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Lors de la réalisation de leurs projets, certains agriculteurs optent pour l’auto construction de leur bâtiment de séchage. En moyenne, il est possible d’éco- nomiser entre 15 et 18 % du montant global, mais cela sans compter le temps passé ! Au GAEC du Fougeray, à Monterfil—35– Thierry et Samuel Gesvret ont fait ce choix et nous font partager leur expérience dans cette interview entre Maëlgwen Alemany, animatrice à SEGRAFO OUEST et Samuel Gesvret. Historique du GAEC 2000 : Reprise de la ferme par Thierry à la suite des parents. 2002 : Installation de Samuel sur une ferme voisine. Reprise des terres avec les quotas mais sans les bâtiments. Les deux exploitations fonctionnent déjà en système herbe pour nourrir les vaches laitières depuis une vingtaine d’année. C’est la création du GAEC et le début de la réflexion pour une meilleure valorisation de l’ herbe par le séchage en grange. 2006 : début de la construction du nouveau bâtiment 2007 : Mise en route du séchoir (sans le cap- teur solaire !) 2009 : Conversion en agriculture biologique Bâtiments et séchoir Stabulation de 64 places en logettes sur tapis paillés Salle de traite en épi de 2*8 places Le séchoir : Pour sécher 280 Tonnes de foin 3 cellules (206m² et 2*144m²) parallèle à la sta- bule, enterrées de 3.5m par rapport à la table d’ alimentation qui sert aussi de quai de décharge- ment (hauteur 8m) 2 ventilateurs de 20 CV 800 m² de capteur solaire SG: Nous avons souhaité construire un séchoir pour augmenter, si possible, la production laitière en amé- liorant la qualité des fourra- ges stockés tout en étant plus efficace économique- ment. L’objectif était de limiter au maximum les achats extérieurs afin d’être plus autonome, en valori- sant au mieux l’herbe et le matériel. Le raisonnement de l’ali- mentation est remis en cau- se : « Avant, nous faisions faire par entreprise l’ensilage d’herbe. Le matériel utilisé pour la récolte de l’herbe était trop puissant entraînant des coûts de récolte élevés. Aujourd’hui nous n’utilisons plus d’ensila- ge. Les condi- tions de tra- vail en hiver se sont amé- liorées et nous ne fai- sons plus appel à l’E- TA. Nous ne dépendons de personne pour les chantiers de récolte et c’est vraiment apprécia- ble ! Il fallait refaire le bâti- ment d’élevage, la salle de traite et la mise aux normes car la route départementale passe entre l’ancien bâti- ment et les terres. Le pro- jet étant passé dans le PMBE (2 JA), nous avons donc fait un bâti- ment neuf comprenant la stabulation, la salle de traite et le séchoir. Qu’elles étaient vos motivations pour construire un séchoir? Pourquoi avoir fait le choix de l’auto construction? important, nous n’avons même pas fait faire de devis. Comme nous avions du temps libre pour construire le bâtiment, nous avons fait le maximum par nous- mêmes. Globalement la construc- tion d’un séchoir, mis à part le sous-toiturage, ne nécessi- te pas de matériel profes- sionnel mais plutôt des heu- res de travail ! SG: Nous avons décidé de faire le maximum en auto construction pour réduire les coûts, notamment en main d’œuvre. De plus, la plupart des entreprises loca- les ne connaissent pas les séchoirs et leurs particulari- tés de conception . Certains travaux nécessitant un temps de main d’œuvre « Aujourd’hui, La ferme dispose d’un quota de 369 000 l sur 58 ha. La quasi- totalité de la SAU est en herbe. 2 ha sont cultivé en maïs grain pour venir compléter la ration hivernale (2-3 kg/VL en moyenne pour 18 kg de foin et regain). Le pâturage s’étale de mi mars à mi novembre. » Les 65 VL, de races Montbéliardes et Holstein produisent en moyenne 6000 l (TB 39 et TP 32) » L’autoconstruction: un investissement en temps économiquement intéressant Comment vous êtes vous organisés, pour le chantier et sur la ferme? La mise en service appro- chant, il fallait aussi prépa- rer le matériel de récolte. Nous venions d’investir dans une auto chargeuse d’occasion qu’il fallait re- mettre en état. Il n’y avait qu’une personne sur le chantier du séchoir. Tout s’est bien déroulé mais il aurait fallut être prêt au mois d’avril pour les 1ère récoltes! Sur le chantier... Pour le bardage extérieur et la pose des gouttières, un voisin nous a prêté une pla- te forme élévatrice (4x1.5m), attelée au tracteur. Un ma- çon nous a prêté son maté- riel et un ami est venu nous aider à couler le béton. Pour les caillebotis, nous étions 4 personnes. Pendant l’année de cons- truction, en 2007, nous passions 1h30 à 2 personnes entre la traite et l’alimenta- tion des vaches le matin et 2h à une personne le soir Notre père s’occupait du pâturage et des clôtures ainsi que de l’abreuvement des animaux. Nous n’avons pas eu de baisse significative de la production, liée aux tra- vaux. Nous avons pu avancer régu- lièrement la construction en faisant des interruptions pendant les récoltes. L’expérience au GAEC du Fougeray—35 -

L’autoconstruction - Segrafo Ouest GEVREST.pdf · Lors de la réalisation de leurs projets, certains agriculteurs optent pour l’auto construction de leur bâtiment de séchage

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Page 1: L’autoconstruction - Segrafo Ouest GEVREST.pdf · Lors de la réalisation de leurs projets, certains agriculteurs optent pour l’auto construction de leur bâtiment de séchage

Lors de la réalisation de leurs projets, certains agriculteurs optent pour l’auto construction de leur bâtiment de séchage. En moyenne, il est possible d’éco-

nomiser entre 15 et 18 % du montant global, mais cela sans compter le temps passé ! Au GAEC du Fougeray, à Monterfil—35– Thierry et Samuel Gesvret

ont fait ce choix et nous font partager leur expérience dans cette interview entre Maëlgwen Alemany, animatrice à SEGRAFO OUEST et Samuel Gesvret.

Historique du GAEC

2000 : Reprise de la ferme par Thierry à la

suite des parents.

2002 : Installation de Samuel sur une ferme

voisine. Reprise des terres avec les quotas mais

sans les bâtiments.

Les deux exploitations fonctionnent déjà en

système herbe pour nourrir les vaches laitières

depuis une vingtaine d’année.

C’est la création du GAEC et le début de la

réflexion pour une meilleure valorisation de l’

herbe par le séchage en grange.

2006 : début de la construction du nouveau

bâtiment

2007 : Mise en route du séchoir (sans le cap-

teur solaire !)

2009 : Conversion en agriculture biologique

Bâtiments et séchoir

Stabulation de 64 places en logettes sur tapis

paillés

Salle de traite en épi de 2*8 places

Le séchoir : Pour sécher 280 Tonnes de foin

3 cellules (206m² et 2*144m²) parallèle à la sta-

bule, enterrées de 3.5m par rapport à la table d’

alimentation qui sert aussi de quai de décharge-

ment (hauteur 8m)

2 ventilateurs de 20 CV

800 m² de capteur solaire

SG: Nous avons souhaité construire un séchoir pour augmenter, si possible, la production laitière en amé-liorant la qualité des fourra-ges stockés tout en étant plus efficace économique-ment. L’objectif était de limiter au maximum les achats extérieurs afin d’être plus autonome, en valori-sant au mieux l’herbe et le matériel.

Le raisonnement de l’ali-mentation est remis en cau-se : « Avant, nous faisions faire par entreprise l’ensilage

d’herbe. Le matériel utilisé pour la récolte de l’herbe était trop puissant entraînant des coûts de récolte élevés. Aujourd’hui nous n’utilisons plus d’ensila-ge. Les condi-tions de tra-vail en hiver se sont amé-liorées et nous ne fai-sons plus appel à l’E-TA. Nous ne dépendons de personne

pour les chantiers de récolte

et c’est vraiment apprécia-

ble ! Il fallait refaire le bâti-ment d’élevage, la salle de traite et la mise aux normes car la route départementale passe entre l’ancien bâti-

ment et les terres. Le pro-jet étant passé dans le PMBE (2 JA), nous avons donc fait un bâti-ment neuf comprenant la stabulation, la

salle de traite et le séchoir.

Qu’elles étaient vos motivations pour construire un séchoir?

Pourquoi avoir fait le choix de l’auto construction?

important, nous n’avons même pas fait faire de devis. Comme nous avions du temps libre pour construire le bâtiment, nous avons fait le maximum par nous-mêmes.

Globalement la construc-tion d’un séchoir, mis à part le sous-toiturage, ne nécessi-

te pas de matériel profes-sionnel mais plutôt des heu-res de travail !

SG: Nous avons décidé de faire le maximum en auto construction pour réduire les coûts, notamment en main d’œuvre. De plus, la plupart des entreprises loca-les ne connaissent pas les séchoirs et leurs particulari-tés de conception . Certains travaux nécessitant un temps de main d’œuvre

« Aujourd’hui, La ferme dispose d’un

quota de 369 000 l sur 58 ha. La quasi-

totalité de la SAU est en herbe. 2 ha sont

cultivé en maïs grain pour venir

compléter la ration hivernale (2-3 kg/VL

en moyenne pour 18 kg de foin et

regain). Le pâturage s’étale de mi mars à

mi novembre. »

Les 65 VL, de races Montbéliardes et

Holstein produisent en moyenne 6000 l

(TB 39 et TP 32) »

L’autoconstruction: un investissement en temps économiquement intéressant

Comment vous êtes vous organisés, pour le chantier et sur la ferme?

La mise en service appro-chant, il fallait aussi prépa-rer le matériel de récolte. Nous venions d’investir

dans une auto chargeuse d’occasion qu’il fallait re-mettre en état. Il n’y avait qu’une personne sur le chantier du séchoir.

Tout s’est bien déroulé mais il aurait fallut être prêt au mois d’avril pour les 1ère récoltes!

Sur le chantier...

Pour le bardage extérieur et la pose des gouttières, un voisin nous a prêté une pla-te forme élévatrice (4x1.5m), attelée au tracteur. Un ma-çon nous a prêté son maté-riel et un ami est venu nous aider à couler le béton.

Pour les caillebotis, nous étions 4 personnes.

Pendant l’année de cons-truction, en 2007, nous passions 1h30 à 2 personnes entre la traite et l’alimenta-tion des vaches le matin et 2h à une personne le soir

Notre père s’occupait du pâturage et des clôtures ainsi que de l’abreuvement des animaux. Nous n’avons pas eu de baisse significative de la production, liée aux tra-vaux.

Nous avons pu avancer régu-lièrement la construction en faisant des interruptions pendant les récoltes.

L’expérience au GAEC du Fougeray—35 -

Page 2: L’autoconstruction - Segrafo Ouest GEVREST.pdf · Lors de la réalisation de leurs projets, certains agriculteurs optent pour l’auto construction de leur bâtiment de séchage

SG: On ne se rend pas compte, avant de commencer, du temps nécessaire. Il faut être dedans pour bien voir la char-ge de travail. Certains jours on passait beaucoup de temps pour trouver la bonne technique pour certains travaux

Il y a toujours des bonnes idées à pren-dre chez ceux qui ont déjà construit et même avec les professionnels (charpentiers…)

Par exemple, pour faciliter la construc-

tion et ne pas perdre de temps, nous avons utilisé des vis à embouts carrées et tête auto fraisante, qui tiennent bien dans la visseuse, idéal pour le gain de temps. Enfin, il faut être exi-geant sur la qualité du bois et ne pas hésiter à le renvoyer si on peut se permettre d’attendre !

Quels sont vos conseils?

Récapitulatif des travaux réalisés

Fait par une entreprise Coût (€)

Raccord EDF 3 000

Terrassement 3 000

Maçonnerie pour poser la charpente 52 234

Charpente et couverture ( 2 semaines) 54 205

En auto construction Temps (h)

Drainage et étanchéité (enduit) à l’extérieur

des murs

110

Drainer, empierrer, bétonner les aires de

séchage

92

Maçonnerie : rehausser les murs, local de

ventilation

225

Bardage extérieur, portails, grillage anti-

volatils

580

Murs blocs bancheurs entre les cellules et la

table d’alimentation

120

Plots pour poser les caillebotis 69

Caillebotis (à 4 personnes) 98

Cloisons entre les cellules 128

Gaine + mise en place des ventilateurs 235

Redoublage des bardages 83

Capteur solaire 418

Total à 2 personnes

à 10 € / h

2158 h

21 580 €

Coût des matériaux pour l’auto construction 38 500 €

Total investissement hors MO éleveurs

Avec Main d’œuvre exploitants

181 000 €

202 580 €

pour le séchoir: 2158 h

Pour le total du Bâtiment: 7200 h

(Stabulation, salle de traite…)

l’engrangement. C’est aussi un point positif au niveau de l’insertion paysagè-re du bâtiment.

SG: En décalant le faîtage de la toiture, sans surcoût, et du fait des cellules enterrées de 3.5m, l’installation d’une griffe sans déplacement latéral a été possible. (soit une économie comprise e n t r e 5 0 0 0 € e t 7 5 0 0 € ) . Nous ne pensions pas enterrer le sé-choir : on ne voyait pas forcement l’in-térêt , faute d’en avoir vu avant. C’est en allant rencontrer d’autres éleveurs lors des « jeudis du foin » qu’on nous a expliqué l’avantage du gain de temps à

Qu’elles ont été les bonnes surprises?

SG: Nous avons démarré la première année (2007, très pluvieuse) avec un peu de retard, au mois de juin et sans capteur solaire pour réchauffer l’air. Il y avait un rendement fourrager impor-tant avec un foin trop avancé, de mau-vaise qualité, qu’il a fallu rentrer bien sec pour éviter la surchauffe dans les cellules. De plus, notre tube en U, moyen de contrôle de la pression de l’air à travers le tas, n’a jamais fonc-

tionné correctement. Il fallait être doublement vigilent ! Il nous est arrivé de regriffer les dernières couches avant de déposer une nouvelle coupe humide.

Lorsque les cellules furent pleines, nous avons monté le capteur solaire et terminé les finitions (colmatage des fuites d’air..) en évoluant le long du tas de foin sur un plancher en bois (bastaings assemblées que l’on dépla-

une attestation à fournir sur le temps de main d’œuvre ainsi que toutes les factures détaillées et acquittées, poste par poste, en lien avec l’auto construc-tion. Cela représente beaucoup de paperasse à gérer et de temps à passer sans compter les contrôles divers par le CNASEA pendant et après les tra-vaux.

SG: Il faut faire attention à bien res-pecter les délais d’achèvement des tra-vaux concernant les subventions ou le déblocage des prêts. Nous avons dû demander une prolongation des délais car la livraison du matériel pour la construction de la salle de traite avait pris du retard.

Concernant le plan bâtiment, il y avait

Avez-vous eu des contretemps?

Qu’elles étaient les relations avec les financeurs?

Quelques coûts...

Évolution des coûts alimentaires

Avant séchoir Aujourd’hui Réf CER

56€ / 1000 L 32€ / 1000 L 73€/ 1000 L

Consommation électrique : 4€ / tonne de fourrage (sans cap-teur solaire en 1ère année). Inclue l’abonnement

Estimation du coût de fonctionnement du séchoir:

(Remboursement de l’emprunt, soit 75% du montant global, et électricité)

35€ / 1000 L pendant 12 ans

pour 24€/1000 L d’économisés sur l’alimentation

SEGRAFO OUEST

17, rue du bas village

CS 37 725

35577 Cesson Sévigné Cedex

Tél: 02 99 41 57 35

www.segrafo.com

[email protected]

Avril 2009

Les économies réalisées, la satisfaction...

Il est difficile d’estimer les économies

réalisées car tout n’as pas été chiffré par

entreprise. De plus, quand on fait faire

par entreprise, il faut aussi être présent

pour surveiller les travaux. On avait du

temps de disponible alors autant le valo-

riser !

Nous avons la satisfaction d’avoir cons-

truit le séchoir à notre goût et qu’il fonc-

tionne bien depuis la mise en place du

capteur.