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1 THOMASSET Gaëlle CAUVIN Thomas Le XXème Congrès du Parti Communiste de l’URSS (1956) Trois ans après la mort de Staline, le XXe Congrès du P.C.U.S. s’ouvre à Moscou, le 14 février 1956. Staline décède le 5 mars 1953. Nous sommes ici devant un extrait du rapport secret de Khrouchtchev. Nous verrons un peu plus tard qui était-il. Après un bref hommage, le groupe dirigeant dénonce dans ce Congrès d’emblée le culte de la personnalité et, le 25 février, à huit-clos, le congrès écoute un rapport de Khrouchtchev, premier secrétaire général du parti communiste, sur Staline. Si l’on en croit le compte-rendu sténographique, le XXe congrès se serait achevé le 25 février. De fait, c’est même dans la soirée du 24 que le congrès s’est officiellement clôturé. Mais, à minuit passé, tous les délégués qui se préparaient à rentrer chez eux furent de nouveau conviés au Kremlin. Invités et délégations des partis étrangers étaient absents et l’on annonça aux délégués que cette séance se tiendrait à huis clos. A cette occasion, Khrouchtchev monta à la tribune et, au nom du comité central nouvellement élu, fait la lecture de son fameux rapport sur le « culte de la personnalité et ses conséquences ». C’est le 1 er congrès de l’époque post- stalinienne. Il réunit des représentants des 55 partis communistes étrangers et 1.463 de délégués soviétiques. Ce rapport est destiné aux communistes de l'Union soviétique uniquement. C'est un document officiel. Exposé : Le XXème Congrès du Parti Communiste de l’URSS (1956)

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Le XXème Congrès du Parti Communiste de l’URSS (1956)

Trois ans après la mort de Staline, le XXe Congrès du P.C.U.S. s’ouvre à Moscou, le 14 février 1956. Staline décède le 5 mars 1953.

Nous sommes ici devant un extrait du rapport secret de Khrouchtchev. Nous verrons un peu plus tard qui était-il. Après un bref hommage, le groupe dirigeant dénonce dans ce Congrès d’emblée le culte de la personnalité et, le 25 février, à huit-clos, le congrès écoute un rapport de Khrouchtchev, premier secrétaire général du parti communiste, sur Staline. Si l’on en croit le compte-rendu sténographique, le XXe congrès se serait achevé le 25 février. De fait, c’est même dans la soirée du 24 que le congrès s’est officiellement clôturé. Mais, à minuit passé, tous les délégués qui se préparaient à rentrer chez eux furent de nouveau conviés au Kremlin. Invités et délégations des partis étrangers étaient absents et l’on annonça aux délégués que cette séance se tiendrait à huis clos. A cette occasion, Khrouchtchev monta à la tribune et, au nom du comité central nouvellement élu, fait la lecture de son fameux rapport sur le « culte de la personnalité et ses conséquences ». C’est le 1er congrès de l’époque post-stalinienne. Il réunit des représentants des 55 partis communistes étrangers et 1.463 de délégués soviétiques. Ce rapport est destiné aux communistes de l'Union soviétique uniquement. C'est un document officiel.

En analyse, le tableau est noir : despotisme, cruauté, suspicions, purges, terreur, répression policière, folie des grandeurs. Cette dénonciation du culte de la personnalité officialise dès lors le processus de « déstalinisation ». Ce document présente une critique du culte de la personnalité et appelle à un retour à la direction collective.

Face à ce texte, on peut se demander en quoi le XXème Congrès du Parti communiste de l’URSS marque-t-il en rupture dans l’histoire soviétique et dans les relations avec les autres Partis Communistes.

Pour répondre à cela, on verra dans un premier temps la déstalinisation. Puis, nous verrons dans une seconde partie le retour au marxisme-léninisme.

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I) Critique du stalinisme/ Un processus de déstalinisation

a) Critique du culte de l’individu. Le rapport de Khrouchtchev avait pour but premier de dresser un état des lieux de l’action stalinienne en dénonçant les excès et l’entretien du culte de la personnalité tout au long du « règne » de Staline. La critique de Staline est annoncée tout d’abord par sa dénomination dans le document. En effet, Staline n’y est désigné ni comme camarade, ni de la manière déférente utilisée pour Lénine. La mention simple de Staline (lignes 1, 10, 47 par exemple) rejette celui-ci dans l’anonymat. Le rapport estime qu’« il était intolérable et étranger à l’esprit du marxisme-léninisme d’exalter une personne et d’en faire un surhomme doté de qualités surnaturelles à l’égal d’un Dieu » (lignes 3 à 5). C’est-à-dire qu’il met en évidence le fait que l’exaltation de mythe stalinien a pour corollaire l’atrophie de l’idéologie communiste. Ainsi le développement du culte est contraire à l’idéologie marxiste-léniniste qui appelait à un certain respect de la collégialité basé sur les principes du centralisme démocratique. Mais nous le verrons dans la seconde partie. Ce rapport secret est placé sous le signe de Lénine, architecte de la révolution et l’un des réels pères fondateurs de l’idéologie soviétique qui « stigmatisa sans merci tout manifestation du culte de l’individu » (ligne 7-8) et dont le respect de la collégialité servait de modèle et n’en rendait que plus évidente la déviation personnelle de Staline. Le document rappelle que Lénine « détecta à temps en Staline les caractéristiques négatives qui eurent plus tard de graves conséquences » (ligne 9-10). Ainsi, le caractère négatif de Staline avait déjà été indiqué par Lénine dans son texte dit « Testament » adressé au congrès le 22 décembre 1922. C’est par le rapport secret que les assistants apprirent l’existence du conflit qui opposa Lénine à Staline à la fin de l’année 1922. Mais ça aussi, nous le verrons dans la seconde partie. Ici, Khrouchtchev portait dès le départ un coup fatal aux prétentions de Staline à avoir été l’héritier de Lénine (qui désirait un pouvoir partagé). Le texte, en opposant Lénine à Staline, fait de celui-ci une aberration de l’histoire qu’il convient d’écarter, et l’analyse de ses crimes confirmant les angoisses de Lénine en imposait la conclusion, le rejet du culte. Enfin, en conclusion de ce rapport émis par Khrouchtchev, il est établit qu’il est nécessaire « de condamner et d’extirper, en bolcheviks, le culte de l’individu, car il est étranger au marxisme-léninisme » (ligne 72-73). Il s’agit donc bien là de l’axe premier du rapport secret de Khrouchtchev. Le premier secrétaire du Comité Central cherche à rendre Staline qui «décidait de tout tout seul » (ligne 63) personnellement responsable des excès qu’a connu l’URSS au cours des vingt six ans de stalinisme afin d’innocenter le système dont Staline provient, c’est-à-dire le léninisme ainsi que le stalinisme qu’il a instauré. Khrouchtchev cherche à ne pas entacher la légitimité du parti et explique que le «  culte de la personnalité » de Staline relève d'une

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culpabilité individuelle : celle de Staline lui-même autour duquel s’est instauré le mythe « du plus grand homme de tout les temps » et dont personne n’osait contester son mode de gouvernement, ses manies et ses menaces, celui-ci régnant en maître absolu et veillant jalousement sur les principaux leviers du pouvoir : l’appareil du parti, la Commission de contrôle du parti et la police politique. Après 1936, Staline devient en effet l’objet d’un culte prodigieux. Staline a su se hisser au même rang que Lénine en tant que fondateur de l’Etat soviétique. Il s’inscrit dans la lignée des pères fondateurs de l’idéologie soviétique et gagne le statut d’homme au pouvoir absolu et d’homme de savoir universel. Enfin, il légifère dans tous les domaines, qu’il s’agisse de la linguistique, de la biologie ou encore de la philosophie,… Son pouvoir et son image sont omniprésents en URSS et dans l’Est Européen. Après sa mort, le culte est peu à peu passé sous silence puis le rapport le dénonce finalement et cherche à montrer comment ce culte s’est développé, imposé, et quelles en ont été les conséquences.

b) Purges, déportations et massacres   : le procès de la Grande Terreur. Le texte explique que, « lorsque Staline commença progressivement à fonder son pouvoir, les principes de centralisme démocratiques furent brutalement violés » (lignes 28-29) et que « cela fut particulièrement évident pendant les quinze dernières années de sa vie » (ligne 30). Ces citations font référence à la période de Grande Terreur qu’a connu l’URSS sous Staline. En effet, Staline usa de son pouvoir personnel pour mettre en place des purges visant trois grandes catégories « d’ennemis du peuple » que le document mentionne à la ligne 16. Ces différentes catégories comprennent des groupes sociaux et politiques, des minorités nationales et l’appareil du parti et de l’Etat. On considère que Staline a inauguré la Grande terreur en organisant le premier des « grands procès de Moscou » en 1936 où il nomme Nicolaï Iejov maître d’œuvre de la Grande Terreur. Celle-ci est lancée le 7 juillet 1937 par une directive du Politburo aux autorités locales, leur enjoignant de dresser la liste des ennemis du peuple encore en liberté : koulaks, gardes blancs, socialistes révolutionnaires, mencheviks etc. et de constituer des tribunaux d’exception afin de juger ces individus de manière expéditive. Il n’y a que deux sentences envisagées : Catégorie 1 : fusillé, catégorie 2 : déporté. Il faut savoir qu’un quota est fixé pour chacune de ces catégories. Le document parle des « arrestations en masse de fonctionnaire du parti, de soviets, de l’économie et de l’armée » (lignes 37-38) et les « pertes énormes de cadres subies à la suite des répressions massives » (ligne 43-44). On distingue ici l’idée de répression dite de masse. Ces purges frappent en effet les responsables du parti, mais s’étendent rapidement aux échelons inférieurs et à des centaines de milliers de cadres dans les domaines administratifs, militaires, économiques ou encore culturels. Cette répression massive connait des conséquences dans la mesure où, en été 1928, le pays se retrouve

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dangereusement désorganisé. Du 1er octobre 1936 au 1er novembre 1938, on compte 1.565.000 personnes arrêtées dont 668.305 sont exécutées et 668.558 sont envoyés au Goulag. On compte également 33.924 arrestations en 1939 et 87.109 en 1940, et 4.464 exécutions en 1939-1940. Enfin, de 1941 à 1952, on compte encore 1.076.563 arrestations et 59.653 exécutions. On estime que la Grande Terreur début le 30 juillet 1937 et prend fin le 1er novembre 1938, mais la pratique des arrestations de masses et des déportations continuera jusqu’à la mort de Staline en mars 1953. A la ligne 21, l’auteur mentionne l’existence des « confessions  obtenues aux moyens de pressions physiques contre l’accusé » : sous la torture ou le chantage, chaque personne arrêtée dénonce des dizaines de complices et les arrestations sont de plus en plus nombreuses. Le document met en relief de climat de peur qui règne en URSS sous le règne de Staline, on relève alors tout un champ lexical de l’insécurité : « des conditions d’insécurité, de peur, et même de désespoir » (ligne 25-26) ou encore « une situation d’incertitude, contribuant à la propagation de soupçons maladifs et semant la méfiance parmi les communistes » (ligne 38 à 40). Ce climat de peur et de méfiance est général dans la mesure où chacun peut-être touché par la répression. Dans son discours, Khrouchtchev met l’accent sur la répression visant les nationalités. « L’obstination de Staline se manifesta non seulement dans le domaine des décisions qui concernaient la vie intérieure du pays, mais également dans celui des relations internationales de l’Union soviétique » (ligne 65 à 68). S’il parle ici de l’influence stalinienne à l’Est, il aborde plus précisément « les problèmes posées par l’affaire yougoslave » (ligne68-69). Khrouchtchev fait référence à la rupture politique entre Tito et Staline, dite aussi schisme yougoslave intervenu en 1948. Si Tito soumet à des purges les cadres staliniens du parti communiste yougoslave, la rupture entre URSS et Yougoslavie consiste pour les autres partis communistes en un prétexte pour pratiquer des purges internes dans les partis locaux et les cadres dits « titistes », ou considérés comme tels, sont accusés de dérives nationalistes et éliminés. Le texte s’attarde également sur la « monstruosité des actes dont Staline fut l’inspirateur » (ligne 56) à l’occasion de « déportations massives de peuples entiers » (ligne 56-57). Ces déportations concernent au total un million de personnes, accusés collectivement de collaboration avec les nazis. Ces peuples, parmi lesquels les Tatars de Crimée, les Tchétchènes et les Ingouches, ne seront « réhabilités » qu’après la mort de Staline. Toutefois, si Staline à orchestré ce phénomène de Terreur, celui-ci reste un piètre stratège militaire. Khrouchtchev montre cette idée en prenant l’exemple de la « guerre patriotique » (ligne 46) dans laquelle le rôle de Staline n’a été que purement représentatif, dans la sens où Staline n’a fait qu’exacerber l’image d’un chef militaire puissant.

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Après avoir vu la déstalinisation, nous allons voir maintenant dans cette seconde partie que ce rapport secret prononcé lors du XXème Congrès du Parti Communiste souhaite un retour au marxisme-léninisme. (II : Le retour au marxisme-léninisme) D’abord, il y a un problème de légitimité. Puis, il y a le vœu d’un retour à un pouvoir collégial.

Pour commencer, nous allons étudier le problème de légitimité de Khrouchtchev. (A : Khrouchtchev, un problème de succession ?) Même si dans le texte, il n’y a pas de référence à Khrouchtchev, c’est ce dernier qui rédigea ce rapport. Et il faut comprendre au travers de ce rapport qu’il y a un problème de légitimité. Nikita Khrouchtchev, né en 1894 et décédé le 11 septembre 1971, est un homme d'État soviétique qui s'affirma progressivement comme le principal dirigeant de l'URSS entre la mort de Staline et son éviction du pouvoir le 14 octobre 1964. Il doit son ascension politique à partir des années 1930 à la protection personnelle de Staline, dont il intègre le cercle des intimes. Il est premier secrétaire du Parti communiste de l'Union soviétique à partir de mars 1953. Il a été le principal inspirateur de la politique de déstalinisation à l'intérieur et de la coexistence pacifique à l'extérieur. Donc, comme nous venons de le voir dans cette brève présentation, Khrouchtchev a été proche de Staline. À l'Université à Moscou, il fait la connaissance de la femme de Staline, qui l'introduit auprès de son mari. Il intègre vite le cercle des intimes du tout-puissant secrétaire général du PCUS. Il devient membre du comité central du parti en 1934. De 1935 à 1937, il est premier secrétaire de la région de Moscou. Il joue à ce titre un rôle important dans l'achèvement du métro de Moscou et dans la politique de constructions monumentales qui remodèle le visage de la capitale soviétique. Il participa aux Grandes Purges que nous avons vus tout à l’heure. Mais en même temps, Khrouchtchev tente de se démarquer de Staline. Comme par exemple aux lignes 3 à 5, « il était intolérable et étranger à l’esprit du marxisme-léninisme d’exalter une personne et d’en faire un surhomme doté de qualités surnaturelles à l’égal d’un dieu ». Le pouvoir stalinien reposait sur la légitimité personnelle de Staline. Donc, il y a un problème de transmission du pouvoir. Cette légitimité personnelle a été « fabriquée » par les purges comme nous l’avons vu. Aussi, elle part sur l’idée centrale que Staline est le successeur légitime de Lénine. Le 2 ème

fondement du pouvoir stalinien est le système politico-répressif. Ce système est caractérisé par la puissance policière et la puissance économique et militaire dont jouit Staline. Le Congrès veut éviter de reconnaître ce pouvoir personnel de Staline pour éviter de laisser place à un nouveau Staline. Donc, il cherche de nouvelles voies de légitimité différente, fondée sur les appareils politiques. Aussi, on peut voir que cette idée se place dans la ligne droite d’un retour au marxisme-léninisme. Car Khrouchtchev fait référence à la brouille entre Lénine et Staline, quand il dit « son esprit perspicace

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(en parlant de Lénine) se manifesta dans le fait qu’il détecta à temps en Staline les caractéristiques négatives qui eurent plus tard de graves conséquences » (l.8 à 10). Ce conflit a eu lieu en 1922. Durant les mois où Lénine est écarté du pouvoir pour cause de maladie, Staline lui rend souvent visite et reçoit des instructions. Ensuite vient la rupture sur la question nationale où Staline est jugé trop brutal par Lénine. Lénine se tourne alors vers Trotsky. Staline essaye de maintenir Lénine à l'écart. Aussi, on découvre le testament de Lénine. C’est le dernier acte politique de Lénine, qui critique fortement la brutalité de Staline. De Staline, qui est alors secrétaire général du parti communiste depuis avril 1922, Lénine dit que « le camarade Staline devenu secrétaire général a concentré dans ses mains un pouvoir illimité, et je ne suis pas sûr qu'il saura toujours s'en servir avec assez de prudence »  et dans une note complémentaire il précisait que « Staline est trop brutal, et ce défaut tout à fait tolérable entre nous, communistes, devient intolérable au poste de secrétaire général. C'est pourquoi je propose aux camarades d'examiner le moyen de déplacer Staline de ce poste et de nommer quelqu'un d'autre, qui aurait sur le camarade Staline cette seule supériorité d'être plus tolérant, plus loyal, plus poli, (…) moins capricieux, etc.». La femme de Lénine découvre le document et le lit au comité central qui décide de ne pas suivre ces recommandations et de garder le texte secret. Après la mort de Lénine, Staline empêchera la publication du « testament de Lénine ». Lorsque le texte est publié à l'étranger en 1926 par des communistes dissidents, les dirigeants russes (Trotski compris, au nom de l'unité du parti) dénoncent un « faux ». Le texte ne sera reconnu comme authentique qu'en 1956 par Khrouchtchev, et publié en URSS seulement en 1987.

Enfin, pour terminer l’étude de cet extrait, nous allons voir que Khrouchtchev souhaite un retour à un pouvoir collégial pour légitimer son pouvoir. (B : Le retour à un pouvoir collégial) Celui-ci répond au pouvoir personnel de Staline que nous avons vu tout à l’heure. Aux lignes 6 et 7, Khrouchtchev nous dit que Lénine attachait « une grande importance au rôle des dirigeants et organisateurs des masses ». Il y a ici une volonté de rétablir et de consolider au maximum le principe léniniste de direction collective. Ce thème est présent d’un bout à l’autre de ce XXème Congrès du Parti communiste de l’URSS. Puis, aux lignes 26 à 28, Khrouchtchev nous dit que « la direction collégiale découle de la nature même de notre parti, qui est basé sur les principes du centralisme démocratique ». Aussi, le XXème Congrès décide « de poursuivre d’une façon systématique et conséquente le travail accompli par le comité central du parti durant les dernières années. Les caractéristiques de ce travail ont été les suivantes : observation minutieuse des principes léninistes relatifs à la direction du parti et surtout du principe essentiel de la direction collective ... et large pratique de la

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critique et de l’autocritique [et] de remettre en vigueur d’une manière complète les principes léninistes de la démocratie socialiste tels qu’ils sont exprimés dans la Constitution de l’Union Soviétique, et de lutter contre l’entêtement des individus qui abuseraient de leur pouvoir » (l.73 à 82). Le retour à la collégialité revient à restaurer les fonctions et attributions des 4 organes principaux du PCUS : le Congrès, le comité central du PCUS, le bureau politique et le secrétariat. Le Congrès, comme celui que nous avons ici, est l’organe suprême. Mais il n’est pas permanent. Il approuve les rapports d’activités du Comité central et le programme du Parti. Il détermine la ligne du Parti (comme on peut le remarquer dans cet extrait) et élit le comité central. Ce dernier a les mêmes fonctions que le Congrès sauf que c’est un organe permanent. Il élit les membres du bureau politique et du secrétariat général. Le bureau politique s’appelle depuis 1952 Présidium. Il est constitué par le Comité centre à l’issue de chaque Congrès. Il est présidé par le secrétaire général du Comité central du parti. Il dirige le travail du parti entre les sessions plénières du Comité central. Enfin, il y a le secrétariat général. Il est chargé de diriger la gestion administrative du Parti, de sélectionner les cadres du Parti et de veiller à l’exécution des décisions. Le secrétaire général contrôle le Parti. Le remède contre le culte de la personne est de démocratiser le parti et de cesser de vivre dans l’illusion et le mensonge. Pour cela, il faut que les membres de tous les organes que nous avons tout à l’heure soient élus et non cooptés. Ils sont élus au suffrage indirect. Tout ceci est appelé la démocratie socialiste, pour faire contre-poids au pouvoir personnel de Staline et au choc des totalitarismes sortant. Il y a une volonté de refonder le parti après toutes les purges. Aussi, il y a une volonté de se démarquer de Staline et surtout sur son rôle lors de la guerre. Khrouchtchev dit que c’est « le parti tout entier, le gouvernement soviétique, notre héroïque armée, ses chefs talentueux et ses braves soldats, la nation soviétique tout entière, qui ont remporté la victoire dans la grande guerre patriotique » (l.47 à 50). Toutes ces annonces ont pour but de montrer à ceux qui veulent s’engager au sein de l’URSS qu’ils sont en rupture avec l’autoritarisme stalinien et que chaque pays et chaque société est libre de son destin et de ses choix. Libre de puiser dans sa tradition historique, dans sa culture, dans les valeurs auxquelles ses administrés sont attachés, la meilleure façon d’atteindre au socialisme. Ce rapport souligne la nécessité de reconnaître la diversité et la pluralité des voies socialistes, dans un contexte de Guerre Froide. A l’imposition rigide d’un modèle soviétique stalinien, succède l’affirmation d’une pluralité de voies au socialisme, et la réhabilitation des aspirations de chaque tradition nationale pour choisir ses voies. L’autre objectif est de rassurer le Parti communiste de l’Union Soviétique et la population soviétique et de privilégier la figure de Lénine. Ceci est dans le texte entre les lignes 51 et 54 : « L’Union Soviétique est à juste titre considérée comme un modèle d’Etat

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multinational, parce que nous avons, dans la pratique, assuré l’égalité des droits et l’amitié de toutes les nations qui vivent dans notre patrie ».

Pour conclure, nous avons vu que XXème Congrès du Parti communiste de l’Union soviétique de 1956 a été un moment charnière dans l’histoire soviétique. Car elle marque la déstalinisation et prône le retour au marxisme-léninisme. La déstalinisation consiste en une critique du pouvoir personnel de Staline et du culte de la personnalité. Ce pouvoir personnel a été construit par Staline au travers des purges et du conflit de Terreur qu’il a mis en place. Ce rapport secret critique l’œuvre de Staline. Aussi, il prône un retour au marxisme-léninisme, mais surtout à un pouvoir collégial. Et ceci s’explique surtout à cause du problème de légitimité que connaît Khrouchtchev. C’est un Congrès qui est en rupture avec tout le stalinisme.

Concernant la portée du document, il devait rester secret au début. D’où son nom. Mais le 4 juin 1956, le département d’Etat soviétique rend le texte public, à la suite de pression sur Khrouchtchev et à cause de fuites. Ce changement de ligne a apparu étonnant aux étrangers. Il a un impact dans tout l’URSS. Concernant les limites du document, le texte comporte certaines incohérences. L’ensemble du texte manque de rigueur et l’information est souvent floue ou insuffisante. C’est un rapport sélectif dans la condamnation du stalinisme. Car il tentait de préserver le système politique et ses choix fondamentaux.

En ouverture, les changements apportés par ce Congrès ont ébranlé le système soviétique. La déstalinisation se poursuivra. Elle sera progressive et partielle. Ce Congrès permettra la réhabilitation de certains peuples et de certaines personnalités. Aussi, il y aura de nouveaux statuts.

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Plan

En quoi le XXème Congrès du Parti Communiste de l’URSS marque-t-il une rupture dans l’histoire soviétique et des

relations avec les autres Partis Communistes ?

I : La déstalinisation :A : Une critique du pouvoir personnel de Staline

B : La Terreur

II : Le retour au marxisme-léninisme :A : Khrouchtchev, un problème de succession ?

B : Le retour à un pouvoir collégial

BibliographieExposé : Le XXème Congrès du Parti Communiste de l’URSS (1956)

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Outils de travail   : Stéphane COURTOIS, Dictionnaire du communisme, Paris, Larousse, 2007

Ouvrage général   : Patrice GELARD, Le Parti communiste de l’URSS, Paris, PUF, 1982 Jean-Jacques MARIE, Staline 1879-1953, Paris, Editions du Seuil, 1967 Roj Aleksandrovič MEDVEDEV, Staline et le stalinisme, Paris, Albin Michel,

1979

Ouvrage spécialisé   :

Hélène CARRERE D’ENCAUSSE, 1956 : La 2ème mort de Staline, Paris, Editions Complexes, 2006

René GIRAULT, Le XXème congrès : Mythes et réalités de l’Europe de l’Est en 1956, Paris, Institut des études slaves, 1977

Site internet   : Wikipédia : consultation de l’article sur Khrouchtchev, sur le XXème Congrès du Parti Communiste de l’URSS, Lénine, Staline

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