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Dimanche de Pâques- Année C Il est ressuscité… Optimisme ou espérance ? À lʼécoute de la Parole « Il nʼest pas ici ! » : lʼannonce des deux anges retentit en ce matin de Pâques, depuis le tombeau vide. Nous relisons avec émotion le récit des femmes qui se rendent au tombeau de bon matin (Lc 24), recevant la première annonce de lʼÉvangile : « Il est ressuscité, il nʼest pas ici ! » Puis nous voyons cette Bonne Nouvelle se propager aux débuts de la vie de lʼÉglise : saint Pierre lʼannonce pour la première fois aux païens (Ac 10). Les Actes des apôtres, que nous lirons pendant la période pascale, illumine notre vie personnelle et celle de la commu- nauté. ⇒ Voir lʼexplication détaillée Méditation « Le Christ est ressuscité ! » : toute la liturgie de ce dimanche proclame ce Mystère… un événement qui a tout changé, pour toujours. La veillée pascale a commémoré son surgisse- ment au milieu de la nuit ; aujourdʼhui, nous commençons le temps pascal en laissant réson- ner lʼannonce des anges dans notre cœur. Mais ne confondons pas lʼoptimisme, ce vague espoir de qui est convaincu que « demain tout ira mieux », avec la grande espérance chrétienne, qui grandit dans lʼobscurité et lʼépreuve. ⇒ Voir la méditation complète Pour aller plus loin Le mystère de la Résurrection déploie peu à peu sa force irrésistible dans notre vie, comme un fondement invisible sur lequel sʼappuyer… Il faut aussi lʼapprofondir avec lʼintelligence ; on pourra par exemple étudier ce discours de saint Paul VI, qui écrivait : « Oui, toute lʼespérance chrétienne est fondée sur la Résurrection du Christ, sur laquelle est « ancrée » notre propre résurrection avec lui. Bien plus, dès maintenant nous sommes ressusci- tés avec lui (cf. Col. 3, 1) : toute lʼétoffe de notre vie chrétienne est tissée de cette inébranlable certitude et de cette réalité cachée, avec la joie et le dynamisme quʼelles engendrent. » 1 1 Paul VI, Discours, 4 avril 1970. 2 Benoît XVI, Regina Caeli du 9 avril 2007.https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/angelus/2007/documents/hf_ben-

LD C Dimanche de Pâques - Lectio Divina · tures : notre explication portera sur lʼévangile de la veillée pascale, année C (Lc 24,1-12) qui peut être proclamé ce dimanche ;

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Page 1: LD C Dimanche de Pâques - Lectio Divina · tures : notre explication portera sur lʼévangile de la veillée pascale, année C (Lc 24,1-12) qui peut être proclamé ce dimanche ;

Dimanche de Pâques- Année C

Il est ressuscité… Optimisme ou espérance ?

À lʼécoute de la Parole « Il nʼest pas ici ! » : lʼannonce des deux anges retentit en ce matin de Pâques, depuis le

tombeau vide. Nous relisons avec émotion le récit des femmes qui se rendent au tombeau de bon matin (Lc 24), recevant la première annonce de lʼÉvangile : « Il est ressuscité, il nʼest pas ici ! »

Puis nous voyons cette Bonne Nouvelle se propager aux débuts de la vie de lʼÉglise : saint Pierre lʼannonce pour la première fois aux païens (Ac 10). Les Actes des apôtres, que nous lirons pendant la période pascale, illumine notre vie personnelle et celle de la commu-nauté.

⇒ Voir lʼexplication détaillée

Méditation « Le Christ est ressuscité ! » : toute la liturgie de ce dimanche proclame ce Mystère… un

événement qui a tout changé, pour toujours. La veillée pascale a commémoré son surgisse-ment au milieu de la nuit ; aujourdʼhui, nous commençons le temps pascal en laissant réson-ner lʼannonce des anges dans notre cœur.

Mais ne confondons pas lʼoptimisme, ce vague espoir de qui est convaincu que « demain tout ira mieux », avec la grande espérance chrétienne, qui grandit dans lʼobscurité et lʼépreuve.

⇒ Voir la méditation complète

Pour aller plus loin Le mystère de la Résurrection déploie peu à peu sa force irrésistible dans notre vie, comme

un fondement invisible sur lequel sʼappuyer… Il faut aussi lʼapprofondir avec lʼintelligence ; on pourra par exemple étudier ce discours de saint Paul VI, qui écrivait :

« Oui, toute lʼespérance chrétienne est fondée sur la Résurrection du Christ, sur laquelle est « ancrée » notre propre résurrection avec lui. Bien plus, dès maintenant nous sommes ressusci-tés avec lui (cf. Col. 3, 1) : toute lʼétoffe de notre vie chrétienne est tissée de cette inébranlable certitude et de cette réalité cachée, avec la joie et le dynamisme quʼelles engendrent. »1

1 Paul VI, Discours, 4 avril 1970. 2 Benoît XVI, Regina Caeli du 9 avril 2007.https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/angelus/2007/documents/hf_ben-

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À lʼécoute de la Parole

Après la grande cérémonie de la veillée Pascale, nous nous retrouvons pour célébrer lʼEucharistie avec un cœur renouvelé, fortifié par la présence du Ressuscité, tourné vers le Ciel où Jésus nous attend.

Le livre des Actes des apôtres remplace les textes de lʼAncien Testament en première lecture pendant tout le temps pascal : lʼhistoire de la première communauté chrétienne, le nouveau Peuple de lʼAlliance, est la nôtre. LʼEsprit Saint y joue le premier rôle. Après la ré-surrection, les apôtres sont les protagonistes de lʼextension du Règne du Christ dans le monde entier, à tel point quʼon pourrait appeler ce livre des Actes « Évangile de lʼEsprit Saint selon les Apôtres ». Cʼest ce que sont appelés à vivre tous les Chrétiens confirmés, et cinquante jours nous sont donnés pour nous imprégner de cette ferveur apostolique. Be-noît XVI nous introduit dans ce temps de joie :

« Le Christ est ressuscité ! La liturgie ne consacre pas seulement un jour à un aussi grand mystère - ce serait trop peu pour tant de joie -, mais bien cinquante jours, c'est-à-dire le temps pascal tout entier, qui se conclut par la Pentecôte. Le dimanche de Pâques est en-suite une journée absolument particulière, qui s'étend pendant toute cette semaine jusqu'au prochain dimanche, formant l'Octave de Pâques. »2

Pour la liturgie de ce dimanche de Pâques, nous avons plusieurs choix possibles de lec-tures : notre explication portera sur lʼévangile de la veillée pascale, année C (Lc 24,1-12) qui peut être proclamé ce dimanche ; parmi les deux textes de saint Paul, nous choisissons celui qui est extrait de la lettre aux Colossiens (3,1-4).

Lʼévangile : Pourquoi chercher le Vivant parmi les morts ? (Lc 24) Une simple phrase, qui désigne cependant un fait gigantesque, traverse toutes les lec-

tures : « Il est ressuscité ! ». Cʼest ce que les deux anges disent aux femmes (Lc 24,6), en les renvoyant aux paroles de Jésus en Galilée : il avait déjà annoncé à ses disciples quʼIl ressusciterait (v.7). Les femmes rapportent la Nouvelle aux apôtres qui peinent à la rece-voir… Mais après la Pentecôte, saint Pierre, fortifié par lʼEsprit Saint, place au centre de son discours ce fait inédit dans lʼhistoire humaine : « Et voici que Dieu lʼa ressuscité le troisième jour » (Ac 10,40). Saint Paul, enfin, lʼapplique à notre vie de croyants : « vous êtes ressusci-tés avec le Christ… » (Col 3,1). La Résurrection du Christ a tout changé et se propage dans tout lʼunivers…

Saint Luc nous présente tout au long de son œuvre (évangile / Actes) lʼévolution de la communauté chrétienne, depuis le jardin du Golgotha alors que le soleil se lève en ce di-manche de Pâques, jusquʼà la propagation de lʼévangile aux confins de la terre : saint Paul rêve dʼaller proclamer le Christ en Espagne (Ro 15,28) cʼest-à-dire à lʼextrême ouest du monde connu, là où le soleil se couche… Cʼest une lente mais irrésistible progression dans la foi au Christ ressuscité, que nous pouvons décrire en suivant attentivement les étapes quʼil décrit dans son œuvre.

La résurrection fut dʼabord un événement caché, dans la nuit de Pâques, auquel per-sonne nʼa assisté : un événement qui se déroule dans un « silence » total. Le chapitre 23 de Luc se termine en résumant lʼactivité des femmes après la mort de Jésus : « le sabbat, elles se tinrent en repos, selon le précepte » (Lc 23,56). Avant de passer au verset suivant, il fau-drait imaginer ce qui sʼest passé pendant ce laps de temps, mais que lʼÉcriture ne nous ré-

2 Benoît XVI, Regina Caeli du 9 avril 2007.https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/angelus/2007/documents/hf_ben-

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vèle pas : en particulier, la descente du Christ aux enfers et le désarroi des apôtres, accablés par la mort de leur maître.

Saint Luc a centré son récit sur les femmes, qui en assurent la continuité comme derniers « témoins oculaires de la Passion » puis comme premiers « témoins du tombeau vide ». Lorsque sʼouvre le chapitre 24, nous sommes au matin suivant mais au même lieu, le tom-beau. Nous sommes aussi au début dʼune ère nouvelle : « le premier jour de la semaine, de grand matin ». Ces femmes sont informées par les anges, elles se souviennent des paroles de Jésus et elles rapportent le message aux Apôtres, mais lʼévangile ne dit pas quʼelles ont réellement saisi la portée de lʼévènement. Pierre constate le tombeau vide mais reste per-plexe (Lc 24, 1-12). Lʼévénement de la résurrection est déjà proclamé par les anges (il est ressuscité), mais il nʼest pas encore assimilé et accueilli dans les cœurs ; la foi est comme un bourgeon prêt à éclore au printemps.

Les deux disciples dʼEmmaüs font un long cheminement pour reconnaître la présence du Ressuscité à leurs côtés, jusquʼà ce que leur cœur devienne tout brûlant. Lʼintelligence a été illuminée par lʼexplication des Écritures : « commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, il leur interpréta dans toutes les Écritures ce qui le concernait » (v.27) ; puis le repas partagé, avec un sens eucharistique évident, permet à la foi de jaillir : « Leurs yeux s'ouvrirent et ils le reconnurent... mais il disparut à leurs regards » (v.32). Entre-temps, la communauté de Jérusalem a parcouru un itinéraire similaire pour se laisser heurter par la ré-surrection : « Ils trouvèrent réunis les Onze et leurs compagnons, qui dirent : ʻC'est bien vrai ! le Seigneur est ressuscité et il est apparu à Simon !ʼ » (vv.33-34).

Jésus apparaît de nouveau au soir de Pâques, aux onze Apôtres réunis mais ils sont lents à croire : « saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit » (v 37) ; « ils ne croyaient pas encore et demeuraient saisis dʼétonnement » (v.41). Hésitations du cœur : la nouvelle foi, comme une fleur qui vient dʼéclore, a du mal à déployer ses pétales. Sur la route dʼEmmaüs, le Seigneur « ouvre lʼesprit à lʼintelligence des Ecritures » (v.45).

Le livre des Actes, qui est la suite de lʼévangile de Luc, sʼouvre sur ce cheminement en cours jusquʼà ce que lʼEsprit Saint (Ac 2) vienne remplir leur cœur : alors les Apôtres, Pierre en tête, transmettent la foi au Ressuscité : « Dieu lʼa ressuscité, ce Jésus ; nous en sommes tous témoins » (v.32) ; Ils sont désormais disposés à mourir pour lʼattester. La foi chrétienne resplendit à Jérusalem comme une superbe rose printanière.

Toute lʼaventure des Actes est en fait lʼannonce de ce fait inédit et son accueil par lʼhumanité, dans la foi : cʼest lʼhistoire de Paul, converti par le Ressuscité, instruit par la communauté, et propagateur de lʼÉvangile aux nations païennes.

La deuxième lecture : Cherchez les réalités dʼen haut ! (Col 3) Saint Paul présente la conséquence ultime de notre foi (Col 3) : la présence du Ressusci-

té change notre vie en profondeur. Ce changement reste invisible au monde : « votre vie reste cachée en Dieu » (v.3), parce quʼil reste aveugle aux réalités surnaturelles.

Trois moments marquent, dans la pensée de lʼapôtre, ce changement : tout dʼabord, celui du baptême, lorsque lʼadhésion à la foi a conduit le chrétien à se laisser incorporer au Christ. Lʼimmersion dans lʼeau baptismale a consisté à suivre le Christ dans sa mort et à recevoir de lui la vie nouvelle, comme jadis les Hébreux passant par la Mer Rouge. Cʼest pourquoi il nous rappelle « vous êtes passés par la mort », après avoir expliqué que nous sommes « ressuscités avec le Christ ».

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Il indique ensuite que toute notre vie doit être animée par le désir de suivre radicalement le Christ, de le rejoindre dans le sein de son Père : « recherchez les réalités dʼen haut : cʼest là quʼest le Christ, assis à la droite de Dieu » (v.1). Le chrétien, tout en menant son existence sur terre comme les autres hommes, nʼy arrête pas son désir : « Pensez aux réalités dʼen haut, non à celles de la terre ».

Enfin, lorsque ce monde passera, lors du retour du Christ, tout sera révélé : la grandeur du Seigneur ressuscité (le Christ, votre vie) dans une lumière qui enveloppera tous ses en-fants, destinés à partager sa gloire : « vous paraîtrez avec lui en pleine gloire ». Cʼest pour-quoi nos aspirations ne peuvent plus être limitées à cette terre : notre regard et notre cœur tendent vers Jésus, « assis à la droite de Dieu. »

Écoutons la voix pleine de bonté du Papa buono, saint Jean XXIII, nous lʼexprimer dans un radio-message de 1959 :

« Nous devons lʼaffirmer avec la même sécurité que les apôtres ; et vous autres, mes chers fils, vous devez en être convaincus, comme le trésor le plus beau, le seul qui puisse rendre belle et sereine lʼexistence quotidienne : le Christianisme nʼest pas un ensemble de faits opprimants, comme lʼimaginent les ʻsans-foiʼ ; mais cʼest la paix, la joie, lʼamour, la vie qui se renouvelle toujours, comme la pulsation secrète de la nature au début du printemps. La source de cette joie se trouve dans le Christ Ressuscité, qui libère les hommes de lʼesclavage du péché, et qui les invite à être avec Lui une nouvelle créature, dans lʼattente de la béatitude éternelle… »3

La première lecture : Annonce de lʼÉvangile par Pierre (Ac 10) La première lecture nous ramène à Luc puisquʼelle est tirée du livre des Actes des

apôtres : lʼEsprit Saint a providentiellement permis une rencontre étonnante entre le centu-rion Corneille et saint Pierre (chap. 10), un récit pittoresque qui mérite dʼêtre relu en entier.

Corneille a reçu la visite dʼun ange à Césarée (10,3), lui demandant de contacter Pierre à Jaffa ; celui-ci, dans le même temps, est tombé en extase sur la terrasse du lieu où il réside (10, 10) et a reçu lʼordre de sʼouvrir aux païens pour leur transmettre lʼÉvangile…

Pierre se rend donc chez Corneille et proclame pour la première fois la Bonne Nouvelle à des païens : son discours nous offre un évangile en miniature, en commençant par le baptême de Jean, puis la vie publique de Jésus, sa mort en Croix, sa résurrection le troi-sième jour et enfin les apparitions aux témoins que Dieu a choisis. Cʼest exactement le plan que suivront les quatre évangiles pour annoncer la Bonne Nouvelle (en grec, εὐαγγελίζω, euangelizô, qui apparaît plus de vingt fois sous la plume de Luc). Lʼessentiel de la foi chré-tienne est résumée là, un modèle pour lʼévangélisation et pour chacun de nous, qui ne sa-vons pas toujours par où commencer pour annoncer le Seigneur.

Le cœur brûlant et enthousiaste de Pierre sʼexprime dans cette harangue quʼil déroule dʼune traite. Tous les événements passés, désormais, font sens grâce à la résurrection. Pas dʼhésitation ni de reprise, tout sʼarticule parfaitement sous lʼaction de lʼEsprit-Saint. Et Pierre désire de toutes ses forces faire partager le salut à ceux qui lʼattendent. Quel chan-gement par rapport au reniement de lʼApôtre telle que lʼa décrit lʼévangile pendant la Pas-sion, et ses hésitations au matin de Pâques !

Pour autant, son discours nʼest ni mièvre ni complaisant. Il ne sʼagit pas dʼune annonce béate de la bonté de Dieu mais du sens profond de lʼIncarnation et de la Passion du Christ :

3 Jean XXIII, Radio-message du 28 mars 1959 (traduction personnelle).

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la délivrance du péché. « Le pouvoir du diable », le « bois du supplice », le « pardon des péchés » : Pierre ne masque ni la servitude de laquelle lʼhomme est racheté, ni la con-dition nécessaire pour obtenir le salut, la foi : « quiconque croit en lui …». Comme Paul, dans la deuxième lecture, Pierre nous invite à mettre toute notre foi dans le Christ, et à nous con-vertir à la vie nouvelle.

La conclusion du discours de Pierre est précisément que le salut, accompli par le Christ, est accessible à tous grâce à la foi que lʼEsprit suscite en ceux qui accueillent lʼannonce pas-cale. Le signe distinctif des témoins privilégiés, si important pour lʼÉglise de tous les temps, est quʼils ont mangé et bu avec lui après sa résurrection dʼentre les morts. Sont ainsi soulignés deux aspects fondamentaux du Christ ressuscité : la réalité de son corps glorieux (il nʼest pas un fantôme, cf. Lc 24), et la communion renouvelée avec ses disciples, qui se cristallisera pour se perpétuer dans la célébration de lʼEucharistie. Le Catéchisme le synthé-tise ainsi :

« Jésus ressuscité établit avec ses disciples des rapports directs, à travers le toucher et le partage du repas. Il les invite par-là à reconnaître quʼil nʼest pas un esprit, mais surtout à constater que le corps ressuscité avec lequel il se présente à eux est le même qui a été mar-tyrisé et crucifié puisquʼil porte encore les traces de sa passion. Ce corps authentique et réel possède pourtant en même temps les propriétés nouvelles dʼun corps glorieux : il nʼest plus situé dans lʼespace et le temps, mais peut se rendre présent à sa guise où et quand il veut car son humanité ne peut plus être retenue sur terre et nʼappartient plus quʼau domaine divin du Père. »4

Le psaume : La pierre rejetée par les bâtisseurs… (Ps 118) Notre joie pascale sʼexprime à travers quelques strophes du Psaume 118 (117), un can-

tique dʼaction de grâces après lʼépreuve. Il fait partie du « hallel » pascal5, utilisé par la litur-gie juive pour la Pâque. On peut imaginer les processions au Temple qui le chantent en chœurs alternés : tandis que la foule enthousiaste reprend : « Eternel est son amour ! »

Ce psaume exprime bien ce que le Christ a pu chanter le matin de sa résurrection et avec lui toute âme qui a traversé lʼépreuve :

- Rappel des difficultés et de lʼabandon confiant : « dans mon angoisse, jʼai crié vers le Seigneur » (v.5) ;

- Expérience de la persécution violente : « on mʼa poussé pour mʼabattre… », et du soutien offert par Dieu : « … mais le Seigneur me vient en aide » (v. 13) ;

- exultation du priant sauvé de la mort qui « rend grâce au Seigneur : il est bon ! » ;

- espérance invincible qui jaillit pour nous les croyants et que le Christ veut susciter en nos âmes : « je ne mourrai pas, je vivrai… » ;

- Transformation de cette expérience en témoignage : « … pour annoncer les actions du Seigneur » (v.17).

Vient ainsi lʼimage de la « pierre rejetée par les bâtisseurs, devenue la pierre dʼangle », une pierre placée à lʼangle de deux murs qui sert à les unir solidement lʼun à lʼautre et à en

4 Catéchisme de lʼÉglise catholique, nº645 (lʼétat de lʼhumanité du Christ),

http://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P1P.HTM 5 On appelle psaumes du Hallel, les psaumes de louange 113 à 118 chantés lors des grandes fêtes auxquels on ajoute,

pour la Pâque, le psaume 136 (135).

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garantir la solidité. Il sʼagit dʼune image que lʼon retrouve à plusieurs reprises dans lʼAncien Testament. Job avait reçu cette question à propos de la fondation du monde : « qui posa sa pierre angulaire ? » (Jb 38, 6). Elle est aussi développée par Isaïe :

« Vous dites : ʻNous avons conclu une alliance avec la mort ; avec le séjour des morts nous avons fait un pacte ; quand passera le flot torrentiel, il ne nous atteindra pas ; car nous faisons du mensonge notre abri, dans la tromperie nous sommes cachés.ʼ Voilà pourquoi, ainsi parle le Seigneur Dieu : ʻMoi, dans Sion, je pose une pierre, une pierre à toute épreuve, choisie pour être une pierre dʼangle, une véritable pierre de fondement. Celui qui croit ne sʼinquiétera pas. Je prendrai le droit comme cordeau, et la justice comme fil à plomb. Mais la grêle balaiera lʼabri de mensonge et les eaux submergeront le refuge cachéʼ » (Is 28, 15-17).

La pierre dʼangle est donc non seulement celle sur laquelle le monde est fondé et tient bon, mais aussi celle qui protège de la mort le pécheur qui se convertit et qui croit. Cʼest pourquoi Jésus applique cette image à sa propre mission et à sa propre personne, dans la parabole des vignerons homicides :

« Nʼavez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre quʼont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre dʼangle : cʼest là lʼœuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux ! » (Mt 21, 42).

Les chrétiens ont, dès le début, récupéré cette métaphore pour expliquer le mystère de Jésus, mort et-ressuscité, comme par exemple saint Pierre lors de son premier miracle :

« C'est par le nom de Jésus Christ le Nazaréen, celui que vous, vous avez crucifié, et que Dieu a ressuscité des morts, c'est par son nom et par nul autre que cet homme se pré-sente guéri devant vous. C'est lui la pierre que vous, les bâtisseurs, avez dédaignée, et qui est devenue la pierre d'angle. Car il n'y a pas sous le ciel d'autre nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés. » (Ac 4,10-12)

Trois femmes au tombeau (Huile sur toile de Peter Cornelius, Neue Pinakothek, Munich, 1815-1822.

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Méditation : Optimisme ou Espérance ? « Mais ces propos leur semblèrent délirants et ils ne les croyaient pas » (Lc 24,11) : lʼÉvangile décrit de manière très réaliste la lenteur spirituelle des Apôtres. On pourrait sʼen scandaliser à peu de frais mais ce serait oublier un peu vite ce quʼils ont vécu au cours de cette semaine. Comment le drame de la Passion et mort de Jésus ne les auraient-ils pas af-fectés profondément, eux qui lʼaimaient et avaient misé toute leur espérance sur son mes-sage ? Comment ne pas comprendre les deux compagnons dʼEmmaüs qui sʼarrêtèrent, le visage sombre ? Comment surtout, les apôtres auraient-ils purent accueillir dʼemblée une ré-alité aussi nouvelle que la résurrection ?

Parcourir le chemin En fait, saint Luc donne toute sa place au doute, à la douleur et à la déception, qui sont le

lot commun de notre existence. Il donne aussi toute sa place à la perception nécessairement difficile dʼune réalité totalement novatrice. Jésus est vraiment ressuscité dans son corps, un corps qui a passé la mort, qui a été glorifié et dont lʼapparence est à la fois la même et diffé-rente de ce quʼelle était auparavant. Ce réalisme va mettre encore plus en valeur lʼannonce extraordinaire de la Résurrection. Cʼest ainsi que lʼa compris saint Léon le Grand :

« La mort du Christ, en effet, avait profondément troublé le cœur des disciples, et, tandis que leurs esprits étaient appesantis de tristesse par le supplice de la croix, le dernier soupir rendu, la mise au tombeau du corps inanimé, je ne sais quelle torpeur née d'un manque de foi les avait envahis. La preuve en est que, lorsque les saintes femmes étaient venues an-noncer - le récit évangélique l'a rappelé - que la pierre avait été roulée du tombeau, que le sépulcre ne contenait plus le corps et que des anges attestaient que le Seigneur était vivant, leurs paroles avaient paru pure folie aux apôtres et aux autres disciples. Jamais l'Esprit de vérité n'aurait permis qu'une telle hésitation entrât dans le cœur de ses hérauts et les fit chanceler, victimes de la faiblesse humaine, si cette agitation craintive et cette circonspec-tion pleine d'interrogation n'avaient jeté les bases de notre foi. »6

Nous devons nous aussi passer par une pleine acceptation de la Passion de Jésus : un échec complet à vue humaine, une humiliation totale… Aussi ne disons pas trop vite : « mais demain il va ressusciter », comme si ces événements douloureux nʼavaient plus de réalité face à lʼissue joyeuse de Pâques. Pensons pour cela à nos propres deuils. Lʼespérance du ciel nʼefface pas la violence des décès et la douleur de la séparation. La mort de Jésus a sonné le glas dʼun risque permanent dans notre vie : celui de lʼoptimisme béat qui se con-vainc facilement que « demain tout ira mieux », sans vouloir reconnaître les aspects tra-giques de lʼexistence. Georges Bernanos nous offre une description caricaturale, pleine dʼhumour, de cette attitude facile :

« Je sais bien quʼil y a parmi vous des gens de très bonne foi, qui confondent lʼespoir et lʼoptimisme. Lʼoptimisme est un ersatz de lʼespérance, dont la propagande officielle se ré-serve le monopole. Il approuve tout, il subit tout, il croit tout, cʼest par excellence la vertu du contribuable. Lorsque le fisc lʼa dépouillé même de sa chemise, le contribuable optimiste sʼabonne à une revue nudiste et déclare quʼil se promène ainsi par hygiène, quʼil ne sʼest ja-mais mieux porté. Neuf fois sur dix lʼoptimisme est une forme sournoise de lʼégoïsme, une manière de se désolidariser du malheur dʼautrui. »7

Lorsque saint Luc dépeint magistralement la lente apparition de la foi dans la communau-té dʼaprès Pâques, il manifeste donc la grandeur de deux réalités : lʼhorreur de la Passion et

6 Saint Léon le Grand, Premier sermon sur lʼAscension du Seigneur (LXXIII), Sources Chrétiennes 74, p. 135-6. 7 Georges Bernanos, La liberté, pour quoi faire ? Gallimard 1972.

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mort de Jésus, et la nouveauté absolue de sa Résurrection. On ne passe pas de lʼun à lʼautre comme si de rien nʼétait. Cʼest la raison dʼêtre de cette période qui sʼétend de Pâques à la Pentecôte, pendant laquelle le Seigneur habitue ses disciples à la réalité de la résurrection et les prépare au don de lʼEsprit. Saint Léon lʼexprime ainsi :

« C'est en ces jours-là qu'est abolie la crainte d'une mort redoutée et qu'est proclamée non seulement 1'immortalité de l'âme, mais même celle de la chair. C'est en ces jours-là que le Saint Esprit est infusé à tous les apôtres par 1'insufflation du Seigneur et que, après avoir déjà reçu les clefs du royaume, le bienheureux apôtre Pierre se voit confier, de préférence aux autres, le soin du bercail du Seigneur. C'est en ces jours-là que le Seigneur s'adjoint en tiers à deux disciples en chemin et que, pour nous débarrasser entièrement des ténèbres du doute, il reproche à ceux qui s'effraient et qui tremblent leur lenteur à croire. Les cœurs qu'il illumine sentent s'allumer la flamme de la foi, et ceux qui étaient tièdes deviennent brûlants lorsque le Seigneur ouvre les Écritures. »8

Dʼoù lʼinvitation de saint Paul à « rechercher les choses dʼen haut » (Col 3,1). Le Sei-gneur, par ses apparitions, a manifesté à ses disciples non seulement sa nouvelle vie glo-rieuse, mais aussi la nature spéciale de cette vie : un nouveau « mode dʼêtre au monde » qui est sa présence auprès du Père : « là où se trouve le Christ, assis à la droite de Dieu », écrit saint Paul. Sa nouvelle vie engendre en nous – par le baptême – la vie théologale : les vertus de foi, espérance et charité qui nous projettent dans ce monde divin.

La véritable espérance Au cours de notre croissance spirituelle, il est possible que cette vertu dʼespérance soit

très éprouvée : par des contrariétés multiples, par des raisonnements trop humains, par des tentations spécifiques… Cʼest une étape très courante. Le bienheureux Marie-Eugène nous rappelle que cette étape, appelée nuit de lʼesprit, plonge lʼâme dans les ténèbres, pour y faire naître la véritable espérance théologale :

« La nuit de lʼesprit amène cette heure de lʼespérance surnaturelle. Dieu sʼy découvre dans les effusions de grâce et dans les faveurs extraordinaires qui marquent cette période, dans la sagesse secrète et toujours agissante qui crée une certaine obsession de la trans-cendance divine. Lʼobscurité qui règne fait en même temps plus épais le voile, plus grande la distance qui sépare. Lʼâme, écrasée par sa misère et sa faiblesse, expérimente quʼelle ne peut aller vers ce Dieu, lʼunique objet quʼelle puisse désormais désirer. Revenir en arrière, elle ne le peut, car elle est déjà enchaînée par son amour. Se porter vers Lui, elle nʼy réussit pas et elle ne doit pas le faire, puisque la flamme divine est dans son âme et lʼinvestit. Cʼest lʼheure de lʼespérance profonde, ardente et paisible. Dieu attend ces soupirs qui jaillissent des profondeurs et les ouvrent à son action. Dieu a besoin de ces gémissements qui disent que lʼœuvre de purification se réalise et qui livrent toutes les imperfections à lʼaction de la flamme. »9

Les apôtres, au matin de Pâques, ne sont donc pas simplement « consolés » des évé-nements de la Passion, comme sʼil fallait les oublier : ils sont plutôt immergés dans une nou-velle perspective, celle de lʼavènement du Ciel sur la terre. On comprend dès lors leurs diffi-cultés et la différence profonde entre lʼoptimisme mondain et lʼespérance théologale. LʼÉvangile nous montre leur lente évolution parce que nous vivons, nous aussi, la même dif-ficulté à croire. Bernanos a ressenti très personnellement cette aventure de lʼesprit :

« Cʼest [lʼoptimisme] un ersatz de lʼespérance, quʼon peut rencontrer facilement partout, et même, tenez par exemple, au fond de la bouteille. Mais lʼespérance se conquiert. On ne va jusquʼà lʼespérance quʼà travers la vérité, au prix de grands efforts et dʼune longue pa-tience. Pour rencontrer lʼespérance, il faut être allé au-delà du désespoir. Quand on va jusquʼau bout de la nuit, on rencontre une autre aurore. […] Lʼoptimisme est une fausse es-

8 Saint Léon le Grand, Premier sermon sur lʼAscension du Seigneur (LXXIII), Sources Chrétiennes 74, p. 136-7. 9 Père Marie-Eugène de lʼEnfant Jésus, ocd, Je veux voir Dieu, éditions du Carmel, p.825.

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pérance à lʼusage des lâches et des imbéciles. Lʼespérance est une vertu, virtus, une déter-mination héroïque de lʼâme. La plus haute forme de lʼespérance, cʼest le désespoir surmon-té. »10

« Songez aux choses dʼen haut » (Col 3,2) : en ce temps pascal, lʼÉglise reprend à son compte lʼexhortation de saint Paul. Elle nous invite à la véritable espérance dont le pape François nous offre une description plus positive que celle de Bernanos :

« Voyez, lʼespérance chrétienne nʼest pas simplement un désir, un vœu, ce nʼest pas de lʼoptimisme : pour un chrétien, lʼespérance est attente, attente fervente, passionnée de lʼaccomplissement ultime et définitif dʼun mystère, le mystère de lʼamour de Dieu, dans lequel nous renaissons et dans lequel nous vivons déjà. Et il est attente de quelquʼun qui va arriver : cʼest le Christ Seigneur qui se fait toujours plus proche de nous, jour après jour, et qui vient nous introduire enfin dans la plénitude de sa communion et de sa paix. LʼÉglise a alors le devoir de maintenir allumée et bien visible la lampe de lʼespérance, afin quʼelle puisse conti-nuer de resplendir comme un signe certain de salut et quʼelle puisse illuminer pour toute lʼhumanité le chemin qui conduit à la rencontre avec le visage miséricordieux de Dieu. »11

Témoins dʼespérance Où trouver concrètement cette « lampe de lʼespérance » ?

La présence de Dieu auprès de son peuple nʼa pas cessé brusquement à la Pentecôte. Elle se poursuit depuis deux mille ans, constituant comme un cinquième évangile qui se dé-roule au fil de lʼhistoire et se déploie aujourdʼhui, à notre époque et dans nos propres vies. Nous pouvons très utilement relire, en ce temps de Pâques, les Actes des apôtres qui mani-festent cette présence de manière éclatante ; puis méditer sur lʼhistoire de lʼÉglise constellée de martyrs et de saints.

Des hommes et des femmes nʼont cessé de payer de leur vie le témoignage au Christ ressuscité. Ils nʼont jamais été aussi nombreux quʼaujourdʼhui. Les fondateurs et réforma-teurs dʼordre, comme Benoît de Nursie ou François dʼAssise, sont venus émailler lʼhistoire, relevant lʼÉglise à chaque fois quʼelle chancelait. Les mystiques, comme Thérèse dʼAvila, Jean de la Croix, ou Marguerite-Marie, ont rappelé sans cesse la réalité très concrète de lʼamour de Dieu pour eux et pour nous. Depuis le XVIe siècle des apparitions mariales, assor-ties de signes très concrets, disent toute lʼattention de Dieu à notre monde moderne. Les maîtres de charité comme Vincent de Paul, Don Bosco, ou Mère Teresa, ont réalisé des œuvres étonnantes dépassant les capacités humaines et changeant le monde. Aujourdʼhui encore les initiatives de charité se multiplient sur tous les continents, de même que fleuris-sent des communautés nouvelles vivant les charismes des Actes (guérison, conversion…).

La foi se répand dans des pays dʼAsie originellement très éloignés de la pensée chré-tienne, comme lʼInde, le Japon, la Corée, la Chine… Dans ces pays et ailleurs, la consécra-tion dʼhommes et de femmes dont lʼexistence est articulée autour des trois vœux de pauvre-té, chasteté et obéissance, si contraires à lʼesprit du monde, manifeste la force des choses dʼen haut. Cʼest ainsi que Jean-Paul II nous les présentait :

« Le regard tourné vers les réalités du Seigneur, la personne consacrée rappelle que ʻnous n'avons pas ici-bas de cité permanenteʼ (He 13, 14), parce que ʻnotre cité se trouve

10 Georges Bernanos, La liberté, pour quoi faire ?, Gallimard 1972. 11 Pape François, Audience du 15 octobre 2014, disponible ici.

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dans les cieuxʼ (Ph 3, 20). La seule chose nécessaire est de chercher ʻle Royaume et sa jus-ticeʼ (Mt 6, 33), en implorant sans cesse la venue du Seigneur. »12

Au tombeau vide, les anges ont invité les femmes à se souvenir des paroles de Jésus : « Rappelez-vous comment il vous a parlé, quand il était encore en Galilée » (Lc 24, 6). Pour soutenir notre chemin dans la foi, nous pouvons relire notre vie comme une histoire sainte, et nous rappeler des œuvres que le Seigneur a accomplies pour nous personnellement. Le pape François nous y invitait :

« Cʼest donc lʼinvitation à faire mémoire de la rencontre avec Jésus, de ses paroles, de ses gestes, de sa vie ; et cʼest vraiment le fait de se souvenir avec amour de lʼexpérience avec le Maître qui conduit les femmes à dépasser toute peur et à porter lʼannonce de la Ré-surrection aux Apôtres et à tous les autres (cf. Lc 24,9). Faire mémoire de ce que Dieu a fait et fait pour moi, pour nous, faire mémoire du chemin parcouru ; et cela ouvre le cœur à lʼespérance pour lʼavenir. Apprenons à faire mémoire de ce que Dieu a fait dans notre vie. »13

Terminons notre méditation par cette belle prière au Christ ressuscité :

« Seigneur Jésus Ressuscité, par ta vie, ta mort et ta résurrection, Tu as saisi la main de lʼhomme et de la femme pour les arracher à leur détresse et les entraîner vers le Père, dans la force de lʼEsprit Saint.

Tu es toujours avec nous jusquʼà la fin des temps. Nous croyons en ta présence, invisible et réelle, silencieuse et efficace. Tu pardonnes nos faiblesses, renouvelles notre confiance. Envoie sur nous ton Esprit Saint !

Quʼil nous apprenne à te chercher, comme Marie Madeleine, par ce que nous tʼaimons, et souffrir quand nous te délaissons ; à te trouver dans les Écritures, comme les disciples dʼEmmaüs, et te recevoir comme pain rompu pour notre Vie ; à te redire que nous tʼaimons, comme Pierre, chaque fois que nous avons peur de reconnaître, devant les autres, ton in-fluence sur nous.

Que ton Esprit nous communique un souffle de Résurrection, de pardon, de guérison et de communion en faveur de tout homme et de tout peuple, avec priorité au service des plus méprisés et des plus oubliés. Arrache nous à nos instincts de mort et dʼagressivité, à nos tentations de désespérer ou capituler devant le mal.

Fais de ton Église une communauté vivant de lʼAmour et de lʼespérance. Avec ceux qui te cherchent même sans te nommer, Toi, le vivant qui fait vivre pour les siècles des siècles. »14

12 Jean-Paul II, Vita Consecrata, nº26, disponible ici. 13 Pape François, Homélie (veillée pascale), 30 mars 2013, disponible ici. 14 Prière au Christ ressuscité, dʼaprès Mgr Jean-Charles Thomas, disponible ici.