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Le Cahier de français 4 ème 5

Le Cahier de français 45

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Page 1: Le Cahier de français 45

Le Cahier de français 4ème 5

Page 2: Le Cahier de français 45

Français / 4ème / Plan de travail indicatif / 2021-2022

Entrée thématique cycle 4 Questionnement 4ème Titre de le séquence Période de travail

Se chercher, se construire

Dire l’amour Mots d’amour et maux

d’amour Septembre / Octobre

Regarder le monde,

inventer des mondes

La fiction pour interroger le réel Réalités et cauchemars Novembre /Décembre

Vivre en société, participer à

la société

Individu et société : confrontations de valeurs

Soi et les autres : conflits, conciliations, rebellions Janvier /Février

Agir sur le monde

Informer, s’informer, déformer A qui se fier ? Mars /Avril

Entrée thématique libre

La ville, lieu de tous les

possibles Mai /Juin

Plan de travail indicatif / 1ère séquence Entrée « Se chercher, se construire» Septembre / Octobre Questionnement 4ème : « Dire l’amour » Titre de la séquence : mots d’amour et maux d’amour. Objectifs généraux - Réfléchir à la question de l’amour, à sa place dans la condition humaine, à son importance dans la construction de la personnalité et dans une destinée. - Observer comment les sentiments amoureux et les réflexions sur l’amour s’expriment dans la littérature, et notamment dans la poésie. Lectures - Textes de l’antiquité en lecture accompagnée en classe (Platon, Ovide, Virgile). - Choix de poèmes : Baudelaire, Marceline Desbordes Valmore, Aragon, Gherasim Luc. - Lecture de la nouvelle d’Andrée Chedid, Le Message. Outils de la langue - Notions pour l’analyse du lexique : Familles de mots, synonymes, antonymes, champ lexical. - Lexique des émotions et des sentiments. - Lexique pour l’étude de la poésie. - Révision : les classes grammaticales - Les fonctions liées au nom. - Révision : le mode indicatif avec focus sur le présent et le futur (emploi et conjugaison). Activités d’écriture et d’oral - Mémorisation et mise en voix d’un texte poétique. - Ecriture d’un texte poétique inspiré par les textes de l’antiquité. - Ecriture d’une courte nouvelle en 6 chapitres inspirée du livre.

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SÉQUENCE 1 : DIRE L’AMOUR

L’amour est le sentiment vif d’être attiré par quelqu’un ou lié à quelqu’un dont on cherche

alors la proximité et dont on souhaite le bien.

Il existe plusieurs formes d’amour. Dans la langue grecque on les distinguait par trois mots :

Éros pour l’attirance émotive et sensuelle, Philia pour la fraternité et la camaraderie, et Agapé pour

l’amour totalement altruiste et désintéressé. Elles peuvent être associées.

L’amour est sans doute la grande affaire des êtres humains. C’est l’amour qu’on reçoit qui

nous fait exister, qui nous donne une identité. Et c’est l’amour qu’on donne qui fait que nos vies ont

un sens et une valeur.

On identifie l’amour avec le bonheur. On cherche dans l’amour un autre idéal. Mais cet autre

idéal existe-t-il ? N’est-il pas difficile à rencontrer ? Cela expliquerait que l’amour soit parfois fragile

et éphémère.

Il arrive même que l’amour soit destructeur : l’attirance devient une dépendance et le désir de

proximité un désir de possession.

Nous allons voir ce que les écrivains disent de l’amour…. Et nous allons commencer par

évoquer trois grands mythes de l’antiquité.

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Virgile (écrivain latin du 1er siècle avant JC), Les Géorgiques, extrait abrégé et adapté. Orphée est un poète et il joue de la lyre. Il vient de se marier avec Eurydice dont il est éperdument amoureux. Mais à leur première promenade, un drame survient…. Eurydice ne vit pas un serpent que les fleurs recelaient sous ses pas. La mort ferma ses yeux. Son époux s’enfonça dans un désert sauvage. Là, seul, touchant sa lyre, il pleurait la nuit, il pleurait le jour. Malgré l’horreur de ses profondes voûtes, il franchit de l’enfer les formidables routes ; et, perçant ces forêts où règne un morne effroi, il aborda Pluton, des morts l’impitoyable roi. Il chantait ; et ravis jusqu’au fond des enfers, au bruit harmonieux de ses tendres concerts, les habitants de ces obscurs royaumes (des spectres pâlissants, de livides fantômes), accouraient. Pluton et Proserpine même s’émurent. (Pluton et Proserpine, dieu et déesse des Enfers, sont charmés par le chant d’Orphée et lui accordent une faveur : il pourra ramener Eurydice à la vie. En effet, s’il remonte des enfers en chantant, sans se retourner, Eurydice le suivra) Enfin il revenait triomphant du trépas. Sans voir sa tendre amante, il précédait ses pas ; Soudain ce faible amant, dans un instant d’ivresse, suivit imprudemment l’ardeur qui l’entraînait. Presque aux portes du jour, troublé, hors de lui-même, il s’arrête, il se tourne... il revoit ce qu’il aime ! C’en est fait ; un coup d’œil a détruit son bonheur ; le barbare Pluton révoque sa faveur,

Eurydice s’écrie : « Ô destin rigoureux ! Hélas ! Quel dieu cruel nous a perdus tous deux ? Quelle fureur ! Adieu ; déjà je sens dans un nuage épais nager mes yeux éteints, et fermés pour jamais. Adieu, mon cher Orphée ! » Orphée en vain l’appelle. Alors, deux fois privé d’une épouse si chère, où porter sa douleur ? Où traîner sa misère ? Par quels soins, par quels pleurs fléchir le dieu des morts ?

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Ovide (écrivain latin du 1er siècle avant JC), Les Métamorphoses, extrait abrégé et adapté.

Pygmalion est sculpteur. Il vit sans épouse, et longtemps sa couche est demeurée solitaire. Cependant son heureux ciseau, guidé par un art merveilleux, donne à l’ivoire éblouissant une forme que jamais femme ne reçut de la nature, et l’artiste s’éprend de son œuvre. Ce sont les traits d’une vierge, d’une mortelle ; elle semble respirer tant l’art disparaît sous ses prestiges mêmes. Ébloui, le cœur brûlant d’amour, Pygmalion s’enivre d’une flamme chimérique. Plus d’une fois il avance la main vers son idole ; il la touche. Est-ce un corps, est-ce un ivoire ? Un ivoire ! non, il ne veut pas en convenir.

C’était la fête de Vénus. Pygmalion dépose son offrande sur l’autel, et debout, d’une voix timide dit : « Grands dieux, si tout vous est possible, donnez-moi une épouse... semblable à ma vierge d’ivoire ».

Vénus l’entend ; la blonde Vénus, qui préside elle-même à ses fêtes, comprend les vœux qu’il a formés. Il revient, il se penche sur le lit, il couvre la statue de baisers. Dieux ! ses lèvres sont tièdes ; il approche de nouveau la bouche. D’une main tremblante il interroge le cœur : l’ivoire ému s’attendrit, il a quitté sa dureté première ; il fléchit sous les doigts, il cède. Pygmalion s’étonne ; il jouit timidement de son bonheur, il craint de se tromper ; sa main presse et presse encore celle qui réalise ses vœux. Elle existe. La veine s’enfle et repousse le doigt qui la cherche ; alors, seulement alors, Pygmalion, dans l’effusion de sa reconnaissance, répand tout son cœur aux pieds de Vénus. Enfin ce n’est plus sur une froide bouche que sa bouche s’imprime. La vierge sent les baisers qu’il lui donne ; elle les sent, car elle a rougi ; ses yeux timides s’ouvrent à la lumière, et d’abord elle voit le ciel et son amant.

Questionssurlemytheded’Orphée(textedeVirgile)

1) Qu’arrive-t-ilàEurydicejusteaprèssonmariageavecOrphée?2) QuedécidedefaireOrphée?3) Qu’obtient-ildesdieuxdesEnfersetàquellecondition?4) QuelleerreurcommetOrphéeetquellessontlesconséquences?5) Dequelleréflexionsurl’amouretsurledestincemythepoétiqueest-ilporteurselonvous?

QuestionssurlemythedePygmalion(texted’Ovide)

1) QuelartpratiquePygmalion?2) Quelleœuvreréalise-t-il?3) Queva-t-ildemanderàVénus,déessedel’amour?4) Quesepasse-t-ilquandilrentrechezlui?5) Dequelleréflexionsurl’amourcemythepoétiqueest-ilporteurselonvous?

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Notions utiles pour l’étude du vocabulaire

Page 7: Le Cahier de français 45

Liste des compétences

Comprendre et s'exprimer à l'oral

Comprendre et interpréter des messages et des discours oraux complexes

S'exprimer de façon maîtrisée en s'adressant à un auditoire

Participer de façon constructive à des échanges oraux.

Exploiter les ressources expressives et créatives de la parole.

Lire

Contrôler sa compréhension, devenir un lecteur autonome. Lire des textes non littéraires, des images et des documents composites (y compris numériques).

Lire des œuvres littéraires et fréquente des œuvres d'art.

Élaborer une interprétation de textes littéraires.

Écrire

Exploiter les principales fonctions de l'écrit.

Adopter des stratégies et des procédures d'écriture efficaces.

Exploiter des lectures pour enrichir son écrit.

Passer du recours intuitif à l'argumentation à un usage plus maîtrisé.

Comprendre le fonctionnement de la langue

Connaître les différences entre l'oral et l'écrit.

Analyser le fonctionnement de la phrase simple et de la phrase complexe.

Consolider l'orthographe lexicale et grammaticale.

Enrichir et structurer son lexique.

Construire les notions permettant l'analyse et l'élaboration des textes et des discours.

Connaître les aspects fondamentaux du fonctionnement syntaxique.

Maîtriser la forme des mots en lien avec la syntaxe.

Maîtriser le fonctionnement du verbe et de son orthographe.

Maîtriser la structure, le sens et l'orthographe des mots.

Utiliser des repères étymologiques et d'histoire de la langue.

Acquérir des éléments de culture littéraire et artistique Mobiliser des références culturelles pour interpréter les textes et les créations artistiques et littéraires et pour enrichir son expression personnelle. Établir des liens entre des créations littéraires et artistiques issues de cultures et d’époques diverses.

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Évaluation : compréhension et interprétation d’un texte évoquant un grand mythe

Compétences évaluées

Très bonne maîtrise Maîtrise satisfaisante Maîtrise fragile Début de maîtrise Maîtrise insuffisante Contrôler sa

compréhension, devenir un lecteur

autonome

Élaborer une interprétation des textes littéraires

Adopter des stratégies et des procédures

efficaces

Maîtriser la forme des mots en lien avec la

syntaxe

Texte : Platon (Philosophe et écrivain grec du 4ème siècle avant JC), Le Banquet, extrait abrégé et

adapté. Jadis notre nature n’était pas ce qu’elle est actuellement. Chaque homme était de forme ronde sur

une seule tête, avec quatre oreilles, deux organes de la génération, et tout le reste à l’avenant. Ils étaient aussi d’une force et d’une vigueur extraordinaire, et comme ils étaient d’un grand courage,

ils attaquèrent les dieux et tentèrent d’escalader le ciel. Alors Zeus délibéra avec les autres dieux sur le parti à prendre. Le cas était embarrassant ; ils ne pouvaient se décider à tuer les hommes et à détruire la race humaine à coups de tonnerre, comme ils avaient tué les géants ; car c’était mettre fin aux hommages et au culte que les hommes leur rendaient ; d’un autre côté, ils ne pouvaient plus tolérer leur impudence.

Enfin, Zeus ayant trouvé, non sans difficulté, une solution, il coupa les hommes en deux. Or, quand le corps eut été ainsi divisé, chacun, regrettant sa moitié, allait à elle ; et s’embrassant et s’enlaçant les uns les autres avec le désir de se fondre ensemble.

C’est de ce moment que date l’amour inné des êtres humains les uns pour les autres : l’amour recompose l’ancienne nature, s’efforce de fondre deux êtres en un seul, et de guérir la nature humaine. Notre espèce ne saurait être heureuse qu’à une condition, c’est de réaliser son désir amoureux, de rencontrer chacun l’être qui est notre moitié, et de revenir ainsi à notre nature première. Questions

1) Sousquelleformeseprésentaientleshumainsàl’origine?2) Pourquoilesdieuxsont-ilsmécontentsdeshommes?3) Quelchâtimentlesdieuxinfligent-ilsalorsauxhommes?4) Quelleestlaconséquencepourleshommesdepuislors?5) Dequelleréflexionsurl’amourcemythepoétiqueest-ilporteurselonvous?

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Deux poèmes lyriques de Victor Hugo, grand poète du 19ème siècle.

« Tu peux comme il te plait… » (texte abrégé)

Tu peux, comme il te plaît, me faire jeune ou vieux (…) Tu peux m’emplir de brume ou m’inonder d’aurore (…) Si tu m’as souri, Dieu ! tout mon être bondit ; (…) Si tu m’as caressé de ton regard suprême, Je vis ! je suis léger, je suis fier, je suis grand ; Ta prunelle m’éclaire en me transfigurant ; J’ai le reflet charmant des yeux dont tu m’accueilles ; Comme on sent dans un bois des ailes sous les feuilles, On sent de la gaîté sous chacun de mes mots ; Je cours, je vais, je ris ; plus d’ennuis, plus de maux ; Et je chante, et voilà sur mon front la jeunesse ! Mais que ton cœur injuste un jour me méconnaisse ; Qu’il me faille porter en moi jusqu’à demain L’énigme de ta main retirée à ma main (…) Je sens mon âme en moi toute diminuée ; Je m’en vais courbé, las, sombre comme un aïeul ; Il semble que sur moi, secouant son linceul, Se soit soudain penché le noir vieillard Décembre ; Comme un loup dans son trou, je rentre dans ma chambre.

« Demain dès l’aube… » Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends. J’irai par la forêt, j’irai par la montagne. Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées, Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées, Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit. Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe, Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur, Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

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Synthèse du cours sur le poème de V. Hugo, « Tu peux comme il te plait»

Victor Hugo est un grand écrivain du 19ème siècle.

C’est un écrivain qui a célébré la vie et l’amour mais qui a été confronté à deux drames : la

mort de sa mère et la mort de sa fille. Il a été un homme engagé et a notamment lutté contre la peine

de mort.

Victor Hugo nous parle dans ce poème lyrique de l’idée qu’on n’existe qu’à travers le regard des

autres, à travers le regard de ceux qui nous aiment. L’amour que l’on reçoit nous exalte, nous

enthousiasme, nous donne confiance alors que l’absence d’amour nous inquiète, nous fait douter,

nous renferme.

La force de ces deux états d’âme est rendu par les énumérations et par les images : les

métaphores (« tu peux m’emplir de brume ou m’inonder d’aurore ») ou des comparaisons (« Comme un

loup dans son trou je rentre dans ma chambre »).

Les rimes et les vers (des alexandrins, vers de 12 syllabes) donnent au texte sa dimension

musicale et lyrique.

Questions sur « Demain dès l’aube »

1) Quelles sont les caractéristiques formelles de ce poème ? Ce poème est constitué de trois quatrains d’alexandrins. Les rimes sont croisées (abab)

2) Par quel mot est désigné la personne à qui s’adresse le poème ?

La personne à qui s’adresse le poète est désignée par le pronom « tu ».

3) A qui le poète semble-t-il s’adresser dans la première strophe ? Quels sentiments semble

l’animer ? Le poète semble d’abord s’adresser à une femme aimée ; et il semble être animé par un

sentiment amoureux, par une passion.

4) Quels éléments viennent rompre cette impression dans la 2ème strophe ?

Des mots appartenant au champ lexical de la tristesse (« seul », « triste », « nuit »), des

énumérations et des expressions qui connotent un certain accablement (« le dos courbé »)

viennent rompre notre première impression.

5) Que comprend-on dans la dernière strophe ?

On comprend qu’il s’adresse à sa fille qui est morte. C’est donc un poème de deuil et non un

poème d’amour.

Page 11: Le Cahier de français 45

Les classes grammaticales

LesNOMSdésignentdeschoses,desêtresoudesidées.-nomscommuns(table,liberté)-nomspropres(Italie,Jean)

LesVERBESdécriventdesactionsoudesétats.-verbesd’action(manger,courir)-verbesd’état(être,sembler)

LesADJECTIFSdésignentdesqualités.-adjectifsqualificatifs(joli,gentil)-participespassés(fatigué)-participesprésents(fatigant)

LesADVERBESapportentuneprécisionsuruneactionouunequalité(temps,lieu,manière…)Calmement,hier,ici,bien,très,ne…pas,rien….

LesDETERMINANTSserventàidentifierplusprécisémentunnom.-articles(le,la,un)-déterminantspossessifs(mon,sa,leurs..)-déterminantsdémonstratifs(ce,cette)-déterminantsindéfinis(certains,quelques)-déterminantsinterrogatifs(quelélève)-déterminantsnuméraux(deuxélèves)

LesPRONOMSserventàremplacerunnom(parcequ’onenadéjàparléparexemple)-pronomspossessifs(lemien,lesien)-pronomsdémonstratifs(celui-ci)-pronomsindéfinis(certains,quelques-uns)-pronomsinterrogatifs(lequel)-pronomsnuméraux(ledeuxième)-pronomsrelatifs(qui,que,lequel,où)LesPREPOSITIONSsontdes

outilsquiserventàsituerouàindiquerunerelationentredeschosesoudesactions.de,à,sur,sous,par,dans…..

LesCONJONCTIONSDECOORDINATIONserventàrelierdesmotsoudespropositionsmais,ou,et,donc,or,ni,car

LesINTERJECTIONSserventàsuggérerunsentiment.Oh,zut,hé…

LesCONJONCTIONSDESUBORDINATIONserventàrelierdespropositionsparunlienplusfortque,parceque,depuisque,quand,puisquepourque,comme,si….

Page 12: Le Cahier de français 45

Les classes grammaticales

MettezlesmotsengrasdupoèmedeVictorHugodanslacasecorrespondantàleurclassegrammaticale.

Demain,dèsl’aube,àl’heureoùblanchitlacampagne,Jepartirai.Vois-tu,jesaisquetum’attends.J’iraiparlaforêt,j’iraiparlamontagne.

Jenepuisdemeurerloindetoipluslongtemps.

Jemarcherailesyeuxfixéssurmespensées,Sansrienvoiraudehors,sansentendreaucunbruit,Seul,inconnu,ledoscourbé,lesmainscroisées,Triste,etlejourpourmoiseracommelanuit.

Jeneregarderainil’ordusoirquitombe,NilesvoilesauloindescendantversHarfleur,Etquandj’arriverai,jemettraisurtatombe

Unbouquetdehouxvertetdebruyèreenfleur.

LesADJECTIFSdésignentdesqualités.Inconnu Croisées Vert

LesDETERMINANTSserventàidentifierplusprécisémentunnom.Aucun l’ ta un

LesPREPOSITIONSsontdesoutilsquiserventàsituerouàindiquerunerelationentredeschosesoudesactions.dès pour en

LesINTERJECTIONSserventàsuggérerunsentiment.

LesNOMSdésignentdeschoses,desêtresoudesidées.montagne pensées

LesVERBESdécriventdesactionsoudesétats.voir Sera descendant mettrai

LesADVERBESapportentuneprécisionsuruneactionouunequalité(temps,lieu,manière…)Demain Ne longtemps

LesPRONOMSserventàremplacerunnom(parcequ’onenadéjàparléparexemple)toi je qui

LesCONJONCTIONSDECOORDINATIONserventàrelierdesmotsoudespropositionset et

LesCONJONCTIONSDESUBORDINATIONserventàrelierdespropositionsparunlienplusfortque quand

Page 13: Le Cahier de français 45

Sujet de rédaction

Comme Pygmalion ou comme Orphée, vous avez éprouvé un grand malheur ou un grand bonheur relatif à

l’amour qui vous liait à quelqu’un. Vous allez essayer de raconter ce moment, puis de dire, de « chanter », vos sentiments. Vous commencerez par raconter les circonstances dans lesquelles ce bonheur ou ce malheur vous sont arrivés,

puis vous essaierez de mettre des mots sur les sentiments par lesquels vous êtes passés. Vous pourrez finir sur la leçon que vous avez tirée de cette expérience.

Vous essaierez de donner à votre texte un souffle lyrique, c’est-à-dire de faire de belles phrases, un peu musicales, qui sonnent bien, qui émeuvent, comme dans les textes que nous avons lus. Vous écrirez en prose ou en vers libre.

Compétences Exploiter les

principales fonctions de l'écrit.

Adopter des stratégies et des procédures d'écriture efficaces.

Exploiter des lectures pour enrichir son écrit.

Connaître les aspects fondamentaux du fonctionnement syntaxique.

Maîtriser la forme des mots en lien avec la syntaxe.

Enrichir et structurer son lexique.

Traductions pour ce devoir

J’ai respecté la consigne et il y a bien trois parties dans mon texte.

J’ai développé un texte susceptible d’intéresser et d’émouvoir mon lecteur.

J’ai su imiter un peu le souffle poétique des textes étudiés.

Mes phrases sont bien construites et bien ponctuées.

J’ai fait attention à mon orthographe et notamment à tous les accords et aux conjugaisons.

J’ai essayé d’utiliser un vocabulaire riche et précis.

Évaluation

Page 14: Le Cahier de français 45

Proposition de corrigé C’était un dimanche de juillet. Le ciel était bleu profond et lumineux comme il peut l’être. On

est partis avec Jules au petit matin, on a pris le chemin des pins. Il y avait cette odeur de l’été, un peu

sèche, les cigales qui s’éveillaient et dont les crissements remplissaient le paysage. Les pierres étaient

d’autant plus blanches que le ciel était bleu. Il faisait déjà chaud mais l’air de la mer, dont on

s’approchait, vivifiait déjà nos corps. Et au détour d’un chemin, on l’a vue : la mer, à perte de vue, verte

et transparente au pied des rochers.

Il n’y avait encore personne. Tout était à nous : la mer, le paysage, l’horizon, l’infini…. On

s’est installés sur le plus haut des rochers. On a posé nos sacs à dos, on a bu un peu et on s’est approché

du vide, du précipice. L’eau venait battre la pierre 10 mètres plus bas. Elle nous appelait, elle nous

invitait à plonger, à se jeter dans ses bras. Avec J. on se défiait pour savoir qui s’élancerait le premier.

Je ressentais de la peur mais aussi un sentiment de puissance, une grande confiance, en moi, en mon

corps, en la vie.

Je me suis élancé et le temps s’est comme arrêté. J’ai senti mon corps dans l’air, dans le vent,

dans le vide. Puis il y a eu le choc avec l’eau, l’enfouissement, la perte de repère, l’impression de

disparaître un peu. Et quand j’ai voulu remonter à la surface, j’ai eu l’impression de renaitre.

J’avais envie de rire, de remercier le monde. J’ai pensé que c’était ça le plus grand bonheur, le seul

bonheur d’exister. Un bonheur qui ne dépendait ni des autres, ni de rien.

Et puis J. s’est élancé. Il a crié de bonheur, mais je l’ai vu arriver à l’horizontale au moment du

point d’impact avec la mer. Je l’ai vu disparaitre sous l’eau, pas très profondément, mais il n’est pas

tout de suite remonté. Mon cœur s’est mis à battre. La panique, a succédé au bonheur. J’ai entrevu la

fin du monde, la catastrophe, j’ai pensé au pire. J’ai nagé vers lui le plus vite possible, j’ai attrapé sa

main, je l’ai tiré vers le bord. Il ne bougeait pas. J’étais moi-même comme paralysé, impuissant.

Heureusement j’ai vu son œil s’ouvrir. Petit à petit il est revenu à lui et il a pu se relever

Nous sommes rentrés et nous n’avons rien dit, mais nous avons maintenant un secret en

commun, un savoir. Ce jour-là, nous avons vécu l’ivresse du bonheur et la peur panique. Nous avons

vu la beauté de la vie et sa fragilité. Nous avons senti comment tout peut se retourner à tout moment.

Nous avons senti combien la vie est précieuse.

Page 15: Le Cahier de français 45

Un poème de Baudelaire, poète du 19ème siècle, extrait du recueil Les Fleurs du mal

A une passante La rue assourdissante autour de moi hurlait. Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, Une femme passa, d'une main fastueuse Soulevant, balançant le feston1 et l'ourlet2;

Agile et noble, avec sa jambe de statue. Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, Dans son œil, ciel livide3 où germe l'ouragan, La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté Dont le regard m'a fait soudainement renaître, Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?

Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être ! Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais, Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais ! 1- Feston : bordure d’un vêtement, dentelé et brodé. 2- Ourlet : bas d’un vêtement. 3 : livide : pâle, couleur de plomb.

Un poème de Guillaume Apollinaire, poète du début du 20ème siècle.

Il y a Il y a des petits ponts épatants Il y a mon cœur qui bat pour toi Il y a une femme triste sur la route Il y a un beau petit cottage dans un jardin Il y a six soldats qui s'amusent comme des fous Il y a mes yeux qui cherchent ton image Il y a un petit bois charmant sur la colline Et un vieux territorial pisse quand nous passons Il y a un poète qui rêve au ptit Lou Il y a une batterie dans une forêt Il y a un berger qui paît ses moutons Il y a ma vie qui t'appartient Il y a mon porte-plume réservoir qui court qui court Il y a un rideau de peupliers délicat, délicat Il y a toute ma vie passée qui est bien passée Il y a des rues étroites à Menton où nous nous sommes aimés Il y a une petite fille de Sospel qui fouette ses camarades Il y a mon fouet de conducteur dans mon sac à avoine Il y a des wagons belges sur la voie Il y a mon amour Il y a toute la vie Je t'adore

Page 16: Le Cahier de français 45

Questions sur le poème de Baudelaire.

1) Quelles sont les caractéristiques formelles de ce poème (strophes, vers, rimes) ? Ce poème est un sonnet. Il est constitué de deux quatrains et deux tercets. Les rimes sont

embrassées dans les quatrains. Les vers sont des alexandrins.

2) Où se trouve le poète ? Ce cadre est-il propice à la rencontre amoureuse ?

Le poète se trouve en ville. Le cadre est oppressant. Mais l’inattendu peut survenir.

3) Comment la femme est-elle décrite ?

Cette femme est d’une élégance suprême. En même temps, elle a un côté ténébreux et on

observe le mot “tueuse” à la rime.

4) Quelle image le poète donne-t-il de lui-même ?

Il se dévalorise. Il se présente presque comme un fou.

5) Que ressent le poète en voyant cette femme ?

Le poète éprouve de l’admiration, de la fascination, une sorte d’amour. Mais tout de suite

arrive une inquiétude. Cette beauté est si absolue, si parfaite, qu’elle est sans doute

destructrice.

6) Quels sentiments exprime-t-il au bout du compte ?

Il éprouve un désespoir profond, un immense regret et le sentiment que le bonheur n’a pas

voulu de lui.

Vocabulaire : le lexique des émotions et des sentiments

Cours et exercices dans le manuel Le Livre scolaire page 230 et 231

Page 17: Le Cahier de français 45
Page 18: Le Cahier de français 45

Expression écrite à la maison

En vous inspirant d’Apollinaire, vous écrirez un poème en vers libre construit autour de la

figure de l’anaphore. Il comportera 11 vers.

Vos 10 premiers vers seront 10 « visions ». Ils commenceront tous par « Il y a » suivi d’un groupe

nominal enrichi par des épithètes, compléments de noms ou propositions relatives.

Dans le 11ème vous exprimerez un sentiment ou une émotion (pour la trouver, vous pourrez vous

aider du travail que nous avons fait sur le lexique des sentiments et des émotions). Un lien poétique

s’établira pour le lecteur entre le sentiment que vous aurez choisi et les visions que vous aurez

suscitées.

La syntaxe et l’orthographe seront soignées au maximum de ce que vous pouvez faire.

S’agissant d’un texte court, écrit à la maison, avec la possibilité d’utiliser un dictionnaire et un

Bescherelle, vous devriez proposer un écrit presque parfait.

Ceux qui aiment dessiner pourront associer ce poème à un dessin.

Évaluation :

Exploiter des lectures pour enrichir son écrit.

Enrichir et structurer son lexique.

Maîtriser la structure, le sens et l'orthographe des mots.

Proposition de corrigé : texte écrit par Chaima Merah

Il y a des garçons qui jouent au ballon.

Il y a des vieux qui discutent sur un banc.

Il y a des oiseaux dans le ciel.

Il y a des papillons qui volent.

Il y a de la joie dans l’air.

Il y a des rires de nouveaux nés.

Il y a des regards timides.

Il y a des fleurs épanouies.

Il y a du baume au cœur.

Il y a de la gaieté sur tous les visages.

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Quelques figures de rhétorique (4ème)

Nom de la figure de rhétorique et définition Exemple La comparaison : on parle de comparaison quand deux idées ou réalités sont rapprochées de manière explicite par un outil de comparaison (comme, tel, semblable à…)

Comme un loup dans son trou je rentre dans ma chambre (V. Hugo)

La métaphore : il y a métaphore dans un texte ou dans une phrase quand une réalité ou une idée sont évoquées à l’aide de mots relevant d’un autre champ lexical. Il y a donc sous une métaphore une comparaison plus ou moins allusive.

Tu peux m’emplir de brume ou m’inonder d’aurore (V. Hugo)

La personnification : il y a personnification lorsque, dans un texte, une idée, un animal ou un inanimé sont caractérisés ou mis en scène comme des êtres humains.

Mon pauvre argent ! Mon cher ami ! On m’a privé de toi (Molière)

L’allégorie : il y a une allégorie dans un texte lorsqu’une idée abstraite est représentée par des termes qui renvoient à une réalité physique ou animée. (L’allégorie se construit donc par l’addition de métaphores)

La périphrase : il y a une périphrase quand un mot précis est remplacé par une formulation plus longue (souvent le mot générique et des compléments)

L’antithèse : il y a une antithèse dans une phrase ou dans un texte quand des mots de sens opposés sont rapprochés.

L’hyperbole : il y a une hyperbole quand on observe une exagération dans les termes choisis pour faire passer une information.

Je n’en puis plus ; je me meurs ; je suis mort ; je suis enterré (Molière)

L’accumulation (ou l’énumération) : juxtaposition ou coordination de plusieurs termes pour qualifier ou définir un ensemble, un objet, un comportement.

J’ai perdu mon support, ma consolation, ma joie. (Molière)

L’anaphore : répétition d’un mot ou d’un groupe de mots dans une phrase ou dans un texte. On réserve généralement le terme d’anaphore lorsque le groupe de mot répété est au début du vers, de la phrase ou de la proposition.

Il y a des petits ponts épatants

Il y a mon cœur qui bat pour toi

Il y a une femme triste sur la route

Il y a un beau petit cottage dans un jardin(G. Apollinaire)

L’allitération : il y a une allitération quand, dans un texte ou dans un vers, des sons consonnes reviennent de façon notable et donnent un caractère musical au texte.

Que le jour recommence et que le jour finisse, Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice,

Sans que de tout le jour je puisse voir Titus ? (Racine)

Page 20: Le Cahier de français 45

Quelques mots essentiels pour parler d’un poème.

Un poème lyrique est un poème dans lequel on exprime des sentiments personnels en essayant de faire

chanter la langue par les moyens de la poésie (vers, rimes, assonances, allitérations)

Les vers sont les lignes de texte, d’une longueur choisie par l’auteur pour donner au poème un rythme.

On mesure cette longueur en syllabes. Par exemple, un alexandrin est un vers de 12 syllabes, un

octosyllabe, un vers de 8 syllabes et un décasyllabe un vers de 10 syllabes. Quand cette longueur

varie au sein du poème on dit qu’il est en vers libre.

Observation : Quand on lit de la poésie, on prononce les e s’ils sont précédés d’une

consonne alors que dans la vie, il arrive que ces « e » soient muets (par exemple, quand on lira le poème de Hugo, « Demain dès l’aube », on dira « Je sais que tu m’attends » ou

« le jour pour moi sera comme la nuit » et non « j’sais qu’tu m’attends » ou « le jour pour

moi s’ra comm’la nuit ».

Les strophes sont les regroupements de vers séparés par un blanc. Les strophes de 4 vers s’appellent des

quatrains, les strophes de 3 vers des tercets.

Les rimes désignent les sons qui reviennent à la fin d’un vers. Les rimes peuvent revenir dès le vers

suivant (rimes plates -aabb-) ou selon un schéma plus complexe (rimes croisées -abab- ou embrassées

-abba-)

Les assonances et les allitérations sont des répétitions de sonorités à l’intérieur du vers. On parle

d’assonances quand il s’agit de sons-voyelles, et d’allitérations quand il s’agit de sons-consonnes.

Les métaphores et les comparaisons permettent d’exprimer l’inexprimable par le biais d’images et de

rapprochement inédits qui réveillent l’imaginaire du lecteur.

Page 21: Le Cahier de français 45

Les fonctions autour du nom Dans une phrase de base il y a deux éléments essentiels : le nom et verbe. Ce sont en quelque sorte les deux piliers, les deux murs porteurs. Mais pour enrichir sa phrase, préciser sa pensée on fait graviter autour de ces deux éléments des mots ou groupes de mots qui ont pour fonction de compléter le nom ou le verbe. Nous nous intéressons aujourd’hui à ce qui gravite autour du nom Soit la phrase : LE CHAT MANGE Autour du nom CHAT, peuvent graviter :

1) Desadjectifsqualificatifsoudesparticipesdontlafonctionestépithète(ouapposés’ilestséparéparunevirgule)

Le gentil CHAT tigré

2) Unautrenomprécédétrèssouventdelapréposition«de»quiauralafonctiondecomplémentdenom(icicomplémentdunom«chat»).

Le gentil CHAT tigré de mon grand père

3) UnepropositionsubordonnéerelativedontlafonctionseraComplémentdel’antécédent(icicomplémentdel’antécédent«chat»).

Le gentil CHAT tigré qui s’est installé chez nous que nous avons adopté

dont nous avons la garde avec lequel je m’endors obs. : Le pronom relatif variera selon la fonction par rapport au verbe de la subordonnée. Nous reviendrons là-dessus plus tard Tous ces mots qui peuvent graviter autour du nom s’appellent les expansions du nom. Le nom et ses expansions constituent ce qu’on appelle le groupe nominal.

Page 22: Le Cahier de français 45

Exercices sur les fonctions dans le Groupe Nominal (autrement dit les expansions du nom)

Veripien0 Ai-je bien compris La Leçon ?

1.Une expansion du nom est un mot ou un de mots qui complète un nom. © Vrai. Faux.

2.Les expansions du nom peuvent être supprimées, Vrai. ( Faux.

3. 'épithète et Le complément du nom sont des fonctions grammaticales. Q Vrai. O Faux.

4.Un adjectif est toujours en Fonction épithète. Vrai. © Faux.

5.Une épithète est toujours un adjectif, 0 Vrai. Faux.

S'exencen

0 Soulignez Les expansions qui complètent Les noms en gras et précisez Leur classe grammaticale.Attention : certains noms en gras n'ont pas d'expansion !

Au moindre choc, des pierres descellées tombaient. Les hiboux qui habitaient les lieux emplissaient le donjon

abandonné de leurs cris lugubres et de grands bruits d’ailes. Le concierge faisait sa tournée chaque jour ; c'était un

vieillard décrépi, Il commençait par le grand escalier de pierre, dont la rampe avait été ôtée. Il le montait lentement, et,

D'après G. Flaubert, Rêve d'enfer, 1837.

Page 23: Le Cahier de français 45

« Dire l’amour » : lecture d’un extrait de tragédie du 17ème siècle Racine, Bérénice, Acte IV, scène 5 Bérénice est reine de Palestine. Titus, le fils de l’empereur romain, en campagne en Palestine, en est tombé éperdument amoureux et est revenu à Rome avec elle. Mais à la mort de son père, Titus doit devenir empereur. Or Rome ne peut accepter comme impératrice une reine étrangère. Titus doit donc choisir entre le devoir et l’amour. Il vient d’informer Bérénice de son choix : « il ne s’agit plus de vivre, il faut régner »

BERENICE

Eh bien ! régnez, cruel, contentez votre gloire : Je ne dispute plus. J'attendais, pour vous croire, Que cette même bouche, après mille serments D'un amour qui devait unir tous nos moments, Cette bouche, à mes yeux s'avouant infidèle, M'ordonnât elle-même une absence éternelle. Moi-même j'ai voulu vous entendre en ce lieu. Je n'écoute plus rien, et pour jamais : adieu... Pour jamais ! Ah, Seigneur ! songez-vous en vous-même Combien ce mot cruel est affreux quand on aime ? Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous, Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ? Que le jour recommence et que le jour finisse, Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice, Sans que de tout le jour je puisse voir Titus ? Mais quelle est mon erreur, et que de soins perdus ! L’ingrat, de mon départ consolé par avance, Daignera-t-il compter les jours de mon absence ? Ces jours si longs pour moi lui sembleront trop courts.

Racine est un auteur du 17ème siècle, le siècle de Louis XIV. C’est un contemporain de Molière.

Racine, lui, écrit des tragédies, c’est-à-dire des pièces qui doivent provoquer de la terreur et de la pitié,

et qui se terminent mal

Dans Bérénice, il s’inspire de l’histoire romaine. Bérénice est reine de Palestine. Titus est le fils

de l’empereur de Rome. Ils sont tombés amoureux en Palestine. Titus a ramené Bérénice à Rome en lui

promettant qu’il l’épouserait. Mais devenu empereur, il doit faire face à ses responsabilités et le peuple

de Rome ne veut pas qu’une reine étrangère devienne impératrice. Titus doit donc choisir entre son

devoir et son amour. Il tergiverse mais choisit le devoir. Dans la scène que nous lisons, Bérénice est en

proie à la colère, et son amour propre est blessé. Mais au cours de la tirade on observe un accès de

tendresse, d’amour et de tristesse qui s’exprime sans fard. Puis le ressentiment reprend le dessus.

C’est un beau passage, une belle expression du dépit et de la tristesse amoureuse.

Page 24: Le Cahier de français 45

Évaluation sur la poésie lyrique Texte : Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859), « N’écris pas » N'écris pas. Je suis triste, et je voudrais m'éteindre. Les beaux étés sans toi, c'est la nuit sans flambeau. J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre, Et frapper à mon cœur, c'est frapper au tombeau. N'écris pas !

N'écris pas. N'apprenons qu'à mourir à nous-mêmes. Ne demande qu'à Dieu... qu'à toi, si je t'aimais ! Au fond de ton absence écouter que tu m'aimes, C'est entendre le ciel sans y monter jamais. N'écris pas !

N'écris pas. Je te crains ; j'ai peur de ma mémoire ; Elle a gardé ta voix qui m'appelle souvent. Ne montre pas l'eau vive à qui ne peut la boire. Une chère écriture est un portrait vivant. N'écris pas !

N'écris pas ces doux mots que je n'ose plus lire : Il semble que ta voix les répand sur mon cœur ; Que je les vois brûler à travers ton sourire ; Il semble qu'un baiser les empreint1 sur mon cœur. N'écris pas ! I) Contrôler sa compréhension, devenir un lecteur autonome. Élaborer une interprétation de textes littéraires ».

1) A qui s’adresse la poétesse ? 2) Que lui demande-t-elle ? Qu’a-t-elle résolu ? 3) L’aime-t-elle encore ? 4) Comment explique-t-elle sa demande ? 5) « Ne montre pas l’eau vive à qui ne peut la boire ? » Comment appelle-t-on la figure de style utilisé ici ? Que

veut dire la poétesse à travers cette figure ? II) Construire les notions permettant l'analyse et l'élaboration des textes et des discours.

6) Quelle est la longueur des vers ? Comment s’appellent de tels vers ? 7) Comment sont disposées les rimes et que peut-on penser de cette disposition par rapport au propos du

poème ? 8) Relever deux mots appartenant au champ lexical de la mort dans la première strophe. 9) Quels synonymes de l’adjectif triste connaissez-vous ? Donnez-en au moins 4. 10) Donnez 4 mots de la même famille que l’adjectif « vive »

III) Analyser le fonctionnement de la phrase simple et de la phrase complexe.

11) A quelle classe grammaticale appartiennent les mots suivants : beaux (v.1). la (v.2), mes (v.3), t’(v.3), à(v.4), tombeau (v.4)

IV) Connaître les aspects fondamentaux du fonctionnement syntaxique. Sera évalué le soin apporté à la rédaction de vos réponses (syntaxe, ponctuation) dans l’ensemble de votre copie. V) Consolider l'orthographe lexicale et grammaticale. Sera évalué le soin apporté à l’orthographe dans l’ensemble de la copie.

Page 25: Le Cahier de français 45

Proposition de corrigé

1) La poétesse s’adresse à quelqu’un avec qui elle a eu une histoire d’amour.

2) Elle lui demande de ne plus écrire. Elle est résolue à oublier cette personne, à rompre tout lien.

3) Elle l’aime encore mais est consciente que la relation est terminée.

4) Elle l’explique par le besoin d’oublier. Le souvenir de cette relation la fait souffrir.

5) La figure utilisée est la métaphore. La poétesse veut dire que si son amant reste en contact avec

elle alors même que leur amour est terminé, ce sera comme une sorte de torture.

6) Les vers ont 12 syllabes ; ce sont des alexandrins.

7) Les rimes sont croisées. On peut mettre cela en lien avec la difficulté qu’a la poétesse à se délier

de son amour. Son cœur est encore entremêlé à celui de son ancien amant.

8) « S’éteindre », « tombeau » sont deux mots qui appartiennent au champ lexical de la mort.

9) Les synonymes de « triste » sont « mélancolique », « désespéré », « affligé », « morose»…

10) Les mots de la même famille que vive sont « vie », « vivement », « vivacité », « vivre ».

11) Classes grammaticales :

Beaux : adjectif qualificatif

La : déterminant (article)

Mes : déterminant (déterminant possessif)

T’ : pronom

À : préposition

Tombeau : nom commun

Présentation d’Andrée Chedid et du livre le Message

Andrée Chedid est une auteure franco-libanaise née en Egypte en 1920 et morte à Paris en

2010. Elle a écrit essentiellement des poèmes et des nouvelles. A travers son œuvre, elle réfléchit à la

condition humaine et cherche à célébrer la vie, à la faire triompher en dépit de la violence du monde.

L’action de la longue nouvelle qu’est Le Message se situe dans une ville en guerre qui n’est

pas nommée mais qui peut faire penser notamment à Beyrouth au moment de la guerre civile

libanaise. C’est une réflexion sur l’amour et sur la violence.

Les personnages principaux sont

- Marie et Steph, les jeunes amoureux.

- Anton et Anya, un vieux couple de retraités. Anton était médecin.

- Giorgio : un milicien franc-tireur.

Page 26: Le Cahier de français 45

Le Message d’Andrée Chedid : tableau de prise de notes

Chapitres 1 à 14

On est dans une ville en guerre. Marie est une jeune femme. Elle doit rejoindre Steph,

son amoureux. Ils habitent dans deux quartiers opposés. C’est un amour très fort malgré

les brouilles. Steph lui a écrit une lettre d’amour avec une photo de lui, et lui a donné RV

sur un pont au centre de la ville à midi. Ce doit être leurs retrouvailles. Steph a dit dans

sa lettre qu’il l’attendrait une heure. Si elle ne vient pas, cela voudra dire qu’elle ne veut

plus de lui.

Marie se met en chemin mais elle reçoit une balle dans le dos, d’un snipper. Elle est

blessée, elle essaye d’arriver au pont mais s’écroule. Elle sait qu’elle va mourir. Elle écrit

quelques mots sur l’enveloppe de la lettre, un message : “je t’aime, je venais”. Son dernier

espoir, c’est qu’un passant vienne et porte cette lettre à Steph.

Chapitres 15 à 27

Chapitres 28 à 44

Chapitres 45 à 58

Page 27: Le Cahier de français 45

Dictée préparée

Marie reprend les rênes, se ressaisit, tient tête à cette chair en perdition. Sa pensée se mobilise,

interroge, inspecte les muscles, les tissus qui se relâchent, les mains qui s’amollissent, les pieds qui

glissent. Elle tente de se rassurer, se persuade qu’elle parviendra à tout dominer, à soumettre cette

charpente à sa volonté, à son désir violent d’avancer et de se garder en état, jusqu’à la rencontre.

Andrée Chedid

Compétencesévaluées Fautespossibles Codemarge ÉvaluationMaîtriserlaformedesmotsenlienaveclasyntaxe

AccordsdansleGN/Accordssujet-attribut/Accordsp.passés/Homophonesgrammaticaux.

A

Maîtriserlefonctionnementduverbeetsonorthographe

Conjugaisons/Accordssujetverbe/Confusioninfinitif-participepassé

C

Maitriserlastructure,lesensetl’orthographedesmots

Orthographelexicale/Accents/Majuscules

O

Barèmepourchacunedestroisgrandescompétences

Textedifficile Textefacile,courtouconnu1à2fautes:trèsbonnemaîtrise3à4fautes:Maîtrisesatisfaisante5à6fautes:Maîtrisefragile6à7fautes:débutdemaîtrisePlusde7fautes:maîtriseinsuffisante

1faute:trèsbonnemaîtrise2fautes:Maîtrisesatisfaisante3fautes:Maîtrisefragile4fautes:débutdemaîtrisePlusde4fautes:maîtriseinsuffisante

Page 28: Le Cahier de français 45

Le présent, le futur : conjugaison et emploi Le présent, le futur et l’imparfait font partie des 4 temps simples de l’indicatif. Rappelons que l’indicatif est le mode du réel, du certain, du probable. LE PRESENT Il peut indiquer

- quel’actionalieuaumomentoùl’onparle(présentd’énonciation)- quel’actionesthabituelle(présentd’habitude)- quel’actionesttoujoursvraie(présentdevéritégénérale)- on emploie aussi le présent dans un récit plutôt au passé pour donner faire vivre plus

intensémentdesactionsimportantes(présentdenarration) Les verbes conjugués au présent ont les terminaisons suivantes dans la majorité des cas : Verbes du 1er groupe (type chanter) Je chant E Tu chant ES Il chant E Nous chant ONS Vous chant EZ Ils chant ENT Verbes du 2ème groupe (type « finir ») et 3ème groupes (type « voir ») Je fini S Je voi S Tu fini S Tu voi S Il fini T Il voi T Nous finiss ONS Nous voy ONS Vous finiss EZ Vous voy EZ Ils finiss ENT Ils voi ENT Le problème est qu’il y a des verbes irréguliers ou des verbes dont le radical prend des formes particulières (être, avoir, faire, aller, vouloir, savoir, pouvoir, prendre, craindre….). Petit à petit, en lisant ou en apprenant ses conjugaisons, on les maîtrise. LE FUTUR Il indique que l’action aura lieu dans le futur par rapport au moment où l’on parle. Il peut donc aussi exprimer une promesse ou un ordre (« je te ferai un cadeau » ; « tu t’arrêteras prendre le pain ») Les terminaisons sont toujours les mêmes. La présence du r avant la terminaison est la marque du futur. Là encore, ce sont les radicaux qui peuvent varier. Pour les connaitre, il faut apprendre ses conjugaisons ou lire et apprendre des textes. Je mange R AI Je ver R AI Tu mange R AS Tu ver R AS Il mange R A Il ver R A Nous mange R ONS Nous ver R ONS Vous mange R EZ Vous ver R EZ Ils mange R ONT Ils ver R ONT

Page 29: Le Cahier de français 45

Conjugaisons à réviser

Page 30: Le Cahier de français 45

Interrogation sur la lecture du Message d’Andrée Chedid

1) Quelle était la nature des relations entre Steph et Marie ? Ils sont amoureux. Leur relation est orageuse mais ils se sont fixés un RV pour se retrouver.

2) Pourquoi Marie ne va-t-elle pas parvenir au lieu de RV ? Que lui est-il arrivé ? Marie ne parviendra pas au lieu de RV car un franc-tireur lui a tiré une balle dans le dos.

3) Qui sont Anton et Anya ? Comment qualifier leur relation ? Anton et Anya sont un vieux couple qui essaye de fuir la ville. Ils s'aiment profondément.

4) Quelle mission est confiée à Anya ? Réussit-elle à la remplir ? Anya doit aller au RV fixé par Steph pour lui dire que Marie est blessée, que Marie l'aime et qu'elle

venait à ce RV au moment où la balle l'a atteinte. Marie a réussi à griffonner ce message pour Steph.

Mais Anya ne parvient pas à temps au RV. Elle voit même au loin Steph monter dans un autocar et

partir.

5) Qui est Giorgio ? De quoi est-il sans doute coupable ? Gorgio est un franc-tireur sans pitié. C'est sans doute lui qui a tiré sur Marie.

6) Quel mensonge Anton et Anya font-ils à Marie ? Quelle surprise ont-ils à la fin ? Anton et Anya disent que le message a bien été remis à Steph, et qu'il est en route pour la rejoindre.

Ils espèrent que cette attente lui permettra de tenir ou lui permettra de mourir un peu plus en paix. En

réalité, ils voient Steph arriver. Celui-ci a finalement sauté de l'autocar et a rebroussé le chemin. Il a

eu l'intuition que Marie voulait bien le revoir et qu'il lui était arrivé quelque chose.

7) Comment se termine l’histoire pour Marie ? Qu’advient-il de Giorgio ? Marie meurt dans les bras de Steph. Gorgio, qui avait été pris de remords, revient avec une ambulance

mais il est trop tard. Steph, soupçonnant que Gorgio est le meurtrier de Marie lui tire dessus et le tue.

Page 31: Le Cahier de français 45

Débat sur Le Message d’Andrée Chedid

1) Quelle réflexion est menée sur l’amour à travers ce livre ? 2) Quelle réflexion sur la violence et sur la guerre est menée à travers ce livre ? 3) Quel regard et quel jugement Andrée Chedid porte-t-elle sur l’être humain ? 4) Et vous ? Que pensez-vous de l’amour, de la violence ? Et quel jugement portez-vous sur les êtres humains ?

1) Dans ce livre, l’amour est souvent tourmenté, orageux mais en même temps c’est ce qui sauve.

L’amour selon Andrée Chedid se construit, se travaille, mais au bout du compte il y a la possibilité

d’une paix, d’une solidarité (comme on le voit dans le couple Anton/ Anya)

2) La violence nous entoure. Elle semble inéluctable. Andrée Chedid ne semble pas croire à un monde

sans violence. Et la violence a souvent le dernier mot. Mais la violence s’explique et se combat, par

l’amour. Gorgio est haineux parce qu’il a été méprisé. Il reste en lui une part d’humanité puisque,

finalement, il veut sauver Marie sur laquelle il a tiré.

3) Andrée Chedid semble penser que, malgré la violence, l’être humain est capable de douceur, de

solidarité. Anton et Anya sont des modèles. Le bien et le mal coexistent mais il faut croire au bien, le

défendre pour que le mal ait un peu moins de place.

Page 32: Le Cahier de français 45

SÉQUENCE 2 : LA FICTION POUR INTERROGER LE RÉEL

Le réel désigne l’enchainement de ce qui existe, de ce qui se produit, de ce que l’on vit, de ce que

l’on peut observer.

Une fiction est au contraire un enchainement de faits imaginaires mis en scène dans un récit.

La littérature et le cinéma mettent souvent en scène des fictions.

Parfois ces fictions ressemblent à la réalité et en donnent l’illusion ; on dit alors que ce sont

des fictions « réalistes ».

Parfois, au contraire, elles s’éloignent de la réalité ; on dit alors que ce sont des récits

« merveilleux » ou de « science-fiction ».

Parfois, enfin, elles se tiennent à la frontière entre le réalisme et le merveilleux ; c’est ce qu’on

appelle le fantastique.

Mais pourquoi les humains, depuis toujours, inventent des fictions (contes, épopées, romans,

films) ?

Les fictions réalistes sont comme un miroir que l’on pose en face de la réalité ; elles nous

permettent de la regarder de l’extérieur et de mieux la comprendre (alors que dans la vraie réalité, celle

dans laquelle nous sommes immergés, nous ne voyons pas grand-chose).

Les fictions fantastiques ou merveilleuses nous permettent de projeter nos angoisses et nos

idéaux, nos rêves et nos cauchemars.

Page 33: Le Cahier de français 45

Analyse d’image : le réalisme en peinture

Observationdetableauxdu17èmesiècleetdu18èmesiècle

HyacintheRigaud,LouisXIVencostumedesacre JacquesLouisDavidBonapartefranchissantleGrandSaintBernard

Qu’est ce qui est représenté sur ces tableaux ? Quel semble être le but de ces représentations ?

Ce sont des personnages historiques qui sont représentés. Ils sont peints dans une mise en

scène qui vise à les glorifier. Ces peintres sont des peintres académiques tout à fait virtuoses.

Observationdetableauxréalistesdu19èmesiècle

JeanBeraud,ParisienneplacedelaConcorde EugeneBoudinChevalblancsousunarbre

Qu’estcequiestreprésentésurcestableaux?Quelsembleêtrelebutdecesreprésentations?

Sur le premier tableau une femme anonyme est représentée, saisie dans son quotidien. Sur le

2ème, c’est un cheval au repos. Le but est de montrer une réalité banale et de rendre l’atmosphère de la

réalité.

Les artistes et les peintres réalistes cherchent à refléter la réalité simple, telle qu’elle est. Ils essayent d’en faire ressentir la vibration. Ils ne cherchent pas la précision du trait mais jouent sur les couleurs, les atmosphères.

Page 34: Le Cahier de français 45

Tout ce qu’il faut savoir sur fonctions autour du verbe… (ou presque…)

Nous avons vu que, pour former et enrichir des phrases, on peut « connecter » des éléments aux noms. C’est ce qu’on appelle les expansions du noms (épithètes, compléments de noms, propositions relatives). Mais on connecte surtout des éléments aux verbes. Les éléments connectés aux verbes sont les suivants : LE SUJET : c’est celui qui fait l’action du verbe. Il est souvent placé avant le verbe (mais pas toujours). Le sujet peut être : - un nom ou un GN (LES BONS ELEVES DE LA CLASSE ont rendu leur devoir), - un pronom (NOUS travaillons) - un infinitif (COURIR est bon pour la santé). L’ATTRIBUT DU SUJET : il suit un verbe d’état (être, sembler, devenir, paraitre, rester, demeurer, avoir l’air, se révéler, se montrer etc…). L’attribut peut être : - un adjectif (Je suis FIER de vous), - un nom ou un GN (Je suis VOTRE PROFESSEUR DE FRANÇAIS), - un infinitif (mon objectif est DE REUSSIR) LE COD : il est l’objet de l’action exprimée par le verbe et il est construit sans préposition (directement donc). Un verbe sur lequel un peut connecter un COD est un verbe transitif. Le COD peut être - un nom ou un GN (Je félicite LES ELEVES TRAVAILLEURS), - un pronom (Je VOUS félicite), - un infinitif (Nous souhaitons TRAVAILLER). LE COI : il est aussi l’objet de l’action exprimée par le verbe mais il est construit avec une préposition (indirectement donc). Un verbe sur lequel on peut connecter un COI est un verbe intransitif. Le COI peut être : - un nom ou un GN (Je pense A MES AMIS), - un pronom (Je pense A EUX), - un infinitif (Nous rêvons DE PARTIR EN VACANCES). Observation : un verbe qui n’admet ni COD ni COI (comme mourir, voyager, déjeuner…), est appelé un verbe intransitif LE COMPLEMENT CIRCONSTANCIEL indique plutôt les circonstances (lieu, temps, cause, conséquence, manière, but d’une action). Il est connecté soit au verbe (Je viens DE PARIS) soit à l’ensemble de la phrase, auquel cas il est très mobile dans la phrase et on peut le supprimer. (Je fais mes devoirs LE MERCREDI APRES MIDI / LE MERCREDI APRES MIDI, je fais mes devoirs)/ Le complément circonstanciel peut être - un nom (Je viendrais chez toi APRÈS LE DÉJEUNER / Je n’ai pas pu venir à l’heure EN RAISON DU TRAFIC), - un pronom (Il est passé DEVANT MOI / Paris, J’Y vis), - un verbe à l’infinitif (je travaille POUR RÉUSSIR). - un adverbe : (je travaille LENTEMENT) Observations - On appelle parfois « compléments essentiels tous les compléments connectés sur le verbe (COD, COI, certains CC) et « compléments non essentiels » les C.C. connectés à toute la phrase. - De même qu’on peut connecter certaines propositions sur un nom (ce sont les propositions subordonnées relatives, qui sont des expansions du nom), de même on peut connecter des propositions sur le verbe (ce sont les propositions subordonnées complétives) ; ou sur la phrase (ce sont les propositions subordonnées circonstancielles). Nous verrons cela plus tard.

Page 35: Le Cahier de français 45

Exercices sur fonctions autour du verbe et de la phrase

Identifier les verbes conjugués, les sujets, les attributs du sujet, les COD, les COI et les CC dans les

phrases suivantes extraites de « Coco »

On conservait, par charité, dans le fond de l’écurie, un très vieux cheval blanc que la maîtresse

voulait nourrir jusqu’à sa mort naturelle, parce qu’elle l’ avait élevé, gardé toujours, et qu’il lui

rappelait des souvenirs.

L’animal, presque perclus, levait avec peine ses jambes lourdes, grosses des genoux et enflées au-

dessus des sabots. Ses poils, qu’on n’étrillait plus jamais, avaient l’air de cheveux blancs, et des cils

très longs donnaient à ses yeux un air triste.

Verbe Sujet Attribut du sujet COD COI CC

Page 36: Le Cahier de français 45

Interrogation sur la lecture de deux nouvelles de Maupassant.

1) Qui est Coco ?

C’est un vieux cheval qui a été très aimé et qu’on laisse finir sa vie paisiblement. 2) Qui est Zidore ?

Un jeune garçon qui travaille à la ferme. Il n’est pas très intelligent et est l’objet de moqueries. Il est

chargé de nourrir Coco ou de le déplacer quand il est au pré.

3) Comment Zidore se comporte-t-il avec Coco ?

Il fait preuve de grande cruauté. Sous prétexte que le cheval ne travaille plus et aussi pour se venger des brimades qu’il subit, Zidore le maltraite et ne lui donne pas à manger ou ne le change plus de place. 4) Qu’arrive-t-il finalement à Coco ?

Coco meurt de faim. Tout le monde pense qu’il est mort de vieillesse. Personne ne soupçonne ZIdore qui d’ailleurs n’a aucun remord.

5) Qui est Sir John Rowel ?

C’est un Anglais assez mystérieux qui s’est installé en Corse. C’est un ancien chasseur qui a arpenté le monde entier. 6) Quel objet Sir John Rowel a-t-il dans son salon ?

Une main humaine, la main d’un homme qu’il s’enorgueillit d’avoir tué. 7) Qu’arrive-t-il à Sir John Rowel ?

Il est assassiné. On le retrouve étranglé et avec des plaies autour du cou. Il a un morceau de doigts dans la bouche qui semble indiqué qu’il s’est débattu. 8) Qui semble être le coupable de ce qu’il lui arrive ?

Il semble que ce soit la main car elle n’est plus à sa place et la chaine à laquelle elle était attachée est rompue. Du reste quelques mois plus tard on la retrouve sur le tombeau de Sir John Rowel et il manque un doigt à cette main. Compétences évaluées - Contrôler sa compréhension, devenir un lecteur autonome. - Lire des œuvres littéraires et fréquente des œuvres d'art.

Page 37: Le Cahier de français 45

Synthèse du débat sur les nouvelles de Maupassant

Coco est une nouvelle réaliste. Les personnages et les décors sont tout à fait vraisemblables à

l’époque de Maupassant (un ouvrier agricole et un vieux cheval dans une ferme). L’action est tout à

fait vraisemblable.

A travers cette nouvelle, Maupassant partage son pessimisme sur la nature humaine (Zidore

est parfaitement cruel). Les brimades que subit Zidore expliquent en partie son exaspération. Ce qui

est terrible et tragique c’est que le crime restera ignoré et impuni. La vie elle-même semble injuste

puisque l’herbe repousse magnifiquement, nourrie par le cadavre de Coco.

La Main est une nouvelle fantastique. Le narrateur est un juge. Il raconte un crime étrange

qu’il a eu à traiter quand il était en poste en Corse. Un vieil anglais a été étranglé avec une telle force

qu’il a des plaies à la gorge. Dans sa bouche, il avait un morceau de doigt qu’il a réussi à mordre. Or

il gardait chez lui la main momifiée d’un homme qu’il avait tué jadis. Cette main a disparu quand

on trouve son cadavre. Trois mois plus tard on retrouve sur sa tombe une main humaine avec un doigt

en moins.

Le lecteur hésite entre une explication naturelle (l’anglais a été tué par un rôdeur ou par

quelqu’un qui est venu se venger) et une explication surnaturelle (la main elle-même s’est vengée).

C’est cette hésitation qui caractérise le fantastique. A travers, le fantastique s’expriment nos angoisses

et nos peurs secrètes, comme dans les cauchemars.

Rédaction Sujet Vous allez inventer une suite à la nouvelle « Coco » en basculant petit à petit dans le registre fantastique. Un malheur va s’abattre sur Zidore et il va mourir. Votre lecteur hésitera à attribuer ce malheur au pur hasard ou à une vengeance surnaturelle de l’esprit de Coco. Il fera environ quarante lignes au minimum, soigneusement rédigées et orthographiées. Des paragraphes marqueront les étapes principales du récit. Compétences évaluées Exploiter les principales fonctions de l'écrit (Votre texte est assez développé et réussit à intéresser) Exploiter des lectures pour enrichir son écrit (votre texte est réaliste et bascule dans le fantastique conformément à la consigne) Maîtriser la forme des mots en lien avec la syntaxe (Votre texte est bien rédigé : la syntaxe est correcte, le vocabulaire bien choisi, la ponctuation maîtrisée et l’orthographe soignée)

Page 38: Le Cahier de français 45

Suite de Coco : proposition de corrigé

Quelques jours passèrent. C’était la fin de l’été, on attendait les moissons. Zidore n’avait donc

plus grand-chose à faire à la ferme. Il profitait de son temps libre pour aller se baigner à la rivière ou

pour aller chasser quelques oiseaux au lance pierre. Parfois, il allait au pré et s’amusait à effrayer les

vaches en gesticulant et en poussant des cris pour les faire courir.

Simplement, il dormait mal. La nuit, dans son sommeil, il lui semblait entendre des

hennissements. Alors il se réveillait en nage et mettait du temps à se rendormir. Une nuit, il fit même

un cauchemar terrifiant. Il était comme paralysé et Coco se couchait sur son lit et l’étouffait, l’écrasait.

Mais quand le jour revenait, il retrouvait son insouciance.

Un jour qu’il courait vers la rivière, il entendit une sorte de galop. Une horde de sangliers se

ruait sur lui. Il eut tout juste le temps de grimper sur un arbre et il dut attendre deux heures,

cramponné, que les bêtes partent. Le soir, quand il raconta son aventure à table, tout le monde s’en

amusa.

Un autre jour, alors qu’il s’apprêtait à se baigner dans la rivière, il fut mordu par une vipère à

la jambe. Il réussit à aspirer le venin mais resta trois jours cloué au lit en proie à une fièvre carabinée.

Le dimanche suivant, alors qu’il traversait un champ, un taureau fonça sur lui et le projeta à

terre. Il n’eut que le temps de courir à la barrière toute proche avant que le taureau ne se retourne et ne

charge à nouveau. Mais le coup de corne lui avait arraché une partie de l’épaule. Il eut des pansements

pendant 15 jours et dut garder le lit.

Quand il reprit du service, il fut chargé de s’occuper des six chevaux de la ferme car le garçon

plus âgé qui s’en chargeait jusqu’alors était réquisitionné pour les vendanges. Zidore devait changer

la paille des box, étriller les bêtes et curer les fers. Il eut l’impression que les chevaux ne l’aimaient pas.

A chaque fois qu’il approchait d’un box, le cheval baissait les oreilles et levait la tête. Plusieurs fois il

se fit mordre en rentrant dans le box ou en étrillant.

Une fin d’après-midi, alors qu’il s’occupait de Jaguar, le plus bel étalon de la ferme, et qu’il

était en train de bouger la paille dans le fond du box, le cheval se tourna un peu et envoya des coups

de pieds. Zidore les reçut en plein ventre et en plein torse. Il se plia à terre, mais le cheval s’acharnait,

ruait littéralement le gamin de coups, au point que celui-ci perdit connaissance.

Le soir tout le monde s’étonna de ne pas voir Zidore à table. Mais on ne s’inquiéta pas. Il lui

arrivait de se perdre en forêt, de dormir à la belle étoile et de revenir le lendemain.

Le lendemain justement, en début d’après-midi, on eut besoin d’atteler Jaguar pour mener la

patronne au village. Le palefrenier entra dans le box et entendit dans le fond un bourdonnement de

mouches. Il s’approcha et vit le corps de Zidore à moitié recouvert de paille, et qui commençait à sentir

mauvais.

Zidore était orphelin. On l’avait recueilli par charité. Il ne manqua pas beaucoup à la ferme.

On lui fit quand même un petit enterrement au cimetière du village. On fut un peu triste. Puis on

l’oublia.

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Expression écrite : phrases à corriger, extraites des copies

Identifier les fautes (0rthographe, Syntaxe, Temps, Vocabulaire, Ponctuation) puis proposer une phrase correcte. 1) Il entendit une voix qui dis que je vais me venger Erreurs de : ponctuation, temps, syntaxe Phrase corrigée : Il entendit une voix qui disait : “Je vais me venger”. 2) Elle se demandé pourquoi son fils ne voulais pas y allé alors que c’est quand même lui qui s’en occupé ? Erreurs de : Ponctuation, temps et orthographe. Phrase corrigée : Elle se demandait pourquoi son fils ne voulait pas y aller, alors que c’était lui qui s’en occupait. 3) Quelques heures plus tard après avoir enterré Coco la famille rentrèrent. Erreurs de : Orthographe et ponctuation Phrase corrigée : Quelques heures plus tard, après avoir enterré Coco, la famille rentra. 4) La mère de Zidore et parti voir le fermier mais lui non plus la pas vu. Erreurs de : Orthographe, ponctuatio, temps, syntaxe Phrase corrigée : La mère de Zidore partit voir le fermier mais lui non plus ne l’avait pas vu. 5) Le fermier lui donnat comme travaille de couper l’herbe cela lui pris des heures de travaille Erreurs de : Orthographe et ponctuation Phrase corrigée : Le fermier lui donna comme travail de couper l’herbe. Cela lui prit des heures. 6) Il se rendis donc à l’écurie alla chercher Coco est s’en occupa Erreurs de : orthographe et ponctuation Phrase corrigée : Il se rendit donc à l’écurie, alla chercher Coco et s’en occupa. 7) Il court pour rejoindre sa chambre toutes les bougies sont éteintent hormis une seul et unique Erreurs de : orthographe, ponctuation, temps, Phrase corrigée : Il courut pour rejoindre sa chambre. Toutes les bougies étaient éteintes sauf une. 8) Zidore voit apparait le cheval, auquelle il l’avait tué Erreurs de : temps, d’orthographe, syntaxe Phrase corrigée : Zidore vit apparaitre le cheval qu’il avait tué. 9) Il en n’est sur coco veut se vengé Erreurs de : orthographe, ponctuation, syntaxe Phrase corrigée : Il en est sûr : Coco veut se venger (Il est sûr que Coco veut se venger) 10) Au loin il entendit de l’orage mais ne s’inquiette pas il ce dit que l’orage ne viendrait pas jusqu’à lui. Erreurs de : orthographe, ponctuation, temps et syntaxe. Phrase corrigée : Au loin, il entendit l’orage mais ne s’inquiéta pas. Il se dit que l’orage ne viendrait pas jusqu’à lui.

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L’imparfait et le passé simple : conjugaison et emploi Le passé simple et l’imparfait font partie des 4 temps simples de l’indicatif. Ce sont les temps du passé. Rappelons que l’indicatif est le mode du réel, du certain, du probable. L’IMPARFAIT Il est utilisé pour :

- Des actions dont les limites sont un peu vagues dans le passé (Quand j’étais petit j’aimais beaucoup les animaux).

- Des actions habituelles dans le passé (Tous les ans nous allions en vacances en Bretagne) - Dans un récit au passé il sert donc souvent à peindre l’arrière-plan : description des décors et des

atmosphères (comme il faisait beau, il décida de partir faire son footing) L’imparfait est très simple à conjuguer : les terminaisons sont toujours les mêmes. Pour le radical du verbe, on le trouve avec son instinct linguistique mais on peut savoir que c’est presque toujours le même que celui de la première personne du pluriel au présent Je chant / finiss / pren /fais AIS Tu chant / finiss / pren /fais AIS Il chant / finiss / pren /fais AIT Nous chant / finiss / pren /fais IONS Vous chant / finiss / pren /fais IEZ Ils chant / finiss / pren /fais AIENT LE PASSÉ SIMPLE Il est utilisé pour :

- Des actions souvent uniques, bien limitées dans le passé ou dont on veut montrer qu’elles sont achevées (Il vécut à la campagne jusqu’en 2005 / Il prit ses affaires et quitta le collège ; on ne le revit plus)

- Dans un récit au passé il sert donc souvent à peindre la succession des actions de premier plan : l’action à proprement parler, les événements qui font avancer le récit ((comme il faisait beau, il décida de partir faire son footing)

Observation importante : Le passé simple est un temps que l’on réserve souvent à la langue écrite et plus particulièrement à l’écriture de récits fictifs ou littéraires. A l’oral, et pour des récits de la vie courante, notamment à la première personne, on utilise de préférence le passé composé en lieu et place du passé simple et dans les mêmes emplois (J’ai vécu à la campagne jusqu’en 2005 / Hier il a pris ses affaires et il a quitté le collège à 11h). C’est pour cela qu’on est surtout habitué à le rencontrer à la 3ème personne du singulier et que certaines formes du passé simple paraissent étranges. Verbes du 1er groupe Verbes du 2ème groupe Verbes du 3ème groupe : 3 possibilités Je tomb AI* Je fin IS Je prIS pUS vINS Tu tomb AS Tu fin IS Tu prIS pUS vINS Il tomb A Il fin IT Il prIS pUT vINT Nous tomb âmes Nous fin ÎMES Nous prÎMES pÛMES vÎNMES Vous tomb âtes Vous fin ÎTES Vous prÎTES pÛTES vÎNTES Ils tomb èrent Ils fin IRENT Ils prIRENT pURENT vINREN

* Pour les verbes du 1er groupe, attention à la confusion orthographique passé simple -AI-) / imparfait -AIS- à la première personne.

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Quelques verbes conjugués à l’imparfait et au passé simple (à mémoriser)

Verbes à l’imparfait

J’étais J’avais Je pouvais

Tu étais Tu avais Tu pouvais

Il était Il était Il pouvait

Nous étions Nous avions Nous pouvions

Vous étiez Vous aviez Vous pouviez

Ils étaient Ils avaient Ils pouvaient

Verbes au passé simple

Je fus J’eus Je partis Je vécus

Tu fus Tu eus Tu partis Tu vécus

Il fut Il eut Il partit Il vécut

Nous fûmes Nous eûmes Nous partîmes Nous vécûmes

Vous fûtes Vous eûtes Vous partîtes Vous vécûtes

Ils furent Ils eurent Ils partirent Ils vécurent

Jeux de conjugaisons en ligne : https://www.ccdmd.qc.ca/fr/jeux_pedagogiques/?id=74

Interrogation sur La Parure de Maupassant. 1) Pourquoi l’héroïne, Mme Loisel, est-elle malheureuse au début de la nouvelle ? 2) Qu’emprunte-t-elle à une de ses anciennes amies, Madame Forestier, pour faire bonne figure à un bal auquel elle est conviée ? 3) Quel malheur arrive au retour du bal ? 4) Que fait-elle (avec son mari) pour pouvoir rendre à son amie ce qu’elle lui avait emprunté ? 5) Quelles sont les conséquences pour Monsieur et Madame Loisel ? 6) Qu’apprend-elle 10 ans plus tard ?

Synthèse de la réflexion sur La Parure

La Parure est une nouvelle réaliste. Le cadre et l’action sont vraisemblables. La nouvelle se

termine sur ce que l’on appelle une “chute”, un effet de surprise qui renverse un peu la perspective.

On retrouve le pessimisme de Maupassant. Le sort est cruel avec Mme Loisel. Elle a ruiné sa

vie pour rien.

En même temps, Maupassant critique tout de même le personnage, ses aspirations bourgeoises,

et sa fascination pour ce qu’on appellerait aujourd’hui la société de consommation. Elle s’est montrée

superficielle, frivole, capricieuse.

Finalement, on a l’impression que Maupassant regarde ses personnages avec autant de sévérité

que de pitié.

Page 42: Le Cahier de français 45

Écriture d’un récit réaliste au passé

Vous poursuivrez le récit suivant en racontant une injustice que le personnage principal va subir. Vous mettrez en scène des situations et des personnages fictifs mais inspirés de la réalité et en tous les cas vraisemblables.

Votre récit sera à l’imparfait / passé simple. Les principales étapes seront marquées par des paragraphes. Votre copie sera bien présentée. La langue (orthographe, ponctuation, temps, syntaxe, vocabulaire) sera aussi soignée que possible. Votre récit fera une quarantaine de lignes au moins.

C’était un matin de novembre, il y avait du vent, le premier vent froid de l’hiver. Kim tourna sur le boulevard de Strasbourg et arriva devant la grande porte en bois du collège, qui venait d’ouvrir. La cour était recouverte de feuilles de platane. Dans la tête de Kim aussi, c’était le début de l’hiver ; il/elle était maussade. Et puis il/elle sentait mal cette journée : une interrogation de conjugaison à 8h, un contrôle d’histoire à 11h, ça ne soulève pas l’enthousiasme. Et c’est donc sans enthousiasme qu’il se dirigea vers la cour Est. (…)

Exploiter les principales fonctions de l'écrit.

= Raconter une histoire intéressante et riche.

Adopter des stratégies et des procédures d'écriture efficaces.

= Bien présenter et bien mettre en page sa copie. Faire un texte de la longueur attendue.

Connaître les aspects fondamentaux du fonctionnement syntaxique.

= Bien construire ses phrases, bien ponctuer.

Maîtriser le fonctionnement du verbe et de son orthographe.

= Bien choisir les temps (imparfait /passé simple).

Page 43: Le Cahier de français 45

Dictée préparée et commentée

Elle partit vers quatre heures du matin. Son mari, depuis minuit, dormait dans un petit salon

désert avec trois autres messieurs dont les femmes s’amusaient beaucoup.

Il lui jeta sur les épaules les vêtements qu’il avait apportés pour la sortie, modestes vêtements de

la vie ordinaire, dont la pauvreté jurait avec l’élégance de la toilette de bal. Elle le sentit et voulut

s’enfuir, pour ne pas être remarquée par les autres femmes qui s’enveloppaient de riches fourrures.

Loisel la retenait :

— Attends donc. Tu vas attraper froid dehors. Je vais appeler un fiacre.

Guy de Maupassant

Évaluation des dictées

Compétences évaluées Fautes possibles Code marge Évaluation Maîtriser la forme des mots en lien avec la syntaxe

Accords dans le GN /Accords sujet-attribut/ Accords p. passés / Homophones grammaticaux.

A

Maîtriser le fonctionnement du verbe et son orthographe

Conjugaisons /Accords sujet verbe / Confusion infinitif-participe passé

C

Maitriser la structure, le sens et l’orthographe des mots

Orthographe lexicale / Accents / Majuscules

O

Barème pour chacune des trois grandes compétences Texte difficile Texte facile, court ou connu 1 à 2 fautes : très bonne maîtrise 3 à 4 fautes : Maîtrise satisfaisante 5 à 6 fautes : Maîtrise fragile 6 à 7 fautes : début de maîtrise Plus de 7 fautes : maîtrise insuffisante

1 faute : très bonne maîtrise 2 fautes : Maîtrise satisfaisante 3 fautes : Maîtrise fragile 4 fautes : début de maîtrise Plus de 4 fautes : maîtrise insuffisante

Page 44: Le Cahier de français 45

Présentation du roman de Victor Hugo, Les Misérables.

Victor Hugo écrit et publie Les Misérables en 1862. L’histoire se passe entre 1815 et 1832. C’est

un roman réaliste car les personnages et le cadre de l’action sont inspirés par la réalité. Mais ce n’est

pas tout à fait le même réalisme que Maupassant car Victor Hugo veut donner à son roman une

dimension épique. C’est-à-dire qu’il veut transformer des personnages du petit peuple (un ancien

forçat, un gamin des rues, une jeune femme pauvre contrainte à se prostituer) en héros extraordinaires

et bouleversants. Il travaille donc son intrigue pour créer des situations saisissantes et très

romanesques (c’est-à-dire pas forcément très vraisemblables pour le coup, mais très émouvantes).

A travers son roman, Victor Hugo veut défendre la cause du peuple, des « misérables », et il veut

dénoncer les injustices.

Ce roman a tellement touché les lecteurs, qu’il est connu dans le monde entier. Monseigneur

Bienvenu, Jean Valjean, Fantine, Cosette, Gavroche sont presque des mythes. Les artistes les plus

contemporains continuent d’admirer le roman de Victor Hugo et d’y faire référence. On peut citer

encore dernièrement le film de Ladj Ly, Les Misérables.

Victor Hugo était un homme infiniment respectable : c’était un homme sensible et un homme

juste.

Page 45: Le Cahier de français 45

Tableau synoptique / Les Misérables de Victor Hugo / Le Livre de poche jeunesse

1ère partie : Fantine

1 M. Myriel Monseigneur Myriel (ou Bienvenu), sa sœur Baptistine et sa vieille servante Mme Magloire, renonce à l'evêché pour en faire l'hôpital, accompagne un condamné à mort. Ses couverts d'argent. Sa porte toujours ouverte.

2 Héroïsme de l'obéissance passive

Jean Valjean reçu par l'évêque à souper et à coucher.

3 Jean Valjean La vie de Jean Valjean. Sa famille. Comment il soutient sa sœur et les enfants de celle-ci. La misère, le pain volé. Le bagne. Les évasions manquées et les années qui s'accumulent. 19 ans en tout de 1795 à 1814 donc.

4 Le Voleur et l'évêque Jean Valjean vole dans la nuit le panier d’argenterie. Il est arrêté par les gendarmes qui le ramènent chez l’évêque lequel le couvre et déclare qu’il a offert cette argenterie à Jean Valjean. L’évêque fait promettre à Jean Valjean de se consacrer au bien.

5 Double quatuor 4 étudiants font une mauvaise surprise à leurs petites amies. Ils les quittent après une journée de plaisirs. Fantine, une jeune fille très jolie mais pauvre se retrouve seule et enceinte.

6 Esquisse de deux figures louches.

7 Le père Madeleine

8 M.Javert

9 Le père Fauchelevant

10 Fantine est congédiée

11 L'arrestation de Fantine.

12 Tempête sous un crâne

Page 46: Le Cahier de français 45

13 Un voyageur pressé

14 L'étonnement de Champmathieu

15 Javert est content.

16 La Mort de Fantine

2ème partie : Cosette

1 La question de l’eau à Montfermeil.

2 La poupée.

3 Cosette et l'inconnu.

4 Les Thénardier à la manœuvre.

5 La masure Gorbeau

6 L'homme au grelot

7 De la manière d'entrer au couvent

8 Où Jean Valjean se fait enterrer vivant.

9 Interrogatoire réussi

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Interrogation sur la lecture des Misérables de Victor Hugo 1) Comment réagit Monseigneur Bienvenu quand Jean Valjean lui est ramené par la police, accusé de lui avoir volé les couverts d’argent ? Monseigneur Bienvenu affirme qu’il a offert cette argenterie à Jean Valjean et que celui-ci a même

oublié le chandelier.

2) Comment est traitée Cosette chez les Thénardier ? Pourquoi est-elle chez eux ? Cosette est très maltraitée. Elle est chez eux car Fantine, sa mère, leur a confié en pension afin d’aller

chercher du travail à Montreuil sur mer.

3) Quelle est la fonction du père Madeleine à Montreuil sur mer ? Pourquoi est-il apprécié ? Il exerce la fonction de maire. Il est apprécié car il a rendu la ville prospère. Sa grande humanité force

aussi l’admiration.

4) Qui est Javert ? Quel soupçon a-t-il au sujet du père Madeleine ? Javert est inspecteur de Police. Il croit reconnaitre dans les traits du père Madeleine l’ancien bagnard

Jean Valjean

5) Pourquoi le père Madeleine révèle-t-il sa véritable identité ? Le père Madeleine révèle sa véritable identité pour ne pas faire accuser un autre à tort.

6) Après la mort de Fantine et après qu’il a été arrêté, le père Madeleine s’évade. Pour quoi faire ? Il veut aller chercher Cosette et prendre soin d’elle. Il l’a promis à Fantine

7) Où et auprès de qui trouve-t-il refuge à Paris pour échapper encore à Javert ? Il trouve refuge dans un couvent auprès du jardinier Fauchelevent qu’il avait sauvé quelques temps

auparavant.

8) Question facultative au choix sur les parties 3 à 5 : présenter le personnage de Marius ou présenter le personnage de Gavroche.

Travail de l’expression écrite : exercice de réécriture Phrases extraites des copies : à corriger et à améliorer (Orthographe, temps, syntaxe, vocabulaire ou ponctuation) 1) Il avait personne à qui lui parler car il n’a pas d’ami. Syntaxe / Temps Il n’avait personne à qui parler car il n’avait pas d’ami.

2) Ils sont partis le parler et se pardonner. Syntaxe / vocabulaire Ils sont allés lui parler et se faire pardonner 3) La sonnerie retentit annonçant le prochain cours celui d’espagnol Nina trouva qui se déroula très bien. Syntaxe, ponctuation, temps La sonnerie retentit annonçant le prochain cours, celui d’espagnol. Nina trouva qu’il se déroulait très bien. 4) Une fois arrivé vers le prof il cria Monsieur Monsieur j’ai vu quelqu’un de bizarre et de masquée le prof le croyait pas. Syntaxe, orthographe, ponctuation Une fois arrivé vers le prof, il cria : “Monsieur, Monsieur, j’ai vu quelqu’un de bizarre et qui était masqué !” Le professeur ne le croyait pas.

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Présenter, lire et expliquer un texte 1) Présenter le texte et sa situation dans le roman 2) Lire le texte de manière expressive 3) Dire ce qui fait son intérêt, quelles émotions il suscite et repérer quelques procédés d’écriture Compétences évaluées

- S'exprimerdefaçonmaîtriséeens'adressantàunauditoire- Exploiterlesressourcesexpressivesetcréativesdelaparole.- Contrôlersacompréhension,devenirunlecteurautonome.- Élaboreruneinterprétationdetexteslittéraires.

Texte 1 : V. Hugo, Les Misérables, pages 29 et 30 « Cependant monseigneur Bienvenu….. - Messieurs, vous pouvez vous retirer » Texte 2 : V. Hugo, Les Misérables, pages 53 et 54 (- Écoutez, reprit Madeleine, …….du quartier Saint-Antoine à Paris.) Texte 3 : V. Hugo, Les Misérables, pages 56 et 57 (Lorsque Fantine revint à Montreuil-sur-Mer……..Elle plia sous cet arrêt.) Texte 4 : V. Hugo, Les Misérables, pages 81 et 82 (Chacune des affirmations de ces trois hommes …… pour qu'un autre homme ne fût pas condamné à sa place.) Texte 5 : V. Hugo, Les Misérables, pages 97 et 98 (Thénardier venait de dépasser ses cinquante ans …… alla prendre un seau vide qui était au coin de la cheminée.) Texte 6 : V. Hugo, Les Misérables, pages 117 et 118. (- Levé si tôt ! dit la Thénardier…..cette maison haïe et haïssant.)

Exemple de texte expliqué (Les Misérables, pages 10 et 11)

TEXTE

En 1815, M. Charles-François-Bienvenu Myriel était évêque de Digne. C'était un vieillard d'environ soixante-quinze ans. Fils d'un conseiller au parlement d'Aix - noblesse de robe ! -, il occupait le siège de Digne depuis 1806.

M. Myriel était arrivé à Digne accompagné d'une vieille fille, MIle Baptistine, qui était sa sœur et qui avait dix ans de moins que lui. Ils avaient pour tout domestique une servante appelée Mme Magloire.

À son arrivée, on installa M. Myriel en son palais épiscopal avec les honneurs voulus par les décrets impériaux qui classent l'évêque immédiatement après le maréchal de camp. Le palais épiscopal de Digne était attenant à l'hôpital. C'était un vaste et bel hôtel bâti en pierre, un vrai logis seigneurial. L'hôpital était une maison étroite et basse, à un seul étage, avec un petit jardin.

Page 49: Le Cahier de français 45

Trois jours après son arrivée, l'évêque visita l'hôpital. La visite terminée, il fit prier le directeur de vouloir bien venir jusque chez lui,

- Monsieur le directeur de l'hôpital, lui dit-il, combien en ce moment avez-vous de malades ? - Vingt-six, monseigneur. Mais ils sont bien serrés les uns contre les autres. - Tenez, monsieur le directeur de l'hôpital, je vais vous dire. Il y a évidemment une erreur.

Vous êtes vingt-six personnes dans cinq ou six petites chambres. Nous sommes trois ici, et nous avons place pour soixante. Il y a erreur, je vous dis. Vous avez mon logis, et j'ai le vôtre. Rendez-moi ma maison. C'est ici chez vous.

Le lendemain, les vingt-six pauvres malades étaient, installés dans le palais de l'évêque, et l'évêque était à l'hôpital.

FICHE DE PRESENTATION Présentation :

Le passage se situe au début de l’œuvre. Il va permettre de présenter un personnage qui ne sera pas le héros mais qui va être présenté comme exemplaire et qui va transformer Jean Valjean en héros. En fait, c’est un peu comme si Hugo voulait que nous prenions exemple sur Monseigneur Bienvenu et que nous regardions ensuite les personnages du roman, qui sont des « misérables », avec son regard bienveillant. Lecture : Explication :

Au début du texte, en donnant l’était civil complet du personnage, Hugo nous donne l’impression de parler de la réalité. Il veut que nous croyions à son histoire.

A priori, Monseigneur Bienvenu est présenté comme un évêque très banal (vieux, issu de la très haute société). On imagine donc un homme, assez inaccessible et installé dans ses privilèges.

Hugo prend soin de rappeler tous les honneurs et tous les privilèges auquel un évêque a droit. En situant le palais épiscopal à côté de l’hôpital, il souligne le contraste entre les deux. Il y a des antithèses (« un vaste et bel hôtel » / « une maison étroite et basse ».

Coup de théâtre, après sa visite de l’hôpital, il va demander à changer de lieu de résidence. Son palais deviendra l’hôpital et son l’hôpital son logis.

Mais il ne va pas présenter cet échange comme une marque de charité. Il va le présenter comme « normal », comme « juste », comme évident, qualifiant « d’erreur » la situation antérieure. Ainsi, non seulement il se montre généreux mais il se montre aussi modeste. Il ne considère pas qu’il fasse une bonne action, il considère qu’il rétablit la justice.

La phrase « Rendez-moi ma maison », renverse les choses. Elle est paradoxale. C’est comme si c’était lui qui avait été floué de ne pas habiter dans une modeste demeure. Son sens de la justice frappe ainsi l’esprit du lecteur.

Ce que l’on note aussi avec le choix du connecteur temporel « le lendemain » c’est que l’évêque ne tergiverse pas : sa proposition est tout de suite mise en œuvre. Conclusion :

Ce début de roman vise donc à nous surprendre, à changer notre regard, à nous donner l’exemple d’un homme qui s’insurge des injustices.

Page 50: Le Cahier de français 45

Les paroles rapportées

Il y a deux manières principales de rapporter les paroles des personnages ou des protagonistes

dans un récit. Le discours direct

Les paroles des personnages sont rapportées telles qu'elles ont été prononcées, ce qui donne l'impression d'assister à la scène et la rend plus vivante.

Jules dit : « J'ai envie d'aller au cinema. - Oh ! Je viens avec toi ! » s'exclama Elodie.

Des guillemets encadrent (en général) les paroles pour les distinguer du récit, et, au sein d'un dialogue, quand plusieurs répliques se suivent, un tiret signale chaque changement d'interlocuteur.

Des verbes de parole (dire, s'exclamer, rétorquer, etc.) relient les paroles des personnages au récit. Ils peuvent être places avant les paroles (ils sont alors suivis de deux points), ou bien au milieu ou à la suite des paroles : le sujet est alors inversé et le verbe ne prend pas de majuscule. Le discours indirect

Le narrateur intègre les paroles au récit, sous forme de propositions subordonnées. Cela permet de ne pas interrompre le récit, mais rend la scène moins vivante.

Jules dit qu'il avait envie d'aller au cinéma. Elodie s'exclama qu'elle venait avec lui. Il n'y a ni guillemets ni tirets, puisque les paroles font partie du récit. De plus, des modifications

sont nécessaires pour intégrer les paroles au récit : - Dans un récit au passé, les verbes sont mis au passé (selon la règle de la concordance des temps). - Les marques de 1ère et 2ème personnes deviennent des marques de 3ème personne. - Les indications de temps et de lieu sont modifiées : « Je t'appelle demain », promit-elle = Elle promit qu'elle l'appellerait le lendemain. - Les marques de langage oral (interrogations directes, exclamations, interjections, niveau de

langage familier) disparaissent. - Ouais, enfin, je ne sais pas encore quel film je veux voir... = Jules répondit qu'il ne savait pas

encore quel film il voulait voir.

Temps du discours direct

Temps du discours indirect dans un récit au passé

« Je pars. » ( Présent ou imparfait) Il m'a dit qu'il partait. (Imparfait) « Je viendrai. » (Futur) Il a promis qu'il viendrait (Conditionnel) « Il a été malade. » (Passé composé Il expliqua qu'il avait été malade. (Plus que parfait)

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Exercices sur les discours rapportés Exercice 1

1 Discours indirect car il y a la conjonction de subordination que

2 Discours direct

3 Dicours direct

4 Discours indirect

5 Discours direct

Exercice 2

Le Bret demanda à Cyrano de qui il était amoureux.

Cyrano dit qu’il aimait Roxane et qu’il souffrait.

Cyrano s’écria que Roxane était la plus belle femme du monde.

Cyrano murmura qu’il était trop laid pour elle.

Cyrano admit qu’il avait peur de lui déplaire

Exercice 3

1 Intrus : exulter

2 intrus : Zinzinuler

3 intrus : Ronronner

4 intrus S’excuser

5 intrus : Proposer

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6 intrus : s’égosiller7 intrus : hasarder

Exercice 4 Transposez le texte suivant au discours direct, sous forme de dialogue. Attention à la ponctuation. Le roi se rend au chevet de Madame, sa sœur, qui est mourante. Cependant le roi était auprès de Madame. Elle lui dit qu'il perdait la plus véritable servante qu'il aurait jamais ; il lui dit qu'elle n'était pas en si grand péril, mais qu'il était étonné de sa fermeté, et qu'il la trouvait grande. Elle lui répliqua qu'il savait bien qu'elle n'avait jamais craint la mort, mais qu'elle avait craint de perdre ses bonnes grâces.

Mme de La Fayette, Histoire de Madame Henriette d'Angleterre,1720.

Cependant le roi était auprès de Madame. Elle lui dit : ”Vous perdez la plus véritable servante que vous aurez jamais” ; il lui dit : “Vous n’êtes pas en si grand péril, mais je suis étonné de votre fermeté et je vous trouve grande”. Elle lui répliqua : “ Vous savez bien que je n’ai jamais craint la mort mais que j’ai craint de perdre vos bonnes grâces”. Cependant le roi était auprès de Madame, elle lui dit :

- Vous perdez la plus véritable servante que vous aurez jamais - Vous n’êtes pas en si grand péril, mais je suis étonné de votre fermeté et je vous trouve grande, lui

dit-il. - Vous savez bien que je n’ai jamais craint la mort mais que j’ai craint de perdre vos bonnes grâces,

lui répliqua-t-elle.

Travail d’écriture

Dans Les Misérables, Monseigneur Bienvenu pardonne à Jean Valjean et lui dit : “vous n’appartenez plus au mal mais au bien”

Racontez rapidement un moment de votre vie où quelqu’un, par sa générosité, par sa bienveillance, son indulgence, vous a un peu transformé ou a transformé votre manière de voir. Vous utiliserez la première personne. Votre récit sera à l’imparfait et au passé composé. Vous essaierez d’introduire une parole au discours rapporté. Compétences évaluées Exploiter les principales fonctions de l'écrit. Raconter de manière intéressante et riche avec un bon vocabulaire

Adopter des stratégies et des procédures d'écriture efficaces. Bien présenter sa copie et le texte (paragraphes, alinéas)

Connaître les aspects fondamentaux du fonctionnement syntaxique. Bien construire ses phrases, bien ponctuer

Maîtriser le fonctionnement du verbe et de son orthographe. Bien maitriser l’emploi des temps et les conjugaisons

Maîtriser la structure, le sens et l'orthographe des mots. Bien choisir ses mots et faire attention à leur orthographe

Page 53: Le Cahier de français 45

Individu et société : confrontation de valeurs

Un Individu est un être (humain en l’occurrence) en tant qu’il est différent de tous les autres.

Une société est un ensemble d’individus entre lesquels existent des liens durables et organisés

qui les font converger et coopérer.

Les valeurs sont des idées, des idéaux et des qualités auxquels un individu ou une société

donnent une importance particulière et qui sont mises au-dessus des autres.

Il est impossible de ne pas être inscrit dans une société, donc dans un ensemble de règles et

dans un système de valeurs communes (« les valeurs de la République », « les valeurs du sport », « les

valeurs religieuses », « les valeurs morales », « les valeurs de l’école », « les valeurs de l’entreprise »)

Or chaque individu a aussi des valeurs qui lui sont propres. Et, par ailleurs, un individu

appartient en fait à plusieurs sociétés.

Il peut donc y avoir conflit (ou une confrontation) entre les valeurs individuelles et les valeurs

collectives, ou un conflit entre les différents systèmes de valeurs dans lequel l’individu évolue.

Nous allons voir que cette confrontation permanente (et pas forcément mauvaise d’ailleurs)

est au cœur de nos existences, et qu’elle est donc le sujet de beaucoup d’œuvres d’art, de beaucoup

d’œuvres littéraires en particulier, et notamment d’œuvres théâtrales.

Dictée préparée

- Monseigneur, dit le brigadier de gendarmerie, ce que cet homme disait était donc vrai ? Nous

l'avons rencontré. Il allait comme quelqu'un qui s'en va. Nous l'avons arrêté pour voir. Il avait cette

argenterie.

- Et il vous a dit, interrompit l'évêque en souriant, qu'elle lui avait été donnée par un vieux

bonhomme de prêtre chez lequel il avait passé la nuit ? Je vois la chose. Et vous l'avez ramené ici ? C'est

une méprise.

- Comment cela, reprit le brigadier, nous pouvons le laisser aller ?

- Sans doute, répondit l'évêque.

Les gendarmes lâchèrent Jean Valjean qui recula.

Compétencesévaluées Fautespossibles Codemarge ÉvaluationMaîtriserlaformedesmotsenlienaveclasyntaxe

AccordsdansleGN/Accordssujet-attribut/Accordsp.passés/Homophonesgrammaticaux.

a

Maîtriserlefonctionnementduverbeetsonorthographe

Conjugaisons/Accordssujetverbe/Confusioninfinitif-participepassé

c

Maitriserlastructure,lesensetl’orthographedesmots

Orthographelexicale/Accents/Majuscules

o

Barèmepourchacunedestroisgrandescompétences

Textedifficile Textefacile,courtouconnu1à2fautes:trèsbonnemaîtrise3à4fautes:Maîtrisesatisfaisante5à6fautes:Maîtrisefragile6à7fautes:débutdemaîtrisePlusde7fautes:maîtriseinsuffisante

1faute:trèsbonnemaîtrise2fautes:Maîtrisesatisfaisante3fautes:Maîtrisefragile4fautes:débutdemaîtrisePlusde4fautes:maîtriseinsuffisante

Page 54: Le Cahier de français 45

Vie de Molière (prise de notes pendant documentaire puis synthèse)

Jean Baptise Poquelin. Né en 1622. Famille bourgeoise. Tapissier du roi.

1643 : rencontre famille de comédien : les Béjart. Envie de les rejoindre mais métier de

comédien audacieux.

Compagnie L’Illustre théâtre. Prend son nom de scène, Molière.

Départ en Province, tournée pendant 12 ans. 1ères farces de Molière. Besoin de trouver des

protecteurs. La troupe rentre sous la protection du duc de Conti.

Puis retour à Paris. Protection du frère du roi. Puis présentation au roi. Tragédie qui ennuie

tout le monde puis une farce de Molière. Le roi enthousiasmé par la comédie de Molière. Molière veut

alors rendre noble la comédie.

Mariage avec Armande Béjart. Roi parrain du fils de Molière. La troupe devient Troupe du roi.

Mais polémiques (Tartuffe, Dom Juan).

1673 Dernière création. S’écroule sur scène mais pas jeu de scène. Malaise. Meurt quelques jours

après

Molière est né en 1622 dans une famille bourgeoise. Son père est tapissier du roi. Il fait des

études mais découvre le théâtre et rencontre une famille de comédiens, les Béjart. Il fonde avec eux

L’Illustre théâtre et il épousera plus tard Armande Béjart, la fille de Madeleine, qui l’avait enrôlé..

Après quelques revers, la troupe part en tournée en province pendant 12 ans. Molière et ses acteurs

rencontrent le succès sous la houlette de grands protecteurs.

Ils remontent à Paris et sont présentés au roi Louis XIV qui est enthousiasmé par les comédies

que représente Molière. Malgré l’hostilité de certains courtisans ou religieux, Molière est soutenu par le

roi. Il crée des grandes comédies ballets avec le musicien Lulli et de grandes comédies de caractère,

comme L’Avare.

En 1673, au cours d’une représentation du Malade Imaginaire, il s’effondre sur scène et meurt

quelques heures plus tard.

Page 55: Le Cahier de français 45

L’Avare de Molière : tableau de prise de notes Personnages Harpagon : l’avare, le père Elise : la jeune fille Valère : son jeune amant (et fils d’Anselme… mais on ne le sait pas) Cléante : le frère d’Elise Mariane : amante de Cléante et promise à Harpagon (et fille d’Anselme) Anselme : gentilhomme (et père de Marianne et Valère) Frosine : femme d’intrigue. Maître Jacques : le cuisinier La Flèche : valet de Cléante Brindavoine et le Merluche : laquais.

Acte 1 Scène 1 (Valère, Elise)

Échange entre les deux amoureux. Elise inquiète. Valère la rassure au sujet de son amour et prétend qu’il saura le faire accepter à Harpagon.

Scène 2 Cléante, Elise) Cléante informe sa sœur qu’il est amoureux et qu’il a besoin d’argent pour aider son amoureuse Mariane qui vit très humblement. Élise lui dit qu’elle aussi aime. Ils s’allient pour braver leur père Harpagon.

Scène 3 (Harpagon, La flèche).

Harpagon soupçonne La Flèche de l’avoir volé. Scène comique dans le but de montrer à quel point Harpagon est avare et ridicule.

Scène 4 (Harpagon, Cléante, Elise)

Harpagon annonce qu’il va parler de mariage. Il parle d’une certaine Mariane. Quiproquo. En fait c’est lui qui veut se marier avec Mariane. Cléante en état de choc. Il veut marier Elise au vieux Seigneur Anselme. Elise lui résiste.

Scène 5 (Valère, Harpagon, Elise)

Valère fait l’hypocrite et fait semblant d’aller dans le sens d’Harpagon par stratégie. Ce dernier n’a qu’un argument : “sans dot”. Valère rassure Elise et l’informe qu’il faut gagner du temps. Éventuellement il est prêt à fuir avec elle.

Acte 2 Scène 1 (Cléante, La Flèche)

Scène 2 (Maître Simon, Harpagon, Cléante, La Flèche)

Scène 3 (Frosine Harpagon)

Scène 4 (Frosine La Flèche)

Scène 5 (Frosine, Harpagon)

Acte 3 Scène 1 (Harpagon, ses enfants, Valère, ses valets)

Scène 2 (Valère, Maître Jacques)

Scène 3 (Frosine, Mariane, Maître Jacques)

Scène 4 (Frosine, Mariane)

Scène 5 (Harpagon, Frosine, Mariane)

Page 56: Le Cahier de français 45

Scène 6 (Elise, Harpagon, Mariane, Frosine)

Scène 7(Cléante, Elise, Harpagon, Marianne, Frosine)

Scène 8

Scène 9

Acte 4 Scène 1 (Cléante, Mariane, Elise, Frosine)

Scène 2

Scène 3 Cléante Harpagon

Scène 4 (Maître Jacques, Harpagon, Cléante)

Scène 5 (Harpagon, Cléante)

Scène 6 (La Flèche, Cléante)

Scène 7

Acte 5 Scène 1 (Harpagon, le commissaire)

Scène 2 Harpagon, commissaire, maître Jacques)

Scène 3 (les mêmes plus Valère)

Scène 4 (les mêmes + Frosine+ Elise)

Scène 5 (Tous…)

Scène 6

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Notes au fil du texte

Page 58: Le Cahier de français 45

Interrogation sur la lecture de L’Avare 1) Qui est Élise ? De qui est-elle amoureuse ? Elise est la fille d’Harpagon et elle est amoureuse de Valère. 2) Qui est Cléante ? De qui est-il amoureux ? Cléante est le fils d’Harpagon et il est amoureux de Mariane. 3) Avec qui Harpagon a-t-il prévu de se remarier ? Quelle qualité trouve-t-il chez celle qu’il projette d’épouser ? Il a prévu de se marier avec Mariane. Elle est économe. 4) A qui Harpagon a-t-il prévu de marier sa fille ? Quelle qualité trouve-t-il chez son futur gendre ? Il a prévu de marier sa fille au seigneur Anselme qui accepte de la prendre sans dot, ce qui pour Harpagon est une qualité inégalable. 5) Quelle est la préoccupation essentielle d’Harpagon pour la préparation du diner prévu le soir ? Qui lui tient tête et lui révèle ce qu’on dit de lui ? Sa préoccupation essentielle est de dépenser peu. Il s’oppose à Maître Jacques, son cuisinier. 6) Qui est Valère ? De quoi est-il accusé par Harpagon suite à une dénonciation de Maître Jacques ? Valère est son intendant. Il est l’amoureux d’Elise. Il est accusé par Harpagon d’avoir volé sa cassette. 7) Qu’avoue-t-il, suite à un quiproquo et se méprenant sur l’accusation d’Harpagon ? Il avoue qu’il aime Elise et qu’il va l’épouser. 8) Qui est le Seigneur Anselme ? En quoi son arrivée permet-elle la résolution du conflit ? Le Seigneur Anselme est en fait le père de Valère et de Mariane. Toute la famille s’est dispersée au cours d’un naufrage et tous se croyaient mort.

Page 59: Le Cahier de français 45

Réflexion générale sur L’Avare de Molière

Le théâtre est un genre littéraire. C’est une manière de raconter une histoire en la reconstituant,

en imitant la vie, en faisant entendre la parole des personnages.

Une pièce de théâtre met le plus souvent en scène un conflit, une confrontation entre des

personnages habités par des valeurs différentes.

Ce conflit peut provoquer le rire et se dénouer de manière heureuse : la pièce est alors une

comédie. Il peut provoquer la terreur et la pitié et se terminer mal : la pièce est alors une tragédie.

Un texte de théâtre est constitué essentiellement de répliques qui peuvent parfois prendre des

formes particulières (tirades, monologues, apartés) mais aussi de didascalies (indications que

l’auteur donne au lecteur ou au metteur en scène sur le décor et les gestuelles).

Une pièce est souvent organisée en actes et en scènes. Les premières scènes sont souvent des

scènes d’exposition qui permet une présentation des personnages et des situations. Dans les dernières

scènes, on assiste au dénouement.

L’Avare est une comédie de caractère. Elle fait la satire d’un défaut humain et nous invite à le

corriger. Le conflit oppose Harpagon, dont le seul objectif est d’amasser des richesses et d’affirmer son

autorité paternelle, à ses enfants, qui défendent la liberté d’aimer, la générosité, le souci des autres, le

goût du bonheur et l’audace. C’est un conflit de valeurs et de génération.

Tous les types de comique se déploient dans la pièce : comique de geste, comique de répétition,

comique de contraste, comique de situation, comique de mots.

Le dénouement est le fruit d’un coup de théâtre qui en quelque sorte réconcilie tout le monde et

donne raison aux jeunes. Harpagon est en quelque sorte neutralisé. Ce qui est intéressant avec Molière

c’est que le personnage ridiculisé n’est pas humilié. Il reste humain et, fugitivement, il pourrait

presque faire pitié. Le rire de Molière n’est pas méchant.

Page 60: Le Cahier de français 45

Sujet de rédaction

En vous inspirant des deux extraits suivants de L’Avare, que nous allons étudier, vous écrirez à votre deux tours deux scènes de théâtre.

Dans la première, vous ou votre personnage vous opposerez à un adulte autoritaire et obsessionnel jusqu’au ridicule. Dans la deuxième, vous ferez intervenir un troisième personnage (camarade ou membre de la famille) qui tâchera, en vain, de ramener l’adulte à la raison.

Vous respecterez les codes de l’écriture théâtrale et vous essaierez de réutiliser les procédés comiques que nous avons étudiés.

Votre 1ère scène sera notée scène 1, la deuxième, scène 2. Les noms des personnages seront en majuscules, les didascalies entre parenthèses.

Compétences Compétences évaluées 1) « Adopter des stratégies et des procédures efficaces » = bien présenter la copie, faire un texte répondant à la consigne (2 scènes de théâtre) 2) « Exploiter des lectures pour enrichir son écrit » = avoir de bonnes idées et bien exploiter le modèle de Molière 3) « Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe des mots » = bien rédiger et bien orthographier

Extrait de l’acte I scène 4 Harpagon : Et, pour toi, je te donne au seigneur Anselme. Élise : Au seigneur Anselme ? Harpagon : Oui, Un homme mûr, prudent et sage, qui n’a pas plus de cinquante ans, et dont on vante les grands biens. Élise, faisant une révérence. Je ne veux point me marier, mon père, s’il vous plaît. Harpagon, contrefaisant Élise. Et moi, ma petite fille, ma mie, je veux que vous vous mariiez, s’il vous plaît. Élise, faisant encore la révérence. Je vous demande pardon, mon père. Harpagon, contrefaisant Élise. Je vous demande pardon, ma fille. Élise : Je suis très humble servante au seigneur Anselme ; mais (Faisant encore la révérence.) avec votre permission, je ne l’épouserai point[28]. Harpagon : Je suis votre très humble valet ; mais, (Contrefaisant Élise.) avec votre permission, vous l’épouserez dès ce soir. Élise : Dès ce soir ? Harpagon : Dès ce soir. Élise, faisant encore la révérence. Cela ne sera pas, mon père. Harpagon, contrefaisant encore Élise. Cela sera, ma fille. Élise :Non. Harpagon : Si. Élise : Non, vous dis-je. Harpagon : Si, vous dis-je. Élise : C’est une chose où vous ne me réduirez point. Harpagon : C’est une chose où je te réduirai. Élise : Je me tuerai plutôt que d’épouser un tel mari.

Page 61: Le Cahier de français 45

Harpagon : Tu ne te tueras point, et tu l’épouseras. Mais voyez quelle audace ! A-t-on jamais vu une fille parler de la sorte à son père ? Élise : Mais a-t-on jamais vu un père marier sa fille de la sorte ? Harpagon : C’est un parti où il n’y a rien à redire ; et je gage que tout le monde approuvera mon choix. Élise : Et moi, je gage qu’il ne sauroit être approuvé d’aucune personne raisonnable. Harpagon, apercevant Valère de loin. Voilà Valère. Veux-tu qu’entre nous deux nous le fassions juge de cette affaire ? Élise : J’y consens. Harpagon : Te rendras-tu à son jugement ? Élise : Oui. J’en passerai par ce qu’il dira.

Extrait de l’acte I scène 5 Harapagon : Comment ? Le seigneur Anselme est un parti considérable ; c’est un gentilhomme qui est noble, doux, posé, sage et fort accommodé, et auquel il ne reste aucun enfant de son premier mariage. Saurait-elle mieux rencontrer ? Valère : Cela est vrai. Mais elle pourrait vous dire que c’est un peu précipiter les choses, et qu’il faudrait au moins quelque temps pour voir si son inclination pourra s’accommoder avec. Harpagon : C’est une occasion qu’il faut prendre vite aux cheveux. Je trouve ici un avantage qu’ailleurs je ne trouverais pas ; et il s’engage à la prendre sans dot. Valère : Sans dot ? Harpagon : Oui. Valère : Ah ! je ne dis plus rien. Voyez-vous ? voilà une raison tout à fait convaincante ; il se faut rendre à cela. Harpagon : C’est pour moi une épargne considérable. Valère : Assurément ; cela ne reçoit point de contradiction. Il est vrai que votre fille vous peut représenter que le mariage est une plus grande affaire qu’on ne peut croire ; qu’il y va d’être heureux ou malheureux toute sa vie ; et qu’un engagement qui doit durer jusqu’à la mort ne se doit jamais faire qu’avec de grandes précautions. Harpagon : Sans dot ! Valère : Vous avez raison : voilà qui décide tout ; cela s’entend. Il y a des gens qui pourraient vous dire qu’en de telles occasions l’inclination d’une fille est une chose, sans doute, où l’on doit avoir de l’égard ; et que cette grande inégalité d’âge, d’humeur et de sentiments, rend un mariage sujet à des accidents fâcheux. Harpagon : Sans dot ! Valère : Ah ! il n’y a pas de réplique à cela ; on le sait bien ! Qui diantre peut aller là contre ? Ce n’est pas qu’il n’y ait quantité de pères qui aimeraient mieux ménager la satisfaction de leurs filles, que l’argent qu’ils pourraient donner ; qui ne les voudraient point sacrifier à l’intérêt, et chercheraient, plus que toute autre chose, à mettre dans un mariage cette douce conformité qui, sans cesse, y maintient l’honneur, la tranquillité et la joie ; et que… Harpagon : Sans dot ! Valère : Il est vrai ; cela ferme la bouche à tout. Sans dot ! Le moyen de résister à une raison comme celle-là ?

Page 62: Le Cahier de français 45

Rédaction de deux scènes de théâtre à la manière de Molière : proposition de corrigé

SCENE 1 : M. PARTAGON, LE PERE ; AGLAE, SA FILLE.

M. PARTAGON : Un bulletin pareil c’est inadmissible ! Qu’est-ce que me dit M. Campet ? Tu ne lis

pas les livres ? Si tu ne travailles pas à l’école tu ne seras rien ! A partir de maintenant et jusqu’à tes

18 ans, interdiction de sortie et confiscation du portable. Tu resteras dans ta chambre avec des livres

dès que tu rentreras du collège. Et jusqu’à ta majorité.

AGLAE : Interdiction de sortie et confiscation du portable ?

M. PARTAGON : Oui c’est le meilleur moyen de retrouver le goût de la réflexion, de la méditation, de

l’étude et des livres !

AGLAE : Je ne veux pas me consacrer à la réflexion et aux livres Papa s’il te plait !

M PARTAGON : Et moi je veux que tu t’y consacres !

AGLAE : Désolé Papa mais non !

M PARTAGON : désolé ma petite mais si !

AGLAE : je n’accepterai pas une telle vie

M PARTAGON : Tu l’accepteras

AGLAE : SI c’est comme ça je me suiciderai dans ma chambre !

M. PARTAGON : Qu’est-ce que c’est que ce ton ! tu ne te suicideras pas et tu passeras toutes tes soirées

plongée dans les grandes œuvres de la littérature ! A-t-on jamais vu une fille parler ainsi à son père ?

C’est une insolence inadmissible !

AGLAE : A-t-on jamais vu un père traiter ainsi ses enfants ? C’est de la maltraitance et c’est

inadmissible

M. PARTAGON, (voyant, Bud, le grand frère, passer) : Bon veux-tu que nous demandions à Bud ce

qu’il en pense ?

AGLAE : J’y consens.

SCENE 2 : M. PARTAGON, AGLAE, BUD (LE GRAND FRÈRE)

M PARTAGON : Aglaé a un bulletin catastrophique et M. Campet dit qu’elle ne lit aucun livre. Si

elle ne travaille pas à l’école elle ne sera rien ! J’ai donc décidé qu’elle resterait enfermée dans sa chambre

avec des livres jusqu’à ses 18 ans.

BUD : Ah C’est vrai que les livres c’est important… mais la sanction est peut-être un peu sévère… Aglaé

est jeune, elle a aussi besoin de s’amuser et de se détendre.

M. PARTAGON : si on ne travaille pas à l’école on n’est rien !

BUD : C’est certain ! C’est incontestable ! Mais certains pourraient te dire qu’un adolescent a aussi

besoin de s’aérer, de faire du sport, de se socialiser, et de forger des amitiés.

M. PARTAGON : Si on ne travaille pas à l’école on n’est rien !

BUD : C’est indéniable et tu as tout à fait raison là-dessus Papa. Mais certains pères te diraient qu’en

lui imposant une telle vie, tu risques de la faire sombrer dans la dépression. Et alors, elle n’arrivera

plus à rien, pas même à travailler à l’école…

M PARTAGON : Si on ne travaille pas à l’école on n’est rien !

BUD : Ah je ne dis plus rien. Je m’incline devant une telle maxime.

Page 63: Le Cahier de français 45

Explication de deux scènes de L’Avare

Extrait de l’acte I scène 4

Dans la 1ère partie de la scène, les personnages jouent la carte de la courtoisie, de plus en plus

exagérée. Molière utilise le comique de gestes (les personnages se font des révérences), le comique de

répétition (puisqu’Harpagon reprend toutes les formules de sa fille), et le comique de contraste (entre

le ton utilisé et les émotions des personnages : “Je suis la très humble servante” ; “je suis votre très

humble valet”). Les personnages jouent la comédie dans la comédie.

Mais le ton change quand Harpagon annonce que le mariage aura lieu le soir même. Elise

s’oppose dès lors de manière frontale : “cela ne sera pas mon père” / “cela sera ma fille”. Les deux

personnages utilisent le mode indicatif, le mode de la certitude, ce qui montre bien leur résolution. Le

vocabulaire devient plus violent : (je te réduirai”, “je me tuerai”) et Harpagon passe au tutoiement, ce

qui montre qu’il perd ses nerfs et qu’il entend utiliser son pouvoir paternel.

Extrait de l’acte I scène 5

Dans cette scène, Molière joue sur le comique de caractère : Harpagon est obsédé par l’argent. Il

n’a finalement qu’un argument principal, en deux syllabes, qui ne s’exprime même pas par une

phrase. Cela montre à quel point il est obtus.

Face à cela, Valère doit à la fois le ménager et essayer de lui faire entendre raison. Chacune de

ses répliques est construite de la même façon. Il donne raison à Harpagon et use d’hypocrise puis

essaye d’avancer ses arguments, par des périphrases, avec de multiples précautions oratoires comme

l’emploi du conditionnel. Ses arguments sont excellents mais sont sans effet. Il y a là un comique de

répétition, un comique de contraste et un comique de caractère.

Page 64: Le Cahier de français 45

L’impératif, le subjonctif et le conditionnel (et rappel sur les modes) RAPPEL Le mode du verbe révèle la manière dont on regarde l’action (de manière abstraite, comme une hypothèse, un souhait, une certitude etc…) Il existe 6 modes : l’infinitif, le participe (qui sont des modes impersonnels), l’indicatif (le mode le plus fréquemment utilisé car il présente les actions comme avérées ou certaines), l’impératif, le subjonctif et le conditionnel. Ce sont ces modes que nous allons étudier. I) L’IMPERATIF L’impératif sert à donner un conseil, une demande, une injonction ou un ordre dans des phrases que l’on dit alors « injonctives ». Les terminaisons sont les suivantes : Verbes du 1er groupe : chante, chantons, chantez Verbes du 2ème groupe : finis, finissons, finissez Pour les verbes du 1er groupe, le s de la 2ème personne réapparait devant en et y : vas-y, donnes-en Il y a des verbes irréguliers, qui reprennent en fait la forme du subjonctif ; c’est notamment le cas de « être » et « avoir » : aie, ayons, ayez / sois, soyons, soyez. II) LE SUBJONCTIF Il sert à exprimer un souhait, une volonté, une possibilité plutôt incertaine. Les terminaisons du subjonctif présent sont toujours les mêmes. Et pour trouver le radical, il suffit de commencer dans sa tête une phrase par « il faut que ». Il faut que…. je finisse, tu finisses, il finisse, nous finissions, vous finissiez, ils finissent. Pour être et avoir, la conjugaison est la suivante : Il faut que…. J’aie, tu aies, il ait, nous ayons, vous ayez, ils aient Il faut que…. Je sois, tu sois, il soit, nous soyons, vous soyez, ils soient. Le subjonctif passé est la forme composée (comme le passé composé par rapport au présent de l’indicatif) Il faut que j’aie fini, que tu aies fini, qu’il ait fini etc… Pour information, il existe un subjonctif imparfait marqueur d’un niveau de langue soutenu, formé à partir de la forme du passé simple Il aurait fallu que je fusse, que tu fusses, qu’il fût, que nous fussions, que vous fussiez, qu’ils fussent… III) LE CONDITIONNEL Il sert à exprimer une action future par rapport à un point de référence passé (je pensais qu’il viendrait), une action conditionnée à une hypothèse (on vivrait aux Bahamas), ou à formuler de manière polie une demande (je voudrais des croissants). Le conditionnel simple, que l’on nomme conditionnel « présent », est formé à l’aide du radical du futur et des terminaisons de l’imparfait. J’aimerais, tu aimerais, il aimerait, nous aimerions, vous aimeriez, ils aimeraient…. être en vacances… Il existe une forme composée, c’est le conditionnel passé : j’aurais aimé, tu aurais aimé, il aurait aimé etc….

Page 65: Le Cahier de français 45

Remarque sur l’emploi des modes et des temps dans les phrases présentant une subordonnée hypothétique introduite par « si » et une principale. Si je viens, tu seras heureux = « potentiel » ; le verbe est au futur. Si je venais tu serais heureux = « irréel du présent » ; le verbe est au conditionnel présent Si j’étais venu, tu aurais été heureux = « irréel du passé » ; le verbe est au conditionnel passé

Exercices sur les modes Exercice 1 : identifiez les modes et les temps auxquels sont conjugués les mots en gras

1) “a appelé” : Indicatif passé composé 2) “informe” / Indicatif : présent - “a été faite”/ Indicatif passé composé. 3) “vivrait” : conditionnel présent 4) “Envoyez” : impératif présent / réaliser : infinitif 5) “Partiez” : subjonctif présent 6) “Faites” : Impératif présent / Pourraient : Conditionnel présent 7) “soient” : subjonctif présent 8) “aviez dit’ : Indicatif plus que parfait / Vouloir : infinitif 9) “ Epuisé : participe passé / rester : infinitif 10) “venant” : participe présent / étonne : indicatif présent

Exercice 2 : Identifiez les modes, les temps et les personnes auxquels sont conjugués les mots en gras

1)

Page 66: Le Cahier de français 45

Verbes à conjuguer

A l’Impératif : S’il te plait (être, avoir, faire, parler, finir, tenir) Au subjonctif : Il faut que (je) (être, avoir, faire, parler, finir, tenir) Au Conditionnel : Si je pouvais (je) (être, avoir, faire, parler, finir, tenir) A l’Impératif : De grâce, - sois patient, soyons gentils, soyez assidus

- aie tes affaires, ayons du courage, ayez vos masques - fais tes devoirs, faisons la vaisselle, faites votre job - parle moins fort, parlons bas, parlez bien - finis tes devoirs, finissons l’exercice, finissez le travail - tiens le volant, tenons nos sacs, tenez le guidon

Au subjonctif : Il faut - que je sois gentil, que tu sois calme, qu’il soit propre, que nous soyons

raisonnables, que vous soyez mignons, qu’ils soient footballeurs - que j’aie mes affaires, tu aies, qu’il ait, que nous ayons, que vous ayez, qu’ils

aient - que je fasse, que tu fasses, qu’il fasse, que nous fassions, que vous fassiez, qu’ils

fassent - que je parle, que tu parles, qu’il parle, que nous parlions, que vous parliez, qu’ils

parlent - que je finisse, que tu finisses, qu’il finisse, que nous finissions, que vous finissiez

qu’ils finissent - que je tienne, que tu tiennes, qu’il tienne, que nous tenions, que vous teniez qu’ils

tiennent Au conditionnel : Si c’était possible - je serais aviateur, tu serais, il serait, nous serions, vous seriez, ils seraient

- j’aurais une Porshe, tu aurais, il aurait, aurions, vous auriez, ils auraient - je ferais, tu ferais, il ferait, nous ferions, vous feriez, ils feraient - je parlerais, tu parlerais, il parlerait, nous parlerions, vous parleriez, ils

parleraient - je finirais, tu finirais, il finirait, nous finirions, vous finiriez, ils

finiraient - je tiendrais, tu tiendrais, il tiendrait, nous tiendrions, vous tiendriez, ils

tiendraient.

Page 67: Le Cahier de français 45

Analyse de quelques figures de style dans le monologue d’Harpagon (acte IV scène 7)

Harpagon criant au voleur dès le jardin, et venant sans chapeau.

Au voleur ! au voleur ! à l’assassin ! au meurtrier ! Justice, juste ciel ! Je suis perdu, je suis assassiné ; on m’a coupé la gorge : on m’a dérobé mon argent. Qui peut-ce être ? Qu’est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il ? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ? N’est-il point là ? n’est-il point ici ? Qui est-ce ? Arrête. (À lui-même, se prenant par le bras.) Rends-moi mon argent, coquin… Ah ! c’est moi ! Mon esprit est troublé, et j’ignore où je suis, qui je suis, et ce que je fais. Hélas ! mon pauvre argent ! mon pauvre argent ! mon cher ami ! on m’a privé de toi ; et puisque tu m’es enlevé, j’ai perdu mon support, ma consolation, ma joie : tout est fini pour moi, et je n’ai plus que faire au monde. Sans toi, il m’est impossible de vivre. C’en est fait ; je n’en puis plus ; je me meurs ; je suis mort ; je suis enterré. N’y a-t-il personne qui veuille me ressusciter, en me rendant mon cher argent, ou en m’apprenant qui l’a pris. Euh ! que dites-vous ? Ce n’est personne. Il faut, qui que ce soit qui ait fait le coup, qu’avec beaucoup de soin on ait épié l’heure ; et l’on a choisi justement le temps que je parlais à mon traître de fils. Sortons. Je veux aller quérir la justice, et faire donner la question à toute ma maison ; à servantes, à valets, à fils, à fille, et à moi aussi. Que de gens assemblés ! Je ne jette mes regards sur personne qui ne me donne des soupçons, et tout me semble mon voleur. Hé ! de quoi est-ce qu’on parle là ? de celui qui m’a dérobé ? Quel bruit fait-on là-haut ? Est-ce mon voleur qui y est ? De grâce, si l’on sait des nouvelles de mon voleur, je supplie que l’on m’en dise. N’est-il point caché là parmi vous ? Ils me regardent tous, et se mettent à rire. Vous verrez qu’ils ont part, sans doute, au vol que l’on m’a fait. Allons, vite, des commissaires, des archers, des prévôts, des juges, des gênes, des potences, et des bourreaux ! Je veux faire pendre tout le monde ; et si je ne retrouve mon argent, je me pendrai moi-même après. - « Hélas ! mon pauvre argent ! mon pauvre argent ! mon cher ami ! on m’a privé de toi » :on observe une

personnification.

- « j’ai perdu mon support, ma consolation, ma joie » : on observe ici une accumulation et même une

gradation.

- « je n’en puis plus ; je me meurs ; je suis mort ; je suis enterré » : on observe ici une nouvelle accumulation

mais surtout, aussi, une hyperbole.

Ces figures de style sont la manifestation de la folie du personnage.

Page 68: Le Cahier de français 45

Petit essai sur les valeurs

Sujet : essayez de rédiger quelques phrases pour dire quelles sont vos valeurs, ce qui est important

pour vous, ce qui vous guide…

Exemple :

Ce qui est important à mes yeux c’est d’essayer d’être sincère et d’être humble. Dire ce qu’on pense mais avec prudence. Je n’aime pas le mensonge. On n’a pas le droit de tout faire mais il faudrait avoir le droit de tout dire, pour peu qu’on le dise avec modération.

Il y a aussi la paix qui est importante pour moi. Je n’aime pas les conflits. Il y a l’autonomie. Je n’aime pas être obligé de penser comme tout le monde, de faire

comme tout le monde. Les groupes me font peur. Quand tout le monde est d’accord, instinctivement, cela me donne envie de penser différemment.

Il y a aussi le droit de se tromper. Je revendique ce droit pour moi et pour les autres. Il faut savoir excuser et s’excuser. Il faut pardonner tant qu’on peut, aux autres et à soi-même (ce qui est sans doute encore plus difficile).

La gentillesse est quelque chose à quoi il faut s’efforcer. On n’y arrive pas toujours. Je n’y arrive pas toujours. Cela peut paraitre naïf la gentillesse. On assimile quelquefois la gentillesse à la bêtise mais non. La gentillesse c’est important. Ça peut tout sauver.

La justice aussi. Je sens que c’est important. Que cela tient les gens entre eux. C’est parce qu’il y a de la justice qu’on réussit à vivre ensemble.

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Extraits d’Andromaque

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Découverte de la tragédie de Racine, Andromaque

Présentation de la pièce

Racine est un écrivain du 17ème siècle. Il est l’auteur de tragédies. Dans ses pièces, il présente

des personnages en proie à leurs passions ou à la fatalité. Le spectateur éprouve de la terreur et de la

pitié.

La pièce Andromaque est inspirée d’un épisode de la mythologie grecque et précisément du cycle de la

guerre de Troie.

La guerre de Troie a été engagée par les Grecs après que le troyen Pâris a enlevé la très belle

Hélène, femme du prince grec Ménélas.

Après une longue guerre et un long siège, les Grecs sont rentrés dans Troie et ont détruit la

ville. Andromaque est une troyenne, une survivante. Elle se retrouve seul avec son fils Astyanax. Son

époux Hector a été tué. Elle est prisonnière du grec Pyrrhus. Voilà la situation quand la pièce

commence.

Résumé de l’action

L’action se passe en 24h dans le palais de Pyrrhus.

Les Grecs demandent à Pyrrhus qu’Astyanax soit tué car il pourrait un jour vouloir venger

son père. Mais Pyrrhus est tombé amoureux de sa captive et lui dit que, si elle accepte de l’épouser, il

sauvera Astyanax. Andromaque n’accepte pas ce chantage car elle veut être fidèle à la mémoire

d’Hector.

Par ailleurs, Pyrrhus avait promis à Hermione de l’épouser. Hermione se sent trahie et est prête

à tout si Pyrrhus l’abandonne au profit d’Andromaque.

Enfin depuis longtemps, Oreste, le fils d’Agamemnon, est amoureux d’Hermione qui ne l’aime

pas puisque tous ses regards sont tournés vers Pyrrhus.

Tous les ingrédients sont en place pour la tragédie…

Andromaque va finalement accepter le mariage avec Pyrrhus pour sauver son fils mais avec

le projet de se suicider immédiatement après.

Hermione apprenant que le mariage est résolu va dire à Oreste qu’elle se donnera à lui s’il tue

Pyrrhus le jour du mariage.

Oreste obéit. Pyrrhus est tué mais Hermione regrette d’avoir voulu sa mort et reproche à Oreste

de lui avoir obéi. Puis elle se tue sur la dépouille de Pyrrhus

Oreste veut se tuer et sombre dans la folie

Page 72: Le Cahier de français 45

Interrogation : questions de compréhension, de stylistique et de grammaire Texte : Delphine de Vigan, No et moi (extrait)

- Mademoiselle Bertignac, je ne vois pas votre nom sur la liste des exposés. De loin Monsieur Marin m'observe, le sourcil levé, les mains posées sur son bureau. C'était compter

sans son radar longue portée. J'espérais le sursis, c'est le flagrant délit. Vingt-cinq paires d'yeux tournées vers moi attendent ma réponse. Le cerveau pris en faute. Axelle Vernoux et Léa Germain pouffent en silence derrière leurs mains, une dizaine de bracelets tintent de plaisir à leurs poignets. Si je pouvais m'enfoncer cent kilomètres sous terre, du côté de la lithosphère1, ça m'arrangerait un peu. J'ai horreur des exposés, j'ai horreur de prendre la parole devant la classe, une faille sismique s'est ouverte sous mes pieds, mais rien ne bouge, rien ne s'effondre, je préférerais m'évanouir là, tout de suite, foudroyée, je tomberais raide de ma petite hauteur, les Converse en éventail, les bras en croix, Monsieur Marin écrirait à la craie sur le tableau noir : ci-gît Lou Bertignac, meilleure élève de la classe, asociale et muette.

- ... J'allais m'inscrire. - Très bien. Quel est votre sujet ? - Les sans-abri. - C'est un peu général, pouvez-vous préciser ? Lucas me sourit. Ses yeux sont immenses, je pourrais me noyer à l'intérieur, disparaître, ou laisser le

silence engloutir Monsieur Marin et toute la classe avec lui, je pourrais prendre mon sac Eastpack et sortir sans un mot, comme Lucas sait le faire, je pourrais m'excuser et avouer que je n'en ai pas la moindre idée, j'ai dit ça au hasard, je vais y réfléchir, et puis j'irais voir Monsieur Marin à la fin du cours pour lui expliquer que je ne peux pas, un exposé devant toute la classe c'est tout simplement au-dessus de mes forces, je suis désolée, je fournirais un certificat médical s'il le faut, inaptitude pathologique aux exposés en tout genre, avec le tampon et tout, je serais dispensée. Mais Lucas me regarde et je vois bien qu'il attend que je m'en sorte, il est avec moi (…)

- Je vais retracer l'itinéraire d'une jeune femme sans abri, sa vie, enfin.... son histoire. Je veux dire... comment elle se retrouve dans la rue.

1 lithsophère : une des strates de la couche terrestre

Questions de compréhension 1) Quelle est la profession de M. Marin ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur le texte. Monsieur Marin est professeur puisqu’il est devant une classe, qu’il donne des exposés, et qu’il est

susceptible « d’écrire à la craie sur le tableau noir ».

2) Comment s’appelle la narratrice, quelle est sa tranche d’âge et son statut ? La narratrice se nomme Lou Bertignac et elle doit avoir 15 ou 16 ans environ puisqu’elle est

manifestement une jeune lycéenne.

3) Trouvez deux adjectifs qui pourraient définir sa personnalité ? Justifiez votre réponse Lou Bertignac est une jeune fille timide et anxieuse. Elle se dit en effet incapable de prendre la parole

devant la classe.

4) Comment réagit-elle à la demande de M. Marin ? Elle est en proie à une véritable panique. Elle voudrait « s’enfoncer 100 kilomètres sous terre ». Mais

elle réussit finalement à proposer un sujet d’exposé, un petit peu au hasard.

5) Quel personnage aide la narratrice par sa seule présence ? Pourquoi à votre avis ? La présence de son camarade Lucas lui donne du courage, peut-être parce qu’elle en est un peu

amoureuse.

Page 73: Le Cahier de français 45

Questions de grammaire et de stylistique 6) A quel mode et à quel temps est le verbe « écrirait » ? Comment expliquez-vous l’utilisation de ce mode ? « Écrirait » est au conditionnel présent. Le conditionnel est utilisé car la narratrice fait l’hypothèse de

sa mort, hypothèse évidemment humoristique.

7) A quel mode et à quel temps est le verbe « regarde » ? Comment expliquez-vous l’utilisation de ce mode ? « Regarde » est à l’indicatif présent car c’est une réalité avérée. Lucas est bien en train de la regarder.

8) A quel mode et à quel temps est le verbe « sorte » ? Comment expliquez-vous l’utilisation de ce mode ? « Sorte » est au subjonctif présent. Ce mode est utilisé car l’action renvoie à un souhait, le souhait de

Lucas.

9) Nommez la figure de style mise en œuvre dans l’expression suivante puis dites quel effet de sens cela produit : « Inaptitude pathologique aux exposés en tout genre ». La figure de style est une hyperbole. Il s’agit de bien montrer que Lou craint terriblement de faire un

exposé. L’hyperbole a une dimension humoristique.

10) Nommez la figure de style mise en œuvre dans l’expression en gras puis dites quel effet de sens cela produit : « une faille sismique s’est ouverte sous mes pieds ». La figure de style est la métaphore. Et cette métaphore est hyperbolique. La narratrice compare sa

panique à un tremblement de terre qui l’engloutirait. Là encore, il s’agit de montrer à quel point sa

panique est immense tout en amusant le lecteur. COMPÉTENCES ÉVALUÉES Questions 1 à 5 Contrôler sa compréhension, devenir un lecteur autonome.

Élaborer une interprétation de textes littéraires. Questions 5 à 8 Maîtriser le fonctionnement du verbe et de son orthographe. Questions 9 et 10 Maîtriser la structure, le sens et l'orthographe des mots.

Dictée

Si je pouvais m'enfoncer cent kilomètres sous terre, du côté de la lithosphère1, ça m'arrangerait

un peu. J'ai horreur des exposés, j'ai horreur de prendre la parole devant la classe, une faille sismique

s'est ouverte sous mes pieds, mais rien ne bouge, rien ne s'effondre, je préférerais m'évanouir là, tout

de suite, foudroyée, je tomberais raide de ma petite hauteur, les Converse en éventail, les bras en croix,

Monsieur Marin écrirait à la craie sur le tableau noir : ci-gît Lou Bertignac, meilleure élève de la classe,

asociale et muette.

Compétences évaluées Fautes possibles Code marge Évaluation

Maîtriser la forme des mots en lien avec la syntaxe

Accords dans le GN /Accords sujet-attribut/ Accords p. passés / Homophones grammaticaux. a

Maîtriser le fonctionnement du verbe et son orthographe

Conjugaisons /Accords sujet verbe / Confusion infinitif-participe passé c

Maitriser la structure, le sens et l’orthographe des mots

Orthographe lexicale / Accents / Majuscules o

Texte difficile Texte facile, court ou connu 1 à 2 fautes : très bonne maîtrise 3 à 4 fautes : Maîtrise satisfaisante 5 à 6 fautes : Maîtrise fragile 6 à 7 fautes : début de maîtrise Plus de 7 fautes : maîtrise insuffisante

1 faute : très bonne maîtrise 2 fautes : Maîtrise satisfaisante 3 fautes : Maîtrise fragile 4 fautes : début de maîtrise Plus de 4 fautes : maîtrise insuffisante

« Avoir » au subjonctif présent

Il faut que j’aie, que tu aies, qu’il ait, que nous ayons, que vous ayez, qu’ils aient

« Faire » au conditionnel présent

Si c’était possible, je ferais, tu ferais, il ferait, nous ferions, vous feriez, ils feraient.

Page 74: Le Cahier de français 45

Révision conjugaisons

Le verbe « Jouer » (1er groupe), comme « crier », « tuer », « créer », « louer » etc….

Page 75: Le Cahier de français 45

INFORMER, S’INFORMER, DEFORMER

Informer = transmettre des connaissances ou des renseignements

S’informer = chercher, demander des informations

Déformer : changer, altérer, dénaturer, manipuler une information.

L’information est quelque chose de très important car c’est sur la base d’informations que

nous construisons nos opinions et nos conduites citoyennes. C’est d’autant plus important que notre

champ d’intérêt est de plus en plus vaste. La liberté d’informer est évidemment un des ressorts

essentiels de la démocratie : il faut informer correctement la population pour qu’elle puisse participer

à la vie de la cité et faire des choix politiques.

Il y a encore quelques années, la production d’information était l’apanage des journalistes qui

sont formés pour chercher, vérifier et énoncer des informations. Or ces journalistes se réfèrent

normalement à des règles et à une déontologie.

Mais les réseaux sociaux et les nouvelles technologies permettent à tout le monde de saisir et de

diffuser de l’information. Le risque de rencontrer des informations erronées ou truquées est donc plus

grand.

Il est donc plus urgent que jamais d’aiguiser son esprit critique et d’apprendre à identifier une information fiable.

Notes sur les vidéos Information : 3 critères : C’est nouveau, ça concerne plusieurs personnes, c’est vérifiéIdéalement une information doit être recoupée par 3 sources ou au moins 2 avant d’être

diffusée car une source peut avoir intérêt à manipuler une info. Fait : réalité vérifiableRumeur : bruit sans preuveDiffamation : fausse accusation Plagiat : copier un texte ou une œuvre sans citer sa sourceFake news : fausses nouvelles qui se répandent. Un vrai journaliste, recoupe sélectionne et hiérarchise l’information.

Les grands médias d’information

La presse quotidienne nationale d’opinion (les plus grands titres)

- Le Figaro (plutôt classé à droite –droite modérée) - Le Monde (plutôt classé au centre gauche) - Libération (plutôt classé à gauche) - L’Humanité (classé vraiment à gauche, proche historiquement des communistes)

La presse quotidienne régionale - Le Parisien en Ile de France - Var-matin ou La Provence dans la région Sud En radio et télévision - Radio France info (radio publique) - Francetvinfo (chaine d’information en continu publique) -France 24 : chaine française à diffusion internationale (en français, en arabe, en anglais, en espagnol)

Page 76: Le Cahier de français 45

- Euronews : une chaine européenne (dans toutes les langues) - Les chaines privées : LCI, BFMTV... Les journaux peuvent avoir une couleur politique. Ils peuvent exprimer une opinion mais ils respectent la vérité des faits et recoupent les informations. Et le lecteur doit pouvoir distinguer l’information (objective) du commentaire (éventuellement orienté). Cette liberté d’enquêter, de commenter les faits ou d’apporter différents éclairages garantit le pluralisme de l’information. C’est la liberté de la presse. Une presse libre permet de faire vivre le débat démocratique

Page 77: Le Cahier de français 45

Essai d’écriture journalistique Vous êtes un journaliste respectueux de la déontologie et vous travaillez pour un quotidien régional… Vous avez été chargé de traiter le fait divers dont voici tous les éléments que vous avez pu noter sur votre carnet. Vous écrivez l’article. Hier des chiots nouveaux nés ont été retrouvés dans une poubelle du quartier « Les Embruns », à Truc-la ville. Vous êtes allés sur place. Vous avez interviewé la police, des témoins, la responsable de la SPA. Des empreintes ont été relevées sur la poubelle et des cheveux humains ont été retrouvés sur le pelage des chiots vous a dit un policier. Tout cela est en cours d’analyse. Une habitante du quartier dit qu’elle a découvert les chiots à 7h du matin en partant au travail et alors qu’elle allait jeter sa poubelle sur son trajet. C’est elle qui a appelé la police. Les 4 chiots ont été recueillis par la SPA qui déclare que les animaux, sous alimentés et déshydratés ont pu être sauvés de justesse. Un habitant du quartier que vous avez interviewé accuse le jeune homme qui vient de s’installer au rez de chaussée de la résidence « Grand air » tout proche. Ce jeune homme, dit-il, est un ancien détenu de la prison voisine. Le témoin dit qu’il l’a vu sortir à 5h du matin et se diriger du côté de la poubelle. La responsable de la SPA demande que tout soit fait pour retrouver le coupable et le punir sévèrement. Une autre habitante du quartier que vous avez interrogée déplore le sort réservé aux animaux par certains maîtres peu scrupuleux. Une vieille dame, qui vit là depuis très longtemps affirme que cela s’est déjà produit il y a 4 ans La peine encourue par le coupable est de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende Exploiter les principales fonctions de l'écrit : Le texte se présente formellement comme un article Exploiter des lectures pour enrichir son écrit : les informations sont bien ordonnées et sélectionnées. Le style est celui d’un article. Maîtriser la structure, le sens et l'orthographe des mots : La langue est soignée (syntaxe, ponctuation, vocabulaire, orthographe)

Proposition de corrigé

DES CHIOTS A LA POUBELLE !

4 chiots ont été retrouvés hier dans une poubelle à Truc la Ville

Hier matin une habitante qui partait à son travail est passée jeter ses poubelles et a découvert

les 4 malheureux chiots. Elle a immédiatement appelé la police qui a pu relever des empreintes et un

cheveu humain dans le pelage des chiots. Tous ces éléments sont en cours d’analyse. La SPA a été

appelée pour prendre en charge les 4 petites bêtes qui ont pu être sauvées. La responsable de la SPA

appelle à la plus grande sévérité à l’égard du coupable qui risque 45 000 euros d’amende et 3 ans de

prison. De nombreux témoins se lamentent devant une telle cruauté à l’égard de nos amies les bêtes.

Page 78: Le Cahier de français 45

La déontologie du journaliste (Déontologie = ensemble des règles et des devoirs qui régissent une profession)

Texte 1 : Albert Camus, Journal Le Monde Quelques mois après le début de la Seconde Guerre mondiale, Albert Camus rédige un article qui ne sera jamais publié. L’auteur y défend la liberté de la presse en contexte de guerre. La journaliste Macha Séry retrouve l’article dans des archives et le publie dans le journal Le Monde en 2012. En voici un extrait. En face de la marée montante de la bêtise, il est nécessaire [...] d’opposer quelques refus. Toutes les contraintes du monde ne feront pas qu’un esprit un peu propre accepte d’être malhonnête. Or, et pour peu qu’on connaisse le mécanisme des informations, il est facile de s’assurer de l’authenticité d’une nouvelle. C’est à cela qu’un journaliste libre doit donner toute son attention. [...] En conséquence, un journal indépendant donne l’origine de ses informations, aide le public à les évaluer, répudie le bourrage de crâne, supprime les invectives, pallie par des commentaires l’uniformisation des informations et, en bref, sert la vérité dans la mesure humaine de ses forces. Cette mesure, si relative qu’elle soit, lui permet du moins de refuser ce qu’aucune force au monde ne pourrait lui faire accepter : servir le mensonge.

ALBERT CAMUS, Le Monde, article publié par le journal le 18 mars 2012. Interdit par la censure, l’article dont ce passage est extrait aurait dû paraitre dans Le Soir républicain du 25 novembre 1939 © Catherine et Jean Camus.

Texte 2 : Charte de déontologie de Munich, signée le 24 novembre 1971

Rédigée et approuvée à Munich en 1971, la Déclaration des devoirs et des droits des journalistes a été adoptée depuis par la plupart des syndicats de journalistes d’Europe.

Les devoirs essentiels du journaliste dans la recherche, la rédaction et le commentaire des événements sont :

1. Respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître la vérité.

2. Défendre la liberté de l’information, du commentaire et de la critique. 3. Publier seulement les informations dont l’origine est connue ou, dans le cas contraire, les

accompagner des réserves nécessaires ; ne pas supprimer les informations essentielles et ne pas altérer1 les textes et documents.

4. Ne pas user de méthodes déloyales pour obtenir des informations, des photographies et des documents.

5. S’obliger à respecter la vie privée des personnes. 6. Rectifier toute information publiée qui se révèle inexacte. 7. Garder le secret professionnel et ne pas divulguer la source des informations obtenues

confidentiellement. 8. S’interdire le plagiat2, la calomnie, la diffamation3 et les accusations sans fondement, ainsi que de

recevoir un quelconque avantage en raison de la publication ou de la suppression d’une information. 9. Ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste ;

n’accepter aucune consigne, directe ou indirecte, des annonceurs. 10. Refuser toute pression et n’accepter de directive rédactionnelle que des responsables de la

rédaction. Tout journaliste digne de ce nom se fait un devoir d’observer strictement les principes énoncés ci-dessus ; reconnaissant le droit en vigueur dans chaque pays, le journaliste n’accepte, en matière d’honneur professionnel, que la juridiction de ses pairs, à l’exclusion de toute ingérence4 gouvernementale ou autre. 1. Modifier, changer. 2. Copie frauduleuse. 3. Parole ou écrit mensonger qui porte atteinte à l’honneur et à la réputation de quelqu’un. 4. Participer aux affaires d’autrui sans en avoir le droit.

Page 79: Le Cahier de français 45

Notes sur le texte de Camus et la charte de 71

On va un peu plus loin dans la compréhension de la déontologie de la presse. Informer sérieusement impose de s’assurer autant que possible de la vérité des faits et

de l’authenticité des documents, mais n’interdit pas le commentaire ou l’expression d’une opinion : c’est la condition pour avoir une presse pluraliste et libre.

Le journaliste doit s’interdire de travailler sous la pression d’une source et refuser toute tentative de corruption, sans quoi on ne fait plus du journalisme mais de la propagande ou de la publicité. C’est ce qui distingue un journaliste d’un influenceur ou d’un lobby.

Dictée préparée et interrogation de conjugaison

En conséquence, un journal indépendant donne l’origine de ses informations, aide le public à les évaluer, répudie le bourrage de crâne, supprime les invectives, et en bref, sert la vérité dans la mesure humaine de ses forces. Cette mesure, si relative qu’elle soit, lui permet du moins de refuser ce qu’aucune force au monde ne pourrait lui faire accepter : servir le mensonge.

Albert Camus Conjuguer jouer à l’imparfait de l’indicatif et au conditionnel présent.

Compétences Consolider l’orthographe lexicale et grammaticale = dictée. Barème : 0 à 1 faute=A+ /2 à 4 fautes=A/ 5 à 9 fautes=C/10 à 14 fautes=D/15 fautes et plus=E. Maîtriser le fonctionnement du verbe et son orthographe = conjugaisons. Barème : 0 faute=A+/ 1 à 2 fautes=A/ 3 à 4 fautes= C/ 5 à 9 fautes=D/ 10 à 12 fautes=E

Page 80: Le Cahier de français 45

Les voix (actives et passives) La voix active Dans la phrase standard, le mot mis en position de sujet est souvent celui qui fait l’action et celui qui est COD renvoie à ce qui « subit » l’action. C’est ce qu’on appelle la voix active. Exemples : - Le professeur interroge les élèves - Le chat a déchiré les rideaux La voix passive Mais, parfois, on veut mettre l’accent sur le résultat de l’action. On peut alors choisir comme sujet ce qui « subit » l’action et mettre en fonction de complément d’agent le mot désignant ce qui agit. C’est ce qu’on appelle la voix passive. Exemples : - Les élèves sont interrogés par le professeur - Les rideaux ont été déchirés par le chat Pour former la voix passive du verbe, on utilise l’auxiliaire être conjugué au temps voulu et le participe passé du verbe. Dans la phrase 1 (« Les élèves sont interrogés par le professeur »), le verbe est au présent de la voix passive. Dans la phrase 2 (« Les rideaux ont été déchirés par le chat »), le verbe est au passé composé de la voix passive. Observation : - On ne confondra pas le présent de la voix passive et le passé composé de la voix active formé avec l’auxiliaire être (« Je suis battu par mon adversaire » = verbe au présent de la voix passive / Je suis allé au sport = verbe au passé composé -de la voix active-) - Lorsque le sujet de la voix active est le pronom on, il n’y a pas de complément d’agent à la voix passive On a décalé le cours (voix active) / Le cours a été décalé (voix passive) Exercices 1) Indiquez si les phrases suivantes sont à la voix active ou à la voix passive

1) Voix passive- passé composé

2) Voix active - passé composé

3) Voix passive – futur

4) Voix active – plus que parfait

Sujet

Sujet

COD

COD

Sujet

Sujet

Complémentd’agent

Complémentd’agent

Page 81: Le Cahier de français 45

5) Voix passive – futur

6) Voix passive - passé simple

7) Voix active - passé composé

8) Voix passive - passé composé

2) Transposez les phrases à la voix passive

1) La pelouse aura été tondue par le jardinier avant la pluie

2) Les miettes avaient été picorées par les oiseaux.

3) Les champs furent inondés et les récoltes furent saccagés par la rivière. 4) Un bouquet de roses lui a été offert. 5) C’est au mois de mars que les champs ont été labourés. 6) Les plans de notre maison seront établis par l’architecte 7) Des chanson populaires étaient interprétés par les choristes pour nous divertir. 8) Les plans de la citadelle seront élaborés par Vauban, au XVIIème siècle. 9) Un chèque de caution a été réclamé par le propriétaire aux nouveaux locataires. 10) De nombreux touristes seront accueillis à l ‘occasion de la fête.

Page 82: Le Cahier de français 45

Tableau synoptique : No et moi de Delphine de Vigan 11 à 55

Lou doit faire un exposé sur les sans-abris. Elle est très timide. Elle est surdouée mais se sent seule. Elle aime bien Lucas le cancre de la classe. Elle rencontre No gare d’Austerlitz puis quelques jours plus tard l'invite à boire un verre. Elle rate une fête car elle n’a pas confiance en elle. Elle revoit No et lui demande si elle pourra l’interviewer. Elle raconte la mort de sa petite sœur, la dépression de sa mère et ses années d’internat à Nantes.

56 à 105

106 à 140

141 à 159

160 a 192

193 a 231

232 à 250

Page 83: Le Cahier de français 45

Interrogation sur la lecture de No et moi de Delphine de Vigan 1) Qui est Lou ? Quel sont les traits marquants de sa personnalité ? Lou est une jeune lycéenne. C’est une enfant précoce. Elle n’a que 13 ans mais a sauté deux

classes.

2) Qui est No ? Que lui demande Lou ? No est une jeune sans abris. Lou lui demande de l’interviewer pour nourrir la matière d’un

exposé

3) Qui est Lucas et dans quelles conditions vit-il ? Lucas est un camarade de classe de Lou. Il vit quasiment seul. Sa mère vit chez son

nouveau compagnon et son père vit au Brésil.

4) Quelle demande Lou fait-elle à ses parents et l’acceptent-ils ? Lou demande à ses parents d’accueillir No chez eux. Ils acceptent.

5) Qu’est-ce qui caractérise le quotidien et le comportement de la mère de Lou ? Pour quelle raison est-elle ainsi ? La mère de Lou est apathique car elle est dépressive. Elle ne s’est jamais remise de la perte de

Thais, son deuxième enfant.

6) Que réussit à faire No qui pourrait être un signe de réinsertion. Pourquoi cela se passe finalement mal ? No trouve un travail comme femme de chambre dans un hôtel, mais elle est exploitée et ses

horaires sont très difficiles.

7) Quels sont les symptômes du mal être de No ? Que décident les parents de Lou ? No boit et prend des médicaments qu’elle vole dans l’armoire à pharmacie de la mère de Lou.

8) Quel est le rêve de No ? Que tentent de faire Lou et No ? No rêve de retrouver Loïc, son ancien amoureux, qui est parti en Irlande, et qui dit-elle

l’attend et lui écrit des Lettres. Elles tentent une fugue, elles veulent aller rejoindre ensemble

Loïc en Irlande. Pour Lou cela se termine gare saint Lazare. No part toute seule et

abandonne Lou. Peut-être pour ne pas l’entrainer, peut-être par amitié. Lou rentre chez elle.

Ses parents étaient follement inquiets

9) Comment se termine le roman pour Lou ? Le roman se termine sur le départ en retraite de M. Marin qui offre à Lou un livre auquel il

tient et qui lui dit « Ne renoncez pas ». Il se termine aussi sur le premier baiser entre Lou et

Lucas.

10) Qu’avez-vous pensé de ce roman ? Compétences évaluées Contrôler sa compréhension, devenir un lecteur autonome. Lire des œuvres littéraires et fréquenter des œuvres d'art. Élaborer une interprétation de textes littéraires.

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Dictée à préparer et conjugaison à apprendre (pour le 2 mai) 1) Étudier l’orthographe de ce texte qui vous sera dicté.

La nuit, quand on ne dort pas, les soucis se multiplient, ils enflent, s'amplifient. A mesure que l’heure avance, les lendemains s'obscurcissent, le pire rejoint l'évidence, plus rien ne paraît possible, surmontable, plus rien ne paraît tranquille. L'insomnie est la face sombre de l'imagination. Je connais ces heures noires et secrètes. Au matin, on se réveille engourdi, les scénarios catastrophes sont devenus extravagants, la journée effacera leur souvenir, on se lève, on se lave et on se dit qu'on va y arriver.

Delphine de Vigan, No et moi 2) Apprendre la conjugaison du verbe choisir (qui se conjugue comme finir, salir, nourrir, agir…, et tous les verbes du 2ème groupe, c’est-à-dire les verbes en ir et qui se terminent en issons à la 1ère personne du pluriel présent)

Compétences Consolider l’orthographe lexicale et grammaticale = dictée. Barème : 0 à 1 faute=A+ /2 à 4 fautes=A/ 5 à 9 fautes=C/10 à 14 fautes=D/15 fautes et plus=E. Maîtriser le fonctionnement du verbe et son orthographe = conjugaisons. Barème : 0 faute=A+/ 1 à 2 fautes=A/ 3 à 4 fautes= C/ 5 à 9 fautes=D/ 10 à 12 fautes=E

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Phrases simples et phrases complexes Une phrase est un regroupement de mots qui donne une information plus ou moins complexe. Elle commence par une majuscule et se termine par un point. Une phrase simple ne contient qu’une proposition, c’est-à-dire un seul verbe conjugué (L’élève Trucmuche est absent aujourd’hui.) Mais bien souvent on veut faire le lien entre plusieurs propositions, plusieurs idées, et produire une information plus complexe. On va alors produire des phrases qu’on appelle justement complexes. Une phrase complexe contient donc plusieurs propositions. Chacune est construite autour d’un verbe conjugué (L’élève Trucmuche est absent aujourd’hui parce qu’il est malade mais il rattrapera le contrôle. = 3 propositions) Pour lier les propositions les unes aux autres plusieurs techniques peuvent être utilisées : - La juxtaposition : les propositions sont justes posées l’une à côté de l’autre et c’est la ponctuation légère (virgule, point-virgule ou deux points) qui suggère leur lien. On dit alors que la phrase complexe est formée de propositions indépendantes juxtaposées (Trucmuche est absent aujourd’hui : il est malade) - La Coordination : les propositions sont juste reliées par une simple conjonction de coordination (et, mais, car, donc sont les plus fréquentes). On dit alors que la phrase complexe est formée de propositions indépendantes coordonnées (Trucmuche est absent aujourd’hui car il est malade) La subordination : les propositions sont reliées par un moyen un peu plus fort (pronom relatif ou conjonction de subordination). On dit alors que la phrase complexe est formée d’une proposition principale et de propositions qui lui sont subordonnées. C’est-à-dire que la phrase subordonnée s’insère dans la phrase principale (Trucmuche, qui est malade, sera absent aujourd’hui. = Une proposition principale : Trucmuche sera absent aujourd’hui et une proposition subordonnée : qui est malade)

Les différents types de subordonnées On l’a déjà vu, en grammaire, tout est affaire de branchements. Nous allons voir les différents types de subordonnées en fonction de la manière dont elles sont raccordées à la principale. - Les propositions subordonnées relatives sont raccordées à un nom ; elles jouent le même rôle qu’une épithète ou un complément de nom ; elles sont introduites par un pronom relatif (qui, que, dont, où, auquel…) qui remplace le nom dans la subordonnée (J’ai puni hier un élève qui n’avait pas fait ses devoirs) (J’ai félicité hier l’élève dont le poème a été récompensé par un prix). - Les propositions subordonnées complétives sont raccordées à un verbe, elles jouent le même rôle qu’un complément d’objet et sont introduites par la conjonction de subordination « que » (Je pense que trucmuche sera absent aujourd’hui). - les propositions subordonnées circonstancielles sont raccordées à l’ensemble de la phrase par une conjonction de subordination qui indique en outre le sens de la relation entre la principale et la subordonnées (Trucmuche est absent parce qu’il est malade) (Trucmuche est présent quoiqu’il soit malade). Elles jouent le rôle d’un complément circonstanciel. On distingue les circonstancielles en fonction de leur sens. Il y a principalement des circonstancielles de cause, de conséquence, de but, de concession, d’hypothèse ou de comparaison

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1. Une seule proposition (un seul verbe conjugué). On a donc une phrase simple. 2. Deux propositions qui forment une phrase complexe. 3. Deux propositions qui forment une phrase complexe. 4. Une seule proposition. On a donc une phrase simple 5. Cinq propositions. On a donc une phrase complexe.

1. Je suis fatigué, donc je vais rentrer me reposer. Deux propositions indépendantes coordonnées. 2. Paul s’entraine beaucoup car il espère être sélectionné pour les prochains championnats. 3. Cet homme est riche mais il n’est pas heureux. 4. Ma sœur est jalouse car j’ai un petit ami. 5. Samir voulait être avocat mais il a changé d’avis. 6. Mon frère n’a pas de console de jeu donc il m’emprunte toujours la mienne.

1. qui fit un clin d’oeil au contrôleur à l’aide des trous ronds déjà perforés. Mot subordonnant : qui, pronom relatif. La proposition est une subordonnée relative. 2. Où s’ébattait, sans gêne, le poisson rouge. Mot subordonnant : où, pronom relatif. La proposition est une subordonnée relative. 3. Parce que je ne veux rien ménager pour tirer Chloé de là. Parce, conjonction de subordination. La proposition est une subordonnée circonstancielle. 4. Si Chloé avait de besoin de quelque chose. Si est le mot subordonné. La proposition est une subordonnée circonstancielle. 5. Que de nouvelles colonnes de fumée montaient près de chez lui. “Que” est le mot subordonné. La proposition est une subordonnée complétive.

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Une tribune engagée : Victor Hugo contre la peine de mort

Victor Hugo, grand romancier, poète, dramaturge est aussi un homme engagé. Pour avoir attaqué en France le régime autoritaire de Napoléon III, il est exilé sur l’ile anglo-normande de Guernesey. Là, alors qu’un meurtrier doit être condamné à mort, il publie un article dans le journal La « Chronique de Jersey »

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ExtraitdumanuelNathan,TerresdesLettres4ème,page69

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Étude du texte de Victor Hugo

Ce texte de Victor Hugo est paru dans un journal de Jersey. Jersey et Guernesey sont deux îles

de la Manche qui sont autonomes. Victor Hugo y a trouvé refuge car il est menacé par le régime

autoritaire de Napoléon III, qu’il critique.

Ce texte est une tribune libre. Ce n’est donc pas un texte informatif, c’est un texte argumentatif.

L’auteur défend une thèse (une opinion) et énonce des arguments pour la soutenir.

1) Qu’a fait John Charles Tapner ?

Il est rentré chez une femme, il l’a volée, tuée puis il a mis le feu à la maison pour dissimuler son

crime.

2) A-t-il été jugé de manière sérieuse et équitable ?

Oui Victor pense que le jugement a été équitable. Il fait l’éloge de la justice à Guernesey. Le juge est

“impartial”, “libre”, intègre”.

3) A quoi a-t-il été condamné ?

Il a été condamné à mort.

4) Que pense Victor Hugo de la peine de mort et que demande-t-il aux habitants de Guernesey ?

Il est contre la peine de mort et il plaide pour son abolition.

5) Quelles sont ses arguments pour soutenir sa demande ?

Argument 1 : la peine de mort va à l’encontre de la loi divine. Dieu a dit “tu ne tueras point”.

Argument 2 : La peine de mort ne va pas dans le sens de l’histoire et du progrès et pour combattre

le crime, il y a une meilleure arme : l’éducation.

Argument 3 : Il y a un risque d’erreur judiciaire

6) Comment Victor Hugo justifie-t-il de droit qu’il s’arroge de prendre position alors qu’il n’est

qu’un étranger à Guernesey ?

Victor Hugo s’arroge le droit de prendre la parole au nom de la fraternité avec tous les hommes

qui souffrent d’une manière ou d’une autre.

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Expression écrite : rédaction d’un texte argumentatif

Imaginez que vous êtes un spécialiste de l’éducation et que vous défendez dans une tribune libre la

nécessité d’une réforme ou d’un changement dans le système éducatif. Votre texte comptera 5 paragraphes. Dans le premier vous amènerez et énoncerez votre thèse, c’est-

à-dire votre opinion ou votre proposition. Dans les trois suivants vous développerez vos arguments (un argument par paragraphe), dans le dernier vous conclurez en réaffirmant votre point de vue. Compétences évaluées Adopter des stratégies et des procédures d'écriture efficaces : le travail respecte la consigne, il y a bien des paragraphes, la copie est bien présentée. Passer du recours intuitif à l'argumentation à un usage plus maîtrisé : les idées sont riches et l’argumentation est convaincante. Connaître les aspects fondamentaux du fonctionnement syntaxique : Les phrases sont bien construites, le vocabulaire adapté et la ponctuation correcte. Maîtriser la forme des mots en lien avec la syntaxe : L’orthographe est correcte.

On se plaint beaucoup d’une baisse de niveau de nos élèves, d’une baisse de leur motivation et

de leur capacité de travail. On accuse la nouvelle génération d’être moins sérieuse, d’être accaparée et

écervelée par les réseaux sociaux. Mais ne faudrait-il pas voir les choses autrement et nous demander

si l’organisation du temps scolaire est adaptée au monde d’aujourd’hui et aux aspirations de nos

jeunes ? Je propose une réforme en profondeur du temps scolaire. Concrètement, je pense qu’il faut

consacrer la matinée seulement aux apprentissages dans les disciplines traditionnelles, et proposer

l’après-midi un menu d’activités artistiques et sportives. Mais pourquoi défendre une telle réforme ?

Je pense d’abord que si l’horaire dévolu aux matières traditionnelles est plus restreint, elles

seront enseignées de manière plus efficace. Ce dont souffrent les élèves au collège c’est d’une sensation

d’ennui, de répétition. Si on va à l’essentiel, quitte à faire des cours plus "magistraux”, les élèves

apprendront autant de choses en moitié moins d’heures. Ajoutons que les élèves sont plus réceptifs et

plus calmes le matin.

Ensuite, pratiquer des sports ou des activités artistiques va leur permettre d’exprimer toute la

créativité et l’énergie de leur jeunesse. En cours, les élèves bouillonnent car ils ne peuvent ni bouger ni

véritablement s’exprimer. En leur permettant de le faire, on favorisera leur épanouissement et ils seront

plus performants, y compris dans les matières traditionnelles. D’ailleurs, s’ils se dépensent plus à

travers la pratique sportive, ils dormiront mieux, ce qui favorisera les apprentissages.

Enfin, à travers la pratique sportive ou artistique, on développe des aptitudes qui sont

essentielles dans le monde moderne : la créativité, la capacité à travailler en équipe, à s’adapter, à se

maîtriser. Les élèves seront finalement mieux préparés à s’insérer dans la société.

Je propose donc une réforme majeure, une réforme gagnant-gagnant. Finalement, en

restreignant un peu l’horaire des disciplines traditionnelles et en développant les pratiques sportives

et artistiques, je rendrai l’enseignement des savoirs fondamentaux plus efficace et je développerai des

capacités nouvelles chez nos jeunes : la créativité, la force, la confiance en soi, la capacité à coopérer.

Cette réforme est indispensable pour redonner aux jeunes la foi dans leur école.

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Dictée à préparer et conjugaison à apprendre (pour le 23 mai) 1) Étudier l’orthographe de ce texte qui vous sera dicté.

Cet homme a été jugé ; jugé avec une impartialité et un scrupule qui honorent votre libre et intègre magistrature. Treize audiences ont été employées à l'examen des faits et à la formation lente de la conviction des juges. Le 3 janvier l'arrêt a été rendu à l'unanimité ; et à neuf heures du soir, en audience publique et solennelle, votre honorable chef magistrat, d'une voix brisée et éteinte, tremblant d'une émotion dont je le glorifie, a déclaré à l'accusé que « la loi punissant de mort le meurtre », il devait, lui John-Charles Tapner, se préparer à mourir, qu'il serait pendu, le 27 janvier prochain, sur le lieu même de son crime.

Victor Hugo, Lettre aux habitants de Guernesey

2) Apprendre la conjugaison du verbe rendre (verbe du 3ème groupe)

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Réécriture des phrases extraites des copies

Retravaillez les phrases pour améliorer la syntaxe, la ponctuation ou le vocabulaire

1) D’abord, je vois la tête des élèves le matin, ils en ont marre de faire de 8h jusqu’à 17h non stop.

D’abord, je vois la tête des élèves le matin. Ils sont fatigués de devoir être attentifs pendant 9h

d’affilée.

2) D’abord les élèves sont très fatigués de se réveiller à 8h jusqu’à 17h.

D’abord, les élèves sont très fatigués de se réveiller dès 7h du matin.

3) Je pense que tous les élèves ont le mérite d’avoir cette petite faveur ça leur ferait plaisir.

Je pense que tous les élèves méritent d’avoir cette petite faveur ; ça leur fera plaisir.

4) Si toutes ces réformes sont appliquées en réduisant les matières avec plus de 2h par semaine, en

remplaçant les cours l’après-midi, alors les élèves progresseront en ayant plus de connaissances.

Si toutes ces réformes sont appliquées, si on réduit l’horaire des matières à 2h maximum, si on

remplace les cours de l’après-midi par du sport, alors les élèves progresseront et auront plus de

connaissances.

5) Je pense que cette loi est nécessaire pour la paix et pour le sentir bien.

Je pense que cette loi est nécessaire pour la paix et pour que tout le monde se sente bien.

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Test de lecture : lecture d’un texte littéraire long en classe. Texte : Émile Zola (19ème siècle), Le Ventre de Paris. Ce texte est le début du roman. Avant l’aube, les paysans des alentours de Paris arrivent dans la ville pour vendre leurs produits aux Halles, un grand marché couvert au centre de Paris.

Au milieu du grand silence, et dans le désert de l’avenue, les voitures de maraîchers1 montaient vers Paris, avec les cahots rythmés de leurs

roues, dont les échos battaient les façades des maisons, endormies aux deux bords, derrière les lignes confuses des ormes2. Un tombereau3 de choux et un tombereau de pois, au pont de Neuilly4, s’étaient joints aux huit voitures de navets et de carottes qui descendaient de Nanterre4 ; et les chevaux allaient tout seuls, la tête basse, de leur allure continue et paresseuse, que la montée ralentissait encore. En haut, sur la charge des légumes, allongés à plat ventre, couverts de leur limousine à petites raies noires et grises, les charretiers sommeillaient, les guides aux poignets. Un bec de gaz5, au sortir d’une nappe d’ombre, éclairait les clous d’un soulier, la manche bleue d’une blouse, le bout d’une casquette, entrevus dans cette floraison énorme des bouquets rouges des carottes, des bouquets blancs des navets, des verdures débordantes des pois et des choux. Et, sur la route, sur les routes voisines, en avant et en arrière, des ronflements lointains de charrois annonçaient des convois pareils, tout un arrivage traversant les ténèbres et le gros sommeil de deux heures du matin, berçant la ville noire du bruit de cette nourriture qui passait.

Balthazar, le cheval de madame François, une bête trop grasse, tenait la tête de la file. Il marchait, dormant à demi, dodelinant des oreilles, lorsque, à la hauteur de la rue de Longchamp, un sursaut de peur le planta net sur ses quatre pieds. Les autres bêtes vinrent donner de la tête contre le cul des voitures, et la file s’arrêta, avec la secousse des ferrailles, au milieu des jurements des charretiers réveillés. Madame François, adossée à une planchette contre ses légumes, regardait, ne voyait rien, dans la maigre lueur jetée à gauche par la petite lanterne carrée, qui n’éclairait guère qu’un des flancs luisants de Balthazar.

— Eh ! la mère, avançons ! cria un des hommes, qui s’était mis à genoux sur ses navets… C’est quelque cochon d’ivrogne. Elle s’était penchée, elle avait aperçu, à droite, presque sous les pieds du cheval, une masse noire qui barrait la route. — On n’écrase pas le monde, dit-elle, en sautant à terre. C’était un homme vautré tout de son long, les bras étendus, tombé la face dans la poussière. Il paraissait d’une longueur extraordinaire, maigre

comme une branche sèche ; le miracle était que Balthazar ne l’eût pas cassé en deux d’un coup de sabot. Madame François le crut mort ; elle s’accroupit devant lui, lui prit une main, et vit qu’elle était chaude.

— Eh ! l’homme ! dit-elle doucement. Mais les charretiers s’impatientaient. Celui qui était agenouillé dans ses légumes reprit de sa voix enrouée : — Fouettez donc, la mère !… Il en a plein son sac, le sacré porc ! Poussez-moi ça dans le ruisseau ! Cependant, l’homme avait ouvert les yeux. Il regardait madame François d’un air effaré, sans bouger. Elle pensa qu’il devait être ivre, en effet. — Il ne faut pas rester là, vous allez vous faire écraser, lui dit-elle… Où alliez-vous ? — Je ne sais pas…, répondit-il d’une voix très-basse. Puis, avec effort, et le regard inquiet : — J’allais à Paris, je suis tombé, je ne sais pas… Elle le voyait mieux, et il était lamentable, avec son pantalon noir, sa redingote noire, tout effiloqués, montrant les sécheresses des os. Sa

casquette, de gros drap noir, rabattue peureusement sur les sourcils, découvrait deux grands yeux bruns, d’une singulière douceur, dans un visage dur et tourmenté. Madame François pensa qu’il était vraiment trop maigre pour avoir bu.

— Et où alliez-vous, dans Paris ? demanda-t-elle de nouveau. Il ne répondit pas tout de suite ; cet interrogatoire le gênait. Il parut se consulter ; puis, en hésitant : — Par là, du côté des Halles. Il s’était mis debout, avec des peines infinies, et il faisait mine de vouloir continuer son chemin. La maraîchère le vit qui s’appuyait en

chancelant sur le brancard de la voiture. — Vous êtes las ? — Oui, bien las, murmura-t-il. Alors, elle prit une voix brusque et comme mécontente. Elle le poussa, en disant : — Allons, vite, montez dans ma voiture ! Vous nous faites perdre un temps, là !… Je vais aux Halles, je vous déballerai avec mes légumes. Et, comme il refusait, elle le hissa presque, de ses gros bras, le jeta sur les carottes et les navets, tout à fait fâchée, criant : — À la fin, voulez-vous nous ficher la paix ! Vous m’embêtez, mon brave… Puisque je vous dis que je vais aux Halles ! Dormez, je vous réveillerai. Elle remonta, s’adossa contre la planchette, assise de biais, tenant les guides de Balthazar, qui se remit en marche, se rendormant, dodelinant

des oreilles. Les autres voitures suivirent, la file reprit son allure lente dans le noir, battant de nouveau du cahot des roues les façades endormies. Les charretiers recommencèrent leur somme sous leurs limousines. Celui qui avait interpellé la maraîchère s’allongea, en grondant :

— Ah ! malheur ! s’il fallait ramasser les ivrognes ! … Vous avez de la constance, vous, la mère ! Les voitures roulaient, les chevaux allaient tout seuls, la tête basse. L’homme que madame François venait de recueillir, couché sur le ventre,

avait ses longues jambes perdues dans le tas des navets qui emplissaient le cul de la voiture ; sa face s’enfonçait au beau milieu des carottes, dont les bottes montaient et s’épanouissaient ; et, les bras élargis, exténué, embrassant la charge énorme des légumes, de peur d’être jeté à terre par un cahot, il regardait, devant lui, les deux lignes interminables des becs de gaz qui se rapprochaient et se confondaient, tout là-haut, dans un pullulement d’autres lumières. À l’horizon, une grande fumée blanche flottait, mettait Paris dormant dans la buée lumineuse de toutes ces flammes.

— Je suis de Nanterre, je me nomme madame François, dit la maraîchère, au bout d’un instant. Depuis que j’ai perdu mon pauvre homme, je vais tous les matins aux Halles. C’est dur, allez !… Et vous ?

— Je me nomme Florent, je viens de loin…, répondit l’inconnu avec embarras. Je vous demande excuse ; je suis si fatigué, que cela m’est pénible de parler.

Il ne voulait pas causer. Alors, elle se tut, lâchant un peu les guides sur l’échine de Balthazar, qui suivait son chemin en bête connaissant chaque pavé. Florent, les yeux sur l’immense lueur de Paris, songeait à cette histoire qu’il cachait. Échappé de Cayenne6, où les journées de décembre l’avaient jeté, rôdant depuis deux ans dans la Guyane hollandaise, avec l’envie folle du retour et la peur de la police impériale, il avait enfin devant lui la chère

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grande ville, tant regrettée, tant désirée. Il s’y cacherait, il y vivrait de sa vie paisible d’autrefois. La police n’en saurait rien. D’ailleurs, il serait mort, là-bas. Et il se rappelait son arrivée au Havre, lorsqu’il ne trouva plus que quinze francs dans le coin de son mouchoir. Jusqu’à Rouen, il put prendre la voiture. De Rouen, comme il lui restait à peine trente sous, il repartit à pied. Mais, à Vernon, il acheta ses deux derniers sous de pain. Puis, il ne savait plus. Il croyait avoir dormi plusieurs heures dans un fossé. Il avait dû montrer à un gendarme les papiers dont il s’était pourvu. Tout cela dansait dans sa tête. Il était venu de Vernon sans manger, avec des rages et des désespoirs brusques qui le poussaient à mâcher les feuilles des haies qu’il longeait ; et il continuait à marcher, pris de crampes et de douleurs, le ventre plié, la vue troublée, les pieds comme tirés, sans qu’il en eût conscience, par cette image de Paris, au loin, très-loin, derrière l’horizon, qui l’appelait, qui l’attendait. Quand il arriva à Courbevoie, la nuit était très-sombre. Paris, pareil à un pan de ciel étoilé tombé sur un coin de la terre noire, lui apparut sévère et comme fâché de son retour. Alors, il eut une faiblesse, il descendit la côte, les jambes cassées. En traversant le pont de Neuilly, il s’appuyait au parapet, il se penchait sur la Seine roulant des flots d’encre, entre les masses épaissies des rives ; un fanal rouge, sur l’eau, le suivait d’un œil saignant. Maintenant, il lui fallait monter, atteindre Paris, tout en haut. L’avenue lui paraissait démesurée. Les centaines de lieues qu’il venait de faire n’étaient rien ; ce bout de route le désespérait, jamais il n’arriverait à ce sommet, couronné de ces lumières. L’avenue plate s’étendait, avec ses lignes de grands arbres et de maisons basses, ses larges trottoirs grisâtres, tachés de l’ombre des branches, les trous sombres des rues transversales, tout son silence et toutes ses ténèbres ; et les becs de gaz, droits, espacés régulièrement, mettaient seuls la vie de leurs courtes flammes jaunes, dans ce désert de mort. Florent n’avançait plus, l’avenue s’allongeait toujours, reculait Paris au fond de la nuit. Il lui sembla que les becs de gaz, avec leur œil unique, couraient à droite et à gauche, en emportant la route ; il trébucha, dans ce tournoiement ; il s’affaissa comme une masse sur les pavés.

À présent, il roulait doucement sur cette couche de verdure, qu’il trouvait d’une mollesse de plume. Il avait levé un peu le menton, pour voir la buée lumineuse qui grandissait, au-dessus des toits noirs devinés à l’horizon. Il arrivait, il était porté, il n’avait qu’à s’abandonner aux secousses ralenties de la voiture ; et cette approche sans fatigue ne le laissait plus souffrir que de la faim. La faim s’était réveillée, intolérable, atroce. Ses membres dormaient ; il ne sentait en lui que son estomac, tordu, tenaillé comme par un fer rouge. L’odeur fraîche des légumes dans lesquels il était enfoncé, cette senteur pénétrante des carottes, le troublait jusqu’à l’évanouissement. Il appuyait de toutes ses forces sa poitrine contre ce lit profond de nourriture, pour se serrer l’estomac, pour l’empêcher de crier. Et, derrière, les neuf autres tombereaux, avec leurs montagnes de choux, leurs montagnes de pois, leurs entassements d’artichauts, de salades, de céleris, de poireaux, semblaient rouler lentement sur lui et vouloir l’ensevelir, dans l’agonie de sa faim, sous un éboulement de mangeaille. Il y eut un arrêt, un bruit de grosses voix ; c’était la barrière, les douaniers sondaient les voitures. Puis, Florent entra dans Paris, évanoui, les dents serrées, sur les carottes.

1- maraichers : cultivateur de légumes. 2- Orme : espèce d’arbre. 3- Tombereau : charrette. 4- Neuilly et Nanterre : localités des alentours de Paris, encore rurales à l’époque de Zola. 5- Becs de gaz : lampadaires de l’éclairage public (qui fonctionnaient au gaz à l’époque). 6- Cayenne : ville principale de la Guyane qui abritait un bagne (une prison) où étaient envoyés des criminels condamnés à de lourdes peines.

Questions de compréhension et d’interprétation. 1) Quels sont les deux personnages principaux de ce début de roman ? Donnez leur nom et caractérisez-les rapidement (en 2 lignes maximum). Mme François est une maraîchère qui va vendre ses légumes aux Halles. Florent est un vagabond, misérable, affamé, évadé du bagne de Cayenne 2) Qui est Balthazar ? C’est le cheval de Mme François 3) Pourquoi le convoi des maraichers s’est-il arrêté ? Parce que le corps d’un homme est étendu par terre au milieu de la route. Cet homme est très mal en point. 4) Que demandent les maraichers ? Ils demandent de pousser le corps sur le bord de la route et de pouvoir continuer à avancer. 5) Que fait la mère François ? Elle aide l’homme à se relever et le charge sur sa charrette au milieu des légumes. 6) De quelles qualités fait-elle preuve ? Elle fait preuve d’humanité et de générosité. 7) A quoi le délabrement physique de Florent est-il attribué par les maraichers ? A quoi est-il dû en réalité ? Pour les maraîchers, Florent est un ivrogne. En réalité c’est un homme évadé du bagne de Cayenne, assoiffé et affamé. 8) Quand se situent les événements racontés des lignes 75 à 98 par rapports à ceux racontés au début ? Ils se situent avant. Ces lignes racontent le passé de Florent. Contrôler sa compréhension, devenir un lecteur autonome. Lire des œuvres littéraires et fréquente des œuvres d'art.

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Réflexion préalable : la ville lieu de tous les possibles

La ville est un milieu dans lequel se concentre une population importante.

Les plus anciennes villes remontent à 4000 ans av JC. Au néolithique, les humains se sont

sédentarisés et se sont regroupés. Pour cohabiter les hommes ont dû échanger, développer des règles, se

répartir les tâches. Les villes ont permis une accélération du progrès et l’homme s’est éloigné de l’état

de nature.

Dans les villes se manifeste le génie humain. On veut créer des villes toujours plus hautes,

toujours plus modernes, toujours plus belles. Elles permettent de faire rayonner les civilisations. Que

l’on songe à ce que furent Rome dans l’Antiquité, Paris dans les Temps Modernes, New-York dans

l’époque contemporaine et aux villes asiatiques ou aux villes des pays du Golfe aujourd’hui.

Ce sont des lieux de culture, de rencontre et d’ouverture. La ville offre des services, des

opportunités, des ouvertures. Elle peut représenter un espace de liberté.

Mais c’est évidemment là aussi que l’on peut voir tous les mauvais côtés de l’homme et des

civilisations humaines. C’est en effet en ville que se manifestent la violence, les injustices, les

iniquités. Aujourd’hui les villes se développent au détriment des espaces naturels et représentent donc

une menace pour la planète. La ville est le symbole de l’hubris des hommes, de cet orgueil dont ils

risquent d’être un jour « punis »

Nous allons voir comment, dans les textes, s’exprime à la fois la fascination et l’inquiétude

devant la ville.

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La Ville lieu de tous les possibles / Choix de poèmes Paul Verlaine (19ème siècle), La Bonne Chanson, « Le Bruit des cabarets… » Le bruit des cabarets, la fange du trottoir, Les platanes déchus s'effeuillant dans l'air noir, L'omnibus, ouragan de ferraille et de boues, Qui grince, mal assis entre ses quatre roues, Et roule ses yeux verts et rouges lentement, Les ouvriers allant au club, tout en fumant Leur brûle-gueule au nez des agents de police, Toits qui dégouttent, murs suintants, pavé qui glisse, Bitume défoncé, ruisseaux comblant l'égout, Voilà ma route - avec le paradis au bout. Francis Carco (20ème siècle) : « Le Boulevard » La fraîcheur vive du boulevard pourri d’automne. Les larges feuilles des platanes dégringolent. C’est un écroulement imprévu et bizarre dans la lumière croisée des lampes à arc. Il tombe une petite pluie menue, serrée, que le vent incline parfois sur les visages. La nuit est parfumée de l’odeur des feuillages gâtés : elle sent encore l’ambre et l’œillet, la poudre, le fard et le caoutchouc des imperméables. Henri MICHAUX (20ème siècle), Lieux inexprimables, La vie dans les plis. Il n’y a dans la ville aucun souffle. Les véhicules sont garés, définitivement garés. Rien ne crie, rien ne désire. D’une statue fendue, trois morceaux s’élancent, se détournant en colère les uns des autres, comme soulevés par d’impardonnables reproches. La funèbre ville n’a pas de sortie, des rues mortes se croisent et se referment sur elles-mêmes. Un liquide fangeux et noirâtre occupe des canaux à l’odeur nauséeuse et un humide hostile aux poumons et à l’os, et à la conservation de la vie humaine, vient en traître envahir la cité de larges zones inamicales à l’homme. On entend au loin une avancée de la mer mécontente et parfois un bateau anxieux qui demande à entrer dans le port. Le chenal encombré des débris des désastres précédents, les uns à fleur d’eau, les autres enterrés dans la vase, est menaçant et noir. Et c’est encore, et c’est toujours l’enfer du séjour inchangeable. Des chiens sans laisse, mais non sans crocs, pleurent en hurlant un maître féroce, auprès d’une tombe fraîche. Il y a un grand appel d’on ne sait quoi de grave.

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Léopold Sedar Senghor, Ethiopiques, « A New York” I. (pour un orchestre de jazz : solo de trompette) New York ! D'abord j'ai été confondu par ta beauté, ces grandes filles d'or aux jambes longues. Si timide d'abord devant tes yeux de métal bleu, ton sourire de givre Si timide. Et l'angoisse au fond des rues à gratte-ciel Levant des yeux de chouette parmi l'éclipse du soleil. Sulfureuse ta lumière et les fûts livides, dont les têtes foudroient le ciel Les gratte-ciel qui défient les cyclones sur leurs muscles d'acier et leur peau patinée de pierres. Mais quinze jours sur les trottoirs chauves de Manhattan – C'est au bout de la troisième semaine que vous saisit la fièvre en un bond de jaguar Quinze jours sans un puits ni pâturage, tous les oiseaux de l'air Tombant soudain et morts sous les hautes cendres des terrasses. Pas un rire d'enfant en fleur, sa main dans ma main fraîche Pas un sein maternel, des jambes de nylon. Des jambes et des seins sans sueur ni odeur. Pas un mot tendre en l'absence de lèvres, rien que des coeurs artificiels payés en monnaie forte Et pas un livre où lire la sagesse. La palette du peintre fleurit des cristaux de corail. Nuits d'insomnie ô nuits de Manhattan ! si agitées de feux follets, tandis que les klaxons hurlent des heures vides Et que les eaux obscures charrient des amours hygiéniques, tels des fleuves en crue des cadavres d'enfants. William BURROUGHS, Le Festin nu. Chicago : hiérarchie invisible de Ritals décortiqués, remugle de gangsters atrophiés, revenants qui s’abattent sur toi au carrefour de North et Halstead ou à Lincoln Park, mendiants de rêves, le passé qui envahit le présent, sortilèges surgis des machines à sous et des restaurants routiers. Visite au Dedans : subdivisions sans fin, antennes de télévision piquetant le ciel vide de sens. Dans les immeubles antivie, on couve les petits en avalant çà et là une minuscule lampée de monde extérieur. Seuls les rejetons apportent un peu d’air frais, mais ils ne restent pas longtemps jeunes. […] Et voilà que le coup de bourdon nous tombe dessus, le vrai bourdon noir et nauséeux made in U.S.A., pire que tout au monde […]. Tu ne peux pas mettre le doigt dessus, tu ne sais pas d’où il vient. Prends un de ces bars préfabriqués au coin des grandes casernes urbaines. Dès que tu ouvres la porte, le bourdon te serre les tripes. Tu as beau chercher, c’est impossible à expliquer. Ça ne vient pas du garçon, ni des clients, ni du plastique jaunasse qui recouvre les tabourets de bar, ni du néon tamisé. Pas même de la T.V… Guillevic (20ème siècle), Ville. Fourmis, fourmis — Pas si fourmis que ça, Ces gens qui vont, Qui courent, se faufilent, Qui se frôlent, s’entassent. Ou c’est que les fourmis Ne sont pas ce qu’on dit. Car dans les gens d’ici, Prétendument fourmis, Ça rêve bougrement.

Un, plus un, plus un, Et encore un, d’autres encore, Et d’autres, plus. Un chaque fois qui s’additionne À tous ceux qui sont là, Autant de fois rien qu’un. Tous ceux qui vont, qui se rassemblent, Oui ne sont plus une addition, Mais autre chose, Ou la ville prend muscle, Où son souffle prend voix, Tâte son avenir.

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Lecture de l’ensemble des poèmes. Certains sont en vers réguliers (Verlaine, Guillevic), d’autres en vers libres (Senghor), d’autres sont des poèmes en prose (Michaux, Carco) Ce sont tous des poèmes car ce sont des textes brefs qui essayent de saisir une impression fugitive ou insolite (un cauchemar, un malaise, un étonnement...)

Deux images de la ville

La première image est une photographie très connue : c’est le « Baiser de l’hôtel de ville » de

Robert Doisneau. On est sur une grande place parisienne. Il y a beaucoup de monde qui se croise et

des amoureux qui s’embrassent. Elle fait sentir que la ville est un lieu de mouvement, de rencontre

et de liberté.

La deuxième image est un tableau impressionniste de Constantin Korovine. Il représente un

angle du boulevard des Capucines à Paris. Dans ce tableau, la ville apparait foisonnante, brillante,

étincelante même.

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Explications de textes

Verlaine : le Bruit des cabarets

Ce poème est un poème en alexandrins rimés (rimes plates)

Il présente une description de la ville moderne. La ville est dépeinte comme un milieu assez sale et

bruyant. Tout un champ lexical donne l’impression d’une insalubrité repoussante (« fange »,

« boues », « suintants », « égout »). L’omnibus est personnifié puisqu’il est « mal assis » et qu’il a des

« yeux verts et rouges ». Une métaphore l’assimile à un ouragan. On dirait presque un monstre

dévastateur.

Le dernier vers produit un effet de chute, un effet de surprise : « Voilà ma route, avec le paradis au

bout ». Tout le sens du poème est là, énigmatique, peut-être chargé d’une forme d’humour

mélancolique. On ne peut échapper à la laideur, au sordide, mais peut-être qu’il y a le paradis au

bout… ou pas. Et puis quel paradis ? Une forme de bonheur terrestre ou le vrai paradis ? A moins que

ce ne soit l’art, la beauté du poème.

Henri Michaux, extrait de « Lieux inexprimables »

Ce poème est un poème en prose.

Il décrit une sorte de cauchemar. Le thème de la mort et de la décomposition est omniprésent.

Le décor semble hostile à l’homme qui a disparu. Mais certains éléments du décor sont personnifiés :

“la mer mécontente” un “bateau anxieux”. Le champ lexical de la violence est présent (“colère”,

“hostile”, “féroce”). Les rythmes et les sonorités soulignent l’inquiétante étrangeté. Par exemple, Une

très longue phrase que l’on peine à dire car on ne sait pas où reprendre son souffle, évoque justement

le caractère irrespirable de la ville (lignes 4 à 7). On peut observer aussi l’allitération des b et des d

pour évoquer justement le désordre qui règne dans le chenal (« encombré des débris des désastres

précédents »). Dans ce poème, il pourrait s’agir d’un monde d’après une guerre ou une catastrophe

écologique.

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Écriture d’un poème en prose

En vous inspirant du texte d’Henri Michaux, vous ferez le tableau poétique d’une ville qui

n’existe pas, d’une ville onirique, idéale ou cauchemardesque. Vous essaierez d’utiliser des figures de

style pour souligner la fantasmagorie et donner à votre texte une dimension d’inquiétante

étrangeté. Votre poème en prose fera 15 à 20 lignes.

Compétences évaluées : Exploiter des lectures pour enrichir son écrit : le modèle d’Henri Michaux est bien suivi : un texte en prose, la description d’une ville fantasmagorique Enrichir et structurer son lexique : le vocabulaire est riche et précis, les images sont intéressantes et originales. Maîtriser la forme des mots en lien avec la syntaxe : les phrases sont bien rédigées, bien ponctuées et bien orthographiées.

Proposition de corrigé n°1

La ville a été reprise par les bêtes. De nouvelles bêtes difformes et hybrides. Le bitume est

partout percé par des plantes encore assez noirâtres qui grandissent à vue d’œil, grimpent sur les

lampadaires et enlacent les gratte-ciels désertés. Les vieilles bâtisses déjà recouvertes s’effondrent

sous le poids du feuillage et de grands fruits empoisonnés.

Dans les eaux du fleuve, encore sombres, des poissons monstrueux renaissent et s’accrochent

aux rives. Ils sont parfois mangés par des sortes d’oiseaux mammifères qui vont claudiquant à

travers la ville. Il reste quelques humains mutilés et hagards qui survivent dans les caves et sortent

parfois pour trouver leur pitance en essayant d’échapper à tous les dangers de cette vie nouvelle,

florissante et immonde qui renait sur les cendres de la catastrophe. Au loin d’immenses cheminées

explosent encore parfois et recrachent d'anciennes et mortelles substances. Mais la vie l’emporte,

simplement monstrueuse.

Proposition de corrigé n°2

La ville est dans un dôme au milieu des terres rouges. On doit traverser dès l’entrée un

fleuve aux eaux cristallines, totalement pures et transparentes. On le traverse à la nage, avec armes

et bagages. Le fleuve lave tout, toutes les pestilences.

Et s’ouvrent alors des allées cavalières bordées d’arbres et d’herbes gigantesques qui ondoient

dans le vent. Ces immenses créatures végétales sont percées de cavités où vivent des hommes et des

femmes qui dansent. Leurs corps sont filiformes et élancés. Ils se déplacent en ondoyant et quand

ils se rencontrent, ils chorégraphient, sans dire un mot, tout ce qu’ils ont sur le coeur. C’est un

immense et permanent ballet.

La ville est muette. Les oiseaux ne chantent plus mais dessinent en volant des formes qui

semblent se répondre. Un vent tiède entretient le mouvement. Les bêtes n’ont plus de forme fixe, elles

sont malléables, et se métamorphosent ou se remodèlent au grès du vent ou au fil du temps. Un chien

devient girafe au détour d’une allée ou se décompose en milliers de fourmis. Quand on est là, on ne

voit plus le bout des choses. La forêt s’étale à perte de vue, mouvementée et silencieuse.

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Apprendre à mieux rédiger Phrases à retravailler et à corriger après avoir identifié les fautes ou les maladresses (orthographe, choix du temps ou du mode, syntaxe, vocabulaire ou ponctuation) 1) Des créatures aux visages terrifiants et de taille impressionnante, à l’entrée de la ville, pour vous accueillir. Faute de syntaxe Des créatures aux visages terrifiants et de taille impressionnante attendent à l’entrée de la ville, pour vous accueillir. 2) Les habitants ont un visage sombre, ridé, cerné, le dos courbé et la tête baissée. Faute d’orthographe et de syntaxe. Les habitants ont le visage sombre, ridé, cerné. Ils marchent le dos courbé et la tête baissée. 3) Les seuls mouvements sont les transports, voitures, bus, vélos, motos. Faute de vocabulaire et syntaxe Les seuls mouvements sont liés aux transports : voitures, bus, vélos et motos. 4) La ville de Ranger remplie de danger tous habitants sont peureux jamais heureux. Faute de syntaxe et de ponctuation. La ville de Ranger est pleine de dangers. Tous les habitants sont peureux et ils ne sont jamais heureux. 5) Même le mot cauchemar n’oserez pas y passez, des sombres rues, des sombres bâtiments. Faute de syntaxe et vocabulaire La ville est cauchemardesque. Les rues sont obscures et les bâtiments sinistres. 6) Pour ces personnes malheureuses, leurs regards sont remplis de tristesse, leurs bouches crispées et vêtue de vêtements déchirés. Faute de syntaxe Ces personnes sont malheureuses. Leurs regards sont remplis de tristesse, leurs bouches sont crispées et leurs vêtements sont déchirés. 7) Les maisons brûlaient car la température est chaude. Faute de Temps Les maisons brûlent car la température est élevée.

Présentation de l'épreuve du brevet en vue de la 3ème

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1) Le poème porte bien son titre car il est question de toutes les villes dans lesquelles le poète a

rêvé de voyager et qu’il a ensuite connues : “quand j’étais jeune, je rêvais de vivre à paris,

new york, dakar...”

2) Le poète énumère les noms des villes dans lesquelles il est allé dans la langue du pays pour

montrer qu’il le connait : “J’ai vécu à paris, à roma et à Yerushalaim”.

3) a) Je constate que toutes les strophes commencent par “Quand j’étais jeune”. Il y a donc une

anaphore.

b) Les strophes 4 et 5 commencent par “maintenant que”. Il emploie le présent et n’évoque

plus ses rêves de jeunesse. J’observe qu’il aimerait revivre à Haïti et arrêter de voyager

c) Il a changé d’avis sur les voyages ; il aimerait revivre à Haïti et arrêter de voyager : “j’ai

envie de tout arrêter et de rentrer au pays”

4) Pendant son enfance, le poète voyage par l’imagination : “Je rêvais de vivre / ailleurs partout /

quelque part dans le monde / j’enfourchais alors une branche d’arbre” ; “Je partirais vers un monde /

sans faim”.

10) “Quand nous étions jeunes

nous rêvions de vivre

ailleurs partout

quelque part dans le monde

nous enfourchions alors une branche d’arbre...

et nous nous envolions”.

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