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REPENSER L’ECOLE, REUSSIR L’EDUCATION 1 JUIN 2011 REVUE PÉDAGOGIQUE LE CAHIER DE L’UGTM EDUCATION SOMMAIRE : Les jeunes Marti- niquais face aux défis de l’ensei- gnement. Atelier d’échan- ge sur les prati- ques profession- nelles. De la nécessité de développer et de généraliser la Langue Vivante Régionale La perception de l’UGTM de l’Ecole en Martinique. Des outils péda- gogiques qui tiennent compte de notre réalité Les jeunes Martiniquais face aux défis de l’enseignement. Il leur manque un moteur, celui de la passion pour son pays, pour sa culture, son histoire et sa langue ; en clair une identité partagée et affirmée. C’est le sens d’une véritable école de vie qui tourne le dos au renoncement à soi même et à sa culture. Atelier d’échange sur les pratiques professionnelles. Echanger pour voir ensemble comment nous pourrons mettre en place des stra- tégies nous permettant d'assumer au mieux notre tâche et vocation de formation des jeunes et leur transmettre un ensemble de savoirs et de valeurs comme base de leur identité et de leur personnalité… De la nécessité de développer et de généraliser la Langue Vivante Régionale la région et le rectorat viennent de signer une convention sur la Langue Vivante Régio- nale créole, qui réaffirme officiellement que le créole peut être enseigné de la mater- nelle jusqu’au lycée en tenant compte du cadre A1 de référence des langues euro- péennes. L’objectif étant d’aller vers l’utilisation du créole ou du français dans toutes les disciplines où cela est possible… La perception de l’UGTM de l’Ecole en Martinique. l’Ecole et la société doivent travailler de façon collatérale. L’école sert le pays, le pays conçoit son école... UGTM EDUCATION Directeur de Publication : Marie-Hélène Léotin Tél . 0696 344974

LE CAHIER DE L’UGTM

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Page 1: LE CAHIER DE L’UGTM

R E P E N S E R L ’ E C O L E , R E U S S I R L ’ E D U C A T I O N

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JU

IN

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01

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R E V U E P É D A G O G I Q U E

L E C A H I E R D E L ’ U G T M

E D U C A T I O N

S O M M A I R E :

Les jeunes Marti-

niquais face aux

défis de l’ensei-

gnement.

Atelier d’échan-

ge sur les prati-

ques profession-

nelles.

De la nécessité

de développer et

de généraliser la

Langue Vivante

Régionale

La perception de

l’UGTM de l’Ecole

en Martinique.

Des outils péda-

gogiques qui

tiennent compte

de notre réalité

Les jeunes Martiniquais face aux défis de l’enseignement.

Il leur manque un moteur, celui de la passion pour son pays, pour sa culture, son histoire

et sa langue ; en clair une identité partagée et affirmée. C’est le sens d’une véritable

école de vie qui tourne le dos au renoncement à soi même et à sa culture.

Atelier d’échange sur les pratiques professionnelles.

Echanger pour voir ensemble comment nous pourrons mettre en place des stra-

tégies nous permettant d'assumer au mieux notre tâche et vocation de formation

des jeunes et leur transmettre un ensemble de savoirs et de valeurs comme base

de leur identité et de leur personnalité…

De la nécessité de développer et de généraliser la Langue Vivante Régionale

la région et le rectorat viennent de signer une convention sur la Langue Vivante Régio-

nale créole, qui réaffirme officiellement que le créole peut être enseigné de la mater-

nelle jusqu’au lycée en tenant compte du cadre A1 de référence des langues euro-

péennes. L’objectif étant d’aller vers l’utilisation du créole ou du français dans toutes les

disciplines où cela est possible…

La perception de l’UGTM de l’Ecole en Martinique.

l’Ecole et la société doivent travailler de façon collatérale. L’école sert le pays, le pays

conçoit son école...

U G T M E D U C A T I O N

Directeur de Publication :

Marie-Hélène Léotin

Tél . 0696 344974

Page 2: LE CAHIER DE L’UGTM

Une année scolaire est toujours un défi, une incroya-

ble aventure.

Avec des acteurs qui se connaissent ou se décou-

vrent : une équipe, des jeunes, des agents du cadre

de vie et une direction.

Lorsqu’elle s’achève chacun se séparant avec cette

sorte de nostalgie comparable au héros de «Rue Ca-

ses-Nègres » José qui, malgré les difficultés, apprend à

aimer la lecture et l’école.

On en est peut être loin aujourd’hui pour cette jeunes-

se et ceux qui les accompagnent.

Ne diraient-ils pas plutôt comme Guy TIROLIEN

« Seigneur je ne veux plus aller à leur école, elle est

trop triste leur école. Triste comme ces messieurs de

la ville, ces messieurs comme il faut qui ne savent plus

danser le soir au clair de lune, qui ne savent plus mar-

cher sur la chair de leurs pieds. »

C’est vrai, ils sont fatigués, nonchalants avançant un

pied puis un autre, "peut être qu’il n’y aura pas de

cours ce matin" ; folle espérance, doux rêve qui les

berce chaque matin à la sonnerie.

Pourtant si pleins de vie, qui sont-ils nos élèves ?

Certains sont de plus en plus chahuteurs, bavards,

susceptibles à mourir, manquant d’humilité mais dans

le même temps manquant de confiance en leurs im-

menses potentialités, calculateurs, dosant chaque

effort à l’aune de la note obtenue. Brouillons, une im-

politesse à fleur de peau, toujours prêts à défier l’au-

torité de l’enseignant et ses compétences.

Surtout fragilisés par de nouveaux défis : crise sociale,

économique, menaces climatiques, séismes, une émi-

gration forcée pour travailler. Fragilisés par le surinves-

tissement scolaire de leur famille, ils deviennent des

élèves à leurs yeux, plutôt que leurs enfants. Com-

ment faire autrement : pas de diplôme, pas de travail

et pas d’insertion. Fragilisés par une course effrénée à

la distinction. Fragilisés par cette comparaison perma-

nente aux autres, où être soi-même devient un vérita-

ble défi. Paralysés, par la course à l’unique reconnais-

sance par le diplôme en même temps, ils oublient la

patience, la régularité de l’effort soutenu.

Happés par le défi des nouvelles technologies et sur-

tout émerveillés mais souvent passifs, cela va trop vite.

Frappés par la peur de l’échec et la peur du rejet de

la famille « tu me fais honte car tu n’es bon à rien ».

Dés lors la tentation de la triche n’est jamais loin. Avoir

la bonne note pour être reconnu par la famille et l’en-

tourage « ma fille mon fils a eu cela, ceci….. ».

Fragilisés par la déresponsabilisation ambiante d’une

société laxiste, trop permissive aux saveurs d’une dou-

ce anarchie démocratique. Les plus grands qui sem-

blent oublier que l’on ne se construit que si on est

confronté à des limites à des règles expliquées et

comprises et surtout partagées par chacun.

Fragilisés par les fausses espérances de ces paradis

artificiels drogues de toutes sortes. Puisqu’il faut tou-

cher à tout, tout consommer pour faire comme les

autres.

Fragilisés par ces supermarchés à ciel ouvert la rue ou

on vous propose de tout, sauf l’essentiel le sens de la

vie, le souci de soi, la confiance en soi, en l’autre,

dans le pays.

Fragilisés par un manque de dialogue et une absence

de véritable communication

Dés lors le recours à la violence semble être une para-

de immédiate et en apparence plus efficace

Comment faire confiance à l’école et à ceux qui par-

tagent cet univers ?

Comment faire confiance à ceux qui sont sensés les

protégés malgré eux, en dépit de leurs comporte-

ments débordants et déroutants ?

Fragilisés par cette quête excessive de l’argent, par

cette confusion entre l’argent et «l’art des gens»

Où trouver la force d’Etre et pas seulement d’avoir ?

Où est-il le sens partagé de l’intérêt de l’école ? Où

est-il cet amour de la terre, du pays ?

L E S J E U N E S M A R T I N I Q U A I S F A C E A U D É F I D E L ’ E N S E I G N E M E N T

L E C A H I E R D E L ’ U G T M E D U C A T I O N

Page 3: LE CAHIER DE L’UGTM

Nous, personnels de l'Éducation devons faire

face à la fois à des orientations renouvelées, à des multi-

ples adaptations ou changements de méthode, de pro-

gramme, d’essais pédagogiques...

Nous sommes pris dans des enjeux sociaux et

collectifs et soumis à des situations de stress intense.

Le profil et la mentalité des jeunes auxquels nous

avons affaire, ont beaucoup changé et ce pour de mul-

tiples raisons.

Notre objectif est d'échanger pour voir ensem-

ble comment nous pourrons mettre en place des straté-

gies nous permettant d'assumer au mieux notre tâche et

vocation de formation des jeunes et leur transmettre un

ensemble de savoirs et de valeurs comme base de leur

identité et de leur personnalité.

Nous disons donc, à l’UGTM-Education, que ces ateliers d’échange de pratiques professionnelles doivent

répondre à un de nos objectifs majeurs qui consiste à

briser notre isolement et aussi de prendre conscience

que nous ne sommes pas les seuls à vivre et à endurer

des conditions de travail presque inhumaines et si dan-

gereuses pour notre santé physique et mentale, ni non

plus pour celle des élèves que nous avons à accompa-

gner pédagogiquement.

Le jeudi 21 avril 2011 dernier, notre atelier nous a

permis de faire l’état des lieux de la situation de profes-

sionnels des différents établissements scolaires (école,

collège, lycée et structure spécialisée).

Pourquoi un état des lieux ?

Il était pour nous nécessaire et urgent de partir

de ce constat tiré du vécu et du ressenti de tout un cha-

cun ; afin de bien s’imprégner de ce contexte et de

comprendre que cette situation ne peut plus durer, si

nous voulons effectuer notre métier dans une perspecti-

ve d’évolution de nos compétences, de qualité et de

durabilité.

Les différentes difficultés avancées par l’ensem-

ble des professionnels sont les suivantes :

Classes très hétérogènes dans les niveaux et les diffi-

cultés des élèves ;

- Responsabilité et limite de la mission du professionnel ;

- Gestion de la classe ;

- Absence de travail d’équipe ;

- Isolement des professionnels ;

- Rapport avec la hiérarchie ;

- Rapport avec les parents ;

- Multiplication des lois ou décrets qui impactent le

fonctionnement de l’institution ;

- Manque d’information et de formation des profession-

nels ;

- Motivation des élèves ;

- Problèmes de comportement de ces élèves…….

Face à tout cela nous avons l’impression que le

métier est entrain d’évoluer et il tend à devenir davan-

tage physique avec un impact beaucoup plus fort sur la

santé. Le professionnel n’arrive pas à prendre de la dis-

tance face à cette situation professionnelle qui semble

le disqualifier un peu plus au fil de son parcours profes-

sionnel.

Mais comment en est-on arrivé à cette situation ? Que

s’est-il passé ?

La mise en application de la loi du 11 février

2005 y-est peut-être pour quelque chose ; mais qui en a

parlé que dit-elle ?

Pourquoi cette arrivée massive d’enfants en situation de

handicap dans les écoles, les collèges et les lycées ?

A T E L I E R S D ’ E C H A N G E D E S P R A T I Q U E S P R O F E S S I O N N E L L E S P O U R L E S P E R S O N N E L S

Page 3 L E C A H I E R D E L ’ U G T M E D U C A T I O N

Pourquoi obéir à la règle lorsque certains la défient à

longueur de journée et d’année. Cette ambivalence

est malheureusement leur nourriture quotidienne. Ils

ressentent la nécessité de l’école et en même temps

la fuient, la « zappent ».

Il manque un moteur, celui de la passion pour son

pays, pour sa culture, son histoire et sa langue ; en

clair une identité partagée et affirmée. C’est le sens

d’une véritable école de vie qui tourne le dos au re-

noncement à soi même et à sa culture.

Ces ateliers sont animés par Monique PAM-

PHILE psychologue clinicienne et ensei-

gnante spécialisée.

Page 4: LE CAHIER DE L’UGTM

Cette loi du 11 février 2005 dite loi d’égalité des chan-

ces, prévoit bien tout un dispositif de compensation du

handicap, afin d’accéder à plus d’autonomie ?

Quels moyens possède le professionnel de l’éducation

pour accompagner pédagogiquement ce type de pu-

blic ?

Qui a formé ce professionnel de l’éducation pour qu’il

maîtrise et anticipe les différents axes de sa mission ?

Face à l’angoisse de parents qui ont des enfants

scolarisés nécessitant des besoins éducatifs spéciaux ;

quand les réponses à leurs questions ne viennent pas,

c’est le professionnel qui trinque ?

L’enfant en grande difficulté d’adaptation et

d’apprentissage dans la classe n’a, des fois, que la vio-

lence pour répondre à une situation de disqualification

permanente qu’il connaît chaque jour. Là aussi qui dé-

guste ?

Les enjeux politiques et économiques qui entraî-

nent ce type de loi, quels sont-ils ?

C’est pour tenter de comprendre les conséquences de

l’application de la loi du 11 février 2005 que nous nous

étions réunis dans le cadre des « Ateliers d'échange de

pratiques professionnelles" le Samedi 18 juin 2011 de

9h00 à 11h30 à la Maison des Syndicats, salle de l’UGTM.

Prochaine rencontre :

Le Samedi 17 septembre 2011 de 9h00 à 11h30 à la Mai-

son des Syndicats, salle de l’UGTM.

L E C A H I E R D E L ’ U G T M E D U C A T I O N

L’état des lieux :

Sur 3 114 Professeurs des Ecoles seulement 3,6 %

ont l’habilitation pour enseigner le créole à l’école.

Pour l’UGTM-Education cela est encore très in-

suffisant. Néanmoins, nous avons tout de même noté

que de plus en plus d’enseignants font la démarche

d’habilitation en LVR Créole et que pour la rentrée de

septembre 2011 nous attendons une nette progression

de cette proportion qui devrait atteindre près de 9 %.

Cela vient de la présence sur le terrain de 10

animateurs nommés et répartis sur les 10 circonscriptions

au niveau du primaire, suite au mouvement de février

2009 et des accords signés avec le rectorat le 05 mars

2009.

Il se pourrait également qu’un nouvel engoue-

ment puisse venir du fait que la région et le rectorat viennent de signer une convention sur la Langue Vivan-

te Régionale créole, qui réaffirme officiellement que le

créole peut être enseigné dès la maternelle jusqu’au

lycée en tenant compte du cadre A1 de référence des

langues européennes.

L’objectif étant d’aller vers l’utilisation du créole

ou du français dans toutes les disciplines ou cela est pos-

sible. L’UGTM-Education déplore cependant, que ce

texte spécifie que pour l’enseignement de la langue

créole il devrait être demandé l’autorisation des pa-

rents, alors qu’elle n’est pas exigée pour les langues vi-

vantes étrangères enseignées dans le premier degré

(anglais, espagnol, allemand).

L’UGTM-Education insiste fortement sur la place

que devrait avoir la langue créole à l’école. En effet,

beaucoup de témoignages révèlent que dans des clas-

ses de nombreux enfants sont muets car, contrairement

à ce que l’on pense, si la plupart des parents exigent

encore que leurs enfants parlent principalement (voire

uniquement) français en leur présence, le plus souvent à

la maison ils s’adressent à eux en créole, ce qui est pour

nous tout à fait normal.

C’est pour cela que nous disons que l’école doit

permettre à ces enfants de s’exprimer dans la langue

que leur parlent leurs parents à la maison. En effet si les

enfants comprennent les structures complexes du créole

quand leurs parents s’adressent à eux, il n’en est pas de

même pour les structures de phrases complexes en fran-

çais.

Les enfants ne pouvant formuler ces phrases

complexes choisissent de se taire quitte à passer pour

des « ababas ».

Aujourd’hui de nombreux élèves dans les diffé-

rentes circonscriptions reçoivent un enseignement en

LVR Créole en CM 2, c’est pour cela que l’UGTM-

Education insiste et agit pour que toutes les dispositions soient prises pour assurer le suivi dès la 6ème au collège

puis en lycée.

De même le nombre de candidats à l’option

LVR Créole au baccalauréat augmente régulièrement, il

s’avère donc nécessaire de leur permettre de se prépa-

rer correctement dans les lycées en élargissant l’offre de

formation pour qu’ils puissent suivre l’enseignement ap-

proprié dès la classe de 2nde.

Cela nécessite rapidement des mesures particu-

lières, certes annoncées mais qui tardent, pour la forma-

tion et le recrutement de personnel en nombre suffisant

pour le second degré par convention avec l’université,

pour une habilitation en LVR créole de personnels du

second degré déjà titulaires et pour le recrutement d’é-

tudiants formés.

Notre syndicat estime que la solution à moyen

terme réside dans l’intégration d’une formation consé-

quente en Langue et Culture créoles dans le cursus de

tous les futurs enseignants formés en MARTINIQUE.

D E L A N É C E S S I T É D E D É V E L O P P E R E T D E G É N É R A L I S E R L A L A N G U E V I V A N T E

R E G I O N A L E

Page 5: LE CAHIER DE L’UGTM

Page 5 L E C A H I E R D E L ’ U G T M E D U C A T I O N

Kréyol Lékol

An ti manmay sòti lékol. Lè i rivé an kay-la, manman’y ka mandé’y:

(Manman-an) - Karen, ki sa ou aprann lékol jòdi-a ?

(Karen) - Jòdi-a nou aprann …

(Manman-an) - Ti manmay, man pa lé’w palé kréyol ba mwen. Man pa kanmarad-ou !

(Karen) - Men manman ou pozé mwen an kesion an kréyol...

(Manman-an) - Ou réplitjèz épi sa ! Man za di’w avan’w palé kréyol ba mwen, aprann palé fwan

sé.

(Papa-a) - Men Sizann, ti manmay-la ni dé lang : fwansé épi kréyol, poutji ou pa lé’y palé dé

lang-li ?

(Manman-an) - Wou menm-lan, ou ka soutiré’y ! Man pa lé’y palé kréyol ban mwen. Kréyol sé

lang vié nèg ! Epi sa kay anpéché’y aprann lékol.

(Papa-a) - Men ki sa’w ka di la-a Sizann ! Sa kay anpéché’y aprann lékol. Ou pa sav ki jòdi

jou yo ka aprann kréyol lékol.

(Manman-an) - La’w pran sa, Yo ka aprann kréyol lékol !

(Papa-a) - Kouman Sizann, ou pa ka kouté nouvel ? Ou pa tann minis-la di lot jou-a, « fòk fè

kréyol lékol, sa kay endé sé zélèv-la réisi ».

(Karen) - Mé wi manman, mèt-la ka aprann nou kréyol lékol-la. Nou ka matjé kréyol, nou

ka li kréyol. I ka jis fè nou fè lison granmè an kréyol.

(Papa-a) - Ebé ébé ! Sizann ou pa alapaj ? Gouvènman-an li menm fini pa rikonnet sa yo

té ka di dépi lontan : « fok pèmet sé zélèv-la palé kréyol, sa kay endé yo pou espri

mé ko yo. Kidonk, yo kay ni plis chans réisi lékol. Ou pa tann sa non pli ! Sé pa yen ki

fèyton pou’w ka gadé an télé-a!

(Manman-an) - Sé sa ! Wou ki pa lé mantjé piès épizod « Daniella », ou lé fè lafet épi mwen atjel-

man.

(Karen) - Maaannnman ! Pou an ti palé kréyol man palé, zot za trapé an ladjè, épi zot za

rivé jis anlè « Daniella ».

(Manman-an) - Bon ! Karen ni rézon. Annou fini épi sa. Epi si gouvènman-an désidé fè kréyol

lékol, i sav sa i ka fè.

(Papa-a) - Aaa ! Atjelman man tann ou palé ! Ébé doudou ! « Daniella » za koumansé. An

nou alé gadé.

(Manman-an) - A bon i za koumansé, é sé atjelman ou ka di mwen sa ! Annou alé, annou alé !

Épi karen, si’w ni lison kréyol pou aprann, alé aprann-li.

SKETCHE RÉCUPÉRÉ SUR LE SITE : www.sanblaj-kreyollekol.com

Page 6: LE CAHIER DE L’UGTM

A/ Depuis son apparition en Martinique, l’école a gé-

néré des problèmes qui ne sont pas sans conséquen-

ces sur sa situation actuelle.

L’Ecole n’est pas en phase avec les réalités du pays

et n’est pas conçue pour assurer son développement

Ce qui peut être reconnu unanimement comme ap-

prentissage devant être dispensé à l’école en Martini-

que.

- Pouvons-nous affirmer que l’école prévoit à l’atten-

tion des élèves une éducation rigoureuse et consé-

quente aux risques sismiques afin de sauver le plus

grand nombre possible de personnes en cas de ca-

tastrophe ?

A l’UGTM-Education, nous voyons une impé-

tueuse nécessité d’envisager un enseignement relatif

aux risques sismiques, dès l’école élémentaire et jus-

qu’à l’Université. Il faut que tous les élèves, à tous les

niveaux, soient imprégnés des dispositions à prendre

compte tenu des menaces sismiques, à l’école, à leur

domicile, dans les centres commerciaux et ailleurs. Ils

doivent être avisés des dispositions à observer chez

eux : accrochage des meubles, réserves de nourritu-

res, équipements de survie (lampe de poche, bougie,

sifflet…). Ils doivent bénéficier d’une formation de se-

couriste. Il s’agit d’apprendre à se sauver, d’appren-

dre à sauver les autres. Une telle formation concerne

également le personnel communal, les personnels

ATOS (agents administratifs et de services) des établis-

sements du second degré.

Une place dans les programmes doit être des-

tinée à des études sur ces phénomènes naturels qui

nous concernent. L’école doit assumer ce devoir de

formation afin de sauver des vies humaines.

Une heure hebdomadaire de prévention sur

la problématique des risques est à imposer dans les

emplois du temps de l’élémentaire à l’université. Il ne

s’agirait point de séances uniquement théoriques.

Des séances pratiques impliqueraient la participation

collective des usagers des écoles et des établisse-

ments avec des exercices d’évacuation plus fré-

quents et obligatoires. Il ne s’agirait point de séances

pratiques uniquement avec des usagers de l’école,

mais aussi avec les services de sécurité des mairies et

le voisinage de l’école car les voisins peuvent être

sollicités en cas de besoins d’aide dans une situation

réelle de crise.

Quelles sont les attributions dévolues à l’Ecole par

rapport au pays ?

- L’école en Martinique permet-elle aux élèves de

connaître les œuvres littéraires de Martiniquais ou

L E C A H I E R D E L ’ U G T M E D U C A T I O N

Q U E L L E E S T L A P E R C E P T I O N D E L ’ U G T M S U R L ’ É C O L E E N M A R T I N I Q U E

A U J O U R D ’ H U I ?

d’Antillais, Césaire, Fanon… ?

Des intellectuels antillais se sont distingués par

leurs ouvrages littéraires divers ; contes, romans, essais,

théâtre, poésies, philosophie, sociologie...

Ils ont porté dans leurs écrits leurs réalités, leurs visions

de leurs sociétés, des coutumes, des moments d’émo-

tions dans lesquelles les élèves se retrouveront. Ils ap-

profondissent la culture des élèves et contribuent à les

faire découvrir d’autres cultures. L’école a censuré

cette identité culturelle que constitue cet héritage

littéraire produit par nos intellectuels. Il ne s’agit abso-

lument pas de nourrir l’esprit de l’élève martiniquais

uniquement avec la production intellectuelle des an-

tillais, mais il s’agit simplement de ne pas ignorer ce

que des étrangers constatent de formidable chez nos

penseurs qui sont ailleurs des référents. Il s’agit aussi

de posséder une culture qui est la sienne pour savoir

sous quels différents aspects aborder des cultures qui

ne sont pas siennes.

- L’école prévoit-elle la meilleure formation envisa-

geable afin de prémunir le Martiniquais contre les

fléaux dont est victime notre population : obésité, le

cancer de l’utérus, de la prostate, le diabète… La

santé publique est gravement menacée, le chloredé-

cone n’est qu’un aspect des risques, une éducation à

la santé publique doit conduire à un changement

dans les comportements, à une hygiène de vie.

- L’Ecole permet-elle aux jeunes d’accéder à un em-

ploi dans leur pays d’origine ?

Il n’est pas nécessaire de connaître les statisti-

ques relatant le taux de chômage chez les jeunes

pour comprendre que l’Ecole ne s’est pas fixée cet

objectif. Un grand nombre de jeunes cherchent une

insertion professionnelle en quittant leur pays. Un nom-

bre croissant de jeunes décident de rester, tout en

effectuant des remplacements et en espérant une

embauche durable pouvant leur tirer de la précarité.

Il y a ceux qui sont désemparés. Très peu trouvent sur

place l’emploi de leur rêve, parallèlement à ceux qui

exercent sur place pour ne pas s’expatrier un emploi

accepté, qu’ils n’ont pas désiré à l’origine.

- L’Ecole peut-elle prendre en charge l’insertion pro-

fessionnelle des jeunes ?

Les formations dispensées à l’école doivent

préparer à l’insertion des jeunes dans un monde so-

cial, économique et culturel sensé leur offrir des

conditions d’épanouissement. L’Ecole a son impact

sur la société. Elle la développe, en y introduisant de

nouveaux secteurs d’activités (c’est ainsi que sont

apparus les secteurs de l’informatique, de la télépho-

nie, la cosmétique, l’alimentation bio, les énergies

renouvelables…).L’introduction de nouveaux appren-

Page 7: LE CAHIER DE L’UGTM

Page 7 L E C A H I E R D E L ’ U G T M E D U C A T I O N

tissages à l’école répondant aux besoins du pays

peut contribuer à l’embauche de jeunes. Quelle est

la pertinence d’une étude sur les secteurs sui-

vants dans une perspective de formation et d’em-

bauche?

Exploitation des énergies renouvelables ?

Encadrement des personnes à mobilité réduite et des

personnes âgées isolées ?

Encadrement d’élèves durant les interclasses

avec des propositions d’activités diverses : danses

traditionnelles, jeux, activités de lectures, informati-

que…

Encadrement d’élèves en internat (internats

ouverts aux élèves des lycées qui doivent pour un

nombre très important effectuer très tôt le matin et

très tard après les classes, un long trajet, ce qui fati-

gue et ce qui empêche un travail suivi à la maison).

Si des étrangers exploitent les mers non loin de nos

côtes, si le Martiniquais consomment majoritairement

du poisson importé, Pourquoi la pêche ne serait-elle

pas un secteur qui embauche davantage de Martini-

quais ?

D’autres secteurs peuvent offrir des possibilités

de formation et d’embauche. Cependant toutes les

initiatives dans ce domaine dépendent d’un enga-

gement consenti par des institutions politiques qui ap-

prouvent leurs fondements et optent pour des disposi-

tions législatives qui garantissent leur développement

et leur survie

Pour conclure sur le rapport Ecole /Société,

l’Ecole et la société doivent travailler de façon colla-

térale. L’école sert le pays, le pays conçoit son école.

L’échec scolaire ne transparaît pas uniquement dans

les résultats scolaires mais également dans l’inadap-

tation de l’école aux attentes de la société, mais au

nombre grandissant de jeunes chômeurs et en l’ab-

sence de perspectives pour des lendemains meilleurs.

Il y a nécessité de redéfinir l’Ecole en Martinique, de

rechercher les causes des échecs, de convenir d’une

école de la réussite pour tous les élèves quels que

soient leurs origines sociales, leurs rêves et leurs aptitu-

des, dans une nouvelle société qui se soucierait, en

permanence du bien être du Martiniquais dans son

pays par un élan collectif des organisations syndicales

et politiques, par des dispositifs mis en place, par l’im-

plication de tous, chacun selon ses compétences.

B/ Quels sont les dysfonctionnements de l’Ecole en

Martinique aujourd’hui ?

Des conditions de travail de plus en plus péni-

bles à cause des suppressions de postes d’ensei-

gnants dans le premier et dans le second degré

Depuis 2007, des postes d’enseignants sont supprimés.

Le gouvernement a prévu le non-remplacement d’un

fonctionnaire sur deux qui partent à la retraite. Le mi-

nistre de l’Education nationale parle d’une sur dota-

tion en postes d’enseignants, d’un taux d’encadre-

ment excessif des élèves avec des résultats scolaires

qui ne sont pas satisfaisants, alors qu’on note une

baisse annuelle d’environ 1500 élèves dans l’Acadé-

mie. Ce qui justifierait la suppression de 239 postes

pour la rentrée 2011 dont 95 dans le premier degré.

Les conséquences dans le primaire :

- des fermetures de classes.

- La multiplication de classes à niveau

- des classes surchargées

- des heures d’apprentissages non assurées à cause

du manque d’enseignants remplaçants.

- le démantèlement des RASED qui cause une prise en

charge insuffisante des élèves en difficulté.

Dans le second degré

- des fermetures de sections (STI …).

- des professeurs, pour exercer leur spécialité, sont

menacés d’affection ailleurs dans une académie de

France.

- des élèves qui devront s’adapter à un nouveau ty-

pe d’enseignement général alors qu’au départ ils pré-

paraient un enseignement technique, disparition de

la physique appliquée.

- des conditions de travail de plus en plus pénibles

avec l’intégration d’élèves présentant de grandes

difficultés de comportements, des handicaps particu-

liers pour lesquels sont nécessaires des projets indivi-

duels.

Problèmes qui en découlent :

- Encadrement de ces élèves (sécurité, assurer les ap-

prentissages …)

- Inscription à la MDPH (Maison Départementale des

Personnes Handicapées)

- Difficultés rencontrées dans la prise en charge des

élèves en difficulté avec l’aide personnalisée, et

d’autres types d’aides mises en place par les villes

- Problèmes de financement

- Moments où sont dispensés ces aides et les nécessi-

teux qui en sont privés

- Réalités sur les affectations et les problèmes de trans-

port

- Des élèves par manque d’informations se retrouvent

dans une filière non désirée. Les conseillers d’orienta-

tion ne sont pas en nombre suffisant pour assurer l’in-

formation au niveau des jeunes et des familles

- Des élèves se lèvent très tôt avant 5 h, pour prendre

un bus, arrivent après 19h à leur domicile avec les em-

bouteillages, les imprévus et les conditions ne sont pas

réunies pour qu’ils puissent effectuer leurs travaux sco-

laires de maison (exercices, leçons révisions)

- Les établissements d’accueil ne sont pas pourvus

d’internats

- Des déperditions qui ne sont pas pris en compte.

- Des élèves laissent le système sans obtention de di-

plômes et sans perspectives

- Réalités sur la sécurité et la formation des jeunes

dans les écoles et les établissements

Page 8: LE CAHIER DE L’UGTM

DES OUTILS PEDAGOGIQUES QUI TIENNENT COMPTE DE NOTRE REALITE

L E C A H I E R D E L ’ U G T M E D U C A T I O N

DEUX MANUELS POUR LE COLLÈGE SOUS FORME DE CDROM RÉALISÉS PAR ROBERT SAÉ *

* Un CDROM en 4 livrets pour le Français et une progression en Histoire et en Géographie de la 6e à la 3e. En vente à

l’UGTM (Maison des Syndicats)

disparition des aides éducateurs : encadrement des

élèves lors des sorties, participation à la formation des

élèves en informatique, encadrement de petits grou-

pes d’élèves sous la responsabilité des enseignants

Difficulté dans certaines écoles d’occuper convena-

blement les élèves durant les interclasses

Sollicitations de parents volontaires pour l’obtention

d’un agrément pour aider les enseignants dans l’en-

cadrement des élèves à la piscine.

Page 9: LE CAHIER DE L’UGTM

Page 9 L E C A H I E R D E L ’ U G T M E D U C A T I O N

A l’occasion des élections pour les prochaines CAPD qui auront lieu en Octobre, l’UGTM ouvre ses listes à

tous ceux qui le souhaitent.

Contactez les responsables de l’UGTM :

- Patrick Jean-Baptiste Secrétaire Général (0696 81 40 74)

- Jean-Claude Louis-Sidney Trésorier (0696 34 28 27)

- Marie-Laurence Mariaye (Enseignant secteur privé)

- Joseph Galonde (Premier degré) ( 0696 35 87 86

- Léon Seveur Lycée Professionnel

- Marie-Hélène Léotin (Assesseur)(0696 34 49 74)

UN SYNDICAT RESPONSABLE QUI DEFINIT LIBREMENT

SES AXES DE TRAVAIL

Un axe revendicatif pour la reconnaissance

du droit de vivre et de travailler au pays.

Un axe pédagogique pour repenser le

contenu de l’enseignement.

Un axe culturel pour aider les enseignants à

une meilleure connaissance de notre patri-

moine.

Un axe « cohésion nationale » pour permet-

tre de rapprocher le personnel enseignant

des réalités économiques et sociales.

UN SYNDICAT QUI ŒUVRE POUR UNE NOUVELLE

ECOLE AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET

HUMAIN DE LA MARTINIQUE.

Repenser les contenus et les objectifs des

programmes : Donner toute sa place à notre

environnement caribéen et à l’identi-

té culturelle martiniquaise, afin de permettre

à nos jeunes d’avoir confiance en eux et en

l’avenir puisqu’ils sauront qui ils sont et d’où

ils viennent.

Mettre en place une véritable politique de

formation en Martinique pour répondre aux

besoins de recrutement.

M A I S O N D E S S Y N D I C A T S

J A R D I N D E S C L I E U X

9 7 2 0 0 F O R T - D E - F R A N C E

T É L . / F A X . : 0 5 9 6 7 1 8 4 7 8

U G T M E D U C A T I O N

L’école en Martinique mérite des réponses spécifiques que nous devons trouver nous-mêmes, tous ensem-

ble et les imposer à l’administration avec le soutien des représentants de parents, des représentants syn-

dicaux et politiques.

U G T M E D U C A T I O N

Page 10: LE CAHIER DE L’UGTM

U G T M E D U C A T I O N