’importantpour François est de reconnaître la place de l’être humaindans la nature, en fraternité avec toutes les autres créatures. »

Comment est-ce que je vis ma relation avec les autres créatures?

Saint François est un modèle de chrétien écologique.

Comment puis-je apporter plus de simplicité dans ma vie,plus de fraternité dans mes relations, plus de beauté dansmon quotidien?

� POUR ALLER + LOIN17

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PARABOLE REVUE BIBLIQUE POPULAIRE • SEPTEMBRE - DÉCEMBRE 2013 _ VOL XXIX NO3

02 Walter VOGELS • pages 4-5

03 David FINES • pages 6-7

04 André BEAUCHAMP • pages 8-10

05 Norman LÉVESQUE + Thérèse MIRON • pages 11-13

06 Norman LÉVESQUE • pages 14-15

Pistes de réflexionFrancine VINCENT

Ces pistes se rattachent au texte de chaque auteur de ce numéro.Pour vous replonger dans le texte des auteurs,

cliquez sur le numéro correspondant.

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Société catholique de la Bible2000 rue Sherbrooke Ouest, Montréal(Québec) H3H 1G4

Très-Haut, Tout-Puissant et bon Seigneur,A toi les louanges, la gloire, l’honneur et toutes bénédictions!

Loué sois-tu, mon Seigneur, dans toutes tes créatures!Et spécialement pour notre frère le soleil, qui nous donne le jour et par qui tu nous éclaires; il est beau et rayonnant.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour notre soeur la lune et pour les étoiles;dans le ciel, tu les as formées, claires, précieuses et belles.

Loué sois-tu, mon Seigneur,pour notre frère le vent, pour l’air et les nuages, le ciel pur et tous les temps.

Loué sois-tu, mon Seigneur,pour notre soeur l’eau; elle est si utile, si précieuse et si pure.

Loué sois-tu, mon Seigneur,pour notre frère le feu par qui tu illumines la nuit;il est beau, joyeux et fort.

Loué sois-tu, mon Seigneur,pour notre mère la terre, qui nous porte et nous nourrit; elle nous donne ses plantes et ses fruits colorés.

Loué sois-tu, mon Seigneur,pour tout ceux qui pardonnent à cause de ton amour.

Louez et bénissez mon Seigneur, rendez lui grâce et servez-le avec beaucoup de simplicité.

Cantique des créaturesPrière de SAINT FRANÇOIS D’ASSISE

Église Sainte-Catherine, BethléemFrançois dansant avec les oiseauxPhoto : Yves GUILLEMETTE ptre