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Voilà que paraît « Soumission », un nouveau livre de Monsieur Thomas dit Houellebecq. En cette année 2015, le livre est édité chez Flammarion et, comme il est annoncé par toute la presse, il décrirait « une France dirigée par un gouvernement islamiste en 2022 » (diable! que voilà une imagination débordante !)... Ce matin, et si je m’en allais donc consacrer quelques minutes à dire, moi aussi, ce que j’en pense ? Le plan com de M. Houellebecq. L’aspect du « piratage » qu’aurait subi le livre de M. Thomas Houellebecq est sans grande importance. En effet, on a quelque peu l’impression que désormais, dans le monde moderne, toute mise sur le marché d’un produit cinématographique (comme « The Interview »), littéraire, ou présumé tel, sera précédé par un piratage – ou en tout cas par l’annonce d’un « piratage ». Se prétendre victime d’une censure est sans doute le meilleur moyen de se faire de la publicité. Et cela, au risque que ceux qui sont réellement censurés soient

Le bouquin des phantasmes de Michel Houellebecq, l'écrivant parfaitement soumis au politiquement correct

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Olivier Mathieu, écrivain, poète et romancier né en 1960, et par ailleurs sympathisant de la cause palestinienne, est édité aux "éditions des petits bonheurs" de Jean-Pierre Fleury, docteur en sociologie de l'Universit de Nantes. Dans ce petit article, Olivier Mathieu se livre à quelques réflexions au sujet de "Soumission", le récent bouquin de Monsieur THOMAS (dit "Houellebecq"). Un bouquin où M. Houellebecq, reprenant et réutilisant le titre d'un fameux film pornographique, fait part d'un scénario apocalyptique et parfaitement invraisemblable, au sujet de la prise du pouvoir en France, en 2022, par un "parti islamique" (sic). Mais la France ne souffre-t-elle pas (et depuis combien de temps?) d'une autre "soumission"?

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Voilà que paraît « Soumission », un nouveau livre de Monsieur Thomas dit Houellebecq. En cette année 2015, le livre est édité chez Flammarion et, comme il est annoncé par toute la presse, il décrirait « une France dirigée par un gouvernement islamiste en 2022 » (diable! que voilà une imagination débordante !)...

Ce matin, et si je m’en allais donc consacrer quelques minutes à dire, moi aussi, ce que j’en pense ?

Le plan com de M. Houellebecq.

L’aspect du « piratage » qu’aurait subi le livre de M. Thomas Houellebecq est sans grande importance. En effet, on a quelque peu l’impression que désormais, dans le monde moderne, toute mise sur le marché d’un produit cinématographique (comme « The Interview »), littéraire, ou présumé tel, sera précédé par un piratage – ou en tout cas par l’annonce d’un « piratage ».

Se prétendre victime d’une censure est sans doute le meilleur moyen de se faire de la publicité. Et cela, au risque que ceux qui sont réellement censurés soient encore davantage condamnés par la loi du silence. Car c’est cela, le drame du monde moderne : les auteurs originaux ou talentueux, vraiment anticonformistes, risquent de demeurer des inconnus. Il faut déjà faire partie du « Star system » pour qu’on parle de toi quand tu es censuré (ou que tu prétends l’être). Résultat, ce sont toujours les mêmes qui parlent des mêmes, comme dans ces débats télévisés où des puits de conformisme et d’inculture se posent (sans rire !) la question : « mais que sont devenus les provocateurs » ?...

Ce n’est pas de la censure. Des épisodes de censure, en France, moi j’en connais (et la censure me répugne). Moi, j’appelle ça le « plan com » de Monsieur Houellebecq. Voilà faite, d’avance, la promotion d’un livre pas encore paru.

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« Soumission », une pseudo-uchronie.

Est-ce un livre de politique-fiction ? Monsieur Thomas (dit Houellebecq) déclare par exemple au « Figaro Magazine » : « (...) Ceci posé, oui, je pense qu'une telle situation est possible, mais pas à l'horizon indiqué. J'ai supposé pour les besoins de mon roman une accélération du temps et la percée d'un parti musulman en 2022 ».

J’avoue que je ne comprends pas très bien – à moins que je ne comprenne que trop ? Si une telle situation est « possible », et si elle est même le thème d’un roman, alors pourquoi situer ledit roman en 2022 ?

Orwell a donné pour titre à son roman : « 1984 ». Je suppose donc qu’Orwell imaginait la situation qu’il décrivait possible en 1984. Il n’a pas appelé son livre « 1952 » ou « 3015 ».

Voilà donc le lecteur hypothétique de M. Thomas Houellebecq prévenu. On lui propose d’acheter un livre situé en 2022, tout en sachant que l’auteur lui-même croit la situation qu’il décrit impossible à cette date-là. Mais si c’est une histoire « impossible », alors pourquoi les personnages y sont-ils les hommes (ou les femmes) politiques d’aujourd’hui ? Pourquoi 2022 ? Qui sait ? Dans l’espoir de « coller à l’actualité » ? Voire dans celui de susciter des peurs ?

« Soumission », un scénario grotesque et impossible.

Soumission se passerait à l'issue de l'élection d'un président de la République musulman... face au Front national... et grâce au ralliement de l'UMP et du PS. Afin de faire barrage au FN, les deux partis auraient passé un accord

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avec « Fraternité musulmane », et accepté l'islamisation de l'éducation nationale et... l'autorisation de la polygamie. 

Vous imaginez... Sarközy et Valls qui s’allient à la « Fraternité musulmane » face à M’dame Marine Le Pen (et à MM. Aliot et Philippot)... C’est évidemment n’importe quoi.

Mais il est évidemment plus simple (et plus rentable ?) pour M. Houellebecq Thomas de mettre en garde contre une imaginaire « polygamie  musulmane » (sic) qui s’abattrait sur la France en 2022, que de dénoncer éventuellement d’autres coutumes religieuses, pour ne pas dire tribales, qui ont réellement lieu en France, non pas en 2022 mais bel et bien en 2015.

Trois « suicides » de « l’Occident » ?

Toujours au « Figaro Magazine », M. Thomas sentencie : « Il y a un suicide plus général qui est celui de l'Occident, suicide économique, démographique et surtout spirituel ».

Ce n’est certainement pas original. Et puis, un « suicide économique » ? Qu’entend par là M. Thomas Houellebecq ? Le suicide est, ne serait-ce qu’étymologiquement, « le meurtre de soi ». Or, l’Occident ne se suicide nullement économiquement. L’Occident a inventé et suscité le capitalisme, et le capitalisme n’est pas un suicide. C’est plutôt un assassinat économique, un assassinat peut-être programmé, du monde entier. Comme si le capitalisme avait besoin de la « crise ». La crise, c’est le capitalisme. Un monde capitaliste où une centaine de « grandes fortunes » possède les mêmes richesses que plusieurs milliards d’êtres humains n’est pas un système qui se suicide, c’est un système qui exploite et qui appauvrit la planète au profit exclusif de quelques-uns.

« Un suicide démographique » ? Que signifie ? Face à ce genre de discours, il me semble toujours utile de rappeler que la « baisse de la démographie » n’est pas, en soi, un facteur

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déterminant. Il est vain de regarder les choses d’un seul point de vue quantitatif. Le problème, en Europe, n’est pas à mon avis que l’on fasse moins d’enfants. Ce n’est en tout cas pas le seul problème. Le fait est que la croissance démographique est plus grande, et même colossalement plus importante en Asie et en Afrique (qui sont aussi des continents beaucoup plus grands que l’Europe).

En Europe, le problème est sans doute surtout de mal éduquer (voire : de ne pas éduquer) les jeunes générations. Il vaudrait peut-être mieux faire moins d’enfants, mais mieux les éduquer. Il ne servirait pas à grand-chose que les Européens se mettent à faire des millions d’enfants, si ces derniers devaient passer leur enfance, leur jeunesse et leur vie à apprendre à baragouiner trois mots d’angliche ou de franglais, à jouer à la Play Station ou à publier, sur Facebook, des monuments quotidiens à leur illettrisme.

Faire des enfants, très bien (au fait, M. Houellebecq a-t-il des enfants ? Que fait-il, à titre personnel, pour lutter contre la « baisse de la démographie » ?), mais si c’est pour les mettre devant la télévision ou ne rien leur enseigner, en faire des consommateurs de gadgets inutiles, des rouages et des victimes de la société capitaliste...

Quant au « suicide spirituel », je reste perplexe. Ce suicide spirituel, quelles en seraient (selon M. Thomas Houellebecq) les causes ? Je ne nie pas forcément l’existence d’un tel « suicide ». Mais mon diagnostic ne doit pas être le même de celui de M. Houellebecq. Je ne crois pas que les remèdes que je proposerais pour essayer de l’éviter seraient les mêmes que ceux de M. Thomas Houellebecq...

Des qualités poétiques des uns et des autres.

Pour ne prendre qu’un seul exemple, et je pourrais en prendre beaucoup d’autres, je conseille à tout un chacun de

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lire les poèmes de M. Houellebecq (publiés chez les plus grands éditeurs, et encensés par la presse...), et ensuite de lire les miens (publiés dans l’indifférence générale chez de tout petits éditeurs comme, par exemple, aux minuscules « éditions des petits bonheurs » dirigées par M. Jean-Pierre Fleury, docteur en sociologie de l’université de Nantes). Mes textes poétiques (et romanesques) sont aussi sur Scribd !

Oui, je propose à qui le veut de lire, en toute objectivité, les « oeuvres poétiques » de M. Thomas Houellebecq et les miennes. Je propose à tout un chacun (et notamment à ceux qui devraient être qualifiés pour prononcer un tel jugement, j’entends par là les critiques littéraires, et les « spécialistes » universitaires de poésie) d’en juger sereinement les qualités métriques, d’inspiration et, tout bonnement, de poésie...

Un « jeu » pourrait aussi consister à faire lire, à des gens qui n’auraient jamais lu les poèmes de M. Thomas Houellebecq, et pas non plus les miens, nos oeuvres respectives. Ensuite, ces lecteurs pourraient se prononcer. Chiche ?...

On aurait des surprises. Et au demeurant, je rappelle quand même qu’Etienne de Montety, directeur du Figaro Littéraire, disait énormément de bien de mes qualités poétiques à moi, en première page du « Figaro » du 8 avril 2011. Ce n’est pas rien, il me semble.

Et rien que pour ça, cela mériterait peut-être que des esprits vraiment curieux fassent l’effort de ne pas se fier aux apparences, mais de lire mes poèmes. Lire avant de juger, c’est le minimum. Non ?

Je suggère de mettre, côte à côte, les poèmes de M. Thomas Houellebecq, et puis les miens, et ensuite de comparer. Et de se demander pourquoi les uns sont publiés chez les plus « grands ( ?) éditeurs » parisiens, et pas les autres. A mon avis, il y aurait peut-être là une réponse, ou un

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début de réponse, au « suicide spirituel » que dénonce M. Houellebecq... Si de grands éditeurs publiaient mes livres et mes romans, c’est-à-dire s’ils en avaient le goût et le courage, je le dis très sérieusement, on lutterait peut-être bien plus efficacement contre le suicide spirituel.

Résumons.

M. Thomas Houellebecq publie un bouquin au titre (« Soumission ») qui risque d’être confondu par les bibliophiles avec une infinité de livres, ou de films qui avaient déjà choisi ce titre.

Par exemple, « Soumission » était entre mille autres jusqu’ici, avant d’être un bouquin de M. Houellebecq, un film pornographique réalisé en 1979 par « Burd Tranbaree » (pseudonyme de Claude Bernard-Aubert), également connu sous les titres Clarisse, Je mouille pour vous et La Maison des phantasmes...

Si ça vous amuse, consultez les catalogues des bibliothèques, et celui des films (pornographiques ou pas). Comme d’habitude, je n’invente rien ! « Soumission », c’était encore un film de David Denneen, en 2008, avec Travis Fimmel et Teresa Palmer. La liste serait longue !

Nul ne peut donc croire que « Soumission » soit un titre sur lequel un et un seul auteur puisse prétendre posséder quelque droit que ce soit. C’est même un titre tellement courant, tellement banal que n’importe qui est en droit de l’employer (et, naturellement, Monsieur Thomas aussi). Je ne suis pas psychanalyste, mais toutes les biographies de M. Houellebecq parlent de ses dépressions passées. Je regarde ses photos pour essayer de comprendre s’il en est sorti, ce que je lui souhaite. Cependant, n’étant pas psychanalyste, je ne puis me hasarder à exprimer des théories quant au choix qu’il a fait d’un tel titre.

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Voilà en tout cas des pages politiques ou politisées, écrites par quelqu’un qui a souvent et publiquement fait part de ses vives sympathies politiques pro-israéliennes, un livre fantasmatique qui raconte une (à mon avis) plus qu’improbable, voire tout simplement impossible « prise du pouvoir » par un « parti islamique ». Je ne sais pas si on est très loin de Clarisse, Je mouille pour vous mais on est tout près, je le subodore, de La Maison des phantasmes...

Le comble, mais il fallait s’y attendre : Monsieur Thomas Houellebecq s’en prend, ou feint de s’en prendre au « politiquement correct ».

Il déclare ainsi au « Figaro Magazine » : «Nous sommes arrivés en France à un point où le fait même de prononcer le mot islam peut vous être reproché; l'islam ne fait pas partie des sujets dont on puisse réellement débattre ».

Est-ce que M. Houellebecq connaît d’autres sujets dont il serait « interdit de débattre » ?... Ma foi, je dois dire que tous ces articles (parfois agrémentés de photographies de sa personne, et le spectacle là aussi vaut la peine !) sur M. Houellebecq sont touchants. Oui, vous êtes presque drôle, mon bon M. Thomas !

Bis ripetita placent... « Nous sommes arrivés en France à un point où le fait même de prononcer le mot islam peut vous être reproché ». Sic !

N’y a-t-il pas d’autres mots, en France, ou un autre mot, qu’il ne fait pas bon prononcer ?... Mais quel mot ? Zut, j’ai perdu la mémoire ! Chut... Si ça me revient, je vous le dirai. Promis.

Si je me souviens bien, il y a quelques années, M. Houellebecq avait carrément déclaré que l’islam était la religion « la plus conne du monde ».

Cette phrase, avec laquelle je me trouve en complet désaccord, me rappelle aussi un peu ma banlieue parisienne

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des années 1960 (« le plus beau... au monde », « la plus belle... au monde »), elle est assez navrante de simplicité, pour ne pas dire de simplisme, non ?

En outre, dire que « l’islam est la religion la plus conne du monde » pourrait laisser entendre que M. Thomas Houellebecq serait théologien. Ce qui, jusqu’à plus ample informé, n’est pas le cas. Ensuite, cette phrase laisserait entendre que M. Houellebecq (né Thomas) aurait étudié toutes les religions, qu’il les aurait jugées et jaugées, et qu’il serait en droit et en mesure de carrément décider lesquelles seraient « les plus » ceci ou cela...

Alors on serait bien curieux de savoir où, sur la curieuse échelle des valeurs de M. Thomas Houellebecq, il place d’autres religions, comme par exemple la religion juive – ou, tiens, le bouddhisme.

En effet, si l’islam était « la religion la plus conne », alors quelle serait (toujours selon M. Houellebecq) la religion « la moins » conne  ? Et de quelle religion s’agirait-il ?

Pourquoi M. Houellebecq ne change-t-il pas l’adjectif « islamique » et ne le remplace-t-il pas par un autre ? Pourquoi ne situe-t-il pas « Soumission » aujourd’hui, voire hier et avant-hier ? C’est alors que vous seriez « censuré », je vous le garantis, Monsieur Thomas !...

Pourquoi prétendre faire de la « politique-fiction » mais situer un roman en 2022 ? Situer un roman en 2022, ce n’est plus de l’uchronie. C’est n’importe quoi.

Et si vous voulez bien me permettre, Houellebecq n’est pas non plus de la littérature. Je trouve en effet que M. Houellebecq écrit fort mal. Vous me direz qu’on lui a refilé le Goncourt, à M. Houellebecq. Et alors ? Cela ne m’étonne pas du tout !

On devrait savoir que les faux rebelles d’aujourd’hui aiment bien se grimer en pourfendeurs du « politiquement

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correct », tout en étant en vérité leurs laquais obséquieux et serviles.

Il est très... soumis, M. Houellebecq, je trouve !

Olivier Mathieu.