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L’Écrivain Combattant GAZETTE DE L’A.E.C. - octobre 2010 - n° 120 Samedi 27 novembre aux Invalides NOTRE APRÈS-MIDI DU LIVRE FÊTE SON 80 e ANNIVERSAIRE « Hors la loi » À bouter hors ! Est sorti récemment un film qui a connu une certaine publicité, por- tant le titre « Hors la loi », réalisé avec un financement d’au moins 40 % accordé par les pouvoirs publics, c’est-à-dire avec l’argent des contribuables. Ce film est aujourd’hui présenté officiellement comme une fiction. Il n’empêche que les médias et les spectateurs en parlent comme d’un document, alors qu’il s’agit d’une célébration des agents du FLN et des porteurs de valises. Pensez-vous qu’en glorifiant les exactions du FLN en métropole, on parviendra à détourner les jeunes des banlieues d’un redoutable com- munautarisme, lequel n’est qu’un frein à l’assimilation ? Des erreurs et des contre-véri- tés ont été relevées dans ce spec- tacle par le Service historique de la Défense. Ce film ne peut donc en rien prétendre à être un document de mémoire. Il ne peut mériter que notre mépris ou notre amnésie. ADIEU BRUNO C’est une grande figure de la France, de son armée, de son histoire militaire qui a disparu le 18 juin dernier. Bigeard, le nom de cet écrivain combattant, se confond, avec une voca- tion à laquelle il aura été d’une fidélité exemplaire, jusqu’à son dernier jour. Il est parti, le soldat ! Bigeard Marcel, Bigeard Bruno. Marcel, prénom prolétaire, ne le disposait pas à un grand destin. Il conve- nait fort bien à ses débuts mo- destes : le certif pour tout bagage, saute-ruisseau à 14 ans à la Société générale, amours enfan- tines avec sa Gaby dont on ne pouvait rêver prénom mieux accordé au sien et qui fut l’unique passion de ce fidèle entre les fidèles. Oublié Marcel, voici Bruno, nom de code militaire qu’il choisit alors qu’il régnait, « seigneur de guerre », au pays thaï et qui le suivit en toutes ses campagnes. « Ici Bruno », lancé à la radio d’une voix discrè- tement gouailleuse, c’est ce qu’attendaient, dans l’angoisse ou l’espérance, ses hommes couchés sous la mitraille. La vérité vraie Jamais, Bruno n’a triché. Jamais ! C’est pourquoi il convient, aujourd’hui, de le voir en sa vérité vraie. Pas de soldat qui vaille, dit-on, sans de grands sentiments. On se tromperait pourtant en faisant de Bigeard le croisé des grandes causes. En Indochine, « faire obstacle au communisme ? Une idée un peu abstraite » pour des paras au feu. L’œuvre fran- çaise outre-mer ? « Ces guerres coloniales, je sais, au fond de moi, qu’elles vont contre le sens de l’histoire ». La gloire, peut-être ? Le panache n’est pas son affaire, il lui préfère l’efficacité. La guerre, que l’on dit jolie ? Il n’aime pas ; la haine déchaînée le ferait bien vomir et sa bataille d’Alger fut un triste succès. Alors, la France ? C’est ce qu’il dit, mais ne l’en croyez qu’à demi, tant celle-ci l’a déçu. Qu’il accepte, au paradis des guerriers où il est désormais, ce petit mot : Bigeard ou la pure volonté. Un rien, et pourtant presque tout. Ce n’est pas dans le combat que la volonté, alors nécessité vitale, se montre le mieux, mais dans les œuvres infimes : ainsi à Bouar, « son pont de la rivière Kwaï ». Qu’il me pardonne, aussi, une cuistre- rie : la vie du soldat Bigeard est une grandiose illustration de cette vertu mystérieuse que Vladimir Jankélévitch a nommée le vouloir « vouloir ». Général Claude le Borgne (cr) Le 27 novembre prochain est une date à noter et à célébrer : ce sera la 80 ème Après-Midi du Livre organisée par l’Association des Ecrivains Combattants. Une nouvelle fois, le général Dary, gouverneur militaire de Paris, dont nous avions apprécié la chaleur de l’accueil l’an dernier, nous permet d’envahir les beaux salons du rez-de-chaussée des Invalides. Nous serons donc tous là, accompagnés de plus de 100 écrivains invités à cette occasion. 25 mai 1951 - XXIème Après-Midi du Livre De g. à d. Pierre Chanlaine, président de l’AEC, Jacques Jaujard, directeur général des Arts et Lettres au ministère de l’Éducation nationale, Maurice Dekobra. En 1966, Pierre Chanlaine, président de l’A.E.C., a consacré la gazette de l’association à l’histoire de notre Après-Midi du Livre. On fêtait alors son 40 e anniversaire. Voici ce qu’il écrivait : « Cela me permet d’abord, dé- clare Pierre Chanlaine, de souligner que nous avons été, de très loin, les créateurs de ces ventes de livres dédicacés, qu’on voit maintenant partout (...). Je me suis chargé de vous raconter cette histoire parce qu’au Comité de l’Association, je suis le seul survivant de cette époque déjà lointaine. L’AEC partageait alors le bu- reau d’une association au nom « sternutatoire », le SCUF, c’est-à- dire Sporting Club Universitaire de France. Secrétariat composé d’un père et de sa fille, le père répon- dant à toute question « Je ne sais pas », la fille qui ne connaissait ni la sténo, ni le classement élé- mentaire, devait dans le nouveau contrat travailler et être payée aussi par l’AEC. Huit jours plus tard, en effet, tout était réglé. Nous eûmes, rue du faubourg Saint-Honoré, un très beau bureau et une bonne secrétaire. Mais l’euphorie ne devait pas durer. Il fallait trouver de l’argent pour couvrir les frais. Et vite ! » Et Pierre Chanlaine de pour- suivre : « Nous parlâmes, au Co- mité, de nos difficultés financières. Et je me hasardai à faire une suggestion. - J’ai rencontré hier, dis-je, un metteur en scène qui s’appelle Tavano et avec lequel j’ai eu la bonne fortune de traiter une ou deux affaires de cinéma. Il vient d’acheter La Chaussée des Géants de Pierre Benoit et je suis convaincu que le producteur nous prêterait le film pour une présentation payante, si nous pouvions disposer d’un grand théâtre. L’idée fut retenue. » Le projet fut réalisé. L’AEC obtint le théâtre Mogador – 1 300 places –. On fit une publicité monstre. Des invitations furent lancées notamment à Albin Michel, l’éditeur du livre, et à de nombreuses personnalités comme André de Fouquières. La salle, quoique assez remplie, était loin d’être comble. Les calculs fu- rent vite faits. (suite p. 11) (suite p. 12) RENDEZ-VOUS AUX INVALIDES Samedi 27 novembre, à partir de 14 heures, la 80 e Après-Midi du Livre de l’AEC. se déroulera dans les grands salons du gouverneur des Invalides. Quand vous entrez par le grand portail qui donne sur l’Esplanade, vous prenez le chemin oblique vers la gauche et, au bout, au coin du merveilleux bâtiment édifié sous Louis XIV, vous trouvez une petite porte et, juste après sur la droite, l’entrée des salons. Tout sera indiqué et vous y rencon- trerez beaucoup d’auteurs connus qui seront heureux de vous dédicacer leurs livres et de mieux connaître leurs lecteurs. Une belle après-midi en perspective dans le culte du patrimoine et de la culture française. LE PRIX ROLAND-DORGELÈS 2010 L’A.E.C. vient de décerner le Prix Roland-Dorgelès à Nicolas Poincaré (France Info) et Mireille Dumas (France 3). Ces deux lauréats reçoivent cette récompense après Alain Bédouet et Laurent Delahousse en 2009. Le Prix Roland-Dorgelès 2010 sera remis prochainement au ministère de la Culture et de la Communication, par le ministre, M. Frédéric Mitterrand, ancien lauréat de ce prix, et le président des Écrivains Combattants. Tous à l’AML le 27 novembre

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L’ÉcrivainCombattant

GAZETTE DE L’A.E.C. - octobre 2010 - n° 120

S a m e d i 2 7 n o v e m b r e a u x I n v a l i d e s

NOTRE APRÈS-MIDI DU LIVREFÊTE SON 80e ANNIVERSAIRE

« Hors la loi »À bouter hors !

Est sorti récemment un film quia connu une certaine publicité, por-tant le titre « Hors la loi », réaliséavec un financement d’au moins 40 % accordé par les pouvoirs publics, c’est-à-dire avec l’argent des contribuables.

Ce film est aujourd’hui présentéofficiellement comme une fiction. Iln’empêche que les médias et lesspectateurs en parlent comme d’undocument, alors qu’il s’agit d’unecélébration des agents du FLN etdes porteurs de valises.

Pensez-vous qu’en glorifiant lesexactions du FLN en métropole, onparviendra à détourner les jeunesdes banlieues d’un redoutable com-munautarisme, lequel n’est qu’unfrein à l’assimilation ?

Des erreurs et des contre-véri-tés ont été relevées dans ce spec-tacle par le Service historique de laDéfense. Ce film ne peut donc enrien prétendre à être un documentde mémoire. Il ne peut mériter quenotre mépris ou notre amnésie.

ADIEU BRUNO

C’est une grande figure de la France, de son armée, de sonhistoire militaire qui a disparu le 18 juin dernier. Bigeard, lenom de cet écrivain combattant, se confond, avec une voca-tion à laquelle il aura été d’une fidélité exemplaire, jusqu’à sondernier jour.

Il est parti, le soldat ! BigeardMarcel, Bigeard Bruno. Marcel,prénom prolétaire, ne le disposaitpas à un grand destin. Il conve-nait fort bien à ses débuts mo-destes : le certif pour tout bagage,saute-ruisseau à 14 ans à la Société générale, amours enfan-tines avec sa Gaby dont on nepouvait rêver prénom mieux accordé au sien et qui fut l’uniquepassion de ce fidèle entre les fidèles. Oublié Marcel, voiciBruno, nom de code militaire qu’il choisit alors qu’il régnait, « seigneur de guerre », au paysthaï et qui le suivit en toutes ses campagnes. « Ici Bruno »,lancé à la radio d’une voix discrè-tement gouailleuse, c’est cequ’attendaient, dans l’angoisseou l’espérance, ses hommes couchés sous la mitraille.

La vérité vraie

Jamais, Bruno n’a triché. Jamais ! C’est pourquoi il convient,aujourd’hui, de le voir en sa véritévraie. Pas de soldat qui vaille, dit-on, sans de grands sentiments.On se tromperait pourtant en faisant de Bigeard le croisé desgrandes causes. En Indochine,« faire obstacle au communisme ?Une idée un peu abstraite » pourdes paras au feu. L’œuvre fran-çaise outre-mer ? « Ces guerrescoloniales, je sais, au fond de moi,qu’elles vont contre le sens del’histoire ». La gloire, peut-être ?Le panache n’est pas son affaire,il lui préfère l’efficacité. La guerre,que l’on dit jolie ? Il n’aime pas ; lahaine déchaînée le ferait bienvomir et sa bataille d’Alger fut untriste succès. Alors, la France ?C’est ce qu’il dit, mais ne l’encroyez qu’à demi, tant celle-ci l’adéçu.

Qu’il accepte, au paradis des guerriers où il est désormais,ce petit mot : Bigeard ou la purevolonté. Un rien, et pourtantpresque tout. Ce n’est pas dans le combat que la volonté, alors nécessité vitale, se montre lemieux, mais dans les œuvres infimes : ainsi à Bouar, « son pont de la rivière Kwaï ». Qu’il me pardonne, aussi, une cuistre-rie : la vie du soldat Bigeard est une grandiose illustration de cette vertu mystérieuse queVladimir Jankélévitch a nomméele vouloir « vouloir ».

Général Claude le Borgne (cr)

Le 27 novembre prochain est une date à noter et à célébrer : ce sera la 80ème

Après-Midi du Livre organisée par l’Association des Ecrivains Combattants. Une nouvelle fois, le général Dary, gouverneur militaire de Paris, dont nousavions apprécié la chaleur de l’accueil l’an dernier, nous permet d’envahir lesbeaux salons du rez-de-chaussée des Invalides. Nous serons donc tous là, accompagnés de plus de 100 écrivains invités à cette occasion.

25 mai 1951 - XXIème Après-Midi du LivreDe g. à d. Pierre Chanlaine, président de l’AEC, Jacques Jaujard, directeur général des Arts

et Lettres au ministère de l’Éducation nationale, Maurice Dekobra.

En 1966, Pierre Chanlaine, président de l’A.E.C., a consacré lagazette de l’association à l’histoirede notre Après-Midi du Livre. On fêtait alors son 40e anniversaire.Voici ce qu’il écrivait :

« Cela me permet d’abord, dé-clare Pierre Chanlaine, de soulignerque nous avons été, de très loin, lescréateurs de ces ventes de livresdédicacés, qu’on voit maintenantpartout (...). Je me suis chargé devous raconter cette histoire parcequ’au Comité de l’Association, jesuis le seul survivant de cetteépoque déjà lointaine.

L’AEC partageait alors le bu-reau d’une association au nom« sternutatoire », le SCUF, c’est-à-dire Sporting Club Universitaire deFrance. Secrétariat composé d’unpère et de sa fille, le père répon-dant à toute question « Je ne saispas », la fille qui ne connaissait ni la sténo, ni le classement élé-mentaire, devait dans le nouveaucontrat travailler et être payée aussipar l’AEC.

Huit jours plus tard, en effet,tout était réglé. Nous eûmes, ruedu faubourg Saint-Honoré, untrès beau bureau et une bonnesecrétaire. Mais l’euphorie ne devait pas durer. Il fallait trouverde l’argent pour couvrir les frais.Et vite ! »

Et Pierre Chanlaine de pour-suivre : « Nous parlâmes, au Co-mité, de nos difficultés financières.Et je me hasardai à faire une suggestion.

- J’ai rencontré hier, dis-je, unmetteur en scène qui s’appelle Tavano et avec lequel j’ai eu labonne fortune de traiter une oudeux affaires de cinéma. Il vientd’acheter La Chaussée desGéants de Pierre Benoit et je suisconvaincu que le producteurnous prêterait le film pour uneprésentation payante, si nouspouvions disposer d’un grandthéâtre.

L’idée fut retenue. »Le projet fut réalisé. L’AEC

obtint le théâtre Mogador – 1 300places –. On fit une publicitémonstre. Des invitations furentlancées notamment à Albin Michel, l’éditeur du livre, et à de nombreuses personnalitéscomme André de Fouquières. Lasalle, quoique assez remplie, étaitloin d’être comble. Les calculs fu-rent vite faits.

(suite p. 11)(suite p. 12)

RENDEZ-VOUS AUX INVALIDES

Samedi 27 novembre, à partir de 14 heures, la 80e

Après-Midi du Livre de l’AEC. se déroulera dans lesgrands salons du gouverneur des Invalides. Quand vousentrez par le grand portail qui donne sur l’Esplanade,vous prenez le chemin oblique vers la gauche et, au bout,au coin du merveilleux bâtiment édifié sous Louis XIV,vous trouvez une petite porte et, juste après sur la droite, l’entrée des salons. Tout sera indiqué et vous y rencon-trerez beaucoup d’auteurs connus qui seront heureux devous dédicacer leurs livres et de mieux connaître leurslecteurs. Une belle après-midi en perspective dans leculte du patrimoine et de la culture française.

LE PRIX ROLAND-DORGELÈS 2010

L’A.E.C. vient de décerner le Prix Roland-Dorgelès à Nicolas Poincaré (France Info) et Mireille Dumas (France 3). Ces deux lauréats reçoivent cette récompense après Alain Bédouet et LaurentDelahousse en 2009.

Le Prix Roland-Dorgelès 2010 sera remis prochainement au ministère de la Culture et de la Communication, par le ministre, M. Frédéric Mitterrand, ancien lauréat de ce prix, et le président des Écrivains Combattants.

Tous à l’AML le 27 novembre

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Les ouvrages de nos auteursMa Vie pour la

France, Général Bi-geard, Éditions du Ro-cher 2010, 503 p., 24 !

Dernier coup de cesacré Bigeard : un livreposthume que l’éditeur

présente comme un testament. Legénéral est mort le 18 juin dernier,l’ouvrage paraissait avant la fin dumois. Plus que les commentairesde l’auteur, souvent pittoresques,plus que ses réflexions, dont la profondeur en surprendra plus d’un,la vie de Marcel Bigeard parled’elle-même. Né à Toul en 1916, lepetit commis de la Société géné-rale, titulaire du seul certificatd’études, finira sa carrière commeSecrétaire d’État. Entre ce petitdébut et cette grande fin, la gloiremilitaire : croire et oser est sa de-vise. Drôle de guerre en 1940 ? Cesera les Corps Francs. Prisonnier ?Trois tentatives d’évasion, la der-nière étant la bonne, d’où suivrontun parachutage en Ariège et la li-bération de Foix dans des condi-tions rocambolesques. Voici lesgrandes heures Indochinoises, entrois séjours dont l’essentiel sejouera en pays Thaï (octobre 52, lelégendaire repli de Tu Lê) et seconcluera tragiquement à Diên BiênPhu. Un an après, c’est l’Algérie, etpour longtemps : commandant le3ème RPC il gagnera – à son corpsdéfendant – la bataille d’Alger, s’il-lustrera à Timimoun en 1957 avecses paras, puis sans eux mais toutaussi brillamment dans le secteurde Saïda où le commando Georgessera sous ses ordres. Mais lespieds-noirs s’échauffent à Alger et,dans le cirque de janvier 60, que Bigeard n’aime pas, une impru-dence verbale lui vaudra 60 joursd’arrêts et l’exil en Centrafrique, aucommandement du 6ème RIAOM.De quoi chialer ! Mais on n’aura pasMarcel comme ça : du camp cras-seux de Bouar il fera un modèle. En1966 il est nommé général, seraCommandant supérieur (le dernier)à Madagascar de 71 à 73 et enfin àla tête de la 4ème Région militaire àBordeaux. La retraite ? Vous voulezrire ! Valéry Giscard d’Estaing, enjanvier 75, le nomme Secrétaired’État à la Défense, avec missionde sortir l’armée du malaise où elles’enfonce. Un an après, l’affaire estréglée. Repos ? Que non : dix ansdéputé de Toul et le Palais-Bourbonrésonne encore de son franc-parler.De ce franc-parler il fait une ultimedémonstration, portant, dans sondernier chapitre, des jugements so-lides sur nos hommes politiques.Laissons le lecteur découvrir lesplus sévères et livrons-lui le plusgentil : le président Sarkozy est sontype. Sarko « perpétuel insatisfait »,ne se satisfera pas de la Francetelle qu’elle est, celle qui « fait malà Bigeard ». Il va la sortir de lamouise.

CLB

Les Chalutiers s'en vont enguerre, Gérard Carier, Marine édi-tions, 2010, 208 p., 32,50 !

On a déjà signalé la parution dupremier des deux tomes d'uneétude précise et très documentée,admirablement illustrée, d'un as-pect méconnu de la guerre navale,celui de l'engagement en Atlantiqueet en Méditerranée des chalutiersréquisitionnés et armés par lespuissances dominantes au coursde la Seconde Guerre mondiale.C'est une révélation, concernantdes unités de second rang dont

l'histoire se soucie peu. Sans partipris ni exclusive, l'auteur passe enrevue l'ensemble de la flotte deces petits bateaux aux rôles trèsnombreux, du dragage de mines àl'escorte en passant par la surveil-lance et l'entraînement. Ces bâti-ments modestes, mais indispensables, furent servis par deséquipages dévoués, pénétrés dusens du devoir malgré le danger etle manque de confort de ces pe-tites coques sur les houles de l'At-lantique. Sans prétention littéraire,mais précis et passionné, cet ou-vrage trouvera naturellement saplace dans la bibliothèque de tousles amoureux de la mer.

Henri de Wailly

Le Sacrifice du soldat,ECPAD, CNRS Editions, 2009,240 p., 35!

A une époque où le rôle du sol-dat est de plus en plus contestépar une opinion volontiers igno-rante des nécessités militaires, ilest étonnant de voir réunis autantde textes savants sur le contenudu sacrifice de ceux qui, à traversl’Histoire, ont donné leur sangpour la défense de la patrie. Dansce très copieux ouvrage, uneabondante réunion d’auteurscommente et analyse, loin desmythologies, d’une façon sociolo-gique, philosophique et littéraire,davantage encore qu’historique,ce que fut et ce que demeurel’image du tué à l’ennemi. Victimeou héros, volontaire ou mobilisé,sa représentation varie au coursfluctuant des époques, et le sort– par exemple – des 400 000morts des armées colonialesdonne lieu à une étude lucide,proche du politique. On re-marque, parmi la quarantained’auteurs de ce livre particulière-ment nourri, les signatures despersonnalités militaires de tousgrades dont celles d’auteurs trèsconnus pour leurs études histo-riques. Ce gros ouvrage, péné-trant et réfléchi, porte un regardneuf et contemporain sur un actedéfinitif devenu inconcevable àbeaucoup. A l’heure des «conflitsémergents», des martyrs terro-ristes et des «conflits asymé-triques», il est enrichissant de lireces réflexions sur l’une des don-nées de base de l’indépendanceet de l’identité nationale.

Henri de Wailly

Les Flammes de la liberté,Eric Lafourcade, Atlantica, Biarritz,2009, 282 p., 18 !

Ouvrage touchant, pieux, pré-cis et renseigné, mais univoque,d’un enfant du Pays basque atta-ché à sa terre et à ses hommes,exclusivement consacré à laFrance Libre et à la SecondeGuerre mondiale. A travers unesérie d’enquêtes et d’interviews,l’auteur nous emporte sur lestraces de ses compatriotes qui sesont engagés corps et âme dansles combats qu’impliquait leur en-gagement. Evasions, opérations, expéditions lointaines, souffranceset sacrifices, nous revivons à tra-vers ces pages les campagnes deces soldats, à quelque arme qu’ilsaient appartenu. Abondamment illustré, Le livre est d’une sincéritétotale et l’on est emporté par lesentiment de respect et d’admira-tion de l’auteur pour ces combat-tants. Si « devoir de mémoire »signifie quelque chose, c’est bienlà qu’on le voit illustré. Les histo-

riens trouveront là une somme deces témoignages directs, vivantset vivement brossés qui, en margede la grande histoire, donnent dela réalité aux fresques.

Henri de Wailly

Emmanuel d’Astier de la Vi-gerie, Geoffroy d’Astier de la Vi-gerie, France-Empire, 2009, 354p., 18 !

Quels protagonistes fabuleux legénéral de Gaulle ne rencontra-t-ilpas dans l’épopée de la FranceLibre ! Parmi les plus étonnants,les plus indépendants, les plus en-gagés, mais aussi les plus farou-chement indépendants et les plusdifficiles à saisir se trouvent lestrois frères d’Astier aux destinscontrastés, mais également bril-lants. Toujours aux avant-postes,à la pointe de l’événement, cescondottieri se situent parmi lespremiers. Dans cet ouvrage vivantet bien écrit, Geoffroy d’Astier dé-veloppe l’itinéraire du plus fan-tasque, sans doute, des troisfrères. Ancien play-boy devenu officier de marine, puis résistantde la première heure, dangereu-sement engagé, il domine de sahaute stature physique, intellec-tuelle et morale, les intrigues et lesjalousies. Mêlé aux personnalitésles plus hautes, on voit ce com-battant de l’ombre partir pourWashington, chargé de missionpar le général de Gaulle auprès duprésident Roosevelt. On le voitcréer «Combat», le journal clan-destin de la première heure, et l’oncroise de Gaulle, bien sûr, maisaussi Frenay, Aubrac, Barbie,Passy, Jean Moulin, la plupart desgrandes figures de cette époqueangoissante. On apprend même,si l’on comprend bien, la vérité surle meurtre de l’amiral Darlan. Celivre puisé aux sources les plus di-rectes prend place d’emblée dansla bibliothèque de l’historien.

Henri de Wailly

La Grande Épopée, Pierre-Alain Antoine et Rémy Michelin,Zéphyr Editions, 2009, 178 pages,40 !

Les auteurs ont eu l'idée génialede faire figurer à chaque page unephoto se rapportant à une scènede l'aviation militaire pendant laGrande Guerre et sur la page d'enface une photo toute récente où figure la même scène mais avecles personnels et les matériels del'armée de l'air actuelle. Plus dequatre-vingts scènes sont ainsiprésentées de façon comparative.Les photos sont splendides. Lecommentaire est sobre et précis.C'est à la fois remarquable, émou-vant et passionnant. Un vrai petitchef-d'œuvre.

Michel Forget

Berlin - Les offensivesgéantes de l'Armée Rouge Vis-tule-Oder-Elbe (12 janvier-9 mai1945), Jean Lopez, Economica,2009, 650 p., 29 !

Après Stalingrad, Koursk, voicile récit des batailles gigantesquesqui ont précédé à partir de janvier1945 l'assaut final sur la capitaledu Reich, à savoir la bataille sur laVistule suivie de la difficileconquête de la Prusse Orientaleet de la Poméranie au nord et decelle de la Silésie au sud, avantl'ultime offensive sur l'Oder à lami-avril 1945. On retrouve dansce livre les qualités des livres pré-cédents : une documentation très

complète, des schémas nom-breux et clairs. Surtout, l'auteur ef-face l'image très réductrice etsimplificatrice du « rouleau com-presseur soviétique écrasant toutsur son passage». Il démontre aucontraire la maîtrise de l'«art opé-ratif » acquise à partir de cetteannée 1945 par les Soviétiques,un art dont il analyse les différentsaspects. Il présente, suite auxcombats dans Berlin même, desréflexions très intéressantes surl'emploi des forces dans les com-bats de rue : un sujet d'actualité !L'auteur termine par un jugementsévère sur les généraux alle-mands dont la plupart ont étéjusqu'au bout les complices deHitler quitte à rejeter sur ce der-nier la responsabilité de leurs pro-pres insuffisances, voire de leurscrimes. A lire par tous ceux quis'intéressent à l'histoire de la Seconde Guerre mondiale... et àla stratégie militaire.

Général Michel Forget (cr)

Guide pratique des décora-tions françaises actuelles, JeanBattini et Witold Zaniewicki, La-vauzelle, 2010, 448 p.

Les décorations : excellenteidée des éditions Lavauzelle deproposer sous les plumes de JeanBattini et Witold Zaniewicki unguide pratique des « décorations»françaises actuelles. L'historiqueet la vie de chacune d'elles sontcomplétés par les conditions d'ad-mission, de radiation, éventuellement d'avancement. Le «nuan-cier» distingue les mérites émi-nents, distingués ou honorables.Près de cent décorations, mé-dailles commémoratives ou d'hon-neur sont proposées à nosconcitoyens. Un regroupement dutêtre effectué lors de la création duMérite à l'horizon des annéessoixante-dix. Il subsiste cependantla Médaille de sécurité des volsqui concerne l'aviation et la mé-daille d'honneur du personneld'exploitation du ministère del'Équipement, concernant les can-tonniers, les gardiens de phares etbalises, les éclusiers, les pontiers,etc. et bien d'autres à découvrirdans cet ouvrage illustré... spécifi-cité bien française.

M.R.

De Gaulle, le mystère deDakar, Patrick Girard, Calmann-Lévy, 2010, 368 p., 20 !

L’auteur, ancien journaliste àJeune Afrique, a l’habitude d’écrirevite sur des sujets qu’il connaîtbien, fut-ce sans s’entourer desprécautions analytiques, et mêmeparfois oratoires qui conviennentlorsque l’on s’attaque à de grandssujets historiques. L’ouvrage re-couvre cependant un indiscutableintérêt et mérite qu’on s’y arrête.L’affaire de Dakar vit en effet l’en-gagement militaire de la FranceLibre contre la France de Vichy,amenant une fracture dont le paysaura du mal à guérir. Or elle a étépeu étudiée, sinon sous son as-pect strictement militaire, et l’analyse à laquelle se livre l’auteur, grand connaisseur del’Afrique, retient l’attention à cetitre. Les conséquences sur l’opi-nion métropolitaine française etles réactions dramatiques de laChambre des Communes, pour-tant si lourdes de conséquences,la réaction déterminante du prési-dent Roosevelt à l’égard de laFrance Libre sont évoquées, mais

le point de vue du gouverneur général Boisson, si négligé par l’his-toire conventionnelle, retient nette-ment l’attention.

Henri de Wailly

L'Armée du Second Empire1852-1870, Henri Ortholan, Éd. So-teca, 2010, 365 p., 25 !

Le Colonel Ortholan (e.r.) Saint-Cyrien, sapeur, docteur en histoire,ancien conservateur au musée del'Armée nous propose une étude re-marquable sur l'armée du SecondEmpire. C'était assurément la meil-leure des armées françaises. Main-tien et pacification de l'Algérie,campagne de Crimée, guerre d'Ita-lie, campagne au Moyen-Orient eten Indochine, guerre du Mexique.Hélas pour terminer par la défaitede 1870 qui n'était pas de son fait,mais plutôt de ceux qui avaientpoussé à la guerre, tout en refusantquelques années auparavant de lui donner les moyens de la faire.Tous les détails sur les différents«services» sont proposés, sur l'ar-mement, l'organisation, le comman-dement (en partie). On aurait aiméquelques illustrations, mais ne bou-dons pas notre plaisir. Le ColonelOrtholan connaît parfaitement sonsujet, comme d'ailleurs ceux traitésauparavant.

Michel Regnier.Du même auteur : Le général

Séré de Rivières ; l'armée de laLoire (1870-1871) ; l'armée de l'Est(1870-1871) ainsi que d'autresnombreux ouvrages, seul ou en col-laboration, pour la plupart chez Ber-nard Giovanangeli.

Les Avions de renseignementélectronique - 50 ans d'activitéssecrètes racontées par les ac-teurs, Comité historique de l'asso-ciation Guerrelec, Lavauzelle,2009, 413 p.

Le sujet de ce livre dépasse lar-gement la seule histoire des«avions de reconnaissance élec-tronique». Il retrace en effet lastructure, l'organisation et lesmoyens mis en œuvre par l'arméede l'air - et tout particulièrement parla Force Aérienne Tactique(FATAC) - pendant les quarante-cinq années de la guerre froidepour relever les indices et les caractéristiques d'ac-tivité des radars et des appareils de combat soviétiques au-delà durideau de fer. C'est là son sujet prin-cipal, même s'il évoque égalementd'une part la période héroïque de laguerre d'Algérie et de l'autre le dé-roulement du programme du qua-driréacteur «Sarigue de nouvellegénération», retiré du service en2005, ainsi que certains moyensmis en œuvre par l'Aéronavale. Le sujet est traité au travers des témoignages de près de trente acteurs, commandants d'unité, pilotes, navigateurs, opérateurs,mécaniciens, ingénieurs civils et militaires. Le rôle essentiel des stations d'écoute au sol de laFATAC implantées le long du rideau de fer et à Berlin lesquellescomplétaient celui des missions aériennes n'est pas oublié non plus.Le tout constitue une histoire peuconnue et qui méritait de nous êtredévoilée. Les anecdotes person-nelles se mêlent aux considérationsplus larges de certains responsa-bles et aux développements par-fois très techniques de spécialistesde l'électronique. Puisse chacun ytrouver son compte !

Général Michel Forget (cr)

2 AEC n° 120 - octobre 2010

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3AEC n° 120 - octobre 2010

Des jeunes ravivent la FlammeL’AEC a ravivé la flamme de

l’Arc de Triomphe le vendredi 11juin 2010. Une cérémonie quenous partagions avec les anciensde la DFL et l’UNC de Saint-Ouen.

Cette fois encore, cet hom-mage annuel où les anciens sontde moins en moins nombreux, aété une véritable fête pieuse.Nous le devons aux élèves de troi-sième du lycée Victor Duruy,conduits par leur professeur, MmeJacouty, toujours fidèle au rendez-vous de l’AEC, que ce soit au Panthéon, à l’occasion du 11 no-vembre, où à l’Arc de Triomphe.

C’est avec un grand enthou-siasme que ces jeunes filles etgarçons ont pris en main cette cé-rémonie. Ils ont déposé leursgerbes, ont aidé d’Henri de Waillyet moi-même, à déposer la nôtreet ils ont eu l’honneur de raviver laflamme.

Le flambeau en bonnes mains

Le flambeau est en bonnesmains, et c’est bien la jeunessed’aujourd’hui qui devient l’âme dusouvenir ; et quelle belle Marseil-laise ils ont chanté sous la voûte !

Je leur dis un grand merci,

parce que leur présence, leur gaîtéen ce lieu solennel, témoigne que lepassé symbolisé fait partie de l’ave-nir qui s’annonce. Les valeurs pourlesquelles nous avons combattusont toujours celles qui scellentl’unité de notre France.

Branchez-vous sur le site del’Association, les photos prises,vous en convaincront (www.lesecri-vainscombattants.org).

Hervé Trnka

Le généralPierre, Marie Gallois

(1911-2010)La dissuasion nucléaire,

mais aussi la peinture

Le Général de l’armée de l’airPierre, Marie Gallois vient de décé-der un an avant son centenaire enlaissant derrière lui une œuvreconsidérable et une vie exemplaire.

Élève de l’École de l’Air à Ver-sailles, il sera breveté d’état-major,sous-lieutenant en 1932, capitainequand il s’engagera comme volon-taire en 1943 dans la R.A.F., piloteau sein d’une unité de bombarde-ment, et nommé adjoint en 1953auprès du général Lauris Norstad,à l’OTAN, puis de 1954 à 1957chargé des études stratégiques.

Deux amisnous ontquittés

Le congrès de la FédérationNationale André Maginot

C’est au Futuroscope de Poi-tiers que la Fédération NationaleAndré Maginot a tenu son 76ème

Congrès les 15 et 16 septembre.Ce fut l’occasion d’un rassemble-ment aussi festif que convivial,mais aussi de révélations inquié-tantes sur l’avenir de cette Fédé-ration. Elle est certes la plusancienne du monde combattant,mais jusqu’à présent elle a col-lecté des revenus considérablesqu’elle a partagés avec des orga-nismes à destination sociale, sansoublier le devoir de Mémoire.

Subventions en baisse

Après la saignée de 14-18,furent créées les « Gueulescassées » et la « Loterie Natio-nale » pour aider les mutilés etles veuves de la GrandeGuerre. Compte tenu de cepassé, la Fédération Maginottouchait des dividendes sur cesjeux, lesquels étaient dégrevésd’impôts et alimentaient sesœuvres.

Mais ce congrès qui a re-groupé les représentants de plu-sieurs centaines d’associationscomposant la Fédération, dont le secrétaire général adjoint del’AEC (n° 120), a été l’occasiond’entendre un certain nombre d’informations inquiétantes sinonalarmantes. Devant le secrétaired’Etat aux Anciens Combattants,M. Hubert Falco, le président Mau-rice Gambert a révélé que les fi-nances de la Fédération avaient

chuté de 30 % et que cette baisseallait sans aucun doute s’accentuer,car la Française des Jeux a perduson monopole et qu’apparaissentdes loteries libres sur Internet. Lessubventions accordées actuelle-ment par la Fédération Maginotpour l’équipement en matériel dehaute technologie et en équipementpour handicapés risquent fort debaisser. Les premières victimes enseront les hôpitaux militaires, le Valde Grâce, Bégin à Vincennes etPercy à Clamart, ainsi que les mai-sons de retraite de l’ONAC. D’autrepart, la Fédération est dorénavantconsidérée comme une « niche fiscale » et tombe sous le coup del’impôt sur les sociétés.

La musique et la Légion

Le médecin-chef du Val deGrâce, le général Alain Houlgateet le préfet Rémy Enfrun, direc-teur général de l’ONAC ont évoqué, parmi les principaux ora-teurs, ces regrettables disposi-tions. Des conséquences sur le financement de « La GrandeGarenne » à Neuvy-en-Solognesont également à redouter.

Le Congrès ne pouvait cepen-dant ressasser ces mauvaises nouvelles. La musique de la Légionétrangère, des orchestres, deschanteurs de talent et un trompet-tiste virtuose l’ont aidé à s’abstrairemomentanément de ces sombresperspectives. Il faut se préparer àfaire face.

Michel Talon

En plus de ses livres remar-quablement écrits (l’un d’entre eux« L’Alliance atlantique » sera cou-ronné en 1961 du Prix de l’Asso-ciation française pour laCommunauté atlantique), il étaitpeintre pour son plaisir, un peintrede très grande qualité qui réalisaiten particulier des trompe-l’œil. Ilfaut espérer que les grandes com-positions, comme celle qui orne lemur de sa salle à manger dansson appartement de la rue Rem-brandt, entre autres, resterontpour le bonheur des yeux et ducœur de ceux qui les verront. Ilavait aussi une collection impor-tante de poupées napolitaines.Bref, c’est un homme complet quivient de décéder mais non de dis-paraître.

Claude Lafaye

Stéphane Luc-Belmont

Notre ami et sociétaire Sté-phane Luc-Belmont est décédé le27 juin et nous lui avons rendu undernier hommage avec sa famille,le mercredi 7 juillet en l’égliseSaint-Pierre de Neuilly.

Une cérémonie empreinte de tristesse, mais aussi d’amitié. Denombreux drapeaux rendaienthommage au passé militaire d’unhomme qui, outre son courage,possédait tous les talents d’une intelligence aigüe que soulignaitson éminente carrière indus-trielle.

Message à la jeunesse

Quand il avait rejoint nosrangs, ce sont ces talents quil’avaient conduit à être coopté parle conseil d’administration. Il avaitpris part au travail de restructura-tion de la gestion financière del’AEC. Mais ce travail, bien qu’ilait été un dirigeant de grandsgroupes économiques, ne le pas-sionnait pas. Ce qu’il souhaitait leplus, c’est que l’Association joue

le rôle, voulu par ses fondateurs,de promotion de la culture, de ladéfense du français, du témoi-gnage par des hommes quiavaient défendu, sans esprit derecul, notre France.

« De l’ombre à la lumière, Maquis d’Auvergne 1942-1945 »,son propre témoignage, qui avaitreçu le prix du Souvenir Français,était l’exemple de sa démarche.C’était le récit de sa résistance, deson développement et finalementde sa victoire. C’était surtout leportrait d’hommes de toutes opinions, de toutes catégories sociales qui avaient su se réunirpour lutter ensemble, chacun,avec son tempérament, mais tousavec la même foi.

Son livre restera, non seule-ment comme une histoire de laRésistance en Auvergne, mais,au-delà, comme un message à lajeunesse.

Défendre son pays étaitd’abord pour lui, l’aimer. Hommede c œur et mari attentionné, iln’a pas pu survivre à son épousedécédée, peu avant lui. Insépa-rables dans leur vie, ils sont aujourd’hui réunis pour toujours.

Hervé Trnka

Au Panthéonen novembre 2007.

De g. à d. :M. Hubert Falco, secrétaire d’État à la Défense et aux Anciens combattants ;

M. Maurice Gambert, président fédéral de la FNAM ;Mme Elisabeth Morin-Chartier, députée au Parlement européen ;

et M. Bernard Tomasini, préfet de la Vienne.

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Comprenant le premier l’impor-tance de l’indépendance nucléaire,il garda toute sa vie, et l’affirmerasans nulle concession, une concep-tion républicaine de l’indépendancenationale. Sans cesse et à toutesoccasions, il défendra ses idées parlivres, conférences, participation àla Radio, où il brossait de vastesfresques géopolitiques.

Des informations alarmantes

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Écoutant l’allocution du général Cuche, on reconnait de g. à d.Hervé Trnka, Geneviève de Gallard et Henry de Wailly.

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Des élèves du lycée Victor Duruy ont activement participé à la cérémonie du ravivage.

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AVEZ VOUS RÉGLÉ VOTRE COTISATION ?

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Les ouvrages de nos auteursHomme de Dieu… Homme de

guerre, François Casta, L’Esprit dulivre, 2009, 278 p., 22!

Tous les anciens paras connais-sent l’abbé Casta, leur frère aumô-nier. Ce livre-ci, sur lequel ils sejetteront, en contient deux. Le pre-mier est une biographie que l’onpourrait dire glorieuse si le qualifi-catif convenait à la fonction. Libéra-tion de la France, deux séjours enIndochine, le reste en Algérie, sansparler de la Corse, retraite moinspaisible qu’il eût pu l’espérer : il y ade quoi causer ! De quoi causer, et de quoi souffrir, pour peu qu’onait gardé sous l’uniforme un cœurchrétien. Cette souffrance-là faitl’objet du second livre, intitulé « le drame spirituel de l’armée». Lepère Casta aborde, bille en tête, la guerre d’Algérie, dans ses plusredoutables interpellations. Com-ment pouvait-on faire face à cetteentreprise démoniaque qu’on appelle «guerre révolutionnaire» etdont l’armée, pour son malheur, areçu mission de s’occuper ? On nes’attendra à ce que l’auteur nousdonne ici une sorte de vade-mecum. Mais il nous apporte unsemblant de sérénité, il nous in-dique le chemin étroit qu’il faut s’efforcer de suivre. Cette réflexion,publiée en 1962, non sans mal, serait-elle périmée ? Pas du tout,nos camarades d’Afghanistan nesont pas non plus à la fête.

Général Claude le Borgne (cr)

Le Quotidien des soldats dansles tranchées, Jean-Pascal Soudagne, 14/18 Ed., 2009, 190 p.,21 !

Oui, il y avait, dans l’enfer de laGrande Guerre, un quotidien. LaTranchée, durant près de quatreans, en fut le lieu. En ce lieuétrange, un autre homme s’estconstruit, le «poilu». Autre hommeou homme ordinaire ? Le secondterme convient, quelque étonnantque ce constat paraisse. La vie côteà côte avec la mort suivait son courssimple, monotone, chaleureux. Auchapitre des « fléaux», ce n’est pasde bataille qu’il s’agit, mais de froid,d’ennui, de crasse et de poux,fléaux ordinaires eux aussi. Quelvieil homme aujourd’hui ne se sou-vient de l’apostrophe maintes foislancée : «grand-père, raconte !»C’est ce que fait pour nous, grandsenfants, que nous sommes, Jean-Pascal Soudagne, spécialiste dupremier conflit mondial dont il asigné, avec Max Gallo, un récit com-plet « La Grande Guerre », XO Édi-tions, 2008.

CLB

Ma Mère avait trois filles, 1945-1962. Une enfance algérienne. Attica Guedj, L’Harmattan, 2009,96p.,11 !

Un livre de plus dans l’énorme bibliothèque consacrée à l’Algérieen «guerre ». Celui-ci, tout petit, devrait sortir du lot. Il est char-mant : dans la fraîcheur du style,dans la tendresse où baignentces senteurs d’enfance. L’auteurest à Batna, Alger, Paris, durantces années terribles. Terribles, ondit ça après coup. Dans l’instant ya d’la joie ! Enfin pas toujoursajouterait l’auteur qui scande sonrécit d’incidents qui lui permettentde s’en évader. La cohabitationétait paisible, entre pieds-noirs,Juifs (des Juifs qui, chez l’auteurpetite fille, célébraient Noël), etArabes. Enfin presque, dira-t-elle

encore : on est quand mêmeentre soi, et l’on pense à LaPeste de Camus, où, à Oran, iln’y a pas d’Arabes. Pas simple,tout cela ? Heureusement !

CLB

Indochine 1952-1954. LesLuc Binh. Souvenirs d’un marindu fleuve, Contre-Amiral FrançoisJourdier, L’Esprit du Livre, 2009,120 p., 20 !

Dans la longue, chaotique ettriste histoire de la « guerre » quinous a chassés d’Indochine, lesopérations maritimes, rares, sontune bouffée d’air frais. Frais estici une image, car dans le deltacochinchinois où l’amiral Jour-dier, alors midship, opère, l’airest plutôt moite. Le jeune officiera servi 27 mois, de 1952 à 1954,dans les flottilles fluviales ar-mées par nos marins. Ceux-ci, àvrai dire, y avaient quelques ti-tres, tant la conquête de notrecolonie d’Extrême-Orient doitaux efforts de la Royale. Commele Saint-Cyrien se rêve à la têted’une unité, le navalais veut com-mander un bâtiment. Notre hérosembarquera sur un LCM, petitpacha mais pacha tout de même.Belle vie, en dépit ou à causedes risques, dont on se reposeen goûtant aux délices de Saï-gon-Cholon. Un LCM n’a pas degros canons. Ne s’y appliquedonc pas l’ironie acide des ter-riens brocardant les planqués :« Ceux qui se planquent quand lamarine tire… Ceux qui se plan-quent même quand la marine netire pas ».

Général Claude le Borgne (cr)

Devenir de Gaulle. 1939-1943, Jean-Luc Barré, Tempus,2009, 602 p., 11 !

Les Editions Perrin rééditent,dans la collection Tempus, l’excel-lent livre de Jean-Luc Barré paruen 2003. Excellent en effet en ce que l’auteur y exploite les archives personnelles du Général, tombéesdans le domaine public en 1998, eten particulier les notes et remarques ayant abouti à la ver-sion publique des Mémoires. Se dessine alors, sur le papier,l’envers de l’entreprise d’une vie.Vie construite, et reconstruite en mythe : automythification, ditl’auteur avec une belle audace. Ondécouvre - ou voit confirmé – quejamais de Gaulle ne commente seséchecs, ses doutes, sa solitude.Sur cette écume ne surnage que lesouci constant de la France, lepays et son héros ne formant qu’unseul être. Le lecteur pressé se précipitera vers les moments lesplus dramatiques : Mers-el-Kebir,Dakar, Syrie, assassinat de Darlan,éviction douce de Giraud. Il ne serapas déçu.

CLB

1919-1939 Vingt ans deguerre, Pierre Vallaud, Acropole,2009, 208 p., 29 !

Pierre Vallaud est un histo-rien de guerre. Ecoutons ce qu’ila à nous dire sur l’entre-deux :1919-1939, de la fin de la Pre-mière Guerre mondiale au dé-clenchement de la Seconde. Cen’est plus la guerre, c’est la ré-volution. Sans doute, en paysbaltes et en Pologne se jouentdes prolongations. Mais la révo-lution, pourvoyeuse de cime-tières plus efficace que la guerre

ordinaire, sévit en Russie et enAllemagne, en Chine et en Es-pagne. La vraie guerre attendson heure et Japon, Italie, Alle-magne, sont en embuscade.Pourtant, en dépit – ou à cause– de ces horreurs, le monde secherche. Pour qu’il se trouve, ilfaudra une seconde guerremondiale, puis l’affrontementEst-Ouest, enfin l’écroulementde l’Union soviétique. Alors, lapaix ? Voire !

CLB

L’Homme providentiel. Unmythe politique en Républiquede Thiers à de Gaulle, Didier Fi-sher, L’Harmattan, 2009, 174 p.,16,50 !

Un beau sujet, élégamment etbrièvement traité, qui dit mieux ? Sil’homme providentiel est aussivieux que l’humanité, si Moïse enest l’archétype, si Jeanne d’Arc,homme-femme, est ici indépassa-ble, on admettra que la républiquese prête mieux que la monarchie àl’apparition et la célébration du per-sonnage sauveur. L’instabilité dupouvoir les favorise comme l’ab-sence d’une légitimité sainte et hé-réditaire. L’époque moderne enfin,et son délire communiquant, estune fabrique de héros, la statue deceux-ci fût-elle promise, à brefdélai, au vert-de-gris. Sic transit…

CLB

Campagne d’Italie. 1943-1944. Cassino – Rome – Vienne,François de Linares, Lavauzelle,2009, 504 p., 27 !

Cet ouvrage est le fruit d’undevoir de mémoire du fils aîné ducolonel commandant, pendant la Campagne d’Italie, le 3ème Régi-ment de tirailleurs algériens (3ème

RTA), entre autres faits en per-çant le 19 mai 1944 la ligne Hitlerqui partageait Rome où il entreraavec ses troupes le 6 juin 1944.Un travail remarquable de re-cherches pour mieux faireconnaître cette partie de la Se-conde Guerre mondiale qui, pourdes raisons diverses qu’il relève,a été mise en arrière-plan. Laqualité et le rendu de très nom-breuses interrogations poséesaux témoins survivants qui consti-tuent la majeure partie de l’ou-vrage, permettent de comprendreà la fois l’état d’esprit et les com-bats autant que les raisons del’occultation partielle de cette épo-pée. Il n’y a aucune «prise de po-sition» mais des évidences quisont, enfin, expliquées. Un livre-référence.

Claude Lafaye

1940 un autre 11 novembre,Maxime Tandonnet, Tallandier,2009, 254 p., 18!

Maxime Tandonnet s’est spé-cialisé dans l’histoire du 11 no-vembre 1940. Quelle idée ! C’estque, et il est probable que presquetous nos étudiants l’ignorent, eutlieu ce jour-là la première mani-festation publique d’un esprit derésistance à l’occupant. Les auto-rités allemandes ayant cru bond’interdire toute commémorationde la victoire française de 1918 –on les comprend – un mouvementd’étudiants naît et s’enfle, jetantquelques milliers de jeunes genssur les Champs-Elysées (le chiffrede 3 000 paraît à l’auteur le plusfiable). La répression ne fut pas fé-roce. Elle entraîna tout de même

quinze blessés, un millier d’inter-pellations, 120 incarcérations. Lamanifestation fut, pour beaucoupdes participants, le point de départd’un engagement héroïque. Ainsirelève-t-on, parmi d’autres, lesnoms de Michel Droit, Alain Griot-teray ou Pierre Lefranc.

CLB

Les Grandes figures de laRésistance, Dominique Lormier,Lucien Souny, 2009, 272 p., 18 !

Cent exactement, tel est le nom-bre des « grandes figures » pré-sentées dans ce livre mémorial.Cent vies (et morts) où DominiqueLormier mêle héros de la résis-tance au sens strict à d’autres,Français libres ou libérateurs débarqués d’Afrique. Voici doncLucie et Raymond Aubrac, Manou-chian, Jean Moulin et CharlesTillon mais aussi Pierre Brosso-lette, Dimitri Amilakvari, JacquesBaumel, Pierre Chateau-Jobert,Clostermann et de la Poype, PierreGarbay, André Malraux… Du beaumonde, on le voit, et héroïque àsouhait. On a envie de dire avecl’auteur : «merci à tous !»

CLB

Trois Siècles d’obéissancemilitaire (1650-1963), MaréchalAlphonse Juin, L’esprit du Livre,2009, 124 p., 15 !

Exalter l’obéissance militairepouvait, en 1964 et sous la plumedu Maréchal Juin, apparaîtrecomme une provocation. Certes,l’ouvrage remonte loin (1650) ettraverse les années sombres de laRévolution. Mais c’est à l’histoirerécente, de 1940 à 1961, qu’on at-tend l’auteur. On relèvera que,pour mettre les points sur les i, leGénéral Irastorza, chef d’état-major en exercice de l’Armée deterre, cite en préface, à deux re-prises, le général de Gaulle.

CLB

Chronologie des Îles Britan-niques, Xavier Deboffles, Ed.TSH, 2009

Xavier Deboffles ne se haussepas du col, il cite ses sources, dictionnaires, guides, atlas. De cessources banales, il fait ce qu’il ap-pelle des chronologies, ce qu’ellessont en effet. Mais en résultent desuperbes livres-objets qui se dé-ploient en synoptiques illustrés.C’est ici la chronologie des Îles Bri-tanniques qu’il nous présente. Dela préhistoire à l’an 2000, il y a dequoi lire… et regarder.

CLB

Les Troupes de marine dansl’armée de terre. Un siècle d’his-toire 1900-2000, Collectif, Lavau-zelle, 2001, 444 p., 27 !

Pour un peu, ce livre, qui re-groupe les actes d’un colloquetenu à l’occasion du centenairedes troupes coloniales, serait lui-même un document historique : ilest paru en 2001 ! Histoire donc,ce qui fait qu’il reste d’actualité, rajeuni même, cette année, par le cinquantenaire des indépen-dances de nos colonies africaines.Ce cinquantenaire est l’occasiond’entendre, dans de méchantesbouches, bien des bêtises sur lethème obsessionnel : le colonia-lisme, crime contre l’humanité !Voici donc la réalité, la Colonialedans ses œuvres admirables :création et organisation, engage-ments sur les théâtres métropoli-

tains (superbes tirailleurs sénéga-lais dans la campagne de Franceen 1940), traditions riches et sanscesse maintenues, perspectivesenfin, tracées avec beaucoup dedélicatesse par le regretté PierreDabezies. Pourquoi, en effet, en-core et toujours, une «Coloniale»?Parce que les meilleurs continuentà y venir, sans autre justificationque ce mélange inimitable d’excel-lence et de copinage. Allez, au nomde Dieu, Vive la Coloniale !

Général Claude le Borgne (cr)

Les Gueules cassées. Les mé-decins de l’impossible 1914-1918, Martin Monestier, LeCherche Midi, 2009, 280 p.,29,50 !

Cœurs sensibles s’abstenir !Martin Monestier est un spécialistede l’horreur : Les enfants esclaves,peines de mort, histoires et bizarre-ries sociales des excréments, sonttrois échantillons de sa collection.L’horreur à laquelle il s’attache iciest celle qui, par blessure deguerre, rend insupportable le visaged’un homme. Gueules cassées, lemot trivial qui désigne ces malheu-reux est un choix de discrétion.C’est que le visage, expressif,changeant, insaisissable, en sa totalité, est le propre de l’homme.Sa dissimulation, par la burqa isla-miste, retranche la femme de lacommunauté humaine. La blessurede la face condamne le blessé aumême exil, sans cesse renouvelédans le regard de l’autre. Sur troismillions de blessés français durantla Grande Guerre, 500 000 le furentau visage, proportion énorme quel’auteur explique. Il explique aussila façon dont les « chirurgiens del’impossible» ont apprivoisé l’enfer.Aussi bien les archives du Val-de-Grâce ont-elles été mises à contri-bution pour exposer en images…l’insupportable.

Général Claude le Borgne (cr)

Le Tacticien de Napoléon. Mé-moires de guerre du baron deComeau, Alain Fillion, L’Esprit duLivre, 2009, 396 p., 20!

Né en 1771, témoin à vingt ansdu sac du château familial et du trai-tement indigne infligé à son pèrepar les révolutionnaires, le jeunebaron de Comeau ne pouvaitqu’émigrer. En résultera une car-rière militaire assez floue, commeon les faisait en cet heureux temps.La sienne commence en Bavière.Napoléon, qui fut son condisciple àBrienne, utilisera sa familiarité avecla cour de l’Archiduc et sa connais-sance des façons militaires de cepays ennemi. Mais Monsieur deComeau ne fut pas qu’un informa-teur. L’Empereur décèle chez lui,en de multiples occasions, un éton-nant sens tactique, dont il tira pro-fit. Ce sont les mémoires de cetintéressant personnage que nousprésente Alain Fillion, qui les tientlui-même du doyen des descen-dants de Comeau. « Mémoires »,dit-on. Oui, vous y êtes, et en tempset en lieu.

CLB

La Guerre d’Indochine enquestions. Contre-Enquête, Paul Rignac, Indo-Editions, 2009, 144 p.,25!

Paul Rignac poursuit son travailde clarification de la guerre d’Indo-chine. Cette tranche de notre his-toire en a bien besoin, prise qu’elleest entre l’idéologie gauchisante denos universitaires et l’autisme des

4 AEC n° 120 - octobre 2010

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Les ouvrages de nos auteursdirigeants de l’actuel Vietnam. L’au-teur construit son exposé en formede questions et réponses. Vraiesquestions, réponses nuancées,comme il se doit. On l’attend sur lapremière : la guerre pouvait-elle êtreévitée ? En 1945, peut-être, si leschaudes querelles franco-fran-çaises avaient pu être surmontées.On sait qu’elles ne le furent pas.L’auraient-elles été que les menéesmalveillantes des Chinois et desAméricains eussent contrarié unesuite heureuse. L’affaire lancée,l’auteur n’est pas loin de reconnaî-tre, en conclusion, que la défaiteétait inéluctable. A la cause « to-tale » que soutenait le Viêt-minh,notre démocratie n’avait à opposerque de médiocres perspectives. Ilallait en être de même en Algérie.

CLB

Résistance Histoires de fa-milles. 1940-1945, Dominique Mis-sika et Dominique Veillon, ArmandColin, 2009, 176 p., 27,50 !

Ce superbe album, illustré dequelque 300 photos et documents,rend hommage non aux résistants di-rectement, mais à leurs familles, donton sait, cinéma aidant, qu’elles ont lar-gement partagé les risques de leurshéros. Les auteurs divisent le temps.Tout commence par l’engagement desplus lucides, de Gaulle, le ColonelRémy ou les frères Le Tac. Les pas-seurs suivent, sur la ligne de démar-cation. Les sauveurs de juifs, ensuite,et le célèbre réseau des FTP-MOI.Les maquis enfin, farouches combat-tants dans de farouches montagnes,Morvan ou Cévennes. En 1945 re-viennent des camps les déportés sur-vivants, témoins d’une horreur qu’onne soupçonnait guère. Vingt-cinq fa-milles simples et simplement hé-roïques sont ici présentées. Il est justequ’on s’en souvienne.

Général Claude le Borgne (cr)

Montalembert et l’Europe deson temps, Marguerite Castillon duPerron, F.X. de Guibert, 2009, 666p., 34 !

Marguerite Castillon du Perronest une biographe confirmée. Elle aécrit un « Louis Philippe ». Sur Mon-talembert, on la lira donc deconfiance. Né en 1810, mort à laveille de la guerre de 1870, Mon-sieur de Montalembert est de sontemps, c’est-à-dire du nôtre. Sansdoute les cataclysmes guerriers duXXème siècle ont-ils brouillé l’héri-tage. Pourtant l’avenir est en germedans les travaux et les combats dece précurseur, journaliste, parle-mentaire, voyageur, observateur fi-dèle de la papauté. Précurseur dela démocratie chrétienne, il est l’artisan de la loi Falloux, autour delaquelle on se chamaille encore. Onne s’étonnera pas de ce que, travailleur infatigable mais de petitesanté (il s’en moque, « son corpsn’existe pas »), il énerve son entou-rage. Il a à peine seize ans lorsque,admis au collège, il écrit : « Je suislibre, c’est-à-dire enfermé dans unecellule à Sainte-Barbe. Je vais doncme livrer maintenant sans borne àl’étude, ma passion dominante,puisqu’elle mène à la gloire. »

CLB

Les Philosophes des Lu-mières dans la France des an-nées noires. 1940-1944,PascalePellerin,L’Harmattan, 2009, 232 p.,23 !

L’entreprise peut sembler déri-soire : soumettre les grands textes

des Lumières – et plus précisé-ment ceux des quatre grands,Montesquieu, Voltaire, Rousseau,Diderot – au feu de l’occupation al-lemande de la France, de 1940 à1944. Querelles d’intellectuels,même s’ils ne discutent pas d’uncamp à l’autre, qui séparent colla-bos et résistants, autour de réédi-tions et de commentaires ! A lalecture de Pascale Pellerin, onverra que son travail, loin d’êtredérisoire, peut être dangereux.C’est que les Lumières, on le saitdu reste aujourd’hui, supportentmal… la lumière. Ainsi l’un et l’au-tre parti se disputent-ils l’héritage.L’auteur tranche : c’est indûmentque le totalitarisme s’en réclame.Voilà qui est vite dit!

CLB

Mémoires de guerre, AminWardak, Arthaud, 2009, 304 p., 22 !

Ce livre est un témoignage pré-cieux, recueilli par Christine dePas. Amin Wardak est l’un desseuls résistants Afghans à avoirlivré un tel récit. Sa carrière decombattant est belle : contre lesSoviétiques de 1979 à 1989,contre le régime survivant de Na-jibollah de 1989 à 1992. Ce der-nier éliminé, commence la luttedes factions autochtones qui ne seterminera que par la force brutedes talibans. Exit alors Amin Wardak, réfugié en France. Aminest né dans une famille presti-gieuse, celle des Khan du Wardakau sud-ouest de Kaboul. Les Wardak tiennent leur prestige,pour une part, de leur pratiquesoufie, garantie d’une relation to-lérante et d’un penchant contem-platif et amoureux qui rapprochentces mystiques de la douceur chré-tienne. Mais le tableau dressé icid’un pays morcelé, et de géogra-phie et de population, laisse malaugurer de son avenir. A moinsque la prise en compte de la mo-saïque afghane n’aboutisse, parun miracle aujourd’hui impossible,à un régime que notre tradition ja-cobine nous empêche d’imaginer.

CLB

La France au Tchad. Depuis1969, Pierre Dufour, E-T-A-I,2009, 192 p., 48 !

Le superbe album que PierreDufour consacre aux œuvres de laFrance au Tchad arrive à point.Mais la coïncidence n’est ni ras-surante ni gaie : l’histoire colonialeet guerrière de la France est entrain de s’y terminer. On aurait puespérer laisser une région paci-fiée. Tel n’est pas le cas. Triste départ. Dès l’origine de notre en-treprise coloniale, l’évidence s’estimposée. Le Tchad etait la plaquetournante de notre empire africain,sinon de l’Afrique en sa totalité. De1899 à 1913, la France y pénètre,à partir du Niger. Durant la Se-conde Guerre mondiale, il sera labase de départ de la colonne Le-clerc. L’indépendance de nos co-lonies acquise en 1960, la guerrecivile éclatera six ans plus tard etnous interviendrons à quatre re-prises dans ces combats fumeux.La dernière de ces interventions anom Épervier. Elle dure encore, etpour cause : le Soudan voisin, ensa province du Darfour, est lethéâtre de troubles sanglants. Laprésence française n’aura-t-elleété qu’une parenthèse entre deuxbarbaries ?

Général Claude le Borgne (cr)

1915. Les offensives meur-trières, Pierre Dufour, E-T-A-I,2009, 192 p., 48!

On ne présente pas Pierre Du-four, historien militaire talentueux,à nos lecteurs. Ce livre-ci ne lesdécevra pas. Superbement illus-tré, il retrace l’année cruciale quefut, dans l’histoire de la GrandeGuerre, et de la guerre tout sim-plement, 1915. Partis en 14 (l’ex-pression est devenue proverbiale),en pantalons rouges, pour unecampagne joyeuse, les antago-nistes, quelques semaines plustard, s’enterraient face à face endeux sillons creusés dans la terrede France, séparés de quelquesdizaines de mètres. On comprendque cette situation, imprévue, aitété insupportable aux stratèges del’époque. D’où ont résulté des ef-forts répétés pour en sortir, au prixd’effroyables carnages. «Heureuxceux qui sont morts…» avait écritPéguy ; Bernanos lui répond, avecLes Grands cimetières sous lalune. Flandres, Champagne, Ar-tois, Argonne, tout le Nord-est denotre pays s’abreuve du sang deshommes. Sans résultat. Essayonsailleurs, pensent les généraux : lesDardanelles, autre massacre.1915, hélas ! n’est qu’un début,trois années vont suivre.

CLB

Le Sénégal d’antan, PhilippeLamarque, HC Éditions, 2009, 112p., 28,50 !

Au moment où nous écrivons, letemps des cadeaux de Noël ap-proche. Ce livre est si beau et siémouvant qu’on peut l’offrir à cetteoccasion et même après. Chacunsait le charme des vieilles cartespostales. Celles que Philippe La-marque, historien d’une Afrique quifut française, a rassemblées vien-nent du Sénégal et il existe encorequelques vieux coloniaux auxquelselles tireront des larmes. A Saint-Louis je fus, à Saint-Louis je me retrouve, devant le parvis de la ca-thédrale d’où, le dimanche matin,sortaient de grands et mincesmétis, et sur le pont Faidherbe ousur celui de Guet N’Dar, plus mo-deste mais qui reliait l’île principaleà la Langue de Barbarie. Pourd’autres, voici Dakar, son port etses femmes altières, la Grande etla Petite Côte où se trouvent Popenguine et Joal, Kaolack dontle climat, dit-on, était défavorableaux « Européens », la Casamanceenfin, bien avant le tourisme. Abdoulaye Wade, président de laRépublique sénégalaise, a préfacél’ouvrage. Il a fort bien fait.

Général Claude le Borgne (cr)

Bataillons de Chasseurs. Lesdiables bleus : une trouped’élite, Yvick Herniou et Jean-Claude Sanchez, E-T-A-I, 2009,184 p., 42 !

« Les diables bleus », leur sur-nom est populaire, comme la cou-leur de la tenue des chasseurs,qui ont réussi à la garder bleuequand tout le monde fut en kaki.Bleus, mais diables aussi, tant lavaleur de ce corps, de créationrécente (1854 pour simplifier), fitmerveille. On connaît aussi « latarte » qu’ont sur la tête les Alpinsd’entre eux, créés, ceux-là, en1879. L’histoire de cette trouped’élite est ici joliment brossée.Histoire glorieuse dont les som-mets sont en Algérie, à Isly et aumarabout de Sidi-Brahim. L’his-

toire continue et aujourd’hui en-core, les Alpins en Afghanistansont à leur affaire. Bonne chance,les gars !

CLB

Grotte d’Ouvéa, la libérationdes otages, Général JacquesVidal, Volum Éditions, 2010, 227p., 19 !

Il n’est pas d’opération plus dé-licate que la libération d’otages.Celle qui, en Nouvelle Calédonieen 1988, a eu pour cadre la grotted’Ouvéa en est un bel exemple.Le général Vidal, commandant supérieur à Nouméa à partir du 29 février 88, eut à mener celle-là. La brigade de gendarmerie deFayaoué sur l’île d’Ouvéa est at-taquée par des indépendantistesle 22 avril. Quatre gendarmessont assassinés, 25 sont pris enotages, toutes les armes de la bri-gade enlevées. Pas bon pour lagendarmerie ! Un premier grouped’otages est vite libéré. Le secondest emmené au nord de l’île, dansune grotte d’accès très difficile.Les négociations s’engagent,alors que le pouvoir parisienflotte : le 24 avril a lieu le premiertour de l’élection présidentielle,qui oppose François Mitterrand,président sortant, à son Premierministre Jacques Chirac. Devantla crise Calédonienne, Chirac tré-pigne d’impatience, Mitterrandtemporise. Le président donneenfin son accord, du bout des lè-vres, et l’assaut est mené par lafine fleur de nos forces spéciales,GIGN, 11ème Choc, commandoHubert. Les ravisseurs sont dé-terminés, la surprise n’a pas joué,l’engagement est rude : tous lesotages sont libérés sains et saufs,deux hommes du 11ème Choc sonttués ainsi que dix-huit ravisseursdont leur chef, Alphonse Dianou,blessé, décède dans des condi-tions suspectes durant son trans-fert. Cette bavure probable, laseule, suffira à déclencher cheznous une terrible campagne depresse, menée par Edwy Plenelet à laquelle, hélas, le capitaineLegorjus, patron du GIGN en-gagé dans l’affaire, prête la main.Près de vingt ans après les évé-nements, Jacques Vidal se dé-cide à rompre le silence où il setenait. Devant la malveillance, ilnous présente « la stricte vérité ».Merci, mon Général.

Général Claude le Borgne (cr)

Stendhal. Vivre, écrire, aimer,Philippe Berthier, de Fallois, 2010,542 p.

L'Association des ÉcrivainsCombattants s'est impliquée, il y apeu, pour le «soldat Stendhal»dont une partie des manuscrits ris-quait de partir à l'étranger. Phi-lippe Berthier écrit une vie de cetécrivain où il note sa participation,entre autres, à la campagne d'Ita-lie en 1800, à celle d'Autriche en1809, à celle de Russie en 1812, àcelle de Saxe en 1813, enfin à ladéfense de la France du sud-esten 1814. Commencée dans lesdragons, cette carrière finit commeorganisateur, en passant par leservice de santé, les riz-pain-sel -les initiés me comprendront - et, àce titre, la Grande Armée lui doit laseule distribution de pain effec-tuée pendant la retraite de Russie.Existe-t-il beaucoup d'écrivainsayant un tel « livret militaire » ?Avec beaucoup de talent et d'es-prit, Philippe Berthier fait vivre

Henri Beyle sous nos yeux, relatantdes anecdotes et privilégiant les au-tres activités, et quelles activités! denotre héros. Livre recommandéavec chaleur.

Michel Regnier

Une Partie de zanzibar, Phi-lippe Simiot, Albin Michel 2010, 285p., 19 !

Tel père, tel fils. Philippe Simiota d’abord repris la plume de sonpère disparu, Bernard, pour pour-suivre la superbe saga des Carbec,Ces Messieurs de Saint-Malo. Ils’en écarte ici, tout en restant dansla ligne des romans historiques.Celui-ci débute en 1885 et se ter-mine en 1900. Berthe, l’héroïne, estune couturière de talent – vous enapprendrez beaucoup sur ce jolimétier –, elle est surtout une maî-tresse femme. Il le fallait, tant elleeut de tracas. Elle épousa à Lorientun sous-officier de la Coloniale, res-capé de Bazeilles et pour l’heure auTonkin. De retour en métropole, lesous-officier n’y séjournera guère.On l’expédie en Nouvelle-Calédo-nie, «surveillant militaire» aubagne de l’île de Nou. De retour enFrance, l’adjudant s’adonnera àl’absinthe, dont il mourra. On lais-sera le lecteur découvrir l’intrigue etses pittoresques acteurs, le filsadopté, le bagnard Julien, assassind’un notaire pour l’amour de safemme, et Liane de Pougy, vedettede la Belle Époque. L’auteurconnaît fort bien la vie militaire et ladépeint avec justesse (ainsi, à lapage 100, l’éloge du clairon). Il saitaussi évoquer les soubresauts decette fin de siècle légère et tour-mentée : séparation de l’Église etde l’État, affaire Dreyfus, partagecolonial, lucidité du pape Léon XIIIen son Rerum novarum. Tout celaest conté dans un style XIXème oùles meilleurs morceaux sont épisto-laires, avec de fines notations psychologiques dont les hommesfont plus souvent les frais que lesfemmes. Et «Zanzibar»? Un jeu àtrois dés, sorte de 4.21 imaginé pardes soldats pour tromper le tempsqui s’étire, sur la mer jolie, au largede la petite île africaine. Le dernierchapitre annonce une suite. On l’attend.

Général Claude le Borgne (cr)

Mélancolie française, EricZemmour, Fayard Denoël, 2010,251 p., 17 !

L’histoire est un cadavre. Leshistoriens sont des croque-morts,qui la présentent comme ils l’enten-dent. L’histoire n’en peut mais, pe-rinde ac cadaver. Eric Zemmour estun croque-mort talentueux, son livreest un feu d’artifice. Ça pétille, çaexplose, ça éblouit. Si thèse il y a,elle est dans les deux premiers cha-pitres, Rome et Carthage. Rome,c’est la France, qui a vocation àprolonger la vraie et parfois s’y ef-force, parfois y renonce, raison, aujourd’hui, de sa mélancolie. Car-thage c’est l’Angleterre, à ceci prèsque, pour elle, c’est Rome qui doitêtre détruite, au moins contenue, ce à quoi elle s’emploie avecconstance. Chacun des chapitressuivants évoque un personnage denotre histoire moderne : l’Empereur(Napoléon), le Chancelier (Bis-marck), le Maréchal (Pétain), le Général (de Gaulle), le Commis-saire (européen)… et le Belge. Lecroque-mort Zemmour est aussi unbattant. Il adore nous bousculer etnous force à revoir nombre d’idéesque nous avons reçues. Notre

5AEC n° 120 - octobre 2010

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Les ouvrages de nos auteursXVIIIe siècle illumina l’Europe, il futun désastre « géostratégique ».Louis XVI a été, de nos derniersrois, le plus intelligent. « L’ogre »Napoléon ? C’est l’Angleterre qui l’acontraint à être tel. La victoire de laMarne en 1914 (tenez-vous bien !)fut une catastrophe : la bataille perdue, deux millions de vies fran-çaises eussent été épargnées et lemonde eût fait l’économie du stali-nisme et du fascisme. Pétain étaitun attentiste lucide : en 1917comme en 40, il attendait les Amé-ricains. La gauche pacifiste ne pou-vait être que vichyste, ce qu’elle fut.L’avant-dernier chapitre, consacré,fort opportunément, à la Belgique,est de cette veine : un régal, avec,cerise sur le gâteau, un succulenttexte de Baudelaire. « La chute deRome », qui conclut l’ouvrage, justi-fie à lui seul le titre. L’auteur y parlede l’identité française, donc de l’im-migration, avec une franchise qui luifera beaucoup d’ennemis. Mélan-colie bien justifiée : romaine ou pas,il n’y a plus de France.

Général Claude le Borgne (cr)

Robert Moulié. Des SAS au 1erRPIMa, Pierre Moulié, LBM éd.,2010, 20 !

Un ouvrage important non seu-lement par les documents enfinsortis de la confidentialité maisaussi par l’histoire d’un parcoursdans une période difficile à cerner,qui va du début de la SecondeGuerre mondiale à la fin de la colo-nisation française en Afrique, enpassant par la guerre d’Indochineet les opérations de Suez et dePort-Saïd. La plus grande partie dulivre est écrite par le général Mou-lié, les derniers chapitres sont rédi-gés par son fils, officier supérieurlui-même, à partir des notes et desdocuments laissés par son père. Latrès grande, la très sensible hon-nêteté de ces pages sortent l’His-toire d’un monde abstrait car àaucun moment la sensibilité del’homme n’est absente. Les rap-ports humains sont toujours pré-sents et, bien souvent, c’est à partird’eux que les faits s’expliquent.C’est une longue conversationavec le lecteur qui a souvent l’im-pression d’entendre répondre àune question.

Cl. L.

Après tout, je ne suis qu’unhomme… Napoléon intime, Xa-vier Aiolfi, Éd. Spe Barthélémy,2008, 218 p., 34 !

Quelque 200.000 ouvrages ontété écrits sur l’Empereur des Fran-çais. Le livre de Xavier Aiolfi a unobjet précis et, osons le mot, char-mant : il nous dévoile Napoléon Bo-naparte en son intimité. C’est qu’ilen eut bien une : «Je ne suis qu’unhomme», dit-il reprenant, lui l’Egyp-tien, un mot de Mahomet. Préfacépar le président de la Société napo-léonienne Internationale, le livre dévoile, en son authenticité, la per-sonnalité de cet inclassable souve-rain, et l’illustre de superbesreproductions des objets familiersdont il s’entourait. C’est là son côtébourgeois ou, si l’on préfère, moine-soldat : « Je suis, dit-il encore, unebête d’habitudes ». Travailleuracharné qui épuise ses collabora-teurs, il adore se promener inco-gnito dans Paris, est aimable avecles domestiques, monte mal à che-val et n’aime rien tant que les vieuxhabits. La vie des camps, on s’endoute, est celle qui lui convient : in-fatigable, dormant où il tombe,

mangeant à la va-vite, insouciantdu danger. Un seigneur ? Le qua-lificatif semble incongru ; il luiconvient pourtant.

Général Claude le Borgne (cr)

La Première Guerre mondialeen France et La Seconde Guerremondiale en France, Jean-NoëlGrandhomme, Ed. Ouest-France,2002/2004, 128 p., 15,90 !/ 1

En deux albums illustrés, lesEditions Ouest-France nous pré-sentent, sous la plume de l’histo-rien Jean-Noël Grandhomme,nos deux guerres mondiales, les-quelles, vues de notre observa-toire actuel, n’en font qu’une. Lapremière, « cataclysme inédit »,devait être, en raison de sa nou-veauté et de son horreur, la dernière des guerres. Le dérou-lement, imprévu, de quatre an-nées infernales le laissait encore,en 1918, espérer. Hélas ! Le dé-sastreux traité de Versaillescontenait en germe le deuxièmeacte. Celui-ci fut, pour la France,moins sanglant que le premiermais plus désordonné. Résis-tants et collabos, Français li-bres et libérateurs débarquésd’Afrique, voilà, pour la Francenouvelle, un douloureux accou-chement. Le bébé, devenuadulte, s’en ressent encore.

CLB

Jan Karski, le « roman» etl’histoire, Jean-Louis Panné, Pas-cal Galodé éditeurs, 2010, 186 p.,18 !

Nos lecteurs ont eu connais-sance de « l’affaire Karski » parnotre gazette n° 119 de mai der-nier. Nous y avons en effet ana-lysé deux romans mettant enscène ce résistant polonais qui,son pays sous occupation alle-mande, informa les alliés du sortque les nazis y faisaient aux juifs :Les sentinelles de Bruno Tessa-rech et Jan Karski de YannickHaenel. Nous avions loué le pre-mier, jugé honteux le second.Voici une nouvelle pièce au dos-sier. Jean-Louis Panné, qui a par-ticipé à la réédition des souvenirsde Karski en 2004, accuse à sontour Yannick Haenel de malhon-nêteté. La rencontre au cours delaquelle, le 28 juillet 1943, Karskiexpliqua à Roosevelt la situationde la Pologne martyrisée est icirelatée par un témoin de l’entre-tien. À vous de juger, sachant queles sentiments opposés qu’éprou-vent à l’égard du parti commu-niste les protagonistes du débatexpliquent la vigueur de la polé-mique.

Général Claude le Borgne (cr)

Haute tension, Collectif, Galli-mard, 2009, 142 p., 26 !

Au travers d’un reportage menépar un écrivain, un journaliste pho-tographe et un peintre, ce belalbum nous fait vivre, en texte et enimages, au sein du 27ème Bataillonde Chasseurs alpins, engagé poursix mois dans l’Est de l’Afghanis-tan. Cette zone montagneuseconvient à nos montagnards. Lecombat asymétrique qu’ils ont à ymener leur convient moins, mais àqui peut-il convenir ? Six mois pour« gagner les cœurs », ainsi qu’onleur recommande, c’est bien court.L’éditeur résume sans fard le di-lemme : vaincre est une gageure,partir est impossible. Nous voilàpropres ! Allons, ne pensons pas

trop et suivons, d’un cœur frater-nel, nos chers alpins en ce combatdouteux.

CLB

Carnets d’Ivoire. En opéra-tions au paroxysme de la criseivoirienne, François-Régis Jami-net, L’Harmattan, 2009, 142 p.,13,50 !

Parmi les engagements, nom-breux, de nos soldats hors de nosfrontières, celui de l’opération Licorne, en Côte d’Ivoire en novembre 2004, à la suite dubombardement du camp deBouaké et de la riposte qui y répondit, fut sans doute le plus risqué. Face à une foule déchaî-née, le drame a été évité. Miracle,dira-t-on ? Preuve, surtout, de l’ex-cellence de nos unités. François-Régis Jaminet y était, dans lesrangs du RICM. Il faut lire son livreavec attention, et pour deux rai-sons. La première est la vérité rap-portée sur des faits qui ont étésouvent commentés avec pas-sion. La seconde est que l’auteur yexprime un acte de foi en la jus-tesse de nos nouveaux combats :combattre la haine, combattresans haine, tout est dit. Petit regretque le général Bentégeat, en pré-face, fasse référence au présidentGbagbo. Ce dernier ne joue pasdans la même cour que l’auteur dece témoignage.

Général Claude le Borgne (cr)

Les Femmes algériennespendant la colonisation, DianeSambron, Riveneuve éditions,2009, 350 p., 24 !

Ce livre, capital pour ceux quis’intéressent à l’histoire de l’évolu-tion de la femme algérienne, est laréécriture de la thèse de doctoraten histoire soutenue par son au-teur Diane Sambron. Cette his-toire qui s’étend au long des centtrente-deux ans de la présencefrançaise en Algérie, se présenteglobalement en trois actes. Le pre-mier qui va jusqu’aux années1930 évoque les réformes suc-cessives du statut personnel audébut du XXème siècle marquéespar les mesures de protection dela femme dans la formation dumariage, la limitation de la répu-diation et le droit de divorce,l’amélioration de la capacité suc-cessorale. La deuxième qui s’at-taque à l’inégalité entre hommeset femmes et à la scolarisation desfilles s’étend jusqu’en 1958 avecla naissance de la Ière Répu-blique. La troisième, de 1958 à1962, connaîtra une intensificationdes droits de la femme algériennedans tous les domaines, en parti-culier le droit de vote des femmeset la scolarisation obligatoire desfilles. Signe emblématique decette évolution : la nomination deNafissa Sid Cara dans le premiergouvernement de la Vème Répu-blique, le 8 janvier 1959, commeSecrétaire d’Etat auprès du Pre-mier ministre. Parallèlement, lelivre rappelle, non sans intérêt,que des femmes musulmanes ontaussi apporté un concours non né-gligeable au FLN en participantactivement à la guerre d’indépen-dance. L’auteur estime à 11 000 lenombre de ces «moudjahidates»(combattantes). Les nouvelles au-torités de l’Algérie indépendantene leur en sauront pas gré parl’adoption, en 1984, du code de lafamille et, en 1990, du projet de

vote par procuration qui restrein-dront les droits de la femme algé-rienne. Les Femmes algériennespendant la colonisation peut êtreconsidéré comme une référencebienvenue pour tous ceux ettoutes celles qui s’intéressent àl’histoire de l’Algérie et… du fémi-nisme.

Bernard Lanot

Paroles de l’ombre, Jean-Pierre Guéno, Les Arènes, 2009,112 p., 34,80 !

On connaît la collection « Pa-roles de… », série de livres-objetspubliés par les Editions desArènes. Celui-ci rehausse encorela qualité de la série : c’est qu’ils’agit exclusivement de docu-ments authentiques, et inédits, re-produits avec soin et goût, photos,articles, lettres personnelles.Comme le titre le suggère, la pa-role est cette fois donnée aux ré-sistants de France. L’Histoire estlà quasiment en direct. L’émotionaussi.

CLB

Drôle de Marine. Fière Ma-rine, Etienne Devailly, Ed. Ouest-France, 2009, 128 p., 15,90 !

Amoureux de la mer et de« la Royale », nostalgiques de laBelle Epoque, jetez-vous surcet album: un délice ! EtienneDevailly, commissaire de la ma-rine et érudit, nous présentenotre flotte de 1880 à 1910.Mauvaise période, penserontles puristes, puisqu’elle vit lepassage de la voile superbe àla vapeur charbonneuse. Mais,le temps passant et le talent deGervèse aidant, le charmeopère à nouveau. Voici lesécoles (le Borda est encore enservice), la rude vie à bord, lecombat qu’on prépare, l’Outre-mer où l’on monte le pavillon,les drames aussi, toujours poi-gnants en mer. Un cadeau àfaire ? Vous le tenez.

CLB

Les Photographes de Mag-num sur le front de la 2ème

Guerre Mondiale, Collectif, Ed.Ouest France, 2009, 192 p., 30 !

Deux cents photos de guerreont été ici sélectionnées, parl’ancien rédacteur en chef deMagnum photos. Rémy Des-quesnes, historien de la Se-conde Guerre mondiale, lesprésente avec pertinence. Signed’excellence, on serait bien enpeine de choisir la meilleure. Dé-cidons-nous pourtant : Berlin,avril 1945, devant la porte deBrandebourg, un père traînantsa petite fille dans une invrai-semblable carriole ; près de luison fils, pieds nus et, dans son regard, toute la misère dumonde.

CLB

Médecin du contingent en Al-gérie (1959-1961), François Ber-ton, L’Harmattan, 2009, 154 p.,15,50 !

C’est à partir de notes, de sou-venirs et de lettres retrouvées quel’auteur nous livre son témoi-gnage de médecin du contingentaffecté en Algérie de 1959 à1961. Propulsé en fin d’étudesdans un monde inconnu et enguerre, il est bien accueilli par lacommunauté militaire et par la po-pulation locale. Peu militaire mais

profondément médecin, il estconfronté à des situations difficileset inattendues, parfois halluci-nantes, dans l’exercice de la mé-decine gratuite au profit de lapopulation et doit s’adapter à trou-ver des solutions avec des moyensprécaires. Le texte est émaillé dephotographies significatives, prisespar l’auteur aux multiples talents,qui tenait de surcroît, à la demandede son colonel, la fonction d’orga-niste lors des offices religieux dudimanche. L’ouvrage donne unaperçu des traditions et des cou-tumes familiales en Algérie à cetteépoque, et révèle l’état d’esprit desmédecins du contingent marquésde façon indélébile par leur richeexpérience de médecin de terrain,motivés et dévoués.

Valérie André

Aviateurs en guerre. Afriquedu Nord-Sahara. 1954–1962, Pa-trick-Charles Renaud, Grancher,2009, 380 p., 24 !

Ouvrage élaboré à partir de té-moignages et confidences de pi-lotes et navigants appartenant àl’armée de l’air, à l’aéronavale età l’ALAT dont l’intervention durantles combats en Algérie de 1954 à 1962 s’est rapidement avéréeindispensable pour épauler lesfantassins sur un territoire im-mense parsemé de djebels, degrottes, de forêts et de déserts.L’utilisation de l’hélicoptère quis’est largement développée aucours du conflit algérien a permisd’évacuer nombre de blessés desdeux camps. L’aviation dechasse à bord d’avions modernesou vétérans de la SecondeGuerre mondiale avait en charge,outre les missions d’appui ou derenseignements, la surveillancede l’espace aérien d’Afrique duNord, parfois violé par des appa-reils étrangers. Les aviateurs ontpayé un lourd tribut lors de cetteguerre, essuyant des tirs de plusen plus précis de la part des re-belles. Ce livre, très bien docu-menté, a nécessité plusieursannées de recherche pour retra-cer l’action de notre aviation dansle contexte politique et historiquede l’époque.

Valérie André

La «Saga» du transport aérienmilitaire français, Tome1: de Kol-wezi à Mazar-e-sharif… Tome 2 :de Port-au-Prince à Dumont-d’Ur-ville, Général Alain Bévillard, L’Es-prit du Livre, 2007, 418 p., 50 !

En deux tomes, l’auteur retracel’épopée de notre aviation militairede transport depuis les années1970 jusqu’à nos jours. Remar-quablement présenté et illustré,l’ouvrage met en évidence les mul-tiples facettes des missions dutransport aérien militaire, depuis laparticipation directe aux opéra-tions jusqu’au missions humani-taires et à celles relevant duservice public, en passant par lesoutien logistique des forces. Lefait que ce livre ait été préfacé, et par le Chef d’Etat-Major des Armées, et par les trois chefsd’Etat-Major d’Armée, met en évi-dence toute la dimension de cettecomposante aérienne mise enœuvre par l’Armée de l’Air.

Général Michel Forget (cr)

Souviens-toi du Djebel, Mau-rice Lançon, Riveneuve éditions,2009, 584 p., 25 !

6 AEC n° 120 - octobre 2010

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Les ouvrages de nos auteurs585 pages de souvenirs du Dje-

bel ! Encore, soupire-t-on, tenté dese détourner de ce nouveau récit dela guerre d’Algérie (1956-1958,entre les Babors, Biskra, les Aurès).On aurait tort, tous ces souvenirs-làsont de qualité. Qualité littéraired’abord, attendue certes d’un ancienPrincipal de collège. Mais aussiconnaissance précise des milieuxpénétrés, et des dialectes locauxsans la pratique desquels on reste àjamais « l’étranger ». Légèreté enfinde la composition et du style, dontles genres divers (souvenirs bruts,lettres, digressions de haut niveau,anecdotes) s’harmonisent, selon larevendication de l’auteur, en uneplaisante mosaïque. Nostalgie, biensûr. Amertume, non. Cette sérénitéest assez rare pour être soulignée.

CLB

Fait religieux et métiers desarmes, Collectif, La Documentationfrançaise, 2009, 174 p., 12 !

Ah ! Le beau sujet que celui-ci quicerne, avec une rare franchise, lesrapports de la religion et du métierdes armes. Beau sujet sans doute,mais aujourd’hui dangereux à traiter :en effet, si le sabre et le goupillon,comme le regrettait notre Républiquenaissante, ont toujours fait bon mé-nage, c’est aujourd’hui la stricte sé-paration des deux ordres à laquellenotre laïcité agressive nous conduit.Rendons hommage à l’EHESS pourle courage dont elle a fait preuve enorganisant ce colloque et en publiantles actes. Civils et militaires (parmices derniers, on relèvera les nomsdes généraux Bachelet et Irastorza)y mêlent leurs voix pour soulignerl’ambiguïté des grands concepts.Ainsi du sacré, susceptible du meil-leur comme du pire, ou de la guerrejuste, dont nos Croisades ont montréla pente dangereuse. Reste que soldat et religieux sont tous deuxclercs à leur manière et se doivent demériter leur clergie par le respect derègles contraignantes.

On notera - le fait est assez rarepour être souligné - une juste pré-sentation du droit islamique de laguerre, laquelle, étant véridique, neplaira sans doute pas aux thurifé-raires politiquement corrects de l’is-lam.

Général Claude le Borgne (cr)

Mémoires, Jo Golan, Riveneuveéditions, 2009, 340 p., 20 !

Le parcours de ce juif, né en1922 à Alexandrie, est prodigieux etvalait bien qu’il nous livre ses mé-moires. Qu’on en juge ! Après desétudes à Beyrouth et Damas, où ré-side son père, il maîtrise l’hébreu,l’arabe, le français et l’anglais. C’estun précieux capital. Guerre venue,il s’engage chez les Alliés et s’en vaguerroyer en Italie. En 45, change-ment radical, le voilà dans la Haga-nah, à lutter en Palestine contre lesAnglais. Après 8 ans de guerre oude clandestinité, le temps du sérieuxarrive : il est à Sciences Po, à Parisen 1948 et mènera ensuite une car-rière de diplomate, mais au bénéficedu Congrès juif mondial qui le char-gera de négocier l’envoi en Israëldes juifs de la Diaspora. Ainsi fera-t-il pour ceux du Liban, puis ceux duMaroc, enfin pour les quelque120 000 d’Algérie, ce qui n’alla passans mal. Dernière négociation : ob-tenir du Vatican un adoucissementdes dures paroles que contenaientencore, à propos des juifs, les Ecri-tures chrétiennes. Belle aventure !

CLB

Erich von Manstein, BenoîtLemay, Tempus, 2010, 768 p., 12!

« Souviens-toi de te méfier. »(Prosper Mérimée). Qui croire ? Quecroire ? Les deux faces de Mansteinpeuvent parfaitement « cohabiter ».Pour employer un terme consacré,un grand capitaine, face blanche ; un petit homme pour la face noire.L'auteur décrit parfaitement le mili-taire génial trouvant presque chaquefois la solution à des problèmescompliqués. Pensons à la cam-pagne de France (1940), à celle deCrimée (1941/1942), à l'après-Sta-lingrad (1943), à la bataille deKoursk (1943), l'auteur nous décritavec beaucoup de détails les ana-lyses de Manstein et ses décisions.Il nous décrit aussi les implicationsde Manstein directes ou indirectes(de son vrai nom von Lewinski) dansla liquidation à l'Est, des Juifs, des« bolchéviques » des partisans, et decertains Slaves. Peut-être BenoîtLemay insiste-t-il trop sur ce dernierpoint, arrivant à faire l'histoire (noire)de la Wehrmacht pendant la cam-pagne de Russie? Quoi qu'il en soit,l'ouvrage est remarquable et on apprend beaucoup sur les acteursdu drame. Pour terminer signalonsque von Manstein a été tiré de pri-son en 1953 (il y purgeait une peinede 18 ans) par les efforts conjuguésde Winston Churchill, Liddell Hartet... Konrad Adenauer ! De tellescautions ne blanchissent-elles pasvon Manstein? Les cartes sont tou-jours difficiles à lire mais il existe desloupes. Ne boudons pas notre plai-sir, quelque peu assombri, puisquece brillant militaire fut notre «bour-reau» en 1940.

M.R.

La Guerre d'Algérie. « Une ex-périence de vérité », Collectif, UNC([email protected]), 2010, 126 p.,10 ! + frais de port.

L'Union nationale des combat-tants a eu l'heureuse idée de prolon-ger l'exposition qu'elle a consacréeà la guerre d'Algérie par cette jolieplaquette. Voici, racontée et illustrée,l'histoire récente de ce beau pays,pays martyrisé : de l'Algérie de 1830à celle d'aujourd'hui et, entre lesdeux, la guerre. L'affreux début del'automne 1954, le développementd'une rébellion curieusement inat-tendue, la riposte de l'armée fran-çaise, ses succès de 1958-1959,succès rendus vains par la dé-marche politique aboutissant aux ac-cords d'Évian, le tort de nosnégociateurs ayant été d'ajouter foiaux promesses du FLN, le tableauest sombre, les cicatrices toujoursouvertes. L'UNC a pris le parti de lasérénité, qui n'est pas le plus facile,et s'y tient fort bien. Le livre se ter-mine sur un rappel de l'héritagelaissé là-bas par la France, rappelfort opportun par le temps qui court.L'avenir est-il plus clair ? Pas vrai-ment : la main, sans cesse tenduepar nos gouvernants, ne rencontreque le vide.

Général Claude le Borgne (cr)

Dans l’honneur et par la vic-toire, Les femmes Compagnon dela Libération, Guy Krivospissko,Christine Levisse-Trouzé, VladimirTrouplin, Tallandier, 2008, 96 p.,20!

Le 8 mars 2005 se tenait à l’Hôtelde Ville de Paris un colloque consa-cré aux femmes Compagnon de laLibération, sous la présidence du gé-néral de Boissieu. Ce livre en rendcompte. Six femmes ont reçu cette

distinction, la plus haute estime-t-ongénéralement, attribuée en Franceau titre de la Seconde Guerre mon-diale. Six femmes sur un millier decompagnons. Peu, beaucoup ? Onse gardera d’entrer dans une polé-mique devenue routinière et qui serait ici indécente. Le destin de ceshéroïnes parle de soi et rappelle quele courage n’est pas réservé auxmâles. On le savait bien et de longuedate. Trois de ces femmes toutes volontaires pour le combat ont étédéportées et l’une d’entre elles pen-due dans son camp. Une autre s’estsuicidée à Fresnes où elle avait étéjetée après une évasion. Voilà ! Silence !

CLB

L'exode, un drame oublié, Eric Allary, Perrin, 2010.

Un drame peut-être oublié par certains, mais pas par les Françaisvivant dans les années quarante.

Comment expliquer cette fuite in-sensée de millions de personnes,Belges, Luxembourgeois, Hollan-dais, Français, fuites de responsa-bles, de fonctionnaires, policiers,préfets, gendarmes. En six semainesla migration a couvert les routes,désorganisant les transports, le ravi-taillement, la vie du pays.

On a assisté à tous les comporte-ments possibles, lâcheté et veuleriedes uns, charité et serviabilité desautres. Eric Allary nous décrit les situations générales, nous rapportedes anecdotes. Son ouvrage estd'une extrême précision. Il faut noterquand même qu'une grande partiede la population est restée chez ellepréférant le risque du contact avecl'ennemi à celui de la fuite sur lesroutes.

L'auteur n'oublie pas de nous nar-rer le « retour » qui, s'il n'exposaitpas aux mêmes dangers que l'aller, comportait des complications et desrisques pour ceux qui étaient autori-sés à revenir.

Ouvrage très complet avec index, bibliographies, références, grandlivre d'histoire qui se lit comme unroman.

Lt.C. R.

Liban, Syrie, le mandat 1919-1940, Henri de Wailly, Perrin, 2010,23 !

Titre trompeur, puisque l'histoire débute en 1860, mais ouvrage remarquable. L'auteur nous met ensituation, décrivant les horriblesmassacres du XIXe siècle, et laguerre au Moyen-Orient contre laTurquie. Débute, après l'attributiondu mandat à la France, la lutte qua-siment constante des différentescommunautés contre nous, attiséespar l'Angleterre jusqu'à la fin dumandat.

Les accords signés pendant laGrande Guerre entre FrançoisGeorges Picot et Sir Mark Sykesavaient partagé les zones d'influencedu Moyen-Orient entre la France etl'Angleterre, cette dernière se réser-vant la part belle, en dehors du sou-tien qu'elle a plus ou moins apporté ànos adversaires.

L'auteur nous donne tous les dé-tails sur les difficultés que la Francedut affronter pendant près de vingtans dans cette région où plus de dixmille hommes de nos troupes du Le-vant perdirent la vie entre 1917 et1931 (Histoire des troupes du Le-vant, Charles de Gaulle, 1931). Unegrande quantité de noms célèbres ou qui le devinrent, y passèrent(Gouraud, Weygand, Sarrail, Game-lin, Catroux, Prételat, Huntziger, pour

ne citer que des militaires Français).Une grande quantité de combats furent des massacres perpétrés pardes nationalistes encouragés par leshésitations des divers gouverne-ments de l'époque.

Comble de la sottise, le 23 juin1939 pour acheter la neutralité de laTurquie dans le conflit avec l'Alle-magne, on donne à cette dernière lesandjak d'Alexandrette et la régiond'Antioche. La Syrie ne nous le par-donnera pas. Tout se terminera très mal puisque le Moyen-Orient sera en1941 le théâtre d'une guerre civileentre les troupes de la France Libreet celles de « Vichy », qui coûterontencore de nombreux morts à notrepays.

A signaler qu'Henri de Wailly avaitpublié en 2006 «Syrie 1941, laguerre occultée, vichystes contregaullistes». Deux livres à recom-mander particulièrement.

Michel Regnier.

Le Payeur adjoint et la coursedu trésor. Sur les lieux de laguerre de mon père, Louis Haché-relle et Bernard Baritaud, Le Bret-teur, 2010, 96,15 !

Louis Hachérelle et Bernard Bar-taud, deux auteurs composent unlivre en s’inspirant d’un précédentouvrage paru en 2005, le « Journalde marche du payeur adjoint Bari-taud ». Ce livre fut construit à partirde notes écrites par le père de l’au-teur, Gaston Baritaud, durant la pé-riode du 5 septembre 1939 au 15juillet 1940 au cours de laquelle ildut sauvegarder avec courage etobstination les fonds qui lui avaientété confiés. Louis Hachérelle rap-pelle les jours les plus durs du moisde mai 1940 et l’armistice du 22juin. Bernard Baritaud a suivi ré-cemment, « en pèlerin », les tracesde son père pour retrouver l’am-biance de guerre et son environne-ment. Il laisse sa sensibilité et sesémotions s’exprimer, il transcrit sesréflexions.

R.A.

Nouvelle histoire du PremierEmpire, (IVe volume), Thierry Lentz,Fayard.

Après Thiers, Madelin, et de nom-breux autres que nous ne pouvonsciter- qu'ils nous pardonnent - ThierryLentz bénéficiant des dernières publications, correspondances etmémoires concernant la période, aécrit une nouvelle histoire du PremierEmpire, qui fera date. Abandonnantle plan classique de la plupart de sesprédécesseurs, il a su construire unehistoire objective de la période, ins-truisant « à charge et à décharge »avec tous les détails, mais pas trop,nous renvoyant par de nombreusesnotes (en bas de page, merci) à desréférences précises, nous indiquantpar là même le sérieux de son travailet des pistes à exploiter. Index,sources, bibliographies, cartes, rienne manque à cette somme que tout" honnête homme " devrait avoir danssa bibliothèque.

Michel Regnier.Tome I : Napoléon et la conquête

de l'Europe (1804-1810)Tome II : L'effondrement du sys-

tème napoléonien (1810-1814)Tome III : La France et l'Europe

de Napoléon (1804-1814)Tome IV : Les Cent Jours (1815)

Georg Elser et l’attentat du 8novembre 1939 contre Hitler, Di-dier Chauvet, L’Harmattan, 2009,138 p., 13,50 !

Ouvrage intéressant à plusieurstitres qui est, aussi, indispensablepour comprendre une époque et lasituation de l’Etat allemand. Il étaitnécessaire de rendre hommage àun homme qui est allé jusqu’au boutde ses idées et de tracer ainsimême sommairement - mais sansoubli – l’état dans lequel se trouvaitla nation allemande au moment del’accession d’Hitler au pouvoir. L’au-teur dresse un portrait précis de lasituation politique et sociale dans la-quelle se débattait l’Allemagne aumilieu d’une crise mondiale et aprèsune défaite militaire, dans unmonde en changement. Ce « coupde projecteur » sur un homme qui,parmi d’autres qui échouèrent aussidans leurs tentatives d’abattre unchef d’État, fait la part belle auxmystères du destin.

C. Lafaye

Lettres à mon Empereur, Chan-tal Joguet, Éd. Baudelaire, 2009, 394p., 23 !

L’ancêtre de Chantal Joguet auraitservi 46 ans dans la Garde Impérialede Napoléon Bonaparte. Son nom :Jentel, grenadier. Il voulait distrairel’Empereur, déporté à Sainte-Hélèneen lui rappelant la période glorieusede l’Empire. Il écrivit une quarantainede lettres, jamais expédiées. Ces témoignages, repris par l’auteure quis’est beaucoup documentée, com-posent ce livre où ne figure pas unephotocopie de lettre. Elle y exalte,avec sa grande sensibilité, la passionet l’amour pour l’Empereur, sonconquérant et organisateur depuisqu’il délivra la France.

R.A.

Les Faubourgs d’Armentières,Alain Demouzon, Fayard, 2010, 332p., 19,90 !

« Papa raconte ! ». Ainsi aurait puêtre intitulé ce livre, si son auteurn’avait pas choisi un autre titre pluslittéraire. C’est en effet la guerre(courte) et la captivité (longue) dupère qu’Alain Denouzan nous ra-conte, fort des conversations fami-liales, de quelques documentsretrouvés, de recherches érudites et d’un talent affirmé de conteur.L’auteur, en effet, est un romancierprolixe et apprécié : il a publié plusd’une cinquantaine d’ouvrages.Celui-ci est catalogué récit. Il a la saveur d’un roman.

CLB

Le réveil des morts, Roland Dor-gelès, Le trotteur ailé, 2010.

Un roman d'amour sert de trameà ce témoignage. Une femme mariéea un amant. Son mari est tué auChemin des Dames pendant laGrande Guerre. L'amant épouse la veuve, sa maîtresse, mais les souvenirs briseront cette union. Avec beaucoup de sensibilité, Ro-land Dorgelès nous décrit cette pas-sion. Parallèlement il narre l'histoirede la reconstruction des régions dévastées, avec ses aigrefins, sesvoleurs, trafiquant des terrains, desdommages de guerre, exploitantsans vergogne les pauvres réfugiésrevenus camper à travers les ruinesde leurs anciennes propriétés démo-lies. La liaison est parfaite entre leroman et le témoignage. La rééditionde cet ouvrage nous rappelle que,président de l'Académie Goncourt,Roland Dorgelès avait d'autrescordes à son arc que les immortelleset inoubliables Croix de Bois.

M.R.

7AEC n° 120 - octobre 2010

Page 8: L’Écrivain Tous à l’AML ADIEU BRUNO Combattantlesecrivainscombattants.org/pdf/Gazettes/AEC120.pdf · n’empêche que les médias et les spectateurs en parlent comme d’un

Les ouvrages de nos auteursDe Gaulle. Portrait en douze

tableaux d’Histoire de France, Raphaël Dargent, Éd. Jean-PaulBayol, 2009, 426 p., 29 !

L’auteur revendique ce dontbeaucoup se défendraient : sonlivre fait œuvre d’édification. Par lesyeux de de Gaulle, l’histoire deFrance défile, en plus de 400pages, fort originales et fort bien ve-nues en ces temps où la simpleévocation de l’identité nationalesoulève des tempêtes. Beaucoupd’auteurs se sont évertués à péné-trer l’intimité de notre grandhomme. C’est peine perdue : laFrance et son histoire habitaienttout son être, ne laissant pas deplace pour les petitesses de l’indi-vidu. Douze tableaux - pris au senspropre - représentent les figures de notre France, dont le Général se voulait l’héritier. Vercingétorix,voici la résistance, Clovis, voici la foi, Louis XI, le réalisme, Richelieu,l’autorité, Gambetta, la puissance du verbe, Clemenceau enfin, pa-rangon de ce qui est la premièrevertu gaullienne, le caractère.Douze modèles donc (on en a icipassé) auxquels de Gaulle se ré-fère avec une franchise hautaineque notre siècle correct nous faitbien regretter : « Mon pays est unpays chrétien et je commence àconter l’histoire de France à partirde l’accession d’un roi chrétien ».

Général Claude le Borgne (cr)

Leclerc, Jean-Christophe Notin,Éditions Tempus.

Perrin réédite dans la collectionTempus le Leclerc publié en 2005par Jean-Christophe Notin. Il nes'agit pas d'une hagiographie, lehéros étant présenté avec ses qualités et ses défauts. On peutmême écrire que son principal défaut est ce qui fait sa qualité pro-fessionnelle. Excessive rigueur, intolérance, impatience, justice impitoyable font que Leclerc est Leclerc. Des détails intéressantsquant à son action peu connue enIndochine et ses démêlés avecl'amiral Thierry d'Argenlieu. Enfinl'enquête sur l'accident qui lui acoûté la vie est d'une incroyableprécision. En résumé un très grandlivre sur un très grand Français.

MR

Les sous-marins de la Se-conde Guerre mondiale, JeanMoulin, Marines Editions, 2010, 96p., 20 !

Expert des flottes de combat,Jean Moulin nous offre deux mo-dèles de son érudition et de son ta-lent. Le premier nous présente leMaillé-Brézé, escorteur d’escadrequi jouit maintenant d’un repos bienmérité au cœur de la ville deNantes, ce qui lui permet, dernièremission, de recevoir à son bordjeunes et vieux désireux de s’ins-truire des choses de la mer.

Le second ouvrage est plus am-bitieux, qui traite des sous-marinsde la Seconde Guerre mondiale.On nous en montre 44, qui sont al-lemands, anglais, français, italiens,soviétiques, japonais, américains,polonais même. Tous fauves desmers. Mais redoutables et sour-nois, ils sont eux-mêmes traqués :sur les quelques 2 400 unités en-gagées, 1 500 ont été détruites.

CLB

Barack Obama, Emmanuel Ga-liéro, Éd. Alphée, 2009, 188p.,14,95 !

Emmanuel Galiéro est ungrand reporter. Il est dans sonrôle en présentant ici les princi-paux discours de BarackObama, lequel s’est révélé maî-tre en art oratoire. Retenons troisgrands moments groupés :Prague, 6 avril 2009, c’est laperspective d’un monde débar-rassé de l’arme nucléaire ;Le Caire, 4 juin 2009, les musul-mans sont clairement invités àse fondre dans un humanismeacceptable par tous ; tribune del’ONU, 23 septembre 2009, voicile discours de l’espoir. Sansdoute l’Obamania européenne etl’attribution prématurée du prixNobel de la paix n’ont-elles passervi le Président. Bah ! Lui-même est plein d’un optimisme… bien américain : « Nous dompterons le soleil, levent et le sol ». Bon courage enLouisiane, Monsieur le Prési-dent.

CLB

Le 4ème front d’Adolf Hitler.1933-1944, Richard Seller, Jé-rôme do Bentzinguer Éd., 2009,206 p., 25,50 !

Cinquième colonne, quatrièmefront? L’assimilation sera vitefaite, et l’auteur en convient enconclusion. Pourtant si le conceptde la 5ème colonne est une créa-tion d’un général franquiste durantla guerre civile d’Espagne, le4ème front, selon Hitler, est l’œu-vre patiente, large et souterraine,devant faciliter la mainmise du régime nazi sur l’ensemble euro-péen. L’action du 4ème front sera,bien sûr, psychologique, maisaussi politique et économique.Très active dans les pays satel-lites du Reich, en Europe du Cen-tre et du Nord, elle l’est aussi enFrance. L’auteur a consacré 20ans d’études universitaires à sonsujet. Il sait de quoi il parle.

CLB

Les Larmes de la rue des Rosiers, Alain Vincenot, Éd desSyrtes, 2010, 288 p., 20 !

Le titre est bien venu ; il y a icide quoi pleurer, du moins de quoiavoir le cœur serré. Ce n’est pasde l’attentat fameux d’août 1982ni de la provocation des Noirs dela tribu Ka en 2006 qu’il s’agit,mais de tout un quartier du 4ème

arrondissement : non point ghettoexactement, mais cela y ressem-ble, et depuis notre Moyen-Âge.Ses habitants en ont vu de rudesen leur longue histoire, mais leplus rude, sans doute, restait àvenir. C’est sous l’occupation al-lemande que se situent la ving-taine de tragédies ici relatées.Elie Wiesel, qui préface l’ou-vrage, y a des souvenirs person-nels : il a habité le quartier de1949 à 1951.

CLB

Une Guerre de 35 ans. Indo-chine-Vietnam 1940-1975, Ray-mond Toinet, Lavauzelle, 1998,544 p., 23 !

L’éditeur, pensera-t-on, nemanque pas de culot, présentantce gros livre comme le premier àoffrir une approche globale duconflit d’Indochine. Eh bien, il n’apas tort car la fresque ici brosséeva des origines lointaines au Viet-nam actuel. Se dévoilent donc,sous les yeux du lecteur, la gesta-tion de ce que nous appelions,

non sans raison, l’Indochine, la colonisation française et son diffi-cile établissement, la situation tra-gique de la colonie coupée dès1940 de sa métropole, la guerredes Français face au Viêt-minh.Puis, nous partis, l’affrontementNord-Sud, la guerre américaine, laréunification, enfin, de la pénin-sule. Cette revue est si complètequ’on ne saurait trop s’attrister :nous avons tenu notre rôle danscette longue pièce ; ce ne fut quepour un acte, somme toute assezbref.

CLB

La Guerre totale, Erich Luden-dorff, Perrin, 2010, 286 p., 16 !

Rééditer l’œuvre majeure deLudendorff, voilà une drôled’idée, tant le concept de guerretotale paraît aujourd’hui sansavenir. Allons ! Il n’est pas mau-vais de se remémorer où peutmener, en matière de guerre,l’abandon à une logique pares-seuse : on ne sait jamais… Petitlivre au demeurant, très clair, etprécédé ici d’une sérieuse et ex-cellente préface de BenoîtLemay, familier de quelques généraux allemands plus modernes. Ludendorff contreClausewitz ? Sans doute, en ceque le premier inverse la propo-sition majeure du second, don-nant au militaire le pas sur lapolitique, dans la guerre certes,mais aussi dans la paix, dès lorsque la guerre paraît inéluctable.On sait que l’œuvre du maîtreprussien – Clausewitz – est fortambiguë et on ne saurait exoné-rer celui-ci du mauvais usagequ’on a souvent fait de son en-seignement. Ainsi le mépris qu’ilaffiche pour les « guerres de ca-binet » est-il repris par Luden-dorff, partisan du contraire, « laguerre totale ». Quoi qu’il en soit,exit Clausewtiz entre les deuxguerres, vive Ludendorff, la na-tion en guerre, les civils pourcible en tant que de besoin et leBlitz Krieg dont nous, Français,furent les premières victimes.Petit mystère qui subsiste : Lu-dendorff vit d’un très mauvais œill’accession de Hitler au pouvoir.Allez comprendre !

Général Claude le Borgne (cr)

Pages choisies de Résis-tance, Jean Abonnenc, Thélès,2009, 670 p., 26 !

Le titre est trop modeste : cespages choisies, abondantes, sontplus qu’un témoignage, une véri-table histoire de la Résistance, etfort bien ordonnée. La situation dedépart est rappelée, d’où tout varésulter : défaite de nos armées,rupture de Gaulle – Pétain et, toutbonnement, l’Occupation. Voici lesinitiateurs et les chantres, Astierde la Vigerie, Aragon, Jean Mou-lin ; les réseaux et leurs anima-teurs, «Passy» ou «Rémy», et leréseau même dont l’auteur faitpartie ; leurs activités qui s’embal-lent avec les débarquements alliés ; la Libération enfin, joie etvengeance. Suivent des considé-rations sur l’après-guerre, l’Europede Yalta, en France le terriblePCF, le sort de notre armée. On levoit, tout y est !

CLB

Pages d’un carnet de vol, Hu-bert de Boisboissel, Mémoiresd’homme, 2004, 268 p., 25 !

Carnet de vol ? En fait, les mémoires d’un officier, para et«colonial », de 1945 à1962 : période bonne ou mauvaise, c’estau choix, en tout cas fort active.La guerre (mondiale) prend notrehomme en Indochine, où il s’en-gagera. Rentré en France en1946, il repart pour la Cochin-chine l’année suivante, avec le5ème GCCP. Finie l’Indo, voicil’Afrique, Dakar et le 4ème BCCP,qui sautera à Suez en 56. Inter-mède algérien. AOF à nouveauen 1957 et une expérienceunique : la formation des premiersparachutistes mauritaniens,soit… des bédouins sous la cou-pole. Ceux-là, avec Boiboissel,feront leurs premières armes àEcouvillon, opération franco-espagnole peu connue mais fortoriginale. Algérie encore, dans ladouleur (le putsch de 1961), dansla gloire aussi (Bizerte). Avis auxamateurs : on trouve reproduite àla page 97 une pièce majeure du répertoire colonial : « ceux qui...».Hélas, je n’y ai pas retrouvé lecouplet que je tenais pour le meil-leur : Ceux qui n’osent pas crier« mort aux cons ! » de peur de seretrouver déambulant sur les di-guettes de la vie éternelle.

Général Claude le Borgne (cr)

Exode. De l’Espagne fran-quiste aux camps français(1939-1940), Remei Oliva, L’Har-mattan, 2010, 158 p., 15,50 !

Voici un témoignage tout sim-ple, celui d’une femme perduedans la petite foule d’Espagnolsfuyant le franquisme et réfugiésdans le Sud de la France en 1939.

Accueil sommaire, c’est lemoins qu’on puisse dire, notam-ment en ce camp improvisé detoutes pièces à Argelès… sur mer.Vu aujourd’hui, cela paraît impos-sible. Certes ! dit l’auteure, maisquoi, on était jeune !

CLB

L’Autre guerre d’Algérie,Claude Hary, A.C.A., 2005, 282 p.,25 !

Du drame qu’a constitué, pourl’armée française, la conclusion dela guerre d’Algérie, les premiers àsouffrir furent, incontestablement,les membres des SAS, « SectionsAdministratives Spécialisées ».Ceux-là en effet, héritiers de leursanciens des « Bureaux Arabes »,étaient appliqués, à grands effortset grands risques, à administrersans doute, mais plus encore àaider et élever la population au-tochtone dont on les avait faitsresponsables. La tâche était exal-tante, ils s’y donnèrent à plein, etavec grand succès, jusqu’en1958. Après quoi, dit l’auteur, lesSAS ne furent plus qu’alibi avantd’être, tout bonnement, sacrifiéesdans la marche vers l’indépen-dance. Claude Hary s’efforce à lasérénité. Mais c’est, même aprèstout ce temps passé, trop deman-der : le sort affreux fait à nos auxi-liaires continue de hanter leurs anciens chefs ; que les harkis etmoghaznis aient été abusés eux-mêmes par les promesses des militants du FLN est une trop pe-tite consolation.

CLB

Les Goumiers marocainsdans la bataille (1948-1954).Tonkin et RC 4, Daniel Sornat,L’Esprit du livre, 2009, 258 p.,22 !

Daniel Sornat, ancien officier inti-mement lié au Maroc, fait ici œuvrepie. Si la geste des Tabors marocainsdurant la campagne d’Italie est juste-ment célébrée, leurs combats d’Indo-chine sont peu connus. Sept Tabors yont pourtant été engagés, et dure-ment. En septembre 1950, trois d’en-tre eux ont été sacrifiés sur la RC4.Hommage leur est ici rendu, en parti-culier en réaction au livre de LucienBodard, L’Humiliation, où Daniel Sornat relève de scandaleusesinexactitudes.

CLB

Les Sous-marins français1945-2000, Claude Huan et JeanMoulin, Marines Editions, 2010, 118p., 32,50 !

Le Capitaine de vaisseauHuan, de l’Académie de marine,et Jean Moulin, historien naval, sesont associés pour nous présen-ter les sous-marins de notre flotte,après la Seconde Guerre mon-diale. Le chemin est jalonné :1945, tout est à reconstruire ;1962, le programme Cœlacanthelance la réalisation de notre ForceOcéanique Stratégique, queconstituent, pour l’essentiel, nossous-marins nucléaires lanceursd’engins. Ces curieux navires, onle sait, portent dans leurs flancsun morceau de la mort du monde.On n’y pense guère. Cela vautpeut-être mieux.

CLB

L’Art de la défaite. 1940-1944,Laurence Bertrand-Dorleac, Seuil,2010, 490 p., 26 !

La vie artistique française sousl’Occupation, voilà le sujet de celivre érudit, que son beau titre nedévoile pas. En ces temps affreux,la vie continue et l’art ne meurt pasnon plus. De 1940 à 1944, lemonde des artistes se partageraclassiquement entre ceux qui ré-pondirent aux avances de l’occu-pant, ceux qui, tel Picasso, sont misau ban, ceux qui s’exilent, ceuxdont le talent se nourrit de leursfrustrations. Ce petit monde est àl’image du grand : on a peur, on faitle dos rond, on résiste, on espère.Fallait-il rééditer ce livre, paru en1993 ? L’auteure s’en explique :déçue par la méconnaissance cou-pable de cette période tragique, intéressée par le progrès de la recherche moderne, elle pense quece qu’elle a écrit conserve toute sapertinence.

CLB

Le Roman de Belgrade, Jean-Christophe Buisson, Éd. du Rocher,2010, 258 p., 19,90 !

Belgrade, la ville blanche, valaitbien un « roman », genre histo-rico-littéraire qui nourrit la collection dirigée par Vladimir Fedorovski. Au moment même où nous écrivons, Jean-Chris-tophe Buisson reçoit, dans la capitale serbe même, le prix de laFondation Karic. C’est dire que lespremiers intéressés ont jugé lelivre à leur goût. Apparaissant offi-ciellement en 878, la ville nais-sante était bien mal placée.L’histoire l’a ballotée entre lesdeux empires, celui des Has-bourg, celui des Ottomans, proieet rempart pour l’un et l’autre.Entre les religions aussi, Islam etChrétienté mais encore, au seinde celle-ci, catholiques et ortho-doxes. L’Islam, voisin ou maître,fut le plus rude. L’histoire de la

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Les ouvrages de nos auteursville est si tumultueuse qu’onpeine à en suivre la chronologie.Simplifiant abusivement, on la voitSerbe jusqu’au XVème siècle, Ot-tomane jusqu’en 1788, libre en-suite mais jetée dans les guerresbalkaniques, servant de prétexte àla Première Guerre mondiale, li-bérée du joug nazi, après la Se-conde, pour tomber sous celui ducommunisme titiste, compromiseenfin avec Milosevic, dont elle selibérera en 2000, non sans déchi-rements. Alors, enfin tranquilledans le giron de l’Europe nouvelle? Cela reste un espoir. Bien parti,il est vrai.

Général Claude le Borgne (cr)

Charles Duperré, Vice-Amiral,Jean-Pierre Fontaine, Élzevir,2009, 190 p., 17,90 !

Une belle carrière, à faire rêverles marins d’aujourd’hui : dix-neufembarquements, campagnes enMer Noire, en Baltique, en mer deChine, 3 fois préfet maritime, à Lorient, Cherbourg et Toulon, Commandant enfin de l’Escadre de la Méditerranée et du Levant.L’affaire n’était pourtant pas gagnée, puisque sa carrière fut dramatiquement marquée par lepassage du Second Empire à laIIIème République.

Le malheureux, en 1870, étaitmal placé : aide de camp du prince Impérial, qu’il crut de son devoird’escorter en Angleterre. De méchantes gens lui imputèrentcette conduite à trahison ; l’Assem-blée Nationale le blanchit, ouf ! Terminant sa carrière Vice-amiralen 1897, Charles Duperré eut uneretraite active : il fut président denotre Société nationale de sauve-tage en mer.

CLB

Comprendre l’Algérie. De Massinissa à nos jours, Jean-Marie Lentz, Éd. de l’Officine(ou chez l’auteur), 2009, 238 p., 24 !

Jean-Marie Lentz nous offre unepetite histoire de l’Algérie, pays qu’ilnous invite à « comprendre »… ce quisuppose que nous ne l’avons pas en-core compris. Il est vrai que ce payset son histoire ne sont pas simples.Le tableau qu’en brosse l’auteur estcomplet, puisqu’il va de Massinissaà… Bouteflika. De ce vaste ensem-ble, la « guerre d’Algérie », objet denos regrets, de nos peines et de nosdéchirements, occupe moins de lamoitié. Elle est traitée avec une ob-jectivité méritoire. La même sérénitéinspire le dernier chapitre, consacré àl’Algérie d’aujourd’hui. Serein là-des-sus, l’auteur… mais pas franchementoptimiste.

CLB

Forces noires des puissancescoloniales européennes, AntoineChampeaux, Lavauzelle, 2009, 344p., 27 !

Ce livre réunit les actes du colloque qui, à Metz en 2007, amarqué le 150ème anniversaire de la création, par Napoléon III, de la première unité de « tirailleurssénégalais». Mais c’est ici nonseulement de la « force noire»chère à Mangin que l’on parle,mais de toutes les troupes « indi-gènes» d’Allemagne, d’Angle-terre, des Pays-Bas, de Belgique,d’Italie, du Portugal… et mêmed’Amérique où, l’on s’en doute, lestatut des Noirs enrôlés a été fortchangeant. On remarquera deux

entrées originales : les prison-niers de guerre africains en Alle-magne et les tirailleurs vus parles femmes africaines.

CLB

Par les portes du Nord. La libération de Toulon et Marseille en 1944, François de Linares, Nouvelles Editions Latines, 2005, 428 p., 28 !

François de Linares dédie sonouvrage à la mémoire de son père,figure éminente de la fin de notreguerre d’Indochine et héros de laSeconde Guerre mondiale. Ce nesont pourtant pas les campagnesdu père qui sont ici racontées, bienqu’il ait, à la tête du 3ème Régimentde Tirailleurs algériens puis de la2ème Division d’Infanterie maro-caine, participé à la bataille ici re-latée : la libération de Toulon et deMarseille en 1944. Très documen-tée, cette chronique de guerre estalertement écrite, judicieusementpartagée en courts paragraphes,égayée d’anecdotes en sorte queses 430 pages paraissent légères.Un livre érudit et plaisant, qui ditmieux ?

Général Claude le Borgne (cr)

Terrorisme. Gagner la 3ème

guerre mondiale, Jean Bévalet,L’Esprit du livre, 2009, 336 p., 20 !

Jean Bévalet, spécialiste des« risques majeurs», traite ici del’un d’eux : le terrorisme, que tous,désormais, considèrent en effetcomme tel. De là à s’en faire lesocle d’une «3ème guerre mon-diale», c’est un peu vite dit et l’onconsidère qu’il s’agit là d’une an-nonce accrocheuse. L’auteur, mo-destement, se contente d’uninventaire, utile et complet : deslieux où le terrorisme prospère, deceux où il sévit, des hommes etdes groupes qui en sont les ac-teurs, des parades techniques quelui opposent les démocraties. M.Bévalet se refuse à entrer dans ledébat politique et culturel où, pour-tant, se situe le nœud du pro-blème. Il se tient à son niveau.C’est une garantie de véracité.

CLB

Les Hohenzollern. La dynas-tie qui a fait l’Allemagne, HenryBogdan, Perrin, 2010, 408 p., 25 !

Il s’agit là de ce qui pourraitapparaître comme un romanpassionnant alors que ce livreest bien l’histoire réelle d’une famille extraordinaire, partie depeu il y a des siècles pour faire,après l’acquisition du duché dePrusse au début du XVIIème siècle, ce qui sera un jour l’Alle-magne, riche, puissante etconquérante, victorieuse de laFrance en 1871 et plus tard,malgré la défaite de 1918, l’unedes grandes puissances écono-miques du monde.

Amiral Alain Denis

Le 13 mai du Général Salan,Jacques Valette, L’Esprit du Livre,2008, 144 p., 18 !

Document pour l’histoire,telle est l’ambition de ce petitlivre. Jacques Valette est digned’attention : agrégé de l’Univer-sité, il est historien et appliquesa compétence à la colonisationet à sa triste fin, triste d’aborden Algérie. Le livre est exacte-ment ciblé sur le 13 mai 1958,dont on connaît les suites et où

le général Salan, commandantsupérieur à Alger, était en pre-mière ligne. Le chapitre centraldu livre l’annonce sans fard :Salan et De Gaulle (notez le Dmajuscule, incorrect et révéla-teur). On n’espérera pas voir to-talement éclairci, en unecentaine de pages, un épisodeaussi troublé et d’aussi grandeconséquence. On y trouvera deprécieux éléments… d’appré-ciation.

CLB

L’Étoile et la croix, RolandGaillon, L’Harmattan, 2010,202p., 19 !

Une jolie histoire ? Sansdoute mais débutant en enfer.Les parents juifs du narrateurconfient leurs deux enfants à un« oncle » bien sous tous rap-ports. La mise à l’abri est oppor-tune, puisque les parents sontaussitôt déportés et qu’on ne lesreverra plus. L’enfant juif reçoit,précaution nécessaire, une édu-cation catholique. Imposéed’abord, la pratique engendrerala foi et, celle-ci approfondie, lemilitantisme chrétien du méde-cin que le conteur est devenu.Belle vie, bel hommage, beaulivre !

CLB

Le Général Saint-Hillier. DeBir Hakeim au putsch d'Alger,Jean-Christophe Notin, Perrin,2009, 372 p., 24 !

Cet ouvrage est plus que lasimple biographie d'un person-nage, moins connu qu'un géné-ral Leclerc ou un maréchal deLattre de Tassigny, mais qui fut,pourtant, de tous les combatsauprès du général de Gaulle.C'est un véritable outil pédago-gique pour les enseignants enhistoire. La vie, les actions, ledévouement, l'obéissance, l'ab-négation, la parole donnée pourservir la France là où elle l'en-voie, sont les valeurs qui font dugénéral Saint-Hillier le chevalierBayard des temps modernes. Ilfut de ceux qui eurent une cer-taine idée de la France. Le stylesimple et clair utilisé par l'auteurrend la lecture très plaisante.Les lecteurs apprécieront cerécit très documenté qui apporteun éclairage complémentairesur la France libre. Mais je souhaiterais qu'il soit lu dans de nombreux établissementsscolaires pour que cet exemplede vie donnée à la Patrie ne soitpas oublié.

À lire et à faire lire, surtout dansles terminales.

Gérard Brett

Le Sacrifice du soldat, Collec-tif, CNRS Editions et ECPA

Le CNRS, dans sa collection rudement nommée « corps », etl’ECPA, dont on connaît les tré-sors iconographiques, se sont alliés pour parler du sacrifice du soldat, entreprise pour la-quelle il fallait… du courage.Aussi bien 40 auteurs y ont-ilsparticipé. Certes le sacrifice dusoldat est, en France, plus célé-bré que la victoire et c’est lui quipermet d’accepter cet impossiblemétier. Le plan du livre n’est pasbien clair, en une première partieplus historique, une deuxièmeplus charnelle, une troisième plussymbolique. Mais le partage de

nombreux et courts chapitrespermet à chacun de trouver, dansce martyrologe, ce qui luiconvient. Ainsi avons-nous per-sonnellement retenu le chapitreconsacré au « zéro mort », qui faitpendant à celui que Michel Goyaa écrit sur les attentats suicidessous le titre très intello « l’islami-kaze comme anticorps », et celuioù le Général Le Pichon traite dusacrifice de nos « indigènes »,scandale pour les uns, admirableréussite pour les autres. Presqueà la fin du livre Serge Barcellinipose une très indiscrète ques-tion : « mourir pour quelleFrance ? » : la question est,hélas, d’une brûlante actualité.

Général Claude le Borgne (cr)

Afghanistan. Les victoiresoubliées de l’Armée rouge, Mé-riadec Raffray, Économica, 2010,126 p., 19 !

Le livre de Mériadec Raffrayest le fruit d’une étude que celui-ci a menée pour le compte duCentre de doctrine d’emploi desforces (sic), sur la campagne del’Armée rouge en Afghanistan,de 1979 à1989. Le sous-titre, ac-crocheur à souhait, nous pousseà découvrir ce qu’il cache. « Lesvictoires oubliées de l’Arméerouge ». Fichtre ! C’est plutôtd’une fameuse culotte que l’onse souvient. Mais la « culotte »n’est pas militaire, elle est poli-tique, les anciens d’Algérieconnaissent cela. C’est au planstrictement militaire que Raffrayse place, examinant à la loupe leretournement de l’armée sovié-tique, partie en 1979 la fleur aufusil et brutalement confrontée àun ennemi que la puissancetechnique n’impressionne pas.La victoire annoncée par l’auteurest le résultat de l’adaptation re-marquable des militaires à leurennemi, adaptation comparableà celle de leurs successeurs…américains. Ceci dit, si on a l’au-dace de s’élever – abandonnantnotre auteur – au niveau supé-rieur de l’action, le résultat n’estpas encourageant. Certes, le ré-gime marxiste Afghan s’est main-tenu trois ans après le retraitsoviétique. Mais le bilan de laguerre perdue est effroyable : enURSS, 26 000 morts et 53.000blessés ; en Afghanistan, sur 17millions d’habitants, 1 million demorts, 1,5 million déplacés, 5 mil-lions expatriés. Tout cela, préci-sera le pessimiste, pour unrésultat nul : en 1992, le chaoss’installe. L’optimiste rappelleraque de cette catastrophe nousavons tiré enseignement et quenous sommes en passe de maî-triser le chaos. Qu’Allah, et sesserviteurs, l’entendent !

Cet ouvrage a été couronné, le23 juillet, du Prix des Cadets, dé-cerné, et pour la première fois, parles élèves des Écoles de Coëtqui-dan.

Général Claude le Borgne (cr)

Berlin1700-1929. Sociabilitéset espace urbain, Gérard Laudin,L’Harmattan, 2010, 272 p., 25 !

Le livre réunit les actes d’unejournée d’études organisée en2005 à l’Université Paris X-Nan-terre. Ouvrage savant qui re-groupe onze articles oucommunications. C’est dire quele Berlin dont on retrace l’histoireest vu à travers, si l’on ose dire,des lunettes culturelles. L’histoire

n’en est pas moins édifiante. Nais-sance d’abord, voulue par les Ho-henzollern qui font, de leurrésidence princière, une ville. Dé-veloppement ensuite, auquel pren-nent une large part des huguenots,l’intelligentsia juive et, contributionqui sent son modernisme, la« communauté » homosexuelle. Letriomphe berlinois, enfin, s’arrêteen 1929, date opportune au seuilde la catastrophe.

CLB

D’une guerre à l’autre… Combats de femmes, Marie Ga-tard et Fabienne Mercier-Bernadet,L’Esprit du Livre, 2009, 334 p., 30 !

Deux femmes parlent descombattantes. L’une est journa-liste et liée aux Services Spé-ciaux, l’autre historienne,auditrice de l’IHEDN, éditrice. Decette alliance résulte un beaulivre-album, qui met en pleine lu-mières les « oubliées » de laguerre. Voici, dans les deuxguerres mondiales, les femmesau travail, à l’usine ou au champ.Les voici, dans la seconde, résistantes, espionnes aussi etparmi elles Joséphine Baker,« honorable correspondante » denos services de renseignement.Dans la bataille elles sont infir-mières, ambulancières et même,à Dien-Bien-Phu, prostituées en-gagées dans une bien méchanteaventure. Voici encore les mar-raines de guerre, les reporters et écrivains. Et, pour clore triom-phalement cet inventaire, lesfemmes d’aujourd’hui, vraiescombattantes, que les auteurs se réjouissent de voir « les armesà la main ». Justice est donc ren-due, s’il en était besoin, à noscompagnes, expression phallo-crate, diront les auteurs. On leurrépondra en ouvrant leur livre à la toute dernière page, dont l’illustration n’est pas du meilleurgoût.

Général Claude le Borgne (cr)

Les CRS en Algérie, Jean-Louis Courtois, Marines Editions,2010, 416 p., 25 !

Ce livre fera référence. Il estétrange en effet que l’histoiredes Compagnies Républicainesde Sécurité (CRS) engagées enAlgérie n’ait pas encore étéécrite, alors que ces unités deforces civiles y ont pris unegrande part, dans des circons-tances particulièrement délicateset parfois impossibles. Qu’onsonge par exemple à la batailled’Alger de 1957 ou à la luttecontre l’OAS, ou encore aumaintien de l’ordre urbain, dansles deux dernières années duconflit, contre les Pieds-Noirsdésespérés ! Les rapports desCRS avec les militaires n’allaientjamais de soi. Les CRS, toutcompte fait, s’en sont honorable-ment sortis.

CLB

La France libre, la Résistanceet la Déportation (Hérault, ZoneSud), François Berriot, L’Harmat-tan, 2010, 350 p., 32,50 !

Documents pour l’histoire, maisencore pour l’édification desjeunes générations, ainsi pourraitse définir ce recueil de témoi-gnages bruts, présenté par un uni-versitaire. Centré sur laRésistance de 1940 à 1944

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Les ouvrages de nos auteurs(quelque 17 textes), le livre ac-cueille aussi trois « Français li-bres » et plusieurs Espagnolsayant fui le franquisme. L’échan-tillon est géographiquement situé :l’Hérault. L’auteur, discret, secontente d’un avant-propos. Sadiscrétion est méritoire. Elle s’ex-plique pourtant : les textes repro-duits se défendent tout seuls.

CLB

La marine de Vichy. Blocus etCollaboration, Bernard Costa-gliola, Tallandier, 2009, 434 p., 25 !

Ce livre est fort bien fait, trèscomplet et sérieusement docu-menté. Il rend compte, avec unecertaine indulgence, du comporte-ment de nos alliés britanniques plusoccupés, au moins dans le tempssuivant immédiatement la déroutemilitaire française, à s’en prendre ànous plutôt qu’à l’ennemi commun,l’Allemagne, en particulier pour cequi concerne le blocus destiné àl’adversaire réel mais imposé à laFrance meurtrie.

Le drame de Mers el-Kebir, l’at-taque manquée de Dakar, la priseà partie de nos Forces armées eten particulier de notre Marine àLambaréné, à Diégo-Suarez et denos soldats en Syrie sont évoqués,mais pas sous l’angle critique quejustifierait en particulier l’assassinatde plus d’un millier de nos marins àMers el-Kebir.

Enfin, je comprends mal l’appella-tion de Marine de Vichy. J’ai servi laMarine nationale pendant 42 ans et jene lui reconnais que d’être et d’avoirtoujours été la Marine de la France.

Amiral Alain Denis

Opération Turquoise. Rwanda1994, Général Jean-Claude Lafour-cade, Perrin, 2010, 218 p., 18 !

Pourquoi donc le général s’es-time-t-il obligé de rompre son si-lence et de revenir sur une tragédiequi a tant marqué ses hommes, etlui-même ? Parce que les gouver-nants du nouveau Rwanda ont pro-féré contre la France et ses soldatsd’affreuses accusations, allantjusqu’à faire de ceux-ci des com-plices du génocide. Parce que nospropres dirigeants, désireux de re-nouer avec Kigali des relations in-terrompues, ont choisi de ne réfuter que mollement ces calom-nies. Parce qu’enfin des journa-listes bien de chez nous se sont faitl’écho des mensonges éhontés denos adversaires. Lisez donc ce té-moignage. Vous imaginerez peut-être, bien que ce soit difficile, lessentiments éprouvés par nosjeunes gens sous l’uniforme aux-quels est dévoilée, crûment, cequ’est la bête humaine. Justicepour eux et honte à leurs détrac-teurs !

Général Claude le Borgne (cr)

Le cimetière des papillons,Guy Benichou, Yvelinedition, 2009,328 p., 19 !

Ce livre présente l’originalité, cequi n’est pas courant pour l’AEC etses lecteurs, de nous entraînerdans le monde complexe de lamafia, sicilienne en l’occurrence,car il en existe d’autres. La drogue,la prostitution, l’assassinat ne sontpas dans nos lectures habituelles. Ilest original de vouloir en commen-ter la pratique.

Amiral Alain Denis

Commandos Marine en action,Pierre et Marie Babey, Éd. Pêcheurd’images, 2004, 168 p., 32 !

L’ouvrage de Marie Babey« commandos Marine en ac-tion » est une réussite totale.Forte de ses expériences anté-rieures et de ses autres ou-vrages sur les porte-avions, lesmarins pompiers de Marseilleou les sapeurs-pompiers deParis, elle rend parfaitementcompte, par l’image, des quali-tés particulières du monde mili-taire et en particulier, ici, duremarquable corps des com-mandos Marine.

Amiral Alain Denis

Mémoires d’Outre-Gaulle,Yves Guéna, Flammarion, 2010,314p., 22 !

Un ouvrage de référence surune période mouvante qu’il estimpossible d’ignorer. Ce ne sontni les titres ni les fonctions del’auteur qui priment mais le re-gard lucide que l’homme portesur les événements qui ont faitles situations sociales et poli-tiques pendant la trentaine d’an-nées après le départ duGénéral. La volonté de servir del’engagé volontaire de dix-huitans est restée. On la perçoit ab-solument la même à chaqueligne. Chaque événement estdécrit tel qu’il se présente etévolue avec un souci d’exacti-tude remarquable. C’est le lec-teur et lui seul qui, de temps àautre porte un jugement sur cequi s’est produit. Rien n’estcaché mais comme celui quimarche sur un trottoir il est dessouvenirs de chien que l’oncontourne sans pour autant nepas les voir et parfois les sentir.Mais cela n’empêche pas d’arri-ver à destination.

Claude Lafaye

Heurs et malheurs de laFrance et de l’Europe. 1945-2009, Jacques Jessel, L’Esprit duLivre, 2009, 248 p., 18 !

Notre ami et sociétaire JacquesJessel a toutes les qualités pourécrire un bilan de l’Europe de1945 à nos jours. Il a été témoinde sa réserve comme combattant,il a analysé les causes et les pers-pectives d’évolution, il a vécucelle-ci comme diplomate.

Au moment où nous cherchonsles causes et les perspectivesd’évolution de notre avenir et decelui de l’Europe, où les idées lesplus folles sont lancées, le livre deJacques Jessel est un instrumentde réflexion majeur. Hors les sen-tiers battus, jamais politiquementcorrect, précis, lucide et rigou-reux, il est un instrument indispen-sable à la réflexion. L’élégance del’écriture ajoute à la richesse desidées.

HT

L’Ombre du mur, Collectif, Éd.des Syrtes, 2009, 310 p., 22 !

Une bonne idée d’avoir de-mandé à douze écrivains appar-tenant aux diverses nations quivivaient derrière leur mur com-ment ils ont vécu la chute decelui-ci. Le mur, c’est l’enceinted’un régime idéologique qui veutédifier une société nouvelle. Ilfaut bien vivre et c’est toujourspar le rêve que les auteurs sesont évadés de la société ferméequi est la leur. Ils se tournentvers l’Occident pour être libresindividuellement, avoir le droit àtoute la liberté et même à sesexcès. Leurs rêves ne sont pas

toujours ce que les Occidentauxestimaient les meilleurs à leur of-frir. La chute du Mur leur a renducertes la liberté mais peut-êtrepas toute la liberté qu’ils reven-diquaient. Un ouvrage qui per-met de mesurer ce que fut pourles gens de l’Est la « Guerrefroide ».

HT

Les Cagoulards dans laguerre, Philippe Bourdrel, AlbinMichel 2009, 188 p., 20 !

Fondée, sous le gouverne-ment Blum, par le polytechnicienEugène Deloncle, de son vérita-ble nom le CSAR (Comité secretd’action révolutionnaire), la Ca-goule est, selon la définition deson fondateur lui-même, donnéedans un entretien au journalisteRamon Fernandez pour LaGerbe, une « franc-maçonnerieretournée au bénéfice de la Na-tion » qui se présente sous laforme de «sociétés secrètesconvenablement morcelées, sé-parées les unes des autres ets’ignorant les unes les autres. »Pendant la guerre et l’Occupa-tion, certains de ses membres lesplus connus ont choisi des campsdifférents. En historien – n’est-ilpas l’auteur de « L’Épuration sau-vage » et d’une « Histoire desjuifs de France » ? - et avec ungrand souci de précision, Phi-lippe Bourdrel fait revivre une vé-ritable galerie de personnages -Deloncle, Darnand, Maurice Du-clos, Gabriel Jantet, Jean Filliol,Corrèze, Méténier et bien d’au-tres parfois pittoresques ainsi queplusieurs militaires dans leurspréoccupations et leurs entre-prises. On assiste notamment àla création, en 1936, du PPF deDoriot « qui attire à lui d’ancienscommunistes et des personnali-tés, dont un certain nombre sontissues de la droite traditionnelle,intellectuels tels que Pierre DrieuLa Rochelle, Alfred Fabre-Luce,Bertrand de Jouvenel, techno-crates et scientifiques ». Lespages consacrées à l’assassinatde l’ancien ministre de l’Intérieur,Max Dormoy, le 26 juillet 1941 àMontélimar, sont particulièrementprenantes. Un ouvrage foison-nant et passionnant où l’auteurdémêle des situations compli-quées dans une période qui nel’est pas moins.

J. Dh.

Les Grands discours deguerre, Charles de Gaulle, Perrin,2010, 162 p., 17 !

Tout le monde ou presque a lules discours de guerre du Généralde Gaulle. L’intérêt du livre estdonc dans la préface qu’a écriteRégis Debray. Une analyse bril-lante mais étonnée car il ne peutsaisir ni comprendre ce qu’a été etsera aussi demain le personnage.Un pays détruit, il l’incarne, des alliés qui ont oublié la France, ill’impose. Un pays vieilli dans sestraditions qui se réfugie dans le nationalisme étroit ou dans les querelles d’un parlementarismedésuet. Il jette les bases de la re-construction en 1946 et achèveracelle-ci en 1958. Un pays sans ave-nir international, il lui en donne unen lançant, selon ses vues, l’Unionde l’Europe. Non la France n’estpas encore la Grèce ou l’Egypte ef-facées par Rome. De Gaulle inspiretoujours un lendemain. Alleluia !

HT

La Délation sous l’Occupa-tion, André Halimi, Le ChercheMidi, 2009, 316 p., 18 !

En occupant la France en1940 les Allemands imposent àla population française, sous legouvernement de Vichy, unecollaboration totale et servileque tous les Français n’accep-tent pas. Le régime totalitairenazi entretient un climat d’insé-curité et de délation et recrutesur place ses agents et informa-teurs parmi leurs adeptes. Ceux-ci, à l’affût de la moindreinformation, dénoncent les opposants au régime qui sont pourchassés contrerécompense ou menacés de re-présailles. Arrestations, spolia-tions, emprisonnements, voirecondamnations aux issues sou-vent tragiques. L’auteur évoquel’antisémitisme et le début desarrestations massives de 1941,il nous montre des lettres de dé-nonciation de l’Association desamis antijuifs et celles de déla-teurs poussés par la jalousie,l’envie, l’incompétence, l’orgueilou cherchant à régler leurcompte. La Gestapo qui les utili-sait laisse, à la fin de la guerre,les lettres au vu et au su de tous,ce qui permettra l’arrestation deces délateurs.

À lire.R. A.

Carnet

Nous avons appris avec tristesse ladisparition de :Jean Lhote 30/12/2009, ChristianeMersey-Dusserre 10/6/10, MarcelBigeard 18/6/10, Stéphane Luc-Belmont 27/06/10, Roger Flamand10/01/10, Pierre Nolot 28/08/10,Maurice Chauvet 20/05/10, Ro-main Durand 07/2010

10 AEC n° 120 - octobre 2010

Le Roman de l'âme slave, Vladimir Fedorovski, Éd. du Rocher,2009, 270 p., 19,90 !

Politique nazie, travailleursjuifs, bourreaux allemands,Christopher R. Browning, Texto,2009, 280 p., 10!

Algérie, mes trente mois, MaximeMarsollier, a. c. a., 1998, 128 p.

La guerre 39 n'aura pas lieu,David Garino, Éd. Praelego, 2008,174 p., 15 !

Ce matin-là… Pocop, Robert Bas-quin, L'Arganier, 2009, 118 p., 14 !

Assumer à vingt ans ! Témoi-gner aujourd'hui…, André Mali-chier, Lavauzelle, 2010, 288p.,26 !

Les Chemins d’honneur 1917-1922, Guy-Louis Anguenot, Maé,2009, 292 p., 19 !

La Marche sur Rome et autreslieux, Emilio Lussu, Le Félin, 2009,274 p., 11,90 !

Chronologie commentée de la Seconde Guerre mondiale, AndréKaspi, Tempus, 2010, 772p., 12 !

Des Prisonniers de guerre, Na-thalie Genet-Rouffiac, Service histo-rique de la défense, 2010, 184 p., 18 !

Jachères, Marie Chevallier,Sajat, 2008, 30 p., 8 !

Chemins de Circonstances,François-Xavier Gelin, Bénévent,2009, 172 p., 16 !

Je t’embrasse un grand coup.Rencontres avec Lucie Aubrac,Florence Amiot-Pertmeyer, LeCherche Midi, 2010, 240 p., 15 !

Afin d’éviter l’oubli, Charly Sal-vadore, L’Harmattan, 2010, 180 p., 20!

Trajectoire dans le cercle,Sophie Aman, Aréopage, 2010, 418 p., 23!

Spoliation et enfants cachés.Le destin d'un résistant, Lydia Olchitzky-Gaillet, L'Harmattan, 2010,294 p., 29 !

Echanges artistiques franco-allemands après 1945, Marie-Amélie zu Salm-Salm, L'Harmattan2009, 264 p., 24 !

Ta prison et le mienne, PaulRuty, Éd. du Jubilé, 2010, 186 p., 15 !

Doubles vies, Jacques Grieu,Éd. du Périgord, 2010, 240 p., 18 !

Le dernier Juif, Yoram Kaniuk,Fayard, 2009, 622 p., 25 !

Un invisible destin ?, RenéeGuillaume, Éd. Praelego, 2009,261 p., 19 !

L i v r e s r e ç u s

D é c o r a t i o n se t d i s t i n c t i o n s

Notre ami Charles Hargroove,journaliste et écrivain, a été promuau grade de commandeur de laLégion d’honneur, le 14 juillet der-nier.A été élevé au grade de comman-deur dans l’Ordre national du Mérite Claude Quillateau,vice-président national d’une as-sociation d’anciens combattants.A été promue au grade d’officierdans l’Ordre national du Mérite,Andrée Montero, écrivain.

Toutes nos félicitations.

Nouveaux membres

! Sociétaires :Jean Battini, Patrick Collet,Jean-Pierre Fontaine, HubertGranier, Jean Mauras, PaulRuty.

! Adhérents :Éric Alary, Marie Babey, Lau-rence Bertrand-Dorléac, Jean-Pierre Calka, Henri Conze,Jean-Louis Courtois, EtienneJaudel, Frédéric Lafarge, BenoitLemay, Benoît Linel, Ian Pa-trick, Richard Seiler.

... suite sur internet :www.lesecrivainscombattants.org

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11AEC n° 120 - octobre 2010

« Il allait falloir donner au théâ-tre de l’argent que nous n’avionspas. C’était tragique. Thierry San-dre était consterné et prêt à faireretomber sur moi la responsabilitéde cet échec. Je gardai pourtantmon sang-froid. Une phrase deChateaubriand me revint à la mémoire : « On peut se prosternerdans la poussière quand on acommis une faute. Mais il n’est pasbesoin d’y rester ».

« Non seulement Albin Michelétait dans la salle, mais il avaitamené une secrétaire avecquelques exemplaires de la« Chaussée des Géants ». Jem’emparai de l’un d’eux. Aprèsquoi, j’allai trouver André de Fouquières qui s’était installé dansune loge d’orchestre.

Un livre aux enchères

- Mon cher ami, lui dis-je, jeveux vous demander un grand service. Et je suis sûr que vousallez nous le rendre.

- De quoi s’agit-il ?- Le film qu’on vous présente

comporte deux parties séparéespar un entracte, voulez-vous mettreaux enchères un exemplaire de laChaussée des Géants. Cet exem-plaire sera dédicacé par Pierre Be-noît au nom de celui qui auraacquis le livre.

André de Fouquières n’était pasenthousiaste. J’insistai. Il accepta.J’allai trouver Pierre Benoît qui n’étaitpas encore académicien et qui occu-pait une loge voisine. Je lui deman-dai son accord et il me le donna.

Quand vint l’entracte, je pous-sai André de Fouquières sur leplateau. Il fit lui-même l’annoncenécessaire. Et les enchères mon-tèrent étrangement. Elles atteigni-rent une somme qui valait à peuprès cinquante mille francs de nosanciens francs. C’était plus quecelle dont nous avions besoin pourcombler l’insuffisance de nos re-cettes. Nous étions sauvés. »

pal de Paris afin que soit honoréedans la capitale la mémoire des560 écrivains tombés au champd’honneur. Pour satisfaire cettedemande, la municipalité pari-sienne décida par arrêté du 11 fé-vrier 1928 de marquer son respecten leur donnant le nom de cesquare.

Jamais depuis aucune mani-festation n’a eu lieu sur place pourentretenir la mémoire de ces sol-dats et écrivains.

La cérémonie aura lieu à 11 h,le vendredi 19 novembre 2010. Unarbre sera planté et une plaquecommémorative sera posée poursymboliser l’événement. Tous nosadhérents y sont, bien entendu,conviés, ainsi que les élèves de plu-sieurs écoles et lycées. Une récep-tion à la mairie du XVIème, offertepar M. Goasguen, clôturera la ma-nifestation.Inscription au bureau de l’association.

Alfred Gilder

livres en les dédicaçant au nom del’acheteur ?

Thierry Sandre trouva l’idée inté-ressante. Mais bien entendu il étaitnécessaire qu’il la soumît au Comité.Or, les vacances arrivaient...

A la rentrée, je constatai que plusieurs de mes camarades, sanss’opposer à l’idée de Marcel Priollet,ne l’accueillaient pas avec enthou-siasme. Ils prétendaient qu’en ven-dant à un public très large des livresdédicacés, on allait diminuer consi-dérablement la valeur des dédi-caces.

Au Comité, on convoqua MarcelPriollet pour qu’il défende son idée.Il fut très persuasif, très éloquent, et comme à l’accoutumée, très simple.

Le principe d’une vente de livresdédicacés fut acquis, non à l’unani-mité, mais à la majorité. »

Restait à trouver le lieu d’unetelle vente.

« Nous pensâmes à une maisonde couture qui aurait, dans une manifestation de cet ordre, l’occa-sion de présenter ses modèles.C’est ainsi que j’allai trouver les directeurs de la Maison Philippe etGaston, 120, avenue des Champs-Elysées. M. Philippe Hecht et Gaston Kaufmann me promirentd’accueillir les membres de l’Association (...). Cette premièremanifestation que nous appelâmesl’Après-Midi du Livre eut lieu le samedi 12 décembre 1925. Nouseûmes beaucoup de monde... » Et une très belle recette.

Pierre Chanlaine

Comment est née notre AMLLe récit du président Pierre Chanlaine

25 mai 1951 - XXIe Après-Midi du LivreDe gauche à droite Josette Day, Jean Marais, François Perier

(suite de la p. 1)

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mai

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Pour vivifier le souvenir desécrivains morts pour la France,l’AEC a pris l’initiative d’organiserdans un square parisien, avec l’ac-cord enthousiaste de M. ClaudeGoasguen, député-maire du XVIème

arrondissement de Paris, une ma-nifestation à l’occasion des céré-monies du 11 novembre.

Situé à l’orée du bois de Bou-logne, boulevard Suchet, ce squareporte le nom des Écrivains combat-tants morts pour la France.

Pourquoi cette appellation ?Dès la fin de la Grande Guerre,l’AEC avait saisi le Conseil munici-

« L’intéressante idée »de Marcel Priollet

« (...) Parmi les spectateurs, authéâtre Mogador, il y avait un denos camarades qui s’appelait Mar-cel Priollet.

Marcel Priollet vint un jour ren-dre visite à Thierry Sandre et lui dità peu près ceci :

Ce qui m’a frappé dans la

séance de Mogador, c’est lasomme atteinte par le livre mis auxenchères. Cette somme est deplus de 70 fois supérieure à la valeur marchande du livre. Incon-testablement, c’est la dédicace dePierre Benoît qui a entraîné cettefinale enchère. Dans ces condi-tions, ne pourrait-on pas organiserune séance, où les auteurs vien-draient vendre eux-mêmes leurs

A E CAssociation reconnue d’utilité publique

(affiliée à la Fédération Maginot GR120)

Gazette de l’Associationdes Écrivains Combattants

18, rue Vézelay75008 Paris

Tél. : 01 53 89 04 [email protected]

www.lesecrivainscombattants.org-----

Directeur de la publicationMichel Tauriac

-----Rédacteur en chefJacques Dhaussy

-----Secrétaire de rédaction

Françoise Lemaire-----

Imprimerie IGOLe Poiré-sur-Vie - Vendée

-----

N° commission paritaire : 95D73Tirage : 1 000 ex.

DÉMÉNAGEMENT DE LA BIBLIOTHÈQUE DE L’AEC À LA MÉDIATHÈQUE DE RUEIL-MALMAISON

Dans moins de trois mois les livres de la bibliothèque quitteront la rue Jean-Le-Coz pour la Médiathèque de la ville. Là, ils pourront être empruntés et suivis comme tout autre livre. Ce déménagement est cepen-dant précédé d’un travail préparatoire par des membres de l’AEC, puis d’un autre, aussi important sinonplus, effectué par la Mairie de Rueil-Malmaison. Les différentes phases sont ci-dessous énumérées.1 – Catalogage des livres effectué par une entreprise privée choisie sur appel d’offre. L’examen des propo-sitions est prévu pour la rentrée. Il ne concerne que 6 000 livres.2 – Classement pour une partie en deux endroits :- à la Médiathèque et dans une réserve.- Tous les autres livres seront stockés dans leur carton en attente de décision.La phase de catalogage demandera trois mois, nos lecteurs pourront donc les consulter à partir du premiertrimestre 2011.

AVEZ VOUS RÉGLÉ VOTRE COTISATION ?

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12 AEC N° 120 - octobre 2010

Un entraîneurd’hommes

Avec le décès de Marcel Bi-geard, notre Association perd unsociétaire certes, mais surtout l’amide tous. Ecrivain combattant, ill’était totalement, même si c’estl’épée qui l’avait conduit à la plume.

Il était l’exemple de l’hommed’action qui avait ressenti le besoinde léguer à ceux qui suivraient, nonseulement le récit de ses guerres,mais surtout les raisons qui avaientmotivé son engagement et jalonnéle parcours de sa vie. Sa démarched’écrivain était identique à celle del’homme de guerre qu’il avait été.

Il ne jouait ni avec les mots, niavec les idées, il exécrait ce politi-quement correct qui souvent para-lyse l’expression des idées.

Dans ses ouvrages, il s’exprimesans détour, sans nuance. Il dit cequ’il souhaite faire, comment ilconçoit l’action et transmet aux au-tres sa vision de ce qu’il faut fairepour arriver au but.

Sa langue claque comme de-vaient claquer ses ordres à la radiopendant l’action.

Cela explique le succès qu’ilrencontrait lorsqu’il participait auxAprès-Midi du Livre. Les anciens sepressaient autour de lui, ceux quil’avaient connu en Indochine et enAlgérie et avaient pour beaucoup eul’occasion de combattre à ses côtés.Ils voulaient encore entendre la voixde « Bruno », le chef prestigieuxmais surtout l’entraîneur d’hommes.

«Croire et oser»

Les plus jeunes venaient à lui,qui d’entrée de jeu, leur faisait com-prendre comment on pouvait servirla France, en s’identifiant à cequ’elle représente.

Oui, les coups de gueule, lesfoucades, mais aussi l’enthou-siasme vibrant du grand ancien,étaient un entraînement vers lehaut du service de la Patrie. Sa de-vise, « croire et oser » était un prin-cipe d’action, pas une vantardise.

Dans l’histoire de l’aventureguerrière de la France du XXè siè-cle, son image restera comme cellede Montluc au XVIè siècle dans descirconstances analogues. Il n’étaitpas de noblesse guerrière d’origine,mais il était devenu un aristocratedu service de sa Patrie.

Hervé Trnka

L’appel du 18 juin 1940 lancéaux Français par le général de Gaulle sur les ondes de laBBC. Appel à la résistance, àpoursuivre la lutte. Le général Bigeard a choisi cette date histo-rique pour rejoindre l’empyrée desgrands soldats, lui qui a toujoursétait fidèle à l’appel de Londres.

Malade depuis quelques mois,il avait fait plusieurs séjours auCHU de Nancy. C’est chez lui qu’ils’est éteint à Toul entouré parGaby son épouse, sa fille et sesparas.

Sa dépouille a été exposée ledimanche dans la cathédrale deToul afin que l’on puisse rendre undernier hommage à ce chef mili-taire qui incarnait les valeurs decourage, de don de soi et d’enga-gement total. Le cercueil recouvertdu drapeau tricolore et surmontéd’un portrait du général en tenuede para fut veillé par les hommesau béret rouge du 3ème RPIM deCarcassonne, « son régiment ».Le 21 juin ses obsèques eurentlieu dans la cathédrale. La messefut célébrée par le père RolandNoël qui accompagna le généraldans ses derniers moments. Leprêtre parla du grand vide qu’illaisse, M. Giscard-Estaing évoquale dernier soldat emblématique denotre histoire militaire qu’il avaitfait grand croix de la Légion d’hon-neur et nommé secrétaire d’État àla Défense.

Hervé Morin parla du soldat etdu meneur d’hommes : « du pa-nache du para colonial, belle

gueule, qui peut tout demander àses hommes parce qu’il peut toutdonner pour eux. »

Le chant des paras

Dans le chœur 150 drapeauxde toutes les guerres et sur le par-vis deux haies d’honneur de régi-ments de paras rendaient leshonneurs. Parmi les personnalitésNadine Morano, député de Toul,secrétaire d’État à la famille, Mi-chel Dinet, président du ConseilGénéral de Meurthe-et-Moselle etAndré Rossinot, ancien ministre,maire de Nancy.

Grand moment d’émotionquand le chant des paras « Si tucrois en ton destin » résonna,quand le trompette du 13ème RDPsonna aux morts et que les ac-cents de la Marseillaise montèrentsous les voutes de la cathédrale.

Mardi 22 juin ce fut la cérémo-nie des honneurs militaires rendusdans la cour des Invalides après lamesse célébrée par MonseigneurLuc Ravel, évêque aux armées enl’église Saint-Louis des soldats etprésidée par Monsieur FrançoisFillon, premier ministre qui rappelala carrière d’un militaire d’excep-tion.

Il est vrai que certaines voix,celles de l’anti-France se sont faitentendre et ont reparlé de la torture. Le général Bigeard a ré-pondu lui-même à ces accusa-tions dans son ouvrage J’ai mal àla France.

Odette Bachelier

Dans un entretien accordé àCatherine Robinson et publié le 13juillet par « Présent », le généralde corps d’armée (2S) ChristianPiquemal, président de l’Union nationale des parachutistes rendainsi hommage à Bigeard :

- Bigeard est une icône. Ungéant. Sa vie aura été un magni-fique combat. Guerrier prestigieux,il avait 23 ans de guerre sur tousles continents, 25 citations, 5 bles-sures. Héros, grand patriote, il ai-mait passionnément la France, ilétait la plus grande figure dumonde parachutiste. Je l’ai servien tant que lieutenant. Il aurait puvous emmener n’importe où, aveclui on se sentait invulnérable. Ilnous fascinait. On ne pouvait quele suivre. Ce fut le plus grand soldat de la France du vingtièmesiècle, un homme politique qui aréussi et un écrivain de talent. Il acommis seize livres dans lesquelsil a transmis ses valeurs et desidées fortes. C’était un homme du peuple, parti de rien et il est devenu le plus grand soldat de sagénération. Bigeard était un pré-curseur dans la communication, ildisait toujours « bien faire et fairesavoir ». Il avait un sixième sens etla baraka. (...) Il avait le panacheet le brio des grands et la fiertédes seigneurs de la guerre. « Lesvieux soldats ne meurent jamais,ils s’effacent lentement », disaitMac Arthur. « Bigeard est devenuune légende, il ne disparaîtra jamais ».

Christian Piquemal

• Les 23 et 24 octobre : Salondu Livre de MeauxOrganisé par l‘associationS I L H T H, le 10ème Salon du Livre« Histoire et Témoignages », sousl’égide de M. Jean-François Copé,député-Maire de Meaux, présidentde la Communauté d’Aggloméra-tions du Pays de Meaux, s’est tenu,dans la Salle des Fêtes, avenue dela Marne (ancien chemin du Pâtis),le samedi 23 octobre à partir de 11h, et le dimanche 24 octoobre de10 h à 17 h 30. Ce salon a été l’oc-casion de rencontrer de nombreuxauteurs et éditeurs. Quelques ta-bles rondes avec les auteurs ontpermis au public de parfaire sesconnaissances sur des sujets va-riés.

• Le musée de l’Armée et le muséede l’Ermitage, nous apprend l’Échodu dôme, se sont associés pourprésenter à Paris, du 9 octobre2010 au 23 janvier 2011, certainesdes plus prestigieuses reliques évo-quant le souvenir de la Russie im-périale. L’exposition Au service desTsars : la Garde impériale russe, dePierre le Grand à la Révolutiond’Octobre, doit retracer « l’histoiredes unités brillantes et dramatiquesde la garde impériale qui ont juré‘foi et loyauté’ aux empereurs deRussie ».

• « La Charte », organe de la Fédé-ration nationale André Maginot, apublié dans son numéro 3 (mai-juin2010) une série d’articles tous plusintéressants les uns que les autres.On y trouve la protestation de laF.N.A.M., exprimée dans une lettreadressée à M. Hubert Falco, secré-taire d’Etat à la Défense, après legeste indécent et scandaleux d’unpersonnage faisant un usage in-qualifiable du drapeau français etdont la photo emportait le prix de laFNAC de Nice. On y trouve un arti-cle sur les liens qui unissent la Fé-dération et le Sénégal, notammentdans le domaine de la santé ; unebelle page d’histoire : « Des Fran-çais dans la guerre de Sécession :l’exemple de la French Brigade deLa Nouvelle-Orléans (24 avril –2 mai 1862) » ainsi qu’un « papier »émouvant sur le chapeau debrousse « qui restera toujours l’apa-nage des baroudeurs ».

• Aujourd’hui, il reste en France en-viron 100 000 veuves de guerre detous les conflits du XXe siècle, dontprès de 3 000 sont membres del’Association et entraide des veuveset orphelins de guerre (AEVOG).Ces femmes sont très âgées et nepeuvent plus assurer elles-mêmesle fonctionnement de leur associa-tion créée en novembre 1944.Aussi ont-elles décidé, avec sa-gesse, de s’appuyer sur une asso-ciation d’anciens combattants ayantles mêmes objectifs sociaux d’en-traide et d’accompagnement, etdotée d’un réseau plus jeune bienimplanté sur le territoire national. Lamutation de l’AEVOG a été pronon-cée par décret du 22 juin 2009 paruau Journal Officiel du 24 juin qui an-nonce la dévolution de son actif àl’Union Nationale des Combattants(UNC). Ainsi l’association desveuves de guerre n’existe plus,mais les veuves de guerre existenttoujours. Qu’elles reçoivent commepar le passé, par le canal de l’UNC,les mêmes secours et les mêmessubventions.

Le général Marcel Bigeard

« M a v i e p o u r l a F r a n c e »Tous les hommages qui ont été rendus parlent

d’une « grande figure de la Seconde Guerre mon-diale et des conflits d’Indochine et d’Algérie », del’un des officiers les plus décorés de l’armée française », d’un « très grand soldat, du « derniercenturion » de « celui, qui cultivait le goût de l’exi-gence et de la « belle gueule », de « l’icône vivantedes parachutistes, du « colonial », de celui qui disait :« Ma seule maîtresse, c’est la patrie ! ». Il a connu leciel, la terre, la brousse et la jungle, qui fut aussicelle de l’univers politique. Toute la vie de ce meneurd’hommes, cette longue ascension, se résume dans le titre de son seizième et dernier ouvrage dontle général Claude Le Borgne donne ici une analyse « Ma vie pour la France ».

É c h o s

Marcel Bigeard n’oubliait jamais les jeunes et leurrappelait, ainsi qu’à leurs aînés, leurs devoirscomme dans ce message qu’il leur adressait le 11 novembre 1975 au Carrefour de Rethondes enforêt de Compiègne : « Je nous adjure des plus anciens aux plus jeunes, de nous montrer chaquejour plus résolus ; chaque jour plus fraternels,chaque jour plus responsables. Car nous le savonstous, ce n’est qu’au prix d’un civisme retrouvé, de l’attachement résolu aux valeurs traditionnellesque nous léguerons à nos enfants une France où il fait bon vivre... » A sa femme, Gaby, à leur fille,ainsi qu’à tous ceux qui l’aimaient et l’admiraient,les Ecrivains Combattants expriment leur profondesympathie.

La mort d’un grand soldat« Avec lui, on se sentait invulnérable »

Marcel Bigeard : esprit de décision, rigueur, clarté, toutes les qualités d’un chef qui aimait ses hommes